Master 1 - Études cinématographiques
La stratégie de Marvel Studios
de la faillite à l'avènement
Mémoire M1
Par Fanny Bonnemayre
Sous la direction de M. Éric Dufour
Année 2014-2015 (soutenance juin 2015)
Université Paris Diderot - UFR Lettres, Arts,
Cinéma
2
Remerciements
Je souhaiterais commencer tout d'abord par remercier M. Eric
Dufour qui m'a permis de participer à cette aventure en acceptant de
devenir mon directeur de recherche. Sans lui, je n'aurais pas pu passer une des
meilleures années d'étude de toute ma scolarité.
Je souhaite aussi remercier le Dr. Arnold T. Blumberg pour
avoir gentiment pris le temps de répondre à mes interrogations.
Ainsi que toutes les personnes mentionnées tout au long de ce
mémoire pour leur aide précieuse.
Et comme un super-héros n'est rien sans ses
alliés, je tiens à dire un grand merci à mes amies
Solène, Jennifer, Coralie sans lesquelles je n'aurais pas pu faire
grand-chose. Leur soutien et les nombreuses années passées
à me laisser leur parler de Marvel et d'Iron Man y sont pour
beaucoup.
Le dernier remerciement mais non des moindres : un grand merci
à ma famille et surtout à mes parents et mon frère pour
lesquels il faudrait bien plus qu'un mémoire de 60 pages pour les
remercier d'être présents à mes côtés jour
après jour.
3
Table des matières
Table des matières p.3-4
Lexique p.5
Introduction .. p.6
Partie I. Un parcours hors norme - l'histoire
derrière la naissance d'un empire p.11
A) La naissance de Marvel p.11
1. L'émergence : Timely Publications p.11
2. Atlas Comics p.13
3. Les débuts d'un géant : Marvel Comics
p.14
B) Les années noires p.15
1. Les solutions de la dernière chance p.15
2. 1996 : la faillite p.17
C) La renaissance p.18
1. Rachat par Toy Biz : création de la firme Marvel
Enterprises p.18
2. La création de Marvel Studios p.19
D) La construction d'un succès p.20
1. Rachat par l'empire Disney p.20
2. Les années 2010 : l'avènement de Marvel Studios
p.21
Partie II. Une stratégie au niveau des films
p.22
A) Le coup d'éclat : Avengers p.22
1. La route vers le succès p.22
2. Réunion de nombreuses franchises : le pari
Avengers p.24
B) Une construction narrative p.26
1. Une construction en phase p.26
2. Agents of S.H.I.E.L.D, Agent Carter... :
les séries pour lier les films p.27
C) La fidélisation p.29
1. Une vision des films différente selon le public
p.29
2. Création d'une dépendance à la franchise
p.30
Partie III. La stratégie économique et
marketing de Marvel Studios p.32
A) Une mauvaise concurrence ? p.32
1. Comparaison avec le concurrent DC Entertainment / Warner Bros
p.32
2. 20th Century Fox p.35
3. Sony p.36
4
B) Une maîtrise de tous les fronts de communication
p.38
1. La planification p.38
2. Tournage, tournée et promotion p.39
3. Marvel et les réseaux sociaux p.41
4. Les acteurs en dehors des plateaux p.43
C) Une présence des films dans tous les domaines
p.44
1. Les parcs d'attraction p.44
2. Les produits dérivés p.46
Conclusion p.48
Annexes ..... p.51
Bibliographie p.59
Filmographie p.61
Sitographie p.64
5
Lexique
Blockbuster :
Mot anglais. Production cinématographique à gros
budget publicitaire, destinée à produire des profits record (
larousse.fr).
Keynote :
Mot anglais qui désigne une conférence
annonçant soit un événement ou le lancement d'un produit.
Mot employé par Steve Jobs pour décrire ses discours
donnés pour le lancement des produits de sa marque Apple.
Crossover :
Mot anglais. Le cross-over est un épisode
où le personnage d'une autre série fait une apparition. Un
croisement entre deux séries (
allocine.fr).
Reboot :
Nouvelle version d'un film, d'une série
télévisée, d'un jeu vidéo dans le but de proposer
quelque chose de nouveau et non une prolongation d'une oeuvre antérieure
(remake) (
linternaute.com).
Spin-off :
Un spin-off est une série parallèle
créée à partir d'une série à succès.
Un personnage récurrent dans une série peut donner naissance
à un spin-off (
allocine.fr).
Exemple -> Stargate SG-1 qui donna naissance
à deux spin-off : Stargate Atlantis et Stargate
Universe.
Trailer :
Mot anglais désignant la bande-annonce d'un film, d'une
série télévisée ou d'un jeu vidéo.
Teaser :
Mot anglais désignant la phase initiale d'une campagne
publicitaire se présentant sous forme d'énigme, destinée
à susciter et à maintenir l'attention du public (
larousse.fr).
Trending Topics :
Mots anglais désignant les sujets tendance sur twitter
à un moment donné, pour un pays donné, voire tous les pays
confondus. On parle alors de Worldwide Trends ou tendance mondiale (
phortail.org).
Abréviations :
MCU : Marvel Cinematic Universe.
DC : Le surnom de la maison d'édition DC Comics. CCA :
Comics Code Authority.
6
Introduction
« Un grand pouvoir implique de grandes
responsabilités1 ! »
Ces quelques mots constituent, peut-être, la citation la
plus populaire de l'histoire des comics. Ils furent prononcés par Stan
Lee, en 1962, à travers l'une de ses créations. Il est bien
évident que je ne prétends nullement avoir un grand pouvoir
même si, comme une partie de l'humanité, la faculté de
voler, de parler toutes les langues ou encore d'être immortelle,
présente un attrait indéniable. Malgré tout, si les super
pouvoirs me font défaut, une grande responsabilité m'incombe
celle de faire un travail de recherche le plus abouti possible qui me permettra
ainsi, de livrer les informations les plus justes sur le sujet que j'aborderai
tout au long de ce mémoire à savoir : la stratégie de
Marvel Studios.
Avant tout, définissons le terme crucial dont il est
ici question : stratégie. A l'origine, la stratégie
était un terme grec employé dans un contexte militaire. Bien
entendu, il n'est pas question de guerre à proprement parlé.
Depuis quelques années, et grâce à la
démocratisation de la publicité et à la propagation du
monde capitaliste en général, le terme s'est appliqué
à d'autres contextes. C'est pourquoi, d'après le dictionnaire du
Centre National de Ressources Textuelles et Lexicales (CNRTL), la
stratégie est "l'ensemble des choix d'objectifs et de moyens qui
orientent à moyen et long termes les activités d'une
organisation, d'un groupe"2. Le milieu du cinéma, le milieu
économique et le milieu des affaires sont souvent comparés
à des mondes impitoyables où une guerre fait rage pour le
pouvoir. Il est donc impératif d'étudier une stratégie
pour comprendre les procédés utilisés et comment ils sont
utilisés et, par extension, par qui la victoire a été
remportée.
L'univers des super-héros est un sujet très en
vogue depuis le début des années 2000, mais qui n'a pas toujours
été aussi populaire qu'aujourd'hui. Comme la presse papier de nos
jours, les comic books ont traversé des années noires
avant de connaître un renouveau récent grâce au
cinéma. En effet, ce genre cinématographique, qui s'apparente et
découle de la science-fiction, n'a pu vraiment émerger que
lorsque la science-fiction elle-même fut considérée avec
plus de légitimité. Ainsi, tel un phoenix qui renaît de ses
cendres, les éditeurs de comics, et notamment les deux principales
maisons d'édition, Marvel et DC Comics, jouissent d'un regain de
succès grâce à leurs productions cinématographiques.
Depuis ce renouveau, le tout jeune studio de l'entreprise, Marvel Studios, voit
les choses en grand. En effet, ce succès lui permet actuellement
d'annoncer les plannings de ses films jusqu'en 2019, voire même
20283. L'observation de ces prévisions a
éveillé
1 - Stan Lee, Amazing Fantasy #15, New York,
Marvel Comics, 1962, p. 11.
2 - Source :
http://www.cnrtl.fr/lexicographie/stratégie
(consulté le 6/3/2015).
3 - Source :
http://www.bloomberg.com/bw/articles/2014-04-03/kevin-feige-marvels-superhero-at-running-movie-franchises
(consulté le 13/3/2015).
7
ma curiosité. En effet, ma première
interrogation s'est portée sur la compréhension de ce calendrier
et, par-là, à chercher à savoir comment l'exécutif
est en mesure de prévoir un planning sur des années sans
être sûr que l'intérêt du spectateur ne va pas
s'amoindrir au fil des dites décennies. C'est la principale cause qui
m'a poussée à enquêter sur le sujet et c'est pourquoi j'ai
décidé de me consacrer à la stratégie de Marvel
pour essayer de trouver les arguments justifiant une telle planification.
Les aventures des super-héros, que ce soit dans les films
ou dans les comics, sont souvent
perçues comme des oeuvres futiles et destinées
à un jeune public ou à un public dit «geek». Il est
vrai que par leurs côtés idéaliste et moralisateur, les
justiciers aux super-pouvoirs sont plus enclins à plaire aux enfants
qu'aux adultes. Malgré tout, les super-héros ne sont pas une
invention récente, bien au contraire.
Les histoires héroïques sont le fondement des
récits mythologiques. Les héros sont, par conséquent,
aussi anciens que l'Antiquité. Le terme "superheroes" apparut
pour la première fois en 1917 dans Contact: An Airman's
Outing4. Et c'est en France que ces êtres dotés de
pouvoirs
extraordinaires connurent leurs premiers succès. Le
personnage français, Nyctalope, créé par Jean de La Hire,
est considéré comme « le premier super-héros de
la littérature populaire »5. Précurseur des
justiciers de nos jours, c'est avec étonnement que l'on constate que
Nyctalope possède un coeur artificiel faisant penser à Iron
Man et une maîtrise des sciences occultes comme possède
également le Dr. Strange, deux créations
Marvel. Ce héros fit son apparition en 1911 et, contrairement
à bon nombre de super-héros, le Nyctalope est un "partisan de
l'ordre et défend ceux qui détiennent le
pouvoir"6.
On voit donc bien que les super-héros sont bien plus que
bravoure, héroïsme et candeur. Il
s'agit en fait d'un reflet de la société suivant
les époques. A travers l'évolution de la firme Marvel Comics, on
observe que la ligne éditoriale a suivi de très près les
événements historiques et a donc sorti des titres en
conséquence. Le meilleur exemple étant celui de Captain
America où l'on peut voir, à travers les âges,
l'évolution de la société américaine grâce
à sa participation à la Seconde Guerre mondiale, jusqu'à
l'aide qu'il porta aux victimes des attaques du 11 septembre 2001.
On constate ainsi que ces personnages qui ont inspiré
les enfants d'hier ont aussi formé les adultes d'aujourd'hui. Les films
de super-héros sont donc amenés à séduire les
petits comme les grands. Cependant, ce n'est pas toujours le cas. Depuis le
rachat de Marvel par Disney et sa médiatisation grandissante, les
critiques ont tendance à observer et à juger le studio avec moins
de
4 - Alan Bott, Contact: An Airman's Outing,
Edimbourg et Londres, William Blackwood and Sons, 1917, p. 23.
5 - Emmanuel Gorlier, Nyctalope! L'Univers
Extravagant de Jean de La Hire, Pamiers, Rivière Blanche, 2011, p.
211.
6 - Historia - Les Super-héros :
sentinelles de l'histoire du XXe siècle, n°18,
juillet-août 2014, p. 23.
8
tolérance que, par exemple, son concurrent DC
Entertainment. En effet, la puissance du groupe Walt Disney apporte un lot de
soupçons notamment au niveau de l'importance que la firme accorde aux
profits au détriment de la qualité7. La qualité
des produits dits "commerciaux" est sujet à un éternel
débat. Que ce soit dans le monde de la musique ou du cinéma,
l'oeuvre perd en général une certaine crédibilité
lorsqu'elle devient populaire. Les films de super-héros, qui
jusque-là avaient, plus ou moins, échappé à la
polémique, ne sont plus épargnés par ce
phénomène. Pas plus tard que le 22 février 2015, à
la suite de la 87e cérémonie des Oscars, le
débat fut relancé. Devant le développement grandissant de
ces longs-métrages, certaines voix se sont élevées pour
exprimer leur désapprobation de ce genre de film. Notamment, Alejandro
G. Iñárritu, réalisateur du film Birdman, qui a
déclaré au site américain Deadline qu'il "ne
les aime pas" avant d'ajouter : "qu'il n'y a aucun mal à aimer
les super-héros lorsque l'on a sept ans mais je pense que c'est une
maladie de ne pas grandir8". James Gunn, le réalisateur
des Gardiens de la Galaxie, répondit à ces attaques en
déclarant que "beaucoup de personne sous-entendent que parce que
l'on fait des films à gros budgets, on met moins d'amour, de soin et de
réflexion dedans"9. Ce qui est faux car dans le cas de
Marvel, malgré le jeune âge du studio et malgré son
succès, il n'en reste pas moins que certains des fondateurs, notamment
le plus connu, Stan Lee, ont toujours un droit de regard sur les productions
cinématographiques. Ce dernier, a été un des personnages
clé dans l'histoire de Marvel. Etant le créateur de personnages
mythiques comme Spider-Man, Hulk, les X-Men ou encore les Quatre Fantastiques,
il est sans conteste l'un des garants de l'identité Marvel de par son
expérience dans le domaine. C'est pour cette raison qu'il sera
intéressant de voir l'évolution historique de la firme afin de
comprendre comment la maison d'édition est née et comment elle a
pu se relancer après tous ses déboires financiers. C'est pourquoi
nous commencerons ce mémoire par une partie historique ayant pour but de
montrer cette évolution.
Il faut noter que l'histoire et la socio-politique ont une
place très importante dans les comics. A l'image des périodes de
la protohistoire, les comics aussi ont eu leurs grandes périodes :
l'âge d'Or (de 1938 à 1956), l'âge d'Argent (de 1956
à 1973), l'âge de Bronze (de 1973 à 1985) et enfin
l'âge Moderne (de 1985 à aujourd'hui). Au niveau des
scénarios, l'histoire et la géopolitique s'invitent beaucoup dans
les films de Marvel comme notamment dans Captain America : Le Soldat de
l'hiver ou encore dans Thor. Mais si une partie historique est
nécessaire pour comprendre le
7 - Traduction de l'anglais - "The Disney
Empire is all about money now». Source :
http://barnesreview.org/pdf/TBR20
11-no2-4-10.pdf (consulté le 7/4/2015).
8 - Traduction de l'anglais - "I think there's
nothing wrong with being fixated on superheroes when you are 7 years old, but I
think there's a disease in not growing up." Source :
http://deadline.com/2014/10/birdman-director-alejandro-gonzalez-inarritu-writers-interview-852206/
(consulté le 12/3/2015).
9 - Traduction de l'anglais - "many people assume
because you make big films that you put less love, care, and thought into
them". Source :
http://deadline.com/2014/10/birdman-director-alejandro-gonzalez-inarritu-writers-interview-852206/
(consulté le 12/3/2015).
9
chemin parcouru par le studio, il ne s'agit pas là non
plus d'un mémoire sur la civilisation américaine. Il est donc
préférable d'évoquer la question de façon concise,
en ne se concentrant que sur les points essentiels permettant la
compréhension de l'état actuel du studio. L'aspect sociologique
de la question a également été éludé car,
après mûres considérations, l'étude du public, et
plus particulièrement son attitude et sa perception des films,
nécessite une recherche à part entière et une vaste
étude. Il est donc souhaitable de soulever cet aspect lors d'une future
recherche. Ici, nous nous focaliserons sur Marvel Studios uniquement.
Par la suite, nous étudierons directement les
créations du studio, c'est à dire ses films et un peu plus
succinctement ses séries car ce sont avant tout, les
longs-métrages qui ont permis la création de Marvel Studios et,
par extension, la renaissance de Marvel Entertainment. Nous nous consacrerons
plus particulièrement au film Avengers, sans pour autant en
faire une analyse filmique. La stratégie utilisé par Marvel dans
ses films est particulièrement novatrice et a permis de créer un
véritable succès. Il sera intéressant d'étudier la
structure narrative qui constitue cet univers que l'on appelle désormais
le Marvel Cinematic Universe (abrégé MCU). Cet univers peut en
effet être apparenté à une série, les films se
suivant les uns aux autres. Cette stratégie narrative, sous forme de
phases, a également impliqué la mise en place de codes pour
fidéliser les spectateurs et ne pas les perdre d'un épisode
à un autre. Voici donc les nombreux aspects que nous examinerons dans
cette partie.
Comme nous l'avons justement défini au début de
cette introduction, une stratégie bien construite repose de nos jours
également sur une stratégie capitaliste bien menée. On
parle ici, de la publicité, du marketing et plus
généralement de tout ce qui est lié à la
médiatisation des produits en question, à savoir les films. C'est
pourquoi, dans un troisième temps -une partie qui est peut-être la
plus conséquente et la plus déterminante dans l'étude de
la stratégie Marvel-, nous nous pencherons sur la stratégie de
communication mais aussi la stratégie marketing et économique du
studio. Il est clair que le but de la Maison des Idées, surnom de
Marvel, est de devancer ses rivaux grâce à une force de
communication et de création due en partie à l'influence de
Disney, mais grâce également à une planification qui leur
permet de faire des prévisions et de prendre à contre-pied leurs
concurrents. Voici un autre aspect qui s'intégrera à ce
mémoire et auquel nous aurons à coeur de répondre.
À savoir, si le studio a perdu son âme avec son alliance avec la
Walt Disney Company et ne tient qu'au profit et à la rentabilité
ou si l'envie et la passion des comics demeurent et se traduisent à
travers leurs films.
