ANNEE ACADEMIQUE 2019-2020
UNIVERSITE DE KINSHASA
FACULTE DES SCIENCES AGRONOMIQUES DEPARTEMENT DE GESTION DES
RESSOURCES NATURELLES OPTION : Eaux et Forêts B.P. 117 KINSHASA
XI
BREF APERCU SUR LES AVANTAGES ET LES LIMITES DE
L'AGROECOLOGIE ET L'AGRICULTURE DURABLE
PAR :
Clarin BASUSU MASIMO
G3 Eaux et Forêts
Travail de Fin de Cycle présenté en vue de
l'obtention du titre de gradué en Eaux et Forêts
Directeur : Professeur MUENGULA MANYI
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TABLE DES MATIÈRES
TABLE DES MATIÈRES i
EPIGRAPHE iii
DEDICACE iv
REMERCIEMENTS v
LISTE DE FIGURES vi
LISTE DE SIGLES ET ABREVIATIONS vii
RÉSUMÉ 1
0. INTRODUCTION 2
0.1. PROBLEMATIQUE 2
0.3. OBJECTIFS DU TRAVAIL 3
0.3.1. Objectif général 3
0.3.2. Objectifs spécifiques 3
0.4. INTERET DU TRAVAIL 4
0.5. CANEVAS 4
CHAPITRE 1. L'AGROECOLOGIE 5
1.1. DEFINITION DE L'AGROECOLOGIE 5
1.2. LES PRINCIPES DE L'AGROÉCOLOGIE 5
1.3. AVANTAGES DE L'AGROECOLOGIE 6
1.3.1. Avantages écologiques 7
1.3.2. Avantages socio-culturels 8
1.3.3. Avantages économiques 9
CHAPITRE 2. L'AGRICULTURE DURABLE 10
2.1. DEFINITION DE L'AGRICULTURE DURABLE 10
2.2. PRINCIPES DE L'AGRICULTURE DURABLE 12
2.3. AVANTAGES DE L'AGRICULTURE DURABLE 12
2.3.1. Avantages écologiques 13
2.3.2. Avantages socio-culturels 15
2.3.3. Avantages économiques 16
CHAPITRE 3. LES LIMITES DE L'AGROECOLOGIE ET L'AGRICULTURE
DURABLE 17
3.1. LIMITES DE L'AGROECOLOGIE 17
3.1.1. Limites liées à la transition 17
3.1.3. Limites socio-culturelles 18
3.1.4. Limites économiques 19
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3.2. LIMITES DE L'AGRICULTURE DURABLE 21
3.2.1. Limites écologiques 21
3.2.3. Limites socio-culturelles 22
3.2.4. Limites techniques 23
CONCLUSION 24
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 25
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EPIGRAPHE
« Les grands changements semblent
impossibles au début et inévitables à la fin
»
Bob Hunter, fondateur de GREENPEACE
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DEDICACE
À la mémoire de mon père BASUSU
MAMBASA José et à ma mère MASIMO IGOMBO
Marie-Claire
Ce travail est le fruit de vos sacrifices que vous avez
consentis jour et nuit pour mon éducation, ma formation et mon bien
être.
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REMERCIEMENTS
Ce travail est l'aboutissement d'un dur labeur et de
beaucoup de sacrifices ; mes remerciements vont d'abord au Créateur de
l'univers qui m'a doté d'intelligence, et m'a maintenu en santé
pour mener à bien cette année d'étude.
Que soient remerciées toutes les autorités
académiques comme scientifiques de l'Université de Kinshasa,
particulièrement celles de la Faculté des Sciences Agronomiques
pour leurs contributions à ma formation.
Ma reconnaissance va spécialement au Professeur
MUENGULA MANYI Marcel et au Chef de travaux NGOMBO NZOKWANI Augustin.
Simplement mais efficacement, ils ont su m'orienter. Ce travail porte donc
leurs empreintes. Qu'ils soient remerciés.
Je remercie tous les membres de ma famille,
particulièrement ma maman MASIMO Marie-Claire, mes grands frères
BASUSU MAMBASA Charles Péguy et BASUSU MANGBAU Jérémy
Alex, ma tante EBANGA ASSOSA Bernadette et mes cousins Me ELONGO BANTU ZOLE
Dadou, EBANGA BENEDICTE Bénie, Marie Noëlle Tyty MOLIMBI et
Gisèle MOLIMBI pour m'avoir soutenus moralement et financièrement
durant mon parcours.
Je remercie mes amis Justin EPONDO, Felix KANZA, Aristote
KITENGE, Isabelle KABAMBA, Reguy GBAFIO, Annita KITA et tous mes camarades de
promotion qui ont rendu cette aventure sympathique.
À vous tous qui m'êtes liés par le
sang comme par l'amitié, par la vie comme par la foi, daignez trouver
ici, l'expression de ma profonde gratitude. Chacun de vous est une
nécessité pour moi.
BASUSU MASIMO Clarin
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LISTE DE FIGURES
Figure 1. Les différents leviers de
l'agroécologie 6
Figure 2. Les interactions au sein d'un agrosystème
7
Figure 3. Les trois piliers du developpement durable 11
Figure 4. La conservation du sol par l'agriculture durable
13
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LISTE DE SIGLES ET ABREVIATIONS
Agripreneurs : Entrepreneurs agricoles
CIRAD : Centre de coopération Internationale en Recherche
Agronomique pour le Développement
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture GES : Gaz à effet de serre
GIZ : Deutsche Gesellschaft für Internationale
Zusammenarbeit (GIZ) GmbH Labo : Laboratoire
OGM : Organisme Génétiquement Modifié
RAD : Réseau Agriculture Durable
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RÉSUMÉ
La sécurité alimentaire reste une
préoccupation essentielle de très nombreuses familles dans le
monde. L'agriculture va donc être de plus en plus sollicitée dans
les années à venir et il nous faut raisonnablement envisager un
doublement de production végétale mondiale. L'augmentation de
cette production agricole doit néanmoins respecter les normes de
l'agroécologie et du développement durable.
La présente étude a été
menée pour analyser les avantages et les limites de
l'agroécologie et de l'agriculture durable dans le cadre d'une
agriculture respectueuse de l'environnement.
À l'issue de cette analyse, l'agroécologie
demeure le meilleur moyen pour préserver l'environnement tout en
accroissant la production agricole, elle préserve la vie dans le sol et
encourage l'interaction positive entre éléments des
écosystèmes agricoles. L'agriculture durable préserve les
ressources, recycle les déchets et protège les semences et les
espèces.
