Memoire Online - Pratiques artistiques et television au cameroun a l'ere du numerique

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MÉMOIRE PRÉSENTÉ ET SOUTENU EN VUE DE L'OBTENTION DU DIPLÔME
DE MASTER EN ARTS DU SPECTACLE ET CINÉMATOGRAPHIE

PAR
ERNEST NDJOCK SOUME
LICENCIÉ EN ARTS DU SPECTACLE ET CINÉMATOGRAPHIE
MATRICULE : 14C071

« La patience n'est qu'une faculté ; la sincérité est le dévouement de toutes les facultés. Le sérieux est la cause de la patience ; il donne à l'endurance, surmonte la douleur, fortifie la faiblesse, brave les dangers, soutient l'espoir, rend les difficultés légères... ».

Ce travail n'aurait certainement pas vu le jour sans l'apport de certaines personnes à qui nous voulons exprimer notre gratitude.

Le premier élan de gratitude va à l'endroit du directeur de ce mémoire, le Professeur Donatus FAI TANGEM , qui a supervisé ce travail avec diligence, sincérité, rigueur, disponibilité et surtout d'un amour paternel dans la science.

Nous remercions le Dr. Ibrahim MOUNGANDE, lui qui n'a ménagé aucun effort pour la finalisation de ce travail.

Nous remercions notre grand-frère, M. Maspero BILOBE, lui qui nous conseilla en 2014 de nous inscrire en ASC et qui, tout au long de notre parcours n'a cessé de nous apporter son soutien tant sur le plan professionnel que social.

Nos sincères remerciements à nos parents, Thérèse NYINANG et Sylvain MVOMO pour leur affection maternelle et paternelle, pour l'éducation qu'ils nous ont offerte, et surtout pour tous les sacrifices consentis afin que nous puissions mener à bien ce travail.

Merci à tous les responsables des chaînes de télévision qui nous ont grandement ouvert les portes ; il s'agit de : M. Simon Lyonga LA MALOMBE/Directeur de CRTV Sports and Entertainment, Mme Christelle MENGUE/C.S/DATV/CRTV, M. Collins WONTCHOUANG/Canal 2, M. Roméo Cyriaque MBIDA/Directeur des Programmes de Vision 4, M. François FEUTSAP/DG ARIANE TV, Mme Carine EYA/Info TV, Mme. Enorohong TABE /CRTV, Mme. Edwige BIWOLE/DBS, M. Igor BIWOLE/PDG Regard'Afrik TV, M. Cyril BITING / CRTV, M. Daniel NDO pour ses orientations.

Nos remerciements à monsieur M. Charles AFANE, Enseignant en Arts plastique pour son expertise et à Léon NANGA pour la relecture de ce travail et ses conseils.

Nous remercions nos enseignants qui ont pris la peine de nous suivre ; nous pensons au Dr Colbert Longin ELOUNDOU, Pr Emelda SAMBA, Dr Dieudonné ALAKA, Dr Aristide SANAMA. Nous remercions par ailleurs nos camarades de promotion avec qui nous avons effectué notre parcours académique pour leur soutien : Abel Winamou, Onana ETEME, Rhode BINDJEME, Abeni ABEGA, Paul Ngam, Minyem NGO, Ivoline NELLEN, Armel AMOUGOU, Nelsa NTSAMA.

Enfin, nous remercions particulièrement Elodie MENDOUGA pour ses féculents repas, son amour et son soutien inconditionnel, et plus encore, pour son précieux fruit : Key's Merry NYINANG.

RESUME

Aujourd'hui, pour changer la mentalité de l'homme, le meilleur outil n'est plus l'arme à feu, mais la culture. Étant au siècle du numérique, les influences culturelles sont plus rapides qu'on ne l'imagine. Dans ce monde du « donner et du recevoir », qu'apporte artistiquement le Cameroun sur la scène internationale au travers de ses chaînes de télévision ?

Le présent travail intitulé pratiques artistiques et la télévision au Cameroun à l'ère du numérique part ainsi du constat selon lequel l'offre d'émissions sur les pratiques artistiques est très faible en quantité et en qualité. Pourtant, avec les avantages qu'offre le digital, les talents artistiques ne devraient guère souffrir du manque de visibilité. Cette situation ne permet pas d'explorer au mieux les potentialités des chefs-d'oeuvre artistiques que nous possédons afin de les vendre sur la scène internationale. Ceci est un danger, d'autant plus qu'une société quotidiennement envahi par des images étrangères à sa mémoire collective perd peu à peu ses repères, son propre destin. Le travail, reparti sur trois axes, vise au premier volet à démontrer que peu de chaînes de télévision consacrent des émissions spécifiques aux arts vivants, plastiques et photographie ainsi qu'elles le font avec la politique et le sport, à cause de l'ignorance des potentialités que regorgeraient les pratiques artistiques en termes de contenu d'une part, et à ce que nous avons appelé le « suivisme tendanciel » d'autre part. Dans le deuxième volet, nous avons pu créer 28 synopsis d'émissions. Cela démontre que les pratiques artistiques sont une source de création d'émissions. La mise sur pied de ces émissions permettrait non seulement de mieux vendre l'artiste et son oeuvre, mais sera aussi bénéfique sur le plan pédagogique à tout public et surtout aux élèves du secondaire. Le troisième volet vise à démontrer qu'une chaîne TV culturelle peut générer des gains économiques comme toute autre chaîne TV. En même temps, elle participerait à la réduction du chômage dans ce sens qu'elle emploierait journalistes, animateurs et techniciens. Pour y parvenir, il a été question tout au long de cette étude de poser un regard direct sur l'espace médiatique camerounais. Ensuite, nous avons analysé le mécanisme d'élaboration et de fonctionnement de chaque chaîne à partir des informations recueillies au cours des interviews. Au final, il ressort de ce travail que l'augmentation du taux d'émissions est possible. Cependant, ce taux reste faible à cause du caractère généraliste des chaînes et du modèle économique de chacune. La redéfinition de l'article 9 de la loi de 2015 régissant l'activité audiovisuelle ; la création des chaînes thématiques culturelles et/ou spécialisées permettrait de mieux promouvoir les arts et la culture du Cameroun.

Mots clés : Émission, pratiques artistiques, télévision, grille des programmes, télévision, téléspectateur.

ABSTRACT

Nowadays, the best tool to change the human mentality is no longer fire, but culture. In the digital age, the cultural influence is fast-moving more than what we can imagine. Within this world of `giving and receiving', what is the internationally recognised artistic contribution of Cameroon through its television channels?

This dissertation entitled `Artistic practices and television in Cameroon in the digital age' focuses on the observation that programmes supply on artistic practices is very low. However, talents should hardly suffer from the lack of visibility with the advantages offered by new technologies. This does not allow us to explore the potential of the artistic masterpieces we have in order to spread them worldwide. It is a real danger, as a society gradually loses its background and own destiny when invaded daily by foreign images threatening its collective memory. Our work is divided into three parts. In the first part, it points out that a few television channels devote specific programmes to living arts, plastic arts and photography, as they do with politics and sport, because they are unaware of the importance of artistic practices in terms of content, on the one hand, and `bandwagon effect', on the other hand. In the second part, we were able to create 28 synopses. This shows how artistic practices can be a source of programme creation. Implementing these programmes would not only help to better advertise the artist and his or her work, but would also be beneficial from an educational stance for everybody, and especially for secondary school students. The third part aims to show that a cultural TV channel can generate income like any other TV channel. At the same time, it would help reduce unemployment by creating jobs for journalists, presenters and technicians. To do so, we put an emphasis on Cameroonian media. Then, we analysed the development and operation mechanism of each channel, based on information gathered during interviews. Finally, it emerged that it is possible to increase the rate of broadcasting. However, this rate is still low because of the broad nature of channels and the economic policy of each. Redefining article 9 of the 2015 law governing audiovisual activity; creating cultural and/or specialised thematic channels would enhance arts and culture in Cameroon.

Keywords: broadcasting, artistic practices, television, programme schedules, television, viewer.

CHAPITRE I : ÉTUDE ANALYTIQUE ET COMPARATIVE DE LA PRODUCTION DES EMISSIONS ARTISTIQUES

I-1- Analyse quantitative des productions artistiques dans les chaînes à forte audience 30

I-2-Analyse quantitative des productions artistiques dans les chaînes secondaires et tertiaires 51

CHAPITRE II : PRATIQUES ARTISTIQUES : SOURCE D'ÉMISSIONS POUR LA PROMOTION DES ARTS ET DE

Graphique N°1: Représentativité des émissions sur les pratiques artistiques dans les chaînes de télévision au Cameroun 13

Graphique N°2: Pourcentage des émissions artistiques dans les chaînes TV . 13

Image N°3: Grille de programmes de Canal 2, année 2019...........................................45 Image N°4: Grille de programmes de Canal 2, année 2020...........................................46

Tableau N° 1 : Fiche récapitulative de l'enquête sur les émissions artistiques dans les chaînes de

Tableau N°2 : Récapitulatif des films diffusés à la CRTV de 2017, 2020 à 2021 36

INTRODUCTION GENERALE

Après la création en 1986 de l'Office de télévision nationale (CTV) par une ordonnance (n) 86/005/PR) du Président de la République Paul Biya, le secteur de l'audiovisuel camerounais connaîtra une libéralisation par le Décret N°2000/158 du 03 Avril 2000 fixant les conditions et les modalités de création et d'exploitation des entreprises privées de communication audiovisuelle, ce qui a permis la naissance des premières chaînes de télévision au Cameroun. Ainsi, Ariane TV verra le jour en 2004, suivie de Canal2 International, Samba TV, Equinoxe TV, STV, Afrique Média, Vision 4. D'autres petites chaînes verront le jour par la suite comme, ABK TV, DBS, Infos TV, Canal 24, Cameroun 24 TV, New TV, Golden House, LTM, Canal Haoussa, Renaissance TV, CAM 10, Regard'Afrik TV et bien d'autres.

Créer une chaîne de télévision est assez aisé aujourd'hui, contrairement aux années antérieures. Toutefois, il faut souligner que structurer et meubler une grille de programmes avec des émissions captivantes est une épreuve difficile pour les éditeurs de service. La structuration d'une grille de programme dépend de la philosophie de la chaîne (ligne éditoriale). Parmi les programmes à diffuser se trouvent les pratiques artistiques.

Dans le souci d'une compréhension facile, nous avons choisi de définir la notion de pratique, non pas au sens littéral du mot, mais dans le sens approprié puisque nous sommes dans le champ des Arts. Patrice PAVIS dans son ouvrage Dictionnaire du théâtre dit qu'on traduit souvent par pratique spectaculaire, « la notion de performance qui est plutôt liée à l'idée d'accomplir une action » (to perform)¹. Pratiquer, c'est exercer une action, celle de représenter au spectateur (spectaculaire) ou de performer.²

La pratique à lui seul serait insuffisante de sens dans ce contexte car on pratique toujours quelque chose. On pratique ici un art. Alain SÉGUY-DUCLOS pensent qu'il est difficile de donner une définition à l'art. Le faire serait en quelque sorte coller une étiquette universelle à celle-ci, pourtant, la notion d'art varie d'un lieu à un autre. Toutefois, on pourrait dire que l'objet artistique est un «objet qui a été travaillé intentionnellement dans sa matérialité en sorte d'être appréhendé esthétiquement par le spectateur»³.

² Selon Patrice PAVIS, la performance est conçue en fonction de ce que font les performeurs, c'est-à-dire de ce que GROTOWSKI appelle « l'art comme véhicule », des artistes qui agissent : « les actants »

³ François, Raymond, Définir l'art, Alain Séguy-Duclos, Paris, Éditions Odile Jacob, 1998, 211 p. Horizons philosophiques, 11 (1), 157-159.

Chez Aristote, le mot «art» a, comme chez tous les Grecs, un sens très large : il désigne non seulement les beaux-arts, mais encore les métiers et les sciences appliquées.

L'art est avant tout une capacité, celle de produire des objets pour assouvir nos besoins ou satisfaire nos désirs. La technè permet donc de compléter la nature pour servir l'homme. L'art serait donc une puissance de production, dont l'Homme serait la cause efficace, le déterminant⁴.

À l'issue des deux concepts dont nous venons de donner une approche définitoire, la pratique artistique serait donc pour nous une « activité humaine constante destinée à la création des oeuvres et objets s'adressant délibérément aux sens, aux émotions, à l'esprit et axée dans une perspective culturelle bien précise afin de participer activement dans la vie sociale d'un peuple, d'une nation ».

Il existe une kyrielle de formes d'arts. Georges Hegel en distingue neuf catégories. Mais la récente classification de Ricciotto Canudo en distinguait plutôt sept. On peut souligner au passage que les tentatives de regroupement des formes d'arts ne naissent pas d'aujourd'hui. Ainsi, parmi ces formes d'arts, nous avons : l'architecture, la sculpture, la peinture, la danse, la musique, la poésie, le cinéma, la télévision et la bande dessinée. Ces arts peuvent être regroupés en catégorie. Nous avons entre autres les arts de la scène : musique, théâtre, danse, cirque, arts forains, arts de la rue, performances multidisciplinaires ; les arts plastiques : beaux-arts, photographie, arts appliqués ; la littérature : livres, lettres, contes, poésie, roman ; l'audiovisuel : cinéma, vidéo, multimédia, arts numériques⁵ ; les « arts médiatiques », qui regroupent la radio, la télévision et la photographie. Les arts de la bande dessinée, les arts du jeu vidéo et du multimédia⁶. Il y en a d'autres arts qui attendent d'être classifiés à la suite de celle-ci à l'instar de la performance artistique, le modélisme, l'art culinaire, le graphisme etc. Mais notre objectif n'est pas orienté dans ce sens.

