République du Niger
Université Abdou Moumouni Faculté de Science et
Technique
Niamey Département de Biologie
Mémoire de fin d'étude pour l'obtention
de la licence en Biodiversité et Gestion de
l'Environnement
Thème : « Analyse du fonctionnement du
marché rural de bois énergie du village de
Kouré »
Présenté
par .
· Directeur de
Mémoire .
·
Issaka Kimba Noufou Pr. Ali Mahamane
Ousseïni Niandou Fati
Ngaba Waye Taroum Caleb
Année académique
2011-2012
Tables de matières
Dédicace i
Remerciements i
Sigles et Acronymes ii
Liste de tableaux et figures iii
Liste des photos iii
Définitions de quelques termes iv
Résumé vi
Partie I : Cadre théorique de l'étude
1
I. Introduction 1
1.1. Contexte de l'étude 2
1.2. Hypothèses 3
1.3. Objectifs 4
1.3.1. Objectif général 4
1.3.2. Objectifs spécifiques 4
II. Matériel et Méthodes 4
2.1. Elaboration d'un protocole de recherche 4
2.2. Recherches documentaires 4
2.3. Elaboration des questionnaires et guides d'entretien 5
2.4. Entretiens 6
2.5. Observations directes: brousse tigrée et aires
d'occupation 6
Partie II : Généralités sur la zone
d'étude 7
III. Aspects physique et Socio-économique 7
3.1. Historique du peuplement 7
3.2. Situation géographique et administrative 7
3.3. Population 8
3.4. Climat 8
3.5. Les sols 9
3.6. La végétation 9
3.7. Aspects socio-économiques : Activités locales
9
3.7.1. L'agriculture 9
3.7.2. L'élevage 10
3.7.3. Le commerce 10
3.7.4. Le tourisme 10
3.7.5. La coupe de bois `'bucheronnage» 11
Partie III : Résultats et analyses des
données 11
IV. Résultats et Discussions 11
4.1. Genèse des MR de bois-énergie 11
4.1.1. Stratégie Energie Domestique (SED) 11
4.1.2. Structuration du marché rural du village de
Kouré 12
4.1.3. Etat actuel du marché de bois énergie 13
4.1.4. Les acteurs de la filière 13
4.2. Mode de fonctionnement et d'approvisionnement 14
4.2.1. Fonctionnement 14
4.2.2. Approvisionnement 16
4.2.3. Contrôle forestier 18
4.2.4. Taxes et recettes 19
4.3. Etat d'évolution du massif forestier et impacts de
l'exploitation 22
4.3.1. Description 22
4.3.2. Etat antérieur 22
4.3.3. Etat actuel 23
4.3.4. Espèces menacés 23
4.3.5. Cause de la fermeture du MRC 25
4.4. Discussion 26
Partie IV: Conclusion et Recommandations 28
Conclusion 28
Recommandations 30
Références bibliographiques 32
Annexes 34
Annexe 1 : fiches d'enquête et d'entretien 34
Annexe 2 : ordonnance n°92-037 du 21 Août 1992
34
Annexe 3 : fiches de questionnaires destinées aux
acteurs de la filières 34
Dédicace
Nous voulons faire de ce travail un objet de dédicace
spéciale à l'endroit de toutes les communautés rurales du
Niger et d'Afrique. Celles-là qui, malgré qu'elles constituent le
réservoir des richesses de la nation, vivent dans des conditions
difficiles pour ne pas dire invivables tout en préservant avec forces
leurs valeurs culturelles et ancestrales, celles qui font la fierté de
l'Afrique.
Aussi nous ne saurons oublier nos parents qui depuis toutes
ces années nous ont toujours soutenus et nous soutiennent encore. Que
Dieu le Tout-Puissant leur accorde Sa grâce en retour.
Remerciements
Nos remerciements vont premièrement à l'endroit
de Dieu pour le souffle de vie qu'Il renouvelle chaque jour en nous. Ils vont
aussi à l'endroit de nos familles respectives, nos ami(e)s et tous ceux
qui d'une façon ou d'une autre ont contribué à la
réalisation de cette étude. Très particulièrement
nous tenons à remercier l'aimable et accueillant peuple du village de
Kouré, ses autorités communales et cantonales. Nous n'aurions pu
réaliser cette étude sans leur active participation et leur
attention à l'égard de notre promotion (L3 BIGE 2011-2012) lors
de notre séjour dans leur village.
Enfin il est juste et digne de notre part de dire à
l'ensemble des enseignants de la FAST de l'UAM et très distinctement
à ceux du département de Biologie MERCI pour nous avoir
encadré, supporter et pour avoir accepté volontairement de
partager avec nous l'immensité des connaissances dont ils sont encore
les vecteurs par excellence. Nous vous serons toujours reconnaissants et nous
demandons à Dieu de vous le rendre au centuple selon vos nobles efforts.
Aussi nous ne saurons finir sans dire merci à tous les camarades de la
filière, à savoir ceux de la promotion L3 BIGE 2011-2012 pour
leur collaboration et leur fraternité manifestée à notre
égard durant tout notre séjour à Kouré.
II
Sigles et Acronymes
CB : Contribution des Bûcherons
CRK : Commune Rurale de Kouré
ESS : Entretiens Semi-Structurés
FA : Faculté d'Agronomie
FAF : Fonds d'Aménagement Fiscal
FAO : Fonds des Nations Unies pour
l'Alimentation
FAST : Faculté des Sciences et
Techniques
FDV : Fonds de Développement
Villageois ou Caisse Villageoise
GTA/CR : Groupe Technique d'appui aux
Communautés rurales
INRAN : Institut National de la Recherche
Agricole du Niger
INS : Institut National de la Statistique
MEH/RN : Ministère de l'Environnement
et de l'Hydraulique
MHE/LCD : Ministère de l'Hydraulique,
de l'Environnement et de la Lutte contre la
Désertification au Niger.
MME : Ministère des Mines et de
l'Energie du Niger
MR: Marché Rural
MRC: Marché Rural
Contrôlé
MRO : Marché Rural Orienté
PAFN : Projet d'Aménagement des
Forêts Naturelles
PED II : Projet Energie Domestique phase
II
PIB : Produit Intérieur Brut
PNEDD: Programme National de l'Environnement
pour un Développement Durable
SLG : Structure Locale de Gestion
SED : Stratégie Energie Domestique
UAM : Université Abdou Moumouni
III
Liste de tableaux et figures
Tableau n°1 : Résumé du contenu des
fiches d'enquêtes et d'entretiens 6
Tableau n°2 : détails sur l'état de
l'exploitation du massif forestier entre 2002-2009 16
Tableau n°3 : Répartition des taxes sur le
transport et la commercialisation du bois 19
Tableau n°4 : Répartition des recettes de la
taxe revenant aux SLG 20
Tableau n°5 : Répartition des recettes de la
taxe revenant au budget des collectivités 20
Tableau n°6 : Une répartition des taxes en
fonction des parcelles exploitées 21
Tableau n°7 : estimation des recettes de la SLG en
fonction du quota attribué 21
Tableau n°8 : Estimation des recettes de la SLG
entre 2002-2009 25
Figure n°1: carte de la région de
Tillabéry 7
Figure n°2: cumul pluviométrique sur 11ans
à la station de Kouré 8
Liste des photos
Photo n°1 : charretier-bûcheron du village de
Kouré 13
Photo n°2 : camionneur de Niamey 13
Photo n°3 : enclos entourant un grenier
16
Photo n°4 : utilisation du bois énergie
16
Photo n°5 : hangars construit à base de
ligneux (Kouré, 31.12.12) 16
Photo n°6: "Kamba guindey" illustration de la mesure
des dimensions normales de coupe 17
Photos n°7&8 : importance de Combretum
micranthum sur le marché 18
Photo n°9: pied de zata 25
Photo n°10: feuille de zata 25
Photo n°11: exemplaires coupon taxe 28
iv
Définitions de quelques termes
Afin de rendre plus fluide la compréhension de cette
étude nous avons trouvés nécessaire de donner la
signification d'un certain nombre de termes utilisés tout au long de la
rédaction de cette étude.
.
· Aire protégée : une
zone où des mesures particulières de gestion sont mises en
oeuvre, dans un objectif de protection, restauration et gestion du milieu, des
habitats naturels et des espèces. Un Certain nombre d'activités
peuvent y être interdites.
· Bois-énergie : on entend par
cette expression tous bois produisant de la chaleur par combustion. D'une part
ce bois peut être utilisé directement comme bois de chauffe et
d'autre part transformé en charbon de bois où est
concentré le maximum de carbone avant utilisation domestique.
· Comestible domestique : se dit du
bois susceptible d'être consommé dans les foyers comme source
d'énergie.
· Energies Domestiques (ED) : ce sont
celles utilisées par les ménages pour la cuisson, le chauffage,
l'éclairage ou tout autre usage domestique nécessaire à la
satisfaction des besoins élémentaires des populations.
· Espèce ligneuse : se dit d'une
plante dont la tige la tige (ou Xylème) est rigide grâce à
la présence de la lignine qui est une macromolécule organique
donnant à la plante sa solidité.
· Exploitation contrôlée :
coupe en zone forestière aménagée où en
plus du ramassage du bois sec, l'exploitation du bois vert est aussi
autorisée pour les espèces non menacées.
· Exploitation incontrôlée :
coupe en zone qui n'est pas sous aménagement dite aussi domaine
protégé. L'État est propriétaire et y autorise
l'exploitation lorsque la ressource est présente.
· Exploitation orientée : coupe
en zone forestière dont le plan d'aménagement n'est pas
finalisé mais où seul le bois mort est exploité.
· Fonds d'aménagement : capital
destiné à faire des travaux d'entretiens et d'aménagement
sur les forêts de l'Arrondissement.
· Fond de développement villageois :
pourcentage prélevé sur les recettes de la vente du
bois-énergie et destiné à des réalisations
concrètes pour l'amélioration des conditions de vie des
villageois.
·
V
Gestion durable des ressources naturelles :
c'est l'utilisation rationnelle du potentiel naturel biotique et
abiotique visant à la sauvegarde de la diversité biologique afin
de satisfaire les besoins actuels et ceux des générations
futures.
· La brousse tigrée : est une
structure de végétation constituée d'alternance
régulière de bandes végétalisées (arbustes
ou herbacées) et de bandes de sol nu ou de faible couverture
herbacée.
