Azaamar Iman
Master Professionnel Ingénierie
de Projets Culturels
2010/2011
La production participative dans le domaine de la
musique : craintes
et bénéfices du modèle ?
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Sous la direction de :
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Mme Hélène Montagnac, maître
de Conférences en Sciences de l'Information et de la
Communication
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UFR LETTRES
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Jury :
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Mme Hélène Montagnac, maître
de Conférences en Sciences de l'Information et de la
Communication
M. André Garceau, producteur
Ghat Production
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Université Michel de Montaigne Bordeaux 3
Pessac
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1
Remerciements
Je remercie Mme Montagnac.
Ce travail de fin d'études s'est également
nourri des rencontres et des avis recueillis sur le sujet, lors de
différents stages. Je remercie, donc, chaleureusement, Fabienne Moreau
(chargé de mission sur Histoires d'îles au Conseil
général, Dominique Jollivet (monteur , France 3 Aquitaine/
coproduction « Famille d'accueil », Antonin Dedet, (producteur,
réalisateur , NEON Production à Marseille).
Merci, plus particulièrement à David
Gourmandie, manager du groupe The Enjoys et André Garceau, producteur
à Bordeaux (Ghat Production) pour leur disponibilité lors des
entretiens.
Enfin, je remercie également ma
famille.
6
2
Sommaire Introduction
I.LA PRODUCTION PARTICIPATIVE
|
: FONCTIONNEMENT, CADRE
|
SOCIOLOGIQUE, ÉCONOMIQUE ET JURIDIQUE
17
A)UN NOUVEAU MODELE ECONOMIQUE DE PRODUCTION
17
1)État du marché 17
(a)Les labels communautaires 19
(b)La référence : My Major Company
26
2)Les atouts du modèle 28
(a)L'investissement raisonnable : « valeur refuge
» dans un contexte de crise 28
(b)Le public au coeur du système : une «
philosophie » qui fait vendre 29
3)Rouages du « système » et
fonctionnement 29
(a)Les fondements 30
(b)Comment ça fonctionne ? 31
B)ELEMENTS DU CADRE SOCIOLOGIQUE DE LA PRODUCTION
PARTICIPATIVE 32
1)L'engouement de la société pour le web
2.0 32
2)« La culture de la participation »
33
3)Paradoxe : développement de la production
participative en plein « âge d'or » de la
gratuité.
34
C)ELEMENTS DU CADRE JURIDIQUE 37
1)Analyse des « conditions générales
d'utilisation » des sites de production participative 37
2)Avis des avocats 41
II. LA PRODUCTION
PARTICIPATIVE A L'EPREUVE DE LA QUESTION ARTISTIQUE : BENEFICES ET CRAINTES
SUSCITEES PAR
LE MODELE ? 43
A)UNE SOLUTION POUR LES ARTISTES DANS UN CONTEXTE DE
CRISE DE
L'INDUSTRIE PHONOGRAPHIQUE? 43
1)La production communautaire : un tremplin pour les
artistes ? 43
(a)Témoignage d'artistes 43
(b)Un système, générateur de
désillusions 45
2)« Les internautes-producteurs font l'artiste
» : est-ce un gage de réussite ? 47
3
3)Responsabilisation de l'internaute vis-à-vis de
la création musicale ? 47
B)LES CRAINTES VIS-À-VIS DU MODÈLE DE
PRODUCTION ? 48
1)La participation des internautes-producteurs dans
l'aspect artistique ? 49
2)L'aspect spéculatif au détriment de la
qualité artistique ? 50
(a)Le profil et les motivations du «
producteur-internaute » 50
(b)La teneur du retour sur investissement ?
53
3)Diversité musicale et production communautaire ?
55
(a)Les artistes produits : style de musique et analyse
(septembre 2011) 56
III . UN MODÈLE ALTERNATIF À LA
PRODUCTION
K PROFESSIONNELLE » OU SIMPLE EFFET DE MODE ?
61
A)LE POIDS DES PRODUCTEURS INTERNAUTES FACE LA PRODUCTION
«
CLASSIQUE » 61
B)CAPACITÉ DU PRINCIPE DE CE MODÈLE
À PERDURER ? 65
1)Le label participatif : révolutionnaire ou
temporaire ? 65
2)Failles du modèle 67
71
3)Cas spidart 69
Conclusion
Annexes 74
Annexe 1 : Tableaux des labels participatifs
76
Annexe 2 :Entretiens semi-directifs 80
Bibliographie. 87
RAPPORT DE STAGE, Conseil Général,
assistante de coordination 89
4
Introduction
5
« Music is your business », « devenez
producteur », « Rejoignez le premier studio social
»,
« investir et se divertir, devenez producteur de
spectacles », voici quelques slogans qui figurent en page d'accueil des
sites de production participative à dominante artistique.
Le nouveau modèle de production, dont la
stratégie marketing est de souligner l'aspect participatif, bouleverse
la filière de l'industrie phonographique. Désormais, le choix de
la création musicale est donné à l'internaute. Principal
acteur d'un système qui se trouve au stade de balbutiements, le
producteur non professionnel intervient en amont de la production, juge la
valeur artistique et contribue à l'émergence de nouveaux talents
.
Les expressions « production communautaire
»,« production participative » ou « financement
participatif » dans le domaine musical désignent l'application des
méthodes combinées du crowdsourcing (expertise et production de
contenu par la foule) et du crowdfunding (financement par la foule) dans le but
de concrétiser des projets artistiques.
Le crowdsourcing a été lancé par
l'industrie de la photographie, ce concept a permis sous l'ère du
numérique à des milliers d'amateurs de devenir des professionnels
en proposant leurs clichés sur différents sites (ex.
iStockphoto). Chaque internaute devient un potentiel créateur,
producteur ou précurseur influent. Crée en 2006 par Jeff Howe et
Mark Robinson, du magazine Wired, ce néologisme, calqué sur
l'autosourcing, consiste à utiliser l'intelligence, la
créativité et le savoir-faire des internautes.
« Depuis 2008, au gré de la naissance de
start-ups d'un nouveau genre, on a vu un nouveau modèle
économique émerger sur Internet, dans la lignée du
crowdsourcing : le crowdfunding . Soit une forme de mécénat
populaire »1. Le crowdfunding, terme anglais qui signifie
« financement par la foule » est, dans le cadre de la production
communautaire, une nouvelle forme de financement qui vise à soutenir un
projet artistique, il défend l'intégration du consommateur final
dans le processus de création de valeur.
Le crowdsourcing et crowdfunding, sont les outils du
concept de la co-création de valeur, définit par Alban Martin
2, et qui place le consommateur au sein même de la
chaîne de création de valeur. Ce modèle, qui ne
conçoit plus le label comme l'unique générateur de valeur,
donne à l'utilisateur final des rôles variés. En effet, on
a verra que l'internaute peut endosser le costume de « responsable
de
1 Cousin Capucine , Tout sur le web 2.0 et
3.0, Paris, Dunod, 2010
2 htp://
cocreaion.blogs.com/alban/2006/06/concept_intress.html
la communication » en promulguant un artiste via les
espaces communautaires qu'il fréquente, par exemple.
Ce nouveau modèle économique qui permet aux
artistes de mettre en ligne leur création
( crowdsourcing ) et aux internautes de miser sur ces
derniers ( crowdfunding) semble s'appliquer plus aisément au secteur de
la musique, on constate une supériorité numérique des
sites de production participative dédiés à la musique. Il
se concrétise sur la plateforme d'inter-médiation du site
internet, l'offre (l'artiste) et la demande (les internautes-producteurs) s'y
retrouvent afin de concrétiser un projet commun. Il s'agit pour
l'artiste, de présenter ses créations afin de recueillir l'avis
et le soutien financier des internautes, lesquels se réjouissent de
participer à une aventure artistique qui s'accompagne d'un retour sur
investissement (pourcentage variable).
Une fois, la jauge financière atteinte (variable
selon les sites), l'enregistrement de l'album ou du single peut commencer. Au
final, les bénéfices se partagent entre l'artiste, le site et les
internautes-producteurs.
La première initiative du genre dans le domaine
artistique est née en 2004 par la production du film « Demain La
Veille », produit par la société Guyom Corp. Les
producteurs, Guillaume Colboc et Benjamin Pommeraud, avaient alors lancé
le premier système de souscription du genre, leur permettant de lever en
quelques jours près de la moitié du financement nécessaire
à la fabrication du site, au travers d'une campagne innovante de buzz
(marketing).
Dans l'industrie du disque, le site hollandais Sellaband
fut le premier à décliner le modèle en août
2006.
En France, fin 2007, les labels de musique communautaires
sont apparus, parmi lesquels Spidart (depuis, en faillite), Akamusic (site
belge), Buzzmyband (anciennement Nomajormusik), Zikpot,, Stationtubes
(édité par le Label Digital Alien Prod) , Reshape Music, I-song,
My Corner Bar, Belgodisc, Direct With Artist, Urban Major, Jaz'Zil , Kiss Kiss
Bank Bank, Castar Prod, Your Music Hall, Revenons à la musique, All In
My Music, Artiste à Vendre ou encore My Major Company qui se positionne
comme un label participatif.
My Major Company, dont le succès de son artiste
Grégoire (chanson "Toi + Moi")3, a contribué à
faire connaître la production participative au « grand public
». Les internautes ont plébiscité ce titre et investi de
l'argent pour réaliser le rêve de ce jeune inconnu. Au final, ils
produisent un album qui se vendra à plus d'un million d'exemplaires.
Depuis, ce mode de financement par la communauté s'est étendu
à d'autres domaines artistiques.
6
3 htp://www.franceculture,com/2011-05-23-quand
-les-internautes-inancent-l-art.
7
On le retrouve, aujourd'hui, dans le spectacle vivant :
My Show Must Go One, au cinéma People For Cinema,
Touscoprod, dans les Arts plastiques avec le site de production
Fabrique d'Artistes.com, dans le secteur de la mode :
Myfashionline, dans l'édition My Major Company Books,
Sandawe .
Ancré dans un contexte de « crise du disque
» durant lequel peu de risques sont pris, ce modèle de production
s'est emparé des nombreuses possibilités offertes par le web 2.0
dont le financement 2.0 ,en plein essor, pour s'affirmer en tant qu'alternative
à la production musicale « professionnelle ».
L'essor du web 2.0 qui contribue à la
redistribution des forces de décision, en attribuant au consommateur une
importance indéniable dans le processus de sélection des
artistes, annonce une concurrence accrue qui impose aux e-labels de stabiliser
leur modèle économique afin de dépasser le cap de la phase
de lancement. Les « entrants » sur ce marché très
poreux le font donc désormais par des voies qui interrogent le
modèle économique et la relation à la création et
au public.
Peut-on, pour autant, affirmer que la production
communautaire est une solution de rechange en temps de crise, ce qui lui
conférerait un caractère provisoire ou est-ce une «
révolution » qui tend à redéfinir le circuit de la
production musicale ?
Il paraît prématuré de
répondre à cette question, puisque la crise du disque est encore
présente.
En effet, selon la SNEP (société nationale
éditeurs phonographiques), au cours du premier trimestre 2011, le
marché de gros de la musique enregistrée a
représenté 121.8 millions d'euros.
Dont 26.3 millions d'euros pour le marché
numérique (+13.2 %) et 95.5 millions d'euros pour le marché
physique (-9.3 %) . Le chiffre d'affaires des singles perd 49 % de sa valeur,
celui des albums subit une baisse de 7.9 %4.
A ce propos, Borey Sok5 dans son
mémoire affirme que la crise du disque serait la conséquence du
piratage, de l'inadéquation des modèles marketing à la
nouvelle donne numérique, de la moindre qualité de l'offre et de
la faible diversité musicale dans les médias. Dans de ce travail
de fin d'études, l'auteur fait part des stratégies marketing de
sortie de crise, parmi elles l'utilisation du web 2.0 pour créer une
relation plus directe entre un internaute acteur et l'artiste.
La production participative serait la conséquence
de la crise du disque, dans laquelle la production « classique » est
restreinte, mais apparaît aussi comme une solution qui encouragerait la
consommation de la musique et donc permettrait la stabilité du
marché.
4 htp://
www.disqueenfrance.com/fr/catalogpage.xml?id=396677&pg=1&cat=251362
5 Borey Sok, Musique 2.0 : Soluions praiques pour
nouveaux usages markeing, édiions Irma
En effet, les chiffres6 provenant des
sociétés suivantes : EMI Music France, SONY Music Entertainment,
UNIVERSAL Music France et WARNER Music France montrent, pour l'année
2010, que le nombre d'albums commercialisés est en baisse de 3 % : 946
albums en 2010 contre 973 en 2009.
Le nombre de singles commercialisés, quant
à lui, chute de 13 % : 109 singles en 2010 contre 125 en
2009.
Cette réduction du nombre d'artistes produits,
s'accompagne d'une restriction budgétaire. Se dessine, alors, une
tendance à la prudence qui consiste à miser sur des valeurs
sûres : des artistes vendeurs.
Face à ce manque de prise de risque de la part de
la production « classique», la production communautaire
apparaît pour les artistes, à la recherche d'un soutien, comme un
tremplin à ne pas négliger.
Si l'équation : crise du disque = moins de prise
de risque dans la production (« classique ») d'artistes =
développement de la production communautaire paraît
évidente, de nombreux paradoxes entourent cette dernière et
montrent qu'il est encore trop tôt pour apporter des réponses
définitives.
Premier paradoxe : La crise du mécénat
culturel et développement de la production participative ?
« Trois ans après la crise financière
et huit ans après la promulgation de la loi Aillagon sur la
défiscalisation des entreprises mécènes, se dresse le
constat d'un accroissement de ces dernières qui investissent dans des
projets humanitaires, au détriment du domaine culturel.
»7 Parallèlement à ce fait, la production
participative trouve écho à la volonté des internautes
d'investir dans la musique. Ce qui paraît être un paradoxe, doit
être nuancé, en précisant que les mécènes de
la Culture se différencie des internautes de part leurs motivations. En
effet, si les premiers, bien souvent issus d'un milieu
privilégié, soutiennent la Culture pour le prestige et afin de
conforter une position sociale. Les seconds, ont l'impression de contribuer
à l'émergence de nouveaux talents, pour lesquels ils
espèrent la réussite qui s'accompagnerait d'un retour sur
investissement. Peut-on, pour autant, parler d'un développement du
mécénat « populaire », dit de « de masse » et
permis par le
6 htp://
www.disqueenfrance.com/fr/cpg1-380181--Les-tableaux-de-bord-de-la-producion-annee-2010.html
7 htp://
www.franceculture.com/2011-05-14-le-mecenat-culturel-en-crise.html
8
9
web 2.0 au détriment d'un mécénat
oligarchique et élitiste. Il serait plus raisonnable d'affirmer que ces
deux formes de soutien financier ne concourent pas aux mêmes
investissements ( objets artistiques soutenus) et sont animés par des
motivations différentes. On verra, que l'un (mécénat
culturel) n'influence pas l'autre (« mécénat 2.0 ») et
qu'une coexistence est possible.
Autre paradoxe de la production communautaire qui
interroge les observateurs :celui de la gratuité.
En effet, comme l'explique le journaliste Philippe
Astor8, l'époque pendant laquelle l'achat d'un disque
était nécessaire pour profiter du bien est révolue pour
certains, ou s'estompe peu à peu pour d'autres. Alors, comment expliquer
le fait que des internautes « donnent » de leur argent pour soutenir
leur artiste préféré, mais dans le même temps sont
réticents à acheter un CD préférant
télécharger ou encore profiter des écoutes via Youtube ou
autres sites comme Deezer par exemple. Le sondage (IFOP pour la SNEP/ janvier
2011)9conforte ce constat, puisque 45 % des français (dont 74
% des 15-24 ans) consomment de la musique en ligne
(téléchargement/streaming).
La production participative apparaît, pour
certains, notamment pour les dirigeants des sites, comme étant salutaire
pour la crise du disque actuelle. Selon eux, elle responsabiliserait «
l'internaute-producteur » qui serait encourager à l'acte d'achat d
'un CD. Difficile de vérifier ce degré de responsabilisation,
tant les sondages sont inexistants à ce propos. Cependant, il est
important de souligner les effets de la participation , de l'implication , de
l'investissement de « l'internaute-producteur » dans le cadre de la
production communautaire. En effet, la place accordée à
l'internaute dans le processus de production d'un artiste définit le
degré d'implication de « l'investisseur ».
A ce propos, Nicolas Auray maître de
conférences en sociologie à École nationale
supérieure des télécommunication explique dans son article
« Le prix à l'épreuve de la gratuité : le cas des
biens culturels » 10, l'importance d'incorporer « des
communautés, c'est à dire la possibilité donnée aux
consommateurs d'appartenir, de s'identifier et d'exprimer des valeurs
communautaires. »
En effet, la capacité à soutenir
financièrement un artiste serait motivée, en plus du retour
sur
8 Journaliste spécialiste de l'industrie de la musique et
d'Internet, collaborateur de Musique Info, ZDNet,
Musicspot.fr, co-fondateur d'Electron
Libre et blogueur
9 htp://
www.disqueenfrance.com/fr/cpg1-380080-339560-Les-praiques-des-Francais-en-maiere-de-musique-numerique.html
10 Nicolas Auray, "La gratuité et la
culture", in Actes des ateliers de la DGCCRF , "Le
prix a-t-il encore une valeur?",
2010
10
investissement, par le besoin de s'identifier, dans le
cas des sites de production participative, à une communauté
d'amoureux de la musique. Il faut rappeler que le web 2.0 favorise l'internaute
en tant qu'individu, grâce auquel il peut exprimer ses envies, ses
préférences. En effet, les actes sont la manifestation du
désir du «Moi » et sont rarement le résultat d'une
« consciente collective » de l'état actuel du marché de
la musique et de ses nombreux enjeux. Par ailleurs, «
l'internaute-producteur » pouvant aussi télécharger ou
écouter de la musique en streaming, il est difficile d'affirmer que la
production participative puisse endiguer le « problème » de la
gratuité et plus généralement encourager à l'achat
du CD.
Les faits sociologiques tels que la « culture de la
participation », la « démocratisation » du web 2.0
semblent favoriser le développement de la production participative. En
effet, « révolution » pour certains, conjoncturelle pour
d'autres, l'émergence du « phénomène »
soulève la question du rôle de l'amateur dans la création
musicale et de la pertinence de son jugement de l'objet artistique.
Le web 2.0 qui « désigne (...) les nouveaux
usages nés autour du web et les applications, outils qui s'y sont
greffés » est accaparé par les industries culturelles qui y
voient un formidable outil de développement . Il « implique donc
que l'internaute est devenu producteur de contenus et désigne une
nouvelle génération de sites et d'applications qui permettent
à leurs utilisateurs de partager des contenus et de collaborer en ligne.
»11
L'importance du web 2.0 tend, donc, à transformer
l'industrie phonographique. On constate, par exemple, une redéfinition
du rôle des majors : « auparavant découvreuses de talents,
elles doivent de plus en plus souvent se contenter de récupérer
et d'amplifier la notoriété que les nouveaux artistes ont
acquises grâce au web 2.0 »12. L' « Internet
participatif » fait état d'un marché prometteur dont l'offre
active tend à répondre au besoin de « construction de soi
» des internautes. A ce propos, « Laurence Allard parle de la notion
d' « expressivisme généralisé », Dominique
Cardon traite aussi ce point de la la construction de soi dans
L'identité comme stratégie relationnelle,
(Hermès, n°53) ou Danah Boyd dans son article Networked Self
. Le web 2 .0 permet d'expérimenter différentes facettes
identitaires. Il est également un lieu de recherche et de
reconnaissance, comme l'ont montré Fabien Granjon ou Axel Honneth : il
permet de trouver une reconnaissance sociale par l'interaction. «Si
l'artiste amateur est l'entrepreneur de sa notoriété,
ce
11 Cousin Capucine , Tout sur le web 2.0 et 3.0, Paris,
Dunod, 2010
12 Berry Michel , Deshayes Christophe, Les vrais
révoluionnaires du numérique, Paris, Documenta
Ecole de Paris du
management, Ed. Autrement impr, 2009 cop. 2010
sont les autres qui valident ce qu'il est»
»13
La « culture de la participation » se retrouve
dans tous les domaines d'activité de l'individu (vie sociale, politique,
économie etc.), ce fait sociologique favorise le développement de
la production participative. Elle reflète la volonté des
sociétés démocratiques, dont le fer de lance est le droit
d'expression, de s'imposer en tant qu'individu dans un collectif. Expression
d'une société individualiste, cette « culture »
s'accompagne d'une exigence des consommateurs, des participants qui tendent
à s'affirmer en tant que « contre-pouvoir » face aux
oligarchies. Autrement dit, les internautes-producteurs des sites de production
communautaire expriment leur volonté d'exister, ils contribuent au
pouvoir de décision dans une industrie de la musique
contrôlée par quelques-uns.
Ce fait symptomatique d'une société, qui
place l'individu au centre de ses préoccupations, est vu par certains
comme étant une « révolution » qui tendrait à
minimiser le jugement artistique des professionnels. Une tendance à la
participation vu comme un « terreau fertile » à la production
collaborative. Conscients de cette « aubaine sociologique », les
sites de production participative se risquent parfois à faire de
l'astroturfing, c'est-à-dire à dissimuler des intentions
commerciales en prétextant la légitimité du
public.
A ce propos, dans son livre convergence culture : where
old and new media collide14, Henry Jenkins s'est
intéressé au développement de la culture participative et
à la récupération de ses principes par l'industrie
médiatique et le marketing contemporain.
La question du rôle de l'amateur dans la
création, plus précisément celui de
l'internaute-producteur dans la production participative constitue la
préoccupation principale de ce mémoire. Il s'agit
d'étudier les effets sur la création d'un « système
» qui place au coeur de son processus le non-professionnel et
d'évaluer la pertinence de son jugement sur l'objet
artistique.
Patrice Flichy pose les limites d'une «
société de l'amateur » et soulève deux
interrogations. Symptomatique d'un « monde où toutes
hiérarchies disparaissent. Alors que dans les pratiques amateurs
traditionnelles, les compétences se mesuraient à l'aune de
pratiques professionnelles, dans l'amateurisme numérique, « tout
semble juxtaposé, sans hiérarchie ». « Ces nouvelles
pratiques de l'amateur posent également la question de la
démocratisation de l'expertise ». « L'expert par en
bas,
13 htp://
www.manuelateixeira.com/2011/03/28culture-de-la-paricipaion-citoyenne
Teixeira, Manuela, L'émergence des
réseaux sociaux comme nouveaux ouils de markeing,
Université d'Otawa, 2009
11
14 Convergence culture :Henry Jenkins, where old and new
media collide, New York University Press -- cop. 2006
12
est un individu qui se sent légitime à
participer au débat public, à débattre avec l'élu,
avec l'expert spécialiste. Cette montée de la contestation des
experts spécialistes, par «l'expert par en bas», est un
élément important du lien entre amateurisme et internet
»15
Cette « société de l'amateur » se
confond avec ce qui est défini par Joël de Rosnay comme
étant « une nouvelle classe sociale » : le
pronétariat16. Les « internautes-producteurs » de
la production communautaire feraient partie intégrante de ces «
pronétaires », « ceux qui sont pour et sur Internet » et
qui constituent « une nouvelle classe d'usagers des réseaux
numériques capables de produire, diffuser, vendre des contenus
numériques non propriétaires, en s'appuyant sur les principes de
la "nouvelle économie". »
Selon Joël de Rosnay, cette entité qu'est le
pronétariat (prolétaire et net) illustrerait la montée des
« médias des masses » (blogs, wikis, podcasting, journaux
citoyens etc.) et s'oppose pour l'heure aux mass média.
