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La production participative dans le domaine de la musique : craintes et benefices du modele

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par Iman AZAAMAR
Université Bordeaux 3 - Master ingénierie de projets culturels 2011
  

Disponible en mode multipage

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    Azaamar Iman

    Master Professionnel Ingénierie

    de Projets Culturels

    2010/2011

    La production participative dans le domaine de la musique : craintes
    et bénéfices du modèle ?

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Sous la direction de :

     
     
     
     
     

    Mme Hélène Montagnac, maître de
    Conférences en Sciences de l'Information et
    de la Communication

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    UFR LETTRES

     
     
     
     
     
     
     
     
     
     

    Jury :

     
     
     
     

    Mme Hélène Montagnac, maître de
    Conférences en Sciences de l'Information et
    de la Communication

    M. André Garceau, producteur

    Ghat Production

    Université Michel de Montaigne Bordeaux 3 Pessac

    1

    Remerciements

    Je remercie Mme Montagnac.

    Ce travail de fin d'études s'est également nourri des rencontres et des avis recueillis sur le sujet, lors de différents stages. Je remercie, donc, chaleureusement, Fabienne Moreau (chargé de mission sur Histoires d'îles au Conseil général, Dominique Jollivet (monteur , France 3 Aquitaine/ coproduction « Famille d'accueil », Antonin Dedet, (producteur, réalisateur , NEON Production à Marseille).

    Merci, plus particulièrement à David Gourmandie, manager du groupe The Enjoys et André Garceau, producteur à Bordeaux (Ghat Production) pour leur disponibilité lors des entretiens.

    Enfin, je remercie également ma famille.

    6

    2

    Sommaire Introduction

    I.LA PRODUCTION PARTICIPATIVE

    : FONCTIONNEMENT, CADRE

    SOCIOLOGIQUE, ÉCONOMIQUE ET JURIDIQUE 17

    A)UN NOUVEAU MODELE ECONOMIQUE DE PRODUCTION 17

    1)État du marché 17

    (a)Les labels communautaires 19

    (b)La référence : My Major Company 26

    2)Les atouts du modèle 28

    (a)L'investissement raisonnable : « valeur refuge » dans un contexte de crise 28

    (b)Le public au coeur du système : une « philosophie » qui fait vendre 29

    3)Rouages du « système » et fonctionnement 29

    (a)Les fondements 30

    (b)Comment ça fonctionne ? 31

    B)ELEMENTS DU CADRE SOCIOLOGIQUE DE LA PRODUCTION PARTICIPATIVE 32

    1)L'engouement de la société pour le web 2.0 32

    2)« La culture de la participation » 33

    3)Paradoxe : développement de la production participative en plein « âge d'or » de la gratuité.

    34

    C)ELEMENTS DU CADRE JURIDIQUE 37

    1)Analyse des « conditions générales d'utilisation » des sites de production participative 37

    2)Avis des avocats 41

    II. LA PRODUCTION PARTICIPATIVE A L'EPREUVE DE LA QUESTION ARTISTIQUE : BENEFICES ET CRAINTES SUSCITEES PAR

    LE MODELE ? 43

    A)UNE SOLUTION POUR LES ARTISTES DANS UN CONTEXTE DE CRISE DE

    L'INDUSTRIE PHONOGRAPHIQUE? 43

    1)La production communautaire : un tremplin pour les artistes ? 43

    (a)Témoignage d'artistes 43

    (b)Un système, générateur de désillusions 45

    2)« Les internautes-producteurs font l'artiste » : est-ce un gage de réussite ? 47

    3

    3)Responsabilisation de l'internaute vis-à-vis de la création musicale ? 47

    B)LES CRAINTES VIS-À-VIS DU MODÈLE DE PRODUCTION ? 48

    1)La participation des internautes-producteurs dans l'aspect artistique ? 49

    2)L'aspect spéculatif au détriment de la qualité artistique ? 50

    (a)Le profil et les motivations du « producteur-internaute » 50

    (b)La teneur du retour sur investissement ? 53

    3)Diversité musicale et production communautaire ? 55

    (a)Les artistes produits : style de musique et analyse (septembre 2011) 56

    III . UN MODÈLE ALTERNATIF À LA PRODUCTION

    K PROFESSIONNELLE » OU SIMPLE EFFET DE MODE ? 61

    A)LE POIDS DES PRODUCTEURS INTERNAUTES FACE LA PRODUCTION «

    CLASSIQUE » 61

    B)CAPACITÉ DU PRINCIPE DE CE MODÈLE À PERDURER ? 65

    1)Le label participatif : révolutionnaire ou temporaire ? 65

    2)Failles du modèle 67

    71

    3)Cas spidart 69

    Conclusion

    Annexes 74

    Annexe 1 : Tableaux des labels participatifs 76

    Annexe 2 :Entretiens semi-directifs 80

    Bibliographie. 87

    RAPPORT DE STAGE, Conseil Général, assistante de coordination 89

    4

    Introduction

    5

    « Music is your business », « devenez producteur », « Rejoignez le premier studio social »,

    « investir et se divertir, devenez producteur de spectacles », voici quelques slogans qui figurent en page d'accueil des sites de production participative à dominante artistique.

    Le nouveau modèle de production, dont la stratégie marketing est de souligner l'aspect participatif, bouleverse la filière de l'industrie phonographique. Désormais, le choix de la création musicale est donné à l'internaute. Principal acteur d'un système qui se trouve au stade de balbutiements, le producteur non professionnel intervient en amont de la production, juge la valeur artistique et contribue à l'émergence de nouveaux talents .

    Les expressions « production communautaire »,« production participative » ou « financement participatif » dans le domaine musical désignent l'application des méthodes combinées du crowdsourcing (expertise et production de contenu par la foule) et du crowdfunding (financement par la foule) dans le but de concrétiser des projets artistiques.

    Le crowdsourcing a été lancé par l'industrie de la photographie, ce concept a permis sous l'ère du numérique à des milliers d'amateurs de devenir des professionnels en proposant leurs clichés sur différents sites (ex. iStockphoto). Chaque internaute devient un potentiel créateur, producteur ou précurseur influent. Crée en 2006 par Jeff Howe et Mark Robinson, du magazine Wired, ce néologisme, calqué sur l'autosourcing, consiste à utiliser l'intelligence, la créativité et le savoir-faire des internautes.

    « Depuis 2008, au gré de la naissance de start-ups d'un nouveau genre, on a vu un nouveau modèle économique émerger sur Internet, dans la lignée du crowdsourcing : le crowdfunding . Soit une forme de mécénat populaire »1. Le crowdfunding, terme anglais qui signifie « financement par la foule » est, dans le cadre de la production communautaire, une nouvelle forme de financement qui vise à soutenir un projet artistique, il défend l'intégration du consommateur final dans le processus de création de valeur.

    Le crowdsourcing et crowdfunding, sont les outils du concept de la co-création de valeur, définit par Alban Martin 2, et qui place le consommateur au sein même de la chaîne de création de valeur. Ce modèle, qui ne conçoit plus le label comme l'unique générateur de valeur, donne à l'utilisateur final des rôles variés. En effet, on a verra que l'internaute peut endosser le costume de « responsable de

    1 Cousin Capucine , Tout sur le web 2.0 et 3.0, Paris, Dunod, 2010

    2 htp:// cocreaion.blogs.com/alban/2006/06/concept_intress.html

    la communication » en promulguant un artiste via les espaces communautaires qu'il fréquente, par exemple.

    Ce nouveau modèle économique qui permet aux artistes de mettre en ligne leur création

    ( crowdsourcing ) et aux internautes de miser sur ces derniers ( crowdfunding) semble s'appliquer plus aisément au secteur de la musique, on constate une supériorité numérique des sites de production participative dédiés à la musique. Il se concrétise sur la plateforme d'inter-médiation du site internet, l'offre (l'artiste) et la demande (les internautes-producteurs) s'y retrouvent afin de concrétiser un projet commun. Il s'agit pour l'artiste, de présenter ses créations afin de recueillir l'avis et le soutien financier des internautes, lesquels se réjouissent de participer à une aventure artistique qui s'accompagne d'un retour sur investissement (pourcentage variable).

    Une fois, la jauge financière atteinte (variable selon les sites), l'enregistrement de l'album ou du single peut commencer. Au final, les bénéfices se partagent entre l'artiste, le site et les internautes-producteurs.

    La première initiative du genre dans le domaine artistique est née en 2004 par la production du film « Demain La Veille », produit par la société Guyom Corp. Les producteurs, Guillaume Colboc et Benjamin Pommeraud, avaient alors lancé le premier système de souscription du genre, leur permettant de lever en quelques jours près de la moitié du financement nécessaire à la fabrication du site, au travers d'une campagne innovante de buzz (marketing).

    Dans l'industrie du disque, le site hollandais Sellaband fut le premier à décliner le modèle en août 2006.

    En France, fin 2007, les labels de musique communautaires sont apparus, parmi lesquels Spidart (depuis, en faillite), Akamusic (site belge), Buzzmyband (anciennement Nomajormusik), Zikpot,, Stationtubes (édité par le Label Digital Alien Prod) , Reshape Music, I-song, My Corner Bar, Belgodisc, Direct With Artist, Urban Major, Jaz'Zil , Kiss Kiss Bank Bank, Castar Prod, Your Music Hall, Revenons à la musique, All In My Music, Artiste à Vendre ou encore My Major Company qui se positionne comme un label participatif.

    My Major Company, dont le succès de son artiste Grégoire (chanson "Toi + Moi")3, a contribué à faire connaître la production participative au « grand public ». Les internautes ont plébiscité ce titre et investi de l'argent pour réaliser le rêve de ce jeune inconnu. Au final, ils produisent un album qui se vendra à plus d'un million d'exemplaires. Depuis, ce mode de financement par la communauté s'est étendu à d'autres domaines artistiques.

    6

    3 htp://www.franceculture,com/2011-05-23-quand -les-internautes-inancent-l-art.

    7

    On le retrouve, aujourd'hui, dans le spectacle vivant : My Show Must Go One, au cinéma People For Cinema, Touscoprod, dans les Arts plastiques avec le site de production Fabrique d'Artistes.com, dans le secteur de la mode : Myfashionline, dans l'édition My Major Company Books, Sandawe .

    Ancré dans un contexte de « crise du disque » durant lequel peu de risques sont pris, ce modèle de production s'est emparé des nombreuses possibilités offertes par le web 2.0 dont le financement 2.0 ,en plein essor, pour s'affirmer en tant qu'alternative à la production musicale « professionnelle ».

    L'essor du web 2.0 qui contribue à la redistribution des forces de décision, en attribuant au consommateur une importance indéniable dans le processus de sélection des artistes, annonce une concurrence accrue qui impose aux e-labels de stabiliser leur modèle économique afin de dépasser le cap de la phase de lancement. Les « entrants » sur ce marché très poreux le font donc désormais par des voies qui interrogent le modèle économique et la relation à la création et au public.

    Peut-on, pour autant, affirmer que la production communautaire est une solution de rechange en temps de crise, ce qui lui conférerait un caractère provisoire ou est-ce une « révolution » qui tend à redéfinir le circuit de la production musicale ?

    Il paraît prématuré de répondre à cette question, puisque la crise du disque est encore présente.

    En effet, selon la SNEP (société nationale éditeurs phonographiques), au cours du premier trimestre 2011, le marché de gros de la musique enregistrée a représenté 121.8 millions d'euros.

    Dont 26.3 millions d'euros pour le marché numérique (+13.2 %) et 95.5 millions d'euros pour le marché physique (-9.3 %) . Le chiffre d'affaires des singles perd 49 % de sa valeur, celui des albums subit une baisse de 7.9 %4.

    A ce propos, Borey Sok5 dans son mémoire affirme que la crise du disque serait la conséquence du piratage, de l'inadéquation des modèles marketing à la nouvelle donne numérique, de la moindre qualité de l'offre et de la faible diversité musicale dans les médias. Dans de ce travail de fin d'études, l'auteur fait part des stratégies marketing de sortie de crise, parmi elles l'utilisation du web 2.0 pour créer une relation plus directe entre un internaute acteur et l'artiste.

    La production participative serait la conséquence de la crise du disque, dans laquelle la production « classique » est restreinte, mais apparaît aussi comme une solution qui encouragerait la consommation de la musique et donc permettrait la stabilité du marché.

    4 htp:// www.disqueenfrance.com/fr/catalogpage.xml?id=396677&pg=1&cat=251362

    5 Borey Sok, Musique 2.0 : Soluions praiques pour nouveaux usages markeing, édiions Irma

    En effet, les chiffres6 provenant des sociétés suivantes : EMI Music France, SONY Music Entertainment, UNIVERSAL Music France et WARNER Music France montrent, pour l'année 2010, que le nombre d'albums commercialisés est en baisse de 3 % : 946 albums en 2010 contre 973 en 2009.

    Le nombre de singles commercialisés, quant à lui, chute de 13 % : 109 singles en 2010 contre 125 en 2009.

    Cette réduction du nombre d'artistes produits, s'accompagne d'une restriction budgétaire. Se dessine, alors, une tendance à la prudence qui consiste à miser sur des valeurs sûres : des artistes vendeurs.

    Face à ce manque de prise de risque de la part de la production « classique», la production communautaire apparaît pour les artistes, à la recherche d'un soutien, comme un tremplin à ne pas négliger.

    Si l'équation : crise du disque = moins de prise de risque dans la production (« classique ») d'artistes = développement de la production communautaire paraît évidente, de nombreux paradoxes entourent cette dernière et montrent qu'il est encore trop tôt pour apporter des réponses définitives.

    Premier paradoxe : La crise du mécénat culturel et développement de la production participative ?

    « Trois ans après la crise financière et huit ans après la promulgation de la loi Aillagon sur la défiscalisation des entreprises mécènes, se dresse le constat d'un accroissement de ces dernières qui investissent dans des projets humanitaires, au détriment du domaine culturel. »7 Parallèlement à ce fait, la production participative trouve écho à la volonté des internautes d'investir dans la musique. Ce qui paraît être un paradoxe, doit être nuancé, en précisant que les mécènes de la Culture se différencie des internautes de part leurs motivations. En effet, si les premiers, bien souvent issus d'un milieu privilégié, soutiennent la Culture pour le prestige et afin de conforter une position sociale. Les seconds, ont l'impression de contribuer à l'émergence de nouveaux talents, pour lesquels ils espèrent la réussite qui s'accompagnerait d'un retour sur investissement. Peut-on, pour autant, parler d'un développement du mécénat « populaire », dit de « de masse » et permis par le

    6 htp:// www.disqueenfrance.com/fr/cpg1-380181--Les-tableaux-de-bord-de-la-producion-annee-2010.html

    7 htp:// www.franceculture.com/2011-05-14-le-mecenat-culturel-en-crise.html

    8

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    web 2.0 au détriment d'un mécénat oligarchique et élitiste. Il serait plus raisonnable d'affirmer que ces deux formes de soutien financier ne concourent pas aux mêmes investissements ( objets artistiques soutenus) et sont animés par des motivations différentes. On verra, que l'un (mécénat culturel) n'influence pas l'autre (« mécénat 2.0 ») et qu'une coexistence est possible.

    Autre paradoxe de la production communautaire qui interroge les observateurs :celui de la gratuité.

    En effet, comme l'explique le journaliste Philippe Astor8, l'époque pendant laquelle l'achat d'un disque était nécessaire pour profiter du bien est révolue pour certains, ou s'estompe peu à peu pour d'autres. Alors, comment expliquer le fait que des internautes « donnent » de leur argent pour soutenir leur artiste préféré, mais dans le même temps sont réticents à acheter un CD préférant télécharger ou encore profiter des écoutes via Youtube ou autres sites comme Deezer par exemple. Le sondage (IFOP pour la SNEP/ janvier 2011)9conforte ce constat, puisque 45 % des français (dont 74 % des 15-24 ans) consomment de la musique en ligne (téléchargement/streaming).

    La production participative apparaît, pour certains, notamment pour les dirigeants des sites, comme étant salutaire pour la crise du disque actuelle. Selon eux, elle responsabiliserait « l'internaute-producteur » qui serait encourager à l'acte d'achat d 'un CD. Difficile de vérifier ce degré de responsabilisation, tant les sondages sont inexistants à ce propos. Cependant, il est important de souligner les effets de la participation , de l'implication , de l'investissement de « l'internaute-producteur » dans le cadre de la production communautaire. En effet, la place accordée à l'internaute dans le processus de production d'un artiste définit le degré d'implication de « l'investisseur ».

    A ce propos, Nicolas Auray maître de conférences en sociologie à École nationale supérieure des télécommunication explique dans son article « Le prix à l'épreuve de la gratuité : le cas des biens culturels » 10, l'importance d'incorporer « des communautés, c'est à dire la possibilité donnée aux consommateurs d'appartenir, de s'identifier et d'exprimer des valeurs communautaires. »

    En effet, la capacité à soutenir financièrement un artiste serait motivée, en plus du retour sur

    8 Journaliste spécialiste de l'industrie de la musique et d'Internet, collaborateur de Musique Info, ZDNet, Musicspot.fr, co-fondateur d'Electron Libre et blogueur

    9 htp:// www.disqueenfrance.com/fr/cpg1-380080-339560-Les-praiques-des-Francais-en-maiere-de-musique-numerique.html

    10 Nicolas Auray, "La gratuité et la culture", in Actes des ateliers de la DGCCRF , "Le prix a-t-il encore une valeur?",

    2010

    10

    investissement, par le besoin de s'identifier, dans le cas des sites de production participative, à une communauté d'amoureux de la musique. Il faut rappeler que le web 2.0 favorise l'internaute en tant qu'individu, grâce auquel il peut exprimer ses envies, ses préférences. En effet, les actes sont la manifestation du désir du «Moi » et sont rarement le résultat d'une « consciente collective » de l'état actuel du marché de la musique et de ses nombreux enjeux. Par ailleurs, « l'internaute-producteur » pouvant aussi télécharger ou écouter de la musique en streaming, il est difficile d'affirmer que la production participative puisse endiguer le « problème » de la gratuité et plus généralement encourager à l'achat du CD.

    Les faits sociologiques tels que la « culture de la participation », la « démocratisation » du web 2.0 semblent favoriser le développement de la production participative. En effet, « révolution » pour certains, conjoncturelle pour d'autres, l'émergence du « phénomène » soulève la question du rôle de l'amateur dans la création musicale et de la pertinence de son jugement de l'objet artistique.

    Le web 2.0 qui « désigne (...) les nouveaux usages nés autour du web et les applications, outils qui s'y sont greffés » est accaparé par les industries culturelles qui y voient un formidable outil de développement . Il « implique donc que l'internaute est devenu producteur de contenus et désigne une nouvelle génération de sites et d'applications qui permettent à leurs utilisateurs de partager des contenus et de collaborer en ligne. »11

    L'importance du web 2.0 tend, donc, à transformer l'industrie phonographique. On constate, par exemple, une redéfinition du rôle des majors : « auparavant découvreuses de talents, elles doivent de plus en plus souvent se contenter de récupérer et d'amplifier la notoriété que les nouveaux artistes ont acquises grâce au web 2.0 »12. L' « Internet participatif » fait état d'un marché prometteur dont l'offre active tend à répondre au besoin de « construction de soi » des internautes. A ce propos, « Laurence Allard parle de la notion d' « expressivisme généralisé », Dominique Cardon traite aussi ce point de la la construction de soi dans L'identité comme stratégie relationnelle, (Hermès, n°53) ou Danah Boyd dans son article Networked Self . Le web 2 .0 permet d'expérimenter différentes facettes identitaires. Il est également un lieu de recherche et de reconnaissance, comme l'ont montré Fabien Granjon ou Axel Honneth : il permet de trouver une reconnaissance sociale par l'interaction. «Si l'artiste amateur est l'entrepreneur de sa notoriété, ce

    11 Cousin Capucine , Tout sur le web 2.0 et 3.0, Paris, Dunod, 2010

    12 Berry Michel , Deshayes Christophe, Les vrais révoluionnaires du numérique, Paris, Documenta Ecole de Paris du

    management, Ed. Autrement impr, 2009 cop. 2010

    sont les autres qui valident ce qu'il est» »13

    La « culture de la participation » se retrouve dans tous les domaines d'activité de l'individu (vie sociale, politique, économie etc.), ce fait sociologique favorise le développement de la production participative. Elle reflète la volonté des sociétés démocratiques, dont le fer de lance est le droit d'expression, de s'imposer en tant qu'individu dans un collectif. Expression d'une société individualiste, cette « culture » s'accompagne d'une exigence des consommateurs, des participants qui tendent à s'affirmer en tant que « contre-pouvoir » face aux oligarchies. Autrement dit, les internautes-producteurs des sites de production communautaire expriment leur volonté d'exister, ils contribuent au pouvoir de décision dans une industrie de la musique contrôlée par quelques-uns.

    Ce fait symptomatique d'une société, qui place l'individu au centre de ses préoccupations, est vu par certains comme étant une « révolution » qui tendrait à minimiser le jugement artistique des professionnels. Une tendance à la participation vu comme un « terreau fertile » à la production collaborative. Conscients de cette « aubaine sociologique », les sites de production participative se risquent parfois à faire de l'astroturfing, c'est-à-dire à dissimuler des intentions commerciales en prétextant la légitimité du public.

    A ce propos, dans son livre convergence culture : where old and new media collide14, Henry Jenkins s'est intéressé au développement de la culture participative et à la récupération de ses principes par l'industrie médiatique et le marketing contemporain.

    La question du rôle de l'amateur dans la création, plus précisément celui de l'internaute-producteur dans la production participative constitue la préoccupation principale de ce mémoire. Il s'agit d'étudier les effets sur la création d'un « système » qui place au coeur de son processus le non-professionnel et d'évaluer la pertinence de son jugement sur l'objet artistique.

