Résumé
La présente étude a permis de réaliser
une analyse sur l'état actuel du marché de bois énergie
dans le village de Kouré. Nous avons ainsi pu constater plusieurs faits
marquants dont trois (3) majeurs qui détermineront la progression de
cette analyse, Il s'agit : de l'inexistence d'un Marché Rural (MR) dans
le village de Kouré puis de la coupe et la vente incontrôlé
du bois. Cette étude a été possible grâce à
des travaux orientés, dont les enquêtes réalisées
auprès de la population locale et des acteurs directement
concernés par l'exploitation du bois énergie à savoir les
charretiers et les camionneurs. Elle a aussi permis, sur la base
d'enquêtes précédentes, de statuer sur le fonctionnement
effectif du
marché de bois énergie et l'impact du
bucheronnage sur l'environnement et particulièrement sur le massif
forestier de Kouré. La réduction considérable du couvert
végétal est marquée par la disparition de plusieurs
espèces, l'augmentation du nombre d'espèces menacées
d'extinction et l'extension régulière des surfaces de culture.
Tous sont des indicateurs qui ont permis de statuer sur l'état actuel
des espèces ligneuses, le mode d'exploitation des ressources
forestières et la responsabilité des villageois dans
l'évolution du massif forestier de Kouré d'où provient une
partie du bois énergie vendu sur ledit marché.
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Partie I : Cadre théorique de l'étude
I. Introduction
Situé au coeur du Sahel Ouest Africain, le Niger
s'étend sur une superficie de 1.267.000 Km2. Il est
limité à l'Ouest par le Mali et le Burkina Faso, au Sud par le
Nigeria et le Bénin, à l'Est par le Tchad, au Nord par
l'Algérie et la Libye. Sa population était, en 2011
estimée à 15.730.754 habitants. Son taux moyen de croissance
démographique est estimé à 3,3%. Par contre son taux de
croissance économique est déficitaire, étant donné
que plus de 63% de la population est pauvre et que pas moins de 80% de celle-ci
concentrée au sud vie essentiellement des Ressources Naturelles:
agriculture, élevage, exploitation forestière et pêche.
(MHE/LCD, 2005)
Le Niger, comme les autres pays de l'Afrique au sud du Sahara
se trouve confronté à une forte dégradation de son
potentiel productif, résultante d'une situation climatique globalement
défavorable depuis les vingt (20) dernières années. En
effet, sécheresses successives, accroissement démographique et
pauvreté sont trois(3) facteurs déterminants de la
problématique environnementale au Niger. On assiste notamment à
une dégradation très marquée des ressources
forestières (Ichaou, 2010).
Cette situation à ainsi conduit le Niger à se
fixer des axes prioritaires afin de garantir le développement du secteur
de l'environnement. Ce sont entre autres:
1. La lutte contre l'érosion hydrique ;
2. le reboisement participatif ;
3. l'aménagement et la gestion des forêts
naturelles à travers la SED.
C'est dans le cadre de la SED, qu'ont été
crées les MR dès 1989 avec l'appui du Danemark. Cet acquit fut
consolidé par l'entrée en vigueur de l'ordonnance N° 92-037
du 21 Août 1992 portant organisation de la commercialisation et du
transport de bois dans les grandes agglomérations.
Le village de Kouré, Chef lieu du canton située
à 60 km à l'Est de Niamey a aussi bénéficié
des avantages de la SED par l'implantation d'un MR. Celui-ci a vu le jour
officiellement en 1995 puis a changé de statut (dans le cadre de la
transformation progressive des MRO en MRC) suite à l'aménagement
du massif forestier du village de Kouré entre 2000 et 2001 par le GTA/CR
sous mandat du PED II.
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Ce MR n'a pas pu survivre au-delà de l'année
2009, à cause de plusieurs et mêmes raisons, qui ont
été à l'origine de l'arrêt du fonctionnement de
plusieurs autres MR de la zone de Kouré à savoir : les
détournements de fonds par des membres de la SLG, les malversations de
bon nombre de bûcherons, et bien d'autres raisons toutes ayant conduit
aux disfonctionnement de la SLG. Aujourd'hui, l'inexistence de cette structure
de gestion a conduit à l'intensification de l'exploitation
incontrôlée du bois énergie. Cela justifie le cadre
informel dans lequel la vente et la coupe de bois se déroulent
actuellement dans le village de Kouré.
1.1. Contexte de l'étude
Sur le continent Africain particulièrement au Sud du
Sahara, l'essentiel des comestibles domestiques est constitué de bois,
de charbon de bois et de produits relatifs à l'exploitation
pétrolière tels que le gaz butane ou encore le pétrole
(Hadjara, 2003).
