1.3 Clarification conceptuelle
i' Pratique agricole
C'est l'ensemble des activités et systèmes de
production, dont le but est la transformation et l'exploitation de la terre
à des fins de cultures.
i' Dégradation
Toutefois, il signifie toute action humaine causée par
les pratiques agricoles qui met la nature ((physique, chimique, biologique) du
sol ou des éléments nutritifs du sol en mauvais état.
i' Sol
Selon C. Pautrot (2012, p. 203), le sol désigne «
la partie superficielle de la terre susceptible d'être cultivée en
raison de ses propriétés physiques et chimiques. Il
résulte de l'interaction de la biocénose et du sous-sol sous
certaines conditions climatiques. La plupart des plantes cultivées
puisent l'essentiel de leur nourriture dans l'horizon supérieur du sol
riche en matière organique qui lui donne une structure idoine ».
Dans le cadre de la présente étude, le sol est
la partie superficielle de la terre sur laquelle les plantes se
développent et se mènent les activités agricoles, et qui
est également favorable à la biodiversité en raison de ces
propriétés physico-chimiques.
i' Dégradation des sols
La dégradation des sols est un phénomène
naturel inhérent aux processus physico-chimiques et biologiques qui
dynamisent notre planète (S. Chibani, 2016, p.13).
Dans le cadre de la présente étude, elle
désigne toute action humaine relative aux activités agricoles qui
met la partie superficielle de la surface terrestre sur laquelle existe un
écosystème bénéfique à la production
agricole dans un mauvais état.
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CHAPITRE II : POINT DE CONNAISSANCES ET
APPROCHES METHODOLOGIQUES
2.1 Revue de littérature
Plusieurs auteurs ont mené des études en rapport
avec les pratiques agricoles et les dégradations du sol à
l'échelle nationale du Bénin en générale et celle
de la commune de Nikki en particulier. De ces études, il ressort une
multiplicité et diversité des perceptions de ces auteurs face
à la question des dégradations du sol liées aux
pratiques
agricoles. C'est ainsi que K. Koffi (2012, p.37) affirme que,
les activités de défrichements et abattage d'arbres, de
dénudation du sol, de terrassements et préparation de l'assiette
des routes, de construction et revêtement des routes, du transport des
emprunts, carrières, déblais et remblais et du matériels
vers le chantier, etc. constituent des risques de dégradation de terres
et d'érosion des sols. Donc, il faut comprendre comme le définir
J-P. Camuzard, (2005, p.85) que, le processus de dégradation des sols
est un phénomène qui n'émeut pas les populations et il
n'existe pas, à ce sujet, de pression sociale susceptible d'alerter la
classe politique comme c'est le cas pour la perte de biodiversité, pour
le trou de la couche d'ozone, pour le réchauffement de la Terre ou pour
la pollution de l'air. Pourtant il s'agit d'un phénomène
naturellement présent dans les cycles géologiques mais
accéléré par les contraintes liées au mode de vie
occidental et par l'émergence des processus de production intensifs.
Pour cela, l'accroissement des besoins devra être compensé par une
augmentation de la productivité agricole, car la majeure partie des
bonnes terres de la planète est déjà exploitée.
Dans ce même temps, il faudra éviter l'expansion ultérieure
de l'agriculture sur les sols de faible rendement (Sommet de la Terre, 1992, p.
24). Ceci au nom de la satisfaction des besoins alimentaires de la
planète. Dans cette même logique, G. Caldwell (1988), cité
par M. Brouillette-Paradis, (2010, p.13) confirme que c'est l'inscription de la
production agricole dans une logique de marché qui provoqua une
transformation des modes de production. Pour la FAO (2015i, p.1), la
dégradation des sols est causée par des pratiques de gestion et
d'utilisation des terres non durables, et par des phénomènes
climatiques extrêmes qui résultent de différents facteurs
sociaux, économiques et de gouvernance. Actuellement, 33 pour cent des
terres sont modérément ou gravement dégradées du
fait de l'érosion, de la salinisation, du compactage, de l'acidification
et de
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la pollution chimique des sols. Le taux actuel de
dégradation des sols menace la capacité des
générations futures à satisfaire leurs besoins les plus
élémentaires.