    Patrice Flichy pose les limites d'une « société de l'amateur » et soulève deux interrogations. Symptomatique d'un « monde où toutes hiérarchies disparaissent. Alors que dans les pratiques amateurs traditionnelles, les compétences se mesuraient à l'aune de pratiques professionnelles, dans l'amateurisme numérique, « tout semble juxtaposé, sans hiérarchie ». « Ces nouvelles pratiques de l'amateur posent également la question de la démocratisation de l'expertise ». « L'expert par en bas,

    13 htp:// www.manuelateixeira.com/2011/03/28culture-de-la-paricipaion-citoyenne

    Teixeira, Manuela, L'émergence des réseaux sociaux comme nouveaux ouils de markeing, Université d'Otawa, 2009

    11

    14 Convergence culture :Henry Jenkins, where old and new media collide, New York University Press -- cop. 2006

    12

    est un individu qui se sent légitime à participer au débat public, à débattre avec l'élu, avec l'expert spécialiste. Cette montée de la contestation des experts spécialistes, par «l'expert par en bas», est un élément important du lien entre amateurisme et internet »15

    Cette « société de l'amateur » se confond avec ce qui est défini par Joël de Rosnay comme étant « une nouvelle classe sociale » : le pronétariat16. Les « internautes-producteurs » de la production communautaire feraient partie intégrante de ces « pronétaires », « ceux qui sont pour et sur Internet » et qui constituent « une nouvelle classe d'usagers des réseaux numériques capables de produire, diffuser, vendre des contenus numériques non propriétaires, en s'appuyant sur les principes de la "nouvelle économie". »

    Selon Joël de Rosnay, cette entité qu'est le pronétariat (prolétaire et net) illustrerait la montée des « médias des masses » (blogs, wikis, podcasting, journaux citoyens etc.) et s'oppose pour l'heure aux mass média. Parallèlement à ce propos, se pose la question du lien production collaborative et culture de masse, autrement dit permettre à un nombre infini de financer une création n'est-il pas générateur d'une offre culturelle destinée au plus grand nombre. Rappelons que toute production émanant des internautes-producteurs rejoint le circuit de l'industrie phonographique, définie comme une « mass media » puisqu'elle vise une large cible.

    Force est de constater que les sources manuscrites sur la production participative sont subsidiaires voire inexistantes, notre travail de recherche aura pour source principale : la presse. Il s'agit de constituer une revue de presse guidée par un plan établi en amont et comportant les hypothèses à vérifier. Les ouvrages généraux analysant les effets socio-économiques d'Internet et plus précisément du Web 2.0 permettent d'inscrire l'objet d'étude dans le contexte des évolutions des TIC (technologies de la communication et de l'information).

    Parallèlement à ces recherches ayant une visée théorique, le volet pratique et concret tendra à identifier les différents acteurs gravitant autour de la production participative afin de connaître leur point de vue et de définir leurs motivations, ce sont les sites (les fondateurs), les artistes ayant déposé leur oeuvre et les internautes-producteurs. Enfin des spécialistes sur le sujet seront sollicités, il s'agit de journalistes, de juristes ou encore de producteurs « classiques ». Pour ce faire, des questionnaires personnalisés, comportant environ 40 questions, ont été effectués.

    Bien que le sujet soit national et plus largement international, une importance sera donnée à la

    15 htp:// www.internetactu.net/2011/03/30/le-role-des-amateurs-12-quest-ce-quun-amateur/ Hubert Guillaud,le 30/03/11

    16 De Rosnay Joël, La révolte des pronétariat, Fayard, 2006

    13

    contribution que pourrait apporter la production et l'édition phonographique locale. Il s'agit, tout au long du mémoire, d'éclairer par le point de vue des producteurs locaux de musique sur la production participative.

    Le domaine de la musique en France a été choisi comme objet d'étude puisqu'il semble convenir à ce nouveau modèle de production. De plus, les exemples d'artistes produits (Grégoire, Joyce Jonathan etc.) permettent de donner de la matière au sujet. Enfin, la musique offre une large palette d'exemples de sites de production allant de la référence (Mymajorcompany) jusqu'au cas de liquidation judiciaire (Spidart).

    Bien qu'enthousiasmante, pour les internautes et les artistes, cette nouvelle forme de production se trouve dans une « phase de lancement », elle a vu le jour il y a environ cinq ans et suscite de nombreux questionnements.

    En effet, même si le foisonnement de ces sites est certain, le système a ses limites, ses failles qui semblent écourter leur durée de vie. Nous serons donc amener à nuancer l'impact de cette nouvelle donne économique, qu'est la production participative , sur la filière de la musique. La place de l'artistique dans un « système » basé sur la mise d'argent sera interrogé, ce qui implique de s'intéresser au rapport du public à la création plébiscitée et financée par des internautes. D'autre part, la crainte d'une amplification de la « culture de masse » permise par internet est aussi soulevée.

    Ces points d'interrogations s'articuleront autour de la problématique suivante :

    Quelles sont les craintes que suscite cette nouvelle forme de production : degré de participation des internautes dans l'aspect artistique ? Méfaits d'un système qui mêle valorisation artistique et encouragement spéculatif résultant de l'investissement ?

    Mais aussi quels sont les bénéfices de ce nouveau modèle de production dans un contexte de crise : tremplin pour les artistes ? Alternative sérieuse à la production « classique » ? Ses apports dans l'industrie phonographique ?

    Pour tenter de répondre à ces questions nous poserons dans une première partie quelques éléments du cadre économique, juridique et sociologique dans lesquels s'inscrit la production participative. La deuxième partie s'attardera, plus particulièrement, sur l'aspect artistique et esthétique, en posant la question de la participation de l'internaute dans l'aspect artistique et du risque spéculatif.

    Enfin la troisième partie laissera place à la perspective en posant la question de l'avenir de la production participative.

    14

    I.

    La production participative :

    fonctionnement, cadre

    sociologique, économique et

    juridique

    15

    I. LA PRODUCTION PARTICIPATIVE : FONCTIONNEMENT, CADRE SOCIOLOGIQUE, ÉCONOMIQUE ET JURIDIQUE

    A) UN NOUVEAU MODELE ECONOMIQUE DE PRODUCTION

    1) État du marché

    Si certains prêtent à la production communautaire musicale une vocation sociale, bienfaitrice pour la musique ou autres, rappelons, tout de même, la visée première du Web 2.0 dont découle cette forme de production. En effet, selon Philippe Bouquillon17, les théoriciens du web 2.0 tels que Henry Jenkins auraient posé « les bases théoriques de ce qui allait bientôt devenir une orientation stratégique essentielle pour un grand nombre d'acteurs économiques de l'Internet, petits et grands.» Autrement dit, le web 2.0 a été conceptualisé initialement par les chercheurs dont Tim O'Reilly dans une optique économique. Il est vrai que « le marché du Web 2.0 » ne cesse de croître tant les applications sont infinies et transposables à tous les secteurs économiques. Selon Alban Martin18, le web collaboratif transforme les industries du divertissement et des médias en introduisant un changement de « paradigme économique » qui modifie la « chaîne de création de valeur » et donne lieu à des exemples de co-création de valeur.

    L'ère numérique qui transforme les industries culturelles fait état d'un marché de la musique qui subit une baisse des ventes du support physique (CD) et semble bénéficié de l'attrait pour les supports dématérialisés. En effet, selon la SNEP (société nationale éditeurs phonographiques), au cours du premier trimestre 2011, le marché de gros de la musique enregistrée a représenté 121.8 millions d'euros. Dont 26.3 millions d'euros pour le marché numérique (+13.2 %) et 95.5 millions d'euros pour le marché physique (-9.3 %) . Le chiffre d'affaires des singles perd 49 % de sa valeur, celui des albums subit une baisse de 7.9 %19. En 2008, les ventes numériques ont connu une hausse de 50%. Conscients de cette opportunité, les plate-formes de production participative ne se

    17 Bouquillon Philippe, Mathews Jacob Thomas, Le Web collaboraif : mutaions des industries de la culture et de la communicaion, Presses universitaires de Grenoble, 2010

    18 Marin , Alban , Et toi, tu télécharges ? : Industries du diverissement et des médias à l'ère du numérique, Pearson cop. 2010

    19 htp:// www.disqueenfrance.com/fr/catalogpage.xml?id=396677&pg=1&cat=251362

    16

    restreignent pas à la levée de mises des internautes, puisqu'en plus d'être des « espaces » dédiés à l'écoute en streaming, elles deviennent aussi des « espaces » de vente de fichiers numériques et donc des distributeurs numériques. Profitant du moindre coût qu'engendre le fichier numérique, les labels participatifs assurent la diffusion par le biais de partenaires tels que I-tunes, Virginmega, Deezer, Youtube etc.

    Ce contexte de crise du disque dans lequel la production « classique » limite sa prise de risque, en préférant miser sur des « valeurs sûres », semble opportun au développement des labels communautaires. En effet, elles apparaissent comme une réponse aux artistes « débutants » à la recherche de tremplin. Si la production participative peut être interprétée comme une conséquence de la crise du disque, elle n'est pas pour autant une solution à cette dernière puisqu'une fois l'artiste produit, son album rejoint le circuit « classique » de la distribution et subit, également, les conséquences d'un marché du disque qui peine à innover, en tenant compte du facteur numérique.

    Le secteur de la production communautaire ou coproduction participative dans le domaine de la musique compte actuellement une quinzaine de sites. En résonance à l'enquête du Journal Du Net qui nous apprend que « la crise n'a pas touché ce nouveau secteur »20, Michaël Goldman, co-fondateur de MyMajorCompany assure que leur « succès se pérennise, le site grossit du point de vue du trafic comme des mises des internautes. Et la réussite de chaque site valorise le participatif en général ».

    Les lancements de start-up ont été nombreux, cependant peu ont réussi à équilibrer « leur système » et à bénéficier d'une visibilité que l'émergence d'une tête d'affiche pourrait apporter. Dans ce secteur concurrentiel, la majorité des sites cherchent encore une stabilité qui semble être obtenue par une jauge importante et diversifiée d'artistes. Cette condition engendrerait l'intérêt d'un nombre suffisant « d'internautes -producteurs », ils constituent la clé de voûte du mécanisme économique et participent à la survie du site. De ce point de vue, deux sites de production participative semblent se distinguer, le premier fait figure d'exception : MyMajorCompany, il comptait plus de

    50 000 producteurs et 1 900 artistes inscrits en 2009. Michaël Goldman tempère, néanmoins, ces chiffres en affirmant que « l'activité est rentable aujourd'hui, mais nous profitons d'un gros succès, celui de Grégoire »21. Son concurrent principal BuzzMyBand a annoncé aussi une croissance des ses producteurs actifs (15 000) et de son trafic en 2009. Le volume important « d'internautes-

    20 htp:// www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/enquete/peut-on-gagner-de-argent-avec-les-sites-de-coproducion/peut-on-gagner-de-l-argent-avec-les-sites-de-coproducion.shtml

    21 Idem

    producteurs », d'investisseurs étant primordial dans ce modèle économique, une « implantation » qui se concrétise par « l'ouverture » de plate-forme à l'international est observée. Selon le Journal Du Net, « en janvier 2009(...) BuzzMyBand avait annoncé son intention de se lancer au Japon, en Amérique du Nord et au Royaume-Uni. Ces lancements ont été repoussés et légèrement modifiés. » « MyMajorCompany cible de son côté le Royaume-Uni pour début 2010, tout comme KissKissBankBank, qui va ouvrir dans les prochaines semaines une version anglaise, avant une implantation physique en 2011. »22

    Depuis leur apparition en 2007, « le parcours économique » des sites de production participative semble inégale, les plus stables d'entre eux déclinent « le système » dans divers secteurs, développe nt des projets à l'international alors que d'autres peinent à s'inscrire dans la durée, connaissent des difficultés financières ou encore la faillite. Le foisonnement des sites participatifs qui s'apparentait à un dynamisme du secteur laisse peu à peu place à une tendance oligopolistique. En effet, à terme très peu d'acteurs économiques survivront face à la concurrence, se dessine alors une production participative, partenaire des distributeurs, des majors, sur un marché de la musique dans lequel quelques grandes sociétés proposent des « produits musicaux » à un très grand nombre de consommateurs. Cette domination des majors : Universal, Sony BMG, EMI et Warner représente environ 72% du marché. In fine, ces sites qui revendiquaient leur émancipation vis-à-vis du circuit « classique » de la production sont amenés à rejoindre et à travailler avec les acteurs de la filière musicale dite professionnelle.

    (a) Les labels communautaires

    17

    22 idem

    18

    MY MAJOR COMPANY

     

    BUZZ MY BAND

    AKAMUSIC

     
     

    BELGODISC

    ALL IN MY MUSIC

    CASTARPROD

     

    YOUR MUSIC HALL

    DATES CLES

    2007 (octobre) : Création de Spidart,1er label musical communautaire en France

    RESHAPE MUSIC

     

    I-SONG

    MY CORNER BAR

    STATION TUBES

     
     

    DIRECT WHITCH ARTIST

    REVENONS A LA MUSIQUE

     
     

    ARTISTE A VENDRE

    19

    BUZZMYBAND

    Ancien NoMajorComany, le site de production communautaire BuzzMyBand, co-fondé le 24 décembre 2007 par David Doro, actuel président, Guillaume Rostain, directeur Général, Claudia Da Silva, directrice adjointe en charge des développements marketing et des opérations spéciales, Pierre De Baeque, directeur de la programmation, est chargé de la ligne éditoriale de la plate-forme (partenariats, web, radio, live).

    La plateforme web de production et de promotion musicale a changé de cap avec une modification de nom et de principe. Au départ, le label s'est fixé pour une production d'EP 4 titres (single) évaluée à 15000 euros, par ce choix le site jouait la carte de la prudence et minimisait le temps d'attente nécessaire pour atteindre la jauge financière. Cette première production du single a permis d'évaluer, depuis, l'intérêt des internautes (et donc du public) pour un artiste, laissant présager un financement participatif pour un album.

    Guillaume Rostain, issu du secteur du divertissement affirme dans une interview accordée au journal 20 minutes23 ne pas vouloir calquer le fonctionnement d'une major. De plus, le co-fondateur explique ne pas sélectionner les artistes à l'entrée du site et vouloir réduire au « minimum les obligations des artistes vis-à-vis du label ». Enfin, le modèle économique revendiqué serait basé « sur les revenus tirés de l'audience et de la publicité », le but étant de « générer un bassin d'audience pour attirer les annonceurs ».

    Au vu de ces stratégies commerciales, la prudence semble de rigueur, il ne s'agit de prendre des risques, seul l'avis des internautes-investisseurs, représentatifs d'un public potentiel compte. Et ceci, au détriment, parfois, de la qualité artistique puisque la sélection artistique est inexistante.

    La promotion des artistes via différents réseaux avec qui le site entretient des liens privilégiés, comme MTV, Game One, MSN, Le Mouv', HotMix Radio, OÜI FM et très récemment Direct Star et Orange par exemple, est une activité essentielle dans le « système » de la production participative. A ce jour, BuzzMyBand a, ainsi, produit une trentaine d'artistes dont The Enjoys, The

    23 htp:// www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-album.php

    Vernon Project, Bioze, Xavier Duca, Rio Taxi, Lys etc. Parallèlement, le label accompagne plusieurs artistes confirmés dans leur développement : Mademoiselle K ou encore Jil Is Lucky. A des fins promotionnelles, une compilation regroupant les artistes pop-rock du label participatif est sortie. De plus, l'organisation du « Recycling » permet aux artistes de BuzzMyBand d'intégrer la programmation de la tournée.

    « Devenir un point d'entrée international de la musique indépendante » c'était l'objectif de David Doro, le site a déjà ouvert un bureau au Japon et espère en ouvrir un au Canada.

    AKAMUSIC

    Ce site communautaire créé en mars 2008 par Michel de Launoit offre la possibilité aux artistes de faire produire leur single ou leur album par les « internautes-producteurs ».

    Grégory Goemaere, Florence de Launoit, Jean- Marc Goemaere, un couple et deux frères sont les dirigeants d'AKAMUSIC, le leader de la production participative en Belgique. Ce label est né de la fusion entre Tourne Sol Production (société spécialisée dans la production artistique) et Yswood (société spécialisée dans le domaine de l'internet).

    Le site a enregistré 13000 artistes et 62000 producteurs à la fin de l'année 2010 selon le quotidien24, sa production compte 84 CD dont 19 albums et 65 singles. En moyenne, en 2010, Michel de Launoit affirmait que sur 13000 artistes inscrits, 84 étaient produits, ce qui représente environ 0,65%.

    Février 2011, estimant que les EP 4 titres ne fonctionnait plus, ils ont été arrêtés au profit des EP six titres. La production d'un album est fixé à 80000 euros et 35000 pour les EP. Une fois la jauge

    20

    24 «Une producion risquée » Pablo Chimieni 4 décembre 2010, le Quoidien

    21

    atteinte, l'album de l'artiste produit est distribué par Universal Music REVENONS A LA MUSIQUE

    Angel Ramos, cofondateur de « (re)venons à la musique » se définit comme un site de production participative, il réunit une équipe de professionnels du son : ingénieurs du son, auteurs, compositeurs etc. Revenons à la musique se distingue dans le sillage des plate-formes de production communautaire par son nom français. Ce détail contribue à leur stratégie de communication visant à se distinguer des autres start'up qui rêvent de s'étendre à l'international. Comme un pied de nez fait par le site qui revendique son attachement à l'essentiel : la musique.

    Hormis ce discours commercial distinctif de celui de la majorité des sites, leur mode de fonctionnement ne diffère pas.

    Angel Ramos affirme que « ce qui est compliqué, c'est de mettre en avant un artiste». En effet, la communication est la préoccupation première de toutes les plate-formes. «Revenons à la musique », comme la majorité encourage les internautes-producteurs à relayer toute information et à se faire les portes-parole de leur artiste préféré via les réseaux sociaux et autres. La force de l'équipe du site est ,probablement, le réseau professionnel dont elle dispose notamment le Studio Omèga pour l'enregistrement de l'album. Cependant, il semble leur manquer des partenaires pour la distribution et la promotion.

    ALL IN MY MUSIC

    Les co-fondateurs de ce site sont Béatrice Benhamou, gérante et directrice juridique

    Dominique Martini, directeurs des opérations, Eric « VDP », directeur marketing et international, Jean-philippe Benoît, directeur artistique, Denis Degioanni, Christophe Michau, stratégie internet.

    Créée en 2009, cette plate-forme musicale participative a fait le pari de lancer des artistes régionaux grâce au soutien de ses auditeurs, la société a produit le single d'un groupe toulousain « The Red Lips ».

    La start'up, créée à Sophia- Antipolis, possède un catalogue de 150 artistes et une communauté de 5000 membres (en 2010). Derrière ce projet, cinq passionnés de musique issus de l'industrie du disque et de la création d'entreprise. Ils ont été soutenus par l'incubateur public PACA Est, le conseil régional, l' INRIA et l'université de Nice.

    22

    BELGODISC

    Paul Dewachter, fondateur de Belgodisc25 définit son équipe « d'artisans professionnels qui travaillent dans la convivialité, le dialogue et la transparence des comptes ». Ils accompagnent les artistes avant, pendant et après la production. Le site de production participative choisit de mettre en lumière « un artiste de la semaine » tandis que les autres artistes, sans exception, défilent en diaporama sur la même page d'accueil afin d'éviter qu'ils ne tombent dans l'anonymat, selon eux. Ils affirment qu'à la différence de la plupart des sites de production, Belgodisc organisent des réunions avec les « internautes-producteurs », les rassemblements semestriels réunissent les artistes et les producteurs. Ces « réunions en comité restreint » permettraient d'analyser chaque production, d'en définir les points faibles et points forts, d'imaginer pour l'artiste une stratégie dans le cadre d'un plan de carrière.

    La stratégie de Belgodisc est de produire des singles 3 titres, si le single marche, il y aura la possibilité de produire l'album EP ou LP de l'artiste. L'objectif de production de Belgodisc est de 34 artistes par mois, soit une trentaine d'artistes d'ici la fin de l'année 2011.

    YOUR MUSIC HALL

    Ce site se définit comme un label indépendant et participatif qui vise la production d'artistes. Il a été créé par quatre passionnés de musique.

    Alain DOPOURIDIS est le fondateur de YOUR MUSIC HALL, il est entouré par Jean-Claude KUENTZ : directeur de la Publication, de la Production et de l'Artistique, Jean-Claude

    BENOIST : directeur du Marketing et de la Communication et Fabrice EYMERY : Directeur du département Vidéo et Coordination de la Promotion.

    S'inspirant du statut officiel de Producteur, Your Music Hall propose de « devenir Coproducteur, un statut en phase avec l'évolution des nouvelles techniques de productions musicales par Internet», selon eux.

    RESHAPE MUSIC

    Reshape-music se définit comme un label éthique et participatif. Les internautes financent le projet de sortie d'un album via le label. « En échange, ils reçoivent l'album dans une copie spéciale éditée

    25 htp:// fr.locita.com/diverissement/musique/inancement-paricipaif-une-nouvelle-plateforme-musicale-paricipaive-belgodisc/

    23

    en série limitée dans le format qu'ils choisissent (mp3, cd digipack ou vinyle) et des avantages (sérigraphie numérotée, accès backstage), avant la sortie. Grâce aux internautes, les artistes peuvent donc sortir leur album de manière professionnelle, avec un distributeur et une campagne de promotion. «Grâce aux internautes, les artistes conservent 100% de leurs droits de production. Si l'album devient un succès, ils en sont propriétaires. »

    I-SONG

    Ce label participatif est édité par E-CORP SARL, le créateur du site en France est Cédric Sauvaget, les administrateurs sont Stéphane Thomas, Charles-Henri Poniard.

    Le site s'apparente à une plate-forme de mise en ligne des créations des artistes et d'écoute en streaming, l'aspect « production » est très peu mis en avant. On y retrouve les slogans suivants :

    « Écoutez les artistes I-song, votez pour vos artistes préférés, offrez leur la chance d'être produit ».

    Peu d'informations sont données concernant l'identité des entrepreneurs, probablement étrangers.

    BETNBOOST

    Ce concept crée par Grégory Costa est accompagné par l'Insa de Lyon (école d'ingénieurs) et l'incubateur Crealys (laboratoire). Le site est inexistant (septembre 2011).

    ARTISTE A VENDRE ( ex BE YOUR MUSIC)

    Artiste à vendre est un site de financement de carrière musicale participatif destiné aux artistes phase de professionnalisation ( ayant sorti au moins un album et fait des concerts). Il est actuellement en construction. .

    JAZ'ZIL

    Le site est en cours de maintenance REMARQUES

    Les informations concernant ces sites ont été recueillies courant septembre 2011, leur évolution s'adapte au gré du marché et des concurrents. Certains sites tels que BETNBOOST, JAZ'ZIL, ARTISTE A VENDRE, par exemple, n'existent plus ou sont en cours de maintenance. Difficile d'interpréter ce fait, il peut s'agir d'un arrêt temporaire ou définitif lié à d'éventuelles difficultés (financières ou autres).

    (b) La référence : My Major Company

    Créé en 2007, le label communautaire My Major Company s'est distingué par le succès de son artiste Grégoire mais aussi par ses importants partenariats média, le tout ayant suscité l'intérêt des investisseurs, nécessaires à la stabilité financière.

    Ses co-fondateurs , issus de l'industrie de la musique se définissent comme « un vrai label », « une major des internautes », leur but ne serait pas « simplement de recueillir des fonds pour les artistes mais de les accompagner pour l'écriture du disque, la promotion et le marketing »26. MyMajorCompany revendique une audience de 150 000 visiteurs par mois et totalise 30 000 producteurs inscrits, dont un quart aurait investi sur un artiste.

