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Impact géopolitique de l'accord cadre d'Addis-Abeba sur la stabilité de la RDC. Analyses et perspectives.


par Faustin UPONJURU MASTOLO
Université de Kinshasa - Licence en sciences politiques et administratives 2018
  

Disponible en mode multipage

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    UNIVERSITE DE KINSHASA

    FACULTE DES SCIENCES SOCIALES, ADMINISTRATIVES ET
    POLITIQUES

    Département des Sciences Politiques et Administratives

    IMPACT GEOPOLOTIQUE DE L'ACCORD CADRE D'ADDIS-ABEBA SUR LA STABILITE DE LA RDC Analyses et perspectives

    Par

    Faustin UPONJURU MASTOLO

    Gradué en Sciences Politiques et Administratives

    Mémoire de fin d'études présenté et défendu en vue de l'obtention du grade de licencié en sciences politiques et Administratives

    Option : Sciences Politiques

    DIRECTEUR :Emile BONGELI YEIKELO YA ATO

    ProfesseurOrdinaire

    RAPPORTEUR : COCO YUMAINE MAYANGA

    Chefde travaux

    ANNEE ACADEMIQUE : 2018 - 2019

    EPIGRAPHE

    « Se préparer à la guerre est le meilleur moyen de préserver la paix »

    Président George WASHINGTON

    II

    DEDICACE

    A notre Dieu le Tout-Puissant Créateur des Cieux et de la terre pour qui repose tout notre Espoir, ta grâce a été grande durant notre parcours universitaire à la Faculté des Sciences Sociales, Administratives et Politiques de l'Université de Kinshasa, plus précisément au département de sciences politiques et administratives

    A mes parents : UPAR MASTOLO Denis et UZELE Esperance, qui ont accepté de souffrir avec nous durant notre enfance jusqu'aujourd'hui, en plus ils ont fait preuve de quoi, ils sont capables d'assurer notre éducation du début à la fin.

    A vous ma grand-mère Madeleine TORAC et mon grand-père Maurice MASTOLO pour votre soutien moral.

    A vous mes oncles NTUMI, UCAY, ADUBANG'O, MANANU, KAKURA, ... qui avez aidé financièrement et moralement pour la réussite de ce travail de fin d'étude.

    A vous mes tantes : ADOKO, RUTH, UROCI, pour vos encouragements pendant la réalisation de ce travail.

    A mes amis : ANGU- EZU Volonté, MASABA TULANTIMA, KASONGO MITELESI, Marcel JAWIYAMBE, William JALUM, MAYELE MATONDO, DON, MAWULU NZEZA Clemy, KIMUANGA Dadou, EDOUARD MUKANDILWA, KATEMBO KAMATHOGA, Sarah BERNIWEGI, Dieu- Merci ANMAN, Dani UPENJMUNGU...

    A mes frères et soeurs : David MASTOLO, Bienvenue MASTOLO, UDONGO, EXAUCE, CHRISTINE, MACHOZI, Augustin AVOCI

    Que toute personne non nommément cités sous ce registre trouve ici l'expression de notre gratitude.

    Faustin UPONJURU MASTOLO

    Faustin UPONJURU MASTOLO

    III

    AVANT-PROPOS

    Que la gloire et l'honneur soient rendus à Dieu qui n'a cessé de nous conforter et de nous donner le souffle de vie qui nous a permis de bien pouvoir réaliser, en ce jour, ce travail de fin d'études avec force.

    Au moment où nous achevons la rédaction de notre travail de mémoire, couronnant le deuxième cycle en sciences politiques de l'Université de Kinshasa, nous nous faisons l'agréable devoir d'exprimer nos vifs remerciements à tous ceux dont le concours nous a été précieux pour sa réalisation.

    D'abord, nos remerciements s'adressent à tous les professeurs de la faculté des sciences sociales, administratives et politiques en général et ceux du département des sciences politiques et administratives, en particulier.

    Ensuite, nos remerciements vont tout droit au Professeur ordinaire Emile BONGELI YEIKELO YA ATO, qui a accepté la direction dudit travail tout en bousculant son programme pour créer un temps de la correction de ce travail scientifique.

    Au chef de travaux COCO YUMAINE, qui a supporté toutes nos caprices scientifiques durant tout le temps qu'on a eu à rédiger ce travail de fin d'études ; en plus, nous le remercions pour l'encadrement qu'il a dû assurer dans l'élaboration de celui et pour tous ses conseils et remarques qu'il a apportés pour que cette étude ait une bonne forme.

    A vous mes ainés scientifiques IWANYANYU MBUNGU Rozan, MUNGUKENDE Jérôme pour vos soutiens scientifiques pour la réussite de ce travail de fin d'études.

    1

    INTRODUCTION

    1. ETAT DE LA QUESTION

    Il est recommandé de vérifier les résultats des recherches antérieures ainsi que toute la documentation existante qui pourra se rapporter au thème sous examen. Démontrer la particularité de sa recherche par rapport aux analyses antérieures ayant porté sur la même thématique, telle est la réelle contribution à l'évolution de la connaissance qu'un chercheur doit s'assigner pour justifier sa formation scientifique.

    L'état de la question est défini par Jean OMASSOMBO TSHONDA comme étant une étape très importante de la démarche scientifique dont le but est l'analyse des études ayant abordé le même thème que celui qu'on se propose d'étudier en vue de se distancer1. Ainsi, nous nous sommes servi des travaux des chercheurs ci-après :

    Elias MULUNGULA HOBIGERA a présenté les différents enjeux des conflits armés qui ont jalonné l'histoire des pays de Grands Lacs tels que la RDC, le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda ainsi que leurs corollaires (de millions de morts, génocide, pauvreté et misère) 2.

    Quant à Joseph LUNANGA BUSANYA, il fait une analyse géopolitique des conflits armés récurrents en RDC depuis 1996 en parlant des causes internes et des ingérences étrangères multiples à la base desdits conflits.

    Hervé CHEUZEVILLE3, pour sa part, fait une analyse chronologique des conflits armés dans les pays précités et leurs implications dans la déstabilisation de l'ensemble de la sous-région.

    Pour Filip REYNTJENS, il s'est appesanti sur le basculement d'alliances entre acteurs locaux et étrangers dans ce conflit durant les années 1990. Il a démontré comment les alliances se sont faites et défaites entre les acteurs internes et externes de conflits armés en RDC ;

    Présentant un autre son de cloche Théodore NGOY4 analyse de manière approfondie l'accord de cessez-le-feu signé le 10 juillet 1999 dans la

    1 OMASSAMBO TSHONDA, J., initiation au travail scientifique, G1 SPA, FSSAP, 2006-2007, cours inédit.

    2 MULUNGULA HOBIGERA, E., Les enjeux des conflits dans la région des Grands Lacs. Des indépendances à nos jours, Ed. COMPODOR, Kinshasa, 2008.

    3 CHEUZEVILLE, H., Chroniques Africaines de guerres et d'espérance. RD Congo, Ouganda, Rwanda, Burundi, Soudan, Ed. Persée, Paris, 2006.

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    capitale zambienne et son implication dans le processus de pacification de la RDC.

    MAYOYO BITUMBA TIPO-TIPO, dans ses recherches, affirme le soutien des puissances occidentales notamment les Etats-Unis d'Amérique à la guerre d'agression rwando-burundo-ougandaise de 1998 contre la RDC par de rébellions congolaises fantaisistes interposées après celui de 1996 à l'AFDL qualifié de première guerre occidentale.

    Enfin Vincent MBAVU MUHINDO5 parle de la guerre dite de libération menée par l'AFDL et celle de 1998 dite d'occupation menée par la coalition rwando-burundo-ougandaise ainsi que leurs conséquences.

    Partant de tout ce qui précède, notre étude se distance des autres du fait qu'elle traite la problématique de l'impact géopolitique de l'accord-cadre d'Addis-Abeba signé le 24 février 2013 sur la stabilisation de la République Démocratique du Congo jusqu'à ce jour. Nous voulons faire une analyse géopolitique de l'implication de cet accord sur la pacification et la sécurisation du Congo en général et de l'Est en particulier en proie aux guerres et à l'insécurité persistante depuis 23 ans avec la présence de divers groupes armés locaux et étrangers.

    2. CHOIX ET INTERET DU SUJET

    La RDC, terre de convoitise par excellence, connaît des guerres successives depuis octobre 1996 et l'insécurité persistante suite à la présence de plusieurs groupes armés locaux et étrangers. Cette situation perdure malgré la signature de l'accord-cadre d'Addis-Abeba en 2013.

    Le choix de ce sujet se justifie par le souci constant de voir une fin effective et durable de l'insécurité ainsi que ses corollaires en RDC (pillages sauvages des richesses naturelles), plus particulièrement à l'Est où des crimes de guerre et ceux contre l'humanité sont commis par des groupes armés locaux et étrangers. Et cette crise menace constamment la stabilité de la région de Grands Lacs.

    Nous avons aussi, à travers ce travail scientifique, une possible solution parmi tant d'autres pour la construction d'un Etat congolais uni,

    4 NGOY, T., L'accord de Lusaka et la paix en RDC : une autre lecture, 2ème Ed., CERBIPAD, Kinshasa, 2002.

    5 MBAVU MIHINDO, V., Le Congo-Zaïre. D'une guerre à l'autre, de libération en occupation (chronique 1996-Lusaka 1999), Ed. L'Harmattan, Paris, 2003.

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    fort, prospère et responsable au service avant tout de sa population en vue de son développement durable et intégral, qui serait une source de stabilité pour l'ensemble de la région.

    Sur le plan scientifique, ce travail suscite un intérêt particulier dans la mesure où il sert, dans une certaine mesure de banque des données pour les éventuels chercheurs, hommes de sciences et professionnels de questions géopolitiques, etc.

    3. PROBLEMATIQUE

    La problématique est l'approche ou la perspective théorique que l'on décide d'adopter pour traiter le problème posé par la question de départ. En d'autres termes, la problématique est l'art, la science de poser les problèmes, bref, la problématique est un questionnaire aboutissant à une fin. Elle désigne l'ensemble des problèmes dont les éléments sont liés6.

    WENU BECKER estime que la problématique d'un travail s'entend de l'expression majeure qui circonscrit de façon précise et détermine avec l'absolue clarté les dimensions essentielles de l'objet de l'étude que les chercheurs se proposent de mener7.

    Comme substantif, le concept problématique désigne l'ensemble des questions dans un domaine de science en vue d'une recherche de solution et désigne aussi un ensemble d'idées qui spécifie la position du problème suscité par le sujet d'étude. Ainsi, elle fournit au lecteur des éléments nécessaires pour justifier la recherche ; elle représente un thème de recherche ou un problème spécifique rattachant à une question générale et des informations nécessaires pour tenir l'augmentation qui sert à justifier cette recherche8.

    Selon KUYUNSA BIDUM et SHOMBA KINYAMBA, elle est un ensemble d'idées qui spécifient la question du problème suscité par le sujet d'étude9.

    6 SHOMBA K., Méthode de recherche en science sociales, Ed. PUK, Kinshasa, 1995, p.8.

    7WENU BECKER., Recherche scientifique théorie et pratique, Ed. PUK, Lubumbashi, 2006, pp.13-14.

    8 LABANA L.A. et LOFEMBE, Initiation à la recherche scientifique : éléments de base, Ed. PUK, Kinshasa, 2007, p.12

    9 KUYUNSA et SHOMBA, Initiation aux méthodes de recherche en sciences sociales, Ed. PUK, Kinshasa, 1995, P.42

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    En effet, la République Démocratique du Congo, deuxième plus vaste pays d'Afrique après l'Algérie et onzième plus vaste pays du monde avec une superficie de 2.345.410 Km2 et une population aujourd'hui estimée à 80 millions d'habitants, possédant d'incommensurables ressources naturelles, demeure le théâtre des événements les plus tragiques depuis 1960 voire bien avant (sécessions, rébellions, assassinats, guerres civile et d'agression, pillages sauvages des ressources naturelles, viols massifs des femmes et filles, massacres, etc.)10.

    Depuis le début de la guerre de l'Alliance des Forces Démocratiques pour la libération du Congo-Zaïre (AFDL) en octobre 1996 et sa prise de pouvoir en mai 1997, mettant fin à plus de trois décennies de dictature du Maréchal MOBUTU SESE SEKO, la RDC a sombré dans un cycle infernal des guerres successives (1998-2003, 2004-2009 et 2012-2013) causant de millions de morts, d'énormes dégâts matériels et de déplacements massifs des populations11.

    Aujourd'hui, l'insécurité persiste dans le pays en général et à l'Est du pays en particulier suite à la présence de divers groupes armés locaux et étrangers12 malgré les divers accords de paix signés.

    Le texte signé à Addis-Abeba le 24 février 2013, de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République démocratique du Congo et la région n'est pas le premier du genre. Il se situe dans le prolongement de nombreux accords antérieurs qui, depuis l'invasion de la RDC par l'AFDL en 1996 et la chute du régime de Mobutu en 1997, visent à restaurer la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région. L'avènement de l'AFDL s'est effectué dans un climat de guerre, de violence, de violations des droits de l'homme, qu'on n'est pas arrivé à arrêter jusqu'à ce jour, en particulier dans l'est du pays. Il a enclenché un processus instaurant une véritable culture de la mort et du crime, avec à la clé la prolifération des groupes armés nationaux et étrangers.

    10 BRAECKMAN, C. et alii, Congo 1960. Echec d'une décolonisation, Ed. GRIP, Bruxelles, 2010, pp. 145-156.

    11 BRAECKMAN, C., L'enjeu congolais. L'Afrique centrale après MOBUTU, Ed. Fayard, Paris, 1999, pp. 111145.

    12 RAMAZANI BISHWENDE, A., Kivu balkanisé : miroir une mondialisation maffieuse, Ed. L'Harmattan, Paris, 2017, 53 p.

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    Vols, pillages, violences sexuelles, assassinats des masses, déplacement des populations, pauvreté et conditions de vie indécentes et incompatibles avec la dignité humaine, ainsi que de nombreux crimes imprescriptibles... émaillent depuis lors le quotidien de plusieurs millions des congolais, en particulier à l'est du pays. Avec ses six millions de victimes directes et indirectes, la guerre qui sévit et persiste en RDC depuis 1996 est la plus meurtrière après la seconde guerre mondiale.

    Confrontée depuis lors à une situation de « ni guerre ni paix » entretenue par les parrains rwandais et ougandais des mouvements récurrents politico-militaires congolais de libération (AFDL, RCD, MLC, CNDP, M23...), la RDC va d'accord de paix en accord de paix, sous l'égide et parfois la pression de la communauté internationale. On peut, à ce sujet, citer parmi les plus importants, notamment, l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka (Zambie) le 30 juillet 1999 ; L'Accord de paix entre la RDC et Rwanda signé le 31 juillet 2002 à Pretoria en Afrique du Sud ; L'Accord entre la RDC et l'Ouganda, signé le 6 septembre 2002 à Luanda en Angola ; L'Accord global et inclusif sur la transition en RDC, signé le 17 décembre 2002, à Sun City, en Afrique du Sud ; Le Pacte sur la sécurité, la stabilité et le développement dans le Région des Grands Lacs, signé le 15 décembre 2006, à Nairobi au Kenya ; Deux actes d'engagement signés à Goma en janvier 2008 par les groupes armés respectivement du Nord-Kivu et du Sud-Kivu, à l'issue de la Conférence de Goma pour la paix, la sécurité et le développement dans les provinces du Nord et du Sud Kivu, en janvier 2008 ; L'Accord de paix entre le Gouvernement et le Congrès National pour la Défense du Peuple (CNDP), signé le 23 mars 2009, à Goma ; et enfin, l'Accord-cadre sur la paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la Région, signé le 24 février 2013, à Addis-Abeba. Onze pays africains ont signé l'accord cadre destiné à ramener la paix et la stabilité dans la région des Grands Lacs, en particulier dans la partie Est de la République démocratique du Congo en proie à des groupes armés depuis près de deux décennies. Il s'agit de l'Afrique du Sud, de l'Angola, du Burundi, du Congo-Brazzaville, de la République Centrafricaine, de la République Démocratique du Congo, du Kenya, de l'Ouganda, du Rwanda, du Sud-Soudan et de la Zambie. Une dizaine d'années plus tôt un autre accord avait déjà été signé en Zambie. Il s'agissait de l'Accord de cessez-le-feu de Lusaka. Ces deux accords de paix reflètent les équilibres de forces

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    régionales en présence lors de leur signature. Ils traduisent la compétition que se livrent les pays voisins de l'Est contre ceux du Sud de la RDC sous-couvert de la prépondérance économique du grand Kivu et du grand Katanga.

    Tout ce dispositif a certes contribué à l'amélioration de la situation sécuritaire en RDC, mais il n'a pas suffi pour restaurer la paix et la stabilité, partout et à un niveau satisfaisant. Et si l'on conçoit la paix non pas seulement comme absence de guerre mais aussi comme développement, la RDC classée parmi les derniers pays par les récents rapports du PNUD sur l'indice du développement humain, est bien loin du compte.

    De tout ce qui précède, notre problématique tourne autour des questions suivantes :

    ? Les principes généraux auxquels se réfèrent les accords de paix dans la Région en général et de la RDC en particulier, et qui sont pour une énième fois repris dans l'Accord-cadre du 24 février 2013, avec des mécanismes similaires de suivi, sont-ils cette fois-ci respectés ?

    ? Quel est l'impact géopolitique de cet accord-cadre dans la région de Grands Lacs africains ?

    ? Quel est le bilan provisoire de l'accord-cadre d'Addis-Abeba six ans après sa signature ?

    ? Comment remédier durablement voire définitivement à cette situation de persistance et de récurrence des violences et de l'instabilité à l'Est de la RDC ?

    4. HYPOTHESES

    Tout problème posé mérite bien une solution ; tout chercheur qui pose un problème est habité par une proposition de réponse au problème qu'il cherche à affirmer après de profondes investigations.

    L'hypothèse est alors la proposition des réponses à la question posée, elle tend à formuler et à suggérer les procédés des recherches13.

    13GRAWITZ M., Méthode de recherche en sciences sociales, Ed. Dalloz, Paris, 1990, p.443.

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    LOKA-ne-KONGO, pense que l'hypothèse est une idée directrice, une tentative d'explication des faits formulée au début de la recherche, et est destinée à orienter l'investigation et à être maintenue d'après le résultat de l'analyse14.

    L'hypothèse est considérée comme une série des réponses permettant de prédire la vérité scientifique au regard des questions soulevées par la problématique. La recherche proprement dite confirme ou infirme la vérité scientifique à l'issue du traitement des données15.

    Elle est aussi une supposition, une idée à vérifier, une réponse à l'explication des phénomènes naturels qui doivent être vérifiés par les faits dans un contexte beaucoup plus large ; elle sera comprise comme étant l'expression d'un soupçon, d'une affirmation vrai semblable mais non démontrée en face d'un problème. Elle est la première démarche de l'esprit cherchant à sortir du doute.

    Au regard des questions posées, nous soutenons les hypothèses suivantes :

    Les pays signataires de l'accord cadre d'Addis-Abeba saluent quand même le progrès réalisé dans sa mise en oeuvre sans lequel la crise serait déjà aggravée dans la région des Grands Lacs. Mais on note un certain manque de volonté politique manifeste de la part des pays signataires pour honorer les engagements pris dans le cadre de cet accord. Les principes généraux dudit accord-cadre ne sont pas strictement respectés par les signataires.

    L'impact géopolitique de l'accord-cadre d'Addis-Abeba serait notamment qu'il a permis une certaine accalmie dans les liens et les rapports qui existent entre les onze Etats signataires. La RDC s'est engagée à opérer des réformes institutionnelles pour notamment renforcer l'autorité de l'Etat et les dix autres Etats se sont engagés à ne plus soutenir directement ou indirectement la déstabilisation du Congo.

