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Université d'Abomey-Calavi Faculté des Lettres,
Arts et Sciences Centre Inter-facultaire de Formation
(UAC) Humaines (FLASH) de Recherche en Environnement
le Développement Durable (CIFRED)
Ecole Doctorale Pluridisciplinaire (EDP)
«Espace; Cultures et Développement»
Thèse de Doctorat Unique
Présentée en vue de l'obtention du grade
de Docteur de l'Université d'Abomey-Calavi
Option : Géographie et Gestion de
l'Environnement
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et
pour
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Spécialité : Géosciences de
l'Environnement et Aménagement de l'Espace
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N° d'enregistrement : 106 - 12 / EDP / FLASH/ UAC
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LES HYDRO-ECOREGIONS DU BASSIN DE LA PENDJARI AU
BENIN : Analyse des déterminants socio-économiques et
environnementaux de la dynamique des écosystèmes
naturels
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Présenté par : M'Po Edouard
IDIETI
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Soutenue publiquement devant le Jury international
composé de :
Président : Euloge K. AGBOSSOU,
Professeur Titulaire, Université d'Abomey-Calavi
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Rapporteurs :
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- Directeur de thèse : Michel BOKO,
Professeur Titulaire, Université d'Abomey-Calavi
- Codirecteur de thèse : Etienne DOMINGO,
Maître de Conférences, Université d'Abomey-Calavi
Examinateurs : - Jean-Marie DIPAMA, Maître
de Conférences, Université de Ouagadougou
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- Fulgence AFOUDA, Maître de
Conférences, Université d'Abomey-Calavi
- Madjidou OUMOROU, Maître de
Conférences, Université d'Abomey-Calavi - Brice Agossou
TENTE, Maître de Conférences, Université
d'Abomey-Calavi
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Date de Soutenance : 23 octobre 2012
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Mention : Très Honorable avec
Félicitation du jury
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ESPRIT
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Dédicace
1
A
Tous les acteurs de la gestion des ressources
naturelles.
2
Sommaire
Dédicace 1
Remerciements 3
Sigles et acronymes 4
Résumé 6
Abstract 7
INTRODUCTION GENERALE 8
CHAPITRE 1 : CADRE GEOGRAPHIQUE DE L'ETUDE 13
1-1- Présentation géographique du secteur
d'étude 14
1-2- Description du milieu physique du bassin versant de la
Pendjari 16
1-3- Description du milieu humain 29
CHAPITRE 2 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 39
2-1- Cadre théorique 40
2-2- Cadre méthodologique 52
CHAPITRE 3 : LES HYDRO-ECOREGIONS DU BASSIN VERSANT DE LA
PENDJARI 86
3-1- Hydro-écorégions du bassin versant de la
Pendjari 87
3-2- Caractéristiques des
hydro-écorégions identifiées 92
CHAPITRE 4 : ANALYSE DES DETERMINANTS SOCIO-ECONOMIQUES ET
ENVIRONNEMENTAUX DE LA DYNAMIQUE DES ECOSYSTEMES NATURELS DANS
LES HYDRO-ECOREGIONS DU BASSIN VERSANT DE LA PENDJARI 99
4-1- Déterminants environnementaux de la dynamiques des
écosystèmes naturels 100
4-2- Déterminants socio-économiques de la
dynamique des écosystèmes naturels 124
CHAPITRE 5 : STRATEGIES D'ADAPTATION A LA DYNAMIQUE DES
ECOSYSTEMES
NATURELS DANS LE BASSIN VERSANT DE LA PENDJARI 147
5-1- Stratégies endogènes 148
5-2- Mesures réglementaires et institutionnelles de la
gestion durable des écosystèmes naturels
dans les hydro-écorégions du bassin versant de
la Pendjari 164
CONCLUSION GENERALE 171
Bibliographie 175
Annexes 196
Table des Matières 227
3
Remerciements
Ce travail de recherche sur « Les
hydro-écorégions du bassin de la Pendjari : analyse des
déterminants socio-économiques et environnementaux de la
dynamique des écosystèmes naturels » a pu être
réalisé grâce à l'appui scientifique,
matériel et moral de plusieurs personnes.
Je voudrais remercier mon directeur de thèse, monsieur
Etienne DOMINGO, Maître de conférences au Département de
Géographie et Aménagement du Territoire à
l'Université d'Abomey-Calavi, qui a accepté d'encadrer mes
travaux de recherche pour la thèse. Il a fait preuve à mon
égard d'une grande disponibilité et m'a donné de
précieuses orientations scientifiques pour la réalisation de ce
travail.
Je voudrais remercier particulièrement le professeur
Michel BOKO, Directeur de l'Ecole Doctorale Pluridisciplinaire «Espaces,
Cultures et Développement », Directeur du Centre Inter-facultaire
de Formation et de Recherche en Environnement pour le Développement
Durable (CIFRED), coordonnateur du projet ESPRIT-EDULINK. Il m'a permis de
bénéficier de l'appui financier de ce projet pour cette
thèse. Malgré ses multiples occupations, il a accepté de
superviser ce travail.
Mes sincères remerciements vont également
à l'endroit de tous les enseignants qui ont oeuvré à ma
formation universitaire, ceux de l'Ecole Doctorale et ceux du
Département de Géographie et Aménagement du Territoire, en
particulier :
- messieurs Constant HOUNDENOU, Expédit Wilfrid VISSIN
et Ernest AMOUSSOU, pour leur précieuse disponibilité, leurs
conseils et leurs orientations méthodologiques ;
- messieurs Euloge OGOUWALE, Ibouraïma YABI, Henri TOTIN,
pour leurs précieux conseils et orientations dans les travaux de terrain
et le traitement des données.
Je remercie également monsieur Maman-Sani ISSA pour son
indéfectible appui dans tous les domaines (scientifique,
matériel, financier, etc.).
Je remercie mes amis Gildas BOKO, Joseline Lisbeth GODONOU du
Secrétariat Exécutif de l'Association Ouest Africaine
d'Evaluation Environnementale (AOAEE), pour leur soutien moral, leur apport
technique et scientifique, Imorou OUOROU BARRE et Barnabé DAHORI, pour
leurs précieuses aides lors de mes travaux d'enquêtes de
terrain.
Enfin, merci à tous ceux qui, de près ou de loin,
ont contribué à ce travail.
4
Sigles et acronymes
ASECNA : Agence pour la Sécurité et de Navigation
Aérienne en Afrique et à Madagascar
AELB : Agence de l'Eau Loire-Bretagne
AOAEE : Association Ouest-Africaine d'Evaluation
Environnementale
ASTER DEM : Advanced Space borne Thermal Emission and
Reflection Radiometer - Digital Elevation Model
CENALA : Centre National de Linguistique Appliquée
CENAP : Centre National d'Agro-Pédologie
CENATEL : Centre National de Télédétection
et de Cartographie Environnementale.
CeRPA : Centre Régional de Promotion Agricole
CIFRED : Centre Inter-facultaire de Formation et de Recherche en
Environnement pour le
Développement Durable
DBO : Demande Biochimique en Oxygène
DCE : Directive Cadre sur l'Eau
DCO : Demande Chimique en Oxygène
DG-Eau : Direction Générale de l'Eau (Ex- Direction
de l'Hydraulique)
DMN : Direction de la Météorologie Nationale
DPNP : Direction du Parc National de la Pendjari
EDP : Ecole Doctorale Pluridisciplinaire
ESPRIT : Environmental Sustainability : Priority Education and
Research In the Tropics
FAO : Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et
l'Agriculture
FLASH : Faculté des Lettres, Arts et Sciences Humaines
GIEC : Groupe Intergouvernemental d'Etude sur le Climat
GTZ : Gesellschaft Technische Zusammemarbeit
IGN : Institut Géographique National
INSAE : Institut National de la Statistique et de l'Analyse
Economique
IRD : Institut de Recherches pour le Développement (Ex-
ORSTOM : Office de la Recherche Scientifique et Technique d'Outre-Mer)
IRSTEA : Institut national de Recherche en Sciences et
Technologies pour l'Environnement et l'Agriculture
JOCE : Journal officiel des Communautés
Européennes
LACEEDE : Laboratoire Pierre Pagney : Climat, eau,
Ecosystèmes et Développement
LHA : Laboratoire d'Hydrologie Appliquée
MES : Matières En Suspension
O2 : Dioxygène
5
OBRGM : Office Béninois de Recherche Géologique
et Minière (Ex- OBEMINES : Office
Béninois des Mines)
ONG : Organisation Non-Gouvernementale
PAPG-PNP : Plan d'Aménagement Participatif et de
Gestion du Parc National de la Pendjari
PAZH : Programme d'Aménagement des Zones Humides
PDC : Plan de développement Communal
PGE : Projet de Gestion Environnementale
PGFTR : Projet de Gestion des Forêts et des Terroirs
Riverains
PGRN : Projet de Gestion des Ressources Naturelles
pH : Potentiel d'Hydrogène
SDAGE : Schéma Directeur d'Aménagement et de
Gestion des Eaux
SNG : Structure Non-Gouvernementale
6
Résumé
Le bassin versant de la Pendjari à l'exutoire de Porga
est confronté à la dégradation des
écosystèmes naturels. Ce phénomène est
influencé par de nombreux facteurs d'ordre socio-économiques et
environnementaux. Toutes les études réalisées sur le
fonctionnement des écosystèmes aquatiques dans le bassin versant
de la Pendjari, se base uniquement sur les statistiques hydrologiques et
pluviométriques. La présente étude a pour but de
contribuer à la compréhension du fonctionnement physique et
écologique des écosystèmes naturels du bassin versant de
la Pendjari à travers l'approche des hydro-écorégions
(HER). L'objectif est d'identifier et de cartographier les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari, puis
d'analyser les déterminants socio-économiques et environnementaux
de la dynamique des écosystèmes naturels dans les
hydro-écorégions identifiées.
Pour atteindre cet objectif, la méthode cartographique
est appliquée en utilisant les données disponibles. Deux
hydro-écorégions de niveau 1 sont identifiées dans le
bassin versant de la Pendjari au Bénin (l'HER de Gourma et l'HER de
l'Atacora) à partir des critères primaires de relief, de
géologie et de climat. La caractérisation de ces HER s'est
appuyée sur les variables de ces critères associées
à celles de la pédologie, de l'hydrographie et des
caractéristiques physico-chimiques des eaux.
L'analyse des déterminants de la dynamique des
écosystèmes naturels a permis d'en distinguer quatre
catégories :
- les déterminants hydro-climatiques. Les deux HER
identifiées ont le même type de régime
pluviométrique et hydrologique, les mêmes ruptures annuelles de
stationnarité au cours de la période 1960-2006. Par contre elles
sont différemment affectées par les déficits hydriques sur
la même période. Pour un déficit pluviométrique
observé de 8,3 % dans l'HER de Gourma et de 12,9 % dans l'HER de
l'Atacora, on enregistre un déficit d'écoulement de 47,8 % dans
les deux HER. Le déficit de l'infiltration plus élevé dans
de l'HER de l'Atacora (35,9 %) que dans l'HER de Gourma (16,6 %) doit son
explication non seulement au déficit pluviométrique mais aussi
à la nature du substratum géologique.
- les déterminants géophysiques. Ici, les pentes
de relief sont faibles dans l'HER de Gourma (0,2% à 4,3%) avec un
substratum géologique fait des dépôts
sédimentaires argilo-sableux, et fortes dans l'HER de l'Atacora
(4,3 % à 77 %) avec des roches métamorphiques composées de
grès, de quartzites, de schistes, de micaschistes, de gneiss.
Cela explique le fait que le coefficient d'écoulement soit plus
élevé dans l'hydro-écorégion de Gourma (6,2 %) que
dans celui de l'Atacora (5,4 %).
- les déterminants socio-culturels. Il s'agit de la
croissance démographique et ses conséquences, les pratiques
cultuelles, les faits historiques, etc.
- les déterminants économiques. Ce sont les
activités économiques : l'agriculture, l'élevage, la
production du charbon de bois, la chasse, la pêche, etc.
L'analyse des stratégies d'adaptation à la
dynamique des écosystèmes naturels dans les HER du bassin versant
béninois de la Pendjari révèle que les stratégies
endogènes d'adaptation aux contraintes climatiques et hydriques visent
à protéger et à conserver les ressources en eau. Celles
relatives à l'adaptation aux contraintes pédo-géologiques
et topographiques visent l'amélioration des rendements agricoles. Les
stratégies endogènes de contrôle et de maîtrise de
l'eau de ruissellement concourent à la lutte anti-érosion et la
conservation des sols. Les stratégies exogènes, par ailleurs
modernes, sont les mesures institutionnelles et réglementaires de la
gestion durable des écosystèmes naturels. Elles sont
constituées par l'ensemble des textes et conventions en vigueur en
République du Bénin et sur le plan international en
matière de protection, de conservation et de gestion de l'environnement
et des ressources naturelles.
Mots clés : Hydro-Ecorégions,
déterminants, dynamique, écosystèmes naturels, bassin
versant de la Pendjari
Abstract
Natural ecosystems present in the Pendjari watershed face a
severe degradation phenomenon due to socioeconomic and environmental factors.
Most of the researches focused on the functioning of aquatic ecosystems in the
area are solely based on hydrologic and rainfall data.
The present thesis uses a hydro-ecoregion approach in order to
bring a better understanding to the ecological and physical functioning of
natural ecosystems in the Pendjari catchment. The main goal is to identify and
map the different hydro-ecoregions of the Pendjari watershed. Afterwards,
socioeconomic and environmental drivers of the dynamic of the natural
ecosystems have been analysed.
Available data coupled with mapping have been the basis of the
methodology used to reach this goal. Two first-level hydro-ecoregions (HER)
have been identified in the study area: the Gourma HER and the Atacora HER,
using criteria like topography, geology and climate. Other criteria, among
which soils, hydrography and water physicochemical properties, have been used
to describe those HER.
Those analysis reveal four main types of drivers:
- Hydro-climatic drivers : although having the same rainfall
and hydrologic patterns and the same annual stationnarity breaks from 1960 to
2006, the two HER identified in the study area, are not affected in the same
way by hydric deficits. Rainfall deficit was 8.3 % in the Gourma HER and 12.9 %
in the Atacora HER, while the hydric deficits were 47.8 % in the two HER. The
higher deficit in water infiltration in the Atacora HER (35.9 %) is not only
related to rainfall deficit but also to the type of substratum.
- Geophysic drivers: slopes values are quite low in the Gourma
HER (0.2 to 4.3 %) with a substratum made of sand and clay deposits. In the
Atacora HER, slopes have a high value (4.3 to 77 %) and the substratum is made
of sandstone, schist, micaschist and gneiss. This is the main reason behind the
difference in the flow coefficient which is lower in the Atacora HER (5.4 %)
than in the Gourma HER (6.2 %).
- Sociocultural drivers: namely population growth, with it
corollaries, religion, history, etc.
- Economic drivers: mainly agriculture, breeding, hunting,
fishing, local and international demands in dairies products.
An analysis of adaption strategies, developed by population in
the study area, shows that endogenous adaption strategies related to climate
and water constraints, aim at the preservation and conservation of water
resources. Adaptation strategies related to soils, geology and landscape
constraints aim at improving yields. Endogenous strategies regarding water
engineering help preventing erosion and improve soils conservation. Exogenous
or modern strategies are institutional and regulatory measures regarding
sustainable management of natural ecosystems. These strategies are composed of
national and international regulations on environmental protection.
7
Keywords: Hydro-ecoregions, drivers,
dynamic, natural ecosystems, Pendjari catchment.
8
INTRODUCTION GENERALE
9
INTRODUCTION GENERALE
La dégradation des écosystèmes naturels
constitue l'un des sujets les plus préoccupants de nos jours. Dans les
zones sub-sahariennes, les écosystèmes sont soumis à des
perturbations de toutes sortes (pertes irréversibles de la
diversité biologique, feux de végétation, modification des
habitats naturels, etc.). Pour le Groupe Intergouvernemental d'Etude sur le
Climat (GIEC, 2007), si l'augmentation de la température excède
2°C, près de 20 à 30 % des espèces
végétales et animales seront menacées d'extinction. Dans
ces conditions, d'importants changements dans la structure et la fonction des
écosystèmes sont attendus, ce qui aura des conséquences
négatives sur la biodiversité et les biens et services rendus par
ceux-ci, notamment l'eau et la nourriture. L'Afrique en général
et le Bénin en particulier sont confrontés au problème de
plus en plus aigu et généralisé de dégradation de
l'environnement.
De nombreuses études (Boko, 1988 ; Afouda, 1990 ; Issa,
1995 ; Ogouwalé, 2004) ont montré que la plupart des
écosystèmes des différentes régions
agro-écologiques au Bénin sont aujourd'hui marqués par une
dégradation du fait de la forte variabilité climatique
associée à une plus grande fréquence des
phénomènes extrêmes (sécheresse, inondations, etc.)
au cours des trois dernières décennies (Issa, 2012).
Le bassin versant de la Pendjari à l'exutoire de Porga
en République du Bénin, partie intégrante d'une de ces
régions agro-écologiques, n'échappe pas à ces
problèmes. En effet, selon les études réalisées par
la Direction de l'Hydraulique (actuelle Direction Générale de
l'Eau) en 2000, le bassin versant de la Pendjari est façonné sur
le socle cristallin. La dynamique de l'eau y est influencée par une
géologie assez rigide rendant difficile l'infiltration et un relief
accidenté (la chaîne de l'Atacora aux pentes fortes) qui
accentuent l'écoulement. Les pratiques agricoles encore dominées
par une agriculture extensive contribuent à la désertification
(déforestation, appauvrissement des sols, etc.) et en conséquence
au déficit hydrique (Idiéti, 2004). D'après Ouassa Kouaro
(2003), la pression démographique est de plus en plus forte "autour de
la réserve de la biosphère de la Pendjari". Selon Ogouwalé
(2006), le contexte climatique est influencé par une
irrégularité et une diminution pluviométrique
saisonnière. Au plan hydrologique, certains affluents des cours d'eau et
bas-fonds sont en voie de disparition. Pourtant, les populations vivent parfois
des inondations spontanées à certains endroits de la
vallée de la rivière Pendjari. Ces inondations sont dues au
débordement du cours d'eau en période de hautes eaux
(Idiéti, 2009).
Face à toutes ces menaces, l'accessibilité
actuelle des ressources en eau et la satisfaction des besoins (biologiques et
socio-économiques) déjà faibles, sont gravement
compromises et le problème d'eau se pose en termes de sa maîtrise.
L'amélioration de la gestion des écosystèmes naturels
(aquatiques et terrestres) paraît être le meilleur moyen pour
atteindre l'objectif du 21ème
10
siècle qui est de satisfaire les besoins en eau de
qualité et de protéger l'Environnement (Soulet, 2001).
D'après Ouassa Kouaro (2008), la protection et la restauration des
écosystèmes vulnérables apparaissent comme une
préoccupation majeure des Etats et des agences de
développement.
C'est dans ce souci que la 19ème session
extraordinaire de l'Assemblée Générale des Nations Unies
(FAO, 1997) a donné l'alerte sur les menaces liées à l'eau
et souligné un besoin urgent : (i) de politiques et de programmes de
gestion de l'eau, (ii) d'intensification de la coopération
régionale et internationale en matière de transfert de
technologies et, (iii) d'amélioration de la capacité de gestion
des données scientifiques, sociales et environnementales pour les
gouvernements et les institutions internationales. Cette protection et la
restauration des écosystèmes requièrent la connaissance et
la maîtrise des différents facteurs de modification et de
dégradation de ces écosystèmes. Pour ce faire, la
6ème session de la Commission pour le Développement
Durable (décembre 1997 à avril 1998) a invité les
gouvernements à se pencher sur les problèmes liés à
l'eau en attribuant plus d'attention à l'hydrologie en
général et à la capacité à évaluer la
disponibilité et la variabilité des ressources en eau.
En application des recommandations de la
19ème session extraordinaire de l'Assemblée
Générale des Nations Unies et de la 6ème
session de la Commission pour le Développement Durable, l'Union
Européenne élabore et publie la Directive Cadre sur l'Eau (DCE,
2000) qui pose les jalons d'une nouvelle politique de l'eau harmonisée
à l'échelle européenne. Cette directive introduit la
notion de masse d'eau qui doit présenter une certaine
homogénéité du point de vue des caractéristiques
naturelles (pour que les conditions de référence y soient
homogènes) et du point de vue des perturbations exercées par les
activités humaines (pour que l'état constaté y soit
homogène) (AELB, 2004). Dans ce cadre, de nombreux travaux de
régionalisation des écosystèmes naturels notamment
aquatiques et de typologie des eaux de surface ont été
réalisés dans plusieurs pays européens et
américains (France, Martinique, Guyane, Belgique, Allemagne, Espagne,
etc.). Tous ces travaux ont utilisé la même approche, celle des
Hydro-Eco-Régions (HER). Une approche dont la méthode permet
d'atteindre l'objectif de la DCE qui est de regrouper des milieux aquatiques
homogènes du point de vue de certaines caractéristiques
naturelles (relief, géologie, climat, géochimie des eaux,
débit, etc.), qui ont une influence structurante sur la
répartition géographique des organismes biologiques.
Dans le contexte actuel où la gestion durable des
ressources naturelles (ressources en eau, végétation, sols, etc.)
prend de plus en plus d'importance, il est impérieux d'analyser les
facteurs de la dynamique des écosystèmes suivant une nouvelle
approche applicable aux milieux
11
subsahariens. C'est dans cette perspective que nous avons
axé notre étude sur les hydro-écorégions du bassin
de la Pendjari.
Les recherches sur « Les
hydro-écorégions du bassin de la Pendjari : analyse des
déterminants socio-économiques et environnementaux de la
dynamique des écosystèmes naturels » ont
permis d'introduire cette nouvelle approche au Bénin avec les
données dont nous disposons et de mieux appréhender les facteurs
déterminants de la dynamique des écosystèmes naturels au
sein des entités homogènes et distinctes.
Ce sujet s'insère dans les objectifs du projet
ESPRIT-EDULINK au CIFRED, dont l'étude a bénéficié
l'appui matériel et financier. Ces objectifs sont formulés comme
suit :
Objectif global du projet . ·
Contribuer à la durabilité écologique et
agricole dans les zones arides au Bénin, au Burkina Faso et au Cameroun
dans un contexte de croissance démographique et le changement
climatique. Objectifs spécifiques du projet . ·
- Renforcer la gestion du réseau interinstitutionnel
des centres d'Etudes environnementales au Bénin, Burkina-Faso et le
Cameroun ;
- Renforcer par la participation commune au
développement de la recherche et à des cours entre les centres
africains associés et les pays européens du projet,
- Améliorer la qualification du corps enseignant des trois
Centres d'Etudes,
- Renforcer l'expertise stratégique du Bénin, du
Burkina-Faso et du Cameroun dans la gestion des terres fermes par la
disponibilité d'une base de connaissances régulièrement
mise à jour.
Pour contribuer au développement
socio-économique des populations des bassins du Nord Bénin, les
recherches du CIFRED permettent aux habitants de la zone de prendre conscience
des impacts de leurs diverses activités d'exploitation des terres sur
les ressources en eau et les écosystèmes naturels.
Ces recherches visent à contribuer au changement de
comportement des populations par l'adoption des nouvelles techniques
appropriées pour une utilisation et une gestion durables des terres afin
de réduire considérablement l'ensablement des cours d'eau et leur
pollution.
Elles visent également à aider les
décideurs à connaître les potentialités et les
menaces sur les ressources en eau du bassin, ce qui pourra les aider dans la
conception et la mise en oeuvre de activités de gestion rationnelle des
écosystèmes naturels et de l'eau pour un développement
local durable à travers :
- la proposition de systèmes culturaux moins
vulnérables ;
- le zonage agro climatologique pour la diversification des
cultures ;
12
- la protection des écosystèmes naturels qui
soutiennent le bien être des communautés rurales (sol,
végétation, etc.).
La présente étude est structurée en cinq
chapitres. Le premier chapitre présente le cadre géographique. Le
second le cadre théorique et méthodologique. Le troisième
décrit les hydro-écorégions identifiées dans leurs
caractéristiques. Le quatrième chapitre expose l'analyse des
déterminants de la dynamique des écosystèmes naturels. Le
cinquième chapitre examine les stratégies d'adaptation à
la dynamique des écosystèmes naturels dans les
hydro-écorégions identifiées.
13
CHAPITRE 1 :
CADRE GEOGRAPHIQUE
DE L'ETUDE
14
Introduction partielle
L'objectif de ce chapitre est d'analyser les
réalités géophysiques et socio-économiques du
bassin versant de la Pendjari au Bénin. Il y est présenté
la localisation géographique et la description des
caractéristiques climatiques, topographiques, géologiques,
pédologiques, de la végétation ainsi que les
caractéristiques démographiques et socio-économique du
bassin versant de la Penjari. Cette description permet de comprendre
l'identification des hydro-écorégions et l'analyse des
déterminants de la dynamique des écosystèmes naturels.
1-1- Présentation géographique du secteur
d'étude
Le bassin versant béninois de la Pendjari à
l'exutoire de Porga, est la partie du bassin versant de la Volta qui
s'étend sur le territoire de la République du Bénin.
Situé entre les latitudes 10°15' et 11°30' nord et les
longitudes 0°53' et 2°05' est, il est localisé au nord-ouest
de la République du Bénin en Afrique de l'Ouest. Il
s'étend sur une superficie de 1001,761 km2 entre la
chaîne de l'Atacora et la plaine de la Pendjari encore appelée
plaine de Gourma. Il est limité au nord et nord-ouest par le Burkina
Faso, à l'est par le bassin versant béninois du Niger et au sud
et sud-ouest par le bassin versant de la Kéran (figure 1). Les communes
concernées sont : Boukombé, Cobly, Matéri,
Tanguiéta, Natitingou, kouandé, Kèrou.
15
Figure 1: Situation géographique du bassin
versant béninois de la Pendjari
16
1-2- Description du milieu physique du bassin versant de
la Pendjari
La description du milieu physique est la présentation
des caractéristiques géologiques, pédologiques,
topographiques, hydrographique et de la végétation sans oublier
le fondement climat du bassin versant de la Penjari.
1-2-1- Caractéristiques topographiques majeures du
bassin versant de la Pendjari
Le relief du bassin versant de la Pendjari est
constitué de deux grandes unités topographiques que sont : la
chaîne de l'Atacora et la plaine de Gourma.
- La chaîne de l'Atacora
constituée de schistes, de quartzites, de gneiss et de
grès, les pentes y sont très fortes et les
dénivelés importants. La chaîne culmine à 640 m
au-dessus de la plaine de Gourma du côté ouest. Les cours d'eau,
très encaissés, possèdent parfois un lit majeur
étroit de quelques mètres au-dessus du niveau d'étiage. A
la hauteur de Toukountouna, la chaîne de l'Atacora se subdivise en deux
chaînons qui encadrent la haute plaine. Celle-ci s'élargit et
s'incline de 400 m à moins de 200 m du sud-ouest vers le nord-est
(Agbossou & Okoundé, 2001 ; Idiéti, 2009). "La largeur de
cette chaîne, orientée nord-nord-est / sud-sud-ouest, varie de 5
km à l'ouest de Kérémou à 45 km dans la
région de Kouandé. Il faut préciser que la région
traversée par cette chaîne dépasse largement le nord-ouest
du Bénin. La chaîne de l'Atacora prend naissance à la
confluence des frontières du Burkina Faso, du Niger et du Bénin,
traverse le nord-ouest du Bénin en écharpe, se prolonge au Togo
où elle prend le nom de « Monts Togo » et s'abaisse vers la
côte de l'Océan Atlantique au sud-est du Ghana où elle est
connue sous le nom de «Akwapim Range»" (Adame et Boko, 1983,
1993).
- la plaine du Gourma a une
topographie de longs glacis. Les rivières importantes ont un lit mineur
large, très plat et un lit majeur à peine marqué,
entaillant les schistes altérés. Les affluents des
rivières ne possèdent pas en général de lit mineur.
A proximité de la Pendjari et au nord-est de la route
Porga-Tanguiéta, la topographie d'environ 200 m d'altitude est à
peine dominée par quelques cuirasses qui marquent les restes du bas
glacis aujourd'hui démantelé.
Entre la chaîne et la plaine se s'étale
une pénéplaine formée de petites
collines d'au plus 400 m d'altitude. Ces collines composées des
grès quartzites et jaspes du Buem s'abaissent progressivement du
sud-ouest au nord-est et disparaissent au-delà de Dassari, mais sur le
terrain, les grès quartzites continuent d'affleurer. Au nord de la route
de Tayakou-Kobly, les cours d'eau à pentes faibles coulent
perpendiculairement à la zone des collines du Buem. La figure 2
présente les différents aspects du relief du bassin versant de la
Pendjari.
17
Figure 2 : Relief du bassin versant béninois de
la Pendjari
18
L'analyse de la formation de la chaîne de l'Atacora et
de la plaine de Gourma permet d'établir les liens entre la
géologie et le relief, la concordance de ces liens. En effet, Affian
(1986) a démontré que la chaîne de l'Atacora a
été formée par des plissements tectoniques. Pour lui,
l'Atacora, [...] est le siège d'un po1ymétamorphisme qui a
engendré plusieurs familles de plis. On note d'abord des plis isoclinaux
de taille centimétrique déversés vers l'ouest, ensuite des
plis couchés de plus grands rayons de courbure avec une
schistosité de fracture et enfin des plis à plans axiaux
verticaux. Blivi (1993) complète que "l'unité de 1'Atacora
connaît trois phases de plissement; les deux premiers sont importants,
engendrant des plis isoclinaux et des chevauchements accompagnés de
métamorphisme épizonal".
Telles ont été les origines géologiques
de la chaîne de montagnes de l'Atacora. Elle est contigüe au bassin
de la Volta (Blivi, 1993) dont fait partie la plaine de Gourma. Le bassin des
Volta situé dans le sud-est de la dorsale de Man a grossièrement
la forme d'une "demi-poire", jouxtant la chaîne des Dahoméyides
sur presque toute sa longueur. Selon Blivi (1993), la tectonique du bassin des
Volta, liée à l'orogenèse panafricaine, entraîne une
forme dissymétrique du bassin car la partie orientale est
intensément plissée formant la marge occidentale des
Dahoméyides. Les Dahomeyides étant l'ensemble constitué
par les formations du Buem, de 1'Atacora et de la plaine du Bénin
(Affian, 1986). Ces différentes unités topographiques influencent
fortement la répartition de l'eau à la surface du bassin à
travers le réseau hydrographique.
1-2-2- Réseau hydrographique du bassin versant
béninois de la Pendjari
Le réseau hydrographique du bassin versant de la
Pendjari est contrôlé par la rivière Pendjari qui
prend sa source à Perpoyakou (dans la commune de Natitingou), se dirige
vers le nord, traverse la chaîne de l'Atacora puis retourne vers le
sud-ouest dans le Parc et coule vers le sud au Togo sous le nom de "Oti" (Le
Barbe et al., 1993 ; Idiéti, 2009). Elle est alimentée
par de nombreux affluents et sous affluents pour la plupart temporaires. Il
s'agit entre autres des rivières Magou/Tiélé, Yatama,
Yatibi, Podiéga sur la rive gauche, Sarga, Tikou sur la
rive droite (Le Barbe et al., 1993 ; Agbossou, 2001 ; CENAGREF,
2009).
Ces cours d'eau présentent des berges abruptes et leurs
lits comportent des alluvions. Ces dépôts pauvres en argile sont
perméables et ne favorisent pas la rétention des eaux capable de
pérenniser les écoulements.
Au cours de la saison sèche, seule la rivière
Yatama (alimentée par la cascade de Tanougou) a un
écoulement permanent ; même la Pendjari tarit en plusieurs
endroits (Agbossou & Okoundé, 2001).
En plus des cours d'eau, le bassin versant béninois de
la Pendjari est riche en mares et sources disséminées dans la
Réserve de la biosphère de la Pendjari (RBP). La figure 3
présente le réseau
19
hydrographique du bassin versant de la Pendjari. Un tel
réseau hydrographique structuré par un relief accidenté,
draine ses eaux sur un substratum géologique qu'il convient de
décrire.
Figure 3 : Réseau hydrographique du bassin
versant de la Pendjari
20
1-2-3- Caractéristiques géologiques du
bassin de la Pendjari
Selon les études menées par l'OBRGM (1984, 1989
et 1995), le bassin versant béninois de la Pendjari repose sur des
roches métamorphiques du Précambrien et sur des roches
sédimentaires faiblement métamorphiques du
Paléozoïque (Cambrien) appartenant à trois séries
principales à savoir : la série de l'Atacorien, la série
de la Podiéga, et la série de la Pendjari (Figure 15, page
88).
- les formations de la série de l'Atacorien affleurent
à l'est du secteur d'étude par dans la chaîne de l'Atacora.
Ces formations sont constituées de roches métamorphiques telles
que : quartzites, schistes à séricites et quartz, schistes
à muscovites et quartz, micaschistes, grès, conglomérats,
gneiss à biotites, les gneiss à deux micas, gneiss fins,
paragneiss à muscovite, amphibolites à pyroxène et grenat,
et filons de pegmatite. Les formations métamorphiques de la série
de l'Atacorien constituent une bonne partie de la chaîne de l'Atacora
(Notice explicative de la carte géologique à 1/200000, 1989,
1995). L'attribution de la série de l'Atacorien au
Protérozoïque se confirme par le fait qu'elle est recouverte en
concordance par les dépôts de la série de
Kandé-Boukoumbé. Les roches de la série de
Kandé-Boukoumbé affleurent dans le bassin du cours
inférieur de la rivière Sarga et près de la confluence de
la rivière Kounné.
- Les formations de la série de la Podiéga se
trouvent entre Tanguiéta et Dassari et sont parallèles aux
formations de l'Atacorien. Ces formations qui appartiennent à
l'unité structurale du Buem, sont constituées de roches telles
que les micaschistes, les schistes quartzeux, les grès, les quartzites,
et les jaspes. Il faut noter que les micaschistes et schistes quartzeux sont
des roches à faciès variables, faiblement colorées,
plissotées à schistosité bien visible et à pendage
moyen à fort. La série de Podiéga affleure dans les
collines du Parc de la Pendjari. A l'ouest de l'Atacora affleurent des schistes
argileux et des siltites qui ont été attribués à la
série de Podiéga, étant associés à des
jaspes et à des grès très semblables à ceux des
collines du Parc de la Pendjari. Leur position stratigraphique à
l'intérieur de la série de la Podiéga est toutefois
très incertaine. Les limites de la série sont définies par
deux contacts tectoniques probables : à l'est, avec les quartzites
atacoriens, à l'ouest, avec la série de la Pendjari (Notice
explicative de la carte géologique à 1/200000, 1989, 1995).
- Quant aux formations de la série de Pendjari, elles
affleurent à l'ouest de la chaîne de l'Atacora, notamment dans le
périmètre compris entre Tanguiéta et Porga. On y rencontre
les roches telles que les argilites, les silts, les grès fins et les
dépôts pelliculaires argilo-sableux. Les grès de la
Pendjari, au nord de la mare Bali, sont déformés suivant de
légers plis à axes subhorizontaux de direction 40-50° NE
environ. La déformation peut être mise en relation avec les
chevauchements de la série de Podiéga qui, à l'est, limite
les grès. La nature du contact reste
21
toutefois spéculative, vu le manque d'affleurement sur
lesquels on peut étudier les rapports entre les deux séries
(Notice explicative de la carte géologique à 1/200000, 1989,
1995).
La figure 4 présente la coupe géologique
montrant la succession des différents faciès de la rivière
Pendjari à la Chaîne de l'Atacora.
Sous l'effet des facteurs météorologiques, ces
différentes séries subissent le processus de la
latérisation à l'origine de nombreux plaquages, blocs et
gravillons latéritiques rencontrés dans le bassin. Des
chevauchements ou charriages des formations de l'Atacorien sur celles du Buem
d'une part et du Buem sur la série de la Pendjari d'autre part, sont
à l'origine des fractures et des plissements. Ces formations ont une
direction SSW-NNE, un pendage E et sont subparallèles entre elles. Les
failles et contacts tectoniques constituent l'essentiel du réseau de
fracturation.
Vissin (2009) affirme que ces formations géologiques
expliquent la nature et les propriétés des sols du bassin qui
sont d'une extrême fragilité.
Argilites, silts, grès fins Jaspes rouges et violets (jp)
()
Grès quartzites fin et moyen
Alluvions anciens (Q) Plateau cuirassé (L)
Légende
Chevauchemen
D-D' Section de la coupe géologique ts
Quartzites fins, parfois micacés
(q)
Quartzites à disthène et
Gneiss de la Mékrou
Figure 4 : Coupe géologique dans le bassin
versant de la Pendjari
Source : Notice explicative de la carte
géologique à 1/200000 ; Feuilles Karimama, Porga, Kandi,
Malanville ; 1989.
1-2-4- Principaux types de sol et de
végétation dans le bassin versant de la Pendjari
Selon Faure (1977), Igué et Boko (1993), et INRAB
(2006), les principales caractéristiques des sols du bassin versant de
la Pendjari peuvent être résumées ainsi qu'il suit (Figure
5) :
? Des sols minéraux bruts dans la plaine de la Pendjari
et des sols peu évolués d'apport, hydromorphes, rencontrés
sur la plaine alluviale de la Pendjari et sur les quartzites et les
micaschistes de la chaine de l'Atacora. Sur ces sols se développent deux
principaux types de
22
formations végétales à savoir : les
forêts galeries à Khaya senegalensis et Vitex
chrysocarpa , les forêts galeries à Cola laurifolia
et les forêts denses sèches à Anogeisus leiocarpa
et Diospyros mespiliformis .
- les forêts galeries à Khaya senegalensis
et Vitex chrysocarpa et les forêts galeries à
Cola laurifolia sont des forêts denses le long de la
rivière Pendjari et des cours d'eau d'une importance moyenne (Yapiti,
Bori ou Yatama). Le plus souvent, elles ne forment qu'un rideau d'arbres le
long du cours d'eau (CENAGREF, 2009).
- les forêts denses sèches à Anogeisus
leiocarpa et Diospyros mespiliformis dans les plaines
d'inondation sous-jacentes aux forêts galeries. On reconnaît les
forêts denses sèches par leurs arbres modérément
élevés aux frondaisons (feuillages) serrées. La plupart
des arbres des étages supérieurs perdent leurs feuilles en saison
sèche. Le sous-bois est formé d'arbustes soit sempervirents, soit
décidus. La couche herbacée n'est pas assez riche en
graminées (CENATEL, 2003 ; CENAGREF, 2009).
? Dans la plaine du Gourma, de Matéri à
Tanguiéta dans le Parc, dominent les sols ferrugineux tropicaux
lessivés indurés sur schistes en plaquettes et les sols
ferrugineux tropicaux lessivés hydromorphes sur schistes en plaquettes,
avec quelques îlots de sols minéraux bruts sur cuirasse. Ici, les
formations végétales associées sont les savanes
arborées et arbustives à Combretum spp et à
Acacia gourmaensis et Crossopteryx febrifuga
disséminées un peu partout. La distinction entre la savane
arbustive et la savane arborée est peu évidente pour le
non-spécialiste car elle est basée sur la hauteur de la strate
ligneuse - moins de 5 mètres pour les arbustes et de 5 à 10 voire
15 mètres pour les arbres. En tant qu'habitat, elles sont donc
traitées comme une seule physionomie végétale bien
qu'elles renferment, en fait, plusieurs formations différentes (CENATEL,
2003 ; CENAGREF, 2009). Ces savanes, plus ou moins ouvertes, constituent la
majeure partie des paysages du bassin versant de la Pendjari.
? Des sols ferrugineux tropicaux peu lessivés sont
rencontrés sur la chaine de l'Atacora de Tempégré à
Séri en passant par Toukountouna et sur les collines (INRAB, 2006). Ils
constituent le support des savanes saxicoles à Detarium microcarpum
et Burkea africana. Les formations saxicoles sont des
végétations ligneuses installées sur les affleurements
rocheux, les inselbergs et les dômes granitiques
généralement colonisés par les essences des savanes
environnantes. Les formations saxicoles ont très peu d'arbres mais assez
d'arbustes et une couverture de graminées discontinue.
23
? Entre la plaine du Gourma et la chaîne de l'Atacora
dominent les sols ferrugineux tropicaux lessivés hydromorphes sur
schistes quartzeux, les sols ferrugineux tropicaux lessivés à
concrétions, lessivés sans concrétions et lessivés
hydromorphes, et quelques îlots de sols ferralitiques rajeunis sur
schiste, et de verstisols sur schistes quartzeux (INRAB, 2006). Ces sols sont
colonisés par les formations de savanes boisées à
Combretum spp et Pterocarpus erinaceus. Elles se
différencient des forêts claires par leur surface terrière
relativement faible. La savane boisée se trouve soit sur les sols
profonds et bien drainés des bourrelets de berge de la rivière
Pendjari soit sur des pentes et au pied de relief sur des sols rajeunis par
l'érosion (CENATEL, 2003 ; CENAGREF, 2009).
En plus des données physiques décrites
ci-dessus, il y a également le climat qui est l'un des facteurs
clés de la détermination des hydro-écorégions et de
la dynamique des écosystèmes naturels du bassin versant de la
Pendjari.
Figure 5 : Sols du Bassin versant béninois de
la pendjari
24
1-2-5- Fondement climatique du bassin versant de la
Pendjari
Situé dans la zone des climats de mousson d'Afrique de
l'ouest, le bassin versant béninois de la Pendjari
bénéficie des flux de mousson et de ceux de l'alizé du
nord. L'alizé est un vent saisonnier soufflant des
hautes pressions subtropicales vers des latitudes équatoriales, sans
qu'il y ait passage de l'équateur. Les alizés restent dans leur
hémisphère d'origine. Ils deviennent moussons
dès qu'ils passent l'équateur (drift ou
déclivité transéquatoriale), avec changement de direction
(Boko, 1988).
Dans le cas du Bassin versant de la Pendjari, l'alizé
est l'harmattan qui est un vent froid et sec qui souffle du nord-est vers le
sud-ouest pendant la période de novembre à février voire
mars, en provenance du Sahara. Tandis que la mousson est le flux d'air maritime
humide qui souffle du sud-ouest vers le nord-est pendant la période
d'avril à octobre, en provenance des hautes pressions de l'anticyclone
de Sainte-Hélène situé dans l'océan Atlantique de
l'hémisphère Sud et qui fait tourner l'air dans le sens inverse
des aiguilles d'une montre.
Ces deux masses d'air convergent vers une zone de
dépression appelée la "Zone de Convergence Intertropicale" (ZIC)
encore appelée "Front Inter Tropical" (FIT), au sein de laquelle se
forment de gros nuages appelés cumulonimbus. C'est une zone de basse
pression marquant la limite entre un flux d'alizé et un flux de mousson
(Boko, 1988). Les saisons sont déterminées par le balancement de
ce Front Inter Tropical (FIT). Le figure 6 présente la position du FIT
à chaque mois de l'année.
25
Figure 6 : Mouvement oscillatoire annuel de la ZIG sur
l'Afrique
Source : Fontaine cité par Vissin (1998), Houssou
(1998) et Tenté (2005).
26
Pendant le mois de janvier, la ZIC occupe sa position la plus
méridionale sur le littoral (vers 7°N) aux latitudes de Lokossa,
Pobè (Houssou, 1998 ; Tenté, 2005). Le Bassin versant de la
Pendjari étant situé au nord de cette position, se trouve sous
l'influence de l'harmattan. A partir de février ou mars, il remonte
lentement vers le nord et occupe en août sa position la plus
septentrionale qui correspond généralement au
20ème parallèle.
La saison des pluies dans le Nord-Bénin en
général et en particulier dans le bassin versant béninois
de la Pendjari est, d'après Boko (1988) « liée au passage de
la ZIC, au fur et à mesure que l'anticyclone de
Sainte-Hélène s'étend vers l'équateur ».
En effet, les pluies surviennent avec le passage de la ZIC
dans le domaine du secteur d'étude. Elle donne des pluies abondantes et
continues qui sont le fait de nuages cumuliformes fortement convectifs.
D'après Afouda (1990), ce sont les averses des mois de juin, juillet,
août, mois au cours desquels le corps de la ZIC, dans les couches
moyennes, est légèrement plus au nord du bassin versant de la
Pendjari. Moron (1993) explique que ces pluies de mousson s'individualisent par
leur occurrence plus élevée la nuit et le matin, lorsque le
fléchissement thermique entraîne une augmentation de la
condensation. Les orages isolés sont dus à des nuages
cumuliformes, ils sont typiques de la zone B de la mousson (Annexe 5),
là où la faible épaisseur de la couche humide et la
subsidence supérieure interdisent des formes plus évoluées
(Moron, 1993 repris par Vissin, 2007).
Outre les pluies de mousson, les précipitations
observées dans le bassin versant de la Pendjari sont également
liées aux mécanismes atmosphériques à trajectoire
zonale largement argumentées par Boko (1988). Il s'agit des ondes d'est
ou ondes tropicales, des perturbations zonales, des lignes de grains et des
amas nuageux convectifs mobiles.
Les ondes d'est
Selon Boko (1988), c'est un "talweg" ou une circulation
cyclonique dans l'alizé d'est. Il explique que sur les images
satellitaires, on note l'apparition d'un talweg mobile d'axe oblique reliant le
golfe de Guinée au Darfour et au massif éthiopien, contournant
l'anticyclone égypto-libyen par le sud et le sud-est. Cette situation
qui s'observe surtout en hiver boréal peut durer deux ou trois jours, en
se déplaçant vers l'ouest. Ces ondes peuvent affecter tout le
Bénin, mais surtout les régions nord. Elles ont cependant une
activité variable dans le temps et dans l'espace, de telle sorte que les
précipitations peuvent être tantôt importantes, tantôt
absentes, remplacées par une "tornade sèche".
Quant aux perturbations zonales, ce
sont, d'après Leroux (1980) et Boko (1988) des "lignes de pulsations"
qui naissent au sein même de la mousson. Wauthy (1983) explique que ces
ondes
27
d'accélération de flux de mousson "modifient la
répartition de la convergence et de la divergence, pouvant amener la
formation de nuages à l'amont de la ligne de basses pressions". Pour
Boko (1988), ces phénomènes semblent être à
l'origine des précipitations diurnes lorsque l'échauffement a
créé les conditions propices à l'instabilité ou
lorsqu'il n'existe pas par ailleurs de facteurs inhibiteurs (substratum froid
ou refroidi, subsidence des couches supérieures).
Les lignes de grains
Elles se présentent comme des alignements nord-sud de
cumulonimbus, associés aux ondes d'est tropicales, ondulations affectant
le champ de masse et de mouvement d'altitude que Pagney (1994) appelle
perturbations de première grandeur. Ces lignes de grains sont à
l'origine des averses orageuses qui surviennent en mai-juin, mais aussi en
août et septembre dans le bassin versant de la Pendjari. Pour Omotosho
(1984), elles constituent l'apport le plus important de pluies au nord du
10°30' N où elles représentent au moins 60 % des totaux
pluviométriques. Boko (1988) confirme qu'elles constituent les facteurs
pluviogènes majeurs au Bénin (plus de 70% des
précipitations entre mai et octobre). Elles se situent dans la zone C1
de la mousson (Annexe 5) et sont accompagnées de vents violents avec des
rafales de plus de 20 noeuds (Agli, 1995). En effet, le front de la Ligne de
Grain est constitué de puissantes cellules convectives alignées
perpendiculairement à leur direction de propagation. Dans cette partie,
la rencontre des masses d'air sec et humide est favorable au
développement de la convection profonde qui entraîne des
précipitations de forte intensité et de courte durée. Les
courants ascendants et descendants résultant du soulèvement d'air
instable alimentent cette partie convective à partir de la couche limite
des masses d'air sec et humide. La partie stratiforme, quant à elle,
donne des pluies moins intenses et de durée plus longue. Pour un
observateur terrestre, selon N'Diaye (2009), le passage d'une ligne de grains
est caractérisé par de violents coups de vent (10-15m/s)
accompagnés d'une chute brusque de température et un saut de la
pression (grain blanc), quelques minutes avant l'arrivée de la pluie.