· La cuirasse latéritique : est
une couche superficielle formée par le durcissement d'un type de sol ou
latérite, roche de couleur rouge riche en fer en en alumine. C'est un
type de sol propre aux régions tropicales.
· Marchés ruraux : ils
s'entendent comme des places où sont créées des structures
organisées pour l'exploitation et la commercialisation du bois hors des
milieux urbains.
· Massif forestier : c'est l'ensemble
des espèces végétales (herbacés et ligneux) et de
toutes autres ressources naturelles reparties suivant le type de relief, sur
l'ensemble des écosystèmes de la zone.
· Stère : unité de mesure
de volume équivalent à un mètre cube et employé
pour mesurer le bois.
· Stratégie Energie Domestique :
se définit suivant trois axes dont l'aménagement
forestier, l'économie d'énergie et le développement des
énergies alternatives et de substitutions. (Hamidil Alio,
2004)
vi
Résumé
La présente étude a permis de réaliser
une analyse sur l'état actuel du marché de bois énergie
dans le village de Kouré. Nous avons ainsi pu constater plusieurs faits
marquants dont trois (3) majeurs qui détermineront la progression de
cette analyse, Il s'agit : de l'inexistence d'un Marché Rural (MR) dans
le village de Kouré puis de la coupe et la vente incontrôlé
du bois. Cette étude a été possible grâce à
des travaux orientés, dont les enquêtes réalisées
auprès de la population locale et des acteurs directement
concernés par l'exploitation du bois énergie à savoir les
charretiers et les camionneurs. Elle a aussi permis, sur la base
d'enquêtes précédentes, de statuer sur le fonctionnement
effectif du
marché de bois énergie et l'impact du
bucheronnage sur l'environnement et
particulièrement sur le massif
forestier de Kouré. La réduction considérable du couvert
végétal est marquée par la disparition de plusieurs
espèces, l'augmentation du nombre d'espèces menacées
d'extinction et l'extension régulière des surfaces de culture.
Tous sont des indicateurs qui ont permis de statuer sur l'état actuel
des espèces ligneuses, le mode d'exploitation des ressources
forestières et la responsabilité des villageois dans
l'évolution du massif forestier de Kouré d'où provient une
partie du bois énergie vendu sur ledit marché.
1
Partie I : Cadre théorique de l'étude
I. Introduction
Situé au coeur du Sahel Ouest Africain, le Niger
s'étend sur une superficie de 1.267.000 Km2. Il est
limité à l'Ouest par le Mali et le Burkina Faso, au Sud par le
Nigeria et le Bénin, à l'Est par le Tchad, au Nord par
l'Algérie et la Libye. Sa population était, en 2011
estimée à 15.730.754 habitants. Son taux moyen de croissance
démographique est estimé à 3,3%. Par contre son taux de
croissance économique est déficitaire, étant donné
que plus de 63% de la population est pauvre et que pas moins de 80% de celle-ci
concentrée au sud vie essentiellement des Ressources Naturelles:
agriculture, élevage, exploitation forestière et pêche.
(MHE/LCD, 2005)
Le Niger, comme les autres pays de l'Afrique au sud du Sahara
se trouve confronté à une forte dégradation de son
potentiel productif, résultante d'une situation climatique globalement
défavorable depuis les vingt (20) dernières années. En
effet, sécheresses successives, accroissement démographique et
pauvreté sont trois(3) facteurs déterminants de la
problématique environnementale au Niger. On assiste notamment à
une dégradation très marquée des ressources
forestières (Ichaou, 2010).
Cette situation à ainsi conduit le Niger à se
fixer des axes prioritaires afin de garantir le développement du secteur
de l'environnement. Ce sont entre autres:
1. La lutte contre l'érosion hydrique ;
2. le reboisement participatif ;
3. l'aménagement et la gestion des forêts
naturelles à travers la SED.
C'est dans le cadre de la SED, qu'ont été
crées les MR dès 1989 avec l'appui du Danemark. Cet acquit fut
consolidé par l'entrée en vigueur de l'ordonnance N° 92-037
du 21 Août 1992 portant organisation de la commercialisation et du
transport de bois dans les grandes agglomérations.
Le village de Kouré, Chef lieu du canton située
à 60 km à l'Est de Niamey a aussi bénéficié
des avantages de la SED par l'implantation d'un MR. Celui-ci a vu le jour
officiellement en 1995 puis a changé de statut (dans le cadre de la
transformation progressive des MRO en MRC) suite à l'aménagement
du massif forestier du village de Kouré entre 2000 et 2001 par le GTA/CR
sous mandat du PED II.
2
Ce MR n'a pas pu survivre au-delà de l'année
2009, à cause de plusieurs et mêmes raisons, qui ont
été à l'origine de l'arrêt du fonctionnement de
plusieurs autres MR de la zone de Kouré à savoir : les
détournements de fonds par des membres de la SLG, les malversations de
bon nombre de bûcherons, et bien d'autres raisons toutes ayant conduit
aux disfonctionnement de la SLG. Aujourd'hui, l'inexistence de cette structure
de gestion a conduit à l'intensification de l'exploitation
incontrôlée du bois énergie. Cela justifie le cadre
informel dans lequel la vente et la coupe de bois se déroulent
actuellement dans le village de Kouré.
1.1. Contexte de l'étude
Sur le continent Africain particulièrement au Sud du
Sahara, l'essentiel des comestibles domestiques est constitué de bois,
de charbon de bois et de produits relatifs à l'exploitation
pétrolière tels que le gaz butane ou encore le pétrole
(Hadjara, 2003).
Au Niger, pays sahélien, la précarité de
la situation socio-économique est due à un certain nombre de
facteurs : le climat marqué par une pluviométrie réduite
et un cycle de sècheresse récurant occasionnant une
désertification accélérée ; une forte croissance
démographique qui entraine une pression sur les ressources naturelles
réduisant de manière significative l'espace cultivable (Ichaou,
2010). En effet, la population rurale fait face à d'énormes
problèmes de survie compte tenu des conditions écologiques et
climatiques instables. Cette situation entraîne une surexploitation des
ressources naturelles et particulièrement du potentiel forestier qui est
plus accessible et moins couteux. Pour la communauté internationale, le
développement socio-économique et culturel, la
préservation des écosystèmes sont indissociables pour une
gestion durable et rationnelle des ressources naturelles (Abdoulaye, 2012).
C'est dans cette optique que le Niger à l'instar des
autres pays en voie de développement s'est vu contraint de mettre la
gestion durable des ressources naturelles au centre de sa politique. Conscient
du danger que constitue l'exploitation abusive du bois dans les massifs
forestiers sur l'étendue du territoire national, le Niger a
décidé, lors de la conférence de Maradi en 1984 d'associer
les populations riveraines à la gestion des forêts. Cinq (5) ans
après celle-ci, le Niger adoptait en 1989 la Stratégie Energie
Domestique(SED) comme axe majeur de sa politique
forestière en faisant le choix d'aborder prioritairement la question de
l'approvisionnement en bois de feu des centres urbains par l'aménagement
forestier communautaire. Depuis près de 20 ans, cette politique
initiée par l'ordonnance n°92-037 autorisant la création de
marchés ruraux de bois, accorde la possibilité de percevoir des
taxes sur l'exploitation des ressources naturelles et particulièrement
du potentiel forestier. Ceci permet la réalisation d'une gestion
participative des forêts par les villageois riverains et une
amélioration de leurs conditions de vie contribuant ainsi à la
lutte contre la pauvreté et la protection de l'environnement.
3
Cette volonté de l'Etat se concrétise par la
définition de grandes lignes d'orientation pour la protection de
l'environnement, dont Le Programme National de l'Environnement pour un
Développement Durable en 2005(PNEDD) et, bien avant le
PNEDD : le Projet Energie Domestique phases II (PED,
1989-1998) et le Projet d'Aménagement des Forêts
Naturelles (PAFN) ayant contribué à la
création des Marchés Ruraux (MR) (Moussa
Léko, 2006). Cela a été soutenu par l'ordonnance
N° 92-037 du 21 Août 1992 portant organisation de la
commercialisation et du transport de bois dans les grandes
agglomérations, et de la fiscalité qui lui est applicable
(voir annexe n°2).
Mais malgré la détermination de l'Etat, force
est de constater que la faiblesse du Produit Intérieur Brute
(PIB) et la poussée démographique croissante
accélèrent l'utilisation des ressources forestières ; car
la consommation énergétique de la majeur partie de cette
population reste toujours dépendante de ces forêts. Selon le
Ministère des Mines et de l'Energie, le bois représente
aujourd'hui encore, plus de 83 % de l'énergie domestique
consommée dans le pays (source : MME). Le
bois-énergie constitue le principal élément de
satisfaction des besoins en énergie domestique des populations au Niger.
Toujours dans le sens de la sauvegarde de la biodiversité, le Niger
possède sept(7) Aires protégées, ce qui représente
14% du son territoire national dont le village de Kouré qui fait l'objet
de notre étude (zone-girafes).
En effet le village de Kouré fait partie de la commune
rurale de Kouré qui, elle-même se trouve dans le
département de Kollo, précisément dans la région de
Tillabéry. Dans le cadre de la SED, l'Etat nigérien en
collaboration avec le Royaume de Danemark a permis l'installation de
marchés ruraux de bois consolidé d'un statut légal par
l'article 8 de l'ordonnance N°92-037. Le village de Kouré
(sur demande des populations locales) fut aussi choisi pour l'implantation d'un
marché rural de Bois énergie, bénéficiant ainsi de
toutes les prévisions rattachées à cette initiative,
à savoir une Structure locale de Gestion (SLG), un système
fiscal, etc. Ceci afin d'assurer une gestion rationnelle du massif forestier de
cette localité qui s'étant sur environ 2493 ha (GTA/CR,
2001) et de garantir aux villageois une activité rentable de
survie après l'agriculture.
1.2. Hypothèses
Nous avons orientés nos recherches et observations sur
le terrain en nous basant sur les hypothèses suivantes:
- le marché rural de bois énergie du village de
Kouré ne serait plus fonctionnel ;
- Il n'y aurait plus un suivi régulier de la coupe de bois
dans le massif forestier du village ;
- l'usage du bois comme source d'énergie et sa
commercialisation informelle auraient des effets néfastes et visibles
sur le massif forestier.