    Nous estimons que le bilan provisoire de l'accord-cadre d'Addis-Abeba de 2013 serait mitigé dans ce sens que cet accord continue à souffrir du manque de volonté politique des signataires en vue de son application stricte bien qu'il y ait quelques progrès. L'insécurité persiste à l'Est du pays

    14 LOKA-ne-KONGO, Schéma du travail scientifique, Ed. PUK, Kinshasa, 1978, p.86. 15SHOMBA K., Op.cit, p.49.

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    où les groupes armés locaux et étrangers soutenus par certains Etats voisins continuent à sévir en perpétrant de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité. D'où, les accusations répétées des autorités de la RDC contre le Rwanda et l'Ouganda plus particulièrement.

    Pour remédier durablement et définitivement à cette situation d'instabilité à l'Est de la RDC, il faut avant tout une prise de conscience collective (révolution mentale de grande envergure) des gouvernants et gouvernés congolais pour travailler en vue de refonder l'Etat sur de bases nouvelles et solides, c'est-à-dire construire un Etat uni, fort, prospère et responsable qui serait avant tout au service des populations puis d'autres ; en érigeant une armée professionnelle, républicaine, bien rémunérée, bien équipée, capable de remplir de manière efficace et efficiente sa mission traditionnelle de défense de l'intégrité territoriale contre toutes les menaces internes et externes . Si non, le statuquo perdurera, c'est-à-dire l'ONU via la MONUSCO continuera à faire le babysitting pour assurer la paix et la sécurité en RDC en lieu et place des forces de défense et sécurité congolaises (FARDC, PNC, etc.). Et les pays voisins tels que le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi continueront à soutenir des groupes armés pour la déstabilisation continue du Congo et la perpétuation du pillage de ses richesses naturelles.

    5. METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE

    5.1. Méthode

    De prime à bord nous aimerions affirmer que tout travail scientifique doit s'orienter selon un certain cadre méthodologique. Pour ce faire, l'usage des méthodes et techniques aide à matérialiser cette méthodologie de la recherche.

    « Lorsque le chercheur entame sa rédaction, il lui convient non seulement de délimiter le sujet, mais aussi de choisir des procédures concrètes adaptées pour réunir et traiter les informations requises. C'est le rôle dévolu à la méthode pour traiter les informations et les techniques, outils d'appui à la première pour récolter ou rassembler les mêmes informations. Cependant, il ne serait pas de bon aloi que le chercheur y recourt sans en justifier ou en concrétiser l'usage. » 16

    16 BAENDE EKUNGOLA, Les normes de rédaction scientifique, Editions CEDI, Kinshasa, 2006, p.78

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    Il est dit de la méthode comme étant « l'ensemble des règles et des principes qui organisent le mouvement d'ensemble de la connaissance, c'est-à-dire les relations entre l'objet de recherche et le chercheur, entre les informations concrètes rassemblées à l'aide des techniques et le niveau des concepts. »17

    Afin de pouvoir mieux cerner le sujet sous étude et vu l'aspect à la fois particulier (le cas du génocide au Rwanda) mais aussi général (les guerres en RDC) des conflits dans la région des Grands Lacs, la méthode la mieux adaptée à cette réalité est l'analyse systémique. Celle-ci « part du postulat que la réalité sociale présente les caractères d'un système, pour interpréter et expliquer les phénomènes sociaux par les liens d'indépendance qui les relient et qui les constituent en une totalité.»18

    « On peut définir un système comme un ensemble d'éléments interdépendants, comme un ensemble d'éléments se trouvant en interaction.»19

    En effet, la région des Grands Lacs vu comme un tout cohérent, n'a pas su être stable du moment où l'un des pays, en étude, avait des problèmes. C'est ainsi par exemple on verra la guerre et le génocide au Rwanda ont été des facteurs très déterminants en s'imposant en signe avant-coureur d'un effet boule de neige dans toute la région. Il y aura la traversé des réfugiés (Hutu) rwandais au Zaïre (R.D. Congo) en 1994, d'autres iront au Burundi chassaient par d'autres réfugiés (Tutsi) revenant eux de l'Ouganda.

    Rien qu'avec la traversé de ces réfugiés, le problème rwandais devenait une affaire régionale qui annonçait déjà les troubles que devra connaître la R.D. Congo car bon nombre de réfugiés étaient considérés comme étant des hors la loi par le nouveau régime installé à Kigali.

    Tant qu'on n'arrivera pas à résoudre le problème sécuritaire de l'un des pays de Grands Lacs, c'est toute la région qui en souffrira. C'est le cas aujourd'hui de l'Est de la R.D. Congo, tant que les groupes armés locaux

    17 Jean OMASOMBO, Op.Cit, p.47

    18 Schwartez cité par EPEE, Cours d'analyse des systèmes, inédits, L2 SPA, UNIKIN, 2006-2007, P.26

    19 EPEE GAMBWA, Idem, p.26

    10

    (milices Maï-Maï et autres) et étrangers (ADF, LRA, FDLR, FNL, FOREBU, RED) par exemple, la région des Grands Lacs ne connaîtra jamais la paix.

    Pourquoi l'analyse systémique et pas une autre méthode ?

    C'est parce qu'avec l'analyse systémique, tout en analysant la région des Grands Lacs comme un tout, on sait aller en profondeur en considérant l'aspect structuro-fonctionnel de chaque Etat de la région prit comme sous-système du système Grands Lacs. Et le système est « un agencement stable d'élément tel qu'on ne peut comprendre l'un d'entre eux et surtout sa fonction sans faire référence aux conséquences qu'il a sur l'ensemble »20. « L'analyse systémique contribue objectivement à une actualisation de la théorie et de la pensée politiques, rendue nécessaire par l'évolution de la science autant que par le destin des peuples.»21

    Ainsi on saura aussi analyser au cas par cas chaque sous-système en décelant les forces et les faiblesses qui font que la région des Grands Lacs soit une zone trouble à perpétuité. Car « On ne peut examiner un problème sans l'autre, ni surtout comprendre le second sans avoir bien examiné le premier.»22 Et enfin de comptes proposer quelques voies de sortie pouvant fonctionnées dans un contexte pourtant conflictuel, de confusion où jusque-là aucune résolution avait vraiment fait long feu.

    Avec l'analyse systémique on saura analyser les inputs (demandes, attentes, besoins...) de l'environnement interne et externe à la région ainsi que les outputs (réponses, propositions, solutions...) vers les mêmes environnements tout en veillant aux réalités de chaque sous-système et du système prit comme un Tout.

    5.2. Techniques de production des données

    « Les techniques sont l'ensemble des moyens et des procédés qui permettent à un chercheur de rassembler des informations originales ou de seconde main ».23

    20 Jean REMY, Conflit et dynamique sociale, FSPS, Université Catholique de Louvain, Bruxelles, 1969, p.31

    21 EPEE GAMBWA, Op. Cit.

    22 Jean REMY, Idem, p.27

    23 OMASOMBO Jean, Cours de Méthode de travail scientifique, Inédit, G1SPA, FSSAP, UNIKIN, 2002-2003

    24 BONGELI Yeikelo ya Ato, E., Méthodes de recherche en Sciences Sociales, Notes de cours, G2 SPA, FSSAP, UNIKIN, 2015-2016, p. 45.

    11

    Ainsi, dans le cadre de ce travail, nous avons recouru aux techniques ci-après :

    ? La technique documentaire ;

    ? L'interview libre ;

    ? L'observation directe désengagée.

    5.2.1. La technique documentaire

    En ce qui nous concerne, nous avons opté pour la technique documentaire par le fait que la situation dont on fait montre a pratiquement un caractère récurrent, et bien avant nous, beaucoup se sont penchés sur la question sécuritaire dans la région des Grands Lacs. De ce fait, cette technique nous a permis d'éviter toute redondance et surtout nous a permis de pouvoir très clairement situer notre travail et notre apport par rapport à nos prédécesseurs. Pour ce, nous avons consulté notamment les ouvrages, les mémoires, les articles, les notes de cours, etc.

    5.2.2. L'interview libre

    L'interview est donc une technique directe utilisée pour interroger les individus isolément, mais aussi dans certains cas, des groupes. Elle permet de de prélever des informations plus riches que ne le permettent les sondages ou les questionnaires24.

    En ce qui nous concerne, nous n'avons pas pu voyager dans l'ensemble des pays de la région des Grands Lacs faute de temps. Ainsi, nous avons interrogé certains congolais, certains cadres politiques et quelques chercheurs qui s'intéressent à cette thématique. Tous ont requis l'anonymat.

    5.2.3. L'observation directe désengagée

    L'observation désengagée consiste pour l'observateur à ne pas se mêler à la vie des personnes observées. Cette technique est désignée quand il n'est pas nécessaire de connaître comment une situation est vécue de l'extérieur et que les phénomènes que l'on recherche peuvent être simplement constatés ou observés. Cette technique d'observation est la

    12

    moins couteuse puisqu'elle ne requiert pas une intégration au groupe ou une mise en scène particulière25.

    6. DELIMITATION DU SUJET

    Pour tout travail qui se veut scientifique, il est une exigence qu'il soit circonscrit et délimité dans le temps et dans l'espace. Il n'est pas possible d'étudier tout à la fois ou à partir d'un fait étudié de parcourir tous les éléments influents jusqu'aux extrêmes limites de la terre et jusqu'au bout de temps.26

    S'agissant de la dimension spatiale de ce travail, il faut mentionner que la RDC constitue le cadre géographique de nos investigations mais nous allons mettre beaucoup plus d'accent sur la partie orientale du pays en proie aux guerres à répétition depuis octobre 1996 ainsi qu'à l'insécurité quasi-quotidienne. Et pourtant un bon nombre des troupes des FARDC et de la MONUSCO y sont déployées.

    Quant à la dimension temporelle, nous nous sommes plus penchées sur la période allant de 2013 à nos jours, qui marque l'année de la signature de l'accord-cadre d'Addis-Abeba par 11 pays africains dont la RDC.

    7. SUBDIVISION DU TRAVAIL

    Outre l'introduction et la conclusion, notre travail comprend trois chapitres :

    ? Le premier est consacré aux considérations générales ;

    ? Le deuxième parle de quelques causes de l'instabilité en RDC ; et

    ? Le troisième et dernier fait une analyse de l'implication géopolitique de l'accord-cadre d'Addis-Abeba sur la stabilisation de la RDC.

    8. DIFFICULTES RENCONTREES

    Piloter un projet de recherche scientifique n'est pas un exercice aisé. Il est toujours jalonné des difficultés d'ordres divers. En ce qui nous concerne, nous avons relevé quelques-unes dont notamment : celles liées au temps et aux finances. S'agissant de celles du premier ordre, alors que nous pensions avoir tout le temps pour concilier les cours et le terrain, il s'est

    25 BONGELI Yeikelo ya Ato, E., Idem, p. 45.

    26 REZSOHAZY, R., Théories et critique des faits sociaux, La renaissances du livre, Paris, 1971, p.68.

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    avéré que nous avons éprouvé de difficultés pour y arriver. Enfin, la conjoncture actuelle n'a pas manqué d'influer sur le plan financier à la promptitude attendue aux finalistes du deuxième cycle que nous sommes.

    Mais, entant chercheur engagé et grâce à notre courage et détermination, nous avons pu contourner ces différentes difficultés afin de produire ce travail de fin d'études.

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    CHAPITRE I. LES CONSIDERATIONS GENERALES

    Ce chapitre sur les Généralités est subdivisé en trois sections : la première définit certains concepts utilisés dans ce travail, la seconde présente l'Accord Cadre d'Addis-Abeba et la dernière section s'attelle à la présentation de la RDC :

    SECTION 1 : DEFINITION DES CONCEPTS

    Il est une préoccupation incontournable pour tout chercheur de commencer par définir ses concepts de base comme instruments opérationnels en Sciences Sociales en général et en Sciences Politiques et Administratives en particulier. Il existe une complexité parce qu'ils sont avant tout vocabulaire, et de par sa nature un mot est polysémique. D'où, il importe au chercheur de les clarifier en se basant sur le contexte de son étude.

    1.1. Accord-cadre

    L'accord est une entente, harmonie entre des personnes proches par leurs idées, leurs sentiments. C'est aussi un arrangement, un règlement, une convention entre plusieurs parties27. L'accord-cadre est un accord entre les partenaires sociaux, servant de modèle à des accords ultérieurs plus détaillés28.

    1.2. Impact

    Un impact (du latin lat. impactum supin de impigere « frapper contre ; jeter contre ; heurter ») est une collision entre deux corps. Le mot employé au sens figuré est un anglicisme pour le mot répercussion ou conséquence.

    Dans le secteur solidaire, l'impact peut être social, économique ou environnemental.

    Ce mot est utilisé en physique, et au sens figuré (par mésemploi venant de l'anglais, comme synonyme de conséquence, d'effet, de répercussion, etc. « dans la langue journalistique et publicitaire

    27 Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p.42.

    28 Idem, p. 43.

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    notamment » ; dans ce dernier cas, il évoque un effet de choc ou plus simplement un retentissement d'une action, d'un évènement, d'une information, d'un discours, etc. sur quelqu'un ou quelque chose)29.

    L'Académie précise à son propos que l'impact signifie : « 1. Choc d'un projectile contre un corps. Point d'impact, endroit où un projectile vient frapper. Le point d'impact d'une météorite. Pour METON, Trace, trou qu'un projectile laisse à l'endroit qu'il a heurté. Des impacts de balles. Effet violent, vive répercussion. L'impact du « J'accuse » d'Émile ZOLA sur l'opinion. C'est par une extension abusive qu'on emploie impact en parlant d'une influence diffuse ou générale. » ». Pourtant, Adolphe THOMAS (1971) ne condamnait pas encore cette utilisation. Et le sens étendu de répercussion était attesté par le Dictionnaire Robert historique vers 1955 (mais sans citer le verbe dérivé « impacter »30.

    Le sens figuré s'il semble passé dans le langage commun par effet de métaphore et/ou métonymie, n'est pas accepté par tous les dictionnaires, et le sens d'une « Vive répercussion produite (sur l'opinion) » est, selon le Trésor de la langue française, « rejeté par les puristes ». C'est par une extension abusive qu'on emploie « Impact en parlant d'une influence diffuse ou générale ». Employer le pseudo-verbe « impacter » en remplacement d'affecter, influer, toucher, etc., est de ce point de vue une erreur.

    Jean GIRODET condamne le mot employé au sens étendu (sens figuré abusif) mais pas au sens figuré en tant que tel. Puis le sens figuré « étendu » semble peu à peu acté dont par Péchoin et Dauphin dans le Grand dictionnaire des difficultés et pièges de la langue française (1998-2001) ; ils y considèrent que Impact est aujourd'hui employé non seulement dans son premier sens de « heurt d'une chose contre une autre, choc », mais également au sens figuré de « influence forte », voire d'« influence en général » : une étude d'impact (= étude de l'influence qu'aura sur le milieu naturel une installation industrielle) ; l'impact d'un écrivain, l'impact d'une

    29 Dictionnaire Le Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 601.

    30 Idem, p. 601.

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    publicité. Cet emploi est aujourd'hui si courant qu'il ne peut plus être considéré comme fautif31.

    1.3. Géopolitique

    Exhumée, des pages les plus sombres de l'histoire contemporaine, la géopolitique est maintenant d'un usage courant.

    La géopolitique est l'étude des effets de la géographie (humaine et matérielle) sur la politique internationale et les relations internationales. C'est une méthode d'étude de la politique étrangère pour comprendre, expliquer et prédire le comportement politique international à travers les variables géographiques. Il s'agit notamment des études régionales, du climat, de la topographie, de la démographie et des ressources naturelles.

    Plusieurs définitions en ont été données1 : étude des « relations entre les facteurs géographiques et les entités politiques » (André-Louis Sanguin)32 ; « discipline qui essaie d'expliquer la formation et l'action des puissances politiques dans l'espace » (Fondation des études pour la défense nationale) ; « analyse géographique de situations socio-politiques » (Michel FOUCHER)33. Historiquement le terme géopolitique désigne les rapports de pouvoir entre États mais le terme s'applique plus généralement à l'étude des rapports de pouvoir dans l'espace quelle qu'en soit l'échelle, y compris donc à une échelle locale.

    Actuellement, la géopolitique est comme une science ou une méthode d'analyse susceptible de nous aider à interpréter les événements politiques sur base des données géographiques. Jadis, considérée comme une science `mauvaise» car instrumentalisée par les Allemands pour faire des conquêtes territoriales à travers le monde, la géopolitique est devenue, après les années 60, une discipline tant souhaitée, capable d'aider les gouvernements à élaborer des politiques de puissance pour, la conquête des

    31 Dictionnaire Le Larousse illustré,Op. cit., p. 601.

    32 SANGUIN, A.-L. cité par BIYOYA MAKUTA, Initiation à la géopolitique, Cours inédit FSSAP/RI UPN 2005-2006.

    33 FOUCHER, M. cité par BIYOYA MAKUTA, Idem.

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    territoires stratégiques, utiles et vitaux en vue de défendre leurs intérêts matériels ou immatériels.

    1.3.1. Notion sur la géopolitique

    La géopolitique comme branche des sciences sociales, trouve ses origines dansa la «géographie humaine» dont les premiers auteurs ont consacré les études sur l'occupation `de l'espace par des hommes et sur les relations entre' l'homme et l'espace qui en découlent. L'évolution de la géographie humaine s'est orientée vers la « géographie politique » qui privilégie les relations des pouvoirs ou de luttes d'influences dans un espace géographique donné.

    La montée en puissance des Etats et la conscience de l'universalité ont donné une nouvelle dimension de la conception de l'espace ou la projection de l'intérêt national se situe au-delà des frontières Etatiques. La géographie politique se résout à la préoccupation principale de la gestion et la projection de l'espace vital de l'Etat dans la géopolitique.

    Cette évolution de la géopolitique appelle une deuxième considération qui se rapporte aux éléments déterminatifs de l'espace géographique dont sont sortis par les invariants physiques du territoire vers la prise en compte des potentialités en ressources naturelles, la mobilité et l'ingéniosité des populations ainsi que l'organisation des pouvoirs institutionnels sans oublier le conditionnement socio-culturel identitaire ou différentiel des communautés et l'environnement bio-stratégique de l'Etat sur un espace donné, le quel détermine à son tour la nature et les moyens de l'action stratégique appliquée à un espace géographique donné pour maximiser les profils de l'espace vital et de minimiser les risques des conflits actuels ou potentiels. La géostratégie devient la science de préparation et l'application des décisions les plus rationnelles dans les espaces à risque.

    1.3.2. Définitions

    Il est difficile de donner une définition précise de la géopolitique qui, bien que rattachée aux sciences humaines ne dispose pas des lois générales strictement définies et ne peut donc être considérée comme une

    18

    science. Celle-ci aura d'ailleurs connu une interprétation différente selon ses théoriciens, les pays et les époques.

    Et si elle n'obéit pas à des lois générales, elle dépend de la combinaison des multiples facteurs (économique, politique, militaire, idéologique, religieux...) à chaque fois différents.

    A cet effet, il serait très intéressant d'adjoindre à cette définition celles des géopoliticiens pour avoir une meilleure acceptation claire et nette de ce concept clé qui sera tout le temps utilisé tout au long de ce travail. Pour ce, deux spécialistes de la géopolitique peuvent bien nous éclairer à ce sujet, il s'agit de Serge CORDELLIER et de Aymeric CHAUPRADE d'autres viendront sans doute compléter la compréhension de ce concept. Pour le premier en effet, il considère que la géopolitique est une approche en tant que telle, elle vise, essentiellement à élucider les interactions entre les configurations spatiales et ce qui relève: du politique34. Il récuse la prétention selon laquelle la géopolitique se présentait comme étant l'influence des milieux de la géographie sur les jeux politiques, qu'il qualifie d'ailleurs de « déterminants ».

    Cependant, CORDELLIER considère que l'analyse géopolitique ne se limite pas à l'étude des rivalités territoriales .et de leurs répercussions sur l'opinion.