L'existence d'un courant froid ou courant de densité au sein de la ligne
de grains explique le refroidissement ressenti au sol avant l'arrivée de
la pluie.
Les amas nuageux convectifs mobiles (ou
clusters en anglais) :
Comparés aux lignes de grains, les amas nuageux ont des
formes moins définies et les déplacements plus lents. Boko (1988)
explique que sur les images satellitaires, on les voit "naftre" à
l'ouest et au nord du massif forestier congolais, sur la dorsale oubanguienne,
et au sud du massif éthiopien. Il s'agit certainement d'un effet de
convergence des flux de mousson le long des lignes de relief. Selon la vigueur
de la mousson, en d'autres termes selon la puissance de l'anticyclone de Sainte
- Hélène, la région-source peut être limitée
à la dorsale oubanguienne. Dans ce cas, les cellules passent au large
des côtes du Bénin, «sautant» des bouches du Niger
à
28
l'embouchure de la Volta, épargnant ainsi le littoral
du golfe de Guinée. Si les pulsations de la mousson sont
particulièrement fortes, les cellules passent plus au nord, au nord du
9ème parallèle, avant d'être
déviées par les lignes de l'Atakora, tout comme les lignes de
grains.
C'est sur la base de ces phénomènes
atmosphériques d'échelle régionale et des
différentes oscillations de la ZIC, que le bassin versant
béninois de la Pendjari est sous l'influence du climat soudanien (climat
tropical chaud et humide) ou soudano-guinéen qualifié d'atacorien
(Houssou, 1998). Il est caractérisé par une alternance d'une
saison sèche et d'une saison pluvieuse. La saison pluvieuse de 5
à 6 mois (mai à octobre) est dominée par les flux de
mousson mais aussi ceux liés aux lignes de grains,
génératrices de fortes averses sur la région. La
pluviosité moyenne (1961-2006) est de 1131,3 mm. Les mois de juillet,
août et septembre sont les plus pluvieux avec une moyenne de 227,5 mm par
mois.
Par effet de versant au vent et de versant sous le vent, la
chaîne de l'Atacora aurait des influences sur les précipitations
et la répartition spatiale des champs pluviométriques dans le
bassin versant de la Pendjari. En effet, dans les régions occidentales
des moyennes latitudes, les versants exposés aux masses d'air humide et
aux perturbations venant de l'est (versant au vent) sont plus arrosés
que les versants sous le vent. Après avoir franchi le relief, l'air perd
une grande partie de son humidité, d'où un temps plus sec dans le
versant sous le vent. Un flux d'air forcé à franchir une
barrière de relief est à l'origine d'un effet de Foehn de l'autre
côté du relief. A sa descente, il se comprime, se réchauffe
et s'éloigne du point de saturation (point de rosée), d'où
un vent sec et haud, soufflant en rafales très violentes. Dans le le cas
de cette étude, on est tenté d'estimer qu'il y a effet de Foehn
avec la chaîne de l'Atacora. Mais nous penson qu'il n'y a pas effet de
Foehn dans le bassin versant de la Pendjari pour deux raisons : (1)
l'isohyète 1050 se distribue dans les deux HER. (2) le relief n'est pas
suffisemment important pour générer l'effet de Foehn.
La saison sèche de 6 à 7 mois (octobre à
avril) est marquée dans les quatre ou cinq premiers mois
(octobre/novembre à février) par des flux de l'alizé du
Nord-Est (l'harmattan), secs, frais la nuit et relativement chauds le jour,
desséchant et accélérant le dépérissement de
la végétation (Tenté, 2005). Elle est marquée par
l'absence de précipitations. D'après Boko (1988), la saison
sèche commence assez brutalement, pratiquement en octobre sur l'ensemble
de la région. Il explique que l'affaissement brutal des totaux mensuels
à partir d'octobre précède d'au moins un mois la baisse de
la tension de vapeur, donc du volume d'eau précipitable. Cela s'explique
par le fait que le "voyage-retour" de la ZIC est plus rapide que le
"voyage-aller". Il en est toujours ainsi lorsque l'échange s'effectue
entre un anticyclone maritime et un anticyclone continental. Il semble que les
mécanismes anticycloniques se rétablissent très
rapidement, dès l'automne sur le nord-est du Sahara, et dès
novembre le flux d'alizé continental atteint le nord du Bénin. De
cette façon, il n'y
a pas d'intersaison entre la saison des pluies et l'harmattan,
du moins elle n'est pas évidente. A la fraîcheur nocturne et
matinale de l'harmattan succède la forte chaleur de l'intersaison, en
mars-avril (Houssou, 1998).
Somme toute, ces conditions climatiques, relativement
favorables, et les autres caractéristiques physiques, offrent des
conditions assez favorables à l'installation humaine et aux
activités économiques.
1-3- Description du milieu humain
Dans l'exercice de la détermination des
hydro-écorégions et l'analyse des déterminants de la
dynamique des écosystèmes naturels du bassin versant de la
Pendjari, il est fondamental de connaître les données humaines et
économiques du milieu. Il s'agit de l'évolution
démographique, des peuples, du peuplement et des activités
socio-économiques qui constituent les données humaines du bassin
versant de la Pendjari.
1-3-1- Démographie du bassin versant de la
Pendjari
L'effectif de la population du bassin versant béninois
de la Pendjari est estimé à l'ensemble des effectifs de
populations des communes de Tanguiéta, Matéri, Kobly,
Boukombé, Natitingou, Kouandé et Kèrou. Cet effectif est
passé de 274133 habitants en 1979 à 366780 habitants en 1992. Au
recensement général de la population et de l'habitat en 2002, cet
effectif avait atteint 494335 habitants répartis en 72460 ménages
dont 60259 ménages agricoles (INSAE-Cotonou, 1994 et 2004). Sur la base
des projections sur 2012 à partir des taux d'accroissement
intercensitaires de chaque commune, l'effectif de la population du bassin
versant béninois de la Pendjari est estimé à 669.440
habitants. La figure 7 présente l'évolution de l'effectif de la
population des communes du bassin versant de la Pendjari.
29
Figure 7 : Evolution des populations des communes du
bassin versant de la Pendjari de 1992 à 2012
Source : INSAE - Cotonou + Résultat de
projections
30
1-3-2- Peuplement et habitat dans le bassin versant
béninois de la Pendjari
1-3-2-1- Peuples (les groupes socioculturels) du bassin
versant béninois de la Pendjari
Le bassin versant de la Pendjari est peuplé par de
nombreux groupes socioculturels ou groupes ethniques. On peut citer les
Waama, les Bètamaribè, les
Gulmacéba, les Bièliba ou Berba, les
M'bèlimè ou Yindé, les
Natémba, les Fulbé ou Peulh, les
Zerma, les Dendi, les Bulba, les Moore, les
Baatombu ou Bariba (CENALA, 1989).
Mais selon les résultats des enquêtes
démographiques de la DGAT/MISD (2001), trois (03) principaux groupes
socioculturels sont majoritairement rencontrés dans le bassin versant de
la Pendjari. Il s'agit des Berba (65 %), qui parlent la langue
Biali, des Gulmacéba (23 %) qui parlent la langue
Gulmatchéma, des Waaba (7 %) qui parlent la langue
Waama et des Bètamaribè qui parlent la langue
Ditammari.
Les Waaba sont rencontrés à
Toukountouna, à Natitingou, à Tanguiéta et à
Kouandé (N'Tcha, 1990). Quant aux Bètammaribè et
les Natémba, on les retrouve dans la partie sud du territoire
du bassin, notamment les communes de Toukountouna, Natitingou, Boukombé
et Kouandé (Mercier, 1968 ; Koussey, 1977, N'Tcha, 1990). Les
Gulmacéba occupent le nord-est du bassin dans les communes de
Tanguiéta et Kèrou. Les Berba sont dans les communes de
Matéri et Tanguiéta, les Yindé sont
rencontrés à Cobly et à Boukombé (Mercier, 1968 ;
Koussey, 1977, N'Tcha, 1990).
1-3-2-2- Peuplement (origines et installation des
peuples)
Les origines des différents groupes socioculturels du
bassin versant sont jusqu'à nos jours mal connues. Mais en se
référant aux études récentes des historiens dont
celle de N'Dah (2009) sur les « sites archéologiques et peuplement
de la région de l'Atacora », les origines des peuples du bassin
versant de la Pendjari qui fait partie de la région de l'Atacora, ont pu
être décrites.
En effet, selon N'Dah (2009), en ce qui concerne la mise en
place des peuples de la région de l'Atacora, des hypothèses ont
pu être établies et des conclusions acceptables ont
été proposées. Ainsi l'unanimité paraît
désormais acquise sur la probabilité d'une provenance occidentale
de la majeure partie des populations de la région de la chaîne de
l'Atacora. Ce lieu de provenance est souvent identifié aux plaines de
l'Oti et du Gourma, c'est-à-dire le Nord-Togo et le sud-est du Burkina
Faso. Selon cette hypothèse, la mise en place des populations de
l'Atacora est le résultat d'un mouvement de groupes humains venus de
l'Ouest à la suite de mutations socio-politiques survenues dans le
Gourma. Ces mutations sont nombreuses et échelonnées dans le
temps. Elles
31
sont dues essentiellement aux incursions sonraï dans le
Gourma, à la formation des Etats Mamprusi, Dagomba, Mossi,
Gourmantché et aux crises de palais de ces entités politiques
(Tiando, 1996).
D'après les sources orales et écrites
disponibles, la région a été peuplée à
partir de l'ouest et ce peuplement est lié aux mouvements de populations
qui ont toujours accompagné ou suivi la formation des royaumes en
Afrique occidentale. Mais les informations disponibles ne suffisent pas pour
déterminer l'origine exacte de ces populations et surtout la chronologie
de leur installation. A propos de la chronologie, deux tendances se
dégagent :
- une tendance dite de la chronologie longue qui se
réfère à la mention dans les Tarikh des rivalités
ayant opposé le Mali puis le Songhaï à des Mossi et aux
"païens" du Gourma entre le XIVe et le XVe siècle. Les partisans de
cette tendance penchent pour l'existence d'une formation politique mossi bien
structurée avant le XIIIe siècle qui, sous les pressions
maliennes et Songhaï aurait été à l'origine des
mouvements de population vers l'est en direction de l'Oti et de l'Atacora vers
le XVè siècle (Tauxier et Delafosse, Tarikh es Sudan et Tarikh el
Fettach , cités par Ki-Zerbo, 1978) ;
- la seconde tendance dite de la chronologie courte, se
réfère à la tradition orale mossi pour situer la naissance
des royaumes mossi-dagomba-mamprusi, dont découleraient les mouvements
de population, à la fin du XVe siècle et celle du royaume
Gulmance au XVIe siècle. Par conséquent, les tenants de cette
tendance situent les migrations de populations vers l'Atacora entre les XVIIe
et XVIIIe siècles (Fage et Izard cités par N'Tia, 1993). De
l'analyse de tous ces éléments, on peut penser que la mise en
place des populations de l'Atacora s'est faite avec les arrivées
successives à partir de l'Ouest, du Nord-Ouest ou du Sud-Ouest de
différents groupes, les suivants repoussant progressivement vers l'est
et le sud-est ceux qui les précédaient. Ce processus a dû
s'amorcer avant le XVe siècle avec les rivalités qui ont
opposé les Mossi et les Gourma aux empires du Mali et de Gao et s'est
poursuivi ensuite avec les pressions des royaumes mossi, dagomba, mamprusi dont
la phase d'expansion se serait située dans la première
moitié du XVIe siècle, et du royaume Gulmance dont la fondation
remonterait au XVe siècle.
Seraient ainsi arrivés dans l'Atacora venant de
l'ouest, les Yowa, les Tangba qui ont progressé jusque
dans la région de Djougou, refoulant ou assimilant partiellement les
Biyobe, les Kabye, les Lamba et les Lokpa
qui les y avaient précédés par l'Ouest et le
Sud-Ouest. Les Yowa ont été suivis des Waaba et
des Daataba, lesquels à leur tour ont
précédé les Bètammaribè. Les Berba
auraient fermé la marche sous la pression des Tyokossi.
32
De la plaine du Gourma, foyer d'effervescence politique
à partir du XVe siècle, sont venus des éléments qui
ont contribué à la constitution du groupe Natémba, du
sous-groupe Tangamba et du groupe Berba. Ces derniers sont demeurés au
pied de la falaise de l'Atacora alors que les Natémba et les Tangamba,
qui les ont précédés sur la chaîne de l'Atacora, ont
progressé vers l'est (N'tia, 1993). En ce qui concerne les Tangamba, ils
auraient laissé dans les falaises du Gobnangou (sud-est du Burkina Faso)
des restes d'habitations dont certains murs de construction résistent
encore aux intempéries (Millogo, 1993a).
1-3-2-3- Types d'habitats dans le bassin versant
béninois de la Pendjari
Du fait de cette diversité des groupes socioculturels,
il y a une variation notable du type d'habitat dans le bassin versant de la
Pendjari. En effet l'habitat est dispersé au sud et au sud-ouest du
bassin et groupé au nord et nord-est. La répartition de l'habitat
est liée à la répartition des peuples dans le bassin.
L'habitat dispersé est observé dans les communes
de Natitingou, Boukombé et de Kouandé notamment où le
peuple Otammari est majoritaire. L'habitation de ce peuple est
communément appelée Tata somba (photo 1).
Photo 1: Tata somba à Koutagou (Commune de
Boukombé)
Cette photo présente une tata somba à trois
chapeaux. Les chapeaux des extrémités gauche et droite sont des
greniers et le chapeau en avant-plan est une chambre. Une seconde chambre est
cachée en arrière de celle en avant-plan.
Source : Cliché IDIETI, 2011
33
Pour construire un Tata somba, les populations se servent des
espèces végétales collectées sur place. Les
graminées (Schizachyrium sanguineum, Loudetia togoensis et Loudetia
simplex) sous forme de paille, sont surtout utilisées dans la
confection des toîtures. Les ligneux (Afzelia africana,
Crossopteryx febrifuga, Daniellia oliveri, Erythrophleum
africanum, etc.) servent de poutres dans l'agencement des charpentes
(Tenté, 2005).
Les autres peuples (les Waaba, Berba, Gulmaceba,
etc.) s'installent souvent en habitat groupé notamment dans les communes
de Toukountouna, Tanguiéta, Matéri et Cobly. Ce type d'habitat
est la caractéristique surtout des centres urbains de toutes les
communes. Il est constitué de regroupements de cases dans une concession
rectangulaire. L'espace entouré par les différentes cases de la
concession est l'endroit où se déroule l'essentiel des
activités de ménage.
On y rencontre également les campements, type d'habitat
des Peuls et des pêcheurs (Photo 2).
Ce sont les habitations peu étendues souvent à
l'écart des villages et des autres peuples (Tenté, 2005).
Photo 2 : Campement de pêcheurs à Porga
(Commune de Matéri)
En arrière-plan, se trouve les cases du campement des
pêcheurs. Au premier plan, on observe un champ de case en
jachère.
Source : Cliché IDIETI, 2010
Cette organisation socioculturelle dans le bassin versant
béninois de la Pendjari constitue un facteur important dans le processus
de la dynamique des états de surface du bassin à travers les
activités des populations et autres composantes socio-économiques
de la région.
34
1-3-3- Caractéristiques socio-économiques du
bassin versant de la Pendjari
Il s'agit des activités menées par les
populations dans le bassin versant béninois de la Pendjari pour subvenir
à leurs besoins et contribuer à l'économie locale et
nationale.
L'agriculture est l'activité
primordiale des populations du bassin versant béninois de la Pendjari et
ses environs. Cette activité est plus pratiquée dans la portion
sud du secteur d'étude. C'est elle qui assure la sécurité
alimentaire des populations vivant dans le bassin (MAEP, 2009). Elle occupe
plus de 65% de la population active (INSAE, 2004). Les principales cultures
sont le sorgho, le mil, le maïs, le niébé, l'igname, le
manioc, le tabac. Le coton, l'arachide et plus récemment le riz sont les
cultures de rente. Il s'agit essentiellement d'une agriculture de subsistance
où les échanges et la monétarisation sont faibles. Les
produits vivriers sont vendus ou échangés sur les marchés
locaux, notamment le riz et l'arachide (MAEP, 2009). La sécurité
alimentaire peut devenir précaire pendant la période de soudure
(juillet à septembre). C'est une agriculture essentiellement pluviale
c'est-à-dire calquée sur le calendrier saisonnier des pluies.
L'élevage est la seconde
activité qu'exercent les populations du bassin versant béninois
de la Pendjari. Elle est pratiquée un peu partout dans le bassin versant
de la Pendjari. Son rôle principal est l'épargne et les animaux ne
sont vendus qu'en cas de besoin urgent en moyen financier (CeRPA Atacora,
2009). En général, ils ne sont consommés que lors des
cérémonies, des réceptions et jours de fête. Toutes
les familles essayent d'élever quelques petits ruminants et de la
volaille. L'élevage de bovins revêt deux caractères : un
élevage local concernant une race rustique très résistante
appelée « race somba » ; et un élevage transhumant
(Ouassa-Kouaro, 2008) pratiqué par les populations peulhs locales et
celles venues des pays limitrophes (Photo 3).
Photo 3 : Troupeau de boeufs des Peuhls à
Nanimbou (Tanguiéta)
On observe en avant plan les peuhl avec leur troupeau de bovins.
En arrière-plan se trouve la végétation du flanc d'un
chaînon de montagne.
Cliché : IDIETI, 2009
35
La pêche est une longue
tradition chez les populations du bassin versant de la Pendjari notamment dans
les zones riveraines des cours d'eau importants (Photo 4). Elle est très
pratiquée dans le secteur nord et nord-ouest du bassin versant de la
Pendjari. Elle est pratiquée par les villageois et aussi par des
professionnels d'origines ghanéenne, malienne et nigérienne. Les
populations riveraines de la Réserve de la Biosphère de Pendjari
(RBP) sont autorisées selon le droit d'usage à pêcher dans
la Zone Cynégétique de Pendjari (ZCP) jusqu'à une certaine
limite (CENAGREF, 2009).
Photo 4 : Pêche dans la rivière Pendjari
à Porga
En avant plan se trouvent les pêcheurs en train de
placer le filet dans le cours d'eau ; au second plan s'étend la
rivière bordée par la galerie forestière.
Cliché : IDIETI, 2009
La chasse fait partie des coutumes
dans le bassin versant béninois de la Pendjari, surtout dans les
villages riverains de la RBP. Elle avait et a toujours des aspects
économiques et sociaux. Elle procure une quantité non
négligeable de protéines animales et génère des
revenus occasionnels, surtout aux jeunes en quête "d'argent liquide".
Ouassa-Kouaro (2008) écrit que « La pratique communautaire de la
chasse n'a pas fondamentalement pour objectif de ramener du gibier, mais joue
un rôle initiatique. Cette forme de chasse a donc une fonction sociale
».
En ce qui concerne le tourisme, le
bassin versant béninois de la Pendjari est le porte-flambeau du tourisme
national au Bénin. Le Parc le plus visité par les touristes
étrangers se trouve dans le bassin versant béninois de la
Pendjari. Toute forme de tourisme y est pratiqué :
36
tourisme de vision, chasse sportive,
écotourisme. Outre la faune du Parc National de la Pendjari, les
paysages des falaises de l'Atacora, la diversité ethnique (ou
socioculturelle), les villages typiques, les architectures traditionnelles, la
découverte de la nature (avifaune, végétation, etc.) ainsi
que les cascades constituent des attraits touristiques éprouvés
dans le bassin versant de la Pendjari.
Mais, il faut noter que le tourisme n'est pas une
activité économique traditionnelle exercée par les
populations autochtones. Ce n'est qu'à nos jours que les services en
charge de la gestion du Parc impliquent les populations et on observe de plus
en plus une organisation des autochtones sur certains sites des attraits
touristiques.
Les populations du bassin versant de la Pendjari pratiquent la
cueillette pour l'alimentation, la médicine
traditionnelle et l'approvisionnement en matière première pour
des activités artisanales. Les femmes transforment divers
céréales et légumineuses en bière ou beignets et
vendent localement ces produits.
L'apiculture ou la « production
du miel », jusqu'à nos jours, est encore une pratique
traditionnelle dans le bassin versant de la Pendjari. En effet, pour produire
le miel, le paysan construit un pot en forme d'une longue jarre, à base
de l'argile pétrie et mélangée avec de l'herbe
sèche. Ce dispositif est posé dans la forêt ou dans la
savane, sur un arbre ou arbuste fourchu en mesure de maintenir la ruche (photo
5).
Photo 5 : Une ruche traditionnelle sur un arbre d'une
galerie forestière
à Tchatingou (Tanguiéta).
En avant plan, on observe la ruche en pot d'argile placée
entre les fourches de
l'arbre et en arrière-plan, l'eau de la rivière de
Tchatingou. Cliché : IDIETI, 2009
37
Pour récolter les produits d'abeilles, le paysan allume
le feu autour de la ruche dans l'objectif d'éloigner les abeilles afin
de récolter librement le miel sans se faire piquer. C'est une mauvaise
pratique car l'utilisation du feu détruit les abeilles qui devraient
être préservées pour la pérennité de la
production du miel. Le miel récolté est vendu sur le
marché des localités du bassin souvent en bouteille ou en
bidon.
Par ailleurs, à l'instar de ce qui se passe au plan
national, pays à production apicole marginale (FAO, 2010), les
données ne sont pas disponibles pour apprécier la production
apicole dans le bassin versant de la Pendjari.
Par contre, le miel produit est véritablement
consommé de diverses manières dans les ménages (soit avec
de la bouillie du maïs ou du sorgho en lieu et place du sucre, soit
utilisé en pharmacopée), et même au-delà des
frontières du bassin. Il n'est pas rare, surtout au sud du Bénin
notamment à Cotonou, de voir sur des pancartes « ici en vente du
bon miel du Nord » ; ou d'entendre dire « ramène-moi de ton
voyage du bon miel du Nord ». La production de miel dépend
entièrement de la végétation disponible. En effet, dans le
bassin versant de la Pendjari, il existe une multitude d'espèces de
plantes qui fournissent les aliments nécessaires aux abeilles. On peut
citer entre autres : Parkia biglobosa ; Ficus sycamorus ;
Adansonia digitata ; Terminalia spp. ; Vernonia
spp ; Azadirachta indica ; Brachystegia spp. ;
Calycophyllum candidissimum ; Ceiba pentandra ;
Cochlospermum spp. ; Combretum spp. ;
Cordia spp. ; Cryptosepalum pseudotaxus ;
Dialium engleranum ; Dombeya rotundifolia ; Faurea
saligna ; Gilibertia spp. ; Isoberlina spp. ; Leucas
aspera ; Lonchocarpus spp. ; Madhuca longifolia; Marquesia
macroura ; Prosopis spp. ; Pterocarpus spp. ;
Sclerocarya caffra ; Syzygium spp. ; Albizia spp., Burkea
spp., Commiphora spp., Jacaranda mimosifolia, Lannea spp., Parianari
spp., Protea spp., etc.
Ces espèces de plantes (arbres, arbustes et herbe) se
trouvent dans des forêts et savanes du bassin versant de la Pendjari,
décrites plus haut. Néanmoins l'apiculture y est très peu
développée. Elle pourrait connaître un certain essor avec
les spécialistes.
Conclusion partielle
L'étude des caractéristiques physiques et
humaines du bassin versant béninois de la Pendjari a permis de mettre en
exergue les éléments de détermination des
hydro-écorégions. En effet, la topographie formée de deux
grandes unités de relief (la chaine de l'Atacora et la plaine de
Pendjari) permet à un réseau de cours d'eau quasi temporaires
autour de la rivière Pendjari, de drainer les eaux de surface. Le
substratum géologique constitué des roches métamorphiques
(les quartzites, les schistes, les gneiss, les grès, etc.) et
affectées par des chevauchements et des charriages, constituent les
premières considérations dans la détermination des
hydro-écorégions
38
du bassin. Les sols de types peu évolués sur
quartzites, ferrugineux tropicaux et hydromorphes sur lesquels se
développent les formations végétales de types savanicoles
en majorité sont régis par un climat de type soudanien à
deux saisons (une saison de pluies de 5 à 6 mois et une saison
sèche 6 à 7 mois avec 3 à 4 mois d'harmattan). La
population sans cesse croissante constituée des peuples
Bièli, Waaba, Gulmancé et Otammari et autres, avec
l'agriculture comme activité principale, constitue l'un des facteurs
déterminants de la dynamiques des écosystèmes naturels au
sein des hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari.
39
CHAPITRE 2 :
CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIQUE
40
Introduction partielle
Ce chapitre présente d'abord le cadre théorique
où sont exposés la problématique, les objectifs et les
hypothèses de recherche, ainsi que la synthèse bibliographique
sur les différents aspects du sujet. Il présente également
la clarification des concepts. Quant au cadre méthodologique, il
présente les données et les méthodes utilisées pour
la détermination des hydro-écorégions et l'analyse des
facteurs déterminants de la dynamique des écosystèmes
naturels du bassin versant de la Pendjari.
2-1- Cadre théorique
2-1-1- Problématique
Pagney et Frecaut (1983) ont montré que dans les
régions tropicales et subtropicales, on observe une grave
dégradation de l'écoulement de surface, puisqu'une forte
capacité d'évaporation coïncide avec une pénurie
pluviale pratiquement toute l'année. L'irrégularité des
précipitations se manifeste par des formes extrêmes : soit les
averses énormes, soit les sécheresses climatiques qui
déterminent souvent des étiages sévères.
Dans le même sens, le Programme Mondial pour
l'Evaluation des Ressources en Eau estimait en 2003 que plusieurs
régions tropicales et subtropicales connaîtront vraisemblablement
des pluviométries inférieures à celles de la situation
actuelle ou plus erratique (Totin, 2005). Vissin (2001) démontre que les
systèmes hydrologiques sont non seulement sensibles au forçage
pluviométrique mais également à d'autres facteurs
(formations géologiques, évaporation, pratiques culturales,
pratiques agro-pastorales, usages domestiques) qui accentuent le déficit
hydrologique. Selon le PNUD (2004), la biodiversité des eaux
continentales accuse un repli général dû principalement
à la perturbation de l'habitat, ce qui peut être
considéré comme la preuve de la dégradation de
l'écosystème.
Ces problèmes deviennent de plus en plus
récurrents aux plans international, national et local. Le bassin versant
de la Pendjari au Bénin n'est pas en marge de cette situation. En effet,
le bassin versant de la Pendjari est une "zone" de réserve d'importance
internationale (la RBP), aux potentialités touristiques diverses (Parc
national de Pendjari, cascades de Tanongou, paysages pittoresques des flancs de
relief). Il est confronté à de nombreux problèmes
notamment une baisse de la pluviométrie et du débit hydrologique,
des fluctuations pluviométriques aux répercussions importantes
sur les ressources en eau et même sur les productions agricoles, une
perte progressive de la biodiversité du fait de la pression anthropique
sur les ressources naturelles (ressources en eau, sols, formations
végétales, etc.)
41
A ce sujet, Vissin (2007) constate que devant l'accroissement
de la demande en eau lié à la croissance démographique et
à la multiplication des usages (consommation domestique, industrie,
agriculture, élevage, loisirs, etc.), les gestionnaires des ressources
en eau doivent faire face aux problèmes de pollution, de mauvaise
gestion et de pénurie. Dans ce contexte, on comprend alors
aisément la nécessité de mettre au point des outils d'aide
à la gestion et à la décision qui permettent de mieux
comprendre le fonctionnement des hydrosystèmes naturels et le devenir de
l'eau dans l'environnement. A l'instar du pays, on peut noter que la gestion
des hydrosystèmes ou écosystèmes aquatiques dans le bassin
versant de la Pendjari se base uniquement sur les statistiques hydrologiques et
pluviométriques tout en considérant les données
liées aux pressions humaines et les données
socio-économiques.
Il se pose le problème de méthode scientifique
permettant, autant pour la compréhension du fonctionnement physique et
écologique des milieux aquatiques que pour une gestion des ressources
naturelles, d'avoir une perception globale et complète des
hydrosystèmes. Il est donc nécessaire d'envisager d'autres
approches d'analyse des facteurs de la dynamique des écosystèmes
pour une gestion plus efficace des hydrosystèmes.
Il existe l'approche des hydro-écorégions
déjà éprouvée, mise au point par Wasson et al.
Elle est appliquée à la présente étude sur le
bassin versant de la Pendjari pour une meilleure gestion intégrée
des écosystèmes
Les recherches portent donc sur « Les
Hydro-Ecorégions du bassin de la Pendjari : Analyse des
déterminants socio-économiques et environnementaux de la
dynamique des écosystèmes naturels ».
L'application de cette approche vise principalement à analyser les
facteurs déterminant la dynamique des écosystèmes naturels
du bassin versant de la Pendjari.
Un certain nombre de questions est soulevé :
y' Quelles sont les hydro-écorégions
identifiables dans le bassin versant béninois de la Pendjari ?
y' Quels sont les déterminants de la dynamique des
écosystèmes naturels dans chaque
hydro-écorégion?
y' Quelles pourraient être les pratiques et les mesures
appropriées pour une utilisation et une gestion durable des
écosystèmes naturels du bassin versant béninois de la
Pendjari ?
y' Quelles sont les stratégies d'adaptation mises en
oeuvre par les populations face à la dynamique des
écosystèmes naturels dans les hydro-écorégions du
bassin versant de la Pendjari ?
42
Pour apporter des approches de réponses à ces
diverses questions, les hypothèses suivantes ont été
formulées.
2-1-2- Hypothèses de la recherche
? Hypothèse principale
L'approche des hydro-écorégions permet une
meilleure compréhension du fonctionnement physique et écologique
des écosystèmes naturels du bassin versant béninois de la
Pendjari.
? Hypothèse spécifiques
1) Les hydro-écorégions du bassin versant
béninois de la Pendjari sont nombreuses et identifiables.
2) Les déterminants socio-économiques et
environnementaux sont à la base de la dynamique des
écosystèmes naturels dans les hydro-écorégions du
bassin versant béninois de la Pendjari.
3) Les communautés du bassin versant béninois
de la Pendjari développent des pratiques et stratégies
d'adaptation face aux déterminants et à la dynamique des
écosystèmes naturels.
4) Des mesures appropriées peuvent permettre une
utilisation et une gestion durable des écosystèmes naturels du
bassin versant béninois de la Pendjari.
2-1-3- Objectifs de la recherche
Des hypothèses ci-dessus formulées découlent
les objectifs suivants.
? Objectif général
Contribuer à la compréhension du fonctionnement
physique et écologique des écosystèmes naturels du bassin
versant de la Pendjari à travers l'approche des
hydro-écorégions.
? Objectifs spécifiques
1) Déterminer les hydro-écorégions du
bassin versant béninois de la Pendjari ;
2) Analyser les déterminants socio-économiques
et environnementaux de la dynamique des écosystèmes naturels dans
les hydro-écorégions du bassin versant béninois de la
Pendjari ;
3) Etudier les pratiques et stratégies d'adaptation
endogènes/populaires à la dynamique des écosystèmes
naturels du bassin de la Pendjari au Bénin.
4) Proposer des mesures appropriées pour une
utilisation et une gestion durable des écosystèmes naturels du
bassin versant béninois de la Pendjari.
43
2-1-4- Point des connaissances
Sans être exhaustif, la synthèse bibliographique
prend en compte plusieurs travaux réalisés antérieurement
dans le domaine de l'eau, sur les hydro-écorégions, la dynamique
des écosystèmes et les stratégies d'adaptation
conformément aux thématiques développées dans ce
travail.
Natta (1999) dans ses travaux sur
"occupation, exploitation du sol et organisation spatiale chez les
Betammaribe du nord Bénin", explique que les Betãmmaribe
dans le Nord-Ouest du Bénin se sont installés sur la chaîne
de l'Atacora depuis des lustres. L'appropriation et l'accessibilité de
la terre sont régies par une tradition foncière assez rigoureuse.
Les zones écologiques sont établies à partir du ratio
population/ressources naturelles. Les paysans ont développé des
techniques endogènes particulières pour lutter contre
l'érosion des sols sur la base des précipitations, du relief, de
la fragilité et de l'appauvrissement des sols.
Andriamahefa (1999) effectue des plans
d'informations, d'outils et d'analyse à l'échelle du bassin
versant de la Loire dans l'objectif de mieux caractériser et valider les
hydro-écorégions établies empiriquement à partir
des structures physiques globales et des caractéristiques anthropiques
des cours d'eau et des bassin versants. Il est parti de l'idée que
« les théories sur l'organisation des systèmes (Allen et
Star, 1982) nous apprennent que les structures à large échelle
gouvernent généralement celles à grain fin et la plupart
des procédures de classification des systèmes aquatiques se
basent sur de fortes associations et interactions entre les
écosystèmes terrestres et aquatiques (Hynes, 1975) » et que
« la méthode des écorégions (Omernik et Gallant,
1986) ou hydro-écorégions (Wasson et al., 1993) s'appuie
sur ces propriétés et identifie des limites à travers
l'analyse des régions écologiques homogènes».
En étudiant les "Stratégies d'adaptation aux
contraintes hydriques et climatiques chez les B°tãmmarib° de
l'Atacora", Gnitona (2000) montre que les peuples en
l'occurrence les Betãmmaribe, dans le Nord-Ouest du
Bénin ont des stratégies d'adaptation aux contraintes hydriques
et climatiques, ce qui démontre que les autochtones du nord-ouest du
Bénin connaissent bien les potentialités et les contraintes de
leur environnement. Le choix des variétés culturales, de la
période de semis sont des pratiques liées aux variations
interannuelles des précipitations. La disposition des billons et le
choix des pratiques culturales dépendent de la nature des terrains :
plaine, plateau, collines ou montagne. Mais ces pratiques culturales ne sont
pas efficaces et dégradent l'environnement.
Wasson et al. (2004), a
publié un article sur « les Hydro-écorégions : une
approche fonctionnelle de la typologie des rivières pour la Directive
Cadre Européenne sur l'Eau ». L'une des
44
principales innovations de la DCE est de faire
référence au contexte géographique naturel. Partant des
données de base sur les caractéristiques physiques naturelles
(géologie, relief, climat), la délimitation des
hydro-écorégions (HER) devra rechercher les discontinuités
naturelles pour chacun des paramètres et les concordances
régionales de leur distribution. Il souligne les points importants de la
méthode de délimitation des hydro-écorégions et
identifie 22 HER de niveau 1 pour la France métropolitaine. Les
critères qui ont permis ces délimitations sont : la
géologie (structure lithologique et propriété des roches
à savoir la dureté, perméabilité, l'influence sur
la chimie l'eau), le relief (l'altitude, la pente des versants et des
vallées), le climat (les précipitations, la
température).
Chandesris et al. (2005) ont
délimité les hydro-écorégions de la Martinique et
ont fait des propositions de régionalisation des
écosystèmes aquatiques en vue de l'application de la Directive
Cadre Européenne sur l'Eau (DCE).
Dans sa recherche sur "les facteurs de la diversité
floristique des versants du massif de l'Atacora : Secteur Perma-Toucountouna
(Bénin)", Tente (2005) identifie les activités humaines
néfastes qui dégradent les écosystèmes dans le
Secteur Perma-Toucountouna (Nord-Ouest du Bénin). Il cite l'exploitation
des pierres, l'expansion urbaine liée à la forte croissance
démographique, les incendies répétés et les coupes
abusives de bois. Il identifie trois ordres de régression des formations
végétales et démontre que la régression d'ordre 3
est la forme très poussée de la dégradation où les
galeries forestières deviennent des savanes à emprise agricole
dans un intervalle de temps de plus en plus réduit : en 20 ans (1975 -
1994) puis en 10 ans (1994-2003). Il analyse les fonctions des
écosystèmes saxicoles et les facteurs déterminants de la
dynamique des écosystèmes du secteur d'étude.
Déjà plus tôt (en 2002) le même
auteur démontrait que les facteurs de régressions des
écosystèmes naturels sont d'ordre naturel et anthropique. Pour
lui, la dégradation de l'environnement dans le Nord-Ouest du
Bénin est la conséquence d'une mauvaise pratique agricole, d'un
système d'élevage rudimentaire et d'une exploitation
forestière irrationnelle, et que l'harmattan est un facteur naturel qui
vient accentuer les conditions d'aridité de la saison sèche et
participer à la dégradation du couvert végétal.
45
2-1-5- Clarification des concepts
La recherche sur "les hydro-écorégions du bassin
versant béninois de la Pendjari requiert la compréhension de
certains concepts utilisés dans ce travail. Ainsi, une clarification des
concepts est nécessaire et permet d'élucider le sujet.
? Hydro-écorégion :
Ce concept amène à se rapporter à la
théorie d'analyse typologique du paysage qui repose sur la conception
structurale du milieu découpé en enceintes emboitées, et
définit l'enchainement des unités spatiales comme suit : Zone -
Domaine - Région - Paysage - Segment de paysage - Géon -
Géotope (Richard, 1989). Sans aller en détail dans la
définition de chaque concept de l'enchainement de ces unités
spatiales, nous nous intéressons au concept de "Région", racine
du concept d'"Hydro-écorégion".
Frey (1975) décrit et définit l'existence d'une
région dès lors qu'on y observe des
schémas particuliers et originaux. Du point de vue dimensions, une
région a un rayon variant de 1000 m à 100 km (Demangeot, 1976).
Pour Hart (1982), "une région correspond à une ou plusieurs zones
homogènes qui diffèrent d'autres zones. En d'autres termes, la
variance intra-région est inférieure à la variance
inter-région". Cet auteur note que le concept de « région
» est le procédé courant et efficace pour organiser,
présenter les informations et promouvoir la communication. Wiken (1986)
définit une région comme étant une aire ou une zone
géographique définie par une ou plusieurs caractéristiques
ou traits communs qui lui confèrent une certaine
homogénéité et la rendent différente des
régions environnantes. Il ajoute que la régionalisation consiste
à découper une surface ou une zone par l'utilisation de plusieurs
critères afin d'organiser des milieux dans un ensemble spatial
complexe.
Une région est une entité spatiale
homogène définie par un certain nombre de caractéristiques
ou traits qui la rendent différente des autres entités
spatiales.
"Le terme d'écorégion a
été inventé en 1967 par Crowley, et la première
cartographie de la classification des régions écologiques est
établie par Bailey en 1976 sur l'ensemble des Etats-Unis" (Andriamahefa,
1999).
Pour Bailey (1976), à l'échelle
écorégionale, les unités écologiques sont
identifiées par les différences de régimes climatiques
globaux, continentaux et régionaux et la physiographie brute. Le
principe de base est que le climat régit des gradients d'énergie
et d'humidité, agissant de ce fait en tant que contrôle primaire
des écosystèmes localisés.
L'approche d'Omernik (1987), pour définir les
écorégions, fournit une structure permettant d'évaluer la
gestion de l'environnement à large échelle. Elle est basée
sur l'hypothèse que les
46
écosystèmes et leurs composants affichent des
modèles régionaux qui sont reflétés dans les
combinaisons spatiales de facteurs causaux, tels que climat, sol,
géologie, végétation, et physiographie.
De toutes ces définitions et approches, nous
déduisons qu'une écorégion est une entité spatiale
homogène définie sur la base de critères
écologiques, se distinguant par le caractère unique de sa
morphologie, de sa géologie, de son climat, de ses sols, de ses
ressources en eau, de sa faune et de sa flore.
Appliqué aux écosystèmes aquatiques, et
particulièrement aux cours d'eaux, le concept d'écorégion
demande à être adapté aux spécificités de ces
milieux (Wasson, et al., 2001). Lorsque Hynes (1975) énonce le
principe selon lequel « la vallée gouverne le cours d'eau »,
le concept d'écorégion fut rapidement porté au niveau de
contrôle du bassin versant par les chercheurs de l'US Environmental
Protection Agency (US EPA) du laboratoire de Corvallis (Oregon) (Lotspeich,
1980 ; Frissell, et al., 1986). Ces auteurs ont centré leur
approche sur le contrôle géomorphologique des
écosystèmes d'eau courante à travers l'emboîtement
hiérarchique des facteurs physiques depuis le bassin jusqu'à
l'habitat aquatique. D'où l'idée développée dans le
même laboratoire de Corvallis par Omernick (1987), d'utiliser un cadre
écorégional pour classifier les cours d'eau. Cette idée
propose les « aquatic ecoregions » pour les USA (Wasson et
al.,, 2001, Chandesris et al., 2001). Cependant, Omernick
abandonne rapidement la qualification « aquatique », et de ce fait
l'usage indiscriminé du terme « écorégion » a pu
brouiller des concepts. Il reprend le principe d'une classification par les
facteurs de contrôle et met clairement en avant, dans la logique de l'US
EPA, la géologie, le relief et le climat, associés à la
végétation et à l'usage des sols, pour définir ses
écorégions aquatiques (Wasson, et al., 2001).
En application au milieu aquatique en France, cette approche a
été préconisée et développée sous le
vocable « hydro-écorégion » (HER)
(Wasson, 1989). Wasson et al. (2001) expliquent que l'approche qui a
été préconisée et développée en
France sous le vocable « hydro-écorégion » (HER), est
clairement dérivée des concepts et méthodes de l'US EPA,
et que les déterminants primaires utilisés sont la structure
géophysique (géologie, géomorphologie, relief) et le
climat, la végétation étant utilisée comme un
indicateur de ces facteurs.
L'approche des hydro-écorégions a
été initialement développée sur le bassin de la
Loire (117000 km2) dans le cadre d'une convention avec le
ministère de l'environnement, en collaboration étroite avec le
CRENAM (Université de Saint Etienne et CNRS). Wasson, et al.
(1995) et Wasson (1996) ont basé leur démarche de
régionalisation sur la hiérarchisation des facteurs de
contrôle du fonctionnement physique et écologique des
hydrosystèmes. Les déterminants "de
47
premier ordre" sont la géologie, le climat, et le
relief qui sont des facteurs facilement cartographiables.
Elle a été poursuivie en Amérique latine
sur le bassin amazonien bolivien. Dans le cadre de l'élaboration
d'outils de diagnostic pour la mise en oeuvre de la Directive Cadre
Européenne sur l'Eau (DCE), la même approche a été
appliquée à l'île de la Réunion (située dans
la partie ouest de l'océan Indien, dans l'archipel des Mascareignes :
île Maurice, Rodrigues, île de La Réunion). Elle a
été appliquée également en Guadeloupe (dans
l'archipel des Petites Antilles de l'océan Atlantique), en Guyane
(situé au Nord Est de l'Amérique du Sud et frontalier avec le
Brésil à l'Est et au Sud, et le Surinam à l'Ouest) et en
Martinique (île montagneuse tropicale de l'archipel des Caraïbes,
située sur l'Arc Antillais, dans l'archipel des Petites Antilles de
l'océan Atlantique).
Ce qui démontre le caractère transposable de
cette approche dans des contextes géographiques très
différents. Le tableau I présente la synthèse des
études réalisées sur les
hydro-écorégions.
Tableau I : Synthèse des études sur
les hydro-écorégions
Auteurs
|
Années
|
Lieu
|
Critères
|
Nombre hydro-écorégions
|
Wasson et al.
|
1993
|
Bassin de la Loire
|
Géologie, climat, relief
|
- 6 HER de niveau 1
- 16 HER de niveau 2
|
Jean-Gabriel WASSO
|
2001
|
Bassin amazonien bolivien
|
Géologie, climat, relief
|
- 17 HER de niveau 1 - 33 HER
de niveau 2
|
Jean-Gabriel WASSON, André CHANDESRIS, Hervé PELLA,
Laurence BLANC
|
2002
|
France
métropolitaine
|
géologie, relief,
climat
|
- 22 HER de niveau 1
- 117 HER de niveau 2
|
Jean-Gabriel WASSON, André CHANDESRIS, Hervé
PELLA
|
2004
|
Guadeloupe
|
géologie, relief,
climat
|
- 2 HER de niveau 1 - 2 HER de
niveau 2
|
Île de la
Réunion
|
géologie, relief,
climat
|
- 6 HER de niveau 1 -
|
André CHANDESRIS, Jean-Gabriel WASSON, Hervé
PELLA
|
2005
|
Guyane
|
géologie, relief,
climat
|
- 2 HER de niveau 1 - 4 HER de
niveau 2
|
2005
|
Martinique
|
climat,
géomorphologie et géologie
|
- 2 HER- de niveau 1 - 2 HER-
de niveau 2
|
L'hydro-écorégion de niveau 1 (HER-1) est
identifiée sur la base des critères de géologie, du relief
et du climat. Elle présente une formation géologique unique, un
type de relief unique et un type climat unique. C'est le niveau majeur de
classification et d'hiérarchisation des HER.
L'hydro-écorégion de niveau 2 (HER-2) est identifiée sur
la base des critères morphologiques et hydrologiques des masses
d'eau.
48
L'hydro-écorégion de niveau 3 (HER-3) est le
niveau où l'HER est identifiée en considérant, outre les
critères de niveau 1 et 2, les critères de diversité
biologique, de l'hydrochimie, des facteurs socio-économiques, etc.
Les hydro-écorégions de niveau 2 servent
à préciser la variabilité interne des
hydro-écorégions de niveau 1 (Wasson et al., 2002) et
les hydro-écorégions de niveau 3 servent à préciser
la variabilité interne des hydro-écorégions de niveau
2.
La démarche repose sur une approche descendante
utilisant les déterminants primaires de fonctionnement des
hydrosystèmes (géologie, relief, climat) pour la classification
(Chandesris et al., 2005). L'approche descendante permet de
définir deux niveaux hiérarchiques : le niveau 1 (HER-1)
correspond aux grands ensembles géophysiques et climatiques, et le
niveau 2 (HER-2) correspond à des variations régionales à
l'intérieur de ces types ou, dans certains cas, à des «
exceptions typologiques » dans des ensembles par ailleurs beaucoup plus
homogènes (Wasson et al., 2002).
De ce qui précède, nous déduisons qu'une
hydro-écorégion est une entité spatiale homogène se
distinguant par le caractère unique de son climat, sa géologie et
son relief.
Dans le cas de cette étude sur le bassin versant de la
Pendjari, nous avons choisi d'appliquer la même approche, mais sans aller
dans le détail de hiérarchisation et de classification des
hydro-écorégions. Nous nous contenterons de déterminer les
hydro-écorégions au niveau 1 et de décrire leurs
caractéristiques en raison des données et informations
disponibles.
La hiérarchisation et la classification des cours d'eau
au sein des hydro-écorégions ne doivent pas être confondues
à la hiérarchisation ni à la classification des
hydro-écorégions.
? Déterminant :
Selon le Dictionnaire Universel (éd. 2009), un
déterminant est un élément qui amène à
prendre une décision ; un facteur qui détermine une action, qui
exerce une action spécifique. Le Petit Larousse (éd. 2009)
définit un facteur comme étant un agent, un élément
qui concourt à un résultat. Pour le Thésaurus (éd.
2010), un facteur est un agent, une cause efficiente, une cause formelle, un
catalyseur, un principe actif, un principe à l'oeuvre.
Ainsi, nous déduisons en simplifiant qu'un
déterminant est un élément ou un agent qui exerce une
action spécifique qui concourt à un résultat.
On parlera de facteurs déterminants pour mettre l'accent
sur la primauté des déterminants.
49
? Bassin versant :
Brunet et al. (1992) définissent le bassin
versant comme toute étendue qui est en amont d'une station de mesure et
dont les eaux "versent" en ce point. Pour Georges et Verger (1996), un bassin
versant encore appelé bassin hydrologique ou bassin de drainage, est
l'espace géographique alimentant un cours d'eau et drainé par
lui. Amoussou (2005) déduit de ces deux définitions qu'un bassin
versant ou bassin de drainage en un point est l'ensemble du territoire
drainé par un cours d'eau principal et ses tributaires. Pour lui, les
eaux souterraines, qui alimentent les cours d'eau durant les périodes
d'étiage, font partie intégrante du bassin versant au même
titre que les eaux de surface.