4
1.3. Objectifs
1.3.1. Objectif général
Cette étude a pour objectif général de faire
l'analyse du fonctionnement du marché rural de bois énergie du
village de Kouré afin d'en ressortir l'état actuel de
l'exploitation de bois énergie dans ledit village.
1.3.2. Objectifs spécifiques
C'est l'ensemble des activités indispensables pour
atteindre l'objectif principal cité ci-haut.
- Dégager éventuellement le mode de fonctionnement
du marché rural de bois énergie du
village de Kouré;
- Enumérer les modes d'exploitation du bois énergie
dans le village de Kouré ;
- Inventorier les espèces utilisées comme bois
énergie et identifier les plus menacées
d'entre elles ;
- Décrire l'état d'évolution de la flore du
massif forestier de Kouré et les effets de la coupe
du bois sur
celui-ci ;
- Identifier les différents intervenants de la
filière bois-énergie au niveau du village de
Kouré.
II. Matériel et Méthodes
2.1. Elaboration d'un protocole de recherche
Cette étape capitale pour la réalisation de notre
étude a consisté à émettre un certain nombre
d'hypothèses de recherche permettant de dégager les objectifs
spécifiques qui vont concourir à la réalisation de
l'objectif principale de notre étude.
2.2. Recherches documentaires
Nous nous avons consulté diverses sources afin d'obtenir
la documentation nécessaire pour réaliser une analyse
conséquente. Ces sources sont :
- Des bibliothèques, dont celle de la Faculté
d'Agronomie (FA) et la Faculté des Sciences
et Techniques (FAST) de
l'Université Abdou Moumouni (UAM-Niamey) ;
- Des mémoires de fin d'étude traitant de la
question du bois énergie au Niger
- Le bureau de documentation du centre des eaux et forêts
de Niamey ;
- L'Institut National de la Recherche Agronomique du Niger
(INRAN) ;
- Le Ministère de l'Environnement et de l'Hydraulique
(MEH/RN)
5
- Les rapports d'études et activités sur les MR
- Le rapport de l'atelier de validation du Projet Niger Fauna
Corridor (PAFN) qui vise a
institué une zone de transition entre les
différentes aires protégées du Niger;
- La direction de la Météorologie nationale ;
- Institut National de la Statistique
- Sites WEB relatifs à la filière bois.
2.3. Elaboration des questionnaires et guides
d'entretien
Afin de collecter des données sur le fonctionnement du MR
du village de Kouré, auprès des principaux acteurs et sources
pertinentes du secteur qui fait l'objet de cette étude il a
été élaboré des fiches d'enquêtes s'adressant
à trois (3) catégories de personnes:
ü La première : constituée d'acteurs du
marché local
- Les Charretiers (eux-mêmes bûcherons et vendeurs)
;
- Les camionneurs-transporteurs ;
- Les commerçantes urbaines (revendeuses)
- Les anciens membres de la SLG
ü La seconde : constituée de villageois riverains
- Agriculteurs ;
- Éleveurs ;
- Les ménagères
ü Enfin la dernière constituée :
- Des autorités administratives locales (communales et
cantonales)
- Des agents du service local des eaux et forêts.
Les questionnaires et guides d'entretien sont mis en annexes
(n°1&3). Les points essentiels sur lesquels ceux-ci ont portés,
se résument dans le tableau n°1 :
6
Tableau n°1 : Résumé du contenu des
fiches d'enquêtes et d'entretiens
Acteurs concernés
|
Aspects pris en compte
|
Acteurs du MR local (charretiers,
camionneurs, commerçantes, anciens membres de
la SLG)
|
- Sites de récolte du bois
- Différentes espèces exploitées
- Le mode d'exploitation
- Les raisons de la pratique du métier
- La destination du bois acheté
- Les taxes et revenus liés au circuit
d'exploitation du bois énergie.
- Situation actuelle du MR
|
Villageois riverains (Agriculteurs,
éleveurs et
ménagères)
|
- Type de bois utilisé pour les besoins
domestiques (sec ou frais)
- Le mode d'exploitation
- Les impacts de l'exploitation du
bois sur l'environnement
- Les énergies alternatives
(fréquence d'utilisation, coût, etc.)
- Inventaire des espèces ligneuses menacées
de la zone.
|
Agents de l'Etat
|
- La réglementation de la coupe de
bois (contrôle, taxes, sensibilisation, etc.)
- Effort de l'Etat pour l'amélioration
du niveau de vie et protection de l'environnement dans le
village.
|
2.4. Entretiens
Ce sont des entretiens semi-structurés
(ESS) c'est-à-dire réalisés en partant du
principe d'adaptation des questions suivant l'objectif fixé: avec le
maire de la commune rurale, le chef du canton, les agents du poste forestier de
Kouré, les anciens membres de la SLG. Le but de ces entretiens, est de
rénover les données générales en recueillant les
informations récentes auprès des personnes sources cité
plus haut. Elles ont été complétées par des
observations personnelles faites sur le terrain.
2.5. Observations directes: brousse tigrée et aires
d'occupation
Le séjour effectué sur le terrain a permis de
vérifier les informations recueillies auprès des populations
ainsi que celles provenant des entretiens avec les services techniques.
Grâce à ces dernières nous avons pu nous enquérir de
l'état de dégradation des ressources naturelles et constater
l'influence de l'action anthropique sur la flore.
Partie II : Généralités sur la
zone d'étude
III. Aspects physique et Socio-économique
3.1. Historique du peuplement
Dans le mythe des villageois, il existait une vache
dénommée « Kouréwa ». Celle-là servait de
guide pour cette tribu, car les villageois considéraient que cette vache
pâturait et se reposait à un endroit où il ferait forcement
bon vivre, un lieu dans lequel la prospérité, la
sécurité et la paix règneraient inconditionnellement.
Après avoir quitté un campement nommé
`'Namari `' (Bauhinia rufescens) du nom
d'une plante jadis très répandue dans la zone, les ancêtres
des autochtones suivaient Kouréwa qui les conduisit d'abord au bord d'un
marigot puis sur le site actuel du village de Kouré. Jusqu'à
présent ce marigot porterait le nom de Kouréwa, en mémoire
de la vache.
Actuellement, la population est majoritairement
constituée de Zarma (agriculteurs), et d'autres ethnies minoritaires
dont : les peuls (éleveurs), les haoussas, les Touareg etc.
3.2. Situation géographique et administrative
La commune rurale de Kouré se situe
géographiquement entre la latitude 13°18'38'' N et la longitude
2°34'34» E, de part et d'autre de la route reliant Niamey au Dallol
Bosso .
Le village de Kouré est le chef lieu du canton de
Kouré qui regroupe à l'heure actuelle 27 villages dont
Kouré Zarma (site de l'étude).
Cependant la commune rurale de Kouré est issue du
département de Kollo au sein de la Région de Tillabéry. Sa
superficie totale est estimée à 10087 hectares.
(Source : Commune Rurale de Kouré, 2012 Echelle
1/75000)
7
Figure n°1 : Carte de la région de
Tillabéry
8
3.3. Population
En 2011 la population de Kouré était
estimée à 42.361 habitants et repartie comme suit : 21.646 hommes
et 20.715 femmes. (INS, 2011)
La revue des chiffres du recensement national de 2001 nous
permet de constater le reflet d'une croissance non négligeable de
l'effectif des habitants de la localité de Kouré, qui
était de 36.720 habitants en 2001. Ce qui équivaut à un
taux de croissance avoisinant 1.5% de façon spécifique à
la localité
3.4. Climat
Le climat est de type soudano-sahélien. Le cumul des
précipitations enregistrées sur une période de onze (11)
ans à Kouré montre une fluctuation pluviométrique
n'excédent guère 600mm/an sauf durant les années 2001
à 2005 comme l'illustre la figure n°1.
Celle-ci n'est pas sans conséquence sur
l'évolution du couvert végétal au niveau de la brousse
tigrée de la région de Kouré. En termes de
température moyenne, La température quotidienne moyenne au Niger
varie entre 31°C et 41° (Wikipédia et la Direction Nationale
de la Météorologie).
Dans la région de Tillabéry les
températures extrêmes fluctuaient entre 24.4°C et 37.9°C
en 2010 selon l'INS. En ce qui concerne la température moyenne de
Kouré, elle était selon la Direction Nationale de la
Météorologie de 30°C en 2012.
Figure n°2 : Cumul pluviométrique sur 11 ans
à la station de Kouré
(Source : Direction de la météorologie
nationale, 2012)
9
3.5. Les sols
Le terroir du village de Kouré se subdivise en trois
unités de paysagères dont :
- Les plateaux à cuirasse latéritique, leur
pente est généralement faible de l'ordre de 1%.
Ces sols sont
inadéquats aux pratiques agricoles et constituent le domaine de la
brousse tigrée. (GTA /CR, 2001)
- Les versants ou glacis pour la plupart limono-sableux
constituants la zone de culture ; et
- Les bas-fonds de nature limono-sableux collectent les eaux de
ruissellement et sont
bordés par une importante végétation.
(Laminou, 2005)
3.6. La végétation
La végétation ligneuse se repartit suivant le type
de relief :
- Les combrétacées : Combretum micranthum
(Koubou)* dominante, Combretum
nigricans (déli)*
espèce en voie de disparition, sur les plateaux et Combretum
glutinosum présent considérablement sur les versants.
- Guiera senegalensis qu'on rencontre sur
l'étendue du terroir de Kouré en dehors des
plateaux où
il existe une infime partie ;
- Piliostigma reticulatum qui concurrence
l'espèce précédente sur l'ensemble des
sols
cultivables.
On rencontre également dans les unités
d'occupation d'autres espèces comme : Balanites aegyptiaca
(Garbey)*, Accacia nilotica (Guiti)*, Azadirachta indica
(Milli)*, Ziziphus Mauritiana (Darey)*, Prosopus juliflora
(Samia), Sclerocarya birrea (Diney)*,
Eucalyptus camaldulensis (Touraré)*, etc. (M.
Garba, 1998 modifié et complété par la FAO). NB
: les noms vernaculaire (Zarma) sont suivis d'un *
3.7. Aspects socio-économiques : Activités
locales
3.7.1. L'agriculture
C'est la principale activité pratiquée par les
villageois dans la commune rurale de Kouré. Elle ne se pratique que
durant la saison de pluies, à cause de l'absence d'un cours d'eau et du
manque de terres de bas-fonds qui leurs auraient permis de pratiquer des
cultures de contre saison. Les produits les plus cultivés sont le mil,
le sorgho, le maïs, le niébé, l'arachide, le gombo,
l'oseille et le sésame. Les terres de bas-fonds ne sont pas mises en
valeur dans le village.