    Ce n'est pas une conflictologie, prévient-il, qui aurait pour prémisses que les représentations territoriales seraient contradictoires et antagonistes. Ce dualisme, poursuit-il, limite l'objet de l'étude des rivalités de pouvoir sur les territoires. Si avec CORDELLIER l'on peut considérer que la géopolitique constitue une simple démarche, une analyse, une approche, pour Aymeric CHAUPRADE, en revanche, le concept géopolitique est élevé au rang d'authentique discipline scientifique à l'égale de la géographie et de l'histoire 35.

    34 CORDELLIER S, cité par LUNANGA BUSANGA, Géopolitique et conflit identitaire en RDC, Ed.

    Compodor Kinshasa, 2009, p, 38.

    35 LUNANGA BUSANYA, Op.cit., p. 38.

    19

    En effet, selon cet universitaire français, l'approche géopolitique accorde une primauté à la compréhension des phénomènes plutôt qu'à leur description en détail. Elle se concentre sur les dynamiques de puissances en cherchant des acteurs internationaux qu'ils soient étatiques ou non. C'est pour cette raison qu'il lui préfère la définition selon laquelle, elle est l'étude des relations politiques entre deux types de pouvoirs :

    ? Les pouvoirs intra étatiques (mouvement sécessionnistes, rebellions), ? Les pouvoirs transatlantiques (réseaux criminels, terroristes, multinationales) à partir des critères de la géographie

    Sur le plan national, BIYOYA MAKUTU affirme qu'il ne faut pas confondre la géopolitique avec la géographie physique ou encore la géostratégie, cette dernière résultant non pas des rapports entre la géographie des Etats et leurs politiques, mais des données de la stratégie issue strictement de la géographie physique, économique, ou démographique. Toutefois, les différentes analyses de la géopolitique permettent de déduire qu'il s'agit d'une discipline visant à étudier les projets politiques des différents acteurs présents sur la scène internationale en fonction de leur rapport à, l'espace36.

    Pour Henry MOVA SAKANYI, «la géopolitique n'est qu'une étude des multiples influences à la fois de la géographie, de la- culture, de la société et de l'économie qui orientent le comportement d'une nation et le type de relation que cette dernière entretient avec ses semblables».

    Pour ZAKI LAIDI, «La géopolitique n'est qu'une approche de la politique des Etats. Or, à l'époque où elle était apparue, il y a près d'un siècle, la géopolitique ne se limitait pas à l'analyse objective, mais au contraire «tendait orienter la politique au bénéfice de l'un ou l'autre Etat. Sur ce, il définit la géopolitique comme une science qui prend en compte la politique de puissance `des `Etats en rapports de leur situation géographique37.

    Pour BANYAKU LUAPE EPOTU : cerner le concept «géopolitique' pose une série de problèmes et il le retient à deux. Premièrement, `la racine

    36 BIYOYA MAKUTA, Op. cit.

    37 ZAKI LAIDI, Malaise de la mondialisation, Ed. Complexe, Paris, 1997, p. 78.

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    sémantique à la quelle ce mot se réfère «politique» fait l'objet des controverses quant à sa propre définition. Deuxièmement, le préfixe «géo» du grec «qui» renvoie à la terre, à l'espace planétaire. Il a connu un franc succès car il fait référence à un élément fixe (terre) et la géographie comme une science qui étudie la société par l'espace, quant au concept «politique» il le définit comme étant un projet qu'un Etat conçoit, pour atteindre une finalité dans l'action envisagée. `En d'autres termes, il s'agit d'une aspiration à parvenir un but. C'est ainsi qu'il définira la géopolitique comme l'étude de la complexité de la situation internationale et sa situation de conflictualité38.

    Mais pour Patrick O'SULLIVAN, la géopolitique moderne, intégrant dans ses analyses toutes les données de la vie internationale contemporaine, il estime que «la géopolitique» n'est que la manifestation d'un certain bon sens, guidée par la géographie, permettant de comprendre les relations entre les peuples et les groupements des peuples39.

    1.3.3. L'évolution de la géopolitique

    Les premières pistes de la géographie à la géopolitique allemande se sont les études de RATZEL, confirmées par MACKINDER qui a développé l'idée selon laquelle, le destin des peuples était déterminé par les données de leur environnement géographique, car la géographie physique a une grande influence sur l'avenir politique des Etats.

    Dans «géographie politique» 1898 estimant que l'Etat se développe sur la base spatiale qui est le sol, RATZEL entend fournir aux, gouvernements un outil ou une méthode pour acquérir les sens géographiques de l'Etat car, soutient-il, l'Etat n'est et n'a de consistance que par apport à l'espace sur lequel il évolue et auquel s'identifient les peuples qui y vivent. En formulant les lois de la géographie politique, RATZEL a élaboré le traité, fondateur de la géopolitique allemande.

    En 1917, KJELLEN, invente le mot «géopolitique» et prolonge, l'analyse sur la conception, de l'espace comme lien indissoluble qui unit le

    38 BANYAKU, LOFEMBE, et MUFUNGIZI C, La géopolitique, Ed. Cahiers du CEDOS, collections manuels didactiques, Kinshasa, 2009, pp. 9-14.

    39 O'SULLIVAN. Geopolitics, Ed. Crum heim, Londres, 1986, p.5.

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    territoire à sa population. Il va plus loin que son prédécesseur lorsqu'il cherche à déterminer la notion de position. A cet effet, il affirme, qu'en géopolitique, il y a deux positions importantes la position géographique et la position culturelle.

    1.3.1.1. L'évolution dans la période entre deux guerres ; la disqualification

    Le courant qui se développe après la première guerre mondiale, avec HAUSHOFER, SPYKMAN, HUNTINGTON, met en exergue, à côté des données de la géographie physique (espace et positionnement les facteurs relatifs à l'environnement aspects politique, humaine, économique,...) cependant, le courant géopolitique aura une mauvaise presse et sera: étouffé' par la géographie politique, car accusé de chercher uniquement à justifier les visées expansionnistes et impérialistes. Il sera pourtant couramment utilisé par les hommes politiques, militaires et diplomatiques.

    Ce qui lui vaudra d'être qualifié par TAYLOR de «discours à la mode qui passe à l'écran ou à la radio». Plusieurs facteurs seront à la base de l'anathème de la géopolitique dans la période d'après la deuxième guerre mondiale, notamment :

    ? Sa forte connotation allemande qui en faisait une science justifiant l'expansionnisme ;

    ? La bipolarité, matérialisée par la politique des blocs, était incompatible avec des analyses géopolitiques ;

    ? La réintégration de l'Allemagne dans l'Europe imposait de faire taire les analyses géopolitiques qui mettaient en exergue les intérêts opposés de la France et de l'Allemagne ;

    ? Dans le bloc de l'Est, la géopolitique comme discipline qui explique le conflit par une autre approche que la lutte des classes apparaissait foncièrement comme mensonger.

    1.3.1.2. La renaissance de La géopolitique

    C'est vers les années 1970 que réapparaîtra timidement la référence de la géopolitique. Raymond ARON40 sera parmi ceux qui

    40 ARON R. cité par BIYOYA MAKUTU, Op. cit.

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    réaffirmeront l'importance des données géographiques sur l'avenir de l'homme et du monde. Si le `facteur nucléaire pendant la guerre froide, tendait à minimiser l'élément géographique, la géopolitique va pourtant, faire surface. Et ce, pour plusieurs raisons :

    Dès lors, la géopolitique apparaîtra comme seule science capable d'expliquer la complexité de la situation interne de chaque bloc et leur relation de conflictualité. Dans la démarche de la réhabilitation progressive de la géopolitique, certains auteurs notamment colin GRAY et le général GAULLOIS41, ont voulu distinguer la géopolitique allemande de la géopolitique moderne. Celle-là, considérée comme la «mauvaise» ne viserait que la conquête de l'espace, tandis que celle-ci, anglo-saxonne, serait la «bonne» et poursuivrait l'amélioration de la gestion de l'espace en analysant ses rapports objectifs avec les phénomènes politiques.

    Ce point de vue n'a pas été retenu par manque d'originalités (déjà en 1939, Jacques ANCEL l'avait émis) et parce que la géopolitique allemande n'était pas la seule à avoir des visées expansionnistes (il y a lieu de se référer à là géopolitique française de RICHELIEU, la géopolitique italienne de DURANDO...) De plus, le père de la géopolitique allemande ce sont inspirés de la conception Anglos-, saxonne de MAHAN qui démontra, en 1880, la souveraineté universelle de la puissance maritime pour promouvoir l'impérialisme américain. Il ne sera à rien d'analyser la géopolitique en fonction de la coloration idéologique que lui impriment les aléas historiques et politiques, il `faut plutôt rechercher son essence propre. A partir de 1989, les références de la géopolitique se sont multipliées avec :

    ? L'effondrement des régimes communistes en Europe, la soudaine chute du mur de Berlin, la réunification de deux allemande, les risques d'éclatement de l'URSS sous effet de revendication nationale, la guerre `de golfe, la dislocation de la Yougoslavie, et enfin, le renouveau de la géopolitique résulte de plusieurs faits, à savoir :

    ? Sur le plan théorique : d'abord, le concept à fait un travail de reformulation pour en extraire les caractères extrêmes et asseoir sa

    41 GRAY ET GAULLOIS cités par BIYOYA MAKUTU, Idem.

    23

    pertinence dans l'analyse des conflits contemporains, en suite, elle a pris l'orientation nouvelle de se limiter à éclairer les facteurs déterminatifs des RI sans chercher à légitimer le comportement des gouvernants.

    ? Sur le plan pratique, c'est à partir de la géopolitique que des situations internationales peuvent trouver une analyse cohérente... Tel est le cas de la crise et la guerre du golfe, des conflits ethniques et nationaux en Europe de l'Est, de la chute du mur de Berlin mais aussi de l'effondrement de l'URSS communiste, ou le démembrement de la Yougoslavie...

    1.3.4. Géopolitique et géostratégie

    Désignant des problèmes qui relèvent manifestement du même champ que la géopolitique, la géostratégie procède à l'origine d'une délimitation stricte, réservant le terme à un statut militaire essentiellement en rapports avec la force ou l'idée de son emploi.

    Les états-majors ont depuis longtemps développé pour anticipation dans le domaine de la défense et de la sécurité, des réflexions conséquentes sur les dynamiques spatiales et le savoir penser l'espace afin de pouvoir à l'occasion, mener victorieusement sur les terrains de crises et d'autres conflits, des opérations armées si la circonstance, des dispositions de forces ou des décisions politiques l'exigent. Toutefois, la géostratégie comme la géopolitique intègre la guerre mais ne s'y limite pas42.

    1.4. Stabilisation

    C'est un nom féminin qui signifie action de stabiliser, d'assurer la stabilité. Ce concept est utilisé souvent dans le contexte d'une situation d'après conflit qui occasionna l'instabilité. A titre illustratif, la sous-région de Grands Lacs en général et la RDC en particulier ont connu une longue période d'instabilité, d'où la nécessité de la stabilisation de la situation après ces conflits armés répétitifs.

    42 OMEONGA ONAKUDU, Introduction à la géopolitique, notes de cours L1RI, FSSAP, UNIKIN, 2010.

    24

    1.5. Géostratégie

    La géostratégie est d'après la définition classique du contre-amiral Pierre CELERIER43, « l'étude des rapports entre les problèmes stratégiques et les facteurs géographiques ».

    Elle implique la géographie de chaque État, et sa situation historique et politique au regard de ses voisins, examinées par le biais d'études stratégiques. Son étude relève de la géopolitique, bien que son point de vue se réduise aux aspects militaires et leurs conséquences sur l'enjeu des ressources naturelles, fréquemment objet de conflits d'intérêts.

    Le gouvernement d'un État et la définition de sa politique dépend de manière permanente de la considération de sa situation géostratégique. C'est alors qu'est invoquée la raison d'État. La politique d'un État est dans sa géographie44.

    La géographie militaire est une discipline antique, nécessaire aux stratèges comme à l'infanterie, tant pour préparer le renseignement et la défense que les fortifications ou pour la conduite de la guerre (attaque, repli, infiltration ou exfiltration). Les intérêts guerriers ou de protection étaient dans un premier temps ciblés sur les lieux stratégiques (richesses, hydrographie et relief, villes et fortifications, routes, carrefours, ports, défilés, détroits, gués, sols (meubles ou portants), grottes, mines, forêts, bocage, sources et puits dans les zones ou périodes sèches, etc.), mais les facteurs sociaux économiques et de ressources naturelles (eau, pétrole, gaz, bois, charbon, terres cultivables, métaux, dont uranium, etc.) prennent une importance croissante, car les crises environnementales sont de plus en plus sources de risques des menaces de guerres ou conflit45.

    43 Contre-amiral Pierre CELERIER, Géopolitique et géostratégie, Paris, Presses universitaires de France, 1955, 128 p.

    44 Aymeric CHAUPRADE, Géopolitique. Constantes et changements dans l'histoire, Ellipses, 2003 (deuxième édition), Paris, 960 p.

    45 Régnier PAUL-DAVID, Dictionnaire de géographie militaire, CNRS, collection CNRS Histoire, Paris, 2008, 310.

    25

    La géographie militaire commence depuis peu à intégrer l'analyse a posteriori des risques et dangers des séquelles de guerre (polémosylvofacies, cartographie des zones rouges, étude des forêts de guerre, des munitions immergées, champs de mines, etc.) par exemple pour protéger les soldats, des populations civiles, et pour sécuriser la reconstruction après les conflits.

    La géographie militaire dont on a des traces dès les civilisations gréco-romaines (romaine surtout) par des textes et quelques cartes recopiées, a plusieurs fois été renouvelée ; d'abord avec le développement de la cartographie géoréférencée (grâce à la boussole, au sextant et aux systèmes de projection géographique), puis grâce à l'image aérienne et l'imagerie satellitaire.

    Les guerres mondiales, fixées par les tranchées ont encore mis en évidence l'intérêt d'une connaissance fine de la nature des sols et sous-sols. Les guerres « coloniales )) ont dû affronter des contextes nouveaux, y compris du point de vue sanitaire et écoépidémiologique. Le GPS ayant encore augmenté la réactivité des cartographes et des utilisateurs de carte et permis des frappes plus « chirurgicales )) réputées limiter les « dommage collatéraux » (ce qui est discuté dans le cas de l'usage des munitions à uranium ou de destruction d'usines chimiques ou d'industries pétrolières).. La cartographie militaire s'est aussi étendue au XXe siècle aux espaces sous-marins et aux espaces aériens et circum-planétaire (Cf. « guerre des étoiles ))).

    La carte de base (ancienne carte d'état-major) correspond toujours à celle qui peut être appréhendée par un fantassin en une journée (l'infanterie est souvent dite l'arme de 300 derniers mètres), mais différentes échelles correspondent aux besoins des systèmes d'armes (tir courts, moyens ou à longue distance) et moyens de transport (hélicoptère, avion, navire, sous-marin..). Les indications des cartes varient selon l'usage (le pilote a besoin d'indications précises sur le relief et les obstacles élevés (câbles, lignes électriques.), la donnée géographique et paysagère pouvant

    26

    aussi être utilisée en simulateurs (image 3xD, de synthèse ou semi-reconstituée) ou adaptée (infrarouge, etc)46.

    L'environnement physique, agricole, naturel, humain et socioéconomique, religieux, et même l'écologie du paysage intéresse les armées qui cherchent à comprendre comment les gens vivent et se déplacent dans l'espace, normalement ou en situation de crise ou conflit. Des domaines nouveaux sont explorés, dont l'urbain4 et périurbain, qui modifient les notions de blocus, frontière, guérilla, guerre civile... Le rôle ancien des ports et capitales s'est déplacé vers les aéroports et réseaux de communication.

    La redéfinition de la géopolitique de la Russie contemporaine la place comme une puissance régionale avec des buts redéfinis : voir la Géostratégie de la Russie.

    Outre les Etats-Unis de manière directe, les pays du monde arabo-musulman notamment, ont dû repenser leur géostratégie locale à la suite des attentats du 11 septembre 2001.

    L'influence controversée de Samuel HUNTINGTON sur la pensée géostratégique américaine concernant cette zone du monde peut également être citée. Depuis la fin des années 1980, les Etats-Unis développent une stratégie globale visant à conserver l'hégémonie des armées et des entreprises américaines sur le monde. La période historique antérieure a permis de pérenniser un réseau de bases militaires permettant d'activer une projection militaire dans un délai de six mois (ce qui est le scénario de la libération du Koweït). Cette stratégie s'appuie sur un consortium d'entreprises des secteurs de l'informatique et de l'aéronautique. Elle s'applique à la plupart des secteurs de l'économie, le secteur militaire bien sûr, mais aussi le secteur de l'énergie, et plusieurs autres secteurs économiques.

    Aujourd'hui, elle vise également à contrer le protocole de Kyoto, par l'alliance avec la Chine, l'Inde, le Japon, et l'Australie.

    46 Régnier PAUL-DAVID, Op. cit. 2008.

    47 Copie de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba par onze (11) pays africains.

    27

    Il existe des scénarios sur la fonte de la banquise de l'océan Arctique, en vue de développer le commerce par ledit océan. La maîtrise des risques de prolifération nucléaire, vu les menaces terroristes, est directement en relation avec la géostratégie.

    SECTION 2 : PRESENTATION DE L'ACCORD-CADRE D'ADDIS-ABEBA

    L'Accord-cadre d'Addis-Abeba, officiellement Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région est un Accord signé par 11 pays africains en vue de la stabilisation de la Région de Grands Lacs en général et la RDC en particulier.

    En effet, la signature de cet Accord est intervenue dans un contexte de politique nationale empreinte de morosité suite à la chute de manière abracadabrantesque, le 20 novembre 2012, de l'emblématique ville de Goma (Chef-lieu de la province du Nord-Kivu) sous le contrôle du groupe rebelle dénommé Mouvement du 23 mars (M23) soutenu par le Rwanda. Face aux critiques acerbes contre ce qui a été perçu comme la preuve éclatante de la passivité doublée de complicité des hommes en uniforme de la Mission de paix, le pouvoir exécutif congolais a décliné son objectif politique en termes de cohésion nationale. Ce, dans le but de défendre la cause de la paix nationale dont un chapelet d'initiatives nationales et internationales n'a pas encore réussi à booster l'avènement de l'ère. Cet Accord est, au niveau régional, le résultat des pourparlers initiés par l'ancien Secrétaire Général de l'ONU BAN KI-MOON, dans l'objectif, d'une part, de redorer le blason terni de son Organisation suite à l'opprobre inhérente à l'assaut du M23 et, d'autre part, de dégager des voies et moyens susceptibles de mettre fin aux multiples incursions qui menacent la sécurité de la RDC47. Il est apparemment parvenu à concilier, à cet effet, les vues des acteurs étatiques des Grands Lacs africains et à se venger de ce dernier mouvement rebelle. Ont été associées, dans cette démarche, l'Union africaine, la Conférence Internationale sur la Région des Grands Lacs ainsi que la Communauté pour le développement de l'Afrique australe.

    L'Accord-cadre d'Addis-Abeba n'est pas le fruit d'une entreprise diplomatique de la RDC. Il s'agit d'une thérapie d'origine étrangère destinée

    48 Copie de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba par onze (11) pays africains.

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    à n'en point douter à guérir ce pays du mal et de l'engourdissement à la base des problèmes sécuritaires dont elle est victime depuis plusieurs décennies.