    Michael Goldman est en charge du recrutement des artistes et de la partie studio au sein de MMC.

    Sevan Barsikian, ancien responsable du service artistique de BMG Publishing (Sinik, Vitaa, Ridan) dirige la partie développement promo.

    Antony Marciano, ancien directeur artistique chez Sony-BMG (Amel Bent) est responsable de la production exécutive en studio, du choix des titres.

    Simon Istolainen est en charge du développement Web, de la conception et de la mise en oeuvre marketing du site et de la stratégie.

    En permettant, pour la première fois, à 347 « internautes producteurs » de financer le single « Toi +Moi » de Grégoire dont album a été vendu à plus de 700 000 exemplaires, ces dirigeants ont suscité un intérêt des médias pour la production participative. Beaucoup d'observateurs, notamment les journalistes concentrent leur attention sur My Major Company, renforçant ainsi sa visibilité et contribuant à son essor au détriment des autres qui ont, pourtant, un principe de fonctionnement similaire. Les artistes produits par ce label prennent de l'ampleur dans le sillage musical et s'assurent une diffusion en radio presque immédiate, c'est le cas, par exemple, de Joyce Jonathan, de Thierry de Cara, d'Agonie, d'Irma et bien entendu de Grégoire.

    La réussite de MMC s'expliquerait, tout d'abord, par le parti-pris d'une pré-sélection des artistes assurée par l'équipe artistique . Mais aussi, grâce au réseau de partenaires médias, détenu par le label, qui semble important. Le label possède un réseau et carnet d'adresses important qui lui

    24

    26 htp:// www.lexpress.fr/culture/musique/les-internautes-prennent-le-pouvoir_512374.html

    25

    permettent un accès aux plateaux télé, aux radios etc. Rappelons que la promotion d'un artiste est primordiale dans une industrie de la musique qui impose à l'artiste d'être vu et entendu et au mieux de créer du buzz. Ce facteur influence fortement les ventes car les acheteurs potentiels sont attentistes à ce que leur propose la télévision, la radio, internet etc. En effet, le « consommateur » lambda de musique n'a pas pour habitude de « chiner » dans les rayons des disquaires, d'aller vers les producteurs de musique pour découvrir de nouveaux talents, il est donc très sensible à ce que lui propose les médias.

    Par ailleurs, l'ancrage du réseau de distribution Warner, partenaire du label participatif fait figure d'atout supplémentaire. En contre-partie, la major encaisse sur un « album vendu, 56% du prix de vente, les 44% restant sont partagés entre MMC (50%), les internautes producteurs (30 %) et l'artiste (20 %)27.

    Enfin, les investisseurs permettent à My Major Company une stabilité financière. En effet dans un entretien accordé à Ouest France, Simon Istolainen annonce que Stéphane Courbit, l'ancien patron d'Endemol aurait l'intention d'injecter « au minimum 3 millions d'euros, via sa structure d'investissements Financière Lov, au jeune label, sur les trois ans à venir, en échange de 49 % du capital »28. Cette opération valorise la start-up à « 10 millions d'euros, le reste du capital est détenu par les quatre cofondateurs (Sevan Barsikian, Anthony Marciano, Michaël Goldman et Simon Istolainen) et le fond HP Communications qui avait investi 250 000 euros pour l'amorçage de la société »29. Pierre angulaire du « système » de la production communautaire, l'apport financier a permis, dans le cas de MMC, des levées de fonds pour atteindre la jauge financière déterminée, en complément de la mise des internautes-producteurs. Cet investissement a soutenu les projets d'internationalisation, notamment celui de l'Angleterre, cible prioritaire de la la start-up qui exporte ainsi son concept. Pour ce faire, le label a sollicité les conseils d'Alain Levy, P-DG de la major britannique EMI, mais sur ce marché, MyMajorCompany devra affronter la concurrence de Slicethepie, site similaire. Toutefois, souligne Simon Istolainen, « aucun des sites concurrents présents sur le marché britannique n'est un véritable label qui produit et finance des artistes. Et surtout aucun n'a connu un succès commercial comme nous l'avons fait avec Grégoire. Le défi est donc de dénicher le bon artiste. »

    27 htp:// madame.leigaro.fr/loisirs-et-voyages/enquetes/397-demain-tous-producteurs/3, Sandra de Vivies

    28 idem

    29 htp:// www.zdnet.fr/actualites/musique-stephane-courbit-invesit-dans-mymajorcompany-39386379.html

    26

    2) Les atouts du modèle

    (a) L'investissement raisonnable : « valeur refuge » dans un contexte de crise

    La production participative apparaît comme une valeur refuge en temps de crise de l'industrie phonographique, en effet c'est un moyen de sécuriser l'investissement sur la production en amont. Rappelons que My Major Company, le label communautaire considéré comme « leader » sur le marché de la production participative a été créé en 2007 en pleine crise financière. Ses trois fondateurs, Sevan Bariskian, Michaël Goldman et Anthony Marciano, dressent un constat : les maisons de disque ne signent plus de jeunes artistes, avec une tendance à s'intéresser aux chanteurs ou aux groupes musicaux confirmés, parce qu'elles en n'ont plus les moyens. Or, internet a permis la découverte de talents. "De ce paradoxe est née l'envie de fonder notre propre major avec l'aide des internautes, en les faisant participer à la production, en mutualisant les risques mais aussi les revenus quand il y en a"30, explique Sevan Bariskian.

    Par ailleurs, l'économie du cinéma ou du théâtre étant plus complexe par son mode de financement, par ses retours sur investissement puisque, par exemple, dans le 7 e art, on parle en millions d'euros. Les risques sont donc plus importants dans certains domaines artistiques, la production communautaire dans la musique apparaît pour les entrepreneurs plus opportune31.

    Le foisonnement de plate-formes de production participative est significatif du « potentiel de ce marché qui accompagnent les jeunes artistes ou groupes musicaux ». En effet, « En 2009, les labels participatifs ont poussé comme des champignons. Aveuglés par le succès (unique) de MyMajorCompany. » 32

    De plus, le « système » ou modèle économique de la production participative ne nécessite pas un lourd investissement financier dans la mise en oeuvre du site. Selon Paul Dewachter, fondateur de Belgodisc, « les dépenses de fonctionnement de Belgodisc se limitent aux frais de gestion, d'administration générale et de la représentation. Ce qui représente 27% du budget d'une production dont 3% environ découlant des frais liés aux transactions (cartes de crédit et Paypal) »33.

    30 htp:// www.franceculture.com/2011-05-14-le-mecenat-culturel-en-crise.html

    31 Mohammed Aissaou, L'argent n'est pas le moteur, Le igaro, 21 octobre 2010

    32 htp:// label-musicom.over-blog.com/aricle-label-paricipaif-re-venons-a-la-musique-50427868.html

    33 htp:// fr.locita.com/diverissement/musique/inancement-paricipaif-une-nouvelle-plateforme-musicale-

    paricipaive-belgodisc/

    27

    Cependant, pour perdurer le site doit être entouré de solides partenaires et investisseurs car toute production n'est pas, bien entendu, synonyme de vente du disque. L'une des difficultés, selon Paul Dewachter, fondateur de Belgodisc, serait la procédure de sécurisation des paiements. Il affirme : « les conditions d'octroi sont strictes et le codage en rebuterait plus d'un ! »

    (b) Le public au coeur du système : une « philosophie » qui fait vendre

    Ces « e-majors » sont nées d'une philosophie qui tend à s'affranchir du circuit classique de l'industrie du disque, des majors regroupées en oligopole sur le marché. De plus, elles revendiquent le fait de « donner » aux « internautes-producteurs » la possibilité de choisir une création. Cependant, certains observateurs y voient une technique d'astroturfing, c'est à dire le fait de dissimuler des intentions commerciales en prétextant l'intérêt du public. En effet, il est vrai que certains sites possédant un réseau professionnel important et des investisseurs pourraient se dispenser des mises apportées par les internautes, mais cela reviendrait à se priver d'un

    « formidable » échantillon de consommateurs potentiels et de la légitimité d'un public.

    Le producteur internaute ne serait pas recherché pour sa mise d'argent mais plutôt pour accréditer un artiste, ainsi on pourra dire « c'est le public qui l'a produit donc qui l'a choisit ». Il deviendrait plus « légitime » que l'artiste produit par la major, cette opposition entre le choix du public et celui des majors est perceptible dans l'imaginaire du public. Cette représentation profite donc aux sites de production participative.

    3) Rouages du « système » et fonctionnement

    (a) Les fondements

    Les labels communautaires sont le résultat des possibilités offertes par le Web 2.0, terme qui désigne l'ensemble des techniques, des fonctionnalités et des usages du World Wide Web, en particulier les interfaces permettant aux internautes ayant peu de connaissances techniques de s'approprier les nouvelles fonctionnalités du web. Dans le Web 2.0, l'internaute devient acteur en alimentant les sites en contenu, comme les blogs, les wikis (en collaboration avec d'autres internautes), voire des dispositifs très rigoureux de type « science citoyenne ». On retrouve actuellement pléthore de sites dits « participatifs » dans des domaines divers, citons par exemple Agoravox pour le citoyen- journaliste, Wikipédia etc.

    28

    L'expression « Web 2.0 » a été utilisée par Dale Dougherty en 2003, diffusée par Tim O'Reilly en 2004 et consolidée en 2005 avec l'article de ce dernier « What Is Web 2.0 ». En 2007, elle s'impose dans le microcosme scientifique qui s'approprie cet acquis.

    La « production communautaire », « production participative » ou « financement participatif » désignent l'application des méthodes combinées du crowdsourcing, il s'agit, dans ce cas précis, des artistes qui mettent en ligne leur création et du crowdfunding (ou encore financement par la foule) incarné par les « internautes-producteurs ».

    L' « internaute-producteur » constitue un « acteur » de la communauté, il échange avec cette dernière, alimente ses réseaux sociaux dans le but de donner son avis par le post de commentaires. En somme, il apparaît être un formidable « outil » de communication en faveur de la production participative et plus particulièrement pour les artistes soutenus.

    Cependant, l'internaute, ici, n'est pas désintéressé puisqu'il est explicitement informé de la contrepartie financière ou du service escompté à l'issue de la production de l'album ou du single.

    La survie des sites de production participative dépend des stratégies de communication, la meilleure d'entre elles serait le succès de vente d'un artiste produit par les internautes, comme ce fut le cas pour Grégoire. Après consultation de ces sites, on comprend l'importance de la communication qui permettrait d'amener du flux. En effet, plus le nombre de visiteurs est important, plus la potentialité d'inscription des nouveaux internautes-producteurs est forte. Bien que les investisseurs puissent intervenir en amont du lancement de la start'up, la plupart sont nettement plus intéressés à partir du moment où le site fait ses preuves. Dès lors, la stabilité financière que les investisseurs amène permet de finaliser la production du disque d'un artiste, de développer le concept à l'étranger ou encore d'acheter des encarts publicitaires. Bref, autant d'initiatives qui consolident l'entreprise et lui permettent de s'inscrire dans la durée. Enfin, même si cela n'est pas crié sur les toits, les intérêts émanant du placement des mises des internautes-producteurs constituent une ressource financière supplémentaire pour les sites de production participative.

    L'aspect « développement de relations privilégiées » entre l'internaute, l'artiste et le site est crucial, chaque site s'efforce de créer une « ambiance amicale » et de valoriser les « internautes-producteurs » avec des attentions particulières qui contribuent à renforcer l'idée de « club privilégié ».

    29

    (b) Comment ça fonctionne ?

    Dans l'ensemble, le mode de fonctionnement des sites de production participative est similaire. Cependant, ils se distinguent par certains aspects notamment la mise en place d'une pré-sélection, le pourcentage et la durée de rémunération sur les ventes du disque, les contre-parties et avantages accordés aux internautes ( invitation aux show-cases, figuration dans un clip, accès aux coulisses du concert de l'artiste produit etc.).

    Ces labels communautaires développent deux concepts distincts :

    - Le financement d'un album offrant du contenu exclusif à l'investisseur. Cet investissement leur donne droit à un grand nombre de contenus exclusifs. Par exemple, l'internaute pourra assister à l'enregistrement de l'album, aux répétitions et se verra offrir des partitions ou des cours de musique personnalisés pour jouer les chansons de son artiste préféré. C'est le cas par exemple du site Artishare.

    - Le financement d'un album offrant une part des bénéfices à l'investisseur.

    C'est le cas des sites comme MyMajorCompany, Spidart ou encore NoMajorMusik qui proposent à l'internaute de financer l'album d'un artiste et de toucher une partie des revenus générés par la vente de ce même album.

    La visée de la plate-forme est de réunir l'artiste et les internautes, les protagonistes sont donc invités à créer un compte. Comme dit, précédemment, l'artiste peut être soumis à une sélection effectuée par la « direction artistique ».

    Concrètement, les artistes mettent gratuitement à disposition leur « portrait », leurs oeuvres sous forme de fichiers musicaux pouvant être écoutés en streaming. Les sites de production participative se transforment en plate-formes de vente de fichiers numériques. Les internautes, en investissant, achètent donc une part du budget de financement de l'artiste, il devient une sorte de « coproducteur ». Une somme palier est fixée à l'origine.

    Une fois la jauge exigée atteinte, l'enregistrement,mix, mastering du single ou de l'album sont effectués en studio, s'en suit le tournage du clip. Parallèlement, une distribution numérique du titre a lieu et les réseaux-partenaires pour la diffusion et la promotion sont activés. Enfin, l'album est distribué dans le cas des sites ayant un contrat avec une maisons de disque. Au final, les bénéfices des ventes du disque sont partagés entre l'artiste, le site et les internautes-producteurs. La somme

    exacte que reçoit chaque « internaute-producteur » dépend du nombre de parts qu'il a achetées. En général, l'argent misé par les internautes sert à financer l'enregistrement, la fabrication, la distribution et la promotion du disque.

    Au vu des informations recueillies, il semblerait que le fonctionnement des sites de production communautaire soit semblable à celui des majors. En effet, on s'aperçoit que peu de risques artistiques sont pris, la sélection opérée par la direction artistique tient compte des tendances actuelles, de celles qui « marchent ».

    Voilà le paradoxe de ces sites, ils prétendent faire émerger de nouveaux talents mais en réalité leur fonctionnement est similaire à celui des maisons de disques qui ne prennent guère de risques et se concentrent sur l'artiste qui pourrait « faire vendre » au détriment de l'originalité susceptible d'intéresser un petit nombre, par exemple.

    B) ELEMENTS DU CADRE SOCIOLOGIQUE DE LA PRODUCTION PARTICIPATIVE

    1) L'engouement de la société pour le web 2.0

    Cette partie ne prétend en aucun cas exposer de façon exhaustive les facteurs sociologiques ayant pu favoriser le développement du « phénomène » de la production participative. Elle vise à contextualiser l'objet d'étude en s'attardant sur quelques paramètres émanant de la société et expliqués par des spécialistes (sociologues, chercheurs etc.)

    Selon l'observatoire des Usages Internet34 qui a étudié l'évolution de la population internaute et les usages des Français en matière d'Internet, la France serait « accro aux sites communautaires », en effet les internautes vivant en France en sont de plus en plus adeptes. Ces derniers permettent de mettre en relation des internautes partageant des centres d'intérêts communs, comme par exemple les goûts musicaux, des passions ou encore un réseau professionnel.

    Bien que l'observatoire n'est pas élargi son étude aux plateformes communautaires de crowdsourcing (« approvisionnement par la foule ») et de crowdfunding (« financement par la foule ») que sont les sites de production participative, ce constat sociologique favoriserait leur développement. En effet, au 2ème trimestre 2008, 5.2 millions de personnes sont inscrites sur un site communautaire, soit une augmentation de 14% par rapport au trimestre précédent.

    30

    34 htp:// label-musicom.over-blog.com/aricle-la-france-accro-aux-sites-communautaires-50476913.html

    Globalement, ce sont 15,9% des internautes qui sont inscrits sur au moins un de ces sites. En juin 2008, 32.3 millions de personnes, de 11 ans et plus se sont connectées à Internet au cours du dernier mois, soit une progression de 5 % en un an ; soit aussi plus de 6 personnes sur 10 (61,1%) reliées à la toile.

    Les sites de production participative répondraient donc à une demande au vu de l'engouement des internautes pour les sites communautaires. En somme, l'appropriation rapide des outils du web 2.0 par la société serait le résultat de la convergence entre une l'évolution technologique et l'attente sociologique.

    S'ajoute à ce fait, la tendance de « la culture de la participation » dont témoigne « la démocratisation du web 2.0 ».

    2) « La culture de la participation »

    Les sites de production baignent dans un contexte sociologique favorable qu'est « la culture participative », elle peut être définie comme cette tendance à la participation de l'individu au sein d'un collectif. Devenue un modèle de société, voire un mode de vie s'apparentant à une nécessité, elle reflète une société individualiste qui tend à affirmer son existence. De plus, les consommateurs actuels, de plus en plus exigeants, ne veulent plus acquiescer un « système » mais être des acteurs à part entière, chose permise par la production participative. L'individu devient un actif, un participant, il affirme ses choix au nom du « respect de sa personne ». C'est ce qui se constaterait dans toutes les démocraties abouties.

    Par ailleurs, cette « culture de la participation » est vu par Joël de Rosnay35 comme l'un des facteurs de l'émergence du « pronètariat », en effet « l'arrivée de nouvelles technologies typiques de la culture Internet et venant à la rencontre de l'aspiration de la société à des formes d'organisation plus participatives . Un besoin de participation lié à des facteurs positifs (comme l'augmentation du niveau culturel global), mais aussi négatifs (comme la crise de la démocratie représentative).

    A travers cet « univers commercial parallèle à celui des firmes classiques » que pourrait être la production participative, il s'agit selon l'auteur « d'une révolution pronétarienne d'abord sociétale avant d'être économique ».

    31

    35 De Rosnay Joël, La révolte des pronétariat, des mass média aux média des masses, Fayard, 2006

    32

    Dans la préface du livre d'Andrew Keen36 qui traite de l'impact destructeur de la révolution numérique sur notre culture et nos valeurs, Denis Olivennes explique, à ce sujet, « que ce n'est pas Internet qui invente cela. Le mouvement profond est , celui sociologique, d'accomplissement de la société démocratique, égalitaire et individualiste, anti-autoritaire, anti-hiérarchique. Mais Internet est venu comme par enchantement traduire, rendre possible, amplifier une nouvelle étape de ce développement, à la fois merveilleux et funeste que Tocqueville a le premier décrit »

    Partant de cette analyse, il semblerait que la production participative dans la musique répondrait à « la frustration » de l'amateur qui aspire à être « un professionnel », mais aussi à affirmer son existence par le choix d'un artiste moyennant finance. Concernant ce dernier point, Andrew Keen explique qu'« au lieu d'utiliser Internet pour nous informer et nous cultiver, nous cherchons à ETRE nous-mêmes des sujets d'information et des objets de culture ».

    3) Paradoxe : développement de la production participative en plein « âge

    d'or » de la gratuité.

    Le « culte de la gratuité » qui émane du « sacre d'Internet », selon Denis Olivennes37, semble côtoyer le système de la production participative qui permet le financement de l'album d'un artiste. En effet, alors que la gratuité suscite la crainte d'une « démonétisation » des oeuvres qui entraînerait la dévalorisation de «ceux qui les créaient et les produisent », des comportements d'internautes qui payent pour soutenir un créateur sont constatés à travers la production communautaire. C'est la réponse qu'il n'y a pas de fatalité et qu'il est encore temps de « réapprendre » à l'internaute à « acheter » une oeuvre, encore faut-il agir sur ce qui est de l'ordre de l'affect et non pas donner l'impression d'une privation de liberté.

    Nicolas Auray, maître de conférences en sociologie à l'Ecole nationale supérieure des télécommunications, explique dans son article Le prix à l'épreuve de la gratuité : le cas des biens culturels38 que « les biens culturels, proposés sur internet deviennent non exclusifs, au sens où il est tout à fait possible d'en jouir sans payer. Et puis, ce sont des biens « particuliers » également, parce qu'ils sont des biens d'expérience. Leur valeur ne peut pas être estimée au moment de l'achat».

    36 Andrew Keen, « le culte de l'amateur, comment Internet détruit notre culture » Scali impr. 2008

    37 Olivennes Denis, La gratuité, c'est le vol : quand le piratage tue la culture , B. Grasset impr, 2007

    38 Nicolas Auray, "La gratuité et la culture", in Actes des ateliers de la DGCCRF , "Le prix a-t-il encore une valeur?", 2010

    33

    Le propos de l'auteur pourrait être élargi au téléchargement illégal, possibilité offerte par le Peer to Peer ou encore aux sites proposant l'accès aux biens culturels via le streaming.

    Se dresse le constat d'une société qui accepte difficilement de payer un bien culturel, ce qui entraînerait une perte de la « valeur » de la création, dans ce cas précis de la musique. Le propos, ici, n'est pas d'affirmer une quelconque sous-estime de l'Art par les consommateurs, mais plutôt de pointer les conséquences d'Internet dont la «philosophie » est l'accessibilité à tous, la gratuité.

    A ce propos, David Carzon, rédacteur en chef du pôle web d'ARTE France affirme qu' « Il y a donc bien un problème spécifique lié à la valeur de la musique »39. Selon une étude mondiale dévoilée au premier jour du Midem, la musique est le passe-temps numéro un des 8.500 personnes interrogées dans 13 pays différents. 63% sont passionnés de musique contre 6% qui n'en ont rien à faire. Et s'ils sont un tiers à télécharger illégalement, ils sont de plus en plus nombreux à utiliser le streaming (Spotify ou Deezer pour la France).

    Dans ce contexte, la production participe soulève un paradoxe « les internautes ne paient plus la musique, mais voilà qu'ils la financent »40

    Un fait qui laisserait penser que cette production, qui appelle au financement des internautes-producteurs, pourrait atténuer le piratage ou téléchargement illégal. Cependant, la production communautaire dont la vocation n'est pas d'être une solution au piratage, ne pourrait modifier les habitudes des consommateurs de musique mais fait figure d'initiative pouvant responsabiliser « l'internaute-producteur » vis-à-vis de la création musicale. En effet, on peut avoir téléchargé illégalement et vouloir s'inscrire sur un e-label communautaire, sans pour autant que ces deux activités paraissent contradictoires pour l'internaute.