L'agriculture repose sur un processus continu d'intervention
et de modification de la nature ; son fonctionnement dépend de
l'environnement et du maintien de sa qualité tout en nécessitant
sa transformation et en causant inévitablement une atteinte à cet
environnement (K. Weiss & al., 2006, p.79). Les
différents systèmes et techniques agricoles impactent le sol dans
ces différentes facettes par la perte de la couche arable et favorisent
l'érosion des champs de culture. Selon certaines études
effectuées par A. Azontonde (1993, p.223), le labour isohypse
réduit fortement l'érosion; mais, au lieu d'entraîner une
forte réduction des pertes de matière organique en conservant la
fertilité des sols, ce labour conduit au contraire à une chute du
stock organique et des rendements. Ces études révèlent
également que, le grattage léger avec brûlis aboutit
à la destruction de la matière organique, à la
dénudation du sol et à une augmentation du ruissellement. Mais
pourtant, les études effectuées par G. Richard, (2008, p.8) ont
montré que pour ce qui est de l'activité biologique des sols
tassés, la présence d'une structure du sol dégradée
(i.e. dont la proportion de zones tassées dans la couche
travaillée est plus importante) affecte différemment les
espèces de vers de terre. Un passage d'engin lourd en conditions humides
peut entraîner une baisse de près de 50 % du nombre de vers de
terre, soit par une mort directe par écrasement lors du tassement, soit
par fuite des individus hors de la zone tassée.
Selon P. Gareau & al., (1999) cité par
RQGE, (2007, p.17), l'augmentation des superficies en culture de maïs et
de céréales ainsi que l'abandon graduel de la rotation des
cultures n'ont fait qu'aggraver le problème de perte de sol. D'où
la nécessité de changement des pratiques agricoles aux fins
d'accroitre les rendements. C'est ce qu'a compris A. M. Igue (2013, p. 24) en
résumant que la dégradation des terres est un problème qui
aujourd'hui compromet le développement et même le survie de la
population.
D'aucun attribuent non seulement ce phénomène de
diversité des pratiques agricoles et de dégradation des sols
à la non-maitrise des techniques culturales et à la
qualité du sol mais également à la pauvreté. C'est
ainsi que (M. Bied-Charreton, 2017 p.12) affirme que l'accroissement de la
production agricole s'est souvent fait au prix d'une pression
accrue sur les ressources et l'espace: augmentation des
superficies cultivées, diminution de la jachère, et donc perte de
la fertilité et plus grande sensibilité à la
dégradation. S'ajoute à cela le surpâturage et les
déboisements pour le bois de feu et d'autres usages comme l'urbanisation
C'est d'ailleurs dans cette optique que les études effectuées par
E. N. Houngbo, (2012, p.250) au Bénin pendant la période
2000!2007 sur le plateau Adja affirment que, les chances des ménages
pauvres de sortir de la pauvreté ont été globalement
améliorées tout comme celles des non pauvres de demeurer non
pauvres. Ces chances sont renforcées au niveau des ménages qui
mettent en oeuvre les techniques agricoles de conservation des terres (TAC)
comparativement à ceux qui ne les pratiquent pas. Les pratiques de
jachère naturelle, déjà chère
améliorée et de plantation, outre l'amélioration de la
qualité environnementale, améliorent les chances du ménage
pauvre de sortir de la pauvreté et celles du ménage non pauvre de
le rester. Plus spécifiquement, l'analyse par TAC indique que les
technologies de jachère améliorée (TJA) sont la pratique
la plus efficace économiquement devant la jachère naturelle et la
plantation pure, pour réduire à long terme l'incidence de la
pauvreté.
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