10
Il est important de noter que les terres cultivables sont
mises en jachère après deux(2) à trois(3) ans
d'exploitation. Les autres systèmes de fertilisation utilisés
sont : l'étalage de fumure organique et le parcage des animaux
(Pâturage des animaux sur terres cultivables).
3.7.2. L'élevage
C'est la seconde activité pratiquée par les
villageois.
Néanmoins, la pratique de l'élevage fait l'objet
d'une répartition de la population en trois(3) groupes, à savoir
:
Les pasteurs, qui pratiquent un élevage
transhumant et qui parfois s'installent périodiquement dans la zone ; on
peut aussi les qualifier de semi- transhumants ;
On rencontre également les agro-pasteurs qui
jumellent l'agriculture à l'élevage, chez lesquels chacune de ces
deux activités devient prioritaire en fonction des saisons ;
Et enfin le dernier groupe constitué d'agriculteurs qui
pratiquent un petit élevage sédentaire dit «de
maison».
3.7.3. Le commerce
Le village dispose d'un marché hebdomadaire, dont nous
avons pu constater l'effectivité durant la période du
séjour à Kouré (cas actuel/ jour du marché
hebdomadaire : Lundi).
Ce marché permet au villageois d'écouler leurs
produits céréaliers et le bétail constitué en
grande partie de petits ruminants. Contrairement aux études
précédentes, à l'exemple de celle de Laminou (2005), le
constat réalisé en ce qui concerne le marché rural de bois
est que celui-ci a perdu son dynamisme et son élan a cause de
l'arrêt des activités de la SLG du village de Kouré entre
2008 et 2009.
3.7.4. Le tourisme
Cette activité n'est pas des moindres au niveau de
cette zone à cause de la présence des girafes. Kouré est
surtout connu pour ses girafes, en particulier les girafes blanches du Niger,
sous-espèce endémique d'Afrique de l'Ouest (Giraffa
camelopardalis peralta). Cette population de girafes est
particulièrement menacée de par la disparition de son habitat, la
brousse tigrée. Celle-ci génère de l'emploi aux
populations locales par la création d'un groupement de guides
touristiques composé d'un bon nombre de villageois et aussi constitue un
gain pour l'Etat à travers les taxes instaurées dont une partie
est utilisée pour la sauvegarde de l'habitat de la girafe.
11
3.7.5. La coupe de bois `'bucheronnage»
Cette activité est pratiquée par deux(2) types
d'acteurs. Les premiers sont les agriculteurs qui, lors du défrichement
des champs, coupent des ligneux sur leur site de culture.
Une partie de ce bois est vendue pour l'usage domestique
à la population locale et l'autre partie pour une consommation
personnelle.
Le second groupe est celui de villageois qui vivent exclusivement
de la coupe de bois.
Ceux-ci s'approvisionnent en bois dans le massif forestier du
village de Kouré, pour le vendre le jour du marché hebdomadaire.
En dehors du marché hebdomadaire le bois coupé est vendu en
bordure de l'axe principal Kouré-Niamey.
Partie III : Résultats et analyses des
données
IV. Résultats et Discussions
4.1. Genèse des MR de bois-énergie
4.1.1. Stratégie Energie Domestique (SED)
La question de la consommation du bois comme source
d'énergie domestique a été un sujet très peu
abordé dans l'ensemble des pays du sahel qui, pour la plupart
concentrent leurs efforts sur la bataille à l'autosuffisance
alimentaire. Cependant, elle est venue à un rang non négligeable
de la politique de ces derniers à cause des méfaits
dévastateurs du changement climatique global depuis le début des
années 1990.
Malgré la disparition de multiples espèces au
niveau de la diversité biologique et des écosystèmes, la
pauvreté pousse les populations rurales à se rabattre sur les
ressources forestières et particulièrement le bois pour la
commercialisation afin de satisfaire leurs besoins en ED, ceci à cause
de leur accessibilité.
Face à ce constat, l'Etat du Niger a
décidé en 1989 de mettre sur pied une politique de gestion
durable des ressources forestières, la SED qui s'oriente vers :
- la gestion des ressources ligneuses encore disponibles par
la promotion, l'amélioration de la gestion de la couverture
forestière, la réglementation de l'exploitation, du transport et
de la commercialisation du bois-énergie ;
- la promotion d'une politique d'économie de
bois-énergie ;
- La promotion d'une politique de substitution progressive par
des énergies alternatives produites localement, dans la sous
région ou au niveau international mais accessibles aux
ménages.
12
Dans cette même dynamique, l'ordonnance n°92-037 du
21 Août 1992 vient consolider cette politique de l'Etat, par
l'installation et la structuration des marchés ruraux sur
l'étendue du territoire national.
L'implantation de ces marchés ruraux se fait de
manière participative, allant de la demande formulée par les
populations rurales, jusqu'à leur reconnaissance par le Ministère
en charge des forêts. Ainsi chaque village jouit d'une autonomie de
gestion sur son marché. Ceux-ci, se répartissaient en deux
groupes avant l'adoption de la nouvelle loi forestière :
Ø Marchés ruraux de forme orientée
(MRO) dont, l'essentiel de leurs activités tourne autour du
ramassage du bois mort dans un massif forestier délimité mais non
encore aménagé ;
Ø Marchés ruraux de forme
contrôlée (MRC) où, outre le ramassage du bois mort,
l'exploitation du bois vert y est autorisée. Ce qui implique la
maîtrise de tous les paramètres liés à
l'aménagement pour tenir compte des possibilités des
forêts.
4.1.2. Structuration du marché rural du village
de Kouré
Les villages riverains de la brousse tigrée du canton
de Kouré (dont le village de Kouré), se sont organisés en
marchés ruraux de bois afin de mieux exploiter cette richesse.
Fonctionnel bien avant la nouvelle législation
forestière, le marché rural du village de Kouré
était un MRC. Pour cela : la gestion, le contrôle et la partage
équitable des ressources du massif forestier du village étaient
co-assurés par la SLG mise sur pied par le PED II, avec l'appui
technique des agents des services des eaux et forêts.
Voici l'organigramme de la SLG :
Un (1) président ;
§ Un (1) secrétaire ;
§ Un (1) gestionnaire ;
§ Deux (2) contrôleurs
§ Un (1) représentant des agriculteurs ;
§ Un (1) représentant des éleveurs ;
§ Des bûcherons dont le nombre varie selon le
marché ;
§ Des brigadiers deux (2) ou trois (3). (Laminou,
2005)
Etant un MRC, les brigadiers avaient pour mission le
contrôle de la coupe de bois et l'obligation de saisir le bois vert
coupé sans permission de la SLG. Les bûcherons n'avaient le droit
d'exploiter que du bois mort, ce qui était loin d'être le cas dans
la réalité car ces derniers ne manquent jamais d'astuce et de
raisons de couper du bois vert clandestinement.
13
4.1.3. Etat actuel du marché de bois
énergie
Des deux types de marchés cités
précédemment (MRO et MRC), il est important de notifier que le
marché de bois énergie actuel dans le village de Kouré
n'est semblable à aucun des deux. En effet, le MRC du village de
Kouré qui a vu le jour en 1995 a cessé de fonctionner
véritablement en 2009.
Depuis lors il n'existe plus de marché rural digne de
ce nom dans le village de Kouré, néanmoins la coupe et la vente
de bois n'ont pas cessé de suivre leur cours.
Il faut signaler que ces activités se déroulent
désormais de façon informelle et sans suivi conséquent,
car la SLG de Kouré ne fonctionne plus à l'heure actuelle.
4.1.4. Les acteurs de la filière
Les principaux acteurs de la filière qui interviennent sur
le marché hebdomadaire sont :
Ø Les charretiers : ce sont des agriculteurs, à
part cette activité agricole ils ne possèdent aucune autre source
de survie après les récoltes. Ainsi, la majorité pratique
l'activité du `'bucheronnage» durant les temps de soudure afin de
subvenir à leurs besoins.
Ø Les camionneurs : ils viennent pour la plupart de
Niamey plus précisément des environs de l'aéroport le jour
du marché hebdomadaire du village de Kouré. Leurs camions, connu
sous le nom de `' Dogon-baro» ont une capacité de charge
d'environ 120 à 180 fagots.
NB. Un fagot contient en moyenne 17 petites tiges de ligneux.
Ø Les commerçantes : en provenance des environs
de l'aéroport de Niamey, s'associent à deux (2) ou trois (3) pour
louer un camion qui transporte le bois qu'elles achètent sur le
marché hebdomadaire.
La demande qui ne cesse de s'accroître au niveau des
centres urbains, fait que celles-ci tirent d'énormes
bénéfices de la vente du bois énergie sur les
marchés de Niamey. Les photos n°1 et n°2 montrent les
principaux acteurs qui oeuvrent dans le transport du bois énergie du
lieu d'approvisionnement au marché hebdomadaire du village ; et de
là vers la zone de l'aéroport de Niamey.
(Kouré, jour du marché hebdomadaire
31-12-12)
Photo n°1 : charretier-bûcheron de
Kouré Photo n°2 : camionneur de Niamey
14
4.2. Mode de fonctionnement et d'approvisionnement
4.2.1. Fonctionnement
Il est important de noter que le MR du village de Kouré
n'est plus fonctionnel depuis 2009. Cependant, il s'avère
nécessaire de décrire le mode de fonctionnement de l'ancien MRC
puis celui du marché actuel informel de bois énergie.
Le MRC du village de Kouré crée en 1995
était gérée par la SLG dont les membres ont
été élus par les habitants du village. Suite à leur
élection, ils ont suivi une formation de quinze (15) jours donné
par le PED II sur : les méthodes modernes de coupe, la gestion du MR, la
création et la gestion d'un fond d'aménagement et d'un fond de
développement villageois.
Pour la protection des surfaces destinées à
l'exploitation les bucherons ont formés une brigade de quinze (15)
éléments divisés en deux (2) groupes. Ces groupes
organisaient de façon alternée des patrouilles pour
empêcher la coupe clandestine de bois.