Les limites de l'agroécologie et de l'agriculture
durable sont liées à la transition comme l'apprentissage des
exploitants aux nouvelles techniques, les limites économiques,
socio-culturelles et écologiques.
Mots clés : agroécologie,
développement durable, transition écologique, déchets,
environnement.
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0. INTRODUCTION
0.1. PROBLEMATIQUE
Depuis 1945, les modes de production de l'agriculture se sont
profondément transformés, entraînant une augmentation
considérable de la productivité par hectare et par travailleur,
grâce notamment à la généralisation de la
mécanisation et de l'utilisation d'intrants chimiques (engrais et
produits de traitement phytosanitaire) afin de permettre à
l'humanité de répondre aux besoins alimentaires croissants
(Schaller, 2013)
Les agrosystèmes « modernes » tendent ainsi
vers une maximisation des performances économiques et productives,
reposant entre autres sur des schémas de sélection
(végétale et animale) orientés vers la productivité
et des systèmes de production homogénéisés pouvant
conduire à la dégradation de la fertilité des
écosystèmes cultivés (Schaller, 2013).
L'utilisation intensive de fertilisants chimiques et de
pesticides aboutit à la destruction de la fertilité biologique et
physique des sols, qui tendent à devenir un support stérile et
dépendants des apports ultérieurs d'engrais chimiques
(disparition en particulier des micro-organismes, principaux transformateurs de
la matière organique en éléments minéraux
assimilables par les plantes), pertes de terres agricoles ( érosion,
aridification, salinisation de terres irriguées ; épuisement de
ressources non renouvelables), dégradation et simplification des
paysages et la contribution au changement climatique par les énergies
fossiles qui contribuent fortement aux émissions de gaz à effet
de serre. En outre, de plus en plus de travaux tendent à montrer que
l'utilisation des produits phytosanitaires affecte la santé des
agriculteurs (Ledent, 1986).
En conséquence, la reconnaissance des
différentes externalités négatives associées aux
systèmes de production agricole conduit l'humanité, dans son
ensemble, à repenser la croissance économique en termes de
développement durable. L'agroécologie et l'agriculture durable
représentent des alternatives prometteuses pour un développement
durable des modes
de production agricole. Elles visent à concevoir des
systèmes de production agricole
s'appuyant sur les fonctionnalités offertes par les
écosystèmes. Elles sont ainsi des sources de résilience
aussi bien à l'échelle d'un pays, d'une région ou d'une
ferme. C'est en raison de ces différents contextes que nous nous sommes
focalisés afin d'en savoir plus dans le travail ici présent.
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C'est au regard de ce qui précède que nous nous
sommes posés quelques questions de recherche : a) Quels sont les
avantages et limites de l'agroécologie ? b) Comment le
développement durable peut influencer nos systèmes de cultures
?
0.2. HYPOTHÈSES
Sur base de nos questions de recherche, nous émettons des
hypothèses suivantes :
1. L'agroécologie et l'agriculture durable sont moins
émettrices de gaz à effet de serre et de pollution, et
bénéfiques pour les milieux naturels. Elles visent la
préservation de l'environnement, le renouvellement durable des
ressources naturelles nécessaire à la production (eau, sol,
biodiversité...) et l'économie d'utilisation des ressources non
renouvelables ;
2. Elles réduisent l'utilisation des produits
chimiques jusqu'à s'en passer, elles tendent vers une agriculture
biologique et contribuent à améliorer la santé des
agriculteurs et des consommateurs, et orientent positivement nos
systèmes de culture. Elles ont un faible rendement et favorisent
l'avènement des nouvelles contraintes (nouveaux bioagresseurs etc.).
0.3. OBJECTIFS DU TRAVAIL 0.3.1. Objectif
général
L'objectif général poursuivi par cette
monographie est d'étudier les avantages et les limites de
l'agroécologie et l'agriculture durable dans le cadre d'une agriculture
respectueuse de l'environnement.
0.3.2. Objectifs spécifiques
Les principaux objectifs spécifiques de ce travail sont
:
? Informer sur l'approche globale que propose
l'agroécologie.
? Susciter une réflexion sur les
avantages et limites de l'agroécologie et l'agriculture durable ;
? Amener une prise de conscience autour de
l'agroécologie ainsi que l'agriculture durable comme des moyens
d'atteindre la souveraineté alimentaire.
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0.4. INTERET DU TRAVAIL
Notre travail est d'une importance capitale pour la simple
raison que face aux ressources qui sont épuisables,
l'agroécologie tout comme l'agriculture durable permettent à
mieux gérer la production agricole tout en accroissant la
biodiversité dans les agroécosystèmes et en
renforçant les régulations biologiques. Elles permettent aussi
à produire une alimentation diversifiée et de qualité ou
encore elles contribuent à la lutte contre le réchauffement
climatique.
0.5. CANEVAS
En dehors de l'introduction et la conclusion, le
présent travail est structuré en trois chapitres à savoir
: le premier chapitre aborde la problématique de l'agroécologie,
le second décrit l'agriculture durable et enfin le troisième
présente les limites de l'agroécologie et de l'agriculture
durable.
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CHAPITRE 1. L'AGROECOLOGIE
1.1. DEFINITION DE L'AGROECOLOGIE
Le terme agroécologie qui est utilisé pour la
première fois en 1928 par Basil Bensin, un agronome américain
d'origine russe a fait l'objet de différentes définitions. Au
niveau mondial, la définition dominante est celle donnée par des
scientifiques d'Amérique du Nord et du Sud (Altieri, Gliessman, Caporal,
...). Selon ces auteurs, l'agroécologie résulte de la fusion de
deux disciplines scientifiques, l'agronomie et l'écologie. Il s'agit
à la fois d'une science, d'un ensemble de pratiques et d'un mouvement
social (De Schutter, 2011).
En tant que science, l'agroécologie
est l' « application de la science écologique à
l'étude, à la conception et à la gestion
d'agroécosystèmes durables ».
En tant qu'ensemble de pratiques agricoles,
l'agroécologie recherche des moyens d'améliorer les
systèmes agricoles en imitant les processus naturels, créant
ainsi des interactions et synergies biologiques bénéfiques entre
les composantes de l'agroécosystème (De Schutter, 2011). Elle
permet d'obtenir les conditions les plus favorables pour la croissance des
végétaux, notamment en gérant la matière organique
et en augmentant l'activité biotique du sol.
