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La strategie du Niger dans la lutte contre la radicalisation et l'extremisme violent: cas de la region de Tillaberi


par Moussa Hassabal kerim ABDEL-HADI
ENA-Niger - Maîtrise  2022
Dans la categorie: Droit et Sciences Politiques > Sciences Politiques
   
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RÉPUBLIQUE DU NIGER

CABINET DU PREMIER MINISTRE

MÉMOIRE DE FIN DE CYCLE POUR L'OBTENTION DU DIPLÔME DU

NIVEAU II

Sujet :

LA STRATÉGIE DU NIGER DANS LA LUTTE CONTRE LA RADICALISATION ET L'EXTRÉMISME VIOLENT :

CAS DE LA RÉGION DE TILLABERI

Présenté par : Directeur de Mémoire

Nom : ABDEL-HADI Nom : SAMBO

Prénom : Moussa Hassabal kerim Prénom : Bodé

Niveau : II Grade : Maître de conférences

Section : Administration Générale Fonction : Conseiller Technique

Promotion : 2020 du Président de la HACP/PRN

Année académique :2021-2022

i

DÉDICACE

Je dédie ce mémoire à ma grande soeur AZIZA ALBECHIR.

ii

REMERCIEMENTS

Nous adressons nos remerciements :

- à Monsieur Bodé SAMBO, conseiller Technique du Président de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP), qui malgré ses multiples

occupations a accepté de diriger ce travail combien dur et pénible.

- au corps professoral et à l'administration de l'École Nationale d'Administration (ENA) pour la qualité de l'enseignement dispensé durant les deux années et, notamment au Directeur général (DG) de l'ENA, Monsieur BOUCAR ABBA KAKA ;

- au Directeur général de l'Administration Territoriale et de la déconcentration, Monsieur HAIDARA ABDOULAYE pour la contribution et les conseils ;

- à ma mère et à mon père qui sont mes piliers, mes exemples, mes premiers supporteurs et ma plus grande force dans cette vie ;

- à mes grands frères ADOUM MAHAMAT BOUCAR, ABDELHAKIM NASSOUR et OUMAR MOUSSA HASSABALKERIM pour leurs soutiens indéfectibles et précieux conseils ; sans oublié M. Sayadi Abdou Chafai.

- à tous mes petits frères, mes tantes, mes cousin(e)s ne vous sentez pas oublié, car vous êtes ma motivation et ma source de réussite ;

- à mes oncles AHMAT HASSABALLAH ABDEL-HADI et OUTHMANE HASSABALLAH ABDEL-HADI pour leurs conseils ;

Enfin, mes remerciements vont à l'endroit de toutes celles et tous ceux qui ont apporté de loin ou de près leur modeste contribution pour la réalisation de ce mémoire.

iii

LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS

AQMI : Al-Qaeda au Maghreb Islamique

AGR : Activités Génératrices des Revenues

BH : Boko Haram

CCP : Comités Communaux de Paix

CDIR : Comités de Dialogue Inter et Intra Religieux

CDS : Conseil Départemental de Sécurité

CEDEAO : Communauté Économiques des États de l'Afrique de l'Ouest

CELLERAD : Antenne Nationale de la Cellule Régionale de Prévention de la

Radicalisation et de l'Extrémisme Violent

CNESS : Centre National d'Études Stratégiques et de Sécurité

CNS : Conseil National de Sécurité

CPS : commissions paix et sécurité

CUE : Commission de l'Union Européenne

EIGS : État islamique au Grand Sahara

ENA : École Nationale d'Administration

EV : Extrémisme Violent

FDS : Forces de Défense et de Sécurité

FMM : Forces Multinationales Mixtes

GANE : Groupe Armé Non Étatique

GAT : Groupe Armé Terroriste

GATIA : Groupe d'autodéfense touareg Imghad

HACP : Haute Autorité à la Consolidation de la Paix

ICSP : Instrument Contribuant à la Stabilité et à la Paix

iv

IFTIC : Institut de Formation aux Techniques de l'Information et de la Communication

JNIM : Jama'at Nusrat al-Islam wal Muslimin

LASDEL : Laboratoire d'Études et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local

MINUSMA : Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la stabilisation au Mali

MNLA : Mouvement National pour la Libération de l'Azawad

MSA : Mouvement pour le salut de l'Azawad

MUJAO : Mouvement pour l'Unicité et du jihad en Afrique de l'Ouest

OCRTIS : Office Central de Répression du Trafic Illicite des Stupéfiants

ONG : Organisations Non Gouvernementales

ONU : Organisation des Nations Unies

PNUD : Programme des Nations Unies pour le Développement

SCLCT/CTO : Service Central de Lutte Contre le Terrorisme et le Crime Transnational Organisé

SNPREV : Stratégie Nationale de Prévention de la Radicalisation et de l'Extrémisme Violent

UA : Union Africaine

UEMOA : Union Économique et Monétaire Ouest-Africaine

UNDSS : Département de la sûreté et de la Sécurité des Nations Unies UNOCHA : Bureau Humanitaire de l'Organisation des Nations unies.

v

LISTE DES TABLEAUX

Tableau : nombre des incidents sécuritaires dans la région de Tillabéri 30

vi

TABLE DES MATIÈRES

DÉDICACE i

REMERCIEMENTS ii

LISTE DES SIGLES ET ABRÉVIATIONS iii

LISTE DES TABLEAUX v

TABLE DES MATIÈRES vi

INTRODUCTION 1

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE, APPROCHE

MÉTHODOLOGIQUE ET PRÉSENTATION DE LA RÉGION DE TILLABERI.

4

CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE ET APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE . 5

1.1 Cadre théorique 5

1.1.1 Justification du choix du sujet 5

1.1.2 Revue de la littérature 6

1.1.3 Problématique 11

1.1.4 Hypothèses de la recherche 15

1.1.5 Définition des concepts 15

1.1.6 Objectifs de recherche 18

1.1.6.1 Objectif général 18

1.1.6.2 Objectifs spécifiques 18

1.2 Approche méthodologique 19

1.2.1 Champ d'investigations 19

1.2.2 Méthodes utilisées 19

1.2.2.1 Recherche documentaire 20

1.2.2.2 Entretiens 20

vii

1.2.3 Analyse des données 20

1.2.4 Difficultés rencontrées 21

CHAPITRE II : LA PRÉSENTATION DU CADRE D'ÉTUDE 22

2.1 La présentation de la région de Tillabéri 22

2.1.1 Situation géophysique 22

2.1.2 Contexte démographique 23

2.1.3 Contexte économique 24

2.1.4 Contexte sécuritaire 26

2.1.5 Contexte de gouvernance foncière 30

2.2 Organisation administrative de la région de Tillabéri 32

DEUXIÈME PARTIE : ANALYSE DES FACTEURS DE LA RADICALISATION ET FORMES DE VIOLENCE EXTRÉMISTE, STRATÉGIES DE LUTTE,

LIMITES ET RECOMMANDATIONS 35

CHAPITRE III : ANALYSES DES FACTEURS DE LA RADICALISATION ET LES FORMES DE VIOLENCE EXTRÉMISTE DANS LA RÉGION DE

TILLABERI. 36

3.1 Analyse des facteurs de la radicalisation dans la région de Tillabéri 36

3.1.1 La pauvreté 36

3.1.2 L'injustice sociale 38

3.1.3 La mauvaise gouvernance 39

3.1.4 Les conflits inter et intracommunautaires dans la région de Tillabéri 40

3.1.5 La recherche de sécurisation 41

3.2 Les formes de violence extrémiste 42

3.2.1 Les attaques physiques ou armées 43

3.2.2 La violence économique 43

3.2.3 La violence psychologique 44

viii

CHAPITRE IV : STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE L'EXTRÉMISME

VIOLENT, LIMITES ET RECOMMANDATIONS 45

4.1 Stratégie de prévention et de lutte contre l'extrémisme violent 45

4.1.1 Mesures préventives 45

4.1.1.1 La sensibilisation 45

4.1.1.2 L'éducation 46

4.1.1.3 L'information 49

4.1.1.4 La stabilisation 52

4.1.1.5 Les mécanismes de résilience contre l'extrémisme violent 53

4.1.1.6 Les actions des projets et des Organisations Non

Gouvernementales 54

4.1.2 stratégies de lutte contre l'extrémisme violent 55

4.1.2.1 Les moyens juridiques 55

4.1.2.2 Les moyens institutionnels 58

4.1.2.3 Les moyens militaires 63

4.1.2.4 Les moyens politiques 64

4.1.3 La stratégie au niveau des pays du G5 Sahel 68

4.1.4 La déradicalisation 69

4.2 Limites et recommandations 72

4.2.1 Limites 72

4.2.2 Recommandations 74

CONCLUSION 77

BIBLIOGRAPHIE 79

ANNEXES I

1

INTRODUCTION

Partageant ses frontières avec le Mali et le Burkina Faso à l'ouest, le Nigeria et le Bénin au sud, l'Algérie et la Libye au nord, et le Tchad à l'est, le Niger fait face depuis 2012 à des défis sécuritaires, imbriqués à ceux liés aux changements climatiques et à la croissance démographique.

Au cours de ces deux dernières décennies, la radicalisation, l'extrémisme violent et le terrorisme religieux sont devenus une préoccupation pour les États du Sahel et plus particulièrement pour le Niger. Ceux-ci, superposés aux problématiques du banditisme, à la criminalité transfrontalière, à l'accroissement de l'économie criminelle, aux effets du changement climatique constituent des menaces pour la sécurité et la paix. Dans la région du Liptako-Gourma, le climat d'insécurité et de violence continue de se dégrader en raison des actes des Groupes Armés Non Etatiques, en particulier l'État Islamique au Grand Sahara (EIGS) et la Jama'at Nusrat al-Islam wal Muslimin (JNIM), affilié à Al-Qaeda.

Parmi les zones du Liptako Gourma confrontées aux menaces terroristes, l'ouest du Niger, notamment la région de Tillabéri reste particulièrement confrontée à une montée de l'extrémisme violent qui résulte de sa proximité avec la zone d'influence qui donne lieu à un manque de perspectives économiques, en particulier chez les jeunes, qui sont les plus vulnérables à la radicalisation.

En effet, la radicalisation est définie comme un processus de façonnement d'un individu le conduisant à adopter une idéologie extrémiste, ou de transformation des frustrations individuelles ou collectives en source de colère, rendant les concernés réceptifs à des offres de participation à des actions armées1.

1 Lexique de la Radicalisation et de l'Extrémisme violent du G5 Sahel, 2020.

2

Aussi, l'extrémisme violent est défini comme toute forme de croyances et d'actions de personnes soutenant ou usant de la violence pour atteindre des objectifs idéologiques, religieux ou politiques, incluant le terrorisme et autre forme de violence politique et communautaire2.

C'est ainsi que la radicalisation ou l'extrémisme, qu'il soit politique ou religieux, n'est pas un problème en soi et ne pose pas de danger pour la société tant qu'il n'est pas lié à la violence ou à d'autres actes illégaux tels que l'incitation à la haine. Ces deux termes se sont affirmés comme deux phénomènes complexes et ne bénéficiant pas d'une définition faisant l'unanimité, restent un défi majeur aujourd'hui pour le Niger ; en bousculant profondément l'Est et l'Ouest du pays dans l'insécurité.

Compte tenu de l'importance d'une telle préoccupation, le sujet retenu du mémoire est : « la stratégie du Niger dans la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent : cas de la région de Tillabéri ». Son choix répond à notre souci de renforcer nos capacités à la fois en matière de lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent et de contribuer à apporter un début de solution.

Au début de cette recherche, nous avons collecté des données et eu des entretiens sur le terrain, notamment dans la région de Tillabéri avec quelques cadres des institutions concernées par la question de la radicalisation.

Il est important de faire une analyse sur les facteurs qui poussent les jeunes à la radicalisation et à l'extrémisme violent et faire un état des lieux sur les stratégies mises en place par le Niger pour contrecarrer ces phénomènes dans ladite région.

Cette étude est articulée autour de deux parties dont chacune des parties comprend deux chapitres. La première partie traite le cadre théorique, l'approche méthodologique et la présentation du cadre d'étude ; quant à la

2 Lexique de la Radicalisation et de l'Extrémisme violent du G5 Sahel, 2020.

3

deuxième partie, elle traite l'analyse des facteurs de la radicalisation et les formes de violence extrémiste, les stratégies de lutte afin de montrer les limites et de proposer des recommandations.

4

TILLABERI.

PREMIÈRE PARTIE : CADRE THÉORIQUE, APPROCHE

MÉTHODOLOGIQUE ET PRÉSENTATION DE LA RÉGION DE

La première partie comporte deux chapitres. Le premier chapitre traite le cadre théorique et l'approche méthodologique et le deuxième chapitre aborde la présentation de la région de Tillabéri.

5

CHAPITRE I : CADRE THÉORIQUE ET APPROCHE MÉTHODOLOGIQUE

Ce chapitre, qui s'articule autour de deux points, aborde d'abord le cadre théorique, puis l'approche méthodologique.

1.1 Cadre théorique

Cette partie est constituée de six (6) points qui seront successivement abordés à travers la justification du choix du sujet, la revue de la littérature, la problématique, les hypothèses de la recherche, la définition des concepts et les objectifs de la recherche.

1.1.1 Justification du choix du sujet

Notre choix pour ce thème intitulé « la stratégie du Niger dans la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent : cas de la région de Tillabéri », se justifie par des raisons multiples que nous annonçons de manière suivante :

Premièrement, ce sujet nous permet d'élargir nos connaissances sur le processus de la radicalisation et de l'extrémisme violent qui sévit dans les pays du Sahel et plus particulièrement au Niger.

Il s'en suit que le Niger est l'un des pays du Sahel qui est affecté dans ses parties Nord-ouest et Sud-est par le phénomène de la radicalisation et de l'extrémisme violent. Toute chose qui met à rude épreuve la paix, la quiétude sociale, la cohésion sociale, la sécurité et les conditions de développement socioculturelles du pays. À cet effet, il est important de mettre l'accent sur cette thématique pour trouver, comprendre et mieux endiguer le mal à la racine.

Enfin, l'insuffisance de travail de recherche nous a inspiré l'idée d'apporter un début de solution à la question de lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent. Nous avons relevé que la thématique est devenue une préoccupation majeure pour le gouvernement nigérien depuis au moins une décennie, en ce sens qu'elle perturbe la cohésion sociale et le vivre-ensemble. C'est pourquoi nous avons pensé d'une part, d'apporter une contribution peu

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qu'elle soit dans ce domaine et d'autre part, adopter une approche pondérée des problèmes liés à la radicalisation et à l'extrémisme violent.

1.1.2 Revue de la littérature

Dès le début de cette recherche, nous avons consulté quelques documents en vue de permettre de voir clair et de comprendre facilement le sujet de mémoire d'étude. À cet effet, quelques auteurs et chercheurs ont donné leur point de vue à travers leurs écrits sur la question de la radicalisation et de l'extrémisme violent. Parmi ces auteurs, nous avons entre autres :

KHOSROKHAVAR, Farhad (2014), a évoqué les phénomènes de la radicalisation qui suscite aujourd'hui tant la curiosité que la crainte. La partie introductive de l'ouvrage s'intéresse au sens et aux enjeux entourant la notion de la radicalisation et s'interroge sur deux aspects éminemment contemporains liés aux questions de la radicalisation. En premier lieu, les défis en matière de gestion de déradicalisation ou de sortie des trajectoires djihadistes. Alors que le modèle républicain de la laïcité soulève une série des frictions quant à la mise en place de structures de prises en charge où se côtoieraient autorités, membres de la société civile et figures religieuses, seules à même de déconstruire les systèmes de croyances endossés par les individus radicalisés. Dans un second temps, l'auteur s'interroge avec raison, quant à la montée de ce que certains nomment aujourd'hui un extrémisme réactionnaire, illustré par les actions violentes d'acteurs isolés comme les terroristes.

DAVID PUAUD (2018) dans «LE SPECTRE DE LA RADICALISATION» tente quant à lui de saisir plusieurs problématiques : il met l'accent sur l'analyse des dispositifs et discours liés à l'administration sociale en temps de menace terroriste avec l'hypothèse d'un développement d'une administration socio-sécuritaire qui réagit à la peur, mais paradoxalement la produit également (P.14). Dans les faits, deux axes sont privilégiés par l'auteur : le premier, c'est l'étude du dispositif de mobilisation institutionnelle et le second, c'est la focalisation politique, médiatique et sécuritaire sur la notion de radicalisation.

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Ensuite, Mathieu Pellerin (2017) dans son analyse sur «Les trajectoires de la radicalisation religieuses au Sahel» a évoqué le poids des facteurs extérieurs dans le processus de la radicalisation. Selon lui, les contextes locaux ne sont pas les seuls à prédisposer à la radicalisation religieuse. Ce sont les influences extérieures qui nourrissent quotidiennement l'amertume des populations sahéliennes. Il souligne ensuite que tous les pays du Sahel ont pour l'heure échoué à concevoir et à mettre en oeuvre des politiques de lutte contre l'extrémisme violent et le radicalisme, qui sont l'objet d'un consensus entre les différentes tendances représentatives de l'Islam. Cet auteur démontre dans son étude que les facteurs de radicalisation au Sahel sont très nombreux, qu'aucune trajectoire privilégiée ne se dessine, mais qu'elles se construisent autour d'un dénominateur commun qui est le sentiment de l'injustice. Il peut s'agir, selon l'auteur, d'une injustice sociale, d'une injustice étatique, d'une injustice économique, d'une injustice religieuse, etc. qui nourrissent des frustrations productrices de radicalisation.

