Abstract
With the aim of contributing to agricultural practices and
adopting soil conservation agriculture, a study was carried out on cultivation
practices and soil degradation in the municipality of Nikki. The objective of
this study is to assess the degradation of the soil, resulting from
agricultural practices in the municipality of Nikki. This is how, on the basis
of in situ and ex situ analysis methods, the physico-chemical parameters of the
soils obtained from a superposition of images by remote sensing were analyzed.
The results obtained from theses analyzes reveal that all the different types
of soil in the municipality, namely ferralitic soils, tropical ferruginous
soils with concretion or leached without concretion, hydromophic soils and
mineral soils crudes are acidic with varying degrees of acidity from mildly
acidic to strongly acidic. For example, 36.05 % of the soils in the
municipality of Nikki are strongly acidic; 43.55 %are moderately acidic and
20.40 % are slightly acidic because they mainly have a pH below 7 compared to
the rate of the stock of Organic Carbon (CO) 6.17 % of soils accumulate a very
low of CO; 10.06 % of soils accumulate a low stock of CO; 8.08 % of soils
accumulate an average stock of CO and 75.70 % of soils accumulate a strong CO
stock. With regard to Cationic Exchange Capacity (CEC); 28.16 % of the
commune's soils have a low CEC; 35.27 % have an average CEC; 26.37 % have a
strong CEC and 10.20 % have a very strong CEC. Concerning the rate of Nitrogen
(N); 11.85 % of the soils of the municipality have a very low rate of N; 20.96
% have a low N level; 58.38 % an average N rate and finally 8.80 % have a high
N rate. As for the level of soil fertility in the municipality, it appears that
5.22 % of the soil has a low level of fertility; 57.5 % of soils have an
average level of fertility and 37.28 % have a high level of fertility. From the
analysis of these parameters, it emerges that 58.35 % of cultivated areas are
slightly degraded; 37.29 % are moderately degraded and 4.36 % strongly
degraded. The factors responsible for this degradation are relating to the
excessive use of chemical inputs in agricultural production, poor cultural
practices, human activities linked to agricultural production (cutting and
incineration of trees, clearing of fields, etc.). Faced with this situation, it
is important that conservation measures and good agricultural practices are
taken.
Keys words: Agricultural Practices; Soils;
Degradation; Nikki municipality.
5
INTRODUCTION
De nos jours, plusieurs pays de l'Afrique tropicale en
générale et particulièrement le Bénin ont vu
malgré la diversification des systèmes agricoles que les
rendements agricoles sont devenus faibles par endroit à cause de la
pauvreté des sols cultivables. Cette pauvreté des sols est due
non seulement à l'action des facteurs climatiques mais aussi aux
différentes pratiques agricoles utilisées dans ces milieux. Il
est de même important de retenir que ces pratiques agricoles
utilisées par les grands exploitants appauvrissent les terres arables
progressivement de nos jours. Signalons que plus de 25% des terres du globe
sont fortement dégradées ou subissent un taux élevé
de dégradation [dont 50% de terres agricoles] et près de 12
millions d'hectares disparaissent chaque année (UNCCD, 2016, p.1). Cette
dégradation croissante est conséquente des systèmes et
techniques inappropriées aux terres cultivables par les producteurs.
C'est ce que viennent confirmer les études effectuées par C.
Reijntjes & al., (1995, p.28) lorsqu'elles affirment que les
techniques traditionnelles de production ont continué de se
développer en interaction constante avec la culture et l'écologie
locales. Lorsque les conditions changeaient (par exemple : augmentation de
population ou influence de valeurs étrangères), le système
de production lui aussi évoluait. Ce facteur entraine progressivement la
dégradation du sol. Il faut aussi noter que l'agriculture autrefois
extensive est devenu intensive avec non seulement l'utilisation des produits
chimiques (pesticides, herbicides, insecticides, etc.) mais aussi l'usage des
machines agricoles (faucheuses, tracteurs, charrues, etc.) dans le but
d'accroitre la productivité. Ces pratiques contribuent et facilitent la
dégradation du sol dans ces différentes facettes. C'est
d'ailleurs l'idée que soutiennent A. Courtoux & C. Claveirole (2015,
p.11), en affirmant que les matières organiques et la
biodiversité immense sont au coeur de la qualité des sols et
assurent des fonctions essentielles, dont vont largement dépendre les
autres services rendus par les sols. Il convient ainsi de souligner la
diversité microbiologique et génétique présente
dans les sols puisqu'un gramme de terre contient notamment environ un milliard
de bactéries appartenant à plusieurs centaines de milliers
d'espèces différentes et un million de champignons relevant
eux-aussi de plusieurs milliers d'espèces. On retient alors de cette
assertion que toutes les différentes pratiques agricoles participent
à la destruction partielle ou totale de la structure du sol
6
qui entraine soit directement ou indirectement la
dégradation du sol dans les régions tropicales. Selon CIRADEL
(2017, p.26), plus de 70 % de la population de la commune de Nikki vit de
l'agriculture qui représente plus de 75 % du secteur primaire. Les
terres cultivables sont abondantes avec une fertilité acceptable et se
prêtent à cette activité. Par conséquent, la commune
de Nikki n'étant pas à l'abri de ces éventuelles
dégradations, il est donc important qu'une étude des pratiques
agricoles et des dégradations des sols, soit effectuée dans la
commune de Nikki afin que les mesures de conservation durables des sols soient
prises. Pour mener à bien cette étude, il s'avère
nécessaire de chercher les éléments de réponse aux
questions essentielles suivantes :
? qu'est ce qui caractérise les pratiques agricoles
dans la commune de Nikki ?
? quelles sont les types de dégradations de sols issues
des pratiques agricoles ?