    A ce sujet, Guillaume Rostain, cofondateur de NoMajorMusik ( BuzzMyBand) explique qu'il n'y a pas de contradictions entre les habitudes de piratage et le fait de mettre la main au portefeuille pour produire de la musique en affirmant : « Le phénomène du piratage n'est absolument pas incompatible avec le fait de financer un artiste. De même que les gens qui téléchargent illégalement achètent aussi les titres qu'ils aiment ».

    Bien que peu de spécialistes ne se soient intéressés au lien entre production participative et gratuité, cette dernière pourrait être un argument favorable au développement de la première. En effet, démocratiser cet acte d'investissement, de « mécénat » dans le but de soutenir la création musicale

    39 htp:// www.slate.fr/story/16249/hadopi-musique-gratuite-telechargement-midem / Lundi 25 janvier 2010

    40 htp:// madame.leigaro.fr/art-de-vivre/demain-tous-producteurs-241108-25773 Sandra de Vivies, 24 novembre

    2008

    34

    pourrait favoriser des comportements d'utilisateurs « responsables ». Ainsi, l'investissement affectif et financier de « l'internaute-producteur » pourrait influer son rapport à la création musicale. En devenant un acteur financier dans la production de l'album et donc en étant un maillon dans la chaîne de l'industrie de la musique, l'internaute en tant qu'un acteur financier se sentirait investi d'une responsabilité vis-à-vis de la création musicale. Car, il a le pouvoir de choisir son artiste en contrepartie d'un montant non imposé.

    Par ailleurs, Nicolas Auray affirme que « le prix doit probablement aujourd'hui se déplacer vers un bien qui incorpore une grande partie de services et probablement aussi un bien qui incorpore des communautés, c'est-à-dire la possibilité donnée aux consommateurs d'appartenir, de s'identifier et d'exprimer des valeurs communautaires ».

    Comme dit précédemment, la production participative ne pourrait à elle seule être la solution aux effets néfastes de la gratuité sur l'industrie du disque. Cependant, les fondateurs de ces sites n'hésitent pas brandir cet argument, ils espèrent notamment de la part de l'État une défiscalisation des bénéfices ( le retour sur investissement).

    35

    C) ELEMENTS DU CADRE JURIDIQUE

    1) Analyse des « conditions générales d'utilisation » des sites de production

    participative

    Cette analyse concerne les « conditions générales d'utilisation » des sites suivants : My Major Company, Buzz My Band et All In My Music.

    Si le mode de fonctionnement de la production participative est relativement simple et limpide, beaucoup d'inconnues entourent les droits et les devoirs des parties ( le site de production, l'internaute et l'artiste). Cependant, ce modèle de production ayant pris de l'importance, depuis deux-trois ans, dans le sillage de l'industrie phonographique, il s'est donc doté de « conditions générales » plus précises. En préambule de cette sous-partie, il est important de préciser qu'aucun contrat ne lie « l'internaute-producteur » et le site. Le contrat entre l'artiste et le site intervient une fois que la jauge est atteinte.

    Droits et obligations des artistes

    La cession des droits (droits cédés par l'artiste à l'éditeur) Buzz My Band

    « L'artiste reste titulaire des droits patrimoniaux sur l'oeuvre, mais il s'engage, pour une durée qui ne saurait être inférieure à douze (12) mois, à en accorder, sous forme de licence, l'exclusivité de diffusion et de promotion à l'éditeur »41. Buzz My Band se définit comme un « éditeur » en charge de la diffusion de l'oeuvre. L'artiste est rémunéré à chaque utilisation de son oeuvre (droits patrimoniaux), il doit accorder au site, sous forme de licence, l'exclusivité de diffusion (diffusion numérique sur le site (BMB), sur les plate-formes de vente en ligne (Itunes, Fnac music etc.), diffusion audiovisuelle (radio, télévision, vidéo musique), représentations, concerts etc.). Cette licence accordée, s'apparente au « contrat d'enregistrement exclusif » qui confère le droit d'exploitation du titre produit à l'éditeur. En échange, l'artiste devrait percevoir des royalties.

    A ce propos, il est précisé que « l'éditeur s'engage à affecter à l'Artiste 40 (quarante) % d'une assiette constituée des Revenus Nets générés sur toutes les plateformes sur lesquelles le titre ou l'album en question sera en vente sous déduction, selon le cas, soit du Budget Single, soit du Budget Album. »

    41 htp:// www.buzzmyband.com/page/Condiions-generales-duilisaion

    36

    All In My Music

    « Il est précisé que All In My Music sera seul propriétaire des droits corporels et incorporels attachés aux phonogrammes ainsi enregistrés et qu'il en sera le seul producteur au sens de l'article L213-1 du code de la propriété intellectuelle »42. A travers cette condition, All In My Music jouit du même droit qu'un producteur « classique » en vertu de l'article qui stipule que « Le producteur de phonogrammes est la personne, physique ou morale, qui a l'initiative et la responsabilité de la première fixation d'une séquence de son. L'autorisation du producteur de phonogrammes est requise avant toute reproduction, mise à la disposition du public par la vente, l'échange ou le louage, ou communication au public de son phonogramme autres que celles mentionnées à l'article L 214-1. ».

    My Major Company

    « L'Artiste concède à MY MAJOR COMPANY, à titre exclusif et gracieux, pour le monde entier et pour toute la durée des présentes, les Droits tels que précisés ci-dessous »43. Ce sont les droits de reproduction, droits de représentation et d'adaptation , droits de diffusion (sur le site etc.)

    il « autorise en outre expressément MY MAJOR COMPANY à assurer la promotion et/ou la publicité du Contenu, et à diffuser avec les Contenus des messages publicitaires, commerciaux et/ou promotionnels relatifs à des produits ou services de tiers. » L'exclusivité interdit à l'artiste « d'être présents sur des plateformes concurrentes le temps du contrat. »44

    Droits et obligations de « l'internaute-producteur »

    En tant que non- professionnel de la production phonographique, « l'internaute-producteur» n'est pas censé connaître le contexte de crise du disque qui se concrétise par une baisse des ventes et qui minimise le retour sur investissement. Si certains sites évoquent ce risque, d'autres le font de façon plus vague, voire l'occultent complètement.

    On peut lire, par exemple, dans les conditions générales d'utilisation de My Major Comapany : « L'Internaute-Contributeur est averti et comprend que les processus liés au développement d'Artistes sont des processus longs et imprévisibles, pouvant durer plusieurs années et dépendant notamment de la capacité de l'Artiste à enregistrer un Album complet ou un Ouvrage définitif et de

    42 htp:// www.allinmymusic.com/cgu.php

    43 htp:// www.mymajorcompany.com/condiions-pariculieres-aristes/

    44 htp:// www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-album.php

    37

    l'accueil réservé par les médias (radios, presse, etc.) et le public à un Album ou à un Ouvrage. »45

    De plus, l'information concernant le délai d'attente qui peut s'élever à plusieurs années est parcimonieuse dans certains cas, car si les cas de production rapide (deux semaines) existent, le risque qu'un artiste ne soit jamais produit est également réel.

    Tout internaute-producteur peut demander le remboursement de sa mise, qui lui sera restituée après déduction des frais bancaires. « La somme versée à l'Internaute-Contributeur par virement pourra être diminuée d'un montant variable correspondant au montant des frais bancaires liés à ce virement. L'Internaute-Contributeur sera dûment informé, préalablement au virement sur son compte bancaire, de ces frais. »46

    Le pourcentage sur les ventes du support physique et numérique attribué aux parties (site, artiste, internaute) est clairement défini, c'est une information accessible. Mais, derrière ce semblant de transparence, les sites peuvent, pour des raisons qui leur sont propres, effectuer des prélèvements financiers. Par exemple dans les conditions générales d'utilisation de All In My Music, on lit que « 10 % du budget », c'est à dire de la somme des mises des internautes pour la production « sera payé à AIMM en tant que producteur exécutif. ». Donc, en amont du processus de production pour lequel les fonds ont été levés, AIMM, en tant que producteur exécutif, s'attribue un pourcentage de 10 %. Le site bénéficiera, par la suite, de 34% sur les ventes. Certes, ces particularités de gestion des finances sont très clairement précisées dans les conditions de certains sites, cependant la plupart continue à marteler l'argument de « l'équité dans le partage des revenus » qui rappelons le proviennent des mises des internautes.

    Par ailleurs, aucune information concernant les flux financiers n'est donnée : quel est le taux d' intérêts du « compte-tiers » dans lequel les mises des internautes sont placées ? Quelle est l'utilisation des intérêts perçus ?

    On peut lire dans les conditions générales de My Major Company : « Compte tenu des coûts qu'engendreraient le calcul des éventuels intérêts dus à chacun des Internautes-Contributeurs et leur redistribution, ainsi que du caractère modique des montants concernés, l'Internaute-Contributeur accepte que les éventuels intérêts rémunérant le Compte de Tiers soient automatiquement reversés à MMC. »

    Au vu des conditions générales d'utilisation de ces sites, l'internaute-producteur s'apparente à un « actionnaire » puisque son rôle principal est financier, même s'il peut être consulté sur l'aspect

    45 htp:// www.mymajorcompany.com/condiions-pariculieres-internautes-contributeurs/

    46 idem

    38

    artistique. De plus, le retour sur investissement est limité dans le temps (deux à dix ans). Droits et obligations du site de production

    Les engagement de L'Editeur Buzz My Band ont « lorsque, les mises de fonds effectuées par les Partenaires (internautes) ont, atteint selon le cas, le montant du Budget Single ou celui du Budget Album :

    1. A faire signer un contrat d'artiste à l'Artiste.

    2. A faire enregistrer par l'Artiste le ou les titres, selon le cas, en studio.

    3. A mettre en vente le titre ou l'album en ligne sur le site BuzzMyBand.com ou tout autre site que l'Editeur pourrait agréer.

    4. A promouvoir le titre ou l'album sur BuzzMyBand.com et via tout média que L'Editeur jugera satisfaisant.

    Les sites de production participative se réservent le droit d'arrêter la production d'un artiste si ce dernier n'a pas atteint la jauge fixée un an après son inscription ; « Sans préjudice de cette même faculté pour l'Editeur, si, à l'expiration d'un délai de 12 (douze) mois suivant l'ouverture du Compte Dédié, le solde créditeur de ce dernier n'a pas atteint le montant du Budget Album, les sommes investies par les Partenaires seront recréditées à leur Compte Ordinaire respectif. Cette clause tend à se généraliser dans les conditions générales.

    Après analyse d'une partie des « conditions générales d'utilisation », les « personnes

    morales » qui dirigent les labels communautaire suivants : My Major Company, Buzz My Band, All In My Music jouissent des mêmes droits qu'un producteur ( article L213-1 du code de la propriété intellectuelle ) et qu'un éditeur de l'industrie phonographique « classique ».

    2) Avis des avocats

    Dans une interview accordée à Musique Info.com47, Julie et Benjamin Jacob, associés au sein du cabinet d'avocats PDGE à Paris, soulignent qu'il est, actuellement, difficile de savoir qui est ou qui sont les producteurs des artistes proposés par les sites de production : « Le financement mis en oeuvre par la production participative implique donc de nouvelles approches contractuelles désormais très éloignées des modèles utilisés depuis plusieurs années. L'innovation juridique est donc de rigueur dans ce domaine ! »

    47 htp:// www.pdgb.com/upIoads/tx_pdgbbdd/Janvier_2009_JJ_BJJ_Musique_Info_Les_contrats_proposes_par_Ies_ sites_de_producion_paricipaive.pdf

    39

    Ce « système » de la production participative, qui nécessite un cadre juridique spécifique à innover, propose actuellement des chartes d'utilisation, qui explicitent très clairement le principe mais qui semble faire l'économie d'une information juridique. Il est donc difficile de distinguer très clairement les prérogatives et droits du « producteur éditeur du site » ainsi que ceux du

    « producteur-internaute ». Dans l'hypothèse d'un conflit entre l'éditeur du site et le producteur internaute, se poserait la question de savoir qui est le producteur devant la loi, au sens juridique. Il manque, aujourd'hui, des éléments d'informations qui permettraient à chacun de prendre

    conscience de son statut dont découlent des droits et des obligations. Ce flou juridique s'explique par le stade de balbutiement de la production participative, elle nécessite donc un cadre juridique à définir, à innover.

    En effet, si l'on se réfère à l'article L.231-1 susvisé qui stipule que le producteur est celui qui prend le risque financier, il pourrait être considéré de prime abord que l'éditeur du site de production n'est pas le producteur.

    Or, l'éditeur du site engage des efforts et des investissements avant la production effective de l'enregistrement, notamment pour la direction artistique et le suivi de la production.

    L'éditeur du site web intervient, au moins en partie, comme producteur, voire comme distributeur puisqu'il assure la mise à disposition du public des titres musicaux.

    Les internautes, qui investissent également dans la production d'un artiste, quel que soit le montant investi, pourraient revendiquer la qualité de coproducteurs, puisqu'ils assument un risque financier en prenant en charge les coûts d'enregistrement, même s'ils ne participent pas directement à l'exploitation et à la promotion du titre. Ils ne sont en outre écartés du processus de production, dès lors qu'ils peuvent être invités à se prononcer, par vote, sur certains choix artistiques.

    A ce titre, les internautes sont évidemment récompensés de leur soutien, puisqu'en cas de production d'un single, ou d'un album, ceux-ci se partageront, selon le site, une part comprise entre 30 et 40% des recettes correspondantes.

    Ceci dit, compte tenu des difficultés de gestion qu'implique le statut de coproducteur (notamment au regard de l'exercice des prérogatives patrimoniales et de la perception de la licence légale ou de la rémunération pour copie privée), les éditeurs de sites de production participative semblent revendiquer seuls la qualité de producteur phonographique au sens de l'article L.213-1 DU Code de la Propriété intellectuelle.

    40

    II. LA PRODUCTION

    PARTICIPATIVE A

    L'EPREUVE DE LA

    QUESTION ARTISTIQUE :

    BENEFICES ET

    CRAINTES SUSCITEES

    PAR LE MODELE ?

    41

    II. LA PRODUCTION PARTICIPATIVE A L'EPREUVE DE LA QUESTION ARTISTIQUE : BENEFICES ET CRAINTES SUSCITEES PAR LE MODELE ?

    A) UNE SOLUTION POUR LES ARTISTES DANS UN CONTEXTE DE CRISE DE L'INDUSTRIE PHONOGRAPHIQUE?

    1) La production communautaire : un tremplin pour les artistes ?

    (a) Témoignage d'artistes

    Face à la fébrilité des maisons de disques qui limitent le risque dans un contexte de crise du disque, la production participative et plus généralement Internet apparaissent pour les artistes comme un véritable « outil » pour se faire connaître. En effet, l'artiste dénué de réseau professionnel et d'expérience dans le milieu musical (concerts etc.) peut « émerger » grâce à ce modèle économique. De plus, selon Michaël Goldman, co-fondateur de My Major Company, les labels communautaires seraient plus rémunérateurs pour les créateurs : « Les majors reversent entre 7 et 10 % des ventes sur les disques, coûts de distribution inclus. Nous leur reversons une part supérieure de 14 % sur les ventes. »48

    Interrogé, dans le cadre de ce mémoire, David Gourmandie, manager du groupe « The Enjoys » affirme que « l'inscription des artistes sur le site (Buzz My Band) a été un tremplin »49 . Il ajoute « c'est un tremplin, à l'heure actuelle c'est ça ou rien pour les artistes ! »50

    Les labels communautaires apparaissent comme une réponse à l'attente des créateurs. En effet, Guillaume Rostain, co fondateur de NoMajorMusik (ancien Buzz My Band) a affirmé « Nous nous sommes lancés le 24 décembre, et nous avons été surpris du succès rencontré. A croire que les artistes attendaient devant notre porte. Aujourd'hui, nous avons 350 artistes et plus de 500 chansons »

    48 htp:// nicolas-dehorter.suite101.fr/la-producion-paricipaive-dans-la-musique-a9397

    49 Cf annexe (entreien semi direcif, David Gourmandie, manager du groupe The Enjoys)

    50 idem

    42

    Dans un contexte de crise de la musique, les sites de production participative apparaissent comme une solution d'appoint et comme des partenaires « potentiels » pour les sociétés de production. Par exemple, les producteurs de Mademoiselle K ont sollicité les internautes de BUZZMYBAND afin d'aboutir la production du single de l'artiste. Cette « co-production » entre « la filière

    participative » et « la production classique » tend à se généraliser et démontre la capacité de la production communautaire à être un soutien, avant tout financier, à la création musicale.

    Damien Durou, membre du groupe The Vernon Project inscrit sur le site Buzz My Band (à l'époque NoMajorMusik) explique ses motivations : « Je fais de la musique depuis un moment, chez moi j'ai un petit home studio, mais je faisais ça sans beaucoup de retour. J'ai entendu parler de ces labels communautaires, qui sont un moyen de faire connaître sa musique mais surtout d'avoir un retour plutôt objectif. Il y avait deux ou trois sites, j'ai choisi NoMajorMusik car il n'y avait pas de sélection à l'entrée et on sentait chez eux l'envie de faire bouger le système musical. »51

    Après avoir atteint la jauge des 3000 €, grâce aux internautes, pour l'enregistrement du single et la promotion, le groupe The Vernon Project a rencontré l'équipe de NoMajorMusik. « Ils nous proposaient d'enregistrer dans un studio parisien, Ramses, avec qui ils ont un partenariat. De mon côté, je viens du Sud-Ouest et je fais partie d'une association qui a pas mal de contacts avec le groupe Noir Désir. De là, j'ai rappelé NoMajorMusik pour leur dire que je préférais travailler avec ces gens-là, et ils ont été ravis. Tout le monde avait tout à y gagner. Ils ne m'ont jamais rien imposé. Pour tout ce qu'on fait, c'est toujours dans la concertation. »52

    Margaux Simone, artiste « folk-pop » produit par les internautes de My Major Company raconte son parcours jusqu'à la production participative : « J'avais une maquette avec 4 titres donc je m'étais décidée à démarcher les maisons de disques. (...) un ami m'a dit qu'il avait des copains qui venaient de monter leur label, que ça allait cartonner car c'était une idée innovante. Il m'a dit qu'il fallait absolument que j'aille les voir. Grégoire n'avait pas encore atteint sa jauge c'était vraiment les débuts. J'y suis allée et j'ai signé dans la journée. »53

    Margaux Simone, produite par 900 producteurs, a sorti son premier album « Nana ».

    51 htp:// www.01men.com/editorial/382527/musique/

    52htp:// www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-album.php

    53 htp:// coulissesmedias.com/interview/margaux-simone-na-na-my-major-company

    (b) Un système, générateur de désillusions

    Atteindre la jauge fixée pour être produit n'est pas chose suffisante. Il faut, par la suite, assurer « la visibilité » de l'artiste grâce aux partenaires-médias, en claire un carnet d'adresses important est nécessaire. Certains artistes ont pu être financés, rapidement, par les internautes sans pouvoir « fructifier » ce soutien, par la suite, car les médias n'ont pas répondu présent.

    Le « système » de production participative est ouvert à tous les artistes qui peuvent, sur certains sites, faire l'objet d'une pré-sélection (Belgodisc et My Major Company).

    L'inscription sur ces plate-formes pour les aspirants à la reconnaissance étant accessible, leur nombre est donc important, difficile alors de se distinguer dans un « amas » d'artistes. Même s'il faut préciser que les sites effectuent « des focus » sur quelques artistes, mais encore faut-il que ces derniers aient réussi à se démarquer par des mises intéressantes.

    Ce modèle économique offre une chance de production participative réelle mais peut être générateur de frustrations et de désillusions. D'autant plus, que la plupart des créateurs inscrits sont inexpérimentés et connaissent peu les rouages de l'industrie de la musique. Au final, peu d'élus rencontreront leur public.

    A ce propos David Gourmandie, manager du groupe The Enjoys précise : « C'est sur qu'il y a des désillusions, il faut être professionnel et avoir fait quelques dates, c'est ce qui garantie une meilleure reconnaissance de l'album, il ne s'agit pas d'arriver son aucun bagage. Dans la charte (conditions générales d'utilisation), il y a des informations, mais il n'y a aucune promesse ; »54

    Ce qui différencie la production participative de la production « classique » c'est sa dépendance financière vis-à-vis des internautes, elle ne garantie donc aucune production effective et demande à l'artiste de patienter. Au départ, les sites de production participative n'informaient pas sur le fait que l'artiste pouvait attendre plusieurs années avant d'atteindre la jauge, voire ne l'atteignait jamais. Mais depuis peu, ils ont inscrit dans les « conditions particulières d'utilisation » à destination du créateur une « clause » leur donnant le droit de « fermer », au bout d'un an, le « le compte-artiste » si les mises sont insuffisantes pour la production.

    Le mode de production participative apparaît aussi comme « une roue de secours » suite à un refus de signature de contrat des majors, ces dernières ne se risquent pas à la découverte de nouveaux talents, préférant donc miser sur de valeurs sûres (artistes maisons « banquables »).

    43

    54 Cf annexe , entretien semi-directif , David Gourmandie, manager The enjoys

    44

    In fine, on peut dire qu'il y a beaucoup d'appelés, quelques près-sélectionnés, 30 artistes produits par an et très peu d'élus. Par la suite, les artistes qui « décrocheront » des passages radio, qui susciteront l'intérêt des médias afin d'être entendus et vus sont alors susceptibles de « rencontrer le public ». Artistes issus de la production participative ou pas, « les règles du jeu » imposées par l'industrie de la musique sont les mêmes, on constate que très peu d'artistes au label participatif sont connus du « grand public », parmi eux, citons par exemple Mademoiselle K, Grégoire, Joyce Jonathan.

    Le contrat conclu entre l'éditeur (site) et l'artiste les lie, en général, pour une période de 12 mois (cf conditions générales), le site jouit de l'exclusivité et du droit d'exploitation (reproduction, diffusion, promotion). A compter de ce délai, seul le facteur comptable prévaut, si l'artiste réalise des ventes honorables, l'éditeur lui proposera de prolonger son contrat. Dans le cas contraire et c'est le cas de la majorité des artistes, ils doivent, aidés de leur manager, optimiser la diffusion et la promotion de leur oeuvre. Cela suppose de faire « fructifier » le réseau construit grâce à la production participative, obtenir des contrats avec des salles de diffusion, postuler à des festivals, tout en assurant leur promotion sur les réseaux sociaux, médias etc.

    Autant dire que la production participative n'est pas une garantie, ni une fin en soi, elle demeure, cependant, un excellent moyen pour les artistes de se faire connaître. Les désillusions et les passages à vide sont donc monnaie courante et sont les conséquences du « marché de la musique » actuel.

    En somme, la production participative n'est pas une solution dans ce contexte de crise, elle s'apparente plus à une chance, à une offre de tremplin mais n'est en aucun cas une fin en soi, un aboutissement. L'artiste devra redoubler d'efforts , refaire le tour des maisons de disques en s'appuyant sur sa toute « jeune notoriété », créer du buzz etc.