Parallèlement à ce propos, se pose la question du lien
production collaborative et culture de masse, autrement dit permettre à
un nombre infini de financer une création n'est-il pas
générateur d'une offre culturelle destinée au plus grand
nombre. Rappelons que toute production émanant des
internautes-producteurs rejoint le circuit de l'industrie phonographique,
définie comme une « mass media » puisqu'elle vise une large
cible.
Force est de constater que les sources manuscrites sur la
production participative sont subsidiaires voire inexistantes, notre travail de
recherche aura pour source principale : la presse. Il s'agit de constituer une
revue de presse guidée par un plan établi en amont et comportant
les hypothèses à vérifier. Les ouvrages
généraux analysant les effets socio-économiques d'Internet
et plus précisément du Web 2.0 permettent d'inscrire l'objet
d'étude dans le contexte des évolutions des TIC (technologies de
la communication et de l'information).
Parallèlement à ces recherches ayant une
visée théorique, le volet pratique et concret tendra à
identifier les différents acteurs gravitant autour de la production
participative afin de connaître leur point de vue et de définir
leurs motivations, ce sont les sites (les fondateurs), les artistes ayant
déposé leur oeuvre et les internautes-producteurs. Enfin des
spécialistes sur le sujet seront sollicités, il s'agit de
journalistes, de juristes ou encore de producteurs « classiques ».
Pour ce faire, des questionnaires personnalisés, comportant environ 40
questions, ont été effectués.
Bien que le sujet soit national et plus largement
international, une importance sera donnée à la
15 htp://
www.internetactu.net/2011/03/30/le-role-des-amateurs-12-quest-ce-quun-amateur/
Hubert Guillaud,le 30/03/11
16 De Rosnay Joël, La révolte des
pronétariat, Fayard, 2006
13
contribution que pourrait apporter la production et
l'édition phonographique locale. Il s'agit, tout au long du
mémoire, d'éclairer par le point de vue des producteurs locaux de
musique sur la production participative.
Le domaine de la musique en France a été
choisi comme objet d'étude puisqu'il semble convenir à ce nouveau
modèle de production. De plus, les exemples d'artistes produits
(Grégoire, Joyce Jonathan etc.) permettent de donner de la
matière au sujet. Enfin, la musique offre une large palette d'exemples
de sites de production allant de la référence
(Mymajorcompany) jusqu'au cas de liquidation judiciaire
(Spidart).
Bien qu'enthousiasmante, pour les internautes et les
artistes, cette nouvelle forme de production se trouve dans une « phase de
lancement », elle a vu le jour il y a environ cinq ans et suscite de
nombreux questionnements.
En effet, même si le foisonnement de ces sites est
certain, le système a ses limites, ses failles qui semblent
écourter leur durée de vie. Nous serons donc amener à
nuancer l'impact de cette nouvelle donne économique, qu'est la
production participative , sur la filière de la musique. La place de
l'artistique dans un « système » basé sur la mise
d'argent sera interrogé, ce qui implique de s'intéresser au
rapport du public à la création plébiscitée et
financée par des internautes. D'autre part, la crainte d'une
amplification de la « culture de masse » permise par internet est
aussi soulevée.
Ces points d'interrogations s'articuleront autour de la
problématique suivante :
Quelles sont les craintes que suscite cette nouvelle
forme de production : degré de participation des internautes dans
l'aspect artistique ? Méfaits d'un système qui mêle
valorisation artistique et encouragement spéculatif résultant de
l'investissement ?
Mais aussi quels sont les bénéfices de
ce nouveau modèle de production dans un contexte de crise : tremplin
pour les artistes ? Alternative sérieuse à la production «
classique » ? Ses apports dans l'industrie phonographique
?
Pour tenter de répondre à ces questions
nous poserons dans une première partie quelques éléments
du cadre économique, juridique et sociologique dans lesquels s'inscrit
la production participative. La deuxième partie s'attardera, plus
particulièrement, sur l'aspect artistique et esthétique, en
posant la question de la participation de l'internaute dans l'aspect artistique
et du risque spéculatif.
Enfin la troisième partie laissera place à
la perspective en posant la question de l'avenir de la production
participative.
14
I.
La production participative :
fonctionnement, cadre
sociologique, économique et
juridique
15
I. LA PRODUCTION PARTICIPATIVE : FONCTIONNEMENT, CADRE
SOCIOLOGIQUE, ÉCONOMIQUE ET JURIDIQUE
A) UN NOUVEAU MODELE ECONOMIQUE DE
PRODUCTION
1) État du marché
Si certains prêtent à la production
communautaire musicale une vocation sociale, bienfaitrice pour la musique ou
autres, rappelons, tout de même, la visée première du Web
2.0 dont découle cette forme de production. En effet, selon Philippe
Bouquillon17, les théoriciens du web 2.0 tels que Henry
Jenkins auraient posé « les bases théoriques de ce qui
allait bientôt devenir une orientation stratégique essentielle
pour un grand nombre d'acteurs économiques de l'Internet, petits et
grands.» Autrement dit, le web 2.0 a été
conceptualisé initialement par les chercheurs dont Tim O'Reilly dans une
optique économique. Il est vrai que « le marché du Web 2.0
» ne cesse de croître tant les applications sont infinies et
transposables à tous les secteurs économiques. Selon Alban
Martin18, le web collaboratif transforme les industries du
divertissement et des médias en introduisant un changement de «
paradigme économique » qui modifie la « chaîne de
création de valeur » et donne lieu à des exemples de
co-création de valeur.
L'ère numérique qui transforme les
industries culturelles fait état d'un marché de la musique qui
subit une baisse des ventes du support physique (CD) et semble
bénéficié de l'attrait pour les supports
dématérialisés. En effet, selon la SNEP
(société nationale éditeurs phonographiques), au cours du
premier trimestre 2011, le marché de gros de la musique
enregistrée a représenté 121.8 millions d'euros. Dont 26.3
millions d'euros pour le marché numérique (+13.2 %) et 95.5
millions d'euros pour le marché physique (-9.3 %) . Le chiffre
d'affaires des singles perd 49 % de sa valeur, celui des albums subit une
baisse de 7.9 %19. En 2008, les ventes numériques ont connu
une hausse de 50%. Conscients de cette opportunité, les plate-formes de
production participative ne se
17 Bouquillon Philippe, Mathews Jacob Thomas, Le Web
collaboraif : mutaions des industries de la culture et de la communicaion,
Presses universitaires de Grenoble, 2010
18 Marin , Alban , Et toi, tu télécharges ? :
Industries du diverissement et des médias à l'ère du
numérique, Pearson cop. 2010
19 htp://
www.disqueenfrance.com/fr/catalogpage.xml?id=396677&pg=1&cat=251362
16
restreignent pas à la levée de mises des
internautes, puisqu'en plus d'être des « espaces »
dédiés à l'écoute en streaming, elles deviennent
aussi des « espaces » de vente de fichiers numériques et donc
des distributeurs numériques. Profitant du moindre coût
qu'engendre le fichier numérique, les labels participatifs assurent la
diffusion par le biais de partenaires tels que I-tunes, Virginmega, Deezer,
Youtube etc.
Ce contexte de crise du disque dans lequel la production
« classique » limite sa prise de risque, en préférant
miser sur des « valeurs sûres », semble opportun au
développement des labels communautaires. En effet, elles apparaissent
comme une réponse aux artistes « débutants » à
la recherche de tremplin. Si la production participative peut être
interprétée comme une conséquence de la crise du disque,
elle n'est pas pour autant une solution à cette dernière
puisqu'une fois l'artiste produit, son album rejoint le circuit «
classique » de la distribution et subit, également, les
conséquences d'un marché du disque qui peine à innover, en
tenant compte du facteur numérique.
Le secteur de la production communautaire ou coproduction
participative dans le domaine de la musique compte actuellement une quinzaine
de sites. En résonance à l'enquête du Journal Du Net
qui nous apprend que « la crise n'a pas touché ce nouveau
secteur »20, Michaël Goldman, co-fondateur de
MyMajorCompany assure que leur « succès se pérennise, le
site grossit du point de vue du trafic comme des mises des internautes. Et la
réussite de chaque site valorise le participatif en
général ».
Les lancements de start-up ont été
nombreux, cependant peu ont réussi à équilibrer «
leur système » et à bénéficier d'une
visibilité que l'émergence d'une tête d'affiche pourrait
apporter. Dans ce secteur concurrentiel, la majorité des sites cherchent
encore une stabilité qui semble être obtenue par une jauge
importante et diversifiée d'artistes. Cette condition engendrerait
l'intérêt d'un nombre suffisant « d'internautes -producteurs
», ils constituent la clé de voûte du mécanisme
économique et participent à la survie du site. De ce point de
vue, deux sites de production participative semblent se distinguer, le premier
fait figure d'exception : MyMajorCompany, il comptait plus de
50 000 producteurs et 1 900 artistes inscrits en 2009.
Michaël Goldman tempère, néanmoins, ces chiffres en
affirmant que « l'activité est rentable aujourd'hui, mais nous
profitons d'un gros succès, celui de Grégoire
»21. Son concurrent principal BuzzMyBand a annoncé aussi
une croissance des ses producteurs actifs (15 000) et de son trafic en 2009. Le
volume important « d'internautes-
20 htp://
www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/enquete/peut-on-gagner-de-argent-avec-les-sites-de-coproducion/peut-on-gagner-de-l-argent-avec-les-sites-de-coproducion.shtml
21 Idem
producteurs », d'investisseurs étant
primordial dans ce modèle économique, une « implantation
» qui se concrétise par « l'ouverture » de plate-forme
à l'international est observée. Selon le Journal Du Net,
« en janvier 2009(...) BuzzMyBand avait annoncé son intention
de se lancer au Japon, en Amérique du Nord et au Royaume-Uni. Ces
lancements ont été repoussés et légèrement
modifiés. » « MyMajorCompany cible de son côté le
Royaume-Uni pour début 2010, tout comme KissKissBankBank, qui va ouvrir
dans les prochaines semaines une version anglaise, avant une implantation
physique en 2011. »22
Depuis leur apparition en 2007, « le parcours
économique » des sites de production participative semble
inégale, les plus stables d'entre eux déclinent « le
système » dans divers secteurs, développe nt des projets
à l'international alors que d'autres peinent à s'inscrire dans la
durée, connaissent des difficultés financières ou encore
la faillite. Le foisonnement des sites participatifs qui s'apparentait à
un dynamisme du secteur laisse peu à peu place à une tendance
oligopolistique. En effet, à terme très peu d'acteurs
économiques survivront face à la concurrence, se dessine alors
une production participative, partenaire des distributeurs, des majors, sur un
marché de la musique dans lequel quelques grandes sociétés
proposent des « produits musicaux » à un très grand
nombre de consommateurs. Cette domination des majors : Universal, Sony BMG, EMI
et Warner représente environ 72% du marché. In fine, ces sites
qui revendiquaient leur émancipation vis-à-vis du circuit «
classique » de la production sont amenés à rejoindre et
à travailler avec les acteurs de la filière musicale dite
professionnelle.
(a) Les labels communautaires
17
22 idem
18
MY MAJOR COMPANY
|
BUZZ MY BAND
|
AKAMUSIC
|
|
|
BELGODISC
|
ALL IN MY MUSIC
|
CASTARPROD
|
|
YOUR MUSIC HALL
|
DATES CLES
2007 (octobre) : Création de Spidart,1er label
musical communautaire en France
|
RESHAPE MUSIC
|
|
I-SONG
|
MY CORNER BAR
|
STATION TUBES
|
|
|
DIRECT WHITCH ARTIST
|
REVENONS A LA MUSIQUE
|
|
|
ARTISTE A VENDRE
|
19
BUZZMYBAND
Ancien NoMajorComany, le site de production communautaire
BuzzMyBand, co-fondé le 24 décembre 2007 par David Doro, actuel
président, Guillaume Rostain, directeur Général, Claudia
Da Silva, directrice adjointe en charge des développements marketing et
des opérations spéciales, Pierre De Baeque, directeur de la
programmation, est chargé de la ligne éditoriale de la
plate-forme (partenariats, web, radio, live).
La plateforme web de production et de promotion musicale
a changé de cap avec une modification de nom et de principe. Au
départ, le label s'est fixé pour une production d'EP 4 titres
(single) évaluée à 15000 euros, par ce choix le site
jouait la carte de la prudence et minimisait le temps d'attente
nécessaire pour atteindre la jauge financière. Cette
première production du single a permis d'évaluer, depuis,
l'intérêt des internautes (et donc du public) pour un artiste,
laissant présager un financement participatif pour un album.
Guillaume Rostain, issu du secteur du divertissement
affirme dans une interview accordée au journal 20
minutes23 ne pas vouloir calquer le fonctionnement d'une major.
De plus, le co-fondateur explique ne pas sélectionner les artistes
à l'entrée du site et vouloir réduire au « minimum
les obligations des artistes vis-à-vis du label ». Enfin, le
modèle économique revendiqué serait basé « sur
les revenus tirés de l'audience et de la publicité », le but
étant de « générer un bassin d'audience pour attirer
les annonceurs ».
Au vu de ces stratégies commerciales, la prudence
semble de rigueur, il ne s'agit de prendre des risques, seul l'avis des
internautes-investisseurs, représentatifs d'un public potentiel compte.
Et ceci, au détriment, parfois, de la qualité artistique puisque
la sélection artistique est inexistante.
La promotion des artistes via différents
réseaux avec qui le site entretient des liens privilégiés,
comme MTV, Game One, MSN, Le Mouv', HotMix Radio, OÜI FM et très
récemment Direct Star et Orange par exemple, est une activité
essentielle dans le « système » de la production
participative. A ce jour, BuzzMyBand a, ainsi, produit une trentaine d'artistes
dont The Enjoys, The
23 htp://
www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-album.php
Vernon Project, Bioze, Xavier Duca, Rio Taxi, Lys etc.
Parallèlement, le label accompagne plusieurs artistes confirmés
dans leur développement : Mademoiselle K ou encore Jil Is Lucky. A des
fins promotionnelles, une compilation regroupant les artistes pop-rock du label
participatif est sortie. De plus, l'organisation du « Recycling »
permet aux artistes de BuzzMyBand d'intégrer la programmation de la
tournée.
« Devenir un point d'entrée international de
la musique indépendante » c'était l'objectif de David Doro,
le site a déjà ouvert un bureau au Japon et espère en
ouvrir un au Canada.
AKAMUSIC
Ce site communautaire créé en mars 2008 par
Michel de Launoit offre la possibilité aux artistes de faire produire
leur single ou leur album par les « internautes-producteurs
».
Grégory Goemaere, Florence de Launoit, Jean- Marc
Goemaere, un couple et deux frères sont les dirigeants d'AKAMUSIC, le
leader de la production participative en Belgique. Ce label est né de la
fusion entre Tourne Sol Production (société
spécialisée dans la production artistique) et Yswood
(société spécialisée dans le domaine de
l'internet).
Le site a enregistré 13000 artistes et 62000
producteurs à la fin de l'année 2010 selon le
quotidien24, sa production compte 84 CD dont 19 albums et 65
singles. En moyenne, en 2010, Michel de Launoit affirmait que sur 13000
artistes inscrits, 84 étaient produits, ce qui représente environ
0,65%.
Février 2011, estimant que les EP 4 titres ne
fonctionnait plus, ils ont été arrêtés au profit des
EP six titres. La production d'un album est fixé à 80000 euros et
35000 pour les EP. Une fois la jauge
20
24 «Une producion risquée » Pablo Chimieni 4
décembre 2010, le Quoidien
21
atteinte, l'album de l'artiste produit est
distribué par Universal Music REVENONS A LA MUSIQUE
Angel Ramos, cofondateur de « (re)venons à la
musique » se définit comme un site de production participative, il
réunit une équipe de professionnels du son : ingénieurs du
son, auteurs, compositeurs etc. Revenons à la musique se distingue dans
le sillage des plate-formes de production communautaire par son nom
français. Ce détail contribue à leur stratégie de
communication visant à se distinguer des autres start'up qui
rêvent de s'étendre à l'international. Comme un pied de nez
fait par le site qui revendique son attachement à l'essentiel : la
musique.
Hormis ce discours commercial distinctif de celui de la
majorité des sites, leur mode de fonctionnement ne diffère
pas.
Angel Ramos affirme que « ce qui est
compliqué, c'est de mettre en avant un artiste». En effet, la
communication est la préoccupation première de toutes les
plate-formes. «Revenons à la musique », comme la
majorité encourage les internautes-producteurs à relayer toute
information et à se faire les portes-parole de leur artiste
préféré via les réseaux sociaux et autres. La force
de l'équipe du site est ,probablement, le réseau professionnel
dont elle dispose notamment le Studio Omèga pour l'enregistrement de
l'album. Cependant, il semble leur manquer des partenaires pour la distribution
et la promotion.
ALL IN MY MUSIC
Les co-fondateurs de ce site sont Béatrice
Benhamou, gérante et directrice juridique
Dominique Martini, directeurs des opérations, Eric
« VDP », directeur marketing et international, Jean-philippe
Benoît, directeur artistique, Denis Degioanni, Christophe Michau,
stratégie internet.
Créée en 2009, cette plate-forme musicale
participative a fait le pari de lancer des artistes régionaux
grâce au soutien de ses auditeurs, la société a produit le
single d'un groupe toulousain « The Red Lips ».
La start'up, créée à Sophia-
Antipolis, possède un catalogue de 150 artistes et une communauté
de 5000 membres (en 2010). Derrière ce projet, cinq passionnés de
musique issus de l'industrie du disque et de la création d'entreprise.
Ils ont été soutenus par l'incubateur public PACA Est, le conseil
régional, l' INRIA et l'université de Nice.
22
BELGODISC
Paul Dewachter, fondateur de Belgodisc25
définit son équipe « d'artisans professionnels qui
travaillent dans la convivialité, le dialogue et la transparence des
comptes ». Ils accompagnent les artistes avant, pendant et après la
production. Le site de production participative choisit de mettre en
lumière « un artiste de la semaine » tandis que les autres
artistes, sans exception, défilent en diaporama sur la même page
d'accueil afin d'éviter qu'ils ne tombent dans l'anonymat, selon eux.
Ils affirment qu'à la différence de la plupart des sites de
production, Belgodisc organisent des réunions avec les «
internautes-producteurs », les rassemblements semestriels
réunissent les artistes et les producteurs. Ces « réunions
en comité restreint » permettraient d'analyser chaque production,
d'en définir les points faibles et points forts, d'imaginer pour
l'artiste une stratégie dans le cadre d'un plan de
carrière.
La stratégie de Belgodisc est de produire des
singles 3 titres, si le single marche, il y aura la possibilité de
produire l'album EP ou LP de l'artiste. L'objectif de production de Belgodisc
est de 34 artistes par mois, soit une trentaine d'artistes d'ici la fin de
l'année 2011.
YOUR MUSIC HALL
Ce site se définit comme un label
indépendant et participatif qui vise la production d'artistes. Il a
été créé par quatre passionnés de
musique.
Alain DOPOURIDIS est le fondateur de YOUR MUSIC HALL,
il est entouré par Jean-Claude KUENTZ : directeur de la Publication, de
la Production et de l'Artistique, Jean-Claude
BENOIST : directeur du Marketing et de la Communication
et Fabrice EYMERY : Directeur du département Vidéo et
Coordination de la Promotion.
S'inspirant du statut officiel de Producteur, Your Music
Hall propose de « devenir Coproducteur, un statut en phase avec
l'évolution des nouvelles techniques de productions musicales par
Internet», selon eux.
RESHAPE MUSIC
Reshape-music se définit comme un label
éthique et participatif. Les internautes financent le projet de sortie
d'un album via le label. « En échange, ils reçoivent l'album
dans une copie spéciale éditée
25 htp://
fr.locita.com/diverissement/musique/inancement-paricipaif-une-nouvelle-plateforme-musicale-paricipaive-belgodisc/
23
en série limitée dans le format qu'ils
choisissent (mp3, cd digipack ou vinyle) et des avantages (sérigraphie
numérotée, accès backstage), avant la sortie. Grâce
aux internautes, les artistes peuvent donc sortir leur album de manière
professionnelle, avec un distributeur et une campagne de promotion.
«Grâce aux internautes, les artistes conservent 100% de leurs droits
de production. Si l'album devient un succès, ils en sont
propriétaires. »
I-SONG
Ce label participatif est édité par E-CORP
SARL, le créateur du site en France est Cédric Sauvaget, les
administrateurs sont Stéphane Thomas, Charles-Henri Poniard.
Le site s'apparente à une plate-forme de mise en
ligne des créations des artistes et d'écoute en streaming,
l'aspect « production » est très peu mis en avant. On y
retrouve les slogans suivants :
« Écoutez les artistes I-song, votez pour vos
artistes préférés, offrez leur la chance d'être
produit ».
Peu d'informations sont données concernant
l'identité des entrepreneurs, probablement étrangers.
BETNBOOST
Ce concept crée par Grégory Costa est
accompagné par l'Insa de Lyon (école d'ingénieurs) et
l'incubateur Crealys (laboratoire). Le site est inexistant (septembre
2011).
ARTISTE A VENDRE ( ex BE YOUR MUSIC)
Artiste à vendre est un site de financement de
carrière musicale participatif destiné aux artistes phase de
professionnalisation ( ayant sorti au moins un album et fait des concerts). Il
est actuellement en construction. .
JAZ'ZIL
Le site est en cours de maintenance REMARQUES
Les informations concernant ces sites ont
été recueillies courant septembre 2011, leur évolution
s'adapte au gré du marché et des concurrents. Certains sites tels
que BETNBOOST, JAZ'ZIL, ARTISTE A VENDRE, par exemple, n'existent plus ou sont
en cours de maintenance. Difficile d'interpréter ce fait, il peut s'agir
d'un arrêt temporaire ou définitif lié à
d'éventuelles difficultés (financières ou
autres).
(b) La référence : My Major
Company
Créé en 2007, le label communautaire My
Major Company s'est distingué par le succès de son artiste
Grégoire mais aussi par ses importants partenariats média, le
tout ayant suscité l'intérêt des investisseurs,
nécessaires à la stabilité financière.
Ses co-fondateurs , issus de l'industrie de la musique se
définissent comme « un vrai label », « une major des
internautes », leur but ne serait pas « simplement de recueillir des
fonds pour les artistes mais de les accompagner pour l'écriture du
disque, la promotion et le marketing »26. MyMajorCompany
revendique une audience de 150 000 visiteurs par mois et totalise 30 000
producteurs inscrits, dont un quart aurait investi sur un artiste.
Michael Goldman est en charge du recrutement des artistes
et de la partie studio au sein de MMC.