Pour cet auteur, une analyse détaillée de trajectoire de la radicalisation au Sahel donne à voir l'engagement d'individus majoritairement jeunes qui se trouve dans l'Islam, et parfois dans les groupes djihadistes, une voie d'expression de leurs frustrations sociales, communautaires, économiques ou politiques. Dans son étude, l'auteur observe sur le cas du Niger, les conséquences des prêches inadaptés au type de gouvernance laïque, du fait qu'elle n'apporte qu'injustice et pauvreté. Cette situation a eu plus d'échos dans la région de Diffa, qui a toujours été laissée pour compte dans les politiques publiques en matière de développement.

Dans un Rapport du PNUD (2016), les participants ont souligné la précarité économique et sociale qui prédispose les personnes vivant à la frontière à des comportements radicaux et violents. Aussi, ils ont souligné le manque de régulation de l'expression religieuse, notamment dans les médias et l'utilisation de la religion à des fins économiques et politiques qui favorisent le développement de comportements radicaux. C'est ainsi que les populations

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ressentent une augmentation de l'insécurité et de la violence aux frontières, mais ne l'associent quasiment jamais à la présence de discours des groupes religieux radicaux.

Marc-Antoine Pérouse de Montclos (2020) a souligné la question de fanatisme et de l'endoctrinement religieux, qui seraient à l'origine des insurrections qui ravagent aujourd'hui le Sahel. Selon lui, les leaders religieux les plus radicaux n'auraient rencontré aucune difficulté pour embrigader de jeunes chômeurs dans la guerre sainte, en leur promettant le paradis après la mort. Leurs messages sont diffusés dans les mosquées et dans les écoles coraniques. Ces discours constituent le début d'un extrémisme, et ont gagné la bataille idéologique sans que les États interagissent.

Paul-Henri Sandaogo DAMIBA, (2021), a évoqué les actions violentes s'inscrivant dans l'idée de déstabiliser la société et de faire péricliter l'ordre ou le système établi de gouvernance. Dans la poursuite de son programme, un dialogue de circonstance est très souvent observé entre les extrémistes radicaux et les groupes de toute tendance déjà opposés aux dépositaires de l'ordre établi (en particulier les groupes idéologiques ou politiques et les groupes criminels ou hors-la-loi). Pour être effective, la relation entre criminels et extrémistes religieux passe par le biais d'éléments de liaisons, de finances, de refuges sécurisés, de soutien en combattant, de laissez-passer et bien d'autres types de services offerts (par exemple santé, école, hydraulique, etc.). Dans ces zones où ne s'exerce plus l'autorité politique légale, la cohabitation entre pouvoirs tribaux, criminels, mafieux, groupes indépendantistes et cellules islamistes radicales se sont fortement consolidés.

Selon Theophilus Ekpon (2017), les groupes extrémistes violents ont profité d'une gouvernance inefficace et d'une mauvaise prestation de services, de niveaux élevés de divisions sociétales basées sur des critères ethniques ou religieux, exacerbés par les élites et combinés avec de faibles niveaux de confiance. Le sentiment de marginalisation politique et économique, les niveaux élevés de pauvreté, le sentiment d'injustice et d'inégalité à l'échelle mondiale

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sont perçus comme les causes des conflits (PNUD, rapport 2016). C'est dans ce contexte que les groupes extrémistes radicalisent et recrutent des jeunes, hommes et femmes, pour terroriser les populations dans la région du lac Tchad3.

Selon Guilaine DENOEUX et Lynn CARTER (2009) qui ont distingué deux types de facteurs ou niveaux d'explications sur les phénomènes de l'extrémisme violent : premièrement, les causes profondes, d'ordre structurel qui, dans un environnement social donné, pousse des individus vulnérables sur le chemin de la radicalisation et de la violence extrémiste. En effet, la pauvreté généralisée, le chômage des jeunes, le manque d'opportunités économiques, la mauvaise gouvernance, les violations des droits humains par un régime répressif, l'inaccessibilité ou la mauvaise qualité des services publics de base, et la corruption sont les facteurs dits incitatifs. Cependant, ces facteurs à eux seuls ne suffirent pas, comme l'ont montré Guilaine Denoeux et Lynn Carter, à expliquer pourquoi certaines personnes vivant dans les mêmes conditions structurelles s'engagent sur le chemin de l'extrémisme violent et d'autres pas. D'où le besoin de faire à un deuxième niveau d'explication.

Deuxièmement, les facteurs attractifs, ce sont des éléments qui jouent un rôle critique pour attirer certains individus vers des groupes extrémistes : par exemple le charme d'un leader charismatique, la satisfaction psychologique ou spirituelle qu'une personne a ressenti d'appartenir à un certain groupe ou de participer à certaines activités, le besoin de reconnaissance, ou encore un certain idéal de réussite sociale.

Selon BODE Sambo et al. (2016) deux grandes catégories de facteurs sont à distinguer : ceux qui poussent vers l'extrémisme violent (la situation

3 Une recherche faite par Théophilus Ekpon sur `»Le rôle des jeunes dans la Prévention de l'Extrémisme Violent dans le Bassin du Lac Tchad» dans le cadre de contribution à l'étude des Progrès réalisés sur La Jeunesse, la Paix et la Sécurité mandatée par la résolution 2250 (2015) du Conseil de Sécurité des Nations Unies.

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structurelle et conjoncturelle dans laquelle la radicalisation se produit) et ceux qui attirent (le parcours individuel et les motivations personnelles) tous jouant un rôle déterminant dans le passage des idées abstraites et du mécontentement à l'action violente. Dans cette optique, aucun pays n'est épargné avec une diversité de facteurs conduisant à l'extrémisme violent. Néanmoins, lorsqu'un pays connait la précarité du fait de la rareté de ses ressources comme la région sahélienne par exemple, et qu'un seul groupe, ou une communauté détient le pouvoir politique et économique au détriment d'autres groupes, le risque de tensions intercommunautaires, de stigmatisation, d'inégalités entre les sexes, de marginalisation, d'exclusion et de discrimination s'accroissent. Cela se traduit par des problèmes d'accès aux services publics et à l'emploi, mais au sentiment d'être écarté du développement, ou celui d'être privé de sa liberté de religion ou voulant propager une idéologie (Grégoire Emmanuel, 2015). Dans ces situations, les individus, en particulier les jeunes qui se sentent exclus, peuvent alors céder à la tentation de l'extrémisme violent, dans lequel ils voient un moyen d'atteindre leurs buts.

Dans certains cas, poursuivent BODE et al. (2016) l'extrémisme violent a aussi tendance à prospérer en cas de déficit démocratique où règnent la mauvaise gouvernance, la corruption et une culture de l'impunité pour l'État ou de certains agents qui se livrent à des actes illicites. Il a d'autant plus d'attrait que la mauvaise conduite des affaires publiques va de pair avec des politiques répressives et des pratiques contraires aux droits de l'homme et à l'État de droit.

Dans les pays sahéliens, les conflits prolongés et non réglés sont un terreau fertile pour l'extrémisme violent, non seulement à cause de la détresse occasionnée par l'état de guerre et des problèmes de gouvernance qui s'ensuivent, mais aussi par le ressentiment qu'ils créent peut-être exploités par les groupes étrangers extrémistes violents en vue de mettre la main sur des territoires, des populations et des ressources. Dans ce cas, il faut d'urgence prendre des mesures de prévention visant à régler les conflits prolongés, car c'est ainsi qu'on limitera les effets du discours insidieux des groupes extrémistes

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violents. Lorsque la prévention échoue, la meilleure stratégie à adopter pour assurer une paix durable et lutter contre l'extrémisme violent doit inclure des solutions politiques (actions de développement) qui ne fassent pas de laissés-pour-compte et donnent toute sa place au principe de responsabilité.

Les experts en la matière pensent que le risque général de conflit va augmenter avec ses corollaires comme les frustrations sociales, économiques et politiques de la population et notamment la jeunesse ainsi que les conflits concernant l'accès aux ressources naturelles, dans un environnement en mutation (Bonnecase, 2014). Dans la zone d'étude, les constats font apparaitre que l'origine ethnique et religion ont une profonde influence sur les relations sociales (Choplin, 2008).

Les groupes extrémistes violents dénaturent la foi, exagèrent les différences ethniques et pervertissent les idées politiques ; ils se servent de fausses vérités pour légitimer leurs actes, justifier leurs revendications et recruter dans les camps des frustrés comme cela se passe actuellement au nord Mali avec une répercussion dans les pays voisins comme le Niger et le Burkina Faso.

1.1.3 Problématique

Au cours de ces deux dernières décennies, la radicalisation et l'extrémisme violent sont devenus une préoccupation internationale et plus particulièrement pour le continent africain. L'Afrique, surtout dans la vaste zone sahélo-saharienne, a été touchée par les phénomènes de la radicalisation et de l'extrémisme violent. Ceux-ci constituent des menaces sur la paix, la sécurité, la cohésion sociale et le développement, avec notamment la présence des Groupes Armés Non Etatiques (GANE) dans les pays du Sahel, notamment la région de Liptako-Gourma (Burkina, Mali et Niger).

La région du Liptako Gourma, faisant déjà face à des défis structurels et climatiques majeurs, est affectée aussi par une crise sécuritaire depuis 2012 suite à l'insurrection au Mali de plusieurs groupes extrémistes violents, adeptes

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d'un islamisme radical et revendiquant principalement la libération de l'Azawad et l'instauration de la charia islamique comme loi fondamentale dans le nord du pays. Il s'agit principalement d'Ansar Eddine, d'Al-Qaïda au Maghreb Islamique et du Mouvement pour l'Unité et le Djihad en Afrique de l'Ouest (MUJAO), auxquels s'ajoutent de narcotrafiquants et de bandits armés dont les mouvements déstabilisent le Mali et au-delà les deux autres pays de la région du Liptako Gourma du fait de la porosité des frontières que ses Etats membres n'arrivent pas à assurer pleinement le contrôle.

Cette crise sécuritaire est aussi caractérisée par la présence active et continue des groupes armés. La criminalité et les conflits intercommunautaires qui n'épargnent aucun des pays du Liptako Gourma, notamment, le Niger où depuis la fin des campagnes militaires majeures qui, dans le cadre de l'opération Serval, ayant permis de libérer le nord du Mali, occupé par les principaux Groupes Islamistes, la situation sécuritaire s'est particulièrement dégradée.

Parmi les zones du Liptako Gourma confrontées aux menaces terroristes, l'ouest du Niger reste particulièrement confronté à une montée de l'extrémisme violent qui résulte de sa proximité avec la zone d'influence qui donne lieu à un manque de perspectives économiques, en particulier chez les jeunes, qui sont les plus vulnérables à la radicalisation, et les femmes, dans un contexte généralisé de pauvreté et de fragilité.

Depuis 2012, les parties Nord des régions du Mali, du Burkina Faso et du Niger sont devenues des zones de conflits, avec comme corollaire la prolifération d'armes illicites provenant de la Libye, la constitution de groupes criminels organisés, les trafics de tout genre et l'existence des groupes terroristes. La détérioration de la situation sécuritaire, marquée par la prolifération des groupes armés, la recrudescence des affrontements communautaires et la montée de l'extrémisme violent, soulève de profondes inquiétudes au niveau de la région de Liptako-Gourma.

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C'est dans ce contexte que la région de Tillabéri, dans sa partie septentrionale, fait face à une recrudescence des conflits locaux et des attaques terroristes de plus en plus violentes avec des impacts majeurs sur les programmes de développement et sur le processus de consolidation de la paix. Ces actes d'une violence extrême ont entraîné des pertes en vies humaines, des enlèvements des personnes et des biens ainsi qu'un important flux des populations déplacées.

Cependant, toutes les menaces citées ci-haut peuvent causer un certain nombre de facteurs sur le parcours d'une personne vers ces phénomènes. Ces facteurs peuvent être propres à la personne selon son environnement immédiat (endogène) ou dans la société (exogène).

Aussi, une jeunesse sans emploi, sans activité, vivant dans l'oisiveté, peut constituer une proie facile à la manipulation des activités pouvant éclater une crise au sein de la société.

En plus, le mécontentement et le manque de confiance à l'égard du gouvernement sont préoccupants dans les localités du Niger qui enregistrent la plus forte incidence de l'extrémisme violent. Ces sentiments sont dus au délaissement, à l'injustice, à la marginalisation sur le plan politique et touchés par une pauvreté multidimensionnelle plus accentuée dans certaines régions du Niger, notamment le septentrion de la région Tillabéri. Tous ces facteurs créent des frustrations et des replis identitaires conduisant à l'insécurité.

Cette insécurité dans la région de Tillabéri est liée à l'intensification des conflits locaux, à la persistance de la criminalité transnationale organisée et à l'activisme de groupes extrémistes violents comme le groupe des insurgés islamistes peuls Ansar al-islam et la Jamaat nosrat al-Islam (Al Mourabitoun, Al-Qaeda au Maghreb Islamique (AQMI), Ansar dine dont les démembrements sont la Katibat du Gourma). Ces groupes, qui cherchent à agrandir leur sanctuaire, commettent des incursions criminelles, aussi, dans l'ouest de la région de Tillabéri.

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Pour une meilleure prise en charge de cette problématique au niveau international qu'au niveau de chaque État, le plan d'action des Nations Unies pour la prévention et la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent a recommandé à chaque État de prendre des mesures nécessaires pour se doter d'un cadre d'action intégré pour prévenir et lutter contre la radicalisation et l'extrémisme violent4.

Au niveau national, le Plan de Développement Economique et Social (PDES 2017-2021) du Niger préconise l'élaboration et la mise en oeuvre d'une stratégie nationale de prévention et de lutte contre la radicalisation et de l'extrémisme violent5 comme un des piliers importants pour l'amélioration du cadre stratégique de la gouvernance sécuritaire. Malgré les conditions des luttes que le Niger a créées, on constate toujours que le nombre de groupes extrémistes violents continue d'augmenter dans certaines régions, notamment dans la région de Tillabéri. Alors la question centrale de la recherche est la suivante :

- La stratégie mise en place par l'État du Niger dans la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent est-elle efficace ?

Pour tenter de répondre à cette question centrale, des questions spécifiques ci-après méritent d'être abordées :

- Quels sont les mécanismes mis en place par l'État dans le cadre de la lutte contre l'extrémisme violent dans la région de Tillabéri ?

- Quels sont les facteurs de ralliement et les raisons qui poussent les jeunes à la radicalisation ?

Pour répondre à cette préoccupation, des hypothèses de recherche peuvent être avancées.

4 Stratégie Nationale de Prévention de la Radicalisation et de l'Extrémisme Violent-NIGER, 2020

5 Cf. PDES 2017-2021, Programme 9 : Renforcement de la sécurité et de la consolidation de la paix ; sous-programme 9.1 : Amélioration du cadre stratégique de la gouvernance sécuritaire, page 117.

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1.1.4 Hypothèses de la recherche

Les hypothèses sont en effet des réponses provisoires aux questions préalablement posées. Elles tendent à émettre une relation entre des faits significatifs et permettent de les interpréter. Pour que la recherche soit valable, les hypothèses doivent cependant être vérifiables, plausibles et précises. Pour répondre à notre problématique, les hypothèses retenues sont les suivantes :

Ø L'efficacité de la stratégie repose sur les mécanismes juridiques, institutionnels, politiques et à la fois militaires quant à la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent.

Ø Les facteurs de la radicalisation tournent autour de la pauvreté, l'injustice sociale, les conflits inter et intracommunautaires, la mauvaise gouvernance et la recherche de sécurisation.

1.1.5 Définition des concepts

Dans un travail de recherche, il est nécessaire de définir systématiquement les concepts fondamentaux. Cette définition nous permet de bien cerner le sujet. Il est question pour nous de définir les concepts suivants :

Extrémisme : c'est une opinion radicale sur un sujet idéologique ou politique qui se manifeste par le refus du compromis et des points de vue opposés. Il est aussi défini comme le fait de défendre des idées politiques, idéologiques, religieuses, ethnocentriques ou racistes très éloignées de ce que la plupart des gens jugent correct. (Source : Lexique de la Radicalisation et de l'Extrémisme Violent dans l'espace du G5 Sahel)

Radicalisation : c'est un processus de façonnement d'un individu le conduisant à adopter une idéologie extrémiste, ou de transformation des frustrations individuelles ou collectives en source de colère, rendant les concernés réceptifs à des offres de participation à des actions armées. (Source : Lexique de la Radicalisation et de l'Extrémisme Violent dans l'espace du G5 Sahel).

contre des groupes extrémistes engagés dans des opérations asymétriques ou

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La radicalisation peut être définie comme un engagement d'un individu ou d'un groupe dans un projet politique en rupture avec l'ordre existant, fondé sur une idéologie qui rejette le pluralisme et la diversité et qui considère que la violence est un moyen légitime pour atteindre des objectifs.

Extrémisme violent : c'est le synonyme de radical, de fanatique. Il désigne une personne qui a des opinions religieuses, ou politiques intransigeantes pouvant la conduire à manifester des comportements agressifs ou violents pour imposer son point de vue. L'extrémisme violent consiste à promouvoir, encourager ou commettre des actes pouvant mener au terrorisme qui visent à défendre une idéologie prônant une suprématie raciale, nationale, ethnique, ou religieuse ou s'opposant aux valeurs et aux principes fondamentaux de la société.

Le concept de l'extrémisme violent est loin de faire consensus. Malgré son emploi récurrent, il garde en effet un degré considérable d'ambiguïté, en raison de l'absence d'une définition universelle acceptée. L'extrémisme violent, au même titre que le terrorisme, ne fait pas l'objet d'un encadrement univoque au sein du droit international. Le Plan d'action du Secrétaire général de l'ONU observe en effet que « l'extrémisme violent est un phénomène multiforme, qui échappe à toute définition claire ». Son emploi en tant que catégorie scientifique fait aussi l'objet de contestations : la notion d'extrémisme violent relève plus des pratiques politiques et sécuritaires du contre-terrorisme que des exigences de précision du discours savant.

