Vers fin 1996, les choses s'éclaircissaient autour de
ce nouveau mouvement rebelle, il s'appelle AFDL (Alliance des Forces
Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre), soutenu
par le Rwanda, l'Ouganda, l'Angola.... L'AFDL avait à sa tête
d'abord KISASU NGANDU, celui-ci sera tué lors des combats avec
l'armée Zaïroise au Nord Kivu. Et c'est ainsi que L.D. KABILA,
porte-parole du mouvement, ancien maquisard des années 60, prendra la
tête du mouvement rebelle en pleine épopée. Seulement 7
mois de marche à pied ont suffi pour avoir raison du Maréchal qui
destitua KENGO, fera un appel de pied d'Etienne TSHISEKEDI puis il
décrétera l'Etat d'urgence pour nommer un Général
à la tête du Gouvernement, le Général LIKULIA, et
l'Etat-major confié au redoutable Général MAHELE. Mais
tout ça n'empêchera pas l'AFDL d'entrer à Kinshasa le 17
mai 1997 après que le Maréchal l'est quitté en catastrophe
le 16 mai 1997. Dans l'entre-temps le Général MAHELE sera
assassiné dans la nuit du 16 au 17 mai 1997 accusé de
trahison67.
L'AFDL qui n'a pas vraiment connu d'obstacle lors de son
évolution à part à Kenge, dernier verrou pratiquement
avant Kinshasa, où il eut de très violents combats entre les deux
forces. Alors que l'armée gouvernementale avait l'appui de l'UNITA de
Jonas SAVIMBI (rebelle angolais soutenu durant des années par les
américains à travers MOBUTU lors de la guerre froide contre le
pouvoir de Luanda soutenu par les russes). Les Interahamwe et les ex-forces
armées rwandaise étaient pourchassés par les amis de
KABILA et désespéraient.
L.D. KABILA s'autoproclame Président de la
République et prête serment. En 1998, vers juillet, il remercie
ses anciens alliés qui devenaient très gênants et
menaçants. Mais ceux-ci ne vont pas l'admettre et le 02 août 1998
ils tenteront, avec l'appui des Tutsi congolais présents à
Kinshasa, de renverser L.D. KABILA. C'est le début de la
2è guerre de la R.D. Congo, et la plus grande guerre de
Grands Lacs avec la participation, aux côtés du Rwanda, du Burundi
et de l'Ouganda avec un soutien diplomatique de l'Afrique du Sud. La R.D. Congo
sera appuyée par l'Angola, le Zimbabwe, la
46
Namibie et le Tchad (qui se retirera quelque temps
après). Une guerre totale qui se déroulera voire même
à Kinshasa du 26 au 29 août 1998 où la population se
mêlera aux affrontements pour sauver la ville contre les incursions des
agresseurs. En 1999, après d'intenses négociations, on signera
les accords dits de LUSAKA mais les combats, malgré les appels au cessez
le feu, ne s'arrêtèrent pas. Vers 2000, L.D. KABILA lança
l'idée d'un débat national car en effet, des mouvements rebelles
émergeaient de la confusion qui régnait en R.D.Congo. C'est le
cas par exemple du Rassemblement des Congolais pour la Démocratie
(R.C.D) pro-Rwandais et du Mouvement de la Libération du Congo (M.L.C)
pro-Ougandais.
Le 16 janvier 2001, L.D. KABILA est assassiné à
Kinshasa dans son bureau, dans un contexte de conflit sans issus où les
positions se radicalisaient et le Congo subissait un isolement diplomatique
internationale68.
Joseph KABILA, chef d'Etat-major force terrestre et fils du
Président défunt, prend le pouvoir, tente de séduire la
communauté internationale en présentant le Congo comme
étant fréquentable de nouveau, et obtient gain de cause. L'ONU
déjà présente à travers la MONUC renforcera sa
mission et s'investira pour réunifier le Congo subdivisé en 5
parties essentiellement à savoir la partie gouvernementale (Kinshasa,
Bandundu, Bas Congo, une partie du Kasaï Oriental dont Mbuji Mayi,
Kasaï Occidental, une partie du Katanga dont Lubumbashi, une partie de
l'Equateur dont Mbandaka), la partie contrôlée par le RCD/Goma
(Nord Kivu, Sud Kivu, Maniema, une partie du Katanga dont Kalemie, une partie
de Kasaï Oriental dont Lodja et une partie de la province Orientale dont
Isiro à Ituri), la partie contrôlée par le MLC (le
Nord-Ouest et l'Ouest de la province Orientale et le Nord de l'Equateur), le
RCD-KML (Kisangani et le centre de la province Orientale) et le RCD-N (le Nord
du Nord-Kivu dont Beni et Butembo et le Sud-Est de la province Orientale).
En 2001, on relançant l'idée d'un dialogue
entre congolais. Celui-ci aura lieu effectivement en 2002, à Sun City en
Afrique du Sud à l'issue duquel sera signé le 18 décembre
2002 l'accord dit de Sun City consacra une
68 BRAECKMAN, C, Op. cit. pp. 179-246.
47
transition (bis) de 3 ans au maximum à l'issue de
laquelle seront organisées des élections générales.
Un Gouvernement de partage avec un Président et 4 Vice-Présidents
qui entra en fonction le 30 juin 2003.
