Conclusion partielle
Nous voici arrivé à la fin de notre premier
chapitre qui a porté sur le cadre conceptuel de notre étude
scientifique qui s'intitule CENT et crédibilité des
résultats des élections de 2011. Tl a été question
dans ce chapitre de définir les concepts clés qui ont
constitué notre travail scientifique.
Ce chapitre a été subdivisé en trois
sections dont la première consacrée aux définitions de
concepts de base : Elections, notion d'élection, système
électoral, l'électorat, la CENT, crédibilité,
résultat et la deuxième consacrée aux définitions
de concepts ou notions connexes : vote, fraude électorale, contentieux
électoral, contestation.
Enfin la troisième section a portée sur le
scrutin ; le scrutin a été définit dans cette section
comme étant un ensemble des opérations qui constituent un ou une
élection. Cette section a été subdivisée en
plusieurs sous sections dont les plus importantes sont : le scrutin
majoritaire, scrutin majoritaire uninominal, scrutin majoritaire plurinominal,
ou de liste, scrutin capacitaire, scrutin censitaire.
Le chapitre suivant portera sur l'aperçu historique des
élections dans le monde et en RDC.
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CHAPITRE. II. APERÇU HISTORIQUE DES ELECTIONS
DANS LE MONDE ET
EN RDC
SECTION.I. L'APERÇU HISTORIQUE DES ELECTIONS
DANS LE MONDE
Dans les cités de l'antiquité, l'élection
est à l'origine un concept et une pratique aristocratiques ; le choix
des membres du peuple pour l'exercice de la fonction de magistrat de «
commandeur » s'effectuait normalement par tirage au sort et non pas par
vote ou élection.
Contrairement à une idée reçue en France
(liée à la place de Révolution comme rupture radicale dans
l'histoire politique), les pratiques électives prolifèrent en
Occident tout au long du Moyen Âge41et, dans une moindre
mesure, à l'époque moderne42. Elles ont une place
très importante dans l'Église catholique, puisque les
évêques sont traditionnellement élus « par le
clergé et par le peuple » en fait par les chanoines des
églises cathédrales, les abbés par le chapitre monastique
et les papes, à partir de la [réforme grégorienne], par
les cardinaux43.
Les institutions municipales, les corporations, les
assemblées représentatives de toute sorte procèdent
à des élections44. Alors que la
légitimité monarchique - reposant sur le Droit divin - a
largement supplanté la conception aristocratique républicaine,
l'élection du souverain perdure cependant pour la désignation de
l'empereur par les princes de Saint-Empire romain germanique. Avec la
contestation de la légitimité monarchique et
particulièrement de celle de la monarchie absolue, le Siècle des
Lumières et l'avènement du libéralisme sous ses multiples
formes (philosophique, politique, économique, etc.) conduit à
réintroduire et à retravailler le concept d'élection.
Néanmoins, à l'époque révolutionnaire,
l'élection, en tant que modalité de désignation des
dirigeants politiques, n'est pas considérée comme
démocratique par excellence.
Ainsi, le tirage au sort y est encore envisagé comme
une modalité crédible de désignation des gouvernants. Par
ailleurs, certains des « grands fondateurs » des principaux
régimes démocratiques-libéraux actuels
considéraient les structures institutionnelles prévalant
aujourd'hui encore dans ces régimes comme antinomiques d'un
régime démocratique, dans la mesure où elles reposent sur
l'idée de représentation et donc sur l'élection.
41 Julien Théry, Moyen
Âge, dans Dictionnaire du vote, Paris, PUF, 2001, p.
667-678.
42 Olivier Christin, Vox populi.
Une histoire du vote avant le suffrage universel, Paris, Le Seuil,
2014.
43 Léo Moulin, « Les
origines religieuses des techniques électorales et
délibératives modernes », Revue internationale
d'histoire politique et institutionnelle, N03, Mars, 1953, p.
106-148.
44Christin, Vox populi,
op.cit.
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Ainsi, James Madison, l'un des Pères Fondateurs,
pouvait écrire, à propos de la représentation, qu'elle
permet « d'épurer et d'élargir l'esprit public par
l'intermédiaire d'un corps choisi de citoyens dont la sagesse est le
mieux à même de discerner le véritable intérêt
du pays et dont le patriotisme et l'amour de la justice seront les mêmes
susceptibles de sacrifier cet intérêt à des
considérations éphémères et partiales45
».
En France, l'abbé Sieyès s'est notamment rendu
célèbre pour ses discours enflammés contre la
démocratie, et sa défense acharnée de la
représentation, conçue comme un régime politique
particulier, et non comme une variante de la démocratie. D'autres
conceptions, appuyées notamment sur la pensée de Rousseau,
défendent à contrario « la » démocratie,
conçue comme la participation la plus directe du peuple à
l'affaire publique. En France, ces conceptions demeurent à peu
près les mêmes jusqu'à la Révolution de 1848, qui
instaure le suffrage universel masculin, ce qui amène une
évolution importante des conceptions intellectuelles du terme «
démocratie », qui évolue vers sa conception actuellement
dominante dans les sociétés occidentales, tout en restant
extrêmement discutée.
C'est la IIIe République qui, en
ré-instituant le suffrage universel masculin, et en s'imposant dans la
durée, finit par amener une synthèse entre la «
Représentation », dont les institutions demeurent peu ou prou les
mêmes que sous la Révolution, et la démocratie,
considérée comme assurée par le suffrage universel
masculin, et donc par amener l'association entre la notion d'élection et
le régime démocratiques. Néanmoins, il reste d'usage,
jusqu'à l'époque moderne, de parler de démocratie
représentative, plutôt que de démocratie tout court,
lorsque les institutions reposent sur le suffrage comme mode de
désignations des dirigeants politiques. Ce qu'on appelle aujourd'hui la
démocratie directe l'expression étant discutée- correspond
donc à la conception révolutionnaire du terme
démocratie.
45 James Madison, « Federalist
10 », in. A. Hamilton, The Federalist Papers, New American
Library, 1961, p. 81.
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