En effet, la radicalisation et l'extrémisme violent ne sont pas l'apanage uniquement des seules personnes ayant un antécédent psychosocial, notamment culturel ou religieux, mais bien d'autres personnes atteintes du syndrome de la pauvreté endémique ou d'un subconscient infecté par la violence.

Lutte contre l'extrémisme violent : actions militaires et non militaires

Prévention de l'extrémisme violent : mesures proactives visant à identifier et à agir contre les déterminants du basculement d'un individu ou d'un

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conventionnelles. La lutte contre l'extrémisme violent est aussi un ensemble de mesures de contre-terrorisme visant des groupes formellement identifiés ou associés au terrorisme au niveau local, régional ou international. Elle s'opère à travers des mesures intégrées de renseignement, de mutualisation des forces, d'opérations transfrontalières, de partenariats stratégiques régionaux et internationaux.

À part les concepts clés définis ci-dessus, il y a d'autres concepts qui concourent à la compréhension du sujet et il serait utile de les définir. Parmi ces concepts, nous avons entre autres :

Extrémisme religieux : c'est une attitude intransigeante des adeptes d'une doctrine religieuse qui refusent tout compromis sur les prescriptions que dicte leur doctrine.

Facteurs de radicalisation : ce sont les opinions, les actes et/ou les faits réels ou apparents qui créent les conditions favorables à la radicalisation d'une personne ou d'une communauté.

Voie de la radicalisation : c'est le moyen utilisé par certains leaders (souvent extrémistes) pour convaincre une personne ou une communauté de se rallier à leur cause.

Prévention : mesures visant à empêcher le passage à l'action violente.

Prévention de la radicalisation : actions spécifiques d'une politique publique visant à identifier les facteurs de risques de radicalisation parmi les personnes vulnérables et à y apporter des réponses conséquentes. Ces actions peuvent être de nature psychologique et pédagogique, socio-économique ou autre. Les actions de prévention de la radicalisation ciblent généralement les jeunes séparés de leurs familles, sans emploi, vivant dans les zones d'influence de la propagande extrémiste ou en instance d'exode. (Lexique de la radicalisation et de l'extrémisme violent dans l'espace du G5 Sahel, 2020)

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groupe radicalisé vers un groupe armé ou à participer à la commission des violences.

Endoctrinement : c'est la persuasion par la propagande collective ou le conditionnement individuel de personnes vulnérables afin de les amener à endosser et à défendre une cause radicale.

Fanatisme religieux : obstination d'un voyant à s'accrocher à des idées arrêtées, le rendant imperméable à tout argument visant le contraire à cette opinion à laquelle il adhère. Cette expression se raréfie au profit du radicalisme religieux.

Profilage : c'est le traitement des données personnelles d'un individu associé à une organisation terroriste ou extrémiste pour déterminer son degré de radicalisation et d'implication dans ses activités et apprécier le risque qu'il présenterait pour la société.

Repenti : membre d'un groupe armé extrémiste ayant rompu volontairement avec ledit groupe et avec l'idéologie radicale ou extrémiste, à la suite d'un processus de déradicalisation ou de dialogue. Une personne radicalisée ayant renoncé à l'extrémisme violent à la suite d'un éveil de conscience ou d'une confrontation doctrinaire l'ayant convaincu de l'inexactitude de ses certitudes idéologiques antérieures.

1.1.6 Objectifs de recherche

Notre recherche vise deux objectifs à savoir : un objectif général et des objectifs spécifiques.

1.1.6.1 Objectif général

L'objectif général de ce travail est de contribuer à la connaissance de lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent et d'apporter un début de solution.

1.1.6.2 Objectifs spécifiques

Les objectifs spécifiques que vise ce travail sont entre autres :

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- Analyser les facteurs contribuant à l'émergence de la radicalisation au Niger et plus précisément à Tillabéri ;

- Identifier les formes des violences extrémistes dans la région de Tillabéri ;

- Connaître les stratégies adoptées par le Niger pour lutter contre les phénomènes extrémistes dans ladite région ;

- Proposer des recommandations à l'endroit des institutions et populations concernées.

1.2 Approche méthodologique

Cette partie de l'étude comprend deux sous-parties, il s'agit des techniques utilisées et des difficultés rencontrées dans le cadre de la conduite de ce travail.

1.2.1 Champ d'investigations

Au début de cette recherche, des investigations ont été menées dans différentes institutions telles que la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix, le Ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation du Niger et le Centre National d'Etudes Stratégiques et de Sécurité. A cela s'ajoutent les missions effectuées sur Tillabéri pour la collecte des données auprès des autorités administratives et les comités locaux de la région.

Aussi, une deuxième rencontre avec les autorités de ces localités, lors du forum sur le maintien et le renforcement de la cohésion sociale organisé par le Ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation du 24 au 26 novembre 2021 à Niamey dans le local du centre international Mahatma Gandhi, nous a permis de poursuivre nos investigations et échanges sur le problème. C'est ce qui nous amène à utiliser les différentes méthodes de la recherche.

Nous allons évoquer dans un premier temps la recherche documentaire, et dans un second les entretiens et enfin l'analyse et le traitement des données.

1.2.2 Méthodes utilisées

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1.2.2.1 Recherche documentaire

La collecte des données a débuté par une revue documentaire. La collecte de ces documents a été faite au Centre National d'Études Stratégiques et de Sécurité (CNESS), au Laboratoire d'Études et de Recherche sur les Dynamiques Sociales et le Développement Local (LASDEL), à la bibliothèque de L'École Nationale d'Administration (ENA), à la bibliothèque de l'Université Abdou Moumouni et à l'Institut de Formation aux Techniques de l'Information et de la Communication (IFTIC). Par ailleurs, notre travail s'est inspiré des mémoires, des articles, des rapports, des ouvrages, et même des documents via Internet.

1.2.2.2 Entretiens

Sur le terrain, des entretiens sont menés avec des personnes ressources en matière de la radicalisation et de l'extrémisme violent, ce qui nous a permis d'avoir plus des informations sur le sujet.

À cet effet, le guide a été élaboré pour les entretiens avec les responsables du Centre National d'Études Stratégique et de Sécurité (CNESS) qui est une autorité administrative indépendante, certains responsables du Ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation, populations et leaders communautaires dans la région de Tillabéri.

Les questionnaires du guide d'entretien sont relatifs aux attentes de la population de la région de Tillabéri et les chefs traditionnels touchés directement par la question de la problématique de la radicalisation et de l'extrémisme violent. Ce guide est adressé aussi aux autorités administratives centrales et locales qui sont censées protéger la population contre cette menace.

L'étape suivante de notre travail consiste à l'analyse des données.

Durant nos recherches, nous avons recensé et collecté quelques informations et documents relatifs à notre sujet de mémoire. Après avoir

1.2.3 Analyse des données

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recensé et collecté les informations, nous avons parcouru et exploité afin de nous permettre de réaliser ce travail.

1.2.4 Difficultés rencontrées

Les difficultés rencontrées lors de l'élaboration et de la réalisation de ce travail. Il s'agit notamment des contraintes liées à la disponibilité et à l'accessibilité des documents appropriés portant sur l'extrémisme violent au Niger en général et dans la région de Tillabéri en particulier.

- Il y a aussi les difficultés liées à l'indisponibilité des rapports annuels des institutions travaillant dans le cadre de la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent et la rétention de l'information par certains répondants.

- Les difficultés liées à la barrière linguistique pour conduire les entretiens du fait qu'on ne comprend pas la langue locale des communautés rencontrées lors des entretiens ou des enquêtes d'où il nous a fallu un facilitateur/traducteur pour qu'on ait accès aux informations voulues surtout avec certaines communautés dans la région.

- L'inaccessibilité de certaines zones compte tenu de l'insécurité, nous n'avons pas pu faire des entretiens avec certaines communautés qui se trouvent dans des zones des conflits.

Après avoir terminé le cadre théorique et l'approche méthodologique, nous allons aborder le deuxième chapitre qui traite la présentation du cadre d'étude.

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CHAPITRE II : LA PRÉSENTATION DU CADRE D'ÉTUDE

Dans ce chapitre, nous allons présenter la région de Tillabéri et son organisation administrative.

2.1 La présentation de la région de Tillabéri

Il sera question de la situation géophysique, démographique, économique, sécuritaire et contexte de gouvernance foncière.

2.1.1 Situation géophysique Carte de la région de Tillabéri

Source : Carte confectionnée par Sayadi Abdou

Située dans l'extrême Ouest du territoire nigérien entre 11°50 et 15°45 de latitudes Nord et 0°10 et 4°20 de longitude Est, la région de Tillabéri est limitée

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à l'Ouest et au Nord-est par la République du Mali et la région de Tahoua (Nord-est), à l'Est par la région de Dosso, au Sud et Sud-ouest par le Burkina Faso.

La région de Tillabéri couvre une superficie de 97 251 km2, soit environ 7,7 % du territoire national. Elle peut être divisée en une partie (Nord et Sud). La partie Sud est tournée vers l'exploitation des terres et une économie agricole et la partie nord est une zone semi-aride et agropastorale. Cette dernière est administrativement délimitée par le récent Code Pastoral mis en place au travers de l'ordonnance 2010-029 qui reprend la délimitation établie par la loi 61-5 datant de 1961. Elle marque la limite nord des cultures et donc le début des zones de pâturage. C'est ce qui nous permet d'aborder le contexte démographique.

2.1.2 Contexte démographique

La région de Tillabéri compte une population de 2 722 482 habitants dont 49,5 % d'hommes et 50,5 de femmes, soit 15,9 % de la population nigérienne selon le Recensement général de la Population et de l'Habitat du 17 décembre 2012. Du fait de la pression démographique croissante, la compétition entre communautés pour accéder aux ressources naturelles est de plus en plus âpre dans la région de Tillabéri.

Quelques années plus tard, la population de la région de Tillabéri se voit en hausse. Les villes se sont progressivement agrandies et l'espace rural a perdu de sa taille. Sous la pression démographique, plusieurs zones traditionnellement inutilisées ont été occupées par l'habitat. Au Nord, le front agricole est allé bien au-delà des limites fixées aux cultures. Au Sud, les zones qui depuis fort longtemps étaient réservées à l'élevage ont disparu sous la poussée des systèmes de production intensive de l'agriculture pluviale. Dans plusieurs villages, les cultures occupent aussi l'espace qui devrait être réservé aux nouvelles habitations d'une population en croissance continue. Par conséquent, les ménages les plus pauvres ont été contraints de s'installer dans

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les zones inappropriées aux cultures, le plus souvent les abords des cours d'eau qui sont potentiellement exposés aux inondations6.

En plus des facteurs économiques qui contribuent souvent à la production agricole dans la région, il semble y avoir un problème structurel qui réduit considérablement la productivité, comme les sècheresses, les inondations, les autres aléas climatiques et la pauvreté des ménages. L'ensemble de ces facteurs décrivent les difficultés rencontrées par les populations de cette région pour assurer sa sécurité alimentaire de manière satisfaisante, régulière7 et ceci influencera sans doute son économie.

2.1.3 Contexte économique

La région de Tillabéri dispose également d'un potentiel important en matière de production céréalière. En 2018, les superficies cultivées de mil représentaient 20 % du total national et la proportion de la production de céréales représentait 17 % de la production nationale. Cette région, qui abrite le fleuve Niger, disposait de 48 % des superficies cultivées pour le riz et jusqu'à 52 % de la production nationale en 2018. Dans la même année, la région possédait 20 % des superficies cultivées dans le pays pour le niébé et 21 % de la production nationale ce qui fait de la région la plus grande productrice de ce dernier.

Concernant le cheptel, la région est une grande productrice de bovins avec 22 % de la production nationale en 2018. Comparée à la région de Tahoua, ses proportions pour les autres catégories de cheptel sont moins importantes, 14 % pour les ovins, 13 % pour les caprins et seulement 5% pour les camelins.

Au niveau de la région de Tillabéri, le système de production est viable économiquement. Le taux de création de valeur à l'hectare, ou productivité de

6 Région de Tillabéri-Analyse situationnelle mensuelle - Juin 2021

7 Ibid.

25

la terre est de 85 %, ce qui permet à la cheffe d'exploitation de dégager une VAB totale de 1 530 750 francs CFA8 en moyenne par an sur la période de l'étude (Abdoulaye S. Soumaila, 2020). Les productivités du travail et du capital sont à un niveau élevé : elles sont largement supérieures respectivement au salaire journalier considéré au moment de l'étude (3 000 francs CFA/homme/jour) et au taux d'intérêt annuel courant (moins de 30 % dans tous les établissements financiers et bancaires de la place).

Dans la région de Tillabéri, l'occupation des terres agricoles est en constante croissance d'où une forte pression anthropique sur les ressources foncières, aggravées par l'extension rapide et débordante de la ville de Niamey sur les communes voisines. Le cheptel de la région a connu une nette progression grâce aux nombreuses campagnes de vaccination et de sensibilisation des éleveurs. La dégradation et la rareté des espaces pastoraux sont des sources potentielles d'intensification des conflits sociaux (professionnels et territoriaux) liés à l'accès et au contrôle des ressources naturelles.

En plus des conflits locaux, la persistance des groupes extrémistes a perturbé l'économie dans cette région de Tillabéri. L'économie nigérienne dans son ensemble ne peut résorber la masse des jeunes qui sont sur le marché de l'emploi, reste encore largement dominée par le secteur informel, notamment le secteur agricole qui peine à se moderniser et qui est lourdement affecté par la pression démographique et les aléas climatiques9. Les données collectées par le CNESS lors des concertations régionales montrent que 30,77 % (région de Tillabéry) des participants relèvent que les domaines économiques génèrent des facteurs incitatifs à la radicalisation et à l'extrémisme violent, à travers la persistance de la pauvreté, le chômage des jeunes et des femmes et de

8 Il s'agit du site d'irrigation de Sarando

9 La Stratégie Nationale de la Prévention de la radicalisation et de l'Extrémisme violent-Niger, 2020.

26

l'absence de visibilité de perspectives attrayantes. C'est ce qui conduit à l'insécurité.

2.1.4 Contexte sécuritaire

La situation sécuritaire dans la région ne cesse de se détériorer depuis 2012. La guerre du nord Mali, qui a opposé les rebelles touareg et militants djihadistes, contre la malveillante intervention de l'armée malienne s'est transformée, en un conflit dans lequel les Français sont intervenus à travers l'opération Serval. Au fur et à mesure que la guerre progressait, notamment avec l'expansion de la zone de conflit au nord-est du Burkina, les organisations djihadistes ont commencé à s'implanter fortement dans la région de Tillabéri qui est attenant au Mali et au Burkina, par effet d'entraînement.

Alors que le Niger s'enlise davantage sur la voie de l'escalade de la violence, de la détérioration de la gouvernance et des problèmes environnementaux croissants, Tillabéry est de plus en plus confronté à des niveaux de violence qui favorisent l'insécurité et les déplacements de population. Cette région qui borde le Burkina Faso et le Mali, est touchée par les activités des groupes extrémistes violents et de groupes armés depuis au moins les soulèvements de 2012 dans le nord Mali. Le nord de Tillabéry a des liens sociaux et économiques forts avec les régions de Gao et Ménaka au Mali, zone où la présence de groupes extrémistes violents est cruciale10.

Des militants de ces groupes, dont l'État islamique au Grand Sahara (EIGS) et le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans (Jama'at Nusrat al-Islam wal Muslimin, JNIM), affilié à Al-Qaeda, se déplacent librement à travers la frontière entre le Mali et le Niger. Ils recrutent des membres de l'autre côté de la frontière et s'efforcent d'accroître leur pouvoir dans le but de prendre à terme

10 Nations unies, Conseil de sécurité, «Militants Continue to Stage Deadly Attacks as Insecurity Expands into Previously `Safe' Zones in West Africa, Sahel, Top Official Tells Security Council», Communiqué de presse SC/14406 du 11 janvier 2021.

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le contrôle des territoires. Dans la partie nord de Tillabéry, les militants ont d'abord exploité des tensions communes dans les zones agricoles et pastorales sahéliennes, dans l'hémisphère nord du Sahel, entre éleveurs et agriculteurs et entre les éleveurs des différentes ethnies pour prendre pied. Mais leur emploi transcende désormais les frontières ethniques et communautaires.

Outre la violence liée aux organisations extrémistes violents, au cours des deux dernières années, il y a eu un taux élevé à caractère ethnique. Alors que la violence entre les communautés pastorales était déjà généralisée en 2017 dans les zones frontalières entre le Mali et le Niger11.

Dans ce contexte, démêler les sources de violence djihadiste, rivalité ethnique et banditisme ne sont pas une tâche aisée. Mais les conséquences sont désastreuses, y compris des massacres dans les communautés qui ont essayé de se protéger face à l'incapacité de l'État à les protéger.

Parallèlement à la violence des groupes extrémistes, ces parties de Tillabéri sont devenues un terrain de jeu pour la violence opportuniste des criminels qui ont profité de l'effondrement des systèmes de gouvernance et de sécurité. Le plus grand nombre d'incidents violents s'est produit au cours des deux années (2019-2020), lorsque des groupes extrémistes violents ont cherché à briser la résistance à leur présence non seulement par l'État, mais aussi par les civils. En conséquence, 2020 a vu des nouvelles tendances, la région étant confrontée à des attaques contre des écoles, des sites miniers, ainsi qu'à l'enlèvement et de l'assassinat des travailleurs d'Organisations Non Gouvernementales (ONG). Cela a conduit à des massacres, comme ceux commis le 2 janvier 2021, qui ont tué au moins 158 civils12. Au cours de la seule première moitié du mois de mai 2021, plus de 16 000 personnes ont été

11 En 2017 et 2018, les forces nigériennes et françaises ont collaboré aux efforts de lutte contre le terrorisme avec les groupes armés à dominante touareg du nord du Mali, notamment le MSA et le GATIA.