Pour Roland Barth, « le spectacle est la catégorie universelle sous laquelle le monde est vu ». C'est donc une sorte de miroir du monde. Le procédé censé diffuser le spectacle possède les caractéristiques de la spectacularité. En réalité, la télévision est elle-même d'abord un spectacle car elle s'offre au regard du public. Pour rendre compte de ce qui se passe dans le

⁵⁵ Fabienne, COLLARD, GOETHALS, Christophe et al, « Les festivals et autres événements culturels », in Dossiers du CRISP 2014/1 (N° 83), pages 9 à 115

⁶ Thomas, CRAMPTON, « For France, Video Games Are as Artful as Cinema », The New York Times, 6 novembre 2006, (ISSN 0362-4331). Consulté le 20 Novembre 2020

monde, la télévision procède par enregistrement des autres spectacles. On enregistre le « son » et les « images » au même moment. C'est ce qui s'apparente ici à la vidéo ou vidéogramme.

Dans cet univers médiatique, qu'est-ce que le numérique et à quoi faisons-nous référence lorsque nous parlons de l'ère numérique ?

Les siècles ont toujours eu des dénominations qui les singularisaient les uns des autres. Cette singularité est en fait un référent inhérent à l'activité ou le climat régnant. Le 21^ème siècle est alors considéré comme le siècle de vitesse⁷ à cause de l'expansion du numérique dans tous les secteurs d'activité ; ce siècle est appelé l'ère du numérique. Mais qu'est-ce que le numérique ?

Plusieurs sens peuvent être dégagés sur ce qu'on entend par numérique. Le premier correspond à la matérialisation de l'information en données binaires. Le mécanisme de communication emploi deux canaux, celui analogique longtemps utilisé et le numérique qui fait une entrée fulgurante. Avec le numérique, ces signaux sont codés comme des suites de nombres, eux-mêmes souvent représentés en système binaire par des groupes de 0 et de 1. Le signal se compose alors d'un ensemble discontinu de nombres: il est devenu un fichier de nature informatique⁸.

Le Guide pratique de la migration au numérique au Cameroun présenté par l'APC et Balancing Act en 2013 permet davantage de s'imprégner de ce qu'est le numérique. Dans ce rapport, il précise que la radiodiffusion numérique peut ainsi continuer d'être perfectionnée par une meilleure qualité de l'image, notamment par la diffusion en Haute Définition et 3D. Par ailleurs, l'efficacité du spectre permet d'utiliser davantage de chaînes dans une tranche donnée du spectre radio disponible. Par exemple, jusqu'à 12 canaux numériques de définition standard (SD) peuvent tenir dans l'espace auparavant occupé par une seule chaîne analogique.⁹.

Ce canal est donc nouveau dans l'univers et oblige à une restructuration des médias classiques, principalement la télévision, c'est le deuxième sens de ce qu'on entend par numérique et donc la matérialisation n'est qu'une numérisation.

En 2015, Elodie KREDENS et Florence RIO rédigent un article intitulé : La télévision à l'ère numérique : entre pratiques émergentes et reconfiguration de l'objet médiatique. Elles

⁷ Michael, E., Sinatra et al, Repenser le numérique au 21^ème siècle, in revue Sens au public, Consulté sur DOI https://doi.org/10.7202/104363ar Consulté le 17 Novembre 2021 à 07h00

soulignent le fait que le 21^ème siècle a obligé la télévision à faire une reconfiguration à l'heure du numérique, un processus multiforme qui touche l'ensemble de la chaîne médiatique¹⁰. Il s'agit d'une nouvelle organisation des programmes. C'est donc dans cette perspective que s'inscrit notre recherche.

Les pays Européens ont connu une forte expansion du numérique en 2012, mais il fallu attendre quatre années pour que l'Afrique apprécie mieux l'effet du numérique. Selon le rapport du Ministère des Postes et Télécommunication, la grande pénétration du numérique au Cameroun se fait entre 2015- 2016. Dans ce rapport de 2016, on constate une forte croissance tant sur le nombre d'abonnés mobiles, soit 19 467 061 et 528 673 pour ce qui est des abonnés d'internet.¹¹ Il n'y a pas que la téléphonie mobile ou internet qui bénéficie des avantages de la numérisation, la télévision bénéficiera également des avancées de la nouvelle technologie. L'arrivée de la télévision numérique terrestre (TNT) permet désormais de mettre facilement sur pied sa chaîne de télévision et faire transporter son signal plus aisément contrairement à l'ancien système analogique qui entrainait des lourdeurs énormes dans le domaine audiovisuel. Grâce à cette nouvelle donne, TIC Magazine annonce le 25 Avril 2016 que le Cameroun va connaître l'arrivée de 17 nouvelles chaînes de télévision. Pour alimenter la TNT, la CRTV annonça créer 05 nouvelles chaînes numériques: en plus de la CRTV, la chaîne publique nationale principale, l'entité publique compte lancer `La Côtière, la chaîne du littoral'; CRTV News, chaîne d'information et d'actualités en continu; une chaîne culturelle et régionale; une chaîne éducative de télé-enseignement, fournissant une éducation à bas coût ; une chaîne de divertissement.»¹².

Le numérique, c'est aussi la multiplication des écrans et des dispositifs sociotechniques pluri-médiatiques. On assiste alors à la naissance des télévisions en ligne encore appelée Web TV, c'est le cas de CamerounNews24, Naija TV et autres. De nos jours, il est facile de mettre sur pied une chaîne de télévision en une journée et la faire transporter par Créolink qui détient déjà une grande part du marché sur le plan national. Sur le plan satellitaire, plusieurs opérateurs offrent déjà leur service comme Canal + Eutelsat, Amos et Startimes.

Dans cet univers digital, quelle est la place accordée par les chaînes de télévision camerounaises aux pratiques artistiques ?

¹⁰ Elodie, KREDENS et Florence RIO, « La télévision à l'ère numérique : entre pratiques émergentes et reconfiguration de l'objet médiatique » in Pratiques télévisuelles à l'ère du numérique, vol.1, n°44, 2015, p. 1. Consulté le 15 Mars 2021 à 11h45. https://doi.org/10.4000/edc.6332

¹¹ Ministère des Postes et Télécommunication, Plan stratégique Cameroun numérique 2020, Mai 2016.

C'est un programme de télévision diffusé en une seule fois¹³, généralement sous in titre ou un générique unique. L'émission peut être constituée de plusieurs supports et de plusieurs unités documentaires. Exemple : journal télévisé ou parlé.¹⁴

Les émissions de télévision incluent aussi les documentaires, les divertissements et les variétés en diffusant des spectacles de chansons ou d'extrait de spectacle par exemple, les jeux ou débats télévisés qu'ils soient politiques, économiques, scientifiques ou culturels (avec des journalistes, des intervenants qui seront interviewés et à qui on demande parfois de réagir sur des reportages) ou encore les émissions de téléréalité¹⁵.

Selon le dictionnaire le Sensagent, la télévision est un ensemble des procédés et techniques employés pour la transmission des images, après analyse (en points et en lignes) et transformation en ondes hertziennes. Ou encore, c'est un ensemble des activités et des services assurant l'élaboration et la diffusion d'informations et de spectacles par un courant électrique (ligne) ou par une onde (voie hertzienne), de façon séquentielle, les éléments d'une image analysée point par point, ligne après ligne. À l'origine, un mécanisme permet l'exploration d'un ensemble de cellules photoélectriques (mosaïque).¹⁶.

La grille des programmes est l'organisation chronologique, à l'échelle d'une journée, d'une semaine ou d'une saison, des programmes d'une chaîne de télévision. On peut encore dire que la grille de programme est une sorte de programmation télévisuelle qui consiste à choisir et de planifier sur une grille horaire la diffusion des différents programmes de télévision d'une chaîne télévisée, en faisant en sorte de maximiser leur audience, tout en respectant les contraintes auxquelles la chaîne est soumise¹⁷. La programmation doit refléter l'identité de la chaîne ainsi que la ligne éditoriale de celle-ci.

¹³ Diffusé une seule fois parce qu'elle passe en direct. Le direct est conditionné par les éléments temporels qui rendent l'événement instantané.

Personne qui regarde et écoute la télévision¹⁸. C'est la cible principale du travail abattu par l'éditeur de service, c'est l'unique consommateur des programmes offerts par la télévision. À cause de ses caprices et goûts, les éditeurs de services font toujours de leur possible pour satisfaire ses exigences.

Les motivations de notre travail sont axées sur le plan personnel et scientifique. 2-1-1- Motivations personnelles

Durant les cinq années passées au département des Arts et Archéologie, nous nous sommes rendu compte que les jeunes de ce département possèdent de nombreux talents, chacun dans sa spécialité ; malheureusement ceux-ci ne bénéficient pas des campagnes médiatiques visant à valoriser leurs savoir-faire à mondovision. Que ce soit les expositions, les journées portes ouvertes des plasticiens, des archéologues, les représentations théâtrales des dramaturges en herbe, les slamp-up, la quasi-totalité de ces activités de création passent très souvent de façon inaperçue ; pas un ombre des médias privés, ni de la chaîne nationale. Travailler sur ce sujet est notre contribution pour l'amélioration des conditions de visibilité sur le plan national et international d'une part, et permettre à ce que chaque jeune puisse avoir la chance de bénéficier des bienfaits d'une médiatisation afin d'exposer son talent et de mieux vivre de son art. Sur cette question, la carrière de la Slameuse LYDOL explose grâce à la grande visibilité accordée par TV5 Monde. Quant à Ulrich Takam, c'est grâce à sa participation au Parlement du rire diffusé sur Canal + qu'il acquiert une grande notoriété. Il est temps que l'artiste et son oeuvre soient mis au perchoir.

2-1-2- Motivations scientifiques

En tant qu'analyste des médias et ingénieur des programmes artistiques en herbe, mener une réflexion critique sur les pratiques artistiques dans les chaînes de télévision camerounaises nous permettra de formuler un modèle d'analyse et des méthodes qui conduiront à l'examination et à la résolution des problèmes sociaux ayant des fondements similaires.

Comme Jean Pierre FRAGNIERE le dit si bien « f...] on connait si peu de choses dans le domaine social ! Il y a tant à déchiffrer, à découvrir, et à analyser. Le plus souvent, le mémoire peut apporter une contribution significative à la découverte d'un domaine »¹⁹. Parlant justement de découverte, comprendre le mécanisme de production des contenus audiovisuels et le fonctionnement d'une chaîne de télévision à partir de sa grille de programme nous aidera à proposer des mesures très efficaces à la promotion des pratiques artistiques.

La démarche consacrée à l'étude sur les pratiques artistiques dans nos chaînes de télévision est un procédé d'analyse scientifique du problème. Ce regard scientifique jeté sur le problème nous permettra bien évidemment d'obtenir les résultats scientifiques, lesquels pourront servir de point d'ancrage à l'avancement de nombreux travaux tels que des articles, mémoires, thèses de Doctorat, etc.

2-2-2-Intérêt Culturo-économique

Il se dit très couramment que le monde est devenu un village planétaire. C'est simplement parce que les cultures du monde entier se rencontrent. Chaque pays devrait donc promouvoir sa culture. Tel que nous l'avons précisé dans la définition de pratique artistique qui est sienne, la pratique artistique revêt toujours un ancrage culturel. Vue dans ce sens, il n'est plus question à ce jour de pratiquer l'art pour l'art, mais plutôt l'art pour le progrès, et plus encore, pour l'économie. Notre travail démontre ainsi comment on peut créer des emplois et générer des ressources financières à travers la création des émissions consacrées uniquement aux différents types d'arts inhérents à notre sujet ; ce qui concourt en même temps à la valorisation des talents issus des pratiques artistiques à l'échelle mondiale.

2-2-3-Intérêt politique

Nous avons signalé dans notre deuxième objectif que si les pratiques artistiques ne sont pas assez représentées à la télévision, cela serait certainement dû au fait que les politiques de l'audiovisuel relatives aux arts et la culture sont mal formulées. Alexia Maruchi FOINO en définissant ce qu'on entend par institution pense que deux concepts permettent de comprendre

¹⁹ Jean Pierre, FRAGNIERE, Comment réussir un mémoire, Paris, Ed. Dunod, 1986, p.18.

²⁰ Alexia, MARUCCHI, « l'enseignement des théories sociologiques (atelier no 817) », in Cégep de l'Abitibi-Témiscamingue, Juin 2011, p. 12.

les fonctions assumées par les institutions auprès des individus afin d'assurer la cohésion sociale : l'intégration sociale et le contrôle social. Il déclare à ce propos que :

« D'une part, à travers la fonction d'intégration sociale, les institutions transmettent aux individus des valeurs, des modèles de comportements et des buts qui forment une base commune, partagée par l'ensemble des membres d'une même société. L'intégration sociale fait donc en sorte que ces membres partagent les mêmes valeurs, tendent sensiblement vers les mêmes aspirations et visent les mêmes finalités»²⁰.

Cela voudrait dire que l'État, qui est le garant des politiques nationales, a le devoir de formuler un modèle de pensée de vie qui permettrait une bonne cohésion sociale entre les individus. L'État le fait donc à travers les différentes institutions créées.

En projetant les propos de Alexia MARUCCHI sur notre sujet, cela voudrait dire que, l'État devrait formuler des bonnes politiques sur l'audiovisuel pour favoriser la création des programmes en grande quantité sur les arts et la culture, en fixant des quotas de diffusion pour les chaînes privées et celle publique et en cas de non-exécution, sanctionner.