10
Comme nous l'avons mentionné brièvement, le
sujet des super-héros n'a que très récemment trouvé
une petite place au sein de la communauté de recherche. Ce sont le
manque d'informations sur la stratégie Marvel, et notamment sur les
raisons d'un planning établi jusqu'en 2028, qui m'ont poussé
à enquêter sur le sujet. En effet, si quelques ouvrages
s'intéressent à l'histoire de Marvel Comics, peu se concentre sur
celle du studio et encore moins sur les créations en elle-même. Et
même si certains éditeurs ont profité cette année de
la sortie du nouvel opus d'Avengers pour sortir quelques livres, ces
recueils explicatifs se contentent de récapituler le MCU à un
public néophyte pour leur permettre d'aller voir le long-métrage.
Par ailleurs, le studio évolue chaque jour et il est vrai que la majeure
partie des livres de cinéma, que nous avons consultés pour ce
mémoire, s'arrêtent à l'année 2012. C'est pourquoi,
nous avons mis en place un système d'alerte (via le site
google.com) pour
être informé de la publication de tout nouvel article contenant le
mot « Marvel » ou « superheroes ».
C'était l'un des avantages de ce thème, d'être en lien avec
l'actualité et de pouvoir fournir des explications sur des points encore
non explicités dans les livres de recherche.
Et donc pour faire face au peu de livres "sérieux"
abordant le thème susmentionné, nous avons fait appel à
certaines personnes pour nous éclairer sur le cas de Marvel Studios.
Notamment, le Dr. Arnold Blumberg, professeur à l'université de
Baltimore, spécialiste sur le sujet et qui dirige un séminaire
sur le thème Media Genres: Media Marvels, un cours qui se
penche sur le Marvel Cinematic Universe et qui analyse son impact sur la
société.
Le but de cette mini-thèse sera donc d'étudier
l'histoire de la firme et plus particulièrement des années 2008
à 2015 pour comprendre la stratégie de Marvel et ainsi
répondre à toutes les interrogations décrites et
déterminer de quelle façon le studio est passé de la
faillite à l'avènement.
11
Partie I. Un parcours hors norme - l'histoire
derrière la naissance d'un empire
Toute histoire, de fiction ou non, est forcément
dotée d'un commencement. En ça, rien de surprenant. Cependant, ce
qui peut être plus intrigant et passionnant pour une personne à
laquelle on la raconte, c'est de connaître le déroulement de cette
dite histoire et les péripéties qui surviennent. Comme peu de
personnes auraient pu prédire le futur de Timely Publications, peu de
personnes auraient pu également prévoir les incroyables tourments
qui secoueraient la petite entreprise, donnant à ces années de
lutte une issue qui n'est pas sans rappeler les dénouements heureux des
contes de fées. À travers ce récapitulatif -non exhaustif-
des aventures de la compagnie Marvel, nous allons découvrir à
quel point la maison d'édition, est passée tout près d'un
tout autre destin, plus funeste.
A) La naissance de Marvel
1. L'émergence : Timely Publications
Timely Publications naquit en 193310. Son fondateur
Moe Goodman, plus connu sous le nom de Martin Goodman, exerçait
auparavant en tant qu'éditeur de magazines Pulp, des revues peu
coûteuses et très célèbres aux États-Unis
apparues au début du XXe siècle. Par la suite, Martin
Goodman se détacha des Pulps pour se lancer dans un nouveau
genre de publications en vogue à l'époque : les comic books.
À la différence des Pulps, les comics contiennent
un plus grand nombre d'images que de texte [ANNEXE 1]. Une toute nouvelle
clientèle s'offrait dès lors : la jeunesse. Le premier comics de
l'histoire, Action Comics #1, fut publié en juin 1938 par
Detective Comics, Inc, la maison plus connue de nos jours sous le nom de DC
Comics. Puis c'est en 1939 que Timely Comics, filiale de Timely Publication
marqua son lancement dans le monde des comics et de l'édition avec la
sortie de Marvel Comics #1.
Très vite cette route pris un tournant très
sérieux et surtout politique. En effet, outre l'émergence de
Timely Comics sur le marché des comics, l'année 1939 marqua le
début de la Seconde Guerre mondiale, un événement qui
allait fortement bouleverser le monde entier mais également le monde
des comic books.
Les États-Unis d'Amérique ne sont pas
rentrés en guerre dès 1939 mais certains concitoyens ont quand
même participé au conflit d'une certaine façon. En effet,
les maisons d'édition, pour la plupart basées à New York
City, comptaient de nombreux artistes et écrivains de confession
juive
10 - B. Bell et Dr M. J. Vassallo, The Secret
History of Marvel Comics, Seattle, Fantagraphics, 2012, p.7.
12
car, comme de nos jours, la Big Apple compte une
très large communauté juive. Sensibilisés par les
événements néfastes en Europe et par les
persécutions subies par les Juifs, les scénaristes et
dessinateurs rentrèrent plus tôt en guerre à leur
manière grâce à leurs créations. Leurs opinons
furent, en effet, grandement relayées via les super-héros et
notamment grâce à une création en particulier : Captain
America. Le personnage du soldat au bouclier fut créé en
réponse aux attaques des Nazis. En effet, après la sortie dans
Look d'une histoire spéciale de Superman11, Joseph
Goebbels ministre de la Propagande sous Adolf Hitler, qualifia l'un des
créateurs, de confession juive, de « type circoncis»
et d'« Israélite inventif 12».
Après ces attaques, les dessinateurs et écrivains, Joe Simon et
Jack Kirby, tous deux de confession juive, décidèrent de
créer le héros au bouclier étoilé en réponse
au nazisme en Europe. Ils publièrent en décembre 1940, soit un an
avant l'attaque de Pearl Harbor, attaque qui signera l'entrée en guerre
des États-Unis, la première aventure du personnage au bouclier
qui rentrera dans l'histoire en devenant un symbole de l'Amérique
combattante. La couverture de cette première parution resta très
célèbre dans l'histoire des comics puisqu'elle montre Captain
America décochant son poing dans la figure d'Adolf Hitler [ANNEXE 2]. Ce
numéro, publié à près d'un million d'exemplaires,
fut vite en rupture de stock, montrant ainsi la farouche passion du public pour
ce héros mais aussi pour ces publications. Par la suite, lorsque les
États-Unis rentrèrent en guerre suite à l'attaque de
l'armée japonaise à Pearl Harbor, Cap' supporta de façon
logique l'armée américaine à travers ses futures
publications mais aussi de façon plus profonde, car les comics furent
ajoutés au paquetage des G.I. américains13.
On constate ainsi que les comics eurent une importance
cruciale sur le moral des citoyens en cette période sombre de
l'Histoire.
La Seconde Guerre mondiale, malgré la tristesse de
l'événement, fut malgré tout une période
prospère et même bénéfique pour l'industrie des
comics. Les ventes ne cessèrent d'augmenter jusqu'à atteindre un
million d'exemplaire par mois. Par ailleurs, Timely Comics s'entourait de
grands noms. Outre Jack Kirby et Joe Simon, il est à noter que le
rédacteur en chef n'était autre que Stan Lee alors
âgé de 19 ans14. C'est pourquoi, on qualifia cette
ère d'âge d'Or.
En revanche, l'histoire était amenée à
s'arrêter puisqu'après l'Armistice, les ventes chutèrent et
de nombreux personnages tombèrent dans l'oubli comme le soldat Steve
Rogers qui n'avait plus de raison d'être. De plus, au vu du salaire
médiocre versé par Goodman à ses artistes, ces derniers,
à l'exception de Stan Lee, quittèrent au fur et à mesure
l'aventure pour rejoindre d'autres maisons
11 - J. Siegel et J. Shuster, How Superman Ended
The War, in Look du 27 février 1940.
12 - Traduction de l'anglais - «
circumcised chap » et « inventive Israelite »
Source :
http://research.calvin.edu/german-propaganda-archive/superman.htm
(consulté le 1/5/2015).
13 - Comic Book Superheroes Unmasked, Steve
Kroopnick, 2003 (19 mn 20).
14 - Source :
http://www.discoveryuk.com/web/stan-lees-superhumans/about/stan-lee-biography/
(consulté le 4/3/2015).
13
d'édition. Pour réagir à cette baisse de
notoriété, le fondateur de Timely, décida de diversifier
les productions de sa société qu'il renomma dans le même
temps : Atlas Comics.
2. Atlas Comics
Cet âge d'Or des comics donna naissance à Atlas
Comics en novembre 1951. Cette société aura, pendant les 10 ans
suivants, la particularité de produire tous types de comics, de tous les
genres. Atlas délaissa même les super-héros, qui
étaient alors dans le creux de la vague, et se lança dans des
publications aux thèmes plus différents les uns que les autres
comme les histoires d'horreur, de western ou encore de sport. Les personnes de
tous âges pouvaient y trouver leur bonheur mais aussi les hommes et les
femmes étant donné qu'Atlas Comics produisait également
des comics romantiques.
Mais cette prospérité apparente n'allait pas
perdurer. En effet, de nombreuses personnes réprouvèrent les
comics car ils y voyaient une mauvaise influence sur la jeunesse
américaine. Ce courant de pensée fit suite aux accusations
portées par le Dr. Fredric Wertham dans son livre Seduction of the
Innocent.
Ce psychiatre qui officiait dans les prisons constata une
recrudescence des délits chez les jeunes. Il en déduisit que ces
derniers étaient influencés par leurs lectures à savoir
les comics. Le docteur mena donc un combat pour interdire les bandes
dessinées américaines. Sa lutte, dans un premier temps marginale,
gagna de nombreux soutiens jusqu'à se muer en un débat qui arriva
jusqu'au gouvernement américain qui ouvrit une commission
d'enquête sénatoriale en octobre 1954. Le Dr. Fredric Wertham y
déclara : « Je pense qu'Hitler était un débutant
comparé à l'industrie des comics. »15 Cette
lutte contre les maisons d'éditions de comics eut un impact
néfaste pour toute l'industrie notamment au niveau des ventes. Atlas
Comics ne fut pas épargnée par cette affaire. Si bien que pour
prendre de court toute sanction qui aurait pu s'opérer dans les mois
suivant cette audience, les maisons d'éditions s'unirent pour
créer le « Comics Code Authority » (CCA). Ce label certifiait,
entre autres, des comics sans violence, sans sexualité, ni
vulgarité et avec le triomphe du Bien contre le Mal dans chaque
numéro. Toutes les parutions étaient scrupuleusement
vérifiées par cette organisation agissant ainsi comme un
organisme de censure. Il faudra attendre l'année 2011 pour que le CCA,
jugé obsolète, soit dissous.
Une fois cette crise passée, la compagnie put retourner
à son occupation première : la production de comics.
Malgré tout, face aux nombreux changements qui secouèrent les
15 - Traduction de l'anglais - «I think
Hitler was a beginner compared to the comic-book industry.» Dr F.
Wertham, Hearings before the Subcommittee to Investigate Juvenile
Delinquency of the Committee on the Judiciary United States Senate. Source
:
https://archive.org/stream/juveniledelinque54unit#page/94/mode/2up,
p. 95 (consulté le 20/2/2015).
14
publications, l'industrie des comics déclina
progressivement et connut son premier changement d'ère : l'âge
d'Or laissant sa place à l'âge d'Argent.
En 1957, un nouveau distributeur oblige Atlas à
réduire drastiquement le nombre de ces titres [ANNEXE 3]. Ce qui pouvait
dans un premier temps être un mauvais coup pour la maison
d'édition se révéla en fait bénéfique. En
effet, après le retour de Jack Kirby au sein d'Atlas Comics, ce dernier
lança avec Stan Lee en 1959 la série Tales of Suspense.
Cette nouvelle série de science-fiction ne connut pas un succès
énorme dès sa parution. Mais elle poussa Stan Lee à
reconsidérer la politique éditoriale de l'entreprise et à
envisager un retour aux histoires de super-héros. Et ainsi, toujours
dans une logique d'évolution et de remise en question, la compagnie
changea pour la deuxième fois de son histoire son nom en Marvel Comics,
la fameuse entreprise que nous connaissons de nos jours.
3. Les débuts d'un géant : Marvel Comics
C'est en 1961 que Marvel Comics, vu le jour. Son nom fut
tiré de la série Marvel Comics dont nous avons
évoqué l'origine précédemment. Seulement, un simple
changement de nom ne suffit évidemment pas au renouveau d'une
société. Il fallut trouver de nouvelles sources d'attrait pour
reconquérir le public. Goodman suggéra l'idée à
Stan Lee de créer une équipe qui pourrait concurrencer
l'équipe phare de DC Comics, la Ligue de justice d'Amérique. Avec
l'éternel Jack Kirby, Stan Lee créa le premier groupe de
super-héros Marvel : Les Quatre Fantastiques. Ce comics tient une part
cruciale dans l'histoire de Marvel car cette série déclencha le
retour des super-héros sur le devant de la scène, une route que
la Maison des Idées, ne quittera plus. A la suite du succès que
connurent Les Quatre Fantastiques, les deux artistes héros de
l'entreprise, Stan Lee et Jack Kirby, mais également Don Heck et Steve
Ditko développèrent de nouveaux super-héros qui allaient
devenir des figures mythiques avec notamment la création de Spider-Man,
Hulk et Thor en 1962. Et c'est à travers les pages de la série
Tales of Suspense évoquée plus haut, que Tony Stark
devint Iron Man en 1963. Cette année vit aussi la création des
deux équipes qui deviendront culte : les Avengers et les X-Men. Cette
liste non exhaustive montre à quel point les artistes de la Maison des
Idées révolutionnèrent Marvel Comics, en à peine
trois ans, en apportant des personnages qui aujourd'hui encore font rêver
petits et grands.
Comme les personnages créés, les thèmes
vont aussi définir l'empreinte Marvel. Moins présent chez son
concurrent DC Comics, les sujets de société vont inonder les
pages des petits ouvrages. Racisme, guerre du Viêt Nam, essais
nucléaires... autant de sujets d'actualité qui se
15
retrouvent pour la première fois au coeur des histoires
des super-héros ouvrant ainsi le genre à un public plus
mûr.
En 1968, Martin Goodman vend son petit empire dont Marvel
Comics à Perfect Film & Chemical Corporation qui deviendra cinq ans
plus tard Cadence Industries.
En 1973, la mort de la petite amie de Spider-Man, Gwen Stacy,
déclencha une onde de choc dans le milieu de la B.D. Avant la parution
du numéro The Night Gwen Stacy Died (The Amazing Spider-Man
#121) il aurait été inconcevable de voir un personnage principal
mourir. Même si les avis divergent sur la fin de l'âge d'Argent, le
Dr. Arnold Blumberg marque ce numéro comme mettant fin à la
période de l'âge d'Argent et donnant naissance à
l'âge de Bronze16. Une nouvelle période reconnue comme
plus sombre.
B) Les années noires
1. Les solutions de la dernière chance
Les années 80 marquèrent des temps durs pour
Marvel dans tous les sens du terme. Non seulement elles furent synonymes d'une
perte de vitesse pour les ventes de comics. Mais aussi au niveau de leurs
récits qui se trouvaient être plus réalistes et moins
utopistes. Comme par exemple, en 1979, où l'on peut découvrir
Tony Stark lutter avec son alcoolisme dans un numéro devenu culte :
Le Diable en bouteille. La couverture traduit tout
particulièrement ce sentiment de noirceur où l'on découvre
un homme maladif au visage terrorisé par ce qu'il est devenu ainsi
qu'une bouteille de whisky jouxtant le célèbre masque de l'homme
de fer.
16 - Dr. A. T. Blumberg, 'The Night Gwen Stacy
Died:' The End of Innocence and the Birth of the Bronze Age, in
Reconstruction : Studies in contemporary culture, vol. 3,
no 4, 2003.
16
En dépit des thèmes novateurs et du
succès toujours présent des X-Men qui continuait à rester
en tête des ventes, l'exécutif de Marvel constatait une baisse de
ses ventes. Pour pallier ce manque à gagner, la stratégie
adoptée à cette époque fut d'augmenter le prix de leurs
comics. Ainsi, le numéro passa de 0,40 c en 1980 à 1$ en
198817. De plus, pour relancer les ventes, les maisons
d'édition créèrent les variant covers [ANNEXE 4],
une couverture alternative pour le même numéro ouvrant ainsi le
marché à un nouveau public : les spéculateurs. Il est vrai
que lorsqu'on constate qu'une édition du premier numéro de
Superman Action Comics #1 s'est vendue aux enchères sur le site
internet Ebay pour près de 3 millions de dollars18,
on comprend l'intérêt que pouvait avoir les comics pour certaines
personnes. Malheureusement, dans les années 80, les collectionneurs
achetaient des caisses entières de numéros qui étaient
eux-mêmes tirés à des milliers d'exemplaires. Leur
rareté n'équivalait pas ceux de l'âge d'Or et leur valeur
n'était pas aussi grande que ces derniers l'avaient
espéré.
Comme James Palmiotti, dessinateur chez Marvel, le souligne,
mélanger des procédés commerciaux avec l'aspect
créatif revient à "perdre l'âme de ce
travail"19. Une leçon que le personnel créatif de
Marvel retiendra et c'est pourquoi la société se dissocia en deux
parties : le personnel créatif et l'exécutif. En effet, suite
à cette vague de spéculations, le monde des affaires situé
à Wall Street s'empressa de se pencher sur cette "apparente" mine d'or.
Et c'est pour cette raison qu'en 1989, Ronald Perelman, un homme
qualifié de « discret et intelligent », racheta Marvel pour
82,5 millions de dollars à New World Entertainment qui avait
racheté l'entreprise à Cadence Industries20. En
près de cinq ans, l'homme d'affaire, P.-D.G. de MacAndrews & Forbes
Holdings, Inc., va progressivement plonger Marvel dans un déclin qui
aboutira inéluctablement à la faillite.
La première étape de cette descente aux enfers
fut l'introduction en bourse de la société en 1991. L'action mise
sur le marché au prix de 16$ atteignit 18$ à la
clôture21. Ce scénario sera malheureusement de courte
durée car Ron Perelman n'était pas le moins du monde
intéressé par l'univers Marvel. Pour preuve, comme le raconte
Mark Waid, Ron Perelman croyait que Superman était un personnage
inventé par Marvel et s'attendait donc à l'acheter avec le
catalogue Marvel22.
La gérance de Ron Perelman coûta au groupe Marvel
près de 500 millions de dettes bancaires ainsi que des millions de
dettes boursières.