    Dès lors, il convient de décrypter cet Accord en vue d'en ressortir le substrat. Ceci permettra sans nul doute d'apercevoir la cause ainsi que les responsabilités qu'il relève et établit face au cycle des conflits armés internes et internationalisés dans la partie orientale du pays. Entre temps, l'Accord-cadre est couramment évoqué à tort et à travers. Résultat indubitable du fait que l'on ne fait usuellement référence qu'aux engagements formulés en des termes généraux tels que transcrits dans ce document. Toute personne se sentant bien inspirée y donne à souhait, selon la casquette dont il se prévaut, un contenu qui ne correspond pas toujours à la conception de la structure officielle y relative, à savoir : le Mécanisme national de suivi et de supervision des engagements de la RDC au titre dudit Accord. Certes, des outils existent qui précisent la teneur des devoirs congolais déclinés en des actions concrètes à entreprendre à cet effet. Parmi les engagements de la RDC, le plus évoqué dans l'opinion se rapporte à la promotion de la «réconciliation nationale et de la démocratisation »48. Il avait vivement alimenté la polémique sur les concertations nationales tenues en septembre et octobre 2013 à Kinshasa, et nourri la controverse autour du dialogue politique convoqué par le Président de la RDC de l'époque le 28 novembre 2015. Pour bien se situer dans ces débats et en promouvoir l'intérêt, il importe de prendre connaissance et d'intégrer dans l'analyse la Matrice des critères de suivi et indicateurs de mise en oeuvre des engagements de la RDC ainsi que le Plan d'action des engagements régionaux dont est assorti l'Accord-cadre. C'est sur base de ces documents que s'effectue le suivi de l'application de ces engagements.

    La compréhension du software de cet Accord est nécessaire pour que les Congolais s'emploient à appuyer les réformes relevant des engagements de l'Etat auquel ils s'identifient et qu'ils ont en partage. C'est dire que l'Accord-cadre ne devrait pas constituer un motif d'exacerbation du malaise au sein de la classe politique congolaise, bien au contraire, il constitue une opportunité pour les Congolais de river leurs regards sur un même objectif, à savoir : la construction de l'unité nationale malgré la

    49 Copie de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba par onze (11) pays africains.

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    diversité d'opinions face au procès dont la RDC est l'objet à l'international. Il convient de s'évertuer à disqualifier la thèse selon laquelle la RDC est la source du mal dont souffre la région.

    Cet Accord ne doit pas être instrumentalisé de manière à immoler l'intérêt collectif sur l'autel du souci égocentrique d'un meilleur positionnement politique de quelques citoyens. Sans quoi, la RDC court le risque de passer à la trappe avec toutes les conséquences qui pourront en découler. Au départ, il n'est pas établi que cet Accord est incontestablement en sa faveur. Etant donné qu'il comporte une charge que la RDC aura du mal à supporter sans le concours international dont le revers est susceptible de susciter de la contrariété. Sans prétendre donner une lecture parfaite et définitive de l'Accord-cadre, nous nous contentons d'exprimer avec modestie notre pensée sur les engagements aux termes de cet instrument juridique constituant la feuille de route pour la paix et la sécurité dans les Grands Lacs africains. Ce, alors que les Etats de la région sont, depuis 2008, sur le rail du Pacte de Nairobi dont l'Accord-cadre réaffirme le bien-fondé. Il importe à cet effet d'établir le rapport entre ces deux instruments juridiques censés contribuer à la pacification de la région. Cette réflexion consiste ainsi à examiner la forme et le fond de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba en vue d'en ressortir le contenu et d'en déterminer les éventuelles incidences sur la RDC. Cette analyse est axée sur les engagements nationaux de ce dernier pays, ceux des partenaires régionaux et internationaux, les mécanismes de suivi mis en place ainsi que la revitalisation de la CEPGL présentée à tort ou à raison comme la panacée pour une paix durable dans les relations tripartites Burundi, RDC et Rwanda.

    L'accord-cadre destiné à ramener la paix dans l'Est de la République Démocratique du Congo a été signé le 24 février 2013 par plusieurs Chefs d'Etat africains49. L'ancien Secrétaire Général de l'ONU BAN KI-MOON avait salué l'accord. Le document interdit notamment aux pays extérieurs de soutenir les mouvements rebelles pour déstabiliser la RDC.

    Cette fois, l'accord est adopté. Le 24 février, onze pays africains ont signé à Addis-Abeba l'accord-cadre destiné à ramener la paix dans l'Est de la République Démocratique du Congo (RDC), région minée depuis de

    30

    décennies par de violences. La signature du pacte prévue à l'origine le mois dernier, avait dû être reportée pour clarifier la question du commandement de la nouvelle force régionale, qui doit être déployée dans l'Est de la RDC pour lutter contre les groupes armés opérant dans la région

    Le Secrétaire Général de l'ONU de l'époque, BAN KI-MOON, présent à la cérémonie de signature, avait salué cet accord tout en soulignant « qu'il ne s'agit que du début d'une approche globale qui nécessitera un engagement soutenu » de la part des pays de la région pour apaiser cette zone riche en ressources minières et mise à mal par de nombreuses rébellions.

    Les présidents de la RDC, de l'Afrique du Sud, du Mozambique, du Rwanda, du Congo et de Tanzanie avaient fait le déplacement à Addis-Abeba en vue de signer cet accord. Des représentants d'Ouganda, d'Angola, du Burundi, de Centrafrique et de Zambie étaient également présents.

    Le document interdit aux pays extérieurs de soutenir les mouvements rebelles et encourage une série de réformes en vue de l'instauration d'un Etat de droit dans l'Est de la RDC50 où les institutions gouvernementales sont particulièrement faibles.

    Le Rwanda et l'Ouganda ont été accusés en particulier de soutenir le Mouvement du 23 mars (M23) qui a brièvement conquis la principale ville de l'Est de la RDC à la fin de 2012, Goma, avant d'accepter de s'en retirer en échange de l'ouverture de négociations avec le régime de Kinshasa. Les deux pays démentent une telle implication en RDC.

    Le Président de la RDC de l'époque, Joseph KABILA avait émis l'espoir que le document contribue à mettre fin à « la situation déplorable » dans l'Est de son pays. Il avait appelé dans son discours à écrire « une page plus glorieuse que celle de deux dernières décennies, marquées par une guerre récurrente, des violations massives des droits de l'homme et le mépris de la vie humaine »51.

    Le Président rwandais Paul KAGAME avait pour sa part assurée « approuver sans réserve » l'accord d'Addis-Abeba, car « rien ne peut davantage bénéficier au Rwanda qu'une avancée réelle vers la paix régionale et la stabilité ». Il avait en même temps appelé « à s'attaquer avec sincérité aux

    50 Copie de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba par onze (11) pays africains.

    51 www.rfi.fr, consulté le 30 juin 2019.

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    réels problèmes de droit, de justice et de développement et à trouver de vraies solutions pour les gens qui attendent de nous un rôle dirigeant 52», dans une allusion apparente à l'absence d'État de droit dans l'Est de la RDC et au traitement réservé dans cette région à la minorité tutsi, qui nourrit des liens étroits avec le Rwanda voisin.

    Donc, l'accord-cadre d'Addis-Abeba est une opportunité pour la paix, la sécurité, la stabilité et le développement de la RDC et de l'ensemble de la sous-région de Grands Lacs africains si et seulement si les acteurs étatiques signataires appliquent ledit accord de manière stricte et sincère. Si non, le statu quo perdurera, c'est-à-dire la pérennisation de l'instabilité.

    SECTION 3 : PRESENTATION DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO

    3.1. Situation géographique

    La République Démocratique du Congo est le deuxième plus vaste pays d'Afrique après l'Algérie et le onzième plus vaste pays du monde avec une superficie de 2.345.410 km2et une population estimée entre 70 et 80 millions d'habitants. Il s'étend de l'océan atlantique aux plateaux de l'Est et correspond à la majeure partie du bassin du fleuve Congo. Le nord est un des plus grands domaines de la forêt équatoriale au monde ; l'Est est le domaine des montagnes, des collines, des grands lacs mais aussi des volcans.

    Le sud et le centre, riche en savanes arborées, forment un haut plateau en minerais divers. Le climat général du pays est chaud et humide. Mais cette situation varie selon les provinces. La différence est due au fait que l'équateur traverse la totalité du territoire Congolais. L'existence d'un tel climat produit une végétation dense et régit par les activités agricoles de la population congolaise.

    La RDC est habitée par quelques 250 groupes ethniques dont la répartition géographique est très complexe. Parmi les groupes les plus nombreux : les Bakongo, Kongo-Central (ex : Bas-Congo), les Mongo et les

    52 Idem, consulté le 30 juin 2019.

    53NAY,O., Lexique de science politique.Vie et institutions politiques, 3ème édition, Dalloz, Paris, 2014, p.204.

    54 WAWA, R.et alii , République Démocratique du Congo, mon beau pays, Ed Médiaspaul, Kinshasa, 2007, p.6

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    Azande dans la cuvette congolaise, les Baluba dans l'espace kasaïen et au nord de l'ex-Katanga ainsi que les Lunda au sud de l'ex- Katanga53.

    Dans la partie septentrionale, les peuples sont d'origine soudaine. Certains peuples des confins orientaux qui sont d'origine nilotique sont surtout éleveurs. Presque totalement isolés au sein de la forêt équatoriale, les pygmées considérés comme premier occupants du pays vivent essentiellement de cueillette, de la chasse et pêche.

    Une portion de la population pratique les religions traditionnelles, la majorité est christianisée. L'islam et surtout dans l'Est du pays. Les Kimbaguistes d'inspiration protestante été fondé en 1921 par le prophète SIMON KIMBANGU.

    Le pays partage ses frontières avec neuf (9) voisins : la République du Congo à l'Ouest, la Centre-Afrique et le Sud-Soudan au nord ; l'Ouganda, le Rwanda, le Burundi et la Tanzanie à l'Est, la Zambie et l'Angola au sud54.

    3.2. Bref aperçu historique

    Nous allons rappeler quelques dates historiques ayant marqué l'histoire de la RDC :

    · Avant 1885 : existence des royaumes et empires puissants tels que le royaume Kongo, le royaume Kuba, l'empire Luba, l'empire Lunda, etc.

    · 1885 : début de la colonisation Léopoldienne marquée par des nombreux crimes contre l'humanité.

    · 1908 : début de la colonisation belge marquée par les mêmes crimes comme depuis 1885.

    · 1960 : proclamation de l'indépendance formelle du pays, joseph KASA-VUBU élu président de la république et Patrice Emery LUMUMBA élu Chef du gouvernement.

    · 1961 : assassinat du Premier Ministre LUMUMBA. Naissance des rébellions Lumumbistes.

    · 1964 : adoption de la constitution de Luluabourg.

    55 NDAYWEL è NZIEM, I., Nouvelle histoire du Congo. Des origines à la République Démocratique du Congo, Le Cri Edition, Bruxelles, 2008, pp. 326-360.

    33

    · 1965 : coup d'état militaire qui porte Joseph Désiré MOBUTU au pouvoir et renverse KASA-VUBU.

    · 1967 : adoption de la Constitution de la IIè république.

    · 1977/1978 : guerre menée par les FLNC contre la dictature de MOBUTU.

    · 1990 : retour du pays au multipartisme après 23 ans de régime monopartite MPR.

    · 1992 : Etienne TSHISEKEDI WA MULUMBA élu Premier Ministre par la CNS.

    · 1997 : le Président MOBUTU SESE SEKO est renversé par une coalition rebelle dénommée AFDL menée par Laurent Désiré KABILA qui est devenu le Président.

    · 1998 : début de la guerre d'agression Rwando-Ougando-Burundaise par pseudos rebellions interposée et s'est achevée en 2003.

    · 2001 : assassinat du Président LD KABILA qui a été remplacé par le Président Joseph KABILA.

    · 2002 : signature de l'accord global et inclusif de Sun City (RSA) après le dialogue inter-congolais.

    · 2003 : début de la transition avec le régime 1+4.

    · 2005 : adoption de la constitution de la IIIè République.

    · 2006 : Elections présidentielles, législatives et provinciales remportées par le camp de Joseph KABILA KABANGE (AMP) mais contestées et rejetées par le camp de son principal challenger Jean Pierre BEMBA GOMBO (UN).

    · 2007 : élections de gouverneurs et de sénateurs remportés par la coalition présidentielle AMP55.

    · 2011 : Elections présidentielles et législatives remportées par le camp du président J. KABILA (MP) mais contestées et rejetées par le camp de son principal challenger Etienne TSHISEKEDI (UDPS). Ce dernier s'est autoproclamé président élu et s'est même auto investi.

    · 2013 : concertations nationales organisées par le pouvoir pour endiguer la crise post-électorale de 2011.

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    ? 2015 : trois jours de manifestations populaires dans le pays contre la loi électorale qui voulait prolonger le second et dernier mandat de J. KABILA.

    ? 2016 : deux dialogues politiques organisées et deux accords politiques signés pour une cogestion de la transition vers les élections, car elles n'ont pas été tenues par le délai constitutionnel. L'un à la cité/UA avec la facilitation d'Eden KODJO et l'autre avec la facilitation de la CENCO.

    ? 2017 : la crise politique persistait malgré l'accord signé le 31/12/2016 car il n'était pas appliqué dans son esprit et dans sa lettre.

    ? 2018 : organisation des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales. 21 candidats en lice pour la présidentielle dont 3 principaux Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO (UDPS/ TSHISEKEDI), Martin FAYULU MADIDI (DO) et Emmanuel RAMAZANI SHADARY (Indépendant). Et trois principales coalitions étaient en lice pour les législatives (FCC, LAMUKA et CACH). Félix TSHISEKEDI élu démocratiquement avec 38,5 % des voix contre 34,8% des voix pour Martin FAYULU et 23% pour Emmanuel RAMAZANI. Le FCC de Joseph KABILA remporte les législatives devant LAMUKA de Martin FAYULU et CACH de Félix TSHISEKEDI.

    ? 2019 : le 24 janvier, passation pacifique et civilisée du pouvoir entre le Président élu sortant Joseph KABILA KABANGE et le Président élu entrant Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO56. C'est la première alternance démocratique au sommet de l'Etat depuis 1960. Le FCC a, par la suite remporté, largement les élections indirectes (sénatoriales et des Gouverneurs et Vice-Gouverneurs) devant le CACH et LAMUKA.

    3.3. Situation politique

    La crise politique de 2016 en République Démocratique du Congo fait suite au report sine die de l'élection présidentielle prévue avant le 20 décembre 2016, qui permet au Président Joseph KABILA de rester au pouvoir. Elle commence en septembre 2016, avec les premiers sommets politiques cherchant à régler la situation, concomitants à des manifestations faisant plusieurs morts, et se poursuit jusqu'au 31 décembre où un accord est

    56 CHEIK FITA, RD Congo, sans un seul coup de feu, Ed. OCM, Kinshasa, 2019, 512 p.

    35

    finalement trouvé qui prévoit le retrait du président Kabila et la tenue d'élections présidentielles en décembre 2017, finalement reportées le 23 décembre 201857.

    Le Président KABILA ayant déjà réalisé deux mandats, la constitution ne lui permet pas de se représenter. Après les élections de 2011 marquées par des fraudes massives, la situation politique est tendue en République Démocratique du Congo. Des manifestations ont lieu en janvier 2015, durement réprimées. Des opposants et des journalistes sont arrêtés.

    En janvier 2015, l'assemblée Nationale adopte un projet de loi permettant de repousser la date des élections. Cette loi est contestée par l'opposition, et engendre trois jours de violence.

    Le 11 mai 2016, la cour constitutionnelle autorise le Président à rester au pouvoir en l'absence de nouvelles élections. L'opposition se rassemble le 10 juin à l'initiative d'Étienne TSHISEKEDI, et demande le départ de Kabila le 31 juillet de la même.

    Le 1er septembre, des négociations commencent à la Cité de l'Union Africaine à Kinshasa, mais une grande partie de l'opposition, dont celle menée par Étienne TSHISEKEDI refuse d'y participer. Les 19 et 20 septembre, soit trois mois avant la date de fin du mandat de Joseph KABILA, l'opposition organise des manifestations. Au cours de celles-ci, les forces de l'ordre tirent sur la foule, alors que des sièges de partis politiques et des boutiques des commerçants sont incendiés.

    En octobre 2016, l'opposition appelle à une « journée villes mortes » devant le refus de Kabila d'organiser de nouvelles élections.

    Le 18 octobre, fin des discussions de la Cité de l'Union africain, un accord est signé avec une frange de la classe politique qui y participait.

    Le 14 novembre, le Premier ministre Augustin MATATA PONYO démissionne pour laisser sa place à un gouvernement de large union, issu de l'accord du 18 octobre.

    57 www.rfi.fr, consulté le 13 juin 2019.

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    Le 17 novembre, l'opposant Samy BADIBANGA est nommé Premier ministre, conformément à ces accords du 18 octobre.

    Le 20 décembre 2016, le Président KABILA annonce un nouveau gouvernement, alors que son mandat expirait le 19 décembre de la même année.

    Le 23 décembre 2016, le gouvernement conduit par le Premier ministre Samy BADIBANGA est investi58. Un accord pour organiser une élection en 2017 a finalement été trouvé le 31 décembre 2016 après des négociations entamées le 8 décembre à l'aide d'une médiation de la CENCO.

    Le 7 avril 2017, il nomme son adversaire politique Bruno TSHIBALA Premier ministre de la République Démocratique du Congo à la suite d'un accord négocié sous l'égide de l'Église catholique afin que le poste revienne à un membre de l'opposition. Cette décision de Joseph KABILA, qui profite de la désunion de ses adversaires, fait perdurer les divisions au sein de l'opposition.

    De décembre 2017 à février 2018, plusieurs manifestations populaires à l'appel des Laïcs catholiques soutenus par la CENCO, l'opposition plurielle ont eu lieu à travers le pays, demandant le respect strict de l'Accord politique de la Saint-Sylvestre en demandant notamment au président KABILA de ne pas tenter de briguer un troisième mandat anticonstitutionnel, l'application des mesures de décrispation politique, etc. Ces manifestations ont causé plusieurs morts à Kinshasa et à l'intérieur du pays.

    Le 8 août 2018, le président KABILA a finalement et officiellement renoncé à se présenter à l'élection présidentielle prévue le 23 décembre 2018 en désignant un dauphin en la personne d'Emmanuel RAMAZANI SHADARY, candidat de son camp politique au dernier jour du dépôt des candidatures pour cette élection. Mais, les divisions politiques persistent entre les camps présidentiel et celui de l'opposition plurielle sur la

    58 www.radiookapi.net, consulté le 13 juin 2019.

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    question de la machine à voter, les 16,6 % des électeurs sans empreintes digitales, l'application des mesures de décrispation politique, etc.59

    Le 30 décembre 2018, organisation des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales. 21 candidats en lice pour la présidentielle dont 3 principaux Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO (UDPS/ TSHISEKEDI), Martin FAYULU MADIDI (DO) et Emmanuel RAMAZANI SHADARY (Indépendant). Et trois principales coalitions étaient en lice pour

    les législatives (FCC, LAMUKA et CACH). Félix TSHISEKEDI élu
    démocratiquement avec 38,5 % des voix contre 34,8% des voix pour Martin FAYULU et 23% pour Emmanuel RAMAZANI. Le FCC de Joseph KABILA remporte les législatives devant LAMUKA de Martin FAYULU et CACH de Félix TSHISEKEDI.

    Le 24 janvier 2019, passation pacifique et civilisée entre le Président sortant Joseph KABILA KABANGE et le Président élu Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. C'est la première alternance démocratique au sommet de l'Etat depuis 1960. Le FCC a par la suite remporté largement les élections indirectes (sénatoriales et des Gouverneurs et Vice-Gouverneurs) devant le CACH et LAMUKA.

    3.4. Situation économique

    L'année 2018 aura été particulièrement rude pour l'économie et la population congolaises à cause d'un environnement international qui leur a été fatal. Il faudra encore, expliquent des spécialistes, s'attendre, cette année 2019, à une situation d'incertitude si le gouvernement ne respecte pas les fondamentaux60.

    En ce moment, la croissance économique chinoise ralentit. Les secteurs liés aux infrastructures et aux matières premières en sont pénalisés, à l'inverse des secteurs liés à l'émergence de la classe moyenne et de la consommation des ménages. Quand la demande chinoise faiblit, c'est l'Afrique qui souffre. Si la demande chinoise diminue, c'est d'abord parce que la structure de l'économie chinoise évolue rapidement.