Nous voulons aider les politiques camerounaises à lutter contre la perte en grande vitesse des valeurs culturelles propres au profit de celles occidentales en proposant des mesures adéquates permettant d'avoir plus d'émissions TV spécialisées sur les pratiques artistiques et pourquoi pas l'orientation de quelques textes définissant le pourcentage des émissions à caractère artistiques et culturelles, et de présenter les bienfaits d'avoir ces émissions. Car face à la massification des chaînes de télévision due aux progrès technologiques, notamment la TNT, le Cameroun se voie ainsi envahit par de nombreuses chaînes qui diffusent des programmes qui ne cadrent pas forcément avec la morale et contribuent à la dépravation des moeurs. Étant dans ce monde du « donner et recevoir universelle », qu'allons-nous avec ? Recevons-nous seulement des autres ? C'est à ce titre que le Réalisateur Gaston Kaboré cité par N'zepan Wada déclare que :

Une société quotidiennement et quasi exclusivement submergée par des images absolument étrangères à sa mémoire collective à son imaginaire, à sa référence et ses valeurs sociales et culturelles perd peu à peu ses repères spécifiques et son identité, du même fait, elle perd son aptitude fondamentale à imaginer, à penser et forger son propre destin²¹.

C'est donc dire que l'image a une valeur absolue dans le psychisme des individus. Elle contribue fortement à la formation des valeurs morales et à la vision de société.

Le premier objectif vise à comprendre le mécanisme de fonctionnement des chaînes de télévision et évaluer le taux de production des programmes annuels sur les pratiques artistiques afin d'en faire une comparaison de la productivité entre la chaîne publique (CRTV), celle privée (Canal 2 International) et dans les tierces chaînes.

3-3- Objectif secondaire N°2

Nous voulons présenter les bienfaits d'une représentativité de nos arts et cultures sur nos petits écrans afin de réduire les limites de la projection des pratiques artistiques dans les TV à travers des émissions spécialisées. Le Cameroun se retrouve envahit par des images extérieures et réduit au titre de consommateur des autres cultures parce que d'une part, il n'y a pas d'innovation concernant les émissions artistiques et culturels, on se retrouve parfois en train de regarder un programme européen comme « Super Tatouage » diffusé sur TFX, lequel incite à la pratique d'un art pas très conseillé. D'autre part l'absence de productions des émissions sur les pratiques artistiques ne favorise pas la promotion des oeuvres artistiques et culturelles ainsi que la valorisation du créateur.

3-4- Objectif secondaire N°3

Notre troisième objectif vise à démontrer que les pratiques artistiques sont une source, un potentiel de développement économique et culturel dans la mesure où, leur exploitation rationnelle conduit à la mise sur pied des émissions spécialisées sur toutes les formes d'arts, par ricochet la création des chaînes de télévision thématiques avec des contenus meublés tels que les Journaux, magazines, téléréalités, divertissements, concours des meilleures oeuvres d'art etc. Tout en valorisant l'oeuvre et l'artiste, cette initiative va également favoriser la création des

²¹ Gaston, KABORÉ, 1995 :21 cité par N'zepan, WADA, théâtre et cinéma : l'adaptation cinématographique de le revenant de Gervais Mendoze par Yolande Ekoumou Samba, Mémoire de Master, Université de Yaoundé I, 2007. p. 15.

emplois dans le domaine de l'audiovisuel. Dès lors, les pratiques artistiques au fil du temps vont conquérir un grand public ; l'art ne sera plus banalisé tant dans la conception (par les praticiens) que dans la réception (Auprès du public).

Aujourd'hui, nous assistons à une explosion des talents chez les jeunes dans le domaine artistique. Ils sont désormais créateurs et maîtres dans les domaines des arts vivants tels que : théâtre, la comédie, le one-man-show, slamp-up, concert de musique, les arts de la rue, cabaret, danse-théâtre. Mais également dans d'autres domaines artistiques tels que la peinture, sculpture, poterie lesquelles peuvent aussi faire l'objet d'une reproduction filmique. Ces talents restent noyés dans l'ombre, pourtant, le paysage audiovisuel camerounais est florissant, il compte plus de 30 chaînes de télévision. Alors qu'est-ce qui coince ?

Pour dégager le problème, nous avons mené une enquête qualitative et quantitative auprès de 14 chaînes de télévision généralistes considérées comme étant les meilleurs en termes de visibilité, d'offre de programmes, et ayant un fonctionnement un peu plus adéquat. Il s'agit de la CRTV Premium, CRTV Sport and Entertainment, CANAL 2 International, VISION 4, EQUINOXE TV, INFO TV, DBS TV, STV, ARIANE TV, SUN TV, REGARD'AFRIK TV, CAM 10, CANAL 24. En dehors de Canal 2 International et de la CRTV Premium, nous avons observé le reste des chaînes sur une période d'une année, soit la fin du semestre 2020 et le 1er semestre 2021. En dehors de la CRTV Premium et de SPORT and Entertainment qui fonctionne à 80% avec les conducteurs d'antenne, le reste des chaînes fonctionnent avec les grilles de programmes semestrielles ou annuelles. Dès lors, il était plus aisé pour nous d'observer ces dernières. En parcourant ces chaînes, notre objectif était de répertorier les différentes émissions illustrant les pratiques artistiques. Rappelons qu'une émission télévisée est une production audiovisuelle d'une certaine durée diffusée sur une chaîne de télévision. L'émission est organisée de la manière suivante : son genre (Talk-show ou animation etc.), son but, son public cible, le mode de présentation, le mode de diffusion (Flux ou stock), les jours et horaires de diffusion. Ceci permet de faire une distinction entre des diffusions instantanées pour meubler l'antenne et les émissions dédiés à chaque type d'art. En Anglais, un `'program» est une grille regroupant plusieurs émissions.

Nous avons élaboré une fiche d'enquête (voir fiche d'enquête en annexe 11) permettant d'identifier les émissions destinées aux différents arts étudiés dans notre travail. À l'issue de cette enquête, nous avons obtenu les résultats suivants :

Tableau N° 1 : Fiche récapitulative de l'enquête sur les émissions artistiques dans les chaines

	Chaînes	Émissions sur les arts vivants	Émissions sur les Arts plastiques	Émissions sur les arts visuels
1	CRTV Premium	Humour (Boly Bolingo, 2017), Spectacle Spécial, Théâtralement votre, Best of Talent de chez nous, Comedy (Tsini et Baba) Soir au village (PI), Le club des tout petits	Bandes dessinées (PI)	Life point
2	CRTV Sports and Entertainment	00	00	00
3	CANAL 2	Canal club comedy, More de Lap Castel Life Comedy, ON 7 (Canal 2 Movies)	Minga et la Cuillère Cassée Découverte	100% CINE
4	EQUINOXE	00	00	00
5	VISION 4	Carrefour Call box (PI) ; Mimi la bobonne		Ciné vision, Ciné Légende
6	INFO TV	00	00	00
7	ARIANE TV	Humour x3	00
8	STV	00	00	00
9	LTM TV	00	00	00
10	DBS	00	00	00
11	SUN TV	00	00	00
12	REGARD'AFRIK TV	Humour (Les feat de Takam)	00	00
13	CAM 10	00	00	00
14	CANAL 24	00	00	00

Source : Données issues des chaînes de télévision et compilées par l'auteur, Mai 2021.

Partant de cette fiche récapitulative et des résultats obtenus, on peut conclure que le taux de représentativité des programmes ou émissions sur les pratiques artistiques est très faible. Il se pose donc un problème selon lequel les pratiques artistiques ne sont pas assez explorées par les chaînes de télévision camerounaises. Autrement dit, dans le sens Helborien, il n'y a pas

reproduction filmique ou télévisée²² des potentialités des oeuvres artistiques ne sont pas suffisamment explorées par les chaînes de télévision camerounaises. Cela se traduit au sens Helborien par insuffisance de reproduction filmique ou télévisée des pratiques artistiques qui ne permettent pas à l'artiste de vivre de son art, mais causent une difficulté de quantifier et qualifier le potentiel regorge le Cameroun en termes artistiques. En outre du point de vue économique, ce problème cause un manque à gagner en termes d'employabilité des techniciens et journalistes.

Précisons que la plupart des chaînes n'ont pas d'émissions spécialisées, c'est-à-dire une émission consacrée à un type d'art spécifique et avec des invités qui vont débattre sur une thématique précise ou encore une émission de terrain²³. Nous avons plutôt des mini-reportages qui présentent les artistes dans leurs activités et pour la plupart du temps, les diffusions des PAD soit des concerts enregistrés ou de la comédie. S'il faut ainsi parler de programme²⁴.

En observant le tableau statistique ci-dessus, nous nous rendons compte que sur 14 chaînes de télévision, seulement 05 chaînes présentent des matrices de pratiques artistiques ciblées dans notre étude, lesquelles sont soit à fréquence forte ou faible. En appliquant la règle de trois sur l'effet de représentativité d'une manière générale, nous avons un taux de 35%.

²² Dans son livre « 50 questions », André Helbo définit la reproduction filmique ou télévisée comme étant la création et l'enregistrement des émissions sous tous les aspects artistiques. Par « télévisé », on entend la couverture des évènements en direct.

²³ Les émissions en studio nécessitent un présentateur, des invités et sont généralement diffusées en direct. Par contre les émissions de terrain son généralement des émissions en PAD, ce sont des mini-reportages ou grands reportages sur des sujets précis. Il n'y a pas de complexe à être assis autour d'une table pour parler d'un sujet.

²⁴ Dans le paysage audiovisuel Camerounais, on accepte le terme de « programme » pour mettre une différence entre « une émission » qui est plus organisée et structurée comme on vient de le dire si dessus contrairement à un programme qui l'est le moins. Du moins c'est pour faire la différence entre ce qui est « talk-show », entretien avec un ou plusieurs invités autour d'un plateau et « ce qui n'est pas talk-show ». Nous signalons que ce n'est pas conventionnel mais une adaptation langagière.

Graphique N° 1: Représentativité des émissions sur les pratiques artistiques dans les chaînes de télévision au Cameroun

Source : Auteur, représentativité des émissions artistiques dans les chaînes, Mai 2021.

Source : Auteur, Pourcentage des émissions artistiques dans les chaînes, Mai 2021.

Produire c'est résoudre les problèmes d'identification et de vulgarisation de l'héritage culturel et artistique. Hans Robert Robert JAUSS affirme à ce propos que :

« L'activité de communication (qui est) la littérature n'est pas un simple produit mais aussi un facteur de production de la société. Elle véhicule des valeurs esthétiques, éthiques, sociales qui peut contribuer aussi bien à transformer la société qu'à la perpétuer telle qu'elle est.»²⁵

Hans Robert Jauss, parlant de l'activité de la littérature, s'adresse de manière générale à l'art. Dans un monde ou les pays s'influencent par leur culture, il est difficile de consommer camerounais sans une véritable production camerounaise.

²⁵ Robert, JAUSS, Pour une esthétique de la réception, Gallimard, 1978, p. 35.

4-2-Problématique

Michel beau définit la problématique comme étant « un ensemble construit autour d'une question principale, des hypothèses de la recherche et des lignes d'analyses permettant de traiter le sujet »²⁶. Suivant le problème posé, nous avons d'une part les talents, et d'autre part les opportunités techniques et technologiques censées mettre ces talents en lumière. La problématique étant une porte par laquelle le problème peut être résolu, nous avons formulé les interrogations suivantes : A cette ère du numérique, n'y a-t-il pas lieu de créer des émissions artistiques spécialisées pour promouvoir l'artiste et son oeuvre sur la scène national et international afin qu'il vive mieux de son art ? Ne faut-il pas aussi penser à une politique culturelle favorisant le taux des émissions sur les pratiques artistiques ?

4-3-Questions de recherche

Question Centrale: Qu'est-ce qui explique l'insuffisance des émissions sur les pratiques artistiques et que faut-il faire pour accorder plus d'importance à celles-ci au même titre que les émissions, de sports, de politiques etc. ?

Question 1 : Quelles politiques et pour quels résultats en matière d'élaboration des grilles de programme dans les chaînes de télévision camerounaises ?

Question 2 : Dans quelle mesure les pratiques artistiques peuvent-elles constituer une source de créativité d'émissions artistique pour la promotion des artistes et leurs oeuvres ?

Question 3 : Quels avantages économiques peut-on tirer à travers la mise sur pied des émissions spécialisées sur les pratiques artistiques ?

4-4-Hypothèses de recherche

Hypothèse générale: Les pratiques artistiques ne seraient pas assez présentes dans nos chaînes de télévision à cause d'un manque de motivation, de l'ignorance des potentialités économiques et du regard dédaigneux sur la perception des arts plastiques et arts vivants.

Hypothèse 1 : Le taux annuel de production des programmes sur les pratiques artistiques dans les chaînes de télévision serait faible parce que lesdites chaînes ne produisent pas suffisamment de contenus destinés à la diffusion. Elles attendent plutôt souvent les P.A.D (Prêt À Diffuser)

²⁶ Michel, BEAUD, L'art de la thèse : comment préparer et rédiger une thèse de doctorat, un mémoire de DEA ou de maitrise ou tout autre travail universitaire, Paris, La découverte, 1990, p. 31. Cité par Césaire MOUTE K, p. 9.

²⁷ Césaire, MOUTE, Le rôle des télévisions Camerounaises dans la production, la réception et l'influence des fictions télévisuelles au Cameroun, Mémoire de Master II, Université de Yaoundé I, Novembre 2015.

produits par les producteurs indépendants. Toutefois, ces producteurs le font plus souvent pour faire la promotion de leur structure ou produits. C'est le cas de « Castel Live Comedy », « Mor 2 lap ». Ces programmes connaissent une diffusion sporadique parce que les chaînes de télévision sont des partenaires financiers ou du fait d'avoir perçu de l'argent pour diffuser, ou tout simplement il s'agit d'aide à la promotion.

Hypothèse 2: Les pratiques artistiques constitueraient une source inépuisable de création d'émissions de tout genre qui participeraient à l'édification du public et à l'amélioration de la qualité des produits artistiques à l'issue des différentes critiques.

Hypothèse 3 : Les pratiques artistiques seraient un gisement inexploré d'emplois dans le secteur audiovisuel. De cette exploration naitraient un cadre de démonstration du savoir-faire pour une rétribution financière.