Le 1+4 installé avec Joseph KABILA comme
Président de la République, J.P. BEMBA, A. RUBERWA, A. ZAHIDI
NGOMA et A. YERODIA NDOMBASI comme vice-Présidents mais l'Est restera
quand même le ventre mou du pays avec les Interahamwe, des NKUNDA et
MUTEBUSI, l'Ituri, etc.
En octobre 2005, le processus électoral sera
enclenché avec l'enrôlement des électeurs; le 18
décembre 2005 il y aura referendum et la constitution de la
3e République sera adoptée par la majorité des
électeurs congolais (84%)69 et sera promulguée le 18
février 2006 par le chef de l'Etat, Président de la
République.
Le 30 juin 2006, le président de la commission
électorale indépendante (CEI) Mr l'Abbé Apollinaire MALU
MALU lancera le début de la campagne électorale 1er
tour qui devrait durer un mois. Ces élections compilées
présidentielles-législatives nationales regroupèrent 33
candidats présidents de la république dont 3 femmes et
près de 10 000 candidats députés nationaux.
A l'issue du premier tour, 2 candidats seront retenus :
Joseph KABILA sortant, avec 44% et Jean-Pierre BEMBA, l'un de ses
vice-présidents, avec 20%70. Le second tour entre les deux
hommes interviendra au mois d'octobre 2006 et donnera raison à Joseph
KABILA élu avec 58% alors que son challenger J.P. BEMBA s'en sortira
avec près de 42%. Et le second tour des élections sera
compilé avec les législatives provinciales. Il connaîtra
aussi des ralliements importants tels que ceux de GIZENGA et ZANGA MOBUTU en
faveur de Joseph KABILA. Et, Léon KENGO et Oscar KASHALA en faveur de
Jean Pierre BEMBA. Il y aura aussi création de 2 grands mouvements
politiques à savoir l'AMP (Alliance pour la Majorité
Présidentielle) pro-KABILA et l'UN (Union pour la Nation) pro-J.P.
BEMBA.
Notons qu'Etienne TSHISEKEDI qui n'avait pas participé
à la gestion de la transition de Sun City (1+4), avait également
boycotté le
69 Résultats proclamés par la CEI et
confirmés par la Cour Suprême de Justice en 2005-2006.
70 Idem.
48
processus électoral, lui et son parti l'UDPS (Union
pour la Démocratie et le Progrès Social).
En 2007, les élections de gouverneurs et de
sénateurs furent remportées par la coalition
présidentielle AMP.
En 2011, les élections présidentielles et
législatives ont été remportées par le camp du
président J. KABILA (MP) mais contestées et rejetées par
le camp de son principal challenger Etienne TSHISEKEDI (UDPS). Ce dernier s'est
autoproclamé Président élu et s'est même auto
investi.
En 2013, les concertations nationales ont été
organisées par le pouvoir pour endiguer la crise post-électorale
de 2011 après à la signature de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba.
En 2015, trois jours de manifestations populaires dans le
pays contre la loi électorale qui voulait prolonger le second et dernier
mandat de J. KABILA ont contraint le parlement à renoncer à son
adoption.
En 2016, deux dialogues politiques ont été
organisées et deux accords politiques signés pour une cogestion
de la transition vers les élections, car elles n'ont pas
été tenues dans le délai constitutionnel. L'un à la
cité/UA avec la facilitation d'Eden KODJO et l'autre avec la
facilitation de la CENCO.
En 2017, la crise politique a persisté malgré
l'accord signé le 31/12/2016 car il n'était pas appliqué
dans son esprit et dans sa lettre. Bruno TSHIBALA NZENZHE un dissident de
l'UDPS a été nommé Premier Ministre par le
Président Joseph KABILA en lieu et place de Félix TSHISEKEDI
TSHILOMBO qui était candidat de l'UDPS et du RASSOP, principale
coalition de l'opposition de l'époque pour ce poste.
En 2018, il y a eu l'organisation des élections
présidentielle, législatives nationales et provinciales avec 21
candidats en lice pour la présidentielle dont 3 principaux
Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO (UDPS/ TSHISEKEDI), Martin FAYULU
MADIDI (DO) et Emmanuel RAMAZANI SHADARY (Indépendant). Et trois
principales coalitions étaient en lice pour
les législatives (FCC, LAMUKA et CACH). Félix
TSHISEKEDI élu
démocratiquement avec 38,5 % des voix contre
34,8% des voix pour Martin
49
FAYULU et 23% pour Emmanuel RAMAZANI. Le FCC de Joseph KABILA
remporte les législatives devant LAMUKA de Martin FAYULU et CACH de
Félix TSHISEKEDI.
En 2019, le 24 janvier, il y a eu passation pacifique et
civilisée du pouvoir entre le Président sortant Joseph KABILA
KABANGE et le Président élu Félix-Antoine TSHISEKEDI
TSHILOMBO. C'est la première alternance démocratique au sommet de
l'Etat depuis 1960. Le FCC a par la suite remporté largement les
élections indirectes (sénatoriales et des Gouverneurs et
Vice-Gouverneurs) devant le CACH et LAMUKA. Et le candidat soutenu par LAMUKA
Martin FAYULU conteste toujours les résultats de ces élections
malgré le changement de positions de certains de ses alliés
notamment Moïse KATUMBI CHAPWE et Antipas MBUSA NYAMWISI.
50