Au-delà des aspects liés à la production
agricole, l'agroécologie peut également recouvrir un sens plus
large comme étant un mouvement social qui met l'accent
sur l'autonomie des exploitations obtenue par une réduction du recours
aux intrants externes et cherche de nouvelles façons d'envisager
l'agriculture, la transformation alimentaire locale, la pratique poussée
aux recyclages, la distribution, la consommation de denrées alimentaires
et la relation entre l'agroécologie et la société ainsi
que la nature (CISDE, 2018).
1.2. LES PRINCIPES DE L'AGROÉCOLOGIE
L'agroécologie se fonde sur plusieurs principes
fondamentaux tels que (De Shutter, 2011) :
? Le recyclage des nutriments et de l'énergie produite par
le système ;
? L'intégration des cultures et du bétail ;
? La diversification des espèces et des ressources
génétiques des agroécosystèmes
dans l'espace et le temps ;
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? Les interactions et la productivité à
l'échelle de l'ensemble de l'agrosystème
plutôt que sur des variétés individuelles.
La figure 1 illustre les différents leviers de
l'agroécologie.
Figure 1. Les différents leviers de
l'agroécologie (Agrisud International, 2010)
1.3. AVANTAGES DE L'AGROECOLOGIE
L'agroécologie est bien le seul et le meilleur choix
envisageable pour préserver l'environnement tout en accroissant la
production agricole. Elle est une approche intégrée qui applique
en même temps des notions et des principes écologiques et sociaux
à la conception et à la gestion des systèmes alimentaires
et agricoles. Elle vise à optimiser les interactions entre les
végétaux, les animaux, les humains et l'environnement, sans
oublier les aspects sociaux dont il convient de tenir compte pour qu'un
système alimentaire soit durable et équitable (Agrisud
International, 2010)
L'agroécologie interpelle les agronomes sur
l'intérêt de s'appuyer sur les régulations naturelles de
l'agroécosystème, plutôt que sur les intrants, pour assurer
la production agricole sans gaspiller les ressources, en particulier celles qui
ne sont pas renouvelables. Baser la construction des modes de production sur
l'agroécologie, souligne Altieri (1992), c'est diminuer les impacts
environnementaux, en réduisant, et si possible en éliminant, les
intrants chimiques ; c'est renforcer la santé des
agroécosystèmes en promouvant des techniques qui renforcent le
contrôle naturel des bioagresseurs ; c'est optimiser le
métabolisme des agroécosystèmes en organisant le recyclage
des nutriments ; c'est améliorer la conservation et la
régénération des sols, de la ressource en eau et de la
biodiversité.
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1.3.1. Avantages écologiques Sur le plan
écologique :
· L'agroécologie encourage l'interaction
positive, la synergie, l'intégration et les
complémentarités entre les éléments des
écosystèmes agricoles (plantes, animaux, arbres, sol, eau, etc.)
et des systèmes alimentaires (l'eau, l'énergie renouvelable et
les interactions découlant de la relocalisation des chaînes
alimentaires).
· L'agroécologie crée et préserve la
vie dans les sols dans le but de créer des conditions favorables
à la culture des plantes (Altieri et al., 2005) ; La figure 2
illustre les interactions qu'on rencontre au sein d'un agrosystème.
Figure 2. Les interactions au sein d'un
agrosystème (Agrisud international, 2010)
· L'agroécologie optimise les processus naturels
qu'offre la nature en recyclant les nutriments et la biomasse existants dans
les systèmes agricoles et alimentaires ;
· L'agroécologie optimise et maintient la
biodiversité au-dessus des sols et dans les sols (une large gamme
d'espèces et de variétés, de ressources
génétiques, des variétés/races adaptées aux
conditions locales, etc.) dans le temps et l'espace (au niveau de la parcelle,
de l'exploitation agricole et du paysage) ;
· L'agroécologie supprime l'utilisation et la
dépendance aux intrants synthétiques externes (pesticides,
engrais, antibiotiques, eau d'irrigation, aliments pour bétails...) en
permettant aux agriculteurs de lutter contre les maladies, les ravageurs et les
adventices et d'améliorer la fertilité grâce aux processus
écologiques ;
· L'agroécologie encourage l'adaptation et la
résilience aux effets du changement climatique tout en contribuant
à l'atténuation des émissions de gaz à effet de
serre (réduction et séquestration) grâce à une
utilisation moindre des combustibles fossiles et à une plus grande
séquestration du carbone dans le sol ;
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· L'agroécologie présente également
l'avantage de contribuer à l'atténuation des effets du changement
climatique, par exemple en préservant la qualité des sols et en
restaurant la fertilité des sols épuisés, ce qui contribue
ainsi à la séquestration du carbone , ou en réduisant
directement ou indirectement la consommation d'énergie, ce qui
évite les émissions de gaz à effet de serre (Lin et
al., 2011)
1.3.2. Avantages socio-culturels Sur le plan
socio-culturel :
· L'agroécologie est implantée dans la
culture, l'identité, la tradition, l'innovation et le savoir des
communautés locales ;
· L'agroécologie contribue à une
alimentation saine, diversifiée, adaptée aux saisons et aux
cultures ;
· L'agroécologie revalorise la place des paysans
dans les sociétés ;
· L'agroécologie requiert de nombreuses
connaissances et savoirs et encourage des relations horizontales (de paysans
à paysans) pour partager les savoirs, les compétences et les
innovations. Elle encourage des alliances entre paysans et chercheurs, dans des
relations équitables ;
· L'agroécologie procure une alimentation de
qualité et diversifiée, ayant des conséquences positives
sur la santé ;
· L'agroécologie suscite et encourage la
solidarité et les débats entre personnes de cultures
différentes et au sein de ces cultures (par exemple : différents
groupes ethniques qui partagent les mêmes valeurs, mais qui ont des
pratiques différentes) et entre les populations rurales et urbaines ;
· L'agroécologie respecte la diversité
entre les populations en termes de genre, race, orientation sexuelle et
religion, crée des opportunités pour les jeunes et les femmes et
encourage le leadership des femmes et l'égalité des genres ;
· L'agroécologie aide les peuples et les
communautés à conserver leurs liens spirituels et
matériels avec la terre et l'environnement ;
· En mettant les producteurs de denrées
alimentaires au coeur des systèmes alimentaires (échanges de
pratique entre pairs, promotion des savoirs paysans, etc.), en
renforçant l'autonomie et en revitalisant les zones rurales,
l'agroécologie permet de revaloriser les identités paysannes, de
renforcer la confiance et l'engagement des paysans dans leur système
alimentaire local (CIDSE, 2018) ;
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· L'agroécologie donne la possibilité aux
femmes d'augmenter leur autonomie financière et, dans une certaine
mesure, d'influencer les rapports de force, en particulier au sein du foyer,
tout en augmentant la diversité et la valeur des rôles à la
disposition des hommes (CISDE, 2018).