    59 www.radiookapi.net, consulté le 13 juin 2019.

    60 www.radiookapi.net, consulté le 25 mai 2019.

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    Selon des spécialistes, le défi pour les pays émergents d'Afrique subsaharienne est d'arriver à restructurer et changer leurs exportations pour pouvoir bénéficier des secteurs émergents en Chine. En effet, l'Afrique est le continent le plus dépendant de la Chine, devant l'Amérique latine. Ces spécialistes estiment que le moment est venu pour les pays africains de se trouver d'autres produits que le pétrole et les minerais à exporter vers la Chine. Et ce, pour atténuer le choc.

    Plusieurs pistes s'offrent donc aux pays africains en général et la RDC en particulier. La première piste est toujours liée aux matières premières (pétrole et minerais). Il s'agit de se tourner vers les industries de transformation des matières premières. D'après les spécialistes, les produits transformés n'intéressent pas que la Chine. Beaucoup de pays en sont demandeurs. Par ailleurs, les industries de transformation ne concernent pas que le secteur des mines et sont encore relativement faibles en Afrique. On en trouve, par exemple, dans le secteur de l'industrie forestière. Elles concernent aussi les matières premières agricoles, comme le sésame, le tabac, le millet, qui sont très recherchés notamment par les nouvelles classes émergentes en Chine.

    Pour les mêmes spécialistes, s'il y a restructuration, cela pourrait mécaniquement servir la diversification. Certains pays, comme l'Ethiopie, font le pari de devenir des « zones de délocalisation » pour l'industrie chinoise et créent des hubs de manufacturassions. C'est un exemple à suivre et même une stratégie de développement payante, recommandent-ils, même si cela reste vraiment une dynamique de long terme sans impact très significatif sur la croissance de ces pays à court terme.

    Bref, l'Afrique doit transformer sa dépendance économique en atouts, c'est-à-dire le moment est venu pour que les États africains exportent les produits transformés, sous peine de subir constamment les ajustements de l'économie chinoise, voire de l'économie mondiale.

    L'objectif de la politique économique d'un État est de créer un environnement règlementaire, fiscal et institutionnel dans lequel les activités économiques dans tous les secteurs prennent leur essor sans entrave. Si l'on

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    a quelquefois parlé de « malédiction des ressources naturelles » pour caractériser la performance décevante de beaucoup de pays africains exportateurs de produits primaires, c'est parce que les dirigeants de ces pays se sont inscrits dans une logique de redistribution de la rente minière et/ou pétrolière. Encore que les richesses provenant de l'exploitation des matières premières ne bénéficient qu'à la minorité au pouvoir. La richesse en ressources naturelles n'est pas, en soi, un facteur inhibant de la croissance ou du bien-être de la population. Ce qui importe, pour la République démocratique du Congo comme pour tous les autres pays exportateurs de produits de base, c'est d'inscrire la rente minière et/ou pétrolière dans une logique d'investissement dans tous les secteurs (routes, infrastructures, industries de transformation, etc.). Nul n'ignore que le pétrole et les minerais ont une durée de vie limitée. La plupart des gisements en RDC ont encore des réserves pour environ 50 ans. Et après ? Il s'agit donc de mettre en place un environnement porteur pour tous les secteurs de l'économie, dans lequel chacun a accès aux facteurs de production dans un environnement concurrentiel et dans un État de droit.

    Un environnement macroéconomique stable constitue le prérequis de base à l'efficacité des marchés. Cependant, l'économie congolaise a récemment été soumise à des tensions importantes. Les prix des produits primaires se sont effondrés mais celui du cuivre, par exemple, remonte à une vitesse quasi similaire à celle de sa chute. Cette situation de basse conjoncture a amené le gouvernement à recourir aux emprunts auprès de la Banque centrale du Congo (BCC). La chute des cours mondiaux des matières premières a suscité des craintes du marché sur la solidité du franc congolais, contribuant à sa dépréciation. La parité sur le marché de change parallèle est passée à 1 dollar pour 1 640 francs, voire plus depuis quelques semaines passées. La réponse des autorités en termes de politique macroéconomique reste ambiguë, en particulier en ce qui concerne la politique monétaire. Les estimations de la croissance en 2017 sont autour de 2.4 %, contre 9,9 % en 2014. L'inflation, déjà élevée, est passée de 25 % en 2008 à un pic de 55 % à fin 2017, après une période de stabilité relative entre 2010 et 2014. On ne dispose pas des chiffres réels sur le déficit du compte courant qui s'est accru naturellement ni sur les investissements directs étrangers (IDE) par rapport au Produit intérieur brut (PIB).

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    En termes d'ouverture globale (ratio du commerce au PIB), la RDC est comparée aux pays à revenu équivalant et se situe dans la moyenne des pays exportateurs de produits primaires à même niveau de revenu. Une amorce de diversification sectorielle et géographique de ses exportations a pu être remarquée. En termes sectoriels, la diversification reste cependant cantonnée aux produits miniers. En termes géographiques, la Chine prend une place croissante dans le commerce extérieur de la RDC. L'orientation générale des exportations congolaises demeure par contre dépendante de destinations à faible croissance, comme l'Europe, l'Afrique du Sud, etc.

    Au-delà des questions de gouvernance qui sont récurrentes, la RDC se doit d'opérer des choix importants en matière de politique économique. De tous les choix à opérer, le plus important est sans nul doute de redonner au secteur privé, créateur d'emplois et de richesses tout son poids économique historique61.

    3.5 Situation socio-culturelle

    Au point de vue culturel, la population congolaise est constituée de cinq grands groupes ethniques qui sont :

    + Les pygmées vivants de la chasse et de la cueillette,

    + Les bantous, agriculteurs qui occupent le 2/3 de la population,

    + Les soudanais qui occupent le nord du pays,

    + Les nilotiques ; peuples pasteurs pratiquant l'élevage sentimental procurant le prestige et l'honneur.

    + Et les hamites qui sont une minorité provenant en majeure partie des populations refugiées (ce sont les tutsis banyamulenge).

    + Du point du vue linguistique, cette population est composée de 450 tribus et parle plusieurs dialectes, une langue officielle le français et 4 langues nationales qui sont :

    > Le tshiluba : parlé dans les provinces du Kasaï et le grand Katanga

    > Le kikongo : qui se parle dans le Kongo-Central et le grand Bandundu > Le lingala : qui est parlé à Kinshasa et dans le grand Equateur

    61 www.radiookapi.net, consulté le 25 mai 2019.

    41

    ? Le swahili : parlé dans l'ex-province orientale, le grand Katanga, le Nord-Kivu et le Sud-Kivu et le Maniema62.

    La RDC avec une population estimée à plus de 80 millions d'habitants, se classe actuellement en 4ème position après le Nigeria, l'Egypte et l'Ethiopie en nombre d'habitants.

    Dans le registre social, il n'existe pas une bonne politique sociale :

    V' Sur le plan éducatif, le taux de scolarisation est faible ;

    V' Sur le plan du travail, les fonctionnaires ne touchent pas un salaire décent et le taux de chômage est très élevé dans le pays ;

    V' Sur le plan sanitaire, seuls 26% de la population avaient accès aux services de santé, 27% dans l'eau potable à cause de pouvoir d'achat faible et 9% ont l'électricité. Sur 10000 naissances vivantes 1289 femmes meurent de suite de la grossesse ou de l'accouchement. Ce taux de natalité mortelle figure parmi les plus élevés au monde.

    V' Sur le plan de l'urbanisme et habitat, en raison d'une urbanisation rapide et anarchique, on assiste en RDC à la déforestation autour des grandes villes et à la pollution ; à des érosions63.

    Bref, la pauvreté et la misère sont grandes dans le pays, touchent plus de 71% de la population congolaise soit plus de 56 millions d'habitants par rapport aux estimations actuelles (80 millions d'habitants).

    62 WAWA, R. et alii, Op. cit, p.6.

    63 Rapport socio-économique 2011-2012 et perspectives 2013, Ministère du plan/RDC, février 2013, 80 p.

    64 LEONARD, C., Congo. L'autre histoire. De LEOPOLD II, fer de lance de l'anti esclavagisme, à l'esclavagisme des multinationales, Ed. Masoin, Bruxelles, 2014, pp.1-133.

    42

    CHAPITRE II. QUELQUES CAUSES DE L'INSTABILITE DE

    LA RDC

    Ce chapitre est subdivisé en deux sections : la première section présente les causes lointaines de la RDC et la seconde se focalise sur les causes immédiates.

    SECTION 1 : LES CAUSES LOINTAINES

    Après 80 ans de colonisation léopoldienne et belge avec ses corollaires notamment l'implantation des populations Banyarwanda (hutu et tutsi) dans l'Est venues en plusieurs vagues, les choses vont s'accélérer ; en janvier 1959, la coïncidence entre le retour d'un match de football et le meeting de l'ABAKO interdit se tourna à l'émeute, on dénombra plusieurs morts et blessés. La communauté internationale se tourne vers le Congo et fait pression avec les USA en tête. La Belgique panique et voilà que le 20 janvier 1960 il s'ouvrira à Bruxelles une table ronde. Et l'indépendance sera fixée pour le 30 juin 1960.

    La RD Congo recouvre l'indépendance avec Joseph KASA-VUBU comme Président de la République et Patrice Emery LUMUMBA comme Premier Ministre. Mais seulement au lendemain de cette indépendance le Congo enregistrera déjà des moments des tensions extrêmes avec la mutinerie de l'armée, des sécessions Katangaise (avec TSHOMBE) et Kasaïenne (avec KALONJI) vers juillet 1960. De ces tensions naîtra aussi une grave crise institutionnelle entre LUMUMBA alors 1er Ministre et KASA VUBU Président de la République se révoquant mutuellement. Le Colonel Joseph Désiré MOBUTU en profitera pour neutraliser les deux hommes et établir le Gouvernement des commissaires généraux où on retrouvait les jeunes cadres universitaires64. Le 1er Ministre LUMUMBA sera assigné à résidence surveillée. Mais lorsqu'il tentait de s'en fuir vers Kisangani où il avait des partisans tel qu'Antoine GIZENGA, il sera rattrapé et arrêté par les hommes de MOBUTU. Après avoir subi une détention pénible et ayant circulé dans des prisons de Kinshasa, Bas Congo, ... il sera assassiné dans le Katanga de TSHOMBE le 17 janvier 1961 avec la complicité de la communauté

    65 LEONARD, C., Congo. L'autre histoire. De LEOPOLD II, fer de lance de l'anti esclavagisme, à l'esclavagisme des multinationales, Ed. Masoin, Bruxelles, 2014, pp.1-133.

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    internationale, la Belgique en tête, car LUMUMBA était considéré comme un communiste proche de l'URSS dans un monde en pleine Guerre Froide.

    Joseph KASA-VUBU réhabilité dans ses fonctions, les sécessions prendront fin mais les partisans de LUMUMBA ne baisseront pas les bras et se constitueront en mouvement armé pour lutter contre le pouvoir avec par exemple MULELE (1963) dans le Kwilu, L.D. KABILA dans le Kivu (1961-1997), etc.

    Le conflit congolais s'internationalisa avec la participation directe ou indirecte de l'ONU, des USA, de la Chine, de la Belgique, de l'URSS...Et c'est dans ce contexte de confusion généralisée que le colonel Joseph Désiré MOBUTU se décide de prendre le pouvoir en déposant Joseph KASA VUBU le 24 novembre 1965.

    Il réussira à rétablir l'ordre plus ou moins, en stabilisant les frontières avec un appui massif de la France et du Maroc particulièrement entre 1977 et 1978 lors de la guerre de Shaba contre les rebelles dit ex-gendarmes Katangais venus de l'Angola et s'affirmant comme étant des Lumumbistes.

    Déjà en 1971 la R.D.Congo devint le Zaïre, et il eut monopartisme avec le MPR (Mouvement Populaire de la Révolution) parti-Etat. C'est le recours à « l'authenticité » ou encore l'africanisation de tous les noms d'origine occidentale. Cette politique d'authenticité sera suivie de celle dite de la « Zaïrianisation » en 1977 de toutes les unités de production se trouvant entre les mains des expatriés. Ça sera ainsi jusqu'en 1990 en passant par un culte démesuré de la personnalité.

    La chute du mur de Berlin en 1989 sera sûrement pour beaucoup dans le changement politique en R.D. Congo alors Zaïre65. Le 24 avril 1990, discours à N'Sèle, le fameux « comprenez mon émotion ! » au rendez-vous, MOBUTU alors maréchal du Zaïre en larme annonce le multipartisme, l'ère démocratique venait de sonner.

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    Mais la crise économique ayant atteint son comble, en 1991 et 1993 il y aura pillage généralisé dans les grandes villes du pays y compris Kinshasa.

    C'est le début de la descente brutale aux enfers. La conférence nationale dite souveraine ouverte en 1991, fermée avec « force » par NGUZ autrefois 1er Ministre puis rouverte en 1992 après un 16 février 1992 particulièrement sanguinaire avec ce qu'on a appelé le massacre des chrétiens qui marchaient pour réclamer plus de démocratie, ne changera pas grand-chose car le Maréchal avec l'aide de son entourage continuait à avoir une main mise sur l'évolution d'un Etat en transition depuis 1990 en attendant les élections.

    Etienne TSHISEKEDI, ancien membre des 1ères heures du MPR, devenu grand opposant, sera élu à la Conférence Nationale Souveraine (CNS) Premier Ministre en 1992, il ne travailla pas suite à ses conflits personnels avec le Maréchal. Il sera remplacé par Faustin BIRHINDWA qui amena en 1994 une réforme monétaire en instaurant les nouveaux Zaïres alors que l'inflation avait rendu inutile les anciens Zaïres avec plus de 200% d'inflation de 1971 à 1993.

    La C.N.S. alors sous la présidence de Mgr Laurent MONSENGWO PASINYA archevêque de Kisangani fusionnera avec le parlement de MOBUTU dirigé par Mr ANZULUNI pour former le Haut Conseil de la République Parlement de Transition (HCR-PT), car la CNS était considérée comme un vivier de l'opposition et le Parlement du palais de marbre était plutôt proche du Maréchal66.

    En 1994, Léon KENGO viendra aux affaires, s'affirmera comme un Premier Ministre de la rigueur. Mais la crise ayant atteint son paroxysme dans la région des Grands Lacs avec le génocide rwandais de 1994 ne lui permit pas de réaliser quoi que ça soit. Le foyer de tensions dans le Kivu entre réfugiés rwandais et les populations du Kivu s'aggravait à tel point qu'en octobre 1996 une guerre éclatera au Sud Kivu, prendra de l'ampleur et MOBUTU malade ne verra rien venir.

    66 LEONARD, C., Op.cit., pp.1-133.

    67 BRAECKMAN, C., Les nouveaux prédateurs. Politique des puissances en Afrique centrale, Ed. Fayard, Paris, 2003, pp. 179-246.

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    SECTION 2 : LES CAUSES IMMEDIATES

    Vers fin 1996, les choses s'éclaircissaient autour de ce nouveau mouvement rebelle, il s'appelle AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo-Zaïre), soutenu par le Rwanda, l'Ouganda, l'Angola.... L'AFDL avait à sa tête d'abord KISASU NGANDU, celui-ci sera tué lors des combats avec l'armée Zaïroise au Nord Kivu. Et c'est ainsi que L.D. KABILA, porte-parole du mouvement, ancien maquisard des années 60, prendra la tête du mouvement rebelle en pleine épopée. Seulement 7 mois de marche à pied ont suffi pour avoir raison du Maréchal qui destitua KENGO, fera un appel de pied d'Etienne TSHISEKEDI puis il décrétera l'Etat d'urgence pour nommer un Général à la tête du Gouvernement, le Général LIKULIA, et l'Etat-major confié au redoutable Général MAHELE. Mais tout ça n'empêchera pas l'AFDL d'entrer à Kinshasa le 17 mai 1997 après que le Maréchal l'est quitté en catastrophe le 16 mai 1997. Dans l'entre-temps le Général MAHELE sera assassiné dans la nuit du 16 au 17 mai 1997 accusé de trahison67.

    L'AFDL qui n'a pas vraiment connu d'obstacle lors de son évolution à part à Kenge, dernier verrou pratiquement avant Kinshasa, où il eut de très violents combats entre les deux forces. Alors que l'armée gouvernementale avait l'appui de l'UNITA de Jonas SAVIMBI (rebelle angolais soutenu durant des années par les américains à travers MOBUTU lors de la guerre froide contre le pouvoir de Luanda soutenu par les russes). Les Interahamwe et les ex-forces armées rwandaise étaient pourchassés par les amis de KABILA et désespéraient.

    L.D. KABILA s'autoproclame Président de la République et prête serment. En 1998, vers juillet, il remercie ses anciens alliés qui devenaient très gênants et menaçants. Mais ceux-ci ne vont pas l'admettre et le 02 août 1998 ils tenteront, avec l'appui des Tutsi congolais présents à Kinshasa, de renverser L.D. KABILA. C'est le début de la 2è guerre de la R.D. Congo, et la plus grande guerre de Grands Lacs avec la participation, aux côtés du Rwanda, du Burundi et de l'Ouganda avec un soutien diplomatique de l'Afrique du Sud. La R.D. Congo sera appuyée par l'Angola, le Zimbabwe, la

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    Namibie et le Tchad (qui se retirera quelque temps après). Une guerre totale qui se déroulera voire même à Kinshasa du 26 au 29 août 1998 où la population se mêlera aux affrontements pour sauver la ville contre les incursions des agresseurs. En 1999, après d'intenses négociations, on signera les accords dits de LUSAKA mais les combats, malgré les appels au cessez le feu, ne s'arrêtèrent pas. Vers 2000, L.D. KABILA lança l'idée d'un débat national car en effet, des mouvements rebelles émergeaient de la confusion qui régnait en R.D.Congo. C'est le cas par exemple du Rassemblement des Congolais pour la Démocratie (R.C.D) pro-Rwandais et du Mouvement de la Libération du Congo (M.L.C) pro-Ougandais.

    Le 16 janvier 2001, L.D. KABILA est assassiné à Kinshasa dans son bureau, dans un contexte de conflit sans issus où les positions se radicalisaient et le Congo subissait un isolement diplomatique internationale68.

    Joseph KABILA, chef d'Etat-major force terrestre et fils du Président défunt, prend le pouvoir, tente de séduire la communauté internationale en présentant le Congo comme étant fréquentable de nouveau, et obtient gain de cause. L'ONU déjà présente à travers la MONUC renforcera sa mission et s'investira pour réunifier le Congo subdivisé en 5 parties essentiellement à savoir la partie gouvernementale (Kinshasa, Bandundu, Bas Congo, une partie du Kasaï Oriental dont Mbuji Mayi, Kasaï Occidental, une partie du Katanga dont Lubumbashi, une partie de l'Equateur dont Mbandaka), la partie contrôlée par le RCD/Goma (Nord Kivu, Sud Kivu, Maniema, une partie du Katanga dont Kalemie, une partie de Kasaï Oriental dont Lodja et une partie de la province Orientale dont Isiro à Ituri), la partie contrôlée par le MLC (le Nord-Ouest et l'Ouest de la province Orientale et le Nord de l'Equateur), le RCD-KML (Kisangani et le centre de la province Orientale) et le RCD-N (le Nord du Nord-Kivu dont Beni et Butembo et le Sud-Est de la province Orientale).

    En 2001, on relançant l'idée d'un dialogue entre congolais. Celui-ci aura lieu effectivement en 2002, à Sun City en Afrique du Sud à l'issue duquel sera signé le 18 décembre 2002 l'accord dit de Sun City consacra une

    68 BRAECKMAN, C, Op. cit. pp. 179-246.

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    transition (bis) de 3 ans au maximum à l'issue de laquelle seront organisées des élections générales. Un Gouvernement de partage avec un Président et 4 Vice-Présidents qui entra en fonction le 30 juin 2003.