Sevan Barsikian, ancien responsable du service artistique
de BMG Publishing (Sinik, Vitaa, Ridan) dirige la partie développement
promo.
Antony Marciano, ancien directeur artistique chez
Sony-BMG (Amel Bent) est responsable de la production exécutive en
studio, du choix des titres.
Simon Istolainen est en charge du développement
Web, de la conception et de la mise en oeuvre marketing du site et de la
stratégie.
En permettant, pour la première fois, à 347
« internautes producteurs » de financer le single « Toi +Moi
» de Grégoire dont album a été vendu à plus de
700 000 exemplaires, ces dirigeants ont suscité un intérêt
des médias pour la production participative. Beaucoup d'observateurs,
notamment les journalistes concentrent leur attention sur My Major Company,
renforçant ainsi sa visibilité et contribuant à son essor
au détriment des autres qui ont, pourtant, un principe de fonctionnement
similaire. Les artistes produits par ce label prennent de l'ampleur dans le
sillage musical et s'assurent une diffusion en radio presque immédiate,
c'est le cas, par exemple, de Joyce Jonathan, de Thierry de Cara, d'Agonie,
d'Irma et bien entendu de Grégoire.
La réussite de MMC s'expliquerait, tout d'abord,
par le parti-pris d'une pré-sélection des artistes assurée
par l'équipe artistique . Mais aussi, grâce au réseau de
partenaires médias, détenu par le label, qui semble important. Le
label possède un réseau et carnet d'adresses important qui
lui
24
26 htp://
www.lexpress.fr/culture/musique/les-internautes-prennent-le-pouvoir_512374.html
25
permettent un accès aux plateaux
télé, aux radios etc. Rappelons que la promotion d'un artiste est
primordiale dans une industrie de la musique qui impose à l'artiste
d'être vu et entendu et au mieux de créer du buzz. Ce facteur
influence fortement les ventes car les acheteurs potentiels sont attentistes
à ce que leur propose la télévision, la radio, internet
etc. En effet, le « consommateur » lambda de musique n'a pas pour
habitude de « chiner » dans les rayons des disquaires, d'aller vers
les producteurs de musique pour découvrir de nouveaux talents, il est
donc très sensible à ce que lui propose les
médias.
Par ailleurs, l'ancrage du réseau de distribution
Warner, partenaire du label participatif fait figure d'atout
supplémentaire. En contre-partie, la major encaisse sur un « album
vendu, 56% du prix de vente, les 44% restant sont partagés entre MMC
(50%), les internautes producteurs (30 %) et l'artiste (20
%)27.
Enfin, les investisseurs permettent à My Major
Company une stabilité financière. En effet dans un entretien
accordé à Ouest France, Simon Istolainen annonce que
Stéphane Courbit, l'ancien patron d'Endemol aurait l'intention
d'injecter « au minimum 3 millions d'euros, via sa structure
d'investissements Financière Lov, au jeune label, sur les trois ans
à venir, en échange de 49 % du capital »28. Cette
opération valorise la start-up à « 10 millions d'euros, le
reste du capital est détenu par les quatre cofondateurs (Sevan
Barsikian, Anthony Marciano, Michaël Goldman et Simon Istolainen) et le
fond HP Communications qui avait investi 250 000 euros pour l'amorçage
de la société »29. Pierre angulaire du «
système » de la production communautaire, l'apport financier a
permis, dans le cas de MMC, des levées de fonds pour atteindre la jauge
financière déterminée, en complément de la mise des
internautes-producteurs. Cet investissement a soutenu les projets
d'internationalisation, notamment celui de l'Angleterre, cible prioritaire de
la la start-up qui exporte ainsi son concept. Pour ce faire, le label a
sollicité les conseils d'Alain Levy, P-DG de la major britannique EMI,
mais sur ce marché, MyMajorCompany devra affronter la concurrence de
Slicethepie, site similaire. Toutefois, souligne Simon Istolainen, « aucun
des sites concurrents présents sur le marché britannique n'est un
véritable label qui produit et finance des artistes. Et surtout aucun
n'a connu un succès commercial comme nous l'avons fait avec
Grégoire. Le défi est donc de dénicher le bon artiste.
»
27 htp://
madame.leigaro.fr/loisirs-et-voyages/enquetes/397-demain-tous-producteurs/3,
Sandra de Vivies
28 idem
29 htp://
www.zdnet.fr/actualites/musique-stephane-courbit-invesit-dans-mymajorcompany-39386379.html
26
2) Les atouts du modèle
(a) L'investissement raisonnable : « valeur
refuge » dans un contexte de crise
La production participative apparaît comme une
valeur refuge en temps de crise de l'industrie phonographique, en effet c'est
un moyen de sécuriser l'investissement sur la production en amont.
Rappelons que My Major Company, le label communautaire considéré
comme « leader » sur le marché de la production participative
a été créé en 2007 en pleine crise
financière. Ses trois fondateurs, Sevan Bariskian, Michaël Goldman
et Anthony Marciano, dressent un constat : les maisons de disque ne signent
plus de jeunes artistes, avec une tendance à s'intéresser aux
chanteurs ou aux groupes musicaux confirmés, parce qu'elles en n'ont
plus les moyens. Or, internet a permis la découverte de talents. "De
ce paradoxe est née l'envie de fonder notre propre major avec l'aide des
internautes, en les faisant participer à la production, en mutualisant
les risques mais aussi les revenus quand il y en a"30, explique
Sevan Bariskian.
Par ailleurs, l'économie du cinéma ou du
théâtre étant plus complexe par son mode de financement,
par ses retours sur investissement puisque, par exemple, dans le 7 e art, on
parle en millions d'euros. Les risques sont donc plus importants dans certains
domaines artistiques, la production communautaire dans la musique
apparaît pour les entrepreneurs plus opportune31.
Le foisonnement de plate-formes de production
participative est significatif du « potentiel de ce marché qui
accompagnent les jeunes artistes ou groupes musicaux ». En effet, «
En 2009, les labels participatifs ont poussé comme des champignons.
Aveuglés par le succès (unique) de MyMajorCompany. »
32
De plus, le « système » ou modèle
économique de la production participative ne nécessite pas un
lourd investissement financier dans la mise en oeuvre du site. Selon Paul
Dewachter, fondateur de Belgodisc, « les dépenses de fonctionnement
de Belgodisc se limitent aux frais de gestion, d'administration
générale et de la représentation. Ce qui représente
27% du budget d'une production dont 3% environ découlant des frais
liés aux transactions (cartes de crédit et Paypal)
»33.
30 htp://
www.franceculture.com/2011-05-14-le-mecenat-culturel-en-crise.html
31 Mohammed Aissaou, L'argent n'est pas le moteur,
Le igaro, 21 octobre 2010
32 htp://
label-musicom.over-blog.com/aricle-label-paricipaif-re-venons-a-la-musique-50427868.html
33 htp://
fr.locita.com/diverissement/musique/inancement-paricipaif-une-nouvelle-plateforme-musicale-
paricipaive-belgodisc/
27
Cependant, pour perdurer le site doit être
entouré de solides partenaires et investisseurs car toute production
n'est pas, bien entendu, synonyme de vente du disque. L'une des
difficultés, selon Paul Dewachter, fondateur de Belgodisc, serait la
procédure de sécurisation des paiements. Il affirme : « les
conditions d'octroi sont strictes et le codage en rebuterait plus d'un !
»
(b) Le public au coeur du système : une «
philosophie » qui fait vendre
Ces « e-majors » sont nées d'une
philosophie qui tend à s'affranchir du circuit classique de l'industrie
du disque, des majors regroupées en oligopole sur le marché. De
plus, elles revendiquent le fait de « donner » aux «
internautes-producteurs » la possibilité de choisir une
création. Cependant, certains observateurs y voient une technique
d'astroturfing, c'est à dire le fait de dissimuler des intentions
commerciales en prétextant l'intérêt du public. En effet,
il est vrai que certains sites possédant un réseau professionnel
important et des investisseurs pourraient se dispenser des mises
apportées par les internautes, mais cela reviendrait à se priver
d'un
« formidable » échantillon de
consommateurs potentiels et de la légitimité d'un
public.
Le producteur internaute ne serait pas
recherché pour sa mise d'argent mais plutôt pour accréditer
un artiste, ainsi on pourra dire « c'est le public qui l'a produit donc
qui l'a choisit ». Il deviendrait plus « légitime » que
l'artiste produit par la major, cette opposition entre le choix du public et
celui des majors est perceptible dans l'imaginaire du public. Cette
représentation profite donc aux sites de production
participative.
3) Rouages du « système » et
fonctionnement
(a) Les fondements
Les labels communautaires sont le résultat des
possibilités offertes par le Web 2.0, terme qui désigne
l'ensemble des techniques, des fonctionnalités et des usages du World
Wide Web, en particulier les interfaces permettant aux internautes ayant peu de
connaissances techniques de s'approprier les nouvelles fonctionnalités
du web. Dans le Web 2.0, l'internaute devient acteur en alimentant les sites en
contenu, comme les blogs, les wikis (en collaboration avec d'autres
internautes), voire des dispositifs très rigoureux de type «
science citoyenne ». On retrouve actuellement pléthore de sites
dits « participatifs » dans des domaines divers, citons par exemple
Agoravox pour le citoyen- journaliste, Wikipédia etc.
28
L'expression « Web 2.0 » a été
utilisée par Dale Dougherty en 2003, diffusée par Tim O'Reilly en
2004 et consolidée en 2005 avec l'article de ce dernier « What Is
Web 2.0 ». En 2007, elle s'impose dans le microcosme scientifique qui
s'approprie cet acquis.
La « production communautaire », «
production participative » ou « financement participatif »
désignent l'application des méthodes combinées du
crowdsourcing, il s'agit, dans ce cas précis, des artistes qui mettent
en ligne leur création et du crowdfunding (ou encore financement par la
foule) incarné par les « internautes-producteurs
».
L' « internaute-producteur » constitue un
« acteur » de la communauté, il échange avec cette
dernière, alimente ses réseaux sociaux dans le but de donner son
avis par le post de commentaires. En somme, il apparaît être un
formidable « outil » de communication en faveur de la production
participative et plus particulièrement pour les artistes
soutenus.
Cependant, l'internaute, ici, n'est pas
désintéressé puisqu'il est explicitement informé de
la contrepartie financière ou du service escompté à
l'issue de la production de l'album ou du single.
La survie des sites de production participative
dépend des stratégies de communication, la meilleure d'entre
elles serait le succès de vente d'un artiste produit par les
internautes, comme ce fut le cas pour Grégoire. Après
consultation de ces sites, on comprend l'importance de la communication qui
permettrait d'amener du flux. En effet, plus le nombre de visiteurs est
important, plus la potentialité d'inscription des nouveaux
internautes-producteurs est forte. Bien que les investisseurs puissent
intervenir en amont du lancement de la start'up, la plupart sont nettement plus
intéressés à partir du moment où le site fait ses
preuves. Dès lors, la stabilité financière que les
investisseurs amène permet de finaliser la production du disque d'un
artiste, de développer le concept à l'étranger ou encore
d'acheter des encarts publicitaires. Bref, autant d'initiatives qui consolident
l'entreprise et lui permettent de s'inscrire dans la durée. Enfin,
même si cela n'est pas crié sur les toits, les
intérêts émanant du placement des mises des
internautes-producteurs constituent une ressource financière
supplémentaire pour les sites de production participative.
L'aspect « développement de relations
privilégiées » entre l'internaute, l'artiste et le site est
crucial, chaque site s'efforce de créer une « ambiance amicale
» et de valoriser les « internautes-producteurs » avec des
attentions particulières qui contribuent à renforcer
l'idée de « club privilégié ».
29
(b) Comment ça fonctionne ?
Dans l'ensemble, le mode de fonctionnement des sites de
production participative est similaire. Cependant, ils se distinguent par
certains aspects notamment la mise en place d'une pré-sélection,
le pourcentage et la durée de rémunération sur les ventes
du disque, les contre-parties et avantages accordés aux internautes (
invitation aux show-cases, figuration dans un clip, accès aux coulisses
du concert de l'artiste produit etc.).
Ces labels communautaires développent deux
concepts distincts :
- Le financement d'un album offrant du contenu exclusif
à l'investisseur. Cet investissement leur donne droit à un grand
nombre de contenus exclusifs. Par exemple, l'internaute pourra assister
à l'enregistrement de l'album, aux répétitions et se verra
offrir des partitions ou des cours de musique personnalisés pour jouer
les chansons de son artiste préféré. C'est le cas par
exemple du site Artishare.
- Le financement d'un album offrant une part des
bénéfices à l'investisseur.
C'est le cas des sites comme MyMajorCompany, Spidart ou
encore NoMajorMusik qui proposent à l'internaute de financer l'album
d'un artiste et de toucher une partie des revenus générés
par la vente de ce même album.
La visée de la plate-forme est de réunir
l'artiste et les internautes, les protagonistes sont donc invités
à créer un compte. Comme dit, précédemment,
l'artiste peut être soumis à une sélection effectuée
par la « direction artistique ».
Concrètement, les artistes mettent gratuitement
à disposition leur « portrait », leurs oeuvres sous forme de
fichiers musicaux pouvant être écoutés en streaming. Les
sites de production participative se transforment en plate-formes de vente de
fichiers numériques. Les internautes, en investissant, achètent
donc une part du budget de financement de l'artiste, il devient une sorte de
« coproducteur ». Une somme palier est fixée à
l'origine.
Une fois la jauge exigée atteinte,
l'enregistrement,mix, mastering du single ou de l'album sont effectués
en studio, s'en suit le tournage du clip. Parallèlement, une
distribution numérique du titre a lieu et les réseaux-partenaires
pour la diffusion et la promotion sont activés. Enfin, l'album est
distribué dans le cas des sites ayant un contrat avec une maisons de
disque. Au final, les bénéfices des ventes du disque sont
partagés entre l'artiste, le site et les internautes-producteurs. La
somme
exacte que reçoit chaque «
internaute-producteur » dépend du nombre de parts qu'il a
achetées. En général, l'argent misé par les
internautes sert à financer l'enregistrement, la fabrication, la
distribution et la promotion du disque.
Au vu des informations recueillies, il semblerait que le
fonctionnement des sites de production communautaire soit semblable à
celui des majors. En effet, on s'aperçoit que peu de risques artistiques
sont pris, la sélection opérée par la direction artistique
tient compte des tendances actuelles, de celles qui « marchent
».
Voilà le paradoxe de ces sites, ils
prétendent faire émerger de nouveaux talents mais en
réalité leur fonctionnement est similaire à celui des
maisons de disques qui ne prennent guère de risques et se concentrent
sur l'artiste qui pourrait « faire vendre » au détriment de
l'originalité susceptible d'intéresser un petit nombre, par
exemple.
B) ELEMENTS DU CADRE SOCIOLOGIQUE DE LA PRODUCTION
PARTICIPATIVE
1) L'engouement de la société pour le web
2.0
Cette partie ne prétend en aucun cas exposer de
façon exhaustive les facteurs sociologiques ayant pu favoriser le
développement du « phénomène » de la production
participative. Elle vise à contextualiser l'objet d'étude en
s'attardant sur quelques paramètres émanant de la
société et expliqués par des spécialistes
(sociologues, chercheurs etc.)
Selon l'observatoire des Usages Internet34 qui
a étudié l'évolution de la population internaute et les
usages des Français en matière d'Internet, la France serait
« accro aux sites communautaires », en effet les internautes vivant
en France en sont de plus en plus adeptes. Ces derniers permettent de mettre en
relation des internautes partageant des centres d'intérêts
communs, comme par exemple les goûts musicaux, des passions ou encore un
réseau professionnel.
Bien que l'observatoire n'est pas élargi son
étude aux plateformes communautaires de crowdsourcing («
approvisionnement par la foule ») et de crowdfunding (« financement
par la foule ») que sont les sites de production participative, ce constat
sociologique favoriserait leur développement. En effet, au 2ème
trimestre 2008, 5.2 millions de personnes sont inscrites sur un site
communautaire, soit une augmentation de 14% par rapport au trimestre
précédent.
30
34 htp://
label-musicom.over-blog.com/aricle-la-france-accro-aux-sites-communautaires-50476913.html
Globalement, ce sont 15,9% des internautes qui sont
inscrits sur au moins un de ces sites. En juin 2008, 32.3 millions de
personnes, de 11 ans et plus se sont connectées à Internet au
cours du dernier mois, soit une progression de 5 % en un an ; soit aussi plus
de 6 personnes sur 10 (61,1%) reliées à la toile.
Les sites de production participative répondraient
donc à une demande au vu de l'engouement des internautes pour les sites
communautaires. En somme, l'appropriation rapide des outils du web 2.0 par la
société serait le résultat de la convergence entre une
l'évolution technologique et l'attente sociologique.
S'ajoute à ce fait, la tendance de « la
culture de la participation » dont témoigne « la
démocratisation du web 2.0 ».
2) « La culture de la participation
»
Les sites de production baignent dans un contexte
sociologique favorable qu'est « la culture participative », elle peut
être définie comme cette tendance à la participation de
l'individu au sein d'un collectif. Devenue un modèle de
société, voire un mode de vie s'apparentant à une
nécessité, elle reflète une société
individualiste qui tend à affirmer son existence. De plus, les
consommateurs actuels, de plus en plus exigeants, ne veulent plus acquiescer un
« système » mais être des acteurs à part
entière, chose permise par la production participative. L'individu
devient un actif, un participant, il affirme ses choix au nom du « respect
de sa personne ». C'est ce qui se constaterait dans toutes les
démocraties abouties.
Par ailleurs, cette « culture de la participation
» est vu par Joël de Rosnay35 comme l'un des facteurs de
l'émergence du « pronètariat », en effet «
l'arrivée de nouvelles technologies typiques de la culture Internet et
venant à la rencontre de l'aspiration de la société
à des formes d'organisation plus participatives . Un besoin de
participation lié à des facteurs positifs (comme l'augmentation
du niveau culturel global), mais aussi négatifs (comme la crise de la
démocratie représentative).
A travers cet « univers commercial parallèle
à celui des firmes classiques » que pourrait être la
production participative, il s'agit selon l'auteur « d'une
révolution pronétarienne d'abord sociétale avant
d'être économique ».
31
35 De Rosnay Joël, La révolte des
pronétariat, des mass média aux média des masses,
Fayard, 2006
32
Dans la préface du livre d'Andrew
Keen36 qui traite de l'impact destructeur de la révolution
numérique sur notre culture et nos valeurs, Denis Olivennes explique,
à ce sujet, « que ce n'est pas Internet qui invente cela. Le
mouvement profond est , celui sociologique, d'accomplissement de la
société démocratique, égalitaire et individualiste,
anti-autoritaire, anti-hiérarchique. Mais Internet est venu comme par
enchantement traduire, rendre possible, amplifier une nouvelle étape de
ce développement, à la fois merveilleux et funeste que
Tocqueville a le premier décrit »
Partant de cette analyse, il semblerait que la production
participative dans la musique répondrait à « la frustration
» de l'amateur qui aspire à être « un professionnel
», mais aussi à affirmer son existence par le choix d'un artiste
moyennant finance. Concernant ce dernier point, Andrew Keen explique qu'«
au lieu d'utiliser Internet pour nous informer et nous cultiver, nous cherchons
à ETRE nous-mêmes des sujets d'information et des objets de
culture ».
3) Paradoxe : développement de la production
participative en plein « âge
d'or » de la gratuité.
Le « culte de la gratuité » qui
émane du « sacre d'Internet », selon Denis
Olivennes37, semble côtoyer le système de la production
participative qui permet le financement de l'album d'un artiste. En effet,
alors que la gratuité suscite la crainte d'une «
démonétisation » des oeuvres qui entraînerait la
dévalorisation de «ceux qui les créaient et les produisent
», des comportements d'internautes qui payent pour soutenir un
créateur sont constatés à travers la production
communautaire. C'est la réponse qu'il n'y a pas de fatalité et
qu'il est encore temps de « réapprendre » à
l'internaute à « acheter » une oeuvre, encore faut-il agir sur
ce qui est de l'ordre de l'affect et non pas donner l'impression d'une
privation de liberté.
Nicolas Auray, maître de conférences en
sociologie à l'Ecole nationale supérieure des
télécommunications, explique dans son article Le prix
à l'épreuve de la gratuité : le cas des biens
culturels38 que « les biens culturels, proposés sur
internet deviennent non exclusifs, au sens où il est tout à fait
possible d'en jouir sans payer. Et puis, ce sont des biens « particuliers
» également, parce qu'ils sont des biens d'expérience. Leur
valeur ne peut pas être estimée au moment de
l'achat».
36 Andrew Keen, « le culte de l'amateur, comment
Internet détruit notre culture » Scali impr. 2008
37 Olivennes Denis, La gratuité, c'est le vol : quand
le piratage tue la culture , B. Grasset impr, 2007
38 Nicolas Auray, "La gratuité et la
culture", in Actes des ateliers de la DGCCRF , "Le prix a-t-il encore
une valeur?", 2010
33
Le propos de l'auteur pourrait être élargi
au téléchargement illégal, possibilité offerte par
le Peer to Peer ou encore aux sites proposant l'accès aux biens
culturels via le streaming.
Se dresse le constat d'une société qui
accepte difficilement de payer un bien culturel, ce qui entraînerait une
perte de la « valeur » de la création, dans ce cas
précis de la musique. Le propos, ici, n'est pas d'affirmer une
quelconque sous-estime de l'Art par les consommateurs, mais plutôt de
pointer les conséquences d'Internet dont la «philosophie » est
l'accessibilité à tous, la gratuité.
A ce propos, David Carzon, rédacteur en chef du
pôle web d'ARTE France affirme qu' « Il y a donc bien un
problème spécifique lié à la valeur de la musique
»39. Selon une étude mondiale dévoilée au
premier jour du Midem, la musique est le passe-temps numéro un des 8.500
personnes interrogées dans 13 pays différents. 63% sont
passionnés de musique contre 6% qui n'en ont rien à faire. Et
s'ils sont un tiers à télécharger illégalement, ils
sont de plus en plus nombreux à utiliser le streaming (Spotify ou Deezer
pour la France).
Dans ce contexte, la production participe soulève
un paradoxe « les internautes ne paient plus la musique, mais voilà
qu'ils la financent »40
Un fait qui laisserait penser que cette production, qui
appelle au financement des internautes-producteurs, pourrait atténuer le
piratage ou téléchargement illégal. Cependant, la
production communautaire dont la vocation n'est pas d'être une solution
au piratage, ne pourrait modifier les habitudes des consommateurs de musique
mais fait figure d'initiative pouvant responsabiliser «
l'internaute-producteur » vis-à-vis de la création musicale.
En effet, on peut avoir téléchargé illégalement et
vouloir s'inscrire sur un e-label communautaire, sans pour autant que ces deux
activités paraissent contradictoires pour l'internaute.
A ce sujet, Guillaume Rostain, cofondateur de
NoMajorMusik ( BuzzMyBand) explique qu'il n'y a pas de contradictions entre les
habitudes de piratage et le fait de mettre la main au portefeuille pour
produire de la musique en affirmant : « Le phénomène du
piratage n'est absolument pas incompatible avec le fait de financer un artiste.
De même que les gens qui téléchargent illégalement
achètent aussi les titres qu'ils aiment ».