    2) « Les internautes-producteurs font l'artiste » : est-ce un gage de réussite ?

    Production communautaire, tremplin donc pour les artistes mais est-ce pour autant un gage de reconnaissance future, de réussite ?

    On dit communément que « le public fait l'artiste », l'importance accordée à son jugement serait liée au caractère non-intéressé de son approbation de l'oeuvre. En effet, le bien-être recherché en écoutant de la Musique est le résultat d'une expérience personnelle et affective et serait dénuée de tout intérêt, à part celui d'un « bonheur éphémère ». D'autant plus qu'il est étranger aux rouages de

    l'industrie musicale. Si l'on définit, dans ce cas précis, « le public » comme étant « les internautes-producteurs », l'artiste peut-il prétendre à une reconnaissance future, voire à une réussite ? Difficile de répondre à cette question tant « la magie » d'une rencontre entre le public et un artiste est inexplicable. Ceci dit, avoir été soutenu en amont par « un échantillon » du public est forcement gratifiant et fait figure d'argument principal pour les sites de production participative. Interrogé à ce sujet, David Gourmandie, manager du groupe The Enjoys répond que « c'est un avantage » indéniable par rapport à un artiste issu de la production « classique »55.

    3) Responsabilisation de l'internaute vis-à-vis de la création musicale ?

    L'un des bénéfices attribué à la production communautaire serait sa capacité à responsabiliser l'internaute vis-à-vis de la création musicale. Ce « processus » qui fait du consommateur un véritable « acteur » dans la création de la valeur, le sensibiliserait aux enjeux de la production et contribuerait au soutien de la musique.

    Les site de production participative, en premier lieu, font état du bénéfice supposé de leur « système »,Guillaume Rostain co-fondateur de NoMajorMusik (actuel Buzz My Band) affirme : « Les internautes sont les producteurs, alors ils vont essayer de donner envie aux autres de payer pour avoir un titre. Si on arrive à faire comprendre que la musique, ça se paye, cela pourrait avoir un effet bénéfique. »56. Ces dires du co-fondateur font écho au problème du téléchargement illégal des oeuvres de l'esprit.

    45

    55 Cf annexe , entretien semi-directif , David Gourmandie, manager The enjoys

    56 htp:// www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-

    album.php

    46

    B) LES CRAINTES VIS-À-VIS DU MODÈLE DE PRODUCTION ?

    Le principe de la production participative qui est de permettre aux internautes la mise sur un artiste semble faire l'unanimité auprès des intéressés. En effet, l'artiste reconnaît le soutien apporté par le site, le « producteur » apprécie la possibilité de donner son avis moyennant finance et de recevoir un retour sur investissement. Enfin, les fondateurs des sites voient dans leur start-up une valeur refuge en temps de crise, les internautes ayant un rôle de testeur. L'idée de la production participative est attractive et tout le monde semble y trouver son compte.

    En somme, les critiques des observateurs ne portent pas tellement sur l'idée et le principe de la production communautaire, mais plutôt sur la possibilité offerte par le Web 2.0 aux « internautes-producteurs » de juger de la valeur artistique d'une création, alors que ces derniers ne sont ni professionnels, ni des experts. Par ailleurs, la question de l'aspect spéculatif au détriment de l'aspect artistique est également soulevée. D'autre part, la crainte d'une amplification de la « culture de masse » permise par internet est aussi présente.

    Enfin, le « système » de la production participative participe-t-il à modifier notre rapport à la création, devient-elle, inconsciemment, désuète car pouvant être jugée et sollicitée moyennant finance ou bien le fait de miser sur un artiste renforce-t-il l'affect et conditionne à une valorisation de la musique ?

    1) La participation des internautes-producteurs dans l'aspect artistique ?

    A ce propos, Andrew Keen dans son livre « The cult of the amateur » met en cause de façon radicale le web participatif qui contribuerait au « nivellement culturel qui brouille actuellement les distinctions entre auteur et spectateur, créateur et consommateur, expert et amateur ».

    Autrement dit, le jugement de la valeur artistique d'une création, par les « internautes-producteurs » est-il « viable » et est-il faussé par l'aspect spéculatif de l'investissement.

    Afin de tenter de répondre à ces interrogations, il est nécessaire de définir très clairement le rôle de « l'internaute-producteur » dans « le processus de sélection de l'artiste ».

    Nous avons, précédemment, vu que le « producteur-internaute » n'était pas un co-producteur au sens juridique, il s'apparente à un investisseur auquel on fait appel dans le but d'une production, son droit (le retour sur investissement) est limité dans le temps. Il n'est pas le « propriétaire du

    47

    produit fini » au sens de l'article L213-1.

    En effet, même si le rôle de « l'internaute-producteur » varie en fonction des sites de production, son investissement tant affectif que financier ne lui confère nullement le droit de donner son avis sur l'aspect artistique. Il n'est qu'un indicateur, un thermomètre, un testeur qui permet pour le site de présager d'un éventuel succès (sécuriser en amont la production pour lancer de nouveaux talents, à une période où c'est extrêmement risqué d'investir dans la production de nouveaux talents). Puisqu'avant d'être soumis aux mises des internautes, les artistes font l'objet, dans certains cas, d'une pré-sélection.

    Dans la plupart des sites, l'internaute-producteur endosse le costume de « responsable de la communication » en promulguant un artiste via les espaces communautaires fréquentés. Puisque, les sites de production participative s'appuient sur « le phénomène de buzz » ou également appelé « marketing viral », qui consiste pour les internautes à relayer massivement une information. Il constitue une nouvelle façon de faire du bouche à oreille.

    Cependant, d'autres prennent en compte les suggestions des internautes, c'est le cas, du site de production communautaire Belgodisc qui demande leur avis, à l'occasion de réunion. Ils peuvent donc formuler des propositions pour la définition du pseudo et de l'image de l'artiste (tenue vestimentaire, maquillage, attitudes etc.) et choisissent également le titre phare qui devra faire écho auprès des médias et du public.

    Belgodisc affirme demander, dans un deuxième temps, aux créateurs (auteurs ou compositeurs) de revoir leur copie pour mettre d'accord les « internautes-producteurs ».

    La participation des investisseurs du site de production belge n'est pas, pour autant, synonyme de prise de décision, elle s'apparente plutôt à une consultation puisque le dernier mot revient à la direction artistique de Belgodisc. De plus, la difficulté, pour tous les sites de production, d'assurer la gestion d'un grand nombre d' « internautes-producteurs » est réelle, et plus particulièrement quand il s'agit de l'aspect artistique. Même si une consultation peut être organisée dans certains cas, il apparaît très clairement que « l'internaute producteur » ne joue aucun rôle dans l'aspect artistique, il est avant tout un investisseur.

    Par ailleurs, tous les sites donnent la possibilité de laisser des commentaires sur les « pages profil » des artistes, on peut imaginer que des échanges ont lieu entre l'artiste et l'internaute, mais il est difficile d'évaluer l'influence de l'internaute sur le travail de l'artiste.

    Sur les sites de production participative, les commentaires laissés par des anonymes, peuvent influencer les professionnels, on peut imaginer qu'ils y portent une attention et repèrent « la

    48

    tendance ».

    Une fois la jauge atteinte grâce à l'investissement, les dirigeants de ces e-labels s'entourent d'une équipe artistique professionnelle dans le but d'obtenir un contenu qualitatif.

    Autrement dit, la crainte concernant le jugement de la valeur artistique par des non professionnels est sans fondement puisqu'aucun pouvoir de décision sur la création n'est donné aux internautes par les fondateurs des sites de production participative.

    Leur rôle dans la production artistique est donc inexistant. Mais l'important n'est pas là pour les internautes qui apprécient, en tant que passionnés et amateurs, de participer à une aventure artistique.

    2) L'aspect spéculatif au détriment de la qualité artistique ?

    Cette crainte, légitime, découle du constat d'un « système » basé sur la mise d'argent et le retour sur investissement. Cependant, au vu des témoignages recueillis une affirmation s'impose :

    « l'internaute-producteur » n'est pas motivé prioritairement par l'aspect financier, il se réjouit plutôt de contribuer à « l'émergence » de nouveaux talents. Participer à une aventure artistique est donc sa motivation principale. Quels sont le profil et les motivations des « internautes-producteurs » ?

    (a) Le profil et les motivations du « producteur-internaute »

    Selon un sondage réalisé par le site My Major Company , concernant le profil de ses internautes. 72 % des inscrits, sur le site de production participative, sont des hommes, ils ont 30 ans en moyenne et sont en majorité des CSP+ urbains. « Un peu moins de 6 000 sur 600 000 visiteurs sur l'ensemble des visiteurs du site» 57auraient misé sur My Major Comapany, soit environ 1 %.

    Cette tendance concernant les sites de production communautaire peut être mise en parallèle avec la « loi des médias participatifs ou loi des 1/10/89 % : 1 % des internautes publient du contenu, 10% participent (par exemple commentaires déposés ou votes) et 89% en bénéficient en consultant simplement les informations »58.

    57 htp:// madame.leigaro.fr/loisirs-et-voyages/enquetes/397-demain-tous-producteurs/3

    58 Fayon David, Pujolle Guy, Pierre Kosciusko-Morizet, Web2.0 et au-delà : nouveaux internautes : du surfeur à l'acteur,

    P aris, Economica imp, 2010

    49

    Le Quotidien précise le profil de ces « internautes-producteurs " : « Il y en a trois sortes. Le producteur investisseur, purement financier, qui sera intéressé par ce risque qui peut, parfois, rapporter beaucoup. Il y a les producteurs amis, famille et fans qui veulent, eux, avant tout soutenir l'artiste- ils misent, en moyenne, 30 à 40 euros et sont satisfaits de recevoir le CD dédicacé et d'être invités au showcase... Et puis une troisième catégorie, ceux qui participent à dix euros et qui font, en somme, simplement un pré-achat d'album »59.

    Concernant les motivations, un article du Figaro, publié le 21 octobre 2010, informe que « les internautes qui misent sur des chanteurs (...) ont autre chose en tête que de gagner de l'argent. On le sent très fortement à travers les sites et les forums de discussion : ils aiment par-dessus tout participer à une aventure, être partie prenante, échanger avec l'auteur. »60

    L'inscription de l' internaute sur le site de production semble être motivée par le désir d'affirmer son choix pour un projet artistique. Par cet acte, il a l'impression de contribuer à la diversité de la création musicale et de participer à un vrai projet musical. La satisfaction personnelle de contribuer à faire découvrir de nouveaux talents est également présente. Il n'est donc plus un consommateur de « produits finis » mais un contributeur, un acteur de l'industrie du disque. C'est la volonté de pas subir le choix des majors, de ne pas subir « un système » établi. Comme l'explique un internaute : « Parfois, on a envie de s'impliquer davantage pour ne pas avoir à toujours subir les goûts de la majorité ».

    Concernant l'aspect spéculatif pouvant accompagner tout investissement, le co-fonadateur Simon Istolainen, répond en affirmant « Nous n'avons pas l'impression de faire porter les frais de lancement aux internautes. Le montant moyen de la participation sera très faible, compris entre 10 et 20 euros. Ceux qui soutiendront leur artiste ne le feront pas dans une optique de spéculation financière. »

    Il est important de nuancer ces propos, en affirmant que l'internaute qui supporte les frais de lancement peut espérer un bon retour sur investissement s'il achète de nombreuses parts (coût d'une part : environ 10 euros). Toutefois, il ressort des témoignages d'internautes que leur motivation première est de contribuer à une aventure artistique. De plus, la plupart se définissent comme des amoureux qui souhaitent soutenir les artistes.

    59 Pablo Chimieni , «Une producion risquée », le Quoidien, 4 décembre 2010,

    60 Mohammed Aissaoui, L'argent n'est pas le moteur, Le Figaro, 21 octobre 2010

    50

    Interrogé au sujet des motivations des « internautes-producteurs », par le journal 20 minutes, Guillaume Rostain co-fondateur de NoMajorMusik devenu Buzz My Band répond «« Les gens ne sont pas forcément intéressés par l'argent ou par un retour sur investissement. Ils sont attirés par le fait de découvrir de nouveaux talents et de les aider à percer. Après si ça marche et s'ils ont un retour, ils seront encore plus contents. C'est une vraie communauté qui est en train de se créer. Notre objectif est de produire une dizaine de titres la première année.»61

    Ceci dit, les profils des « internautes-producteurs » semblent difficiles à définir et distinguer tant leur motivations peuvent être contradictoires. En effet, ils peuvent être motivés par la création d'un artiste et mais aussi par l'investissement judicieux que peut permettre un autre. Les motivations du soutien peuvent être inconstantes et ne pourraient être schématisées.

    L'aspect spéculatif ne semble pas primé pour les internautes-producteurs, cependant on peut imaginer qu'à l'avenir et au vu du développement des sites de production participative, une « tendance boursière » se dessine voire se confirme. En effet, les médias pourraient contribuer à une accessibilité de la plateforme par un plus grand nombre. De ce fait, on retrouverait sur les sites une frange d' « internautes-producteurs- spéculateurs » qui occulteraient le choix personnel. A terme, cette évolution du profil des internautes pourrait s'avérer néfaste pour l'image des sites de productions et risquerait de les discréditer. L'idée que la musique, et plus généralement la Culture, soit considérée comme un « produit mercantile » sans distinction des autres produits pourrait heurter dans un pays où « l'exception culturelle » fait loi. Par conséquent, le soutien d'une création ne pourrait être motivé, prioritairement, par l'aspect financier au détriment de la valeur artistique, de la « qualité artistique ».

    La crainte d'une logique spéculative au détriment de valeur artistique d'un projet est-elle fondée ? Pour tenter de répondre à cette question, il nous paraît important de tenter d'évaluer le montant d'un retour sur investissement que peut espérer un « internaute-producteur ». Et ceci, afin d'évaluer le risque d'une prééminence de la spéculation au détriment d'un soutien à un artiste.

    61 htp:// www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-

    album.phpI

    51

    (b) La teneur du retour sur investissement ?

    Selon un article de Guillaume Champeau publié dans Numerama62, « les internautes producteurs qui ont misé sur GREGOIRE, premier artiste produit par un label communautaire MyMajorCompany, ont été récompensés et ont profité d'un bon retour sur investissement. ». Tout en soulignant que « les revenus intéressants touchés par les internautes sont plutôt honorables et font figure d'exception au vu des retours sur investissements trop souvent précaires ».

    Les conditions de rémunérations par album vendu sont définies ainsi par le label participatif : 30% reviennent de droit à l'internaute au prorata de sa mise, My major company se réserve 50%, les 20% restant sont redevables à l'artiste Grégoire. Il explique que sur les 245 406 disques physiques vendus l'an dernier, les internautes producteurs auraient dû toucher 53,01 euros par part achetée 10 euros, soit un retour sur investissement qui serait de plus de 400%, ce qui semble assez exceptionnel et intéressant pour ces derniers. Cependant, ce principe en apparence simple ne reflète nullement la réalité qui semble bien plus complexe. En effet, selon le journaliste Guillaume Champeau, le distributeur Warner Music Group (maison de disque) associé à My Major Company, se serait octroyé une marge qu'il faudrait déduire de la part (30%) destiné aux internautes.

    En définitive et selon les dires du journaliste, sur un prix de gros hors taxe de l'album qui était fixé à 10,74 euros, les internautes auraient touché 1,51 euro par album vendu.

    Interrogé par Numerama, MyMajorCompany indique que 347 producteurs ont acheté des parts pour assurer le financement nécessaire à l'enregistrement de Grégoire. En moyenne, les internautes ont donc acheté 20 parts chacun (200 €), et recevront au total 1060 euros, pour un bénéfice moyen de 860 euros chacun. Collectivement, ils gagnent 311.000 euros.

    A travers cet exemple, on comprend que les revenus de l'internaute, émanant du succès de l'artiste Grégoire, se situe aux alentours de 1000 euros. Bien entendu, il est difficile vérifier ces chiffres, mais si l'on se base sur l'analyse du journaliste Guillaume Champeau, on peut affirmer que les revenus touchés par les internautes sont intéressants mais font figure d'exception au vu des retours sur investissements trop souvent précaires.

    En effet, précisons que quelque soit le montant investi, l'internaute prend le risque d'une longue

    62 htp:// www.numerama.com/magazine/11728-exclusif-ce-que-gregoire-a-rapporte-aux-internautes-et-a-

    warner.html

    attente (jusqu'à 3 ans) avant que son artiste préféré n'atteigne la jauge exigée. De plus, rien ne lui garantit le succès de l'album produit, s'ajoute à cela la crise qui se concrétise par la baisse des ventes du CD. Enfin, il semblerait que la présence d'intermédiaires, en l'occurrence le distributeur (la maison de disque) qui s'octroie une marge, fasse diminuer les revenus devant revenir à l'internaute, comme l'explique le journaliste Guillaume Champeau.

    Pour limiter la dérive spéculative, Simon Istolainen (co-fondateur de My Major Company » affirme dans un article du journal Ouest-France que : « nous avons limité l'apport maximal à 1 000 € par internaute, contre 6 000 € pour Grégoire »63. Ce seuil financier à ne pas dépasser montre qu'il est facile, quand la limite est inexistante, d'investir sur un artiste comme on investirait en bourse. Après tout, il est difficile de connaître les réelles motivations des « internautes-producteurs ». De plus, même si, certains sites valorisent la philosophie dite du « mécénat », l'attrait financier peut l'emporter. Autrement dit, il est impossible pour les sites de production d'imposer une philosophie ou de contrôler les motivations spéculatives de certains internautes. De ce fait, les fondateurs de ces plateformes tentent de minimiser le phénomène spéculatif et protègent ainsi leur image.

    Rappelons que les sommes perçues par l'internaute sont soumises aux impôts, elles sont considérées comme des « bénéfices non commerciaux ». « Les acteurs du Net qui proposent cette nouvelle forme de souscription aimeraient bénéficier de coups de pouce fiscaux »64

    Au vu de ces contraintes, il apparaît que même si l'internaute mise dans une optique spéculative, ce dernier pourrait vite déchanter tant il faut s'armer de patience et miser gros pour espérer un bon retour sur investissement. En effet, le système de la production participative n'est pas des plus rentable pour les internautes et pourrait décourager, prioritairement ceux dont la motivation est financière. On peut supposer, que les internautes qui restent fidèles au site sont ceux dont l'inscription est motivée par le désir de participer à une aventure artistique en soutenant un projet de production. Ce qui ne veut pas dire qu'ils ne seront pas tenter de miser sur un artiste dont la jauge serait presque atteinte et cela dans l'expectative d'un retour sur investissement plus rapide.

    63 Philippe RICHARD, Ouest France « MyMajorCompany - Simon Istolainen : un nouveau modèle pour l'économie numérique ? », 26 mars 2010

    64 Mohammed Aissaoui , L'argent n'est pas le moteur, Le Figaro, 21 octobre 2010

    52

    3) Diversité musicale et production communautaire ?

    53

    Rappelons que ce modèle de production ne repose pas sur la prise de risque artistique, il ne s'agit de surprendre en diversifiant l'offre musicale mais bien d'assurer un retour sur investissement.

    Dans un système oligopolistique où les majors dominent le marché, certains utopistes rêvent d'un paysage musical plus diversifié. Les labels participatifs, issus du web 2.0, donnent-ils le pouvoir de décision aux internautes, permettent-ils une diversité musicale ?

    Les spécialistes de musique formulent timidement le reproche d'un formatage musical que générerait la production participative. En effet, le concept de « plateforme »qui réunit les artistes et les internautes s'apparente à « un marché » visant une adéquation entre l'offre culturelle et la demande. Le choix des sites d'effectuer une pré-sélection renforce cette visée puisque les artistes choisis sont ceux susceptibles de « cartonner » en fonction de la « tendance musicale ».

    L'un des risques pouvant être à l'origine du formatage musical par les sites de production

    participative serait que l'internaute-producteur soit tenté de miser sur un artiste similaire à celui qui a été produit précédemment et dont les ventes d'albums sont honorables. Cette « dérive » spéculative relève de l'hypothèse, il est difficile de la vérifier actuellement car le « phénomène » des labels communautaires est encore récent. Seule, une analyse sur le long terme pourrait nuancer ce propos.

    De plus, les sites de production participative seraient des « majors sur internet », autrement dit, ce sont les copies conformes des maisons de disques qui emprunteraient les rouages d'une industrie au service de la culture de masse, dont la vocation est d'offrir une musique qui plaira à un grand nombre. Car pour certains, ce mode de production serait dite « populaire », elle encouragerait la culture de masse en proposant des formats standards et vendeurs. « La culture de masse » n'est pas définie ici de façon péjorative, elle est le propre de toutes les industries culturelles.

    Afin de nuancer ces hypothèses, il est préférable de définir les artistes présents sur ces sites de production participative : My Major Company et Buzz My Band.

    54

    (a) Les artistes produits : style de musique et analyse (septembre 2011)

    PRODUCTIONS MY MAJOR COMPANY

    Artistes produits, albums en vente

    Grégoire, a « révélé » la production participative, le style musical de cet artiste est défini comme de la variété / folk (type de musique qui se sert principalement des instruments « traditionnels » tels que le piano et la guitare). L'artiste se distingue par ses textes épurés qu'il accompagne de mélodies « entraînantes » et « poignantes ».

    Irma, grâce aux internautes de My Major Company, son album « Letter to the Lord » est sorti le 28 février 2011. Chanteuse folk teinté de soul, Irma se fait découvrir par le public grâce à ses reprises et ses compositions originales.

    55

    Meltones, l'album « Nearly Colored » du groupe, sorti en juin 2011, porte l'étiquette pop/Rock.

    Ce 1er album des Meltones a été enregistré et réalisé par l'éminent Philippe Zdar (Phoenix, Rapture, Bloc Party). « Il révèle des morceaux pop dansants et efficaces (...) , guitares ardentes et chant épatant ». My Major Company a été séduit par les compositions du groupe qui allient riffs (combinaison d'accords ou refrain joués de manière répétitive) et richesse mélodique

    Artistes produits, albums bientôt disponible

    David Parienti, artiste « variété » qui surprend par le mélange oxymorique de « chansons à texte » teintées d'une douce cruauté, avec par exemple son titre « petite conne ».

    Sélection label / en ours de production

    Zéro, groupe pop/rock qui associe « la violence du rock à la poésie des textes ».

    Dominante artistique

    La pré-sélection de My Major Company semble dictée par une exigence de chansons à texte. La production de chansons « variété » (chanson française) semble dominée, même si les styles sont divers (pop/rock, folk/soul etc.)

