CHAPITRE 1. L'AGROECOLOGIE
1.1. DEFINITION DE L'AGROECOLOGIE
Le terme agroécologie qui est utilisé pour la
première fois en 1928 par Basil Bensin, un agronome américain
d'origine russe a fait l'objet de différentes définitions. Au
niveau mondial, la définition dominante est celle donnée par des
scientifiques d'Amérique du Nord et du Sud (Altieri, Gliessman, Caporal,
...). Selon ces auteurs, l'agroécologie résulte de la fusion de
deux disciplines scientifiques, l'agronomie et l'écologie. Il s'agit
à la fois d'une science, d'un ensemble de pratiques et d'un mouvement
social (De Schutter, 2011).
En tant que science, l'agroécologie
est l' « application de la science écologique à
l'étude, à la conception et à la gestion
d'agroécosystèmes durables ».
En tant qu'ensemble de pratiques agricoles,
l'agroécologie recherche des moyens d'améliorer les
systèmes agricoles en imitant les processus naturels, créant
ainsi des interactions et synergies biologiques bénéfiques entre
les composantes de l'agroécosystème (De Schutter, 2011). Elle
permet d'obtenir les conditions les plus favorables pour la croissance des
végétaux, notamment en gérant la matière organique
et en augmentant l'activité biotique du sol.
Au-delà des aspects liés à la production
agricole, l'agroécologie peut également recouvrir un sens plus
large comme étant un mouvement social qui met l'accent
sur l'autonomie des exploitations obtenue par une réduction du recours
aux intrants externes et cherche de nouvelles façons d'envisager
l'agriculture, la transformation alimentaire locale, la pratique poussée
aux recyclages, la distribution, la consommation de denrées alimentaires
et la relation entre l'agroécologie et la société ainsi
que la nature (CISDE, 2018).
1.2. LES PRINCIPES DE L'AGROÉCOLOGIE
L'agroécologie se fonde sur plusieurs principes
fondamentaux tels que (De Shutter, 2011) :
? Le recyclage des nutriments et de l'énergie produite par
le système ;
? L'intégration des cultures et du bétail ;
? La diversification des espèces et des ressources
génétiques des agroécosystèmes
dans l'espace et le temps ;
Page | 6
? Les interactions et la productivité à
l'échelle de l'ensemble de l'agrosystème
plutôt que sur des variétés individuelles.
La figure 1 illustre les différents leviers de
l'agroécologie.
Figure 1. Les différents leviers de
l'agroécologie (Agrisud International, 2010)
1.3. AVANTAGES DE L'AGROECOLOGIE
L'agroécologie est bien le seul et le meilleur choix
envisageable pour préserver l'environnement tout en accroissant la
production agricole. Elle est une approche intégrée qui applique
en même temps des notions et des principes écologiques et sociaux
à la conception et à la gestion des systèmes alimentaires
et agricoles. Elle vise à optimiser les interactions entre les
végétaux, les animaux, les humains et l'environnement, sans
oublier les aspects sociaux dont il convient de tenir compte pour qu'un
système alimentaire soit durable et équitable (Agrisud
International, 2010)
L'agroécologie interpelle les agronomes sur
l'intérêt de s'appuyer sur les régulations naturelles de
l'agroécosystème, plutôt que sur les intrants, pour assurer
la production agricole sans gaspiller les ressources, en particulier celles qui
ne sont pas renouvelables. Baser la construction des modes de production sur
l'agroécologie, souligne Altieri (1992), c'est diminuer les impacts
environnementaux, en réduisant, et si possible en éliminant, les
intrants chimiques ; c'est renforcer la santé des
agroécosystèmes en promouvant des techniques qui renforcent le
contrôle naturel des bioagresseurs ; c'est optimiser le
métabolisme des agroécosystèmes en organisant le recyclage
des nutriments ; c'est améliorer la conservation et la
régénération des sols, de la ressource en eau et de la
biodiversité.
Page | 7
1.3.1. Avantages écologiques Sur le plan
écologique :
· L'agroécologie encourage l'interaction
positive, la synergie, l'intégration et les
complémentarités entre les éléments des
écosystèmes agricoles (plantes, animaux, arbres, sol, eau, etc.)
et des systèmes alimentaires (l'eau, l'énergie renouvelable et
les interactions découlant de la relocalisation des chaînes
alimentaires).
· L'agroécologie crée et préserve la
vie dans les sols dans le but de créer des conditions favorables
à la culture des plantes (Altieri et al., 2005) ; La figure 2
illustre les interactions qu'on rencontre au sein d'un agrosystème.
Figure 2. Les interactions au sein d'un
agrosystème (Agrisud international, 2010)
· L'agroécologie optimise les processus naturels
qu'offre la nature en recyclant les nutriments et la biomasse existants dans
les systèmes agricoles et alimentaires ;
· L'agroécologie optimise et maintient la
biodiversité au-dessus des sols et dans les sols (une large gamme
d'espèces et de variétés, de ressources
génétiques, des variétés/races adaptées aux
conditions locales, etc.) dans le temps et l'espace (au niveau de la parcelle,
de l'exploitation agricole et du paysage) ;
· L'agroécologie supprime l'utilisation et la
dépendance aux intrants synthétiques externes (pesticides,
engrais, antibiotiques, eau d'irrigation, aliments pour bétails...) en
permettant aux agriculteurs de lutter contre les maladies, les ravageurs et les
adventices et d'améliorer la fertilité grâce aux processus
écologiques ;
· L'agroécologie encourage l'adaptation et la
résilience aux effets du changement climatique tout en contribuant
à l'atténuation des émissions de gaz à effet de
serre (réduction et séquestration) grâce à une
utilisation moindre des combustibles fossiles et à une plus grande
séquestration du carbone dans le sol ;
Page | 8
· L'agroécologie présente également
l'avantage de contribuer à l'atténuation des effets du changement
climatique, par exemple en préservant la qualité des sols et en
restaurant la fertilité des sols épuisés, ce qui contribue
ainsi à la séquestration du carbone , ou en réduisant
directement ou indirectement la consommation d'énergie, ce qui
évite les émissions de gaz à effet de serre (Lin et
al., 2011)
|