1.3.3. Avantages économiques Sur le plan
économique :
· L'agroécologie promeut des réseaux de
distribution courts et équitables au lieu de chaînes de
distribution linéaires et crée un réseau de relations
transparent (souvent invisible dans l'économie officielle) entre
producteurs et consommateurs ;
· L'agroécologie aide essentiellement à
fournir des moyens de subsistance aux familles paysannes et contribue à
renforcer les marchés, les économies et les emplois locaux ;
· L'agroécologie est fondée sur une vision
d'une économie sociale et solidaire
· L'agroécologie promeut la diversification des
revenus agricoles permettant aux agriculteurs d'être plus
indépendants financièrement, augmente la résilience en
multipliant les sources de production et les moyens de subsistance, en
encourageant l'indépendance par rapport aux intrants externes et en
réduisant les mauvaises récoltes grâce à son
système diversifié ;
· L'agroécologie accroît le pouvoir des
marchés locaux en permettant aux producteurs de vendre leurs produits
à des prix équitables et de répondre activement à
la demande du marché local ;
· L'agroécologie réduit la
dépendance par rapport aux aides (humanitaire, développement) et
accroît l'autonomie de la communauté en encourageant les moyens de
subsistance durables et la dignité (FAO, 2015).
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CHAPITRE 2. L'AGRICULTURE DURABLE
2.1. DEFINITION DE L'AGRICULTURE DURABLE
Le terme « durabilité » est aujourd'hui
largement utilisé dans les milieux du développement, mais que
signifie-t-il au juste ? Selon le dictionnaire, la « durabilité
» se dit de « la continuité d'un effort, la capacité de
pouvoir durer et ne pas chuter ». Dans le contexte de l'agriculture, la
« durabilité » se réfère principalement à
la capacité de rester productif tout en maintenant la base des
ressources. À titre d'exemple, le Comité de consultation
technique du Groupe consultatif pour la recherche agricole internationale
(CCT/GRAI, 1988) déclare que « l'agriculture durable consiste
à gérer de manière efficace les ressources utilisables par
l'agriculture dans le but de satisfaire les besoins changeants de l'être
humain, tout en veillant au maintien, voire à l'amélioration de
la qualité de l'environnement ainsi qu'à la préservation
des ressources naturelles » (Reijntjes, 1995).
Toutefois, beaucoup se réfèrent à une
définition plus large selon laquelle l'agriculture est durable si elle
est (Gips, 1986) :
? Écologiquement saine,
c'est-à-dire qu'elle préserve la qualité des ressources
naturelles et qu'elle améliore la dynamique de
l'ensemble de l'agrosystème, de l'homme aux micro-organismes du sol, en
passant par les cultures et les animaux. Le meilleur moyen d'assurer cette
dynamique reste une gestion du sol, et de la santé des cultures, des
animaux et des êtres humains, grâce à des
procédés biologiques (autorégulation). Quant aux
ressources locales, elles sont utilisées de manière à
minimiser les pertes d'éléments minéraux, de biomasse et
d'énergie et à éviter toute pollution, l'accent
étant placé sur l'utilisation des ressources renouvelables ;
? Économiquement viable,
c'est-à-dire qu'elle permet aux agriculteurs de
produire suffisamment pour assurer leur autonomie et/ou un revenu, et de
fournir un profit suffisant pour garantir le travail et les frais
engagés. La viabilité économique se mesure non seulement
en termes de production agricole directe (rendement), mais également en
fonction de critères tels que la préservation des ressources et
la minimisation des risques ;
? Socialement équitable,
c'est-à-dire que la répartition des ressources et du
pouvoir est telle que les besoins essentiels de chaque membre de la
société sont satisfaits,
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et que leurs droits concernant l'usage des terres,
l'accès à un capital approprié, l'assistance technique et
les possibilités de marché sont assurés. Chacun doit avoir
la possibilité de participer aux prises de décision, tant dans le
cadre de l'exploitation que dans la société. Les troubles sociaux
y compris à l'agriculture ;
? Adaptable, c'est-à-dire que les
communautés rurales sont capables de s'adapter aux changements
incessants des conditions dans lesquelles évolue l'agriculture
(croissance démographique, politiques, demande du marché, etc.).
Cela n'implique pas seulement le développement des nouvelles techniques
mieux appropriées, mais aussi des innovations sur le plan social et
culturel.
La figure 2. Illustre les trois piliers de la
durabilité d'un système
Figure 3. Les trois piliers du développement
durable (Nature et Science, 2017)
Ces critères définissant la durabilité
peuvent être contradictoires, et absorbés selon des points de vue
différents : celui de l'agriculteur, de la communauté, de la
nation et du monde. Des conflits peuvent donc surgir entre les besoins actuels
et futurs, entre la satisfaction des besoins immédiats et la
préservation des ressources de base. L'agriculteur peut chercher
à maximiser son revenu à travers des prix élevés
pour ses produits, alors que le gouvernement préfère assurer un
approvisionnement en nourriture suffisant à des prix abordables pour les
populations urbaines. À ce titre, des choix doivent être faits
constamment dans le souci permanent de trouver un équilibre entre ces
intérêts contradictoires. Par conséquent, des institutions
efficaces et des politiques bien réfléchies sont
nécessaires à tous les niveaux, du village à la
planète, afin d'assurer un développement durable (Reijntjes,
1995).
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2.2. PRINCIPES DE L'AGRICULTURE DURABLE
Pour être durable, l'agriculture doit respecter quelques
principes (Nahal) :
? La conservation du sol ;
? La conservation des ressources en eau : on constate qu'à
l'échelle mondiale, les
ressources en eau sont surexploitées, de sorte que le
niveau des nappes phréatiques baisse presque partout, et notamment dans
les grandes régions céréalières de Chine, des
États-Unis et d'Inde ;
? La conservation des ressources génétiques et de
la biodiversité ;
? L'aménagement durable des pâturages naturels et
? La lutte contre la désertification.