    Dans une interview accordée à Ouest France65, un des fondateurs de My Major Company affirme rechercher « un vrai catalogue des créneaux potentiellement porteurs. « Nous ne sommes pas dans

    65 Philippe RICHARD, Ouest France « MyMajorCompany - Simon Istolainen : un nouveau modèle pour l'économie numérique ? », 26 mars 2010

    56

    les musiques spécialisées. Comme une grande maison de disques, nous cherchons des artistes qui puissent être plébiscités par le public. Mais nous allons pouvoir prendre plus de risques. »

    PRODUCTIONS BUZZ MY BAND Artistes produits

    The Enjoys

    Leur album « rock » éponyme « The Enjoys » est dans les bacs depuis le 21 mars 2011. Parallèlement à cette sortie, la production de leur album « Made in France » est en cours. Repérés par Endemol, le style rappelle celui des Beatles, un rock très british.

    Artistes en cours de production

    Mademoiselle K, artiste « pop/rock) est inscrite sur le site depuis le 16/02/2009, la production de son EP 4 titres est en cours. Le label Buzz My Band Band s'est associé au label indépendant Roy Music pour le « développement » de Mademoiselle K. Parallèlement, son album « jouer encore » au label EMI Music / Delabel est en vente depuis le 28 mars 2011.

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    Damien Vanni and The Chancellors, groupe pop rock .

    The Vernon Project, groupe pop/rock.

     
     
     

    Dominante artistique

    Lys , groupe pop/rock.

    Le style pop/rock des artistes semble dominé sur le site, on y retrouve également des artistes « variété française » comme Xavier Ducas, Rio Taxi ou encore « Electro » comme Aberration Chromatique.

    My Major Company et Buzz My Band ne constituent qu'un échantillon issu de la quinzaine de sites existants, il ne peut donc être représentatif. Cependant, au vu des éléments ci dessus, il apparaît que chaque site possède une « sensibilité » musicale. En effet, un style de musique s'affirme sur chaque site ; « chanson française »/ « variété » pour My Major Company, et « pop/rock » pour Buzz My Band.

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    III. UN MODELE

    ALTERNATIF A LA

    PRODUCTION

    « PROFESSIONNELLE » OU

    SIMPLE EFFET DE MODE ?

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    III . UN MODÈLE ALTERNATIF À LA PRODUCTION

    « PROFESSIONNELLE » OU SIMPLE EFFET DE MODE ?

    A) LE POIDS DES PRODUCTEURS INTERNAUTES FACE LA PRODUCTION « CLASSIQUE »

    De nombreux spécialistes, se sont penchés sur l'importance accordée au « savoir», aux avis et commentaires émanant de la «foule», des amateurs (au sens de non-professionnel, non institutionnel) et qui prolifèrent sur le web. Le savoir «populaire» met-il en danger le savoir « institutionnel», c'est-à-dire celui détenu par une «élite» et qui fait l'objet d'une rétention lui conférant une rareté et une certaine valeur.

    Pour Joël De Rosnay, « les pronétaires sont en train d'inverser les rapports de forces traditionnels. Ils disposent des mêmes outils que les professionnels tout en ayant la capacité de se connecter en réseau immédiatement et de manière fluide »66.

    Il s'agit donc, dans cet objet d'étude, de « mesurer» le « poids » des internautes producteurs face à la production dite « classique ». Quelle est la place de l'amateur dans la production phonographique ? En somme, les « internautes-amateurs-producteurs » peuvent-ils compromettre l'avenir des producteurs professionnels, ou s'agit-il plutôt d'une alternative, permise par le web 2.0, et dont la légitimité reste à consolider.

    Rappelons, tout d'abord, que le choix de l'internaute est à relativiser, dans ce cas précis puisque les artistes entrant sur les sites, font l'objet d'une présélection par l'équipe artistique. Le choix de l'internaute est en quelque sorte limité, nous avons donc conclu que le rôle de l'internaute s'apparentait à celui d'un investisseur plutôt qu'à celui d'un « directeur artistique ». D'autant plus, qu'après financement du projet, il ne décide nullement du contenu artistique à l'occasion, par exemple, de l'enregistrement, mastering etc. (cf. partie 2)

    Nous avons vu, également, (partie 2) que le soutien des internautes pouvait être « un argument de vente » pour l'artiste et n'est pas considéré comme un inconvénient par le public. En effet, au vu du succès de Grégoire, rien ne laisse penser que le public ait une certaine appréhension vis-à-vis des

    66 Joël De Rosnay, La révolte des pronétariat, des mass média aux média des masses, Fayard, 2006

    60

    artistes produits par les « internautes-producteurs ».

    « Les modèles d'affaires partageant les droits d'édition ou de production avec les amateurs avertis constituent une alternative crédible et bien souvent complémentaire à l'heure du numérique : Mymajorcompany, Touscoprod (...) sont quelques témoignages de la valeur apportée par les clients, lorsque le système est pensé autour d'eux. »67

    Selon le Journal Du Net « l'idéal 2.0 d'un financement de produits culturels uniquement par la communauté a du plomb dans l'aile. En deux ans, le modèle dominant semble en tout cas avoir évolué de la coproduction entre internautes uniquement à la coproduction entre internautes et producteurs "professionnels". Ce mouvement se retrouve, à des degrés divers, chez pratiquement tous ces sites. »68

    Certains acteurs se rendent, en effet, progressivement compte des limites d'un financement exclusivement communautaire. BuzzMyBand par exemple - ancien NoMajorMusik- a signé un partenariat avec Roy Music. Ce label fait ainsi profiter ses artistes des possibilités de financement du site. Autre partenaire, le groupe MTV, qui fait figure de mécène de certains artistes et diffuse leurs clips.

    Parmi les nouveaux entrants, beaucoup ont choisi au contraire dès leur lancement d'appuyer leur modèle sur les maisons de production. Les internautes viennent en fait en complément, leur investissement est partiel dans ce cas précis. Chez Touscoprod.com, dans le cinéma, cette part ne dépasse pas les 5 %. "Nous sélectionnons des films qui ont déjà un financement acquis, afin de limiter les risques", explique Nicolas Bailly, le dirigeant de ce site lancé en janvier 2009.

    Cette production alternative tend à obtenir une légitimité grâce à son partenariat avec la

    production « classique ». Prenons l'exemple de My Major Company, lié par un contrat à la maison de disque Warner, Buzz my Band en contrat avec Sony pour la distribution des CD. La « teneur » du partenariat entre le circuit « participatif » et le circuit « classique » reste discret. Certains observateurs parlent même de « transfert » de catalogue d'artistes de maisons de disque vers les sites de production communautaire.

    Cette tendance au partenariat se généralisera à l'avenir et amène les sites à réintégrer le circuit normal de l'industrie phonographique, seul le mode de production serait diffèrent. Ces « e-labels »

    67 Marin Alban , Et toi, tu télécharges ? : Industries du diverissement et des médias à l'ère du numérique, Pearson cop. 2010

    68 htp:// www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/enquete/peut-on-gagner-de-l-argent-avec-les-sites-de-coproducion/peut-on-gagner-de-l-argent-avec-les-sites-de-coproducion.shtml

    61

    semblent s'être, rapidement, rangés dans la liste des labels standards.

    Au sujet de l'avenir de la production participative, Philippe Astor, journaliste, affirme : « Après, dire que ça va devenir LE modèle absolu, j'y crois pas un instant. Je pense qu'il y a beaucoup de modèles qui vont cohabiter »

    Interrogé, dans le cadre de ce mémoire, David Gourmandie, manager du groupe THE ENJOYS, assure que la production communautaire est « un modèle destiné à perdurer à condition qu'elle arrive à consolider sa légitimité auprès des professionnels de la musique et des majors en particulier ». Ce dernier ressent encore une « hostilité » de la part des majors envers le modèle participatif.

    Nicolas Claramont, fondateur du site de production participative Spidart (liquidation judiciaire en 2009) affirme dans un entretien accordé au journal 20 Minutes que le label EMI a sollicité un partenariat : «ce sont eux qui sont venus nous voir dix jours après notre lancement. Il était intéressant de se rapprocher car ils peuvent prendre en charge la partie publication et l'aspect promotion qui est très important. Aujourd'hui, EMI a un droit de préférence sur les artistes qui atteindront les 50 000 euros nécessaires à la production de leur album. Les artistes étant libres de refuser évidemment. »69

    L'idée « d'une attention particulière » des labels par les maisons de disques est également souligné par David Gourmandie, manager du groupe The Enjoys qui affirme : « les maisons de disques comme Sony, Yema surveillent de près la production participative »

    En effet, si les sites de productions réussissent à produire des « têtes d'affiches », lesquelles assureront leur légitimité auprès des majors et plus généralement dans l'industrie du disque, alors, la collaboration et le partenariat entre la production participative et la production classique tendra à s'intensifier. En effet, il est plus confortable pour une major de distribuer une production pour laquelle aucun engagement financier n'a eu lieu, elle limite ainsi le risque financier dans un contexte de crise. La prise en considération naissante des majors laisse présager une assise de la production communautaire qui confortera à l'avenir ce mode de production.

    69 htp:// www.20minutes.fr/aricle/208945/Culture-Notre-but-est-d-aider-un-ariste-a-realiser-son-premier-album.php

    Donc, la production participative est une alternative sérieuse puisqu'elle intéresse les majors. Par ailleurs, les sites de production trouvent dans le partenariat avec les majors l'assurance d'un circuit commercial pour la distribution du cd, ce qui lui permet donc une certaine stabilité.

    Cependant, assumer une proximité d'avec les majors pourrait discréditer un modèle qui s'est construit en opposition au « système dominant » et qui revendique être une alternative. Cela, pourrait générer une confusion dans l'esprit des « consommateurs » et des « internautes-producteurs » qui voyaient dans la production communautaire une expression d'indépendance face à un « système » établi. Néanmoins, il serait trop prématuré d'affirmer que les sites de production connaîtront un désengagement des « internautes-producteurs » et une dévalorisation de leur image. En effet, bien que ces concessions soient d'ordre économique, elles peuvent à terme déstabiliser quelques « internautes-producteurs » qui espéraient vivre une aventure à taille humaine, une aventure où seul la musique compte. Les plus pragmatiques y verront l'assurance d'une stabilité de son investissement et sont susceptibles de renouveler l'expérience.

    B) CAPACITÉ DU PRINCIPE DE CE MODÈLE À PERDURER ?

    1) Le label participatif : révolutionnaire ou temporaire ?

    Si les les sites de production participative concluent des partenariats avec les acteurs de la profession , notamment les distributeurs, et tentent de gagner une légitimité, leur capacité à perdurer est néanmoins remise en question. Ces nouveaux labels participatifs sont-ils vraiment révolutionnaires ? Alors qu'ils auraient du mal à décoller ? Le « cas Grégoire » faisant figure d'exception dans un modèle économique fragile.

    Selon un article publié sur le site Electronlibre « en dehors de MyMajorCompany avec Grégoire, aucun acteur du secteur n'est parvenu à transformer l'essai de manière convaincante. La crise économique n'est certainement pas étrangère à la faible propension du public à financer en amont la production d'artistes émergents, d'autant que les structures de production, de promotion et de distribution ne semblent pas suivre derrière »70. Au delà du financement, c'est tout un « écosystème » de production qui fait défaut. La première gratification de l'internaute-producteur, c'est à dire voir l'album, qui a été financé, sortir n'est même pas garantie. Est-ce que ce modèle de production n'aura été que celui d'un artiste ? Il est vrai que la plupart des artistes produits restent encore inconnus du grand public.

    62

    70 htp:// label-musicom.over-blog.com/aricle-signe-de-vie-pour-sell-a-band-47909577.html

    63

    « Est-ce uniquement un effet de mode, un effet buzz qui s'est déjà estompé. Certes ce n'est pas vraiment la révolution annoncée et la résolution des problèmes de financement de disques, mais ces sites ont ouvert des portes, créer un marché et des opportunités. Comme toute innovation, ils sont loin d'être parfaits, de nombreux freins ralentissent leur développement et mettent en péril leur avenir. Quand ils réussiront à être mieux acceptés par le milieu de la musique, à acquérir une légitimité et surtout avoir des frais de gestions moins important. L'effet multiplicateur et viral d'internet pourra avoir un vrai effet »71. Sans oublier l'importance du carnet d'adresses, des partenariats et du soutien de la presse.

    En effet, tout concept ayant ses limites, on est en droit de s'interroger sur la durabilité de ces e-labels sur le long terme. Les sociétés sont dans une phase de lancement, pour la plupart, et comme toutes sociétés naissantes sur le net, leur priorité est de survivre, en attendant une maturité du marché. De plus, le seuil de rentabilité des CD à vendre reste difficile à atteindre dans la conjoncture actuelle. MyMajorCompany, par exemple, présente un seuil de rentabilité de 30 000 CD, cela signifie que l'artiste doit écouler 30 000 copies de son premier album pour être rentable, ce qui ne parait pas évident.

    Pour l'un des dirigeants, Paul Dewachter, fondateur belge de la plateforme de production musicale BELGODIS, le modèle économique de la production participative pourrait être viable à long terme , il affirme : « Vu l'efflorescence des sites à caractère participatif (...). Ce qui me surprend, c'est la création des sites d'édition d'ouvrages et de production de films, notamment. J'ai du mal à interpréter ce mouvement socioculturel mais c'est un véritable phénomène de société. De là, à dire que c'est la solution idoine à la crise du disque, du livre ou du film, je n'en sais rien ».

    En somme, le modèle, du fait des avancées du web 2.0 et du contexte sociologique favorable, n'est pas près de disparaître. Néanmoins, seuls les sites qui réussiront à produire des têtes d'affiches gagneront en légitimité auprès des majors, partenaires pour la distribution. Ainsi, ils se feront une place dans l'industrie de disque. On peut supposer que l'avenir d'un site de production participative dépendra de sa capacité à effectuer une présélection « correcte » d'artistes qui seraient capable de trouver un public. Autrement dit, l'exigence artistique devra s'accroître, il ne s'agit plus de l'optique de départ qui était de donner une chance à un artiste d'être financé par les internautes, (en mettant en lien l'offre et la demande), mais plutôt dans l'optique d'une major qui ferait sa présélection et qui l'a confronterait à l'avis des internautes. Pour l'artiste, il est évident qu'il sera de plus en plus difficile d'avoir une place parmi les présélectionnés puisque les critères seront d'offrir des albums « grand public », des albums susceptibles de marcher, car cela dépend de la survie du

    71 htp:// nicolas-dehorter.suite101.fr/la-producion-paricipaive-dans-la-musique-a9397

    64

    système, du site de production participative.

    Même s'il est trop pour se prononcer, il est fort probable que le marché de la production participative sera de nature oligopolistique, quelques-uns (ceux qui réussissent à produire un succès) seront implantés, on peut même imaginer des partenariats entre ces sites. C'est donc celui qui suscitera l'investissement tant affectif que financier de l'internaute, car n'oublions pas que l'internaute n'est pas dans une logique financière, ce qui l'intéresse avant tout c'est de vivre des moments exceptionnels avec son artiste préféré, il est motivé par l'impression de contribuer à la création musicale, c'est le besoin d'accomplissement qui est assouvi (pyramide de Laslow). En effet, l'internaute lambda est loin de connaître les rouages de l'industrie du disque, il ne vit pas cette aventure par rapport un contexte du marché, de la crise etc mais plus par rapport à« sa personne ».

    On peut imaginer, à terme, si le modèle participative fonctionne et se stabilise une récupération du « circuit de production participative » par les majors.

    Les sites de production, quant à eux, sont confiants sur l'avenir du modèle de la production participative, le fondateur de Belgodisc affirme : «j'entrevois un développement harmonieux et inscrit dans une logique cohérente. Nous allons grandir et grossir ». Pour Grégory Nicolaidis, ancien chef de projet chez Universal Music se réjouit de l'initiative : « il ne fait aucun doute que l'industrie musicale a plus que jamais besoin d'expériences communautaires».

    2) Failles du modèle

    Le modèle de la production tend à s'imposer comme une alternative à la production « professionnelle », cependant quelques failles pourraient, à l'avenir, le discréditer.

    Le manque de transparence des flux financiers

    A travers l'exemple de My Major Company, Guillaume Champeau dans un article publié dans Numerama72, met en évidence le manque de transparence des flux. En effet, « les internautes-producteurs » ne seraient pas assez informés au sujet de l'utilisation de leur apport financier. Même si les conditions de rémunérations sont très clairement indiquées sur la « charte producteur », le détail des dépenses de l'argent investi par les internautes est inexistant.

    En effet, selon le journaliste Guillaume Champeau, Warner Music Group (maison de disque) qui assure la distribution de l'album serait rémunéré sur les 30%, destinés à l'internaute.

    72 htp:// www.numerama.com/magazine/11728-exclusif-ce-que-gregoire-a-rapporte-aux-internautes-et-a-

    warner.html

    65

    Difficile de vérifier ces dires, mais il est évident que les « internautes-producteurs » constituent la principale ressource financière du système de la production participative. Le propos n'est pas d'affirmer que les investisseurs n'obtiennent pas leur dû, mais de souligner le manque de clarté dans les flux financiers. Les sites de production participative affirment que les sommes investies par l'internaute sont bloquées sur un compte tiers jusqu'à la production, mais ne font nullement état du devenir des intérêts émanant de « l'épargne provisoire ».

    Interrogé par Numerama, MyMajorCompany nous indique que 347 producteurs ont acheté des parts pour assurer le financement nécessaire à l'enregistrement de Grégoire. En moyenne, les internautes ont donc acheté 20 parts chacun, et recevront au total 1060 euros, pour un bénéfice moyen de 860 euros chacun. Collectivement, ils gagnent 311.000 euros.

    Pour avoir joué les intermédiaires et pour avoir assuré le marketing (réussi) de l'album, MyMajorCompany touchera environ 700.000 euros. Et Warner Music Group, avec lequel MMC a un contrat de distribution exclusif, 1,4 million d'euros. L'artiste, Grégoire, devrait quant à lui toucher près de 250.000 euros.

    Bien que surprenant, le résultat de cette enquête est plausible et reflète le « mécanisme » du marché du disque qui fait du distributeur, de la maison de disque la clé de voûte et donc le principal bénéficiaire financier de la vente du disque.

    Cet article de Guillaume Champeau publié dans Numerama, soulève la question de la transparence sur le flux des apports des internautes, ceci dit il semblerait qu'à l'heure actuelle aucun « producteur internaute » ne s'est plaint du système. Peut-être, à cause du fait que la plupart des sommes misées sont « petites » et ne suscitent aucun questionnement, aucune inquiétude ou craintes concernant le suivi de l'argent misé.

    En somme, « l'internaute producteur » semble avoir confiance au site de production participative et se contente des informations générales reçues par mail.

    La nécessité d'une tête d'affiche

    L'équilibre de ce modèle de production dépend de sa capacité à repérer le talent qui pourrait être une « tête d'affiche ». L'artiste « grand public » qui sera l'étendard du site, celui qui donnera l'envie aux internautes de miser sur les artistes du label communautaire, mais aussi celui qui sera le « représentant » du site et suscitera l'intérêt des maisons de disques, des potentiels investisseurs.

    Cette quête de la « tête d'affiche » impose un seuil de rentabilité pour assurer un retour sur investissement, difficile à atteindre dans ce contexte de crise du disque. Il diffère en fonction des

    66

    sites (entre 30000 à 200000 albums vendus).

    Cette nécessité de produire un artiste qui trouvera un public détermine l'avenir et surtout la capacité du modèle à perdurer. Si l'on fait un tour rapide des labels communautaires ayant trouvé sa « tête d'affiche », on peut citer My Major Company avec Grégoire et Joyce Jonathan, ces artistes ont bénéficié d'une bonne visibilité (diffusion radio, attrait médiatique).

    Cette contrainte fait naître un risque de formatage musical. En effet, l'artiste qui trouve sa place dans l'industrie de la musique, deviendrait un modèle à « imiter » afin de réitérer une réussite. Dans l'hypothèse où la réussite des artistes, produits par les internautes, ne serait pas présente, le risque que ces derniers ne poursuivent pas leur effort financier est réel. Le fondement de la production participative s'avère donc fragile, une solution reste à trouver à ce problème.

    Du « gagnant-gagnant » ou juste un gagnant ?

    Le modèle de la production participative, revendique sa vocation « communautaire » en donnant la possibilité à des internautes lambda de produire un artiste.

    Cependant, les risques pris par l'internaute, les fondateurs du site et l'artiste ne sont nullement équitables et communs. En effet, les « internautes-producteurs », principaux investisseurs, réduisent la prise de risque du label de production dans le contexte de crise actuel. De ce fait, en cas de vente du Cd, ce dernier est le principal bénéficiaire d'un système dans lequel il n'a pas investi financièrement.

    Le modèle de la production participative ne répond pas au besoin des artistes (trouver leur public) ou à celui des audiences (découvrir de nouveaux artistes) mais à celui des labels (faire baisser la prise de risque) et des maisons de disque (réintégrer rapidement les artistes « manqués » dans le circuit traditionnel).

    3) Cas spidart

    Spidart, 1er label musical communautaire (2007) n'aurait pas trouvé le bon modèle économique, il a été mis en novembre 2009 en liquidation judiciaire par le Tribunal de commerce de Lyon. Le premier artiste qui fut produit sur la plateforme est Naosol & The Waxx Blend. La faillite de Spidart ou la cessation de paiement de Sellaband ne sont pas anodines et posent la question de l'avenir de la production participative. Il ne s'agit pas, ici, de blâmer l'un des premiers sites de production communautaire à avoir fait le pari d'un nouveau modèle de production mais de tenter de

    comprendre à travers cet exemple, l'origine du dysfonctionnement afin mesurer probabilités d'un autre « cas Spidart ».

    « L'offre présentée par l'un des repreneurs n'étant pas suffisamment satisfaisante pour assurer la pérennité de l'entreprise, le Tribunal a choisi de ne pas la retenir » a précisé Nicolas Claramond (fondateur du site) sur Spidart.com. Il semblerait que depuis plusieurs mois déjà, Spidart avait besoin d'investisseurs, mais ces derniers ont tardé à injecter de l'argent dans la société.

    Résultat, Spidart accuse des difficultés financières importantes, au point de pousser son fondateur à contacter le Tribunal de Commerce de Lyon « en vue de l'ouverture d'une procédure qui préserve au mieux les intérêts de l'entreprise ».

    Interrogé par Challenges sur ce point, Sevan Barsikian, co-fondateur de MMC avec Michaël Goldman a amèrement regretté cette situation : « Ce n'est pas une bonne nouvelle pour les labels musicaux communautaires. Ça risque d'entamer la confiance des internautes dans le modèle d'affaires. »

    La question du devenir des artistes et des mises des « internautes-producteurs » s'est posée. Nous avons tenté d'obtenir des informations sur ces points, mais aucune réponse n'a été formulée par les intéressés.