Dans le cas de cette étude, un bassin versant est
l'espace géographique drainé par un cours d'eau principal et ses
tributaires et a pour limite la ligne de partage des eaux le séparant
des bassins versants adjacents. Le bassin versant béninois de la
Pendjari est l'espace géographique de la République du
Bénin qui alimente la rivière Pendjari.
? Hydrosystème :
Le terme hydrosystème ne figure ni dans le
Larousse, ni dans le Robert, ni dans le Dictionnaire Universel de la Langue
Française. La notion et le terme d'hydrosystème
appliqués au bassin versant ont commencé à être
utilisés dans les années 1960 par les géomorphologues et
les hydrologues anglo-saxons (notamment Chorley, 1962 et Chow, 1965).
Roche (1963) donne la définition suivante pour
"système d'eau" : « Tout ensemble hydrologique comportant
ou non des aménagements : le réseau hydrographique d'un bassin en
est un exemple. On dit aussi "système hydrologique".
La définition de l'Encyclopédie AXIS (Dacharry,
1993), indique qu'un hydrosystème est : « Une portion de
l'espace où, dans les trois dimensions, sont superposés les
milieux de l'atmosphère, de la surface du sol et du sous-sol, à
travers lesquels les flux hydriques sont soumis à des modes particuliers
de circulation. L'hydrosystème est le siège, sous
l'effet de l'eau, de transformations car, en toutes ses phases, le cycle de
l'eau a d'étroits rapports avec d'autres cycles physiques,
géochimiques et biologiques de l'environnement terrestre. »
D'après le Glossaire National des SDAGE, O.I.E. (1995),
un hydrosystème est un "Système composé de l'eau
et des milieux aquatiques associés dans un secteur géographique
délimité, notamment un bassin versant".
Dans le cadre de ce travail, nous nous limiterons à la
définition du SDAGE de l'Agence de l'Eau Rhin-Meuse (1996), selon
laquelle un hydrosystème est : « une
partie terrestre du cycle de l'eau limitée à un secteur
géographique déterminé, notamment un bassin versant et/ou
un aquifère ».
50
? Ecosystème naturel
Le terme écosystème a été
introduit par le botaniste anglais George Tansley en 1935 à partir du
mot grec Oïkos qui signifie habitat et du mot
systema qui veut dire réunion de plusieurs corps en un
; pour ainsi qualifier l'ensemble d'une communauté
végétale et de son milieu considéré comme une
unité (Encyclopédie Universelle).
Selon le dictionnaire de Géographie (George, 1984), un
écosystème est l'unité structurelle
élémentaire de la biosphère définie comme
étant une partie de l'espace terrestre émergé ou
aquatique, qui présente un caractère
d'homogénéité au point de vue topographique,
microclimatique, botanique, zoologique, hydrologique et géochimique.
Pour Emmanuel (2003), un écosystème est
l'unité écologique de base en laquelle peuvent se réduire
les systèmes écologiques plus complexes. Un
écosystème est constitué au plan structural par
l'association de deux composantes en constante interaction l'une avec l'autre :
un environnement physico-chimique, abiotique, spécifique, ayant une
dimension spatio-temporelle bien définie, dénommé biotope,
associé à une communauté vivante, caractéristique
de ce dernier, la biocénose, d'où la relation : Ecosystème
= biotope + biocénose (RAMADE, 1998)
Dans cette étude, un
écosystème est défini comme
étant un ensemble d'êtres vivants et de leur milieu,
considéré comme une unité structurelle
élémentaire d'une partie de l'espace terrestre
émergé ou aquatique.
Alors, un écosystème naturel
est un écosystème qui n'a pas été
sensiblement modifié par l'activité humaine par opposition
à un écosystème artificiel qui est un
écosystème créé par l'homme.
Les écosystèmes naturels dans le cas de cette
étude regroupent les écosystèmes aquatiques (les cours et
plans d'eau) et les écosystèmes terrestres notamment les
formations végétales.
? Dynamique des écosystèmes
naturels
La clarification de ce concept nous renvoie au concept de
« dynamique des états de surface » dont l'expression
"états de surface" a été largement explicitée par
plusieurs auteurs. En effet, selon Casenave et Valentin (1989), Beauchamp
(2001), Vissin (2007) et Amoussou (2010), le terme "états de surface"
désigne « un système de surfaces élémentaires
à un instant donné, système qui constitue un ensemble
homogène au sein duquel les différentes composantes entretiennent
des relations fonctionnelles quant au ruissellement et à l'infiltration
». Parmi les surfaces élémentaires figurent le couvert
végétal, la surface du sol et son organisation superficielle
(Escadafal, 1981). D'après Leduc (1999), la reconnaissance des surfaces
élémentaires est ainsi associée à la description du
couvert végétal, du couvert minéral et du
51
micro-relief. Vissin (2007) déduit qu'"on peut donc les
définir comme l'ensemble des caractéristiques topographiques
ainsi que la structure et les caractéristiques physionomiques de la
couverture végétale et des formes d'utilisation du sol".
A la lumière de ce concept et de celui
d'"écosystème", il ressort que les états de surface sont
les écosystèmes naturels y compris les champs et jachères
sans oublier les habitations humaines. Ainsi, dans le cas de cette
étude, on entend par dynamique des écosystèmes naturels,
le changement des caractéristiques physionomiques du couvert
végétal d'un espace terrestre donné (y compris les
écosystèmes aquatiques), et des types d'occupation de cet
espace.
Il s'agit en fait d'analyser la dégradation des
écosystèmes à partir de l'exploitation des cartes
d'occupation du sol.
? Biodiversité :
Le mot "biodiversité" est un néologisme
composé à partir des mots biologie et diversité. La
biodiversité désigne la diversité du monde vivant au sein
de la nature.
L'expression "biologycal diversity" a
été inventée par Thomas Lovejoy en 1980 tandis que le
terme "biodiversity" lui-même a été inventé
par Walter G. Rosen en 1985 lors de la préparation du "National forum on
biologycal diversity" organisé par le National Research Council en 1986
; le mot "biodiversité" apparait pour la première fois
dans une publication en 1988 lors que l'entomologiste américain Edward
O. Wilson en fait le titre du compte rendu de ce forum. Le mot
"biodiverity" avait été jugé plus efficace en
termes de communication que "biological diversity".
En juin 1992, le sommet planétaire de Rio de Janeiro a
marqué l'entré de force sur la scène internationale de
préoccupation et de convoitises vis-à-vis de la diversité
du monde vivant.
La Convention sur la diversité biologique
définie de façon formelle la biodiversité dans
son Article 2 comme étant la "variabilité des organismes vivants
de toute origine, y compris, entre autres, les écosystèmes
terrestres, marins et autres écosystèmes aquatiques et les
complexes écologiques dont ils font partie; cela comprend la
diversité au sein des espèces, et entre les espèces et
ainsi que celle des écosystèmes".
La biodiversité selon Wilcox (1994), concerne la
variété des formes de vie, des rôles, écologiques
qu'elles remplissent et la diversité génétique qu'elles
contiennent.
La biodiversité, dans le cadre de ce travail est
l'ensemble de la divergence des espèces vivantes
(végétaux, animaux, micro-organismes, etc.) et des
écosystèmes dont elles font partie.
52
2-2- Cadre méthodologique 2-2-1-
Données
2-2-1-1- Données sur le relief et
l'hydrographie
Les données brutes utilisées pour le relief et
l'hydrographie du bassin versant de la Pendjari sont constituées des
altitudes, des pentes et les cours d'eau contenus dans les cartes
topographiques notamment les feuilles de Arli NC-31-XX-1/200000, de
Sansanne-Mango NC-31-XIII- 1/200000 et de Natitingou NC-31-XIV-1/200000,
d'équidistance 40 m ; et du modèle numérique de terrain
(MNT) de 2009 à une résolution de 30 m. Les cartes topographiques
proviennent de l'IGN (Institut Géographique National) de la
République du Bénin. Le MNT quant à lui,
réalisé par la NASA, a été obtenu sur le site web
www.gdem.aster.ersdac.or.jp.
2-2-1-2- Données sur la
géologie
Ce sont les ères géologiques et les
faciès lithologiques contenus dans les cartes géologiques,
notamment les feuilles de Porga, Natitingou, Sansanne-Mango et Kandi à
1/200000 provenant de l'Office Béninois des Recherches
Géologiques et Minières (OBRGM) à Cotonou. La carte
hydrogéologique du Bénin à 1/600000 provenant de la
Direction Générale de l'Eau (DG-Eau) a été
également utilisée.
2-2-1-3- Données sur la
pédologie
Les informations sur les sols du bassin versant de la Pendjari
ont été extraites de la carte pédologique de
reconnaissance à 1/200000, feuilles de Porga et de Natitingou. Elle est
obtenue à l'Institut National de Recherche Agronomique du Bénin
(INRAB) à Cotonou.
2-2-1-4- Données sur le climat
Les données brutes obtenues sur le climat sont des
séries climatologiques mensuelles de précipitations, de
température, d'évapotranspiration potentielle (ETP),
d'humidité et d'insolation. Les périodes de couverture de ces
données brutes sont détaillées dans le tableau III. Les
séries pluviométriques mensuelles concernent les stations de
Tanguiéta, Natitingou, Porga, Boukombé, Kouandé,
Kèrou, Banikoara, Pama, Fada-Ngourma, Diapaga, Niamtougou, Pagouda,
Kara-ville ; celles des températures et de l'Evapotranspiration
Potentielle (ETP) sont celles des stations de Natitingou et de Fada-Ngourma. Au
total treize (13) stations réparties comme suit ont été
utilisées :
? deux (02) dans le bassin versant de la Pendjari (secteur
d'étude),
? cinq (05) stations des environs immédiats du bassin
et localisées sur le territoire béninois, ? six (06) stations
situées aux environs immédiats du bassin et localisées
dans les pays limitrophes (Togo et Burkina Faso) comme l'illustre la figure
8.
53
2-2-1-5- Données hydrométriques
Les données brutes concernant l'hydrologie du bassin
versant de la Pendjari sont les séries de débits mensuels des
stations de Porga et de Tiélé ; les deux stations
hydrométriques installées dans le bassin (Figure 8).
Figure 8 : Répartition spatiale des stations
pluviométriques et hydrométriques des données
collectées pour cette étude.
54
2-2-1-6- Données sur la dynamique des
écosystèmes naturels
Ce sont des données relatives à l'occupation du
sol des années 1972, 1990 et 2006, obtenues après traitement des
images satellites (Landsat MSS, TM et ETM+). Le choix de l'année 1972
est justifié par l'absence d'images satellites et de photographies
aériennes sur tout le bassin dans la période 1961-1970 (Amoussou,
2010). Le choix de l'année 2006 est justifié par le fait de
vouloire être conforme à la priode d'étude des
séries météorologiques. L'appréciation de
l'évolution des écosystèmes naturels est fondée sur
la comparaison des surfaces occupées par les différentes
formations végétales, par les jachères, les cultures et
les masses d'eau pour les années 1972, 1990 et 2006.
2-2-2- Outils de collecte et de traitement des
données
2-2-2-1- Outils de collecte des
données
Les outils ayant service à la collecte des données
ont été de plusieurs ordres.
Pour les enquêtes et observations directes sur le terrain,
les outils utilisés sont :
+ un guide d'entretien adressé aux paysans, chefs de
terres, groupement de femmes et les
ménages ;
+ un questionnaire adressé aux ONG et institutions
administratives déconcentrées ;
+ une grille d'observation ;
+ un appareil photo numérique pour la prise des photos
;
+ un GPS (Global Positioning System) pour prendre les
coordonnées géographiques de
géo-référencement des données
spatiales.
+ les bidons pour les prélèvements des
échantillons d'eau.
2-2-2-2- Outils de traitement des
données
Les différents traitements (cartographie et calculs) ont
été faits à l'aide des outils suivants :
- les logiciels de SIG Erdas Imagine et Arc-View 3.2, sous
WINDOWS pour le traitement d'images et la cartographie ;
- logiciels KhronoStat et XLSTAT en plus des logiciels usuels
de WINDOWS, pour le traitement et l'analyse statistique des données
statistiques.
2-2-3- Méthodes de collecte et de traitement des
données 2-2-3-1- Méthode de collecte des
données
Elle consiste en une exploitation des documents scientifiques
généraux et spécifiques, des documents cartographiques,
des données statistiques et autres documents pouvant nous aider à
améliorer nos connaissances sur le sujet d'étude.
55
De façon spécifique, les données
cartographiques utilisées sont issues des documents
planimétriques de l'IGN et du CENATEL.
Quant aux données statistiques, elles sont tirées
des bases de données de :
- statistiques climatiques (pluviométrie,
températures, ETP, humidité relative, insolation, etc.) de la
Direction de la Météorologie Nationale (DMN) de l'Agence pour la
Sécurité de la Navigation Aérienne en Afrique et à
Madagascar (ASECNA) de Cotonou ;
- statistiques hydrologiques (débits, lame d'eau
écoulée, etc.) du service de l'hydrologie à la Direction
Générale de l'Eau (DG-Eau),
- statistiques sur la démographie des RGPH de 1992 et 2002
de l'INSAE.
Les données qualitatives d'investigations
socio-anthropologiques ont été acquises à partir des
travaux de terrain. Ces travaux de terrain ont consisté en une
enquête préliminaire et une enquête approfondie.
? Enquête préliminaire :
Il s'agit d'une pré-enquête au cours de laquelle une
exploration du secteur d'étude a été faite. Elle a permis
de prendre contact avec les populations et/ou les acteurs de gestion des
écosystèmes naturels, d'observer l'occupation de l'espace du
secteur d'étude et de vérifier la position des villages
ciblés dans l'échantillon par rapport aux cours d'eau. Elle a
permis aussi d'améliorer les questionnaires, guides d'entretiens et
d'observations.
? Enquête de terrain proprement
dite
La collecte des données par enquête requiert
l'usage de techniques appropriées, sur la base d'un
échantillonnage bien élaboré.
? Technique d'enquête de terrain
En vue d'évaluer la perception empirique de la
dynamique des écosystèmes naturels dans le bassin versant de la
Pendjari, l'enquête de terrain auprès des habitants du bassin a
été effectuée. La technique utilisée sur le terrain
pour l'enquête proprement dite a été l'entretien direct
avec le guide d'entretien pour les paysans, et l'administration du
questionnaire pour les ONG et services déconcentrés de l'Etat.
? Echantillonnage
La technique d'échantillonnage adoptée est une
technique de choix raisonné. En effet, sur la base de deux principaux
critères (critère de relief et celui de la proximité de
cours d'eau), les villages enquêtés ont été
choisis.
? Critères de relief : le
bassin versant de la Pendjari est établi sur deux unités de
relief (la plaine et la chaîne de l'Atacora). Les populations
installées sur ces deux unités ne vivent pas les mêmes
réalités, ce qui suppose qu'elles ont des perceptions
différentes. C'est sur cette base que l'échantillonnage a
été réparti sur deux secteurs suivant ce critère de
relief :
56
- le secteur de la chaîne de l'Atacora. Il regroupe les
habitants installés sur les flancs des chaînons dans le bassin
versant béninois de la Pendjari.
- le secteur de plaine. Ce sont les populations
installées dans la plaine de Pendjari du côté ouest de la
chaîne.
? Critères de proximité des cours d'eau :
Le choix des villages à l'intérieur des secteurs
su-définis, a été fait en privilégiant les villages
riverains aux cours d'eau, sur la base de cartes de relief et hydrographie du
bassin versant de la Pendjari (Figure 9). Au total vingt (20) villages dans
cinq (05) communes ont été choisis. Le tableau II présente
la répartition des villages choisis par commune et par unité de
relief.
Tableau II : Répartition spatiale des
villages cibles par commune et par unité de relief pour les
enquêtes de terrain
Unités de relief
|
Villages
|
Communes
|
Zone de Plaines
|
N'dahonta Yohongou Tiélé
|
Tanguiéta
|
Porga Satiandiga Tantéga Dassari Kotari
|
Matéri
|
Zone de chaîne de montagnes
|
Pèporiyakou Yarikou
|
Natitingou
|
Tampégré Nabaga Kouarfa Toukountouna Wabou
|
Toukountouna
|
Tayakou Tchatingou Nanébou Tanougou Batia
|
Tanguiéta
|
Source : Résultat de traitement des données
spatiales et statistiques, 2009.
57
Figure 9 : Répartition spatiale des
localités enquêtées dans le secteur d'étude
Le choix des personnes enquêtées dans chacun des
villages sélectionnés a également été fait
sur la base de la technique du choix raisonné. L'échantillon a
été obtenu à partir d'une sélection de personnes
suivant le critère de catégories socioprofessionnelles.
58
En effet, le nombre de personnes enquêtées par
catégorie socioprofessionnelle est fonction du nombre de villages et de
communes. Le nombre de catégories socioprofessionnelles choisies est
plus élevé à l'échelle de commune qu'à
l'échelle de village. En effet, les catégories
socioprofessionnelles (chefs de famille, agriculteurs, éleveurs,
pêcheurs, chefs féticheurs) sont présentes dans tous les
villages, alors que les ONG, les groupements de femmes et les services
déconcentrés de l'Etat se trouvent à l'échelle des
communes.
Au total, cent quatre-vingt personnes ont été
enquêtées dans le bassin versant béninois de la Pendjari
(Tableau III). C'est sur la base de cet échantillon que les travaux de
terrain ont été effectués.
Tableau III : Répartition des individus
enquêtés dans le secteur d'étude
N°
|
Critères Nombres
|
|
Catégories socioprofessionnelles Nombre de
personnes
|
Total
|
1
2
3
4
5
6
7
8
|
Paysans - agriculteurs 1 par village
Paysans- éleveurs 1 par village
Paysans- Pêcheurs 1 par village (si existe)
Chefs féticheurs ou chefs de terre 1 par village
Groupement de Femmes (les responsables ou 5 femmes par groupement
et 1
les plus âgées) groupement par commune
Ménages (les chefs de famille) 2 par village
ONG intervenant dans la commune dans le 5 par commune domaine
de l'environnement
Services déconcentrés de l'Etat (CeCPA, 5 par
commune
CENAGREF, Eaux et forêts)
|
20 20 20 20
20
40
20
20
|
|
Total
|
180
|
Source : Résultat de traitement des
données, 2009.
2-2-3-2- Méthode de traitement des
données
? Reconstitution des données climatologiques
et hydrologiques
Les séries de données statistiques
climatologiques et hydrologiques du bassin versant de la Pendjari sont de
diverses générations, c'est-à-dire de différentes
périodes. Il convient de signaler que les séries de quelques
stations comportent des lacunes dans des proportions variées. Le tableau
IV présente le récapitulatif des stations climatologiques et
hydrologiques dans le bassin versant de la Pendjari.
59
Tableau IV : Données géographiques,
météorologiques et hydrologiques disponibles du bassin versant de
la Pendjari
Type de données
|
Station
|
|
Position
|
|
Période de couverture
|
Etendue de série
|
Taux de lacune
|
Long
|
Lat.
|
Alt. (m)
|
|
Porga
|
00°58'
|
10°52'
|
142
|
1964 -1996
|
33 ans
|
30,23 %
|
|
Tanguiéta
|
01°16'
|
10°37'
|
234
|
1937 -2006
|
70 ans
|
1,19 %
|
|
Boukombé
|
01°06'
|
10°10'
|
220
|
1923 -2007
|
85 ans
|
4,31 %
|
|
Natitingou
|
01°23'
|
10°19'
|
454
|
1921 -2006
|
86 ans
|
2,03 %
|
|
Kouandé
|
01°41'
|
10°20'
|
450
|
1931 -2003
|
73 ans
|
8,33 %
|
|
Kèrou
|
02°43'
|
10°46'
|
310
|
1959 -1998
|
40 ans
|
24,48 %
|
Pluviométrie
|
Banikoara
|
02°26'
|
11°18'
|
300
|
1954-2008
|
55 ans
|
0,0%
|
|
Diapaga
|
1°47'
|
12°04'
|
270
|
1950-2007
|
58 ans
|
1,15%
|
|
Fada Ngourma
|
0°26'
|
12°10'
|
292
|
1950-2007
|
58 ans
|
0,14%
|
|
Pama
|
0°53'
|
11°13'
|
230
|
1950-2007
|
58 ans
|
0,86%
|
|
Kara ville
|
1°18'
|
9°39'
|
|
1961 -2006
|
46 ans
|
0,0%
|
|
Pagouda
|
1°21'
|
9°45'
|
455
|
1961 -2006
|
46 ans
|
0,0%
|
|
Niamtougou
|
1°06'
|
9°46'
|
343
|
1961 -2006
|
46 ans
|
0,0%
|
ETP
|
Fada Ngourma
|
0°26'
|
12°10'
|
292
|
1961 -2005
|
45 ans
|
1,912%
|
|
Natitingou
|
01°23'
|
10°19'
|
454
|
1961 -2006
|
46 ans
|
0,0%
|
|
Natitingou
|
01°23'
|
10°19'
|
454
|
1926 -2006
|
81ans
|
0,0%
|
Température
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Fada Ngourma
|
0°26'
|
12°10'
|
292
|
1952 -2007
|
56 ans
|
1,34%
|
Insolation
|
Natitingou
|
01°23'
|
10°19'
|
454
|
1961 -2006
|
46 ans
|
0,0%
|
Humidité
|
|
|
|
|
|
|
|
Relative*
|
Natitingou
|
01°23'
|
10°19'
|
454
|
1961-1990
|
30 ans
|
0,0%
|
Nébulosité*
|
Natitingou
|
01°23'
|
10°19'
|
454
|
1961-1990
|
30 ans
|
0,0%
|
|
Porga
|
0°58'
|
11°03'
|
142
|
1952 -2006
|
55 ans
|
2,88 %
|
Hydrométrie
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Tiélé
|
01°12'
|
10°43'
|
176
|
1961 -1995
|
35 ans
|
40,18 %
|
* = une seule moyenne sur 30 ans (la normale) Source :
Résultat de recherche, 2009.
Les séries qui présentent des lacunes
inférieures ou égales à 5% par rapport à la
période d'étude ont été comblées.
La fiabilité de correction des lacunes des
données de pluies et de débits mensuels dépend
essentiellement de la qualité des données existantes, mais aussi
de la significativité climatique et hydrologique des unités
géographiques à l'intérieur desquelles une
homogénéisation entre les stations pourrait être faite
(Mahé, 1992).
Les données manquantes ont été
comblées à partir de la méthode de Brunet-Moret (1969,
1971 et 1979 ; repris par Amoussou, 2010) selon laquelle par hypothèse
de base et à partir de l'hypothèse de
l'homogénéité spatiale des précipitations
annuelles, les données pluviométriques manquantes
60
sont comblées par la méthode des doubles cumuls
des stations du même domaine climatique. Soit pour une année i,
les précipitations mensuelles xi et yi à deux stations x et y
peuvent s'écrire
: = + åi ; avec et étant les moyennes
inter-mensuelles aux deux stations sur une
longue série. La variance de åi, terme
aléatoire indépendant tant de la valeur de xi que celle de yi est
d'autant plus faible que le coefficient de corrélation linéaire
entre les stations est plus grand et l'espérance mathématique de
åi est nulle. Ensuite, une reconstitution de ces valeurs
manquantes est faite grâce à la régression linéaire
multiple à partir de trois à quatre stations du même
domaine climatique.
La nécessité de disposer d'une longueur
temporelle suffisante pour étudier l'évolution à long
terme et les variations plus rapides (Amoussou, 2010), et d'une période
comportant moins de lacunes dans les séries de données, nous a
amené à retenir une période d'étude de quarante-six
ans (1961 à 2006) selon les données disponibles.
Le choix de cette période est motivé par la
nécessité d'utiliser une longue période incluant la
normale 1961-1990 (Amoussou, 2010) et pour garder une
homogénéité d'analyse de la variabilité et des
bilans.
Sur la base de la régionalisation des stations
pluviométriques, une seule série pluviométrique
représentative de toutes ces séries, a été
constituée pour expliquer le comportement des écoulements dans le
bassin versant de la Pendjari. En effet, une régression linéaire
multiple, c'est-à-dire une régression des moyennes
pluviométriques en fonction de trois paramètres que sont la
latitude, la longitude et l'altitude, a été utilisée.
Ainsi l'estimation de la moyenne par interpolation sur l'ensemble du bassin,
à partir de 552 (552 = 46 ans x 12 mois) mesures ponctuelles des treize
(13) stations retenues, s'avère nécessaire. C'est une
généralisation directe à p variables explicatives
de la régression linéaire simple. Elle permet de connaître
la distribution de chaque variable prédictive à la variable
à expliquer en neutralisant l'effet simultané de toutes les
autres variables prédictives. Elle consiste ainsi, à estimer,
à partir des données expérimentales (xi, yi) (i = 1, 2,
....N), les paramètres a0 et a1 d'une loi liant les
valeurs d'une variable aléatoire
y à une variable indépendante non
aléatoire x, selon le modèle : y = E
[y ]+ å = a0 .a1 x + å ;
où E[y] désigne l'espérance mathématique de la
variable aléatoire "y" et å est une variable aléatoire de
moyenne nulle. La moyenne de la précipitation dans le bassin
correspondant à la variable indépendante x est donnée par
la loi linéaire a0 + a1xi. Le
paramètre a1 mesurant la sensibilité de E[y] à x,
est appelé le coefficient de régression. Ainsi, ce modèle
exprime la relation linéaire entre plusieurs facteurs qualitatifs que
sont : la latitude, la longitude et l'altitude. Le choix de ces trois variables
permet de définir leur influence dans la répartition pluviale du
bassin-versant.
61
Cette précipitation estimée en tout point du
bassin est ainsi définie à partir de la grille MNT (modèle
Numérique de Terrain) de SRTM30 (Shuttle Radar Topography Mission) qui
est une mise à jour du format GTOPO30. Dans le cadre de la
présente étude, la grille est de 1 km x 1 km. Ce qui a permis de
disposer des coordonnées géographiques et de l'altitude de tous
les points de grille du bassin-versant. Après la régression
linéaire multiple, les ratios obtenus sont interpolés.
Mais en ce qui concerne les hydro-écorégions
identifiées, les séries des stations de Natitingou et de
Tanguiéta ont été utilisées.
? Variables de la détermination des
hydro-écorégions
Dans le cadre de la détermination des
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari, cinq couches
d'informations ont été sélectionnées et
codifiées à l'aide du logiciel Arc-View du Système
d'Information Géographique (SIG). Nous avions envisagé six
couches, mais la sixième n'a pu être considérée pour
des raisons indiquées dans la section 2-2-3-3 (Etape 2).
? La géologie : les types de
roches et leurs ères géologiques sont déterminés
à partir des cartes géologiques à l'échelle 1/200
000 de l'OBRGM 1989 et 1995.
On y distingue 9 types de roches regroupés en quatre
séries appartenant à deux ères :
- Geo1 = Alluvions récentes : Alluvions argilo-sableuses
des vallées (Quaternaire)
- Geo2 = Alluvions anciens: Argilites, silts, grès fins =
Série de Pendjari (Quaternaire)
- Geo3 = Dépôts pelliculaires argilo-sableux de la
Pendjari = Série de Pendjari (Quaternaire)
- Geo4 = Grès, quartzites fins et moyens, siltites,
jaspes, schistes argileux = Série de Podiéga (Proterozoïque
/ Précambrien)
- Geo5 = Quartzites, grès, conglomérats =
Série de l'atacorien (Proterozoïque / Précambrien) - Geo6 =
Schistes séricito-quartzeux-quartzites (groupe de Kanson) = Série
de l'atacorien (Proterozoïque / Précambrien)
- Geo7 = Quartzites, schistes à séricite,
Schistes à muscovite et quartz (Groupe de Tagayéyé et de
Kouandé) = Série de l'atacorien (Proterozoïque /
Précambrien)
- Geo8 = Gneiss à biotite, à deux micas,
amphibole, gneiss à biotite et grenat. Amphibolite à
pyroxène et grenat, Paragneiss à muscovite. Filons de pegmatite,
gneiss fin ; micaschistes à deux micas = Série de l'atacorien
(Proterozoïque / Précambrien).
- Geo9 = Schiste
séricito-chlorito-quartzeux-grès- conglomérats-dolomies =
Série de Kandé-Boukombé (Proterozoïque /
Précambrien).
Le tableau V présente la synthèse des
regroupements des faciès géologiques du bassin versant de la
Pendjari.
62
Tableau V: Regroupement des faciès
géologiques du bassin versant de la Pendjari
Types de roches
|
Regroupement 1 (Séries)
|
Regroupement 2 (Eres)
|
Geo1
|
|
|
|
- Série de Pendjari : Geo1, Geo2 et
|
- Quaternaire : Geo1, Geo2 et
|
Geo2
|
Geo3
|
Geo3
|
Geo3
|
|
|
Geo4
|
- Série de Podiéga : Geo4
|
|
Geo5
|
|
|
Geo6
|
- Série de l'atacorien : Geo5, Geo6,
|
- Précambrien / Proterozoïque
|
Geo7
Geo8
|
Geo7, Geo8
|
: Geo4, Geo5, Geo6, Geo7, Geo8 et Geo9.
|
Geo9
|
- Série de Kandé-Boukombé : Geo9
|
|
Source : Résultat de traitement des
données, 2011.
Une carte géologique des hydro-écorégions
du bassin versant de la Pendjari a été ainsi établie et
présentant :
- une région délimitée par l'ensemble des
faciès lithologiques du Quaternaire regroupant
les argilites, silts, grès fins, dépôts pelliculaires
argilo-sableux de la série de Pendjari et les alluvions anciennes et
récentes.
- une région délimitée par l'ensemble des
faciès lithologiques du Précambrien
appelé Proterozoïque
regroupant les grès, quartzites fins et moyens, siltites,
jaspes, schistes argileux de la série de Podiéga ; les
quartzites, grès, conglomérats ; les schistes
séricito-quartzeux-quartzites, schistes à séricite,
schistes à muscovite et quartz, les gneiss à biotite, à
deux micas, amphibole, Paragneiss à muscovite, filons de pegmatite,
gneiss fin, micaschistes à deux micas de la série de l'Atacorien
et les schistes séricito-chlorito-quartzeux-grès-
conglomérats-dolomies de la série de
Kandé-Boukombé.
? Les altitudes :
Les altitudes ont été déterminées
à partir de la carte topographique à l'échelle 1/200 000
de l'IGN et du Modèle Numérique de Terrain (ASTER DEM, 2009) de
résolution 30 m x 30 m. Elles sont réparties en 14
catégories regroupées en deux (02) :
63
- Alti1 = = 160 m
- Alti2 = 161 - 200 m
- Alti = 160 - 400 m
- Alti = 400 - = 640 m
- Alti3 = 201 - 240 m - Alti4 = 241 - 280 m - Alti5 = 281 - 320 m
- Alti6 = 321 - 360 m - Alti7 = 361 - 400 m - Alti8 = 401 - 440 m - Alti9 = 441
- 480 m - Alti10 = 481 - 520 m - Alti11 = 521 - 560 m - Alti12 = 561 - 600 m -
Alti13 = 601 - 640 m - Alti14 = = 640 m
Une carte hypsométrique du bassin versant de la Pendjari a
été établie et présentant distinctement
deux (02) régions superposables à celles de la
géologie : une région à basses altitudes
à l'ouest (de moins de 160 m à 400 m) et une
région à hautes altitudes à
l'est (de 400 m à 640 m et plus).
? Les pentes
Les pentes ont été déterminées
également à partir des courbes de niveau sur la carte
topographique à l'échelle 1/200 000 de l'IGN sur la base de la
méthode proposée par Carlier et Leclerc (1964) qui consiste
à calculer la moyenne pondérée des pentes de toutes les
surfaces élémentaires comprises entre deux altitudes
données. Une valeur approchée de la pente moyenne est alors
donnée par la formule :
Avec P = Pente (en 0/00) ; Lcn = Longueur de la courbe
de niveau ; Ed = Equidistance, et A = Superficie de l'aire
délimitée par la courbe de niveau.
Le Modèle Numérique de Terrain (ASTER DEM, 2009) de
résolution 30 m x 30 m a permis d'établir la carte des pentes. Il
en résulte deux (02) catégories de pentes :
- Slop1 = pentes faibles (0 à - Slop2 = pentes fortes
64
Une carte des pentes du bassin versant béninois de la
Pendjari a été obtenue permettant de distinguer également
deux (02) régions : une région à faibles
pentes (de 0,2 % à 4,3 % ) à l'ouest et une
région à fortes pentes à l'est
(de 4,3 % à 77 %).
? L'hydrographie
Le réseau hydrographique a été extrait de la
carte topographique à l'échelle de 1/200 000.
Nous avons fait la classification (Annexe 3) des cours d'eau
en adoptant la méthode de Strahler (1952). En effet, dès 1945,
Horton s'intéresse à cette question et développe une
méthode pour classifier les cours d'eau (Le Pape, 1998). S'étant
aperçu que des règles ou des lois statistiques organisent les
réseaux hydrographiques, il en a déduit qu'une
hiérarchisation était nécessaire (figure 5). En 1952,
Strahler poursuit ces études et adapte les lois statistiques
proposées par Horton à sa propre classification.
Le principe de classification qu'il énonce est le
suivant : il définit un bief comme étant un segment de cours
d'eau (Le Pape, 1998).
- tout bief sans affluent est d'ordre
1
- tout bief formé par la confluence de deux biefs d'ordre
n est d'ordre n+1
- tout bief formé par la confluence de deux biefs
d'ordre différent prend l'ordre du bief le plus élevé. La
figure 10 présente les schémas de classification des cours d'eau
selon Horton (1945) et Strahler (1952).
Figure 10 : Schémas de classification des cours d'eau
de Horton (1945) et de Strahler (1952)
Dans le cadre de la présente étude, la
hiérarchisation des cours d'eau a abouti à la distinction de six
(06) ordres. La longueur totale et le nombre total de cours d'eau de chaque
ordre ont été déterminés.
65
Le climat : la carte
numérisée des champs pluviométriques moyens annuels de
1961 à 2006 a été établie à partir de la
série pluviométrique obtenue de la régionalisation. On
distingue cinq types de champs pluviométriques regroupés en deux
comme suit :
|
- Pluv = 900 - 1050 mm
- Pluv = 1050 - = 1200 mm
|
- Pluv1 = 900 - 1000 mm - Pluv2 = 1000 - 1050 mm - Pluv3 = 1050 -
1100 mm - Pluv4 = 1100 - 1200 mm - Pluv5 = = 1200 mm
? Les données de la dynamique des
écosystèmes naturels
Il s'agit des données fournies par les cartes
d'occupation du sol en 1972, 1990 et 2006. Les types d'occupation du sol
identifiés sont :
- les espaces naturels constitués de : forêt
dense, forêt claire et savane boisée, savane saxicole, bas-fonds,
Afflerements rocheux, masses d'eau,
- les espaces cultivés constitués de :
mosaïque de cultures et jachères, plantations, et
- les espaces habités constitués des
agglomérations.
La superficie de chacune des unités d'occupation du sol
a été déterminée pour chacune des années
1972, 1990 et 2006.
La réalisation des cartes de la dynamique des cours et
plan d'eau n'a pas été possible en raison de
l'indisponibilité des données nécessaires telles que les
cartes et les images de 1972, 1990 et 2006 pouvant indiquer l'évolution
des longueurs et superficies des masses d'eau. Nous nous sommes
contentés seulement de la perception paysanne sur la dynamique des cours
et plans d'eau sur la base de la mémoire populaire des autochtones du
bassin versant béninois de la Pendjari.
? Les données de la variabilité
hydro-climatique
? Indices pluviométriques
L'indice permet d'identifier les séquences
sèches ou déficitaires, les séquences humides ou
excédentaires et les séquences moyennes ou normales sur la
période 1961-2006. Cet indice a été
déterminé à partir de la formule :
Ip = (Xi - Xmoy)/ó
où Xi est la pluviométrie de
l'année i, Xmoy la pluviométrie
moyenne interannuelle sur la période de référence et
ó l'écart type de la série.
Les années de sécheresse et d'excédent
pluviométrique ont été déterminées à
partir du classement ces indices pluviométriques autour de l'intervalle
]-1, 1[ :
66
Si Ip< -1, l'année est dite
déficitaire ; Si Ip > 1, l'année est
excédentaire ;
Si -1< Ip < 1, l'année est dite
normale.
? Tendance pluviométrique
Les tendances pluviométriques ont été
mises en évidence à partir des graphiques. Une tendance en
pourcentage est obtenue à partir de la formule : Td = (a /
Xmoy).N ; Avec a = coefficient
directeur de la droite de régression, Xmoy =
moyenne de la série, et N = nombre
d'années de la série.
Il permet d'identifier la série qui a connu une
importante baisse pluviométrique (Amoussou, 2010).
? Tests de Tendance pluviométrique
interannuelle
Pour vérifier la pertinence de la tendance
observée au niveau des précipitations dans le bassin versant de
la Pendjari, un test statistique de nature paramétrique a
été mis en oeuvre et a permis de comparer les résultats
des HER de Gourma et de l'Atacora. Il s'agit du test de Student.
En effet, dans un premier temps, la significativité de
la différence des moyennes pluviométriques des HER de Gourma et
de l'Atacora, a été vérifiée par ce dernier. La
probabilité T a été calculée et comparée
à la valeur t de la table de Student qui est de 1,96 au risque de 5% et
de 2,6 au risque de 1%.
??=
?? - ??
v? ??1-1 (???? - ??)2 + ? ??2-1 (???? -
??)2
??=0 ??=0 ( ??1 1 + 1
??1+ ??2 - 2 ??2)
Avec:
??et ??: Moyennes pluviométriques interannuelles des deux
séries considérées; x et y : Séries des HER de
Gourma et de l'Atacora,
N1, N2 : nombre d'années des séries
L'hypothèse H0 est que x et y ont des moyennes
significativement égales. H0 est acceptée si T est
supérieur à la valeur t au risque de 5%.
Dans un second temps, pour mesurer la significativité
de la tendance observée, il a été calculée pour
chaque série, la statistique U, l'écart réduit (ER) (Gremy
et Salmon 1969), comparée à la valeur t de la table de Student
comme précédemment.
??=
??1 - ??2
v???1 ?1 2 + ??2 2??2
67
Avec :
X1 et X2: Moyennes
pluviométriques interannuelles de deux périodes
considérées (1961-1975, 1976-2006);
ci1 et ci2: Ecart-type des séries des deux
périodes;
N1 et N2: nombre d'années des séries des deux
périodes.
? Détermination du déficit
pluviométrique
Le déficit permet de caractériser le
comportement de l'évolution de la pluviométrie entre deux
périodes, une antérieure et une récente.
Le déficit pluviométrique a été
calculé à partir de la formule utilisée par Vissin (2007)
:
Dh = (M2 - M1)/ M1 * 100 ; Avec Dh :
déficit hydrique de la pluviométrie; M1 et
M2 : Moyennes respectives des périodes ancienne et
récente.
? Bilans climatiques
Bilan climatique potentiel
Le bilan climatique est la somme « P - ETP » selon
Boko (1988). D'après Sutcliffe et Piper, (1985) cité par Vissin
(2007), il exprime la différence entre la somme des abats
pluviométriques et celle de l'évapotranspiration potentielle
(ETP).
Le bilan climatique permet de mettre en évidence
l'évolution de la demande atmosphérique en eau. Ainsi, le climat
devient sec quand les précipitations sont inférieures à
l'évapotranspiration potentielle, et qu'il n'y a pas de réserve
d'eau disponible (Hufty, 1976, repris par Vissin, 2007 et Amoussou, 2010). Cet
indicateur a surtout été appliqué à des
régions ayant une saison sèche et une saison des pluies (Vissin,
2007). C'est bien le cas du bassin de la Pendjari au Bénin.
Le bilan climatique du bassin versant de la Pendjari au
Bénin a été étudié aux pas de temps annuel
et mensuel. C'est le bilan potentiel qui alimente le ruissellement.
Si P > ETP, le bilan climatique est
excédentaire ; il est déficitaire si P < ETP
et équilibré quand
P = ETP.
Lorsqu'il est positif, le surplus disponible participe à
la recharge en eau du sol et à l'écoulement
(Sutcliffe et Piper, 1985 ; Vissin, 2007, Amoussou, 2010).
Un mois est dit sec si P - 1/2 ETP < 0 ;
Si P - ETP < 0 < P - 1/2ETP, le mois est
pré-humide ou pré-sec (post-humide) ;
Si P - ETP > 0, le mois est dit humide.
68
Bilan climatique réel
Si le bilan climatique potentiel P - ETP alimente le
ruissellement, l'écoulement quant à lui est alimenté par
le bilan climatique réel (Br) qui prend en
compte l'eau des premiers horizons du sol. C'est en fait ce que Vissin (2007)
désigne par apports pluvieux exprimés par les pluies efficaces
qui déterminent le rythme des excédents ou des déficits en
eau, c'est-à-dire la différence entre la somme des abats
pluviométriques et la valeur de l'évapotranspiration
réelle (ETR). Ces apports conditionnent en effet le surplus disponible
pour la recharge en eau du sol et pour l'écoulement (Sutcliffe et Piper,
1985 ; Le Barbe et al., 1993). Ils sont donnés par la formule
suivante :
P, = P - ETR ,
avec : Pn= apports pluvieux, ou pluie
efficace = Bilan climatique réel en mm ; P = pluie
totale annuelle en mm ; ETR= évapotranspiration
réelle en mm.
Ceci nous amène à l'estimation de
l'évapotranspiration Réelle (ETR).
En effet, l'ETR correspond à la quantité d'eau
du sol commomée par les plantes. Elle est fonction de l'ETP et de la
quantité d'eau présente dans le sol (Amoussou, 2010). L'ETR
s'obtient par la formule : ETR =
á.ETP
Le coefficient á qui traduit la
disponibilité en eau dans les premiers horizons du sol est très
souvent inférieur à 1. Il faut, pour l'exprimer de façon
rigoureuse, connaître à la fois le stock d'eau présent dans
le sol et les résistances opposées par le système
sol/végétation à l'évaporation (Amoussou, 2010).
Tout comme Vissin (2007) et Amoussou (2010), nous avons
adopté la même hypothèse que Sutcliffe et Piper (1986),
à savoir :
- si Pi > ETPi, á = 1 (Pi = pluie mensuelle en mm et
ETPi = évapotranspiration potentielle mensuelle en mm). Dans ce cas,
ETR = ETP (en mm), et donc P,
= P - ETP
- si Pi < ETPi, á = Pi/ETPi ; Dans ce cas,
ETR = P (en mm), et donc P,
= P - P = 0, le bilan climatique réel est nul.
La formule de Turc (1955) a été utilisée
également pour calculer l'ETR annuelle. Elle est écrite
à
partir des précipitations et des températures comme
suit :
L = 0,05T3 + 25T + 300
ETR = P
(0,9 + P2 / L2) 1/2
P = Pluviosité moyenne annuelle (en
mm)
T = Température moyenne annuelle (en
°C)
ETR en mm par an
69
? Bilan hydrologique
Le bilan hydrologique rend compte des entrées et des
sorties d'eau à l'échelle du bassin versant
en fonction des précipitations (P), de
l'écoulement/ruissellement (R) (débit à
l'exutoire), de
l'évaporation (E) et de l'infiltration
(I).
Il permet d'estimer les ressources en eau du bassin,
d'évaluer l'impact des fluctuations
pluviométriques sur les autres paramètres du bilan
et de mettre aussi en évidence la relation
existant entre la sécheresse pluviométrique
observée depuis 1970 et la sécheresse hydrologique
(Vissin, 2007).
Le bilan hydrologique (Le Barbé et al. 1993) au
cours d'une période, a été calculé sur la base
de
l'équation suivante:
P = E + L + I + (S1- S0) avec,
P = pluie, en mm
E = évaporation, en mm
L = écoulement, en mm
I = recharge (infiltration), en mm
S1 - S0 = variation du stock d'eau présent dans le bassin,
en mm
Des cinq termes de cette équation, deux (I
et S1 - S0) ne sont pas quantifiables par des
mesures
directes.
Pour diminuer le nombre d'inconnues, (S1 - S0) est supposé
négligeable (Vissin, 2007).
L'infiltration constitue l'élément fondamental de
la recharge de la nappe, elle ne peut donc être
négligée.
Estimation de l'Evaporation (E)
Elle est obtenue suivant la même méthode que
l'estimation de l'évapotranspiration Réelle
indiqué plus haut. E =
á.ETP
Evaluation de l'écoulement
On distingue deux (02) grands types d'écoulement
à savoir : les écoulements qui gagnent rapidement les exutoires,
qualifiés de « rapides » et par opposition, les
écoulements souterrains qualifiés de « lents » qui
représentent la part infiltrée de l'eau de pluie transitant
lentement dans les nappes vers les exutoires (Musy, 2005).
Pour les rivières drainant les formations de socle
où la contribution des nappes souterraines aux écoulements est
négligeable (Vissin, 2007), l'apport de ces écoulements
souterrains qualifiés de « lents » dans les nappes vers
l'exutoire est aussi négligeable (parce qu'il n'est pas
mesuré/quantifié et connu dans le cadre de la présente
étude). L'écoulement représente les eaux de pluie qui
gagnent rapidement les exutoires qualifiés de « rapides».
70
Face à la seule station hydrométrique
fonctionnelle du bassin (Porga), l'écoulement est connu à partir
de la lame écoulée mesurée directement à la station
hydrométrique de Porga ou calculée à partir des
débits.
Estimation de l'infiltration
Sa valeur n'est que le solde du bilan hydrologique, les autres
termes du bilan étant eux-mêmes connus avec une certaine
imprécision sauf la pluviométrie (P). Cette imprécision se
répercute sur l'infiltration estimée. Du fait de ces
incertitudes, l'infiltration n'est pas assimilée directement à la
recharge de la nappe. Cependant, l'analyse de ce paramètre peut
permettre de suivre l'évolution de la recharge de la nappe dans le
bassin de la Pendjari comme l'avait montré Amoussou (2005) sur le
Couffo.
La formule de calcul de l'infiltration est définie comme
suit : I = P - (L + E)
I : infiltration (mm) ; P :
pluie (mm) ; L : écoulement (mm) ; E :
évaporation (mm).
? Le coefficient d'écoulement
Le coefficient d'écoulement (C) traduit la
capacité de ruissellement du bassin (Vissin, 2007). Il est
déterminé à partir de la formule : C = L/ P
×100 ; Avec L : l'écoulement et P
: la pluie.
Il évolue suivant les variations pluviométriques
et souligne les différences de comportement entre les pluies et les
écoulements. Il doit aussi permettre de mettre en évidence le
fonctionnement hydrologique différentiel des formations de grès
sédimentaires et du socle du bassin du Niger au Bénin comme
l'avait souligné Vissin (2007) sur le bassin du Niger.
? Détermination du déficit
d'écoulement
Le déficit d'écoulement représente selon
Musy (2005), les pertes d'eau dues à l'évaporation. C'est aussi
la différence entre les précipitations tombées sur le
bassin et le volume d'eau écoulé à l'exutoire selon
Amoussou (2005). Nous le définissons comme étant la perte d'eau
enregistrée en une période de temps donnée, due aux effets
combinés du déficit pluviométrique, des modifications du
couvert végétal et des actions anthropiques, sans oublier la
perte d'eau due aux failles et fissures. Il permet d'évaluer le
comportement du système hydrologique d'un bassin versant pendant une
durée donnée. Il peut être estimé à l'aide de
mesures ou des méthodes de calcul.
Dans le cadre de la présente étude, le
déficit de l'écoulement a été estimé par des
méthodes de calcul. C'est le déficit hydrique de
l'écoulement calculé sur des périodes données,
à partir de la même formule : Dh = (M2 - M1)/ M1 * 100
utilisée par Vissin (2007).
Dhe = déficit hydrique ; M1 et
M2 = Moyennes respectives des périodes ancienne et
récente.