2.3. AVANTAGES DE L'AGRICULTURE DURABLE
L'agriculture durable est en fait le retour moderne aux
principes mêmes de l'agriculture ancestrale, qui préservait ses
ressources, recyclait ses déchets et protégeait ses semences et
ses espèces. L'agriculture durable vise donc à réduire
fortement l'empreinte environnementale, par exemple : limitation de l'effet de
serre, réduction de la dégradation des sols, limitation de la
dépense énergétique fossile, réduction des
déchets, limitation d'usage de pesticides et de ce qui porterait
atteinte à la santé des hommes et de l'environnement, utilisation
des services écologiques fournis par les écosystèmes (GEO,
2018).
L'agriculture durable vise une amélioration de la
pérennité du système, en créant plus de richesses
pérennes par unité de production, sur une base plus
équitable. Ses principes sont basés sur la reconnaissance du fait
que les ressources naturelles ne sont pas infinies et qu'elles doivent
être utilisées de façon judicieuse pour garantir
durablement la rentabilité économique, le bien-être social,
et le respect de l'environnement (les trois dimensions du développement
durable) (APCA, 1991).
L'agriculture durable est une agriculture
économiquement viable, éthiquement soutenable pour notre
génération comme pour celles à venir, et pour l'ensemble
de la planète. Elle est ouverte sur la société,
multifonctionnelle, productrice d'une alimentation de qualité et de
services, partenaire de la nature donc économe, autonome et non
polluante, actrice de la gestion globale du territoire,
génératrice d'emploi et moteur des dynamiques locales.
(Roufaï, 2005).
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Pour le réseau agriculture durable (RAD), il s'agit d'
« une agriculture qui est rentable et permet la transmission de
l'exploitation, grâce à une moindre accumulation de capitaux, des
systèmes plus économes et autonomes, une meilleure qualité
de vie et de travail, une prise en compte des déséquilibres
naturels dans les pratiques agricoles, un respect des ressources naturelles et
une meilleure occupation d'espace » (Boudier, 1996).
2.3.1. Avantages écologiques Sur le plan
écologique :
· L'agriculture durable assure des conditions de sol
favorables à la croissance des
plantes par :
V' la disponibilité en eau, en air et en
éléments minéraux, en quantités
équilibrées
et régulières ;
V' la structure du sol favorisant la croissance des
racines, les échanges gazeux, la
disponibilité et la capacité de stockage en eau
;
V' l'absence de substances toxiques ;
V' limitation de labour et
V' la gestion de la matière organique.
La figure 4 illustre la conservation du sol par l'agriculture
durable.
Figure 4. La conservation du sol par l'agriculture
durable (Turlin, 2016)
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· L'agriculture durable encourage le recyclage des
déchets végétaux et animaux pour fertiliser et maintenir
la qualité des sols (compost et fumier) ;
· L'agriculture durable promeut l'utilisation des
déchets verts comme biomasse (combustible, carburant, biogaz) pour
créer l'énergie ;
· L'agriculture durable minimise les pertes
causées par les ravageurs et les maladies par la protection des cultures
et la protection du bétail (utilisations des spécimens sains,
culture associée, rotation, sarclage, binage, introduction des
prédateurs naturels, méthode de stockage, utilisation des herbes
médicinales, pratiques chirurgicales telles que le nettoyage des plaies,
vaccination, lutte intégrée contre les ravageurs par les
pesticides dérivés de plantes etc.) (Reijntjes, 1995) ;
· L'agriculture durable promeut la limitation de la
pollution en diminuant l'utilisation des engrais et pesticides artificiels qui
ne se dégradent pas facilement et qui peuvent véhiculer dans des
chaines alimentaires en causant d'importants dommages chez les insectes, les
insectivores, les oiseaux de proie et finalement les êtres humains
(Derrits et Van Latum, 1989) ;
· L'agriculture durable intègre les
espèces ligneuses pour contribuer de nombreuses manières à
la viabilité d'un système d'exploitation mais également
aux fonctions productives (aliments, fourrage, combustible, fibres, bois de
construction, substances médicinales et pesticides), reproductives,
protectrices et sociales et à la maitrise du microclimat (Reijntjes,
1995) ;
· L'agriculture durable maximise la production de
l'exploitation par unité de surface grâce au transfert des
minéraux et de l'énergie entre les animaux et les cultures par le
biais du fumier et fourrage (CIRAD-DSA, 1986) ;
· L'agriculture durable prête une attention
particulière à la conception de systèmes
diversifiés qui associent de manière sélective les
cultures annuelles et les cultures pérennes, les animaux
d'élevage et les animaux aquatiques, les arbres, les sols, l'eau et les
autres éléments des exploitations et des paysages agricoles afin
de renforcer les synergies dans le contexte d'un changement climatique de plus
en plus marqué (FAO, 2015) ;
· L'agriculture durable promeut la conservation des
ressources en eau ;
· L'agriculture durable interdit l'utilisation des
organismes génétiquement modifiés (OGM) ;
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· L'agriculture durable maintien et utilise des
prédateurs pollinisateurs naturels ;
· L'agriculture durable favorise le maintien de la
biodiversité, de l'écosystème naturel et du patrimoine
génétique des espèces cultivées endémiques
et
· L'agriculture durable favorise l'aménagement des
paysages agricoles et lutte contre la désertification et
l'érosion (Nahal, 1998).
2.3.2. Avantages socio-culturels Sur le plan
socio-culturel :
· L'agriculture durable respecte des conditions de travail
et de la santé des travailleurs et des habitants ;
· Les revenus générés par
l'agriculture durable sont investis dans le développement social
(éducation, santé...)
