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Processus électoral et gouvernance politique en RDC.


par HERGIE KAFINGA BINKOLELE
Université de Lubumbashi(UNILU) /RDC - Licence 2018
  

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III.2.1.3. Période postcoloniale

Les députés provinciaux devaient élire les gouverneurs des provinces tandis que les députés nationaux devaient élire le président de la République.

En 1965, la mêmeprocédure se fait en ce qui concerne les élections des députés nationaux et provinciaux conformément à la constitution de Luluabourg(1964). Ces élections se passent sans problèmes. En 1965, la République Démocratique du Congo tient ses élections législatives de mars jusqu'au 30 avril afin d'élire ses membres du parlement. Les votes donnent la victoire à la CONACO (« convention nationale congolaise »), parti politique de Moïse Tshombe.

Mais le problème se pose au niveau du premier ministre Moïse Tshombe et Joseph Kasavubu, tous deux candidat à la magistrature suprême. Profitant de ce climat de mésentente, le lieutenant général Joseph Mobutu prend le pouvoir par coup d'Etat militaire.

Il demande au peuple de lui accorder cinq ans pour remettre de l'ordre dans la gestion de la chose publique. Il fait table rase de tous les partis politiques. En 1967, il fait amender la constitution de Luluabourg qui, selon lui, est inadaptée aux circonstances de l'époque. Il en sort une autre constitution en 1967 adoptée par voie référendaire. Il dissout le parlement de 1965, car dit-il, lesparlementaires de 1965 ont été élus dans des conditions discutables, ce sont des politiciens rétrogradés qui ne pourront pas à un peuple et un gouvernement révolutionnaire. Ici il est question seulement des députés nationaux et provinciaux et non les sénateurs. Le Président de la République sera désormais élu au suffrage universel direct. Il faut aussi noter que l'une des innovations de cette constitution a été l'égalité des droits civiques et politiques entre les sexes. C'est en ce moment que l'on retrouve des femmes parlementaires (à partir de la législature de 1970).

En 1967, il y a la création du MPR, le seul parti politique qui, plus tard, sera converti en parti-Etat.

En 1970, soit cinq après le coup d'Etat militaire, le général Mobutureçoit officiellement une lettre du MPR le nommant comme le candidat du parti à la présidence de la République du zaïre. Pendant la campagne électorale, le MPR met l'accent sur la lutte contre le tribalisme, pour la paix, l'ordre, la prospérité. Et, le président Mobutu est l'homme qu'il faut, l'homme de la providence. Dans ce contexte, des artistes musiciens sont utilisés pour la propagande du part-Etat et de son président.

Mobutu sera effectivement élu président de la République pour un mandant de sept ans. Les résultats et le pourcentage sont communiqués selon les instructions du ministre de l'intérieur, SakombiInongo.

En 1965, les commissaires du peuple (députés) ont été élus par acclamation. Les raisons avancées pour justifier cette innovation sont, entre autres, le fait que ce système ressemble à celui utilisé jadis dans nos sociétés traditionnelles, qu'il était rapide et de moindre cout45(*). Il est important de noter que les candidats étaient sélectionnés par le parti MPR sur base de degré de leur militantisme avant d'être présentés par le parti au peuple.

En 1977 (Juillet), nouveau code électorale : les élections parlementaires sont régis par ce nouveau code électoral qui stipule que les candidats seront élus au suffrage universel direct. C'est sous la pression d'une opposition armée (guerre du Shaba : guerre de 80 jours), qu'au mois d'octobre 1977, les commissaires du peuple et les commissaires politiques furent élus au suffrage universel direct par le peuple zaïrois.Mobutu a en quelque sorte instauré une démocratie au sein du parti politique MPR à condition d'être considéré comme éligible par le congrès du MPR. En d'autres termes, seuls les candidats sélectionnés par le parti MPR pouvaient alors déposer leurs candidatures pour les élections législatives, provinciales et municipales.

Mais, en ce qui concerne les élections présidentielles de 1977, le congrès du MPR a désigné une fois de plus Mobutu comme candidat unique du parti-Etat. Cette désignation était logique dans la mesure où pour le parti-Etat, le président du MPR était ipso facto président de la République. Et donc qui d'autre pouvait prétendre à la présidence du MPR, parti-Etat aussi longtemps que le président-fondateur était en place et nonempêché.

Le 01 Novembre 1980, treize parlementaires rédigent une lettre ouverte de 52 pages au président de la République dans laquelle les auteurs se demandent si par la structure du MPR, Mobutu veut devenir président à vie ou s'il veut rendre le pouvoir héréditaire.

Mobutu supprima la procédure parlementaire d'interpeler les ministres et d'autres responsables dont la gestion était considérée comme opaque. Ils ont fait allusion aux aspects sociaux, économiques, politiques du pays, bref, ils ont émis les critiques sévères à l'endroit du gouvernement ou du système Mobutu. Ils ont conquis la sympathie des milieux internationaux de la population zaïroise. Des vagues d'arrestations se succèdent. Les treize parlementaires sont mis en prison, etc.