Au Niger, pays sahélien, la précarité de
la situation socio-économique est due à un certain nombre de
facteurs : le climat marqué par une pluviométrie réduite
et un cycle de sècheresse récurant occasionnant une
désertification accélérée ; une forte croissance
démographique qui entraine une pression sur les ressources naturelles
réduisant de manière significative l'espace cultivable (Ichaou,
2010). En effet, la population rurale fait face à d'énormes
problèmes de survie compte tenu des conditions écologiques et
climatiques instables. Cette situation entraîne une surexploitation des
ressources naturelles et particulièrement du potentiel forestier qui est
plus accessible et moins couteux. Pour la communauté internationale, le
développement socio-économique et culturel, la
préservation des écosystèmes sont indissociables pour une
gestion durable et rationnelle des ressources naturelles (Abdoulaye, 2012).
C'est dans cette optique que le Niger à l'instar des
autres pays en voie de développement s'est vu contraint de mettre la
gestion durable des ressources naturelles au centre de sa politique. Conscient
du danger que constitue l'exploitation abusive du bois dans les massifs
forestiers sur l'étendue du territoire national, le Niger a
décidé, lors de la conférence de Maradi en 1984 d'associer
les populations riveraines à la gestion des forêts. Cinq (5) ans
après celle-ci, le Niger adoptait en 1989 la Stratégie Energie
Domestique(SED) comme axe majeur de sa politique
forestière en faisant le choix d'aborder prioritairement la question de
l'approvisionnement en bois de feu des centres urbains par l'aménagement
forestier communautaire. Depuis près de 20 ans, cette politique
initiée par l'ordonnance n°92-037 autorisant la création de
marchés ruraux de bois, accorde la possibilité de percevoir des
taxes sur l'exploitation des ressources naturelles et particulièrement
du potentiel forestier. Ceci permet la réalisation d'une gestion
participative des forêts par les villageois riverains et une
amélioration de leurs conditions de vie contribuant ainsi à la
lutte contre la pauvreté et la protection de l'environnement.
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Cette volonté de l'Etat se concrétise par la
définition de grandes lignes d'orientation pour la protection de
l'environnement, dont Le Programme National de l'Environnement pour un
Développement Durable en 2005(PNEDD) et, bien avant le
PNEDD : le Projet Energie Domestique phases II (PED,
1989-1998) et le Projet d'Aménagement des Forêts
Naturelles (PAFN) ayant contribué à la
création des Marchés Ruraux (MR) (Moussa
Léko, 2006). Cela a été soutenu par l'ordonnance
N° 92-037 du 21 Août 1992 portant organisation de la
commercialisation et du transport de bois dans les grandes
agglomérations, et de la fiscalité qui lui est applicable
(voir annexe n°2).
Mais malgré la détermination de l'Etat, force
est de constater que la faiblesse du Produit Intérieur Brute
(PIB) et la poussée démographique croissante
accélèrent l'utilisation des ressources forestières ; car
la consommation énergétique de la majeur partie de cette
population reste toujours dépendante de ces forêts. Selon le
Ministère des Mines et de l'Energie, le bois représente
aujourd'hui encore, plus de 83 % de l'énergie domestique
consommée dans le pays (source : MME). Le
bois-énergie constitue le principal élément de
satisfaction des besoins en énergie domestique des populations au Niger.
Toujours dans le sens de la sauvegarde de la biodiversité, le Niger
possède sept(7) Aires protégées, ce qui représente
14% du son territoire national dont le village de Kouré qui fait l'objet
de notre étude (zone-girafes).
En effet le village de Kouré fait partie de la commune
rurale de Kouré qui, elle-même se trouve dans le
département de Kollo, précisément dans la région de
Tillabéry. Dans le cadre de la SED, l'Etat nigérien en
collaboration avec le Royaume de Danemark a permis l'installation de
marchés ruraux de bois consolidé d'un statut légal par
l'article 8 de l'ordonnance N°92-037. Le village de Kouré
(sur demande des populations locales) fut aussi choisi pour l'implantation d'un
marché rural de Bois énergie, bénéficiant ainsi de
toutes les prévisions rattachées à cette initiative,
à savoir une Structure locale de Gestion (SLG), un système
fiscal, etc. Ceci afin d'assurer une gestion rationnelle du massif forestier de
cette localité qui s'étant sur environ 2493 ha (GTA/CR,
2001) et de garantir aux villageois une activité rentable de
survie après l'agriculture.
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