· L'agriculture durable promeut la
traçabilité des produits pour garantir la sécurité
alimentaire ;
· L'agriculture durable favorise l'intégration des
cultures et l'élevage (aquaculture etc.) pour augmenter la
sécurité alimentaire des familles paysannes grâce à
la diversité des activités productrices (Reijntjes, 1995) ;
· L'agriculture durable procure la meilleure protection
sanitaire des agriculteurs, de leur famille et des consommateurs par la
réduction de l'emploi des produits chimiques (Agrisud International,
2010)
· L'agriculture durable contribue d'une part à la
durabilité du territoire dans laquelle elle s'ancre par la
multifonctionnalité de ses activités et d'autre part à la
fourniture de services environnementaux globaux (lutte contre le changement
climatique, qualité de l'air, sécurité
alimentaire, etc.) (INADES, 1987) ;
· L'agriculture durable valorise les savoir-faire et les
ressources locales, techniques adaptables aux différents contextes ;
· L'agriculture durable promeut le transfert des
compétences ;
· L'agriculture durable accorde une place centrale à
la population locale et à ses besoins, son savoir, ses
compétences, ses valeurs socioculturelles et ses institutions (GIZ,
2016) ;
Page | 16
· Les approches de l'agriculture durable donnent aux
individus et aux populations les moyens de surmonter la pauvreté, la
faim et la malnutrition, tout en favorisant les droits de l'homme, notamment le
droit à l'alimentation, et la gestion de l'environnement, de sorte que
les générations futures puissent vivre dans la
prospérité (FAO, 2015) ;
· L'agriculture durable peut aider les femmes qui
pratiquent une agriculture familiale en zone rurale à acquérir
davantage d'autonomie en produisant des connaissances, au moyen d'une action
collective ou par la création de débouchés commerciaux
(FAO, 2015) et
· L'agriculture durable, en tant que paradigme d'un
développement rural durable qui part de la base, donne aux gens les
moyens de devenir des acteurs du changement (FAO, 2015).
2.3.3. Avantages économiques
Sur le plan économique :
· L'agriculture durable encourage le recyclage qui
comporte de nombreux avantages du point de vue économique aux
agriculteurs : il permet de boucler les cycles et de réduire le
gaspillage, d'où une dépendance moindre à l'égard
de ressources externes, d'autonomiser les producteurs et de réduire leur
sensibilité aux perturbations des marchés et aux chocs
climatiques (FAO, 2015) ;
· L'agriculture durable favorise la création
d'emplois ruraux suite au travail plus intense et plus soigné qu'elle
exige (Dufumier, 2010) ;
· L'agriculture durable combine les races d'animaux
d'élevage en associant par exemple, de la volaille, des ruminants et des
porcins pour obtenir une gamme plus étendue de ressources d'aliments
qu'avec un seul troupeau d'une seule espèce et pour minimiser des
risques en cas d'une maladie (Reijntjes, 1995) ;
· l'agriculture durable permet de compenser des baisses
conjoncturelles de prix sur un type de produit particulier par la vente des
autres produits. (Coordination SUD
Solidarité-Urgence-Dévéloppemnt, 2013) et
· L'agriculture durable favorise le pullulement des
agripreneurs (GIZ, 2016).
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CHAPITRE 3. LES LIMITES DE L'AGROECOLOGIE ET
L'AGRICULTURE
DURABLE
3.1. LIMITES DE L'AGROECOLOGIE
L'agroécologie s'oppose ainsi à l'idée
que le progrès signifie nécessairement l'augmentation de la
productivité de la main-d'oeuvre, c'est-à-dire produire plus avec
moins de travail et plus de capital. Mais il y a autre chose encore. Intensive
en main-d'oeuvre, l'agroécologie l'est aussi en connaissances : elle
suppose des transferts de savoirs, elle repose sur les échanges entre
paysans, elle les érige en experts au lieu que la bonne pratique vienne
des laboratoires, elle a sa source dans ces lieux d'expérimentation qui
sont les champs que l'on cultive (De Shutter, 2010).
Malgré de nombreuses réussites à
l'échelle de projets, les pratiques agroécologiques ont du mal
à se maintenir dans la durée ou à se diffuser à
grande échelle. Enfin, certaines pratiques agroécologiques sont
intensives en main-d'oeuvre : elles sont plus aisées à pratiquer
sur des plus petites parcelles, où le travailleur agricole est
lié à la terre, sur laquelle il investit pour le long terme
(Dugué, 2014).
Après s'être documentés, nous avons
remarqué que l'agroécologie est un système
de production agricole qui présente des limites suivantes
: 3.1.1. Limites liées à la transition
L'agroécologie engendre des coûts de transition
(apprentissages, baisse de rendements les premières années...).
Afin d'ajouter de la valeur aux produits issus de l'agroécologie, il
faudrait donner les moyens aux paysans d'assumer davantage des tâches
liées à l'emballage, au traitement et à la
commercialisation par exemple au sein de coopératives. L'accès
aux marchés pour les paysans est essentiel au développement et
à la survie de leurs exploitations (JAGRO, 2016)
Olivier De Schutter (2014) dénombre quatre verrous
à cette transition agroécologiques : « Le premier est
d'ordre technologique . · la modernisation de l'agriculture mondiale
s'est faite uniquement selon un modèle productiviste. Le deuxième
est socio-économique : de grands acteurs dominent le marché,
aussi bien au niveau des producteurs d'intrants que des industries de
transformation. La possibilité pour de petits acteurs ou même des
acteurs de taille moyenne de créer des alternatives est donc très
limitée. Le troisième obstacle est culturel . · nos modes
de vie pressés dépendent d'une alimentation transformée et
facile à préparer. Enfin, l'obstacle politique . · les
gouvernements sont sensibles aux intérêts
Page | 18
de leurs grandes entreprises agroalimentaires, qui se
trouvent de fait disposer d'un droit de veto sur les transformations d'ensemble
».
3.1.2. Limites écologiques Sur le plan
écologique :
· L'on remarque que les effets de certains traitements
phytosanitaires naturels sont moins immédiats comparativement aux
produits chimiques de synthèse mais sont en même temps avantageux
à moyen et long termes ;
· Il y a un besoin éventuel d'espaces
complémentaires, pour intégrer les pratiques
agroécologiques (embocagement, plantes de couverture...) ;
· Maîtrise des prédateurs et
pathogènes ;
· La lutte biologique nécessite une connaissance
des plantes et des minéraux, et de leurs vertus ; elle demande en
général de nombreuses applications successives et s'avère
parfois moins efficace que les traitements phytosanitaires de synthèse.
De fois elle représente un risque de pollution lié à la
toxicité de certaines matières actives (nicotine du tabac)
(Agrisud International, 2010) ;
· Certaines plantes de couverture telles que le
Pueraria phaseloides ou le Mucuna cochinchinensis peuvent
étouffer des cultures en absence de contrôle (Agrisud
International, 2010).