Chaque brigadier recevait entre 1000 et 2000 Fcfa en fonction
du nombre de saisies réalisées lors d'une patrouille.
Seuls les bucherons de la SLG sont autorisés à
couper du bois dans les parcelles aménagées pour l'exploitation
afin de respecter les normes techniques et la quantité annuelle
fixée. La priorité est accordée au ramassage du bois
mort.
Les essences fruitières, fourragères ou
protégées par les villageois ne sont pas exploitées sans
permis spécial.
Le bois de feu ou taillis est fournit par des espèces
qui ne sont exploitables qu'à partir de 10 cm de circonférence
équivalent du `'tour du poignet» par la boucle index - pouce. Les
individus malades ou mort sont systématiquement coupés.
Le bois d'oeuvre ou de service pour la confection de
clôtures, greniers, hangars, chaises, lits, tables et de mortiers (cause
de la disparition de certaines espèces comme `'Zam-touri»
et `'Diney»), sont prélevés sur des
espèces dont le diamètre doit excéder 35 cm de
circonférence. L'exploitation de ce type de bois nécessite
l'accord du conseil villageois, de la SLG et du service forestier.
Le gestionnaire de la SLG se charge de la vente du bois
apporté sur le marché et du prélèvement des taxes
auprès des bucherons et des camionneurs, ceci sur chaque stère
afin d'alimenter le fond d'aménagement et le fond de
développement villageois.
Au niveau des camionneurs, la taxe était
prélevée en fonction du nombre de stères.
Chaque jour, environ six(6) camionneurs munis de voiture pick-up
404 venaient sur le MRC et faisaient un chargement allant de quatre (4)
à cinq (5) stères puis retournaient sur Niamey. Il faut noter que
lors des défrichements, la quantité de bois
récoltée par les propriétaires des champs ne
peut-être vendu sur le marché que par l'intermédiaire d'un
bucheron.
15
Car seuls les bucherons membres de la SLG, possédant
l'un des coupons cités ci-haut sont habilités à amener le
bois légalement sur le marché.
Aussi, en cas du déracinement d'un grand tronc d'arbre
le propriétaire du terrain doit aviser la brigade villageoise avant tout
usage. En cas de fraude, le concerné se voit confisquer sa charrette
ainsi que le bois qu'il transporte, il est contraint en plus de payer une
amende allant de 20.000 à 60.000
Fcfa suivant l'ampleur du délit.
Dans le cas des véhicules personnels, le chargement de
bois ne pouvait excéder deux (2) stères. Les agents des eaux et
forêts délivraient des permis de couper le bois. On distingue deux
(2) types de permis :
+ Le coupon bleu : permis pour couper
le bois vert
+ Le coupon rouge : permis pour couper
uniquement le bois sec
NB : il est important de rappeler ce qui suit
V' Un (1) Stère = 250 kg en moyenne de
bois (Moussa Léko, 2006)
V' Dans le cas du MRC de Kouré un (1)
stère correspondait à 80cm de hauteur sur 100cm
de largeur.
Aujourd'hui le MRC du village de Kouré n'existe plus
dans la réalité des faits. La vente de bois énergie
continue de façon informelle.
Cependant, enquêtes et entretiens réalisés
le jour du marché hebdomadaire et auprès des villageois nous ont
permis de rendre compte sur le fonctionnement du marché de bois
énergie actuel.
La vente de bois énergie ne se localise pas en seul
point du village de Kouré. Actuellement, à part le jour du
marché hebdomadaire (Lundi) le bois énergie est vendu en bordure
de l'axe principale qui relit Niamey au Dallol Bosso tous les jours de la
semaine.
Le commerce du bois énergie qui se déroule sur
l'axe principale et le jour du marché hebdomadaire, n'est plus
limité à un nombre déterminé de personnes. Il est
pratiqué maintenant par une bonne partie des villageois comme toute
autre activité de survie.
Une autre partie de ces villageois n'exerce cette
activité qu'à des fins d'utilisations domestiques à
l'exemple de :
§ L'échange du bois énergie contre le son
de céréales pour l'alimentation de leur bétail (caprins,
ovins et bovidés) ;
§ L'utilisation en guise de bois de chauffe pour la
cuisine (voir photo n°4), le chauffage des cases en hiver ;
§ La construction des habitats (cases, hangars,
clôtures, greniers et enclos) tel que le montre
la photo n°5 ;
§
16
La fabrication des accessoires et outils agricole : chaises,
tables, lits, pilon, mortier principaux accessoires et bras de houe, de daba et
grenier dans le domaine agricole comme l'illustre particulièrement la
photo n°3.
Photo n°3 : enclos entourant un grenier. Photo
n°4 : utilisation du bois-énergie.
Photo n°5 : hangars construit à base de
ligneux (Kouré, 31.12.12)
4.2.2. Approvisionnement
Le MRC du village de Kouré s'approvisionnait en bois
énergie à partir des domaines aménagés par le PED
II et contrôlés par la SLG.
Le massif forestier de Kouré a été
subdivisé en quatre (4) parcelles de superficie variable et dont le
potentiel en bois couvrait une année de coupe selon le rythme
d'exploitation des bûcherons. Les limites entre les parcelles ont
étés définies par les villageois avec l'appui technique du
PED II suivant des repères naturels. Des limites marquées
à la peinture et ouvertes à l'aide de pare-feu de cinq (5)
à six (6) m de largeur.
L'exploitation proprement dite a débuté dans la
parcelle n°4, ensuite dans la parcelle n°1, puis la parcelle n°2
et enfin la parcelle n°3 suivant la situation des différentes
parcelles.
Tableau n°2 : détails sur l'état de
l'exploitation du massif forestier entre 2002-2009
Parcelle
|
Parcelle n°1
|
Parcelle n°2
|
Parcelle n°3
|
Parcelle n°4
|
Nom local
|
Bambari
|
Kohon djeto
|
Guessaboula
|
Fantay Gorou
|
Superficie (ha)
|
909
|
669
|
489
|
426
|
Etat de la ressource
|
+
|
++
|
+++
|
++++
|
Etat de la
dégradation
|
++++
|
+++
|
++
|
+
|
Ordre de passage
|
2004-2005
|
2006-2007
|
2008-2009
|
2002-2003
|
NB : Le nombre de plus (+) décrit l'importance de
l'état (GTA/CR, 2001)
17
Les espèces jadis exploitées pour la vente sur le
MRC étaient : Guiera senegalensis (Sabara), Combretum nigricans
(Déli), Combretum micranthum (Kubu). Les essences citées
ci-haut n'étaient exploitables que lorsque :
ü leur circonférence atteignait au moins dix (10) cm
;
ü celles de plus de trente cinq (35) cm l'étaient
seulement sous l'accord de la SLG.
NB: la photo n°6 présente la
démonstration du diamètre minimum ou «kamba guindey
» à partir du quel les villageois sont sensés couper un
ligneux, celui-ci est de 6 cm. (Oumarou, 2010)
Photo n°7 : «kamba guindey»
En dehors des espèces énumérées
précédemment l'exploitation s'étend à d'autres
espèces servant plus comme bois de service par les autochtones
eux-mêmes.
Ce sont entre autres : Prosopis africana (Zam-touri),
Sclerocarya birrea (Diney), Combretum glutinosum (Kokorbey), Combretum
micranthum (Kubu).
La vente de bois-énergie sur le marché hebdomadaire
et sur toute l'étendue du village de Kouré n'est plus
structurée. L'exploitation et la vente du bois évoluent
désormais de façon informelle. Devenue aujourd'hui l'une des
principales sources de revenues pour les villageois, l'approvisionnement des
points de vente est assuré par plusieurs protagonistes dont :
Ø les habitants du village de Kouré, qui
alimentent le marché hebdomadaire en Guiera senegalensis (Sabara)
et aussi en Combretum micranthum (Kubu) ;
Ø quelques villages environnant de Kouré
à savoir: Dolohi d'où provient la majorité du
bois et plus particulièrement le Guiera senegalensis (Sabara)
qu'on rencontre sur les étalages du marché hebdomadaire et
les autres villages qui contribuent à petite échelle tels que
Baboussay, Sourougourou, Deïtagui Gorou, Ban Touri, Tchoudawa,
Tchoumbi, Diribangou, Dandala, Birni. Il est cependant important de noter
que le bois et le charbon de Combretum nigricans sont plus
convoités que ceux du Combretum micranthum et du Guiera
senegalensis sur le marché local. Ceci est dû au fait que la
plante contient de la gomme qui la rend plus résistante à la
combustion.
L'enquête nous a permis de constater que malgré
la rareté du Combretum glutinosum (Kokorbey), cette
espèce est la seconde la plus demandée en guise de bois
énergie du village de Kouré.
18
Les photos n°8 et n°9 montre l'importance de la
présence de Combretum micranthum sur le marché
hebdomadaire du village, cela n'est rien comparé à la
quantité vendue le long de la voie Niamey-Dosso.
Photos n°8&9 : importance de Combretum
micranthum sur le marché
(Kouré le 31.12.12)
4.2.3. Contrôle forestier
Sur l'ancien MRC les agents des eaux et forêts avaient
une grande part de responsabilité dans le contrôle et le suivi de
l'exploitation et de la vente du bois. Grâce à la
législation en vigueur ils prélevaient sur toutes les
activités menées par les acteurs de la filière des
taxes.
Le mode d'exploitation des produits ligneux est
régulé par les agents des eaux et forêts suivant le type
d'espèces. Ils veillent par exemple à :
Ø interdir la coupe de plus de deux (2) branches sur un
même pied d'arbre ;
Ø contrôler le prélèvement de
certains organes (feuilles, racines, écorces) qui sont de plus en plus
fréquents et conduit à une disparition considérable de
plusieurs essences comme Sclerocarya birrea (Diney), Combretum glutinosum
(Kokorbey), etc.
Ø garantir la protection des essences
protégées sur le plan régional : Combretum
nigricans, Combretum glutinosum, Sclerocarya birrea (Diney)
, Boscia senegalensis, (Zata), (Nkoko), Prosopis africana
(Zam-turi),etc.
Nous avons constaté que la sensibilisation sur la coupe
abusive et le mode d'exploitation des terres cultivables, menée par les
forestiers en collaboration avec les autorités communales et
coutumières pousse de plus en plus les villageois à laisser
délibérément certaines espèces dans les
unités d'occupations. Dans le but de lutter contre la dégradation
due aux aléas climatiques, l'appauvrissement des sols et aussi pour
subvenir à l'alimentation et au soin du bétail et des hommes.