71
2-2-3-3- Méthode de cartographie des
hydro-écorégions ? Critères d'identification des
hydro-écorégions
A l'instar des précurseurs de l'approche des
hydro-écorégions, le choix des critères repose sur la
considération des facteurs primaires du fonctionnement physique et
écologique des hydrosystèmes (climat, relief et géologie).
Chaque critère est défini par un ensemble cohérent des
variables élémentaires décrites plus haut.
Le tableau VI suivant présente la description des
principaux critères d'identification et de délimitation des
hydro-écorégions.
Tableau VI : Critères d'identification
et de délimitation des hydro-écorégions du bassin versant
de la Pendjari.
|
Critères de
délimitation
|
Climatiques
|
Reliefs
|
Géologiques
|
Critères
d'identification
|
- Précipitations moyennes annuelles - Températures
moyennes annuelles
|
- Altitudes des terrains (hypsométrie) - Pentes des
terrains
|
- Ere géologique
- Nature du substratum rocheux (les faciès
lithologiques)
|
Source : Résultats de recherche
L'homogénéité d'une
hydro-écorégion est basée sur la concordance des relations
entre les critères d'identification. Ces relations sont établies
comme suit : la géologie explique le relief en place qui à son
tour explique le type de climat et l'écoulement hydrologique. Le relief
et le climat influencent à leur tour déterminent le
fonctionnement des écosystèmes (les types de masse d'eau, les
sols et les formations végétales).
La figure 11 présente le schéma des relations
entre les critères d'identification des hydro-écorégions
du bassin versant de la Pendjari.
Géologie
- Eres géologiques
- Faciès lithologiques
|
1
b
c
Relief
- Hypsométrie - Pentes
|
2
Ecosystèmes
- Hydrosystèmes (Hydrographie,
hydrologie)
- Ecosystèmes terrestres (Végétation,
flore et faune associées)
|
a
3
Climat
- Pluies
- Températures
72
= Relation de causalité = Relation de
fonctionnalité
1 = Le relief est formé par les événements
de la géologie
2 = le climat du milieu est dû au relief (le relief influe
sur la variation climatique)
3 = les écosystèmes en place sont inhérents
au climat du milieu : les conditions climatiques déterminent la
structure spatio-temporelle du réseau hydrographique, des sols et de la
végétation.
a = les conditions climatiques dépendent des
écosystèmes en place : L'importance des précipitations
dépend du couvert végétal et de l'importance des masses
d'eau.
b = Le fonctionnement des écosystèmes dépend
du relief du milieu : Les conditions altitudinales et de pentes ont un effet
sur la répartition spatio-temporelle du réseau hydrographique et
de la végétation.
c = Les structures géologiques et pédologiques ont
un effet sur les bilans hydrologiques.
|
Figure 11 : Schéma conceptuel des relations
entre les critères d'identification des hydro-écorgions du bassin
de la Pendjari de détermination des
hydro-écorégi
Source : IDIETI M. E., 2011
L'identification des hydro-écorégions du bassin
versant béninois de la Pendjari s'est effectuée en deux (02)
étapes sur la base de la méthode cartographique.
Etape 1 : Mise en place d'un SIG pour la
cartographie des hydro-écorégions
Il s'agit de la reproduction des extraits de cartes
géologique, de sols, d'hypsométrie, des pentes, du réseau
hydrographique, des champs pluviométriques/isohyètes, des
températures, sur le bassin versant de la Pendjari. Chaque extrait de
carte a été reproduite suivant la même méthode de la
cartographie échelonnée en quatre (04) sous-étapes :
acquisition et géo-référencement des cartes de base,
digitalisation des couches vectorielles, symbolisation des couches et enfin
mise en page.
73
Sous-étape 1 :
Acquisition et géo-référencement des
cartes de base
L'acquisition consiste à obtenir les cartes de base en
fichiers images numériques et les introduire dans le logiciel de
cartographie.
Le géo-référencement consiste à
choisir sur l'image de la carte de base, des points géodésiques
(au minimum quatre points avec le logiciel ArcView et points avec le logiciel
ERDAS IMAGINE) remarquables dont on connaît ou détermine les
coordonnées, à partir desquelles on réalise le calage dans
le système de projection : UTM, Zone 31, Ellipsoïde WGS84, Datum
WGS84, Unité mètre.
Sous-étape 2 :
Digitalisation des couches vectorielles
Elle consiste à créer des couches vectorielles
appelées thèmes dans le logiciel ArcView GIS. Les
couches extraites sont de diverses formes d'entités
(ponctuelles, linéaires ou surfaciques)
superposables. C'est au cours de cette étape que les
codifications sont faites afin de faciliter plus
loin les analyses et interprétations éventuelles.
Chaque code est associé à sa signification
complète. Ainsi, on a la codification suivante :
- Geo1, Geo2, ... GeoN pour la géologie ;
- Alti1, Alti2, ..., AltiN pour le relief ;
- Slop1, Slop2, ...SlopN pour les pentes ;
- Cours1, cours2, ...CoursN pour les types de cours d'eau
(permanent ou temporaire) ;
- Ord1, Ord2, ..., OrdN pour les ordres hiérarchiques des
cours d'eau ;
- Sol1, Sol2, ..., SolN pour les sols ;
- Pluv1, Pluv2, ..., PluvN pour les champs pluviométriques
ou isohyètes ;
- Temp1, Temp2, ..., TempN pour les champs de
températures.
Il faut noter que pour certaines cartes, en l'occurrence celle
des pentes et celle des champs de
températures à cette étape, les couches ont
été générées automatiquement à l'aide
des
applications du logiciel. Les couches des pentes ont
été générées à partir du MNT
(ASTER
DEM, 2009). Les champs de températures avec les images
satellites LandSat ont été générés en
interprétant de façon automatique les bandes dans
l'infrarouge (bandes 61, 62, 70 et 80).
Sous-étape 3 :
Symbolisation des couches
Une fois les couches digitalisées, elles sont
éditées et symbolisées (en leur donnant les symboles et
les couleurs appropriés) suivant la sémiologie conventionnelle et
les règles de la cartographie. Par exemple, les cours d'eau sont
représentés par les symboles linéaires en couleur bleue,
les masses d'eau par les symboles surfaciques en couleur bleue. C'est à
cette étape que ressort la légende de la carte à
réaliser.
74
Sous-étape 4 : Mise en
page
Après la symbolisation qui a permis d'obtenir la
légende, la mise en page est l'étape finale qui consiste à
mettre l'ensemble des couches et légende dans un espace disponible et
sous un format au choix (format A4, A3, etc.). C'est à cette
étape que se font les quadrillages de coordonnées, l'orientation
de la carte et l'échelle.
Etape 2 : Délimitation des
hydro-écorégions
La délimitation des hydro-écorégions
consiste en une superposition des cartes de la géologie, du relief et du
climat pour interpréter les concordances des ensembles délimitant
des entités plus ou moins homogènes.
En effet, sur la carte géologique, il se dégage
deux (02) entités délimitées par les ensembles
constitués des variables élémentaires des faciès
lithologiques :
- une entité délimitée par
l'ensemble des roches du Quaternaire regroupant les
variables Geo1, Geo2 et Geo3. Il s'agit de : argilites, silts, grès fins
(Geo1), dépôts pelliculaires argilo-sableux de la série de
Pendjari (Geo2) et alluvions anciennes et récentes (Geo3) ; et
- une entité délimitée par
l'ensemble des roches du Précambrien
appelé Proterozoïque
regroupant les variables Geo4, Geo5, Geo6, Geo7, Geo8 et Geo9.
Ces variables sont constitué de : grès, quartzites fins et
moyens, siltites, jaspes, schistes argileux de la série de
Podiéga (Geo4); les quartzites, grès, conglomérats (Geo5);
les schistes séricito-quartzeux-quartzites (Geo6) , schistes à
séricite, schistes à muscovite et quartz (Geo7); les gneiss
à biotite, à deux micas, amphibole, Paragneiss à
muscovite, filons de pegmatite, gneiss fin, micaschistes à deux micas
(Geo8) de la série de l'Atacorien et les schistes
séricito-chlorito-quartzeux-grès-conglomérats-dolomies de
la série de Kandé-Boukombé.
Ces deux entités se superposent sur la carte du relief,
avec également deux (02) entités :
- une entité délimitée par
l'ensemble d'altitudes relativement faibles (Alti =
160 à 400 m) : la plaine de Gourma à l'ouest; et
- une entité délimitée par
l'ensemble d'altitudes plus ou moins élevées
(Alti = 400 à = 640 m) : la chaîne de l'Atacora
à l'est.
Outre les altitudes, la carte des pentes du bassin versant
béninois de la Pendjari a permis de distinguer également deux
(02) régions : une région à faibles pentes
(de 0,2% à 4,3% ) à l'ouest et une
région à fortes pentes à l'est
(de 4,3% à 77%).
La plaine de Gourma repose sur les roches du Quaternaire et la
chaine de l'Atacora est composée des roches du Proterozoïque
(Précambrien). Sans aller dans les considérations des processus
originels de la mise en place du relief du bassin versant de la Pendjari, il
faut rappeler sur la base
75
la concordance des superpositions, que la plaine de Gourma a
été formée pendant le quaternaire et la chaîne de
l'Atacora pendant le Précambrien.
La superposition de la carte des champs pluviométriques
sur celle du relief ne fait pas ressortir une démarcation nette des
régions comme celle de la géologie avec le relief. Elle a permis
d'observer une nuance de répartition des pluies entre les deux (02)
régions démarquées par la géologie et le relief.
Les champs pluviométriques les plus élevés
sont concentrés à l'est (pluv = 1100-1200 mm et
plus) et les champs pluviométriques les plus faibles
(Pluv = 900-1100 mm) occupe la plaine de Gourma à
l'ouest.
Concernant les températures, Boko (1988) remarque que :
« Si les variations de la température au cours de l'année
peuvent permettre de diviser le cycle climatique annuel en saisons plus ou
moins nettes sous les latitudes tempérées, sous les tropiques
c'est l'élément «précipitation» qui est le seul
critère susceptible de qualifier le passage d'une saison à une
autre »; « Il n'en demeure pas moins que la température, sans
jouer un rôle primordial, présente aussi des variations cycliques
» précise-t-il plus loin.
Ici il ne s'agit pas des variations d'une saison à une
autre, mais d'une région à une autre, à petite
échelle.
Une des limites dans cette étude est qu'on ne dispose
pas des relevés de températures dans plusieurs stations dans le
bassin versant de la Pendjari pour établir des cartes des champs de
températures à la méthode des isothermes. Les champs de
températures établis à partir de les cartes de
températures réalisées sur la base des images LandSat, ne
permettent pas de démarquer nettement des champs à l'instar des
précipitations ni des régions distinguées par le relief et
la géologie. Les résultats générés
automatiquement par le logiciel n'ont pas permis d'avoir une couverture
continue sur l'ensemble du territoire du secteur d'étude (Annexe 2a).
Cela est dû à la différence de dates de prise de vue des
images satellites disponibles. En effet, à la même année,
les images disponibles qui couvrent le secteur d'étude sont de
différent mois (l'une en Octobre et l'autre en Décembre).
Cette situation nous a emmené à recourir
à la reconstitution des températures à partir du gradient
thermique altitudinal et des températures mesurées à la
station de Natitingou.
Un gradient thermique est une variation continue de
la température en fonction d'une variable (ici l'altitude).
Des auteurs tels que Servant-Vildary et Roux (1990), Deparis
(2011) ont démontré que le gradient thermique altitudinal est de
0,5°C pour 100 m. Servant-Vildary et Roux (1990) ont
démontré, suite à une vingtaine de mesures faites à
différentes altitudes (de la Cordière orientale de Bolivie), que
« le gradient thermique altitudinal est de 0,54°C pour 100 m. Cette
valeur est
76
proche des valeurs calculées pour l'ensemble des Andes
boliviennes ». Deparis (2011) quant à lui explique que dans la
troposphère, on observe que la température décroît
linéairement avec l'altitude. Son gradient thermique vertical
(défini pour l'air ambiant stable, sans mouvements verticaux ni
horizontaux) est variable en fonction des masses d'air : dans des masses d'air
chaud, il est de 0,3 à 0,5°C pour 100 m d'altitude ; pour les
masses d'air froid, il prend des valeurs de 0,6 à 0,8°C pour 100 m.
En moyenne, il vaut 0,65°C pour 100 m.
Dans le cadre de cette étude, étant en milieu
tropical chaud, nous avons considéré le gradient thermique
altitudinal des masses d'air chaud (0,5°C pour 100 m d'altitude).
Ainsi, si T0 est la température à la station
initiale; H0, l'altitude de la station initiale; GT, le gradient
thermique altitudinal et H, l'altitude de la station finale. La
température T à la station finale est donnée par la
formule : T = T0 - GT(H - H0) (Deparis, 2011).
C'est avec cette formule que les températures d'un
certain nombre de localités du bassin versant de la Pendjari ont
été déterminées, connaissant leur altitude et les
températures de la station de Natitingou (Annexe 2b); et les cartes des
champs de températures à la méthode des isohyètes
(Annexe 2c).
Les champs de températures obtenus, bien que
présentant la même configuration que les champs
pluviométriques, ont permis de distinguer à l'instar du relief et
de la géologie, que la plaine de Gourma a des
températures plus élevées (27,1°C
à 28,7°C) que celles de la chaîne
de l'Atacora (26,0°C à 27,6°C).
Nous sommes ainsi parvenu à distinguer deux (02)
hydro-écorégions de niveau 1 dans le bassin versant de la
Pendjari : l'hydro-écorégion (HER) de Gourma et
l'hydro-écorégion (HER) de l'Atacora.
2-2-3-4- Méthode de caractérisation des
hydro-écorégions
Elle consiste à décrire les
caractéristiques physiques de chacun des hydro-écorégions
sur la base des critères de détermination de ces régions.
En effet, pour chaque hydro-écorégion, nous avons :
? Les Caractéristiques climatiques
constituées de :
- type de climat ;
- saisons ;
- pluviosité moyenne mensuelle ;
- pluviosité moyenne annuelle ;
- champs pluviométriques/isohyètes ;
- températures mensuelles maximales, moyennes et
minimales.
77
? Caractéristiques du
relief
Il s'agit de :
- superficie de l'HER ;
- forme, elle est donnée par l'indice de
compacité de Gravélius (1914) KG calculé à partir
de la
formule ; avec A : la superficie de l'HER
(km2), P : le périmètre de
l'HER (km) ; Ici l'HER est assimilée à un bassin
versant ; plus KG est proche de 1, plus le bassin versant a la forme quasiment
circulaire et plus KG est supérieur à 1, plus le bassin a de
forme allongée ;
- courbes de niveaux ; - altitudes ;
- pentes ;
- type de vallées.
? Caractéristiques
géologiques.
Elles concernent :
- l'ère géologique de formation des
couches/faciès lithologiques ; - la nature du substratum
géologique (les faciès lithologiques) et ; - la
perméabilité à l'eau des roches.
? Caractéristiques du réseau
hydrographique
Il s'agit de :
- la typologie du réseau hydrographique ;
- la classification et hiérarchisation des cours d'eau
(ordre 1, ordre 2, etc.). Chaque niveau est caractérisé par le
nombre et la longueur des cours d'eau. Les débits n'ont pu être
caractéisés ici parce que les données ne sont pas
disponibles pour chaque cours d'eau du bassin.
? Caractéristiques
agro-pédologiques
Il s'agit de :
- les principaux types de sols ;
- les terres cultivables ;
- la couverture du sol (en %). Les indices de couverture
boisement K et de couverture urbaine ont
été calculés à partir de la formule
:
Superficie des forêts
K = x 100 Superficie du bassin
78
? Caractéristiques physico-chimiques de
l'eau
La qualité chimique de l'eau des cours d'eau et des
nappes aquifères a été déterminée à
partir des analyses au laboratoire. En effet, des prélèvements
ont été effectués sur la base d'un échantillonnage.
En ce qui concerne l'eau des nappes aquifères, vingt 20
échantillons ont été prélevés dans cinq (05)
différentes localités à raison de quatre (04)
prélèvements par localité. Quant à l'eau de
surface, vingt (20) prélèvements ont été
effectués également dans quatre (04) différents cours
d'eau. En effet, sur une section d'un cours d'eau, les
prélèvements sont effectués en cinq (05) différents
points à raison de quatre (04) points sur les côtés et un
(01) au milieu. Les dimensions du cadre de prélèvement
dépendent de la largeur de la section du cours d'eau. La planche 1
présente le schéma de prélèvement des cinq
échantillons d'eau sur une section d'un cours d'eau.
Point de prélèvement d'échantillon d'eau
Cadre de prélèvement
Section d'un cours d'eau
Figure 12 : Shéma de prélèvement
de cinq (05) échantillons d'eau sur une section d'un cours d'eau
Au total, trente-six échantillons dont vingt (20)
échantillons d'eau de surface et 16 échantillons d'eau
souterraine, ont été analysés au Laboratoire d'Hydrologie
Appliquée (LHA) de l'Université d'Abomey-Calavi. La figure 13
présente la répartition spatiale de l'échantillonnage
effectué pour les prélèvements d'eau.
Les paramètres suivants ont été mis en
évidence : température, pH, O2 dissous, MES, turbidité,
conductivité, DBO5, DCO, azote totale, phosphore total, ortho phosphates
et les ions majeurs (anions et cations).
79
Figure 13 : Répartition spatiale des points de
prélèvement d'eau
80
2-2-3-5- Méthode d'analyse des déterminants
de la dynamique des écosystèmes naturels
? Variabilité
hydro-climatique
? Mise en évidence des tendances et
recherche de ruptures
La détermination des tendances thermométriques,
pluviométriques et hydrologiques sur la période de 1961-2000 a
été faite à l'aide de la méthode de
régression linéaire. Elle consiste en une représentation
graphique de droite de régression de type affine qui présente
l'évolution linéaire et permet de déceler la tendance dans
la série. L'équation de la droite de tendance de
régression linéaire est sous la forme : y = ax + b ; a
est le coefficient directeur et représente la pente et b une
constante. Pour cette étude, y représente la
pluie, la température ou le débit, de la droite de
régression linéaire ; et x représente la valeur
correspondant au numéro de la série étudiée. Pour
la droite de régression linéaire d'une série
pluviométrique de 1961 à 1990 par exemple, y1962 = a2 + b ; y1990
= a30 + b.
- Si a > 0, on a une tendance à la hausse ;
- Si a < 0, on a une tendance à la baisse.
Une tendance en pourcentage a été
également calculée sur chaque station du bassin. Ici, il s'agit
du rapport entre le coefficient directeur de la droite de régression sur
la pluviométrie moyenne de la série de la station,
multipliée par le nombre d'années de la série. Il permet
d'identifier si la tendance est significative ou non (Amoussou, 2010).
Les moyennes mobiles sur cinq ans ont été aussi
utilisées pour apprécier les tendances.
La technique des moyennes mobiles consiste à lisser les
irrégularités en associant aux valeurs yti d'une chronique de
nouvelles valeurs zti qui sont les moyennes arithmétiques
d'une valeur originale yti et des valeurs qui l'encadrent. Les
moyennes mobiles peuvent être calculées sur trois ans (1 valeur de
part et d'autre de yti) ou cinq ans (2 de part et d'autre de yti)
(Vissin, 2007).
Toutefois, il faut aussi rechercher d'éventuelles
« ruptures » de stationnarité, la «rupture»
étant définie par un changement dans la loi de probabilité
d'une série chronologique à un instant donné (Lubes et
al., 1994 cité par Vissin, 2007). Nous avons adopté la
méthode de recherche de rupture de stationnarité utilisée
par Vissin (2007) et Totin et al., (2010).
En effet, le test non paramétrique de Pettitt, par sa
robustesse à détecter une rupture dans les séries
chronologiques pluviométriques a été souvent
utilisé (Demarée et Nicolis, 1990 ; Lubès et al.,
1994, Ardoin-Bardin, 2004). L'absence de rupture dans une série (Xi) de
taille N constitue l'hypothèse nulle H0. La mise en oeuvre de ce test
suppose que, pour tout instant t compris entre 1 et N, les séries
chronologiques (Xi) i=1 à t et (Xj), j= t+1 à N appartiennent
à la même population. La variable à tester est le maximum
en valeur absolue de la variable Ut, N définie par :
t N
Ut, N = ? ? Dij
i=1 j=t+1
|
; où Dij = sgn (Xi-Xj) avec sgn(x) = 1 si x > 0, 0 si
x = 0 et -1 si x < 0
|
81
A partir de la théorie des rangs, Pettitt montre que si
k désigne la valeur KN prise sur la série étudiée,
sous l'hypothèse nulle, la probabilité de dépassement de
la valeur k est exprimée approximativement par : Prob (KN > k) ?
2exp(-6k2 / (N3+N2))
H0 est rejetée pour un risque a de première
espèce donné, si la probabilité de dépassement
estimée est inférieure à a. La série comporte alors
une rupture localisée au moment où est observé
max?Ut,N?t=1,N-1.
? Paramètres de la variabilité
hydro-climatique
Il s'agit des bilans climatiques et hydrologiques, le
coefficient d'écoulement, les déficits pluviométriques et
d'écoulement, largement développés plus haut dans la
section 2-2-3-2- .
? Etude diachronique
Elle part des images satellites ou des photographies
aériennes pour obtenir des statistiques et/ou des cartes d'occupation du
sol.
Dans le cadre de la présente étude, trois (03)
cartes d'occupation du sol ont été respectivement
réalisées à partir de l'interprétation des images
Landsat TM et ETM des années 1972, 1990 et 2006 de résolution 30
m x 30 m couvrant 180 km x 180 km. Ces images ont permis la détection du
changement à la surface du sol. Les travaux ont été
effectués par phases successives.
1ère phase : préparation des
images
La préparation des images est l'ensemble des
opérations qui permettent de rendre l'image interprétable.
- La combinaison des bandes
À l'achat, l'image (données brutes) Landsat ETM
est une composition de huit bandes indépendantes en format « tiff
» ou « géotiff ». Pour obtenir une image utilisable, il
faut combiner les bandes et créer une image en format « img ».
Ainsi, six bandes sur les huit ont été combinées pour une
image en couleur. La 6ème et la 8ème bande
ne sont pas prises en compte dans cette combinaison car la bande 6 est une
image panchromatique (noir et blanc) et la bande 8 est une image radar
(Amoussou, 2010).
- La composition colorée
La composition colorée est la combinaison de trois
bandes spectrales et leur affectation respective à une des trois
couleurs fondamentales ou primaires disponibles: le bleu, le vert et le rouge.
Cette forme donne une image plus interprétable et lisible par rapport
à la thématique choisie. Il est possible de réaliser
plusieurs types de compositions colorées avec les différents
canaux d'une image Landsat, mais seules quelques-unes sont pertinentes
(Amoussou, 2010).
82
En foresterie, on utilise très souvent la composition
colorée 453. Il faut noter que l'oeil humain est plus sensible aux
nuances de rouge que de vert, ce qui explique l'utilisation de la composition
453 ou 432 pour étudier la végétation (forte
réflectance de la végétation dans le canal 4 du proche
infrarouge).
2ème phase :
géo-référencement et
photo-interprétation
Après la réalisation de la combinaison des
bandes et de la composition colorée, il faut interpréter les
images à travers une méthode d'interprétation et d'analyse
de ces images appelée photo-interprétation. En effet, la
photo-interprétation est la technique qui consiste à identifier
les objets sur les photos aériennes ou les images satellites par
l'analyse visuelle à partir de critères de reconnaissance
établis par le photo-interprète, c'est-à-dire
l'utilisation d'une clé d'interprétation (tableau VII).
Tableau VII : Clé d'interprétation des images
satellites
Code Forme
|
Tonalité
|
Identification
|
1
|
Irrégulière
|
Rouge vif
|
Forêt claire
|
2
|
Sinueuse
|
Rouge vif
|
Galerie forestière
|
3
|
Irrégulière
|
Rouge modéré
|
Savane boisée
|
4
|
Irrégulière
|
Rouge pâle
|
Savane arborée
|
5
|
Irrégulière
|
Vert parcouru de fines traces rouges
|
savane arbustive
|
6
|
Effilée
|
Bleu
|
Cours d'eau
|
Source : CENATEL, 2009.
Cette clé d'interprétation est
élaborée sur la base de la connaissance du sujet et de la
région à étudier, ainsi que de l'expérience du
photo-interprète.
Avant cette interprétation, il faut caler la portion
d'image qui correspond au secteur étudié. Pour cela, il faut
projeter les limites du secteur étudié sur les images et les
géo-référencer comme indique à l'étape 1 de
la détermination des hydro-écorégions.
Il y a deux types d'interprétation :
l'interprétation analogique et la classification. Pour cette
étude, c'est la classification qui a été utilisée
du fait qu'elle permet de mieux définir les classes. La classification
est le procédé qui consiste à regrouper les pixels d'une
image en un nombre fini de classes. Si le pixel satisfait à une
série de critères, il est affecté à la classe qui
correspond à ces critères. Il existe deux approches de la
classification : la classification non supervisée et la classification
supervisée. Dans le cadre de la présente étude, c'est la
classification supervisée qui
83
a été utilisée du fait qu'elle permet la
précision dans les interprétations des paysages en termes
d'états de surface (Amoussou, 2010).
Dans la classification supervisée, on
sélectionne des groupes de pixels qui représentent des formes
(patterns) qui sont caractéristiques d'un type donné d'occupation
du sol. En sélectionnant des formes sur l'image, on amène
l'ordinateur à identifier des pixels ayant ces caractéristiques.
La classification supervisée consiste donc à choisir des aires
d'entraînement qui sont des regroupements homogènes de pixels
caractéristiques d'une occupation donnée du sol et à
demander au logiciel de classifier toute l'image conformément à
ces aires d'entraînement.
Les expérimentations et la connaissance du terrain
guident dans le choix des aires d'entraînement dans toutes les classes de
formations végétales (Amoussou, 2010).
Cette classification donne un fichier IMAGINE (.img)
composé d'une seule couche. On parle alors d'une image
thématique. Une table d'attributs est associée à cette
image thématique. Cette table reprend, pour toutes les classes, les
pixels de l'image originale qui ont été regroupés dans la
classe correspondante. Il est également possible d'ajouter une colonne
pour spécifier un nom ou un type d'occupation à chacune des
classes. Des opérations de lissage permettent de rendre homogènes
les différentes classes ainsi définies.
Après toutes ces opérations, il faut passer du
fichier Raster au fichier Vecteur. C'est une conversion qui aboutit à la
segmentation de l'image. Les unités s'individualisent et chacune d'elles
peut être modifiée sans affecter les autres. C'est après
cette étape que le fichier est exporté en « Shape file
» pour être utilisable dans le logiciel Arc View. Le fichier ainsi
obtenu est alors édité pour la finalisation des cartes et
l'extraction des statistiques (superficies, pourcentages des unités
d'occupation du sol).
3ème phase : édition et mise en
forme
Les couches extraites et exportées dans ArcView sont de
diverses formes d'entités (ponctuelles, linéaires ou surfaciques)
superposables. Elles sont éditées et symbolisées comme
indiqué à la sous-étape 3 de la section
"détermination des hydro-écorégions".
4ème phase : Mise en page
Elle se produit comme indiqué à la
sous-étape 4 de la section "détermination des
hydro-écorégions".
5ème phase : contrôle de
terrain
Une fois les cartes d'occupation du sol établies, il
faut vérifier la réalité sur le terrain de l'existence
effective des objets identifiés sur les images et
représentés sur les cartes afin de corriger les erreurs
éventuelles. Cette vérification s'est faite par une mission de
contrôle de terrain.
84
En effet, le contrôle de terrain a lieu juste
après les travaux de laboratoire et l'impression du premier draf de
cartes d'occupation du sol. Il consiste à identifier les objets qui sont
sur les images représentés en couches d'unité d'occupation
du sol sur les cartes, à enregistrer les coordonnées de ces
objets et à aller vérifier leur existence sur le terrain. Dans le
bassin versant de la Pendjari, les objets identifiés ont
été : la galerie forestière du cours d'eau Tikou entre
Toukountouna et Kouarfa ; le pont de Tiélé et
l'agglomération de Porga. Ces points identifiés sur les images et
leurs coordonnées enregistrées dans le GPS ont été
retrouvés à travers la recherche de points au GPS.
6ème phase : étude diachronique
proprement dite
L'étude diachronique permet alors la comparaison des
cartes réalisées (1972, 1990 et 2006) afin de faire ressortir la
dynamique des écosystèmes.
Elle consiste à superposer les cartes issues de
l'interprétation et l'analyse des images de 1972, 1990 et 2006 pour
établir celles de l'évolution de la végétation
entre ces trois années. Dans cette étude, nous n'avons pas
présenté les cartes de synthèse. Nous avons
réalisé seulement un tableau synthèse récapitulant
les types d'occupation du sol en 1972, 1990 et 2006 et les évolutions
(progression ou régression) enregistrées pour chacun des types
d'occupation du sol. La comparaison des évolutions entre les
années deux à deux (1972-1990 ; 1990-2006 et 1972-2006) a permis
d'évaluer le rythme d'évolution des types d'occupation du sol.
La dynamique des types et/ou unités d'occupation du sol
est caractérisée de la façon suivante :
? si la superficie d'un type ou d'une unité
d'occupation du sol en année ancienne reste la même qu'en
année récente, la superficie de l'unité est
stable.
? si la superficie d'un type d'occupation en année
ancienne a augmenté en année récente, la superficie de
l'unité est en évolution
progressive.
? si la superficie d'un type d'occupation en année
ancienne a diminué en année récente, la superficie de
l'unité est en évolution
régressive.
2-2-3-6- Méthode de la détermination du
débit écologique
Le débit écologique est par définition le
débit minimum requis pour maintenir une quantité et une
qualité d'eau nécessaire pouvant préserver
l'équilibre écologique dans les eaux courantes et dans la zone
riveraine.
Dans le cadre de la présente étude, le
débit écologique des rivières du bassin versant de la
Pendjari n'a pu être défini pour des raisons de
l'indisponibilité des données écologiques
nécessaires.
En effet, la détermination du débit
écologique nécessite à la fois les données
hydrologiques et les données écologiques. Les données
hydrologiques sont les débits moyens (journalier, mensuel,
85
annuel). Tandis que les données écologiques sont
constituées de l'inventaire de zoobenthos et de
phytobenthos, de l'inventaire de la faune et la flore des zones
riveraines des rivières, des données
hydromorphologiques (morphologies et profondeurs des
rivières).
Lorsqu'il n'y a pas ou très peu de données comme
c'est cas dans notre secteur d'étude, il y a lieu
de faire des observations sur deux ans au moins afin de disposer
des données nécessaires pour
l'analyse et la détermination du débit
écologique.
Pour ce faire, la méthode écologique
nécessite des travaux tels que :
- échantillonnage des sections des rivières ;
- mesures hydrologiques et morphologiques dans la section
affectée ;
- échantillonnages des prélèvements
d'échantillons d'eau et de substrat aux lieux des sections
de rivières effectuées ;
- mesures de profondeurs (bathymétrie) ;
- analyse des caractéristiques physico-chimiques et
bactériologiques des eaux ;
- granulométrie des substrats des lieux de
prélèvement d'échantillons ;
- inventaire de la diversité des organismes aquatiques et
de biomasse (zoobenthos et de
phytobenthos) ;
- inventaire des macrophytes, de la faune et la flore de la zone
riveraine.
Conclusion partielle
Au terme de ce chapitre, il faut retenir que plusieurs auteurs
ont travaillé sur les hydro-écorégions. Ces auteurs ont
déterminé les hydro-écorégions sur la base des
mêmes critères qui sont en fait les principaux facteurs de
fonctionnement des écosystèmes d'eau courante. Ils ont permis de
constater que l'approche des hydro-écorégions est transposable
dans des contextes géographiques différents. Dans ce chapitre,
l'accent a été mis aussi sur la description des données
collectées et sur les méthodes de d'identification des
hydro-écorégions, d'analyse des facteurs de la dynamique des
écosystèmes naturels. L'identification des
hydro-écorégions repose fondamentalement sur les données
géographiques et la méthode cartographique. Quant à
l'analyse de la dynamique des écosystèmes naturels, elle repose
sur les méthodes d'analyse statistique (calculs des bilans climatique et
hydrologique, des déficits pluviométrique et hydrologique, etc.)
et d'analyse comparative (études diachroniques d'occupation du sol). La
méthode cartographique intervient encore impérativement dans
cette dernière.
Cette démarche permet d'identifier et de
caractériser les hydro-écorégions dans le bassin versant
de la Pendjari.
86
CHAPITRE 3 :
LES HYDRO-ECOREGIONS
DU BASSIN VERSANT
DE LA PENDJARI
87
Introduction partielle
Ce chapitre présente les hydro-écorégions
identifiées et cartographiées dans le bassin versant de la
Pendjari et la description des caractéristiques physiques et humaines de
chaque hydro-écorégion.
3-1- Hydro-écorégions du bassin versant de
la Pendjari
L'identification des hydro-écorégions à
partir des critères du relief, du climat et de la géologie, a
abouti à un découpage du bassin versant béninois de la
Pendjari en deux (02) hydro-écorégions de niveau 1(HER-1). Ces
deux HER-1 sont : "HER de l'Atacora" au niveau de la
chaîne de l'Atacora et "HER de Gourma" au niveau de la
plaine. L'HER de l'Atacora couvre une superficie de 3.528,51 km2
soit 35,28% de la superficie totale du bassin et l'HER de Gourma occupe
6.473,25 km2 soit 64,72% de la superficie totale du bassin.
La figure 14 présente les deux
hydro-écorégions de niveau 1 identifiées et la
hiérarchisation des cours d'eau selon la méthode de Strahler dans
chacune des HER du bassin versant de la Pendjari.
Il s'observe sur la figure 14 l'HER de l'Atacora à
l'Est (en couleur rouge-claire) et l'HER de Gourma à l'Ouest (en couleur
jaune). Il faut noter que l'eau est l'élémént structurant
d'une hydro-écorégion. Mais elle n'est pas le critère
principal de l'identification et la délimitation d'une
hydro-éorégion. Sinon, l'on tomberait dans le piège de la
confusion avec les limites de bassin hydrographique. Ce qui justifie le fait
que le cours d'eau principal de la Pendjari dans sa partie nord-est n'est pas
dans l'HER de l'Atacora.
88
Figure 14 : Hydro-écorégions de niveau 1
du bassin versant de la Pendjari et Hiérarchisation des cours d'eau
(selon la méthode de Strahler)
89
3-1-1- Hydro-écorégions à partir des
critères géologiques
La figure 15 présente les HER de niveau 1
identifiées à partir des critères géologiques.
Figure 15 : Unités géologiques des
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari
3-1-2- hydro-écorégions à partir des
critères de relief
Deux paramètres ont été
considérés ici : les altitudes et les pentes. La figure 16
présente les HER de niveau 1 identifiées à partir des
altitudes et la figure 17 celles à partir des pentes.
Figure 16: Altitudes des
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari
|
|
Figure 17 : Pentes des hydro-écorégions du
bassin versant de la Pendjari
|
90
|
3-1-3- Hydro-écorégions à partir des
critères climatiques
Ici aussi, deux paramètres ont été
considérés: les précipitations et les températures.
La figure 18 présente les HER de niveau 1 identifiées à
partir des précipitations et la figure 19 celles à partir des
températures.
Figure 18 : Champs de la pluviosité des
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari (période
1961-2006)
91
Figure 19 : Champs des températures moyennes des
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari (période
1961-2006)
92
3-2- Caractéristiques des
hydro-écorégions identifiées
Les hydro-écorégions de niveau 1
déterminées et délimitées dans le bassin versant de
la Pendjari nécessitent d'être présentées ou
décrites tout au moins sur le plan géophysique. C'est dans cet
ordre d'esprit que sont présentées ici les
caractéristiques climatiques, topographiques, géologiques,
pédologiques et hydrographiques sans oublier certains paramètres
physico-chimiques des eaux souterraines et de surface de chaque
hydro-écorégion déterminée du bassin versant de la
Pendjari (Tableau VIII).
L'analyse du tableau VIII permet d'observer les dissemblances
et les ressemblances des caractéristiques entre les deux HER de niveau 1
déterminées. Il convient d'expliquer un peu ces dissemblances et
les ressemblances.
En ce qui concerne les caractéristiques climatiques, le
type de climat et les saisons sont les mêmes entre les deux (02) HER. La
pluviosité est plus élevée dans l'HER de l'Atacora que
dans celle de Gourma. Cela peut s'expliquer par l'influence du relief sur la
circulation atmosphérique.
En effet, les versants au vent des reliefs reçoivent
toujours plus de pluie que les versants sous le vent. D'après
Bénévent (1924), l'observation montre que les versants montagneux
exposés aux vents humides reçoivent plus de précipitations
que les plaines qu'ils dominent. Selon lui, la quantité et la
durée des précipitations augmentent encore lorsque les fronts
abordent un relief élevé. Il explique le mécanise du
phénomène comme suit : « Envisageons d'abord le passage d'un
front froid. La masse d'air froid s'insinue sous la masse d'air chaud et la
soulève, donnant ainsi naissance à une bande étroite de
pluies le long de la ligne de discontinuité. Or la présence d'une
chaîne montagneuse empêche l'air chaud qui recule, de
s'éloigner de la masse d'air froid qui avance. Pincée entre le
front froid et la chaîne, la masse chaude est forcée de
s'élever; des précipitations abondantes et continues s'observent
alors à une grande distance en avant de la ligne de discontinuité
jusqu'à ce que l'air chaud ait été entraîné
complètement par-dessus la montagne : ce sont des "pluies
préfrontales". Elles sont dues à la fois à un front froid
et à des causes orographiques. Les situations les plus favorables aux
pluies préfrontales sont celles où le front froid se
présente parallèlement à la chaîne; ou bien encore
obliquement ». Ce qui semble être le cas de la chaîne de l'HER
de l'Atacora. Nous avons indiqué plus haut que la chaîne de
l'Atacora est orientée NNE-SSW et que Boko (1988) en expliquant que le
bas Bénin se trouve dans "l'ombre portée" des monts Cameroun qui
provoquent une déflection de la trajectoire des lignes de grains vers
des régions situées au-delà du 9ème
parallèle, avait signalé que la dorsale de l'Atacora dévie
les perturbations vers le sud-ouest.
C'est ainsi que la présence du relief de l'HER de
l'Atacora entraine la diminution des précipitations sur le versant
opposé (dans l'HER de Gourma).
93
Tableau VIII : Caractéristiques physiques des
hydro-écorégions (HER) du bassin versant béninois de la
Pendjari
Critères de caractérisation
|
HER de l'Atacora
|
HER de Gourma
|
Caractéristiques Climatiques
|
- Type de climat
|
Soudanien (Tropical chaud et humide)
|
Soudanien (Tropical chaud et humide)
|
- Saisons
|
2 saisons : 1 sèche, 1 pluvieuse
|
2 saisons : 1 sèche, 1 pluvieuse
|
- Pluviométrie moyenne mensuelle
|
196,3 mm
|
176,7 mm
|
- Pluviométrie moyenne annuelle
|
1231,2 mm (à Natitingou)
|
1068,5 mm (à Tanguiéta)
|
- Champs pluviométriques / Isohyètes
|
1000 - 1200 mm et plus
|
900 - 1100 mm
|
- Températures mensuelles
|
- Minimales
|
16,6°C - 21,1°C
|
19,2°C - 22,4°C
|
- Moyennes
|
26,1°C - 27,6°C
|
27,1°C - 28,7°C
|
- Maximales
|
31,3°C - 33,3°C
|
32,9°C - 34,9°C
|
Caractéristiques topographiques
|
Superficie
|
3528,51 km2
|
6473,25 km2
|
Forme
|
KG = 2,2 (KG >1): Forme allongée
|
KG = 1,8 (KG >1): Forme allongée
|
Relief
|
Courbes de niveaux
|
Nombre
|
167
|
177
|
Equidistance
|
40 m
|
40 m
|
Altitudes
|
Alti. Maxi.
|
640 m et plus
|
480 m
|
Alti. Mini.
|
240 m
|
160 m
|
Alti. Moy.
|
460 m
|
320 m
|
Pentes
|
Pentes moyennes générales
|
14,5 %
|
4,1 %
|
Pentes entre les Courbes de niveaux
|
4,3 à 77 %
|
0,2 à 4,3 %
|
Type de vallées
|
Versants à fortes pentes et fonds de vallées
étroits parfois en gorge.
|
Versants à pentes faibles et fonds de vallées
larges et peu profondes.
|
94
Caractéristiques géologiques
|
Eres géologiques
|
Protérozoïque / Précambrien
|
Quaternaire
|
Lithologie
|
- Série de Podiéga = Grès,
quartzites fins et moyens, siltites, jaspes, schistes argileux
- Série de l'Atacorien = Quartzites,
grès, conglomérats ; Gneiss à biotite, à deux
micas, amphibole, Paragneiss à muscovite, Filons de pegmatite, gneiss
fin ; micaschistes à deux micas ;
- Série de l'Atacorien = groupe de Kanson
: Schistes séricito-quartzeux-quartzites.
- Série de l'Atacorien = Groupe de
Tagayéyé et de Kouandé : Quartzites, schistes
à séricite, Schistes à muscovite et quartz ;
- Série de Kandé-Boukombé =
Schiste séricito-chlorito-quartzeux-grès-
conglomérats-dolomies.
|
- Alluvions récentes = Alluvions
argilo-sableuses des vallées
- Série de Pendjari =
Alluvions anciennes : Argilites, silts, grès
fins - Série de Pendjari = Dépôts pelliculaires
argilo-sableux de la Pendjari
|
Caractéristiques du réseau
hydrographique
|
Typologie du réseau hydrographique
|
Type dendritique
|
Type dendritique
|
Classification / hiérarchisation des cours d'eau
|
Ordre 1
|
Nombre
|
1046
|
1534
|
Longueur
|
1339,28 km
|
2158,06 km
|
Ordre 2
|
Nombre
|
258
|
404
|
Longueur
|
624,02 km
|
918,36 km
|
Ordre 3
|
Nombre
|
62
|
104
|
Longueur
|
258,01 km
|
545,26 km
|
Ordre 4
|
Nombre
|
12
|
24
|
95
|
|
|
Longueur
|
139,15 km
|
229,04 km
|
Ordre 5
|
Nombre
|
2
|
15
|
Longueur
|
77,72 km
|
157,64 km
|
Ordre 6
|
Nombre
|
2
|
4
|
Longueur
|
7,40 km
|
394,82 km
|
Caractéristiques
agro-pédologique
|
Les types de sols
|
· Sols peu évolués
sur quartzite et micaschistes atacoriens ;
· Sols ferralitiques, modaux, sur
sédiment meuble argilo-sableux du Continental terminal ;
· Sols ferrugineux tropicaux : -
peu lessivés sur gneiss à muscovite et à deux micas, - peu
lessivés sur quartzite et micaschiste atacoriens,
- lessivés à concrétions sur
matérieaux kaolinique issu de quartzite et micaschise atacoriens, -
lessivés indurés sur matériau kaolinique issu de gneiss
à ferro- magnésiens.
|
· Sols ferrugineux tropicaux : -
lessivés indurés sur schiste en plaquettes,
- lessivés hydromorphes sur schiste en plaquettes,
- lessivés hydromorphes sur schiste quartzeux,
- lessivés sans concrétions sur jaspe,
- lessivés à concrétions sur schiste
quartzeux ;
· Sols minéraux bruts sur
roche affleurante ou subaffleurante et sur cuirasse ;
· Sols peu évolués
:
- d'apport, hydromorphes, sur matériau alluvial finement
sableux ;
- vertisols sur schiste quartzeux;
· Sols hydromorphes à gley
sur matériau alluvio-colluvial.
|
Couverture du sol
|
Indices de couverture végétale
|
75,50%
|
76,20%
|
96
|
(en %)
|
Indices de couverture urbaine
|
0,32%
|
0,24%
|
Terres cultivables
|
2 355,85 km2
|
1580,07 km2
|
Caractéristiques physico-chimiques de
l'eau
|
Qualité chimique de l'eau des cours d'eau
|
Conductivité
|
20 - 31,1 uS/cm
|
60,1 - 61,4 uS/cm
|
pH
|
7,3 - 7,4
|
7,8 - 7,9
|
O2 dissous
|
4,0 - 4,5 mg/L
|
4,38 - 4,39 mg/L
|
MES
|
2 - 6 mg/L
|
20 - 28 mg/L
|
Turbidité (NTU)
|
7 - 10
|
27 - 44
|
DBO5
|
4 - 10 mg/L
|
0 - 2 mg/L
|
DCO
|
45 - 214 mg/L
|
21,4 - 80,3 mg/L
|
Azote Kjeldhal
|
< 0,2 - 3,562 mg/L
|
< 0,2 - 0,562 mg/L
|
Ortho phosphates
|
-
|
-
|
Phosphores totaux
|
PO4 3-
|
0,74 - 1,75 mg/L
|
1,08 - 1,14 mg/L
|
3-
P-PO4
|
0,27 - 0,63 mg/L
|
0,39 - 0,41 mg/L
|
Qualité chimique de l'eau des nappes aquifères
|
pH
|
5,76 - 7,65
|
7,93 - 8,61
|
Conductivité
|
35,1 - 597 uS/cm
|
742 - 1041 uS/cm
|
MES
|
0 - 2 mg/L
|
0
|
Turbidité (NTU)
|
2
|
0 - 3
|
Oxydabilité
|
12,4 - 15,11 mg/L
|
29,77 - 30,22 mg/L
|
Azote Kjeldhal (NTK)
|
0,375 - 0,74 mg/L
|
< 0,2 - 2,06 mg/L
|
Ortho phosphates (PO43-)
|
0,18 - 0,36 mg/L
|
0,09 - 0,43 mg/L
|
Phosphores totaux
|
PO4 3-
|
0,44 - 0,83 mg/L
|
0,67 - 0,80 mg/L
|
P-PO43-
|
0,16 - 0,30 mg/L
|
0,24 - 0,29 mg/L
|
|
|
|
Source : Résultats de traitement des données
(2011) ; Analyse physico-chimiques de l'eau (Novembre-Décembre
2011)
97
Les différences de températures entre l'HER de
l'Atacora et l'HER de Gourma sont liées au fait qu'en montagne, il fait
plus froid qu'en plaine (Servant-Vildary et Roux, 1990). En effet, le gradient
thermique altitudinal est le seul facteur expliquant que les
températures soient plus faibles dans l'HER de l'Atacora que dans celle
de Gourma.
En ce qui concerne les caractéristiques topographiques,
les pentes sont fortes dans l'HER de l'Atacora avec des vallées en gorge
(vallées étroites et profondes) et faibles dans l'HER de Gourma
avec des vallées larges et peu profondes.
Quant aux caractéristiques géologiques, l'HER de
l'Atacora est constituée de faciès lithologiques plus
variés que l'HER de Gourma. En outre, les faciès lithologiques de
l'HER de l'Atacora sont des roches dures tandis que celles de l'HER de Gourma
sont des roches meubles. Cette situation a deux implications sur le
régime hydrologique : (1) la montée des eaux dans les cours d'eau
est spontanée dès les premières pluies ; l'absorption de
l'eau par le sol étant faible. (2) l'étiage est concomitant
à la fin des pluies et le tarissement des cours d'eau est
précoce.
Les caractéristiques du réseau hydrographique
permettent de constater que le nombre de cours d'eau ainsi que leur longueur
totale dans l'HER de l'Atacora sont inférieurs à ceux de l'HER de
Gourma.
Les caractéristiques pédologiques quant à
elles révèlent que l'HER de l'Atacora comporte moins de types de
sols variés que l'HER de Gourma, contrairement à la
géologie. Aussi, l'HER de l'Atacora a plus de terres cultivables que
l'HER de Gourma. Cela s'explique par le fait que le territoire de l'HER de
Gourma est en grande partie (5000 km2 soit 77%) occupé par la
Réserve de Biosphère de la Pendjari (RBP) où il n'y a pas
d'activités agricoles.