5- Aperçu de la littérature

De nombreux travaux scientifiques ont examiné le cinéma et la télévision dans de divers champs. Mais peu ont exploré la politique de diffusion des programmes artistiques à la télévision. Étant donné qu'un travail scientifique se veut aussi lucide et digeste sur le plan cognitif, nous allons nous limiter exclusivement aux travaux convergents dans notre perspective générale. Le premier auteur qui se rapproche fortement de notre travail est Césaire MOUTE « Le rôle des télévisions camerounaises dans la production, la réception et l'influence des fictions télévisuelles au Cameroun, Mémoire de Master II, Université de Yaoundé I, Novembre 2015 ».²⁷ Dans son travail, il essaye de comprendre ce qui explique la diffusion massive des fictions étrangères dans ses archétypes choisis à savoir CRTV et Canal 2 International ? Il interroge l'origine du problème en émettant deux postulats. Peut-être, serait-ce la faible quantité des programmes locale et ou simplement le manque de collaboration entre les chaînes de télévision et les producteurs indépendant ? Après avoir examiné le pourquoi des préférences du public dans les villes cosmopolites du Cameroun à savoir Yaoundé et de Douala, il s'est rendu compte que ces cinéphiles préfèrent les fictions télévisuelles pour deux raisons : elles sont très attrayantes et les grilles de programme de Canal 2 et CRTV sont étoffés par lesdites fictions.

Pour corriger le tir et promouvoir la consommation locale, Césaire MOUTE propose une panoplie de solution telles que l'auto-évaluation des chaînes de télévision, la création d'un festival de fiction télévisuelle nationale, l'introduction des arts et de la culture dans les programmes scolaires, etc.

Plusieurs chercheurs ont travaillé sur la question des productions cinématographiques télévisées. Marcelin Wada Nzepan dans son mémoire de DEA intitulé « Théatre et cinéma : l'adaptation cinématographique de le REVENANT de Gervais Mendoze par Yolande Ekoumou Samba » fait valoir que l'adaptation cinématographique du théâtre est tributaire du langage cinématographique. La transposition du spectaculaire théâtrale au niveau cinématographique passe par l'utilisation des moyens technico-artistiques propres au cinéma tels que : la réécriture de la pièce de théâtre en scénario (Transcription intersémiotique), l'éclairage, la réalisation, les caméras appropriées, le décor, des données culturelles²⁸, etc.

Pour faire connaitre son talent et vivre de son art, l'artiste camerounais est obligé de réaliser un vidéogramme. C'est le sujet de réflexion de Wolfgang OMBGA en 2008 dans son mémoire intitulé « L'Évolution du costume de danse dans les vidéogrammes Camerounais de 1985 à 2005 : le cas des artistes M. Fragile, Roger Bekono, K-Tino et Petit Pays.»²⁹. Après l'arrivée de la CTV (Cameroon Television », les artistes camerounais se sont lancés dans la réalisation des clips vidéo pour non seulement promouvoir l'artiste, mais aussi la culture Camerounais. Dans cet élan de promotion, le costume est l'une des pièces maîtresse dans l'habillage des danseurs et artistes. Fortement culturalisé, les costumes étaient pour la plupart traditionnels, les artistes étaient bien vêtus. Mais au fil du temps, on constate une dépravation des moeurs à travers les costumes dans les vidéogrammes. C'est le cas de K-TINO dans ne « pousse pas le bouchon loin », « embouteillage » de Petit PAYS. Ces habillements des danseurs et artistes sont qualifiés de « provocation », voire de « nude » pour créer sensation et susciter l'envie de regarder puisque le sexe est la chose que l'homme aime le plus. Malheureusement, dans la course sans canalisation du gain et de la promotion de l'artiste et de l'accomplissement du devoir de diffuseur de la part de la CTV, tous sont coupables - réalisateur, l'artiste, danseuses et la télévision encourageaient la dépravation des moeurs.

²⁹ Wolfgang, OMBGA, L'Évolution du costume de danse dans les vidéogrammes Camerounais de 1985 à 2005 : le cas des artistes M. Fragile, Roger Bekono, K-Tino et Petit Pays, mémoire de Maitrise, Université de Yaoundé I, 2008.

En 2014, le Pr Fadil ABDELMAJID examine les mécanismes de rentabilisation financière en menant une étude sur « l'économie de la télévision ». Les ressources économiques de la télévision sont variées. Les spots publicitaires, le sponsoring et bien d'autres modes publicitaires sont de véritables leviers de rentabilité, sans oublier le mode économique des chaînes payantes. Le professeur dans son étude démontre que la répartition inégale des investissements publicitaires entre les médias s'explique par les critères de choix des supports publicitaires des annonceurs qui privilégient, tantôt, le nombre de téléspectateurs quand la publicité concerne un produit de grande consommation, et tantôt, des cibles « rentables » permettant de toucher au moindre coût un maximum d'acheteurs. Certains pays comme le Royaume-Uni, la Suède et la Norvège refusent le financement par la publicité contrairement aux pays comme l'Espagne et le Portugal qui acceptent. À cause des questions de statut, une bataille s'est déclenchée entre les chaînes publiques et privées européenne. Elles partent d'une plainte déposée par les groupes audiovisuels privés, pour concurrence déloyale, contre les groupes publics (Murdoch contre la BBC, Berlusconi contre la RAI, l'association des TV privées allemandes contre l'ARD et ZDF, TF1 contre France 2 et France 3, les chaînes privées espagnoles Télécinco et Antenna 3 contre la RTVE). Ces plaintes contestaient la légitimité des chaînes publiques à avoir accès au marché publicitaire, ou à diffuser des programmes de même nature que ceux des chaînes privées³⁰.

Le visuel est à l'heure actuelle le motif d'attractivité des téléspectateurs. Une chaîne présentant une bonne charte graphique sera forcément regardée. Roger Ebellé MBANGUE dans son mémoire d'étude supérieure en cinéma et audiovisuel intitulé : « L'habillage d'antenne : cas de la Cameroon Radio Television » examine la qualité de la charte graphique de la CRTV News en 2019. Il se rend compte que la chaîne a beaucoup évolué sur ce plan et propose quelque chose de différent depuis le basculement au numérique. L'arrivée du numérique aurait permis de changer certains aspects visuels comme les logotypes, le générique de la publicité, et bien d'autres. Toutes les chaînes procèdent ainsi depuis 1955 dans le but d'innover et d'apporter ce qui est de plus beau. C'est notamment le cas des télévisions comme France Télévision et la première Télévision Française. Dans son travail, il entreprend dans un premier temps de montrer comment « les choix d'habillage opérés par la CRTV notamment à travers son logotype, ses documents de communications et même les éléments propres à l'auto promotion ont évolué à

³⁰ Fadil, ABDELMAJID, L'économie de la télévision, Institut Supérieur de l'Information et de la Communication, année académique 2013-2014, 160 pages.

travers les âges partant du monopole national de la CTV au contexte actuel »³¹ . Dans un autre volet, il examine la couleur d'antenne arborée par la CRTV en ce moment. Il se rend compte que celle-ci ne correspond à celle d`une chaîne d'envergure internationale. Après analyse, il arrive à la conclusion selon laquelle l'habillage d'antenne de la CRTV Prémium est encore traditionnel du fait de vouloir rester en contact avec ses téléspectateurs. Même s'il est vrai que la chaîne a arboré une nouvelle couleur, il n'en demeure pas moins que les éléments de promotion d'antenne sont mal conçus. Il faudrait donc que la chaîne repense de manière professionnelle à un nouvel habillage graphique de son logotype, les génériques de promotion d'antenne. En tant que réalisateur, nous lui accordons un total crédit puisque nous avons fait le même constat qui ne se limite pas à ce problème, mais aussi aux plateaux de télévision, notamment celui du 20 heures qui a été conçu avec légèreté. Ce plateau est d'ailleurs téléchargeable et modifiable puisque nous l'avons utilisé une fois lors de nos petits travaux. Cette recherche traite des questions d'identité visuelles tandis que nous, nous traitons de la représentativité des arts à la télévision.

Romuald Parfait NGOMSI ne parlera pas des problèmes techniques de la CRTV puisqu'il est un passionné du théâtre et du cinéma pour le développement. Dans son mémoire intitulé « Théâtre et cinéma pour le développement au Cameroun: Production, promotion et diffusion »³², il constate que les projets de théâtre et de cinéma pour le développement ne sont pas accompagnés par les médias en termes de couverture médiatique. Les ateliers organisés par le Prof Bole Butake accompagné du Dr. Emelda SAMBA auraient eu un impact sur le plan national et international si les médias avaient relayé les ateliers à travers des espaces de diffusions précis. Le théâtre et le cinéma pour le développement étant perçus par plusieurs spécialistes de communication dudit domaine comme des moyens de sensibilisation de masse, l'accompagnement de la télévision nationale aiderait toutes les populations du Cameroun à être sensibilisé, à s'y intéresser davantage et à participer au changement des mentalités. En plus de cela, il a démontré que l'approche méthodologique du cinéma pour le développement gagnerait à intégrer dans son approche de mise en place certains aspects procéduraux de la vidéo participative.

Notre recherche s'inscrit ainsi dans la suite logique de ses investigations mais avec une orientation plus ouverte et non plus avec un seul média, mais les médias du Cameroun.

De toutes ces littératures consultées, on peut dire que sur le plan théorique, les recherches de Césaire MOUTE, Roger EBELLE, Romuald NGOMSI et Fadil ABDELAMAJID se rapprochent

³¹ Roger, EBELLE, L'habillage d'antenne : cas de la cameroon radio television, mémoire d'études supérieures en cinéma et audiovisuel, Institut des Beaux-arts de Nkongsambaen, 2019, p. iv.

³² Romuald, NGOMSI, Théâtre et cinéma pour le développement au Cameroun: Production, promotion et diffusion, Mémoire de Master en Arts du Spectacle et Cinématographie, 2013, 148 pages

de la nôtre dans le sens général. Mais de manière spécifique, Romuald NGOMSI et nous abordons la même thématique, la production, la promotion et la diffusion des arts sur le petit écran. La nôtre se singularise de la sienne sur trois axes. Premièrement, nous abordons la question dans quatorze (14) chaînes de télévision camerounaises, contrairement à sa recherche qui s'est limitée à la chaîne de télévision publique. Ensuite, nous questionnons la place non pas de deux types d'arts, mais d'une variété de types d'arts. Et enfin, notre travail examine la philosophie d'élaboration des grilles des programmes des chaînes TV sans laquelle il serait difficile de comprendre l'orientation éditoriale de celles-ci.

6-Corpus de la recherche

L'échantillonnage est un ensemble d'éléments sur lesquels vont s'appuyer les recherches pour en tirer des résultats. Notre corpus est constitué de deux chaînes de télévision : CRTV et Canal 2 Internationale pour les raisons suivantes.

6-1- La CRTV télévision

La Cameroon Radio Television (CRTV) est un établissement public à caractère industriel et commercial créée le 17 décembre 1987 par la loi n°87/020 et dont l'organisation et le fonctionnement sont fixés par le décret n° 88/126 du 25 janvier 1988. Dotée d'une personnalité juridique et d'une autonomie financière, la CRTV assure le service public de l'audiovisuel camerounais. Elle comporte une radiodiffusion et une télévision dont les signaux sont transportés jusqu'au fin fond de l'arrière-pays par un réseau de 36 centres de diffusion. La CRTV compte également 10 stations régionales couvrant l'ensemble des 10 régions du pays et reflétant les valeurs de chacune d'entre elles.³³ Elle vient de disséquer la chaîne mère en plusieurs sous chaînes dont CRTV News et CRTV Sports and Entertainment. On peut aussi évoquer d'autres raisons selon lesquelles la chaîne mère est sur câble, elle est facilement accessible aux ménages par faisceaux hertziens gratuitement grâce ses points de relais implantés dans la plupart des chefs-lieux de département. Elle est aussi la plus ancienne et la première chaîne de télévision au Cameroun, par conséquent elle a une forte audience. Dans son rapport pour l'exercice 2017-2018, « Médiamétrie » publié par Le magazine LeBledParle.com classe la CRTV télé au top de toutes les chaînes du Cameroun en affirmant que « la CRTV TELE rassemble le plus grand nombre de téléspectateurs au quotidien devant Canal2 puis Novelas

33 Rostand, MAGHEN NEGOUF, Présentation de la CRTV, Global Executive MBA, Master Professionnel en Marketing-Vente, 2016. Disponible sur https://maghen2.blogspot.com/2017/04/?m=1 Consulté le 06 Mai 2019 à 16h10

TV. Si elles sont éloquentes, ces statistiques sont toutefois surprenantes. »³⁴ . Outre ces éléments, c'est une chaîne TV qui bénéficie également des redevances audiovisuelles de tous les travailleurs (sous contrat) camerounais.

6-2- Canal 2 international

Les mesures d'audience de 2019 place la chaîne Équinoxe TV comme première chaîne. Toutefois, il faut préciser que l'audience n'est pas le seul critère d'évaluation ayant conduit au choix de l'échantillon d'une chaîne privée. En termes d'audience, Canal 2 en a toujours, toutefois, Équinoxe est venue ravir la scène entre 2019-2020 à cause des débats politiques organisés sur la crise anglophone, lesquels ont conduit plusieurs téléspectateurs à y consacrer leur temps. Mais si le regard s'est porté sur Canal 2, c'est par rapport à un autre critère, ses programmes sur le divertissement contrairement aux autres chaînes.³⁵

Il ressort du rapport de « Médiamétrie » que Canal 2 International a été la chaîne privée la plus regardée au Cameroun entre 2017-2018. Cette audience du public est certainement due aux émissions Canal press, C'comment, Nous chez vous, l'Arène, 100% CINE et la diffusion de quelques matchs de la champions league en direct. Canal 2 International est au top des médias au Cameroun. Dans ce rapport, il est mentionné que :

Entre le 10 septembre 2017 et le 5 février 2018, près de 77% (76,7%) des habitants des villes de Douala, Yaoundé, Bamenda et Bafoussam ont regardé la télévision durant un jour moyen de semaine (Lundi-Dimanche). Ils y ont consacré en moyenne 4 heures et 9 minutes chaque jour.³⁶

Canal 2 demeure la chaîne avec laquelle l'audience est le plus en contact. Plus de 86% de l'audience affirme regarder Canal 2 de façon régulière. Précisons aussi ici que, chez Canal 2 la plus grande partie de l'audience appartient à la classe moyenne (89%) alors qu'à la CRTV, c'est la classe à revenus les plus élevés qui domine (84%).³⁷

Il est donc clair que notre choix est fonction de deux éléments : les programmes et l'audience. Pour mieux comprendre le problème évoqué dans notre sujet, nous allons faire une

analyse de leurs programmes pour déduire le quota réservé à la diffusion des programmes artistiques.