3.1.3. Limites socio-culturelles Sur le plan
socio-culturel :
· Il est constaté que l'évolution
nécessaire des pratiques traditionnelles ou conventionnelles
nécessite une volonté et une motivation pour les
communautés paysannes ;
· L'agroécologie nécessite un temps de
travail élevé. Ces pratiques sont pour la plupart coûteuses
en travail. La transformation de biomasses végétales en fumier et
compost en est un exemple. Même pour les exploitations
équipées en charrette, elle implique du travail de collecte de
résidus de cultures, de transport, de mise en tas et parfois d'arrosage
pour un résultat à court terme considéré par les
agriculteurs comme limité si on le compare à celui obtenu par
l'apport de 100 kg/ha d'engrais minéral (Dugué, 2014) ;
Page | 19
· Les difficultés de sortir des systèmes
habituels ;
· Des innovations peu compatibles avec certaines
évolutions récentes. Ensuite, les stratégies
d'amélioration de la productivité du travail mises en place par
les agriculteurs ces 20 dernières années sont peu ou pas
compatibles avec l'adoption de certaines innovations agroécologiques. La
culture attelée bien maitrisée et toujours demandée par
les agriculteurs permet de réduire la pénibilité du
travail surtout pour l'entretien des cultures (sarclages et buttages
mécaniques). La culture associée recommandée par les
promoteurs de l'agroécologie est difficilement compatible avec la
mécanisation des sarclages et des buttages. Les agriculteurs n'ont pas
envie de revenir aux travaux d'entretien manuels, longs et fastidieux.
L'association céréale-légumineuse devient incompatible
avec l'épandage d'herbicides, très utilisés dans
l'ensemble des zones cotonnières, car il n'existe à ce jour aucun
herbicide sélectif pour ce type d'association. Plus globalement, l'usage
des herbicides totaux ou sélectifs est considéré par les
agriculteurs de ces zones comme un progrès majeur même s'ils sont
mal informés des dangers et des limites de leur usage (Dugué,
2014) ;
· La rapide croissance démographique et la
pauvreté accrue de la population mondiale, conjuguées à
une vulnérabilité des milieux, font peser de fortes menaces sur
la préservation des ressources naturelles et la pérennité
des formes d'agriculture qui les exploitent ;
· Évolution nécessaire des pratiques
traditionnelles ou conventionnelles nécessitant une volonté et
une motivation (Agrisud international, 2010).
3.1.4. Limites économiques Sur le plan
économique :
· L'agroécologie est à la base dans certains
cas des faibles rendements, compensés par la réduction des
charges et la meilleure gestion à terme de la fertilité ;
· L'agroécologie favorise les besoins
éventuellement plus importants en main d'oeuvre pour certaines
opérations ;
· L'on remarque que la valorisation de la qualité
des certains produits issus de l'agroécologie est parfois limitée
au pouvoir d'achat des consommateurs ;
Page | 20
· Un retour sur investissement différé. Ce
type de contrainte est lié au temps nécessaire pour que
l'agriculteur bénéficie des effets de son investissement dans des
innovations agroécologiques. Certaines innovations d'amélioration
de la fertilité des sols nécessitent plusieurs années pour
être rentabilisées, ce qui pose une difficulté
économique difficilement surmontable pour les exploitations disposant
d'une épargne limitée, sans accès au crédit de
moyen terme et ne recevant pas de subventions pour l'amélioration
foncière ;
· Certaines pratiques (tels que le greffage, l'entretien
de verger etc.) demandent une quantité importante de matière
organique et une mobilisation d'une main d'oeuvre importante (Dugué,
2014).
En plus de ces limites, on observe un certain nombre de
contraintes :
· Connaissances techniques insuffisantes couplées
à un manque de diffusion de celles déjà connues :
les savoirs traditionnels sont réels et importants mais loin
d'être suffisants ; il y a un potentiel et un besoin de recherche et
d'expérimentation considérable. Malheureusement, le sujet est
encore peu documenté car l'agroécologie, tout en reposant sur des
échanges de pratiques traditionnelles, nécessite une forte
intensité de connaissances. Très peu de programmes scientifiques
sont développés sur ce sujet, principalement par manque
d'intérêt et donc de subside et lorsqu'ils existent, ce sont les
programmes de vulgarisation qui sont inexistants (Nanda, 1990) ;
· Absence ou inaccessibilité (coût) de
petit matériel et outillage (indispensable pour limiter quelque peu la
main-d'oeuvre et pratiquer certaines opérations correctement : boeuf ou
âne pour la traction animale, sécateur, pulvérisateur ...)
;
· Teneur initiale du sol en matière organique
(plus elle est faible, plus c'est lent et difficile) et
· Déséquilibre des
écosystèmes (faible biodiversité, disparition des ennemis
naturels...) (JAGRO, 2016).
Page | 21
3.2. LIMITES DE L'AGRICULTURE DURABLE
Les limites liées à l'expansion de
l'agriculture durable sont les mêmes que celles liées à
l'intensification de l'agroécologie. Néanmoins, nous avons
ajouté quelques éléments n'ayant pas trait à
l'agroécologie pour démontrer la différence.
3.2.1. Limites écologiques Sur le plan
écologique :
? Une fertilité du sol faible et déclinante.
(On trouve en Afrique certains des sols les plus anciens de la planète,
caractérisés par leur faible fertilité et leur
vulnérabilités à l'érosion par l'eau et le vent
(Lal, 2007) ;
? Le changement climatique : La plupart des éleveurs
pauvres vivent en Afrique et en Asie du Sud des régions qui sont
particulièrement exposées aux effets du changement climatique. Ce
dernier pourrait avoir de graves répercussions sur les terres arides
d'Afrique et du Moyen-Orient, notamment sur les disponibilités en eau et
les ressources fourragères (IPCC, 2014)
? En Afrique australe, comme dans d'autres zones semi-arides
ou sub-humides de l'Afrique de l'Est et de l'Ouest, les systèmes de
production se caractérisent par de fortes interactions entre productions
végétales et animales. Le bétail et la gestion de l'eau et
des sols sont en concurrence pour les résidus de récolte et
d'autres formes de biomasse végétale, exerçant une
pression substantielle sur le développement de techniques agricoles
durables (Mapfumo et al., 2014) et
? Le déboisement créé par l'expansion de
parcours des bétails. En particulier en Amérique latine : quelque
70% des terres boisées de l'Amazonie servent aujourd'hui de
pâturages, et les cultures fourragères couvrent une grande partie
du reste. Environ 70% de tous les pâturages des zones arides sont
considérées comme dégradées, surtout à cause
du surpâturage, de la compaction des sols et de l'érosion
imputables aux activités de l'élevage (FAO, 2006).