    Parmi les artistes, Arno Santamaria, dont l'album est sorti le 19 octobre 2009, a créé Santaprod.com pour réunir ses fans-producteurs, très actifs sur le forum de Spidart. Jade, dont l'album était déjà prêt, a pour sa part contacté ses fan-producteurs « afin de continuer l'aventure ensemble ». Bien d'autres artistes ont entamé une posture similaire. Enfin, Selen (produite en septembre 2009) et Jalane (produite en décembre 2008) n'ont pu signer de contrat et se sont retirées de Spidart. Elles manifestent leur colère et leur incompréhension face à ce qui ressemble à un abandon de la part de l'équipe Spidart, comme elle affirme dans un communiqué73

    67

    73 htp:// www.pcinpact.com/actu/news/54344-label-paricipaif-spidart-crise-concept.htm?vc=1

    68

    Conclusion

    Possibilité offerte par le web 2.0, la production participative basée sur le financement des internautes fait figure de nouveau modèle économique en parallèle de la production par « les professionnels ». Désormais, « l'internaute-producteur » intervient en amont de la commercialisation d'une « oeuvre musicale » et participe à la chaîne de création de valeur. N'étant plus qu'un simple consommateur, il devient « un acteur » qui choisit de financer l'album ou le single d'un artiste.

    Une quinzaine de labels communautaire sur le marché testent un créneau porté par un contexte technologique (évolution des TIC , techniques de l'information et de la communication) et sociologique (« la culture de la participation ») favorables à leur développement.

    De plus, dans un contexte de crise du disque, pendant lequel les risques financiers sont minimes, la production communautaire ou le financement participatif apparaît comme une opportunité, comme « une valeur refuge » puisque le risque est ici supporté par les internautes.

    Cependant, les start-up semblent être, encore, à la recherche d'un équilibre de « leur système » dont dépendrait le facteur « visibilité » apporté par l'émergence d'une « tête d'affiche ». Dans ce secteur concurrentiel, la majorité des sites cherchent encore une stabilité économique. En effet, depuis leur apparition en 2007, « le parcours économique » des sites de production participative semble inégale, les plus stables d'entre eux déclinent « le système » dans divers secteurs, développent des projets à l'international alors que d'autres peinent à s'inscrire dans la durée, connaissent des difficultés financières ou encore la faillite. Le foisonnement des sites participatifs qui s'apparentait à un dynamisme du secteur laisse peu à peu place à une tendance oligopolistique.

    Tremplin incontestable pour les artistes, la production participative n'est pas, pour autant, une solution à la crise du disque. Autrement dit, « la faille » ne se trouve pas au niveau de la production, qu'elle émane des internautes ou bien des professionnels, elle sera confrontée à la même problématique : la baisse progressive de la vente du disque, due à l'ère numérique. Pour un artiste, il est certes opportun de bénéficier d'un financement participatif, mais il doit prendre la mesure des désillusions que peut générer ce système. D'un point de vue plus optimiste, la production communautaire est un formidable moyen, pour le « nouveau talent », de bénéficier d'une visibilité, même minime soit-elle. De plus, la diffusion numérique des oeuvres de ces artistes, faite sur le site du label participatif et grâce aux partenaires (Réseau Believe (Itunes, Fnac etc.)) semble compenser

    69

    le manque à gagner du support physique. Ce mode de financement ne devrait pas être une vu comme une fin en soi, mais plutôt comme un moyen, parmi tant d'autres, de proposer au public sa création.

    Et la valeur artistique dans tout ça ? C'est la question que pose certains spécialistes de la musique qui s'insurgent contre l'idée de donner « le pouvoir » à « des amateurs » de juger la qualité artistique d'une création, grâce à son financement . Débat récurrent depuis l'apparition du web 2.0 et qui fait écho à la thèse, quelque peu radicale d'Andrew Keen, qui traite de l'impact destructeur de la révolution numérique sur notre culture et nos valeurs. Cependant, cette interrogation semble inappropriée au cas de la production communautaire.

    En effet, d'une part l'internaute apparaît comme un « investisseur », sa part dans l'aspect artistique est inexistante. D'autre part, dans une industrie de la musique qui vise à satisfaire un plus grand nombre (importance de l'objectif de vente), le fait de demander « l'avis », en amont de la commercialisation, à un « échantillon » du public n'est pas contradictoire. Cette posture est, bien sûr, rassurante pour les entrepreneurs que sont les labels communautaires.

    Si le choix des internautes est légitime, la tendance spéculative d'un « système » basé sur la mise d'argent,est quant à elle, contrariante. Même si la motivation première des « internautes-producteurs » est la satisfaction de participer à une aventure artistique, à la découverte de nouveaux talents, l'appât du gain pourrait à long terme, si les sites de production génèrent des revenus importants, occulter le jugement personnel, affectif, peut être même au détriment d'une qualité artistique.

    L'avenir de la production participative semble lié à la « filière classique », c'est à dire aux majors (en tant que distributeurs), labels indépendants (en tant que co-producteurs). Si la première se stabilise grâce à ces acteurs de l'industrie de la musique, la seconde trouve dans le financement participatif un moyen de limiter les risques et de revendiquer la légitimité d'un artiste choisi par les internautes. Un modèle hybride émanant des partenariats de ces deux filières est plausible.

    Interrogé pour les besoins de ce mémoire, David Gourmandie, manager du groupe The Enjoys affirme « vu que la « génération du web » va s'amplifier, en plus il y a une remise en question du téléchargement, donc il y aura un encouragement dans le sens de la production participative»

    Selon, André Garceau, producteur à GHAT PRODUCTION, basé à Bordeaux « C'est un nouveau modèle qui trouvera sa place dans le paysage du futur mais ne sera pas le modèle unique du futur »

    70

    Toutefois, ce rapprochement pourrait, à long terme, dissuader certains internautes qui « s' insurgent » contre le « système dominant » des majors dans l'industrie du disque.

    Désigné comme étant un soutien aux artistes et plus généralement à la création musicale, le financement 2.0 : auto-production (production de l'artiste sans intermédiaire), production communautaire, est soumis à l'impôt sur les bénéfices non commerciaux payé par les internautes. Les acteurs de la filière souhaitent une défiscalisation des retours sur investissements au même titre que le mécénat dans l'Art.

    71

    Annexes

    Annexe 1 : Tableaux des labels participatifs

    Sites de production participative ou communautaire

    Nom du site

    My Major Comapny

    BuzzMyBan d

    Akamusic

    Revenons à la musique

    Belgodisc

    All In My Music

    Your Music Hall

    Artiste à vendre (ex Be Your Music)

    I-song

    Date de création

    2007

    Décembre 2007

    Mars 2008

     
     

    Février 2009

     

    ?

     

    Nationalité

    Française

    Française

    Belge

    Française

     

    Française

     

    Française

     

    Développemen t du concept à l'étranger

    Royaume-Uni

    Japon

    Canada ( en projet)

     
     
     
     
     

    ?

     

    Internautes-producteurs

    Inscription gratuite

    Oui

    Oui

    Oui

    Oui

    Oui

    Oui

    Oui

    Oui

    Oui

    Valeur d'une part

    10 €

    15 €

    5 €

     

    10 €

    10 €

    10€

    10 €

     

    Artistes

    Sélection à l'entrée du site

    OUI

     

    NON ?

     

    OUI

    NON

     

    ?

     

    Style de musique

     

    Divers avec une dominante pop-rock

     
     
     

    Divers

    Divers

    Musiques actuelles (Folk, Rock, Pop Electro, R'n'b etc.)

    Divers (Jazz/blues), Variété, Rap/R'n'b etc.)

    Sites de production participative ou communautaire

    Nom du site

    My Major Comapny

    BuzzMyBa nd

    Akamusic

    Revenons à la musique

    Belgodisc

    All In My Music

    Your music hall

    Artiste à vendre (ex Be Your Music)

    I-song

    Production

    Jauge pour la production de l'album (LP : long play)

     

    60 000 €

    80 000 €

     

    Prod album

    70 000

    75 000 €

    60 000 €

     

    Jauge pou la production du single

    (EP :extended play)

     

    15 000 € EP 4 titres

    35 000 € EP 6 titres

     

    Single 3 titres

    15 000 single numèrique

     

    16 000€

     

    Rémunération/ internaute- producteur

    40% (entre 0 €et 250 000 € de recettes nettes)

    30% (entre 251 000 € et 500 000 €) 20% (au delà de 500 000 €) (pendant 3 ans)

    40 %

    (pendant 10 ans)

    40 %

    (pendant 5 ans)

    35%

    75 ( ???? / 33

    33

    (pendant 5 ans)

    55 % (jusqu'à 25 000 exemplaires) 35 % (+ de 25 000 ex)

    30 %

    Aucune information

    Rémunération/ artiste

     

    40%

    40%

    35%

    25/33

    33

    20

    30 %

    50%

    Rémunération/ site

     

    20 %

    20%

    30%

    33

    34

    25

    40 %

    50%

    I-song

    Sites de production participative ou communautaire

     

    Nom du

    My Major

    BuzzMyBand

    Akamusic

    Revenons à la

    Belgodisc

    All In My

    Your music

    Artiste à

    site

    Comapny

     
     

    musique

     

    Music

    Hall

    vendre (ex Be

     
     
     
     
     
     
     
     

    Your Music)

    DISTRIBUTION : PHYSIQUE ET NUMERIQUE

    Partenaires

    Warner

    - distributeurs indépendants

    -Universal music

     
     
     
     
     
     
     

    - Believe (distributeur numèrique avec 350 plateformes dont Itunes, Fnacmusic, Virginmega)

    -Itunes, Amazon.c om, Akashop (vente en ligne par le site)

     
     
     
     
     

    DIFFUSION

    Partenaires

    Réseau de partenaires médias

    Le Mouv, Hotmixradio, Game One, Msn, MTV, OÜI FM, Direct Star

     
     
     
     

    Radio Muzeeli Let rock rule Radio

     

    important

    Orange

     
     
     
     

    Festival les

     
     
     
     
     
     
     

    Francofolies

    PROMOTION

    Partenaires

    Réseau de

    L'agence de promotion

     

    Participation

     
     
     
     

    partenaires

    Ephélide (références

     

    des internautes-

     
     
     
     

    médias

    Tryo, Louise Attaque

     

    producteurs

     
     
     
     

    important

    etc.)

     

    (via réseaux sociaux etc.)

     
     
     

    Sites de production participative ou communautaire

    POINTS FORTS / POINTS FAIBLES

    Nom du site

    My Major Comapny

    BuzzMyBand

    Akamusic

    Revenons à la musique

    Belgodisc

    All In My Music

    Your

    music Hall

    Artiste à vendre (ex Be Your Music)

    I-song

     

    + : Leader en France, réseau de partenaires important

    - : positionnement « major du web » risque de déplaire à une catégorie d'internautes, voulant

    « s'opposer » à l'oligarchie des majors.

     

    + : Leader en Belgique + joue la carte de la transparence

    + : Nom en français / image d'un site « anti- business » - : peu de partenaires diffusion, promotion

     
     
     

    + : bonne ergonomie du site en construction

    - : dénomination « artiste à vendre » péjorative (l 'artiste assimilé à un produit)

    - : manque de transparence (peu d'information s sur les fondateurs, le mode fonctionneme nt du site)

    76

    Annexe 2 :Entretiens semi-directifs

    David Gourmandie, Mananger du groupe The Enjoys

    Pourquoi l'inscription ?

    Leur inscription sur ce site a été un tremplin

    Il n'y a pas de contrat lors de l'inscription

    « Moyen démocratique »

    « production participative c'est un tremplin, ça permet des rencontres, un soutien énorme du milieu

    musical »

    « la production participative c'est comme une passerelle, en gros c'est ce moyen ou rien !!!!!! »

    Les partenaires : orange, direct star

    Production participative, concurrence aux maisons de disques ? On sait pas....

    Jauge pour la production d'un album ?

    30000(internautes) + 30000 (partenaires du label)

    Désillusions ?

    « C'est sur qu'il y a des désillusions, il faut être professionnel et avoir fait quelques dates, c'est ce qui garantie une meilleure reconnaissance de l'album, il ne s'agit pas d'arriver son aucun bagage ».

    « Dans la charte, il y a des informations, mais il n'y a aucune promesse »

    Contrat juridique ?

    « Il n'y pas de contrat juridique en amont, pas possibilité d'intenter une action en justice »

    « Pour notre cas, le label a estimé que le groupe valait le coup et nous a signé 3 mois après «

    Contrat comme dans maison de disque ?

    « Oui comme dans une maison de disque » / signature pour album

    « Maison de disque avec qui on a fait un single et quand 60000 euros atteint : album » « Les maisons de disques comme Sony, Yema surveillent la production participative. »

    Rémunération/ Pourcentage ?

    40% : internaute

    50% artiste

    40% producteur

    Des choses à améliorer ?

    « On fonde beaucoup d'espoirs sur la production participative/ certains mettent leur vie la dessus. »

    « Difficulté : gérer énormément de gens (nombre important d'internautes » d'un coup »

    L'avenir de la production participative ?

    « Avec « génération du web » ça va s'amplifie »

    « En plus : remise en question du téléchargement donc il y aura un encouragement dans ce sens »

    Contrat ?

    Chaque label est unique, il n'y a pas de contrat type Aujourd'hui on ne signe plus que pour 5 ans voire moins

    77

    Contacts avec les internautes ?

    78

    Information, vidéo, concert privé

    Motivation de l'internaute lors de son inscription ? « Musique au départ »

    Le fait d'être choisi par les internautes ? « C'est un avantage »

    Production participative encourage culture de masse ?

    « L'industrie de la musique ne produit que de la culture de masse, ce n'est pas négatif ça veut dire que ça marche ... »

    Le tout c'est de ne pas se vendre comme un produit, avec des gros contrats pub ex : coca etc. Le but : c'est de se faire connaître dans la musique

    Actualité du groupe ?

    Sortie 15 mars! avril 2011 ! album distribué FNAC

    79

    ANDRE GARCEAU , PRODUCTEUR, GHAT PRODUCTION

    1/ Pouvez-vous présentez ?

    Ghat production, est un petite structure qui depuis 10 ans produit de la musique de relaxation, new age, world music. Nous sommes distribués par Wagram music et Warner music

    2/ Quels sont les artistes que vous avez produits ?

    Aucun artiste connu pour info ; Natobi & wakan, songoe, philip N bess, etc

    3/ Que pensez-vous de la production participative ? C'est une approche originale

    4/ Encourageriez-vous vos artistes à s'inscrire sur les labels production participative ? Pourquoi ? la question n'est pas pertinente. Si ce sont « mes » artistes cela signifie qu'ils ont signé un contrat

    avec ma société et n'ont donc pas le droit d'aller signer ailleurs. Je me vois mal leur conseiller Dans le cas d'autres artistes non signés chez moi je ne leur conseillerais pas particulièrement ce conseil

    Craintes ?

    4) Au vu de la nouveauté du modèle, pensez-vous que le « producteur internaute » et l'artiste soient conscients des rouages du « système » de la production participative ?

    Non ils ne le sont pas. Pas plus qu'ils ne sont conscients des rouages du modèle de production traditionnel

    5) en tant que producteur, observez-vous un certain « dédain » envers les artistes produits par les internautes, justifié par certains par la fait que la production ne soit pas « professionnelle ». Non

    6) Pensez-vous que la production participative, dite « populaire », encouragerait la « culture de masse » ?

    Non Pas particulièrement La culture de masse est déjà là. Il s'agit plutôt d'un nouveau modèle économique

    7) Peu d'artistes sont produits rapidement, pour la plupart l'inscription sur le site est synonyme d'une longue attente dans l'espoir d'être financés.

    Pensez-vous qu'ils sont-ils bien informés de ce fait ? Difficile à dire certains oui, d'autres non

    80

    8) Y a-t-il des points juridiques concernant la production participative qui vous paraissent incohérents, voir défaillants?

    Si oui, lesquels ?

    Je ne peux pas dire dans la mesure ou je ne connais pas le type de contrats qui sont proposés aux artistes et aux internautes.

    Bénéfices ?

    9) Pensez-vous que la production participative « rend service » aux artistes dans ce contexte de crise de la musique ?

    Pas particulièrement, elle fait rêver les artistes mais comme dans le modèle traditionnel, il y aura beaucoup d'appelés et peu d' élus. Ce sont les distributeurs qui contrôlent le marché pas les producteurs, partcipatifs ou pas, ni les artistes

    10) Selon vous, le plébiscite d'un artiste par les « producteurs internautes » est t-il « un gage »

    de reconnaissance et de succès par la suite ?

    Non cela serait trop beau. Ce sont le matraquage et parfois trop rarement la magie d'une rencontre entre un artiste et le public presque par hasard et aussi le temps qui assurent le succès d'un artiste

    Les producteurs-internautes

    11) Quel est, selon vous, le profil type du « producteur-internaute »

    Quelqu'un qui aime la musique et rêve ou a toujours rêvé de travailler dans l'industrie musicale sans en avoir l'opportunité et qui dispose de revenus suffisant pour en miser une partie sans garantie de retour

    12) Quelles sont, selon vous, les motivations « des internautes producteurs » lors de leur inscription?

    Envie de soutenir un artiste, avoir le sentiment de participer à la production d'un disque et au lancement d'un artiste, espoir de gains financiers

    81

    13) Quel est le rôle, selon vous, de l'internaute-producteur dans la production artistique ? Est-ce

    qu'il y participe réellement ?

    A part le choix de l'artiste, en lui apportant un soutien financier (ce qui n'est déjà pas si mal. L'internaute producteur n'a pas d'autre rôle artistique majeur comme le choix des titres et de la production sonore (réalisateur, studio, etc)

    Le poids des producteurs internautes face à la production « classique »

    15) Comment, selon vous, les maisons de disques et vous même percevez les sites de production participative?

    Comme une initiative innovante et originale dont l'évolution est à suivre

    16) Ces sites sont-ils pris en considération sur le marché de la musique, leur légitimité est-elle acquise ?

    seulement dans le cas de MMC

    Capacité du principe de ce modèle à perdurer ?

    17) Comment expliquez le fait que le site : MY MAJOR COMPANY, semble perdurer et être viable économiquement, alors que d'autres comme Spidart aient connu des difficultés.

    MMJ a été crée par des professionnels du métier : le fils de JJ Goldman, et un ancien de BMG (Bonnes connaissances du milieu, relations, soutiens financiers, accords de distribution, etc) Il n' y a pas assez de place pour que plusieurs sites de ce type connaissent le succès (en France en tout cas). Le nerf de la guerre reste la distribution et la promo , pas la production.

    Failles du modèle ?

    18) Comme dit précédemment, les exemples (Spidart) de liquidation judiciaire de sites de production participative ne manquent pas.

    Quelles en sont les causes selon vous ?

    Pas de moyens financiers suffisants pour la promo, pas d'accords de distribution, pas d'accès aux radios, pas de carnet d'adresses dans le monde de l'industrie musicale,

    Copier un modéle ne suffit pas, il faut beaucoup d'argent et des relations dans le milieu pour lancer un artiste,

    Si Youtube décide de monter ce type de service MMC a du soucis à se faire. Le modèle est fragile car facilement copiable par des concurrents disposant de moyens financiers, de centaines de millions d'internautes captifs et prêts à miser, youtube peut assurer une diffusion planétaire et garantir aux internautes des revenus grace aux revenus publicitaires générés par le visionnage des vidéos, en mettant le clip de la chanson phare en première page du site

    82

    Peut-on parler de failles dans le système ? Si oui, quelles seraient-elles ?

    Le fait que des internautes choisissent de soutenir financièrement un artiste pour produire son disque ne change pas foncièrement la donne. Une fois le disque enregistré, il faut pouvoir assurer sa promo, sa distribution, un accès aux télés, radios, sites internet, monter des tournées, ce qui demande des moyens financiers supplémentaires, et une équipe de professionnels bien rodés aux us et coutumes du show bizz

    19) S'il y a avait des choses à améliorer pour que le fonctionnement de la production participative soit plus fiable pour les producteurs et les artistes qu'améliorerez-vous ?

    L'économie de la musique est en pleine mutation. Difficile à dire pour le moment.

    20) Beaucoup de questions se posent concernant « l'avenir » de la production participative. Selon vous, est-elle le modèle de demain ? Une simple alternative ? Ou seulement un effet de mode qui tendra à disparaître ?

    C'est un nouveau modèle qui trouvera sa place dans le paysage du futur mais ne sera pas le modèle unique du futur

    Pourquoi ?

    Le futur sera composé de modèles multiples dont certains sont encore inconnus

    21) Y'a-t-il des réflexions ou points importants que vous souhaitez rajouter ? Non

    83

    Bibliographie

    SOURCES MANUSCRITES

    Auray Nicolas, "La gratuité et la culture", in Actes des ateliers de la DGCCRF , « Le prix a-t-il encore une valeur? », 2010.