Bien que peu de spécialistes ne se soient
intéressés au lien entre production participative et
gratuité, cette dernière pourrait être un argument
favorable au développement de la première. En effet,
démocratiser cet acte d'investissement, de « mécénat
» dans le but de soutenir la création musicale
39 htp://
www.slate.fr/story/16249/hadopi-musique-gratuite-telechargement-midem
/ Lundi 25 janvier 2010
40 htp://
madame.leigaro.fr/art-de-vivre/demain-tous-producteurs-241108-25773
Sandra de Vivies, 24 novembre
2008
34
pourrait favoriser des comportements d'utilisateurs
« responsables ». Ainsi, l'investissement affectif et financier de
« l'internaute-producteur » pourrait influer son rapport à la
création musicale. En devenant un acteur financier dans la production de
l'album et donc en étant un maillon dans la chaîne de l'industrie
de la musique, l'internaute en tant qu'un acteur financier se sentirait investi
d'une responsabilité vis-à-vis de la création musicale.
Car, il a le pouvoir de choisir son artiste en contrepartie d'un montant non
imposé.
Par ailleurs, Nicolas Auray affirme que « le prix
doit probablement aujourd'hui se déplacer vers un bien qui incorpore une
grande partie de services et probablement aussi un bien qui incorpore des
communautés, c'est-à-dire la possibilité donnée aux
consommateurs d'appartenir, de s'identifier et d'exprimer des valeurs
communautaires ».
Comme dit précédemment, la production
participative ne pourrait à elle seule être la solution aux effets
néfastes de la gratuité sur l'industrie du disque. Cependant, les
fondateurs de ces sites n'hésitent pas brandir cet argument, ils
espèrent notamment de la part de l'État une
défiscalisation des bénéfices ( le retour sur
investissement).
35
C) ELEMENTS DU CADRE JURIDIQUE
1) Analyse des « conditions générales
d'utilisation » des sites de production
participative
Cette analyse concerne les « conditions
générales d'utilisation » des sites suivants : My Major
Company, Buzz My Band et All In My Music.
Si le mode de fonctionnement de la production
participative est relativement simple et limpide, beaucoup d'inconnues
entourent les droits et les devoirs des parties ( le site de production,
l'internaute et l'artiste). Cependant, ce modèle de production ayant
pris de l'importance, depuis deux-trois ans, dans le sillage de l'industrie
phonographique, il s'est donc doté de « conditions
générales » plus précises. En préambule de
cette sous-partie, il est important de préciser qu'aucun contrat ne lie
« l'internaute-producteur » et le site. Le contrat entre l'artiste et
le site intervient une fois que la jauge est atteinte.
Droits et obligations des artistes
La cession des droits (droits cédés par
l'artiste à l'éditeur) Buzz My Band
« L'artiste reste titulaire des droits patrimoniaux
sur l'oeuvre, mais il s'engage, pour une durée qui ne saurait être
inférieure à douze (12) mois, à en accorder, sous forme de
licence, l'exclusivité de diffusion et de promotion à
l'éditeur »41. Buzz My Band se définit comme un
« éditeur » en charge de la diffusion de l'oeuvre. L'artiste
est rémunéré à chaque utilisation de son oeuvre
(droits patrimoniaux), il doit accorder au site, sous forme de licence,
l'exclusivité de diffusion (diffusion numérique sur le site
(BMB), sur les plate-formes de vente en ligne (Itunes, Fnac music etc.),
diffusion audiovisuelle (radio, télévision, vidéo
musique), représentations, concerts etc.). Cette licence
accordée, s'apparente au « contrat d'enregistrement exclusif »
qui confère le droit d'exploitation du titre produit à
l'éditeur. En échange, l'artiste devrait percevoir des
royalties.
A ce propos, il est précisé que «
l'éditeur s'engage à affecter à l'Artiste 40 (quarante) %
d'une assiette constituée des Revenus Nets générés
sur toutes les plateformes sur lesquelles le titre ou l'album en question sera
en vente sous déduction, selon le cas, soit du Budget Single, soit du
Budget Album. »
41 htp://
www.buzzmyband.com/page/Condiions-generales-duilisaion
36
All In My Music
« Il est précisé que All In My Music
sera seul propriétaire des droits corporels et incorporels
attachés aux phonogrammes ainsi enregistrés et qu'il en sera le
seul producteur au sens de l'article L213-1 du code de la
propriété intellectuelle »42. A travers cette
condition, All In My Music jouit du même droit qu'un producteur «
classique » en vertu de l'article qui stipule que « Le producteur de
phonogrammes est la personne, physique ou morale, qui a l'initiative et la
responsabilité de la première fixation d'une séquence de
son. L'autorisation du producteur de phonogrammes est requise avant toute
reproduction, mise à la disposition du public par la vente,
l'échange ou le louage, ou communication au public de son phonogramme
autres que celles mentionnées à l'article L 214-1.
».
My Major Company
« L'Artiste concède à MY MAJOR
COMPANY, à titre exclusif et gracieux, pour le monde entier et pour
toute la durée des présentes, les Droits tels que
précisés ci-dessous »43. Ce sont les droits de
reproduction, droits de représentation et d'adaptation , droits de
diffusion (sur le site etc.)
il « autorise en outre expressément MY MAJOR
COMPANY à assurer la promotion et/ou la publicité du Contenu, et
à diffuser avec les Contenus des messages publicitaires, commerciaux
et/ou promotionnels relatifs à des produits ou services de tiers. »
L'exclusivité interdit à l'artiste « d'être
présents sur des plateformes concurrentes le temps du contrat.
»44
Droits et obligations de «
l'internaute-producteur »
En tant que non- professionnel de la production
phonographique, « l'internaute-producteur» n'est pas censé
connaître le contexte de crise du disque qui se concrétise par une
baisse des ventes et qui minimise le retour sur investissement. Si certains
sites évoquent ce risque, d'autres le font de façon plus vague,
voire l'occultent complètement.
On peut lire, par exemple, dans les conditions
générales d'utilisation de My Major Comapany : «
L'Internaute-Contributeur est averti et comprend que les processus liés
au développement d'Artistes sont des processus longs et
imprévisibles, pouvant durer plusieurs années et dépendant
notamment de la capacité de l'Artiste à enregistrer un Album
complet ou un Ouvrage définitif et de
42 htp://
www.allinmymusic.com/cgu.php
43 htp://
www.mymajorcompany.com/condiions-pariculieres-aristes/
44 htp://
www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-album.php
37
l'accueil réservé par les médias
(radios, presse, etc.) et le public à un Album ou à un Ouvrage.
»45
De plus, l'information concernant le délai
d'attente qui peut s'élever à plusieurs années est
parcimonieuse dans certains cas, car si les cas de production rapide (deux
semaines) existent, le risque qu'un artiste ne soit jamais produit est
également réel.
Tout internaute-producteur peut demander le remboursement
de sa mise, qui lui sera restituée après déduction des
frais bancaires. « La somme versée à
l'Internaute-Contributeur par virement pourra être diminuée d'un
montant variable correspondant au montant des frais bancaires liés
à ce virement. L'Internaute-Contributeur sera dûment
informé, préalablement au virement sur son compte bancaire, de
ces frais. »46
Le pourcentage sur les ventes du support physique et
numérique attribué aux parties (site, artiste, internaute) est
clairement défini, c'est une information accessible. Mais,
derrière ce semblant de transparence, les sites peuvent, pour des
raisons qui leur sont propres, effectuer des prélèvements
financiers. Par exemple dans les conditions générales
d'utilisation de All In My Music, on lit que « 10 % du budget »,
c'est à dire de la somme des mises des internautes pour la production
« sera payé à AIMM en tant que producteur exécutif.
». Donc, en amont du processus de production pour lequel les fonds ont
été levés, AIMM, en tant que producteur exécutif,
s'attribue un pourcentage de 10 %. Le site bénéficiera, par la
suite, de 34% sur les ventes. Certes, ces particularités de gestion des
finances sont très clairement précisées dans les
conditions de certains sites, cependant la plupart continue à marteler
l'argument de « l'équité dans le partage des revenus »
qui rappelons le proviennent des mises des internautes.
Par ailleurs, aucune information concernant les flux
financiers n'est donnée : quel est le taux d' intérêts du
« compte-tiers » dans lequel les mises des internautes sont
placées ? Quelle est l'utilisation des intérêts
perçus ?
On peut lire dans les conditions générales
de My Major Company : « Compte tenu des coûts qu'engendreraient le
calcul des éventuels intérêts dus à chacun des
Internautes-Contributeurs et leur redistribution, ainsi que du caractère
modique des montants concernés, l'Internaute-Contributeur accepte que
les éventuels intérêts rémunérant le Compte
de Tiers soient automatiquement reversés à MMC.
»
Au vu des conditions générales
d'utilisation de ces sites, l'internaute-producteur s'apparente à un
« actionnaire » puisque son rôle principal est financier,
même s'il peut être consulté sur l'aspect
45 htp://
www.mymajorcompany.com/condiions-pariculieres-internautes-contributeurs/
46 idem
38
artistique. De plus, le retour sur investissement est
limité dans le temps (deux à dix ans). Droits et obligations
du site de production
Les engagement de L'Editeur Buzz My Band ont «
lorsque, les mises de fonds effectuées par les Partenaires (internautes)
ont, atteint selon le cas, le montant du Budget Single ou celui du Budget Album
:
1. A faire signer un contrat d'artiste à
l'Artiste.
2. A faire enregistrer par l'Artiste le ou les titres,
selon le cas, en studio.
3. A mettre en vente le titre ou l'album en ligne sur le
site
BuzzMyBand.com
ou tout autre site que l'Editeur pourrait agréer.
4. A promouvoir le titre ou l'album sur
BuzzMyBand.com
et via tout média que L'Editeur jugera satisfaisant.
Les sites de production participative se réservent
le droit d'arrêter la production d'un artiste si ce dernier n'a pas
atteint la jauge fixée un an après son inscription ; « Sans
préjudice de cette même faculté pour l'Editeur, si,
à l'expiration d'un délai de 12 (douze) mois suivant l'ouverture
du Compte Dédié, le solde créditeur de ce dernier n'a pas
atteint le montant du Budget Album, les sommes investies par les Partenaires
seront recréditées à leur Compte Ordinaire respectif.
Cette clause tend à se généraliser dans les conditions
générales.
Après analyse d'une partie des « conditions
générales d'utilisation », les « personnes
morales » qui dirigent les labels communautaire
suivants : My Major Company, Buzz My Band, All In My Music jouissent des
mêmes droits qu'un producteur ( article L213-1 du code de la
propriété intellectuelle ) et qu'un éditeur de l'industrie
phonographique « classique ».
2) Avis des avocats
Dans une interview accordée à Musique
Info.com47, Julie et Benjamin Jacob, associés au sein du
cabinet d'avocats PDGE à Paris, soulignent qu'il est, actuellement,
difficile de savoir qui est ou qui sont les producteurs des artistes
proposés par les sites de production : « Le financement mis en
oeuvre par la production participative implique donc de nouvelles approches
contractuelles désormais très éloignées des
modèles utilisés depuis plusieurs années. L'innovation
juridique est donc de rigueur dans ce domaine ! »
47 htp://
www.pdgb.com/upIoads/tx_pdgbbdd/Janvier_2009_JJ_BJJ_Musique_Info_Les_contrats_proposes_par_Ies_
sites_de_producion_paricipaive.pdf
39
Ce « système » de la production
participative, qui nécessite un cadre juridique spécifique
à innover, propose actuellement des chartes d'utilisation, qui
explicitent très clairement le principe mais qui semble faire
l'économie d'une information juridique. Il est donc difficile de
distinguer très clairement les prérogatives et droits du «
producteur éditeur du site » ainsi que ceux du
« producteur-internaute ». Dans
l'hypothèse d'un conflit entre l'éditeur du site et le producteur
internaute, se poserait la question de savoir qui est le producteur devant la
loi, au sens juridique. Il manque, aujourd'hui, des éléments
d'informations qui permettraient à chacun de prendre
conscience de son statut dont découlent des droits
et des obligations. Ce flou juridique s'explique par le stade de balbutiement
de la production participative, elle nécessite donc un cadre juridique
à définir, à innover.
En effet, si l'on se réfère à
l'article L.231-1 susvisé qui stipule que le producteur est celui qui
prend le risque financier, il pourrait être considéré de
prime abord que l'éditeur du site de production n'est pas le
producteur.
Or, l'éditeur du site engage des efforts et des
investissements avant la production effective de l'enregistrement, notamment
pour la direction artistique et le suivi de la production.
L'éditeur du site web intervient, au moins en
partie, comme producteur, voire comme distributeur puisqu'il assure la mise
à disposition du public des titres musicaux.
Les internautes, qui investissent également dans
la production d'un artiste, quel que soit le montant investi, pourraient
revendiquer la qualité de coproducteurs, puisqu'ils assument un risque
financier en prenant en charge les coûts d'enregistrement, même
s'ils ne participent pas directement à l'exploitation et à la
promotion du titre. Ils ne sont en outre écartés du processus de
production, dès lors qu'ils peuvent être invités à
se prononcer, par vote, sur certains choix artistiques.
A ce titre, les internautes sont évidemment
récompensés de leur soutien, puisqu'en cas de production d'un
single, ou d'un album, ceux-ci se partageront, selon le site, une part comprise
entre 30 et 40% des recettes correspondantes.
Ceci dit, compte tenu des difficultés de gestion
qu'implique le statut de coproducteur (notamment au regard de l'exercice des
prérogatives patrimoniales et de la perception de la licence
légale ou de la rémunération pour copie privée),
les éditeurs de sites de production participative semblent revendiquer
seuls la qualité de producteur phonographique au sens de l'article
L.213-1 DU Code de la Propriété intellectuelle.
40
II. LA
PRODUCTION
PARTICIPATIVE A
L'EPREUVE DE LA
QUESTION ARTISTIQUE :
BENEFICES ET
CRAINTES SUSCITEES
PAR LE MODELE ?
41
II. LA PRODUCTION
PARTICIPATIVE A L'EPREUVE DE LA QUESTION ARTISTIQUE : BENEFICES ET CRAINTES
SUSCITEES PAR LE MODELE ?
A) UNE SOLUTION POUR LES ARTISTES DANS UN CONTEXTE DE
CRISE DE L'INDUSTRIE PHONOGRAPHIQUE?
1) La production communautaire : un tremplin pour les
artistes ?
(a) Témoignage d'artistes
Face à la fébrilité des maisons de
disques qui limitent le risque dans un contexte de crise du disque, la
production participative et plus généralement Internet
apparaissent pour les artistes comme un véritable « outil »
pour se faire connaître. En effet, l'artiste dénué de
réseau professionnel et d'expérience dans le milieu musical
(concerts etc.) peut « émerger » grâce à ce
modèle économique. De plus, selon Michaël Goldman,
co-fondateur de My Major Company, les labels communautaires seraient plus
rémunérateurs pour les créateurs : « Les majors
reversent entre 7 et 10 % des ventes sur les disques, coûts de
distribution inclus. Nous leur reversons une part supérieure de 14 % sur
les ventes. »48
Interrogé, dans le cadre de ce mémoire,
David Gourmandie, manager du groupe « The Enjoys » affirme que «
l'inscription des artistes sur le site (Buzz My Band) a été un
tremplin »49 . Il ajoute « c'est un tremplin, à
l'heure actuelle c'est ça ou rien pour les artistes !
»50
Les labels communautaires apparaissent comme une
réponse à l'attente des créateurs. En effet, Guillaume
Rostain, co fondateur de NoMajorMusik (ancien Buzz My Band) a affirmé
« Nous nous sommes lancés le 24 décembre, et nous avons
été surpris du succès rencontré. A croire que les
artistes attendaient devant notre porte. Aujourd'hui, nous avons 350 artistes
et plus de 500 chansons »
48 htp://
nicolas-dehorter.suite101.fr/la-producion-paricipaive-dans-la-musique-a9397
49 Cf annexe (entreien semi direcif, David Gourmandie, manager du
groupe The Enjoys)
50 idem
42
Dans un contexte de crise de la musique, les sites de
production participative apparaissent comme une solution d'appoint et comme des
partenaires « potentiels » pour les sociétés de
production. Par exemple, les producteurs de Mademoiselle K ont sollicité
les internautes de BUZZMYBAND afin d'aboutir la production du single de
l'artiste. Cette « co-production » entre « la
filière
participative » et « la production classique
» tend à se généraliser et démontre la
capacité de la production communautaire à être un soutien,
avant tout financier, à la création musicale.
Damien Durou, membre du groupe The Vernon Project inscrit
sur le site Buzz My Band (à l'époque NoMajorMusik) explique ses
motivations : « Je fais de la musique depuis un moment, chez moi j'ai un
petit home studio, mais je faisais ça sans beaucoup de retour. J'ai
entendu parler de ces labels communautaires, qui sont un moyen de faire
connaître sa musique mais surtout d'avoir un retour plutôt
objectif. Il y avait deux ou trois sites, j'ai choisi NoMajorMusik car il n'y
avait pas de sélection à l'entrée et on sentait chez eux
l'envie de faire bouger le système musical. »51
Après avoir atteint la jauge des 3000 €,
grâce aux internautes, pour l'enregistrement du single et la promotion,
le groupe The Vernon Project a rencontré l'équipe de
NoMajorMusik. « Ils nous proposaient d'enregistrer dans un studio
parisien, Ramses, avec qui ils ont un partenariat. De mon côté, je
viens du Sud-Ouest et je fais partie d'une association qui a pas mal de
contacts avec le groupe Noir Désir. De là, j'ai rappelé
NoMajorMusik pour leur dire que je préférais travailler avec ces
gens-là, et ils ont été ravis. Tout le monde avait tout
à y gagner. Ils ne m'ont jamais rien imposé. Pour tout ce qu'on
fait, c'est toujours dans la concertation. »52
Margaux Simone, artiste « folk-pop » produit
par les internautes de My Major Company raconte son parcours jusqu'à la
production participative : « J'avais une maquette avec 4 titres donc je
m'étais décidée à démarcher les maisons de
disques. (...) un ami m'a dit qu'il avait des copains qui venaient de monter
leur label, que ça allait cartonner car c'était une idée
innovante. Il m'a dit qu'il fallait absolument que j'aille les voir.
Grégoire n'avait pas encore atteint sa jauge c'était vraiment les
débuts. J'y suis allée et j'ai signé dans la
journée. »53
Margaux Simone, produite par 900 producteurs, a sorti son
premier album « Nana ».
51 htp://
www.01men.com/editorial/382527/musique/
52htp://
www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-album.php
53 htp://
coulissesmedias.com/interview/margaux-simone-na-na-my-major-company
(b) Un système, générateur de
désillusions
Atteindre la jauge fixée pour être
produit n'est pas chose suffisante. Il faut, par la suite, assurer « la
visibilité » de l'artiste grâce aux
partenaires-médias, en claire un carnet d'adresses important est
nécessaire. Certains artistes ont pu être financés,
rapidement, par les internautes sans pouvoir « fructifier » ce
soutien, par la suite, car les médias n'ont pas répondu
présent.
Le « système » de production
participative est ouvert à tous les artistes qui peuvent, sur certains
sites, faire l'objet d'une pré-sélection (Belgodisc et My Major
Company).
L'inscription sur ces plate-formes pour les aspirants
à la reconnaissance étant accessible, leur nombre est donc
important, difficile alors de se distinguer dans un « amas »
d'artistes. Même s'il faut préciser que les sites effectuent
« des focus » sur quelques artistes, mais encore faut-il que ces
derniers aient réussi à se démarquer par des mises
intéressantes.
Ce modèle économique offre une chance de
production participative réelle mais peut être
générateur de frustrations et de désillusions. D'autant
plus, que la plupart des créateurs inscrits sont
inexpérimentés et connaissent peu les rouages de l'industrie de
la musique. Au final, peu d'élus rencontreront leur public.
A ce propos David Gourmandie, manager du groupe The
Enjoys précise : « C'est sur qu'il y a des désillusions, il
faut être professionnel et avoir fait quelques dates, c'est ce qui
garantie une meilleure reconnaissance de l'album, il ne s'agit pas d'arriver
son aucun bagage. Dans la charte (conditions générales
d'utilisation), il y a des informations, mais il n'y a aucune promesse ;
»54
Ce qui différencie la production participative de
la production « classique » c'est sa dépendance
financière vis-à-vis des internautes, elle ne garantie donc
aucune production effective et demande à l'artiste de patienter. Au
départ, les sites de production participative n'informaient pas sur le
fait que l'artiste pouvait attendre plusieurs années avant d'atteindre
la jauge, voire ne l'atteignait jamais. Mais depuis peu, ils ont inscrit dans
les « conditions particulières d'utilisation » à
destination du créateur une « clause » leur donnant le droit
de « fermer », au bout d'un an, le « le compte-artiste » si
les mises sont insuffisantes pour la production.
Le mode de production participative apparaît
aussi comme « une roue de secours » suite à un refus de
signature de contrat des majors, ces dernières ne se risquent pas
à la découverte de nouveaux talents, préférant donc
miser sur de valeurs sûres (artistes maisons « banquables
»).
43
54 Cf annexe , entretien semi-directif , David
Gourmandie, manager The enjoys
44
In fine, on peut dire qu'il y a beaucoup
d'appelés, quelques près-sélectionnés, 30 artistes
produits par an et très peu d'élus. Par la suite, les artistes
qui « décrocheront » des passages radio, qui susciteront
l'intérêt des médias afin d'être entendus et vus sont
alors susceptibles de « rencontrer le public ». Artistes issus de la
production participative ou pas, « les règles du jeu »
imposées par l'industrie de la musique sont les mêmes, on constate
que très peu d'artistes au label participatif sont connus du «
grand public », parmi eux, citons par exemple Mademoiselle K,
Grégoire, Joyce Jonathan.
Le contrat conclu entre l'éditeur (site) et
l'artiste les lie, en général, pour une période de 12 mois
(cf conditions générales), le site jouit de l'exclusivité
et du droit d'exploitation (reproduction, diffusion, promotion). A compter de
ce délai, seul le facteur comptable prévaut, si l'artiste
réalise des ventes honorables, l'éditeur lui proposera de
prolonger son contrat. Dans le cas contraire et c'est le cas de la
majorité des artistes, ils doivent, aidés de leur manager,
optimiser la diffusion et la promotion de leur oeuvre. Cela suppose de faire
« fructifier » le réseau construit grâce à la
production participative, obtenir des contrats avec des salles de diffusion,
postuler à des festivals, tout en assurant leur promotion sur les
réseaux sociaux, médias etc.
Autant dire que la production participative n'est pas
une garantie, ni une fin en soi, elle demeure, cependant, un excellent moyen
pour les artistes de se faire connaître. Les désillusions et les
passages à vide sont donc monnaie courante et sont les
conséquences du « marché de la musique »
actuel.
En somme, la production participative n'est pas une
solution dans ce contexte de crise, elle s'apparente plus à une chance,
à une offre de tremplin mais n'est en aucun cas une fin en soi, un
aboutissement. L'artiste devra redoubler d'efforts , refaire le tour des
maisons de disques en s'appuyant sur sa toute « jeune
notoriété », créer du buzz etc.