Concernant les caractéristiques physico-chimiques des
eaux, sans aller en détail par paramètre, nous avons seulement
commenté quelques paramètres dont les valeurs paraissent
critiques. En effet, l'analyse du tableau VIII permet de dire que l'eau de
surface dans l'HER de l'Atacora présente une turbidité (NTU)
moins élevée (7 à 10) que celle dans l'HER de Gourma (27
à 44). Cette situation est confirmée par les valeurs des
matières en suspension (MES) moins élevées
également dans l'HER de l'Atacora (2 à 6 mg/l) que dans l'HER de
Gourma (20 à 28 mg/l). Cela s'explique par la nature des roches. Il a
été indiqué plus haut que les faciès lithologiques
dans l'HER de l'Atacora sont des roches dures tandis que ceux de l'HER de
Gourma sont des roches meubles.
L'analyse du tableau VIII révèle aussi que la
demande biochimique en oxygène (DBO5) et la demande chimique en
oxygène (DCO) sont très élevées dans l'eau de
surface de l'HER de l'Atacora que dans celle l'HER de Gourma. Cela signifie
qu'il se produit plus de dégradation des matières organiques avec
plus de concentration de polluants inorganiques et organiques dans l'eau de
surface de l'HER de l'Atacora que dans l'eau de l'HER de Gourma. Cette
situation
98
serait mieux expliquée suite à de plus amples
analyses des eaux à la recherche de ces polluants inorganiques et
organiques. L'on ne peut ici qu'émettre des hypothèses que les
intrants chimiques agricoles et les pesticides sont à la base de cette
situation dans l'HER de l'Atacora. D'autant plus qu'il a été
révélé que les superficies cultivées sont plus
grandes dans l'HER de l'Atacora que dans celle de Gourma. Les pentes
étant fortes dans l'HER de l'Atacora, les eaux de ruissellement
apportent rapidement dans les cours et plans d'eau, les engrais et pesticides
utilisés dans les champs.
En se référant à la grille multi-usages
des critères d'appréciation globale de la qualité de l'eau
(Annexe 4), ces eaux sont dans les classes de qualité passable à
médiocre. Selon la grille, la qualité de ces eaux est suffisante
pour l'irrigation, les usages industriels, la production d'eau potable
après un traitement poussé. L'abreuvage des animaux est
généralement toléré. Le poisson y vit normalement
mais sa reproduction est aléatoire. Les loisirs liés à
l'eau y sont possibles lorsqu'ils ne nécessitent que des contacts
exceptionnels avec elle.
Quant aux eaux souterraines des HER de niveau 1 du bassin
versant de la Pendjari, le tableau VIII nous permet de relever que l'eau de
l'HER de l'Atacora est légèrement plus acide alors que la
conductivité y est moins élevée que celle de l'HER de
Gourma. Tandis que l'oxydabilité est très élevée
dans les deux HER mais plus élevée dans l'HER de Gourma que dans
l'HER de l'Atacora. Cela signifie que le carbone organique total (COT)
présent dans l'eau souterraine est plus important que la demande
chimique en oxygène (DCO).
Conclusion partielle
Au terme de ce chapitre, il faut retenir que le bassin versant
béninois de la Pendjari est composé de deux (02)
hydro-écorégions de niveau 1 : l'hydro-écorégion de
Gourma et l'hydro-écorégion de l'Atacora.
L'hydro-écorégion (HER) de l'Atacora repose sur
un substratum géologique du Protérozoïque (ou
Précambrien) avec un relief montagneux. Quant à
l'hydro-écorégion (HER) de Gourma, elle est sur un substratum
géologique du Quaternaire avec un relief de plaine.
Les deux HER sont de forme allongée et drainées
chacune par un réseau à six (06) ordres de cours d'eau. Elles ont
le même climat de type tropical chaud et humide à deux (02)
saisons mais, avec une variation au niveau des champs pluviométriques
(1050 - 1200 mm dans l'HER de l'Atacora et 900-1050 mm dans l'HER de Gourma).
Les caractéristiques physico-chimiques des eaux révèlent
que les eaux de surface sont moins troubles dans l'HER de l'Atacora que dans
l'HER de Gourma. Quant aux eaux souterraines, elles sont
légèrement acides dans l'HER de l'Atacora que dans l'HER de
Gourma.
99
CHAPITRE 4 :
ANALYSE DES DETERMINANTS SOCIO-
ECONOMIQUES ET ENVIRONNEMENTAUX
DE LA DYNAMIQUE DES ECOSYSTEMES
NATURELS DANS LES HYDRO-ECOREGIONS
DU BASSIN VERSANT DE LA PENDJARI
100
Introduction partielle
La dynamique des écosystèmes d'un milieu
dépend à la fois des caractéristiques humaines
(socioéconomiques et démographiques) et des facteurs climatiques
et géophysiques. En dehors des activités anthropiques, les
facteurs géophysiques contribuent également à la
répartition et à la dynamique des écosystèmes
naturels dans les hydro-écorégions du bassin versant de la
Pendjari. Dans ce chapitre, il a été présenté
d'abord les déterminants environnementaux développés en
deux titres (déterminants hydro-climatiques et déterminants
géophysiques de la dynamique des écosystèmes naturels).
Ensuite les déterminants socio-économiques ont été
analysés sous les titres de déterminants socio-culturels et
déterminants économiques après avoir
présenté l'analyse de la dynamique des écosystèmes
naturels à partir de l'étude diachronique de l'occupation du sol
du bassin versant de la Pendjari.
4-1- Déterminants environnementaux de la
dynamiques des écosystèmes naturels 4-1-1- Déterminants
hydro-climatiques
Les hydro-écorégions de Gourma et de l'Atacora
du bassin de la Pendjari au Bénin sont sous l'influence du climat
soudanien à une saison pluvieuse de 5 à 6 mois (mai à
octobre) et une saison sèche de 6 à 7 mois (octobre à
avril). Selon Totin et al. (2010), ce climat sert de transition entre
le climat béninien (humide) au sud et le climat sahélien (sec) au
nord et donc partage partiellement leurs caractéristiques. Natta (1999)
avait signalé que les précipitations liées à la
fois à l'arrivée du front de mousson et aux influences
orographiques, situent cette région parmi les plus arrosées du
Bénin. La saison pluvieuse qui va de mai à octobre, est
très fluctuante et se réduit de nos jours de juin voire juillet
à octobre (Idiéti, 2004). L'écoulement annuel a
considérablement varié de 71 à 40 m3/s dans le sous-bassin
de la Pendjari à Porga et de 5 à 4 m3/s dans celui de Magou
à Tiélé (Totin et al., 2010). Ces changements qui
interviennent dans les processus climatiques et hydrologiques aux
échelles journalières, mensuelles et annuelles, regroupés
sous le vocable de variabilité hydro-climatique est l'un des facteurs
déterminants de la dynamique des écosystèmes naturels dans
les hydro-Ecorégions du bassin versant de la Pendjari, qu'il convient
d'élucider.
Cette section a pour objectif d'analyser la variabilité
des paramètres climatiques et hydrologiques ainsi que les bilans
climatiques et hydrologiques dans les hydro-écorégions du bassin
versant béninois de la Pendjari.
101
4-1-1-1- Variabilité climatique dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari ?
- Variabilité thermométrique
Il s'agit d'analyser les variations mensuelles et
l'évolution interannuelle des températures dans le bassin versant
de la Pendjari.
En effet, dans l'HER de Gourma comme dans celui de l'Atacora,
la température moyenne mensuelle est de 27,2 °C (sur la
période 1961-2006). Cette moyenne cache d'importantes disparités
entre les températures extrêmes, disparités liées au
gradient thermique altitudinal. La température moyenne maximale atteint
33°C et dépasse parfois 34°C en mars et la minimale est de
21°C et descend parfois en dessous de 17 °C en décembre.
Les températures les plus élevées
s'observent en mars, avril et mai et les plus basses en décembre,
janvier et février, période pendant laquelle souffle
l'alizé du nord-est appelé harmattan. L'amplitude thermique
moyenne mensuelle est de 3,1°C et celle annuelle est de 5,6°C (sur la
période 1961-2006).
Quant à la variabilité inter annuelle, les
tendances des températures moyennes ont été
déterminées sur la période 1961 à 2006 comme le
présente la figure 20.
Figure 20 : Variabilité interannuelle des
températures moyennes dans le bassin versant de la Pendjari sur la
période 1961-2006.
Source de données : ASECNA, 2009
La figure 20 indique que les températures minimales,
moyennes et maximales annuelles connaissent des tendances à la hausse de
1961 à 2006. La comparaison des données des périodes
1961-1970, 1971-1980, 1981-1990 et 1991-2000 montre que les températures
moyennes annuelles des décennies 1971-1980, 1981-1990 et 1991-2000 sont
nettement supérieures à celles de la décennie 1961-1970
(figure 21).
102
Figure 21 : Variabilité de la
température moyenne mensuelle sur les décennies
1961-1970,
1971-1980, 1981-1990 et 1991-2000 dans le bassin versant de
la Pendjari Source de données : ASECNA, 2009
Les températures moyennes annuelles ont augmenté
à partir des années 1970, ce qui confirme les tendances à
la hausse que connaissent les températures minimales, moyennes et
maximales annuelles de 1961 à 2006 montrées plus haut par la
figure 21.
Eléments fondamentaux du climat, les
températures minimales, moyennes et maximales sont des facteurs
conditionnant la disponibilité de l'eau dans les HER du bassin versant
de la Pendjari. Elles constituent l'un des facteurs de la variabilité
pluviométrique dans les hydro-écorégions du bassin versant
de la Pendjari.
? - Variabilité pluviométrique dans le
bassin versant de la Pendjari
Le rythme saisonnier et la variabilité interannuelle de
la pluviométrie constituent les deux paramètres de la
variabilité pluviométrique qu'il faut analyser dans le contexte
actuel de de cette étude.
? Rythme saisonnier et régime
pluviométrique dans les hydro-écorégions du bassin versant
de la Pendjari
Le rythme saisonnier est la fréquence à laquelle
les saisons s'alternent en une année dans un milieu. Il détermine
le régime pluviométrique du milieu.
Boko (1988) a déjà démontré que
selon les latitudes auxquelles on se situe, les périodes pluvieuses se
combinent de différentes façons pour définir des
régimes pluviométriques caractéristiques. Sur la base des
moyennes mensuelles, on peut distinguer trois régimes
pluviométriques :
- le régime bimodal pour toutes les stations
situées au sud du parallèle 7°45 ;
103
- le régime unimodal au nord du parallèle 8°30
; - un régime de transition entre ces deux parallèles. Le bassin
versant de la Pendjari étant situé au nord du parallèle
8°30, le régime pluviométrique caractéristique est
donc unimodal (figure 22).
Figure 22 : Régime pluviométrique dans
les HER du bassin versant béninois de la Pendjari (Moyennes
1961-2006)
Source de données : ASECNA, 2009
Les mois de juillet, août et septembre sont les plus
pluvieux) avec une moyenne de 243,9 mm à Natitingou dans l'HER de
l'Atacora et de 219,2 mm à Tanguiéta dans l'HER de Gourma. La
moyenne mensuelle globale pour toute l'année est de 102,6 mm à
Natitingou et 89,0 mm à Tanguiéta.
Les mois d'une année sont répartis entre les
deux saisons de façon inégale dans les deux HER (figure 23).
Dans l'HER de l'Atacora, la saison sèche compte un (01)
mois post-humide ou pré-sec (octobre) et cinq (05) mois secs (novembre,
décembre, janvier, février et mars) ; et la saison pluvieuse
compte deux (02) pré-humides (avril, mai) et quatre (04) mois humides
(juin, juillet, août, septembre).
Quant à l'HER de Gourma, la saison sèche compte
également un (01) mois post-humide ou pré-sec (octobre) et six
(06) mois secs (novembre, décembre, janvier, février, mars,
avril) ; et la saison pluvieuse compte un (01) pré-humide (mai) et
quatre (04) mois humides (juin, juillet, août, septembre).
104
Figure 23 : Répartition des mois d'une
année entre les deux saisons dans les HER du bassin
versant béninois de la Pendjari
Source de données : ASECNA, 2009
Ces rythmes saisonniers entrainent une certaine dynamique et
impriment un cycle de vie aux écosystèmes naturels dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari. En effet, en
saison sèche, la plupart des cours et plan d'eau s'assèchent et
la végétation herbacée des forêts et savanes meurt.
Ce qui entraine la migration ou la disparition de certaines espèces
fauniques terrestres et aquatiques. En saison pluvieuse, les cours et plans
d'eau reprennent les écoulements et les savanes et forêts
deviennent verdoyantes. Cela favorise la vie des espèces fauniques selon
leur milieu.
Ces phénomènes de rythme saisonnier sont connus
et maîtrisés par les populations locales des
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari sur la base de
leur vécu quotidien et qu'ils suivent et respectent pour leurs
activités agricoles essentiellement calquées sur l'alternance des
saisons.
Elles reconnaissent deux (02) variantes pour chaque saison.
Pour elles, il existe des saisons intermédiaires qu'on peut nommer
"intersaisons" : une intersaison pluvieuse appelée
Diyînkambonkidi en ditammari, Tila? en biali et une
intersaison sèche appelée Diténwaà en
ditammari, Pawork? en biali. Ces intersaisons s'identifient à
travers les signes de démarrage ou de fin de saison. Le tableau X
présente les intersaisons et leurs signes d'identification.
105
Tableau IX: Les intersaisons et leurs signes
d'identification dans les HER du bassin versant de la Pendjari
En français
|
En quelques principales langues locales
|
Signes d'identification (perception rurale des
populations locales)
|
Ditammari
|
Biali
|
Intersaison sèche
|
Diténwaà
|
Pawork?
|
- L'herbe et les cultures (mil [Pennisetum americanum]
et sorgho [Sorghum bicolor])
fleurissent et portent les épis ;
- La pluie diminue ;
- Les orages isolés commencent ;
- Le vent change de direction et vient du nord ;
- Le brouillard d'harmattan apparaît ;
- Les fruits de ficus commencent à mûrir ;
- Les feuilles de Acacia albida bourgeonnent et
apparaissent ;
- Les feuilles de baobab (Adansonia digitata) et
Afzelia jaunissent et tombent ;
- Les hérons garde-boeufs (Bubulcus ibis)
commencent par immigrer dans le milieu ;
- Les tourterelles blanches à une tâche noire au cou
(Streptopelia semitorquata, Streptopelia decipiens, Streptopelia
vinacea) commencent à chanter.
|
Intersaison pluvieuse
|
Diyînkambonkidi
|
Tila?
|
- L'harmattan cesse ;
- La chaleur devient très forte et persistante ;
- Le soleil devient brillant et très brulant ;
- Les fruits de néré (Parkia biglobosa) et
de karité (Vitellaria paradoxa), mûrissent ;
- On trouve de l'humidité sous les pierres les matins et
dans les rivières taries ;
- Les feuilles Acacia albida jaunissent et tombent ;
- Les mouvements des nuages sont orientés du sud vers le
nord ;
- La cigale crie intempestivement (stridule) dans la
journée ;
- Le chevalier guigette (Actitis hypoleucos), oiseau au
chant composé de séries de trilles,
chante les louanges de labours le matin et le soir.
|
Source : Idiéti (2004) + Résultats
d'enquêtes, 2009
106
Il est à noter que ces perceptions populaires sont
identiques dans les deux HER identifiées. Ce qui justifie la non
distinction des perceptions des populations locales de chaque HER dans le
tableau IX.
Bien que composé des saisons intermédiaires ou
intersaisons selon les populations locales, le rythme pluviométrique
saisonnier des HER du bassin versant béninois de la Pendjari connait
parfois des perturbations liées aux aléas climatiques, en
l'occurrence les retards de pluie, les sécheresses et les excès
pluviométriques. Dans le cas des sécheresses, les
premières pluies arrivent parfois abondamment puis régressent
avant les mois les plus pluvieux ; dans les autres cas, on enregistre soit un
manque de pluies, soit une abondance de pluies, pendant longtemps.
La succession de ce rythme pluviométrique sur une
série d'années donnée est perçue par les
scientifiques comme la variation ou variabilité interannuelle de la
pluviométrie.
? Variabilité interannuelle de la
pluviométrie dans les HER du bassin versant béninois de la
Pendjari
Les hauteurs de pluies dans le bassin versant de la Pendjari
sont comprises entre 691,0 mm et 1508,6 mm par an dans l'HER de Gourma et entre
866,7 mm et 1768,2 mm par an dans l'HER de l'Atacora (sur la période
1961 - 2006).
Totin et al. (2010) avaient déjà
démontré que l'évolution des hauteurs de pluie montre que
le bassin béninois de la Volta (auquel appartient le bassin versant de
la Pendjari) connaît une forte variabilité pluviométrique
et une rupture de stationnarité du champ de pluie annuel entraîne
une variation à la baisse des pluies mensuelles.
Dans les HER de Gourma et de l'Atacora, l'évolution
interannuelle des pluviométries ont connu des ruptures intervenues en
1975 et en 1993. Des marques de changement ont été
exprimées par le mode de la fonction densité de
probabilité "a posteriori" de la position du point de rupture : 0,39 en
1969 à Natitingou et 0,07 en 1993 à Tanguiéta ; mode mis
en évidence par la méthode bayésienne de Lee et Heghinian.
La figure 24 présente les ruptures de stationnarité des
pluviométries annuelles détectées dans les
Hydro-écorégions du bassin de la Pendjari sur la période
1961-2006.
107
Figure 24 : Ruptures de stationnarité des
pluviométries annuelles dans les Hydro-
Ecorégions du bassin de la Pendjari au Bénin
sur la période 1961-2006 Source : Résultats de
traitement des données avec KHRONOSTAT 1.01
L'étude de la variabilité interannuelle des
indices pluviométriques montre aussi une baisse sensible dans les
années 1970 et une remontée dans les années 1990 dans les
deux hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari. Mais de
façon générale, on observe une tendance à la baisse
progressive des pluies de 1961 à 2006. La comparaison des tendances en
pourcentage montre que la tendance à la baisse des pluies est plus
élevée dans l'HER de l'Atacora (0,08% à Natitingou) que
dans l'HER de Gourma (0,01% à Tanguiéta). Les résultats du
test de significativité des tendances observées ont montré
que la tendance à la baisse des pluviosités observée dans
l'HER de l'Atacora est significative : la statistique de Student U =
2,58 (pour la station de Natitingou) est supérieur à 1,96 au
risque de 5% suivant la loi normale ; d'où l'hypothèse H0 (la
tendance dans la série n'est pas significative) est rejetée.
Quant à la tendance à la baisse des
pluviosités observée dans l'HER de Gourma, elle n'est
significative : la statistique de Student U = 1,73 (pour la station de
Tanguieta) est inférieur à 1,96 au seuil de 5% suivant la loi
normale ; d'où l'hypothèse H0 (la tendance dans la série
n'est pas
108
significative) n'est pas rejetée.
L'explication à donner à cette situation n'est
pas aisée par les mécanismes atmosphériques. On est
tenté de la lier aux effets de versant au vent et versant sous le vent
expliqués plus haut, mais lesdits effets expliquent plutôt la
différence de pluviosité entre l'HER de l'Atacora et l'HER de
Gourma, et non la différence ou la significativité de tendance.
La seule raison probable à cette situation est que l'HER de Gourma
étant en grande partie occupée par l'aire protégée
(la RBP), a une couverture végétale moins dégradée
que l'HER de l'Atacora. Cette couverture végétale aurait un effet
atténuant les sécheresses dans le milieu et en l'occurrence sur
la tendance à la baisse de la pluviosité.
La figure 25 souligne trois (03) séquences de
variabilité dans chaque HER : une première séquence (S1)
de 1961-1975 marquée par de pluviométries plus ou moins
abondantes avec une tendance à la baisse plus ou moins faible ; une
seconde séquence (S2) marquée par une baisse drastique des
pluviométries de 1976-1993, avec une tendance à la bisse
très prononcée ; et enfin une troisième séquence de
1993-2006 marquée par une remontée relative des
pluviométries avec une tendance à la hausse plus ou moins
faible.
S1
S3
S1 S2
S2 S3
Figure 25: Variabilité interannuelle et
tendance pluviométrique dans les hydro-écorégions du
bassin de la Pendjari
Source de données : ASECNA, 2009
109
De façon générale, on note une diminution
progressive des quantités de pluies de 1961 à 2006. La
sous-période 1961-1975 est marquée par les pluviométries
excédentaires suivie d'une sous-période (1976-1993) à
pluviométries déficitaires et une reprise de pluviométries
excédentaires autant que déficitaires de 1994 à 2006. Ce
qui confirme la récession pluviométrique à partir des
années 1970, démontré par les études
antérieures de Boko (1988), Afouda (1990) et Houndénou (1999).
Ces périodes excédentaires et déficitaires sont du fait
des manifestations des phénomènes exceptionnels notamment les
sécheresses et les excédents de pluies.
La répartition des années déficitaires ou
de sécheresse et à pluviométries excédentaires
enregistrées dans les hydro-écorégions du bassin versant
de la Pendjari, pendant la période 19612006, a été
déterminée par la méthode de classement des indices
pluviométriques (Figure 26 et Annexe 1b).
Figure 26 : Répartition temporelle des
années exceptionnelles enregistrées dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari de 1961
à 2006
Source de données : ASECNA, 2009
110
Il ressort de l'analyse de la figure 25 que les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari ont connu des
proportions différentes d'années de sécheresse (13% pour
l'HER de Gourma et 15% pour l'HER de l'Atacora) mais les mêmes
proportions d'années à pluviométrie excédentaire
(17%) sur la période 1961-2006.
Il faut remarquer à partir de la figure 25 que presque
toutes les années de sécheresse sont dans la période de
1975-1993 aussi bien dans l'HER de Gourma que dans l'HER de l'Atacora.
Les sécheresses et les excédents de pluies sont
des phénomènes qui impactent considérablement les
écosystèmes naturels. En effet, les excédents
pluviométriques génèrent des inondations mais favorisent
le développement des écosystèmes aquatiques et forestiers.
Quant aux sécheresses, elles entrainent le manque d'eau et la
destruction des écosystèmes (tarissement des cours et plans
d'eau, assèchement des forêts et savanes, prédation,
migration ou disparition de la faune aquatique et terrestre, etc.)
Brou (2005), recherchant la relation entre climat et dynamique
des écosystèmes dans le V-Baoulé
(Côte d'Ivoire), conclut que l'importance des déficits
pluviométriques est susceptible de fragiliser les
écosystèmes de forêt et de savane, surtout à
l'occasion des années «anormalement sèches». Ce serait
le cas dans les hydro-écorégions du bassin versant de la
Pendjari, surtout dans la période 1975-1993. Quels en sont les
déficits pluviométriques au niveau de chaque
hydro-écorégion ?
? Déficits pluviométriques dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari
Ils résultent de la répartition comparée
des pluviométries des sous-périodes 1961-1975 et 19762006. En
effet, les mois de la saison pluvieuse y compris le mois post-humide
(avril/mai, juin, juillet, août, septembre et octobre) fournissement en
moyenne 96% et 92% de la pluviométrie moyenne annuelle de la
période 1961-2006, respectivement dans les
hydro-écorégions de l'Atacora et de Gourma. L'étude
comparée des deux sous-périodes permet de mettre en
évidence la baisse marquée des hauteurs de pluies
saisonnières sur la sous-période 1976-2006. La figure 27
présente les pluviométries saisonnières des
sous-périodes 1961-1975 et 1976-2006.
111
Figure 27 : Pluviométries saisonnières des
sous-périodes 1961-1975 et 19762006 dans les Hydro-Ecorégions du
bassin de la Pendjari
Source de données : ASECNA, 2009
La figure 26 montre que les pluviométries
saisonnières de la sous-période 1976-2006 est nettement
déficitaire par rapport à celle de 1961-1975 dans les deux
hydro-écorégions. Le mois d'avril parait plus pluvieux dans l'HER
de l'Atacora que dans celle de Gourma. La prise en compte de l'ETP (Figure 27
et 28) permet de savoir que le mois d'avril est pourtant un mois sec dans les
deux HER. Il s'observe que les pluviométries mensuelles de l'HER de
l'Atacora sont nettement supérieures à celles de l'HER de Gourma.
Les déficits pluviométriques des mois pluvieux (mai, juin,
juillet, août, septembre, octobre) ont été
déterminés (Tableau X et XI).
Tableau X : Déficit de la pluviosité
mensuelle dans l'HER de l'Atacora (Natitingou)
Mois
|
pluviosité moyenne (mm)
|
Ecart
|
Déficit
|
1961-2006
|
1961-1975
|
1976-2006
|
avril
|
79,4
|
89,6
|
74,4
|
-15,1
|
-16,9%
|
mai
|
121,2
|
119,7
|
122
|
2,2
|
1,8%
|
juin
|
145,4
|
143,8
|
146,1
|
2,3
|
1,6%
|
juil.
|
213,8
|
265
|
189
|
-76
|
-28,7%
|
aout
|
272
|
286
|
265,3
|
-20,7
|
-7,2%
|
sept.
|
246
|
273,3
|
232,8
|
-40,5
|
-14,8%
|
oct.
|
104,2
|
125,7
|
93,8
|
-31,8
|
-25,3%
|
Totaux
|
1102,6
|
1213,5
|
1049
|
-164,5
|
-13,8%
|
Source : Résultats e traitement des
données
112
Tableau XI : Déficit de la pluviosité
mensuelle dans l'HER de Gourma (Tanguiéta)
Mois
|
pluviosité moyenne (mm)
|
Ecart
|
Déficit
|
1961-2006
|
1961-1975
|
1976-2006
|
mai
|
103,6
|
106,2
|
102,4
|
-3,8
|
-3,7%
|
juin
|
135,6
|
140,3
|
133,3
|
-7,0
|
-5,2%
|
juil.
|
193,7
|
202,9
|
189,3
|
-13,6
|
-7,2%
|
août
|
230,2
|
247,2
|
222,0
|
-25,2
|
-11,3%
|
sept.
|
233,7
|
252,1
|
224,8
|
-27,4
|
-12,2%
|
oct.
|
90,2
|
85,9
|
92,2
|
6,4
|
6,9%
|
Totaux
|
987,0
|
1034,5
|
964,0
|
-70,6
|
-7,3%
|
Source : Résultats e traitement des
données
Les tableaux X et XI montrent que le déficit des mois
pluvieux de la sous-période 1976-2006 par rapport à la
sous-période 1961-1975 est de 13,8 % dans
l'hydro-écorégion de l'Atacora et 7,3% dans
l'hydro-écorégion de Gourma. Tous les mois pluvieux ont connu de
déficit à l'exception des mois de mai et juin dans l'HER de
l'Atacora et du mois d'octobre dans l'HER de Gourma. Malgré que deux
mois sur sept n'aient pas été déficitaires, l'HER de
l'Atacora a connu le plus fort déficit par rapport à l'HER de
Gourma. Le mois de juillet est marqué par la plus forte
péjoration pluviométrique observée dans
l'hydro-écorégion de l'Atacora avec un déficit de 28,7 % ;
tandis que dans l'hydro-écorégion de Gourma, c'est le mois de
septembre qui est marqué par la plus forte péjoration
pluviométrique avec un déficit pluviométrique de 12,2
%.
Ce sont ces déficits qui expliquent les tendances
à la baisse de la pluviométrie observée sur la
période de 1961 à 2006 dans chacun des
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari. L'analyse de
la variabilité du bilan climatique a permis de mettre en évidence
les périodes saisonnières sèches ou humides et les
années sèches ou humides ; et de comprendre le mécanisme
et l'ampleur des déficits pluviométriques observés dans
les hydro-écorégions du bassin versant béninois de la
Pendjari.
? Bilans climatiques dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari
Les déficits pluviométriques analysés
plus haut indiquent que les quantités d'eau tombée par an
subissent des régressions. De ce fait, on peut estimer les pertes d'eau
pluviale dans chaque hydro-écorégion suivant la méthode
des bilans climatiques (interannuel et mensuel) indiquée pus haut.
113
? Bilan climatique mensuel
Le bilan climatique a été réalisé
au pas de temps mensuel dans chaque hydro-écorégion du bassin
versant béninois de la Pendjari à partir de la pluviosité
et l'ETP mensuelles.
La figure 28 permet d'abord de constater que le bilan
climatique est identique dans les deux hydro-écorégions et
ensuite d'identifier deux périodes opposées dans une même
année :
- une période de huit mois (octobre à mai)
où le bilan climatique est négatif. Ce sont les mois secs
où la demande évaporatoire de l'atmosphère est très
importante, avec un fort amenuisement et même l'assèchement des
réserves d'eau du sol et l'assèchement précoce des cours
d'eau comme l'avait aussi signalé Vissin (2007) dans le bassin du fleuve
Niger au Bénin.
- et une période de quatre mois (juin à
septembre) où le bilan climatique est positif. Ce sont les mois humides
qui fournissent de surplus d'eau aux rivières et favorisent
l'alimentation des réservoirs souterrains des
hydro-écorégions
Figure 28 : Bilan climatique mensuel dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari
Source de données : ASECNA, 2009
Le bilan climatique mensuel comparé entre les
sous-périodes 1961-1975 et 1976-2006 permet d'évaluer les
déficits observés plus haut. La figure 29 montre une baisse
marquée du bilan climatique de la sous-période 1976-2006 par
rapport à la sous-période 1961-1975 dans les deux
Hydro-Ecorégions. Les mois humides (juin, juillet, août et
septembre) connaissent des déficits climatiques sensibles dans la
sous-période 1976-2006 et les mois secs sont devenus davantage secs.
Dans l'hydro-écorégion de l'Atacora, le mois d'octobre est
passé d'humide dans la sous-période 1961-1975 à sec dans
la sous-période 1976-2006 ; parce que ayant subi `important
déficit (25,3%).
114
Figure 29 : Variation du bilan climatique sur les
sous-périodes 1961-1975 et 1976-2006 dans les Hydro-Ecorégions du
bassin versant de la Pendjari
Source de données : ASECNA, 2009
Dans ce contexte, il convient de suivre l'évolution du
bilan climatique interannuel pour pouvoir apprécier les déficits
hydrique annuels.
? Bilan climatique interannuel
A l'échelle de temps annuelle, le bilan climatique est
déficitaire pour toute la période 1961-2006 dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari (figure 30).
Figure 30 : Bilan climatique interannuel (1961-2006) dans les
hydro-écorégions du bassin versant béninois de la
Pendjari
Source de données : ASECNA, 2009
La figure 30 montre que l'évapotranspiration
potentielle annuelle est supérieure à la pluie totale annuelle
quelle que soit l'année considérée dans
l'hydro-écorégion de Gourma. Dans l'hydro-
115
écorégion de l'Atacora, seules deux
années (1968 et 1978) sur toute la période, ont connu un bilan
climatique annuel positif (P > ETP).
Cela peut s'expliquer par deux raisons fondammentales :
- l'ETP est permanente toute l'année alors que la pluie
est saisonnière ;
- l'ETP a plusieurs sources telles que l'eau du sol, la
végétion et les masses d'eau, etc. alors que la pluie n'a qu'une
seule source (les nuages pluvieux).
Il y a donc plus de perte d'eau dans l'atmosphère par
évapotranspiration que de disponibilité d'eau au sol par la pluie
dans les hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari. Cela
explique les contraintes climatiques majeures que subissent les
écosystèmes (Amoussou, 2010) des hydro-écorégions
du bassin. Les conséquences immédiates de ces contraintes sont
observées sur l'écoulement après l'étude sur la
variabilité hydrologique.
4-1-1-2- Variabilité hydrologique dans les
hydro-écorégions du bassin de la Pendjari
L'étude de la variabilité hydrologique consiste
à analyser la variabilité mensuelle et interannuelle de
l'écoulement, les déficits d'écoulement et les liens entre
les variations de l'écoulement et celles pluviométriques. Ces
analyses permettent de caractériser le bilan hydrologique dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari. Il faut
signaler que chacun des hydro-écorégions ne dispose pas d'une
station hydrométrique ; les stations hydrométriques disponibles
(Porga et Tiélé) dans le bassin sont tous deux
géographiquement situées dans l'hydro-écorégion de
Gourma. Les eaux de l'hydro-écorégion de l'Atacora rejoignent la
station de Porga. C'est pourquoi les données de la seule station de
Porga ont été utilisées pour analyser la
variabilité hydrologique des deux hydro-écorégions du
bassin.
? Variation mensuelle de l'écoulement dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari
Le rythme mensuel de l'écoulement est exprimé
par l'évolution saisonnière des débits. L'analyse de la
répartition mensuelle des débits enregistrés à la
station hydrométrique de Porga a permis de caractériser la
variabilité hydrologique mensuelle dans les
hydro-écorégion du bassin versant de la Pendjari.
La figure 31 présente la variation mensuelle des
débits dans les hydro-écorégions du bassin versant de la
Pendjari sur la période de 1961 à 2006.
116
Figure 31 : Variation mensuelle des débits dans
les hydro-écorégions du bassin versant béninois de la
Pendjari.
Source de données : Service d'hydrologie, DG-Eau,
2010
La figure 31 indique que les mois de janvier, février,
mars, avril, mai et décembre sont caractérisés par des
débits presque nuls : c'est la période d'étiage.
L'écoulement intervient à partir du mois de juin jusqu'en
novembre : c'est la période des hautes eaux. Elle commence en juin,
atteint son maximum en septembre et baisse à partir du mois d'octobre.
Le mois de septembre est ainsi le mois de crue où les eaux
débordent le lit de la rivière Pendjari (Photo 6). De
décembre à mai, les cours d'eau s'assèchent, même la
rivière Pendjari laissent des marigots par endroits et se
présente sous forme de chapelet (Photo 7).
Photo 6 : Rivière Pendjari en crue à Porga
pendant la saison pluvieuse
Observez de l'eau ayant atteint les feuillages des arbres de la
galerie forestière. Source : Cliché IDIETI M. E., Octobre
2010
117
Photo 7 : Rivière Pendjari en étiage à
Porga pendant la saison sèche
Observez au premier plan une partie du lit de la
rivière Pendjari asséchée et en arrière-plan, un
marigot.
Source : Cliché IDIETI M. E., Janvier 2009
? Variabilité interannuelle de
l'écoulement dans les hydro-écorégions du bassin versant
de la Pendjari
L'étude de l'évolution interannuelle des
débits moyens annuels (figure 32) a permis d'analyser la
variabilité interannuelle de l'écoulement des
hydro-écorégions du bassin versant béninois de la Pendjari
sur la période de 1961 à 2006.
Figure 32 : Variabilité interannuelle de
l'écoulement dans les hydro-écorégions du bassin versant
béninois de la Pendjari
Source de données : Service d'hydrologie, DG-Eau,
2010
118
La figure 32 permet d'observer une démarcation de trois
sous-périodes d'évolution de l'écoulement qui
correspondent à celles obtenues avec les hauteurs de pluies :
- une sous-période de 1961 à 1975 marquée
les plus forts débits avec des crues pendant les années 1962,
1963, 1964, 1968, 1969,1970 et 1974 ;
- une sous-période de 1976-1993 marquée par de
faibles débits d'écoulement avec les années de
sécheresse pendant les années 1983, 1984, 1987, 1990, 1991 et
1992 et ;
- une sous-période marquée par autant de
débits forts que de débits faibles de 1994 à 2006. Cette
sous-période a connu trois années de crue (1994, 1998, 1999) et
une année de sécheresse (1997).
De façon générale, à l'instar de
la pluviométrie, l'écoulement dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari connait une
baisse de 1961 à 2006. Cette baisse s'explique par les déficits
connus depuis les années 1970 malgré la reprise relative
observée vers les années 1990.
Le tableau XII présente les déficits hydriques
de l'écoulement enregistrés dans le bassin de la Pendjari.
Tableau XII : Déficit de l'écoulement dans
le bassin de la Pendjari
Mois de crue
|
Débits moyens
|
Ecart Déficit
|
|
|
1961-2006
|
1961-1975
|
1976-2006
|
|
|
Juin
|
9,0
|
9,3
|
8,9
|
-0,5
|
-5%
|
Juillet
|
28,9
|
38,7
|
24,2
|
-14,5
|
-37%
|
Août
|
117,3
|
165,6
|
93,9
|
-71,7
|
-43%
|
Septembre
|
235,5
|
329,7
|
189,9
|
-139,8
|
-42%
|
Octobre
|
158,4
|
247,9
|
115,1
|
-132,8
|
-54%
|
Novembre
|
26,7
|
39,1
|
20,7
|
-18,4
|
-47%
|
Moy.
|
96,0
|
138,4
|
75,4
|
-62,9
|
-45%
|
Source : Résultats de traitement des
données
Le tableau XII montre que les mois de hautes eaux ont connu de
grands déficits d'écoulement pendant la sous-période
1976-2006 par rapport à la sous-période 1961-1975. La moyenne
générale des déficits est de 45 %.
Ce sont ces déficits qui expliquent la tendance
à la baisse de l'écoulement observée sur la période
d'étude (1961 à 2006) dans les hydro-écorégions du
bassin versant de la Pendjari.
L'analyse du bilan hydrologique a permis de comprendre
l'influence de la variabilité pluviométrique sur
l'écoulement observé dans les hydro-écorégions du
bassin versant béninois de la Pendjari.
119
? Bilans hydrologiques dans les
hydro-écorégions du bassin versant béninois de la
Pendjari
Il s'agit de l'évaluation de la quantité d'eau
disponible dans les hydro-écorégion du bassin versant
béninois de la Pendjari à travers l'analyse comparée entre
les hauteurs de pluie, l'écoulement (débit),
l'évapotranspiration réelle (ETR) et l'infiltration. Les
déficits enregistrés au niveau de ces différents
paramètres entre les sous-périodes 1961-1975 et 1976-2006 sont
également évalués et comparés. Le tableau XIII
présente l'évolution comparée des fluctuations des termes
du bilan hydrologique dans les hydro-écorégions du bassin versant
de la Pendjari sur la période 1961-2006.
Tableau XIII : Bilan hydrologique dans les
Hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari sur la
période 1961-2006
Termes du bilan hydrologique
|
HER DE l'ATACORA
|
HER DE GOURMA
|
|
1961-2006 (mm)
|
1231,2
|
1068,5
|
|
1961-1975 (mm)
|
1348,1
|
1131,8
|
Pluies
|
1976 - 2006 (mm)
|
1174,7
|
1037,9
|
|
Ecart
|
- 173,5
|
- 93,9
|
|
Déficit
|
- 12,9%
|
- 8,3%
|
|
1961-2006 (mm)
|
1074,4
|
971,4
|
|
1961-1975 (mm)
|
1131,0
|
1006,4
|
Evapotranspiration
|
|
|
|
réelle (ETR)
|
1976 - 2006(mm)
|
1047,1
|
954,4
|
|
Ecart
|
- 83,9
|
- 51,9
|
|
Déficit
|
- 7,4%
|
- 5,2%
|
|
1961-2006 (mm)
|
66,0
|
66,0
|
|
1961-1975 (mm)
|
97,4
|
97,4
|
Ecoulement
|
1976 - 2006 (mm)
|
50,9
|
50,9
|
|
Ecart
|
- 46,6
|
- 46,6
|
|
Déficit
|
- 47,8%
|
- 47,8%
|
|
1961-2006 (mm)
|
90,8
|
31,1
|
|
1961-1975 (mm)
|
119,7
|
28,0
|
Infiltration
|
1976 - 2006(mm)
|
76,8
|
32,6
|
|
Ecart
|
- 43,0
|
+ 4,6
|
|
Déficit
|
- 35,9%
|
+ 16,6%
|
Source : Résultats de traitement des
données
120
L'analyse du tableau XIII permet de dire que le déficit
pluviométrique observé dans les hydro-écorégions
entre les sous-périodes 1961-1975 et 1976-2006 est de 12,9 % dans
l'hydro-écorégion de l'Atacora et de 8,3 % dans
l'hydro-écorégion de Gourma.
Le déficit d'écoulement dans les deux
hydro-écorégions entre les deux sous-périodes 47,8%, soit
plus de trois fois dans l'hydro-écorégion de l'Atacora et plus de
cinq fois dans l'hydro-écorégion de Gourma.
La baisse de la pluviométrie entre les deux
sous-périodes a également des répercussions sur
l'infiltration (ou recharge) dans les deux hydro-écorégions. Le
déficit de l'infiltration est de 35,9% dans
l'hydro-écorégion de l'Atacora alors la valeur obtenue dans
l'hydro-écorégion de Gourma (+16,6%) indique qu'il n'y a pas de
déficit d'infiltration. Cela peut s'expliquer d'une part par le fait que
l'infiltration a été plus élevée dans la
sous-période 1976-2006 que pendant celle 1961-1975 ; et d'autre part par
la nature du substratum géologique qui a un effet considérable
sur l'écoulement.
Ce qui nous amène à analyser les
déterminants géophysiques de la dynamique des
écosystèmes naturels pour mieux élucider la variation du
coefficient d'écoulement dans les hydro-écorégions du
bassin versant de la Pendjari.
? Coefficients d'écoulement
Les moyennes annuelles calculées des coefficients
d'écoulement sont de 5,4% l'hydro-écorégion de l'Atacora
et 6,2% dans l'hydro-écorégion de Gourma sur toute la
période d'étude (19612006). Ces coefficients sont apparemment
faibles par rapport aux quantités moyennes de pluies tombées par
an (1068,5 mm et 1231,2 mm).
La figure 32 présente la variation des coefficients
annuels d'écoulement de 1961 à 2006 dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari. Le coefficient
d'écoulement varie entre 0,3% et 10,0% dans
l'hydro-écorégion de l'Atacora tandis que dans celle de Gourma,
il varie entre 0,3% et 12,6%.
On observe sur la figure 33 une diminution des valeurs du
coefficient d'écoulement annuel de 1961 à 2006, dans les deux
hydro-écorégions, mais la diminution est plus marquée dans
l'hydro-écorégion de Gourma que dans celle de l'Atacora.
121
Figure 33 : Variation des coefficients
d'écoulement annuels de 1961 à 2006 dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la
Pendjari
Source : Résultats de traitement des
données
Sur la base des valeurs de ces coefficients
d'écoulement et de leur évolution temporelle, on peut dire que
les déterminants géophysiques, notamment le substratum
géologique et la couverture agro-pédologique ont une influence
sur l'écoulement dans les hydro-écorégions du bassin
versant de la Pendjari et par ricochet sur la dynamique des
écosystèmes naturels.
4-1-2- Déterminants géophysiques de la
dynamique des écosystèmes naturels
4-1-2-1- Substratum géologique et
écoulement des eaux
Il s'agit de l'influence du substratum géologique sur
l'écoulement des eaux dans les hydro-écorégions du bassin
versant de la Pendjari.
En effet, la géologie de
l'hydro-écorégion de l'Atacora est caractérisée par
des roches métamorphiques composées de grès, de
quartzites, de schistes, de micaschistes, de gneiss,
etc. et une structure tectonique
faite de chevauchements et de charriage (Conf. Pages 20-21). Les failles et les
contacts tectoniques constituent le réseau de fracturation. On y trouve
plusieurs types d'aquifères de fissures à des profondeurs
variables entre moins de 40 mètres et moins de 80 mètres (DH,
2000 ; Idiéti, 2004). Ce qui démontre le caractère
perméable du substratum géologique de
l'hydro-écorégion de l'Atacora et confirme la faible valeur du
coefficient d'écoulement (5,4%) par rapport à celui de
l'hydro-écorégion de Gourma (6,2%).
122
Ces caractéristiques géologiques (la lithologie
et la structure tectonique) sont les principaux facteurs du substratum qui
influence l'écoulement. Cette influence se manifeste à travers la
perméabilité du substratum, perméabilité qui
intervient sur les débits de crue et d'étiage.
Un bassin à substratum perméable retient de
l'eau plus aisément et assure plus longtemps un débit de base en
période sèche (Musy et Higy, 2003). Ce qui n'est pas le cas dans
l'hydro-écorégion de l'Atacora ; on assiste plutôt à
un assèchement rapide des cours d'eau après les pluies. Cela
s'explique par le fait que l'infiltration qui se produit contribue à
alimenter les nappes aquifères souterraines qui alimentent les sources
d'eau (nombreuses dans le secteur) et qui sont souvent captées lors des
forages pour l'eau potable. Aussi les pentes du relief qui sont fortes dans
cette hydro-écorégion constituent un facteur considérable
dans l'appréciation de l'écoulement et de l'infiltration autant
que de la dynamique des écosystèmes naturels.
Quant à la géologie de
l'hydro-écorégion de Gourma, elle est caractérisée
par les alluvions récentes argilo-sableuses, des alluvions anciennes
faites d'Argilites, de silts et grès fins, et des
dépôts sédimentaires argilo-sableux faiblement
fissurés avec des plaquages et des blocs latéritiques. Elle a une
structure tectonique fait de chevauchements (Conf. Pages 20-21). Ce qui
démontre le caractère peu perméable du substratum
géologique de l'hydro-écorégion de Gourma et confirme la
forte valeur du coefficient d'écoulement (6,2%) par rapport à
celui de l'hydro-écorégion de l'Atacora (5,4%). Un bassin
à substratum imperméable présente une crue plus rapide et
plus violente qu'un bassin à substratum perméable (Musy et Higy,
2003). En effet les argilites et dépôts argilo-sableux sont des
roches à caractères argileux qui après absorption de
l'eau, deviennent imperméables à l'infiltration de l'eau. Ce qui
explique les faibles valeurs d'infiltration (31,1mm contre 90,8mm) obtenues
dans le bilan hydrologique (Tableau XIII) par rapport
l'hydro-écorégion de l'Atacora.
Par contre, cette capacité d'absorption et de
rétention de l'eau est un facteur favorisant l'écoulement
souterrain contribuant aussi faiblement soit-il à l'apport de
l'écoulement souterrain dans l'écoulement général
de l'hydro-écorégion.
4-1-2-2- Influence du relief sur l'écoulement et
dynamique des écosystèmes naturels
Le relief et les pentes sont des facteurs déterminants
qui, à l'instar du substratum géologique, influencent
considérablement l'écoulement dans les bassins versants.
En effet, le relief de l'hydro-écorégion de
l'Atacora est la chaîne de l'Atacora qui culmine à plus de 600 m.
A la hauteur de Toukountona, la chaîne donne deux chaînons qui
encadrent la haute plaine. Celle-ci (la haute plaine) s'élargit du
sud-ouest au nord-est et atteint 6 km de large à Toukountouna, et
s'incline de 400 m à moins de 200 m au nord-ouest du village de
Séri. Les
123
marigots, très encaissés, possèdent
parfois un lit majeur étroit, quelques mètres au-dessus du niveau
d'étiage. Les pentes sont très fortes (de 4,3% à 77% dont
la moyenne générale est de 14,5%) et sont à la base des
torrents.
Quant au relief de l'hydro-écorégion de Gourma,
il s'agit d'une vaste pénéplaine où l'on observe des
glacis (vastes étendues planes légèrement
inclinées). Elle s'incline doucement vers l'ouest de 400 mètres
à moins de 160 mètres d'altitude au-delà des collines du
Buem qui rompent sa continuité. Ces collines à fortes pentes
provenant des grès quartzites et jaspes du Buem s'abaissent
progressivement du sud-ouest au nord-est et disparaissent au-delà de
Dassari, mais sur le terrain, les grès quartzites continuent d'affleurer
; elles réapparaissent dans le Parc-Pendjari avant de disparaître
complètement à l'ouest de Konkombri. Les rivières ont un
lit mineur large, très plat et un lit majeur à peine
marqué entaillant les schistes altérés. Les berges de ces
rivières sont abruptes et constituées de blocs et gravillons
rocheux pauvres en argile et donc perméables ; d'où la faible
rétention en eaux de surface et la non pérennité des
écoulements (Agbossou et Akoundé, 2001). Les affluents des
rivières ne possèdent pas en général de lit mineur.