7- Délimitation du sujet de recherche

La délimitation est définie par Roger MUCCHIELLI comme « l'ensemble des données sur lequel va ou doit s'effectuer l'analyse du contenu » ³⁸. Il est important pour nous de préciser dès le départ nos bornes scientifiques et temporelles. Il sera premièrement question de circonscrire notre champ sur les pratiques artistiques en disant ce qu'on y met? Deuxièmement de donner les noms des chaînes de télévision qui constitueront les échantillons ainsi que les raisons qui ont conduit au choix.

André Helbo dans son ouvrage « 50 questions » décrit ce qu'on entend réellement par pratiques artistiques. Les pratiques artistiques sont simplement la pratique des arts. Les « arts du spectacle » sont divisés en deux catégories. Nous avons les arts vivants encore appelés arts de la représentation, les arts médiatisés et les arts mécanisés. Pour les premiers, ce sont les « formes esthétiques recouvrant à l'icônicité (peinture, photographie, bande dessinée, cinéma, certaines formes de théâtre, de danse ou de cirque) »³⁹, tandis que les seconds sont une sorte « d'enregistrement et de reproduction du même message esthétique au détriment de sa force événementielle »⁴⁰. Les arts du spectacle vivant renverraient aussi aux pratiques spectaculaires de nature esthétique organisées en fonction de conditions d'énonciation liées à leur nature événementielle : Théâtre, opéra, cirque, mine, danse, danse-théâtre, arts de la rue, festival, marionnette, corrida, arts forains, music-hall, cabaret, strip-tease, concert etc.⁴¹ Soulignons qu'en télévision, on parle plus de spectacle de télévision. De ce fait, on distingue 03 grands groupes de spectacle : Les spectacles vivants, les spectacles filmés et les événements.

Étant donné que notre travail suit une ligne éditoriale scientifique bien définit, laquelle précise le département, la filière et la spécialisation, nous allons nous atteler aux pratiques artistiques pratiquées au Cameroun, et beaucoup plus celles bénéficiant d'un cadre pédagogique

Média intelligent est un site d'informations spécialisé dans l'audiovisuel en Afrique. Consulté le 06 mai 2019 à 17h05 min

³⁹ André, HELBO, 50 questions, Université libre de Bruxelles, Klincksieck, 2007, p. 41.

dans notre département et qui ne jouissent pas d'une grande visibilité à travers des programmes TV au même titre que les autres programmes TV tel que la musique et le sport. Il s'agit de : les arts plastiques : (dessin, peinture, sculpture, poterie, modelage, collage, bande dessiné, body painting etc.) ; les arts de l'expression (écriture, lecture, mime) ; les arts corporels, du spectacle et de la scène : expression corporelle, théâtre, danse (patrimoniale); contes, la comédie, slamp-up, stand-up ; les arts graphiques et visuels : calligraphie, photographie et cinéma ; la nouvelle vague, les arts numériques.

7-2- Délimitation temporelle

Notre borne temporelle suit la logique de nos explications sur ce qu'on entend par l'ère du numérique au Cameroun. Il va sans doute dire que la borne A est située en 2016, point de la grande pénétration du numérique au Cameroun et la borne B en 2021, année de rédaction de notre travail. Cette borne est d'autant plus illustrative pour questionner la place de l'art dans la création des chaînes thématiques car c'est à la même année que la chaîne publique qu'est la CRTV annonce la création de cinq (05) chaînes de télévision thématiques parmi lesquelles, la chaîne culturelle qui n'a pas encore vu le jour. C'est aussi la naissance de la TNT qui vient aider à desservir les ménages en termes d'images de qualités. Cette période est également le pic de la naissance des chaînes de télévision au Cameroun à cause des facilitations offertes par le numérique comme nous l'avons démontré à la présentation du sujet.

7-3-Délimitation Géographique

Notre étude porte sur deux régions : le centre et le littorale. La première région, dont la capitale est Yaoundé abrite le siège de plusieurs chaînes de télévision tels que : la CRTV, Vision 4, Info TV, Canal 24, Cam 10, Regard'Afrik TV. La deuxième région avec pour capitale Douala abrite les chaînes Canal 2 International, Equinoxe TV, DBS, SUN TV.

8- Cadre théorique

Le cadre théorique est l'appareil conceptuel qui permet de mener une étude. Pour faire simple, Omar AKTOUF définit plutôt la théorie comme « la réunion d'un ensemble de lois concernant un phénomène donné en un corps explicatif global et synthétique »⁴².

⁴² Omar, AKTOUF, Méthodologie des sciences sociales et approche qualitative des organisations. Une introduction à la démarche classique et une critique. Montréal: Les Presses de l'Université du Québec, 1987, p. 24

⁴³ Bronislaw, MALINOWSKI, Les Dynamiques de l'évolution culturelle : recherche sur relations raciales en Afrique, Paris, Payot, 1970, p73

Dans le cadre de notre travail, nous utiliserons l'approche fonctionnaliste comparée. Après une longue observation sur ce que diffusent les médias du Cameroun, nous nous sommes rendu compte que la conception des grilles d'antennes ne tient pas toujours compte de toutes les composantes de la société. Pour comprendre comment les chaînes de télévision structurent leurs grilles de programme ainsi que leur fonctionnement, nous utiliserons la théorie dite fonctionnaliste dans une perspective comparative. Comment la CRTV, chaîne publique structure-t-elle sa grille de programme par rapport à une chaîne privée, leader du marché comme Canal 2 International sur les questions artistiques ?

8-1-Le fonctionnalisme dans une perspective comparée

Théorie anthropologique formulée par Bronislaw Malinowski dans les années 1930, le fonctionnalisme a constitué l'une des plus importantes théories sociologiques du 20^e siècle. Elle consiste en une lecture de la société comprise à partir des fonctions qui assurent sa stabilité. Après Bronislax MALINOWSKI, plusieurs autres auteurs ont développé les modèles d'analyse sur les aspects du fonctionnalisme tels que Robert K, Merton et Talcott PARSONS. Le fonctionnalisme est une théorie utilisée pour la première fois par Bronisaw MALINOWSKI dans l'ouvrage « Les Argonautes du Pacifique occidental »⁴³, produit d'un long travail d'observation participante qu'il réalisa dans les îles Trobriand. Avant le fonctionnalisme, deux théories existaient déjà pour faire une analyse de la société. Ces théories furent déjà critiquées par Malinowski qui les trouvait limitées, ou ne donnaient pas une lecture assez nette de la société. Il s'agit de l'évolutionnisme et du diffusionnisme. La première, c'est une théorie qui analyse les pratiques des différentes sociétés comme les résultats de leur évolution et qui postule l'unicité du genre humain. Pour les évolutionnistes, on peut rendre compte des différences entre les sociétés par leur degré de développement. Par contre, la seconde théorie considère que les sociétés sont fondamentalement diverses à cause des pratiques qui sont des emprunts culturels aux sociétés voisines. MALINOWSKI s'inscrit en faux contre cette méthode d'analyse. Il pense pour sa part qu'une société doit plutôt être analysée à partir de son fonctionnement. Prenant exemple sur le rite qui concourt à la construction des pirogues chez les trobriandais, il explique que toutes les articulations de la construction de la pirogue ont un besoin humain :

Pour le fonctionnaliste, la culture, c'est-à-dire le corps complet d'instruments, les privilèges de ses groupes sociaux, les idées, les croyances et les coutumes humaines, constituent un vaste appareil mettant l'homme dans une meilleure position pour affronter les problèmes concrets particuliers qui se dressent devant lui dans son adaptation à son environnement pour donner cours à la satisfaction de ses besoins 44.

Cela suppose pour lui que toute pratique a une fonction pour l'Homme. Aussi, on ne peut pas comprendre la société à partir des éléments éparses, mais dans la totalité des éléments qui la constitue. C'est la raison pour laquelle il conçoit le fonctionnalisme absolu qui a quatre (04) aspects positifs de sa théorie. La première est la tentative d'établir une méthode scientifique rigoureuse d'observation de la société. La deuxième est la démarche proprement sociologique. La 3^ème est que la société et la culture sont une totalité. Et la 4^ème est le développement d'une notion de culture autrement que par une simple énumération. Pour Élisabeth PACHERIE, le fonctionnalisme est un type d'explication qui s'appuie sur la décomposition d'un système en ses parties composantes et explique le fonctionnement d'un système par les capacités de ses parties composantes et par la manière dont ces composantes s'intègrent les unes avec les autres.

Après PACHERIE, certains auteurs vont commencer à entrer dans le vif du sujet en se singularisant. C'est le cas de Max Weber qui développe la notion de statut. Pour lui le statut est l'ensemble des individus auxquels est associé un même niveau de prestige. Il souhaite, notamment distinguer ces formes d'association des groupements politiques ou économiques. Les groupes de statut constituent selon lui la forme proprement sociale de stratification d'une société.⁴⁵ Everett Cherrington Hughes quant à lui développe la notion en s'intéressant aux incohérences entre les différents statuts possédés par une personne. Un autre auteur vient renchérir la notion de fonctionnalisme, Robert Merton. Il se détourne des anciens car, pense-t-il que, leur approche est classique. C'est la raison pour laquelle, il propose le fonctionnalisme modéré qui s'appuie sur les travaux de Malinowski en développant au mieux ce qu'on entend par statut. Il étudie les questions de disfonctionnement et de déviance⁴⁶.

Dans le cadre de notre travail, l'auteur concordant avec notre perspective est Talcott PARSONS. Le modèle Parsoniens est l'un des plus complexes que la sociologie ait produit. L'ambition de Parsons est en effet d'aboutir à une théorie générale de l'action qui puisse être mobilisée dans toutes les sciences humaines (économie, sociologie, science politique,

45 Élisabeth, PACHERIE, Le fonctionnalisme : état des lieux, in Intellectica, 1995/2, 21, pp. 9-37. Consulté le

anthropologie). La notion de fonction a une place centrale dans la sociologie de Parsons. Ainsi, si la théorie sociologique proposée par PARSONS est connue sous le nom de « structuro-fonctionnalisme ». Il préfèrera finalement le nom de « fonctionnalisme systémique », car la théorie systémique lui semblera ouvrir la voie à une meilleure analyse du fonctionnement des sociétés.⁴⁷ Si le fonctionnalisme explique l'existence de diverses institutions ou pratiques par leur fonction, la théorie des systèmes veut rendre compte des relations existant entre différents sous-systèmes et permettant par là le fonctionnement du système dans son ensemble. Le « fonctionnalisme systémique » doit donc permettre à Parsons d'expliquer comment, dans une société, des échanges entre différentes entités (les organismes biologiques, les psychismes, la structure sociale, la culture) permettent le fonctionnement d'une société.⁴⁸

Lorsqu'il étudie la société (c'est-à-dire le sous-système appelé « système social »), il présente les sous-systèmes suivants :

? l'économie correspond à la fonction d'adaptation. C'est le système qui permet le travail et l'accès aux ressources de l'environnement ;

? le politique correspond à la fonction de mobilisation. C'est le système qui définit les buts que la société doit atteindre ;

? la communauté sociétale correspond à la fonction d'intégration. C'est le système qui régule les conduites au travers d'institutions ;

? la socialisation correspond à la fonction de motivation. C'est le système qui assure la transmission de la culture et donc la motivation des individus.⁴⁹

C'est ce modèle d'analyse Parsonienne qui nous permettra d'explorer notre sujet. 8-2- Sociologie culturelle

Analyser sociologiquement la société c'est se servir des concepts sociologiques pour comprendre la société, ses phénomènes et ses problèmes.⁵⁰ Dès lors, il faut concevoir les différentes approches théoriques comme des outils facilitant l'analyse de la vie collective. L'importance de la culture n'étant plus à démontrer, il serait important de mener une étude socioculturelle sur la consommation des produits culturels entrant dans le cadre de notre étude.

⁴⁸ Guy, ROCHER, Talcott Parsons et la sociologie américaine, PUF, 1972, p. 8.

⁵⁰ Bruno, PÉQUIGNOT, La sociologie des arts et de la culture en France, in Art et société, p.4. https://books.openedition.org/oep/591?lang=fr Consulté le 17 Novembre 2021.

La sociologie de la culture est l'analyse des biens symboliques (oeuvres d'art, productions intellectuelles ou médiatiques) à travers l'étude de leur production, de leur diffusion, de la définition de leur valeur, de leur appropriation différenciée et de leurs usages sociaux⁵¹. Ceci permet d'avoir un point de vue spécifique à l'observation plus générale des rapports sociaux. L'un des buts visé ici est de présenter le rapport de production comme facteur d'influence de consommation, et d'incitation à une appropriation davantage de l'héritage culturel.

9-Cadre méthodologique

Jean Pierre Fragnière définit « La méthodologie est l'ensemble des règles et des procédés pour atteindre dans les meilleures conditions un objectif »⁵². À sa suite, nous pouvons dire que la méthodologie est l'utilisation des procédés et mécanismes spécifiques qui permettent de mener scientifiquement le travail et atteindre un résultat fiable et vérifiable. C'est aussi l'ensemble des procédés qui nous permet de valider ou pas les hypothèses de recherche énoncées. Pour avoir nos données, nous avons recouru aux méthodes suivantes : l'observation directe, la recherche documentaire et les entretiens.