2) « Les internautes-producteurs font l'artiste
» : est-ce un gage de réussite ?
Production communautaire, tremplin donc pour les artistes
mais est-ce pour autant un gage de reconnaissance future, de réussite
?
On dit communément que « le public fait
l'artiste », l'importance accordée à son jugement serait
liée au caractère non-intéressé de son approbation
de l'oeuvre. En effet, le bien-être recherché en écoutant
de la Musique est le résultat d'une expérience personnelle et
affective et serait dénuée de tout intérêt, à
part celui d'un « bonheur éphémère ». D'autant
plus qu'il est étranger aux rouages de
l'industrie musicale. Si l'on définit, dans ce cas
précis, « le public » comme étant « les
internautes-producteurs », l'artiste peut-il prétendre à une
reconnaissance future, voire à une réussite ? Difficile de
répondre à cette question tant « la magie » d'une
rencontre entre le public et un artiste est inexplicable. Ceci dit, avoir
été soutenu en amont par « un échantillon » du
public est forcement gratifiant et fait figure d'argument principal pour les
sites de production participative. Interrogé à ce sujet, David
Gourmandie, manager du groupe The Enjoys répond que « c'est un
avantage » indéniable par rapport à un artiste issu de la
production « classique »55.
3) Responsabilisation de l'internaute vis-à-vis de
la création musicale ?
L'un des bénéfices attribué à
la production communautaire serait sa capacité à responsabiliser
l'internaute vis-à-vis de la création musicale. Ce «
processus » qui fait du consommateur un véritable « acteur
» dans la création de la valeur, le sensibiliserait aux enjeux de
la production et contribuerait au soutien de la musique.
Les site de production participative, en premier lieu,
font état du bénéfice supposé de leur «
système »,Guillaume Rostain co-fondateur de NoMajorMusik (actuel
Buzz My Band) affirme : « Les internautes sont les producteurs, alors ils
vont essayer de donner envie aux autres de payer pour avoir un titre. Si on
arrive à faire comprendre que la musique, ça se paye, cela
pourrait avoir un effet bénéfique. »56. Ces dires
du co-fondateur font écho au problème du
téléchargement illégal des oeuvres de
l'esprit.
45
55 Cf annexe , entretien semi-directif , David
Gourmandie, manager The enjoys
56 htp://
www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-
album.php
46
B) LES CRAINTES VIS-À-VIS DU MODÈLE DE
PRODUCTION ?
Le principe de la production participative qui est de
permettre aux internautes la mise sur un artiste semble faire
l'unanimité auprès des intéressés. En effet,
l'artiste reconnaît le soutien apporté par le site, le «
producteur » apprécie la possibilité de donner son avis
moyennant finance et de recevoir un retour sur investissement. Enfin, les
fondateurs des sites voient dans leur start-up une valeur refuge en temps de
crise, les internautes ayant un rôle de testeur. L'idée de la
production participative est attractive et tout le monde semble y trouver son
compte.
En somme, les critiques des observateurs ne portent pas
tellement sur l'idée et le principe de la production communautaire, mais
plutôt sur la possibilité offerte par le Web 2.0 aux «
internautes-producteurs » de juger de la valeur artistique d'une
création, alors que ces derniers ne sont ni professionnels, ni des
experts. Par ailleurs, la question de l'aspect spéculatif au
détriment de l'aspect artistique est également soulevée.
D'autre part, la crainte d'une amplification de la « culture de masse
» permise par internet est aussi présente.
Enfin, le « système » de la production
participative participe-t-il à modifier notre rapport à la
création, devient-elle, inconsciemment, désuète car
pouvant être jugée et sollicitée moyennant finance ou bien
le fait de miser sur un artiste renforce-t-il l'affect et conditionne à
une valorisation de la musique ?
1) La participation des internautes-producteurs dans
l'aspect artistique ?
A ce propos, Andrew Keen dans son livre « The cult
of the amateur » met en cause de façon radicale le web participatif
qui contribuerait au « nivellement culturel qui brouille actuellement les
distinctions entre auteur et spectateur, créateur et consommateur,
expert et amateur ».
Autrement dit, le jugement de la valeur artistique d'une
création, par les « internautes-producteurs » est-il «
viable » et est-il faussé par l'aspect spéculatif de
l'investissement.
Afin de tenter de répondre à ces
interrogations, il est nécessaire de définir très
clairement le rôle de « l'internaute-producteur » dans «
le processus de sélection de l'artiste ».
Nous avons, précédemment, vu que le «
producteur-internaute » n'était pas un co-producteur au sens
juridique, il s'apparente à un investisseur auquel on fait appel dans le
but d'une production, son droit (le retour sur investissement) est
limité dans le temps. Il n'est pas le « propriétaire
du
47
produit fini » au sens de l'article
L213-1.
En effet, même si le rôle de «
l'internaute-producteur » varie en fonction des sites de production, son
investissement tant affectif que financier ne lui confère nullement le
droit de donner son avis sur l'aspect artistique. Il n'est qu'un indicateur, un
thermomètre, un testeur qui permet pour le site de présager d'un
éventuel succès (sécuriser en amont la production pour
lancer de nouveaux talents, à une période où c'est
extrêmement risqué d'investir dans la production de nouveaux
talents). Puisqu'avant d'être soumis aux mises des internautes, les
artistes font l'objet, dans certains cas, d'une
pré-sélection.
Dans la plupart des sites, l'internaute-producteur
endosse le costume de « responsable de la communication » en
promulguant un artiste via les espaces communautaires fréquentés.
Puisque, les sites de production participative s'appuient sur « le
phénomène de buzz » ou également appelé «
marketing viral », qui consiste pour les internautes à relayer
massivement une information. Il constitue une nouvelle façon de faire du
bouche à oreille.
Cependant, d'autres prennent en compte les suggestions
des internautes, c'est le cas, du site de production communautaire Belgodisc
qui demande leur avis, à l'occasion de réunion. Ils peuvent donc
formuler des propositions pour la définition du pseudo et de l'image de
l'artiste (tenue vestimentaire, maquillage, attitudes etc.) et choisissent
également le titre phare qui devra faire écho auprès des
médias et du public.
Belgodisc affirme demander, dans un deuxième
temps, aux créateurs (auteurs ou compositeurs) de revoir leur copie pour
mettre d'accord les « internautes-producteurs ».
La participation des investisseurs du site de production
belge n'est pas, pour autant, synonyme de prise de décision, elle
s'apparente plutôt à une consultation puisque le dernier mot
revient à la direction artistique de Belgodisc. De plus, la
difficulté, pour tous les sites de production, d'assurer la gestion d'un
grand nombre d' « internautes-producteurs » est réelle, et
plus particulièrement quand il s'agit de l'aspect artistique. Même
si une consultation peut être organisée dans certains cas, il
apparaît très clairement que « l'internaute producteur »
ne joue aucun rôle dans l'aspect artistique, il est avant tout un
investisseur.
Par ailleurs, tous les sites donnent la
possibilité de laisser des commentaires sur les « pages profil
» des artistes, on peut imaginer que des échanges ont lieu entre
l'artiste et l'internaute, mais il est difficile d'évaluer l'influence
de l'internaute sur le travail de l'artiste.
Sur les sites de production participative, les
commentaires laissés par des anonymes, peuvent influencer les
professionnels, on peut imaginer qu'ils y portent une attention et
repèrent « la
48
tendance ».
Une fois la jauge atteinte grâce à
l'investissement, les dirigeants de ces e-labels s'entourent d'une
équipe artistique professionnelle dans le but d'obtenir un contenu
qualitatif.
Autrement dit, la crainte concernant le jugement de la
valeur artistique par des non professionnels est sans fondement puisqu'aucun
pouvoir de décision sur la création n'est donné aux
internautes par les fondateurs des sites de production
participative.
Leur rôle dans la production artistique est donc
inexistant. Mais l'important n'est pas là pour les internautes qui
apprécient, en tant que passionnés et amateurs, de participer
à une aventure artistique.
2) L'aspect spéculatif au détriment de la
qualité artistique ?
Cette crainte, légitime, découle du constat
d'un « système » basé sur la mise d'argent et le retour
sur investissement. Cependant, au vu des témoignages recueillis
une affirmation s'impose :
« l'internaute-producteur » n'est pas
motivé prioritairement par l'aspect financier, il se réjouit
plutôt de contribuer à « l'émergence » de
nouveaux talents. Participer à une aventure artistique est donc sa
motivation principale. Quels sont le profil et les motivations des «
internautes-producteurs » ?
(a) Le profil et les motivations du «
producteur-internaute »
Selon un sondage réalisé par le site My
Major Company , concernant le profil de ses internautes. 72 % des inscrits, sur
le site de production participative, sont des hommes, ils ont 30 ans en moyenne
et sont en majorité des CSP+ urbains. « Un peu moins de 6 000 sur
600 000 visiteurs sur l'ensemble des visiteurs du site»
57auraient misé sur My Major Comapany, soit environ 1
%.
Cette tendance concernant les sites de production
communautaire peut être mise en parallèle avec la « loi des
médias participatifs ou loi des 1/10/89 % : 1 % des internautes publient
du contenu, 10% participent (par exemple commentaires déposés ou
votes) et 89% en bénéficient en consultant simplement les
informations »58.
57 htp://
madame.leigaro.fr/loisirs-et-voyages/enquetes/397-demain-tous-producteurs/3
58 Fayon David, Pujolle Guy, Pierre Kosciusko-Morizet,
Web2.0 et au-delà : nouveaux internautes : du surfeur
à l'acteur,
P aris, Economica imp, 2010
49
Le Quotidien précise le profil de ces «
internautes-producteurs " : « Il y en a trois sortes. Le producteur
investisseur, purement financier, qui sera intéressé par ce
risque qui peut, parfois, rapporter beaucoup. Il y a les producteurs amis,
famille et fans qui veulent, eux, avant tout soutenir l'artiste- ils misent, en
moyenne, 30 à 40 euros et sont satisfaits de recevoir le CD
dédicacé et d'être invités au showcase... Et puis
une troisième catégorie, ceux qui participent à dix euros
et qui font, en somme, simplement un pré-achat d'album
»59.
Concernant les motivations, un article du Figaro,
publié le 21 octobre 2010, informe que « les internautes qui misent
sur des chanteurs (...) ont autre chose en tête que de gagner de
l'argent. On le sent très fortement à travers les sites et les
forums de discussion : ils aiment par-dessus tout participer à une
aventure, être partie prenante, échanger avec l'auteur.
»60
L'inscription de l' internaute sur le site de
production semble être motivée par le désir d'affirmer son
choix pour un projet artistique. Par cet acte, il a l'impression de contribuer
à la diversité de la création musicale et de participer
à un vrai projet musical. La satisfaction personnelle de contribuer
à faire découvrir de nouveaux talents est également
présente. Il n'est donc plus un consommateur de « produits finis
» mais un contributeur, un acteur de l'industrie du disque. C'est la
volonté de pas subir le choix des majors, de ne pas subir « un
système » établi. Comme l'explique un internaute : «
Parfois, on a envie de s'impliquer davantage pour ne pas avoir à
toujours subir les goûts de la majorité ».
Concernant l'aspect spéculatif pouvant
accompagner tout investissement, le co-fonadateur Simon Istolainen,
répond en affirmant « Nous n'avons pas l'impression de faire
porter les frais de lancement aux internautes. Le montant moyen de la
participation sera très faible, compris entre 10 et 20 euros. Ceux qui
soutiendront leur artiste ne le feront pas dans une optique de
spéculation financière. »
Il est important de nuancer ces propos, en affirmant
que l'internaute qui supporte les frais de lancement peut espérer un bon
retour sur investissement s'il achète de nombreuses parts (coût
d'une part : environ 10 euros). Toutefois, il ressort des témoignages
d'internautes que leur motivation première est de contribuer à
une aventure artistique. De plus, la plupart se définissent comme des
amoureux qui souhaitent soutenir les artistes.
59 Pablo Chimieni , «Une producion risquée », le
Quoidien, 4 décembre 2010,
60 Mohammed Aissaoui, L'argent n'est pas le moteur, Le Figaro, 21
octobre 2010
50
Interrogé au sujet des motivations des «
internautes-producteurs », par le journal 20 minutes, Guillaume Rostain
co-fondateur de NoMajorMusik devenu Buzz My Band répond «« Les
gens ne sont pas forcément intéressés par l'argent ou par
un retour sur investissement. Ils sont attirés par le fait de
découvrir de nouveaux talents et de les aider à percer.
Après si ça marche et s'ils ont un retour, ils seront encore plus
contents. C'est une vraie communauté qui est en train de se
créer. Notre objectif est de produire une dizaine de titres la
première année.»61
Ceci dit, les profils des «
internautes-producteurs » semblent difficiles à définir et
distinguer tant leur motivations peuvent être contradictoires. En effet,
ils peuvent être motivés par la création d'un artiste et
mais aussi par l'investissement judicieux que peut permettre un autre. Les
motivations du soutien peuvent être inconstantes et ne pourraient
être schématisées.
L'aspect spéculatif ne semble pas primé
pour les internautes-producteurs, cependant on peut imaginer qu'à
l'avenir et au vu du développement des sites de production
participative, une « tendance boursière » se dessine voire se
confirme. En effet, les médias pourraient contribuer à une
accessibilité de la plateforme par un plus grand nombre. De ce fait, on
retrouverait sur les sites une frange d' « internautes-producteurs-
spéculateurs » qui occulteraient le choix personnel. A terme, cette
évolution du profil des internautes pourrait s'avérer
néfaste pour l'image des sites de productions et risquerait de les
discréditer. L'idée que la musique, et plus
généralement la Culture, soit considérée comme un
« produit mercantile » sans distinction des autres produits pourrait
heurter dans un pays où « l'exception culturelle » fait loi.
Par conséquent, le soutien d'une création ne pourrait être
motivé, prioritairement, par l'aspect financier au détriment de
la valeur artistique, de la « qualité artistique
».
La crainte d'une logique spéculative au
détriment de valeur artistique d'un projet est-elle fondée ? Pour
tenter de répondre à cette question, il nous paraît
important de tenter d'évaluer le montant d'un retour sur investissement
que peut espérer un « internaute-producteur ». Et ceci, afin
d'évaluer le risque d'une prééminence de la
spéculation au détriment d'un soutien à un
artiste.
61 htp://
www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-
album.phpI
51
(b) La teneur du retour sur investissement
?
Selon un article de Guillaume Champeau publié
dans Numerama62, « les internautes producteurs qui ont
misé sur GREGOIRE, premier artiste produit par un label communautaire
MyMajorCompany, ont été récompensés et ont
profité d'un bon retour sur investissement. ». Tout en soulignant
que « les revenus intéressants touchés par les internautes
sont plutôt honorables et font figure d'exception au vu des retours sur
investissements trop souvent précaires ».
Les conditions de rémunérations par
album vendu sont définies ainsi par le label participatif : 30%
reviennent de droit à l'internaute au prorata de sa mise, My major
company se réserve 50%, les 20% restant sont redevables à
l'artiste Grégoire. Il explique que sur les 245 406 disques physiques
vendus l'an dernier, les internautes producteurs auraient dû toucher
53,01 euros par part achetée 10 euros, soit un retour sur investissement
qui serait de plus de 400%, ce qui semble assez exceptionnel et
intéressant pour ces derniers. Cependant, ce principe en apparence
simple ne reflète nullement la réalité qui semble bien
plus complexe. En effet, selon le journaliste Guillaume Champeau, le
distributeur Warner Music Group (maison de disque) associé à My
Major Company, se serait octroyé une marge qu'il faudrait déduire
de la part (30%) destiné aux internautes.
En définitive et selon les dires du
journaliste, sur un prix de gros hors taxe de l'album qui était
fixé à 10,74 euros, les internautes auraient touché 1,51
euro par album vendu.
Interrogé par Numerama, MyMajorCompany indique
que 347 producteurs ont acheté des parts pour assurer le financement
nécessaire à l'enregistrement de Grégoire. En moyenne, les
internautes ont donc acheté 20 parts chacun (200 €), et recevront
au total 1060 euros, pour un bénéfice moyen de 860 euros chacun.
Collectivement, ils gagnent 311.000 euros.
A travers cet exemple, on comprend que les revenus de
l'internaute, émanant du succès de l'artiste Grégoire, se
situe aux alentours de 1000 euros. Bien entendu, il est difficile
vérifier ces chiffres, mais si l'on se base sur l'analyse du journaliste
Guillaume Champeau, on peut affirmer que les revenus touchés par les
internautes sont intéressants mais font figure d'exception au vu des
retours sur investissements trop souvent précaires.
En effet, précisons que quelque soit le montant
investi, l'internaute prend le risque d'une longue
62 htp://
www.numerama.com/magazine/11728-exclusif-ce-que-gregoire-a-rapporte-aux-internautes-et-a-
warner.html
attente (jusqu'à 3 ans) avant que son artiste
préféré n'atteigne la jauge exigée. De plus, rien
ne lui garantit le succès de l'album produit, s'ajoute à cela la
crise qui se concrétise par la baisse des ventes du CD. Enfin, il
semblerait que la présence d'intermédiaires, en l'occurrence le
distributeur (la maison de disque) qui s'octroie une marge, fasse diminuer les
revenus devant revenir à l'internaute, comme l'explique le journaliste
Guillaume Champeau.
Pour limiter la dérive spéculative,
Simon Istolainen (co-fondateur de My Major Company » affirme dans un
article du journal Ouest-France que : « nous avons limité l'apport
maximal à 1 000 € par internaute, contre 6 000 € pour
Grégoire »63. Ce seuil financier à ne pas
dépasser montre qu'il est facile, quand la limite est inexistante,
d'investir sur un artiste comme on investirait en bourse. Après tout, il
est difficile de connaître les réelles motivations des «
internautes-producteurs ». De plus, même si, certains sites
valorisent la philosophie dite du « mécénat »,
l'attrait financier peut l'emporter. Autrement dit, il est impossible pour les
sites de production d'imposer une philosophie ou de contrôler les
motivations spéculatives de certains internautes. De ce fait, les
fondateurs de ces plateformes tentent de minimiser le phénomène
spéculatif et protègent ainsi leur image.
Rappelons que les sommes perçues par
l'internaute sont soumises aux impôts, elles sont
considérées comme des « bénéfices non
commerciaux ». « Les acteurs du Net qui proposent cette nouvelle
forme de souscription aimeraient bénéficier de coups de pouce
fiscaux »64
Au vu de ces contraintes, il apparaît que
même si l'internaute mise dans une optique spéculative, ce dernier
pourrait vite déchanter tant il faut s'armer de patience et miser gros
pour espérer un bon retour sur investissement. En effet, le
système de la production participative n'est pas des plus rentable pour
les internautes et pourrait décourager, prioritairement ceux dont la
motivation est financière. On peut supposer, que les internautes qui
restent fidèles au site sont ceux dont l'inscription est motivée
par le désir de participer à une aventure artistique en soutenant
un projet de production. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne seront pas tenter de
miser sur un artiste dont la jauge serait presque atteinte et cela dans
l'expectative d'un retour sur investissement plus rapide.
63 Philippe RICHARD, Ouest France « MyMajorCompany -
Simon Istolainen : un nouveau modèle pour l'économie
numérique ? », 26 mars 2010
64 Mohammed Aissaoui , L'argent n'est pas le moteur, Le Figaro,
21 octobre 2010
52
3) Diversité musicale et production communautaire
?
53
Rappelons que ce modèle de production ne repose
pas sur la prise de risque artistique, il ne s'agit de surprendre en
diversifiant l'offre musicale mais bien d'assurer un retour sur
investissement.
Dans un système oligopolistique où les
majors dominent le marché, certains utopistes rêvent d'un paysage
musical plus diversifié. Les labels participatifs, issus du web 2.0,
donnent-ils le pouvoir de décision aux internautes, permettent-ils une
diversité musicale ?
Les spécialistes de musique formulent timidement
le reproche d'un formatage musical que générerait la production
participative. En effet, le concept de « plateforme »qui
réunit les artistes et les internautes s'apparente à « un
marché » visant une adéquation entre l'offre culturelle et
la demande. Le choix des sites d'effectuer une pré-sélection
renforce cette visée puisque les artistes choisis sont ceux susceptibles
de « cartonner » en fonction de la « tendance musicale
».
L'un des risques pouvant être à l'origine du
formatage musical par les sites de production
participative serait que l'internaute-producteur soit
tenté de miser sur un artiste similaire à celui qui a
été produit précédemment et dont les ventes
d'albums sont honorables. Cette « dérive » spéculative
relève de l'hypothèse, il est difficile de la vérifier
actuellement car le « phénomène » des labels
communautaires est encore récent. Seule, une analyse sur le long terme
pourrait nuancer ce propos.
De plus, les sites de production participative seraient
des « majors sur internet », autrement dit, ce sont les copies
conformes des maisons de disques qui emprunteraient les rouages d'une industrie
au service de la culture de masse, dont la vocation est d'offrir une musique
qui plaira à un grand nombre. Car pour certains, ce mode de production
serait dite « populaire », elle encouragerait la culture de masse en
proposant des formats standards et vendeurs. « La culture de masse »
n'est pas définie ici de façon péjorative, elle est le
propre de toutes les industries culturelles.
Afin de nuancer ces hypothèses, il est
préférable de définir les artistes présents sur ces
sites de production participative : My Major Company et Buzz My
Band.
54
(a) Les artistes produits : style de musique et
analyse (septembre 2011)
PRODUCTIONS MY MAJOR COMPANY
Artistes produits, albums en vente
Grégoire, a « révélé
» la production participative, le style musical de cet artiste est
défini comme de la variété / folk (type de musique qui se
sert principalement des instruments « traditionnels » tels que le
piano et la guitare). L'artiste se distingue par ses textes
épurés qu'il accompagne de mélodies «
entraînantes » et « poignantes ».
Irma, grâce aux internautes de My Major Company,
son album « Letter to the Lord » est sorti le 28 février 2011.
Chanteuse folk teinté de soul, Irma se fait découvrir
par le public grâce à ses reprises et ses compositions
originales.
55
Meltones, l'album « Nearly Colored » du groupe,
sorti en juin 2011, porte l'étiquette pop/Rock.
Ce 1er album des Meltones a été
enregistré et réalisé par l'éminent Philippe Zdar
(Phoenix, Rapture, Bloc Party). « Il révèle des morceaux pop
dansants et efficaces (...) , guitares ardentes et chant épatant ».
My Major Company a été séduit par les compositions du
groupe qui allient riffs (combinaison d'accords ou refrain joués de
manière répétitive) et richesse
mélodique
Artistes produits, albums bientôt
disponible
David Parienti, artiste « variété
» qui surprend par le mélange oxymorique de « chansons
à texte » teintées d'une douce cruauté, avec par
exemple son titre « petite conne ».
Sélection label / en ours de
production
Zéro, groupe pop/rock qui associe « la
violence du rock à la poésie des textes ».
Dominante artistique
La pré-sélection de My Major Company semble
dictée par une exigence de chansons à texte. La production de
chansons « variété » (chanson française) semble
dominée, même si les styles sont divers (pop/rock, folk/soul
etc.)