A proximité de la rivière Pendjari et au nord-est de la route
Porga-Tanguiéta, le paysage est extrêmement déprimé,
à peine dominé par quelques cuirasses qui, à une cote de
180 m, marquent les restes du bas glacis aujourd'hui démantelé
(INRAB, 1997). Les pentes varient entre 0,2% et 4,3% et l'inclinaison
générale est de 4,1% de l'est vers l'ouest. Ces pentes sont
relativement faibles et susceptibles de favoriser l'infiltration et la
stagnation des eaux pluviales ; ce qui contribuerait à
l'écoulement hypodermique. Cela fait partie aussi des raisons de la
valeur du coefficient d'écoulement (6,2%) plus élevée que
celle de l'hydro-écorégion de l'Atacora (5,4%).
Facteurs de ruissellement de l'eau, les pentes constituent la
cause de l'érosion du sol par les eaux pluviales. L'érosion est
la principale cause de la dégradation des écosystèmes
naturels (comblement ou envasement des cours d'eau, appauvrissement des sols,
dégradation de la végétation, etc.). Elle se manifeste
soit par dissolution et lessivage par l'eau stagnée ou infiltrée
des composantes minérales du sol ou de roches (c'est l'érosion
géologique), soit par détachement de fragments ou particules de
sol ou de roches de leur emplacement initial (c'est l'érosion pluviale
ou éolienne). Ces deux dernières formes d'érosion sont
d'origine naturelle et sont le plus souvent favorisées et
accentuées par les activités humaines (pratiques agricoles,
exploitations forestières, pâturages, constructions de routes et
de bâtiments).
Les sols influencent aussi l'écoulement et constituent
également un facteur de la dynamique des écosystèmes
naturels.
124
4-1-2-3- Sols et écoulement des eaux des
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari La
nature du sol intervient sur la vitesse de montée des eaux des masses
d'eau.
Les sols de l'hydro-écorégion de l'Atacora sont
des sols ferrugineux tropicaux peu lessivés sur quartzite et micaschiste
et sur gneiss à muscovite et à deux micas, des sols peu
évolués sur quartzite et micaschistes, etc. sans oublier les
dalles imperméables de pierres et de cuirasses. Ces sols sont
très peu profonds et ont la propriété de se compacter en
pellicules imperméables une fois imbibés d'eau. Ce qui ralentit
l'infiltration et réduit le coefficient d'écoulement (qui serait
peut-être plus élevée que les valeurs obtenues plus haut).
L'infiltration y est favorisée par les fractures et les fissures des
roches.
Quant aux sols de l'hydro-écorégion de Gourma,
ce sont des sols ferrugineux tropicaux lessivés hydromorphes sur
schistes, des sols ferrugineux tropicaux lessivés indurés sur
schistes, des sols ferrugineux tropicaux lessivés avec ou sans
concrétions, des sols peu évolués hydromorphes, sur
matériau alluvial, etc. On y rencontre aussi parfois des dalles
imperméables de cuirasses. Ces sols sont également peu profonds
mais un peu plus que ceux de l'hydro-écorégion de l'Atacora. Ils
ont aussi la propriété de se compacter une fois imbibés
d'eau et deviennent plus ou moins imperméables en raison de la
présence de l'argile et des schistes.
Les sols étant le support du couvert
végétal, des plans d'eau et des activités humaines, les
comportements de ces derniers, les uns envers les autres influent
énormément sur l'écoulement dans les
hydro-écorégions du bassin.
Ces comportements sont élucidés à travers
l'étude des déterminants socio-économiques de la dynamique
des écosystèmes naturels des hydro-écorégions du
bassin versant de la Pendjari.
4-2- Déterminants socio-économiques de la
dynamique des écosystèmes naturels
Les déterminants socio-économiques de la
dynamique des écosystèmes naturels dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari sont d'abord
analysés à partir d'une étude diachronique de l'occupation
du sol du bassin. Ensuite les déterminants sociaux, culturels et
économiques ont été successivement décrits.
4-2-1- Analyse de la dynamique des
écosystèmes naturels dans le bassin de la Pendjari
L'étude diachronique de l'occupation spatiale des
hydro-écorégions du bassin versant béninois de la Pendjari
a été réalisée pour évaluer les
modifications des différentes unités d'occupation du sol entre
deux (02) périodes (1972-1990 et 1990-2006). Pour ce faire,
l'interprétation des images satellitaires et le contrôle terrain
ont permis la réalisation des cartes d'occupation du sol des
années 1972,1990 et 2006 du bassin versant de la Pendjari comme
l'illustrent les figures 34, 35 et 36 et le tableau XV. Les analyses ont
concerné une superficie totale de 10001,76 km2
d'unités
125
d'occupation du sol regroupés en trois
catégories d'utilisation des terres à savoir : les espaces
naturels peu exploités, les espaces agricoles où dominent les
activités rurales et les espaces urbanisés
caractérisés par les habitations. Les cartes comportent les trois
différentes catégories ou types d'utilisation des terres
détaillées en unités d'occupation du sol. Les
unités d'occupation du sol sont : les bas-fonds constitués par
l'ensemble des prairies, des marécages et/ou des savanes herbeuses ; les
forêts denses qui regroupent les galeries forestières et les
îlots de forêts ; les savanes saxicoles qui sont en fait les
savanes arborées et savanes arbustives des montagnes ; les champs et les
jachères ; les affleurements rocheux ; les plans d'eau ; les plantations
et les agglomérations.
L'analyse des figures 34, 35 et 36 permet de ressortir les
différents types d'évolution des unités d'occupation du
sol dans les hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari
entre les deux périodes.
|
Figure 34 : Occupation de l'espace du bassin versant
béninois de la Pendjari en 1972
|
Figure 35 : Occupation de l'espace du bassin versant
béninois de la Pendjari en 1990
|
Figure 36: Occupation de l'espace du bassin
versant béninois de la Pendjari en 2006
126
|
127
La figure 36 montre une reconstitution da la savane
boisée dans la partie nord de l'HER de l'Atacora alors que ces
mêmes formations ont connu une régression dans l'HER de Gourma.
Cela peut s'expliquer par le fait que l'amélioration et le renforcement
de la protection de la faune dans le parc Pendjari a entrainé une
augmentation des mammifères. Le tableau XIV montre l'exemple de la
croissance de quelques mammifères dans le Parc Pendjari en trois ans
(20042006). Ce qui a entrainé la réduction des formations
boisées dans l'HER de Gourma au profit de la savane qui est un milieu
favorable à la vie des mammifères.
Tableau XIV : Evolution du nombre de quelques
mammifères dans le Parc Pendjari en trois ans (2004-2006)
Buffle
Années (Syncerus
caffer)
|
Hippotrague (Hippopotragus equinus)
|
Cobe de Buffon (Kobus kob)
|
Phacochère (phacochoerus africanus)
|
Totaux
|
2004
|
3
|
7
|
13
|
8
|
31
|
2005
|
11
|
20
|
22
|
23
|
76
|
2006
|
17
|
23
|
25
|
23
|
88
|
Source : DPNP, 2009
Quant à la reconstitution des formations boisées
dans la partie nord de l'HER de l'Atacora, cela pourrait s'expliquer par le
fait qu'elle fait partie des zones cynégétiques du parc Pendjari
et bénéficie des activités de protection. En effet, dans
le but de maintenir favorables les conditions des habitats de la faune et avec
l'implication réelle et effective des populations riveraine à
travers les AVIGREF, les feux précoces visant à éviter les
feux tardifs et améliorer les ressources fourragères, et les feux
de contre saison pour préserver les pâturages, ont
été appliquées ces dernières décennies. La
chasse n'y est pas interdite ni contrôlée et l'accès y est
difficile pour les grands mammifères en raisons des pentes fortes et des
falaises de la chaîne de l'Atacora.
Le tableau XV présente la récapitulatif de
l'évolution des superficies des unités d'occupation du sol de
1972 à 2006 dans les hydro-écorégions du bassin versant de
la Pendjari.
128
Tableau XV : Evolution des superficies des unités
d'occupation du sol de 1972 à 2006 dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari
|
|
|
|
SUPERFICIES EN HECTARE (ha)
|
|
|
|
|
|
Agglomé ration
|
Forêt claire et
Savane boisée
|
Savane
Mosaïque de Savane saxicole/
Forêt marécageuse/
cultures et savane arborée
dense Savane herbeuse/
jachères et arbustive
Prairie
|
Aflleurem ent
rocheux
|
Plan d'eau
|
Plantation
|
HER
ATACORA
|
1972
1990
2006
|
797,7
989,1
3320,9
|
50404,1
34084,5
36940,3
|
3342,0
3053,5
2649,6
|
552,8
552,8
684,2
|
51949,7
77035,7
108475,5
|
220515,3
211859,9
175105,1
|
1548,3
1534,4
1934,4
|
-
-
-
|
-
-
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
HER
GOURMA
|
1972
1990
2006
|
982,6
1453,2
3649,3
|
105790,3
103676,2
67769,2
|
19287,3
19322,7
17799,2
|
46827,9
46773,3
3703,7
|
65379,1
95474,4
199004,5
|
365288,3
336945,5
311240,4
|
-
-
-
|
194,4
104,6
503,0
|
21,2
21,2
101,8
|
|
|
|
|
SUPERFICIES EN POURCENTAGE (%)
|
|
|
|
|
|
Agglomé ration
|
Forêt claire et
Savane boisée
|
Forêt dense
|
Prairie/ savane marécageuse/ savane
herbeuse
|
Mosaïque de cultures
et jachères
|
Savane saxicole/ savane arborée et
arbustive
|
Aflleurem ent
rocheux
|
Plan d'eau
|
Plantation
|
HER
ATACORA
|
1972
1990
2006
|
0,2
0,3
1,0
|
15,3
10,4
11,2
|
1,0
0,9
0,8
|
0,2
0,2
0,2
|
15,8
23,4
33,0
|
67,0
64,4
53,2
|
0,5
0,5
0,6
|
-
-
-
|
-
-
-
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
HER
GOURMA
|
1972
1990
2006
|
0,16
0,24
0,6
|
17,5
17,2
11,2
|
3,2
3,2
2,9
|
7,8
7,7
0,6
|
10,8
15,8
33,0
|
60,5
55,8
51,5
|
-
-
-
|
0,03
0,02
0,1
|
0,004
0,004
0,017
|
129
Il ressort de l'analyse du tableau XV que parmi les
unités d'occupation naturelle du sol, les savanes saxicoles,
arborées et arbustives sont celles qui occupent le plus d'espace des
hydro-écorégion (67,0 % ; 64,4 % et 53,2 % dans l'HER de
l'Atacora, et 60,5 % ; 55,8 % et 51,5 % dans l'HER de Gourma, respectivement en
1972, 1990 et 2006). Ce sont elles qui ont connu le plus de dégradation
suivies des forêts claires et savanes boisées et des forêts
galeries, au profit des mosaïques de cultures et jachères (15,8 % ;
23,4 % et 33,0 % dans l'HER de l'Atacora, et 10,8 % ; 15,8 % et 33,0 % dans
l'HER de Gourma, en 1972, 1990 et 2006) et des agglomérations (0,2 % ;
0,3 % et 1,0 % dans l'HER de l'Atacora, et 0,2 % ; 0,2 % et 0,6 % dans l'HER de
Gourma). L'augmentation de plans d'eau enregistrés de 1990 à 2006
dans l'HER de Gourma peut s'expliquer par le fait qu'un certain nombre de mares
ont été réalisées dans le Parc Pendjari au cours de
cette période. Les travaux de Agbossou et Akoundé (2001) ont
montré que des mares été créées et
aménagées dans la Réserve de Biosphère de la
Pendjari.
De façon générale, il en résulte
que l'occupation de l'espace des hydro-écorégions du bassin
versant béninois de la Pendjari est caractérisée par une
évolution régressive des espaces naturels. Cette
régression est la conséquence des pressions anthropiques
marquées par une évolution progressive des espaces agricoles et
habités. Les populations du milieu sont conscientes de ce
phénomène et l'expriment selon leur perception. Le tableau XVI
présente la perception paysanne de la dynamique des
écosystèmes naturels dans les hydro-écorégions du
bassin versant béninois de la Pendjari.
130
Tableau XVI : Perception paysanne de la dynamique
des écosystèmes naturels dans les hydro-écorégions
du bassin versant de la Pendjari
Dynamique observée
|
Non
|
Oui
|
Espèces affectées (Si oui,
lesquels)
|
Vitesse (en combien de temps
?)
|
Causes/origines
|
Ne sait pas
|
1 an
|
5 ans
|
10 ans
|
20 ans
|
30 ans
|
Disparition d'espèces végétales
|
77%
|
23%
|
Iroko (Milicia excelsa ou Chlorophora excelsa),
Combretum nigricans, ronier (Borassus aethiopum), Tokotodji
en wama (arbre du milieu qui a donné son nom à Toukountouna).
|
48%
|
4%
|
12%
|
19%
|
12%
|
6%
|
Agriculture extensive ; feux de végétation ;
augmentation de la population; insuffisance des terres cultivables ;
surexploitation des sols (exploitation des mêmes sols toutes les saisons)
; mauvaises pratiques culturales ; appauvrissement des sols ; aléas
climatiques ; insuffisance de pluies ; sécheresse.
|
Diminution d'espèces végétales
|
6%
|
94%
|
Tamarinier (Tamarindus indica), Corossol sauvage
[munamutimu en ditamari, yonribu en waama, wowaru en biali] (Annona
senegalensis), badamier [mukinribou en ditamari] (Terminalia
catappa) , karité [Mutammu en ditamari, Tambu en waama, Tanta en
biali] (Vitelaria paradoxa), néré (Parkia
biglobosa), baobab (Adansonia digitata), kapokier (Bombax
buonopozense et Bombax costatum), vêne [kosso en
fongbé] (Pterocarpus erinaceus), caïlcédrat
(Khaya senegalensis), lingué (Afzelia africana),
Kigelia africana [Sototooribu en waama, butchotchombu en
gurmacéma], Ebène (Diospyros mespiliformis).
|
21%
|
4%
|
44%
|
4%
|
17%
|
10%
|
Augmentatio
n d'espèces végétales
|
50%
|
50%
|
Manguiers (Mangifera indica), anacardier (Anacardium
occidentale), eucalyptus (Eucalyptus camaldulensis), teck
(Tectona
|
54%
|
2%
|
31%
|
6%
|
6%
|
2%
|
Reboisement, recherche du bois d'oeuvre à croissance
rapide ; recherche de l'argent, importation
|
131
|
|
|
grandis), neem (Azadirachta indica), arbre
à étage (Terminalia mantaly).
|
|
|
|
|
|
|
; colonisation par les blancs.
|
Disparition d'espèces animales
|
44%
|
56%
|
Girafe (Giraffa camelopardalis peralta), cerf
(Cervus elaphus).
|
42%
|
12%
|
4%
|
25%
|
8%
|
10%
|
Augmentation de la population ; mauvaises pratiques de chasse
(chasse à la battue, braconnage) ; feux de végétation,
déboisement ; aléas climatiques ; tarissement des eaux de surface
; manque de points d'eau ; pollution des eaux de marigot par les engrais
chimiques et les intrants
agricoles ; amenuisement de la couverture végétale
; sécheresse.
|
Diminution d'espèces animales
|
21%
|
79%
|
Guépard (Acinonyx Jubatus), renard (Vulpes
pallida), chacal (Canis adustus), damalisque (Damaliscus
lunatus korrigum), cobes (cobus kob kob et cobus defassa),
phacochères (phacochoerus africanus), lièvre (Lepus
saxatilis), buffles (Syncerus caffer), lycaon (Lycaon
pictus), varan (Varanus niloticus), crocodile (Crocodylus
palustris), boa (Eryx conicus), francolin (Francolinus
bicalcaratus), pintade sauvage (numida meleagris), Tourtelle
à collier noir au cou (Streptopelia semitorquata).
|
23%
|
4%
|
37%
|
12%
|
12%
|
13%
|
augmentatio
n d'espèces animales
|
60%
|
40%
|
Autruches (Struthio camelus), aulacodes (Thryonomys
swinderianus), lapin (Oryctolagus cuniculus), canard (Anas
platyrhynchos), pigeon (Columba palunmbus).
|
67%
|
6%
|
21%
|
0%
|
6%
|
0%
|
Elevage moderne
|
disparition d'espèces halieutiques
|
69%
|
31%
|
poisson dénommé capitaine (Lethrinidae),
poisson à tête de cheval (Acantopsis choirorhynchus)
[toutika en wama], debekoun (en wama), anguille (Anguilla
anguilla).
|
37%
|
4%
|
13%
|
27%
|
10%
|
10%
|
Surexploitation des cours d'eaux, pollution des eaux par les
engrais chimiques et les intrants agricoles; non-respect des normes de
pêche ; mauvaises pratiques de pêche (ex : empoisonnement de l'eau
de
|
Diminution
|
21%
|
79%
|
Carpes (Cyprinus carpio), grenouilles
|
27%
|
0%
|
27%
|
21%
|
13%
|
12%
|
132
d'espèces halieutiques
|
|
(Rana klepton esculenta), crevettes (Crangon
vulgaris), silures (Silurus glanis), crabes (Cancer
irroratus), sardine (Sardina pilchardus), rhinocéros
(Diceros bicornis).
|
marigot avec les pesticides agricoles ou avec les enveloppes de
fruits de néré pour enlever les poissons) ; destruction de la
végétation autour des cours d'eau ; agriculture sur les berges
des cours d'eau ; envasement des cours d'eau ; comblement des cours d'eau par
ensablement ; tarissement des rivières et marigots.
|
|
|
|
Source : Résultats des enquêtes de terrain
(2010)
NB : Les espèces citées
dans ce tableau comme ayant disparu ou diminué, proviennet des
révélations des populations enquêtées sur le
terrain. Ces révélations ne sont pas prouvées par les
structures et services compétentes.
133
Le tableau XVI montre que les populations des
hydro-écorégions du bassin versant béninois de la Pendjari
perçoivent la dynamique des écosystèmes naturels en termes
de présence ou non des végétaux et des animaux. Elles
identifient les espèces végétales et animales (terrestres
ou aquatiques) ayant diminué ou disparu dans un laps de temps
estimé entre 5 et 10 ans, et les causes de cette dynamique. Elles
reconnaissent également les espèces ayant connu une augmentation.
Ces espèces sont, selon elles, venues d'ailleurs soit pour satisfaire le
problème d'insuffisance des ressources (le bois d'oeuvre et
d'énergie, l'argent, la nutrition, etc.) soit pour l'ornement. Leurs
origines remontent même jusqu'à la colonisation. L'identification
des espèces ayant disparu ou diminuées et la vitesse de la
dynamique par les populations, est basée uniquement sur leur
mémoire et le constat de l'absence ou de la rareté de telle ou
telle espèce végétale ou animale. Le tableau XVI permet de
constater que les réponses ne font pas l'unanimité de tous les
enquêtés, mais d'une partie de ces derniers. Les espèces
listées sont celles citées par ceux qui ont répondu
positivement. Il est à remarquer que la vitesse de la dynamique est pour
la plupart sans réponse (Ne sait pas). Ce qui signifie que la
mémoire populaire n'est toujours pas fidèle au temps en ce qui
concerne la dynamique des ressources naturelles.
Par ailleurs, la plupart des espèces citées
comme disparues ou diminuées selon les populations, se retrouvent dans
la liste des espèces identifiées par la DPNP dans le Plan
d'Aménagement Participatif et de Gestion (2004-2013) du Parc National de
la Pendjari, comme espèces figurant dans les annexes I, II, III de la
CITES (annexe 7). Certaines de ces espèces figurent aussi dans la liste
rouge des espèces menacées de disparition de l'UICN ; c'est le
cas de l'anguille (Anguilla anguilla).
Autant que les espèces animales et
végétales, les populations du bassin versant de la Pendjari
observent également la dynamique des masses d'eau dans le temps. Le
tableau XVII présente le récapitulatif de la perception paysanne
de cette dynamique.
Tableau XVII : Perception paysanne la dynamique des masses
d'eau dans les hydro-écorégions du bassin versant de la
Pendjari
Origines / Cause de la dynamique
observée
Sécheresse; aléas climatiques; érosion par
le ruissellement; coupe des arbres aux bords des cours d'eau;
piétinements des berges par les troupeaux des transhumants;
surexploitation des sols; agriculture sur les berges des cours d'eau;
ensablement.
Sécheresse, érosion du sol, coupe des arbres aux
berges des cours d'eau, piétinements des berges par le bétail des
transhumants, surexploitation des sols, agriculture sur les berges des cours
d'eau, ensablement.
Plus de respect des pratiques traditionnelles qui permettaient de
protéger les ressources naturelles : plus de respect entre les jeunes et
les vieux ; incivisme développé ; plus de morale ; plus de
croyance à la tradition ; utilisation des objets interdis aux lieux
sacrés ; ignorance et abandon de la tradition induit par la
134
Catégorie de ressources en eau
|
Dynamique observée
|
|
Oui
|
Non
|
Si oui, il y a combien de temps ?
|
10 ans
|
20 ans
|
30 ans
|
40 ans
|
Ne sait pas
|
Cours d'eau
|
Disparition
|
8%
|
92%
|
5%
|
14%
|
20%
|
0%
|
59%
|
Diminution
|
86%
|
14%
|
8%
|
12%
|
31%
|
30%
|
19%
|
Augmentation
|
0%
|
100%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Marigots
|
Disparition
|
59%
|
41%
|
10%
|
7%
|
29%
|
22%
|
32%
|
Diminution
|
43%
|
57%
|
3%
|
13%
|
25%
|
24%
|
35%
|
Augmentation
|
14%
|
86%
|
23%
|
12%
|
21%
|
6%
|
38%
|
Mares
|
Disparition
|
69%
|
31%
|
6%
|
14%
|
24%
|
23%
|
33%
|
Diminution
|
21%
|
79%
|
11%
|
19%
|
24%
|
18%
|
28%
|
Augmentation
|
0%
|
100%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Sources de
surgescence d'eau
|
Disparition
|
79%
|
21%
|
11%
|
9%
|
22%
|
31%
|
27%
|
Diminution
|
41%
|
59%
|
7%
|
8%
|
14%
|
25%
|
46%
|
Augmentation
|
0%
|
100%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
135
|
|
|
|
|
|
|
|
|
modernisation, mimétisme de l'occident ; interdits et
coutumes bafoués ; plus de respect des fétiches ; influence
d'autres cultures, etc.
|
Retenues d'eau / Barrages
|
Disparition
|
0%
|
100%
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Augmentation de l'effectif de la population ; diminution de la
durée de la saison des pluies ; Aménagements routiers ; Projets
agricoles ; Interdiction d'entrer dans la Réserve
protégée.
|
Diminution
|
23%
|
77%
|
9%
|
20%
|
23%
|
8%
|
40%
|
Augmentation / Apparition
|
73%
|
27%
|
7%
|
26%
|
24%
|
18%
|
25%
|
Etangs /
Surcreusements
|
Disparition
|
36%
|
64%
|
11%
|
29%
|
16%
|
11%
|
33%
|
Diminution
|
31%
|
69%
|
8%
|
22%
|
25%
|
6%
|
39%
|
Augmentation / Apparition
|
71%
|
29%
|
9%
|
27%
|
22%
|
19%
|
23%
|
Source : Résultats des enquêtes de terrain
(2010).
136
A l'instar du constat fait dans le tableau XVI, le tableau
XVII montre aussi que les réponses ne font pas l'unanimité de
tous les enquêtés, mais d'une partie de ces derniers. Le constat
est le même par rapport à la mémoire sur la vitesse de la
dynamique masses d'eau.
L'analyse du tableau XVII permet de dire que les populations
du bassin versant béninois de la Pendjari perçoivent la dynamique
des cours et plans d'eau en termes de disponibilité ou non des points
d'eau. Elles distinguent la diminution, la disparition et même
l'augmentation ou apparition, puis identifient les causes de la dynamique
observée. La durée est approximativement estimée en
référence aux événements qui se sont produits en
ces moments.
En effet, la mémoire populaire des habitants du bassin
versant béninois de la Pendjari a révélé que depuis
les sécheresses intervenues pendant la période où Maga a
pris le pouvoir (référence aux années 1960) et
après l'année où Kérékou a pris le pouvoir
(référence aux années 1970), certaines sources et mares
ont définitivement tari. Selon elles, les cours d'eau deviennent de
moins en moins profonds et tarissent de plus en plus vite au fil des
années. A la question par exemple de savoir "quelles sont les
années où toutes les mares de la région ont tari ?" ; la
première réponse presque commune est que "d'abord chaque
année les mares tarissent, mais il y a des mares qui ne tarissent jamais
sauf en cas de grande sécheresse". Il s'agit des mares Bali, Bori et
Tabiga; toutes situées à l'intérieur du Parc Pendjari.
Ensuite les périodes pendant lesquelles Maga et Kérékou
ont pris chacun le pouvoir, ont été citées ainsi que les
années 1983, 1984, 2000, 2003 et 2006 comme moments que ces mares ont
tari.
Les révélations de la mémoire populaire
confirment les récessions pluviométriques et les
sécheresses intensives connues dans l'Atacora-Ouest, au Bénin et
en Afrique de l'ouest démontrées par les recherches scientifiques
antérieures (Boko, 1988 ; Afouda, 1990 ; Houndénou, 1999 ;
Gnitona, 1999 ; Idiéti, 2004 et 2009 ; Ogouwalé, 2006 ; Kanohin
et al, 2009 ; Amani et al, 2010 ; etc.).
4-2-2- Déterminants socio-culturels
Les déterminants d'ordre social et culturel de la
dynamique des écosystèmes sont multiples et variés. Ils
ont été largement développés par Ouassa Kouaro
(2008) et se résument comme suit :
- Le premier facteur social est la
démographie. L'augmentation de l'effectif des populations
est la principale force de pression sur les écosystèmes.
137
L'hydro-écorégion de l'Atacora a connu un
effectif de population évalué à 211 686 habitants en 1992.
Cet effectif est passé à 303 386 habitants en 2002 et
estimée à 430 963 habitants en 2012.
Quant à l'hydro-écorégion de Gourma
établit sur les communes de Matéri, Cobli et Boukombé,
l'effectif de la population était 155 094 habitants selon le RGPH 1992.
Il est passé à 190 949 habitants d'après le RGPH 2002 et
serait à 238 477 habitants en 2012 selon les résultats de
projection.
La figure 36 présente la répartition et
l'évolution de la démographie de 1992 à 2012 dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari.
Cette croissance démographique continue dans les deux
hydro-écorégions accroit les besoins dans tous les domaines :
- augmentation des besoins de consommation (vivres, eau,
énergie, lieux de loisir, etc.) d'où la surexploitation des
ressources naturelles ;
- augmentation de la demande en denrées agricoles sur
marché local et international ;
- augmentation de besoin en logements d'où l'extension
des espaces bâtis, l'urbanisation (lotissement, infrastructures
routières, électrification, etc.) ;
- augmentation du trafic de circulation et de transport ;
- insuffisance des terres cultivables, d'où l'exode rural,
la conquête d'autres terres ; - etc.
Source de données : INSAE, Cotonou. Dessin
Cartographique : IDIETI M. Edouard
138
Figure 34: Evolution de la démographie dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari
139
En plus de la démographie, il y a la chasse, les
pratiques cultuelles, la pharmacopée et les faits historiques qui sont
aussi les forces de pression exercées sur les écosystèmes
naturels.
- En effet, la chasse
traditionnelle/sportive a été toujours une
activité sociale et culturelle saisonnière des populations dans
le bassin versant béninois de la Pendjari (Ouassa Kouaro, 2008). Les
personnes qui s'adonnent au braconnage le font parce qu'elles ont une certaine
habitude de chasser. Les pratiques de la chasse sont transmises de
génération en génération et relèvent d'une
affaire de caste, de famille. Les aptitudes reconnues des chasseurs sont
sollicitées lors de cérémonies festives ou toute autre
fête pour lesquelles les populations ont des besoins prononcés en
viande. Le caractère informel et illicite de cette activité ne
permet pas d'avoir les statistiques pour évaluer la quantité ou
le nombre d'espèces animales abattues. Mais il est reconnu qu'elle a des
impacts négatifs sur la biodiversité.
- L'utilisation des ressources naturelles dans les
pratiques cultuelles est courante dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari. En effet, les
communautés utilisent les ressources en eau, les animaux et les
végétaux dans diverses pratiques rituelles et coutumières.
Il n'est pas rare de voir les bosquets ou forêts sacrés ou
d'entendre que telle ou telle espèce animale est sacrée, ou
encore d'entendre que telle source ou telle mare ou marigot est sacré ou
abrite une divinité. C'est le cas par exemple de la mare Bori dans le
Parc-Pendjari et au village de Tchatingou (Commune de Tanguiéta), les
trous d'eau dans la roche, sources de la cascade de Tanoungou, sont
gardés par une divinité représentée par un serpent
dans l'eau (Photos 8 a, b, c et d).
Serpent dans l'eau
a
b c d
140
Photo 8 : Trous d'eau sacrés et fétiche
à Tchatingou, sources de la cascade de Tanoungou
Sur l'image "a" se trouve les deux trous d'eau dans la grotte
(encerclés en rouge et agrandis en images "b" et "c"), d'où coule
l'eau qui alimente les cascades de Tanoungou. Sur l'image "d", se trouve un
serpent dans l'eau sous une grotte non loin de celle des trous d'eau. Ce
serpent représente la divinité gardienne des trous d'eau.
Clichés : Clichés Idieti, 2009
« Les braconniers affirment que la brousse est
sacrée et que n'importe qui ne pourrait y entrer pour s'adonner à
la pratique de la chasse. Pour cela, ils effectuent des rites de
préparation au cours desquels ils consomment des substances mystiques
qui, selon leurs dires, sont sensées les protéger contre les
éventuelles difficultés sur le terrain » (Ouassa-Kouaro,
2008). Ces substances mystiques sont faites à base de plantes et/ou
d'animaux. Pendant les cérémonies, l'eau est le principal
élément utilisé avant tout. On dénombre au total
152 forêts sacrées (N'Tia, 2006) dans la commune de
Boukombé et dans le département de l'Atacora, les rivières
sacrées font 7,3 %, les arbres sacrés 49,1 %, les sites
sacrés 21,8 % et les autres éléments sacrés 21,8 %
(Azonpkonon, 2001cité par N'Tia, 2006).
141
Il faut noter que les pratiques rituelles et
coutumières ont très peu d'impacts négatifs sur les
écosystèmes. Au contraire, elles protègent. Car la
nécessité d'un animal, d'une plante ou d'un
écosystème (forêt ou plan d'eau) pendant les
cérémonies, oblige à conserver, cultiver ou élever
cette espèce ou écosystème. Selon FAO (2005), les
populations protègent leurs forêts pour diverses raisons qui sont
en fait les fondements de la sacralisation de ces forêts à savoir
: le fétichisme (60%), les cimetières (18%), les
sociétés secrètes (21%), les raisons sociales (10%) et
autres raisons (1%).
- A l'instar des pratiques cultuelles, la
pharmacopée est un facteur social intervenant dans la
dynamique des écosystèmes naturels. Outre l'alimentation, les
ressources des écosystèmes naturels du bassin versant
béninois de la Pendjari sont utilisées pour les besoins de la
pharmacopée. Le pancréas de l'hippotrague sert à
préparer des filtres d'amour, l'estomac du porc-épic est
utilisé pour calmer les coliques ; l'utérus du Cob defassa sert
à guérir les problèmes d'infertilité
féminine (Ouassa Kouaro, 2008). La plante appelée crossus
crossunum sert à laver le ventre d'une femme qui vient d'accoucher
; Dapenim (en langue biali) est un arbre qui sert à
guérir la paralysie ; celui appelé Minika (en biali)
guérit la toux, les douleurs et la fièvre ; quant à
pukohotiou (en biali) il guérit les maux de ventre et la
fièvre ; etc. (résultat de terrain, 2009).
- Les faits historiques (Ouassa
Kouaro, 2008) sont aussi importants dans la dynamique des
écosystèmes du bassin versant de la Pendjari. En effet, pendant
les travaux de construction du barrage de Koumpienga au Burkina Faso dans les
années 1980, une industrie artisanale de production de charbon de bois a
vu le jour. Parmi les ouvriers, nombreux furent les béninois du bassin
versant de la Pendjari. "Une fois la construction du barrage achevée,
les migrants de retour ont reproduit ces activités de charbonniers dans
leurs milieux respectifs et, pour ce faire, ont détruit presque toutes
les forêts galeries. Il n'est pas rare de trouver sur le long de la route
inter Etat (Bénin - Burkina-Faso), l'exposition des sacs de charbon de
bois en vente. Or, cette activité n'existait pas traditionnellement. De
plus, ceux qui ont émigré dans le Borgou (Parakou, Tchaourou,
Nikki), la Donga (Bassila) et dans les Collines (Ouèssè,
Glazoué et Savè) ont également appris ces techniques de
production dans leurs lieux d'émigration et ont ramené ces
pratiques destructrices du couvert végétal dans leurs milieux
d'origine du fait de la pauvreté des sols et de la recherche de
diversification de sources de revenus (Ouassa Kouaro, 2008).
142
4-2-3- Déterminants économiques
Il s'agit des activités régulières des
communautés de la dynamique des écosystèmes naturels du
bassin versant béninois de la Pendjari.
? L'agriculture est la principale
activité des populations du bassin versant béninois de la
Pendjari. Base de l'économie des populations, c'est elle qui assure la
sécurité alimentaire des populations vivant dans le bassin. Elle
utilise plus de 65% de la population active. Outre les principales cultures qui
sont le sorgho, le mil, le maïs, le niébé, l'igname, le
manioc, le tabac ; les cultures de rente que sont le coton, l'arachide et plus
récemment le riz occupent une place de choix pour les échanges et
la monétarisation. Les terres cultivables sont les seuls cibles de
prédilection à ces fins. Hormis les zones bâties, les
dalles rocheuses et les superficies occupées par les eaux, toutes les
terres du bassin versant béninois de la Pendjari sont
présumées cultivables. Elles sont évaluées à
environ 993658 ha (Occupation du sol 2006). Chaque année, des terres
sont défrichées aux fins agricoles au détriment des
écosystèmes naturels. La figure 37 présente
l'évolution des superficies cultivées en 10 ans (1997 - 2006)
dans le bassin versant béninois de la Pendjari.
Figure 35 : Evolution des superficies cultivées
dans le bassin versant béninois de la Pendjari de 1997-2006
Source : Annuaires statistiques agricoles de 1998 à
2007 ; MAEP, 2009
Il ressort de l'analyse de la figure 37 que les superficies
emblavées augmentent chaque année. Cette augmentation est due
essentiellement à un système agricole extensif avec des
techniques encore archaïques. Ce système agricole est
caractérisé par le brûlis, le défrichage et le
labour toujours en conquête de nouvelles terres fertiles.
Déjà assez dévastateurs des
143
écosystèmes naturels, ils ont été
renforcés par de la culture du coton, culture de rente qui
nécessite l'utilisation des engrais chimiques et des pesticides. Il en
résulte la dégradation accélérée du couvert
végétal, l'appauvrissement des sols, l'assaut des cultures sur
les berges des cours d'eau, la pollution des eaux par les engrais chimiques et
les pesticides, l'ensablement et le comblement des cours d'eau, etc.
? L'élevage est la seconde
activité économique qu'exercent les populations du bassin versant
béninois de la Pendjari. La production animale est dominée par
les petits ruminants (ovins, caprins), la volaille et les porcins.
Les espèces élevées sont des races
locales adaptées au milieu. L'élevage de gros bétail est
du type transhumant réservé aux peulhs tandis que les petits
animaux domestiques sont l'affaire de toute ethnie. Les deux sexes pratiquent
l'aviculture mais avec une prédominance des hommes.
L'élevage de case (volaille et petits ruminants) est
caractérisé par la divagation libre des animaux dans la nature et
la vaine pâture. Il n'y a pas une organisation de mise en enclos ou en
cages permanente. Les animaux (volaille et/ou petits ruminants) sont
libérés des cases de maisons tous les matins et
récupérés les soirs. Quant à l'élevage de
bovins, il est caractérisé par des pâturages non
organisés. Les éleveurs guident leurs animaux à la
recherche de l'herbe fraiche et de l'eau pour les nourrir et les abreuver. La
figure 38 présente l'évolution du cheptel de 1998 à 2007
(10 ans).
Figure 36 : Evolution du cheptel dans le bassin
versant de la Pendjari de 1998 à 2007 Source : Annuaires
statistiques agricoles de 1998 à 2007 ; MAEP, 2009
144
Ces formes d'élevage sont très néfastes
aux écosystèmes naturels car la mauvaise gestion des
pâturages et des transhumances entraine des graves destructions des
ressources naturelles (piétinement, fragilisation du sol accentuant
l'érosion, destruction des berges des cours d'eau, etc.).
L'analyse de la figure 38 permet de dire qu'il y a une
tendance à l'augmentation du cheptel au fil du temps dans le bassin
versant de la Pendjari. Ce qui amène à dire que la perspective de
menace des écosystèmes naturels existe.
Les données sur la capacité de charge par
rapport au cheptel ne sont pas disponibles. Néanmoins, la
capacité de charge de l'ensemble de l'écosystème de la RBP
est estimée à 2742 kg/km2 (PAPG-PNP, 2009) par rapport
à la faune sauvage. Il a été estimé que les
populations animales sont à moins de 50% de la capacité
réelle de charge de l'écosystème.
Outre la destruction des ressources naturelles, la mauvaise
gestion des pâturages et des transhumances entrainent des conflits au
sein des populations (entre éleveurs et agriculteurs, entre
éleveurs et pêcheurs) car les troupeaux de bétails
dévastent les champs des paysans et détruisent les mares et
marigots des pêcheurs.
? Outre l'agriculture et l'élevage, les produits de
chasse et de pêche sont commercialisés chaque jour
sur les marchés. Ces produits sont issus de l'exploitation des
écosystèmes naturels du bassin versant béninois de la
Pendjari.
En effet, « la chasse
pratiquée aux alentours de la Zone d'Occupation
Contrôlée (ZOC) située entre la Réserve de la
Biosphère de la Pendjari et les villages riverains, constitue une
activité saisonnière des communautés locales »
(Ouassa-Kouaro, 2008). En dehors de la chasse sportive et le braconnage qui
sont illicites, il y a la chasse autorisée aux chasseurs
assermentés dans le Parc-Pendjari où les animaux à tuer
sont sélectionnés et contrôlés après abattage
(Photo 9).
145
Photo 9 : Gobe tué dans le Parc-Pendjari et
ramené au campement de chasse à Tanoungou pour
contrôle.
En avant plan, se trouve le Cobe tué et les
gardes-faune en tenue militaire qui mesurent les dimensions de l'animal. En
arrière-plan à l'extrémité droite, se trouvent les
cases du campement de chasse de Tanoungou. .
Source : Cliché Idiéti, 2009
La pêche quant à elle
se pratique le long de la rivière Pendjari. Cette activité est en
cours d'organisation par les pêcheurs eux-mêmes avec l'appui de la
Direction de la RBP à travers l'AVIGREF. Selon les responsables de
l'AVIGREF, une périodicité de pêche sur la rivière
Pendjari est définie ; mais cette périodicité n'est pas
toujours respect de par les pêcheurs du Burkina Faso. Outre cette lueur
d'organisation, la pêche traditionnelle continue son cours avec les
outils tels que la nasse, les filets, l'hameçon, etc. Certaines
pratiques restent encore déplorables car elles sont très
néfastes aux écosystèmes naturels. En effet, outre les
pollutions des cours et plans d'eau par engrais et pesticides chimiques
agricoles, il est déploré les pratiques d'introduction des
substances toxiques dans les marigots aux fins de récolter facilement et
rapidement une quantité importante de poissons.
146
Conclusion partielle
L'étude des déterminants de la dynamique des
écosystèmes naturels de ces hydro-écorégions (HER)
a permis de comprendre que les écosystèmes naturels sont
menacés par des facteurs de divers ordres. En effet, l'étude de
la variabilité pluviométrique a montré que l'HER de
l'Atacora a connu plus d'années de sécheresse que l'HER de
Gourma. L'étude des déficits pluviométriques et
hydrologiques révèle que l'HER de l'Atacora a été
plus affecté que l'HER de Gourma au cours de la période
1960-2006. Les déficits pluviométriques ont amplifié les
déficits hydrologiques à 575% dans l'HER de l'Atacora et à
371% dans l'HER de Gourma.
L'analyse du coefficient d'écoulement a montré
qu'il est plus élevé dans l'hydro-écorégion de
Gourma (6,2 %) que dans l'hydro-écorégion de l'Atacora (5,4 %)
sur la période d'étude (1961-2006).
L'analyse de la dynamique des écosystèmes
naturels a montré que les formations végétales que sont
les savanes saxicoles, arborées et arbustives et les forêts claire
et savanes boisées, occupent le plus d'espace des
hydro-écorégions et sont celles qui ont connu le plus de
dégradation, au profit des mosaïques de cultures et jachères
et des agglomérations. La croissance démographique avec pour
corollaire l'augmentation des besoins et la demande en denrées agricoles
sur le marché local et international et, les activités/pratiques
telles que l'agriculture, l'élevage, la chasse, la pêche, la
carbonisation, les pratiques cultuelles, la pharmacopée sont les
déterminants socio-économiques de la dynamique des
écosystèmes naturels.
Les populations autochtones des hydro-écorégion
du bassin versant de la Pendjari développent des stratégies
d'adaptation sur la base de leurs connaissances, leurs savoirs et leurs
savoir-faire.
147
CHAPITRE 5 :
STRATEGIES D'ADAPTATION A LA
DYNAMIQUE DES ECOSYSTEMES NATURELS
DANS LE BASSIN VERSANT DE LA PENDJARI
|
148
Introduction partielle
Dans les pays subsahariens où l'agriculture occupe
environ 75% de la population active (Gnitona, 2000), l'eau et le climat
constituent deux facteurs de l'environnement très déterminants
pour les hommes. En combinaison avec les facteurs
pédo-géologiques et topographiques, ils influencent
considérablement la dynamique des écosystèmes naturels.
Toutefois, les populations adoptent des stratégies pour s'adapter
à la dynamique des écosystèmes.
Dans ce chapitre, nous présentons les stratégies
endogènes qui sont les pratiques empiriques des populations sur la base
de leur vécu quotidien, et les mesures institutionnelles et
réglementaires de la gestion durable des écosystèmes
naturels du bassin versant de la Pendjari
5-1- Stratégies endogènes
Les populations autochtones du bassin versant de la Pendjari
ne sont pas restées inactives face aux contraintes naturelles auxquelles
elles sont confrontées. Les stratégies endogènes
d'adaptation sont développées face aux facteurs climatiques,
hydriques, pédo-géologiques et topographiques.
5-1-1- Adaptation aux contraintes climatiques
Les sécheresses et les excès
pluviométriques sont des contraintes climatiques face auxquelles les
populations adoptent des stratégies.
Les contraintes liées à l'alternance des saisons se
résument comme suit :
- Pendant la saison sèche, les populations souffrent de
l'harmattan (vent sec, poussière, froid les matins et la nuit), du
soleil brulant, de la chaleur forte et de la pénurie d'eau. Les
stratégies développées pour s'adaptent à ces
contraintes sont : se réchauffer autour du feu de bois, porter des
habits contre le froid et la déshydratation, se laver plus
fréquemment pour atténuer la chaleur, s'abriter sous des arbres
ombrageux, etc.
- Pendant la saison pluvieuse, la fraîcheur et l'inondation
des cultures installées près des
cours d'eau sont les principales contraintes pour lesquelles
les populations, pour s'adapter, portent les habits contre le froid. Ils font
des labours de grosses butes ou de gros billons perpendiculairement au sens du
ruissellement afin résister à l'inondation et à
l'érosion.
En ce qui concerne les sécheresses, les contraintes
pour lesquelles les populations développent les stratégies
d'adaptation se résument comme suit : le sol sec et dur, beaucoup de
poussière, les cours d'eau asséchés, les puits tarissent,
la pénurie d'eau, les plantes et les cultures asséchées,
la chaleur intense, trop de vent dans tous les sens. Les stratégies
149
développées pour s'adapter à ces
contraintes sont entre autres : la confection de petits billons pour contenir
le peu de pluie qui viendrait, le recours aux mares et sources
résistantes dans le Parc Pendjari, l'aménagement des mares, le
recours aux forages et puits à grand diamètre. Quant aux
contraintes liées aux excès de pluies, les populations sont
confrontées à la pluie sans cesse pendant plusieurs jours
successifs, au sol lourd à labourer, au débordement des cours
d'eau, à la destruction des champs et des habitations, etc.
Pour faire face à ces contraintes, les populations font
à titre préventif, des labours de grosses buttes ou de gros
billons résistants à l'inondation. Lorsqu'il ya excès
d'eau, le réflexe des populaions est de drainer les sols afin
d'évacuer les excès d'eau.
Il faut noter que ces stratégies sont les mêmes
dans les deux hydro-écorégions du bassin.
5-1-2- Adaptation aux contraintes
hydriques
Le problème de disponibilité en eau est la
principale contrainte hydrique à laquelle les populations
développent des stratégies d'adaptation. En effet, pour
remédier à la contrainte de manque d'eau dans les
hydro-écorégions du bassin de la Pendjari, les stratégies
mises en oeuvre par les populations sont les suivantes : l'aménagement
des mares et sources, la réalisation des trous d'eau dans les cours
d'eau, la réalisation de forages et/ou de puits, la réalisation
des surcreusements ou des barrages.
5-1-2-1- Aménagement des mares et
sources
L'aménagement des mares et sources est bien promu et
développé dans la commune de Boukombé par l'ONG Alpha et
Oméga - Environnement dans le cadre du renforcement de capacités
de planification et d'organisation des paysans pour l'exploitation
écologiquement durable des ressources naturelles.
L'aménagement d'une mare consiste à recreuser la
cuvette de la mare si nécessaire, à placer des moellons (pierres
non taillées ou grossièrement taillées, de petites
dimensions) anti-érosifs sur le talus de la cuvette, à
ériger des diguettes de protection autour de la cuvette. Certaines mares
possèdent des ouvrages de déversement permettant à la mare
de vider le surplus d'eau vers les ruisseaux ou les cours d'eau les plus
proches. Ils peuvent servir aussi de point d'accès à la mare
(Photo 10).
150
Photo 10 : Mare aménagée à
Kounagningou (Boukombé)
Au premier plan, se trouve les moellons autour de la mare et
la diguette de protection en arrière-plan.
Source : Cliché Idieti, 2004.
Quant à une tête de source, son
aménagement consiste à la surcreuser en lui donnant une forme
rectangulaire (de 2,80 m sur 2,40 m). A l'intérieur de ce trou est
construite une cuvette en béton armé (de 2,50 m de hauteur) et de
même forme. Ces murs sont perforés en remontant de
l'extérieur vers l'intérieur sur deux des côtés de
l'ouvrage. Entre ces crépines et la paroi du trou est installé un
massif filtrant de 10 cm d'épaisseur. La cuvette est fermée par
une dalle 10 cm d'épaisseur munie d'une portière de 1 m x 0,70 m
puis un sceau et une corde pour l'exhaure. Un tuyau de 40 cm de diamètre
est à la côte 2,20 m et permet d'évacuer le trop plein
(photo 11).
151
Photo 11: Source aménagée à
Koutagou (Boukombé)
On observe en avant plan la margelle dallée avec un
sceau servant à puiser de l'eau, sur la dalle à côté
du couvercle.
Source : Cliché Idieti, 2004.
5-1-2-2- Réalisation des trous d'eau dans les
cours d'eau,
La réalisation des trous d'eau dans les cours d'eau est
une stratégie très précaire. Elle consiste à
creuser un trou au bord d'un cours d'eau en espérant
récupérer de l'eau restante dans les couches de sous-sols. La
photo 12 en montre un exemple.
Photo 12: Trou d'eau à Kontchougou
(Boukombé)
Observez une femme entrain de glaner de l'eau de ce trou. Ce trou
d'eau est situé au bord d'un ruisseau déjà
asséché.
Source : Cliché Idieti, 2004.
152
Elle illustre une femme qui glane de l'eau de ce trou
réalisé pour la circonstance. Ce trou d'eau est situé au
bord d'un ruisseau déjà asséché.