19
Quelques exemples ont pu être répertoriés
:
v Acacia nilotica : selon les agriculteurs bien que
l'espèce n'est pas favorable à la croissance d'autres
espèces et la fertilisation des sols ; ses fruits, feuilles,
écorces et racines sont utilisés pour divers besoins
(médecine traditionnelle, tannerie, etc.)
v Piliostigma reticulatum : son bois est
utilisé comme bois de chauffe, ses feuilles et fruits pour
l'alimentation du betail .
v Bauhinia rufescens (Namari) : arbuste à
multiple vertu dont le fruit est utilisé pour l'alimentation et les
feuilles pour la croissance des enfants.
4.2.4. Taxes et recettes
Sur l'étendue du territoire national, le taux de taxe
de transport / commercialisation de bois énergie est fixé depuis
1996 ainsi qu'il suit :
- Neuf cent soixante quinze (975) francs par stère pour
le bois de chauffe provenant d'une exploitation dite
incontrôlée;
- Trois cent cinquante (350) francs par stère pour le
bois de chauffe provenant d'une exploitation dite contrôlée;
- Trois cent soixante quinze (375) francs par stère
pour le bois de chauffe provenant d'une exploitation dite orientée.
Les recettes des taxes perçues au niveau des Structures
Locales de Gestion (SLG) et au niveau des services forestiers
sont réparties depuis leur recouvrement à la source selon une
clé de répartition définie par l'ordonnance 92-037 (voir
tableau n°3) entre le Trésor Public de l'Etat, la SLG du lieu de
prélèvement et la collectivité territoriale dont
relève le site du prélèvement.
Tableau n°3 : Répartition des taxes sur le
transport et la commercialisation du bois
ORIGINE
|
|
Exploitation incontrôlée
|
Exploitation orientée
|
Exploitation contrôlée
|
SLG
|
|
0 %
|
30
|
%
|
50
|
%
|
Budget
Collectivités territoriales
|
des
|
10 %
|
20
|
%
|
40
|
%
|
Trésor Public
|
|
90 %
|
50
|
%
|
10
|
%
|
(Source : Ordonnance n°92-037 du 21 Août
1992)
20
Les recettes de la taxe sur cession de bois-énergie
revenant aux SLG sont elles-mêmes réparties selon un pourcentage
comme indiquer dans le tableau n°4, entre le fonds d'aménagement
villageois destiné à faire des travaux d'entretien et
d'aménagement sur les forêts de prélèvement et la
caisse villageois ou Fonds de Développement villageois pour d'autres
affectations (Education, santé,...) laissées à la
discrétion des populations.
Tableau n°4 : Répartition des recettes de la
taxe revenant aux SLG
ORIGINE
|
Exploitation orientée
|
Exploitation contrôlée
|
Fonds
d'aménagement
|
60 %
|
40 %
|
Caisse villageoise
|
40 %
|
60 %
|
(Source : Ordonnance n°92-037 du 21 Août
1992)
Les recettes de la taxe sur cession de bois-énergie
revenant aux Collectivités Territoriales sont elles aussi
réparties selon un pourcentage entre le fonds d'aménagement
destiné à faire des travaux d'entretien et d'aménagement
sur les forêts de l'Arrondissement et la caisse des collectivités
(ou Fonds de Développement villageois) pour d'autres affectations
laissées à la discrétion de la collectivité et cela
suivant la répartition du tableau n°4.
Tableau n°5 : Répartition des recettes de la
taxe revenant au budget des collectivités
ORIGINE
|
Exploitation orientée
|
Exploitation contrôlée
|
Fonds d'aménagement
|
60
|
%
|
40
|
%
|
Fonds de Développement de la
collectivité
|
40
|
%
|
60
|
%
|
(Source : Ordonnance n°92-037 du 21 Août
1992)
Les recettes forestières de la taxe sur cession de
bois-énergie revenant au Trésor Public sont réparties
selon un pourcentage de 40% pour le Fonds de contrôle
dénommé Compte 30-01 destiné à financer :
au niveau national, les opérations de contrôle et de suivi
administratif des forêts, l'équipement, le fonctionnement et la
formation des agents de contrôle forestier et 60% pour le fonds de
développement du trésor national.
En ce qui concerne les recettes liées à la vente
du bois sur l'ancien MRC du village de Kouré, elles
comprenaient : les Fonds d'Aménagements Fiscaux (FAF)
et la Contribution des Bûcherons (CB). Le calcul des
coûts a été fait sur la base d'un prix de 350 F par
stère :
Ø Bois transporté par les camionneurs vers les
centres urbains : - Taxe payée par les camionneurs : 350 F/stère
;
21
- CB : 100F/Stère
- FAF : 40% des (50%) taxes constituants le Fond de
Développement Villageois(FDV) ; Une répartition
des taxes en fonction des parcelles exploitées durant l'existence du MRC
a été mise à notre disposition par l'ancien gestionnaire
de la SLG (voir tableau n°6).
Tableau n°6 : Une répartition des taxes en
fonction des parcelles exploitées
Année /
Parcelle
|
Quota attribué
(stères)
|
Taxes
prévisionnelles (FDV en
Fcfa)
|
FAF (Fcfa)
|
CB (Fcfa)
|
Fond
d'aménage ment (Fcfa)
|
2002-
|
636
|
200340
|
40068
|
63600
|
103668
|
2003/ P4
|
|
|
|
|
|
2004-
|
468
|
147420
|
29484
|
46800
|
76284
|
2005/ P1
|
|
|
|
|
|
2006-
|
342
|
107730
|
21546
|
34200
|
55746
|
2007/ P2
|
|
|
|
|
|
2008-
|
299
|
94185
|
18837
|
29900
|
48737
|
2009/ P3
|
|
|
|
|
|
Totaux
|
1745
|
349675
|
109935
|
174500
|
284435
|
|
(GTA/CR, 2001)
Les données précédentes portant sur le
quota attribué, nous ont permis d'estimer les recettes
réalisées par les membres constituants de la SLG
(voir Tableau n°7).
Tableau n°7 : estimation des recettes de la SLG en
fonction du quota attribué
Année /
Parcelle
|
Quota attribué
(stères)
|
Caisse
villageoise ou FDV (Fcfa)
|
Frais de
commission Gestionnaire SLG (Fcfa)
|
Recette des bucherons (Fcfa)
|
Recette totale SLG (Fcfa)
|
2002-
|
636
|
127.200
|
63.600
|
1.081.200
|
1.272.000
|
2003/ P4
|
|
|
|
|
|
2004-
|
468
|
93.600
|
46.800
|
795.600
|
936.000
|
2005/ P1
|
|
|
|
|
|
2006-
|
342
|
68.400
|
34.200
|
581.400
|
684.000
|
2007/ P2
|
|
|
|
|
|
2008-
|
299
|
59.800
|
29.900
|
508.300
|
598.000
|
2009/ P3
|
|
|
|
|
|
Totaux
|
1745
|
349.000
|
174.500
|
2.966.500
|
3.490.000
|
|
Ø
22
Le bois apporté par les bûcherons de la SLG se
vendait à 2000 F! stère.
Sur chaque stère le gestionnaire de la SLG
prélevait 300 F de taxe par stère, repartie comme
suit :
- frais de commission par stère : 100F!stère et
- Pour la caisse villageoise : 200F !stère.
- Gain du bûcheron : 1700F! stère.
4.3. Etat d'évolution du massif forestier et
impacts de l'exploitation
4.3.1. Description
Le massif forestier de Kouré est une savane arbustive
avec des arbres isolés ou formant des buissons. On rencontre un cas
typique de brousse tigrée avec un peuplement moyennement dense sur
certaines superficies dont les plateaux. Le sol est encroûté sur
les surfaces planes en légère pente, les glacis ou
dépressions ou bas-fond pour la plupart limono-sableux (GTA !CR, 2001).
Les espèces ligneuses majoritaires dans le massif suivant l'importance
de leur densité, sont : Guiera senegalensis, Combretum
micranthum et Combretum glutinosum. On rencontre a part ces
dernières des herbacées largement rependues et dominer par
Zornia glochidiata utilisée par les ménagères
pour attiser le feu.
La régénération naturelle est moyennement
abondante. Le bois mort est faiblement présent. Les
phénomènes de la pression anthropique due à la
poussée démographique et le déséquilibre climatique
sont la cause d'une considérable régression du massif forestier.
L'ensemble des villageois reconnaissent ces faits indéniables.
Les archives concernant le marché de bois local nous
ont permis d'avoir un aperçu de la délimitation et la
cartographie du massif forestier de Kouré réalisée en
Juillet 2001, grâce à la collaboration entre les habitants du
village et le Groupe Technique d'Appui aux Communautés Rurales
(GTA /CR, PED phase II 2001). Vue l'état actuel du
massif, nous avons constatés une régression remarquable de sa
biomasse.
4.3.2. Etat antérieur
Jadis, le village de Kouré renfermait un massif
forestier conséquent au vue de sa diversité biologique abondante
et variée. Selon les villageois (source orale : anciens du
village) eux-mêmes, les terres cultivables étaient
suffisantes et d'une grande fertilité au point où les populations
n'avaient guère besoin de cultiver de grandes superficies pour
satisfaire leur besoin alimentaire. Pendant cette période les villageois
s'adonnaient à la chasse et à la cueillette pour compléter
leur alimentation.
23
Moins nombreuse à cette époque, la population
n'exerçait pas de pression nuisible sur l'environnement ; le massif
était constitué de grands arbres et le pâturage excellent
comme le confirme l'étude de Laminou (2005).
L'abondance des pluies et la régularité des
précipitations permettaient aux villageois de faire des projections sur
les périodes exactes de cultures.
Ainsi l'activité de la coupe de bois était
quasi inexistante, à part le bois de chauffe consommé à
une très faible échelle dans les foyers.
4.3.3. Etat actuel
Aujourd'hui, le village de Kouré ne fait pas exception
à la forte croissance démographique qui se remarque sur
l'ensemble du territoire nigérien, avec une densité de population
de 55 habitants au km2 (PURNKO 1997, citée
par Laminou 2005).
Celle-ci est à l'origine de la destruction du massif
forestier à travers l'extension des surfaces de cultures
(défrichement), le surpâturage, la coupe abusive de bois.