    Le 1+4 installé avec Joseph KABILA comme Président de la République, J.P. BEMBA, A. RUBERWA, A. ZAHIDI NGOMA et A. YERODIA NDOMBASI comme vice-Présidents mais l'Est restera quand même le ventre mou du pays avec les Interahamwe, des NKUNDA et MUTEBUSI, l'Ituri, etc.

    En octobre 2005, le processus électoral sera enclenché avec l'enrôlement des électeurs; le 18 décembre 2005 il y aura referendum et la constitution de la 3e République sera adoptée par la majorité des électeurs congolais (84%)69 et sera promulguée le 18 février 2006 par le chef de l'Etat, Président de la République.

    Le 30 juin 2006, le président de la commission électorale indépendante (CEI) Mr l'Abbé Apollinaire MALU MALU lancera le début de la campagne électorale 1er tour qui devrait durer un mois. Ces élections compilées présidentielles-législatives nationales regroupèrent 33 candidats présidents de la république dont 3 femmes et près de 10 000 candidats députés nationaux.

    A l'issue du premier tour, 2 candidats seront retenus : Joseph KABILA sortant, avec 44% et Jean-Pierre BEMBA, l'un de ses vice-présidents, avec 20%70. Le second tour entre les deux hommes interviendra au mois d'octobre 2006 et donnera raison à Joseph KABILA élu avec 58% alors que son challenger J.P. BEMBA s'en sortira avec près de 42%. Et le second tour des élections sera compilé avec les législatives provinciales. Il connaîtra aussi des ralliements importants tels que ceux de GIZENGA et ZANGA MOBUTU en faveur de Joseph KABILA. Et, Léon KENGO et Oscar KASHALA en faveur de Jean Pierre BEMBA. Il y aura aussi création de 2 grands mouvements politiques à savoir l'AMP (Alliance pour la Majorité Présidentielle) pro-KABILA et l'UN (Union pour la Nation) pro-J.P. BEMBA.

    Notons qu'Etienne TSHISEKEDI qui n'avait pas participé à la gestion de la transition de Sun City (1+4), avait également boycotté le

    69 Résultats proclamés par la CEI et confirmés par la Cour Suprême de Justice en 2005-2006.

    70 Idem.

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    processus électoral, lui et son parti l'UDPS (Union pour la Démocratie et le Progrès Social).

    En 2007, les élections de gouverneurs et de sénateurs furent remportées par la coalition présidentielle AMP.

    En 2011, les élections présidentielles et législatives ont été remportées par le camp du président J. KABILA (MP) mais contestées et rejetées par le camp de son principal challenger Etienne TSHISEKEDI (UDPS). Ce dernier s'est autoproclamé Président élu et s'est même auto investi.

    En 2013, les concertations nationales ont été organisées par le pouvoir pour endiguer la crise post-électorale de 2011 après à la signature de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba.

    En 2015, trois jours de manifestations populaires dans le pays contre la loi électorale qui voulait prolonger le second et dernier mandat de J. KABILA ont contraint le parlement à renoncer à son adoption.

    En 2016, deux dialogues politiques ont été organisées et deux accords politiques signés pour une cogestion de la transition vers les élections, car elles n'ont pas été tenues dans le délai constitutionnel. L'un à la cité/UA avec la facilitation d'Eden KODJO et l'autre avec la facilitation de la CENCO.

    En 2017, la crise politique a persisté malgré l'accord signé le 31/12/2016 car il n'était pas appliqué dans son esprit et dans sa lettre. Bruno TSHIBALA NZENZHE un dissident de l'UDPS a été nommé Premier Ministre par le Président Joseph KABILA en lieu et place de Félix TSHISEKEDI TSHILOMBO qui était candidat de l'UDPS et du RASSOP, principale coalition de l'opposition de l'époque pour ce poste.

    En 2018, il y a eu l'organisation des élections présidentielle, législatives nationales et provinciales avec 21 candidats en lice pour la présidentielle dont 3 principaux Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO (UDPS/ TSHISEKEDI), Martin FAYULU MADIDI (DO) et Emmanuel RAMAZANI SHADARY (Indépendant). Et trois principales coalitions étaient en lice pour

    les législatives (FCC, LAMUKA et CACH). Félix TSHISEKEDI élu
    démocratiquement avec 38,5 % des voix contre 34,8% des voix pour Martin

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    FAYULU et 23% pour Emmanuel RAMAZANI. Le FCC de Joseph KABILA remporte les législatives devant LAMUKA de Martin FAYULU et CACH de Félix TSHISEKEDI.

    En 2019, le 24 janvier, il y a eu passation pacifique et civilisée du pouvoir entre le Président sortant Joseph KABILA KABANGE et le Président élu Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. C'est la première alternance démocratique au sommet de l'Etat depuis 1960. Le FCC a par la suite remporté largement les élections indirectes (sénatoriales et des Gouverneurs et Vice-Gouverneurs) devant le CACH et LAMUKA. Et le candidat soutenu par LAMUKA Martin FAYULU conteste toujours les résultats de ces élections malgré le changement de positions de certains de ses alliés notamment Moïse KATUMBI CHAPWE et Antipas MBUSA NYAMWISI.

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    CHAPITRE III. IMPACT GEOPOLITIQUE DE L'ACCORD-
    CADRE D'ADDIS-ABEBA SUR LA STABILISATION DE LA

    RDC

    Ce dernier chapitre est subdivisé en trois sections : la première porte sur l'impact de l'accord-cadre sur la paix et la sécurité en RDC, la deuxième analyse l'implication de l'accord-cadre sur la stabilité de la région des Grands Lacs africains et la troisième et dernière parle des défis et perspectives.

    SECTION 1 : IMPACT DE L'ACCORD-CADRE SUR LA PAIX ET LA SECURITE EN RDC

    L'Accord-cadre signé à Addis-Abeba en marge de l'Assemblée générale de l'Union Africaine, le 24 février 2013, par neuf pays de la CIRGL et deux pays de la SADC, a permis au gouvernement de la République Démocratique du Congo (RDC) de reprendre le contrôle de Goma, la capitale du Nord Kivu et de stopper la progression des troupes rebelles du M-23 vers le Sud Kivu. L'Accord a également posé les bases d'une solution globale au conflit qui affecte l'Est de la RDC depuis 199671.

    Dans sa résolution 2098 du 28 mars 2013, le Conseil de Sécurité des Nations Unies a endossé cet Accord et, en même temps, décidé de déployer une nouvelle Brigade d'intervention de 3 000 hommes dans l'Est de la RDC. Le Conseil avait, en outre invité « l'Envoyée spéciale pour la région des Grands Lacs, Mary ROBINSON, à diriger, coordonner et évaluer la mise en oeuvre des engagements nationaux et régionaux pris dans l'Accord-cadre, tels qu'énoncés dans l'annexe, y compris l'établissement dans les meilleurs délais de critères et de mesures de suivi appropriés et, se fondant sur l'Accord-cadre » et demandé au « Représentant spécial du SGNU de soutenir, coordonner et évaluer l'application en RDC des engagements nationaux pris dans l'Accord-cadre comme énoncés à l'annexe B ». Un mécanisme de suivi régional, dit de

    71 Gérard GEROLD, « Suivi national des engagements souscrits dans l'Accord-cadre d'Addis-Abeba du 24 février 2013 : État des lieux », Les Cahiers d'Afrique de l'Est / The East African Review [En ligne], 48 | 2014, mis en ligne le 07 mai 2019, consulté le 01 juillet 2019. URL : http://journals.openedition.org/eastafrica/389

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    11+4, est mis en place par l'Accord pour soutenir les efforts régionaux et passer en revue les progrès réalisés.

    Dans la foulée de ces deux textes, le Président Joseph KABILA a mis en place, par ordonnance N°13/020 du 13 mai 2013, un « Mécanisme national de suivi et de supervision de la mise en oeuvre des engagements souscrits aux termes de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs du 24 février 2013 », dont M. François MUAMBA TSHISHIMBI, ancien ministre du budget pendant la période de Transition (2003-2006), a été nommé, le 21 mai de la même année, coordonnateur. M. Léon-Olivier ENGULU (premier coordonnateur adjoint) et Mme Odia MUKANDA KALINDA (deuxième coordonnateur adjoint) complètent l'équipe de direction du « Mécanisme de suivi national »72.

    Les trois textes - Accord-cadre d'Addis-Abeba, Résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations-Unies et l'Ordonnance présidentielle - fixent le cadre dans lequel, la RDC devra dans des délais raisonnables fournir les preuves des efforts qu'elle a réalisés pour réformer en profondeur les six secteurs suivants :

    · Le secteur de la sécurité (armée, police)

    · La consolidation de l'autorité de l'État

    · La décentralisation

    · Le développement et les services sociaux de base

    · Les Institutions de l'État et les Finances

    · La réconciliation, la tolérance, la démocratisation

    Ces réformes sont au centre des préoccupations nationales, mais aussi internationales, depuis le double effondrement de l'État congolais, en 1996-1997 sous les coups de l'Alliance des Forces démocratiques pour la libération (AFDL) de Laurent-Désiré KABILA, puis en 1998-2002 quand les

    72 Gérard GEROLD, Op. cit, consulté le 01 juillet 2019. URL : http://journals.openedition.org/eastafrica/389

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    rebellions armées et troupes étrangères se sont partagé le territoire de la République.

    Entre juin 2003 et décembre 2006, le gouvernement de Transition avait engagé ce travail de refondation des institutions politiques et de réforme des structures étatiques, en s'inspirant des principes posés par les accords de paix signés en Afrique du sud en 2002 et en s'appuyant sur le soutien politique et financier de la communauté internationale mobilisée autour des Nations-Unies et de sa Mission de maintien de la paix (MONUC).

    De 2006 à 2019, c'était le président Joseph KABILA et sa majorité au Parlement qui avaient l'entière responsabilité de mener à bien ces réformes dont il faut bien avouer qu'elles n'ont guère progressé au cours des six dernières années.

    1.1. Réforme du secteur de la sécurité

    L'une des tâches principales assignées au régime issu des élections de 2006/2007 était de s'engager résolument dans une refondation totale de l'armée nationale congolaise qui s'était effondrée face aux rébellions de 1996/1997 et de 1998/2002 ainsi que dans une refonte de la Police nationale dont la structure n'avait pas survécu à la division du pays et à l'intégration constante en son sein des miliciens issus des composantes et entités voire même éléments incontrôlés et sans formation, en provenance des groupes armés qui s'étaient partagé le pays.

    Aujourd'hui, de l'aveu de tous, le chantier reste immense. La mutinerie du M-23 dans les Kivu au mois de mai 2012 et finalement la prise de Goma, le 21 novembre 2013, ont mis en lumière de façon dramatique l'inefficacité de l'armée nationale congolaise (FARDC), les énormes carences de ses équipements et de sa logistique, l'inexistence d'une chaîne de commandement fiable et enfin, le faible moral des troupes au front. Par ailleurs, les opérations de maintien de l'ordre menées au cours de la dernière campagne électorale de novembre 2011 par les forces de police (PNC, PIR) ont souvent été extrêmement violentes et conduites sans aucun respect des principes et standards internationaux auxquels une partie des effectifs de

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    ces deux corps de policiers ont pourtant été formés dans le cadre de programmes de coopération bi ou multilatérale73.

    ? Police Nationale Congolaise (PNC)

    Contrairement à l'armée dont la réforme a peu bénéficié d'un appui multilatéral, la réforme de la police a, dès 2007, été accompagnée par la MONUC, puis la MONUSCO, même si les effectifs dédiés à ce soutien n'ont cessé de se réduire au sein de la mission onusienne. La réforme de la police a également été soutenue par plusieurs coopérations bilatérales qui ont réussi, dès le départ, à imposer la mise en place d'un Comité de suivi de la réforme de la police (CSRP). Le CSRP est dirigé par un comité politique, présidé par le ministre de l'Intérieur et composé des ministres des Finances, du Budget, de la Défense, du Plan, des Droits Humains et de la Fonction publique ainsi que des sept ambassadeurs dont les pays soutiennent financièrement la réforme. Deux sièges sont également réservés aux représentants de la société civile. Le CSRP dispose d'un secrétariat exécutif qui est chargé de la conceptualisation de la réforme. Au centre de ce dispositif se trouve l'Inspecteur général de la PNC qui siège au comité politique et impulse les travaux du secrétariat.

    La Loi portant organisation et fonctionnement de la PNC qui a été votée par l'Assemblée nationale en décembre 2010 et finalement promulguée par le Président KABILA le 11 aout 2011, soit quelques mois avant l'échéance électorale de novembre 2011. Cette loi fournit enfin une base légale au processus de réforme et de modernisation de la police mais elle souffre de l'application stricte.

    ? Les Forces armées de la RD Congo (FARDC)

    En ce qui concerne la réforme des FARDC, aucune véritable coordination des aides n'a pu être mise en place. Les perpétuelles réticences du pouvoir et de l'état-major vis-à-vis d'une collaboration avec la MONUC, puis avec la MONUSCO et la volonté de privilégier la coopération bilatérale ont finalement abouti à des actions disparates, le plus souvent inefficaces.

    73 Gérard GEROLD, Op. cit, consulté le 01 juillet 2019. URL : http://journals.openedition.org/eastafrica/389

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    Le recensement des effectifs est l'exemple le plus parlant d'un gâchis programmé ; les Sud-Africains dès 2004, puis les Belges et finalement les Européens, à travers leur programme EUSEC, s'y sont attaqués sans que l'on connaisse encore aujourd'hui de façon précise le nombre d'hommes figurant sur le « Payroll )) du ministère de la Défense. Le recensement biométrique tenté par EUSEC et la « bancarisation », c'est-à-dire le paiement des hommes en uniforme, non plus par leurs officiers, mais directement sur un compte bancaire, qui constitue la pierre angulaire de la réforme de l'administration des ressources humaines et des finances à laquelle EUSEC a consacré plus de 3,5 millions d'euros et six années de travail, sont encore partiels et fragiles. Le seul point positif des efforts réalisés est qu'au cours des dernières années, le salaire des hommes de troupe a pu être multiplié par quatre, sans que soit augmenté le montant global du chapitre budgétaire consacré à la solde. Ce phénomène ne doit pas être interprété comme une amélioration soudaine de la maîtrise des effectifs, mais bien comme une indication sur l'ampleur des détournements réalisés par la haute hiérarchie militaire tout au long de ces années74.

    Après plus de quinze ans d'un recrutement chaotique uniquement dicté par des critères politiques (intégration des groupes armés) et ethniques (promotion des originaires du Katanga et des Kivu, méfiance vis-à-vis de ceux de l'Équateur et des Kasaï), donc il y a quand même aujourd'hui dans les rangs des FARDC des militaires compétents et d'autres non. Les vagues successives d'intégration ont miné la cohésion des unités qui se voient contraintes à de constantes réorganisations. Les quelques brigades qui avaient été correctement « brassées )) pendant la période de Transition, ont été totalement déstabilisées par les intégrations massives d'éléments du CNDP, après l'accord de 2009.

    Bien que la réforme de l'armée nationale soit au coeur du débat politique et institutionnel du pays depuis la signature des accords de paix de Pretoria au début de 2003, les plus hauts responsables politiques, le ministère de la Défense et l'État-major ne sont toujours pas parvenus à

    74 Gérard GEROLD, Op. cit, consulté le 01 juillet 2019. URL : http://journals.openedition.org/eastafrica/389

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    finaliser un document définitif de réflexion et de planification donnant les grandes orientations de l'évolution à long terme de l'armée nationale (missions, effectifs, équipements, formation, coopération internationale, etc.). Depuis l'élection de Joseph KABILA en 2006, les plans de restructuration des FARDC se sont succédé, donnant l'impression d'une réforme chaotique, aux priorités changeantes : Force de réaction rapide en 2007, Forces de couverture en 2008, Priorité au développement de l'homme de troupe et à ses conditions de vie en 2009. Au début de 2013, le nouveau Plan Moya parle de revoir complètement les méthodes de recrutement et d'entraînement pour près de 145 000 hommes. Parallèlement à cette planification problématique, certains domaines comme celui des équipements et des achats du matériel ou celui du rôle et de la place de la Garde Républicaine au sein de l'armée nationale restent des tabous intouchables et continuent de ne relever que du Président et de sa « Maison militaire ». Certes, une loi organique sur la réforme de l'armée a été adoptée en 2011, mais ses mesures d'application ne sont, à ce jour, pas intervenus, laissant la loi en déshérence.

    Dans le cadre de l'Accord signé à Addis-Abeba et de l'action militaire conjointe que la MONUSCO mène depuis plusieurs années avec les FARDC dans les Kivu, la Mission de l'ONU s'était engagée à former une brigade d'environ 3 000 hommes destinée à remplacer la Brigade d'Intervention récemment déployée en application de la résolution 2098 du 28 mars 2013 du Conseil de sécurité. Certes utile pour stabiliser cette partie troublée du territoire, cette Force de réaction rapide qui devrait comprendre trois bataillons d'infanterie, une compagnie d'artillerie, une force spéciale et une compagnie de reconnaissance et bénéficier d'une courte formation (3 mois) ne peut, à elle seule, pallier l'absence d'une refonte en profondeur de l'armée de terre dont tous les experts estiment qu'elle devrait, pour être crédible, comporter au moins une vingtaine de bataillons formés et équipés.

    ? Le cas particulier des mutins du CNDP

    Les négociations entre le gouvernement congolais et les représentants du M-23 se sont enlisées jusqu'à l'anéantissement de ce mouvement rebelle pro-rwandais par les FARDC appuyées par la Brigade d'Intervention Rapide de l'ONU.

    Le 13 juillet 2012, la CPI a délivré un mandat d'arrêt à l'encontre de Sylvestre MUDACUMURA, commandant présumé de la branche armée

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    ? Réforme de la Justice

    Le Dialogue inter-Congolais qui a mis fin à la guerre de 19982002, avait diagnostiqué la Justice comme une des institutions les plus malades de la République et souhaité une réforme fondamentale et urgente permettant de garantir une justice indépendante et impartiale. La crise de l'Institution judiciaire congolaise était analysée comme la conséquence de sa mauvaise organisation interne et de sa dépendance chronique du pouvoir, mais aussi comme le résultat de la crise sociale, éthique et morale qui affecte les magistrats et l'ensemble de la chaîne judiciaire. Sa réforme demeure lente jusqu'à ce jour.

    ? Justice militaire et impunité

    L'impunité est un élément important dans la gouvernance de KABILA. Elle persiste même dans les rangs des militaires et elle continue de favoriser de nouvelles atteintes aux droits humains. Malgré quelques initiatives entreprises en 2011 par le ministère de la Justice pour mettre un terme à l'impunité, la chasse aux auteurs de crimes n'a guère progressé. Les victimes continuent de se voir refuser la vérité, la justice et les réparations qui leur sont dues, tandis que les décisions de justice visant des militaires restent trop souvent inappliquées.

    ? Crimes de guerre et crimes contre l'Humanité

    Le 10 juillet 2012, la Cour pénale internationale (CPI) a condamné à 14 ans d'emprisonnement Thomas LUBANGA DYILO, fondateur et président de l'UPC (Union des patriotes congolais) et commandant en chef de sa branche armée, les Forces patriotiques pour la libération du Congo (FPLC). Il avait été déclaré coupable le 14 mars de l'enrôlement et de la conscription de mineurs de moins de 15 ans et de les avoir fait participer activement à des hostilités en Ituri, actes constitutifs de crimes de guerre. Il s'agissait de la première condamnation prononcée par la CPI depuis son entrée en fonctions en 2003.

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    des FDLR, accusé de neuf chefs de crimes de guerre commis entre janvier 2009 et septembre 2010 dans l'est de la RDC75.

    Un second mandat d'arrêt a été décerné en juillet 2012 à l'encontre de Bosco NTAGANDA pour trois chefs de crimes contre l'humanité et quatre chefs de crimes de guerre. Les autorités de la RDC avaient refusé d'arrêter et de remettre Bosco NTAGANDA à la CPI avant qu'il ne déserte les rangs de l'armée congolaise, en avril 2012, et ne fonde le mouvement rebelle M-23. À la suite de combats internes au M-23, Bosco NTAGANDA s'est réfugié, le 18 mars 2013, à l'Ambassade américaine à Kigali, d'où il a été transféré à La Haye pour y être incarcéré le 22 mars.