12 Lyammouri, R. 2021 «Tillabéri Region : Concerning Cycles of Atrocities,» Policy Brief -10/21, Rabat : Policy Center for the New South.

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déplacées au nord de Tillabéri du fait des violences armées13. Le tableau ci-dessous indique les nombres des incidents sécuritaires dans la région de Tillabéri de 2018 à 2021 selon le Bureau Humanitaire de l'Organisation des Nations unies (UNOCHA).

Tableau : nombres des incidents sécuritaires dans la région de Tillabéri

Date

Nombre des incidents sécuritaires

1

Du 1er janvier au 31décembre 2018

106

2

Du 1er janvier au 31 décembre 2019

102

3

Du 1er janvier au 31 décembre 2020

265

4

Du 1er janvier au 31 décembre 2021

318

Source : Données du Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA).

Commentaire : selon le Bureau des affaires humanitaires de l'ONU (OCHA) 106 incidents sécuritaires en 2018, 102 en 2019, et 318 incidents sécuritaires ont couté la vie à 645 civiles du 1er janvier au 31 décembre 2021, comparativement à l'année 2020 à la même période au cours de laquelle 265 incidents ont couté la vie à 145 civils et 45 autres sont portés disparus. Ce qui donne le nombre de 791 incidents sécuritaires en quatre (4) ans.

Selon les données de Département de la Sûreté et de la Sécurité des Nations Unies (UNDSS) 136 incidents sécuritaires ont été recensés de janvier à avril 2022. Aussi, du 1er au 19 mai de la même année, 43 civils ont été tués et 22 personnes enlevées dans les départements de Torodi, Téra et Gothèye.

Aussi, selon les statistiques mentionnées par OCHA dans sa plus récente note d'information, douze (12) départements sur les treize (13) que compte la région de Tillabéri ont accueilli aux environs de 115.150 Personnes Déplacées Internes (PDI).

13 Internal Displacement Monitoring Centre, 2021, Niger.

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La présence active des GANE dans les localités est à l'origine de cette détérioration, notamment dans le nord et le nord-est des communes de Makalondi, Inatès, Tondikwindi et de Banibangou, dans le sud d'Abala, dans l'Anzourou et dans les différents axes reliant les villages. Les personnes vivant dans ces zones sont particulièrement vulnérables aux violations des droits humains tels que les assassinats ciblés, des agressions physiques, de vol de bétail et l'incendie des réserves alimentaires des communautés et des établissements de santé.

La montée de « l'insécurité est attribuée à l'exacerbation de trois phénomènes : l'extrémisme violent, la criminalité transnationale organisée et les conflits locaux ».

Au vu de l'augmentation de l'insécurité, les populations de cette région font face à une violence généralisée et sont victimes de nombreuses atrocités commises par des groupes armés non étatiques et parfois par les forces de défense et de sécurité.

Chaque attaque terroriste crée un état de panique et de psychose. Les activités professionnelles, les loisirs et les déplacements sont plombés par celui-ci. La communauté victime se replie sur elle-même. Ceci est de nature à causer une stigmatisation des personnes susceptibles d'être identifiées aux Groupes Armées Terroristes. De même, les pertes en vies humaines enregistrées (par attentat, fusillade, prise d'otages, etc.) diminuent de la main-d'oeuvre existante et de la communauté. Le vivre-ensemble se transforme rapidement en un sentiment de méfiance et de peur générale.

C'est ainsi que les GANE ont commis de meurtres lorsqu'ils ont entamé leurs campagnes de sensibilisation auprès des habitants de certaines localités frontalières pour gagner leur confiance et recruter de nouveaux éléments. Ces campagnes ont été mal accueillies par les chefs coutumiers de la région. Les GANE semblent désormais s'en prendre à ceux qui refusent de coopérer avec eux ou soupçonnés « de complicité avec les autorités et les forces de sécurité ».

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(Source : Protection cluster et UNHCR, 25/02/2020, art.cit). Au vu de cette analyse, l'absence de l'État dans certaines zones occasionne un vide juridique et la gestion foncière se voit controverser.

2.1.5 Contexte de gouvernance foncière

La gouvernance foncière est un élément essentiel pour déterminer si les personnes, les communautés et les autres acteurs peuvent acquérir les droits et s'acquitter des devoirs qui y sont associés sur l'utilisation et le contrôle des terres, des pêches et des forêts, et comment ils pourront l'obtenir. De nombreux problèmes mondiaux découlent d'une mauvaise gouvernance, et les efforts pour résoudre ces problèmes dépendent du niveau de gouvernance. La mauvaise gouvernance a un impact négatif sur la stabilité sociale, l'utilisation durable des ressources, l'investissement et la croissance économique. Des populations peuvent être condamnées à la famine et à la pauvreté si elles perdent leurs droits sur leurs habitations, leurs terres et leurs moyens de subsistance du fait de pratiques foncières marquées par la corruption ou l'incapacité des organismes d'exécution à protéger les droits fonciers.

L'une des caractéristiques de la zone de Liptako-Gourma est que le même espace est souvent utilisé à des fins multiples. Cette diversité des besoins et des intérêts est à la base de la multiplicité de l'accès et de l'exercice des droits. Le terme d'accès aux ressources naturelles est utilisé ici au sens large et offre aux acteurs la possibilité de bénéficier d'un bien particulier et de jouir de droits d'accès non seulement au sens juridique du terme, mais d'un point de vue social, économique et culturel. Dans cette optique, l'accès a ciblé à la fois les ressources naturelles elles-mêmes et les institutions chargées de

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leur gestion. L'utilisation généralisée des zones rurales et l'exploitation des ressources naturelles sont une source des conflits14.

Les causes de ce type de conflit renvoient généralement à la contestation des limites des champs, à l'application des règles d'héritage (répartition du domaine foncier familial entre les ayants droit) et aux prêts de terres. En ce qui concerne cette forme de transaction foncière, on constate qu'elle a connu une forte régression dans certaines zones agricoles du Niger, après l'adoption du Code rural en 199315. À travers l'attribution de titres fonciers en milieu rural, le Code rural favorise la création d'un marché foncier ; ce qui renforce les inégalités socio-économiques dans les zones où la spéculation foncière est développée (Lawali, 2004).

Aussi, l'expansion des cultures a entraîné une modification progressive des relations entre l'agriculture et l'élevage. Si des formes de complémentarité ont été développées, il reste que la cohabitation entre ces deux activités se traduit actuellement par un accroissement des concurrences autour de l'accès à l'espace. Une telle évolution est d'autant plus inévitable que la stratégie adoptée par les exploitations familiales consiste à accroître leurs productions par l'extension des surfaces cultivées, de manière à maximiser la productivité du travail et à réduire les risques liés aux aléas climatiques.

Nous avons abordé la présentation de la région sur les différents contextes, il est question de connaître aussi son organisation administrative.

14 Chaque groupe d'utilisateur de ces espaces et/ou ressources communes cherche à sécuriser son droit d'accès en se fondant sur la législation moderne, le droit coutumier ou les prérogatives conférées par la délimitation des espaces ou l'occupation des terres.

15 L'ordonnance n° 93-015 du 2 mars 1993 fixant les principes d'orientation du Code rural a défini le cadre juridique régissant les activités agricoles, sylvicoles et pastorales, dans la perspective de l'aménagement du territoire, de la protection de l'environnement et de la promotion humaine. Elle vise à assurer la sécurité foncière des opérateurs ruraux, à travers la reconnaissance de leurs droits et à favoriser le développement harmonieux, grâce à une organisation rationnelle du monde rural.

32

2.2 Organisation administrative de la région de Tillabéri

Avec le découpage administratif, toutes les régions du Niger se sont retrouvées avec une carte propre, dont celle de la région de Tillabéri.

L'administration territoriale repose sur les principes de la décentralisation et de la déconcentration. Les collectivités territoriales sont créées par une loi qui détermine les principes fondamentaux de la libre administration des collectivités territoriales, leurs compétences et leurs ressources. Par la loi N° 42-2008 du 31 juillet 2008 relative à l'organisation et de l'administration du territoire de la République du Niger, en son article 6, la région de Tillabéri devient collectivité territoriale.

Sur le plan de la déconcentration, la région de Tillabéri est dirigée par un gouverneur qui incarne la représentation de l'État sous toutes ses formes. Au niveau des départements sont nommés les préfets qui assurent l'autorité de l'État au même que le gouverneur dans leur circonscription administrative à qui ils rendent compte quotidiennement.

Pour mener à bien les responsabilités, l'État a mis à leur disposition des cadres compétents et des ressources à travers les directions techniques régionales et leurs démembrements au niveau départemental et communal.

Sur le plan de la décentralisation, érigée en département par l'ordonnance n° 88-20 du 7 avril 1998 pour couvrir le territoire de la communauté urbaine de Niamey. La région de Tillabéri doit son statut actuel grâce à la loi n° 98-20 du 14 septembre 1998 portant création des régions et fixant leurs limites et le nom des chefs-lieux.

Au terme de l'ordonnance 2010-054 du 17 septembre portant code général des collectivités territoriales du Niger, la région de Tillabéri compte de nos jours treize (13) départements et quarante et cinq (45) communes, dont six (6) urbaines et trente-neuf (39) rurales réparties comme suit :

- département d'Abala : 02 communes ;

- département d'Ayorou : 02 communes ;

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- département de Balleyara : 01 commune ;

- département de Banibangou : 01 commune ;

- département de Bankilaré : 01 commune ;

- département de Filingué : 04 communes ;

- département de Gothéye : 02 communes ;

- département de Kollo : 11 communes ;

- département de Ouallam : 04 communes ;

- département de Say : 03 communes ;

- département de Téra : 05 communes ;

- département de Tillabéri : 07 communes et ;

- département de Torodi : 02 communes.

La région de Tillabéri compte trente et un (31) cantons, neuf (9) groupements nomades ; et mille-neuf-cent-quarante-six (1946) villages et tribus.

Ces entités sont dirigées par les chefs traditionnels de la région, dont la création remonte depuis la période coloniale en ce qui concerne les cantons et les groupements. Toutefois, aujourd'hui l'on assiste à une création anarchique de villages administratifs.

La région de Tillabéri est composée de quarante-et-un (41) conseillers élus, dont six (6) femmes, conseillères élues et conseillers de droits : (députés, chefs traditionnels) sont au nombre de vingt-sept (27).

Sur le plan fonctionnel, presque tous les services techniques de l'État sont représentés à l'échelon régional. C'est ainsi que la région de Tillabéri compte plus de vingt-huit (28) directions régionales.

Après avoir achevé cette première partie qui nous a permis d'analyser le cadre théorique et l'approche méthodologique de notre travail, nous allons aborder dans la deuxième partie l'analyse de facteurs de la radicalisation et les formes de violence extrémiste dans la région de Tillabéri, les stratégies de lutte afin de montrer les limites et de proposer des recommandations.

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DEUXIÈME PARTIE : ANALYSE DES FACTEURS DE LA RADICALISATION ET FORMES DE VIOLENCE EXTRÉMISTE,

STRATÉGIES DE LUTTE, LIMITES ET RECOMMANDATIONS

La deuxième partie comprend deux chapitres. Analyse des facteurs de la radicalisation et formes de violence extrémiste (chapitre III) et le chapitre IV traite les stratégies de lutte, les limites et les recommandations.

16 James Wilfenson, Sommet annuel collectif du FMI et de la Banque Mondiale, Hongkong. Le 23/09/1999.

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CHAPITRE III : ANALYSES DES FACTEURS DE LA RADICALISATION ET LES FORMES DE VIOLENCE EXTRÉMISTE DANS LA RÉGION DE TILLABERI.

Ce chapitre traite l'analyse des facteurs de la radicalisation et les formes de violence extrémiste dans la région de Tillabéri.

3.1 Analyse des facteurs de la radicalisation dans la région de Tillabéri

Dans cette section, nous allons analyser la pauvreté, l'injustice sociale, la mauvaise gouvernance, les conflits interethniques et la recherche de sécurisation.

3.1.1 La pauvreté

La pauvreté est le socle de toute violence dans l'espace sahélien et surtout au Niger. Certes, c'est un phénomène, mais, à l'heure de la mondialisation, elle n'a pas cessé d'augmenter. C'est pourquoi James Wilfenson disait à propos de la pauvreté que je cite : « Nous portons, donc, entre nos mains, la bombe de la pauvreté, qui est une bombe prête à exploser dans n'importe quel moment... »16.

La pauvreté, combinée à la criminalité transnationale organisée et à la faiblesse des institutions, crée un sentiment croissant d'insécurité, d'instabilité et de conflits dans la région. La pauvreté est devenue le terreau de toute violence et demeure une préoccupation majeure dans la région de Tillabéry. Cette pauvreté engendre la frustration qui peut facilement être exploitée par les groupes extrémistes violents, notamment lorsque la population est privée d'un accès inéquitable aux services sociaux de base.

Conséquemment à toutes ces caractéristiques, les jeunes se retrouvent pour la plupart dans la précarité et perdent de plus en plus la confiance à la

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société et à l'État qu'ils considèrent comme étant indifférent à leur « sort de misère »17. Ce sentiment est davantage accentué par la désarticulation des cellules familiales victimes de la pauvreté et des mutations exogènes des valeurs socioculturelles qui sont mal appréhendées. Face à cette situation, les jeunes deviennent de plus en plus attentifs aux discours des groupes extrémistes violents. Les jeunes, piégés par des perspectives nébuleuses d'une vie meilleure, socialement plus juste et fautes d'alternatives, se retrouvent acteurs involontaires de la radicalisation et de l'extrémisme violent.

Aussi, la déscolarisation ou le manque de fréquentation des enfants est considéré comme une des problématiques majeures dans certaines localités de la région de Tillabéri a l'exemple de Ouallam, Bankilaré et Ayérou. Ces problèmes ont poussé plusieurs enfants à quitter les villages soit pour rejoindre les groupes extrémistes soit pour migrer vers les grandes villes.

Les niveaux d'éducation restent faibles, en particulier chez les jeunes filles. De plus, l'offre de formation technique et professionnelle formelle s'avère insuffisante pour relever le défi de l'emploi des jeunes. Ce déficit prédispose la plupart des jeunes au désoeuvrement ou à des emplois qui ne leur permettent pas de subvenir dignement à leurs besoins fondamentaux. Cela participe à casser leur estime de soi et à renforcer leur sentiment d'être des victimes d'un système d'exclusion. Ce qui constitue une porte ouverte à toutes les dérives dont les stratégies négatives18.

La pauvreté demeure une préoccupation majeure pour la population et plus précisément les jeunes. Cette pauvreté, exacerbée par le chômage et le sous-emploi, touche de plus en plus les populations, dont les jeunes sont victimes. Les conditions de vie fragile des jeunes et leur désespoir incluent les

17 Ces propos ont été récurrents dans plusieurs entretiens de groupe avec les jeunes lors des concertations régionales par le CNESS

18 Stratégie Nationale de Prévention de la radicalisation et de l'extrémisme Violent-Niger

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dangers de la stigmatisation sociale. Les populations sont soumises à de multiples privations, en particulier les zones rurales, ce qui constitue une base d'adhésion aux groupes terroristes et criminels présents dans certaines régions du Niger et augmente le sentiment d'injustice sociale.

3.1.2 L'injustice sociale

Le sentiment d'injustice est également l'une des causes qui motivent les individus à la radicalisation. Ce sentiment est souvent exploité par des groupes extrémistes pour inciter les populations à la violence. C'est un sentiment largement partagé au sein de la population. La stratégie utilisée consiste à démontrer aux jeunes que ce qu'ils pensent est une réalité et qu'ils peuvent et doivent combattre l'injustice par tous les moyens.

À cet effet, la justice et l'équité constituent le fondement le plus sûr pour construire une nation en magnifiant la nécessité de s'unir d'une part et d'autre part, suscitent des perceptions très mitigées et demeurent, enfin, un problème crucial dans les différentes localités du pays. L'impunité, la violation des droits humains, notamment les droits économiques, sociaux et culturels semblent gagner du terrain au détriment de l'intérêt général.

Ainsi, selon une enquête (juin 2018) menée par le Centre National d'Études Stratégiques et de Sécurité (CNESS), il ressort de cela qu'en milieu rural à Tillabéri, 58 % des jeunes pensent que les riches et les pauvres ne sont pas égaux devant la loi et 56 % pensent la même chose entre les citoyens ordinaires et les hommes politiques. Les raisons restent les mêmes : la corruption et le trafic d'influence19.

Aussi, faut-il le rappeler que lors du forum sur le maintien et le renforcement de la cohésion sociale tenu à Niamey du 24 au 26 novembre

19 Étude approfondie sur les facteurs de la radicalisation en milieu rural, urbain, carcéral et universitaire dans cinq régions du Niger de juin 2018 menée par le Centre National d'Études Stratégiques et de Sécurité-Niger.

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2021, certaines personnes aient relevé l'injustice dans la succession au niveau de la chefferie traditionnelle. Pour les tenants de cette assertion, lorsqu'un chef traditionnel décède, le successeur serait quelqu'un qui utilise les moyens possibles pour accéder au trône. Cette pratique révolte certains prétendants légitimes qui font les recours à la violence pour revendiquer leur place en tant que successeurs de droit. Tous ces phénomènes illustrent et donnent l'impression d'une mauvaise gouvernance.

3.1.3 La mauvaise gouvernance

La précarité de la gouvernance et son effet sur les institutions étatiques ont réduit la capacité des États du G5 Sahel à fournir des services publics efficaces, à promouvoir une large participation des citoyens à la vie politique, à garantir les droits humains et à lutter contre la corruption avec un accès équitable aux services sociaux de base20.