Dans une interview accordée à Ouest
France65, un des fondateurs de My Major Company affirme rechercher
« un vrai catalogue des créneaux potentiellement porteurs. «
Nous ne sommes pas dans
65 Philippe RICHARD, Ouest France « MyMajorCompany -
Simon Istolainen : un nouveau modèle pour l'économie
numérique ? », 26 mars 2010
56
les musiques spécialisées. Comme une grande
maison de disques, nous cherchons des artistes qui puissent être
plébiscités par le public. Mais nous allons pouvoir prendre plus
de risques. »
PRODUCTIONS BUZZ MY BAND Artistes
produits
The Enjoys
Leur album « rock » éponyme « The
Enjoys » est dans les bacs depuis le 21 mars 2011. Parallèlement
à cette sortie, la production de leur album « Made in France »
est en cours. Repérés par Endemol, le style rappelle celui des
Beatles, un rock très british.
Artistes en cours de production
Mademoiselle K, artiste « pop/rock) est inscrite sur
le site depuis le 16/02/2009, la production de son EP 4 titres est en cours. Le
label Buzz My Band Band s'est associé au label indépendant Roy
Music pour le « développement » de Mademoiselle K.
Parallèlement, son album « jouer encore » au label EMI Music /
Delabel est en vente depuis le 28 mars 2011.
57
Damien Vanni and The Chancellors, groupe pop rock
.
The Vernon Project, groupe pop/rock.
|
|
|
|
Dominante artistique
|
Lys , groupe pop/rock.
|
Le style pop/rock des artistes semble dominé sur
le site, on y retrouve également des artistes «
variété française » comme Xavier Ducas, Rio Taxi ou
encore « Electro » comme Aberration Chromatique.
My Major Company et Buzz My Band ne constituent qu'un
échantillon issu de la quinzaine de sites existants, il ne peut donc
être représentatif. Cependant, au vu des éléments ci
dessus, il apparaît que chaque site possède une «
sensibilité » musicale. En effet, un style de musique s'affirme sur
chaque site ; « chanson française »/ «
variété » pour My Major Company, et « pop/rock »
pour Buzz My Band.
58
III. UN MODELE
ALTERNATIF A LA
PRODUCTION
« PROFESSIONNELLE » OU
SIMPLE EFFET DE MODE ?
59
III . UN MODÈLE ALTERNATIF À LA
PRODUCTION
« PROFESSIONNELLE » OU SIMPLE EFFET DE MODE
?
A) LE POIDS DES PRODUCTEURS INTERNAUTES FACE LA
PRODUCTION « CLASSIQUE »
De nombreux spécialistes, se sont
penchés sur l'importance accordée au « savoir», aux
avis et commentaires émanant de la «foule», des amateurs (au
sens de non-professionnel, non institutionnel) et qui prolifèrent sur le
web. Le savoir «populaire» met-il en danger le savoir «
institutionnel», c'est-à-dire celui détenu par une
«élite» et qui fait l'objet d'une rétention lui
conférant une rareté et une certaine valeur.
Pour Joël De Rosnay, « les
pronétaires sont en train d'inverser les rapports de forces
traditionnels. Ils disposent des mêmes outils que les professionnels tout
en ayant la capacité de se connecter en réseau
immédiatement et de manière fluide
»66.
Il s'agit donc, dans cet objet d'étude, de
« mesurer» le « poids » des internautes producteurs face
à la production dite « classique ». Quelle est la place de
l'amateur dans la production phonographique ? En somme, les «
internautes-amateurs-producteurs » peuvent-ils compromettre l'avenir des
producteurs professionnels, ou s'agit-il plutôt d'une alternative,
permise par le web 2.0, et dont la légitimité reste à
consolider.
Rappelons, tout d'abord, que le choix de l'internaute
est à relativiser, dans ce cas précis puisque les artistes
entrant sur les sites, font l'objet d'une présélection par
l'équipe artistique. Le choix de l'internaute est en quelque sorte
limité, nous avons donc conclu que le rôle de l'internaute
s'apparentait à celui d'un investisseur plutôt qu'à celui
d'un « directeur artistique ». D'autant plus, qu'après
financement du projet, il ne décide nullement du contenu artistique
à l'occasion, par exemple, de l'enregistrement, mastering etc. (cf.
partie 2)
Nous avons vu, également, (partie 2) que le
soutien des internautes pouvait être « un argument de vente »
pour l'artiste et n'est pas considéré comme un
inconvénient par le public. En effet, au vu du succès de
Grégoire, rien ne laisse penser que le public ait une certaine
appréhension vis-à-vis des
66 Joël De Rosnay, La révolte des
pronétariat, des mass média aux média des masses,
Fayard, 2006
60
artistes produits par les « internautes-producteurs
».
« Les modèles d'affaires partageant les
droits d'édition ou de production avec les amateurs avertis constituent
une alternative crédible et bien souvent complémentaire à
l'heure du numérique : Mymajorcompany, Touscoprod (...) sont quelques
témoignages de la valeur apportée par les clients, lorsque le
système est pensé autour d'eux. »67
Selon le Journal Du Net « l'idéal
2.0 d'un financement de produits culturels uniquement par la communauté
a du plomb dans l'aile. En deux ans, le modèle dominant semble en tout
cas avoir évolué de la coproduction entre internautes uniquement
à la coproduction entre internautes et producteurs "professionnels". Ce
mouvement se retrouve, à des degrés divers, chez pratiquement
tous ces sites. »68
Certains acteurs se rendent, en effet, progressivement
compte des limites d'un financement exclusivement communautaire. BuzzMyBand par
exemple - ancien NoMajorMusik- a signé un partenariat avec Roy Music. Ce
label fait ainsi profiter ses artistes des possibilités de financement
du site. Autre partenaire, le groupe MTV, qui fait figure de
mécène de certains artistes et diffuse leurs clips.
Parmi les nouveaux entrants, beaucoup ont choisi au
contraire dès leur lancement d'appuyer leur modèle sur les
maisons de production. Les internautes viennent en fait en complément,
leur investissement est partiel dans ce cas précis. Chez
Touscoprod.com,
dans le cinéma, cette part ne dépasse pas les 5 %. "Nous
sélectionnons des films qui ont déjà un financement
acquis, afin de limiter les risques", explique Nicolas Bailly, le dirigeant de
ce site lancé en janvier 2009.
Cette production alternative tend à obtenir une
légitimité grâce à son partenariat avec
la
production « classique ». Prenons l'exemple de
My Major Company, lié par un contrat à la maison de disque
Warner, Buzz my Band en contrat avec Sony pour la distribution des CD. La
« teneur » du partenariat entre le circuit « participatif »
et le circuit « classique » reste discret. Certains observateurs
parlent même de « transfert » de catalogue d'artistes de
maisons de disque vers les sites de production communautaire.
Cette tendance au partenariat se
généralisera à l'avenir et amène les sites à
réintégrer le circuit normal de l'industrie phonographique, seul
le mode de production serait diffèrent. Ces « e-labels
»
67 Marin Alban , Et toi, tu télécharges ? :
Industries du diverissement et des médias à l'ère du
numérique, Pearson cop. 2010
68 htp://
www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/enquete/peut-on-gagner-de-l-argent-avec-les-sites-de-coproducion/peut-on-gagner-de-l-argent-avec-les-sites-de-coproducion.shtml
61
semblent s'être, rapidement, rangés dans la
liste des labels standards.
Au sujet de l'avenir de la production participative,
Philippe Astor, journaliste, affirme : « Après, dire que ça
va devenir LE modèle absolu, j'y crois pas un instant. Je pense qu'il y
a beaucoup de modèles qui vont cohabiter »
Interrogé, dans le cadre de ce mémoire,
David Gourmandie, manager du groupe THE ENJOYS, assure que la production
communautaire est « un modèle destiné à perdurer
à condition qu'elle arrive à consolider sa
légitimité auprès des professionnels de la musique et des
majors en particulier ». Ce dernier ressent encore une «
hostilité » de la part des majors envers le modèle
participatif.
Nicolas Claramont, fondateur du site de production
participative Spidart (liquidation judiciaire en 2009) affirme dans un
entretien accordé au journal 20 Minutes que le label EMI a
sollicité un partenariat : «ce sont eux qui sont venus nous voir
dix jours après notre lancement. Il était intéressant de
se rapprocher car ils peuvent prendre en charge la partie publication et
l'aspect promotion qui est très important. Aujourd'hui, EMI a un droit
de préférence sur les artistes qui atteindront les 50 000 euros
nécessaires à la production de leur album. Les artistes
étant libres de refuser évidemment. »69
L'idée « d'une attention particulière
» des labels par les maisons de disques est également
souligné par David Gourmandie, manager du groupe The Enjoys qui affirme
: « les maisons de disques comme Sony, Yema surveillent de près la
production participative »
En effet, si les sites de productions réussissent
à produire des « têtes d'affiches », lesquelles
assureront leur légitimité auprès des majors et plus
généralement dans l'industrie du disque, alors, la collaboration
et le partenariat entre la production participative et la production classique
tendra à s'intensifier. En effet, il est plus confortable pour une major
de distribuer une production pour laquelle aucun engagement financier n'a eu
lieu, elle limite ainsi le risque financier dans un contexte de crise. La prise
en considération naissante des majors laisse présager une assise
de la production communautaire qui confortera à l'avenir ce mode de
production.
69 htp://
www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-album.php
Donc, la production participative est une alternative
sérieuse puisqu'elle intéresse les majors. Par ailleurs, les
sites de production trouvent dans le partenariat avec les majors l'assurance
d'un circuit commercial pour la distribution du cd, ce qui lui permet donc une
certaine stabilité.
Cependant, assumer une proximité d'avec les majors
pourrait discréditer un modèle qui s'est construit en opposition
au « système dominant » et qui revendique être une
alternative. Cela, pourrait générer une confusion dans l'esprit
des « consommateurs » et des « internautes-producteurs »
qui voyaient dans la production communautaire une expression
d'indépendance face à un « système »
établi. Néanmoins, il serait trop prématuré
d'affirmer que les sites de production connaîtront un
désengagement des « internautes-producteurs » et une
dévalorisation de leur image. En effet, bien que ces concessions soient
d'ordre économique, elles peuvent à terme déstabiliser
quelques « internautes-producteurs » qui espéraient vivre une
aventure à taille humaine, une aventure où seul la musique
compte. Les plus pragmatiques y verront l'assurance d'une stabilité de
son investissement et sont susceptibles de renouveler
l'expérience.
B) CAPACITÉ DU PRINCIPE DE CE MODÈLE
À PERDURER ?
1) Le label participatif : révolutionnaire ou
temporaire ?
Si les les sites de production participative concluent
des partenariats avec les acteurs de la profession , notamment les
distributeurs, et tentent de gagner une légitimité, leur
capacité à perdurer est néanmoins remise en question. Ces
nouveaux labels participatifs sont-ils vraiment révolutionnaires ? Alors
qu'ils auraient du mal à décoller ? Le « cas Grégoire
» faisant figure d'exception dans un modèle économique
fragile.
Selon un article publié sur le site Electronlibre
« en dehors de MyMajorCompany avec Grégoire, aucun acteur du
secteur n'est parvenu à transformer l'essai de manière
convaincante. La crise économique n'est certainement pas
étrangère à la faible propension du public à
financer en amont la production d'artistes émergents, d'autant que les
structures de production, de promotion et de distribution ne semblent pas
suivre derrière »70. Au delà du financement,
c'est tout un « écosystème » de production qui fait
défaut. La première gratification de l'internaute-producteur,
c'est à dire voir l'album, qui a été financé,
sortir n'est même pas garantie. Est-ce que ce modèle de production
n'aura été que celui d'un artiste ? Il est vrai que la plupart
des artistes produits restent encore inconnus du grand public.
62
70 htp://
label-musicom.over-blog.com/aricle-signe-de-vie-pour-sell-a-band-47909577.html
63
« Est-ce uniquement un effet de mode, un effet buzz
qui s'est déjà estompé. Certes ce n'est pas vraiment la
révolution annoncée et la résolution des problèmes
de financement de disques, mais ces sites ont ouvert des portes, créer
un marché et des opportunités. Comme toute innovation, ils sont
loin d'être parfaits, de nombreux freins ralentissent leur
développement et mettent en péril leur avenir. Quand ils
réussiront à être mieux acceptés par le milieu de la
musique, à acquérir une légitimité et surtout avoir
des frais de gestions moins important. L'effet multiplicateur et viral
d'internet pourra avoir un vrai effet »71. Sans oublier
l'importance du carnet d'adresses, des partenariats et du soutien de la
presse.
En effet, tout concept ayant ses limites, on est en droit
de s'interroger sur la durabilité de ces e-labels sur le long terme. Les
sociétés sont dans une phase de lancement, pour la plupart, et
comme toutes sociétés naissantes sur le net, leur priorité
est de survivre, en attendant une maturité du marché. De plus, le
seuil de rentabilité des CD à vendre reste difficile à
atteindre dans la conjoncture actuelle. MyMajorCompany, par exemple,
présente un seuil de rentabilité de 30 000 CD, cela signifie que
l'artiste doit écouler 30 000 copies de son premier album pour
être rentable, ce qui ne parait pas évident.
Pour l'un des dirigeants, Paul Dewachter, fondateur
belge de la plateforme de production musicale BELGODIS, le modèle
économique de la production participative pourrait être viable
à long terme , il affirme : « Vu l'efflorescence des sites à
caractère participatif (...). Ce qui me surprend, c'est la
création des sites d'édition d'ouvrages et de production de
films, notamment. J'ai du mal à interpréter ce mouvement
socioculturel mais c'est un véritable phénomène de
société. De là, à dire que c'est la solution idoine
à la crise du disque, du livre ou du film, je n'en sais rien
».
En somme, le modèle, du fait des avancées
du web 2.0 et du contexte sociologique favorable, n'est pas près de
disparaître. Néanmoins, seuls les sites qui réussiront
à produire des têtes d'affiches gagneront en
légitimité auprès des majors, partenaires pour la
distribution. Ainsi, ils se feront une place dans l'industrie de disque. On
peut supposer que l'avenir d'un site de production participative
dépendra de sa capacité à effectuer une
présélection « correcte » d'artistes qui seraient
capable de trouver un public. Autrement dit, l'exigence artistique devra
s'accroître, il ne s'agit plus de l'optique de départ qui
était de donner une chance à un artiste d'être
financé par les internautes, (en mettant en lien l'offre et la demande),
mais plutôt dans l'optique d'une major qui ferait sa
présélection et qui l'a confronterait à l'avis des
internautes. Pour l'artiste, il est évident qu'il sera de plus en plus
difficile d'avoir une place parmi les présélectionnés
puisque les critères seront d'offrir des albums « grand public
», des albums susceptibles de marcher, car cela dépend de la survie
du
71 htp://
nicolas-dehorter.suite101.fr/la-producion-paricipaive-dans-la-musique-a9397
64
système, du site de production
participative.
Même s'il est trop pour se prononcer, il est fort
probable que le marché de la production participative sera de nature
oligopolistique, quelques-uns (ceux qui réussissent à produire un
succès) seront implantés, on peut même imaginer des
partenariats entre ces sites. C'est donc celui qui suscitera l'investissement
tant affectif que financier de l'internaute, car n'oublions pas que
l'internaute n'est pas dans une logique financière, ce qui
l'intéresse avant tout c'est de vivre des moments exceptionnels avec son
artiste préféré, il est motivé par l'impression de
contribuer à la création musicale, c'est le besoin
d'accomplissement qui est assouvi (pyramide de Laslow). En effet, l'internaute
lambda est loin de connaître les rouages de l'industrie du disque, il ne
vit pas cette aventure par rapport un contexte du marché, de la crise
etc mais plus par rapport à« sa personne ».
On peut imaginer, à terme, si le modèle
participative fonctionne et se stabilise une récupération du
« circuit de production participative » par les majors.
Les sites de production, quant à eux, sont
confiants sur l'avenir du modèle de la production participative, le
fondateur de Belgodisc affirme : «j'entrevois un développement
harmonieux et inscrit dans une logique cohérente. Nous allons grandir et
grossir ». Pour Grégory Nicolaidis, ancien chef de projet chez
Universal Music se réjouit de l'initiative : « il ne fait aucun
doute que l'industrie musicale a plus que jamais besoin d'expériences
communautaires».
2) Failles du modèle
Le modèle de la production tend à s'imposer
comme une alternative à la production « professionnelle »,
cependant quelques failles pourraient, à l'avenir, le
discréditer.
Le manque de transparence des flux
financiers
A travers l'exemple de My Major Company, Guillaume
Champeau dans un article publié dans Numerama72, met en
évidence le manque de transparence des flux. En effet, « les
internautes-producteurs » ne seraient pas assez informés au sujet
de l'utilisation de leur apport financier. Même si les conditions de
rémunérations sont très clairement indiquées sur la
« charte producteur », le détail des dépenses de
l'argent investi par les internautes est inexistant.
En effet, selon le journaliste Guillaume Champeau, Warner
Music Group (maison de disque) qui assure la distribution de l'album serait
rémunéré sur les 30%, destinés à
l'internaute.
72 htp://
www.numerama.com/magazine/11728-exclusif-ce-que-gregoire-a-rapporte-aux-internautes-et-a-
warner.html
65
Difficile de vérifier ces dires, mais il est
évident que les « internautes-producteurs » constituent la
principale ressource financière du système de la production
participative. Le propos n'est pas d'affirmer que les investisseurs
n'obtiennent pas leur dû, mais de souligner le manque de clarté
dans les flux financiers. Les sites de production participative affirment que
les sommes investies par l'internaute sont bloquées sur un compte tiers
jusqu'à la production, mais ne font nullement état du devenir des
intérêts émanant de « l'épargne provisoire
».
Interrogé par Numerama, MyMajorCompany nous
indique que 347 producteurs ont acheté des parts pour assurer le
financement nécessaire à l'enregistrement de Grégoire. En
moyenne, les internautes ont donc acheté 20 parts chacun, et recevront
au total 1060 euros, pour un bénéfice moyen de 860 euros chacun.
Collectivement, ils gagnent 311.000 euros.
Pour avoir joué les intermédiaires et pour
avoir assuré le marketing (réussi) de l'album, MyMajorCompany
touchera environ 700.000 euros. Et Warner Music Group, avec lequel MMC a un
contrat de distribution exclusif, 1,4 million d'euros. L'artiste,
Grégoire, devrait quant à lui toucher près de 250.000
euros.
Bien que surprenant, le résultat de cette
enquête est plausible et reflète le « mécanisme »
du marché du disque qui fait du distributeur, de la maison de disque la
clé de voûte et donc le principal bénéficiaire
financier de la vente du disque.
Cet article de Guillaume Champeau publié dans
Numerama, soulève la question de la transparence sur le flux des apports
des internautes, ceci dit il semblerait qu'à l'heure actuelle aucun
« producteur internaute » ne s'est plaint du système.
Peut-être, à cause du fait que la plupart des sommes misées
sont « petites » et ne suscitent aucun questionnement, aucune
inquiétude ou craintes concernant le suivi de l'argent
misé.
En somme, « l'internaute producteur » semble
avoir confiance au site de production participative et se contente des
informations générales reçues par mail.
La nécessité d'une tête
d'affiche
L'équilibre de ce modèle de production
dépend de sa capacité à repérer le talent qui
pourrait être une « tête d'affiche ». L'artiste «
grand public » qui sera l'étendard du site, celui qui donnera
l'envie aux internautes de miser sur les artistes du label communautaire, mais
aussi celui qui sera le « représentant » du site et suscitera
l'intérêt des maisons de disques, des potentiels
investisseurs.
Cette quête de la « tête d'affiche
» impose un seuil de rentabilité pour assurer un retour sur
investissement, difficile à atteindre dans ce contexte de crise du
disque. Il diffère en fonction des
66
sites (entre 30000 à 200000 albums
vendus).
Cette nécessité de produire un artiste qui
trouvera un public détermine l'avenir et surtout la capacité du
modèle à perdurer. Si l'on fait un tour rapide des labels
communautaires ayant trouvé sa « tête d'affiche », on
peut citer My Major Company avec Grégoire et Joyce Jonathan, ces
artistes ont bénéficié d'une bonne visibilité
(diffusion radio, attrait médiatique).
Cette contrainte fait naître un risque de formatage
musical. En effet, l'artiste qui trouve sa place dans l'industrie de la
musique, deviendrait un modèle à « imiter » afin de
réitérer une réussite. Dans l'hypothèse où
la réussite des artistes, produits par les internautes, ne serait pas
présente, le risque que ces derniers ne poursuivent pas leur effort
financier est réel. Le fondement de la production participative
s'avère donc fragile, une solution reste à trouver à ce
problème.
Du « gagnant-gagnant
» ou juste un gagnant ?
Le modèle de la production participative,
revendique sa vocation « communautaire » en donnant la
possibilité à des internautes lambda de produire un
artiste.
Cependant, les risques pris par l'internaute, les
fondateurs du site et l'artiste ne sont nullement équitables et communs.
En effet, les « internautes-producteurs », principaux investisseurs,
réduisent la prise de risque du label de production dans le contexte de
crise actuel. De ce fait, en cas de vente du Cd, ce dernier est le principal
bénéficiaire d'un système dans lequel il n'a pas investi
financièrement.
Le modèle de la production participative ne
répond pas au besoin des artistes (trouver leur public) ou à
celui des audiences (découvrir de nouveaux artistes) mais à celui
des labels (faire baisser la prise de risque) et des maisons de disque
(réintégrer rapidement les artistes « manqués »
dans le circuit traditionnel).
3) Cas spidart
Spidart, 1er label musical communautaire (2007) n'aurait
pas trouvé le bon modèle économique, il a
été mis en novembre 2009 en liquidation judiciaire par le
Tribunal de commerce de Lyon. Le premier artiste qui fut produit sur la
plateforme est Naosol & The Waxx Blend. La faillite de Spidart ou la
cessation de paiement de Sellaband ne sont pas anodines et posent la question
de l'avenir de la production participative. Il ne s'agit pas, ici, de
blâmer l'un des premiers sites de production communautaire à avoir
fait le pari d'un nouveau modèle de production mais de tenter
de
comprendre à travers cet exemple, l'origine du
dysfonctionnement afin mesurer probabilités d'un autre « cas
Spidart ».
« L'offre présentée par l'un des
repreneurs n'étant pas suffisamment satisfaisante pour assurer la
pérennité de l'entreprise, le Tribunal a choisi de ne pas la
retenir » a précisé Nicolas Claramond (fondateur du site)
sur
Spidart.com.
Il semblerait que depuis plusieurs mois déjà, Spidart avait
besoin d'investisseurs, mais ces derniers ont tardé à injecter de
l'argent dans la société.
Résultat, Spidart accuse des difficultés
financières importantes, au point de pousser son fondateur à
contacter le Tribunal de Commerce de Lyon « en vue de l'ouverture
d'une procédure qui préserve au mieux les intérêts
de l'entreprise ».
Interrogé par Challenges sur ce point, Sevan
Barsikian, co-fondateur de MMC avec Michaël Goldman a amèrement
regretté cette situation : « Ce n'est pas une bonne nouvelle
pour les labels musicaux communautaires. Ça risque d'entamer la
confiance des internautes dans le modèle d'affaires.