Page | 22
3.2.2. Limites économiques
Même si elle est considérée comme une
agriculture plus économe, l'agriculture durable présente sur le
plan économique des limites suivantes :
· Le manque de financement des petits producteurs ne
permet pas d'atteindre une agriculture plus productiviste dans certains coins
du monde (Ranaivoarisoa et al., 2010) ;
· L'agriculture est prise dans l'environnement «
agro-business» des vendeurs d'engrais, pesticides, semences,
matériels, carburants... cela pèse sur l'orientation de ses choix
(Roufaï, 2005) ;
· Les distributeurs ne sont pas obligés
d'accepter le prix proposé par le producteur (Novethic, 2018) ;
· La concurrence créée par les
importations et
· Les maladies des animaux créent
d'énormes dépenses aux agriculteurs. Le coût de 32 maladies
majeures ayant touché l'élevage au Royaume-Uni en 2001 a
été estimé à 1 178 millions d'USD, soit 8 pour cent
de la valeur du secteur (Bennett et al., 2005).
3.2.3. Limites socio-culturelles
L'expansion démographique, l'urbanisation, la
mondialisation du commerce et l'évolution des régimes
alimentaires demeurent des menaces globales considérables pour
l'agriculture durable.
· La jachère naturelle est traditionnellement
utilisée comme méthode clé de
régénération de la fertilité des sols, en Afrique
et dans de nombreuses autres parties du monde. Cependant, la montée de
la pression démographique et la diminution des ressources en terres
agricoles ont enlevé son intérêt à cette
méthode, les exploitants se trouvant contraints de cultiver en continu
les mêmes parcelles pour arriver à satisfaire la demande en
nourriture, aliments du bétail et fibres (Garrity et al.,
2013);
· Le changement climatique constitue une menace grave
pour environ 370 millions d'agriculteurs parmi les plus pauvres, qui vivent
fréquemment dans des zones arides ou semi-arides, ou dans des zones
montagneuses ou collinaires à l'écologie vulnérable
(Thornton, 2003). De nombreux pays voient de plus en plus de leurs
Page | 23
habitants, notamment au plus bas niveau de revenu, contraints
de vivre dans des zones marginales (c'est-à-dire plaines inondables,
flancs de collines exposés, terres arides ou semi-arides), où ils
sont exposés aux impacts négatifs de la variabilité
climatique. Ces paysans dépendent de cultures qui pourraient subir des
dommages considérables, telles que maïs, haricots, pommes de terre
et riz, et une chute supplémentaire de rendement ne leur laisserait que
très peu de liberté d'adaptation (Altieri et al.,
2014)
· Les femmes se heurtent à diverses formes
d'exclusion : elles ont un accès plus limité aux
équipements techniques, aux services de vulgarisation, aux
marchés, aux services financiers et aux ressources productives, en
particulier à la terre. Cette discrimination résulte de
restrictions imposées par les coutumes locales et les
législations nationales (FAO, 2011) ;
· La corruption ;
· Le manque de connaissance nécessaire et de
sensibilisation d'un grand nombre de d'agriculteurs, consommateurs et
entrepreneurs ;
· Faible niveau d'investissement dans la
recherche-développement agricoles : l'investissement public dans
l'agriculture stagne depuis quelque temps, car dans de nombreux pays, la
majeure partie des fonds publics consacrés à l'agriculture sont
des subventions (IBRD/World Bank, 2007) et
· Dans certaines régions du monde, la population
agricole vieillit, car les communautés rurales ne voient guère
d'avenir dans l'agriculture (Vos, 2014).
3.2.4. Limites techniques
L'agriculture durable n'est pas une baguette magique.
Édifier ces nouveaux systèmes et concrétiser les avantages
annoncés suppose d'y appliquer une somme considérable de savoir
et d'esprit d'innovation (Hainzelin, 2014). Quelques contraintes techniques
aussi freinent son expansion :
· La standardisation et à la mécanisation
des techniques, notamment sur les grandes exploitations (Hainzelin, 2014) ;
· Dans les zones tropicales, les méthodes de
production animale actuelles sont souvent inefficientes, en raison de
problèmes de gestion, de la qualité insuffisante des sols, ainsi
que des fortes températures et du manque d'ombre pour les animaux (FAO,
2016).
Page | 24
CONCLUSION
La présente étude avait pour objectif
d'étudier les avantages et les limites de l'agroécologie et
l'agriculture durable dans le cadre d'une agriculture respectueuse de
l'environnement. À cet effet, plusieurs documents, ouvrages et articles
scientifiques ont été consultés pour développer
notre thématique.
À l'issue de nos investigations, force est de constater
que face aux niveaux élevés de faim, de malnutrition et de la
pression d'une croissance démographique mondiale continue, il faudra
augmenter la production agricole mondiale tout en garantissant une
sécurité alimentaire mondiale et favoriser des
écosystèmes sains et une gestion durable de la terre, de l'eau et
des ressources naturelles.
En ce qui concerne les avantages et les limites de
l'agroécologie, nous notons que l'agroécologie est bien le seul
et le meilleur choix envisageable pour préserver l'environnement tout en
accroissant la production agricole car elle est une approche
intégrée qui applique en même temps des notions et des
principes écologiques et sociaux à la conception et à la
gestion des systèmes alimentaires et agricoles.
À l'exclusion de ses nombreux avantages louables,
l'agroécologie présente aussi quelques faibles (limites) comme
tout système de production agricole. Nous avons remarqué les
limites liées à la transition comme l'apprentissage des
exploitants aux nouvelles techniques par exemple, les limites
économiques, les limites socio-culturelles et les limites
écologiques comme l'inefficacité de certains traitements
phytosanitaires naturels qu'elle promeut par rapport aux produits chimiques de
synthèse, l'avènement de nouveaux prédateurs, etc.
En ce qui concerne l'agriculture durable, nous notons que
celle-ci est en fait le retour moderne aux principes mêmes de
l'agriculture ancestrale, qui préservait ses ressources, recyclait ses
déchets et protégeait ses semences et ses espèces.
L'agriculture durable présente les mêmes avantages que
l'agroécologie ce qui la rend éthiquement soutenable.
En dehors des avantages, l'agriculture durable présente
elle aussi des limites. Nous notons des limites écologiques tel que le
déboisement créé par l'expansion de parcours des
bétails, les limites économiques comme le manque de financement
des petits producteurs, les limites socio-culturels tel que le manque de
connaissances nécessaires et de sensibilisation d'un grand nombre
d'agriculteurs, consommateurs et entrepreneurs et enfin les limites techniques
qui ne sont pas à négliger étant donné que
l'agriculture durable exige la standardisation et la mécanisation des
techniques pour les grandes exploitations.
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