CHAPITRE I. CADRE CONCEPTUEL
Ce chapitre comportera trois sections dont la première
sera consacrée aux définitions de concepts de base et la seconde
portera sur les définitions de concepts connexes. La troisième
portera sur le scrutin.
SECTION I. DEFINITION DE CONCEPTS DE BASE
Tout travail scientifique exige une définition claire
de ses concepts de façon à éviter les confusions sur la
différente compréhension d'un même terme. Toutefois, un
problème majeur se pose en sciences sociales et plus
particulièrement en sciences politiques, c'est de l'unanimité de
définitions de termes qui puissent rencontrer l'opinion de tous les
autres.
Malgré la divergence des opinions, bon nombre d'auteurs
et théoriciens en sciences politiques convergent et se rencontrent dans
leurs définitions. C'est ainsi que, chaque fois que nous allons donner
une définition à un concept, nous essayons de lui donner le sens
dans lequel il est employé dans la présente étude
scientifique.
§1. LES ÉLECTIONS
A la faveur du développement de la démocratie
pluraliste l'élection s'est aujourd'hui imposée à la fois
comme mode d'expression de l'opinion des individus et des groupes d'individus,
comme mode désignation des dirigeants ou des gouvernants par les
dirigés ou les gouvernés ; comme modalité de changement
politique, comme mode de légitimation des gouvernants et du pouvoir
qu'ils exercent, comme mode aristocratique d'accès au pouvoir politique,
comme source de puissance, et comme forme de participation
politique19.
1.1 Notion d'élection
Le terme élection signifie, étymologiquement,
l'action d'élire ou de choisir par un
vote20.L'élection peut, la chose choisie, signifier
l'expression des individus ou des groupes d'individus.
C'est la signification qu'elle a lorsqu'après avoir
débattu d'une question, les participants au débat choisissent
l'un des points de vue avancés sur la question débattue. Dans ce
cas, est retenu le point de vue qui recueille les plus de voix
exprimées.
MULUMBATI NGASHA considère l'élection comme un
mode de désignation des gouvernants par les gouvernés. Elle peut
être libre ou contraignante, directe ou indirecte et peut se faire selon
les systèmes électoraux variables.
19 MULUMBATI NGASHA, Introduction à la
science politique, ,2eme éd., Africa, Lubumbashi, 1977, p. 193
20 MULUMBATI NGASHA, op.cit., p.193
19
L'élection est considérée
également comme une des modalités de changement politique.
En effet, par l'élection des individus ou des groupes
d'individus qui étaient au pouvoir, cédant la place à
d'autres individus ou groupes d'individus. Et une fois au pouvoir, ces derniers
peuvent mettre en place de nouvelles institutions politico-administratives, qui
correspondent à leur philosophie politique, à leur
idéologie, à leur programme d'action ou à leur politique
et placer à leur tête des hommes nouveaux pour les animer.
L'élection est considérée
également comme un des modes de légitimation des gouvernants et
du pouvoir politique qu'ils exercent. Les différents
éléments de la population acceptent les gouvernants et le pouvoir
qu'ils exercent sur eux parfois tout simplement parce qu'ils ont
été élus. C'est ainsi, que la plupart de ceux qui font de
coup d'Etats s'arrangent pour se faire élire en vue d'être
accepté par les différents éléments de la
population.
L'élection est considérée aussi comme un
mode aristocratique d'accès au pouvoir. Lorsque les individus ou les
groupes d'individus sont appelés à choisir leurs
représentants-gouvernants, ils choisissent ceux qui paraissent comme les
meilleurs par rapport au reste de la population. Ceux qu'ils choisissent leur
apparaissent meilleurs soit parce qu'ils ont plus d'argent, soit parce qu'ils
sont plus honnêtes, soit qu'ils sont plus intelligents, soit parce qu'ils
sont plus instruits, soit parce qu'ils maitrisent le verbe oral et écrit
plus que les autres, c'est-à-dire plus que le reste de la population.
L'élection est considérée
également comme une des sources de puissance pour les individus, les
groupes d'individus, et les Etats. Du fait d'être élus, des
individus (président de la république, premier ministre) et des
groupes d'individus (ex. gouvernement) donnent des ordres, prennent des
décisions et les font exécuter par d'autres individus ou groupes
d'individus. D'autre part, le fait pour les dirigeants d'un Etat d'être
élus confère à ce dernier plus de considération,
plus de puissance par rapport aux Etats dont les dirigeants sont
autocratiques.
L'élection est considérée
également comme une forme de participation politique entendue comme
l'action par laquelle les membres d'une entité politique
individuellement ou collectivement influant sur son organisation et son
fonctionnement. Les gouvernants participent à la vie politique en
participant à la compétition électorale, en se faisant
élire, et en prenant, dans la gestion des affaires publiques, certaines
mesures et certaines décisions plutôt que d'autres. Les
gouvernés, de leur côté, participent à la vie
politique en choisissant leurs représentants-gouvernants, et en influent
positivement ou négativement sur le choix des mesures et des
décisions que leurs représentants-gouvernants prennent dans la
gestion quotidienne des affaires publiques.
20
Pour notre part définissons l'élection comme
étant un choix au moyen d'un suffrage (vote, approbation) auquel toutes
les personnes disposant du droit de vote, le corps électoral est
appelé à participer. L'objectif de l'élection est la
désignation d'une ou plusieurs personnes pour exercer un mandat
électoral (politique, économique, associatif, syndical, social)
durant lesquels elles représentent leur électeur par son vote le
corps électoral leur transfère la légitimité
nécessaire pour exercer le pouvoir attribué à la fonction
objet de l'élection.
BAUDOUIN.J, considère que ; dans les démocraties
modernes, le vote et ou l'élection est le facteur
privilégié de sélection des représentants et il
permet à l'électorat de maintenir un contrôle sur les
acteurs politiques et de limiter leurs pouvoirs. Aussi, les fonctions
exercées par l'élection libre et périodique des
gouvernements dans l'économie d'ensemble des sociétés
démocratiques bénéficient d'une reconnaissance
générale. Elle fonctionne à la fois comme principe de
légitimation des dirigeants et comme technique de régulation de
la vie politique.
Elle condense par ailleurs les valeurs de liberté et
d'égalité qui sont au fondement de la société
démocratique. l'isoloir apparait , à cet égard comme
l'espace métaphorique par excellence de la démocratie
libérale, l'individu, se dépouillant un instant de sa parure
sociale ,pour devenir ce citoyen abstrait et éclairé qui
,indépendamment de son rang et de sa fortune est invité à
juger librement une politique, voire à sanctionner un
gouvernement.21
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