»
La question du devenir des artistes et des mises des
« internautes-producteurs » s'est posée. Nous avons
tenté d'obtenir des informations sur ces points, mais aucune
réponse n'a été formulée par les
intéressés.
Parmi les artistes, Arno Santamaria, dont l'album est
sorti le 19 octobre 2009, a créé
Santaprod.com
pour réunir ses fans-producteurs, très actifs sur le forum de
Spidart. Jade, dont l'album était déjà prêt, a pour
sa part contacté ses fan-producteurs « afin de continuer
l'aventure ensemble ». Bien d'autres artistes ont entamé une
posture similaire. Enfin, Selen (produite en septembre 2009) et Jalane
(produite en décembre 2008) n'ont pu signer de contrat et se sont
retirées de Spidart. Elles manifestent leur colère et leur
incompréhension face à ce qui ressemble à un abandon de la
part de l'équipe Spidart, comme elle affirme dans un
communiqué73
67
73 htp://
www.pcinpact.com/actu/news/54344-label-paricipaif-spidart-crise-concept.htm?vc=1
68
Conclusion
Possibilité offerte par le web 2.0, la production
participative basée sur le financement des internautes fait figure de
nouveau modèle économique en parallèle de la production
par « les professionnels ». Désormais, «
l'internaute-producteur » intervient en amont de la commercialisation
d'une « oeuvre musicale » et participe à la chaîne de
création de valeur. N'étant plus qu'un simple consommateur, il
devient « un acteur » qui choisit de financer l'album ou le single
d'un artiste.
Une quinzaine de labels communautaire sur le
marché testent un créneau porté par un contexte
technologique (évolution des TIC , techniques de l'information et de la
communication) et sociologique (« la culture de la participation »)
favorables à leur développement.
De plus, dans un contexte de crise du disque, pendant
lequel les risques financiers sont minimes, la production communautaire ou le
financement participatif apparaît comme une opportunité, comme
« une valeur refuge » puisque le risque est ici supporté par
les internautes.
Cependant, les start-up semblent être, encore,
à la recherche d'un équilibre de « leur système
» dont dépendrait le facteur « visibilité »
apporté par l'émergence d'une « tête d'affiche ».
Dans ce secteur concurrentiel, la majorité des sites cherchent encore
une stabilité économique. En effet, depuis leur apparition en
2007, « le parcours économique » des sites de production
participative semble inégale, les plus stables d'entre eux
déclinent « le système » dans divers secteurs,
développent des projets à l'international alors que d'autres
peinent à s'inscrire dans la durée, connaissent des
difficultés financières ou encore la faillite. Le foisonnement
des sites participatifs qui s'apparentait à un dynamisme du secteur
laisse peu à peu place à une tendance
oligopolistique.
Tremplin incontestable pour les artistes, la production
participative n'est pas, pour autant, une solution à la crise du disque.
Autrement dit, « la faille » ne se trouve pas au niveau de la
production, qu'elle émane des internautes ou bien des professionnels,
elle sera confrontée à la même problématique : la
baisse progressive de la vente du disque, due à l'ère
numérique. Pour un artiste, il est certes opportun de
bénéficier d'un financement participatif, mais il doit prendre la
mesure des désillusions que peut générer ce
système. D'un point de vue plus optimiste, la production communautaire
est un formidable moyen, pour le « nouveau talent », de
bénéficier d'une visibilité, même minime soit-elle.
De plus, la diffusion numérique des oeuvres de ces artistes, faite sur
le site du label participatif et grâce aux partenaires (Réseau
Believe (Itunes, Fnac etc.)) semble compenser
69
le manque à gagner du support physique. Ce mode de
financement ne devrait pas être une vu comme une fin en soi, mais
plutôt comme un moyen, parmi tant d'autres, de proposer au public sa
création.
Et la valeur artistique dans tout ça ? C'est la
question que pose certains spécialistes de la musique qui s'insurgent
contre l'idée de donner « le pouvoir » à « des
amateurs » de juger la qualité artistique d'une création,
grâce à son financement . Débat récurrent depuis
l'apparition du web 2.0 et qui fait écho à la thèse,
quelque peu radicale d'Andrew Keen, qui traite de l'impact destructeur de la
révolution numérique sur notre culture et nos valeurs. Cependant,
cette interrogation semble inappropriée au cas de la production
communautaire.
En effet, d'une part l'internaute apparaît comme un
« investisseur », sa part dans l'aspect artistique est inexistante.
D'autre part, dans une industrie de la musique qui vise à satisfaire un
plus grand nombre (importance de l'objectif de vente), le fait de demander
« l'avis », en amont de la commercialisation, à un «
échantillon » du public n'est pas contradictoire. Cette posture
est, bien sûr, rassurante pour les entrepreneurs que sont les labels
communautaires.
Si le choix des internautes est légitime, la
tendance spéculative d'un « système » basé sur
la mise d'argent,est quant à elle, contrariante. Même si la
motivation première des « internautes-producteurs » est la
satisfaction de participer à une aventure artistique, à la
découverte de nouveaux talents, l'appât du gain pourrait à
long terme, si les sites de production génèrent des revenus
importants, occulter le jugement personnel, affectif, peut être
même au détriment d'une qualité artistique.
L'avenir de la production participative semble lié
à la « filière classique », c'est à dire aux
majors (en tant que distributeurs), labels indépendants (en tant que
co-producteurs). Si la première se stabilise grâce à ces
acteurs de l'industrie de la musique, la seconde trouve dans le financement
participatif un moyen de limiter les risques et de revendiquer la
légitimité d'un artiste choisi par les internautes. Un
modèle hybride émanant des partenariats de ces deux
filières est plausible.
Interrogé pour les besoins de ce mémoire,
David Gourmandie, manager du groupe The Enjoys affirme « vu que la «
génération du web » va s'amplifier, en plus il y a une
remise en question du téléchargement, donc il y aura un
encouragement dans le sens de la production participative»
Selon, André Garceau, producteur à GHAT
PRODUCTION, basé à Bordeaux « C'est un nouveau modèle
qui trouvera sa place dans le paysage du futur mais ne sera pas le
modèle unique du futur »
70
Toutefois, ce rapprochement pourrait, à long
terme, dissuader certains internautes qui « s' insurgent » contre le
« système dominant » des majors dans l'industrie du
disque.
Désigné comme étant un soutien aux
artistes et plus généralement à la création
musicale, le financement 2.0 : auto-production (production de l'artiste sans
intermédiaire), production communautaire, est soumis à
l'impôt sur les bénéfices non commerciaux payé par
les internautes. Les acteurs de la filière souhaitent une
défiscalisation des retours sur investissements au même titre que
le mécénat dans l'Art.
71
Annexes
Annexe 1 : Tableaux des labels participatifs
Sites de production participative ou
communautaire
|
Nom du site
|
My Major Comapny
|
BuzzMyBan d
|
Akamusic
|
Revenons à la musique
|
Belgodisc
|
All In My Music
|
Your Music Hall
|
Artiste à vendre (ex Be Your Music)
|
I-song
|
Date de création
|
2007
|
Décembre 2007
|
Mars 2008
|
|
|
Février 2009
|
|
?
|
|
Nationalité
|
Française
|
Française
|
Belge
|
Française
|
|
Française
|
|
Française
|
|
Développemen t du concept à
l'étranger
|
Royaume-Uni
|
Japon
Canada ( en projet)
|
|
|
|
|
|
?
|
|
Internautes-producteurs
|
Inscription gratuite
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Oui
|
Valeur d'une part
|
10 €
|
15 €
|
5 €
|
|
10 €
|
10 €
|
10€
|
10 €
|
|
Artistes
|
Sélection à l'entrée du
site
|
OUI
|
|
NON ?
|
|
OUI
|
NON
|
|
?
|
|
Style de musique
|
|
Divers avec une dominante pop-rock
|
|
|
|
Divers
|
Divers
|
Musiques actuelles (Folk, Rock, Pop Electro, R'n'b
etc.)
|
Divers (Jazz/blues), Variété, Rap/R'n'b
etc.)
|
Sites de production participative ou
communautaire
|
Nom du site
|
My Major Comapny
|
BuzzMyBa nd
|
Akamusic
|
Revenons à la musique
|
Belgodisc
|
All In My Music
|
Your music hall
|
Artiste à vendre (ex Be Your Music)
|
I-song
|
Production
|
Jauge pour la production de l'album (LP : long
play)
|
|
60 000 €
|
80 000 €
|
|
Prod album
|
70 000
|
75 000 €
|
60 000 €
|
|
Jauge pou la production du single
(EP :extended play)
|
|
15 000 € EP 4 titres
|
35 000 € EP 6 titres
|
|
Single 3 titres
|
15 000 single numèrique
|
|
16 000€
|
|
Rémunération/ internaute-
producteur
|
40% (entre 0 €et 250 000 € de recettes
nettes)
30% (entre 251 000 € et 500 000 €) 20% (au
delà de 500 000 €) (pendant 3 ans)
|
40 %
(pendant 10 ans)
|
40 %
(pendant 5 ans)
|
35%
|
75 ( ???? / 33
|
33
(pendant 5 ans)
|
55 % (jusqu'à 25 000 exemplaires) 35 % (+ de 25
000 ex)
|
30 %
|
Aucune information
|
Rémunération/ artiste
|
|
40%
|
40%
|
35%
|
25/33
|
33
|
20
|
30 %
|
50%
|
Rémunération/ site
|
|
20 %
|
20%
|
30%
|
33
|
34
|
25
|
40 %
|
50%
|
I-song
Sites de production participative ou
communautaire
|
Nom du
|
My Major
|
BuzzMyBand
|
Akamusic
|
Revenons à la
|
Belgodisc
|
All In My
|
Your music
|
Artiste à
|
site
|
Comapny
|
|
|
musique
|
|
Music
|
Hall
|
vendre (ex Be
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Your Music)
|
DISTRIBUTION : PHYSIQUE ET NUMERIQUE
|
Partenaires
|
Warner
|
- distributeurs indépendants
|
-Universal music
|
|
|
|
|
|
|
|
- Believe (distributeur numèrique avec 350
plateformes dont Itunes, Fnacmusic, Virginmega)
|
-Itunes, Amazon.c om, Akashop (vente en ligne par le
site)
|
|
|
|
|
|
DIFFUSION
|
Partenaires
|
Réseau de partenaires médias
|
Le Mouv, Hotmixradio, Game One, Msn, MTV, OÜI FM,
Direct Star
|
|
|
|
|
Radio Muzeeli Let rock rule Radio
|
|
important
|
Orange
|
|
|
|
|
Festival les
|
|
|
|
|
|
|
|
Francofolies
|
PROMOTION
|
Partenaires
|
Réseau de
|
L'agence de promotion
|
|
Participation
|
|
|
|
|
partenaires
|
Ephélide (références
|
|
des internautes-
|
|
|
|
|
médias
|
Tryo, Louise Attaque
|
|
producteurs
|
|
|
|
|
important
|
etc.)
|
|
(via réseaux sociaux etc.)
|
|
|
|
Sites de production participative ou
communautaire
|
POINTS FORTS / POINTS FAIBLES
|
Nom du site
|
My Major Comapny
|
BuzzMyBand
|
Akamusic
|
Revenons à la musique
|
Belgodisc
|
All In My Music
|
Your
music Hall
|
Artiste à vendre (ex Be Your Music)
|
I-song
|
|
+ : Leader en France, réseau de partenaires
important
- : positionnement « major du web » risque de
déplaire à une catégorie d'internautes,
voulant
« s'opposer » à l'oligarchie des
majors.
|
|
+ : Leader en Belgique + joue la carte de la
transparence
|
+ : Nom en français / image d'un site « anti-
business » - : peu de partenaires diffusion, promotion
|
|
|
|
+ : bonne ergonomie du site en construction
- : dénomination « artiste à vendre
» péjorative (l 'artiste assimilé à un
produit)
|
- : manque de transparence (peu d'information s sur les
fondateurs, le mode fonctionneme nt du site)
|
76
Annexe 2 :Entretiens semi-directifs
David Gourmandie, Mananger du groupe The Enjoys
Pourquoi l'inscription ?
Leur inscription sur ce site a été un
tremplin
Il n'y a pas de contrat lors de
l'inscription
« Moyen démocratique »
« production participative c'est un tremplin,
ça permet des rencontres, un soutien énorme du milieu
musical »
« la production participative c'est comme une
passerelle, en gros c'est ce moyen ou rien !!!!!! »
Les partenaires : orange, direct star
Production participative, concurrence aux maisons de
disques ? On sait pas....
Jauge pour la production d'un album ?
30000(internautes) + 30000 (partenaires du
label)
Désillusions ?
« C'est sur qu'il y a des désillusions, il
faut être professionnel et avoir fait quelques dates, c'est ce qui
garantie une meilleure reconnaissance de l'album, il ne s'agit pas d'arriver
son aucun bagage ».
« Dans la charte, il y a des informations, mais il
n'y a aucune promesse »
Contrat juridique ?
« Il n'y pas de contrat juridique en amont, pas
possibilité d'intenter une action en justice »
« Pour notre cas, le label a estimé que le
groupe valait le coup et nous a signé 3 mois après
«
Contrat comme dans maison de disque ?
« Oui comme dans une maison de disque » /
signature pour album
« Maison de disque avec qui on a fait un single et
quand 60000 euros atteint : album » « Les maisons de disques comme
Sony, Yema surveillent la production participative. »
Rémunération/ Pourcentage ?
40% : internaute
50% artiste
40% producteur
Des choses à améliorer ?
« On fonde beaucoup d'espoirs sur la production
participative/ certains mettent leur vie la dessus. »
« Difficulté : gérer
énormément de gens (nombre important d'internautes » d'un
coup »
L'avenir de la production participative ?
« Avec « génération du web »
ça va s'amplifie »
« En plus : remise en question du
téléchargement donc il y aura un encouragement dans ce sens
»
Contrat ?
Chaque label est unique, il n'y a pas de contrat type
Aujourd'hui on ne signe plus que pour 5 ans voire moins
77
Contacts avec les internautes ?
78
Information, vidéo, concert
privé
Motivation de l'internaute lors de son inscription ?
« Musique au départ »
Le fait d'être choisi par les internautes ?
« C'est un avantage »
Production participative encourage culture de masse ?
« L'industrie de la musique ne produit que de la
culture de masse, ce n'est pas négatif ça veut dire que ça
marche ... »
Le tout c'est de ne pas se vendre comme un produit, avec
des gros contrats pub ex : coca etc. Le but : c'est de se faire connaître
dans la musique
Actualité du groupe ?
Sortie 15 mars! avril 2011 ! album distribué
FNAC
79
ANDRE GARCEAU , PRODUCTEUR, GHAT PRODUCTION
1/ Pouvez-vous présentez ?
Ghat production, est un petite structure qui depuis 10
ans produit de la musique de relaxation, new age, world music. Nous sommes
distribués par Wagram music et Warner music
2/ Quels sont les artistes que vous avez produits
?
Aucun artiste connu pour info ; Natobi & wakan,
songoe, philip N bess, etc
3/ Que pensez-vous de la production participative ? C'est
une approche originale
4/ Encourageriez-vous vos artistes à s'inscrire
sur les labels production participative ? Pourquoi ? la question n'est pas
pertinente. Si ce sont « mes » artistes cela signifie qu'ils ont
signé un contrat
avec ma société et n'ont donc pas le droit
d'aller signer ailleurs. Je me vois mal leur conseiller Dans le cas d'autres
artistes non signés chez moi je ne leur conseillerais pas
particulièrement ce conseil
Craintes ?
4) Au vu de la nouveauté du modèle,
pensez-vous que le « producteur internaute » et l'artiste soient
conscients des rouages du « système » de la production
participative ?
Non ils ne le sont pas. Pas plus qu'ils ne sont
conscients des rouages du modèle de production traditionnel
5) en tant que producteur, observez-vous un certain
« dédain » envers les artistes produits par les internautes,
justifié par certains par la fait que la production ne soit pas «
professionnelle ». Non
6) Pensez-vous que la production participative, dite
« populaire », encouragerait la « culture de masse »
?
Non Pas particulièrement La culture de masse est
déjà là. Il s'agit plutôt d'un nouveau modèle
économique
7) Peu d'artistes sont produits rapidement, pour la
plupart l'inscription sur le site est synonyme d'une longue attente dans
l'espoir d'être financés.
Pensez-vous qu'ils sont-ils bien informés de ce
fait ? Difficile à dire certains oui, d'autres non
80
8) Y a-t-il des points juridiques concernant la
production participative qui vous paraissent incohérents, voir
défaillants?
Si oui, lesquels ?
Je ne peux pas dire dans la mesure ou je ne connais pas
le type de contrats qui sont proposés aux artistes et aux
internautes.
Bénéfices ?
9) Pensez-vous que la production participative «
rend service » aux artistes dans ce contexte de crise de la musique
?
Pas particulièrement, elle fait rêver les
artistes mais comme dans le modèle traditionnel, il y aura beaucoup
d'appelés et peu d' élus. Ce sont les distributeurs qui
contrôlent le marché pas les producteurs, partcipatifs ou pas, ni
les artistes
10) Selon vous, le plébiscite d'un artiste par les
« producteurs internautes » est t-il « un gage
»
de reconnaissance et de succès par la suite
?
Non cela serait trop beau. Ce sont le matraquage et
parfois trop rarement la magie d'une rencontre entre un artiste et le public
presque par hasard et aussi le temps qui assurent le succès d'un
artiste
Les producteurs-internautes
11) Quel est, selon vous, le profil type du «
producteur-internaute »
Quelqu'un qui aime la musique et rêve ou a
toujours rêvé de travailler dans l'industrie musicale sans en
avoir l'opportunité et qui dispose de revenus suffisant pour en miser
une partie sans garantie de retour
12) Quelles sont, selon vous, les motivations « des
internautes producteurs » lors de leur inscription?
Envie de soutenir un artiste, avoir le sentiment de
participer à la production d'un disque et au lancement d'un artiste,
espoir de gains financiers
81
13) Quel est le rôle, selon vous, de
l'internaute-producteur dans la production artistique ? Est-ce
qu'il y participe réellement ?
A part le choix de l'artiste, en lui apportant un soutien
financier (ce qui n'est déjà pas si mal. L'internaute producteur
n'a pas d'autre rôle artistique majeur comme le choix des titres et de la
production sonore (réalisateur, studio, etc)
Le poids des producteurs internautes face à la
production « classique »
15) Comment, selon vous, les maisons de disques et vous
même percevez les sites de production participative?
Comme une initiative innovante et originale dont
l'évolution est à suivre
16) Ces sites sont-ils pris en considération sur
le marché de la musique, leur légitimité est-elle acquise
?
seulement dans le cas de MMC
Capacité du principe de ce modèle
à perdurer ?
17) Comment expliquez le fait que le site : MY MAJOR
COMPANY, semble perdurer et être viable économiquement, alors que
d'autres comme Spidart aient connu des difficultés.
MMJ a été crée par des
professionnels du métier : le fils de JJ Goldman, et un ancien de BMG
(Bonnes connaissances du milieu, relations, soutiens financiers, accords de
distribution, etc) Il n' y a pas assez de place pour que plusieurs sites de ce
type connaissent le succès (en France en tout cas). Le nerf de la guerre
reste la distribution et la promo , pas la production.
Failles du modèle ?
18) Comme dit précédemment, les exemples
(Spidart) de liquidation judiciaire de sites de production participative ne
manquent pas.
Quelles en sont les causes selon vous ?
Pas de moyens financiers suffisants pour la promo, pas
d'accords de distribution, pas d'accès aux radios, pas de carnet
d'adresses dans le monde de l'industrie musicale,
Copier un modéle ne suffit pas, il faut beaucoup
d'argent et des relations dans le milieu pour lancer un artiste,
Si Youtube décide de monter ce type de service MMC
a du soucis à se faire. Le modèle est fragile car facilement
copiable par des concurrents disposant de moyens financiers, de centaines de
millions d'internautes captifs et prêts à miser, youtube peut
assurer une diffusion planétaire et garantir aux internautes des revenus
grace aux revenus publicitaires générés par le visionnage
des vidéos, en mettant le clip de la chanson phare en première
page du site
82
Peut-on parler de failles dans le système ? Si
oui, quelles seraient-elles ?
Le fait que des internautes choisissent de soutenir
financièrement un artiste pour produire son disque ne change pas
foncièrement la donne. Une fois le disque enregistré, il faut
pouvoir assurer sa promo, sa distribution, un accès aux
télés, radios, sites internet, monter des tournées, ce qui
demande des moyens financiers supplémentaires, et une équipe de
professionnels bien rodés aux us et coutumes du show bizz
19) S'il y a avait des choses à améliorer
pour que le fonctionnement de la production participative soit plus fiable pour
les producteurs et les artistes qu'améliorerez-vous ?
L'économie de la musique est en pleine mutation.
Difficile à dire pour le moment.
20) Beaucoup de questions se posent concernant «
l'avenir » de la production participative. Selon vous, est-elle le
modèle de demain ? Une simple alternative ? Ou seulement un effet de
mode qui tendra à disparaître ?
C'est un nouveau modèle qui trouvera sa place
dans le paysage du futur mais ne sera pas le modèle unique du
futur
Pourquoi ?
Le futur sera composé de modèles multiples
dont certains sont encore inconnus
21) Y'a-t-il des réflexions ou points importants
que vous souhaitez rajouter ? Non
83
Bibliographie
SOURCES MANUSCRITES
Auray Nicolas, "La gratuité et la culture", in
Actes des ateliers de la DGCCRF , « Le prix a-t-il encore une
valeur? », 2010.
Berry Michel, Deshayes Christophe, Les vrais
révolutionnaires du numérique, Paris, Documental Ecole de
Paris du management, Éd. Autrement impr, 2009 cop. 2010
Bouquillon Philippe, Matthews Jacob Thomas, Le Web
collaboratif . mutations des industries de la culture et de la
communication, Presses universitaires de Grenoble, 2010
Cardon Dominique, Web 2.0, La Découverte
impr. 2009
Cinelli Bruno, Propriété intellectuelle
2010-11, Hachette DL 2010
Cousin Capucine, Tout sur le web 2.0 et 3.0,
Paris, Dunod, 2010
De Rosnay Joël, la révolte des
pronétariat, des mass média aux média des masses,
Fayard, 2006
Fayon David, Pujolle Guy, Pierre Kosciusko-Morizet,
Web2.0 et au-delà . nouveaux internautes . du surfeur à
l'acteur, Paris, Economica imp, 2010
Flichy Patrice, les nouvelles formes des
collectifs, Paris, La découverte, 2010
Gervais Jean-François, Web 2.0 . les
internautes au pouvoir . blogs, réseaux sociaux, partage de
vidéos, mashups... , Dunod DL 2007
Hussherr François-Xavier, Hussherr Cécile,
Carrasco Marie-Estelle, Le nouveau pouvoir des internautes,
Timée-Editions, 2006
Martin Alban , Et toi, tu
télécharges ? . Industries du divertissement et des médias
à l'ère du numérique, Pearson cop. 2010
Muller Andrée, La net économie,
PUF, 2007
Olivennes Didier, Le développement et la
protection des oeuvres culturelles sur les nouveaux réseaux,
Rapport au ministre de la Culture et de la Communication, 2007
Pisani Françis, Piotet Dominique, Comment le
web change le monde. des internautes aux web-acteurs, Pearson cop.