    Le 18 décembre 2012, la CPI a acquitté Mathieu NGUDJOLO, ancien dirigeant du Front des nationalistes intégrationnistes (FNI). Cet homme était poursuivi pour des crimes commis en février 2003 dans le village de Bogoro, en Ituri.

    Les 23 et 24 novembre 2013, la CPI a fait arrêter quatre Congolais pour atteinte présumée à l'administration de la justice dans l'affaire qui concerne Jean-Pierre BEMBA. Il s'agit notamment de Fidèle BABALA, secrétaire général-adjoint du MLC et Député national, arrêté à Kinshasa et immédiatement transféré à La Haye et d'Aimé KILOLO, conseiller principal de J.-P. BEMBA, arrêté à Bruxelles et qui travaille actuellement pour J. KABILA au FCC. Le procès de l'ancien vice-président de la Transition congolaise a commencé en novembre 2010 et a été acquitté par la CPI des crimes de guerre et crimes contre l'humanité en 2018.

    ? La persistance des groupes armés à l'Est du Congo

    Le problème de la présence des groupes armés et la question de l'extension de l'autorité de l'Etat sur les provinces de l'Est du pays sont posés depuis plus de quinze ans. S'il est vrai que des progrès ont été enregistrés en matière de désarmement, notamment en Ituri entre 2003 et 2007, il existe encore aujourd'hui de dizaines de groupes armés actifs dans

    75 Gérard GEROLD, Op. cit, consulté le 01 juillet 2019. URL : http://journals.openedition.org/eastafrica/389

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    à l'Est de la RDC. La défaite militaire infligée au M-23, à la fin du mois d'octobre 2013, ne signifiait pas que ce dernier soit incapable de renaître demain sous un autre sigle et ne garantit nullement que les autres groupes cessent leur harcèlement des populations et leurs attaques contre les FARDC.

    L'Accord-cadre d'Addis-Abeba, repris et complété par la résolution 2098 du Conseil de sécurité, propose une approche nouvelle du problème, à la fois régionale, nationale et locale, pour parvenir à une pacification durable. Mais les éléments constitutifs et structurants de ce modus operandi sont loin d'être tous opérationnels et efficaces76.

    ? Réconciliation, respect des Droits humains et démocratisation

    La persistance de l'insécurité dans le Nord-Kivu, le Sud-Kivu et en Ituri continuent d'exacerber aujourd'hui les tensions entre les communautés de ces régions ; paradoxalement, aucun processus de réconciliation ne fonctionne depuis 2006 pour en atténuer les effets et tenter de résoudre les conflits.

    Depuis l'adoption de la nouvelle Constitution, il n'existe plus d'instance nationale de réconciliation. En 2006, les constituants ont, en effet, décidé de ne pas reconduire, dans le nouveau texte constitutionnel, la « Commission vérité et réconciliation » qui avait fonctionné, avec plus ou moins de bonheur, pendant la Transition (2003-2006).

    ? Répression politique

    Selon les rapports des ONG dont d'Amnesty International, « les arrestations et détentions arbitraires demeuraient généralisées dans tout le pays77. Les services de sécurité, en particulier la police nationale, le renseignement, l'armée et la police de l'immigration, procédaient à des arrestations arbitraires et extorquaient fréquemment de l'argent ou des

    76 Gérard GEROLD, Op. cit, consulté le 01 juillet 2019. URL : http://journals.openedition.org/eastafrica/389

    77 Idem.

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    effets de valeur à des civils lors d'opérations de maintien de l'ordre ou sur les lieux des postes de contrôle ».

    Pendant la période qui a suivi les élections de 2011, de nombreux opposants politiques ont été arrêtés arbitrairement et la liberté politique sévèrement restreinte ; alors que le M-23 gagnait du terrain à l'Est, la répression politique a plus particulièrement visé les journalistes. Des stations de radio, des chaînes de télévision et des journaux ont été suspendus arbitrairement par les autorités. Des locaux d'organes de presse ont été la cible d'incendies volontaires, entre autres dégradations. Les auteurs de ces attaques n'ont jamais été identifiés. Cette situation a perduré avant les élections de 2018.

    ? Etat de la Décentralisation

    L'échec des pouvoirs provinciaux a été une nouvelle étape dans la déconstruction de la Troisième République. Jusqu'aujourd'hui le processus de décentralisation n'a pas encore abouti. Depuis 2006, les élections locales n'ont jamais été organisées et celles prévues par la CENI en 2019 seraient en passe d'être reportées.

    Le nouveau Président de la RDC Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO élu et investi le 24 janvier 2019 a nommé Claude IBALANKY EKOLOMBA en mars de l'année en cours comme nouveau Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba. Et ce Coordonnateur a durant ce deuxième trimestre de 2019 multiplié des voyages à l'Est du pays plus particulièrement dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri en vue de la pacification dans le cadre de l'application dudit accord. Il a succédé à John KASUKU MIHALI (Coordonnateur a.i.).

    SECTION 2 : IMPLICATION DE L'ACCORD-CADRE SUR LA STABILITE DE LA
    REGION DES GRANDS LACS AFRICAINS

    L'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région n'est pas le premier du genre. Il se situe dans le prolongement de nombreux accords antérieurs qui, depuis l'invasion de la RDC par les pays voisins de l'Est (Rwanda, Ouganda et Burundi) avec des rébellions congolaises interposées, visent à restaurer la

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    paix, la sécurité et la coopération en RDC et dans la région. L'avènement de l'AFDL s'est effectué dans un climat de guerre, de violence, de violations de droits de l'homme, qu'on n'est pas arrivé à arrêter jusqu'à ce jour, en particulier dans l'Est de la RDC. Il a enclenché un processus d'ensauvagement, instaurant une véritable culture de la mort et du crime, avec à la clé la prolifération des groupes armés nationaux et étrangers.

    L'Accord-cadre d'Addis-Abeba de 2013 a aussi une implication sur la stabilité des pays de la sous-région des Grands Lacs africains et nous nous sommes attardés sur trois (3) pays à savoir : le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi qui ont agressé la RDC par rébellions interposées de 1996 à 2013 (AFDL, RCD-Goma, MLC, RCD-KML, RCD-N, CNDP, M-23, etc.).

    2.1. Rwanda

    Avec ces 26.338 km2, le Rwanda s'affiche comme étant le plus petit pays de la région des Grands Lacs, mais pas moins important. Il a comme principales ressources naturelles le Béryl, le wolfram, la cassitérite, le coltan, l'étain et l'or. Et comme principales ressources agricoles le plantain, la patate douce, le manioc, le haricot, le sorgho, le maïs, le café, le pois et le thé. Le Rwanda a 893 km de frontière dont 290 km avec le Burundi, 217 km avec la R.D. Congo, 217 km avec la Tanzanie et 169 km l'Ouganda. La capitale du Rwanda s'appelle Kigali78.

    Le 1er juillet 1962, le Rwanda accéda à l'indépendance avec KAYIBANDA comme Président. En décembre 1963, les Tutsis réfugiés au Burundi tentèrent un retour en force en lançant une offensive mais cela sera sans succès et il s'en suivit un massacre de près de 20 000 Tutsi et encore une fois de plus l'exile de près de 300 000 Tutsi, soit la moitié des Tutsi du Rwanda. Et c'est dans cette confusion que le Général Juvénal HABYARIMANA, le 5 juillet 1973, fera un coup d'Etat militaire. Il sera élu et réélu à la Présidence de la République en 1978, 1983 et 1988. Il installa un pouvoir fort, se créa des amitiés dans la région des Grands Lacs

    78 Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1856.

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    particulièrement avec le Tout-puissant Maréchal du Zaïre MOBUTU et d'autres amitiés en France et en Belgique79.

    De 1961 à 1994, les Hutus dirigèrent le Rwanda sans partage avec quelques Tutsi restés au pays. A l'extérieur du pays une opposition armée prenait forma autour du Front Patriotique Rwandais ( FPR ) fort de plus de 10.000 hommes.

    Le 4 août 1993, il y aura signature des accords de paix d'Arusha en Tanzanie entre le Gouvernement et le FPR prévoyant un partage des pouvoirs civils et militaires entre Hutu et Tutsi. Mais appuyé par le MRND et le CDR, HABYARIMANA multiplia plutôt les manoeuvres pour ne pas appliquer ces accords. Entre octobre et décembre 1993, il y aura création de la Mission des Nations Unies pour l'Assistance au Rwanda (MINUAR). Elle sera composée de 2500 casques bleus qui s'installèrent dans le pays après le départ des troupes françaises de l'opération Noroît en décembre.

    Le 06 avril 1994, attentat meurtrier contre l'avion qui ramène le Président Rwandais Juvénal HABYARIMANA et son homologue Burundais Cyprien NTARYAMIRA d'un sommet régional en Tanzanie après un bref passage au Zaïre, à Gbadolite, où ils sont passés voir le Maréchal. Le lendemain, c'est-à-dire le 07 avril 1994, à Kigali, se déclencha le génocide, par des extrémistes Hutu, de la minorité Tutsi et des opposants Hutu modérés.

    Le 4 juillet 1994, le FPR entre dans la capitale et prend le pouvoir avec le Président Pasteur BIZIMUNGU. Paul KAGAME sera élu Président de la République par le parlement le 17 avril 2000 en remplacement du Pasteur BIZIMUNGU, un Président Hutu démissionnaire et accusé de tentative de coup d'Etat80. Il sera confirmé réélu en 2010 et 2017.

    Mais Paul KAGAME doit faire face à une opposition extérieure très menaçante, essentiellement réfugiée en R.D. Congo, et composée des ex-FAR (ex-forces armées rwandaises) et des Interahamwe (signifiant ceux qui se tiennent ou attaquent ensemble). Des forces dites négatives qui

    79 BRAECKMAN, C., Terre africaine. Burundi, Rwanda, Zaïre : les racines de la violence, Ed. Fayard, Paris, 1996, pp. 203-266.

    80 Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1856.

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    aujourd'hui affrontent l'armée régulière de la R.D. Congo qui tente de les désarmer pour enfin les rapatrier au Rwanda.

    La crise rwandaise est peut-être celle qui s'était la plus déversée sur l'ensemble de la sous-région et dont les conséquences fragilisent encore les rapports de bon voisinage avec les Etats de Grands Lacs, en particulier avec la R.D. Congo. En 1994, ces hommes, femmes et enfants Hutu fuyant l'avancé du FPR et le contre-massacre, vont traverser la frontière congolaise avec armes et munitions. Devenant ainsi source d'insécurité pour la R.D.Congo.

    Le conflit Rwandais s'étendra au Congo surtout lors de la guerre de 1996-1997 où des dizaines de milliers d'Hutu seront massacrés par le FPR devenu APR (Armé Patriotique Rwandaise).

    Aujourd'hui ces quelques réfugiés encore au Congo font l'objet d'une très vive polémique entre la R.D. Congo, le Rwanda, la France, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. En effet, Kigali réclame leur désarmement, de préférence par anéantissement, et leur mise hors d'état de nuire. Alors que Kinshasa, conscient du conflit ethnique Rwandais et sachant ce qui risque bien d'arriver à ces réfugiés organisés pour certains d'entre eux en milice, préfère jouer la carte diplomatique et humanitaire en évitant bien entendu de porter le poids de la livraison à la potence dans la conscience.

    Les Américains et les Britanniques se culpabilisent de n'avoir rien fait en 1994 et veulent à tout prix éviter aux Tutsi un autre calvaire du même genre. D'où tout ce qui peut contribuer à avancer dans ce sens-là est le bienvenu, et on ferme les yeux sur les restes.

    Quant à la France, elle porte d'abord le point du génocide de 1994 car accusée par le pouvoir de Kigali comme étant « coauteur » du génocide. Mais aussi la France se doit de respecter un devoir historique : la protection des Hutus. Les liens liant les deux peuples sont encore intacts et surtout que la France assiste impuissante à l'anéantissement et si pas l'extermination des Hutus. Et les Européens, eux, c'est plus l'aspect humanitaire du problème. Les Interahamwe et autres FDLR posent des problèmes, d'accord, mais il y a aussi des femmes et des enfants qui ont besoin de l'aide humanitaire. Et le Congo doit se reconstruire car en effet, les

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    Européens, tout comme les Américains pour le cas du Rwanda, veulent que le Congo redevienne un Etat normal, calme et prospère.

    L'Accord-cadre d'Addis-Abeba de 2013 prévoit notamment l'éradication de groupes armés rwandais qui menacent la stabilité de la RDC où ils sont établis et du Rwanda dont ils rêvent de renverser le régime. D'où les rencontres au sommet entre le Président rwandais Paul KAGAME et le nouveau Président de la RDC Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO durant ce premier semestre de 2019 à Addis-Abeba (11 février) en marge du 32ème sommet de l'Union Africaine (UA), à Kigali (du 25 au 27 mars) et à Kinshasa (31 mai).

    2.2. Ouganda

    L'Ouganda avec une superficie de 237.000 km2 s'affirme comme étant le deuxième grand pays après la R.D. Congo dans la région de Grands Lacs. Ce pays a comme principales ressources naturelles le Cuivre, le cobalt, le tungstène, l'étain, le béryl, pétrole et a comme principales ressources agricoles le manioc, le plantain, la patate douce, la canne à sucre, le maïs, le millet, le sorgho, le haricot, le café. L'Ouganda a 2.698 km de frontière dont 765 km avec la R.D. Congo, 933 avec le Kenya, 169 km avec le Rwanda, 435 km avec le Soudan et 396 avec la Tanzanie. La capitale de l'Ouganda s'appelle Kampala

    En 1961, le Democratic Party et Benedicto KIWANUKA remportèrent les élections, la même année il sera rédigé à Londres une constitution avec les principaux partis politiques.

    Le 09 octobre 1962, l'Ouganda devient indépendant, Milton OBOTE devint Premier Ministre dans un Gouvernement d'union contre le DP. En 1963, la République fut proclamée et MUTESA II devint Président de l'Etat Fédéral81.

    En 1966, l'instabilité politique qui avait élu domicile en Ouganda ne permit pas au jeune Etat d'avoir des structures administratives et économiques nécessaires à son développement, c'est dans ce contexte que Milton OBOTE suspendra la constitution et s'attribuera les pleins pouvoirs.

    81 Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1768.

    82 Idem, p. 1768..

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    Mais seulement en 1971 Idi AMIN DADA, Général d'armé de son état réalisa un coup d'Etat et instaura une dictature sanglante où le parlement fut dissous, les opposants systématiquement traqués, les indiens expulsés, etc.

    En 1978, les troupes ougandaises envahirent une partie de la Tanzanie, en 1979, avec l'appui des opposants à Idi AMIN DADA en exil et à l'occasion avait créé l'Uganda National Libération Front (UNLF), la Tanzanie pourchassa le dictateur Ougandais et le chassa du pouvoir. Il y aura des moments d'instabilité après le départ du dictateur, plusieurs Gouvernements vont se succéder sans vraiment décrisper la crise.

    En 1980, l'UPC de Milton OBOTE, malgré les contestations des opposants, remporta les élections et signa aussi le retour de celui-ci aux affaires. En 1981, un certain YOWERI MUSEVENI, ancien membre de l'UNLF, suite aux élections truquées d'OBOTE, prend le chemin des maquis et tente de renverser ce dernier. Sous la pression grandissante, OBOTE, en 1985, va s'en fuir en laissant derrière lui un Gouvernement provisoire incapable de mettre fin à la guerre civile déjà aux portes de Kampala. En 1986, le 26 janvier YOWERI KAGUTA MUSEVENI entre dans la capitale et le 29 janvier devint chef de l'Etat en prêtant serment82. Il forma un Gouvernement de coalition qui tenta de rétablir l'ordre en cherchant à prendre le contrôle de l'ensemble du territoire. Mais le Nord et l'Est du pays demeuraient la proie de troubles violents ; la guerre civile avait fait plus de 800.000 morts.

    MUSEVENI avait instauré une politique originale où il n'existerait aucun parti politique, avec la présence des comités de résistance au niveau local chargés de la lutte contre la corruption et de l'instauration de l'ordre.

    En 1992, sous la pression de l'opposition, MUSEVENI rétablira les partis politiques. En 1994, il réunira une assemblée constituante et organisa les élections législatives où son parti s'en sortira de justesse avec une majorité absolue.

    83 Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1768.

    84 BRAECKMAN, C., Terre africaine. Burundi, Rwanda, Zaïre : les racines de la violence, Op. cit., pp. 203-266.

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    En 1996, l' s'organisa l'élection présidentielle en Ouganda et MUSEVENI remporta haut la main avec 75,5% des voix, il sera réélu en 2001, 2006, 2011 et 201683 face à son principal opposant KIZZA BESIGYE.

    L'Ouganda sera mêlé en 1996 avec le Rwanda à la guerre dite de libération en R.D. Congo visant à chasser MOBUTU du pouvoir en appui à la rébellion congolaise (AFDL) conduit par L.D. KABILA.84

    En 1998, le 02 août, s'étant brouillé avec leur ancien ami L.D. KABILA, les ougandais, sous prétexte de vouloir combattre leurs rébellions particulièrement celle de LRA, Lord Resistance Army (armé de résistance du Seigneur) de Joseph KONI qui sème la terreur à l'Ouest et au Nord de l'Ouganda] réfugiée dans les montagnes congolaises, lanceront une attaque contre la R.D. Congo directement et indirectement par rébellions et milices interposées. Des affrontements qui feront plus de 5 millions de morts dans l'ensemble en R.D. Congo et durera de 1998 à 2003 selon le Gouvernement de la RDC.

    Les effets se sentent encore jusqu'aujourd'hui que ça soit en R.D. Congo ou dans la région des Grands Lacs toute entière.

    Lorsque MUSEVENI chassa Milton OBOTE du pouvoir, les quelques partisans de ce dernier se dispersèrent dans la région des Grands Lacs, notamment en R.D. Congo. Mais la problématique de la LRA, comme cause principale de l'intervention ougandaise au Congo, est certes à considérer et les raisons économiques de cette intervention sont aussi à ne pas négligées.

    La LRA qui, autrefois soutenu par Khartoum pour se venger de l'aide ouvert des Etats-Unis au mouvement rebelle de John GARANG par l'Ouganda interposé, sévi aujourd'hui en R.D. Congo et une partie du Sud Soudan où il y a sa principale base. Par sa présence au Congo, la LRA a fait du problème Ougando-ougandais une affaire Congolo-ougandaise. Et l'Ouganda, de ce fait, ne s'était pas gêné de soutenir des rebelles Congolais, d'en créer d'autres de toute pièce et de s'expliquer avec le Rwanda sur le sol

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    Congolais. Et un autre groupe rebelle ougandais dénommé ADF (Allied Democratic Force) mène des attaques armées meurtrières au Nord-Kivu plus particulièrement dans le territoire de Beni. L'ADF aurait de liens avec des Shebab somaliens et l'Etat Islamique.

    Donc, la LRA et l'ADF sont combattues, affaiblies mais gardent leurs capacités de nuisance et l'Accord-cadre d'Addis-Abeba prévoit notamment l'éradication de ces groupes armés négatifs ougandais. Et le Président ougandais YOWERI KAGUTA MUSEVENI et le nouveau Président de la RDC Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO se sont rencontrés à Addis-Abeba (11 février 2019) en marge du 32ème sommet de l'Union Africaine (UA) et Kampala (22 mars 2019) durant ce premier semestre de l'année en cours pour notamment la résolution de ce problème sécuritaire commun.