Une des dernières solutions pour essayer
d'équilibrer les finances de la compagnie fut d'appeler les
super-héros à la rescousse de leur maison. Marvel qui, à
l'époque, était encore loin de
17 - Source :
http://www.comichron.com/vitalstatistics/mediancoverprices.html
(consulté le 10/3/2015).
18 - Source :
http://cc.ebay.com/action-comics/
(consulté le 12/2/2015).
19 - Marvel Renaissance, P. Guedj et P.
Roure, 2014 (3 mn 50).
20 - Source :
http://www.bloomberg.com/bw/stories/2002-05-05/marvels-misery
(consulté le 13/2/2015).
21 - Source :
http://www.tcj.com/sean-howe/
(consulté le 12/2/2015).
22 - Marvel Renaissance, P. Guedj et P.
Roure, 2014 (6 mn 10).
17
la production de film, décida de céder les
droits de certaines de ses licences aux divers studios de Hollywood. Plusieurs
films mettant en scène des personnages de Marvel furent sortis au
cinéma la décennie précédente comme Howard The
Duck en 1986 ou encore The Punisher en 1989. Mais ces incursions
sur le grand écran se traduisirent par un cuisant échec. La
compagnie se tourna donc vers un nouveau domaine à savoir les
séries d'animations. Après le succès de la série
X-Men, Ron Perelman, qui avait racheté Marvel ainsi que New
World Entertainment, décida de développer les dessins
animés basés sur leurs personnages.
En 1994, les séries animées Spider-Man,
l'homme-araignée, Les Quatre Fantastiques et Iron Man
furent lancée sur la chaîne Fox Kids. Les deux
dernières séries constituaient un même programme
appelé Marvel Action Hour. Suite à de mauvaises
critiques et une audience médiocre, ce divertissement fut annulé
au bout de deux saisons. Toutefois, cela ébaucha un semblant de riposte
face au succès de son concurrent DC Comics. Face aux faibles
résultats, l'entreprise ne toucha que très peu de
bénéfices. Trop peu pour pouvoir sauver Marvel.
Il y eut alors une seconde occurrence de l'ingérence de
l'exécutif dans les affaires du personnel créatif qui se solda
également par un échec : pour combler le déficit de la
société, on somma le personnel créatif de sortir plus de
titres et d'augmenter les prix (1995 : 1,25 $ ; 1996 : 1,50 $23)
pour générer plus de vente et par conséquent plus
d'argent. Mais cette stratégie allait rendre la ligne éditoriale
de Marvel floue pour tous les nouveaux lecteurs car cette abondance de titres
allait empêcher ces derniers de trouver leurs repères. Sans
conseils, il est très dur de commencer à suivre les aventures
d'un héros. Par exemple, pour le cas d'Iron Man, il existe
près de 150 histoires 24 entremêlées dans
différentes périodes. Impossible donc pour un néophyte de
discerner un point de départ.
Le rapport bénéfice/risque était
défavorable et la société se mit encore en plus grande
difficulté. Résultat, de nombreux employés
quittèrent Marvel et Ron Perelman n'eut d'autre choix que de passer un
accord avec les banques pour trouver une solution. Le P.-D.G. de Marvel
souhaita alors placer la société en redressement judiciaire, ce
qu'il fit grâce à l'invocation du titre 11 du Code
fédéral américain. Marvel Comics était
officiellement en faillite.
2. 1996 : la faillite
23 - Source :
http://www.theawl.com/2012/05/how-much-do-comic-books-cost
(consulté le 3/3/2015).
24 - Il existe en réalité près
de 800 parutions d'Iron Man. Néanmoins, pour avoir une histoire
complète, il faut rassembler en moyenne six parutions. Ce qui nous
amène à environ 130 histoires auxquelles il faut rajouter environ
20 histoires hors-séries. Ce qui nous donne le chiffre de 150 histoires.
Détails des publications :
http://marvel.wikia.com/Iron_Man_Comic_Books
(consulté le 3/5/2015).
18
Marvel Entertainment fut déclaré en faillite le
27 décembre 1996. Le cours de l'action chuta de 19,50 $ à 7,75 $
en 199725. Un indicateur significatif pour apprécier la
situation périlleuse dans laquelle se trouvait la compagnie.
Survînt alors une bataille pour le contrôle de la
société. Trois parties se déclarèrent : Ron
Perelman P.-D.G. en poste, Carl Icahn, et un duo de potentiels repreneurs, Ike
Perlmutter et son associé Avi Arad.
Outre Ron Perelman, un autre homme d'affaire était
également intéressé par le sort de Marvel, Carl Icahn. Son
passé restait assez flou et obscur. Les informations disponibles sur sa
personnalité, loin d'être flatteuses, le décrivent comme un
maître-chanteur. En ce qui concerne Ike Perlmutter et Avi Arad, leur
curriculum vitae n'était pas étranger à Marvel puisque ces
deux entrepreneurs étaient les propriétaires de l'entreprise Toy
Biz, une société de jouets, filiale de Marvel qui produisait les
produits dérivés sous licence de la Maison des Idées. De
plus, comme nous l'avons vu plus haut, Avi Arad était déjà
fortement impliqué dans le groupe. Par conséquent, l'annonce de
la faillite de la compagnie sonnait comme une mauvaise nouvelle pour son
entreprise qui dépendait exclusivement de la Maison des Idées.
Avi Arad dit de son partenaire Ike Perlmutter que l'homme n'avait aucune
affinité pour les comics mais était un homme d'affaire de
génie26. Si Ike Perlmutter n'avait pas cette passion pour les
super-héros, ce n'était pas le cas d'Avi Arad qui avait une
grande expérience et admiration pour ces êtres surhumains. Ce
dernier eut un rôle déterminant dans l'avenir de Marvel comme nous
le verrons plus en détail par la suite.
Shirrel Rhoades, ancien vice-président de Marvel,
déclara que « la plupart des présidents de Marvel n'ont
jamais vraiment été intéressés par les comics. Ils
géraient juste la société 27». Cette
observation met bien en lumière le manque de passion qui animait les
gestionnaires mais, surtout, le manque d'expérience dans un domaine qui
n'est pas anodin et qui nécessite une certaine expertise. En 1997, Ron
Perelman, qui n'avait jamais eu cette envie de contribuer à faire
avancer l'entreprise, ne pensant qu'aux profits, abandonne la course et laisse
Carl Icahn et les deux entrepreneurs se battre pour le contrôle de
Marvel. Carl Icahn qui fut un temps pressenti pour l'emporter fut finalement
débouté lorsque après un an et demi de bataille juridique,
la cour de justice américaine annula le précédent jugement
en faveur de Icahn et valida la fusion de Toy Biz et de Marvel.
C) La renaissance
1. Rachat par Toy Biz : création de la firme Marvel
Enterprise
25 - Source :
http://www.1stock1.com/1stock1_590.htm
(consulté le 3/3/2015).
26 - Marvel Renaissance, P. Guedj et P.
Roure, 2014 (16 mn 45).
27 - Marvel Renaissance, P. Guedj et P.
Roure, 2014 (5 mn 35).
19
C'est ainsi que le 31 juillet 1998, Marvel Enterprise vit le
jour. A partir de ce jour, les deux nouveaux propriétaires de Marvel,
Ike Perlmutter et Avi Arad, vont mettre en place les prémices de ce qui
deviendra la stratégie de Marvel encore utilisée de nos jours
puisque Ike Perlmutter est à l'heure actuelle toujours président
de Marvel.
L'arrivé des deux hommes fut un vrai renouveau pour la
Maison des Idées. Ces deux passionnés ont eux-mêmes tout
sacrifié et tout investi dans leur propre société de jouet
Toy Biz. Ainsi, lorsqu'il fallut prendre le contrôle de Marvel, ces
derniers étaient les mieux placés pour parler du sujet et prendre
les mesures nécessaires pour ramener l'entreprise à flot. Surtout
lorsqu'on connaît l'influence qu'eut Avi Arad au sein de Marvel Films,
l'ancien nom de Marvel Studios où il officiait en tant que
président-directeur général28. Tandis que Bill
Jemas, l'ancien président du pôle édition, s'occupait de
remettre à flot la branche Marvel Comics, Avi Arad, lui, s'attela
à faire décoller l'avenir des super-héros grâce aux
productions cinématographiques. C'était le début de
l'aventure pour Marvel, alors en route pour Hollywood.
2. La création de Marvel Studios
Les dessins animés, notamment X-Men, eurent un
autre avantage, celui de lancer Avi Arad à la production
cinématographique. Parallèlement à Ron Perelman, Avi Arad
constata le succès de la série d'animation. Ce dernier eut
l'idée de solliciter les studios de cinéma car au vue de
l'audience suscitée par le dessin animé X-Men, un film
était possible sur ce même sujet. Stan Lee et Avi Arad mirent
près de deux ans pour convaincre la 20th Century Fox de lancer le
projet. En juillet 1996, Bryan Singer et Tom DeSanto eurent l'accord de
commencer l'écriture du scénario du film X-Men, un
travail qui dura près de quatre ans. Marvel ayant un droit de regard sur
leur création, aucun détail ne fut laissé au hasard. La
firme voulait une histoire fidèle aux comic books, ce fut
d'ailleurs une idée d'un certain Kevin Feige qui deviendra le
vice-président de Marvel Films au côté de
Arad29. Pendant que le scénario du premier film sur les
mutants les plus célèbres du cinéma se construisait,
Marvel sortit le film Blade qui obtint de bons scores laissant ainsi
présager une réussite pour le film X-Men qui vit le jour
en l'an 2000.
Le succès du film X-Men au cinéma fut
le point de départ pour les films de super-héros au
cinéma. Ce long-métrage fut suivi par d'autres films basés
sur la licence Marvel comme Hulk, Daredevil et surtout le
début de la trilogie Spider-Man.
28 -Source :
http://www.thefreelibrary.com/MARVEL+ENTERTAINMENT+AND+AVI+ARAD+TO+DEVELOP+
MEDIA+PROJECTS-a013140213 (consulté le 22/3/2015).
29 - Source :
http://www.bloomberg.com/bw/articles/2014-04-03/kevin-feige-marvels-superhero-at-running-movie-franchises#p3
(consulté le 22/3/2015).
20
Sur le 1,6 milliard que rapportèrent les deux premiers
volets de Spider-Man, Marvel ne toucha que 75 millions. Une goutte
dans l'océan qui rendait Avi Arad livide. C'est pourquoi
l'exécutif voulu se lancer eux-mêmes dans l'aventure. A la vue du
retour en grâce de Marvel Comics et de la popularité des
super-héros sur le grand écran, la banque Merrill Lynch, Pierce,
Fenner & Smith, Inc. accorda, le 6 septembre 2005, un prêt de 525
millions de dollars au studio qui va marquer le point de départ de
Marvel Studios30. Le groupe se rebaptise alors Marvel
Entertainment.
A ce moment, la nouvelle maison n'avait ni studio, ni
infrastructure, il ne s'agissait que d'un projet à long terme et d'un
nom. Néanmoins, grâce à cet argent, Avi Arad pouvait
commencer à produire des films et plus précisément deux
: Iron Man et Hulk.
Avi Arad quitta Marvel Studios en 2006 car selon lui ses
idées n'auraient pas pu trouver écho avec la nouvelle direction
que représentait David Maisel31. Même si la compagnie
venait de voir le départ de l'un de ses fondateurs et l'un de ses plus
gros contributeurs, le studio n'était pas pour autant dans le flou car
il restait Kevin Feige, le dauphin d'Avi Arad. Feige su mener la filiale de
Marvel aussi bien, voire mieux qu'Avi Arad, créant un studio aux allures
de nouvel outsider de l'industrie cinématographique. Ce
récent statut, acqui grâce à leurs films, attira tous les
regards dont un en particulier, celui de la plus célèbre des
souris, Mickey Mouse.
D) La construction d'un succès
1. Le rachat par l'empire Disney
La Walt Disney Company est connue pour jeter son dévolu
sur toute entreprise gagnant en popularité. C'est pourquoi, après
avoir racheté Pixar en 2006, ils s'attaquent en 2009 au groupe Marvel
suite à un accord conclu avec Ike Perlmutter et avec l'aide de David
Maisel. L'annonce officielle est publiée le 31 août 2009. La
transaction se fit pour un montant de près de 4 milliards de
dollars32. Une somme conséquente pour une entreprise ne
comptant que deux films à son actif. Cependant, comme Avi Arad le
déclara "Spider-Man à lui seul vaut un milliard de
dollars"33. Disney arriva à la même conclusion en
acquérant le catalogue de près de 5 000 personnages que compose
l'univers Marvel. Un bénéfice qui pouvait atteindre des sommets
avec une bonne dose de
30 - Source :
http://marvel.com/news/movies/158/marvel_launches_independently_financed_film_slate_with_closing_
of_525_million_non-recourse_credit_facility#ixzz3W52uFa3d (consulté
le 2/4/2015).
31 - Source :
http://www.aintitcool.com/node/23471
(consulté le 2/4/2015).
32 - Source :
http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/08/31/walt-disney-veut-acheter-marvel-pour-4-milliards-de-dollars_1234004_3234.html
(consulté le 6/3/2015).
33 - Source :
http://www.tcj.com/the-house-that-jack-built/
(consulté le 2/4/2015).
21
médiatisation et une gestion judicieuse. Deux domaines
que Disney maîtrise depuis de nombreuses années avec ses propres
productions. L'association avec le premier groupe de divertissement au monde
avec 45 milliards de dollars de chiffre d'affaires34 ne pouvait
qu'être bénéfique et mener à la
consécration.
2. Les années 2010 : l'avènement de Marvel
Studios
Suite au rachat de Marvel par Disney, de nombreux changements
s'imposèrent au niveau du studio. David Maisel quitta la
présidence de Marvel Studios35 et laissa sa place à
Kevin Feige. Un poste qui devait logiquement lui revenir de droit après
les années passées à travailler sur les premiers films de
Marvel. Une fois encore, on remarque que les leçons du passé ont
servi puisque l'expérience est un trait que l'on retrouve
désormais dans les nominations des dirigeants. A la manière de
Mark Zuckerberg et Steve Jobs en son temps, Kevin Feige ne porte pas de
smoking, loin de là. Sa seule signature, une casquette, souvent
siglé du film Marvel du moment, qu'on attribuerait plus à un
réalisateur qu'à un dirigeant de studio.
Depuis la sortie remarquée d'Avengers en 2012,
Marvel Studios est devenu une attraction majeure à Hollywood
transformant tous ce que le studio touche en or. Ce statut apporta une nouvelle
vie pour l'entreprise. Désormais, Marvel Studios jouit désormais
de ses propres locaux situés à Burbank, près du
siège de la maison mère Disney. Une opulence qui permet à
la Maison des Idées de mener son projet à bien. Mais quel projet
? Un pari fou : la mise en place d'un arc narratif jamais réalisé
auparavant dans l'histoire du cinéma. Plus qu'une franchise, l'Univers
Cinématique de Marvel est devenue une vraie série, utilisant les
mêmes ingrédients que les feuilletons alliant suites, crossovers,
spin-off...
La mise en place de cet arc narratif ne fut pas
décidé avec hâte mais résulte au contraire d'une
réflexion complexe qui nous livre un univers, jusqu'à
présent cohérent et surtout qui séduit petits et
grands.
34 - Source :
http://fortune.com/global500/walt-disney-232/
(consulté le 14/04/2015)
35 - Source :
http://latimesblogs.latimes.com/entertainmentnewsbuzz/2009/12/marvel-studios-david-maisel-to-step-down-afer-disney-deal-walks-away-with-huge-payday.html
(consulté le 10/02/2015)
22
Partie II. Une stratégie au niveau des films
Comme nous l'avons vu dans la première partie, la
création du studio résulta d'une histoire tumultueuse.
Malgré tout, Avi Arad réussit à mobiliser les banques ce
qui lui permit de lancer l'aventure Marvel sur le grand écran. Le studio
naquit avec trois avantages conséquents. Le premier, à sa
tête des dirigeants compétents qui connaissent leur sujet. Le
deuxième point positif pour le studio était de posséder un
catalogue de personnages contenant plus de 5 000 références,
uniquement des super-héros obligeant ainsi le studio à se
concentrer sur un seul genre. Une spécialisation qui entraîne une
certaine forme d'expertise et peut donc garantir un certain gage de
qualité. Le troisième avantage vient de leur virginité
dans ce domaine qui leur permet de tracer une route claire et cohérente
pour lancer leur aventure cinématographique. Cette route donna naissance
au Marvel Cinematic Universe dont nous étudierons les
spécificités dans cette partie pour dégager les
éléments qui contribue au succès des films Marvel.
A) Le coup d'éclat : Avengers
1. La route vers le succès
Le 2 mai 2008, le Marvel Studios sortit sa première
création : Iron Man. Le choix de l'homme de fer fut
évident pour l'exécutif de La Maison des Idées puisqu'il
présentait le moins de risque. En effet, pour son lancement, il aurait
été difficile pour Marvel de choisir un personnage comme Captain
America qui n'aurait pas eu d'impact au niveau international. Dans une autre
mesure, le personnage de Thor aurait lui également posé
problème puisqu'il impliquait un film de genre fantastique. Un pari qui
s'avère souvent risqué car le genre impose beaucoup de
contraintes notamment au niveau des effets visuels qui nécessite un
budget conséquent. Or ce film sortit avant le rachat de Marvel par
Disney, il était donc important pour la firme de faire attention au
budget. Enfin, Universal ayant sorti le film Hulk en 2003, il
n'était pas primordial de reprendre ce héros pour le premier film
qui lancerait le studio. Cependant, au vue de la notoriété du
personnage, il fut choisi comme protagoniste du deuxième film pour
assurer la position du studio dans le créneau des films de
super-héros.
Le studio commença donc son aventure avec le
"génie, playboy, philanthrope et milliardaire"36,
Tony Stark. Par le passé, Iron Man n'a jamais été
doté d'une grande notoriété.
36 - Dialogue prononcé par Tony Stark (Robert
Downey Jr.) dans Avengers, J. Whedon, 2012 (1h 10mn 17sec).