A cela s'ajoutent l'augmentation du cheptel,
l'avènement d'un feu de brousse vers 1975 (source orale :
Ousseïni Sidikou, notable du village de
Kouré Zarma âgé de 82 ans) et
l'irrégularité des pluies dans le temps et dans l'espace sont
aussi des facteurs qui ont conduit à la dégradation du potentiel
naturel et particulièrement du massif forestier du village de
Kouré.
La progression moyenne du front agricole dans la brousse
tigrée évaluée à partir d'images satellitaires et
de diverses études a été estimée à
près de 22 ha par an (Djibo 1997, cité par
Laminou).
4.3.4. Espèces menacés
Le massif forestier, a été décimé
au cours des dix dernières années. Selon les
enquêtés les plus âgés, un grand nombre
d'espèces qui jadis existaient à perte de vue autour du village,
ont complètement disparues. C'est le cas des espèces comme :
Ø « Zata »* dont
nous n'avons qu'un seul individu et cela grâce à un habitant du
village qui nous y a conduit en nous confirmant que c'est l'un des rares pieds
qui existe encore dans tous Kouré. Cette plante est convoitée
avec acuité à cause de ses vertus médicinales, même
les rares derniers pieds qui subsistent font l'objet de
prélèvement d'organes (racines, écorces, feuilles) par les
tradi-praticiens ;
24
Photo n°11: un pied de zata Photo n°12 : des
feuilles de Zata
(Kouré, les 1er et 2 janvier 2013)
Ø « N'koko » qui
est l'un des aliments favoris de la Girafe de Kouré. Elle est de plus en
plus rare à cause de plusieurs raisons liées au climat et aux
actions humaines (feu de brousse, coupe abusive, etc.) ;
Ø « Zam-touri » de
son nom scientifique Prosopis africana est une espèce en voie
de disparition dans cette localité.
Les villageois reconnaissent qu'elle possède un bois
résistant et prompte à l'utilisation dans plusieurs domaines :
fabrication de mortiers, pilon, confection de greniers, hangars, sommier de
lit, pilier de case, etc.;
Ø « Kulu-kulu »*,
elle est aussi une espèce de très grande valeur pour les
villageois. Ils la consomment pendant la période de soudure, lorsque les
greniers sont vides. Son utilisation extensive est à l'origine de sa
disparition dans la localité.
NB : * indique que le nom
scientifique est méconnu de nous.
A part les espèces citées ci-haut, de nombreuses
espèces ont peu à peu disparus au fil des années et
d'autres sont de plus en plus menacées de disparition. Cela à
cause de l'exploitation abusive du potentiel forestier de la localité.
Celle-ci s'accentue depuis la fermeture du MRC.
D'après nos enquêtes, beaucoup de villageois
affirment qu'avant l'avènement du MRC ils ne s'adonnaient pas à
la coupe du « bois vert ». Seul le « bois mort »
était extrait du massif forestier et des unités d'occupation, car
pour eux la coupe du « bois vert » constitue un «
sacrilège ». Aujourd'hui encore les agriculteurs continuent de
garder délibérément dans les champs une grande partie des
tiges de céréales après les récoltes, afin de
fertiliser le sol et de permettre aux animaux qui s'en nourrissent de
contribuer à la fertilisation des sols par leurs excréments.
L'autre partie sert à la construction des clôtures, hangars et
salles de Classes dans les écoles.
25
4.3.5. Cause de la fermeture du MRC
Dans l'optique d'être éclairé sur les
véritables raisons de la fermeture du MRC, nous nous sommes entretenus
avec le Président. Le cas du MRC de Kouré, nos entretiens et
enquêtes auprès des anciennes autorités de la SLG et des
bûcherons nous ont permis de savoir les raisons justifiant la fermeture
de ce MRC.
Selon ces derniers, les principales raisons ayant
occasionné la fermeture du MRC étaient :
- La mauvaise tenue des outils de gestion, qui est née
de la difficulté d'application des éléments de gestion mis
à la disposition des responsables par la GTA/CR lors de
l'aménagement en parcelle du massif forestier de Kouré ;
- Le détournement du capital des FDV et des FA par
certains membres de la SLG, à l'origine de tensions au sein de la
structure ;
- La dislocation de la SLG engendrée par les querelles
intestines et le disfonctionnement de la structure ;
- Les malversations au niveau des recettes et le non respect des
quotas d'exploitation ;
- Le non respect de la rotation des parcelles d'exploitation
comme défini dans le tableau n°2.
Cet entretien avec l'ancien dirigeant de la SLG nous a permis
aussi de réaliser une estimation des recettes qui évoquerait la
réalité des faits sur le MRC. Le tableau n°7 nous donne une
estimation des recettes de la SLG, suivant les différents acteurs qui
opéraient sur le MRC de 2002 à 2009 :
Tableau n°8 : Estimation des recettes de la SLG
entre 2002-2009
Année
d'exploitation
|
Nombre
de stère vendu/an
|
Frais de
commission gestionnaire SLG/an
(Fcfa)
|
Recette de
la caisse
villageoise/an (Fcfa)
|
Recette des
bûcherons/an (Fcfa)
|
Total des
recettes/an SLG
(Fcfa)
|
2002-2003
|
2160
|
216.000
|
432.000
|
3.672.000
|
4.320.000
|
Total
(2002-2009)
|
15.120
|
1.512.000
|
3.024.000
|
25.704.000
|
30.240.000
|
Il faut noter que :
o Durant son fonctionnement le MRC recevait en moyenne/ jour six
(6) voitures 404 ;
o Chacune d'elle transportait en moyenne cinq (5) stères
;
o Ce qui équivalait à trente (30) stères
vendus par jour en moyenne.
26
Les enquêtes que nous avons menées sur le
marché de bois actuel dans le village de Kouré ont
révélé qu'aucune taxe n'est prélevée
directement auprès des charretiers. Ces derniers constituent pourtant le
premier maillon de la chaîne, en ce qui concerne la vente du bois.
C'est seulement au niveau des camionneurs qu'un mécanisme
de taxe prend naissance.
L'enquête auprès de ces derniers, le jour du
marché hebdomadaire a permit de prendre connaissance du montant de la
taxe prélevée sur l'acheminement du bois de Kouré à
Niamey :
- Un camion pouvant charger de dix(10) à quinze(15)
stères paye une taxe allant de 4000 à 8000 Fcfa.
(Sur le marché hebdomadaire du village de
Kouré, 31.12.12)
Photo n°10 : Exemplaires du coupon de
taxe
NB : la seule restriction face à
laquelle les charretiers sont confrontés est celle de la coupe des
espèces épineuses et de toutes autres espèces servant
d'aliments de base pour les Girafes. C'est le cas des espèces comme
Fedherbia albida (Gao),
(N'koko), etc.
Lorsque le bois de ces espèces est saisi, celui est
entièrement retiré de la vente par les agents des eaux et
forêts.
4.4. Discussion
Le MRC de Kouré n'existe plus depuis 2009. Sa
fermeture a suivi celle des marchés ruraux de Baboussay,
fermé en 2000 ; de Sina-koira et Tioubi fermés
en Juin 2005. Ces fermetures successives ont étés
effectuées suite à la demande du maire de la Commune Rurale de
Kouré (CRK) de l'époque. (Laminou
Saïdou, 2005)
Dans
Toutes ces contraintes liées au fonctionnement
régulier du MRC ont entraînés :
- l'intensification de l'exploitation anarchique et
incontrôlée du bois ;
- La réticence des bûcherons à contribuer
régulièrement au fond d'aménagement ;
- Le désengagement de la population environnante dans
la cogestion des ressources forestières avec la SLG.
La fermeture du MRC a eu d'énormes conséquences
néfastes sur la population du village de Kouré et
particulièrement sur l'environnement et ses composantes.
27
Sur le plan social il a été constaté
qu'étant donné que l'activité de la coupe du bois n'est
plus contrôlée, les revenues de celle-ci ne retombent qu'à
un groupuscule d'individus.
Pourtant, autrefois les recettes profitaient à tous le
village grâce leurs répartitions dans la Caisse villageoise, les
FAF et la CB dont la somme constituait le FA. Ainsi de façon directe ou
indirecte chaque villageois bénéficiait des revenues
générées par cette activité, à travers
l'aménagement du massif forestier et pour le développement rural
en global.
L'environnement et ses composantes n'ont pas été
épargnés par les conséquences de cette fermeture. Devenue
incontrôlée la coupe de bois favorise indirectement une
dégradation croissante de la qualité des sols et engendre un
déséquilibre climatique depuis quelques années. C'est le
cas des précipitations qui sont de plus en plus insuffisantes et
irrégulières comme nous le précise la Figure n°1,
entre 2000 et 2010 les pluies n'atteignaient pas les 600 mm. Cela influe
directement sur la régularité des périodes de semailles,
la saison de pluies ne durent plus que quatre(4) mois au maximum
(Juin-Septembre).
La menace qui prévaut sur le massif forestier de
Kouré, l'est aussi pour la majorité des sites forestiers à
travers le pays.
Cependant l'on ne peut incriminer directement ni les
populations riveraines, ni l'Etat car tous sont conscient de la situation qui
prévaut ; de l'urgence qu'il y a quant à la sauvegarde du
potentiel forestier tant en milieu rural qu'en milieu urbain.
L'Etat a instauré des mécanismes de
réglementation visant à décourager la coupe
incontrôlée et les commerçants-transporteurs, à se
procurer du bois énergie à proximité des milieux urbains.
A l'exemple du taux de la taxe sur le transport et la commercialisation du
charbon de bois dont l'obtention nécessite une grande quantité de
bois.
Il s'obtient en multipliant par un facteur de cinq (5) le taux
d'application au kg de bois. Dans le cas des zones sous aménagement, il
est appliqué à ces taux une bonification proportionnelle qui
prend en compte la distance séparant le site d'approvisionnement des
centres de consommation. Ceci afin d'inciter les
commerçants/transporteurs à aller plus loin dans les zones
d'exploitation où la ressource est abondante. Le taux de bonification
proportionnelle est de :
- 0 % de la taxe sur le stère de bois de chauffe ou de
charbon de bois acheté dans les marchés ruraux situés
à moins de 40 km autour du centre urbain ;
- 10 % de la taxe sur le stère de bois de chauffe ou de
charbon de bois acheté dans les marchés ruraux situés
entre 40 et 80 km autour du centre urbain ;
- 20 % de la taxe sur le stère de bois de chauffe ou de
charbon de bois acheté dans les marchés ruraux situés
à plus de 80 km autour du centre urbain. (Hamidil ALIO,
2004)
Malgré tous les efforts des uns et des autres, le
potentiel forestier régresse de jours en jours.