L'une des leçons les plus importantes de la dernière décennie de pratique antiterroriste au Sahel est que les opérations militaires ne peuvent pas à elles seules empêcher la propagation de l'extrémisme violent. Même lorsqu'ils réussissent à débarrasser certains secteurs de la présence de groupes extrémistes violents, les gouvernements ne parviennent pas à améliorer la gouvernance locale et à fournir des services sociaux et se retrouvent de facto dans l'incapacité à maintenir les acquis militaires. Comme ailleurs au Sahel, l'insécurité et l'extrémisme violent s'appuient pour prospérer, sur les échecs de gouvernance, y compris dans le secteur de la sécurité.

Des faiblesses liées à la gouvernance administrative qui génèrent beaucoup de frustrations, découlant de la politisation de l'administration publique, de la prévalence de certains comportements néfastes à l'efficacité des services publics (corruption, trafic d'influence, favoritisme, etc.). Les modalités de dévolution dans la plupart des responsabilités administratives et techniques

20 Stratégie pour le Développement et la Sécurité des pays du G5 Sahel, septembre, 2016, P.23.

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qui sont principalement basées sur des critères d'appartenance politique, et de la tendance au transfert de l'exercice de redevabilité de la chaîne administrative et technique de l'État vers la chaîne décisionnelle des partis politiques (SNPREV-NIGER, 2020).

Selon une analyse réalisée par le PNUD, la faible responsabilisation des communes et la faible intégration des espaces transfrontaliers dans les politiques nationales de développement, l'absence des services publics et d'investissements productifs constituent la cause essentielle de la rupture de confiance entre l'État et les communautés. Le sentiment d'exclusion ressentie par ces communautés crée un déficit de confiance entre l'État et les communautés.

Introduire les principes d'inclusion et de participation citoyenne des populations dans la vie politique, économique et sociale peut constituer un facteur catalyseur de bonnes relations entre l'administration et les administrés. Ce déficit de la gouvernance engendre un sentiment des frustrations et des replis inter et intracommunautaires.

3.1.4 Les conflits inter et intracommunautaires dans la région de Tillabéri

Les conflits inter et intracommunautaires dans la région de Tillabéri sont l'une des causes de la radicalisation et de l'extrémisme violent. Ces conflits peuvent prendre de multiples formes traversant les frontières et inclure des composantes liées aux groupes armés radicaux. Les conflits interethniques se manifestent sous différentes formes : i) entre les Peuls et les Touaregs, ii) entre les Sonrais, les Peuls et entre les Touaregs, iii) entre les Touaregs, les Arabes et les Peuls, selon les localités.

L'existence des conflits entre éleveurs et agriculteurs dans les communes d'Inatès, Tondikwindi, Dingazi, Bankilaré, Téra, Gorouol, Anzourou, Ouallam, Ayorou sont dus principalement au non-respect des couloirs de passage d'animaux et des aires de pâturage définies de manière consensuelle entre les acteurs (gouvernement, sédentaires, éleveurs et autorités locales). Ils

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occasionnent des dégâts champêtres pour les agriculteurs, et sèment la division entre les différentes corporations. D'autant plus qu'il est admis comme étant l'agriculteur est pasteur, et l'éleveur est agriculteur, et partageant un même espace dans la région de Tillabéri.

La plupart de ces conflits sont survenus lors de la transhumance des animaux et de l'accès aux ressources partagées, notamment le pâturage et l'eau des deux côtés de la frontière. Les zones transfrontalières entre le Mali et le Niger ont été marquées par une combinaison de sècheresses généralisées et d'extension progressive des terres agricoles qui rétrécit le pâturage du bétail. À cela, s'ajoutent les effets des changements climatiques qui fragilisent d'année en année les ressources naturelles et réduisent les moyens d'existence des populations locales. La prévalence de ce type de conflit au sein d'une communauté semble augmenter la probabilité que les jeunes rejoignent le mouvement extrémiste. Ainsi, la radicalisation du groupe extrémiste et leur présence dans la communauté facilitent le processus du recrutement surtout quand une communauté se sent rejetée par les autres.

C'est pourquoi au Niger, le rang des ennemis grossit depuis une dizaine d'années dans certaines régions du pays et surtout la région de Tillabéri. Vu la persistance des conflits dans l'espace nigérien dus aux facteurs ci-haut cités, certaines personnes qui sont victimes de cet amalgame rejoignent les groupes terroristes et autres groupes armés pour se venger. D'autres par contre rejoignent les groupes extrémistes après avoir perdu un parent proche ou un frère dans l'attaque de son village ou de son campement par les Groupes Armés Non Étatiques. Cette prévalence de l'insécurité incite certaines personnes à se rallier pour réduire la menace par la possession d'armes de guerre avec pour seule ambition sécuriser leurs biens et leurs familles.

Pour les jeunes sahéliens, le fait de prendre une arme est devenu une manière de se protéger et combattre avec les groupes radicaux, et d'être à l'abri

3.1.5 La recherche de sécurisation

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de leurs menaces lui et sa famille, de protéger le bétail de la famille, et de vivre tranquillement dans le territoire contrôlé par les groupes radicaux. De ce fait, pour eux, l'engagement dans le groupe a été un moyen de jouir du statut de combattant, des avantages et de l'accès aux ressources, surtout d'une arme lui permettant de se porter garant de la protection des biens et de la famille. Relevons que hormis tout le développement ci-dessus évoqué, la volonté de se protéger, de protéger sa famille, sa communauté ou son activité économique parait comme un des facteurs importants de leur engagement. Les facteurs interagissent dans la plupart des cas ; il est donc vain de rechercher un seul et unique motif d'adhésion. Il importe d'analyser de façon détaillée les réalités locales à l'origine de l'engagement des jeunes et de résister à la tentation d'appliquer les conclusions à d'autres contextes.

Tous ces facteurs évoqués qui sont occasionnés par l'arbitraire, et le libre recours aux armes conduisent aux différents actes de criminalités et de violence extrême d'où les bilans négatifs qui suivent les différentes formes des attaques extrémistes.

3.2 Les formes de violence extrémiste

Les formes de violences extrémistes de la radicalisation dans la région se manifestent par les attaques armées des villages et des positions des forces de défense et de sécurité, par le trafic de drogue et d'armes à feu, par les enlèvements des personnes, notamment les femmes et les jeunes filles, les chefs traditionnels, les agents de l'État et les commerçants (voir annexe les analyses synoptiques des formes de violences dans la région de Tillabéri).

Les formes de violence extrémistes de la radicalisation sont entre autres : les attaques physiques ou armées, les violences économiques, les violences psychologiques, etc.

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3.2.1 Les attaques physiques ou armées

Il s'agit ici des attaques armées perpétrées dans les villages, les campements et les positions avancées des FDS à travers des assassinats ciblés contre les chefs traditionnels (chefs de cantons et de groupements, chefs de villages, etc.), les prises d'otages (enlèvements avec demande de rançon), les attentats-suicides (extrait de la Stratégie Nationale de Prévention de la Radicalisation et de l'Extrémisme Violent-Niger, 2020). Ces types de violences visent autant des cibles militaires et civiles, et s'aggravent d'année en année.

Quant aux auteurs des attaques, ils sont généralement des individus armés non identifiés et circulant à moto. Les attaques se font souvent pendant la nuit quand la visibilité est réduite, même si certaines attaques se font de plus en plein jour. Quant aux cibles ou victimes, elles sont en premier lieu les forces de défense et de sécurité, puis en second des civiles, le plus souvent représentants de l'État. Cette violence physique ou armée exacerbe les communautés et conduit vers une violence économique.

3.2.2 La violence économique

C'est tout simplement les pillages des biens publics et privés dans les villages et les campements, les multiples braquages à mains armées sur les routes, les commerces sont perturbés par l'incendie des marchandises, les vols de bétail, la destruction des infrastructures, le prélèvement obligatoire de zakat.

Les pillages des biens privés et publics dans les villages et les campements constituent la toile de fond depuis 2015 ; selon les entretiens avec les populations de la région, ces groupes s'en prennent aux civils pour arracher leur bétail, incendient leurs greniers de vivres, etc.

Les groupes extrémistes ont adopté d'autres manières pour faire pression sur la population en prélevant la dime comme on appelle communément la zakat, surtout dans la zone de trois frontières, notamment à Tillabéry. À cet effet, au nord de Tillabéry, les GANE y collectent des impôts dont la nature n'est pas clairement établie. Certains villageois soutiennent qu'il s'agit de la zakat (impôt

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islamique), au moment où d'autres la perçoivent comme une contribution à l'effort de guerre de l'EIGS, qui en retour garantit une protection des populations. Selon les personnes interrogées, elles en témoignent que ces malfaiteurs viennent nuitamment dans le village surtout aux environs de 3 h ou 4 h du matin pour faire leurs opérations des pillages, de vol de bétail, de destruction des infrastructures et de prélèvement obligatoire de la zakat, et partir, c'est ce qui sème la panique et la psychose au sein de la population.

3.2.3 La violence psychologique

C'est ce mode opératoire de semer la terreur dans les zones affectées par l'insécurité, qui impacte sournoisement l'esprit des individus et provoque un traumatisme avec un effet néfaste de séquelles graves chez certaines personnes. Il convient de noter que ce sentiment de peur affecte non seulement les individus, mais largement la fourniture des services liés à la satisfaction des besoins fondamentaux, aux activités économiques, administratives et parfois politiques dans les zones touchées par l'insécurité.

Face à toutes les formes de violence extrémiste qui affectent au quotidien la quiétude sociale et la sécurité humaine dans presque toute la région de Tillabéri, le gouvernement nigérien doit adopter des stratégies pour contrecarrer l'extrémisme violent. D'où la nécessité de définir une approche stratégique inclusive.

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CHAPITRE IV : STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE L'EXTRÉMISME VIOLENT, LIMITES ET RECOMMANDATIONS

Dans ce chapitre, nous allons aborder les stratégies de lutte contre l'extrémisme violent adoptées par le gouvernement du Niger dans la région de Tillabéri, afin de relever les limites et formuler des recommandations.

4.1 Stratégie de prévention et de lutte contre l'extrémisme violent

Il est question de faire ressortir les mesures préventives et les stratégies de lutte.

4.1.1 Mesures préventives

La mesure préventive est cette stratégie qui est conduite à travers la sensibilisation sur des thématiques portant sur l'éducation, l'information, le mécanisme de résiliences contre l'extrémisme violent, et les actions des projets de développement.

4.1.1.1 La sensibilisation

Pour mieux rapprocher les citoyens, des mesures de sensibilisation doivent être régulières pour les conscientiser sur les dangers de l'extrémisme violent et ses conséquences sur la vie sociale. Les activités de sensibilisation (fora, caravanes de paix, etc.) sont organisées par la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP). Elles permettent de prévenir les conflits par des activités de promotion de la paix et de la cohésion sociale à travers des messages.

La stratégie de prévention préconise la sensibilisation sur la responsabilité et les rôles des cellules familiales en matière de prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent, la sensibilisation des populations sur les dangers de la radicalisation et l'extrémisme violent, et la sensibilisation des jeunes sur les valeurs traditionnelles et culturelles favorables à la prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent.

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Le programme cohésion communautaire au Niger a été mis en oeuvre par le gouvernorat de Tillabéri, à travers une caravane de sensibilisation qui a sillonné le département d'Abala pour sensibiliser la jeunesse à ne pas répondre « au chant des sirènes » des groupes armés, et attirer leur attention sur les effets néfastes liés à la montée de l'extrémisme violent. Le programme a mis en place au profit des jeunes des clubs de loisirs, des tournois de lutte traditionnelle, des tournois de football et des cadres de concertation communautaires et communaux.

Des séances de sensibilisation ont été organisées à Tillabéri dans le but de réduire le risque de l'extrémisme violent. L'objectif global de séance de sensibilisation est de permettre aux jeunes d'échanger et de partager sur la coexistence pacifique, la culture de la paix et la non-violence. De manière spécifique, il s'agit d'édifier les jeunes sur les conséquences de l'extrémisme violent dans la région de Tillabéri ; de cultiver l'esprit de tolérance, la coexistence pacifique, la culture de la paix et d'encadrer des jeunes afin de les mettre à l'abri du chômage et de la précarité. Ces actions n'ont été possibles qu'avec l'implication des organisations de la société civile qui ont oeuvré aux côtés du gouvernement dans son programme de sensibilisation et l'éducation à la citoyenneté.

4.1.1.2 L'éducation

L'éducation citoyenne est reconnue mondialement comme un élément essentiel pour prévenir l'extrémisme violent, instaurer la paix et promouvoir le développement durable. La stratégie du Niger préconise l'éducation citoyenne comme outil de lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent. Pour renforcer l'intégration sociale et économique de tous et ainsi conforter la cohésion sociale capable de maintenir la paix, il est nécessaire d'assurer l'accès de tous à une éducation de qualité et de promouvoir des acquis d'apprentissage tout au long de la vie, tel que le mentionne l'objectif de développement durable n° 4 de l'Agenda 2030.

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L'éducation et la formation sont des principes fondamentaux des valeurs humaines qui permettent aux jeunes de ne pas être tentés par les discours de la violence. La stratégie du Niger préconise l'éducation comme un outil permettant de relever les défis de la société. L'éducation est un facteur qui outille les jeunes vers des valeurs sociales et des compétences. Elle permet aux jeunes, tout en favorisant leur insertion sociale et professionnelle, d'offrir des opportunités pour les protéger contre les méfaits de l'extrémisme violent21.

En effet, l'État dans sa politique de lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent considère la prévention de l'extrémisme violent par le développement du capital humain - à travers l'éducation et la formation - comme une priorité. C'est ainsi qu'un guide des enseignants relatif à la prévention de l'extrémisme violent par l'éducation a également été conçu par les équipes techniques des ministères sectoriels de l'éducation. Ce guide a fait l'objet de vulgarisation auprès de certains enseignants des régions de Diffa et de Tillabéri (Torodi) qui ont été formés à son utilisation22. La prévention de l'extrémisme violent par l'éducation, mentionnée dans la stratégie, intégrée aux curricula de l'enseignement primaire et secondaire vise à développer chez les jeunes des compétences à la résilience face à l'extrémisme violent et à encourager les engagements pacifiques et citoyens au sein de la communauté.

Cette éducation est également directement reliée à la formation professionnelle et au développement des compétences pour veiller à ceux qui sont laissés pour compte de bénéficier d'un renforcement de capacités qui leur permet de contribuer à la main-d'oeuvre locale.

Compte tenu de centres de formation professionnelle de qualité dans la région de Tillabéri, cet objectif stratégique devrait inclure l'extension des centres

21 La prévention de l'extrémisme violent et de la radicalisation, Rapport présenté par M. Christian Levrat, Sénateur (Suisse), le 3 mai 2017.

22 https://fr.unesco.org/news/enseignents-du-niger-apprennent-prevenir-l'extrémisme-violent-introduire-culture-paix-classe.

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d'apprentissage bien que ces derniers ciblent ceux qui ont été laissés pour compte, ils devraient être mis à la disposition de tous ceux qui cherchent à acquérir des compétences et une formation pour améliorer leurs capacités productives.

Il convient de noter que l'État à lui seul ne peut absorber tous les jeunes non scolarisés ou n'ayant pas suivi un cursus scolaire normal. Les jeunes en chômage et/ou en désespoir social constituent un danger ou une bombe à retardement qui peut être une source de fracture sociale surtout quand ceux-ci sont porteurs d'ambitions.

Aussi, la formation professionnelle pourrait être une alternative pacifique et digne pour subvenir à leurs besoins et ceux de leurs familles. Elle constitue un réel espoir de vie, car elle les prépare à la responsabilité sociale.

C'est pourquoi l'État et les partenaires techniques au développement doivent intégrer cette approche dans des filières porteuses et diverses afin d'aider la jeunesse à développer ses compétences et ses initiatives pour autonomisation.

Aussi, l'éducation islamique est celle qui est fondamentalement enseignée dans les normes religieuses à la lumière du coran, de la sunna et de la jurisprudence. Cette éducation intéresse et concerne bon nombre de la population nigérienne, surtout celle qui se trouve en milieu rural et à laquelle sont envoyés les enfants dès leurs bas âges.

À cet égard, les efforts doivent explorer pour encourager l'acquisition des connaissances traditionnelles (islamiques) et occidentales afin d'envisager leur possible intégration dans des programmes hybrides qui permettent de tirer le meilleur parti du savoir, et de la valeur de chaque système éducatif.

Notons que tout en reconnaissant une part non négligeable de l'apprentissage se déroule en dehors des cadres formels. La Stratégie doit encourager et renforcer les mécanismes d'apprentissage informel, en particulier par le biais des structures sociales et culturelles.

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Face à ces risques, le gouvernement préconise dans la stratégie le renforcement de la résilience de l'école nigérienne à la radicalisation et à l'extrémisme violent en introduisant dans le curricula des écoles (publiques et coraniques) des notions du civisme, des cultures de la paix et des droits humains. Il préconise aussi le renforcement de l'encadrement des écoles coraniques et des lieux de cultes pour valoriser le système de valeurs socioculturelles favorables à la cohésion sociale et à la consolidation de la paix en respectant la culture islamique.

De plus, cet enseignement adjoint à la formation civique et morale qui a disparu des programmes scolaires depuis un certain temps. Pourtant, le développement de l'éducation civique correspond aux valeurs républicaines en réaction contre l'impunité. Elle fait connaître à l'enfant les valeurs sociétales de justice et de l'équité ce qui constitue un levier de la lutte contre l'injustice et l'intolérance. L'État et les partenaires dans le domaine doivent faire plus d'effort par la sensibilisation et les actions de masse pour une éducation opérationnelle à la citoyenneté. Ceci doit se faire par des actions de salubrité, des rencontres culturelles, des travaux d'intérêt général, des rencontres d'échange sur le développement, et toute autre action citoyenne appelant à la responsabilité.