23
Tandis que les amateurs de comics pouvait découvrir ses
aventures depuis la sortie du Tales of Suspense #39 en 1964, le grand
public lui ne le connaissait que de nom. Outre les comics, il n'existait
quasiment aucun produit dérivé à son image. Cela laissait
donc une grande marge de manoeuvre à Marvel. D'un point de vue narratif,
Iron Man offre ainsi une grande amplitude aux producteurs. En effet,
grâce à sa faible notoriété, les scénaristes
pouvaient adapter le personnage à leur façon sans trop causer
d'émois aux fans. De plus, en 2008, les nouvelles technologies
occupaient déjà une part importante dans notre quotidien, Iron
Man représente cette génération grâce à son
armure futuriste et à ses créations comme son intelligence
artificiel J.A.R.V.I.S. qui, dans les comics, n'était autre que le
majordome Edwin Jarvis. C'est pourquoi, Iron Man se trouva être
le personnage parfait pour marquer le lancement du Marvel Cinematic
Universe.
Trouver l'acteur idéal pour incarner le génie en
armure fut une difficulté majeure. Le choix du réalisateur, Jon
Favreau, se porta sur Robert Downey Jr., un choix très risqué
dans un premier temps car l'acteur venait tout juste de revenir sur le devant
de la scène après avoir traversé des années de
problèmes avec l'alcool et la drogue. Un parallèle
intéressant car le personnage de Iron Man est connu pour avoir eu un
problème d'alcoolisme. Les dirigeants de Marvel étaient
d'ailleurs opposés à ce choix. Cependant, Robert Downey Jr. avait
l'avantage d'être un acteur ayant beaucoup d'expérience au niveau
des films dramatiques mais également dans un registre plus comique. Il
eut d'ailleurs une nomination pour le film Chaplin lors de la
65e cérémonie des Oscars qui s'est tenue le 29 mars
1993, pour le meilleur acteur. Et il eut une deuxième nomination aux
Oscars en tant que meilleur second rôle pour le film Tropic
Thunder. Au vue de sa polyvalence, on constate qu'il était donc le
choix idéal pour interpréter le rôle d'un playboy
sarcastique et ayant des soucis avec la boisson.
Le pari était risqué mais ce fut un franc
succès. Le film, dont le budget s'élevait à 140 millions
de dollars, récolta près de 585 millions de dollars, soit plus
que le montant du prêt accordé par la banque. L'enthousiasme
saisit aussi les critiques qui louèrent tous la performance de celui qui
ne ferait désormais plus qu'un avec son personnage Tony Stark. Comme le
journaliste du Wall Street Journal le souligne, "Robert Downey Jr.
fait des merveilles à lui seul"37. Ce film sortit en
avril 2008 et fut suivi par L'Incroyable Hulk en juillet de la
même année. Ces deux premiers longs-métrages issus du
nouveau studio furent une réussite qui lança la machine
Marvel.
Après le rachat de Marvel par Disney en 2009, le studio
fut en mesure de sortir ses autres projets. Ainsi, Iron Man eut une
suite en 2010 avec la sortie d'Iron Man 2. Dès ce film, les
spectateurs purent déceler les prémices d'un univers se mettant
en place. Le film reprit les
37 - Traduction de l'anglais « Robert Downey Jr.
works marvels on his own. » Source :
http://www.wsj.com/articles
/SB120968871765461373 (consulté le 1/05/2015)
24
ingrédients du premier et s'ajouta au casting Scarlett
Johansson dans le rôle de Black Widow. Là encore, ce volet
atteignit toutes les attentes du studio amassant près de 623 millions de
recettes.
Il n'était pas question d'arrêter en si bon
chemin. Ainsi le long-métrage Thor eut le feu vert en 2011.
Grâce à l'argent fourni par Mickey Mouse, le film à
dominante fantastique reçut des effets spéciaux de qualité
nécessaire à sa réussite. Trois mois plus tard, le premier
Avengers, le soldat le plus patriote de l'histoire, Captain America eut aussi
droit à son premier long-métrage. Ces deux derniers
longs-métrages présentèrent au public les derniers
personnages nécessaires à la mise en place du film devenu
emblématique : Avengers.
2. Réunion de nombreuses franchises : le pari
Avengers
Le 4 mai 2012, les Etats-Unis purent enfin découvrir le
dernier-né des studios Marvel. A la différence des
précédents longs-métrages du studio, ce film eut la
particularité de mettre en scène six super-héros qui
composent un des groupes de personnages les plus connus de l'histoire des
comics : les Avengers. La brillante stratégie de Marvel fut de
rassembler les six personnages en un seul film.
Cet opus est construit dans l'esprit de franchise successive.
On retrouve ainsi une sorte de gradation dans l'ordre d'arrivée des
personnages, du plus symbolique au plus évident. En effet, le personnage
de l'Agent Coulson est le premier à apparaître (1mn
4638) et ce n'est pas un hasard. Aux yeux d'un spectateur non
averti, l'entrée en scène de cet homme ne signifie rien du tout.
Cependant, pour un fan de l'univers Marvel, ce personnage est le lien entre
chaque film car il apparaît dans presque chaque oeuvre à
l'exception de Hulk et de Captain America. Les aficionados
qui ont suivi la franchise sont donc récompensés et ont en
quelques sortes dès les premières images un avantage sur le reste
de la salle au niveau de la compréhension de l'histoire.
Par la suite, on présente au public le reste de
l'équipe qui compose le S.H.I.E.L.D. (1mn 54), une organisation qui sera
à la base de l'arc narratif de Marvel à la suite
d'Avengers. Vient ensuite Hawkeye (3mn 41) et Black Widow (12mn 8) qui
n'ont jamais eu leur propre film mais on fait des apparitions dans,
respectivement, Thor et Iron Man 2. Puis on découvre
le Dr. Bruce Banner (15 mn 41) plus connu sous le nom de son alter-ego, Hulk.
Ce personnage eu déjà son propre film inclus dans la Phase 1 de
Marvel en 2008 mais avec un autre acteur. La présentation des
personnages s'achève avec l'entrée en scène de Captain
America, (20mn 37), un film à son actif, puis avec Iron Man (23mn 7) qui
est le personnage le plus exploité de la franchise avec deux
longs-métrages. A noter que Thor apparaît plus tard pour les
besoins du scénario.
38 - Les Timecode ont été pris
d'après le Blu-Ray du film Avengers, Whedon, J., 2012.
25
Le film peut être scindé en deux parties. La
première étant la présentation des personnages et leur
interaction entre eux, suivie par la bataille finale entre le Bien et le Mal,
symbole des vrais longs-métrages de super-héros. La transition
entre ses deux parties se fait lorsque l'Agent Coulson meurt. La disparition de
celui qui avait été le lien tout au long de cette Phase 1 marque
le tournant du film qui fut l'un des premiers à rassembler autant de
personnages issus eux-mêmes d'autres films. Avant eux, il y eu l'exemple
de King Kong contre Godzilla, Alien vs Predator, Frankenstein rencontre le
loup-garou, Freddy contre Jason ou encore Star Trek :
Generations. Des créations qui ne rassemblaient que deux
franchises, loin des six présentent ici. De plus, aucune de ces oeuvres
ne connut le succès rencontré par le film Avengers.
Puisque d'un point de vue économique, Avengers fut sans
contexte la production cinématographique de tous les records [ANNEXE 5].
Dès sa sortie, le long-métrage devint le premier de l'histoire
à atteindre 200 millions de dollars en un week-end d'exploitation. De
plus, en seulement trois jours, le film rapporta plus que Thor, Captain
America ou encore L'Incroyable Hulk39.
Au même titre que X-Men en 2000, le
long-métrage créa un engouement formidable. De plus, grâce
au rachat de la firme par Disney, Avengers fut le premier film de la
franchise à être distribué par Disney, cette
société assurant également la promotion40. Un
vrai coup de pouce qui fut décisif puisque, par exemple, Disney organisa
un tapis rouge, à l'image de la cérémonie des Oscars,
rassemblant tout le casting (les six protagonistes plus les acteurs
secondaires) pour célébrer l'avant-première mondiale du
film le plus attendu de l'univers Marvel. Fait exceptionnel pour
l'époque, plus commun de nos jours, la soirée fut diffusée
en direct sur internet pour permettre au monde entier de suivre
l'événement. Une publicité qui s'ajouta aux autres atouts
du film comme celui de son réalisateur.
La présence de Joss Whedon aux commandes du film
contribua en effet grandement au succès de l'oeuvre pour plusieurs
raisons. Le réalisateur était déjà affilié
avec Marvel. En effet, par le passé, il s'était penché sur
l'écriture d'un des comics de X-Men, Astonishing X-Men,
qui resta un opus marquant les fans par sa brillance et par son importance
au sein de l'univers des mutants. Ses lettres de noblesse avaient alors
été acquises. Par ailleurs, celui qui fut le créateur de
Buffy contre les vampires, était déjà bien connu
des fans de science-fiction. Des éléments qui firent de Joss
Whedon le candidat idéal pour réaliser ce film. Cependant, il ne
fut pas le seul responsable du succès. Comme le précise le Dr
Arnold Blumberg, professeur à l'université de Baltimore, qui
dirige cette année le premier cours sur le MCU, « le
mérite revient également à l'ensemble des acteurs qui ont
incarné leurs personnages brillamment et qui ont une incroyable alchimie
» [ANNEXE 6]. La
39 - Source :
http://www.boxofficemojo.com/news/?id=3438&p=.htm
(consulté le 12/05/2015)
40 - Source :
http://deadline.com/2012/04/avengers-tracking-like-superhero-125m-opening-weekend-with-four-quadrant-appeal-255675/
(consulté le 14/03/2015)
26
réunion des franchises ne vient donc pas seulement des
personnages mais également des acteurs qui dans cinq cas sur six
reviennent interpréter leur rôle. Pour le cas de Hulk, un nouvel
acteur, Mark Ruffalo, a été choisi pour ramener le géant
vert dans l'univers Marvel. Sa prestation que le Docteur Blumberg qualifie de
"d'impressionnante" a fait oublier le précédent
interprète du géant vert.
Au final, tous ces facteurs ont contribué à
faire de ce film le troisième plus gros succès de l'histoire du
cinéma avec 1,5 milliard de dollars de recette [ANNEXE 7]. Ce
succès commercial a permis au Studio Marvel de continuer sa
stratégie allant jusqu'à lui permettre d'articuler ses projets en
phases. L'arc narratif du MCU fut désormais articulé autour des
films Avengers. Car, même si Avengers n'a pas
redéfini les films de super-héros, le long-métrage a
néanmoins fait évoluer le genre, instaurant une continuité
semblable à une série mais également et surtout à
un comics.
B) La construction narrative
1. Une construction en phase
Le studio Marvel, dès sa fondation, s'est basé
sur un principe novateur qui jusqu'à ce jour a participé
grandement au succès de la franchise. La Maison des Idées a en
effet construit son schéma narratif sous forme de « Phase ».
Ainsi le Marvel Cinematic Universe s'apparente grandement au fonctionnement
d'une série télévisée. Chaque épisode
contribuant à enrichir et à faire évoluer l'univers
créé. A ce jour, il existe trois phases. La Phase 1, contenant
cinq films, s'acheva avec le premier opus d'Avengers.
Actuellement, la Phase 2 touche à sa fin. Elle se
conclura en juillet 2015 avec les aventures de l'homme fourmi et laissera sa
place à la Phase 3 qui commencera le 6 mai 2016 avec la sortie du
très attendu Captain America : Civil War.
27
La Phase 3 s'étendra sur trois ans et sera la plus
productive de l'univers Marvel avec neuf films.
Malgré tout, le délai d'attente entre chaque
film est d'au moins six mois. C'est alors que l'exécutif vint avec une
solution : combler les espaces vides avec la création de séries
télévisés.
2. Agents of S.H.I.E.L.D., Agent Carter...:
les séries pour lier les films
Une des stratégies de Marvel consiste à rester
en permanence dans l'esprit des fans, un plan qu'il est difficile de mettre en
place avec les longs-métrages, puisque l'intervalle de temps entre deux
films peut être de plusieurs années. Le partenariat avec la souris
de Walt Disney offre de nombreux bénéfices au groupe qui peut
tirer parti de son arsenal médiatique. En effet, Disney est l'heureux
propriétaire d'une chaîne de télévision qui
connaît un fort succès : ABC. C'est pourquoi, Marvel peut, sans
contrainte, créer des séries puisqu'elles
bénéficient déjà d'un réseau de diffusion
prêt à les accueillir. Avec ce nouvel apport à l'univers
Marvel, il existe dorénavant un lien entre les films qui permet de faire
« patienter » le public, toujours dans une optique de ne jamais
perdre son interlocuteur.
28
La première série Marvel : Les Agents du
S.H.I.E.L.D., qui débuta en 2013, vient d'être
renouvelée pour une troisième saison. Elle remplit tout à
fait l'objectif premier à savoir combler l'espace laissé par
l'absence de long-métrage.
Au niveau de l'histoire, un des attraits de la série
fut de faire renaître le personnage de l'Agent Coulson
interprété par Clark Gregg qui était laissé pour
mort à la fin du premier opus d'Avengers. Comme nous l'avions
évoqué précédemment, ce personnage tient une place
centrale au sein du MCU. Ainsi, il n'est pas surprenant de voir ce personnage,
très apprécié par les fans, revenir pour conduire une
équipe d'agents de la société secrète du
S.H.I.E.L.D. De multiples crossovers ont eu lieu laissant l'opportunité
de faire apparaître de nombreux acteurs présents dans les films
comme Jaimie Alexander qui reprit pour deux épisodes son rôle de
Lady Sif qu'elle interprète dans les films Thor.
Suite au succès des Agents du S.H.I.E.L.D.,
Marvel commanda une mini-série : Agent Carter. Dotée de
huit épisodes, la série expliqua les événements qui
aboutissent à la création du S.H.I.E.L.D. Le programme
acclamé par la critique et par les fans fut renouvelé pour une
saison 2 qui sera diffusée courant 2016.
Après ces deux projets, on aurait pu penser que le
marché serait bien saturé sans compter que DC Comics a elle-aussi
lancé de nombreux projets comme les séries Arrow et
The Flash. Malgré tout, cela aurait été
sous-estimer les ambitions de Marvel que de penser que l'entreprise aurait pu
s'arrêter là. En 2013, Marvel a lié un partenariat avec
Netflix pour développer quatre séries : Daredevil,
Jessica Jones, Iron Fist et Luke Cage 41 . Ces
programmes seront lancés séparément pendant les deux ans
à venir. Et même si aucune annonce n'a été faite, il
n'est pas impossible que ces personnages soient rassemblés dans une
création de la (très probable) Phase 4. En effet, Daredevil, Iron
Fist, Luke Cage et Jessica Jones sont membres de la même équipe
dans les comics, Les Défenseurs, il n'est donc pas impossible
d'imaginer un film, ou une série, les réunissant.
Comme pour les adultes, le rachat de Marvel par Disney a
permis à la firme de bénéficier de l'arme ultime de la
petite souris à savoir les dessins animés et films d'animation.
Disney a développé le même concept à savoir une
série de dessins animés pour faire également le lien entre
les opus. Cependant, dans ce cas précis, le but est différent car
le jeune public n'a pas un intérêt premier pour la trame
narrative. Le développement de ces nombreuses séries notamment
celles récentes comme Ultimate Spider-Man, Hulk et les
agents du S.M.A.S.H., Avengers Rassemblement, permet aux enfants
de se familiariser avec les héros susmentionnés. Mais
également de ne pas faire
41 - Source :
http://marvel.com/news/tv/21476/disneys_marvel_and_netflix_join_forces_to_develop_historic_four_
series_epic_plus_a_mini-series_event#ixzz3ZrmouOAG (consulté
15/01/2015)
29
oublier leurs héros aux enfants. De plus, lorsque les
enfants sont touchés par un phénomène de mode, leurs
parents sont par extension concernés. Ils se retrouvent souvent
contraints d'acheter les produits correspondant aux franchises. La firme
façonne son meilleur public : les fans.
C) La fidélisation
Le film Avengers a changé l'image d'un public
pour ce genre de film. Auparavant, le public était avant tout
composé d'enfants ou de geeks. Après le triomphe
généré par le film, tout le monde veut prendre part
à l'aventure Marvel aussi bien les filles que les garçons. Et ce
succès contribua à la création d'une grande
communauté de fans à travers le monde entier. Aucun pays n'est
épargné par le phénomène qui crée un
engouement très rarement vu dans l'histoire du cinéma.
La fidélisation est un point crucial pour le
succès d'une franchise car sans ça il n'y aurait pas de public
pour adhérer aux suites. Sans fans, il serait impossible aux producteurs
de faire des prévisions à long terme, car ils ne pourraient pas
anticiper un éventuel intérêt. C'est pourquoi, la
fidélisation est un des points forts de Marvel.
1. Une vision des films différente selon le public
Le MCU est un univers qui, s'il n'est pas destiné avant
tout aux fans, pousse fortement à le devenir. De par sa longueur et sa
foison d'éléments narratifs, il impose un minimum de
connaissances pour suivre les subtilités de l'intrigue. A ce titre,
Marvel cache dans ses films de nombreux "cadeaux" pour leurs fans. Ainsi,
dès le premier opus des aventures d'Iron Man, on peut apercevoir le
bouclier de Captain America caché dans une des scènes.
Capture d'écran d'Iron Man 2
Le but pour les fans étant de trouver ces petits
éléments. Évidemment, le repérage ne pouvant se
faire qu'en une fois, un visionnage successif est donc nécessaire et
multiplie les recettes.
30
Ainsi, chaque film peut être vu soit de façon
séparé avec un vilain vaincu à la conclusion du film ou
soit rentrant dans le cadre d'une série. Néanmoins, plus le MCU
progresse dans le temps, plus l'indépendance des films est difficile
à réaliser. Notamment dans le dernier opus d'Avengers
où pas moins de onze personnages sont issus des
longs-métrages précédents. Un fait qui peut perturber un
spectateur non initié. De plus, ce phénomène va
s'accentuer de plus en plus par exemple dans les épisodes Civil
War ou plus de dix protagonistes sont attendus ou encore dans Avengers
: Infinity Gauntlet Part 1 et 2 où on peut anticiper un nombre
atteignant au minimum une quinzaine de super-héros. Il est donc
impératif pour Marvel de créer une dépendance à la
franchise pour ne pas perdre son auditoire.