5-1-2-3- Creusement de puits et/ou forage
équipé de pompe
La réalisation de puits et/ou de forages
équipés de pompes est la stratégie la plus connue et
adoptée partout dans le monde pour remédier à la
contrainte de manque d'eau. Dans le bassin versant de la Pendjari les
populations adoptent cette stratégie dans la mesure du possible. Elles
creusent un puits ou réalisent un forage équipé d'une
pompe à motricité humaine, selon la possibilité qu'offre
la nature du substratum géologique.
Dans l'HER de l'Atacora, les roches dures et la profondeur des
nappes aquifères (60 à 80 m) ne favorise pas des puits mais
plutôt des forages. Dans l'HER de Gourma, la nature du substratum
géologique est favorable aussi bien aux puits qu'aux forages. On y
rencontre des puits traditionnels ou modernes et des forages
équipés de pompes à motricité manuelle.
5-1-2-4- Réalisation des surcreusements ou des
barrages
C'est une stratégie d'adaptation à la contrainte
du manque d'eau d'abreuvement des animaux, en l'occurrence le cheptel. Ils
servent également à irriguer les cultures
maraîchères de contre saison. Ces infrastructures sont
réalisée sur l'itinéraire d'un cours d'eau, à un
niveau le plus souvent exutoire d'un certain nombre de sous-affluents. On les
rencontre aussi bien dans l'HER de l'Atacora entre les chaînons que dans
l'HER de Gourma (photos13 et 14).
Photo 13 : Barrage de Tchakalakou (à
Toukountouna) ; HER de l'Atacora Source : Clichés
Idiéti, 2010
153
Photo 14 : Surcreusement à Dassari
(Matéri) ; HER de Gourma Source : Clichés
Idiéti, 2010
? Outre les stratégies d'adaptation à la
contrainte de maque d'eau, les populations dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari adoptent des
stratégies de protection et d'assainissement des ressources en eau. En
effet, les puits et forages réalisés à leur profit sont
clôturés et les alentours sont régulièrement
nettoyés. Il est défendu de faire la lessive à
proximité d'un puits ou d'une pompe, de couper les arbres autour des
mares aménagées.
5-1-3- Adaptation aux contraintes
pédo-géologiques
Face aux contraintes liées à la nature et
à la fertilité des sols associées aux aléas
climatiques, les populations développent des stratégies de
maximisation de la productivité agricole. En effet ce sont des
stratégies liées aux pratiques culturales qui ont
été étudiées par Natta (1999), Gnitona (2000),
Idieti (2004) et Ouorou Barre (2007).
5-1-3-1- Adoption de nouvelles variétés de
cultures
Chaise et al. (2005) disaient qu' « il va
falloir adapter les types de culture aux nouveaux climats et ainsi abandonner
certaines cultures au profit de nouvelles ». Cette stratégie est
commune aux deux HER du bassin versant de la Pendjari. En effet, à cause
des sécheresses répétées et de la diminution de la
durée de la saison pluvieuse, les paysans du bassin versant
béninois de la Pendjari ont préféré adopter des
cultures à cycle court. "Le maïs à cycle court
154
de 75 jours a pris de l'ampleur devant celui de 90 jours et
120 jours, de même que l'arachide à cycle court." (Ouorou Barre,
2007). Ainsi, il en découle un abandon de certaines
variétés de cultures au profit de nouvelles. Les populations
témoignent l'abandon des cultures telles que : le petit mil
appelé "Ignari" en Gulmantché et "Nara" en
Biali, une variété de voandzou appelé
"Itchaksini" en Gulmantché, le maïs jaune (maïs
africain qui existait avant l'arrivée du maïs blanc de
l'Amérique), une espèce d'igname appelé
"Nkantanyouana" en Goulmatché et « Bounihou » en
biali qui ressemble à la pomme de terre, le sésame, une
espèce d'arachide de grosse taille et une autre longue et rouge, le
fonio, une espèce de haricot à plusieurs couleurs
dénommé « issantoun » en Ditammari.
5-1-3-2- Augmentation des emblavures
Face à l'augmentation des besoins, à la
variabilité climatique ne donnant aucune assurance de
sécurité alimentaire ajoutée à la baisse des
rendements agricoles, les paysans du bassin versant de la Pendjari n'ont comme
premier réflexe que l'augmentation des emblavures dans le but
d'accroitre les rendements agricoles. Cette stratégie est
également commune aux deux HER du bassin versant de la Pendjari.
5-1-3-3- Semis échelonné et semis
répété
Le semis échelonné consiste à semer la
même culture sur deux parcelles à des dates différentes
(Photo 15). Cette pratique permet aux paysans en cas de rupture de pluie que
l'une des cultures corresponde au rythme pluviométrique.
Photo 15: Champ de maïs en semis
échelonné à Tiélé (Tanguiéta)
En arrière-plan, s'observe les plants de maïs plus
grands et en avant-plan, les plants
plus petits. Source : Cliché IDIETI, août
2010.
155
Quant au semis répété, il consiste
à semer plusieurs fois la même culture sur les mêmes
parcelles au cours de la saison agricole. D'après 58 % des paysans, il
permet de faire des `resemis' c'est-à-dire procéder au
remplacement des plants fanés par l'insuffisance hydrique
consécutive à une rupture pluviométrique. (Ouorou Barre,
2007).
5-1-3-4- Association des cultures
Dans les champs des paysans du bassin versant de la Pendjari,
dans les deux HER, il est très rare de trouver une seule culture. Ils
associent le plus souvent plusieurs cultures sur une parcelle. Le sorgho par
exemple est cultivé avec le niébé et l'arachide ou le
voandzou ; l'igname avec le maïs et/ou le gombo ou avec le riz (Photos
16). Ces associations ont pour but de maximiser la production sur une
même parcelle et d'enrichir le sol. Elles tiennent compte de la
durée du cycle de vie des cultures. Par exemple, les feuilles de
niébé et de maïs qui arrivent à maturité
pendant la saison pluvieuse, pourrissent et se transforment en humus pour
nourrir les autres plantes ; les feuilles des légumineuses couvrent le
sol, amortissent l'effet des gouttes de pluie et diminue la vitesse de l'eau de
ruissellement.
Photo 16: Champ d'igname en association avec le riz
et le gombo à Tiélé (Tanguiéta)
Sur les buttes se trouvent les plants d'igname et de gombo
tandis que les plants de riz se trouvent dans les sillons. Le paysan
enlève la mauvaise herbe qui se trouve entre les plants du riz.
Source : Cliché IDIETI, juin 2009
156
5-1-3-5- Utilisation d'engrais
Dans l'optique de faire face aux faibles rendements agricoles
engendrés par la variabilité pluviométrique et la baisse
de fertilité des sols, les paysans utilisent des engrais chimiques.
Ousamene ( 2002) montre que, même quand les précipitations sont
faibles, si un agriculteur utilise deux (2) grammes de phosphate d'ammonium ou
six (6) de NPK en formule (15/15/15) dans les buttes de semis, les rendements
sont doublés. Les agriculteurs peuvent donc augmenter leur rendement en
utilisant seulement vingt (20) kilogrammes de phosphates d'ammonium en formule
18460 ou soixante (60) kilogrammes de phosphates d'ammonium de NPK en formule
(15/15/15) par l'hectare. Ouorou Barre (2007) constate que cela a
entraîné les agriculteurs à former des groupes pour acheter
ensemble des intrants agricoles au début de la saison.
5-1-4- Stratégies de contrôle et de
maîtrise de l'eau de ruissellement
Le relief à forte pente et la nature du terrain dans
les hydro-écorégions du bassin versant béninois de la
Pendjari ne favorisent pas partout la conservation des eaux et des sols.
Dès que la pluviométrie devient insuffisante, il est difficile de
mettre en place un champ de culture ou une couverture végétale.
Dès lors, les populations ont développé des techniques
culturales permettant une récupération du sol et une
maîtrise de l'eau de ruissellement. Il s'agit entre autres : du
dispositif en nids d'abeilles, des cordons pierreux ou cultures en terrasses,
du billonnage cloisonné, des billons perpendiculaires et
parallèles à la pente, des canaux d'évacuation et de
retenue d'eau.
5-1-4-1- Dispositif en nids d'abeilles
Cette stratégie est pratiquée uniquement sur des
terrains à forte proportion de cailloux et de graviers. Elle est
observée dans l'HER de l'Atacora. La technique consiste à
amonceler de la terre en disposant les pierres de manière circulaire ou
rectangulaire, de façon à former au centre des petites cuvettes
qui piègent l'eau (planche 1, photos 17). L'installation intervient
après les premières pluies au moment du labour. Les cuvettes
formées piègent l'eau en favorisant son infiltration.
Pierres
Cuvette
157
Planche 1: Schéma du dispositif en nids
d'abeilles Source : PGRN (1995), cité par Gnitona (2000)
Photo 17 : Nids d'abeilles à Takpanta
(Boukombé)
Observez les rangées de pierres en forme de nids
d'abeilles. Les cultures sont plantées à l'intérieur des
rangées.
Source : Natta, 1999
5-1-4-2- Technique de cordons pierreux ou cultures en
terrasses
A l'instar de la technique en nids d'abeilles, la
stratégie de cordons pierreux est pratiquée sur des terrains
à forte proportion de cailloux dans l'HER de l'Atacora. Elle consiste
à amonceler les pierres perpendiculairement à la pente du terrain
de façon à former des cordons pierreux et des bandes
juxtaposées (planche 2 et photo 18). De petits billons sont ensuite
confectionnés
158
sur ces terrasses pour les cultures. La réalisation des
terrasses de cultures permet non seulement d'accéder au sol mais aussi
à l'eau pluviale de s'infiltrer et alimenter les cultures.
Bande de cultures
Cordon de Pierres
Planche 2 : Schéma de la technique de cordons
pierreux. Source : PGRN (1995)
Photo 18 : Cordons pierreux ou casiers de cultures
à Kounawhongou (Boukombé)
Observez les cordons de pierres et la succession des bandes de
cultures. Source : Cliché IDIETI, 2004.
5-1-4-3- Billonnage cloisonné
Cette stratégie est réalisée dans l'HER
de Gourma sur des sols profonds et plus ou moins argileux. Les cloisons sont
confectionnées perpendiculairement à la pente afin de permettre
à l'eau de pluie collectée dans les sillons de s'infiltrer pour
alimenter les cultures. Les cloisons
159
sont en fait des gros billons dont la hauteur est
légèrement supérieure à celle des autres (planche 3
et photo 19).
Sillon
Billons
Cloisons
Planche 3 : Schéma du Billonnage cloisonné
Source : PGRN (1995)
Cloisons
Billons
Photo 19 : Billonnage cloisonné à
Tchapéta (Boukombé) Source : Cliché
Idiéti, 2004
L'installation a lieu en début de saison pluvieuse. Le
dispositif reste en place sur une saison de culture. A chaque nouvelle saison,
il faut refaire les billons. Elle permet selon les paysans de ralentir le
ruissellement de l'eau en favorisant le dépôt
d'éléments fertilisant le sol. De ce fait, l'eau de pluie stagne
dans les billons et s'infiltrant progressivement pour alimenter les
cultures.
160
5-1-4-4- Billons perpendiculaires et parallèles
à la pente
C'est une stratégie commune aux deux
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari. En effet,
lorsque la pente est faible ou nulle, les paysans font des billons qui sont
parfois gros ou minces. Ils sont disposés sous forme de "T" (photo 20).
Dans le premier cas, les billons sont orientés dans le sens
perpendiculaire à la pente. Dans le second cas, les billons sont
parallèles à la pente. Ici, deux aspects sont pris en compte par
les paysans : la taille des billons et leur orientation.
Photo 20 : Billonnage perpendiculaire et
parallèle à la pente à Porga
Observez le sens de billonnage suivant les pentes du terrain.
A gauche se trouve un sillon principal qui sert à distribuer de l'eau
dans des sillons secondaires perpendiculaires à la pente. Au centre, on
observe un billon principal parallèle également à la pente
qui sert à bloquer le passage de l'eau venant des sillons secondaires
mentionnés ci-dessus. Ce billon est adjacent à un autre sillon
principal identique à celui observé à gauche.
Source : Cliché Idieti, 2009.
En effet, lorsque les billons sont perpendiculaires à
la pente et minces, le paysan prévoit ainsi une éventuelle
irrégularité des pluies au cours de la saison agricole. Autrement
dit, cette disposition permet à l'eau précipitée si infime
soit-elle de stagner dans les sillons en s'infiltrant progressivement. Ceci
entraîne du coup une bonne alimentation et une productivité
certaine des cultures. De même, la réalisation des billons minces
est une garantie supplémentaire pour les cultures car leurs racines
arrivent à atteindre facilement les réserves d'eau.
161
La disposition des billons parallèles à la pente
favorise en cas de pluviométrie exceptionnelle, l'évacuation des
excès d'eau. Dans ce cas les billons sont gros. La raison
évoquée par les paysans est qu'elle évite le pourrissement
des racines/tubercules et la destruction des billons en cas d'inondation.
Sur les versants ou les flancs de montagnes moins pierreux
mais caillouteux, les billons sont tracés suivant les courbes de niveau,
ce sont les billons isohypses ; et les pierres sont alignées suivant la
pente (photo 21).
Photo 21 : Billons isohypses sur un flanc d'une colline
à Koutagou (Boukombé)
Observez le sens de billonnage et la succession des billons
perpendiculaires à la pente sous forme de courbes de niveau.
Cliché : Cliché IDIETI, 2004.
Dans les zones sujettes à l'inondation comme les abords
de rivières, les paysans font le buttage. Ici, la terre est
amoncelée en buttes contiguës disposées perpendiculairement
ou parallèlement au sens de la pente. L'eau est piégée
entre les sillons des buttes. En formant des cuvettes, une partie de l'eau
s'infiltre pour alimenter la nappe phréatique. L'eau restante permet aux
buttes de garder longtemps leur humidité en favorisant une bonne
alimentation des cultures.
162
5-1-4-5- Canaux d'évacuation et de retenue
d'eau
Il s'agit d'une pratique culturale qui consiste à
réaliser une suite de billons disposés sous fourme de deux "T".
Les pieds des billons constituent des canaux d'évacuation des eaux. Ces
canaux sont orientés selon le sens de la pente. En aval du canal, le
paysan construit un gros billon dont la hauteur est supérieure aux
autres billons. La réalisation des canaux d'évacuation suivant la
dénivellation du terrain vise essentiellement deux objectifs: (1) la
disposition des billons et leur taille (légèrement
élevée) permet en cas de déficit pluviométrique la
stagnation des eaux tombées. Les cultures profitent ainsi de cette
humidité pour croître normalement. (2) Les billons et les canaux
d'évacuation favorisent une meilleure circulation des excès d'eau
en cas de pluviométrie exceptionnelle.
Cette pratique, rencontrée plus souvent dans l'HER de
Gourma, démontre que les paysans sont très prévoyants
vis-à-vis des fluctuations qui surviennent au cours de la saison
agricole.
En somme, les stratégies d'adaptation mises en oeuvre
par les populations du bassin versant béninois de la Pendjari sont
relativement efficaces. Elles ont été initiées dans une
vision de satisfaire à leurs besoins alimentaires. L'application d'une
stratégie endogène est inhérente à une contrainte,
le paysan habitant le milieu n'a donc pas le choix sauf en cas d'insuffisance
de moyens nécessaire dans certains cas. Il est difficile
d'évaluer la proportion des ménages agricoles qui ont recours
à chacune des stratégies. En revanche le taux d'application de
l'ensemble des stratégies a été évalué par
hydro-écorégion. En effet, sur 23 différentes
stratégies endogènes, 20 sont appliquées dans l'HER de
l'Atacora soit un taux d'application de 86,9% et, 19 dans l'HER de Gourma soit
82,6% du taux d'application. Le tableau XVIII présente le
récapitulatif de l'application des différents stratégies
endogènes dans les deux HER de niveau 1 du bassin versant de la
Pendjari.
163
Tableau XVIII : Application des stratégies
endogènes dans les HER du bassin versant de la Pendjari
N°
|
Stratégies d'adaptation aux
contraintes
|
Application des stratégies
|
HER de l'Atacora
|
HER de Gourma
|
1.
|
Se réchauffer autour du feu de bois le matin et la nuit
pendant l'harmattan
|
x
|
x
|
2.
|
Porter des habits contre le froid et la déshydratation
pendant l'harmattan
|
x
|
x
|
3.
|
Se laver fréquemment pour atténuer la chaleur en
période de forte chaleur
|
x
|
x
|
4.
|
S'abriter sous des arbres ombragés en période de
forte chaleur
|
x
|
x
|
5.
|
Portent les habits contre le froid en période de pluie
|
x
|
x
|
6.
|
Labours de grosses butes ou de gros billons perpendiculairement
au sens du ruissellement afin résister à l'inondation et à
l'érosion
|
x
|
x
|
7.
|
Labour de petits billons pour contenir le peu de pluie en
période de sécheresse
|
x
|
x
|
8.
|
Adoption de nouvelles variétés de cultures
|
x
|
x
|
9.
|
Augmentation des emblavures
|
x
|
x
|
10.
|
Semis échelonné
|
x
|
x
|
11.
|
Semis répété
|
x
|
x
|
12.
|
Association des cultures
|
x
|
x
|
13.
|
Utilisation d'engrais
|
x
|
x
|
14.
|
Aménagement des mares et sources
|
x
|
|
15.
|
Réalisation des trous d'eau dans les cours d'eau
|
x
|
x
|
16.
|
Réalisation de forages et/ou de puits
|
x
|
x
|
17.
|
Réalisation des surcreusements ou des barrages
|
|
x
|
18.
|
Dispositif en nids d'abeilles
|
x
|
|
19.
|
Cordons pierreux ou cultures en terrasses
|
x
|
|
20.
|
Billonnage cloisonné
|
|
x
|
21.
|
Billons isohypses (suivant les courbes de niveau)
|
x
|
|
22.
|
Billons perpendiculaires et parallèles à la
pente
|
x
|
x
|
23.
|
Canaux d'évacuation et de retenue d'eau
|
|
x
|
|
Taux d'application de l'ensemble des stratégies
86,9% 82,6%
|
Bien qu'étant des stratégies à court,
moyen et long termes, elles sont peu orientées vers la vision de
conservation durable des écosystèmes naturels.
En revanche, des institutions foisonnent dans le bassin
versant de la Pendjari dans le cadre de la conservation, la protection et la
gestion durables des écosystèmes naturels.
164
5-2- Mesures réglementaires et
institutionnelles de la gestion durable des écosystèmes naturels
dans les hydro-écorégions du bassin versant de la
Pendjari
Ce sont des stratégies exogènes ou modernes dans
l'optique d'un développement durable qui permet d'atteindre
simultanément les objectifs d'adaptation aux variabilités
climatiques et de manière à diminuer la pression sur les
ressources, à améliorer la gestion des ressources des
écosystèmes naturels et à renforcer la capacité
d'adaptation. Il s'agit des textes réglementaires et des institutions
agissant dans la perspective de la durabilité des
écosystèmes naturels du bassin versant de la Pendjari.
5-2-1- Textes réglementaires de la gestion
durable des écosystèmes naturels du bassin versant de la
Pendjari
Depuis le début des années 1990, sous
l'impulsion des travaux de la Conférence Nationale Souveraine, une
politique appréciable de gestion durable des ressources naturelles
s'est, petit à petit, instaurée avec la création d'un
ministère de l'environnement au Bénin. Dès lors, plusieurs
stratégies et orientations dans le sens de la protection de la nature au
Bénin furent adoptées. Ces orientations, quoique convergentes,
sont dispersées dans plusieurs documents de référence. Il
s'agit des lois, décrets et arrêtés concernant la
conservation des ressources naturelles en général, de la
biodiversité, et la sauvegarde de la faune et la flore au
Bénin.
Sur le plan documents d'orientation et de stratégie, il
faut noter :
- les documents de base des différents projets successifs
d'aménagement des parcs
nationaux ;
- la Lettre de politique de développement rural (1991)
réaffirmée par la table ronde sur
le secteur rural (1995) et reprise par la lettre de
déclaration de politique de
développement rural (1999) ;
- le Plan d'Action Environnemental (1993) ;
- l'Agenda 21 national (1997) ;
- la stratégie nationale de conservation des aires
protégées (1995) ;
- le rapport national sur la diversité biologique (1998)
;
- le programme biodiversité et gestion durable de
l'environnement du Centre Béninois
pour le Développement Durable (CBDD) ;
- la politique et stratégie pour le développement
touristique au Bénin ;
- le plan directeur des parcs nationaux de la Pendjari et du W
;
165
Au plan législatif et réglementaire, il faut
retenir :
- la loi 87-013 du 21/09/87, portant réglementation de
la vaine pâture, de la garde des animaux domestiques et de la
transhumance ;
- la loi 87-014 du 21/09/87, portant réglementation de
la protection de la nature et de l'exercice de la chasse en République
du Bénin ;
- la loi 93-009 du 02/07/93 portant régime des
forêts en République du Bénin,
- le Décret 90-366 du 04/12/90, portant
modalités d'application de la loi 87-014
- le Décret 94-64 du 21/03/94, portant classement du
Parc National de la Pendjari en Réserve de la Biosphère ;
- l'Arrêté n° 429/MDRAC/MCAT/MF du 27/12/90,
portant fixation des redevances et taxes perçues en application des
règlements de la chasse et du tourisme de vision dans les zones
cynégétiques et zones dites libres ;
- la loi n° 93-021 du 02 Décembre 1992 (JORB,
1992), portant autorisation de ratification de la conservation sur la
Diversité Biologique signée le 13 Juin à Rio de Janeiro
;
- l'Arrêté n° 783 MDR/DCAB/CC/CP du 30
Décembre 1992 (JORB, 1992), portant création d'un Comité
de Coordination pour le Projet de Protection des végétaux ;
- l'Arrêté n° 601/MDR/DC/DFRN/SA du 08
Août 1993 (JORB, 1993), portant application en République du
Bénin de la Convention sur le Commerce International des espèces
de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) ;
- l'Arrêté n° 144/MISAT/DC/C-CAB/COMT du 07
octobre 1994 (JORB, 1994), portant salubrité, aménagement
d'espèces verts et implantation d'essences dans les abords
immédiats des habitations, des institutions de l'Etat, des
établissements industriels et commerciaux et des places publiques
- l'Arrêté n° 29 MEN/DC/AB/C-CAB du Novembre
1994 (JORB, 1995), portant attribution de la rénovation des jardins
botaniques et zoologiques du Campus Universitaire d'Abomey-Calavi ;
- l'Arrêté n° 128 MDR/DC/CC/CP du 07mars
1995 (JORB, 1995), Interministériel relatif au contrôle
phytosanitaire des végétaux et des produits
végétaux, à l'importation et à l'exportation ;
- l'Arrêté n° 226 MDR/DC/CC/DFRN/SA du 20
avril 1995 (MDR), portant création du Comité de suivi et de mise
en oeuvre de la politique Forestière du Bénin ;
166
- l'Arrêté n° 78/MDR/DC/CC/CP du 15 juillet
1995 (MDR), portant création de la Commission des plantes textiles et
des plantes stimulantes du Comité National de la Recherche Agricole ;
- l'Arrêté n° 694 M/DR/DC/CC/CP du 30
décembre 1994 (MDR, V/ Gestion des sols) ; portant attribution,
organisation et fonctionnement du Centre National de
Télédétection et de surveillance du Couvert Forestier ;
- l'Arrêté n° 023 /MEHU/DC/SG/DE/ CQNSE/SA
du 18 septembre 1997 (MEHU) portant création, composition, attribution
et fonctionnement du comité National chargé de la mise en oeuvre
de la Convention sur la Diversité Biologique et de son
Secrétariat permanent.
En ce qui concerne le cadre global international, il faudra
signaler l'entrée en vigueur au Bénin de conventions et accords
dont notamment :
- l'Accord de lutte anti-braconnage entre le Bénin et le
Burkina-Faso (1984) ;
- la Convention internationale pour la conservation des
thonidés de l'Atlantique (1986) ;
- la Convention sur la protection du patrimoine mondial, culturel
et naturel (1972) ;
- Convention sur la Conservation des Espèces Migratrices
appartenant à la faune
sauvage (CMS) (1999) ;
- Convention sur le commerce International des espèces de
faune et de flore sauvages
menacées d'extinction (CITES) (1982) ;
- la Convention sur la Diversité biologique (CBD) (1992)
;
- la Convention cadre sur les changements climatiques (1992) ;
- la Convention sur la lutte contre la désertification
(1994) ;
Le cadre institutionnel quant à lui a été
marqué par la création et l'animation de plusieurs services
dispersées dans différents ministères. Il s'agit notamment
:
- de l'ensemble des services techniques impliqués dans la
gestion de la faune et des
aires protégées (administration forestière,
ARDET et autres) ;
- de l'Agence Béninoise de l'Environnement (ABE) ;
- du Centre National de Gestion des Réserves de faune
(CENAGREF) ;
- du Centre Béninois pour le Développement Durable
(CBDD) ;
167
A l'examen de ces textes, on découvre la volonté
du législateur de protéger et de conserver le patrimoine
biologique, de le développer et de l'exploiter pour satisfaire les
besoins de la population. L'approche ayant prévalu avant la
conférence Rio est basée sur la répression notamment dans
les aires classées. Elle n'a pas donné les résultats
escomptés ; c'est du moins ce que révèle la tendance
à la dégradation des écosystèmes forestiers. Cette
situation s'explique à la fois par l'opposition larvée des
populations confrontées à une misère sans cesse
grandissante et à l'insuffisance des moyens requis pour appliquer les
mesures envisagées.
5-2-2- Institution de la gestion durable des
écosystèmes naturels du bassin versant de la Pendjari
Le droit à un environnement sain est un des droits de
l'homme auquel la République du Bénin a souscrit. Cette
préoccupation a été prise en compte dans sa nouvelle
constitution qui stipule en son article 27 que « toute personne a droit
à un environnement sain, satisfaisant et durable et a le droit de le
défendre. L'Etat veille à la protection de l'environnement.
» La prise en compte de cette préoccupation se traduit par la mise
en oeuvre de plusieurs actions concrètes à savoir :
? La création en juillet 1991 d'un ministère
spécifique chargé de l'Environnement.
Suivant les dispositions du décret n° 92-17 du 18
juillet 1992, ce ministère est chargé de "l'assainissement du
territoire, de la promotion et du contrôle de la gestion des ressources
naturelles renouvelables".
? La mise en place d'un cadre réglementaire pour la
gestion de l'environnement et pour
le développement.
Ce cadre comprend :
- le Plan d'Orientation National (PON) ;
- les codes de l'eau ;
- la loi-cadre sur l'Environnement ;
- le Code de l'Hygiène et de l'Assainissement ;
- le Plan d'Action Environnemental (PAE) ;
- l'Agenda 21 National ;
- les Plans Municipaux d'Actions Environnementales (PMAE) ;
- la Stratégie Nationale de Lutte contre la pollution
atmosphérique ;
168
- le Document de Stratégie de croissance et de
Réduction de la Pauvreté (DSCRP).
? La création de structures concourant à la
protection de l'environnement et au développement durable
Il s'agit entre autres de l'Agence Béninoise pour
l'Environnement (ABE), de la Commission Nationale pour le Développement
Durable (CNDD) et des agences d'exécution comme l'AGETUR et la
SERHAU-SA.
? L'émergence des acteurs de la
société civile
Les acteurs non gouvernementaux (ONG, organisations
communautaires de base et collectivités locales) s'organisent et
cherchent à s'impliquer de plus en plus dans la gestion et la protection
environnementale. Le tableau XVI Présente les structures non
gouvernementales (SNG) intervenant dans la gestion durable des ressources
naturelles dans le bassin de la Pendjari
Tableau XIX : Structures Non Gouvernementales (SNG)
intervenant dans la gestion durable des ressources naturelles dans le bassin de
la Pendjari.
SNG Domaine d'intervention
|
Hygiène, assainissement, éducation et agriculture
durable et
APDD Activités Génératrices de Revenus
(AGR)
APAE Agriculture, éducation
LISA Sécurité alimentaire, renforcement des
capacités
SNV renforcement des capacités
BUPDOS Agriculture, santé, environnement,
alphabétisation, infrastructure
CRS Education
PAM Sécurité alimentaire
PADPPA Pêche artisanale
PADEAR Eau et assainissement
PROTOS Eau et assainissement
Aide et Action Education
ODES Santé, micro finance agriculture nutrition
Agriculture, santé, environnement alphabétisation,
enfance et
JURA Afrique femme
TITOUA Alphabétisation, santé, nutrition
ADI Santé, microfinance et activités
génératrices de revenus
BODARIMA Santé, environnement
ALPHA et OMEGA/ Agriculture, environnement et planification du
développement Environnement
AVIGREF Faune
|
Source : PDC + Enquêtes de terrain
(2009)
169
? La mise en oeuvre de nombreux programmes et/ou projets
environnementaux . ·
- Le projet UNSO de plantation d'arbres à buts
multiples pour améliorer les conditions de vie des populations rurales
en mettant un frein aux phénomènes de dégradation de
l'environnement (surtout du couvert végétal) et à
l'avancée du désert. Il intervient par la création de
pépinières et l'appui au reboisement en fournissant aux
populations rurales des essences fourragères, des bois de service,
d'oeuvre et de chauffage.
- Le Projet de Gestion des Ressources Naturelles (PGRN) pour
encourager la gestion des systèmes de production durables et des
ressources naturelles par les communautés rurales organisées.
- Le Projet de Conservation et de Gestion des Parcs Nationaux
pour promouvoir une meilleure gestion du patrimoine national de
diversité biologique dans les parcs nationaux et les zones de chasse
avec une forte implication des communautés à la base.
- Le Projet de Gestion des Forêts et des Terroirs
Riverains (PGFTR) pour développer le potentiel forestier des
communautés à la base et lutter contre la désertification.
Ce projet émane des acquis du volet Aménagement Forestier du
Projet de Gestion des Ressources Naturelles.
- Le projet Hydraulique Villageoise pour maximiser l'impact de
la durabilité des services hydrauliques et de l'approvisionnement en eau
en milieu rural en intégrant à l'aspect « offre de l'eau
», un volet "assainissement" et un volet
"Information-Education-Communication" qui font de ce projet issu du Programme
"Diversité biologique" un projet intégré.
- Le programme d'Aménagement des Zones Humides (PAZH)
pour promouvoir le développement durable à travers la
conservation, la réhabilitation et la mise en valeur des
écosystèmes humides.
- Le projet ESPRIT-EDULINK pour aider les décideurs
à connaître les potentialités et les menaces sur les
ressources naturelles et les populations des bassins du Nord Bénin
à prendre conscience des impacts de leurs diverses activités sur
les ressources en eau et les écosystèmes naturels ; ce qui
contribuera à un changement de comportements des populations pour une
utilisation et une gestion durables des écosystèmes naturels.
- Etc.
L'analyse des projets exécutés ou en cours
d'exécution sus-indiqués fait ressortir qu'ils ont trait à
des domaines très variés. Dans le cadre de la présente
étude, une recherche sur l'implication des populations dans les actions
de ces différents projets et organisations n'a pas été
faite pour évaluer leur efficacité et leur impact sur la
protection de l'environnement.
170
Cependant, force est de constater que les résultats
obtenus n'ont pu contribuer davantage à inverser les tendances lourdes
observées au niveau de la dégradation des
écosystèmes naturels.
Conclusion partielle
Au terme de l'étude des stratégies d'adaptation
à la dynamique des écosystèmes naturels dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari, il faut en
retenir deux types : les stratégies endogènes et les mesures
institutionnelles et réglementaires. En ce qui concerne les
stratégies endogènes, les stratégies d'adaptation aux
contraintes climatiques et hydriques visent à protéger et
conserver les ressources en eau. Quant aux stratégies d'adaptation aux
contraintes pédo-géologiques et topographiques, elles visent
à améliorer la productivité agricole pendant que les
mesures de contrôle et de maîtrise d'eau du ruissellement
concourent à la lutte anti-érosive et à la conservation
des sols.
Les mesures institutionnelles et réglementaires de la
gestion durable des écosystèmes naturels regroupent l'ensemble
des textes et conventions en vigueur en République du Bénin et
sur le plan international en matière de protection, de conservation et
de gestion de l'environnement et des ressources naturelles. Il s'agit des
documents d'orientation et de stratégie, des lois, des décrets et
des arrêtés, et les conventions et accords internationaux. Sur le
plan institutionnel, il s'agit de la création des structures concourant
à la protection de l'environnement et au développement durable et
l'émergence des acteurs de la société civile dans le
domaine de la protection durable des ressources naturelles et de la
biodiversité en particulier sans oublier la mise en oeuvre de nombreux
programmes et/ou projets environnementaux.
171
CONCLUSION GENERALE
172
La présente étude s'inscrit dans le cadre de la
recherche sur la gestion durable des ressources naturelles. Elle est une
contribution à la compréhension du fonctionnement
écologique du bassin versant de la Pendjari. Ayant pour objectif de
contribuer à une meilleure connaissance des
hydro-écorégions du bassin versant béninois de la
Pendjari, l'étude s'est basée sur les facteurs primaires du
fonctionnement physique et écologique des écosystèmes
d'eau de surface pour identifier les hydro-écorégions du bassin
versant de la pendjari. La méthode cartographique a été
utilisée pour l'identification et la cartographie des
hydro-écorégions et les méthodes d'analyse statistique et
comparative pour l'analyse des déterminants de la dynamique des
écosystèmes naturels.
A l'issue de ces démarches, deux
hydro-écorégions de niveau 1 (l'HER de Gourma et l'HER de
l'Atacora) ont été identifiées et cartographiées
à partir des critères du relief, de la géologie et du
climat. Les déterminants qui sont à la base de la dynamique des
écosystèmes naturels dans les hydro-écorégions du
bassin versant de la Pendjari se regroupent en quatre catégories : les
déterminants hydro-climatiques ; les déterminants
géophysiques, les déterminants socio-culturels et les
déterminants économiques.
De 1972 à 2006, la dynamique des
écosystèmes naturels est marquée par la dégradation
des unités d'occupation du sol (les savanes saxicoles, arborées
et arbustives et les forêts claires/svanes boisées), qui occupent
le plus d'espace dans les hydro-écorégion, au profit des
mosaïques de cultures et jachères et des agglomérations. Les
populations du bassin versant de la Pendjari ont développé des
stratégies d'adaptation sur la base de leurs connaissances, leurs
savoirs et leur savoir-faire. On en a distingué des stratégies
endogènes et des mesures institutionnelles et réglementaires. Les
stratégies endogènes sont les mesures d'adaptation aux
contraintes climatiques, pédo-géologiques et topographiques. Les
mesures institutionnelles et réglementaires sont les institutions, les
textes etles organismes à caracères administratif qui concernent
la gestion et la conservation des ressources naturelles au Bénin.
Cependant, les résultats de cette étude sont
considérablement limités par les données. En effet,
- les deux hydro-écorégions de niveau 1
identifiées sont distinctement différentes sur des bases
topographiques et relativement différentes sur des bases
géologiques. Les paramètres du critère du climat
(Précipitations et températures) ne permettent pas de distinguer
les deux hydro-écorégions en raison de l'inexistence des
données nécessaires. Les données de températures ,
limitées à la seule station de Natitingou,
173
n'ont pas permis de présenter les
caractéristiques réelles de la variation des températures
dans les HER identifiées.
- les données hydrologiques utilisées sont
limitées à la seule station de Porga. Cette insuffisance est due
à l'inexistence de stations hydrométriques sur d'autres exutoires
de la rivière Pendjari et ses affluents. Cela n'a pas permis de
présenter les caractéristiques hydrologiques réelles des
HER identifiées.
Au terme de cette étude, nous retenons qu'il reste
encore plusieurs inconnues qui limitent l'identification des
hydro-écorégions du bassin versant béninois de la Pendjari
:
- l'identification et la cartographie des
hydro-écorégions de niveau supérieur (HER-2, HER-3, etc.),
nécessite outre les paramètres géologiques, topographiques
et climatiques, la considération des critères tels que la
morphologie des cours d'eau, leurs profondeurs, l'hydrochimie, la
sédimentologie, le débit écologique, etc.
- les données écologiques sont
constituées de l'inventaire de zoobenthos et de phytobenthos, de
l'inventaire de la faune et la flore des zones riveraines des rivières,
des données hydromorphologiques (morphologies et profondeurs des
rivières). Lorsqu'il n'y a pas ou très peu de données
comme c'est cas de cette étude, il y a lieu de faire des observations
pendant deux ans au moins afin de disposer des données
nécessaires pour apprécier l'impact de déficit
hydrologique sur les écosystèmes.
Nonobstant tout ce qui précède, il est important
d'envisager des perspectives permettant une utilisation et une gestion durable
des écosystèmes naturels du bassin versant de la Pendjari.
A cet effet, nous proposons à l'endroit des
gestionnaires des ressources naturelles et des scientifiques :
V' l'identification des exutoires de référence
dans les HER où les stations hydrométriques devront être
installées pour des mesures de données hydrologiques,
V' le renforcement du poste pluviométrique de Porga par
la fonction de mesure des températures, ou la création d'une
station climatologique au niveau de l'hôtel Pendjari.
V' la réalisation d'une étude d'identification
de la biodiversité (faune et flore) de référence dans
chaque HER. Cela permettrait de définir un état de
référence des écosystèmes naturels, de faire le
choix des objectifs de gestion et de considérer les HER comme
entités spatiales de gestion.
V' le développement d'une synergie d'action entre les
gestionnaires/décideurs. Les actions d'un agronome dans un milieu
donné par exemple devront être connues par le
vétérinaire, le botaniste,
etc. et vis-versa.
174
A l'endroit des communautés paysannes utilisatrices des
ressources naturelles, bien que chacun soit sensible à ses
intérêts, il est important de prendre conscience des impacts de
leurs diverses activités d'exploitation des terres sur les ressources en
eau et les écosystèmes naturels. C'est pourquoi il est urgent
:
V' d'adopter l'utilisation des fertilisants organiques en
remplacement des engrais chimiques, pour la restauration des terres. Cela est
possible si les agriculteurs intègrent leurs activités dans
l'approche filière en synergie avec les éleveurs ;
V' d'adopter le coton biologique comme une des cultures de
rente, en remplacement du coton conventionnel ;
V' de connaitre et respecter la réglementation en
vigueur en matière de pêche et de chasse.
Ce travail sur les hydro-écorégion n'est que
précurseur. Dans nos prochaines études, il sera question
d'approfondir l'identification, la délimitation et la cartographie des
HER de niveau supérieur (HER-2, HER-3, etc.).
175
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17-
http://photojournal.jpl.nasa.gov/catalog/PIA04965
18-
http://glcf.umiacs.umd.edu/data/
19- //
ftp.glcf.umiacs.umd.edu/glcf/Landsat/WRS1/p193/r053/
20- http://glovis.usgs.gov/
21-
http://www.lyon.cemagref.fr/doc/these/index.shtml
22-
http://www.lyon.cemagref.fr/bea/lhq/wasson.shtml
23-
191
http://www.pendjari.net/spip.php?article129=&var_recherche=avigref
24-
http://www.abn.ne/index.php/eng/NBA/Member-countries/Benin/Le-contexte-physique/Ressources-en-eau
25- http://www.planet-terre.ens-lyon.fr/
26-
http://lemunicipal.org/index.php/2008/12/09/variabilite-climatique-au-benin-le-benin-aux-difficiles-heures-de-l%E2%80%99adaptation/
27-
http://www.afrikinfo.com/lois/gouvern/map_ad.htm
28-
http://siteresources.worldbank.org/EXTIDAFRENCH/Resources/GestionEau_FR.pdf
29-
http://asterweb.jpl.nasa.gov/images/GDEM-10km-colorized.png
30-
http://www.gdem.aster.ersdac.or.jp
31-
http://www.geoportail.fr/5062702/faq/les-donnees.htm
32-
http://www.landsat.org/ortho/index.php
33- http://www.rse.inrs.ca/ (Site de la revue des sciences de
l'eau)
34-
http://www2.ademe.fr/servlet/KBaseShow?sort=-1&cid=96&m=3&catid=15113#
(Indicateurs biologiques des sols)
35-
http://www.u-picardie.fr/beauchamp/mst/eau-sol.htm
(Formules de calcul de l'ETP et de l'ETR)
36-
http://bulletin.geoscienceworld.org
192
Table des figures
Figure 1: Situation géographique du bassin versant
béninois de la Pendjari 15
Figure 2 : Relief du bassin versant béninois de la
Pendjari 17
Figure 3 : Réseau hydrographique du bassin versant de
la Pendjari 19
Figure 4 : Coupe géologique dans le bassin versant de
la Pendjari 21
Figure 5 : Sols du Bassin versant béninois de la
pendjari 24
Figure 6 : Mouvement oscillatoire annuel de la ZIG sur
l'Afrique 25
Figure 7 : Evolution des populations des communes du bassin
versant de la Pendjari de 1992
à 2012 29 Figure 8 : Répartition
spatiale des stations pluviométriques et hydrométriques des
données
collectées pour cette étude. 53
Figure 9 : Répartition spatiale des localités
enquêtées dans le secteur d'étude 57
Figure 10 : Schémas de classification des cours d'eau
de Horton (1945) et de Strahler (1952)
64 Figure 11 : Schéma conceptuel des relations
entre les critères d'identification des hydro-
écorégions du bassin de la Pendjari
72 Figure 12 : Shéma de prélèvement de cinq
(05) échantillons d'eau sur une section d'un cours
d'eau 78
Figure 13 : Répartition spatiale des points de
prélèvement d'eau 79
Figure 14 : Hydro-écorégions de niveau 1 du
bassin versant de la Pendjari et Hiérarchisation
des cours d'eau (selon la méthode de Strahler)
88
Figure 15 : Unités géologiques des
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari 89
Figure 16: Altitudes du bassin versant de la Pendjari
90
Figure 17 : Pentes du bassin versant de la Pendjari
90
Figure 18 : Champs de la pluviosité du bassin versant
de la Pendjari (période 1961-2006) 91
Figure 19 : Champs des températures moyennes du bassin
versant de la Pendjari (période
1961-2006) 91 Figure 20 : Variabilité
interannuelle des températures moyennes dans le bassin versant de
la
Pendjari sur la période 1961-2006. 101 Figure
21 : Variabilité de la température moyenne mensuelle sur les
décennies 1961-1970,
1971-1980, 1981-1990 et 1991-2000 dans le bassin versant de
la Pendjari 102 Figure 22 : Régime pluviométrique
dans les HER du bassin versant béninois de la Pendjari
(Moyennes 1961-2006) 103
193
Figure 23 : Répartition des mois d'une année
entre les deux saisons dans les HER du bassin
versant béninois de la Pendjari 104 Figure
24 : Ruptures de stationnarité des pluviométries annuelles
dans les Hydro-Ecorégions
du bassin de la Pendjari au Bénin sur la
période 1961-2006 107 Figure 25: Variabilité
interannuelle et tendance pluviométrique dans les
hydro-écorégions du
bassin de la Pendjari 108 Figure 26 :
Répartition temporelle des années exceptionnelles
enregistrées dans les hydro-
écorégions du bassin versant de la Pendjari
de 1961 à 2006 109 Figure 27 : Pluviométries
saisonnières des sous-périodes 1961-1975 et 1976-2006 dans
les
Hydro-Ecorégions du bassin de la Pendjari
111 Figure 28 : Bilan climatique mensuel dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la
Pendjari 113 Figure 29 : Variation du bilan
climatique sur les sous-périodes 1961-1975 et 1976-2006 dans
les Hydro-Ecorégions du bassin versant de la
Pendjari 114 Figure 30 : Bilan climatique interannuel (1961-2006)
dans les hydro-écorégions du bassin
versant béninois de la Pendjari 114 Figure
31 : Variation mensuelle des débits dans les
hydro-écorégions du bassin versant
béninois de la Pendjari. 116 Figure 32 :
Variabilité interannuelle de l'écoulement dans les
hydro-écorégions du bassin
versant béninois de la Pendjari 117 Figure
33 : Variation des coefficients d'écoulement annuels de 1961
à 2006 dans les hydro-
écorégions du bassin versant de la Pendjari
121
Figure 34 . Occupation de l'espace du bassin versant
béninois de la Pendjari en 1972 126
Figure 35 : Occupation de l'espace du bassin versant
béninois de la Pendjari en 1990 126
Figure 36. Occupation de l'espace du bassin versant
béninois de la Pendjari en 2006 126
Figure 37: Evolution de la démographie dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la
Pendjari 138 Figure 38 : Evolution des
superficies cultivées dans le bassin versant béninois de la
Pendjari
de 1997-2006 142
Figure 39 : Evolution du cheptel dans le bassin versant de
la Pendjari de 1998 à 2007 143
194
Table des tableaux
Tableau I : Synthèse des études sur les
hydro-écorégions 47 Tableau II : Répartition spatiale
des villages cibles par commune et par unité de relief pour les
enquêtes de terrain 56
Tableau III : Répartition des individus
enquêtés dans le secteur d'étude 58
Tableau IV : Données géographiques,
météorologiques et hydrologiques disponibles du
bassin versant de la Pendjari 59
Tableau V: Regroupement des faciès géologiques du
bassin versant de la Pendjari 62
Tableau VI : Critères d'identification et de
délimitation des hydro-écorégions du bassin
versant de la Pendjari. 71
Tableau VII : Clé d'interprétation des images
satellites 82
Tableau VIII : Caractéristiques physiques des
hydro-écorégions (HER) du bassin versant
béninois de la Pendjari 93 Tableau IX: Les intersaisons
et leurs signes d'identification dans les HER du bassin versant
de la Pendjari 105
Tableau X : Déficit de la pluviosité mensuelle dans
l'HER de l'Atacora (Natitingou) 111
Tableau XI : Déficit de la pluviosité mensuelle
dans l'HER de Gourma (Tanguiéta) 112
Tableau XII : Déficit de l'écoulement dans le
bassin de la Pendjari 118
Tableau XIII : Bilan hydrologique dans les
Hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari
sur la période 1961-2006 119 Tableau XIV : Evolution du
nombre de quelques mammifères dans le Parc Pendjari en trois
ans (2004-2006) 127 Tableau XV : Evolution des superficies des
unités d'occupation du sol de 1972 à 2006 dans
les hydro-écorégions du bassin versant de la
Pendjari 128 Tableau XVI : Perception paysanne de la dynamique des
écosystèmes naturels dans les hydro-
écorégions du bassin versant de la Pendjari
130 Tableau XVII : Perception paysanne la dynamique des masses d'eau dans
les hydro-
écorégions du bassin versant de la Pendjari
134 Tableau XVIII : Application des stratégies endogènes dans
les HER du bassin versant de la
Pendjari 163 Tableau XIX : Structures Non Gouvernementales
(SNG) intervenant dans la gestion durable
des ressources naturelles dans le bassin de la Pendjari. 168
195
Table des photos et Planches
Photo 1: Tata somba à Koutagou (Commune de
Boukombé) 32
Photo 2 : Campement de pêcheurs à Porga (Commune
de Matéri) 33
Photo 3 : Troupeau de boeufs des Peuhls à Nanimbou
(Tanguiéta) 34
Photo 4 : Pêche dans la rivière Pendjari à
Porga 35
Photo 5 : Une ruche traditionnelle sur un arbre d'une galerie
forestière à Tchatingou
(Tanguiéta). 36
Photo 6 : Rivière Pendjari en crue à Porga
pendant la saison pluvieuse 116
Photo 7 : Rivière Pendjari en étiage à
Porga pendant la saison sèche 117
Photo 8 : Trous d'eau sacrés et fétiche à
Tchatingou, sources de la cascade de Tanoungou 140
Photo 9 : Cobe tué dans le Parc-Pendjari et
ramené au campement de chasse à Tanoungou
pour contrôle. 145
Photo 10 : Mare aménagée à Kounagningou
(Boukombé) 150
Photo 11: Source aménagée à Koutagou
(Boukombé) 151
Photo 12: Trou d'eau à Kontchougou (Boukombé)
151
Photo 14 : Barrage de Tchakalakou (à Toukountouna) ;
HER de l'Atacora 152
Photo 13 : Surcreusement à Dassari (Matéri) ;
HER de Gourma 153
Photo 15: Champ de maïs en semis échelonné
à Tiélé (Tanguiéta) 154
Photo 16: Champ d'igname en association avec le riz et le
gombo à Tiélé (Tanguiéta) 155
Photo 17 : Nids d'abeilles à Takpanta (Boukombé)
157
Photo 18 : Cordons pierreux ou casiers de cultures à
Kounawhongou (Boukombé) 158
Photo 19 : Billonnage cloisonné à
Tchapéta (Boukombé) 159
Photo 20 : Billonnage perpendiculaire et parallèle
à la pente à Porga 160
Photo 21 : Billons isohypses sur un flanc d'une colline
à Koutagou (Boukombé) 161
Planche 1: Schéma du dispositif en nids d'abeilles
157
Planche 2 : Schéma de la technique de cordons pierreux.