    2.3. Burundi

    Le Burundi avec une superficie de 28.000 km2 est le 3è pays de Grands Lacs en termes de superficie. Juste avant le Rwanda, son voisin et jumeau. Il a pris comme principales ressources naturelles : le Kaolin, l'Or. Mais il y a encore des ressources non exploitées, telles que le Nickel (5% des réserves mondiales), vanadium, phosphates. Et les principales ressources agricoles burundaises sont le thé, le café, la banane, la patate douce, le manioc, le riz, le maïs, le blé, le sorgho, le coton, le haricot. Le Burundi a 974 km de frontière dont il partage avec la R.D. Congo 233 km, le Rwanda 290 km et la Tanzanie 451 km. La capitale du Burundi s'appelle Bujumbura85.

    Le Burundi déjà indépendant vit des moments de tensions entre Hutu et Tutsi qui ne font que s'exacerber malgré les efforts d'apaisement du roi MWAMBUTSA IV. Alors qu'après l'assassinat du prince Louis RWAGASORE, les Hutus et les Tutsis gouvernèrent le Burundi ensemble ; voilà que ce qui se passe au Nord, au Rwanda va sensiblement contaminer le Sud. Alors qu'au Rwanda c'est la chasse aux Tutsi, au Burundi c'est plutôt la chasse au Hutu après un coup d'Etat manqué en 1965. Sous la direction de Michel MICOMBERO alors 1er Ministre, un coup d'Etat renverse la monarchie au profit de la République et met en place un Gouvernement dominé par les Tutsis.

    85 Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1359.

    86 Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1359.

    87 BRAECKMAN, C., Terre africaine. Burundi, Rwanda, Zaïre : les racines de la violence, Op. cit., pp. 203-266.

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    Entre mars et juin 1972, une révolte des Hutus aboutit au massacre de 100.000 à 300.000 Tutsi. En 1976, un nouveau coup d'Etat porta au pouvoir Jean Baptiste BAGAZA. Il prôna la réconciliation nationale, occulta la question ethnique.

    En octobre 1987, le 02 octobre 1987, le Major Pierre BUYOYA, après un coup d'Etat très réussi, prend le pouvoir.

    Le 1er juin 1993, après des élections pluralistes Melchior NDADAYE, un Hutu, est élu. Quelques jours après soit le 22 Octobre Melchior NDADAYE est assassiné par quelques officiers Tutsi. C'est le début des troubles sans précédent86.

    Les Hutus réussirent, malgré la tentative de putsch des officiers Tutsi, à remettre un autre Hutu au pouvoir à travers les élections organisées en 1994 : Cyprien NTARYAMIRA. Mais seulement à peine élu, lors d'une sortie officielle pour la Tanzanie où il y avait un sommet régional, alors qu'il était de retour au Burundi et avait emprunté le même avion que le Président Rwandais Juvénal HABYARIMANA, Cyprien NTARYAMIRA seront victimes avec son homologue Rwandais d'un attentat meurtrier contre l'avion où ils étaient à bord le 6 avril 1994 en plein ciel de Kigali. De part et d'autre ( au Rwanda et au Burundi ) il y aura amplification de la guerre avec des massacres et contre massacre à grande échelle.

    C'est dans un contexte de trouble et de confusion généralisée que l'ancien Président Pierre BUYOYA revint aux affaires. Comme quand il avait fait son coup d'Etat de 1987, il stabilisa l'Etat et se battit pour rétablir la sécurité. Mais il devra faire face aux extrémistes Hutu en rébellion dans des mouvements tels que le CNDD-FDD et le PALIPEHUTU FNL (Forces Nationales de Libération).

    En 1996 avec le Rwanda, le Burundi participa à la première guerre de la R.D. Congo pour chasser MOBUTU87. Et en 1998, le 2 août, il participe, cette fois-ci, de façon moins voilée à la 2è guerre de la R.D. Congo.

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    Dans l'entretemps, après multiples négociations, les Burundais opteront pour une Présidence de la République tournante entre Hutu et Tutsi en vertu des accords d'Arusha. Pierre BUYOYA sera retenu en 2001 et le 30 avril 2003, il sera succédé par Domitien NDAYIZEYE.

    Après plusieurs négociations, le CNDD-FDD se décide finalement de quitter la rébellion. Et en août 2005, un Président « Hutshi » (né du mariage d'un Hutu et d'une Tutsi ) leader du CNDD-FDD, Pierre NKURUNZIZA sera élu puis réélu en 201088. Il s'inscrira dans la logique de l'inclusion généralisée et multiplia des rapprochements avec le PalipeHutu-FNL encore en rébellion. Le PalipeHutu-FNL le 13 Août 2004, une année avant des nouvelles élections, se rendit coupable de massacre des réfugiés Tutsi congolais, près de 159 morts, au camp de Gatumba au Burundi.

    Il importe de noter que la crise congolaise avait des ramifications impressionnantes. En effet, la guerre au Congo était de tous les enjeux. D'abord, il faut savoir que les richesses immenses de ce pays lui attiraient courtise et convoitise.

    De ce qui est des jaloux et gourmands étrangers et nationaux, il faut voir les multinationaux en quête de la matière première bon marché. Ensuite, les pays venus faire la guerre au Congo avaient aussi des raisons sécuritaires fondées. La R.D.Congo était une base arrière des rebelles de la région. On pouvait noter la présence des FDLR (venue avec les réfugiés Hutu suite à la guerre de 1994 au Rwanda fuyant le contre-massacre de l'APR), la LRA ougandaise (ayant quitté le Soudan suite à l'accord de paix intervenu dans ce pays entre le Gouvernement et la rébellion autrefois sous contrôle de John GARANG allié de MUSEVENI) et le FNL (très actif au Burundi et installé à Uvira dans le Sud Kivu).

    En 2015, le Président Pierre NKURUNZIZA a été réélu pour un troisième conduisant de violences meurtrières dans le pays89 et à des attaques armées menées à partir de la RDC par des groupes rebelles burundais basés dans la province du Sud-Kivu (FOREBU, RED, ex-FNL, etc.). D'où, la rencontre à Bujumbura entre le Président Pierre NKURUNZIZA et le

    88 Dictionnaire Le Petit Larousse illustré, Ed. 2017, Paris, 2017, p. 1359.

    89 Idem

    90 IWANYANYU MBUNGU, R., Enjeux de l'insécurité persistante au Nord et au Sud Kivu : analyse et perspectives, Mémoire, L2 SPA, FSSAP, UNIKIN, 2010-2011, p.91.

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    nouveau Président de la RDC Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO le 14 juin 2019 pour endiguer ce problème sécuritaire commun.

    La région des Grands Lacs depuis les indépendances n'a pas connu des moments prolongés d'accalmie. En même temps d'un côté un pays pouvait se retrouver en relative accalmie, de l'autre côté un autre s'enfoncer dans le désarroi. Des conflits et désarrois qui ont des origines lointaines et complexes. L'Accord-cadre d'Addis-Abeba s'il est appliqué de manière stricte va conduire cette sous-région au développement et à la stabilité durable.

    SECTION 3 : DEFIS ET PERSPECTIVES

    La République Démocratique du Congo est aujourd'hui (comme hier) aux prises avec d'énormes défis à relever. Parmi ceux qui sont à l'ordre du jour, épinglons en tout premier lieu les défis de la paix, de la sécurité, de la démocratie et du développement intégral et durable.

    Plusieurs scénarios sont possibles notamment le statu quo, l'amélioration rapide ou l'implosion.

    Le statu quo, si et seulement si les congolais en général les gouvernants en particulier ne prennent pas conscience pour notamment faire que la RDC devienne maîtresse de son propre destin en réformant de manière efficace et efficiente ses forces de défense et de sécurité (FARDC et PNC) pour qu'elles soient aptes à remplir leurs missions traditionnelles (défense de l'intégrité territoriale, protection des personnes ainsi que de leurs biens, etc.).

    L'amélioration rapide de la situation passe par une prise de conscience collective des congolais et surtout de la classe dirigeante pour relever les défis majeurs mentionnés ci-dessus et l'érection d'une armée nationale, républicaine, moderne, bien formée, bien équipée, bien motivée et dissuasive, c'est-à-dire capable de défendre l'intégrité territoriale et les frontières contre toutes les menaces internes ou externes90. Ceci permettra à la RDC de se développer intégralement et durablement. Ce qui fera que la

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    présence de la MONUSCO dans le pays n'aura plus sa raison. Et nos voisins notamment le Rwanda, le Burundi et l'Ouganda n'auront plus un alibi sécuritaire pour agresser la RDC.

    Il y aura implosion, si les gouvernants et les gouvernés congolais continuent à donner l'impression aux grandes puissances, aux multinationales et autres qui rêvent de balkaniser la RDC que le pays est trop grand pour eux, qu'ils sont incapables de le gérer. Ce qui va accentuer le risque de la partition ou démembrement du pays. Et l'Accord-cadre d'Addis-Abeba du 24 février 2013 est une grande opportunité pour la RDC et la région de Grands Lacs africains en vue de construire le développement commun de leurs populations respectives longtemps meurtries.

    71

    CONCLUSION

    Nous voici au terme de notre travail de fin d'études qui a porté sur la problématique de l'impact de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba de 2013 sur la stabilisation de la République Démocratique du Congo afin d'entrevoir des perspectives prometteuses pour que le pays redevienne maître de son destin dans les domaines de la défense et de la sécurité. C'est une angoisse à laquelle ne peut échapper un étudiant ou écrivain ou encore un chercheur qui a toujours « quelque chose » à ajouter. Pensant toujours jusqu'à la dernière minute précédent l'impression de ce travail, qu'il n'a pas dû dire l'essentiel de ce qu'il aurait pu dire, pensant à tort ou à raison de découvrir de contre sens, des idées et des commentaires superflus et pourtant un travail à la taille de celui-ci impose de tirer quelques conclusions.

    Nos préoccupations ont tourné autour des questions suivantes :

    ? Les principes généraux auxquels se réfèrent les accords de paix dans la Région en général et de la RDC en particulier, et qui sont pour une énième fois repris dans l'Accord-cadre du 24 février 2013, avec des mécanismes similaires de suivi, sont-ils cette fois-ci respectés ?

    ? Quel est l'impact géopolitique de cet accord-cadre dans la région de Grands Lacs africains ?

    ? Quel est le bilan provisoire de l'accord-cadre d'Addis-Abeba six ans après sa signature ?

    ? Comment remédier durablement voire définitivement à cette situation de persistance et de récurrence des violences et de l'instabilité à l'Est de la RDC ?

    A ce questionnement, nous avons avancé les hypothèses ci-après : l'accord cadre d'Addis-Abeba souffre du « manque de volonté politique » des signataires. Les pays signataires de l'accord cadre d'Addis-Abeba saluent les progrès réalisés dans la mise en oeuvre de cet accord sans lequel la crise se serait déjà aggravée dans la région des Grands Lacs mais on note un certain manque de volonté politique manifeste de la part des pays signataires pour honorer les engagements pris dans le cadre de cet accord. Les principes généraux dudit accord-cadre ne sont pas strictement respectés par les signataires.

    72

    L'impact géopolitique de l'accord-cadre d'Addis-Abeba a notamment permis une certaine accalmie dans les liens et les rapports qui existent entre les 11 Etats signataires. La RDC s'est engagée à opérer des réformes institutionnelles pour notamment renforcer l'autorité de l'Etat et les 10 autres Etats se sont engagés à ne plus soutenir directement ou indirectement la déstabilisation du Congo.

    Nous estimons que le bilan provisoire de l'accord-cadre d'Addis-Abeba de 2013 est mitigé dans ce sens que cet accord continue à souffrir du manque de volonté politique des signataires en vue de son application stricte bien qu'il y a quelques progrès. L'insécurité persiste à l'Est du pays où les groupes armés locaux et étrangers soutenus par certains Etats voisins continuent à sévir en perpétrant de crimes de guerre et de crimes contre l'humanité notamment au Nord-Kivu, Sud-Kivu et en Ituri. D'où, les accusations répétées des autorités de la RDC contre le Rwanda et l'Ouganda plus particulièrement.

    Pour remédier durablement et définitivement à cette situation d'instabilité à l'Est de la RDC, il faut avant tout une prise de conscience collective (révolution mentale de grande envergure) des gouvernants et gouvernés congolais pour travailler en vue de refonder l'Etat sur de bases nouvelles et solides, c'est-à-dire construire un Etat uni, fort, prospère et responsable qui serait avant tout au service des populations puis d'autres ; en érigeant une armée professionnelle, républicaine, bien rémunérée, bien équipée, capable de remplir de manière efficace et efficiente sa mission traditionnelle de défense de l'intégrité territoriale contre toutes les menaces internes et externes . Si non, le statuquo perdurera, c'est-à-dire l'ONU via la MONUSCO continuera à faire le babysitting pour assurer la paix et la sécurité en RDC en lieu et place des forces de défense et sécurité congolaises (FARDC, PNC, etc.). Et les pays voisins tels que le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi continueront à soutenir des groupes armés pour la déstabilisation continue de la RDC et la perpétuation du pillage de ses richesses naturelles. D'où, l'application stricte de l'Accord-cadre d'Addis-Abeba par les 11 pays signataires dont la RDC, c'est-à-dire que chaque pays respecte scrupuleusement ses engagements. Ce qui conduira la sous-région des Grands Lacs africains en proie à l'instabilité chronique depuis des

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    indépendances à la stabilité et au développement durable pour le bonheur de ses populations. Et passera du qualificatif de « ventre mou » de l'Afrique au qualificatif de « havre de paix » voire d'« épicentre du développement durable » du continent africain.

    Pour la vérification de ces hypothèses, nous avons non seulement subdivisé notre travail en trois chapitres mais aussi empruntait un corps méthodologique composé de la méthode systémique et des techniques documentaire et celle d'interview libre.

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    BIBLIOGRAPHIE

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    5. BRAECKMAN, C., L'enjeu congolais. L'Afrique centrale après MOBUTU, Ed. Fayard, Paris, 1999.

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    11. Dictionnaire Le Larousse illustré, Ed. 2017, Paris

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    13. GRAWITZ M., Méthode de recherche en sciences sociales, Ed. Dalloz, Paris, 1990.

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    22. NAY,O., Lexique de science politique.Vie et institutions politiques, 3ème édition, Dalloz, Paris, 2014.

    23. NDAYWEL è NZIEM, I., Nouvelle histoire du Congo. Des origines à la République Démocratique du Congo, Le Cri Edition, Bruxelles, 2008

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    25. O'SULLIVAN. Geopolitics, Ed. Crum heim, Londres, 1986

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    28. REZSOHAZY, R., Théories et critique des faits sociaux, La renaissances du livre, Paris, 1971.

    29. SHOMBA K., Méthode de recherche en science sociales, Ed. PUK, Kinshasa, 1995.

    30. WAWA, R.et alii , République Démocratique du Congo, mon beau pays, Ed Médiaspaul, Kinshasa, 2007.

    31. WENU BECKER., Recherche scientifique théorie et pratique, Ed. PUK, Lubumbashi, 2006.

    32. ZAKI LAIDI, Malaise de la mondialisation, Ed. Complexe, Paris, 1997.

    2. Cours :

    1. BIYOYA MAKUTA, Initiation à la géopolitique, Cours inédit FSSAP/RI UPN 2005-2006.

    2. BONGELI Yeikelo ya Ato, E., Méthodes de recherche en Sciences Sociales, Notes de cours, G2 SPA, FSSAP, UNIKIN, 2015-2016.

    3. EPEE, Cours d'analyse des systèmes, inédits, L2 SPA, UNIKIN, 20062007.

    4. OMASOMBO Jean, Cours de Méthode de travail scientifique, Inédit, G1SPA, FSSAP, UNIKIN, 2002-2003.

    5. OMASSAMBO TSHONDA, J., initiation au travail scientifique, G1 SPA, FSSAP, 2006-2007, cours inédit.

    76

    6. OMEONGA ONAKUDU, Introduction à la géopolitique, notes de cours L1RI, FSSAP, UNIKIN, 2010.

    3. Mémoire

    ? IWANYANYU MBUNGU, R., Enjeux de l'insécurité persistante au Nord et au Sud Kivu : analyse et perspectives, Mémoire, L2 SPA, FSSAP, UNIKIN, 2010-2011.

    4. Autres documents

    1. Copie de l'Accord-cadre pour la paix, la sécurité et la coopération pour la République Démocratique du Congo et la région signé le 24 février 2013 à Addis-Abeba par onze (11) pays africains.

    2. Rapport socio-économique 2011-2012 et perspectives 2013, Ministère du plan/RDC, février 2013, 80 p.

    3. Résultats proclamés par la CEI et confirmés par la Cour Suprême de Justice en 2005-2006.

    5. Webographie

    1. www.rfi.fr, consulté le en juin 2019.

    2. www.radiookapi.net, consulté en mai et juin 2019.

    3. Gérard GEROLD, « Suivi national des engagements souscrits dans l'Accord-cadre d'Addis-Abeba du 24 février 2013 : État des lieux », Les Cahiers d'Afrique de l'Est / The East African Review [En ligne], 48 | 2014, mis en ligne le 07 mai 2019, consulté le 01 juillet 2019. URL : http://journals.openedition.org/eastafrica/389.

    77

    TABLE DES MATIERES

    EPIGRAPHE i

    DEDICACE ii

    AVANT-PROPOS iii

    INTRODUCTION 1

    2.CHOIX ET INTERET DU SUJET 2

    3.PROBLEMATIQUE 3

    4.HYPOTHESES 6

    5.METHODOLOGIE DE LA RECHERCHE 8

    5.1.Méthode 8

    5.2.Techniques de production des données 10

    6.DELIMITATION DU SUJET 12

    7.SUBDIVISION DU TRAVAIL 12

    8.DIFFICULTES RENCONTREES 12

    CHAPITRE I. LES CONSIDERATIONS GENERALES 14

    SECTION 1 : DEFINITION DES CONCEPTS 14

    1.3.1.Notion sur la géopolitique 17

    1.3.2.Définitions 17

    1.3.3.L'évolution de la géopolitique 20

    1.3.4.Géopolitique et géostratégie 23

    1.4.Stabilisation 23

    1.5.Géostratégie 24

    SECTION 2 : PRESENTATION DE L'ACCORD-CADRE D'ADDIS-ABEBA 27

    SECTION 3 : PRESENTATION DE LA REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO 31

    3.1. Situation géographique 31

    3.2. Bref aperçu historique 32

    3.3. Situation politique 34

    3.4.Situation économique 37

    2.4.Situation socio-culturelle 40

    CHAPITRE II. QUELQUES CAUSES DE L'INSTABILITE DE LA RDC 42

    SECTION 1 : LES CAUSES LOINTAINES 42

    SECTION 2 : LES CAUSES IMMEDIATES 45

    78

    CHAPITRE III. IMPLICATION GEOPOLITIQUE DE L'ACCORD-CADRE

    D'ADDIS-ABEBA SUR LA STABILISATION DE LA RDC 50

    SECTION 1 : IMPACT DE L'ACCORD-CADRE SUR LA PAIX ET LA SECURITE EN RDC 50

    1.1.Réforme du secteur de la sécurité 52

    +Police Nationale Congolaise (PNC) 53

    +Le cas particulier des mutins du CNDP 55

    +Réforme de la Justice 56

    +Crimes de guerre et crimes contre l'Humanité 56

    +La persistance des groupes armés à l'Est du Congo 57

    +Réconciliation, respect des Droits humains et démocratisation 58

    +Répression politique 58

    +Etat de la Décentralisation 59

    SECTION 2 : IMPLICATION DE L'ACCORD-CADRE SUR LA STABILITE DE LA REGION DES GRANDS

    LACS AFRICAINS 59

    2.1. Rwanda 60

    2.2. Ouganda 63

    2.3. Burundi 66

    SECTION 3 : DEFIS ET PERSPECTIVES 69

    CONCLUSION 71

    BIBLIOGRAGHIE 74

    3.Mémoire 76

    ANNEXE 79

    79

    ANNEXE

    ACCORD-CADRE D'ADDIS-ABEBA (ETHIOPIE) SIGNE LE 24 FEVRIER 2013






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"Il existe une chose plus puissante que toutes les armées du monde, c'est une idée dont l'heure est venue"   Victor Hugo