2. Création d'une dépendance à la
franchise
La fidélité est donc primordiale et est, en
quelque sorte, récompensée par des petits clins d'oeil d'une
oeuvre à une autre ce qui pousse les spectateurs à suivre tous
les films à la manière d'une série
télévisée. Citons un des nombreux exemples qui occurrent
dans l'univers comme la transformation furtive du frère de Thor, Loki,
en Captain America dans Thor 2, qui donna l'occasion à son
interprète Chris Evans de faire une apparition pour ravir les fans.
Capture d'écran Thor 2
Cette incursion du héros au bouclier dans le monde du
dieu de tonnerre, incite les fans de Captain America à regarder les
aventures de Thor, un héros auquel ils ne se seraient peut-être
jamais intéressés autrement. Et si les nombreux crossovers sont
réussis c'est parce que Marvel parvient à garder les mêmes
acteurs pour incarner les personnages.
L'autre outil qui permet de fidéliser les foules a
été l'ajout d'une scène située après le
générique. Il convient de préciser que Marvel n'est pas
l'inventeur de ce procédé, mais a largement contribué
à son usage. Dès le premier film Iron Man, l'entreprise
mit en place cette méthode pour
31
annoncer le prochain film, plus ou moins explicitement. Ainsi,
dans à la fin du premier film de l'homme de fer, Samuel L. Jackson
interprétant le rôle de Nick Fury déclare à un Tony
Stark hagard : « M. Stark, vous faites maintenant parti d'un plus
grand univers même si vous ne le savez pas encore. f...] Je viens vous
parler des Vengeurs et du projet Initiative »42. Cette
mode se poursuivit dans tous les autres films de l'univers. Ces scènes
sont quasiment aussi attendues que le film lui-même, car ces
saynètes, de par leur courte durée et les mystères
qu'elles peuvent dévoiler, sont particulièrement
prisées.
Comme susmentionnée, Thanos, le grand antagoniste du
MCU, outre sa brève apparition dans Les Gardiens de la Galaxie,
n'est apparu que dans les scènes post-générique des deux
films Avengers. Sa présence dans ce type de scène, qui
n'est pas regardé par tout le monde, contribue à créer
cette dépendance à la franchise car pour comprendre le film au
maximum, il est préférable de voir ces bonus qui donnent un
avantage par rapport aux autres spectateurs. Le public qui n'avait pas pour
habitude de rester jusqu'à la fin du générique commence
à être habitué au fait. Du coup, le procédé
se généralise de plus en plus. Notamment dans les films sous
licence Marvel, comme récemment avec X-Men : Days of Future
Past qui s'est doté également d'une petite scène
supplémentaire annonçant le prochain opus. Comme l'explique
Jeremy Latcham, producteur exécutif du film Avengers 2 : L'Ere
d'Ultron, la scène est autant l'affaire de l'équipe
créative que de celle du marketing car comme nous l'avons
mentionné, il faut fidéliser le spectateur et lui donner envie
d'aller voir la prochaine production43.
On constate que cette stratégie narrative est payante
puisque la franchise, grâce au succès d'Avengers 2, vient
de devenir la plus lucrative de tous les temps au box-office avec plus de 8
milliards de recette dépassant ainsi la saga Harry
Potter44. Cette accomplissement fut possible grâce
à l'implication de l'équipe marketing et communication qui permet
au plus grand nombre d'avoir connaissance de l'existence du film.
42 - Iron Man, Favreau, J., 2008. (2h 5mn)
43 - Source :
http://www.cinemablend.com/new/How-Marvel-Decides-What-Put-Post-Credit-Scenes-70577.html
(consulté le 10/05/2015)
44 - Source :
http://www.boxofficemojo.com/franchises/?view=Franchise&sort=sumgross&order=DESC&p=.htm
(consulté le 18/05/2015)
32
Partie III. La stratégie économique et
marketing de Marvel Studios
L'économie a été une part fondatrice du
système hollywoodien actuel. Les majors telles qu'on les
connaît aujourd'hui sont nées dans les années 60/70. A
partir de cette décennie, l'industrie va se focaliser de plus en plus
sur le profit qui commence à être le mot d'ordre. Ainsi, les
directeurs des majors ne sont plus exclusivement des passionnés
mais avant tout des industriels réunis en conglomérat, comme ce
fut le cas par exemple avec les studios 20th Century Fox ou Paramount. Et
l'industrie changea aussi sa façon de faire les films : les
blockbusters firent leurs apparitions sur le marché. Un budget
colossal, grosse promotion du film, parfois l'ajout d'effets spéciaux...
voici les secrets d'un film à gros budget tel qu'on l'entend
aujourd'hui. Un filon qui s'est vite avéré très prolifique
pour les studios qui cherchait de nouveaux moyens d'attirer les spectateurs et
notamment les plus jeunes.
Les Dents de la mer est considéré comme
étant officiellement le premier blockbuster. A suivi, Star Wars
en 1977 qui reste LE blockbuster par excellence. D'ailleurs Walt Disney Company
ne s'y trompa pas quand elle racheta également cette franchise pour
ajouter trois nouveaux épisodes aux six opus existant
déjà.
Revenons au cas de Marvel Studios. De par sa création
tardive et surtout son annexion au groupe Disney, le studio s'est
retrouvé avec le budget et les moyens nécessaires de produire
exclusivement des films caracolant en tête du box-office. N'ayant plus
à se préoccuper des contraintes budgétaires et marketing,
le groupe a pu produire ses créations en toute
sérénité... ou presque. Puisque malgré ces atouts,
il faut encore savoir les utiliser et les manier avec expertise. Il faut
également prendre en compte un facteur important dans la réussite
d'un film à savoir la concurrence.
Aujourd'hui, on dénombre six majors : la
Warner, Disney, Universal, Columbia, 20th Century Fox et Paramount.
Marvel/Disney étant notre objet d'étude, il reste
néanmoins intéressant d'étudier la stratégie des
concurrents et de voir si oui ou non la stratégie de Marvel est payante.
Malgré nos sollicitations, le personnel gérant l'aspect marketing
pour Marvel n'a pas répondu à nos demandes de réponses
puisqu'elles allaient être disponible or contexte privé.
A) Une mauvaise concurrence ?
1. Comparaison avec le concurrent DC Entertainment / Warner
Bros
Depuis la création de Marvel, son principal et unique
rival a été DC Comics. L'entreprise DC a été
créée en 1934 soit cinq ans avant Marvel. Leur rivalité
est légendaire. Ainsi, au fil des
33
années, les deux maisons d'éditions se sont
copiées et imitées l'une et l'autre et ont proposé de
nombreux personnages semblables comme, entre autre, Green Arrow en 1941 (DC) et
Hawkeye en 1964 (Marvel) [ANNEXE 8].
Au niveau des comics, depuis le milieu des années 60,
Marvel a toujours été devant au niveau des ventes. Son concurrent
ne passant qu'épisodiquement devant. À eux deux, DC et Marvel
représentent près de 70% des ventes de comics45
(statistique datant de l'année 2014). Cependant, Image Comics, le
troisième concurrent, a depuis ces dernières années pris
quelques points de part de marché à Marvel et DC. Image Comics
possède la licence de The Walking Dead. Nous avons pu constater
que la sortie de ce titre en série télévisée a fait
très fortement augmenter les parts de marché d'Image Comics qui
sont passées de 3,71% en 2010 à 10,41% en 2014. On constate donc
que l'influence des films et des séries, est très importante pour
les ventes de comics.
Contrairement à Marvel Entertainment, DC Comics n'a pas
son propre studio de cinéma. Mais DC étant une filiale de Warner
Bros, ce sont ces derniers qui se chargent du développement des licences
de DC comme Batman, Superman, etc. La Warner Bros, créée en 1923,
est une des grandes majors d'Hollywood. C'est pourquoi, DC/Warner
commença bien avant Marvel Studios à produire des films de
super-héros.
Avant 1978, les personnages de DC notamment Batman
étaient utilisés par différent studio comme la 20th
Century Fox. A partir de 1978 et la sortie du film Superman, la Warner
commença à utiliser les licences de DC sans pour autant en faire
partie.
C'est seulement en 1989, que Time Warner officialisa le rachat
de DC Entertainment et s'appropria son catalogue de super-héros. C'est
l'une des raisons pour lesquelles les personnages comme Batman ou Superman ont
toujours eu leurs adaptations surtout sur le petit écran, sous forme de
dessin animé, où DC devançait Marvel car les productions
de ces derniers étaient beaucoup moins acclamées, comme nous
l'avons vu plus haut.
Concentrons-nous sur l'activité du studio à
partir des années 2000 qui correspond à la création de
Marvel pour avoir un échantillon de leur concurrence.
Il est intéressant de comparer le partenariat DC/Warner
contre Marvel car ces deux-là sont les concurrents actuels bataillant
dans le même créneau.
Le renouveau de DC au cinéma s'est fait grâce
à la fameuse trilogie The Dark Knight de Christopher Nolan. Le
premier opus, Batman Begins, sortit en 2005. Au moment où DC
Comics sortait le deuxième épisode du Dark Knight, The Dark
Knight, en 2008, Marvel sortait la même année Iron
Man. Les deux films furent les deux plus gros succès de
l'année 2008. L'homme
45 - Source :
http://www.diamondcomics.com/Home/1/1/3/237?articleID=158790
(consulté le 21/04/2015)
34
chauve-souris arrivant devant l'homme de fer46.
Marvel Studios progressait magistralement en mettant son premier film (produit
par le studio lui-même) en seconde place du box-office. Mais il restait
néanmoins derrière. Ce n'est qu'après la sortie
d'Avengers que les rapports de force se sont inversés.
Marvel eut l'avantage de planifier son calendrier de films et
de voir à longue distance ce que ne sut pas faire Warner. Une fois la
trilogie Batman réalisé, Christopher Nolan avec son frère
Jonathan Nolan s'attela au projet Man of Steel, un reboot des
aventures de Superman. Puis, suite au succès du MCU, la Warner riposta
et annonça le 15 octobre 2015 un planning de film lançant
l'univers DC au cinéma47. Parmi les projets Warner,
l'attention des fans et des médias se porta surtout le film Batman
v. Superman : L'Aube de la Justice qui verra en 2016 l'opposition entre
les deux héros emblématiques de DC Comics. Mais malheureusement
pour le studio, Christian Bale, l'interprète du Batman de Nolan, refusa
de reprendre le rôle. L'erreur du studio fut de ne pas prévoir
leurs projets à l'avance et de ne pas réussir à faire
signer Christian Bale pour plusieurs films. De plus, la réponse fut un
peu tardive puisque cette annonce du DC Cinematic Universe (DCCU) survint au
même moment que celle de Marvel et sa Phase 3. Or Marvel avait
déjà annoncé un projet similaire avec Captain America
: Civil War qui voit également les deux têtes d'affiches de
la firme s'opposer. Warner a également prévu de réunir ses
héros pour un film basé sur la Justice League,
l'équivalent des Avengers.
Depuis ce jour, les deux studios se livrent une bataille sans
merci autant sur le grand écran que dans les coulisses. Warner
annonçant un univers plus « avant-gardiste48
» que Marvel et ces derniers annonçant que leurs films ne prendront
jamais un tournant sombre49. Mais ces déclarations sont en
accord avec le public touché par chacun. Disney a toujours eu en
tête de faire des films aussi bien pour les enfants que pour les adultes
une façon de toucher le public le plus large possible. Warner, depuis le
lancement de la trilogie Dark Knight, a une optique plus sombre, plus
réaliste pour satisfaire un public plus mature.
La guerre est donc ouverte et n'est pas prête de
s'arrêter. La prochaine étape sera la sortie des deux films
susmentionnés. Qui remportera cette manche ? Batman/Superman ou Captain
America/Iron Man ? Il est actuellement impossible de donner une estimation sur
les bénéfices à venir pour chacune des deux productions.
Malgré tout, on constate que le studio Warner se méfie de Marvel
puisqu'ils ont avancé la date de sortie de leur film, initialement
prévue en mai 2016 à 25
46 - Source :
http://www.boxofficemojo.com/yearly/chart/?yr=2008
(consulté le 14/05/2015)
47 - Source :
http://moviepilot.com/posts/2014/10/15/a-quick-look-at-warner-bros-big-dc-universe-announcement-2349764?lt_source=external,manual
(consulté le 12/02/2015)
48 - Source :
http://variety.com/2015/film/news/warner-bros-chief-dismisses-superhero-fatigue-everything-looks-different-1201446314/
(consulté le 10/03/2015)
49 - Source :
http://www.ign.com/articles/2015/05/12/marvel-studios-feige-the-mcu-will-always-be-funny-not-dark
(consulté le 13/05/2015)
35
mars 201650 pour que les deux longs-métrages
ne se chevauchent pas. Un signe qui augure des doutes de Warner
vis-à-vis du succès de leurs héros une fois mis en
concurrence à ceux de Marvel. Mais la Warner n'est pas le seul
concurrent à avoir des craintes au vue de la dominance de la Maison des
Idées sur le marché.
2. 20th Century Fox
Le studio 20th Century Fox a joué un rôle majeur
en contribuant au renouveau du genre des films de super-héros et d'une
certaine manière à la naissance de Marvel Studios, comme nous
l'avons vu plus haut, avec l'arrivée d'Avi Arad à Hollywood. En
effet, si la Warner a toujours été présente dans le
paysage cinématographique des super-héros, il n'est reste pas
moins que la Fox a relancé le genre en l'an 2000 avec le film
X-Men. Un pari osé car alors que les ventes de comics de la
licence X-men étaient en baisse, le studio produisit le film et obtint
même un très bon score et de bonnes critiques qui louèrent
la prestation des acteurs ainsi que la transition réussie du comics
à l'écran51. A noter que malgré la cession de
la licence, Marvel conservait un droit de regard sur l'aspect
créatif.
Ces éléments nous permettent donc d'affirmer que
ce long-métrage, qui généra près de 300 millions de
dollars dans le monde, a réellement lancé la vague de film de
super-héros qui déferla durant la décennie suivante. Mark
Waid déclara à propos d'X-Men, lors d'une interview, que
le film était « la graine à partir de laquelle tout
l'univers Marvel au cinéma a germé52 ». Et
ce fut le cas, car suite à X-Men, la célèbre
major distribua en 2003 le film Daredevil puis s'attaqua en
2005 à une autre équipe célèbre de la Maison des
Idées : Les Quatre Fantastiques.
Après deux longs-métrages, Les Quatre
Fantastiques et Les Quatre Fantastiques et le Surfer d'argent, le
studio a annoncé un reboot de la franchise qui sortira sur les
écrans en août 2015. C'est l'étude de ce film qui nous
intéresse présentement car il sera en concurrence avec le nouveau
film Marvel : Ant-Man.
Le film subit de nombreuses controverses entourant le choix
des acteurs. La première, l'annonce de Michael B. Jordan (acteur de
couleur) pour interpréter le rôle de Johnny Storm, la Torche, un
garçon blanc. La deuxième, l'âge des acteurs qui sont
beaucoup plus jeunes que dans les comics.
50 - Source :
http://deadline.com/2014/08/batman-v-superman-new-release-date-warner-bros-dc-815462/
(consulté le 27/04/2015)
51 - Source :
http://www.rottentomatoes.com/m/xmen/
(consulté le 10/03/2015)
52 - Marvel Renaissance, Guedj, P. et Roure,
P., 2014 (38mn 52)
36
Ces modifications ont perturbé les fans qui se sont
montrés sceptiques face à ces changements comme le montre un
sondage réalisé sur Allociné [ANNEXE 9] ainsi que les avis
laissés suite à la bande-annonce publiée sur Youtube. Au
vue des retours, les nombreuses personnes ayant visionnées le
trailer se montrent peu convaincues par ce dernier [ANNEXE 10].
On constate donc qu'avant la naissance de Marvel Studios, la
20th Century Fox était en position de supériorité comme ce
fut le cas avec la Warner. Cependant, après l'arrivée sur le
marché de la Maison des Idées, les deux sont rentrés dans
un système d'entente cordiale. Marvel ne cherchant pas, pour l'instant,
à récupérer la franchise des X-Men. En effet,
après une trilogie (X-Men, X-Men 2 et X-Men : L'Affrontement final),
un spin-off avec les deux films (et bientôt un
troisième) centré sur le personnage de Wolverine, ainsi qu'une
nouvelle série (X-Men : Le Commencement, X-Men: Days of Future Past
et X-Men : Apocalypse), il n'est pas, pour l'instant, primordiale pour
Marvel de reprendre ce projet qui a déjà une communauté de
fans solide. De plus, Hugh Jackman lui-même, la star derrière le
héros aux griffes, Wolverine, a indiqué qu'un crossover avec les
héros du MCU n'était pas inenvisageable53.
En ce qui concerne Les Quatre fantastiques, comme
nous l'avons indiqué plus haut, un nouveau film est en
préparation ce qui bouleverse les plans du jeune studio qui avait
espéré pouvoir récupérer son équipe phare
pour pouvoir l'inclure dans le MCU. Il est intéressant de noter que
l'équipe créative de Marvel Comics annonça la fin des
aventures des Quatre Fantastiques sur papier pour fin avril 2015 soit quatre
mois avant la sortie du film de la Fox54. Une coïncidence ? Peu
probable. Plutôt une forme de vengeance de la part de Marvel qui pensait
faire plier le studio et récupérer ses héros.
En attendant un quelconque accord entre les deux
majors, le studio se concentre sur un autre personnage beaucoup plus
emblématique, et surtout beaucoup plus lucratif, appartenant pour le
moment à Sony : Spider-Man
3. Sony
Sony Pictures Entertainment détient depuis 1999 les
droits cinématographique de Spider-Man55. Ce studio a sorti,
via sa filiale Columbia TriStar, cinq films de l'homme araignée. La
première trilogie de Sam Rami connut un grand succès. Elle fut
suivie en 2012 de son reboot : The Amazing Spider-Man.