158
Planche 3 : Schéma du Billonnage cloisonné
159
196
ANNEXES
197
Annexe 1a : Coordonnées des stations des
données climatiques et hydrologiques du secteur d'étude
Station du bassin versant de la Pendjari
Stations
pluviométriques
|
Coordonnées en degrés
décimaux
|
Latitudes
|
Longitudes
|
Natitingou
|
10,316667
|
1,383333
|
Tanguiéta
|
10,616667
|
1,266667
|
Porga
|
11,000067
|
0,966667
|
Boukombé
|
10,166667
|
1,100000
|
Kouandé
|
10,333333
|
1,690000
|
Kerou
|
10,825000
|
2,109444
|
Stations hydrologiques
|
|
|
Porga
|
11,050000
|
0,966700
|
Tiélé
|
10,716700
|
1,200000
|
Stations témoins
Stations
pluviométriques
|
Coordonnées en degrés
décimaux
|
Latitudes
|
Longitudes
|
Banikoara
|
11,300000
|
2,433333
|
Diapaga
|
12,129556
|
1,836389
|
Fada Ngourma
|
12,168250
|
0,435056
|
Pama
|
11,220528
|
0,888722
|
Kara ville
|
9,663000
|
1,315083
|
Pagouda
|
9,766389
|
1,350000
|
Niamtougou
|
9,863611
|
1,234861
|
Annexe 1b : Répartition des années
exceptionnelles enregistrées dans les
hydro- écorégions du bassin versant de la
Pendjari de 1961 à 2006
|
Années de sécheresse
|
Années d'excédent
de pluies
|
|
|
Années normales
|
|
HER de GOURMA (Station de Tanguiéta)
|
1961,1977,
1987, 1988,
|
1985,
1990
|
1962, 1964, 1972, 1998,
|
1963, 1968, 1994, 2005
|
1965, 1974, 1982, 1993, 2002,
|
1966, 1975, 1983, 1995, 2003,
|
1967, 1976, 1984, 1996, 2004,
|
1969, 1978, 1986, 1997, 2006.
|
1970, 1979, 1989, 1999,
|
1971, 1980, 1991, 2000,
|
1973, 1981, 1992, 2001,
|
Proportions (%)
|
|
13%
|
|
|
17%
|
|
|
|
70%
|
|
|
HER de l'ATACORA (Station de Natitingou)
|
1961,1977,
1987, 1997, 2006
|
1985,
2000,
|
1962, 1968, 1974, 1998,
|
1963, 1969, 1978, 2003
|
1964, 1975, 1984, 1996,
|
1965, 1976, 1986, 1999,
|
1966, 1979, 1989, 2001,
|
1967, 1980, 1991, 2002,
|
1970, 1981, 1992, 2004.
|
1971,
1982,
1993,
|
1973,
1983,
1995,
|
Proportions (%)
|
|
15%
|
|
|
17%
|
|
|
|
67%
|
|
|
198
Annexe 2a : Champs des
températures à partir des images satellites
199
Annexe 2b : Températures des
localités déterminées à partir des altitudes et du
gradient thermique altitudinal (GT = 0,5°C pour 100 m)
Localités
|
Coordonnées
|
Altitudes (en m)
|
Temp. Max (°C)
|
Temp. Min (°C)
|
Temp. Moy (°C)
|
Longitudes
|
Latitudes
|
Porga
|
0,977300
|
11,034200
|
142
|
34,9
|
22,5
|
28,7
|
Batia
|
1,482200
|
10,884500
|
243
|
34,3
|
21,9
|
28,1
|
Boukombé
|
1,100000
|
10,166667
|
220
|
34,5
|
22,1
|
28,3
|
Dassari
|
1,140000
|
10,793900
|
187
|
34,6
|
22,2
|
28,4
|
Datori
|
0,787100
|
10,397500
|
174
|
34,7
|
22,3
|
28,5
|
Firouhoun
|
1,064100
|
10,814400
|
192
|
34,6
|
22,2
|
28,4
|
Gouandé
|
0,919600
|
10,766500
|
175
|
34,7
|
22,3
|
28,5
|
KOBLI
|
1,013200
|
10,463400
|
242
|
34,3
|
21,9
|
28,1
|
Konkombri
|
1,946900
|
11,312400
|
306
|
34,0
|
21,6
|
27,8
|
Kotari
|
1,070500
|
10,587300
|
219
|
34,5
|
22,1
|
28,3
|
Kountori
|
0,943000
|
10,388800
|
182
|
34,7
|
22,3
|
28,5
|
Koutangou
|
1,105700
|
10,351200
|
214
|
34,5
|
22,1
|
28,3
|
Manta
|
1,108800
|
10,348800
|
210
|
34,5
|
22,1
|
28,3
|
Matéri
|
1,066600
|
10,676200
|
204
|
34,6
|
22,2
|
28,4
|
Nafayaoti
|
1,205700
|
10,542900
|
232
|
34,4
|
22,0
|
28,2
|
Naouangou
|
1,010000
|
10,502400
|
235
|
34,4
|
22,0
|
28,2
|
N'dahonta
|
1,111300
|
10,503800
|
213
|
34,5
|
22,1
|
28,3
|
Nodi
|
1,010900
|
10,606000
|
202
|
34,6
|
22,2
|
28,4
|
Pama
|
0,888722
|
11,220528
|
242
|
34,3
|
21,9
|
28,1
|
Pingou
|
1,113400
|
10,674900
|
226
|
34,4
|
22,0
|
28,2
|
Satiandiga
|
1,022500
|
10,908700
|
162
|
34,8
|
22,4
|
28,6
|
Souomou
|
1,088000
|
10,694000
|
245
|
34,3
|
21,9
|
28,1
|
Tabota
|
1,039300
|
10,386800
|
228
|
34,4
|
22,0
|
28,2
|
Tanguiéta
|
1,271100
|
10,599700
|
234
|
34,4
|
22,0
|
28,2
|
Tantéga
|
1,033100
|
10,813100
|
224
|
34,4
|
22,0
|
28,2
|
Tapoga
|
0,985000
|
10,559000
|
190
|
34,6
|
22,2
|
28,4
|
Tayakou
|
1,209500
|
10,529000
|
237
|
34,4
|
22,0
|
28,2
|
Tchanhoun-Kossi
|
0,973900
|
10,726700
|
177
|
34,7
|
22,3
|
28,5
|
Tiaéta
|
1,142800
|
10,508200
|
236
|
34,4
|
22,0
|
28,2
|
Tiélé
|
1,205500
|
10,710800
|
176
|
34,7
|
22,3
|
28,5
|
Tihoun
|
1,079100
|
10,788600
|
193
|
34,6
|
22,2
|
28,4
|
Yohongou
|
1,176000
|
10,513900
|
227
|
34,4
|
22,0
|
28,2
|
Banikoara
|
2,433333
|
11,300000
|
300
|
34,0
|
21,6
|
27,8
|
Kèrou
|
2,109444
|
10,825000
|
310
|
31,3
|
16,6
|
24,0
|
Nanébou
|
1,316700
|
10,650900
|
342
|
33,8
|
21,4
|
27,6
|
Ouankou
|
1,176000
|
10,450300
|
253
|
34,3
|
21,9
|
28,1
|
Tanougou
|
1,428100
|
10,797600
|
269
|
34,2
|
21,8
|
28,0
|
Tipaoti
|
1,286700
|
10,122500
|
290
|
34,1
|
21,7
|
27,9
|
Bouyagnindi
|
1,571800
|
10,596000
|
435
|
33,3
|
20,9
|
27,1
|
Didompèi
|
1,290000
|
10,183300
|
360
|
33,7
|
21,3
|
27,5
|
200
Kaba
|
1,358400
|
10,372800
|
433
|
33,3
|
20,9
|
27,1
|
Kaba-Koudengou
|
1,357300
|
10,373000
|
428
|
33,3
|
20,9
|
27,1
|
Kadassou
|
1,379700
|
10,564300
|
390
|
33,5
|
21,1
|
27,3
|
Kokota
|
1,365700
|
10,419000
|
413
|
33,4
|
21,0
|
27,2
|
Kouandata
|
1,387800
|
10,141800
|
372
|
33,6
|
21,2
|
27,4
|
Kpakotankoga
|
1,663400
|
10,720400
|
410
|
33,4
|
21,0
|
27,2
|
Manougou
|
1,316700
|
10,635500
|
417
|
33,4
|
21,0
|
27,2
|
Moussitingou
|
1,406500
|
10,549800
|
371
|
33,6
|
21,2
|
27,4
|
Séri
|
1,684400
|
10,760900
|
385
|
33,6
|
21,2
|
27,4
|
Tampégré
|
1,337600
|
10,410400
|
430
|
33,3
|
20,9
|
27,1
|
Tampobré
|
1,552400
|
10,547300
|
437
|
33,3
|
20,9
|
27,1
|
Tandafa
|
1,630500
|
10,673900
|
442
|
33,3
|
20,9
|
27,1
|
Tchakalakou
|
1,340900
|
10,526400
|
404
|
33,5
|
21,1
|
27,3
|
Toukontouna
|
1,378800
|
10,480600
|
380
|
33,6
|
21,2
|
27,4
|
Dikouan
|
1,301700
|
10,274500
|
540
|
32,7
|
20,3
|
26,5
|
Kouandé
|
1,690000
|
10,333333
|
450
|
33,2
|
20,8
|
27,0
|
Kouarfa
|
1,516000
|
10,473000
|
534
|
32,8
|
20,4
|
26,6
|
Kronkoré
|
1,334300
|
10,566800
|
494
|
33,0
|
20,6
|
26,8
|
Natitingou
|
1,375000
|
10,305000
|
454
|
33,2
|
20,8
|
27,0
|
Niangou
|
1,410500
|
10,705000
|
522
|
32,8
|
20,4
|
26,6
|
Ouroufinan
|
1,751500
|
10,770200
|
463
|
33,2
|
20,8
|
27,0
|
Perpoyakou
|
1,356600
|
10,340600
|
523
|
32,8
|
20,4
|
26,6
|
Tahongou
|
1,201400
|
10,481100
|
453
|
33,2
|
20,8
|
27,0
|
Tankouga
|
1,484700
|
10,834200
|
464
|
33,1
|
20,7
|
26,9
|
Tantoukou
|
1,392300
|
10,413100
|
454
|
33,2
|
20,8
|
27,0
|
Tektibayaou
|
1,417900
|
10,471900
|
462
|
33,2
|
20,8
|
27,0
|
Tiatingou
|
1,476900
|
10,805300
|
468
|
33,1
|
20,7
|
26,9
|
Tora
|
1,351800
|
10,649000
|
513
|
32,9
|
20,5
|
26,7
|
Waabou
|
1,458500
|
10,479000
|
475
|
33,1
|
20,7
|
26,9
|
Banguiritamou
|
1,550200
|
10,422600
|
606
|
32,4
|
20,0
|
26,2
|
Kotopounga
|
1,535800
|
10,307300
|
626
|
32,3
|
19,9
|
26,1
|
Kouaba
|
1,225000
|
10,250200
|
582
|
32,5
|
20,1
|
26,3
|
Koussoukouangou
|
1,201700
|
10,175700
|
570
|
32,6
|
20,2
|
26,4
|
Pouya
|
1,484000
|
10,285700
|
620
|
32,3
|
19,9
|
26,1
|
Taguayè
|
1,304000
|
10,258800
|
570
|
32,6
|
20,2
|
26,4
|
Yarikou
|
1,577400
|
10,373300
|
621
|
32,3
|
19,9
|
26,1
|
Hotèl Pendjari
|
1,58963889
|
11,49875
|
198,5
|
34,6
|
22,2
|
28,4
|
Mare Bali
|
1,55866667
|
11,24386
|
211,5
|
34,5
|
22,1
|
28,3
|
Mare Diwouni
|
1,71677778
|
11,51575
|
196
|
34,6
|
22,2
|
28,4
|
201
Annexe 2c_1 : Champs des températures maximales
générées à partir du gradient thermique
altitudinal
lsotherme
· Lacalitë
Limite d`etats
Températures maximales
32.09 °C- 32.49°C 32.49 °C- 32.89°C
32.89°C - 33.28°C 33.29°C - 33.68°C 33.69°C -
34.08°C 34.08°C - 34.48°C 34.49 - 34.88 et
plus
BASSIN 11 Do
VERSANT DU NIGER
TOGO
-10'30
10°30-
1=00
V:130
2°00'
BURKINA FASO
~0
m bri
9
·
f NYarikou
Natiting u
-11`30'
7.
0 10 20 Kilometres
BASSIN VERSANT DE LA KERAN
1`00'
Source : ASECNA, Cotonou + Résultats de traitement
à partir du gradient thermique aItitudinal
202
Annexe 2c_2 : Champs des
températures moyennes générées à partir du
gradient thermique altitudinal
Limite d'etats
Isotherme
· Localité
Temperatures moyennes 26,05°C - 26,57°C 26,58°C -
27,10°C 27,11°C - 27,62°C 27,63°C - 28,15°C
28,16°C - 28,68°C et plus
-11°30'
N
BURKINA FASO
Ta nougou
27.63
27.10
2°70'
BASSIN ~~°oo'
VERSANT DU NIGER
11°00'
Tandafa
· Tanguiéta
k
N'iahonta Taya ·
!' Kobli
u 40
cb-
Yarikou
Natifiingou
26.58.)
BASSIN VERSANT DE LA KERAN
1 °OO' 1 °3O'
oukountouna
·
mpégré Kouarfa
-10°30'
10°30' -
0 10 20 Kilomètres
2°OO'
Source : ASECNA, Cotonou + Résultats de traitement
à partir du gradient thermique altitudinal
203
Annexe 2c : hamps des températures minimales
générées à partir du gradient thermique
altitudinal
1'60' 1°30` 200'
BURKINA FASO c,
N/
°30' -
-11'30' N
BASSIN 11°00'
VERSANT DU NIGER
Tantéga
. Dassari
z w
Tiele
a~ Matéri, ·
Ce a-
Zp ·Tanguiéta
co an Tayakou
N' honta ·Toukountouna ·
10°30` CO Lil 20r
1D°30'-
4 ' Kobli
Tampégré Kouarfa
Perpoyakou
$~ · I° Yarikou 0 10 20
Kilomètres
l51, · ) Natitingou
zo
BASSIN VERSANT DE LA KERAN
1.9o. 1°30' 2°00'
Tanougou
Séri
Tandafa
Temperatures minimales
19.867 °C- 20.52°C 20.52°C -
21.173°C 21.173°C - 21.826°C li 21.826°C -
22.48°C et Plus
|
|
Limite d'etats Isotherme
|
|
|
· Localité
|
Source : ASECNIA, Cotonou + Résultats de traitement
à partir du gradient thermique attitudinal
204
Annexe 3 : Les classifications descriptives des
réseaux hydrographiques
(Sébastien LE PAPE , « analyse et
quantification du réseau hydrographique ; Le réseau
hydrographique comme objet vectoriel », 1998, pp 8-11)
Dans ce chapitre, nous allons reprendre plus en détail
l'un des types de chenal fluviatile précédemment définis :
le chenal unique. Nous en énumérerons les différentes
formes rencontrées sur la planète, à travers des
classifications.
Le principal travail sur ce sujet est signé par Howard.
Il a établi une classification descriptive des différentes formes
de réseau hydrographique. Cette classification est fondée sur
l'aspect géométrique (en plan : ce que nous étudions)
à laquelle correspond un nom d'identification. D'autres travaux ont
été entrepris pour essayer de classifier les réseaux
hydrographiques selon d'autres critères.
2.2.1. La classification descriptive de Howard
Howard n'est pas le précurseur en matière de
classification, mais ses travaux sont cités comme étant
remarquables, détaillés et abondamment repris3.
L'énumération que propose Howard est classée
en divers types :
- les types de base qui définissent huit classes
principales (Cf. Figure 2-6) ;
- les types modifiés ou qui détaillent les huit
classes principales (Cf. Figure 2-7). 2.2.1.1. Type dendritique
(D):
Ce type correspond soit à des sédiments
uniformément résistants, horizontaux ou biseautés par une
surface horizontale, soit à des roches cristallines ; une pente
régionale faible devait exister au moment de l'installation du
drainage.
Types modifiés :
- sub-dendritique (1) : traduit un contrôle structural
secondaire mineur;
- penné (2) : présente une texture souvent
très fine, ce type est fréquent dans les
matériaux fragiles ;
- distributaire (ou dichotomique) (3 et 4) : caractérise
les cônes alluviaux et les deltas.
|
(T) Treillis
(P) Parallèle
(R) Rectangulaire (Ra) Radial
(A) Annulaire (M) Mulitbassins (Co) Contourné
|
(D) Dendritique
|
Figure 2-6 : Classification descriptive : types de base du
réseau hydrographique
|
205
|
1. sub-dendritique
|
|
2. penné
|
|
3. dichotomique
|
|
4. distributaire
|
|
5. tressé
|
|
6. sub-treillis
|
|
7. treillis directionnel
|
|
8. treillis de faille
|
|
9. treillis de joints
|
|
10. treillis recourbé
|
|
11. sub-parallèle
|
|
12. colinéaire
|
|
13. angulaire
|
|
14. centripète
|
|
15. karstique
|
|
16. thermokarstic
|
|
17. étiré
|
|
18. glaciaire
|
|
19. irrégulier
|
|
20. composé
|
|
21. palimpseste
|
|
22. palimpseste
|
|
23. yazoo
|
|
24. anthropogénique
|
|
25. dérangé
|
|
26. complexe
|
|
27. réticulé
|
|
28. entéromorphe
|
|
29. amorphe
|
|
|
NB : les types en italique ne sont pas explicités
|
Figure 2-7 : Classification descriptive : types
modifiés de réseau hydrographique
|
2.2.1.2. Type en treillis (T):
Ce type est caractéristique des roches
sédimentaires, volcaniques ou faiblement métamorphiques, ayant un
pendage net ou des zones de fractures parallèles ou des loess1 ou des
fonds marins à découvert, striés de cordons littoraux.
Toutes les transitions sont possibles avec le type
parallèle. Ce type de drainage est défini comme l'un de ceux
où les petits affluents ont essentiellement la même importance de
part et d'autre de longs fleuves subséquents.
206
Types modifiés :
- sub-treillis (6) : correspond aux formes des reliefs
allongés ;
- treillis directionnel (7) : caractérise des
monoclinaux modérés ;
- treillis de faille (8) : fréquent dans les
régions affectées de failles grossièrement
parallèles,
divergentes, convergentes ou ramifiées ;
- treillis de joints (9) : caractérise des zones
où les failles sont parallèles ou bien met en
valeur les joints des roches ;
- treillis recourbé (10) : sur un substrat
plissé où les axes des plis ont un prolongement net.
2.2.1.3. Type parallèle (P):
Ce type indique généralement une pente moyenne
à forte, mais peut également se trouver dans les régions
à structure topographique allongée et parallèle. Toutes
les transitions sont possibles également entre ce type et le type
dendritique en treillis.
Types modifiés :
- sub-parallèle (11) : traduit une pente
intermédiaire ou un contrôle par des formes topographiques
parallèles ;
- colinéaire (12) : fréquent entre les
crêtes de sable ou de loess. 2.2.1.4. Type rectangulaire (R):
Il s'établit sur un substrat où les joints de
failles se croisent à angle droit ; il lui manque l'ordonnancement de
type treillis. Les fleuves et les lignes de partage des eaux masquent la
continuité régionale.
Types modifiés :
- angulaire (13) : caractérise des joints ou des
failles et se coupent suivant des angles non droits. Il est fréquent de
rencontrer un type mélangé angulaire et rectangulaire.
2.2.1.5. Type radial (Ra):
Il est fréquent sur les volcans, les dômes, il
est possible de définir un type multiradial dans le cas de drainage
radial complexe en terrain volcanique.
N.B. : On va trouver là les réseaux liés
à la présence d'un dôme tectonique tardif.
Types modifiés :
- centripète (14) : caractérise les
cratères, les caldeiras et les autres dépressions. On peut
également rencontrer des zones de drainage multi-centripète.
2.2.1.6. Type annulaire (A):
Il draine les dômes et les bassins structuraux. Les
affluents longs des fleuves subséquents circulaires indiquent
généralement la direction du pendage et permettent de distinguer
les dômes des bassins.
2.2.1.7. Type contourné (Co):
207
Ce type se trouve sur des roches contournées,
grossièrement litées, métamorphiques. Les dykes, les
veines et les zones migmatisées1 y forment des couches dures par
endroit. Ce type de drainage diffère du type en treillis recourbé
par l'absence d'ordonnancement régional, la discontinuité des
reliefs et des vallées et l'échelle en général plus
faible. Les affluents les plus longs des fleuves subséquents courbes
indiquent en général le pendage de roches métamorphiques
et plongements anticlinaux et synclinaux.
2.2.1.8. Types divers :
- composé (20) : présentant deux types (ou plus)
de drainages contemporains dans la même zone ;
- palimpseste (21 et 22) : où un drainage ancien,
abandonné, d'un certain type, est recoupé par un drainage
récent, actif de type différent ;
- complexe (26) : correspond à un agrégat de
type dissemblable reflétant différents contrôles
structuraux dans des zones voisines.
2.2.1.9. Conclusion
Il convient de noter que dans cette classification des
réseaux, la distinction n'est jamais clairement faite entre ce qui
ressort de la structure géologique et ce qui est du domaine des formes;
l'existence d'un réseau de type rectangulaire suppose, par exemple, non
seulement un réseau de joints ou de diaclases, mais aussi l'installation
de ce même réseau sur une surface de départ qui peut
être structurale (revers de côte par exemple) mais aussi
d'érosion.
3.1. La hiérarchisation d'un réseau
hydrographique
(Sébastien LE PAPE , « analyse et
quantification du réseau hydrographique ; Le réseau
hydrographique comme objet vectoriel », 1998, pp 14-16)
Un observateur étudiant la structure du réseau
hydrographique ressent intuitivement le besoin de classer, suivant une certaine
hiérarchie, les différents cours d'eau composant l'arborescence
de la rivière.
Ainsi la hiérarchisation d'un réseau
revient-elle à attribuer un numéro (ordre ou magnitude) à
chaque tronçon selon une codification. Plusieurs codifications sont
proposées dans la littérature et présentent un
intérêt plus ou moins grand suivant l'objectif fixé ; nous
ne présenterons ici que les principales hiérarchisations.
Depuis J. Playfair (1800), initiateur des études sur le
réseau hydrographique, de nombreux auteurs comme Horton (1945) ou
Strahler (1952) ont hiérarchisé les réseaux
hydrographiques. Voici, ci-dessous, un bref panorama présenté par
Deffontaines Benoît1, des principales hiérarchisations
classiquement retenues et ayant une signification hydrologique et
géologique.
3.1.1. Les différentes hiérarchisations
Les premières hiérarchisations ont comme origine
le niveau de base général (l'océan). Il s'agit des
classifications des hydrogéologues. La révolution
occasionnée par la hiérarchisation d'Horton fut d'inverser la
numérotation et d'attribuer aux sources les ordres les plus faibles.
208
3.1.1.1. Gravelius (1914)
"According to this system, the largest river is considered to be
of first order from source to mouth.
The tributaries flowing directly into it are of second order, ail
streams flowing into a second order tributary are of third order, and so on
down to the smallest stream"1.
3.1.1.2. Duffar
La hiérarchisation de Gravelius a été
améliorée en prenant en compte des niveaux de base relatifs.
Le nombre de cours d'eau est égal au nombre de confluence
+ 1. Chaque bras multiple est compté comme un cours d'eau ainsi que les
rives des quelques rares lacs.
3.1.1.3. Horton
Dès 1945, Horton s'intéresse à cette
question et développe une méthode pour classifier (Cf. Figure
3-1).
En fait, il s'est aperçu que des règles ou des
lois statistiques organisent les réseaux hydrographiques, et il en a
déduit qu'une hiérarchisation était nécessaire.
La hiérarchisation faite par Horton est la suivante,
elle se décompose en deux étapes :
1ère étape : attribuer à chaque segment
du réseau un numéro ou un ordre, pour cela Horton procède
comme suit :
- tout tronçon sans affluent est d'ordre 1
;
- toute confluence de segments d'ordre identique donne un
segment d'ordre supérieur qui reçoit des affluents d'ordre
inférieur.
2nde étape : Redistribuer les ordres en fonction des
longueurs des segments :
- il faut alors "remonter" le réseau en donnant l'ordre
supérieur au segment le plus long. 3.1.1.4. Strahler (1952)
En 1952, Strahler poursuit ces études. Il adapte les
lois statistiques proposées par Horton à sa propre classification
(Cf. Figure 3-1).
Le principe de classification qu'il énonce est le
suivant : il définit un bief1 comme étant un segment de cours
d'eau.
- tout bief sans affluent est d'ordre
1
- tout bief formé par la confluence de deux biefs
d'ordre n est d'ordre
n+1
- tout bief formé par la confluence de deux biefs
d'ordre différent prend l'ordre du bief le plus élevé
Le défaut des classifications exposées ci-dessus
est de ne pas prendre en compte les cours de petits ordres qui se jettent dans
les ordres supérieurs ; les auteurs suivants essayèrent de
pallier cet inconvénient.
209
3.1.1.5. Rhzanitsyn (1960):
Il s'agit des mêmes équations que la
hiérarchisation de Strahler (1952), mais avec une restriction.
Lorsque un cours d'eau d'ordre "i" reçoit
consécutivement deux affluents d'ordre "n", tel que "n<i" alors la
rivière principale devient, en aval du second affluent, d'ordre
(i+1).
3.1.1.6. Scheiddegger (1965)
La hiérarchisation de Scheiddegger (1965) additionne
les ordres des affluents à chaque confluence, elle est construite
à partir de chiffres pairs en attribuant un ordre 2 aux biefs
ordinairement d'ordre1.
3.1.1.7. Shreve (1967)
Pour ses travaux, Shreve s'inspire des études d'Horton
et de Strahler et propose une nouvelle classification (Cf. Figure 3-1).
Dans cette classification, il définit le réseau
hydrographique comme étant une arborescence composée de segments
qui peuvent être intérieurs ou extérieurs, avec chacun leur
magnitude (Shreve a préféré le terme de magnitude à
ordre) :
- les tronçons sont intérieurs
lorsqu'ils relient deux confluences successives dans
l'arborescence ;
- ils sont extérieurs
lorsqu'ils relient les sources aux premières confluences
en aval.
Dans un second temps, il précise d'avantage sa
classification en donnant des numéros (magnitudes) à chaque bief,
il procède selon la règle suivante :
- tout bief extérieur est de magnitude 1 ;
- tout bief formé par la confluence de deux biefs de
magnitudes n et n' est de magnitude n+n'
(la somme des magnitudes des segments en amont).
Finalement, on s'aperçoit que la magnitude du bief
exutoire correspond aux nombres de sources du bassin versant.
210
Annexe 4 : Grille multi usage des
critères d'appréciation globale de la qualité de l'eau
|
Classe de qualité
|
Paramètres physico- chimiques
|
1A
|
1B
|
2
|
3
|
Hors classe
|
Température (°C)
|
< 20
|
20 à 22
|
22 à 25
|
25 à 30
|
> 30
|
Conductivité (us/cm)
|
< 400
|
400 à 750
|
750 à 1500
|
1500 à
3000
|
> 3000
|
pH
|
6,5-8,5
|
6,5-8,5
|
6,5-8,5
|
5,5-9,5
|
< 5,5 ou ? 9,5
|
O2 dissous (mg/L)
|
? 7
|
5 à 7
|
3 à 5
|
< 3
|
|
MES (mg/L)
|
< 30
|
< 30
|
< 30
|
30 à 70
|
< 70
|
Turbidité (NTU)
|
< 5
|
< 5
|
5 à 30
|
30 à 50
|
> 50
|
DBO5 (mg/L)
|
< 3
|
3 à 5
|
5 à 10
|
10 à 25
|
25
|
DCO (mg/L)
|
< 20
|
20 à 25
|
25 à 40
|
40 à 80
|
> 80
|
Oxydabilité
|
< 3
|
3 à 5
|
5 à 8
|
> 8
|
-
|
Azote Kjeldhal (NTK)
|
< 1
|
1 à 2
|
2 à 3
|
> 3
|
-
|
Ortho phosphates (PO43-)
|
< 0,2
|
0,2 à 0,5
|
0,5 à 1
|
1 à 2
|
> 2
|
Phosphore total
|
< 0,1
|
0,1 à 0,3
|
0,3 à 0,6
|
0,6 à 1
|
> 1
|
Source : BEAUX, 1998
MES = Matières en Suspension, DBO = Demande Biochimique en
Oxygène, DCO = Demande Chimique en Oxygène.
Classe1A : eaux exemptes de
pollution.
Classe1B: d'une qualité
légèrement moindre, ces eaux peuvent néanmoins satisfaire
tous les usages. Classe 2 : la qualité est
passable : suffisante pour l'irrigation, les usages industriels, la production
d'eau potable après un traitement poussé. L'abreuvage des animaux
est généralement toléré. Le poisson y vit
normalement mais sa reproduction est aléatoire. Les loisirs liés
à l'eau y sont possibles lorsqu'ils ne nécessitent que des
contacts exceptionnels avec elle.
Classe 3: la qualité est
médiocre : juste apte à l'irrigation, au refroidissement et
à la navigation. La vie piscicole peut subsister dans ces eaux mais cela
est aléatoire.
Classe 4: eaux
considérées comme inaptes à la plupart des usages et
peuvent constituer une menace pour la santé publique et
l'environnement.
211
GRILLE MULTI-USAGES DE L'AGENCE DE L'EAU
212
Annexe 5 : Coupe schématique
nord-sud en août de la troposphère au-dessus de l'Atlantique vers
le méridien origine.
Source : B. Fontaine (1990)
1= Front intertropical (FIT) ; 2= Limite inférieure de
l'air équatorial d'altitude ; 3= Limite supérieure de la mousson
; J.E.a.= Jet d'Est africain (AEJ) ; j.E.t.= Jet d'Est tropical (TEJ). Zones de
temps : A = zone sans pluie ; B= zone avec des orages isolé ; C1= zone
où dominent les lignes de grains ; = zone où dominent les pluies
de mousson. D = zone avec des pluies réduites. Les flèches
schématisent les flux et en particulier les mouvements de convection ou
de subsidences des masses d'air (d'après Detwiller, 1965 ; Flohn, 1965 ;
Leroux, 1970 ; Burpee, 1972 ; Dhonneur, 1974 ; cités par Maley, 1981 et
Olivry, 1986).
213
Annexe 6: Résultats du test de
significativité de la différence des moyennes et des tendances
pluviométriques dans les HER de l'Atacora et de Gourma
Test de significativité de la différence des
moyennes pluviométriques dans les HER de l'Atacora et de Gourma
|
HER-Atacora (station de Natitingou)
|
HER-Gourma (station de Tanguieta)
|
Nombre d'années
|
46
|
Minimum
|
866,723
|
690,994
|
Maximum
|
1768,200
|
1508,600
|
Moyenne
|
1231,247
|
1068,519
|
Ecart-type
|
206,808
|
174,580
|
T
|
4,078
|
L'hypothèse H0 : La différence entre les moyennes
est nulle (H0 = 0).
L'hypothèse Ha : La différence entre les moyennes
est différente de 0 (Ha ? 0).
Le résultat de la statistique de Student donne T
= 4,078, ce qui est supérieur à 1,96 au seuil de 5% et 2,57
au seul de 1%. D'où l'hypothèse H0 est rejetée et par
conséquent, les deux séries ont des moyennes significativement
différentes.
Résultats du test de significativité des tendances
pluviométriques dans les HER de l'Atacora et de Gourma
|
HER-Atacora (station de Natitingou)
|
HER-Gourma (station de Tanguieta)
|
N1(1961-1975)
|
15
|
15
|
N2(1976-2006)
|
31
|
31
|
??1(1961-1975)
|
1348,14
|
1131,78
|
??2(1976-2006)
|
1174,69
|
1037,91
|
??1(1961-1975)
|
232,37
|
174,96
|
??2(1976-2006)
|
169,76
|
168,71
|
U
|
2,58
|
1,73
|
Hypothèse H0 : La tendance dans la série n'est pas
significative
Hypothèse Ha : La tendance dans la série est
significative
Le résultat de la statistique de Student donne U
= 2,58 pour la station de Natitingou ; ce qui est supérieur
à 1,96 au risque de 5%. D'où l'hypothèse H0 est
rejetée et par conséquent, la tendance à la baisse des
pluviosités observée dans l'HER de l'Atacora est
significative.
214
A la station de Tanguieta, U = 1,73 ; ce qui est
inférieur à 1,96 au seuil de 5%. D'où l'hypothèse
H0 n'est rejetée et par conséquent, la tendance à
la baisse des pluviosités observée dans l'HER de Gourma n'est
significative.
Ce qui nous amène à émettre
l'hypothèse que les pluviométries observées dans le bassin
versant de la Pendjari en générale sont dominées par
celles de l'HER de l'Atacora. Cette hypothèse est confirmée par
le diagramme de dominance de pluviosité entre les données de la
station de Natitingou et de la station de Tanguiéta (figure 23).
Figure : Diagramme de dominance de pluviosité
entre l'HER de Gourma et l'HER de l'Atacora
215
Annexe 7: Espèces animales de la RBP figurant
dans les annexes de la CITES
Annexe 7a : Espèces animales
|
de la RBP figurant dans les annexes de la
CITES
|
|
Annexe 1
|
Annexe 2
|
Annexe 3
|
Mammifères
|
Mammifères
|
Mammifères
|
Eléphant (Loxodonta africana)
|
Hippopotame (Hippopotamus
|
Porc-épic crête
|
Damalisque (Damaliscus
|
amphibius)
|
|
korrigum)
|
Buffles (Tous les syncerus)
|
Oiseaux
|
Sitatunga (Limnotragus spekei)
|
Hippotragues (Antilope cheval
|
Héron goliath (Ardea goliath)
|
Guépard (Acinonyx jubatus)
|
ou Koba) (Hippopotragus
|
Héron garde-boeuf (Bubulcus
|
Léopard (Panthera pardus)
|
equinus)
|
ibis)
|
Lycaon ou (Lycaon pictus)
|
Bubale (Alcelaphus buselaphus)
|
Dendrocyne veuf (Dendrocygna
|
Caracal (Felis caracal)
|
Cobe Defassa (Cobe onctueux
|
viduata)
|
Ratel (Mellivora capensis)
|
ou waterbuck) (Kobus defassa)
|
Sarcelle ou Souchet à oreilleons
|
Mangoustes (toutes les espèces)
|
Cobe de buffon (Kobus kob)
|
(Nettapus auritus)
|
(Hespectines)
|
Cobe redunca (Redunca
|
Oie de Gambie (Plectropterus
|
Genette tigrines (Genetta tigrina)
|
redunca)
|
gambensis)
|
Oryctérope (Orycteropus afer)
|
Guib hanarché (Tragelaphus
|
Pintade commune (Numida
|
Pangolins (toutes les espèces)
|
scriptus)
|
meleagris)
|
(Hyracoides)
|
Lion (Panthera leo)
|
Pigeon à épaulettes violettes
|
|
Galago du Sénégal (Galago
|
(Treron waalia)
|
|
senegalensis)
|
Pigeon vert à front nu (Treron
|
Oiseaux
|
Colobes (Colubus polykomos)
|
australis)
|
Tous les vautours (Aegypiridae
|
(Forêt de Bondjagou)
|
Tourtelle à collier (Streptopelia
|
spp)
|
Cercopitheques (sauf les
|
semitorquata)
|
Tous les rapaces nocturnes
|
cynocéphales) (Cercopithecides,
|
Tourtelle vineuse (Streptopelia
|
(Ducs, hiboux, chouettes)
|
Cercopothecus mona)
|
vinacea)
|
(Strigidae spp)
|
Roussettes (tous les espèces)
|
Emerauldine à bec rouge (Turtur
|
Messager serpentaire (Sagittarius
|
(Pteropus spp)
|
abyssinicus)
|
serpentarius)
|
|
Serin de Mozambique (Serinus
|
Bec en sabo (Balaeniceps rex)
|
Oiseaux
|
mozambicus)
|
Jaribu du Sénégal
|
Hérons (toutes les espèces)
|
Amarante commun
|
(Ephippiorhynchus senegalensis)
|
Aigrettes (toutes les espèces)
|
(Lagonosticta senegala)
|
Cigogne épiscopale (Ciconia
|
Pélicans (Pelicanides)
|
Amarante masqué (Lagonosticta
|
episcopus)
|
Cormoran (Phalacrocorax
|
larvata)
|
Grand Calao d'Abyssinie
|
africanus)
|
|
(Bucorvus abyssinicus)
|
Perroquets
|
|
Marabout (Leptoptilus crumeniferus)
Grues Couronnées (Balearica pavonina)
Ibis (Threskiorinithidae) Outardes (toutes les espèces)
(Otitadaes spp)
Reptiles
Crocodiles (Crocodylus niloticus, C. cataphractus, Osteolaemus
tetrapis) Boa (Python molurus molurus)
Amphibien
Bufo superciliaris
Aigles
Outardes
Jacko (Psittacus erithaeus) Perruche à collier (Psittacula
krameri)
Youyou (Poicephalus senegalus) Touraco vert (Touraco persa) Poule
sultan (Porphyrio porphyrio)
Reptiles
Python royal (Python regius) Python gros (Python sebae) Varan
d'eau (Varanus niloticus Varan des savanes (Varanus exanthematicus)
Gecko (Gekko gecko)
Tortues d'eau (Dermatemys mawii, Clemnys insculpta, Testudinidae
spp )
Amphibiens
Crapauds (Bufo retiformis, Dendrobate spp, Phyllobates spp)
|
216
Source : Plan d'Aménagement Participatif et de
Gestion de la Réserve de Biosphère de la Pendjari,
Décembre 2005
217
Annexe 7b : Espèces végétales de la
RBP figurant
|
dans les annexes de la CITES
|
|
Annexe 1
|
Annexe 2
|
Karité (Butyrospermum paradoxum)
|
Euphorbe (Euphorbia unispina)
|
Ceilcedra (Khaya senegalensis)
|
Aloe (Aloe buettneri)
|
Kapokier (Bombax costatum, B. buenopozense)
|
Orchidées (tous les espèces)
(Orchidaceae)
|
Fraké (Terminalia superba)
|
|
Lingué (Afzelia africana)
|
|
Vêne (Pterocarpus erinaceus)
|
|
Vitex (Vitex doniana)
|
|
Néré ou Nété (Parkia
bilobosa)
|
|
Isoberlinia (Isoberlinia doka)
|
|
Berlinia (Berlinia grandiflora)
|
|
Syzygium (Syzygium guineense var. macrocarpum)
|
|
Colatier (Cola laurifolia)
|
|
Daniellia (Daniellia oliveri et D. ogea)
|
|
Faux ébène (Diospyros mespiliformis)
|
|
Anogeissus (Anogeissus leicarpus)
|
|
Prunier mombin (Spondias mombin)
|
|
Ronier (Borassus aethiopum)
|
|
Gao (Acacia albida)
|
|
Prosopis (Prosopis africana)
|
|
Mytragina (Mytragina inermis et M. ciliata)
|
|
Albizzia (Albizzia chevalieri)
|
|
Oxythenanthera (Oxythenanthera abyssinica)
|
|
Bambou (Bambus vulgaris)
|
|
Source : Plan d'Aménagement Participatif et
de Gestion de la Réserve de Biosphère de la Pendjari,
Décembre 2005.
Les annexes I, II, III de la CITES sont des listes où
figurent des espèces bénéficiant de différents
degrés ou types de protection face à la surexploitation.
Les espèces inscrites à l'Annexe I sont les plus
menacées de toutes les espèces animales et
végétales couvertes par la CITES. Etant menacées
d'extinction, la CITES en interdit le commerce international de leurs
spécimens sauf lorsque l'importation n'est pas faite à des fins
commerciales mais, par exemple, à des fins de recherche scientifique.
218
L'Annexe II est la liste des espèces qui, bien que
n'étant pas nécessairement menacées actuellement
d'extinction, pourraient le devenir si le commerce de leurs spécimens
n'était pas étroitement contrôlé. L'Annexe III est
la liste des espèces inscrites à la demande d'une Partie qui en
réglemente déjà le commerce et qui a besoin de la
coopération des autres Parties pour en empêcher l'exploitation
illégale ou non durable. Le commerce international des spécimens
des espèces inscrites à cette annexe n'est autorisé que
sur présentation des permis ou certificats appropriés.
219
Annexe 8 : Questionnaire
220
221
222
223
224
225
226
227
Table des Matières
Dédicace 1
Sommaire 2
Remerciements 3
Sigles et acronymes 4
Résumé 6
Abstract 7
INTRODUCTION GENERALE 8
CHAPITRE 1 : CADRE GEOGRAPHIQUE DE L'ETUDE 13
Introduction partielle 14
1-1- Présentation géographique du secteur
d'étude 14
1-2- Description du milieu physique du bassin versant de la
Pendjari 16
1-2-1- Caractéristiques topographiques majeures du
bassin versant de la Pendjari 16
1-2-2- Réseau hydrographique du bassin versant
béninois de la Pendjari 18
1-2-3- Caractéristiques géologiques du bassin de
la Pendjari 20
1-2-4- Principaux types de sol et de végétation
dans le bassin versant de la Pendjari 21
1-2-5- Fondement climatique du bassin versant de la Pendjari
25
1-3- Description du milieu humain 29
1-3-1- Démographie du bassin versant de la Pendjari
29
1-3-2- Peuplement et habitat dans le bassin versant
béninois de la Pendjari 30
1-3-2-1- Peuples (les groupes socioculturels) du bassin
versant béninois de la Pendjari 30
1-3-2-2- Peuplement (origines et installation des peuples)
30
1-3-2-3- Types d'habitats dans le bassin versant
béninois de la Pendjari 32
1-3-3- Caractéristiques socio-économiques du
bassin versant de la Pendjari 34
Conclusion partielle 37
CHAPITRE 2 : CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE 39
Introduction partielle 39
2-1- Cadre théorique 40
2-1-1- Problématique 40
2-1-2- Hypothèses de la recherche 42
2-1-3- Objectifs de la recherche 42
2-1-4- Point des connaissances 43
2-1-5- Clarification des concepts 45
2-2- Cadre méthodologique 52
228
2-2-1- Données 52
2-2-1-1- Données sur le relief et l'hydrographie 52
2-2-1-2- Données sur la géologie 52
2-2-1-3- Données sur la pédologie 52
2-2-1-4- Données sur le climat 52
2-2-1-5- Données hydrométriques 53
2-2-1-6- Données sur la dynamique des
écosystèmes naturels 54
2-2-2- Outils de collecte et de traitement des données
54
2-2-2-1- Outils de collecte des données 54
2-2-2-2- Outils de traitement des données 54
2-2-3- Méthodes de collecte et de traitement des
données 54
2-2-3-1- Méthode de collecte des données 54
2-2-3-2- Méthode de traitement des données 58
2-2-3-3- Méthode de cartographie des
hydro-écorégions 71
2-2-3-4- Méthode de caractérisation des
hydro-écorégions 76
2-2-3-5- Méthode d'analyse des déterminants de la
dynamique des écosystèmes naturels 80
2-2-3-6- Méthode de la détermination du
débit écologique 84
Conclusion partielle 85
CHAPITRE 3 : LES HYDRO-ECOREGIONS DU BASSIN VERSANT DE LA
PENDJARI 86
Introduction partielle 87
3-1- Hydro-écorégions du bassin versant de la
Pendjari 87
3-1-1- Hydro-écorégions à partir des
critères géologiques 89
3-1-2- hydro-écorégions à partir des
critères de relief 90
3-1-3- Hydro-écorégions à partir des
critères climatiques 91
3-2- Caractéristiques des hydro-écorégions
identifiées 92
Conclusion partielle 98
CHAPITRE 4 : ANALYSE DES DETERMINANTS SOCIO-ECONOMIQUES ET
ENVIRONNEMENTAUX DE LA DYNAMIQUE DES ECOSYSTEMES NATURELS
DANS LES HYDRO-ECOREGIONS DU BASSIN VERSANT DE LA PENDJARI 99
Introduction partielle 100
4-1- Déterminants environnementaux de la dynamiques des
écosystèmes naturels 100
4-1-1- Déterminants hydro-climatiques 100
4-1-1-1- Variabilité climatique dans les
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari 101
4-1-1-2- Variabilité hydrologique dans les
hydro-écorégions du bassin de la Pendjari 115
229
4-1-2- Déterminants géophysiques de la dynamique
des écosystèmes naturels 121
4-1-2-1- Substratum géologique et écoulement des
eaux 121
4-1-2-2- Influence du relief sur l'écoulement et
dynamique des écosystèmes naturels 122
4-1-2-3- Sols et écoulement des eaux des
hydro-écorégions du bassin versant de la Pendjari124
4-2- Déterminants socio-économiques de la
dynamique des écosystèmes naturels 124
4-2-1- Analyse de la dynamique des écosystèmes
naturels dans le bassin de la Pendjari 124
4-2-2- Déterminants socio-culturels 136
4-2-3- Déterminants économiques 142
Conclusion partielle 146
CHAPITRE 5 : STRATEGIES D'ADAPTATION A LA DYNAMIQUE DES
ECOSYSTEMES NATURELS DANS LE BASSIN VERSANT DE LA PENDJARI
147
Introduction partielle 148
5-1- Stratégies endogènes 148
5-1-1- Adaptation aux contraintes climatiques 148
5-1-2- Adaptation aux contraintes hydriques 149
5-1-2-1- Aménagement des mares et sources 149
5-1-2-2- Réalisation des trous d'eau dans les cours
d'eau, 151
5-1-2-3- Creusement de puits et/ou forage équipé
de pompe 152
5-1-2-4- Réalisation des surcreusements ou des barrages
152
5-1-3- Adaptation aux contraintes
pédo-géologiques 153
5-1-3-1- Adoption de nouvelles variétés de
cultures 153
5-1-3-2- Augmentation des emblavures 154
5-1-3-3- Semis échelonné et semis
répété 154
5-1-3-4- Association des cultures 155
5-1-3-5- Utilisation d'engrais 156
5-1-4- Stratégies de contrôle et de
maîtrise de l'eau de ruissellement 156
5-1-4-1- Dispositif en nids d'abeilles 156
5-1-4-2- Technique de cordons pierreux ou cultures en
terrasses 157
5-1-4-3- Billonnage cloisonné 158
159
5-1-4-4- Billons perpendiculaires et parallèles
à la pente 160
5-1-4-5- Canaux d'évacuation et de retenue d'eau 162
5-2- Mesures réglementaires et institutionnelles de la
gestion durable des écosystèmes
naturels dans les hydro-écorégions du bassin
versant de la Pendjari 164
230
5-2-1- Textes réglementaires de la gestion durable des
écosystèmes naturels du bassin
versant de la Pendjari 164 5-2-2- Institution de la gestion
durable des écosystèmes naturels du bassin versant de la Pendjari
167
Conclusion partielle 170
CONCLUSION GENERALE 171
Bibliographie 175
Table des figures 192
Table des tableaux 194
Table des photos et Planches 195
Annexes 196
Toc342432332
|