9-1- La méthode d'observation directe

Les méthodes d'observations sont les moyens par excellence car elles permettent de toucher du doigt la situation étudiée. Pour évaluer la qualité et la quantité des programmes diffusés par jour, semaines, mois et années, nous avons observé sur une période de dix (10) mois pour certaines et cinq (05) ans pour d'autres, les différentes chaînes de télévision correspondant aux critères de recherche permettant d'évaluer leurs contenues en termes d'offre des programmes sur les pratiques artistiques.

9-2-La recherche documentaire

La recherche documentaire est une méthode qui permet d'aboutir à la vérité à travers la consultation des documents appropriés. Dans le cadre de notre travail, nous avons consulté les articles scientifiques, les articles de journaux, mémoires, thèses de Doctorat, des lois et décrets traitant des contenus télévisuels au Cameroun et dans d'autres pays tant en Afrique qu'en

⁵¹ Vincent, DUBOIS, « Sociologie de la culture » in Dictionnaire de sociologie, Albin Michel-Encyclopædia Universalis nouvelle édition en ligne, 2015, p. 4. Disponible sur https://www.researchgate.net/publication/45111442_Sociologie_de_la_Culture Consulté le 16 Janvier 2021 à 09h 45

⁵²FRAGNIERE, Jean Pierre, Comment réussir un mémoire, Paris, Ed. Dunod, 1986, p.18.

occident. À cet effet, les bibliothèques de la Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines (FALSH), de l'École des Sciences de l'Information et de la Communication (ESSTIC), l'Institut Français du Cameroun, des sites internet spécialisés ont été nos sources de recueillement d'informations.

9-3-L'Entretien

L'entretien est une méthode de collecte d'information par soi-même. Elle permet de recueillir directement les informations à la source soit de façon directe ou semi-directe à base d'un protocole d'interview. À l'aide d'un guide d'entretien, nous avons pu recueillir les avis des directeurs de programmes des chaînes de télévision concernés par notre étude. Notre téléphone portable androïde nous aura permis d'enregistrer chaque entretien pour exploitation.

9-4- La statistique descriptive

Pour Omar Aktouf, il s'agit de calculs statistiques qui vont servir avant tout à décrire, à visualiser les caractéristiques particulières d'une collection d'objets sur laquelle on dispose de données chiffrées. Ces données (chiffrées) peuvent être soit à caractère qualitatif, soit à caractère quantitatif⁵³. Le caractère qualitatif est non mesurable et peut être rangé en catégories alternatives tandis que le caractère quantitatif est mesurable ou dénombrable (le nombre de pays ou d'habitant, le nombre d'enfants, etc.). Toujours pour cet auteur, la statistique descriptive permet, à partir de ces données, de réaliser des classes, des effectifs cumulés, des fréquences, des fréquences cumulées. Ce qui permet d'aboutir à la représentation graphique de la répartition des effectifs par classes ou par niveaux de la variable considérée sous forme des histogrammes, courbes de fréquences, etc.

Étant donné que nous examinons la quantité des programmes dans une certaine qualité de chaîne de télévision, la statistique nous aidera à analyser les chiffres recueillit sur le terrain, notamment le nombre d'émissions produits et diffusées par chaque chaîne de télévision, le nombre de chaînes qui produisent les émissions liées aux pratiques artistique et même la quantité d'émissions par genre. Il va sans doute, dire que nous avons déjà commencé à utiliser cette méthode pour démontrer l'existence de notre problème de recherche.

10- Plan de travail

Le présent travail est divisé en trois chapitres suivant nos objectifs et hypothèses de recherche.

Le premier chapitre est intitulé étude analytique et comparative de la production des émissions artistiques. À ce niveau, nous allons d'abord présenter en détail les maillons de notre corpus, ensuite, le taux de production et les difficultés liées à la mise sur pied des programmes sur les pratiques artistiques et en fin, examiner les difficultés des productions indépendantes.

Les pratiques artistiques sont des sources inépuisables de création d'émissions de tout genre qui participeraient à l'édification du public et à l'amélioration de la qualité des produits artistiques à l'issue des différentes critiques.

Pratiques artistiques : Sources d'émissions et de promotion de l'art et de la culture

Le second chapitre est intitulé pratiques Artistiques : source d'émissions pour la promotion des arts et de la culture. Il s'agira, dans ce chapitre, de présenter premièrement les types d'émissions qu'on peut avoir à partir des pratiques artistiques. Ensuite, nous présenterons les bienfaits de la mise sur pied de ces émissions sur le plan pédagogique et didactique. Enfin, démontrer que ces émissions participent à la promotion des auteurs et leur chefs-d'oeuvre, et par ricochet à la valorisation du patrimoine culturel Camerounais sur le plan international.

Le troisième chapitre est intitulé : Enjeux économiques des pratiques artistiques. Ce chapitre présente les différents emplois qui seront créés à partir de la mise sur pied des chaînes thématiques et émissions TV. Ces émissions déclencheraient le processus économique lié au fonctionnement d'une chaîne de télévision à savoir : les partenariats, les sponsorings et publicités qui sont sources d'entrées financières.

CHAPITRE I :

Introduction

Le présent chapitre est consacré à l'étude analytique et comparative de la production des émissions TV sur les pratiques artistiques que nous avons classées selon les types d'arts à savoir : les arts plastiques (poterie, modelage, body painting, dessin, collage, etc.) ; les arts vivants (théâtre, slam, stand-up, performance, comédie, conte, danses patrimoniales, théâtre de rue, etc.) ; et les arts visuels (photographie, cinéma, etc.). Suivant le problème et de la problématique de notre travail de recherche, nous avons présenté d'une manière générale le taux de pourcentage nationale en ce qui concerne les émissions sur les différents types d'arts entrant dans le cadre de notre recherche. Ce premier chapitre étant la clé de voûte de notre travail de recherche, l'analyse effectuée nous permettra de comprendre les mécanismes de productions inhérentes à chaque chaîne de télévision. Pour y parvenir, nous avons subdivisé le travail en trois grandes parties.

La première partie est réservée aux chaînes principales de notre corpus que sont Canal 2 International et la CRTV, lesquelles nous considérons comme chaînes primaires ou chaînes à forte audience. Ensuite nous examinerons celui des chaînes secondaires ou encore chaînes à moyenne audience comme Equinoxe TV, Vision 4, Info Tv ; celui des chaînes tertiaires comme Regard'Afrik TV, Ariane TV, Cam 10, etc. Cette étude panoramique permettra d'apprécier de façon plus nette le taux de production de chaque chaîne de télévision, ses politiques culturelles, les motivations et les difficultés rencontrées. Pour terminer ce chapitre, nous allons jeter un regard sur les productions indépendantes, notamment celles de Castel Life Comedy Club et More 2 lap qui nous permettrons en fin de connaitre les motivations des initiatives privées en matière de production des émissions artistiques. Le fonctionnalisme comme théorie entre ainsi en jeux afin de comprendre l'idéologie de chaque chaîne, comment les grilles de programmes sont-elles conçues, quelle ligne éditoriale pour telle ou telle chaîne et quelle fonction occupe l'art de manière générale dans les chaînes de télévision Camerounaise ?

Durant plus de 05 ans, nous avons pris le soin d'observer le paysage médiatique Camerounais, beaucoup plus celui de la télévision. Cette observation nous a permis de regarder la qualité et la quantité des produits audiovisuels offerts par les chaînes citées ci-dessus. Dans le cadre de cette recherche scientifique, durant 08 mois, nous avons pris le soin d'aller vers toutes ces chaînes pour non seulement avoir un rapport exact des contenues qu'elles diffusent, mais aussi pour comprendre tel que nous l'avions dit à l'introduction de ce chapitre, le mécanisme de production des émissions sur les pratiques artistiques, la philosophie de son fonctionnement qui est inhérente à la ligne éditoriale et donc déterminante dans la conception de la grille des programmes. Étant donné que nous travaillons sur les pratiques artistiques dans les chaînes de télévision au Cameroun, nous n'avions pas voulu restreindre l'étude à parler de nos échantillons principaux, nous avons élargi le champ afin d'apprécier mieux encore la problématique, d'où l'entrée en jeu des chaînes secondaires et tertiaires. Bien que l'étude soit qualitative, nous avons axé l'enquête sur le « modèle », c'est-à-dire tiré une chaîne parmi tant d'autres présentant les mêmes caractéristiques. Autrement dit au lieu d'étudier les plus de 50 chaînes de télévision Camerounaises, nous avons procédé par modèle selon les critères établis à l'introduction générale de ce travail, plus précisément dans la partie consacrée à la démonstration du problème.

Nous commençons l'étude avec les chaînes de notre échantillonnage principal, la CRTV et Canal 2 International. Cette dernière étant considérée comme la meilleure chaîne de télévision privée au Cameroun depuis 10 ans déjà et la première étant la chaîne publique.

I-1- Analyse quantitative des productions artistiques dans les chaînes à forte audience

Tel que nous l'avions annoncé dans le cadre méthodologique de ce travail de recherche, procéder à une analyse quantitative revient à utiliser la statistique descriptive pour quantifier le taux d'émissions dans les chaînes privées et les chaînes publiques ainsi que le taux de représentativité des pratiques artistiques d'une manière générale dans l'ensemble des chaînes de télévision. L'enquête de terrain effectuée à l'office national de télévision qu'est la CRTV et la chaîne privée Canal 2 International nous a permis de recueillir les données essentielles dont en voici les résultats issus de la consultation des archives et des échanges avec les responsables de la chaîne sont présentés subséquemment.

I-1-1- CRTV

La Cameroon Radio Television (CRTV) est l'organisme public camerounais de radiotélévision. Le projet de télévision fût initié en 1974 avec la signature entre le Ministère du plan et de l'Industrie et EUROPACE. Le contrat avait pour objectif d'étudier la mise en place d'un système d'éducation des masses par l'audiovisuel. Le 15 novembre 1974 fut le début des études techniques de ce projet, lesquelles furent achevées le 15 mai 1975 avec la rédaction d'un cahier des charges et le lancement le 16 mai 1976 d'un appel d'offres international. En 1982, 02 consortiums furent retenus : THOMSOM et SODETECH pour la partie équipements et infrastructures d'émission et le consortium SIEMENS-TRT-Fougerole pour les équipements de production, le réseau de transmission par faisceaux Hertziens et les bâtiments. Ces consortiums commencent leurs travaux le 25 novembre 1982 pour THOMSOM - SODETECH et le 10 janvier 1983 pour le consortium SIEMENS-TRT-Fougerole. Le Décret numéro 84/262 du 12 mai 1984, crée une cellule de coordination du projet de télévision, placée sous l'autorité du secrétaire général de la Présidence de la République. Cette cellule comprenait : un comité de coordination ; une unité de télévision ; quatre unités techniques de contrôle ; une cellule de transmission.

Les premières images sont diffusées le 20 mars 1985, à Bamenda, au cours du Congrès de l'Union Nationale Camerounaise (UNC) qui donne renaissance au Rassemblement Démocratique du Peuple Camerounais (RDPC). La première visite du Pape Jean-Paul II au Cameroun est également retransmise pendant cette phase expérimentale. La Télévision démarre définitivement le lundi 23 décembre 1985 à 18 heures. Le 26 avril 1986, par ordonnance numéro 86/001 est créé l'Office National de Télévision CTV. Le Décret 86/005 du 26 avril 1986 fixe les règles d'organisation et de fonctionnement de la Télévision Nationale.

La Direction de la Radiodiffusion et la Cameroon Television qui étaient des entités séparées vont fusionner à la faveur des lois numéros 87/019 du17 décembre 1987 fixant le régime de la communication audiovisuelle au Cameroun et numéro 67/020 du 17 décembre 1987, portant création de l'Office de Radiodiffusion Télévision Camerounaise (CRTV). Le Décret numéro 88/126 du 25 janvier 1988 formalise l'organisation et fonctionnement de l'Office de Radiodiffusion-Télévision Camerounaise⁵⁴. À ce jour, elle est dirigée par Charles Ndongo depuis 2016.

Longtemps restée dans le système analogique, la migration du Cameroun vers le numérique viendra changer son architecture. L'office national ne comptera plus une seule chaîne mais plusieurs chaînes annoncées pour des ouvertures très imminentes. Au totale 05 chaînes de télévisions à savoir : La Côtière, la chaîne du littoral ; CRTV News, chaîne d'information et d'actualités en continu; une chaîne culturelle et régionale ; une chaîne éducative de télé-enseignement, fournissant une éducation à bas coût ; une chaîne de divertissement.». De toutes ces promesses, seule deux 03 chaînes ont vu le jour, lesquelles sont d'ailleurs des mini-combinaisons. Il s'agit de la CRTV News créée le 28 janvier 2018 et CRTV Sports & Entertainment dont le lancement s'est effectué le 06 juin 2019.

Pour mettre en différence entre la structure mère et l'entité audiovisuelle, nous appellerons l'ancienne « CRTV », « CRTV Premium », c'est d'ailleurs cette appellation qui est de plus en plus utilisée à ce jour. Ainsi, depuis 2016, date de la migration vers le numérique, nous voulons interroger la place des Arts dans la nouvelle orientation des programmes, autrement dit, quelle est la place qu'occupe l'art dans cette sphère de digitalisation ?

I-1-1-1- Les programmes de la CRTV Premium

Nous nous sommes rendus plusieurs fois à la CRTV premium, précisément auprès de la Direction des programmes et la Direction des antennes TV (DATV) aux fins de recueillir le nombre d'émissions sur les pratiques artistiques produites ou simplement diffusées de 2017 à 2021.