4.1.1.3 L'information

L'information est un produit rare en raison du faible accès de la majorité des citoyens aux moyens de communication. En effet, l'information est de nos jours un outil essentiel de développement pour les générations présentes et futures.

Face à l'insécurité et aux menaces multiformes, l'accès à l'information, comme la sensibilisation et l'éducation suscitent une responsabilisation du citoyen, éveille la conscience et permet de sortir du sous-développement mental. L'information est un pilier de construction sociale unipersonnelle d'autant qu'elle participe à éclairer la vision d'un individu sur les phénomènes sociaux, à renforcer sa capacité d'analyse critique et permettre, de façon

- Rôle des femmes dans l'information et des jeunes leaders : qu'elles prennent la forme de plateformes de rencontres et d'échange, d'écoute,

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doctrinale, une prise de décision éclairée. Les actions d'information visent principalement à éviter la polarisation entre radicalisation et valeurs sociales, et à prévenir ainsi toute promotion de la radicalisation au niveau d'un individu (en particulier chez les jeunes) ou d'une ou plusieurs communautés, et de ses conséquences violentes. Il est également nécessaire de renforcer la position de la prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent, en rendant disponible et accessible à toutes les informations de qualité sur la prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent.

L'information peut être partagée à travers différents canaux et peut porter sur plusieurs thématiques.

Pour ce faire, les différents acteurs doivent prioriser l'information comme un moyen efficace pour prévenir et combattre la radicalisation et l'extrémisme violent qui paralysent la coexistence pacifique au Niger et en particulier dans la région de Tillabéri. Il s'agit de :

- Autorités coutumières et leaders d'opinion (leader religieux, personnes âgées, enseignants, etc.) : leur influence dans les informations est importante parce qu'ils jouent un rôle clé dans l'orientation du jeune. Ce sont aussi bien les pouvoirs traditionnels (chefferies locales, ainés, les leaders socioprofessionnels et d'opinion), les commerçants influents, les acteurs confessionnels qui sont négligés de nos jours qui ont une influence des acteurs communautaires de par l'information qu'ils véhiculent auprès de la communauté. Ils jouent un rôle prépondérant dans des sociétés où l'identité est fortement déterminée par l'appartenance religieuse (leaders d'opinion), de même que les réseaux de sociabilité. Ils peuvent constituer des interlocuteurs clé pour accéder aux jeunes et constituer des « passeurs », en raison de l'écoute grandissante dont ils bénéficient auprès de ces derniers.

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de concertation, des lieux de sociabilité, d'expression politique et de militantisme, ou qu'elles promeuvent la culture, ces associations, lorsqu'elles existent, constituent des « soupapes de sécurité » permettant aux jeunes de s'exprimer et de faire entendre certaines revendications. À cet effet, le rôle des femmes et des jeunes leur permet de participer pleinement aux processus de planification et de prise de décision, à toutes les actions de résolution des conflits, de relèvement rapide et de développement, ainsi qu'à tous les mécanismes d'évaluation et de responsabilisation.

- Acteurs de la société civile : acteurs de proximité, les organisations de la société civile présentent de fortes capacités de mobilisation sociale due à une bonne intégration au niveau local et communautaire et à une bonne connaissance de leur environnement. La société civile forme une véritable force de plaidoyer et de sensibilisation. Les représentants doivent plaider en faveur de questions transversales, de défis et de solutions possibles pouvant avoir une valeur et un impact plus large quant à la lutte contre l'extrémisme violent. Sur ce point, la stratégie prévoit d'assigner un rôle important aux organisations de la société civile susceptibles de contribuer au cadre plus large de la coordination, de l'efficacité et de la pertinence des efforts de stabilisation.

- Rôle de l'Administration au niveau local dans l'information : il s'agit notamment des collectivités territoriales et des fonctionnaires qui, pour les jeunes, incarnent l'État. Leurs actions peuvent contribuer à accroître la participation des jeunes à la gouvernance locale, ou au contraire, à l'en exclure davantage. Les collectivités territoriales sont les acteurs qui connaissent le mieux le besoin des jeunes. Ces différentes instances peuvent être aussi mises à contribution pour construire la paix entre les différentes communautés et usagers des ressources naturelles à travers les informations.

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- Les rôles des médias (radios communautaires) : par leur existence, les médias conditionnent en partie la capacité des jeunes à être informés, notamment de leurs droits, à se mobiliser et à prendre des décisions quant à la lutte contre l'extrémisme violent. Dans un contexte régional marqué par un très fort taux d'analphabétisme, les médias écrits sont les moins consultés par les jeunes, au détriment de la radio et de la télévision et des Nouvelles Technologies de l'Information et de Communication (NTIC). Donc les radios rurales ou communautaires peuvent être mises à profit pour faire passer des messages de tolérance entre les acteurs pour faire apaiser ou comprendre certains conflits.

- Rôle des Forces de Défense et de sécurité dans l'information : les FDS sont au coeur même du dispositif de lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent. Leurs rôles dans les différents aspects de la prévention sont souvent mésestimés. La mission de protection de FDS ne se situe pas seulement à un niveau de réaction, elle s'inscrit plutôt dans une démarche d'anticipation afin d'informer les populations du danger contre l'extrémisme violent.

- Rôle des élus locaux : les élus, locaux constituant les conseils communaux et régional, agissent en tant qu'acteurs de proximité pour promouvoir le développement économique, social et culturel à l'échelon exclusif du territoire de leurs collectivités respectives. Ils contribuent à assurer la cohésion sociale, à promouvoir et à réconforter la paix et à assurer la sécurité des biens et des personnes. Ils ont un rôle à jouer en informant la population sur un danger quelconque.

4.1.1.4 La stabilisation

Dans le cadre du renforcement de la résilience des communautés dans les zones à risques sécuritaires, la stabilisation des populations apparait stratégique. Aussi, un indicateur spécifique mesurant cette stabilisation devra être construit. Il devra notamment prendre en compte les notions de relance

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économique, de réconciliation et de pacification du territoire, sur les piliers de l'intervention publiques, notamment la Bonne Gouvernance, la Justice, la reconstruction des systèmes de garantie sécuritaire aux populations et les secteurs sociaux.

4.1.1.5 Les mécanismes de résilience contre l'extrémisme violent

L'inclusion et l'engagement des populations locales dans les mécanismes de sécurité de proximité s'articulent autour de deux composantes principales : la première est constituée de comités formels de paix qui ont été créés pour rassembler et informer les autorités sur l'extrémisme violent dans leurs communautés, et pour soutenir l'amélioration de la coopération entre les populations et les acteurs de la sécurité et la seconde est constituée de réunions informelles où les acteurs de la sécurité, les acteurs politiques et les membres des communautés se rencontrent pour discuter des problèmes de sécurité dans leurs communautés.

Ces deux mécanismes, en plus des actions de sensibilisation et des caravanes de la paix, semblent axés sur l'amélioration des relations entre les gouvernements et les communautés. La Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) joue un rôle important dans l'organisation de ces activités.

À cette fin, des comités de vigilance communaux, combinés à un système d'informateurs au niveau des tribus et des hameaux, ont été mis en place.

La HACP a mis en place des mécanismes locaux de prévention et de gestion des conflits. Quatre relais principaux sont accompagnés : les comités communaux de paix (CCP), les commissions de paix et sécurité (CPS) au niveau de conseils régionaux, les comités de dialogue inter et intra religieux (CDIR) et les autorités traditionnelles.

Il y a aussi les projets qui stimulent les Activités Génératrices de Revenus qui appuient les jeunes en moyens économiques afin de leur permettre de se prendre en charge et de subvenir à leurs besoins.

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4.1.1.6 Les actions des projets et des Organisations Non Gouvernementales

L'État doit pleinement jouer son rôle régalien et multiplier ses efforts à travers ses structures créées pour la nécessité de renforcer la sécurité. Il doit définir sa feuille de route dans les actions de lutte contre l'extrémisme violent et disposer d'un cahier de charges afin de permettre aux ONG et autres accompagnateurs dans le domaine du relèvement d'intervenir avec efficacité à ces côtés.

Les ONG nationales, internationales, confessionnelles ou non, à travers les projets qu'elles mettent en oeuvre, constituent des acteurs engagés auprès des populations ; elles ont développé des méthodes et des approches adaptées aux enjeux de l'insertion sociale des jeunes. Elles contribuent également à promouvoir les droits et devoirs des jeunes au sein de leurs communautés. À travers les interventions de ces organisations de la société civile, ces acteurs se focalisent sur des thématiques diverses telles que :

ü Le renforcement des capacités des acteurs (les FDS, les chefs traditionnels et religieux, les leaders des jeunes, les associations et les groupements des femmes) dans le cadre de la prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent ;

ü Les appuis spécifiques au renforcement des cadres et mécanismes d'information tels que les radios communautaires et les activités civilo-militaires.

À titre illustratif le Projet d'Appui à l'Autonomisation des Jeunes et des Femmes les plus Vulnérables face à la Radicalisation et à l'Extrémisme Violent dans la région de Tillabéri (Jeunes et Femmes/PEV) qui a formé 35 journalistes des Radios communautaires de la région le 10 juin 2022. Cette formation permettra aux participants d'améliorer leurs connaissances en matière de prévention de l'extrémisme violent.

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Le Projet d'Appui à l'Autonomisation des Jeunes et des Femmes les plus Vulnérables face à la Radicalisation et à l'extrémisme violent dans la région de Tillabéri mis en oeuvre par l'Association des Scouts du Niger en consortium avec la Cellule de Prévention de la Radicalisation et de l'Extrémisme Violent (CELLRAD) et le conseil Régional de la Jeunesse de Tillabéri concerne 12 communes des 11 départements cibles de la région de Tillabéri à savoir : Abala, Ayorou, Ballayara, Filingué, Gothèye, Kollo, Ouallam, Say, Téra et Torodi. Son objectif principal est d'accroître la résilience sociale et économique des jeunes et des femmes de la région de Tillabéri face à la radicalisation et l'extrémisme violent.

Il faut par ailleurs définir pour chaque acteur les rôles, responsabilités et défis attendus pour la construction de la paix avant d'engager une action.

À titre d'exemple, le Projet « Stabilisation dans la région du Liptako-Gourma » mis en oeuvre par le Programme des Nations Unies pour le Développement intervient pour contribuer à résoudre les problèmes liés à l'extrémisme violent. Le projet a pour objectif global de réduire la vulnérabilité à l'extrémisme violent en renforçant les outils permettant de traiter les griefs fondamentaux qui alimentent l'extrémisme dans les régions du Niger exposées à l'insécurité et sustenter la cohésion sociale inter et intracommunautaire. Comme mesure préventive, il y a aussi l'état d'urgence instauré par le gouvernement du Niger dans la région de Tillabéri.

4.1.2 stratégies de lutte contre l'extrémisme violent

Les stratégies de lutte contre l'extrémisme violent sont mises en oeuvre à travers les moyens juridiques, institutionnels, militaires et politiques.

4.1.2.1 Les moyens juridiques

Parlant des instruments juridiques face à l'implantation des groupes terroristes au Sahel liés aux réseaux du crime organisé, le Niger s'est doté de la quasi-totalité des outils juridiques contre le terrorisme. Il dispose d'un cadre

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juridique impressionnant qui répond à la lutte contre le terrorisme par divers moyens. La réforme du système juridique qui a intégré les recommandations des organisations internationales concernant la lutte contre le terrorisme et le banditisme transnational.

Le gouvernement du Niger a finalisé les bases légales du processus de la reddition en adoptant la modification de l'article 399.1.20 du Code pénal dans le respect des avantages en matière des droits humains et de la justice transitionnelle de lutte contre le terrorisme. L'article 399.1.20 de la loi n°61-27 du 15 janvier 1961 portant institution du Code pénal garantit un statut légal aux personnes ayant fait acte de reddition volontaire.

Les actes réglementaires viennent compléter l'ordonnancement juridique en la matière. C'est ainsi que le Niger a procédé à la révision de l'ordonnancement de sa législation par l'adoption de :

- L'Ordonnance N° 2011-11 du 27 janvier 2011 créant un pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale organisée ;

- L'Ordonnance N° 2011-12 du 27 janvier 2011 modifiant et complétant la loi 61.27 du 15 juillet 1961 portant institution du Code pénal ;

- L'Ordonnance N° 2011-13 du 27 janvier 2011 organisant la procédure à suivre en matière de lutte contre le terrorisme et le financement du terrorisme ;

- La loi N° 2016-21 du 16 juin 2016 modifiant la Loi n°61-33 du 14 août 1961 portant institution du code de procédure pénale

- La loi N° 2017-07 du 31 mars 2017 modifiant et complétant la loi N°6127 du 14 août 1961 portant institution du code de procédure pénale.

- La Loi n°2016-19 modifiant et complétant la Loi n°2004-50 fixant l'organisation et la compétence des juridictions au Niger et la Loi n°201622 modifiant et complétant la Loi n°61-33 du 14 août 1961 portant institution du code de procédure pénale ont élargi la compétence du pôle

23 https://scienceetbiencommun.pressbooks.pub/droitniger/chapter/chapter-1/=return-footnote-5-7 , consulté le 20 avril 2022

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judiciaire spécialisé en matière de lutte contre le terrorisme à la criminalité transnationale organisée.

Aussi, il est important de mentionner les instruments juridiques adoptés par les organisations régionales et sous-régionales telles que de l'Union africaine, de la CEDEAO et de l'UEMOA.

La CEDEAO s'est dotée d'un certain nombre d'outils tant textuels qu'institutionnels. Il existe des moyens de prévention, de contrôle et de résolution des conflits, établis par l'accord de décembre 1999, qui joue un rôle clé dans la lutte contre le terrorisme. Il a été suivi par le protocole additionnel du 21 décembre 2001 sur la démocratie et la bonne gouvernance, qui permet de s'attaquer aux enjeux politiques, diplomatiques et militaires à l'origine du conflit.

Enfin, l'UEMOA qui a élaboré le règlement N°14/2002/CM/UEMOA relatif au gel des fonds et autres ressources financières dans le cadre de la lutte contre le financement du terrorisme dans les États membres. Citons aussi la Directive N°02/2015/CM/UEMOA relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux et le financement du terrorisme, qui renforce les dispositifs en prévoyant de nouvelles infractions en matière de terrorisme. Cette directive a été transposée dans l'ordre juridique nigérien par la loi N°2016-33 du 31 octobre 2016 relative à la lutte contre le blanchiment des capitaux et du financement du terrorisme23.

Tous ces textes s'enrichissent de dispositions réprimant la criminalité transfrontalière organisée, ce qui permet de rendre la répression encore plus efficace en s'appuyant sur les moyens institutionnels.

Instrument politique pour accomplir différentes missions qui peuvent concourir à l'unité nationale, la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix est

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4.1.2.2 Les moyens institutionnels

L'ancrage institutionnel permet de promouvoir une synergie d'action avec les institutions nationales et organisations partageant les idéaux du G5 Sahel. La création de plusieurs structures a permis de renforcer l'État en matière de sécurisation des populations. Ces structures sont entre autres :

Ø Le Conseil National de Sécurité et ses démembrements

Il est ancré à la présidence de la République, est un organe consultatif, qui assiste le président de la République en émettant des avis sur les questions relatives à la sécurité de la Nation, à la défense, à la politique étrangère et, d'une manière générale sur toutes les questions liées aux intérêts vitaux et stratégiques du pays. Les avis de ce conseil consultatif qu'est le Conseil National de Sécurité n'ont pas un caractère contraignant au président de la République, qui est seul décideur en matière de définition de la politique étrangère.

Ø La Haute Autorité à la Consolidation de la Paix

La Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) a été créée le 04 octobre 2011 par Décret n°2011-481/PRN du 04 octobre 2011. Elle est un instrument au coeur du processus de Consolidation de la Paix au Niger.

La mission générale de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix (HACP) est de « entreprendre toute initiative ou action orientée vers la consolidation de la paix, le renforcement de l'unité nationale et le développement économique et social ». Elle est, en outre, chargée d'entreprendre, conformément aux orientations nationales en matière de développement et de sécurité, toute initiative ou action orientée vers la consolidation de la paix, le renforcement de l'unité nationale, l'entraide, la solidarité et le développement économique et social.

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unique en son genre en Afrique de l'Ouest. Elle est jugée par les différents acteurs du domaine comme une Institution crédible, pertinente et nécessaire dans un contexte national et régional où l'insécurité grandie avec comme conséquence majeure la remise en cause de la stabilité sociale, la montée de l'extrémisme et l'effondrement du tissu économique locale.

La HACP possède et maitrise parfaitement les instruments de cohésion et de relèvement social, qu'elle met en oeuvre, directement ou indirectement, depuis plusieurs décennies.

Les actions et programmes concourant au renforcement de la résilience sociale sont couverts par les programmes de prévention des conflits et de cohésion sociale (Axe 3 de son Plan Stratégique). Ils regroupent entre autres les « caravanes de la paix », la sensibilisation, les audiences foraines, les activités civilo-militaires et foras, qui sont largement plébiscités par les élus locaux, les chefs traditionnels et les représentants de la population.

Ces activités de prévention des conflits apparaissent auprès des bénéficiaires comme ayant un impact très important sur le maintien de la cohésion sociale, la prévention des conflits inter et intracommunautaires et le maintien des populations à risque (notamment les jeunes) dans la société.

La HACP a mis sur place des comités communaux de paix dans la région de Tillabéri depuis 2015 dans le but de concilier les communautés et consolider la paix, mais surtout pour renforcer son dispositif de prévention et gestion des conflits. Ce dispositif de prévention et gestion des conflits est composé des comités communaux de paix présidés par les maires. Ces comités sensibilisent les communautés à la gestion non violente des conflits et alertent les autorités en cas de signes de conflits.