    Berry Michel, Deshayes Christophe, Les vrais révolutionnaires du numérique, Paris, Documental Ecole de Paris du management, Éd. Autrement impr, 2009 cop. 2010

    Bouquillon Philippe, Matthews Jacob Thomas, Le Web collaboratif . mutations des industries de la culture et de la communication, Presses universitaires de Grenoble, 2010

    Cardon Dominique, Web 2.0, La Découverte impr. 2009

    Cinelli Bruno, Propriété intellectuelle 2010-11, Hachette DL 2010

    Cousin Capucine, Tout sur le web 2.0 et 3.0, Paris, Dunod, 2010

    De Rosnay Joël, la révolte des pronétariat, des mass média aux média des masses, Fayard, 2006

    Fayon David, Pujolle Guy, Pierre Kosciusko-Morizet, Web2.0 et au-delà . nouveaux internautes . du surfeur à l'acteur, Paris, Economica imp, 2010

    Flichy Patrice, les nouvelles formes des collectifs, Paris, La découverte, 2010

    Gervais Jean-François, Web 2.0 . les internautes au pouvoir . blogs, réseaux sociaux, partage de vidéos, mashups... , Dunod DL 2007

    Hussherr François-Xavier, Hussherr Cécile, Carrasco Marie-Estelle, Le nouveau pouvoir des internautes, Timée-Editions, 2006

    Martin Alban , Et toi, tu télécharges ? . Industries du divertissement et des médias à l'ère du numérique, Pearson cop. 2010

    Muller Andrée, La net économie, PUF, 2007

    Olivennes Didier, Le développement et la protection des oeuvres culturelles sur les nouveaux réseaux, Rapport au ministre de la Culture et de la Communication, 2007

    Pisani Françis, Piotet Dominique, Comment le web change le monde. des internautes aux web-acteurs, Pearson cop. 2011

    Rebillard Franck , Le Web 2.0 en perspective . une analyse socio-économique de l'internet, L'Harmattan DL 2007

    84

    Sok Borey , Musique 2.0 : Solutions pratiques pour nouveaux usages marketing, Editions Irma

    SITOGRAPHIE (non exhaustive. Cf notes de bas de page)

    ARTICLES

    01net - « L'industrie du disque trébuche sur la stratégie Web de Nine Inch Nails »

    Les cahiers du CREA

    http://www.crea.dauphine.fr/publication/cahier%20du%20crea%206.pdf

    Edouard Barreiro - « Crise de l'industrie musicale ou obsolescence du CD ? »

    A.Martin - cocreation.blogs.com

    Quelques innovations marketing pour la musique

    ZDNet - Greg Sandoval, Estelle Dumout

    L'industrie de la musique en panne de stratégie de développement

    Estelle Dumout, ZDNet

    Musique : l'industrie du disque tirée par les ventes numérique d'ici 2010

    Le blog musique

    http://leblogauto.typepad.com/le_blog_musique/2008/01/labelscommunau.html

    Alban Martin - Le crowdsourcing

    http://cocreation.blogs.com/alban/2006/06/concept_intress.html

    85

    RAPPORT DE STAGE, Conseil

    Général, assistante de coordination

    AZAAMAR IMAN

    MASTER 2 INGENIERIE DE PROJETS CULTURELS ANNEE 2010/2011

    RAPPORT DE STAGE

    STRUCTURE ACCUEILLANTE

    Conseil Général

    Direction de l'environnement et du tourisme

    Pôle de valorisation des espaces naturels et touristiques

    MANIFESTATION CULTURELLE

    4° EDITION

    « HISTOIRES D'ILES »

    POSTE OCCUPE

    Assistante de coordination
    Du 4 avril au 31 juillet 2011

    TUTRICE DE STAGE

    86

    Fabienne Moreau, Chargée de Projet Environnement et Culture

    87

    Remerciements

    Je remercie Fabienne Moreau, Chargée de Projet Environnement et Culture, Joackim Dufour,
    Chargé de Projet Environnement et Odile Courbin, Responsable du Pôle de valorisation des
    espaces naturels et touristiques pour leur encadrement et leur disponibilité.

    88

    STRUCTURE ACCUEILLANTE

    Le pôle de valorisation des espaces naturels et touristiques est un service chapeauté par la direction de l'environnement et du tourisme (DET) qui fait partie de la Direction Générale Adjointe chargée de la vie Culturelle, de l'environnement et du tourisme (DGAC) du Conseil Général.

    Ce pôle vise à préserver et valoriser les espaces naturels sensibles (ENS) du département de la Gironde. Un espace naturel sensible (ENS) est un site classé et protéger sa richesse biologique unique : milieux et habitats naturels, faune, flore... C'est aussi un site ouvert au public.

    Les principales missions de ce pôle sont d'inventorier pour identifier la faune et la flore sur ces espaces naturels, classer pour préserver, entretenir pour protéger et rendre accessible pour informer et éduquer à l'environnement.

    Le département gère 25 espaces naturels sensibles dont l'île Nouvelle, sur laquelle a lieu la manifestation culturelle « Histoires d'îles ».

    LE PROJET CULTUREL : HISTOIRES D'ILES

    « Histoires d'îles » est une manifestation culturelle, coordonnée par le Conseil Général, et qui se déroule sur l'île Nouvelle et l'île de Patiras (estuaire de la Gironde) de fin juin jusqu'au début octobre. Pour la 4ème édition, l'appel à projet n'a pas dérogé au fondement d' « Histoires d'îles » ; il invite les artistes à s'inspirer des espaces naturels sensibles ou plus largement à faire écho à l'environnement.

    Les spectacles qui s'imprègnent des lieux singuliers permettent au public de s'évader, la programmation est ponctuée par des visites et des animations naturalistes (écoute des chants des oiseaux, jeu autour de la découverte ornithologique).

    Un projet animé par une volonté de transversalité des domaines, en effet « Culture rime avec Nature ». Les propositions croisent, donc, les approches naturalistes, artistiques, scientifiques ou encore paysagères.

    Dans le cadre de ce projet « Histoires d'îles », il ne s'agit pas « d'implanter » une proposition lambda dans un décor singulier. Puisque, une attention particulière est apportée à la démarche artistique qui doit amener une réflexion autour de l'environnement.

    L'équilibre entre « le culturel », « le scientifique » et la sensibilisation à l'environnement est constamment recherché. « Histoires d'îles » vise à favoriser la découverte de ces espaces naturels sensibles et touristiques mais également à susciter l'implication des différents acteurs de ces territoires autour de projets pluridisciplinaires.

    89

    REALISATIONS LORS DU STAGE

    1/ Dossier de presse (cf annexe 1/ extrait)

    La rédaction de ce dossier de presse a nécessité une lecture attentive du dossier de presse 2010, réalisé par l'attachée de presse Stéphanie Pichon.

    La programmation de la 4e édition ayant été renouvelée, la source d'information principale a été les dossiers de candidature (réponses à l'appel à projet) , dans lesquels figurent l'identité des associations (compagnies) et la description du projet.

    Afin de compléter au mieux le dossier de présentation et ne pas trahir la nature de la proposition artistique, les intéressés ont été contactés dans le but de préciser et vérifier le contenu.

    Les sources internes (dossier de presse 2010, description du projet etc.) ont été complétées par des recherches personnelles et par les questions posées, quand cela était possible, aux compagnies et associations, porteurs de projet.

    Le style de rédaction est avant tout informatif, il s'agit de réunir les informations essentielles et réactualisées afin de permettre, en interne, aux acteurs gravitant autour du projet d'obtenir une information claire et précise rapidement.

    Au départ, il s'agissait d'informer sur les propositions artistiques (volet artistique : « Histoires d'îles ») , puis il s'est enrichit par le « récapitulatif de la programmation », par les informations pratiques (lieu d'embarquement, prix, billeterie, partenariat etc.)

    S'est ajouté à ce volet artistique, le « volet naturaliste » avec les visites guidées.

    Difficultés rencontrées

    Ce travail de recherche , de sélection des informations et de rédaction (réécriture) a nécessité du temps, environ un mois.

    Son but n'était seulement de donner une information sur les propositions artistiques mais aussi d'apporter une information générale sur une partie de « l' offre » du Pôle de valorisation des espaces naturels et touristiques. Avec d'un côté, le volet culturel : « Histoires d'îles » et de l'autre le volet naturaliste (tableau récapitulatif des visites).

    2/ Brochure « Histoires d'îles » et les visites (cf annexe 2/ version papier)

    Afin d'aboutir à cette brochure qui englobe une information sur les visites, les animations nature et la manifestation culturelle « Histoires d'îles », plusieurs interlocuteurs ont été sollicités : les compagnies, les associations, les bateliers, l'Iddac (en tant que porteur de projet).

    Le dossier de presse réalisé, en début de stage, a servi de base d'information pour la brochure. En effet, on y retrouve les textes sur les compagnies, le récapitulatif de la programmation culturelle et le calendrier des visites guidées.

    Le travail réalisé en amont

    En amont « le chemin de fer » du document a été validé par le service de communication du Conseil Général.

    Un mail groupé, avec en pièce jointe le document servant de base d'information à la future

    90

    brochure, a été envoyé aux intéressés.

    Les interlocuteurs pour « Histoires d'îles » ont été :

    - Les compagnies - Les associations - l'Iddac

    Pour les visites guidées :

    - les bateliers

    - les guides naturalistes

    * Il appartenait à chacun de renseigner le document. Par exemple, les compagnies devaient informer sur le prix, confirmer la réservation du batelier, indiquer la date et l'heure d'embarquement et de retour.

    Une relance auprès des acteurs gravitant autour du projet a été régulière afin d'obtenir ou de compléter le document, servant de base à la brochure.

    Les informations recueillies ont été validées par la direction de l'environnement et du tourisme, le service de communication a assuré la mise en page.

    Après avoir été enrichi par les informations provenant d'autres services, le document a été corrigé, validé par les responsables. Le bon à tirer (BAT) donne l'aval pour l'impression des brochures.

    Difficultés rencontrées

    La principale difficulté de ce travail a été, dans un premier temps, de distinguer très clairement la manifestation « Histoires d'îles » et les visites guidées afin de ne commettre aucune erreur sur les dates, prix, le lieu d'embarquement ( Pauillac, Blaye, Bordeaux) , les horaires d'embarquement et celles du retour. Enfin identifier et confirmer le service assuré par chaque batelier était nécessaire au bon déroulement de la saison.

    En effet, ces espaces naturels sensibles, il s'agit de l'île Nouvelle et de l'île de Patiras, sont par définition singuliers et protégés, les contraintes permettant leur accès devaient être soigneusement respectées, le public ne pouvant embarquer librement.

    Le résultat de ce travail de coordination se traduit par les tableaux à destination des services en interne et du public, il s'agit du « récapitulatif » de la programmation culturelle de juin à début octobre : « Histoires d'îles », les visites de l'île Nouvelle, de la citadelle de Blaye, navigation du verrou de Vauban, de juin à septembre. (cf annexe 2 : Brochure « La nature fait son spectacle, cet été sur l 'Estuaire et ses îles ».

    3/ Plan de distribution (cf annexe 3/ extrait du plan de distribution)

    Le conseil général, en tant que collectivité territoriale et gestionnaire de l'argent public, est soumis à des procédures juridiques très strictes en cas d'achat de biens ou de services aux entreprises externes.

    2 procédures se distinguent :

    - La consultation pour l' achat de biens ou de services dont le coût est inférieur à 4000 €

    - La procédure d'une offre d'un marché pour l' achat de biens ou de services dont le coût est supérieur à 4000 €

    91

    Une consultation, qui s'accompagne d'un des cahiers sur lequel figure les besoins du service a été engagé. Une fois, le prestataire choisi en fonction des critères d'éligibilité dûment signifiés sur la lettre de consultation, des fichiers sous format excels ont été effectué afin de permettre au prestataire de réaliser au mieux le service demandé c'est à dire la mise sous pli des brochures (adresses).

    Le travail effectué, en amont de la consultation, a été de réaliser un plan de distribution : Il a nécessité :

    - de choisir et d'identifier les lieux stratégiques en fonction de l'offre brochures et de la

    géolocalisation de l'événement ( 3 brochures : L'estuaire et ses îles, Espaces naturels sensibles, Certes-Graveyron)

    - d'évaluer la quantité pour chaque lieu, en fonction de son importance géographique.

    *Les structures ciblées sont les offices de tourisme et les antennes, les hôtels et les villages de vacances de France, les sites touristiques, les bateliers et les associations (environnementales, culturelles), les lieux culturels.

    4/ Réalisation de base de données et de « fiches contacts »

    Ce travail régulier avait pour but d'identifier les interlocuteurs, lesquels ont été classés sous ces catégories : porteurs de projets, collectivités et organismes, associations, les bateliers et les opérateurs touristiques, chargés de la commercialisation (billeterie).

    Grâce à cette identification et ce répertoire effectué (numéro de téléphone, mail, adresse, nom du projet etc.), les conditions de travail ont été améliorées et ont permis d'être efficace.

    5/ Travail sur le terrain / Ile Nouvelle

    - Accueil du public

    - Rôle d'intermédiaire entre l'équipe artistique et l'équipe des guides naturalistes

    - Recueil des avis sur la manifestation « Histoires d'îles » : questions posées au public lors des intermèdes.

    92

    Conclusion

    Ce stage au sein du Pôle de valorisation des espaces naturels et touristiques qui porte la manifestation culturelle « Histoires d'îles » a été enrichissant sur le plan humain et professionnel.

    En effet, étant intéressée par les collectivités territoriales et plus largement par le service public, cette expérience a été l'occasion d'appréhender concrètement le fonctionnement d'une « entité politique ».

    « Histoires d'îles » étant la résultante d'une politique environnementale et culturelle définie par le Conseil Général de la Gironde, cette manifestation m'a donc permis de comprendre la traduction de priorités politiques en projets concrets.

    Travailler au sein de cette collectivité a été l'occasion d'identifier le tissu des acteurs locaux qui participent à un projet ou à une manifestation sur un territoire donné, ici le département de la Gironde. On peut citer, en priorité, les associations (environnementales, culturelles, compagnies) qui sont à l'initiative de propositions ou qui répondent à des appels à projets lancés par le Conseil Général. Il s'agit également des organismes rattachés à la collectivité, comme l'Iddac ou non rattachés comme le S.M.I.D.D.E.S.T (syndicat mixte pour le développement durable de l'estuaire de la Gironde),dans ce cas précis.

    Enfin, il s'agit des Girondins dont la participation et l'implication dans les projets, qui leur sont destinés, contribuent au dynamisme d'un territoire et permettent le lien social.

    De mon point de vue, l'intérêt principal a été de contribuer à une manifestation d' intérêt général dont le but est de sensibiliser aux problématiques environnementales dans un cadre culturel, scientifique et ludique.

    L'engagement, vis-à-vis des Girondins, pour la préservation des espaces naturels sensibles ( faune et flore) qui s'accompagne d'une programmation culturelle de qualité, propice à la réflexion autour de l'environnement, a motivé ma candidature pour ce stage.

    Le travail réalisé au sein de ce pôle de valorisation, sous la direction de l'environnement et du tourisme (DET) est porté par la volonté de décloisonner les domaines et les services afin d'enrichir un projet. J'ai donc été ravie de côtoyer des personnes ayant un profil différent du mien, il s'agit des chargés de projet lié aux problématiques des déchets, des guides naturalistes qui travaillent sur l'île Nouvelle, des chargés de projet lié au tourisme etc.

    Le travail principal réalisé, lors de ce stage, s'apparente aux réalisations d'un service de communication : rédaction d'un dossier de presse à des fins d'exploitation en interne (le dossier définitif à destination de la presse et du public a été réalisé par une attachée de presse), mise en place d'outils ayant une visée informative à destination du public pour la brochure, plan de distribution, contacts réguliers et échange d'informations avec les différents acteurs gravitant autour de la manifestation « Histoires d'îles » .

    Cependant, beaucoup de connaissances théoriques concernant le fonctionnement du Conseil Général ont été acquises lors des réunions : réunions budgétaires et financières, réunions avec l'agence de communication en charge de communiquer sur l'offre de la direction de l'environnement et du tourisme (DET), réunions avec les artistes dans le cadre de l'appel à projet 2012 etc.

    «Histoires d'îles » a lieu sur l'île Nouvelle et l'île de Patiras (estuaire de la Gironde), ces lieux

    93

    singuliers permettent « l'évasion et sollicitent l'imaginaire » selon les visiteurs interrogés. Cependant, ces îles semblent très peu connues des Girondins, plus particulièrement des Bordelais et des habitants de C.U.B.

    Afin de pallier à ce manque d'appropriation du territoire par ces habitants, un travail permettant l'accessibilité aux points de départ c'est à dire Blaye et Pauillac devraient être envisagé. Il s'agirait d'organiser des navettes gratuites (cars) en partance de Bordeaux à destination de ces lieux d'embarquement. Ceci ne pouvant être applicable, pour des raisons budgétaires à l'ensemble de la programmation culturelle, seules les dates phares pourraient bénéficier de ce procédé, déjà utilisé dans le cadre des « scènes d'été ».

    D'autres actions sont en cours afin de renforcer la participation du Conseil Général à « la fête du fleuve », l'offre à destination des scolaires, des collégiens et des publics dits «empêchés » devraient s'intensifier. A l'heure actuelle, les différents services du département (jeunesse, social, culture et environnement) travaillent autour de projets transversaux et complémentaires.

    ANNEXE 1 : EXTRAIT / DOSSIER DE PRESSE (à visée interne)

    L'affaire Coincoin ou de la débâcle du monde / Création / Théâtre / Cie du Soleil Bleu / IDDAC Samedi 1er octobre / île de Patiras

    Dimanche 2 octobre/ Île Nouvelle

    En septembre 2008, la NASA lâche 90 canards en plastique jaune dans un glacier au Groenland pour étudier les effets du réchauffement climatique. Depuis, aucune nouvelle. Ils ont disparu. Où sont passés les coin-coins ?Et que peuvent-ils nous dire du monde de demain, celui qui va naître de la fonte des glaces ? Celui qui

    pourrait bien faire disparaître un jour les îles et les rives de l'estuaire ? La Compagnie du Soleil bleu a décidé de partir à leur recherche et de faire théâtre de cette quête et de cette épopée.

    En 2011, il débute l'écriture de « L'affaire Coincoin ou la débâcle du monde », son deuxième texte, dont il souhaite présenter une maquette pour 3 comédiens début 2012.

    L'affaire Coincoin ou la débâcle du monde est un spectacle que l'on peut qualifier de « comédie-catastrophe arctique » autour duquel s'articule cette quête de la vérité historique des canards en plastique. Ainsi, les questions foisonnent, les pistes s'esquissent et la réflexion s'active. Certains supposeront que derrière ce fait presque anecdotique, se cache un « iceberg », celui du réchauffement climatique et de ses conséquences. Mais, il s'agit surtout pour l'auteur de faire du théâtre en partant d'un article à la fois drôle et affolant. A ce propos, il explique : « j'ai décidé de partir à la recherche des canards de la NASA et de faire du théâtre de cette quête et de leur épopée » en posant « un regard décalé, absurde ou loufoque, onirique et burlesque sur notre monde désenchanté ». Histoires d'îles 2011, saison culturelle et naturaliste espère susciter la réflexion et le questionnement au sujet des problématiques liées à l'environnement comme le réchauffement climatique.

    Sébastien Laurier a intégré le Conservatoire National de Région de théâtre de Bordeaux, alors qu'il était étudiant en Histoire. On retrouve, d'ailleurs, les stigmates de cette double formation à travers son travail d'écriture et de création.

    Quelques années plus tard, sa route croise celle de Laurent Laffargue, il s'embarque dans l'aventure du Soleil bleu comme assistant à la mise en scène et comme comédien.

    Il collabore également, ponctuellement, avec d'autres metteurs en scènes : Jean-Louis Thamin, Dominique Unternehr, Jean Jacques Mathieu, Richard Piper entre autres.

    En 2008, il entame un parcours professionnel comme auteur et metteur en scène. Son premier spectacle Mais que sont devenus les révoltés du Bounty ? est créé à Suresnes en mars 2009 puis repris au Théâtre de la Manufacture en Avignon en juillet 2010.

    Informations pratiques

    Samedi 1er octobre, spectacle à 15 h sur l'île de Patiras

    2 départs de Pauillac : 13 h et 14 h 15, retour 16 h 30

    La proposition comprend aussi une lecture de paysage de l'estuaire sur le bateau et la visite du Phare de Patiras. Dimanche 2 octobre, spectacle à 13 h 30 sur l'île Nouvelle

    2 départs de Blaye : 11 h et 12 h 15, retour à 16 h

    La proposition comprend aussi une lecture de paysage de l'estuaire sur le bateau et une présentation de l'île Nouvelle, pique nique sur place, prévoir son panier.

    Tarifs / Plein : 12€ - Réduit : 6€ Billetterie

    Iddac : 05 56 17 36 36

    Les partenaires : Conseil général de la Gironde, Iddac, Compagnie du Soleil bleu, Clap de Saint-André-de-Cubzac, Conservatoire de l'estuaire.

    ANNEXE 2: BROCHURE

    ANNEXE 3: EXTRAIT / PLAN DE DISTRIBUTION

    DISTRIBUTION DOCUMENT ESTUAIRE ET SES ILES / Brochure n°1

     

    Adresses

     
     

    Lieux culturels

     
     
     

    Grand théâtre de Bordeaux

    Place de la Comédie

    33000 Bordeaux

    50

    Théâtre Femina

    20 rue de Grassi

    33000 Bordeaux

    50

    Conservatoire de Bordeaux Jacques Thibaud

    22 quai Sainte-Croix

    33800 Bordeaux

    50

    CAPC, musée d'Art Contemporain

    Entrepôt - 7 rue Ferrère

    33000 Bordeaux

    50

    Musèe d'Aquitaine

    20 cours Pasteur

    33000 Bordeaux

    50

    Cinéma Jean Eustache / Pessac

    7 Rue des Poilus

    33600Pessac

    50

    Patinoire Mériadeck

    95 cours du Maréchal Juin

    33000 Bordeaux

    50

    Centre Simone Signoret

    Chemin du Cassiot

    33610CANEJAN

    50

    Médiathèque de Talence

    1 Allée Peixotto

    33400Talence

    50

    Médiathèque de Pessac

    21 rue de Camponac

    33600Pessac

    50

    Médiathèque de Gradignan

    Avenue Jean Larrieu

    Gradignan

    50

    Bibliothèque municipale Johel Coutura

    27 cours de la République

    33390Blaye

    50

    Médiathèque

    Place Jeantet

    33 710 Bourg

    50

    Bibliothèque

    34 rue Victor Hugo

    33480Castelnau-du-Médoc

    50

    MEDIATHEQUE LES COLONNES

    4 rue du Docteur Castera

    33 290Blanquefort

    50

    Bibliothèque municipale Favols

    17, avenue Vignau-Anglade - BP. 37

    33560Carbon-Blanc

    50

    Cinéma le Magic

    14, rue de Mondenard

    33240Saint-André de Cubzac

    50

    Bibliothèque Lecture Evasion

    Rue Jacques Vergeron

    33920St-Savin de Blaye

    50

    Bibliothèque

    7 Rue du Général de Gaulle

    33112Saint Laurent Médoc

    50

    Bibliothèque municipale de pauillac

    13 Rue Aristide Briand

    33250Pauillac

    50

    centre culturel de Pauillac

    25 rue Edouart de pontet

    33250Pauillac

    50

    BIBLIOTHEQUE CDC COEUR DU MEDOC

    37 Crs Mal D L De Tassigny

    33340Lesparre Médoc

    50

    Centre lesparrain d'animation culturel et de loisirs

    20 rue du Palais de Justice

    33340Lesparre-Médoc

    50

    CINEMA DE Blaye

    13 r Urbain Albouy

    33390BLAYE

    50

    Cinéma le Molière

    20 r Palais de Justice

    33340LESPARRE MEDOC

    50

    Ciné hourtin

    8 r lachanau

    33990HOURTIN

    50

    Cinéma Océanic

    68 r Plage

    33780SOULAC SUR MER

    50

    Cinéma Le Relais

    136 bd Côte de Beauté

    17110Saint Georges de Didonne

    50

     
     
     

    1400






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"Aux âmes bien nées, la valeur n'attend point le nombre des années"   Corneille