? quelles sont les systèmes et techniques agricoles
adoptés pour une conservation
durable des sols ?
Les réponses à ces interrogations permettent de
mieux cerner les facettes des pratiques agricoles et dégradations des
sols dans ladite commune.
Pour y parvenir, cette étude s'articule autour de trois
chapitres à savoir :
? Le premier consacré à la problématique,
aux objectifs et hypothèses, au cadre d'étude et à la
clarification conceptuelle ;
? Le deuxième porte sur une revue de littérature
et à la démarche méthodologique devant permettre
l'aboutissement des objectifs de cette étude ;
? Le troisième porte sur les résultats, leurs
interprétations, l'évaluation des dégradations et enfin
sur une discussion qui va conduire à la proposition des systèmes
et techniques agricoles pour une conservation durable du sol.
7
8
CHAPITRE I : PROBLEMATIQUE, OBJECTIFS ET
HYPOTHESES, CADRE D'ETUDE ET LA CLARIFICATION CONCEPTUELLE
1. Problématique
Le Bénin tout comme les autres pays de l'Afrique est
soumis à une croissance démographique dont la conséquence
immédiate est celle de la surexploitation des ressources naturelles
à cause du développement des activités agricoles qui sont
les principales activités des populations qui y vivent de nos jours. Ces
activités agricoles avec l'adoption des différentes pratiques
culturales sont pour la plupart responsables des dommages à la ressource
terre. Cette ressource non renouvelable connait des dégradations de
jours en jours dans toutes ces formes. Cette dégradation progressive des
terres suscite la polémique de plusieurs auteurs dont P. Brabant (2010,
p.4) qui affirme que la terre est une ressource en constante diminution
à cause de la croissance démographique et des effets
défavorables des activités humaines (surexploitation des terres,
pollutions, etc.) : 2 hectares de terre étaient disponibles par habitant
en 1900 dans le monde contre moins de 0,5 hectare en 2010. Il conclut en
soulignant que la dégradation des terres a drastiquement augmenté
depuis une soixantaine d'années, partout sur la planète, du fait
de la croissance démographique et de l'expansion industrielle. Pour A.
M. Igue & al. (2006a) cité par A. M. Igue & al
(2010, p.124) une réduction de la stratification et du taux de
recouvrement accompagne la conversion des formations forestières en
savanes et zones de cultures. Cette modification du couvert
végétal par les défrichements, les coupes de bois d'oeuvre
et de bois énergie expose les sols aux phénomènes de
ruissellement en nappe et en ravines et les fragilisent.
Selon S. Chibani (2016, p.23), toute opération
culturale induit une modification de l'état structural du sol et de
l'infiltration et par conséquent une diminution ou augmentation du
ruissellement et de l'érosion. C'est ainsi que dans la même
année, N. Turpin (2016, p.2) souligne à son tour que depuis plus
de vingt ans, de nombreuses actions incitatives ont vu le jour pour imaginer
des pratiques agricoles répondant au triple défi d'assurer un
niveau de vie pour les agriculteurs similaire au reste de la population, de
préserver les ressources naturelles exploitée par l'agriculture
et de fournir des services écosystémiques locaux
(biodiversité, paysage) ou à échelle plus globale en
participant à l'atténuation du changement climatique. Il faut
signaler que la diversité des semences,
des pratiques culturales et l'utilisation de la machination
dans le domaine agricole ont un impact sur le sol. Mais dans une étude
menée par M. Naitormbaide & al. (2010, p.877), les
exploitants affirment que l'emplacement d'une culture « est lié
à la force de la terre », c'est-à-dire le niveau de la
fertilité de celle-ci.
Quant à K. F. Benbrahim (2004, p. 318), il affirme que
l'augmentation des besoins alimentaires, suite à la surpopulation,
entraîne une surexploitation des ressources naturelles, ce qui se traduit
par l'utilisation des terres marginales, dont les parcours et les forêts,
comme terres de culture, ainsi que par l'intensification des techniques
d'exploitation des terres utilisant souvent des outils peu appropriés et
mobilisant de fortes doses d'eau pour l'irrigation. C'est ce qui pousse la Fao,
(1984a) cité par C. Reijntjes & al, (1995, p.26) en
affirmant que si aucune mesure visant à conserver les terres des zones
pluviales n'est prise, l'érosion et les pertes de sol dues à
l'eau ou au vent, l'augmentation de salinité ou d'alcalinité,
l'épuisement en éléments minéraux
nécessaires aux plantes et en matière organique, la
détérioration de la structure du sol et la pollution vont
provoquer la perte de 544 millions d'hectares de terres arables : 10% en
Amérique du Sud, 16,5% en Afrique, 20% en Asie du Sud-Ouest, 30% en
Amérique centrale et 36% en Asie du Sud Est. Ils ajoutent qu'une grande
partie des terres restantes perdront également de leur fertilité,
en raison de la détérioration de la couche arable. Elle continue
à cet effet en disant que la perte totale de productivité des
terres arables des régions pluviales atteindra le taux effarant de 29%.
C'est alors que la Fao (2016, p.5) affirme que si les sols sont mal
gérés ou s'ils sont cultivés selon des pratiques agricoles
non durables, le carbone présent dans le sol peut être
libéré dans l'atmosphère sous la forme de dioxyde de
carbone et contribuer aux changements climatiques.
Face à cette dynamique de la terre qui ne met pas la
commune de Nikki à l'abri des dégradations des sols, il est
indispensable que des mesures spécifiques soient prises pour
réduire les effets de dégradation, d'où la
nécessité de la présente étude intitulée
« Pratiques agricoles et dégradation des sols dans la
commune de Nikki ».
9
1.1 Objectifs et hypothèses de l'étude
Pour mener cette étude, quelques objectifs et
hypothèses de recherche ont été formulées.
|