Ø Le Centre National d'Études Stratégiques et de Sécurité

Dans sa politique nationale de sécurité et de défense, le gouvernement du Niger a jugé utile de créer le Centre National d'Études Stratégiques et de Sécurité par Décret N°2015-013/PRN du 16 janvier 2015.

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Le centre a pour mission de : effectuer des études prospectives et procéder à une évaluation globale des questions sécuritaires et stratégiques; mener des réflexions dans le domaine des relations internationales, des questions de défense et de sécurité, leur évolution et leur implication sur le développement national ; proposer des perspectives pour le renforcement de la paix et de la stabilité au Niger ; faire des propositions sur les moyens d'action permettant d'anticiper et de faire face aux événements et d'impulser toute initiative de nature à préserver l'intérêt national ; et faire des études, des recherches et des formations à la demande des services et des institutions publiques nationales. Le Centre a réalisé des travaux importants sur la question de la radicalisation et l'extrémisme violent qui sont soumis au gouvernement pour sa mise en oeuvre.

Ø La Stratégie pour le Développement et la Sécurité des Zones Sahélo-Sahariennes du Niger (SDS- Sahel-Niger)

La SDS-Sahel adoptée en 2012 est une initiative du gouvernement nigérien qui traduit les engagements du Président de la République contenus dans son programme politique intitulé « Programme de Renaissance ». Elle a été conçue sur la base d'une analyse participative profonde et réaliste de la problématique spécifique relative aux conditions d'insécurité et au développement des zones sahélo-sahariennes au Niger.

La SDS-Sahel contribue à réduire la vulnérabilité globale et les besoins non satisfaits des personnes les plus vulnérables, à renforcer la gestion des risques et les capacités et à s'attaquer aux causes profondes des crises. Ses missions principales de SDS-Sahel sont : le Pilotage stratégique de la stratégie (SDS) axé sur le suivi de la performance de toutes les interventions concourant à sa mise en oeuvre et le plaidoyer pour la mobilisation des ressources et ; la coordination de la mise en oeuvre des programmes et projets et initiatives catalytiques dont le SE SDS assure la maîtrise d'oeuvre.

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Ø L'Antenne Nationale de la Cellule Régionale de Prévention de la Radicalisation et de l'Extrémisme Violent (CELLERAD)

Créée par arrêté N°00315/MISPD/ACR/SG du 16 avril 2020 sous la tutelle du ministère de l'Intérieur, et elle est chargée de : appuyer les activités du Ministère en charge des Affaires Religieuses et du culte ; harmoniser le plan d'action de la Cellule Régionale de Prévention de la Radicalisation et de l'Extrémisme Violent du G5 Sahel au niveau national conformément aux besoins nationaux et assurer le suivi de sa mise en oeuvre ; organiser des activités de plaidoyer, de séances de réflexion, de sensibilisation, d'éducation et de restitution des résultats ; contribuer à l'élaboration de rapports annuels de la mise en oeuvre de la déclaration des pays du G5 Sahel sur la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent au Sahel ; élaborer et mettre en oeuvre des projets de renforcement de capacités et de prévention de la Radicalisation et de l'Extrémisme violent ; mettre en contribution les acteurs religieux dans différents domaines d'action comme l'éducation et le travail social à travers les lieux de culte et autres structures concernées.

La Cellule Régionale de Prévention de la Radicalisation et de l'Extrémisme violent a pour mission principale de suivre la mise en oeuvre des 16 recommandations contenues dans la Déclaration de Niamey issue de la 47ème session du Conseil des ministres des Affaires étrangères de l'Organisation de la Coopération Islamique (OCI) tenue en novembre 2020 sous le thème : « Unis contre le terrorisme, pour la paix et le développement ». Ces recommandations toutes concourent à la prévention de la radicalisation et à la lutte contre l'extrémisme violent.

Ø Le Service central de lutte contre le terrorisme (SCLT)

Créé par l'Ordonnance n° 2011-11 modifiant et complétant la Loi de 1961 instituant le code de procédure pénale et est chargé de coordonner, diriger et traiter l'ensemble des enquêtes relatives à la lutte contre le terrorisme sur l'intégralité du territoire national ; de recueillir, centraliser, analyser et exploiter

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tout renseignement et information afin de prévenir et de réprimer le terrorisme sous toutes ses formes en collaboration avec les autres services concernés ; de prévenir autant que faire se peut tout acte de terrorisme ; de réprimer tous les actes et agissements tombant sous le coup des lois et règlements relatifs au terrorisme et de veiller à la coopération nationale et internationale avec les autres services compétents en la matière.

Ø L'Association des chefs traditionnels

Elle est un cadre de résolution des problèmes qui se posent dans leurs communautés à travers une approche basée sur la mobilisation sociale et le dialogue communautaire avec les principaux acteurs en s'appuyant sur les traditions et les valeurs socio-culturelles positives du changement social et de comportement. Cette association s'appuie sur les chefs traditionnels en tant que garants des us et coutumes qui se trouvent au premier rang des acteurs incontournables dans la prévention de l'extrémisme violent dans leurs localités respectives.

Ø Le Cadre du Dialogue Inter et Intra religieux

Il est un cadre formel de dialogue intra et interreligieux dans le cadre de la promotion de la paix. Il a pour but de développer le dialogue et de favoriser la compréhension et la collaboration entre des personnes et des communautés de religions différentes, pour rendre possible le vivre ensemble et la paix.

Ø Le Conseil National de la Jeunesse (CNJ) et ses démembrements

Il est un cadre représentatif de concertation et d'échange entre les jeunes. Il est chargé de formuler des propositions pour orienter en faisant mieux connaitre les pratiques et les besoins culturels des jeunes et améliorer l'élaboration, la mise en oeuvre et l'évaluation des politiques publiques qui leur sont destinées.

24 Crisis Group, entretien avec un officier des FDS, février 2018. « Niger : nouvelle opération contre les «terroristes» venus du Mali Agence France-Presse (AFP), 17 juin 2017.

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4.1.2.3 Les moyens militaires

Selon Belkacem IRATNI (2017), sur le plan militaire, les groupes terroristes opérant dans le nord du pays sont presque totalement éradiqués à travers une vigilance continue, un redéploiement sur le terrain des forces de sécurité et l'acquisition d'équipement approprié à la lutte antiguérilla (satellites, radars de surveillances, détecteurs, drones).

En 2014, l'opération Zarmaganda, du nom d'un ancien royaume Djerma, est mise sur pied dans le Nord-Tillabéri afin de sécuriser la frontière avec le Mali. Après une série d'attaques contre les FDS, le président Issoufou juge le dispositif insuffisant et le remplace en juin 2017 par l'opération Dongo qui veut dire, « foudre » en langue djerma -, une « force mieux armée et plus mobile forte de 245 hommes principalement basés à Tilwa »24. Les autorités ont décidé de redéployer du personnel militaire à la frontière malienne et relancer l'opération Chara, en étroite coordination avec l'opération Zarmaganda. Après l'embuscade tendue aux forces de sécurité nigérienne à Ouallam le 22 février 2017 qui a fait 15 morts et 19 blessés et a été revendiquée par l'État Islamique au Grand Sahara. La France a annoncé qu'elle enverrait 80 commandos des forces spéciales pour soutenir les Nigériens (RFI, 2017).

À cet effet, il y a aussi l'opération conjointe Antiterroriste Niger-Burkina Taanli 3 qui veut dire alliance et cohésion en langue gulmancema, a comme les deux qui l'ont précédée, débouche sur de résultats plus satisfaisants.

Néanmoins, il y a quelques opérations militaires existantes dans la région de Tillabéri, et qui sont entre autres : Almahaw (Ouallam), Niya (rive droite), Yardi (Tillabéri-est), Fassa (Anzourou), Bataillon du G5 Sahel (Bankilaré) qui est installé à Ayorou et à Bankilaré et à Banibangou.

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Même si les opérations militaires ont finalement eu les effets pervers, elles ont fait reculer l'État Islamique dans le Grand Sahara (EIGS). A titre illustratif, en septembre 2018, le groupe armé de l'EIGS s'est temporairement retiré de certaines parties du nord de Tillabéri sous la pression de l'action militaire.

4.1.2.4 Les moyens politiques

L'escalade de l'extrémisme violent dans la région a été conjuguée à l'ascension de la criminalité transnationale organisée, une sécheresse cyclique, les conflits locaux et autres actes de banditisme. Il convient de faire le point de l'état de la région et du bilan des diverses initiatives en matière de paix et de sécurité.

L'État, détenteur des prérogatives de la puissance publique, fait recourt habituellement à la force. Ce recourt peut-être source d'alimentation d'un cycle de provocation-répression-justification, qui induira une réponse du « berger à la bergère ». C'est de cette répression que les Groupes Armés Non Étatiques tirent une certaine `'crédibilité politique» de leur lutte et de leur opération (Linhart, 2004).

Aussi, la recherche d'une solution conciliant la force et le dialogue pourrait paraitre comme une approche utile et idoine. Il est souhaitable dans chaque conflit d'engager le dialogue avec les parties prenantes, les leaders communautaires et religieux influents qui sont soit acteurs au conflit soit directement exposés aux effets de la radicalisation et de l'extrémisme violent.

Ø La stratégie du dialogue

Le dialogue est la suite de stratégie adoptée par le Gouvernement du Niger dans le cadre de la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent au Niger notamment dans la région de Tillabéri. Le dialogue peut avoir pour but ultime d'offrir aux terroristes la possibilité de se repentir et de renoncer à la violence. L'objectif est de maintenir le contact avec les communautés qui sont

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issues de groupes extrémistes, et d'être en mesure d'identifier et de proposer des solutions aux aspirations des populations. En arbitrant les conflits dans lesquels elles peuvent être engagées, en particulier ceux du foncier pastoral25. Le dialogue politique avec les communautés, c'est prendre conscience de cette exclusion et réfléchir aux moyens d'y mettre un terme.

Les opérations militaires ne permettent pas à elles seules d'atteindre les objectifs d'un retour de la paix dans la région de Tillabéri, surtout si elles attisent des foyers de tension inter et intracommunautaires. Le dialogue entre Niamey et les communautés de la région de Tillabéri sera donc indispensable pour rétablir la présence de l'État dans les campagnes. Sur un plan concret, cependant, les autorités devront résoudre un certain nombre d'obstacles qui ont entravé les précédents efforts de dialogue. L'un de ces facteurs est le manque de coordination entre les différentes institutions de l'État chargées de regagner la loyauté des communautés mécontentes.

Le dialogue doit être sincère et s'accompagner de mesures concrètes pour empêcher le recrutement par les groupes armés non étatiques de se poursuivre. C'est ainsi que Bello Adamou, un expert nigérien de LASDL, indique :« Cette mission n'est pas impossible à condition de convaincre les populations d'adhérer au dialogue et d'accepter de vivre avec leurs anciens bourreaux ».

Cette approche permettra de rétablir la confiance et la sécurité, de réhabiliter les services sociaux de base, de déradicaliser les communautés locales et d'isoler l'extrémisme violent. Il faut également privilégier, en cas de conflit, les cadres officiels pour le dialogue et la consultation, ainsi que des mécanismes de médiation formels et informels y compris le dialogue inter et interreligieux avec les leaders d'opinion, le dialogue civilo-militaire, et inter et intracommunautaires.

25 Programme National de Prise en Charge de la Reddition, mai 2021, page 07.

26 Mission d'appui à l'élaboration du plan stratégique 2022-2026 de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix_HACP, rapport diagnostic, page 24-25.

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Ø Les renforcements des capacités des acteurs locaux

Les renforcements des capacités de leaders communautaires et leurs organisations (Chefferie traditionnelle, leaders religieux et organisation de la société civile), des jeunes et femmes, des collectivités décentralisées et des acteurs des médias qui visent à assurer efficacement leurs rôles en matière de prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent ont été mentionnés dans la stratégie.

En effet, avec le soutien continu de diverses institutions locales en matière de gestion des conflits entrepris depuis 2015, avec l'appui à la structuration des comités communaux de paix, la HACP, comme d'autres institutions, renforce depuis deux ans ses appuis aux acteurs locaux dans la prise en compte des dynamiques de continuité de dialogue, et la prise en compte de la dimension « Paix et Sécurité » au niveau de la planification26.

L'appui aux comités communaux de paix est une pratique courante depuis plusieurs années, il concerne actuellement 38 communes et se traduit par un appui au fonctionnement et à la structuration de ces comités, mais aussi par le financement d'une partie des plans d'action desdits Comités.

Par ailleurs, le renforcement des capacités des acteurs locaux notamment par l'appui aux réunions élargies (mensuelles) des Conseils Départementaux de Sécurité (CDS) constitue la pierre angulaire vers un maillage de l'ensemble du pays de structures de concertation, de partage d'information et de message de transparence portée envers toute la population.

Ces réunions élargies se tiennent mensuellement et sont ouvertes à tous les acteurs « civils » qui participent non seulement au renforcement du dialogue sur les questions de sécurité, mais également à la restauration de la crédibilité de l'État et de la confiance des populations envers les FDS.

Pour une cohésion sociale réussie, il faut impliquer les différents acteurs tels que les familles ou communautés, les acteurs publics locaux, les

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Ø Le renforcement de la cohésion sociale

La cohésion sociale dans et entre les communautés, et entre l'État et la population locale a été affaiblie dans la région. Le conflit a altéré les relations entre les familles, entre les différents groupes ethniques et les communautés. La cohésion sociale est aussi mise à mal par l'augmentation des litiges liés aux droits fonciers et à l'accès aux ressources naturelles. Elle est également fragilisée par les comportements de forces de défense et de sécurité et le changement climatique. La cohésion sociale est donc un facteur déterminant pour construire la résilience face à ces menaces. Pour y parvenir, il faut, entre autres, établir une relation de confiance et d'échange entre les individus, les groupes et les communautés.

Dans cette optique, le gouvernement nigérien à travers le Ministère de l'Intérieur et de la Décentralisation a organisé en novembre 2021 un forum sur le maintien et le renforcement de la cohésion sociale pour discuter des questions de sécurité. Les participants à ce forum sont les acteurs de la Chefferie traditionnelle, les leaders religieux, les autorités administratives locales, les élus et les autres personnalités publiques, ressortissants des régions (Dosso, Tahoua et Tillabéri). Ainsi, l'un des intervenants a souligné que l'une des causes de l'insécurité est l'effritement de la cohésion sociale, car c'est un facteur important pour répondre à ce phénomène.

Les causes de déficit de la cohésion sociale sont : la collaboration timide pour se sécuriser, l'injustice au niveau des instances décisionnelles, les acteurs politiques qui augmentent les tensions intercommunautaires. Pour résoudre une crise qui touche en premier lieu la population, il faut se concentrer sur la population même. Plus spécifiquement, cela pourrait impliquer des mécanismes garantissant l'accès à la justice et le dialogue entre les populations locales, entre communautés et entre générations.

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associations de jeunes, le groupement des femmes et les espaces d'écoute et de concertation, les médias locaux et nationaux.

4.1.3 La stratégie au niveau des pays du G5 Sahel

L'organisation sous-régionale des pays de G5 Sahel, la réunion des ministres en charge de la sécurité et des affaires religieuses des pays du G5 Sahel, organisée du 11 au 14 mai 2015 à Niamey (Niger), a adopté une importante déclaration sur la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent au Sahel27. Lors de cette réunion, les ministres des pays du G5 Sahel ont pris des mesures concrètes pour combattre la radicalisation et l'extrémisme violent. Ces mesures sont :

« Sensibiliser les populations sur le danger de la radicalisation ; contrôler les flux financiers susceptibles d'alimenter la radicalisation ; mettre en place des mécanismes régionaux d'analyse contextuelle et d'alerte précoce ; mettre en place des cadres de dialogue culturel et religieux ; promouvoir la tolérance, la paix et la stabilité par le dialogue intra et interreligieux ; encadrer et formaliser l'éducation confessionnelle et promouvoir son intégration dans le système éducatif des États du Sahel ; développer des opportunités d'insertion socio-économique en faveur des jeunes à risques en vue de prévenir leur radicalisation ; contrer les discours extrémistes destinés aux groupes à risques en mettant à profit les médias, les réseaux sociaux et les prêches ; renforcer la capacité des institutions judiciaires et carcérales dans la prévention et la lutte contre la radicalisation et mettre en place des procédures de déradicalisation ; promouvoir la protection des valeurs civiques et socioculturelles comme moyens de prévention de la radicalisation et de l'extrémisme violent ; renforcer les capacités des leaders religieux dans la lutte contre la radicalisation et en faveur de la déradicalisation ; créer ou renforcer des cadres d'échanges de bonnes pratiques en matière de lutte contre la radicalisation entre les pays du

27 Stratégie Nationale de Prévention de la Radicalisation et de l'Extrémisme Violent-Niger.

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G5 Sahel ; renforcer le rôle des organes de régulation des médias dans la lutte contre la radicalisation en faveur de la déradicalisation; promouvoir la participation des femmes et de la société civile dans la prévention et la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent ; renforcer et harmoniser les cadres juridiques relatifs à la lutte contre la radicalisation dans la région du Sahel ; mettre en place, au sein du Secrétariat Permanent du G5 Sahel, « une Cellule régionale de prévention de la radicalisation ».

Les autorités des États membres du G5 Sahel collaborent avec les organisations de la société civile sahéliennes, notamment les institutions religieuses, les chefs traditionnels et les organisations des femmes et des jeunes, pour soutenir leurs décisions dans les États membres afin de traduire en acte le contenu de la déclaration relative à la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent. Elles ont appelé leurs partenaires à soutenir les efforts des États pour mettre en oeuvre la déclaration.