Cependant, le reboot des aventures de Peter Paker ne
rencontrèrent pas le
53 - Source :
http://comicbook.com/2015/03/03/hugh-jackman-thinks-theres-a-possibility-an-avengers-and-x-men-c/
(consulté le 14/03/2015)
54 - Source :
http://marvel.com/news/comics/24400/the_end_is_fourever_in_fantastic_four_645
(consulté le 11/04/2015)
55 - Source :
http://www.wipo.int/wipo_magazine/en/2012/03/article_0005.html
(consulté le 13/02/2015)
37
succès escompté surtout lors du deuxième
opus, The Amazing Spider-Man 2. Cette baisse de régime du
personnage de comics le plus en vogue au monde, ne satisfit pas les dirigeants
de Sony qui comptait néanmoins poursuivre dans cette voie avec un
troisième opus initialement prévu pour 2016. Cependant,
c'était sans compter le coup dur qu'allait subir Sony lorsque des
hackeurs mirent au jour tous leurs projets. Lors de ce piratage, on put
découvrir les plans de Sony de rebooter les aventures de Peter
Parker confirmant ainsi le mécontentement de l'exécutif de Sony
envers la franchise The Amazing Spider-Man56.
Finalement, le 9 février 2015, Sony et Marvel
surprirent toute l'industrie en annonçant le début de leur
collaboration dans un communiqué conjoint57. Cette nouvelle
déclencha un véritable séisme chez les fans qui se
réjouir de retrouver Spider-Man chez Marvel, son créateur.
Si l'on observe les termes du contrat, on constate que Sony
délègue à Marvel l'aspect créatif. Malgré
tout, la firme japonaise garde le contrôle du personnage et se chargent
de financer et de distribuer le(s) film(s) en question. On pourra donc,
dès 2016, découvrir le nouveau Spider-Man qui prendra part au MCU
via le film Civil War. Cet accord cache un certain aveu
d'infériorité de la part de Sony qui semble reconnaître la
« supériorité » du studio Marvel dans le domaine des
films de super-héros. Et même si le communiqué souligne que
le personnage reste sous le contrôle du studio japonais, il n'est pas
impossible que le but ultime de Disney soit de reprendre un contrôle
total sur Peter Paker.
En ce qui concerne les fans, il n'y aura pas de
problème pour le nouveau Spidey de faire oublier les deux
précédents car une fois encore, ce personnage sera officiellement
siglé Marvel, un signe qui est devenu un gage de qualité. Ces
derniers prendront ce personnage comme il sera car il sera comme il devrait
être. De plus, les passionnés n'auront pas d'autre alternative, si
l'on peut dire, que d'accepter ce choix. Dorénavant, être
accepté dans l'univers cinématographique de Marvel, c'est en
quelque sorte être anobli par les nouveaux leaders du genre.
Le journaliste d'Empire résume très
bien cette situation des concurrents : « presque tous les studios
à Hollywood essaye de reproduire le modèle Marvel
»58. Warner est actuellement le concurrent le plus
sérieux pour la firme dans la mesure où Sony a noué un
partenariat et que la 20th Century Fox est plus ou moins lié à
Marvel d'un point de vue créatif. Mais la bataille la plus ardue, que
les concurrents se livrent, se déroule sur le champ de la
communication.
56 - Source :
http://www.thedailybeast.com/articles/2014/12/13/exclusive-sony-hack-reveals-studio-planning-another-spider-man-reboot.html
(consulté 2/05/2015).
57 - Source :
http://marvel.com/news/movies/24062/sony_pictures_entertainment_brings_marvel_studios_into_the_
amazing_world_of_spider-man (consulté le 10/05/2015)
58 - Traduction de l'anglais : «Almost
every studio in Hollywood has scrambled to replicate the Marvel
model.» Source : Empire, mars 2015, p.73.
38
B) Une maîtrise de tous les fronts de
communication
Pour assurer le succès d'un film de type
blockbuster, il est cruciale de réussir la promotion du film.
Depuis l'intégration de Marvel au sein du groupe Walt Disney, la Maison
des Idées est devenue un des leaders au niveau de la promotion, du
marketing et de la communication.
1. La planification
Nous avons vu que la planification des phases jouait un
rôle crucial dans le succès de la compagnie. La
révélation de ces plannings est devenue un procédé
dont Marvel a été le précurseur. En effet, comme nous
l'avons évoqué, les studios annoncent rarement leurs projets
à l'avance. C'est pourquoi, le Sonyleaks (le hacking des mails
de l'exécutif de Sony) a mis dans l'embarras la major japonaise
puisque tous ses projets ont été dévoilés au grand
jour. Les concurrents ont donc pu avoir écho des nombreux
long-métrages à venir. A la différence des autres
majors, Marvel Studios ne cache pas son planning, bien au contraire.
Leur calendrier est devenu leur plus grande arme de promotion. Pour annoncer
ces plannings, Marvel s'est inspiré de la récente mode des
conférences événementielles comme les keynotes
d'Apple. De la même façon, chaque nouvelle annonce des
projets du studio donne lieu à un rassemblement devant la presse. Ainsi,
pour la plus récente conférence, surnommé le Marvel
Media Day qui eut lieu le 28 octobre 2014 à Los Angeles, Kevin
Feige, P.-D.G. de Marvel Studios, annonça devant une foule de
journalistes le programme détaillé des films de la Phase 3. Ce
dernier fut aidé par la présence de Robert Downey Jr. (Iron Man),
Chris Evans (Captain America) et Chadwick Boseman (Black Panther) qui firent le
spectacle et qui alimentèrent les discussions sur tous les
réseaux sociaux notamment Twitter où les journalistes publiaient
les informations en direct. Le mot-clé #MarvelEvent, utilisé pour
rapporter cette conférence de presse, resta dans les dix sujets les plus
parlés au monde (les Trending Topics) pendant près de 3
h 30 [ANNEXE 11]. Une publicité incroyable, et gratuite, qui créa
un enthousiasme chez les fans qui purent spéculer à l'avance sur
les déroulements de l'univers cinématographique de Marvel.
Marvel n'hésite pas à dévoiler les dates
précises de ses films. Certes, dévoiler la date d'un
long-métrage prévu l'année suivante n'est pas un exploit
mais ça le devient lorsque l'oeuvre est prévue pour le 3 mai 2019
comme avec Avengers : Infinity War part II. Cela dénote la
confiance que Marvel place en ses créations puisqu'ils sont
indifférents aux projets qui pourraient sortir en même temps que
les leurs. Malgré tout, il est important pour l'équipe de
communication de la société de continuer à
fidéliser ses fans pour ne pas les perdre d'ici la fin du planning,
comme il est important de créer un intérêt chez de nouveaux
spectateurs.
39
2. Tournage, tournée et promotion
Pour toucher le public le plus large possible, Marvel organise
des tournages et des partenariats avec de nombreux pays. Il est prouvé
que le tourisme dans un pays augmente lorsqu'un blockbuster se tourne
dans ce dit pays59. Ce fut le cas avec Le Seigneur des anneaux
tourné en Nouvelle-Zélande ou avec encore Star Wars
dont le décor de la planète Tatooine est situé en Tunisie,
dans la ville de Nefta.
Marvel noua donc un accord en 2012 avec DMG Entertainment, la
première société de production cinématographique de
Chine, pour co-produire Iron Man 3. Grâce à cet accord,
le film devait être considéré comme un long-métrage
« Made in China » et donc aurait pu contourner la politique du
gouvernement qui impose un nombre limité de copies des films
étranges distribués dans les salles du pays. Malheureusement pour
la firme, cette partie de l'accord échoua. Cependant, ce partenariat
mena néanmoins à la création de deux versions d'Iron
Man 3, la première destinée au public international et la
seconde, qui comporte des scènes spécialement conçues avec
les acteurs chinois présents dans le film, destinée uniquement au
public sinophone60. Avec cette technique, Marvel a pu s'implanter
dans un pays qui n'a pas de lien fort avec les Etats-Unis. Ils ont
réussi à pénétrer le marché chinois par un
autre biais. Une tactique payante puisque Iron Man 3 reste
actuellement le septième succès du box-office mondial avec 1,2
milliard de dollars dont 121 millions rien que pour la Chine. Lorsque l'on
compare ce chiffre avec celui du deuxième opus, Iron Man 2, on
constate que le montant rapporté tombe à 7,9 millions pour la
Chine61. Le tournage du film en Chine a donc permis à Marvel
de considérablement accroître sa portée au pays du Soleil
Levant.
Iron Man 3 est le premier film de la Phase 2. Le
succès de cette méthode poussa donc Marvel à
développer ce procédé d'expatriation de ses tournages.
Ainsi, de nombreuses scènes furent tournées à Londres pour
le film Thor 2. De même, Avengers 2 se déroule
en partie en Italie, au Bangladesh, en Afrique du Sud et surtout en
Corée du Sud.
Tous ces tournages en Asie permettent de toucher le public
présent là-bas. En effet, comme le dit Nolwenn Mingant dans
Hollywood à la conquête du monde, le public japonais est
un très bon indicateur car « il est composé presque
exclusivement de femmes et d'adolescents 62 ». C'est
pourquoi, les affiches mettent souvent en avant le côté romantique
ou la star masculine principale.
59 - Riley, R., Baker, D. et Van Doren, C. S.,
Movie Induced Tourism, in Annals of Tourism Research, Vol.
25, No. 4, Londres, Elsevier Science Ltd, 1998, p. 919 à p. 935.
60 - Source :
http://deadline.com/2013/03/marvel-to-issue-china-only-iron-man-3-version-in-addition-to-hollywoods-464177/
(consulté le 10/02/2015)
61 - Source :
http://www.boxofficemojo.com/movies/?page=intl&id=ironman3.htm
(consulté le 14/05/2015)
62 - Mingant, N., Hollywood à la
conquête du monde: Marchés, stratégies, influences,
Paris, CNRS Editions, 2010, p.80
Cependant, comme la romance tend à faire défaut
dans les films de super-héros, l'accent est surtout mis sur les stars
principales. On peut noter ce procédé notamment avec l'affiche
d'Avengers qui a été construite sur ce principe. Le
marketing a élaboré une affiche dotée d'un fond blanc,
couleur synonyme de la paix.
Affiche japonaise d'Avengers
Un élément un peu paradoxal pour un film
d'action qui implique des scènes de destruction et surtout une bataille
du Bien contre le Mal. De plus, pour conquérir le public cible, les deux
personnages présentés en avant sont Robert Downey Jr. et Scarlett
Johansson, les deux stars les plus populaires dans ce pays. Sur l'affiche
américaine, le schéma est complètement différent
puisque les héros se tiennent dans un décor chaotique. Scarlett
Johansson n'apparaît d'ailleurs qu'au second plan de cette affiche, son
personnage n'étant pas considéré comme la tête
d'affiche.
Affiche américaine d'Avengers
40
41
En support de la promotion, Marvel organise une grande
tournée médiatique mondiale pour la sortie de leurs films. Par
exemple, pour la sortie d'Iron Man 3, les acteurs s'étaient
arrêtés à Séoul, Pékin, Moscou, Munich, Paris
et Londres. Promouvoir ainsi ses films renforce énormément sa
présence médiatique puisque chaque arrêt s'accompagne de
nombreuses interviews avec les médias locaux. Ainsi, lors de son passage
à Paris en 2013 pour la sortie d'Iron Man 3, Robert Downey
Jr.et Gwyneth Paltrow avaient donné un grand nombre d'interviews
à de nombreuses chaînes de télévision comme M6 ou
des journaux de presse écrite : une publicité gratuite pour le
studio.
Cela nous amène donc au cas un peu particulier de la
France. En effet, la France pour « préserver la diversité
culturelle » interdit de faire la publicité des
longs-métrages à la télévision63. C'est
pourquoi, contrairement aux Etats-Unis, on ne pourra jamais voir de bandes
annonces pour des films lors de nos pauses de « réclame ». Il
est donc indispensable pour la Walt Disney Company et en particulier sa filiale
française, la Walt Disney Company France de trouver des techniques
permettant de promouvoir au maximum les films en question.
Une de ces techniques consistent à rediffuser les
anciens films de la compagnie quelques jours avant l'arrivée du nouveau.
Nous avons pu constater qu'à l'approche de la sortie en salle du nouvel
opus d'Avengers, les chaînes françaises de la TNT ont
diffusés pas moins de dix films en première partie de
soirée lors du mois d'avril [ANNEXE 12]. Un chiffre conséquent
qui est loin d'être exhaustif puisque nous avons exclu le reste du
réseau ainsi que les autres créneaux horaires.
Suite à ce constat, nous avons sollicité le
directeur des programmes de France 2 et de M6, qui ont tous deux diffusé
un film Marvel moins de 72 heures avant la sortie d'Avengers : L'Ere
d'Ultron, pour savoir ces derniers et la Walt Disney Company France
avaient conclu un accord sur la diffusion de ces deux longs-métrages
comme une réduction des coûts de diffusion en échange de la
diffusion du programme. Malheureusement, nous n'avons, à ce jour, pas
reçu de réponse de leur part. Nous pouvons simplement supputer
qu'un tel accord existe. Un partenariat de ce genre, avec ou sans
réduction du prix, est très bénéfique pour les
chaînes puisque la popularité du programme assure une bonne
audience au réseau.
Outre les diffusions télévisées, la
compagnie se tourne vers le marketing de produits dérivés mais
également et surtout vers un autre média, les réseaux
sociaux, qui prennent une part de plus en plus importante dans nos vies.
3. Marvel et les réseaux sociaux
63 - Mingant, N., Hollywood à la conquête du
monde : Marchés, stratégies, influences, Paris, CNRS
Editions, 2010, p. 82.
Il y a quelques années, ce paragraphe aurait pu sembler
futile et sans grande valeur. Mais de nos jours les réseaux sociaux
jouent un rôle considérable dans nos vies. C'est pourquoi, les
studios ont compris que la maîtrise de ce nouveau média
était nécessaire à la réussite d'un film à
gros budget car en plus d'être un outil (presque) gratuit, l'internet et
les réseaux sociaux permettent de toucher pas moins de 3,025 milliards
de cibles potentielles. Parmi ces trois milliards de personnes, 2,060 milliards
possèdent un compte sur un réseau social64. Un outil
formidable que les studios s'efforcent donc de contrôler depuis quelques
années. Dans ce secteur, Marvel a su dès le début prendre
sa place sur les réseaux sociaux et c'est en partie grâce à
cet outil qu'ils ont su imposer leur domination et se créer un
réseau de fans. Un réseau qui a atteint une portée sans
précédent. Le compte Twitter de Marvel (@Marvel) a
été créé le 1er août 2008
dès le début des projets de Marvel Studios et du réseau
social. En mars 2013, leur compte Twitter était suivi par 528 000
personnes. Actuellement, il est suivi par près de 2,56 millions
d'internautes. Un chiffre multiplié par 5 en seulement deux ans qui
dénote un vrai engouement pour la firme.
En 2015, deux films de Marvel sortiront sur les écrans
; nous avons pu suivre l'évolution de la stratégie du studio les
concernant.
Youtube, qui vient de fêter ses 10 ans cette
année, joue un rôle majeur pour Marvel et pour tous les studios du
monde. Les bandes annonces constituent une des armes principales de la Maison
des Idées car elles lui permettent d'évaluer le succès
d'un film avant sa sortie. C'est pourquoi les résultats de la bande
annonce est un bon test du résultat du film.
Deux stratégies s'offrent à Marvel. Dans un cas,
lorsque le film n'est pas très médiatisé, le studio
emploie une méthode originale pour lui permettre de créer le
buzz. Ce fut le cas cette année pour le film Ant-Man. Comme son
nom l'indique, le super-héros est connu comme l'homme fourmi. La bande
annonce fut postée sur Youtube le 2 janvier 2015 avec une certaine
originalité puisque la vidéo était au format "fourmi"
(voir ci-dessous).
42
64 - Source :
http://fr.slideshare.net/wearesocialsg/we-are-socials-digital-statshot-003
(consulté le 2/05/2015)
Elle fut finalement dévoilée quatre jours plus
tard en grand format pendant la publicité qui précédait la
nouvelle série Marvel, Agent Carter, diffusé sur ABC.
Cela lui permit de promouvoir à la fois le film mais aussi la
série puisque finalement les spectateurs venus pour Ant-Man se
retrouvaient contraints de regarder Agent Carter et inversement.
Lors de la promotion d'Avengers : l'ère
d'Ultron, la bande annonce postée sur Youtube dépassa toutes
les attentes. Le premier teaser comptabilisait plus de 35 millions de vues en
seulement 24 heures. A la veille de la sortie du nouvel opus, la vidéo
en comptait près de 70 millions. Ce chiffre est un indicateur formidable
pour Marvel qui peut apprécier un avant-gout de l'engouement
suscité par ce volet et surtout d'extrapolé sur le succès
au box-office.
La compagnie maîtrise donc une stratégie qui lui
permet de toucher, d'une part, un très large public déjà
acquis à leur cause et d'autre part de faire parler d'eux jusqu'à
avoir de la publicité gratuite à la télévision
grâce à leurs idées originales pour promouvoir leurs
produits.
4. Les acteurs et leur rôle en dehors du plateau
Parmi les héros Marvel, de nombreux acteurs de la
franchise agissent comme leur personnage en dehors de l'écran. Le plus
évident étant Robert Downey Jr. qui se retrouve souvent
assimilé au super-héros qu'il incarne, Tony Stark. En effet, la
prestation devant, mais également en dehors du grand écran, est
un élément dont les acteurs usent pour contribuer à la
réussite de la franchise. Robert Downey Jr. est connu pour agir comme
son personnage ainsi, il lui arrive souvent lors d'émissions
télévisées, de conventions ou encore dans la vie de tous
les jours, de se prendre pour son personnage comme le 13 mars 2015 où il
a rendu visite à un enfant manchot pour lui donner une prothèse
de bras similaire à celui d'Iron Man.