28
29
Cela se remarque lorsqu'on observe l'augmentation de la
quantité de bois-énergie consommé en milliers de tonnes
sur l'étendue du territoire national : 3909 tonnes en 2008, 4212 tonnes
en 2009 et 4356 tonnes en 2010 pour ne citer que ces trois (3) années
(le Niger en Chiffres, 2011). On voit clairement à travers ces chiffres
que la demande en bois-énergie ne cesse de s'accroître au fil des
années. Il y a lieu de signaler que les grands centres urbains sont les
premiers consommateurs de cette source d'énergie domestique, qui est
malheureusement entrain de s'éteindre peu à peu. N'est il pas
urgent de se demandé à cette heure où le changement
climatique prend de l'ampleur, quelles sont les raisons qui sont à
l'origine de ce phénomène ? Cependant la pauvreté et la
poussée démographique sont deux (2) facteurs à ne pas
négligés dans la recherche de solutions adaptées.
Partie IV: Conclusion et Recommandations
Conclusion
Cette étude nous a permis d'identifier les
problèmes cruciaux liés à la gestion des ressources
naturelles dans le village de Kouré. Nous avons constaté que
l'environnement est fortement menacé vue qu'il ne cesse de subir des
pressions de toutes sortes. Celles-ci sont dues aux effets du climat, de la
poussée démographique et des activités humaines. Les
ressources naturelles s'épuisent et deviennent de plus en plus rares
sous le poids de ces pressions.
Un certain nombre de phénomènes sont directement
impliqués dans la dégradation des ressources naturelles, ce sont
: la pauvreté due au manque de la diversification des activités
économiques à part l'agriculture ; le morcellement des terres
engendré par l'augmentation de la population ; l'accroissement des
superficies des champs lié au mauvais rendement des sols;
l'irrégularité des pluies et les vents ravageurs dont les effets
néfastes sont liés à l'augmentation des espaces nus depuis
les deux dernières décennies.
A cela s'ajoutent la réduction des intervalles de
jachère et l'exploitation de plus en plus croissante des ligneux
utilisés à divers fins.
La recherche de solution à la coupe abusive de bois,
à conduit l'Etat à la création d'un MRC dans le village de
Kouré. Celui-ci n'a pas duré assez longtemps pour garantir la
gestion durable du massif forestier. Mais au-delà, sa fermeture a
conduit à des conséquences lourdes à savoir : la coupe
anarchique du bois ; l'augmentation des surfaces nues ; la disparition
d'espèces surexploités et l'accroissement de la
pauvreté.
Toutes ces conséquences ont des effets, qui de
façons directe ou indirecte influencent l'équilibre des facteurs
climatiques dans le village de Kouré et ses alentours.
De plus en plus, on constate une irrégularité et
une insuffisance des précipitations annuelles, le décalage du
cycle saisonnier, l'augmentation de la température moyenne qui va au
delà de 37°C, la baisse considérable du rendement des
cultures, la réduction de la diversité des
écosystèmes dans leur ensemble. L'exploitation des ligneux suit
son cours dans le village de Kouré, mais cette fois-ci de façon
informelle ; tandis que la dégradation du massif forestier va
croissante.
Bien que l'exploitation de ressources naturelles et
particulièrement du bois constitue pour les villageois un moyen efficace
de survie, faudrait-il continuer à permettre cette exploitation ? Cette
question a tout son sens d'être lorsqu'on voit que les efforts entrepris
par l'Etat et les villageois eux-mêmes, n'empêchent guère
à l'utilisation du bois énergie d'être un problème
écologique national de grande envergure. Alors que faire ?
Ø Faut-il leur empêcher de se servir du bois
pour leurs besoins domestiques ou pour la vente ?
Ø Doit-on leur créer des emplois
générateurs de revenus ? Quels types d'emploi pratique, rentable
et rapide leur proposer ?
Ø Existe-t-il des moyens de substitution du bois
énergie par d'autres sources d'énergie plus accessibles aux
villageois ? si oui, lesquelles ?
Tant de questions qui s'adressent à l'Etat et ses
partenaires au développement, mais il est évident qu'elles ne
peuvent trouver de solutions tant que la population ne concilie pas ses efforts
à ceux de l'Etat. On entend par conciliation, la recherche de solutions
adaptées aux problèmes de la population, d'abord par
elle-même. Cela va inciter l'Etat à vulgariser ces solutions par
ses moyens.
30
Recommandations
A la lumière des informations collectées
auprès des villageois, des « professionnels » du bois
énergies et des autorités communales, et aussi grâce aux
observations faites sur le terrain nous avons trouvés utile de faire les
recommandations qui suivent :
y' Faire un inventaire global du potentiel forestier actuel du
village de Kouré et ses alentours. Cela afin de constater de
façon exhaustive l'état actuel des ressources forestières,
dans le but d'établir une carte biogéographique de la zone et de
susciter une prise de conscience des riverains du massif forestier et aussi des
autorités locales. Cette activité doit être
renouvelée suivant un intervalle de temps régulier allant de
deux(2) à cinq(5) ans ;
y' Mener une opération de sensibilisation auprès
des villageois sur l'état de dégradation de leur patrimoine
forestier et le danger qu'ils encourent si celui-ci s'épuise ;
y' Intégrer la population locale dans la gestion des
ressources forestières. Cela avec l'aide des sages et des
autorités coutumières ;
y' La réouverture du MRC pouvant permettre en premier,
l'aménagement du massif, puis le contrôle et la
réglementation de la coupe de bois. Cela doit être
accompagné du renforcement des capacités de gestion des membres
la SLG, pour une gestion durable, transparente et rationnelle ;
y' Sur le plan régional : le législateur doit
créer un cadre pour l'organisation des marchés ruraux en
fédération et établissement d'un calendrier de vente selon
la distribution spatiale des marchés ruraux au niveau de l'entité
régionale ;
y' Envisager et vulgariser la substitution du bois
énergie par d'autres sources d'énergie comme le charbon
minéral, le gaz domestique, l'énergie solaire et former les
professionnels du bois afin de les transformer en distributeurs
agréés ;
y' Multiplier les points d'eau (forages, mares, etc.) pour
permettre de pratiquer les cultures de contre-saison et l'aquaculture, afin de
combler le déficit alimentaire et de générer des revenus
en période de soudure pour les villageois ;
y' Initier une action de récupération des terres
dégradés et de reboisement des plateaux par des espèces
plus adaptées aux aléas climatiques de la zone. Mobiliser les
moyens adéquats afin de veiller a assuré le suivi de cette action
en recrutant suffisamment d'agents des eaux et forêts ; et en
encourageant l'émergence des projets de développement
spécialisés dans la gestion écologique des ressources
naturelles.
31
Ces recommandations ne constituent pas en soit une
panacée mais il serait très utile qu'elles soient prises en
compte et analysées par des experts en charge de l'environnement. Car
dans le village de Kouré, la coupe du bois est devenue un obstacle pour
le développement des populations et elle constitue désormais un
problème écologique de taille à l'échelle
régionale.
32
Références bibliographiques
Abdoulaye Harouna, 2012 : Module «
conservation in-situ&ex-situ de la faune et gestion des
Aires Protégées », DESS Spécialiste
en Aménagement et Gestion intégrés Des Forêts et
Territoires Tropicaux. (28 pages)
Hadjara Issaka, 2005 : Approvisionnement de
la ville de Niamey en bois énergie, contribution
des Marchés de bois crées par le Projet Energie
Domestique phase II. Mémoire pour le titre d'Ingénieur de
Techniques Agricole « option : eaux et forêt » ;
Dolf Noppen, Paul Kerkhof et Ced Hess, 2004 :
« les marchés ruraux de bois au Niger, bilan de l'appui du
Royaume de Danemark au Niger 1989-1998 » (64 pages)
Extrait Journal Officiel du 20/07/92 :
Principe directeur d'une politique de développement rural pour
le Niger.
Groupe Technique d'Appui aux Communauté Rural
(GTA/CR), octobre 2001 :
Consultation du plan d'aménagement simplifié ;
exploitation de type contrôlé du massif forestier de Kouré
pour le compte du Projet Energie Domestique (PED, Phase
II).
Hamidil ALIO, Mars 2004 : Etat des lieux de
la Stratégie Energie Domestique au Niger, consultant forestier. (71
pages)
Ichaou Aboubacar , 2010 : exposé sur
la Problématique environnementale au Niger
Institut National de la Statistique, Novembre 2011 :
« Le Niger en Chiffres 2011 ». (79pages)
Laminou Saïdou, 2005 :
Problématique de la gestion des ressources naturelles dans la
zone de
transition de la réserve de biosphère du W du
Niger : cas de Kouré (zone girafe). Mémoire de Technicien de
Développement rural IPDR Kollo, Niger. (54 pages)
M. Alain Bertrand, Octobre 2003 : Aide
mémoire de la mission sur le Programme Régional de
l'Energie Domestique au Sahel
(PREDAS), consultant
socio-économiste-forestier. (4pages)
Mahamadou Alio, 2007 : « étude
sur la filière bois-énergie : cas du marché rural de
Téra ». Faculté d'Agronomie-UAM, Mémoire. (40
pages)
Ministère de l'Hydraulique, de l'Environnement
et de Lutte contre la désertification
(MHE/LCD), Septembre 2005 : «
Consultation sectorielle sur l'environnement et de lutte contre la
désertification. »
33
Moussa Léko, Décembre 2006 :
Rapport d'étude sur les professionnels de Bois au Niger.
Ingénieur des eaux et forêts, consultant national. (47 pages)
Pierre Montagne and Oumarou Amadou, 2012: The
Household Energy Strategy - a forestry policy to supply urban areas with
Household energy (Revue scientifique web paragraphe 36 de l'article: Rural
districts and community forest management and the fight against poverty in
Niger)
Annexes
34
Annexe 1 : fiches d'enquête et
d'entretien
Annexe 2 : ordonnance n°92-037 du 21
Août 1992
Annexe 3 : fiches de questionnaires
destinées aux acteurs de la filières
35