4.1.4 La déradicalisation

Pour empêcher la radicalisation, de nombreux pays ont mis en place des stratégies dites de « déradicalisation », à savoir un type d'action destinée à ramener ceux qui se sont engagés dans le djihadisme vers une « normalité » définie par le renoncement à la violence comme solution aux maux dont souffre la société.

Il s'agit d'un programme initié par le ministère en charge de l'intérieur en collaboration avec la HACP pour permettre aux personnes qui veulent faire l'acte de reddition volontaire dans les conditions prévues à l'article 399.1.20 du Code pénal nigérien, peut bénéficier d'un programme de réhabilitation et de réintégration.

Conformément à la nouvelle teneur de l'article 399-1-20 du Code Pénal nigérien, les éléments qui faisaient acte de reddition volontaire pourront être exemptés de toute poursuite pénale seulement s'ils n'ont pas commis des

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crimes. S'ils ont été soupçonnés de crime, ils seront transférés au parquet du pôle judiciaire spécialisé dans la lutte contre le terrorisme pour être jugé.

C'est le Service Central de Lutte contre le Terrorisme et la Criminalité Transnationale Organisée (SCLCT/CTO) qui s'en charge de la mission de son service d'enregistrement biométrique, le transport des personnes associées à des groupes terroristes en reddition au centre d'accueil de Goudoumaria, et ceux qui sont logés au sein de l'école de la police de Niamey seront transférés au centre d'accueil de la région de Tillabéri.

Le profilage est un élément essentiel du processus de réhabilitation des repentis volontaires après l'enregistrement biométrique. Ce dernier conduit au profilage qui permet au procureur du Pôle Judiciaire Spécialisé dans la lutte contre le terrorisme et la criminalité transnationale de faire un triage des ex-associés aux GANE qui est admissible au processus de réintégration et qui sera face aux instances judiciaires pour expier ses fautes conformément aux dispositions de l'article 399.1.20 du Code pénal. La durée consacrée au profilage est de 30 jours maximum et doit avoir lieu au centre de réinsertion.

Le profilage consiste à recueillir les actions auxquelles la personne en reddition volontaire a effectivement pris part volontairement sans aucune contrainte. Il permet d'apprécier le niveau d'implication et le rôle joué dans la commission des actes qualifiés de crimes contre l'humanité ou crimes de guerre commis à l'occasion de son appartenance au groupe terroriste. Cette appréciation par simulation permet à terme de faire le triage des ex-éléments.

C'est ainsi qu'au moment de triage, les éléments sont répartis en deux groupes : le groupe d'éléments à poursuivre en justice et le groupe d'éléments à réhabiliter.

À Diffa, par exemple, la réinsertion et la réintégration de la première vague des repentis accompagnés de leurs familles dans la communauté d'accueil ont lieu en décembre 2019. La même année, une première vague de 125 ex-combattants de Boko Haram a été formée, certifiée et réhabilitée. En

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décembre 2021, une deuxième vague de quarante-deux (42) ex-combattants de Boko Haram a acquis le même traitement que la première vague. Cette deuxième est mixée à quarante-deux (42) jeunes (filles et garçons) victimes formées au Centre de Goudoumaria, et cent soixante-dix-huit (178) formés au niveau des Centres de Formation aux Métiers des communes de N'Guigmi, Bosso, Toumour, Mainé Soroa et Diffa qui regroupe les jeunes de Diffa et de Gueskérou.

En outre, entre autres stratégies pour résoudre ce problème, il y a l'encadrement des ex-combattants dans le domaine de l'agriculture. Cette activité qui leur est familière n'exige pas beaucoup d'efforts particuliers, surtout que le territoire d'Uvira présente de grands atouts en matière de développement agricole.

Au-delà de l'agriculture, il faut apprendre aux ex-combattants les métiers dans des filières porteuses comme la formation professionnelle en menuiserie, en maçonnerie, en couture, en mécanique rurale, etc. Cet encadrement, approprié des ex-combattants, fait renaitre l'espoir et la possibilité de vivre en harmonie dans les milieux d'accueil.

Cette initiative, initialement lancée dans la région de Diffa, a été répliquée pour la région de Tillabéri dans la commune rurale de Hamdallaye au cours de l'année 2022. Le centre de réinsertion socio-économique a été construit et les instruments de mobilisation des ex-associés aux GANE ont été élaborés pour mener une sensibilisation qui est déjà en cours avec la HACP dans la région de Tillabéri.

En réponse à cette campagne de sensibilisation, 57 éléments du terrorisme (2018) ont fait défection et se sont rendus aux autorités de la région de Tillabéri. Ces ex-associés ont été hébergés à l'École Nationale de la Police et de la Formation Permanente jusqu'en février 2022.

Aussi, l'État avec l'appui des partenaires techniques et financiers (OIM et PNUD) a créé le centre de Hamdallaye dans la région de Tillabéri pour

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permettre davantage aux personnes engagées dans les groupes extrémistes violents de déposer les armes et de suivre un programme de déradicalisation et de réintégration et/ou de réinsertion socio-économique comme dans la région de Diffa.

4.2 Limites et recommandations

Nous avons évoqué les stratégies de prévention et de lutte contre le terrorisme et l'extrémisme violent, il est préférable aussi de faire ressortir les limites et proposer des recommandations à l'endroit des institutions et les populations concernées.

4.2.1 Limites

Les problèmes liés à la radicalisation et à l'extrémisme violent au Niger en général et dans la région de Tillabéri en particulier sont liés à une fragilité structurelle profonde à laquelle le pays est confronté.

La faible présence de l'État - ou « son absence totale » - dans certaines zones induit une mauvaise répartition des investissements publics et surtout aux problèmes liés à l'inégalité quant à l'accès aux services sociaux de base. Ajoutons aussi la persistance des conflits inter et intracommunautaire, l'injustice, la vulnérabilité des jeunes, le mal gouvernance et d'autres problèmes qui alimentent la tension entre les populations.

Les groupes extrémistes et autres groupes criminels profitent de ce vide pour exploiter la frustration et la détresse des populations qui constituent leurs cibles principales en matière de recrutement, d'endoctrinement et d'embrigadement.

Si l'une ou l'autre des réponses engagées par l'État a sa propre valeur, elles ne constituent cependant pas, prises de manière isolée, un moyen efficace pour lutter contre les facteurs favorisant la violence. De nombreuses limites ressortent de notre analyse.

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Tout d'abord, le phénomène de l'extrémisme violent a généralement donné lieu à des actions d'ordre purement militaire. Si de telles réponses restent nécessaires et permettent à l'État d'adresser les violences et ses effets dans le court terme, elles se sont avérées insuffisantes sur la durée quand elles n'ont pas simplement alimenté le phénomène lorsque la causalité des violences n'est pas apaisée ou éteinte, ou lorsque des violations des droits de l'homme résultant de ces réponses militaires les ont exacerbés.

La seconde limite repose sur la méconnaissance des réalités locales et des causes profondes de la conflictualité qui caractérisent la société de Tillabéri, et par conséquent de l'inadéquation des réponses jusque-là mises en oeuvre - notamment des programmes et projets étatiques ou non - aux besoins de la communauté. Si beaucoup font le lien entre radicalisation et idéologie religieuse, ou encore entre radicalisation et pauvreté, une des principales causes de la pauvreté - et donc de la vulnérabilité aux discours radicaux - repose sur les sentiments d'inégalités et d'injustice, et la compétition pour les ressources non adressées par ces programmes et projets.

À titre d'illustration, dans les communes de Bankilaré, de Banibangou, d'Ayorou, de Torodi et/ou d'Abala, des inégalités d'investissements publics sont observées en comparaison aux autres communes de la région plus proche de la capitale Niamey. (Par exemple dans la commune de Dorgol, de Torodi, Ayérou, etc.).

De nombreux projets ont été mis en oeuvre dans ces zones sans pour autant que l'impact positif recherché n'ait pu être atteint. Ainsi, le Projet Emploi des Jeunes et Inclusion Productive qui est un projet chargé de réduire le chômage et lutter contre les emplois des jeunes, mais ce projet a eu du mal à démarrer ses activités depuis l'avènement de COVID-19 couplé au problème d'insécurité qui sévisse dans ces zones.

À cet effet, l'analyse utilisée a d'abord examiné les facteurs liés à l'émergence et au développement de la radicalisation et de l'extrémisme violent

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dans la région de Tillabéri. L'un des plus grands obstacles est le manque de sensibilisation et le renforcement des capacités dans certaines zones, et surtout le manque de confiance aux forces de défense et de sécurité. Il faut souligner que certaines personnes collaborent timidement avec les groupes extrémistes violents pour se sécuriser soit de sécuriser leurs familles respectives.

Enfin, la faible capacité des collectivités territoriales à mobiliser des ressources conséquentes et à les investir dans le développement local restreint la capacité des élus locaux à dialoguer avec leurs administrés et à les influencer, en particulier les jeunes. De sensibilisation et organisation de séances de concertation entre les parties prenantes, les chefs traditionnels et religieux, en les impliquant dans les instances décisionnelles pour plus d'efficacité dans la lutte contre ce phénomène.

Au regard de ce qui précède, des solutions devraient être envisagées pour « pallier » les difficultés auxquelles fait face la région de Tillabéri.

4.2.2 Recommandations

La présence de l'État dans les zones qui ont été touchées par l'extrémisme violent est déterminante au maintien de la stabilité et de la sécurité. Les principales recommandations qui ressortent de cette analyse sont les suivantes :

Dans la région de Tillabéri sachant, bien qu'il existe de séance de sensibilisations, mais ces séances de sensibilisation doivent être régulières et à grande échelle afin de toucher les communautés dont sont issues les jeunes (pour une éducation à la paix et à la tolérance, et des valeurs traditionnelles surtout le renforcement des valeurs sociales).

Dans ses services régaliens, l'État doit renforcer la capacité des FDS pour assurer la sécurité de la population et aussi les services de renseignements.

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La justice sociale est le fondement de la société demeure mitigée dans certaines localités de la région de Tillabéri, il est indispensable que l'État assure l'impartialité de la justice et traite la population sur le même pied d'égalité.

Du point de vue des ONG et Projets intervenant dans la région, il faudra que l'État veille et réglemente les actions des ONG qui oeuvrent ou interviennent dans la zone par la recommandation des bilans et dans l'opération sur le terrain.

Il faudra de la part de l'État, renforcer les capacités des jeunes quant à la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent à travers des formations et les appuyer financièrement quant à la création des Activités Génératrices de Revenus pour leur permettre de satisfaire leurs besoins essentiels.

Il faut entreprendre de manière préventive des activités stratégiques comme les rencontres d'échanges et de partage entre les jeunes eux-mêmes, de sensibilisation sur la coexistence pacifique, la culture de la paix et de la nonviolence.

L'éducation à la paix et à la tolérance est une responsabilité portée par tous les acteurs de la société qui doivent s'efforcer de transmettre des valeurs traditionnelles et morales saines aux enfants.

Par conséquent, l'extrémisme violent et la radicalisation ne peuvent et ne sauraient être associés à aucune religion, nationalité ou civilisation. La lutte contre l'extrémisme violent et la radicalisation passe nécessairement par la compréhension et le dialogue.

L'accent devrait également être mis sur le développement des programmes de déradicalisation, de désendoctrinement et de rééducation des jeunes comprenant des activités de réhabilitation et de réintégration, afin que ces jeunes d'aujourd'hui qui sont les adultes de demain ne soient ni victimes ni acteurs de violences ou d'entraves à la consolidation de la paix.

Nous sommes convaincus que rien de durable ne saurait se construire sans la paix et la sécurité, il est plus que nécessaire que tous les acteurs s'investissent pleinement en vue de la promotion de la culture de la paix et de

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la concorde pour que la paix s'installe dans les esprits, dans les coeurs et dans les comportements des citoyens.

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CONCLUSION

Le Niger, situé dans la zone sahélo-saharienne, a été touché par les phénomènes de la radicalisation et de l'extrémisme violent ces deux dernières décennies. Ceux-ci constituent des menaces sur la paix, la sécurité, la cohésion sociale et le développement, notamment avec la présence des groupes armés terroristes tels que Boko Haram dans le lac Tchad, les mouvements djihadistes dans le Liptako-Gourma.

En effet, la région a subi plusieurs attaques qui ont entraîné des pertes en vies humaines, enlèvement, perte des biens et un important flux des populations déplacées. La pauvreté, la faiblesse des liens sociaux et communautaires, le manque d'opportunités de développement économique et social et la mauvaise gouvernance rendent les jeunes particulièrement vulnérables à la marginalisation, à l'exclusion et à la radicalisation sociale.

La capacité limitée des autorités et des communautés à engager efficacement une population jeune croissante, associée à un manque d'informations et de "contre-récits" positifs, augmente la vulnérabilité des jeunes à l'égard de l'éducation virtuelle. Aussi, une jeunesse sans emploi, sans activité, vivant dans l'oisiveté peut devenir une proie facile à la manipulation, et pourrait être facilement recrutée dans des activités pouvant même créer une crise et compromettre la vie au sein de leur propre société.

C'est ainsi qu'un certain nombre des facteurs (la pauvreté, l'ignorance, les inégalités, les injustices, le chômage, l'exclusion de la vie économique et sociale, etc.), qui mènent sans nul doute à l'extrémisme violent, et à la radicalisation.

Ainsi, les objectifs de notre recherche consistent à contribuer à la connaissance de lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent, notamment à analyser les facteurs contribuant à l'émergence de la radicalisation et l'extrémisme violent dans la région de Tillabéri, à identifier les formes de violence extrémiste, à connaître les stratégies adoptées par le Niger

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pour lutter contre les phénomènes extrémistes dans ladite région, afin de proposer des recommandations à l'endroit des institutions et des populations concernées.

Pour ce travail, nous avons adopté une méthodologie objective qui s'articule autour de la recherche documentaire, des questionnaires ; du traitement et de l'analyse de ces données en passant par la présentation de champs d'études qui ont abouti à la formulation des recommandations.

Quant aux hypothèses, nous avons affirmé que l'efficacité de la stratégie repose sur les mécanismes juridiques, institutionnels, politiques et à la fois militaires quant à la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent. Aussi, la pauvreté, l'injustice sociale, les conflits inter et intracommunautaires, la mauvaise gouvernance ainsi que la recherche de sécurisation incitent à la radicalisation et à l'extrémisme violent.

En tout état de cause, au vu de ce résultat, ces hypothèses se voient confirmées. Malgré les efforts fournis par le gouvernement et les Partenaires Techniques et Financiers, force est de constater que la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent dans la région de Tillabéri souffre de mauvaise intégration de parties prenantes et parfois de mobilisations de ressources. L'Etat doit faciliter le dialogue avec toutes les structures sociales et de créer une coopération pour que les chefs traditionnels, les chefs religieux, la société civile et les ONG puissent participer à la lutte contre la radicalisation et l'extrémisme violent.

Le développement de la localité et de tout le Niger est inconditionnellement lié à sa stabilisation. La région de Tillabéri se situe dans un coin stratégique qui peut permettre facilement la criminalité transfrontalière. De là, on s'interroge quel sera l'avenir du pays si jamais ce problème n'est pas résolu ?

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BIBLIOGRAPHIE I-OUVRAGES

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81

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ANNEXES

II

LISTE DES ANNEXES

Annexe 1 : Carte de la région de Tillabéri

Annexe 2 : Analyse synoptique des formes de violence extrémiste dans la région de Tillabéri (Source : CNESS)

III

Annexe 1 : Carte de la région de Tillabéri

Source : DR/INS/Ti -Base de données Tillabéri.Info

IV

Annexe 2 : Analyse synoptique des formes de violence extrémiste dans la région de Tillabéri

Formes de violences extrémistes

Acteurs porteurs de violence

Principaux groupes affectés

Attaques armées des


·

Divers groupes djihadistes


·

Populations

villages et des

 

(Al-Qaeda pour le Djihadiste

 

civiles(ménages)

campements

 

en Afrique ; État islamique
du Grand Sahara, Ansar al-


·

Forces de Défense et de Sécurité

 
 

islam, Jamaat Nosrat al-


·

Agent de l'État

 
 

Islam, Ansar Dine (Katibat

du Macina et celle de


·

Réfugiés (camps des réfugiés)

 
 

Gourma))

 
 

Attaques des positions des Forces de défense et de sécurité (FDS)


·

Divers groupes djihadistes


·

Forces de défense et sécurité

Destruction des

infrastructures et


·

Divers groupes djihadistes


·

État et collectivités

locales

équipements privés et publics

 
 


·

Opérateurs

économiques privés

Assassinats ciblés


·

Groupes djihadistes


·

Chefs traditionnels

 
 
 


·

Chefs religieux

 
 
 


·

Individus considérés

comme informateurs

des FDS

Irrédentisme


·

Groupes irrédentismes


·

État du Niger

 
 

séparatistes et

indépendantistes


·

Populations dans les zones concernées

V

Trafics de drogues et d'armes à feu

· Trafiquants de drogues et
d'armes, etc.

· Chefs traditionnels

· Individus considérés

comme informateurs
des FDS

· Jeunes

Enlèvements des

personnes

· Divers groupes djihadistes

· Femmes et jeunes
filles

· Chefs traditionnels et
chefs religieux

· Agents de l'État et
commerçants

Vols de bétail

· Divers groupes djihadistes

· Bandits armés organisés en réseaux

· Éleveurs transhumants

· Ménages

Conflits liés à

l'exploitation des

ressources naturelles

partagées

· Agriculteurs

· Éleveurs

· Agriculteurs

· Éleveurs

Razzias sur les

marchés

· Divers groupes djihadistes

· Bandits armés organisés en réseaux

· Population civile
(ménages)

· Opérateurs

économiques ruraux

 

Source : Centre National d'Études Stratégiques et de Sécurité (CNESS)