43
44
Un autre exemple fut celui de Chris Pratt, Star-lord dans les
Gardiens de la Galaxie et Chris Evans, Captain America.
A l'occasion du Superbowl, les deux acteurs firent un pari
concernant le vainqueur du match de football américain. Une rencontre
opposant les villes natales des deux stars : les Patriots de Boston et les
Seahawks de Seattle. L'objet du pari ? Une visite dans un hôpital en
costume de super-héros. Chris Evans remporta la victoire suite au sacre
de Boston. Chris Pratt se rendit donc le 7 février à Boston au
Christopher's Haven, un hôpital pour enfant. Suite à cette visite,
et pour ne pas léser les enfants de Seattle, c'est avec surprise que ces
derniers virent Captain America entrer dans leur chambre également en
costume un mois plus tard à l'hôpital pour enfants de Seattle.
Ces opérations, même si leur
sincérité ne peut pas être remise en cause, servent
magnifiquement les intérêts de la société
grâce au déferlement médiatique qui succèdent ces
actions. Dans les deux cas, des dizaines d'articles et de reportages
télévisés commentèrent les actions des stars. Une
publicité qui valorise non seulement les acteurs mais indirectement la
franchise pour laquelle ils travaillent.
Malgré tout, il est nécessaire que Disney
accentuent au maximum sa portée médiatique. Après tous les
exemples cités, on pourrait penser que l'implantation de Marvel serait
déjà bien avancée mais ça serait mal
connaître l'entreprise propriétaire de Mickey Mouse qui
possède un incroyable arsenal médiatique.
C) Une présence des films dans tous les
domaines
1. Les parcs d'attraction
Si les stratégies misent en place diffèrent
selon les publics, le but de Marvel reste néanmoins d'être
présent en permanence dans la vie de ses fans pour empêcher ces
derniers de se lasser ou de
45
prendre de l'intérêt pour un film concurrent.
Comme nous l'avons évoqué précédemment, Marvel
maîtrise parfaitement la communication et les réseaux sociaux, qui
constituent une grande partie de notre vie puisqu'en moyenne, une personne
passe cinq heures par jour sur un ordinateur et deux heures sur un
mobile65. Toutefois, cela ne représente pas toute la
population et Disney se doit, en tant que premier groupe de divertissement au
monde, d'avoir de très grandes ambitions. C'est pourquoi, ils font en
sorte que leur présence se retrouve dans tous les domaines liés
au divertissement. Ainsi après leur contrôle des médias, il
leur faut assurer leur place dans le domaine avec lequel ils sont le plus
assimilé, à savoir, les parcs d'attraction.
La présence des parcs d'attraction Disneyland dans le
monde permet aux enfants de retrouver leurs personnages
préférés. Depuis le rachat de la Maison des Idées
en 2008, Disney a essayé d'accroître au maximum la présence
de cette licence dans ses parcs. Dorénavant, les enfants peuvent admirer
les personnages de Marvel dans l'enceinte des parcs. Comme à Disneyland
Paris en France (près de Marne-la-Vallée) où l'attraction
Rendez-vous avec Spider-Man, qui devait être à la base une
attraction provisoire, vient d'être prolongée due à son
succès.
Aux États-Unis, Disney ne peut pas faire autant de
projets qu'elle le souhaiterait car la petite souris n'a paradoxalement pas le
droit d'utiliser la licence Marvel dans ses parcs d'attraction américain
puisque c'est le studio concurrent, Universal, qui détient la
franchise.
Cette bizarrerie trouve son origine, avant le rachat de Marvel
par Disney, dans les années 90. À cette époque, la
compagnie signa un accord d'exclusivité avec Universal66 pour
l'utilisation de sa marque sur les manèges. C'est pourquoi, le parc
Universal de Floride s'est doté, dès son ouverture en 1990, d'un
bout de parc entièrement consacré aux super-héros,
baptisé le Marvel Super Heroes Island.
Malgré tout, ce qui est valable pour les Etats-Unis
n'est pas valable pour les autres pays dotés d'un parc Disney comme nous
l'avons vu plus haut avec le cas de la France. Dès lors, Disney s'est
empressé de planifier de nombreuses attractions comme la construction
à Hong-Kong d'un simulateur de vol sur le thème d'Iron Man 3
qui rappelons-le a été tourné en Chine. Disney peut
néanmoins, grâce à de petits contournements du contrat,
profiter de ses super-héros. Ainsi, pour la sortie des différents
films Marvel, le monorail, ci-dessous, n'étant pas
considéré comme une attraction, est peint au couleur des
longs-métrages. En 2013, le train arbora les couleurs d'Iron Man pour
célébrer la sortie du troisième opus.
65 - Source :
http://www.blogdumoderateur.com/chiffres-internet/
(consulté le 24/02/2015)
66 - Source :
http://www.sec.gov/Archives/edgar/data/1262449/000119312510008732/dex1057.htm
(consulté le 2/05/2015)
46
La bataille principale pour les années à venir
pour la société Walt Disney sera de réussir à
racheter à Universal les droits pour les attractions. Une fois cette
étape réussie, le monopole de Disney sera total. Puisqu'une fois
les droits acquis, la première firme de divertissement au monde pourra
développer ses attractions et développer au maximum son arme
ultime : les produits dérivés. Car comme chaque parent le sait,
toute visite dans un parc, se conclut toujours par un tour dans les boutiques.
Ces jouets et autres produits représentent une part de marché
lucrative et donc vitale à contrôler.
2. Les produits dérivés
Le merchandising est l'arme principale du groupe Disney qui
à elle seule leur a rapporté près de 40,9 milliards de
dollars en 201367, (dernier chiffre disponible). Une somme
considérable due à l'acquisition de toutes les licences les plus
connues (Pixar, Marvel et Star Wars entre autres) mais également due
à leur présence sur le marché depuis des décennies.
Avec une création remontant à 192968, ils ont
été parmi les précurseurs des produits
dérivés. Ainsi, on peut considérer qu'ils ont acquis une
maîtrise due à leurs longues années d'expérience.
Comme nous l'avons prouvé avec Marvel, l'expérience est
nécessaire à la réussite d'un groupe, or n'oublions pas
qu'Ike Perlmutter l'actuel P.-D.G. de Marvel est également l'ancien
P.-D.G. de Toy Biz, la filiale jouet qu'il a fondée à partir de
rien. Les produits dérivés Marvel sont habilement
développés pour concerner tous les secteurs, autant les textiles
que les jouets et la décoration en passant par l'alimentaire.
Nous avons interrogé Hayadine qui est actuellement
vendeur chez Album, une boutique situé à Paris
spécialisée dans la vente de produits dérivés de
comics. Lors de notre entrevue, il nous a confié qu'il était
impossible de déterminer le nombre d'articles de licence Marvel vendus
tellement les références étaient nombreuses.
67 - Source :
http://variety.com/2014/biz/news/disney-brands-generate-record-40-9-billion-from-licensed-merchandise-in-2013-1201221813/
(consulté le 12/05/2015)
68 - Thomas, B., Building a Company - Roy O.
Disney and the Creation of an Entertainment Empire, New York, Disney
Editions, 1998, p. 67.
47
Il ne faut surtout ne pas oublier que Marvel est avant tout
une maison d'édition de comics. Grâce au succès de ses
films, la pérennité de Marvel Comics est assurée. Puisque
les adolescents découvrant les super-héros au cinéma se
tourne par la suite vers les comics, où se prolonge les aventures de
leurs héros. Ainsi, chaque branche de Marvel Entertainment est mise
à contribution, comme avec Marvel Music, qui s'occupe de gérer la
distribution des musiques des films. Et sans oublier le marché
très lucratif des jeux vidéo où la firme s'impose aussi
avec une présence accrue sur les réseaux, sur les jeux en ligne
et sur les jeux consoles qui font de la licence une marque incontournable pour
les afficionados de jeux virtuels.
Enfin outre l'emprise que Disney possède sur le
marché, les super-héros sont avant tout devenus une marque
à part entière. En effet, au même titre qu'Andy Warhol avec
les cannettes de soupe Campbell's ou avec l'icône Maryline Monroe, les
super-héros touchent même les personnes non concernés par
les aventures des justiciers. Il n'est donc pas rare de voir de nombreux
t-shirts Superman porté notamment par des hommes qui n'ont pas d'attrait
pour ce genre de film mais qui simplement ce prête à la mode et au
symbole qu'il représente.
Ces exemples dénotent bien de le pouvoir qu'on les
héros sur le marché des produits dérivées et que
dès lors, Marvel a tout intérêt à avoir une
implantation optimale dans chaque secteur économique de ce marché
pour que sa licence soit la plus prolifique possible. Une implantation
réussie dans un domaine entraîne automatique une réaction
en chaîne. C'est-à-dire qu'une promotion réussie va
garantir le succès d'un film qui va lui-même assurer une recette
confortable sur les produits dérivés. Si les stratégies au
niveau des films, de la gestion économique, du marketing et de la
communication sont maîtrisées alors on peut dire avec certitude
que le studio aura un futur prospère.
48
Conclusion
Marvel Studios est actuellement en train d'atteindre le
paroxysme de sa réussite. Comme nous l'avons vu à travers ce
mémoire, les stratégies narrative et marketing employées
contribuent à la réussite d'un studio qui a su, au fil du temps,
profiter de l'expérience des dirigeants ainsi que de son alliance avec
Disney pour sortir de la crise et se placer comme un produit en vogue et donc
toucher les sommets dans le monde du cinéma. Cette stratégie et
la protection de l'empire Disney agit comme un filin pour la firme Marvel qui
peut du coup prévoir à l'avance ses créations sans grand
risque. De plus, Kevin Feige, lors d'une récente interview,
donnée pour le site Reddit, a indiqué qu'il pensait toujours aux
films allant de 10 à 20 ans plus loin mais qu'il ne travaille
réellement que sur les projets se situant au maximum à 5
ans69.
Ce mémoire nous a donc permis de répondre
à la majeure partie de nos interrogations. De plus, le côté
« actuel » nous a permis de réagir sur les
événements survenant dans le même temps comme pour le
retour de Spider-Man auprès de Marvel ou encore l'ascension du
deuxième volet d'Avengers qui en moins d'un mois d'exploitation
a récolté près d'1,2 milliard de dollars. Ce qui nous
laisse penser que le nouvel opus fera mieux que le premier.
Ce rapport à l'actualité nous garantit d'avoir
livré un travail apportant des réponses nouvelles par rapport aux
autres livres. Des ouvrages qui ne traitait d'ailleurs pas des aspects
marketing puisque trop éloigné du cinéma en
lui-même. Cependant, l'industrie Hollywoodienne est étroitement
liée à ce système et contribue beaucoup à la
réussite des studios. Il est donc dommage de l'éluder dans la
mesure où ce système, basé sur le modèle
capitaliste, dicte la loi aux studios et impacte les créations en
elles-mêmes.
Les productions du studio Marvel qui lors des Oscars 2015, ont
par ailleurs reçu cinq nominations. Peut-on y voir une forme de
reconnaissance des films de super-héros ? Malheureusement, c'est peu
probable car comme nous l'avons évoqué plus haut le genre est
encore assez critiqué par certaines personnes du métier qui
réprouve la pluie de films de super-héros qui s'abat sur
Hollywood. Cependant, lorsqu'on regarde les chiffres de plus près, on ne
voit qu'une trentaine de films de super-héros prévus d'ici
à 2020, tous studios confondus. Si l'on compare ce type de film avec le
genre des comédies romantiques par exemple, on constate qu'il y a bien
plus que 30 comédies romantiques qui sortent chaque année.
L'argument ne tient donc pas. Il s'agit simplement d'un rejet d'une certaine
partie de l'industrie envers un genre (blockbuster) qui subit une
surmédiatisation éclipsant ainsi une autre industrie, celle des
films indépendants.
69 - Traduction de l'anglais : «At any
given moment they are thinking 10 to 20 years ahead for their films, but
actively working on the next 5 years» Source :
http://www.reddit.com/r/marvelstudios/comments/350fsy/kevin_feige_on_
avengers_age_of_ultron_will/ (consulté le 16/05/2015)
49
Malgré tout, même si le filon n'est pas
près de s'épuiser, toute chose à une fin. Concernant ce
sujet, nous avons interrogé le Dr. Arnold Blumberg concernant une
hypothétique fin de l'univers Marvel. Ce dernier, nous apporta son point
de vue en déclarant qu'il ne voyait pas un déclin arriver sauf si
le public ressentait le besoin d'une pause dans la saga.
Mettons en parallèle une théorie très
intéressante, le pic de Hubbert, qui suggère que toute chose non
inépuisable atteint un maximum avant de décliner. Une
théorie appliquée avant tout pour les prévisions
pétrolières mais qui peut être également
adaptée à tout autre domaine70. Face à cette
théorie, on peut donc affirmer que malgré la stratégie
performante de Marvel Studios, le Marvel Cinematic Universe arrivera
forcément un jour à son maximum, déclinera et sera
probablement amené à s'arrêter pour prendre une autre
forme.
Malgré tout, au vue des derniers films et des premiers
résultats du film Avengers : L'Ere d'Ultron, ce maximum ne
semble toujours pas atteint. Quand le sera-t-il ? C'est toute la question. On
peut théoriser sur le fait qu'Avengers 3 : the Infinity Gauntlet
part I & II sera ce pic. En effet, l'antagoniste de ce film sera
Thanos, le plus grand méchant du répertoire de la Maison des
Idées. Marvel nous offre un aperçu de ce personnage depuis le
premier opus d'Avengers. On peut donc imaginer que le
long-métrage, qui sera séparé en deux parties, le premier
du genre pour Marvel, marquera l'apothéose du studio qui
précédera un déclin très probable.
De plus, après ce film, de nombreuses stars de
l'univers Marvel ne seront plus impliquées dans les projets. En effet,
Robert Downey Jr., dont le contrat expire à la fin d'Avengers 3
(partie II), devrait raccrocher son costume d'Iron Man à la suite
de ce film, sauf en cas de renégociation du contrat. Ce départ
sera dur à gérer pour le studio. De même, si le MCU suit le
déroulement des comics, Chris Evans, l'actuel Captain America, devrait
poser définitivement son bouclier à la fin de Captain America
: Civil War (ou suite au troisième opus d'Avengers),
après la mort de son personnage. Par conséquent, les deux
protagonistes les plus célèbres ne seront plus là pour
supporter les films de la Maison des Idées. Une bien mauvaise nouvelle
pour le studio car comme susmentionné l'influence de ces acteurs
s'exerce bien au-delà du grand écran. Le plus gros défi
pour Marvel sera de trouver des remplaçants pour faire "oublier" les
précédents protagonistes. Et même si l'exécutif a
réussi ce pari par le passé avec l'arrivée de Mark
Ruffalo, pour remplacer Edward Norton, il n'est pas garanti qu'ils y arrivent
dans ce cas. Là où le personnage de Hulk n'avait
été interprété qu'une seule fois par E. Norton, ce
n'est pas la même configuration pour le cas de Robert Downey Jr.. Il est
vrai que les circonstances sont différentes puisque d'ici 2019, l'acteur
aura incarné près de huit fois le rôle de Tony Stark.
Une prestation qui aura duré onze ans ne sera pas facile à
remplacer. Il est donc possible que ces personnages seront mis de
côté dans leurs
70 - Source :
http://www.overthinkingit.com/2008/09/23/the-hubbert-peak-theory-of-rock-or-why-were-all-out-of-good-songs/
(consulté le 23/04/2015)
50
formes actuelles. Il faudra alors que le studio se remette en
question et recommence à bâtir un nouvel horizon pour leurs
créations. Ce qui malgré tout ne devrait pas poser de
problèmes car le genre possède un avantage considérable,
celui d'être immortel. Bien que le genre des westerns puisse être
considéré comme en voie de disparition, cela est avant tout
dû à leur ancrage dans une certaine période de l'histoire
révolue. Or les héros ont toujours existé depuis
l'antiquité et continuerons de perdurer. En effet, face à
l'inconnu et notamment face à la mort, une grande partie de la
population trouve refuge dans de nombreuses croyances religieuses leur
permettant d'expliquer certains phénomènes ou au moins de les
rassurer face à l'angoisse d'une vie limité. Mais la religion
n'est heureusement pas le seul échappatoire disponible. C'est pourquoi
l'humanité donne tant d'importance aux arts et au cinéma
puisqu'il est vrai que ce dernier ne connaît pas de frontières
comme celle que la vie peut avoir. Les films de super-héros en sont le
bel exemple puisque l'une des raisons de leur succès tient dans le fait
que le monde des justiciers masqués ne meurt jamais et
expérimente toujours une fin heureuse. De plus, les super-héros
évoluent avec notre temps et même plus car ces êtres
surhumains appartiennent à la science-fiction et par conséquent
au futur. Ils savent donc s'adapter merveilleusement bien aux changements
technologiques et historiques de notre existence.
On peut donc en conclure que les super-héros sont
immortels. S'il l'on suit le principe du syllogisme, Marvel Studios produisant
des films de super-héros, on peut par conséquent en conclure que
Marvel Studios est immortel. Cela semble effectivement être le cas pour
le moment. En tout cas, comme Walt Disney l'a dit un jour « si vous pouvez
le rêver, vous pouvez le faire ». Une chose est certaine, il est
plus que probable que le pouvoir de faire rêver de Marvel Studios saura
nourrir la créativité et contribuer aux rêves de bien des
générations à venir.
51
Annexes
ANNEXE 1 : Comparaison entre un pulp
(à gauche) et un comic books (à droite).
ANNEXE 2 : Couverture : Simon, J. et Kirby, J.,
Captain America #1, mars 1941, Timely Comics.
52
ANNEXE 3 : Graphique issu du livre The Secret History
of Marvel Comics par Blake Bell & Dr Michael J Vassallo.
ANNEXE 4 : Couverture normale (à gauche)
et variante (à droite) de Superior Iron Man #1, Marvel
Comics.
53
ANNEXE 5 : Liste des records établis par
le film Avengers.