I-1-1-2-Le divertissement à la CRTV Premium

I-1-1-2-1-La musique

I-1-1-2-2- Le cinéma

N°	Titre	Genre	Année	2017

Jedida Fun and Factor	Série
Facing destiny Haute tension	Film
Chinois : Histoire d'amour	Série
Jeune Shuga	Série
BA : Fiction the Recruit, gardien de l'ordre	Film
Tear from an Angel	Film
Bad Angel	Série
Jikulu messu	Série VF		2018

			2019

Au bout de la réussite			2020

Devil in details	Série
Akili and me	Série
Un palace pour deux	Série
Tsini et Baba	Série
Lies that Bind	Série		2021

C'est la vie	Série
Madame Monsieur	Série
Three wives	Série
Teenager	Série

I-1-2- CRTV Sports and Entertainment

1-1-2-1-Les programmes de la CRTV Sports and Entertainment

I-1-2-2-Le divertissement à CRTV Sports and Entertainment

I-1-2-3- La controverse ?

I-1-3- Canal 2 International

I-1-3-1- Les programmes de Canal 2 International

I-1-3-2-Le divertissement sur Canal 2 International

? Champions du rire : C'est un programme au même titre que Castel live comedy club. Les humoristes se succèdent sur la scène pour faire rire le public à travers une belle composition d'histoire.

? Ciné-club : C'est un talk-show sur le cinéma camerounais. L'émission est animée par un présentateur qui reçoit les hommes de cinéma, lesquels vont débattre d'un sujet concernant le cinéma. Cette émission est diffusée sur Canal 2 Movies.

Sur les 06 émissions, seules 04 émissions apparaissent chaque semaine à savoir « Ciné-club, 100% Ciné, Comédie Presse, Entretien avec. Le reste des programmes sont saisonniers (trimestriel, semestriel et annuel). Canal 2 International produit en moyenne 33 programmes par jour. En faisant le ratio sur une semaine, nous avons (33*7) 231 programmes. Le pourcentage serait donc (4/231*100) = 1.7%/ semaine En une année nous aurons (231*52 semaines)=12 012 programmes et (1.7*52 semaines)= 88.4. Le pourcentage annuel nous donne (88.4/12 012*100)= 0.73 %

Nous rappelons que les émissions saisonnières n'ont pas été incluses puisqu'elles ne sont pas diffusées chaque semaine.

La chaîne privée leader diffuse en moyenne 08 programmes par an sur l'humour. Sur les 08 programmes, elle en produit 04 et deux coproductions. C'est d'ailleurs la meilleure chaîne privée qui promeut les talents humoristiques. On peut encore ajouter au carquois de celle-ci la diffusion du programme « Castel live comedy » qui a connu un très grand succès tant sur le plan national qu'international.

Dans cette gamme de divertissement, le cinéma n'est pas en reste. La chaîne fait la promotion du cinéma camerounais à travers l'achat et la diffusion des séries Camerounaises depuis sa création. Par année, on compte en moyenne deux séries de qualité appréciables qui sont diffusées. Sur la grille de programme déçue, on peut constater la présence de deux séries Camerounaises : « Adamou et Goni », une réalisation de Cyril Del Masso et le « Pour le pouvoir ».

I-1-3-3-Canal 2 International et l'affinité à la comédie et au cinéma

Suivant l'analyse qui précède ce sous-titre, la comédie sur toutes ses formes et le cinéma sont les genres issus des pratiques artistiques qui caractérisent le divertissement au sein de la chaîne. Pourquoi cela en est-il ?

Lors de notre entretien avec le Coordonnateur des programmes, Collins WOTCHOUANG, « la chaîne a opté pour la proximité, d'où son slogan (plus proche de vous) ». Elle a ainsi baptisé son empire sur le divertissement et la culture.

La chaîne Canal 2 débute sur câble étant donné que le promoteur avait déjà un circuit de distribution des images dans la ville de Douala au nom de TV+ qui existe jusqu'à ce jour. Comme il en est de coutume pour toutes les chaînes qui débutent par cette voie pour faute de moyens permettant un véritable fonctionnement, c'est-à-dire en recrutant les journalistes et techniciens pour animer la chaîne. Celle-ci a commencé par meubler sa grille de programme uniquement avec la musique et quelques épisodes humoristiques de Fingon TRALALA, Tagne CONDOM, Man no lap. En 2004 Ebénézer KÉPOMBIA plus connu sous le nom de Mintoumba lance sa première série intitulée « Les déballeurs », laquelle aurait contribué à donner une forte audience à la chaîne. Au départ, c'était une chaîne 100% musique, films et comédies. À partir de 2008, elle se lance dans la diffusion des Télénovelas au même moment que la CRTV, ce qui ne cessa d'impulser son audimat. Au même moment elle diffusait les séries Camerounaises et ce jusqu'à date. Aujourd'hui, la priorité est accordée aux séries et films Camerounais en vue de faire la promotion de la culture Camerounaise. Entre autres, Foyer polygamique, le Karma, Un génie à abattre, Trahison, Lueur d'amour, Samba le Général, Otage d'Amour, Tournement, Profond Tournement, Quartier Chaud, les minutes de Mami Tong, les Aventures de Monica et bien d'autres. Selon le coordonnateur des programmes de la chaîne TV, l'intérêt est porté sur la culture dans « le but de faire consommer localement ».

? Qu'en est-il des émissions spécifiques sur les autres formes artistiques ?

La chaîne n'a pas assez d'émissions spécifiques dans les autres domaines artistiques pour plusieurs raisons. D'une part, il y a un manque d'initiative à cause de la « non maîtrise parfaite du domaine »⁶⁸. Les potentialités des ressources que regorge par exemple le domaine des arts plastiques, arts visuels, le théâtre, les performances et autres ne sont pas assez connus. De ce fait, la non maîtrise ne stimule pas la créativité des émissions dans ces secteurs. D'autre part, le « suivisme tendanciel », expression qui vient de nous pour désigner le caractère des préférences par mouvances, le fait de poser des actions pour faire comme l'autre ou pour être à la `mode'. Ainsi, l'humour, le cinéma et la musique étant les formes d'arts les plus pratiquées par la génération actuelle, la chaîne préfère jouer sur le rythme de la tendance, lequel lui permet de garder son cap qui ne date pas d'aujourd'hui, mais dès la création de celle-ci. Dans cette vision

⁶⁸ Entretien avec Collins WONTCHOUANG, Canal 2, Douala le 11 Mai 2021, Annexe 5

des choses, il est difficile pour celle-ci de se jeter dans la réflexion d'un autre style connu mais pas à la mode. La chaîne par le biais de son responsable des programmes affirme même accompagner plusieurs projets artistiques et culturels. C'est la raison pour laquelle le Stand-up party organisé par Ulrich TAKAM est une coproduction entre la chaîne et ce dernier.

Il nous revient également que lorsqu'on voulait regarder des nouveaux clips, on se connectait à la chaîne Canal 2 International. Cet attachement à la musique, par ricochet à la culture aurait boosté l'ingénieuse idée au promoteur Yves FOTSO de créer le « Concept Canal 2'Or ».

I-1-3-4-Canal 2'Or Awards

Pour se hisser parmi les meilleures chaînes africaines promouvant le mieux l'art et la culture, Canal 2 met sur pied le concept des « Canal 2'Or » pour primer les meilleurs artistes et acteurs culturels du Cameroun, de la diaspora et autres régions de l'Afrique. Créés en 2004, les « Canal 2'Or » sont devenus l'une des plus grandes cérémonies de récompense des artistes au Cameroun. L'édition de 2019 aurait permis à l'artiste Fally IPUPA, le chanteur de rumba congolaise d'être élu « Meilleur artiste africain » et à la chanteuse ivoirienne Josey d'être également récompensée. Elle partage le prix spécial du jury avec le chanteur camerounais Salatiel, l'artiste de makossa Ben DECCA. Le prix de la « Révélation musicale » a été attribué à la jeune chanteuse Nabila. Etoile montante de la musique camerounaise grâce à sonmorceau « Ça Ira ». Elle était nominée dans cette catégorie avec Lydol, Ko-C, Blanche BAILLY, et Sandrine Nnanga. Charlotte DIPANDA, elle, reçu le trophée de « l'Artiste ou groupe musique World ».

En cette année 2021, on devrait en principe assister à l'Acte 17, malheureusement les circonstances sanitaires mondiales liées à la pandémie à Coronavirus auront raison de son annulation. Dans cette initiative, ce qui nous intéresse est la promotion des pratiques artistiques issues des arts plastiques, arts vivants et les arts visuels. Retrouve-t-on ces pratiques dans les catégories de nomination ?

Dans cette liste de 16 rubriques de récompenses, on peut déjà faire un premier constat selon lequel les Arts plastiques n'ont pas de place. Seules les Arts vivants et les arts visuels sont représentés, pour parler du 7^ème art. Le deuxième constat se trouve au niveau du nombre de rubrique attribué à chaque genre. Au niveau de l'Humour nous avons 02 rubriques (Meilleure comédien et Meilleure comédienne), le cinéma enregistre 02 rubriques (Meilleure Série TV et Meilleur comédien). Encore une fois de plus, la musique remporte plus de rubriques, soit 12 au total ; un fait normal car la ligne éditoriale desdits Awards était déjà consacrée à la récompense des artistes musiciens.

Toutefois, il arrive très souvent que la chaîne fasse des reportages sur les expositions, par exemple lors des différentes éditions de journaux. La chaîne reste également ouverte pour l'achat des PAD provenant des producteurs indépendants sur les pratiques artistiques. On pourrait bien se demander si la seule manière de valoriser les autres formes d'arts ne reste qu'à travers les papiers journaux et quelques rubriques dans certaines émissions télévisées ? Néanmoins la chaîne reste leader en termes de divertissement et de promotion de la culture. Dans la théorie du fonctionnalisme, c'est cette « politique de mobilisation » qui permet de la maintenir comme la meilleure chaîne privée au Cameroun. Les contrats publicitaires qu'elle enregistre depuis sa création sont à l'effet de la mise en exergue de la culture et du divertissement dans ses grilles de programmes depuis 2004.

Si la situation des pratiques artistiques se présente comme telle dans la chaîne privée leader au Cameroun, quand est-il dans les autres chaînes privées ?

I-2-Analyse quantitative des productions artistiques dans les chaînes secondaires et

Bien que procédant par grand échantillonnage dans ce travail, nous avons jugé que restreindre l'analyse sur les échantillons majeurs serait trop osée pour conclure un point de vue

sur la présence des pratiques artistiques dans les chaînes de télévision Camerounaises. C'est la raison pour laquelle, nous avons décidé d'adjoindre certaines chaînes qui suivent de très près en termes de caractéristiques de celles faisant partie de notre échantillon principal. Le but étant d'apprécier à juste valeur la thématique. Deux modèles de chaînes sont ainsi convoqués dans cette partie : les chaînes secondaires et tertiaires. Nous les avons baptisés ainsi pour mieux les distinguer.

I-2-1- Les chaînes secondaires

Nous les avons baptisés de chaînes secondaires au vu de leur audimat et de préférence auprès des téléspectateurs selon l'agence « Média intelligent ». Nous avons choisi trois chaînes parmi lesquelles Equinoxe, Vision 4 et Info TV

I-2-1-1-Equinoxe

La télévision est dirigée par Séverin TCHOUNKEU, qui a participé à sa fondation et qui possède également un quotidien critique, La Nouvelle Expression. La station a construit sa réputation pendant les années difficiles de 2008 à 2011. Elle a diffusé des images d'une manifestation politique contre le changement constitutionnel au Cameroun, qui a favorisé le maintien au pouvoir du président Paul BIYA après 2011. Alors qu'il arrivait au terme de son deuxième mandat⁶⁹. La station a été suspendue de diffusion en janvier 2008, provoquant une large manifestation à Douala où se trouve son siège.

I-2-1-1-1-Les programmes d'Équinoxe

Par observations directes et consultation des archives, nous avons pu reconstituer la grille des programmes annuelle que voici :

Sur ce regroupement, aucune émission sur les pratiques artistiques n'apparaît. D'après notre observation directe, la chaîne tout au moins diffuse de la musique durant les temps-mort, bien que cette forme n'entre véritablement pas dans notre cadre de recherche.

Toutefois, on peut apprécier la place offerte aux arts plastiques, notamment le dessin dans l'émission « Dimanche avec vous ». À la fin de cette émission, l'invité a droit à un portrait. Malheureusement, il arrive très souvent que le degré d'icônicité soit faible, Autrement dit, il y a souvent un écart de ressemblance entre ce qui figure sur le tableau et la personne réelle ; ce qui pousse la majorité des invités de ce plateau à refouler le cadeau. Ceux qui acceptent sont souvent controversés sur leur image et émettent toujours des critiques à l'endroit de l'artiste.

La chaîne fut créée en 2006. Son audimat s'est développé de façon exponentielle à partir de la problématique anglophone. Ayant un point de vue très différent sur la situation du Nord-Ouest et du Sud-Ouest (Noso), la chaîne a gagné le coeur des téléspectateurs très compatissants en faveur de ce problème qui dure jusqu'à date. Ayant pour slogan « Au-delà de l'image nous rendons compte », la chaîne est arrivée à écrire des papiers très controversés pour le gouvernement Camerounais. C'est ainsi que la chaîne propose des programmes politiques dont l'un des plus populaires « Droits De réponse » est diffusé tous les dimanches à partir de 12 h 00. L'occasion faisant le larron, la chaîne oriente sa ligne éditoriale sur la politique. L'émission « Equinoxe soir » est ainsi mise sur pied et très suivie dans les ménages et surtout sur les réseaux sociaux, notamment Facebook. Le fait de présenter les drames issus du Noso sans tabou, sans filtres synthétiques (Flou télévisuel qui permet de masquer les images pour ne pas présenter des scènes très sensibles) a permis que le Journal de la chaîne devienne celui le plus regardé au Cameroun dans les ménages et les réseaux sociaux.