2011
Rebillard Franck , Le Web 2.0 en perspective . une
analyse socio-économique de l'internet, L'Harmattan DL
2007
84
Sok Borey , Musique 2.0 : Solutions pratiques pour
nouveaux usages marketing, Editions Irma
SITOGRAPHIE (non exhaustive. Cf notes de bas de page)
ARTICLES
01net - « L'industrie du disque trébuche sur
la stratégie Web de Nine Inch Nails »
Les cahiers du CREA
http://www.crea.dauphine.fr/publication/cahier%20du%20crea%206.pdf
Edouard Barreiro - « Crise de l'industrie musicale
ou obsolescence du CD ? »
Quelques innovations marketing pour la
musique
ZDNet - Greg Sandoval, Estelle Dumout
L'industrie de la musique en panne de stratégie de
développement
Estelle Dumout, ZDNet
Musique : l'industrie du disque tirée par les
ventes numérique d'ici 2010
Le blog musique
http://leblogauto.typepad.com/le_blog_musique/2008/01/labelscommunau.html
Alban Martin - Le crowdsourcing
http://cocreation.blogs.com/alban/2006/06/concept_intress.html
85
RAPPORT DE STAGE, Conseil
Général, assistante de
coordination
AZAAMAR IMAN
MASTER 2 INGENIERIE DE PROJETS CULTURELS ANNEE
2010/2011
RAPPORT DE STAGE
STRUCTURE ACCUEILLANTE
Conseil Général
Direction de l'environnement et du tourisme
Pôle de valorisation des espaces naturels et
touristiques
MANIFESTATION CULTURELLE
4° EDITION
« HISTOIRES D'ILES »
POSTE OCCUPE
Assistante de coordination
Du 4 avril au 31 juillet
2011
TUTRICE DE STAGE
86
Fabienne Moreau, Chargée de Projet Environnement
et Culture
87
Remerciements
Je remercie Fabienne Moreau, Chargée de Projet
Environnement et Culture, Joackim Dufour,
Chargé de Projet
Environnement et Odile Courbin, Responsable du Pôle de valorisation
des
espaces naturels et touristiques pour leur encadrement et leur
disponibilité.
88
STRUCTURE ACCUEILLANTE
Le pôle de valorisation des espaces naturels et
touristiques est un service chapeauté par la direction de
l'environnement et du tourisme (DET) qui fait partie de la Direction
Générale Adjointe chargée de la vie Culturelle, de
l'environnement et du tourisme (DGAC) du Conseil
Général.
Ce pôle vise à préserver et valoriser
les espaces naturels sensibles (ENS) du département de la Gironde. Un
espace naturel sensible (ENS) est un site classé et protéger sa
richesse biologique unique : milieux et habitats naturels, faune, flore...
C'est aussi un site ouvert au public.
Les principales missions de ce pôle sont
d'inventorier pour identifier la faune et la flore sur ces espaces naturels,
classer pour préserver, entretenir pour protéger et rendre
accessible pour informer et éduquer à
l'environnement.
Le département gère 25 espaces naturels
sensibles dont l'île Nouvelle, sur laquelle a lieu la manifestation
culturelle « Histoires d'îles ».
LE PROJET CULTUREL : HISTOIRES D'ILES
« Histoires d'îles » est une
manifestation culturelle, coordonnée par le Conseil
Général, et qui se déroule sur l'île Nouvelle et
l'île de Patiras (estuaire de la Gironde) de fin juin jusqu'au
début octobre. Pour la 4ème édition, l'appel à
projet n'a pas dérogé au fondement d' « Histoires
d'îles » ; il invite les artistes à s'inspirer des espaces
naturels sensibles ou plus largement à faire écho à
l'environnement.
Les spectacles qui s'imprègnent des lieux
singuliers permettent au public de s'évader, la programmation est
ponctuée par des visites et des animations naturalistes (écoute
des chants des oiseaux, jeu autour de la découverte
ornithologique).
Un projet animé par une volonté de
transversalité des domaines, en effet « Culture rime avec Nature
». Les propositions croisent, donc, les approches naturalistes,
artistiques, scientifiques ou encore paysagères.
Dans le cadre de ce projet « Histoires
d'îles », il ne s'agit pas « d'implanter » une proposition
lambda dans un décor singulier. Puisque, une attention
particulière est apportée à la démarche artistique
qui doit amener une réflexion autour de l'environnement.
L'équilibre entre « le culturel »,
« le scientifique » et la sensibilisation à l'environnement
est constamment recherché. « Histoires d'îles » vise
à favoriser la découverte de ces espaces naturels sensibles et
touristiques mais également à susciter l'implication des
différents acteurs de ces territoires autour de projets
pluridisciplinaires.
89
REALISATIONS LORS DU STAGE
1/ Dossier de presse (cf annexe 1/ extrait)
La rédaction de ce dossier de presse a
nécessité une lecture attentive du dossier de presse 2010,
réalisé par l'attachée de presse Stéphanie
Pichon.
La programmation de la 4e édition ayant
été renouvelée, la source d'information principale a
été les dossiers de candidature (réponses à l'appel
à projet) , dans lesquels figurent l'identité des associations
(compagnies) et la description du projet.
Afin de compléter au mieux le dossier de
présentation et ne pas trahir la nature de la proposition artistique,
les intéressés ont été contactés dans le but
de préciser et vérifier le contenu.
Les sources internes (dossier de presse 2010, description
du projet etc.) ont été complétées par des
recherches personnelles et par les questions posées, quand cela
était possible, aux compagnies et associations, porteurs de
projet.
Le style de rédaction est avant tout informatif,
il s'agit de réunir les informations essentielles et
réactualisées afin de permettre, en interne, aux acteurs
gravitant autour du projet d'obtenir une information claire et précise
rapidement.
Au départ, il s'agissait d'informer sur les
propositions artistiques (volet artistique : « Histoires d'îles
») , puis il s'est enrichit par le « récapitulatif de la
programmation », par les informations pratiques (lieu d'embarquement,
prix, billeterie, partenariat etc.)
S'est ajouté à ce volet artistique, le
« volet naturaliste » avec les visites guidées.
Difficultés
rencontrées
Ce travail de recherche , de sélection des
informations et de rédaction (réécriture) a
nécessité du temps, environ un mois.
Son but n'était seulement de donner une
information sur les propositions artistiques mais aussi d'apporter une
information générale sur une partie de « l' offre » du
Pôle de valorisation des espaces naturels et touristiques. Avec d'un
côté, le volet culturel : « Histoires d'îles » et
de l'autre le volet naturaliste (tableau récapitulatif des
visites).
2/ Brochure « Histoires d'îles » et les
visites (cf annexe 2/ version papier)
Afin d'aboutir à cette brochure qui englobe une
information sur les visites, les animations nature et la manifestation
culturelle « Histoires d'îles », plusieurs interlocuteurs ont
été sollicités : les compagnies, les associations, les
bateliers, l'Iddac (en tant que porteur de projet).
Le dossier de presse réalisé, en
début de stage, a servi de base d'information pour la brochure. En
effet, on y retrouve les textes sur les compagnies, le récapitulatif de
la programmation culturelle et le calendrier des visites
guidées.
Le travail réalisé en amont
En amont « le chemin de fer » du document a
été validé par le service de communication du Conseil
Général.
Un mail groupé, avec en pièce jointe le
document servant de base d'information à la future
90
brochure, a été envoyé aux
intéressés.
Les interlocuteurs pour « Histoires d'îles
» ont été :
- Les compagnies - Les associations
- l'Iddac
Pour les visites guidées :
- les bateliers
- les guides naturalistes
* Il appartenait à chacun de renseigner le
document. Par exemple, les compagnies devaient informer sur le prix, confirmer
la réservation du batelier, indiquer la date et l'heure d'embarquement
et de retour.
Une relance auprès des acteurs gravitant autour du
projet a été régulière afin d'obtenir ou de
compléter le document, servant de base à la brochure.
Les informations recueillies ont été
validées par la direction de l'environnement et du tourisme, le service
de communication a assuré la mise en page.
Après avoir été enrichi par les
informations provenant d'autres services, le document a été
corrigé, validé par les responsables. Le bon à tirer (BAT)
donne l'aval pour l'impression des brochures.
Difficultés
rencontrées
La principale difficulté de ce travail a
été, dans un premier temps, de distinguer très clairement
la manifestation « Histoires d'îles » et les visites
guidées afin de ne commettre aucune erreur sur les dates, prix, le lieu
d'embarquement ( Pauillac, Blaye, Bordeaux) , les horaires d'embarquement et
celles du retour. Enfin identifier et confirmer le service assuré par
chaque batelier était nécessaire au bon déroulement de la
saison.
En effet, ces espaces naturels sensibles, il s'agit de
l'île Nouvelle et de l'île de Patiras, sont par définition
singuliers et protégés, les contraintes permettant leur
accès devaient être soigneusement respectées, le public ne
pouvant embarquer librement.
Le résultat de ce travail de coordination se
traduit par les tableaux à destination des services en interne et du
public, il s'agit du « récapitulatif » de la programmation
culturelle de juin à début octobre : « Histoires
d'îles », les visites de l'île Nouvelle, de la citadelle de
Blaye, navigation du verrou de Vauban, de juin à septembre. (cf annexe 2
: Brochure « La nature fait son spectacle, cet été sur l
'Estuaire et ses îles ».
3/ Plan de distribution (cf annexe 3/ extrait du plan de
distribution)
Le conseil général, en tant que
collectivité territoriale et gestionnaire de l'argent public, est soumis
à des procédures juridiques très strictes en cas d'achat
de biens ou de services aux entreprises externes.
2 procédures se distinguent :
- La consultation pour l' achat de biens ou de services
dont le coût est inférieur à 4000 €
- La procédure d'une offre d'un marché
pour l' achat de biens ou de services dont le coût est supérieur
à 4000 €
91
Une consultation, qui s'accompagne d'un des cahiers sur
lequel figure les besoins du service a été engagé. Une
fois, le prestataire choisi en fonction des critères
d'éligibilité dûment signifiés sur la lettre de
consultation, des fichiers sous format excels ont été
effectué afin de permettre au prestataire de réaliser au mieux le
service demandé c'est à dire la mise sous pli des brochures
(adresses).
Le travail effectué, en amont de la
consultation, a été de réaliser un plan de distribution :
Il a nécessité :
- de choisir et d'identifier les lieux
stratégiques en fonction de l'offre brochures et de la
géolocalisation de l'événement ( 3
brochures : L'estuaire et ses îles, Espaces naturels sensibles,
Certes-Graveyron)
- d'évaluer la quantité pour chaque lieu,
en fonction de son importance géographique.
*Les structures ciblées sont les offices de
tourisme et les antennes, les hôtels et les villages de vacances de
France, les sites touristiques, les bateliers et les associations
(environnementales, culturelles), les lieux culturels.
4/ Réalisation de base de données et de
« fiches contacts »
Ce travail régulier avait pour but d'identifier
les interlocuteurs, lesquels ont été classés sous ces
catégories : porteurs de projets, collectivités et organismes,
associations, les bateliers et les opérateurs touristiques,
chargés de la commercialisation (billeterie).
Grâce à cette identification et ce
répertoire effectué (numéro de téléphone,
mail, adresse, nom du projet etc.), les conditions de travail ont
été améliorées et ont permis d'être
efficace.
5/ Travail sur le terrain / Ile Nouvelle
- Accueil du public
- Rôle d'intermédiaire entre l'équipe
artistique et l'équipe des guides naturalistes
- Recueil des avis sur la manifestation « Histoires
d'îles » : questions posées au public lors des
intermèdes.
92
Conclusion
Ce stage au sein du Pôle de valorisation des
espaces naturels et touristiques qui porte la manifestation culturelle «
Histoires d'îles » a été enrichissant sur le plan
humain et professionnel.
En effet, étant intéressée par les
collectivités territoriales et plus largement par le service public,
cette expérience a été l'occasion d'appréhender
concrètement le fonctionnement d'une « entité politique
».
« Histoires d'îles » étant la
résultante d'une politique environnementale et culturelle définie
par le Conseil Général de la Gironde, cette manifestation m'a
donc permis de comprendre la traduction de priorités politiques en
projets concrets.
Travailler au sein de cette collectivité a
été l'occasion d'identifier le tissu des acteurs locaux qui
participent à un projet ou à une manifestation sur un territoire
donné, ici le département de la Gironde. On peut citer, en
priorité, les associations (environnementales, culturelles, compagnies)
qui sont à l'initiative de propositions ou qui répondent à
des appels à projets lancés par le Conseil Général.
Il s'agit également des organismes rattachés à la
collectivité, comme l'Iddac ou non rattachés comme le
S.M.I.D.D.E.S.T (syndicat mixte pour le développement durable de
l'estuaire de la Gironde),dans ce cas précis.
Enfin, il s'agit des Girondins dont la participation et
l'implication dans les projets, qui leur sont destinés, contribuent au
dynamisme d'un territoire et permettent le lien social.
De mon point de vue, l'intérêt principal a
été de contribuer à une manifestation d'
intérêt général dont le but est de sensibiliser aux
problématiques environnementales dans un cadre culturel, scientifique et
ludique.
L'engagement, vis-à-vis des Girondins, pour la
préservation des espaces naturels sensibles ( faune et flore) qui
s'accompagne d'une programmation culturelle de qualité, propice à
la réflexion autour de l'environnement, a motivé ma candidature
pour ce stage.
Le travail réalisé au sein de ce pôle
de valorisation, sous la direction de l'environnement et du tourisme (DET) est
porté par la volonté de décloisonner les domaines et les
services afin d'enrichir un projet. J'ai donc été ravie de
côtoyer des personnes ayant un profil différent du mien, il s'agit
des chargés de projet lié aux problématiques des
déchets, des guides naturalistes qui travaillent sur l'île
Nouvelle, des chargés de projet lié au tourisme etc.
Le travail principal réalisé, lors de ce
stage, s'apparente aux réalisations d'un service de communication :
rédaction d'un dossier de presse à des fins d'exploitation en
interne (le dossier définitif à destination de la presse et du
public a été réalisé par une attachée de
presse), mise en place d'outils ayant une visée informative à
destination du public pour la brochure, plan de distribution, contacts
réguliers et échange d'informations avec les différents
acteurs gravitant autour de la manifestation « Histoires d'îles
» .
Cependant, beaucoup de connaissances théoriques
concernant le fonctionnement du Conseil Général ont
été acquises lors des réunions : réunions
budgétaires et financières, réunions avec l'agence de
communication en charge de communiquer sur l'offre de la direction de
l'environnement et du tourisme (DET), réunions avec les artistes dans le
cadre de l'appel à projet 2012 etc.
«Histoires d'îles » a lieu sur
l'île Nouvelle et l'île de Patiras (estuaire de la Gironde), ces
lieux
93
singuliers permettent « l'évasion et
sollicitent l'imaginaire » selon les visiteurs interrogés.
Cependant, ces îles semblent très peu connues des Girondins, plus
particulièrement des Bordelais et des habitants de C.U.B.
Afin de pallier à ce manque d'appropriation du
territoire par ces habitants, un travail permettant l'accessibilité aux
points de départ c'est à dire Blaye et Pauillac devraient
être envisagé. Il s'agirait d'organiser des navettes gratuites
(cars) en partance de Bordeaux à destination de ces lieux
d'embarquement. Ceci ne pouvant être applicable, pour des raisons
budgétaires à l'ensemble de la programmation culturelle, seules
les dates phares pourraient bénéficier de ce
procédé, déjà utilisé dans le cadre des
« scènes d'été ».
D'autres actions sont en cours afin de renforcer la
participation du Conseil Général à « la fête du
fleuve », l'offre à destination des scolaires, des
collégiens et des publics dits «empêchés »
devraient s'intensifier. A l'heure actuelle, les différents services du
département (jeunesse, social, culture et environnement) travaillent
autour de projets transversaux et complémentaires.
ANNEXE 1 : EXTRAIT / DOSSIER DE PRESSE (à
visée interne)
L'affaire Coincoin ou de la débâcle du
monde / Création / Théâtre / Cie du Soleil Bleu / IDDAC
Samedi 1er octobre / île de Patiras
Dimanche 2 octobre/ Île Nouvelle
En septembre 2008, la NASA lâche 90 canards en
plastique jaune dans un glacier au Groenland pour étudier les effets du
réchauffement climatique. Depuis, aucune nouvelle. Ils ont disparu.
Où sont passés les coin-coins ?Et que peuvent-ils nous dire du
monde de demain, celui qui va naître de la fonte des glaces ? Celui
qui
pourrait bien faire disparaître un jour les
îles et les rives de l'estuaire ? La Compagnie du Soleil bleu a
décidé de partir à leur recherche et de faire
théâtre de cette quête et de cette
épopée.
En 2011, il débute l'écriture de «
L'affaire Coincoin ou la débâcle du monde », son
deuxième texte, dont il souhaite présenter une maquette pour 3
comédiens début 2012.
L'affaire Coincoin ou la débâcle du
monde est un spectacle que l'on peut qualifier de «
comédie-catastrophe arctique » autour duquel s'articule cette
quête de la vérité historique des canards en plastique.
Ainsi, les questions foisonnent, les pistes s'esquissent et la réflexion
s'active. Certains supposeront que derrière ce fait presque anecdotique,
se cache un « iceberg », celui du réchauffement climatique et
de ses conséquences. Mais, il s'agit surtout pour l'auteur de faire du
théâtre en partant d'un article à la fois drôle et
affolant. A ce propos, il explique : « j'ai décidé de partir
à la recherche des canards de la NASA et de faire du
théâtre de cette quête et de leur épopée
» en posant « un regard décalé, absurde ou loufoque,
onirique et burlesque sur notre monde désenchanté ».
Histoires d'îles 2011, saison culturelle et naturaliste espère
susciter la réflexion et le questionnement au sujet des
problématiques liées à l'environnement comme le
réchauffement climatique.
Sébastien Laurier a intégré le
Conservatoire National de Région de théâtre de Bordeaux,
alors qu'il était étudiant en Histoire. On retrouve, d'ailleurs,
les stigmates de cette double formation à travers son travail
d'écriture et de création.
Quelques années plus tard, sa route croise celle
de Laurent Laffargue, il s'embarque dans l'aventure du Soleil bleu comme
assistant à la mise en scène et comme
comédien.
Il collabore également, ponctuellement, avec
d'autres metteurs en scènes : Jean-Louis Thamin, Dominique Unternehr,
Jean Jacques Mathieu, Richard Piper entre autres.
En 2008, il entame un parcours professionnel comme
auteur et metteur en scène. Son premier spectacle Mais que sont
devenus les révoltés du Bounty ? est créé
à Suresnes en mars 2009 puis repris au Théâtre de la
Manufacture en Avignon en juillet 2010.
Informations pratiques
Samedi 1er octobre, spectacle à 15 h
sur l'île de Patiras
2 départs de Pauillac : 13 h et 14 h 15, retour 16
h 30
La proposition comprend aussi une lecture de paysage de
l'estuaire sur le bateau et la visite du Phare de Patiras. Dimanche 2 octobre,
spectacle à 13 h 30 sur l'île Nouvelle
2 départs de Blaye : 11 h et 12 h 15, retour
à 16 h
La proposition comprend aussi une lecture de paysage de
l'estuaire sur le bateau et une présentation de l'île Nouvelle,
pique nique sur place, prévoir son panier.
Tarifs / Plein : 12€ - Réduit : 6€
Billetterie
Iddac : 05 56 17 36 36
Les partenaires : Conseil général de la
Gironde, Iddac, Compagnie du Soleil bleu, Clap de Saint-André-de-Cubzac,
Conservatoire de l'estuaire.
ANNEXE 2: BROCHURE
ANNEXE 3: EXTRAIT / PLAN DE DISTRIBUTION
DISTRIBUTION DOCUMENT ESTUAIRE ET SES ILES / Brochure
n°1
|
Adresses
|
|
|
Lieux culturels
|
|
|
|
Grand théâtre de Bordeaux
|
Place de la Comédie
|
33000 Bordeaux
|
50
|
Théâtre Femina
|
20 rue de Grassi
|
33000 Bordeaux
|
50
|
Conservatoire de Bordeaux Jacques Thibaud
|
22 quai Sainte-Croix
|
33800 Bordeaux
|
50
|
CAPC, musée d'Art Contemporain
|
Entrepôt - 7 rue Ferrère
|
33000 Bordeaux
|
50
|
Musèe d'Aquitaine
|
20 cours Pasteur
|
33000 Bordeaux
|
50
|
Cinéma Jean Eustache / Pessac
|
7 Rue des Poilus
|
33600Pessac
|
50
|
Patinoire Mériadeck
|
95 cours du Maréchal Juin
|
33000 Bordeaux
|
50
|
Centre Simone Signoret
|
Chemin du Cassiot
|
33610CANEJAN
|
50
|
Médiathèque de Talence
|
1 Allée Peixotto
|
33400Talence
|
50
|
Médiathèque de Pessac
|
21 rue de Camponac
|
33600Pessac
|
50
|
Médiathèque de Gradignan
|
Avenue Jean Larrieu
|
Gradignan
|
50
|
Bibliothèque municipale Johel Coutura
|
27 cours de la République
|
33390Blaye
|
50
|
Médiathèque
|
Place Jeantet
|
33 710 Bourg
|
50
|
Bibliothèque
|
34 rue Victor Hugo
|
33480Castelnau-du-Médoc
|
50
|
MEDIATHEQUE LES COLONNES
|
4 rue du Docteur Castera
|
33 290Blanquefort
|
50
|
Bibliothèque municipale Favols
|
17, avenue Vignau-Anglade - BP. 37
|
33560Carbon-Blanc
|
50
|
Cinéma le Magic
|
14, rue de Mondenard
|
33240Saint-André de Cubzac
|
50
|
Bibliothèque Lecture Evasion
|
Rue Jacques Vergeron
|
33920St-Savin de Blaye
|
50
|
Bibliothèque
|
7 Rue du Général de Gaulle
|
33112Saint Laurent Médoc
|
50
|
Bibliothèque municipale de pauillac
|
13 Rue Aristide Briand
|
33250Pauillac
|
50
|
centre culturel de Pauillac
|
25 rue Edouart de pontet
|
33250Pauillac
|
50
|
BIBLIOTHEQUE CDC COEUR DU MEDOC
|
37 Crs Mal D L De Tassigny
|
33340Lesparre Médoc
|
50
|
Centre lesparrain d'animation culturel et de
loisirs
|
20 rue du Palais de Justice
|
33340Lesparre-Médoc
|
50
|
CINEMA DE Blaye
|
13 r Urbain Albouy
|
33390BLAYE
|
50
|
Cinéma le Molière
|
20 r Palais de Justice
|
33340LESPARRE MEDOC
|
50
|
Ciné hourtin
|
8 r lachanau
|
33990HOURTIN
|
50
|
Cinéma Océanic
|
68 r Plage
|
33780SOULAC SUR MER
|
50
|
Cinéma Le Relais
|
136 bd Côte de Beauté
|
17110Saint Georges de Didonne
|
50
|
|
|
|
1400
|