[url :
http://www.boxofficemojo.com/alltime/?page=byrecord&p=.htm]
consulté le 18/11/2014.
54
ANNEXE 6 : Interview complète
réalisée par mail avec le Dr. Arnold Blumberg.
- I would like to understand what made The Avengers
such a huge success. Am I right in saying that the reunion of six franchise
plus Joss Whedon as director was the key? That the reunion of the six heroes
multiplied by six the audience and that having Joss Whedon as the director was
a great choice because he had the approval of the fans thanks to his past with
Marvel and his comicbook Astonishing X-Men.
AB: The Avengers certainly had the advantage of a great deal
of good will built up by the success of the previous films and the expert way
Marvel built expectations for the team-up through the previous installments and
no small amount of marketing. Whedon's guiding hand as director was surely a
big part of how that film hit all the right notes (although his experience in
the past with Marvel was likely very low on the list - remember that millions
of movie goers that made this a success never read a comic in their life, so
they knew nothing of that), but credit is also due the ensemble cast that
already inhabited their characters well and sparked off one another so
smoothly. To see Mark Ruffalo come in and create a new version of the Hulk in
that film that seamlessly joined the saga in progress was impressive as
well.
- Do you think that only these two factors can account
for the huge success of the film? Was the movie meant to be a success before it
was even released?
AB: No movie is meant to be a failure before it's released, so
I think they were fairly assured they had a hit on their hands. How much of a
success is another story.
- Do you think that the movies post-Avengers 3 will be
the decline of the MCU?
AB: As for post-Avengers 3, I would imagine as long as the
films still do well and as long as Marvel/Disney can, they'll keep this
universe of storytelling viable. I don't see any decline coming unless
audiences decide they'd like a break from the saga. That can happen, but I
think it would be a slowing down of the pace, not necessarily an end.
- I also would like to know if you agree when I'm
saying that there is two ways to watch the MCU: one for the fans like a TV show
(with hidden references etc.) and one for the uninitiated. That is why the
public is so wide.
AB: I would say you're correct in the sense that the movies do
offer a great deal of referential material for long-time fans familiar with the
comic book minutiae; however, as the films grow in popularity, many of those
uninitiated are becoming dedicated fans in their own right and seeking out
source material in some cases, so less and less is lost on them.
- Is the MCU more for the adults than for the
children?
AB: The MCU is for all ages; it's entertainment that speaks to
everyone, which is part of why it's doing so well.
55
ANNEXE 7 : Montant du box-office mondial des
films du Marvel Cinematic Universe issu du site
BoxOficeMojo.com [url :
http://www.boxofficemojo.com/franchises/chart/?id=avengers.htm]
consulté le 24 mai 2015. (Chiffre sujet à modification en raison
de la sortie du second volet des Avengers actuellement en salle.)
ANNEXE 8 : Green Arrow à gauche (DC
Comics) et Hawkeye à droite (Marvel Comics)
56
ANNEXE 9 : Sondage réalisé par
le site
Allociné.com. [url :
http://www.allocine.fr/article
/fichearticle_gen_carticle=18630968.html]
Question : Le casting des "Quatre Fantastiques" est-il...
fantastique à vos yeux ?
57
ANNEXE 10 : Capture d'écran de la
bande-annonce du film Les Quatre fantastiques (2015) mise en ligne sur
le site
Youtube.com [url :
https://www.youtube.com/watch?v=e-BVs-KCSiA
]
On constate que près de 19.529 personnes n'ont pas
aimé la vidéo. Un chiffre qui est assez conséquent et
rarement vu pour une bande-annonce d'un blockbuster.
En conparaison, la bande annonce de Ant-Man, le film
concurrent, n'a reçu que 2 159 commentaires négatifs.
58
ANNEXE 11 : Capture d'écran du site
TThistory.com, un site d'archive
recensant les sujets ayant atteindre les Trending Topics sur Twitter.
[url :
http://tt-history.appspot.com/]
Trending Topics du 28 octobre 2014 (monde)
ANNEXE 12 : Programme
télévisé récapitulant les diffusions des films de
super-héros pour le seul mois d'avril 2015.
Films :
|
|
|
|
7 avril
|
M6
|
20h55
|
X-Men Origins : Wolverine
|
9 avril
|
6ter
|
20h50
|
X-Men
|
10 avril
|
Canal+
|
21h
|
Iron Man 3
|
12 avril
|
6ter
|
20h50
|
X-Men 2
|
13 avril
|
D8
|
20h50
|
Elektra
|
19 avril
|
France2
|
20h55
|
Iron Man 2
|
21 avril
|
M6
|
20h55
|
Avengers
|
23 AVRIL
|
SORTIE AU CINEMA AVENGERS 2
|
26 avril
|
TF1
|
20h55
|
The Amazing Spider-Man
|
28 avril
|
6ter
|
20h50
|
X-Men l'affrontement final
|
30 avril
|
6ter
|
20h50
|
L'incroyable Hulk
|
Série TV :
Agents of S.H.I.E.L.D. : Diffusé chaque semaine
à 20h50 en mars, avril, mai sur W9
59
Bibliographie
Livre :
- Atallah, M., Jaccaud, F., Valéry, F. et Maire, F.,
Les Collections de la maison d'ailleurs . Les
Super-héros, Chambéry, Editions ActuSF
, 2014, 92 pages.
- Augros, J. et Kitsopanidou, K., Economie du
cinéma américain . histoire d'une industrie
culturelle et de ses stratégies, Paris, Armand
Colin Cinéma, 2009, 286 pages.
- Bell, B. et Dr Vassallo, M. J., The Secret History of
Marvel Comics, Seattle, Fantagraphics, 2012,
306 pages.
- Bonin, V., L'Economie du cinéma . Repères
et ressources documentaires, Paris, Bibliothèque du
film, 2004, 216 pages.
- Bott, A., Contact. An Airman's Outing, Edimbourg et
Londres, William Blackwood and Sons,
1917, 364 pages.
- Delcroix, O., Les Super-héros au
cinéma, Paris, Editions Hoëbeke, 2012, 192 pages.
- Forest, C., Du héros au superhéros .
Mutations cinématographiques, Paris, Presses Sorbonne
Nouvelle, 2009, 274 pages.
- Gorlier, E., Nyctalope! L'Univers Extravagant de Jean de
La Hire, Pamiers, Rivière Blanche,
2011, 296 pages.
- Howe, S., Marvel Comics. The Untold Story, New
York, Harper, 2012, 496 pages.
- Lainé, J-M., Super-héros ! La Puissance
des masques, Lyon, Les Moutons électriques, 2011, 356
pages.
- Mingant, N., Hollywood à la conquête du
monde . marchés, stratégies, influences, Paris, CNRS
Editions, 2010, 316 pages.
- Nikolavitch, A., Mythe & super-héros,
Lyon, Les Moutons électriques, 2011, 194 pages.
- Thomas, B., Building a Company - Roy O. Disney and the
Creation of an Entertainment Empire,
New York, Disney Editions, 1998, 352 pages.
- United States Senate Eighty-Third Congres, Hearings
before the Subcommittee to Investigate
Juvenile Delinquency, Washington, United States
Government Printing Office, 1954, 330 pages.
- Dr. Wertham, F., Seduction of the
Innocent, New York, Rinehart, 1954, 446 pages.
Périodiques :
- L'Ecran fantastique - hors-série
Super-héros, n°18, juillet 2014.
- L'Ecran fantastique - hors-série L'Ere des
super-héros, n°19, avril 2015.
- Empire, mars 2015.
- Historia - Les Super-héros . sentinelles de
l'histoire du XXe siècle, n°18, juillet-août 2014
60
- Popcorn - Spécial previews et
super-héros, n°10, décembre 2014 - janvier 2015.
Articles :
- Bukatman, S., Why I Hate Superhero Movies, in
Cinema Journal, Volume 50, n° 3, 2011, Austin, University Texas
Press, p. 118-122.
- Riley, R., Baker, D. et Van Doren, C. S., Movie Induced
Tourism, in Annals of Tourism Research, Vol. 25, No. 4, Londres,
Elsevier Science Ltd, 1998, p. 919 à p. 935.
Comics :
- Cassaday, J. et Whedon, J., Astonishing X-Men Tome 1,
New York, Marvel Comics, 2010, 150
pages.
- Conway, G., The Amazing Spider-Man #121, New York,
Marvel Comics, juin 1973, 32 pages.
- Kirby, J et Simon, J., Captain America #1, New York,
Timely Publications, mars 1941, 32 pages.
- Lee, S., Amazing Fantasy #15, New York, Marvel Comics,
août 1962, 32 pages.
- Lee, S., Tales of Suspense #39, New York, Marvel
Comics, mars 1963, 26 pages.
- Michelinie, D. et Layton, B., The Invincible Iron Man #128,
New York, Marvel Comics,
novembre 1979, 32 pages.
- Siegel, J. et Shuster, J., How Superman Ended The War,
in Look, 27 février 1940.
- Taylor, T. et Cinar, Y., Superior Iron Man #1, New
York, Marvel Comics, novembre 2014, 32
pages.
61
Filmographie
Longs-métrages étudiés
:
- Avengers (Marvel's The Avengers), Whedon,
J., 2012
Longs-métrages cités :
- Alien vs Predator (Alien vs
Predator), Anderson, P. W. S., 2004
- Ant-Man (Ant-Man), Reed, P.,
2015
- Avengers : L'Ere d'Ultron (Avengers: Age of
Ultron), Whedon, J., 2015
- Avengers 3 Part I (Avengers: Infinity War Part
I), Russo, A. et Russo, J., 2018
- Avengers 3 Part II (Avengers: Infinity War Part
II), Russo, A. et Russo, J., 2019
- Batman Begins (Batman Begins), Nolan, C.,
2005
- Batman v. Superman : L'Aube de la justice
(Batman v. Superman: Dawn of Justice), Snyder, Z.,
2016
- Blade (Blade), Norrington, S., 1998
- Birdman (Birdman), Iñárritu,
A. G., 2014
- Captain America : Le Soldat de l'hiver (Captain
America: The Winter Soldier), Russo, A. et
Russo, J., 2014
- Captain America: Civil War (Captain America:
Civil War), Russo, A. et Russo, J., 2016
- Chaplin (Chaplin), Attenborough,
R., 1992
- Daredevil (Daredevil), Johnson, M. S.,
2003
- Les Dents de la mer (Jaws), Spielberg, S.,
1975
- Frankenstein rencontre le loup-garou
(Frankenstein Meets the Wolf Man), Neill, R. W., 1943
- Freddy contre Jason (Freddy vs.
Jason), Yu, R., 2003
- Les Gardiens de la galaxie (Guardians of the
Galaxy), Gunn, J., 2014
- La Guerre des étoiles (Star Wars),
Lucas, G., 1977
- Hulk (Hulk), Lee, A., 2003
- Howard... une nouvelle race de héros
(Howard The Duck), Huyck, W., 1986
- L'Incroyable Hulk (The Incredible Hulk),
Leterrier, L., 2008
- Iron Man (Iron Man), Favreau, J.,
2008
- Iron Man 2 (Iron Man 2), Favreau,
J., 2010
- Iron Man 3 (Iron Man 3), Black,
S., 2013
- King Kong contre Godzilla (Kingu Kongu tai
Gojira), Honda, I., 1962
- Man of Steel (Man of Steel), Snyder, Z.,
2013
- The Punisher (The Punisher), Hensleigh,
J., 2004
62
- Les Quatre Fantastiques (Fantastic Four),
Story, T., 2005
- Les Quatre Fantastiques et le Surfer d'argent
(Fantastic Four: Rise of the Silver Surfer), Story, T.,
2007
- Les Quatre Fantastiques (The Fantastic
Four), Trank, J., 2015
- Le Seigneur des anneaux (The Lord of the
Rings), Jackson, P., 2008
- Star Trek : Générations (Star
Trek : Generations), Carson, D., 1994
- Superman (Superman), Donner, R., 1978
- The Amazing Spider-Man (The Amazing
Spider-Man), Webb, M., 2012
- The Amazing Spider-Man 2 : Le Destin d'un
héros (The Amazing Spider-Man 2), Webb, M., 2014
- The Dark Knight (The Dark Knight), Nolan,
C., 2008
- Thor (Thor), Branagh, K., 2010
- Tonnerre sous les tropiques (Tropic
Thunder), Stiller, B., 2008
- X-Men (X-Men), Singer, B.,
2000
- X-Men 2 (X2), Singer, B., 2003
- X-Men : Apocalypse (X-Men : Apocalypse),
Singer, B., 2016
- X-Men : L'Affrontement final (X-Men: The Last
Stand), Ratner, B., 2006
- X-Men : Le Commencement (X-Men: First Class),
Vaughn, M., 2011
- X-Men: Days of Future Past (X-Men: Days of
Future Past), Singer, B., 2014
Ensemble de film :
- Saga Harry Potter adapté d'après les
romans de Rowling, J. K. - Trilogie Spider-Man de Rami, S.
Séries télévisées
:
- Agent Carter (Marvel's Agent Carter),
Markus, C. et McFeely, S., 2015
- Arrow (Arrow), Kreisberg, A., Berlanti, G.
et Guggenheim, M., 2012
- Buffy contre les vampires (Buffy the Vampire
Slayer), Whedon, J., 1997
- Daredevil (Marvel's Daredevil), Goddard,
D., 2015
- Iron Fist (Marvel's Iron Fist), NC,
2016
- Jessica Jones (Marvel's A.K.A. Jessica
Jones), Rosenberg, M., 2016
- Luke Cage (Marvel's Luke Cage), Coker C.
H., 2016
- Marvel : les Agents du S.H.I.E.L.D. (Marvel's
Agents of S.H.I.E.L.D.), Whedon, Joss, Whedon,
Jed et Tancharoen, M., 2013
- The Flash (The Flash), Kreisberg, A.,
Berlanti, G. et Johns G., 2014
- The Walking Dead (The Walking Dead),
Darabont F. et Kirkman, R., 2010
63
Dessins animés :
- Avengers Rassemblement (Avengers Assemble),
Man of Action, 2013
- Hulk et les agents du S.M.A.S.H. (Hulk and the
Agents of S.M.A.S.H.), Dini, P. et Gilroy, H., 2013
- Iron Man (Iron Man), Lee, S., Ungar, R. et
Arad, A., 1994
- Spider-Man, l'homme-araignée (Spider-Man:
The Animated Series), Lee, S. et Arad, A., 1994
- Ultimate Spider-Man (Ultimate Spider-Man),
Bendis, B. M., 2012
- X-Men (X-Men: The Animated Series), Lewald,
E., Iwanter, S. et Edens, M., 1992
- Les Quatre Fantastiques (Fantastic Four),
Friedman, R. et Leopold, G., 1994
Documentaires :
- Comic Book Superheroes Unmasked, Kroopnick, S., 2003 -
Marvel 75 Years: From Pulp to Pop!, Knutson, Z., 2014 - Marvel
Studios: Assembling a Universe, Baruh, B., 2014 - Marvel
Renaissance, Guedj, P. et Roure, P., 2014 - Super-Héros,
l'Eternel Combat, Kantor, M., 2014
64
Sitographie
Articles internet :
- AFP, Walt Disney veut acheter Marvel
pour 4 milliards de dollars, 31 août 2009, en ligne sur le site
http://www.lemonde.fr/economie/article/2009/08/31/walt-disney-veut-acheter-marvel-pour-4-milliards-de-dollars_1234004_3234.html
consulté le 6 mars 2015.
- Dr. Blumberg, A. T., `The Night Gwen Stacy Died:' The
End of Innocence and the Birth of the Bronze Age, in Reconstruction:
Studies in contemporary culture, vol. 3, no 4, 2003, en ligne sur le site
http://reconstruction.eserver.org/Issues/034/blumberg.htm
consulté le 10 mai 2015.
- Boot, W., Exclusive: Sony Hack Reveals Studio's Detailed
Plans For Another `Spider-Man' Reboot, 13 décembre 2014, en ligne
sur le site
http://www.thedailybeast.com/articles/2014/12/13/
exclusive-sony-hack-reveals-studio-planning-another-spider-man-reboot.html
consulté le 2 mai 2015.
- Cox, B., How Much More Do Comic Books Cost Today?,
2 mai 2012, en ligne sur le site
http://www.theawl.com/2012/05/how-much-do-comic-books-cost
consulté le 3 mars 2015.
- Deadline Team, `Batman V. Superman' Moves Release Date
Again As Warner Bros Sets DC Game Plan, 6 août 2014,
http://deadline.com/2014/08/batman-v-superman-new-release-date-warner-bros-dc-815462/
consulté le 27 avril 2015.
- Eisenberg, E., How Marvel Decides What To Put Into
Post-Credit Scenes, 21 avril 2015, en ligne sur le site
http://www.cinemablend.com/new/How-Marvel-Decides-What-Put-Post-Credit-Scenes-70577.html
consulté le 10 mai 2015.
- Finke, N., Marvel To Issue China-Only `Iron Man 3'
Version In Addition To Hollywood, 29 mars 2013, en ligne sur le site
http://deadline.com/2013/03/marvel-to-issue-china-only-iron-man-3-version-in-addition-to-hollywoods-464177/
consulté le 10 février 2015.
- Finke, N., 'Avengers' Tracking Like Superhero: $125+M
Opening Weekend With 4-Quadrant Appeal, 12 avril 2012, en ligne sur le
site
http://deadline.com/2012/04/avengers-tracking-like-superhero-125m-opening-weekend-with-four-quadrant-appeal-255675/
consulté le 14 mars 2015. - Fiore, R., The House that Jack
Built, 14 novembre 2012, en ligne sur le site http://www.tcj.com/
the-house-that-jack-built/ consulté le 2 avril 2015.
- Fleming Jr., M., Alejandro G. Iñárritu And
`Birdman' Scribes On Hollywood's Superhero Fixation: `Poison, Cultural
Genocide' - Q&A, 15 octobre 2014, en ligne sur le site
http://deadline.com/2014/10/birdman-director-alejandro-gonzalez-inarritu-writers-interview-852206/
consulté le 12 mars 2015.
- Goebbels, J., Jerry Siegel Attacks!, in Das
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