Il ne faut pas oublier qu'en 1981, le MPR se fissure, car il né en son sein une autre tendance des treize parlementaires. En 1982, au mois de Février, est créée l'UDPSS, un parti d'opposition au pouvoir. Dans ces conditions, voter rouge, c'est voté pour les désordres, les troubles, le sang, le chaos, la guerre. Tandis que voter vert symbolisait voter pour la paix, la tranquillité l'espoir, la prospérité. C'était donc voter pour Mobutu.

En 1984 sont organisés les élections présidentielles. Une fois de plus le congrès du MPR, parti-Etat a désigné Mobutu comme le candidat du parti-Etat. Durant la campagne électorale, il a été question de choisir entre deux cartons : le rouge et le vert. Le carton rouge symbolisait les désordres, les troubles, les guerres, les sangs, le chaos, la désolation. Par contre, le carton vert symbolisait la paix, le progrès, la prospérité, le régimeMobutu. Une fois de plus, Lwambo Makiadi fut embarqué dans la campagne électorale en faveur de Mobutu avec sa chanson « voter mayi ya pondu » le choix était clair. Mobutu fut élu avec 99,16% des voix.

Les dernières élections parlementaires sous le régime de Mobutu datent de 1987. Il faut noter que ces élections ont été crédibles bien que l'on voter de l'intérieur du parti-Etat. Les différents candidats retenus par le parti-Etat, menaient leur campagne électorale en se conformant aux principes du parti. De plus il fut accepté que les candidats mandatent leurs témoins à la fois dans les bureaux de vote et dans les bureaux de dépouillement.

Dès le mois d'avril 1990, commence la période de démocratisation politique avectout son cortège de violence. C'est au cours de cette période qu'a été organisée la Conférence Nationale Souveraine(CNS). A fin des années 1990, interviennent la chute et la fuite de Mobutu de L'AFDL sous la conduite de Laurent-désiré Kabila (Mzée). Ce dernier fait à son tour table rase de tous les partis politiques, à l'exception de l'AFDL. Le président Laurent-désiré est assassiné en Janvier 2001, dans une période d'agression de la RDC par la coalition Ougando-Burundo-Rwandaise.

« Ce dernier n'a fait que quatre ans au pouvoir sans organiser les élections qu'il avait promises au peuple congolais. C'est son successeur qui, sous l'impulsion de la communauté internationale, conduira le peuple congolais aux élections de commun accord avec les différents antagonistes qui opéraient sur les différents territoires de la RDC. Ces élections de 2006 ont réveillé un souverain primaire longtemps sevré des pratiques empreintes de liberté et de transparence. Les hommes et les femmes en âge de voter ont trouvé leur devoir démocratique des urnes. Rappelons qu'en dehors des consultations de 1960 et de 1965, les congolais ont été soumis, durant la période du règne de Mobutu aux plébiscites du parti unique, le Mouvement Populaire de la Révolution (MPR) »46(*).

Son fils Joseph Kabila, alors Général major des FARDC, lui succède. Intervient un gouvernement spécial dirigé par un président, candidat del'AMP, etquatre vicesprésidents dont trois représentants de trois mouvements de l'opposition armés et non armés.

C'est en date du 18 et 19 Décembre 2005 que fut organisé le referendum constitutionnel, prélude aux élections présidentielles et législatives organisés en 2006.

Plus ou moins de 25,6 d'électeurs furent appelés à élire leurs représentants, à savoir, le président de la république et les députés nationaux et provinciaux. Trente-trois (33) candidats dont quatre femmes furent retenu par la commission électorale indépendante (CEI) pour l'élection présidentielle. Il faut noter l'absence des candidats de l'UDPS, principal parti d'opposition présidé par Etienne Tshisekedi wa Mulumba. Tout compte fait, c'est au second tour que Joseph Kabila remporta les élections présidentielles avec 58% des voix contre 42% de Mbemba.

En 2011, contrairement à la constitution de 2006, et pour des raisons financières, l'élection présidentielle ne se déroula qu'à un seul tour. A l'issue des élections présidentielles, Joseph Kabila eut 48,9% des voix et l'emporta de nouveau face à Etienne Tshisekedi qui a eu 32,3% des voix.

En définitive, nous pouvons nous résumé en ce terme :

Depuisl'indépendance de notre pays en 1960 jusqu'à ce jour, nous avons connu six (6) élections présidentielles.

De six élections présidentielles, il y a eu :

Ø Une (1) élection au suffrage indirect, celui de 1960 (Kasavubu) ;

Ø Cinq (5) élections au suffrage universel direct ;

Ø Trois (3) dans un scrutin pluraliste (1970 ; 1977 ; et 1984)

Ø Ces élections présidentielles ont été précédées par des révisions constitutionnelles taillées sur mesure.

ü La loi fondamentale en 1960 a régi les élections de 1960 ;

ü La constitution de 1965, dite de Luluabourg a régi les élections de 1965 ;

ü La constitution de 1967, régi les élections de 1970 ;

ü La constitution de 2006 régi les élections de 2006.

* 45 Claude MWILAMBWE, op.cit. p12

* 46 Idem

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"Il faudrait pour le bonheur des états que les philosophes fussent roi ou que les rois fussent philosophes"   Platon