Un autre gros événement viendra une fois de plus faire augmenter l'audimat de la chaîne : les élections présidentielles de 2018. Les débats sur les contentieux électoraux vont

favoriser davantage le nombre d'abonnés à la chaîne de télévision. Les téléspectateurs aimant la contradiction, la chaîne est devenue la plus suivie à cause des débats organisés autour des sujets sur les élections. L'émission « Equinoxe soir » explose les conteurs de nombre de vues sur Facebook en Live, soit 2000 à 5000 téléspectateurs (voir chiffre sur Facebook). La chaîne est également accusée d'être très proche du parti politique de l'opposition, le MRC dont le Président du parti est Maurice Kamto. Plus encore, la couverture des arrestations jugées arbitraires des membres du MRC à savoir le Président, les Conseillers, membres et sympathisant apportera un regard de liesse à la chaîne qui stipule ne présenter que la vérité et rendre compte au-delà de l'image. Cette méthode de traitement de l'information ne sera pas très appréciée par le gouvernement, d'où la sortie officielle du Ministre de l'Administration Territoriale Atanga Nji en mars 2020, qui accuse la chaîne de relayer le rapport de Human Rights Wach sur le massacre de Ngarbuh⁷⁰. Ces accusations feront réagir Séverin Tchounkeu, PDG de la structure⁷¹

En ce jour, la ligne éditoriale du média n'a pas changé, bien qu'étant une chaîne généraliste, l'accent est mis sur la politique.

I-2-1-2- Vision 4

Vison 4 fait partie du Consortium du groupe l'Anecdote du riche homme d'affaires Amougou BELINGA, Président Directeur Général. Après la création du journal l'Anecdote en 1995, la radio satellite FM en 2004, c'est au tour de la télévision de voir le jour en 2008. La chaîne de télévision panafricaine Vision 4 Tv propose des émissions diffusées simultanément via l'application androïde. On y retrouve des JT grand format (un en langue anglaise et l'autre en langue française), format réduit (début de matinée et midi), des émissions de divertissement, de culture générale ainsi que des moments d'analyses avec les responsables de l'information. Durant la nuit, des émissions d'analyse et d'approfondissement prennent l'antenne et dès 22h, les rediffusions.

I-2-1-2-1- Les programmes de vision 4

La chaîne propose une gamme de programmes variés, entre divertissement, économie, culture politique, sport et religion (Voir grille des programmes de vision 4 jointe en annexe 13).

Après observation directe des programmes de la chaîne et sur consultation des archives, la chaîne ne contient pas suffisamment des programmes sur les pratiques artistiques. En faisant un dénombrement par genre, on se rend compte qu'au niveau des Arts plastiques, aucune émission n'est disponible. Par contre lors de notre entretien avec le Directeur des Programmes, M. Roméo Cyriaque MBIDA, l'émission « Afrik Zone » avec une fréquence hebdomadaire devait remédier à ce déficit. Au niveau des Arts Vivants, nous avons deux programmes axés sur la comédie : « Carrefour Call box » de Major ASSEH et « Mimi la bobonne ». Le premier programme est diffusé de lundi à vendredi 09h30-09h35, 17h26-17h30 et le second de 14h30-14h35. Quoi que la diffusion des films ne faisant pas partie de notre liste, il faut néanmoins souligner que la chaîne propose trois rendez-vous du lundi au vendredi avec la série « Mbéré Kaki » de 09h00-09h30 ; la série « In the game » de 17h00-17h26 ; la série Camerounaise « Femme autoritaire » de 20h30-21h00. En ce qui concerne les émissions sur le cinéma, nous avons deux programmes quoi qu'ils ne soient pas encore rendus fonctionnels, « Ciné vision » et « Ciné Légende ».

? Calcul du pourcentage des émissions artistiques dans la chaîne Vision 4.

La chaîne Vision 4 diffuse en moyenne 30 programmes par jour. Ce qui nous donne un total de (30*7)=210 émissions. Sur une semaine, avec la recrudescence journalière (lundi à vendredi) des programmes Call box et Mimi la bobonne, le calcul ne sera pas le même. Nous allons intégrer leur apparition par semaine. Soit 05 apparitions pour un programme. Soit (05*2)=10, ajouté à ceci les Ciné vision et Ciné Légende qui sont hebdomadaires, ce qui nous donne une apparition de 12 fois la semaine pour 04 programmes. Le taux de représentativité sera de (12/210*100)= 5, 71% / Semaine. En une année nous aurons (210*52 semaines)=10920 programmes et (5,71*52 semaines)= 296,92. Le pourcentage annuel nous donne (296,92/10920*100)= 2.71%. La chaîne n'a pas d'émissions spécifiques sur le théâtre, le dessin, la peinture, les contes, théâtre de rue, photographie pour les raisons suivantes :

« La grille de programmes chez nous s'élabore en fonction de ce que les téléspectateurs désirent, de l'observation directe de nos concurrents, ce qu'ils proposent et ce que nous on peut proposer de mieux. On va donc faire ce qu'on appelle la contre-programmation en allant soit dans le même axe en utilisant le même système de paneliste ou d'autres stratégies permettant à notre programme d'être plus accrocheur.»⁷².

Cette méthode est utilisée par la plupart des chaînes camerounaises qui cherchent à se distinguer des autres. C'est le cas de Bnews1 qui a juste modifié certains concepts d'émissions.

« Il y a également le paramètre de la proximité, il faut satisfaire le besoin de ceux qui sont autour de vous. Il y a également un autre paramètre de choix de programme, on essaye d'analyser le fonctionnement des chaînes internationales pour voir comment ils assurent la gestion de leur programme... La combinaison de ces deux méthodes nous permet d'être compétitif sur le plan national et international »⁷³.

Dans cette réponse se trouvent d'autres sous-jacentes. On comprend par-là que, les chaînes de télévision ayant atteint le standard veulent se hisser à la première position. Dans ce sens, chacune déploie sa politique de mobilisation⁷⁴ qui permettra d'élaborer la grille des programmes subséquente. Par conséquent, il y a un mécanisme de force qui naît. Nous l'avons baptisé « Fight-media » et téléspectateurs. Pour nous, le mécanisme Fight-média est en quelque sorte une bataille entre les différents médias sur les mêmes genres de programmes. L'objectif étant d'amener les téléspectateurs à regarder plutôt l'émission de l'autre parce qu'elle serait par exemple la mieux structurée, ou alors contient les personnalités les plus prisées comme invités. Soit le présentateur est vedette ou alors le décor de l'émission est mieux présenté ; ou encore la technique présente les meilleurs visuels au niveau des plans, d'habillage sonore et d'images. C'est à partir de cette bataille inter-média qu'est née l'émission « C'1rdv » qui n'existait pas sur la chaîne vision 4. C'est un même genre d'émission avec « C'Comment » sur canal 2 international. La différence survient au niveau des heures de diffusion. Roméo MBIDA appelle cela : « la contre-programmation ». L'émission « C'Comment » débute à 17h00 tandis que « C'1rdv » débute à 17h30. Le troisième facteur que nous avons évoqué ici est celui de « téléspectateur », celui-ci doit être satisfait.

L'atmosphère camerounaise étant beaucoup plus animée par la politique, les lignes éditoriales des chaînes sont dominées par les émissions à caractère politique, lesquelles sont

⁷² Entretien avec Roméo, Cyriaque. MBIDA, Directeur de Programmes de Vision 4. À Yaoundé, Vision 4, le 23 Février 2021, Annexe 6

⁷⁴ La politique de mobilisation est un paradigme de la théorie fonctionnaliste qui permet de réunir les moyens permettant d'atteindre les objectifs escomptés.

animées sous forme de débat. Bien que le Directeur affirme que les sondages sont souvent faits par la chaîne afin d'évaluer ce que désire le téléspectateur, il faut souligner que c'est la classe modale qui remporte souvent, c'est-à-dire le nombre de personne désirant plus une même chose. Les chaînes dans ce cas ne proposent plus ce qui sort hors du commun, mais jouent plutôt sur ce que nous avons vite fait d'appeler le « suivisme tendanciel ». Du coup, des émissions sur la performance, le théâtre, la peinture, modelage, décoration, contes, sont misent de côté. Étant engagé dans le « Fight-média », la lutte est plus accentuée sur la restructuration ou le plagiat plutôt que sur la création qui permettra d'innover.

Néanmoins, à l'issue de cette analyse, on peut tout de même affirmer que la chaîne vision 4 a mis sur pied des perspectives sur les pratiques artistiques. Les restructurations des programmes et la vision de son Directeur des programmes permettront certainement d'avoir une gamme variée d'émissions spécifiques sur ces arts dans un futur proche.

I-2-1-3-Info TV

La télévision de proximité ouverte par le promoteur du Groupe de presse La Météo et Info Matin, Dieudonné MVENG, émet sur le satellite Eutelsat 16°Est freq : 12558 pol : H Symbol, Rate 30000mbs fec : 3/4 Dvb-S2, depuis mai 2018. D'après l'homme de média, en vue d'accrocher et se faire un auditoire consistant et varié dans un microcosme médiatique camerounais très concurrentiel, la chaîne InfoTv, sise à Yaoundé (capitale du Cameroun) se spécialise davantage dans la diffusion des programmes en langues locales. «La nouvelle chaîne a pour particularité l'information en continu, avec comme valeur ajoutée des programmes en langues locales dont le Matakam le Fufuldé, le pidgin, le Haoussa, le Duala, le Maka, le Bassa, l'Ewondo, le Gbaya, le Toupouri, le Bamoun, le Bangangté, le Bandjoun, le Bafang, le Yézoum, le Yabassa, le Bakweri, le Bulu, le Manguissa, l'Eton, le Dschang, le Ngoumba, le Batanga, le Mabea, le Guisiga, etc.».

«La télévision de proximité, pour le vivre-ensemble», est le slogan retenu par le patron d'InfoTv». D'après celui que d'aucuns ont tôt fait de nommer le `'Mohican» de la presse camerounaise, «infoTv est la première télévision du pays à être sur satellite dès l'ouverture, mieux dès sa création». M. Dieudonné MVENG, par ailleurs directeur de publication du quotidien infoMatin et du bihebdomadaire La Météo n'entend pas s'arrêter en si bon chemin. «Dans les tout prochains jours, nous serons sur le bouquet Canal », confie-t-il. Sans doute alors que les programmes de cette télévision à capitaux privés vont permettre aux Camerounais de parler et d'écrire leurs dialectes, mais également de se familiariser avec les aspects culturels

tels que l'art culinaire, les tenues et danses traditionnelles, les rites, les us et coutumes de chacune des 10 régions du pays.

Si tel est que le Cameroun compte 268 langues maternelles, d'après la Société internationale de linguistique (SIL), la promotion de celles-ci à travers un canal comme infoTv permettra visiblement, à terme, aux Camerounais d'accéder à un nouveau monde d'information et de communication. Tant mieux pour l'intégration nationale, l'unité des populations dans la diversité linguistique et la valorisation de la richesse culturelle du Cameroun.

I-2-1-3-1- Les programmes d' INFO Tv

Bien que la décrivant comme étant une chaîne spécialisée dans l'information telle qu'on vient de le lire dans la présentation de la chaîne, Info tv est une chaîne généraliste de par l'observation de son fonctionnement et même sa grille de programme (Voir grille jointe en annexe). Certes, l'accent est mis sur la promotion des langues, mais la grille des programmes comporte tous les autres genres d'émissions qu'on retrouve dans les chaînes généralistes telles que Canal 2 International, Équinoxe etc. Ayant annoncé d'être une télévision qui promeut l'art et la culture, nous nous sommes intéressés à elle afin d'y voir ce qui constitue les contenues artistiques.

Au niveau des contenus artistiques, nous n'avons rien trouvé comme émission entrant dans notre découpage de recherche à savoir : les arts plastiques, les arts vivants et les arts visuels. Le descriptif de la chaîne indique aussi que celle-ci fait dans la promotion des danses traditionnelles, nous n'avons trouvé aucune émission spécifique à ce propos, à moins que la promotion des danses traditionnelles se fasse à travers la diffusion des clips vidéos, si tel est le cas, quelle différence y aurait-il entre les chaînes de musiques et les chaînes généralistes qui diffusent également des musiques traditionnelles en longueur de journée ? Suivant son descriptif, nous aurions cru trouver une émission spécifique sur les « contes » des 268 langues dont elle dit faire la promotion, mais une fois de plus, par notre observation et sur consultation de sa grille des programmes, aucune émission.

Pour l'absence des émissions spécifiques sur théâtre, la peinture, les performances, le cinéma, la poterie, modelage, danses traditionnelles, stand-up, la sculpture, slam, et autres, la Directrice des programmes, Mme Carine EYA s'explique en ces mots: « Nous avons une ligne éditoriale bien définit. La chaîne fait dans l'information et la promotion des langues nationales telles que défini dans le descriptif de la chaîne... En ce qui concerne les types d'arts cités, nous avons une émission appelée (Découverte), nous y allons souvent à la rencontre des plasticiens,

⁷⁵ Entretien avec Carine, EYA, Directrice des programmes d'Info Tv, à Yaoundé, Info tv, le 11 Janvier 2021, Annexe 7

les hommes de théâtre et autres »⁷⁵. Cette réponse bien qu'elle soit justifiée par le descriptif de la chaîne, il n'en demeure pas moins que la chaîne a un horizon vaste qu'elle peut exploiter, ce qui restera tout à fait en droite ligne avec son orientation et ses objectifs. Quant à l'émission évoquée, « Découverte » est certes un programme inscrit dans la grille de programme mais d'une durée approximative à 07 min. Elle est diffusée tous les samedis sur plusieurs espaces horaires (6h52-7h00) ; (10h52-11h00) ; (15h26-15h30) ; (16h52-17h00) ; (01h52-02h00) ; (03h52-04h00) ; (05h52-06h00) et les dimanches (08h52-09h00) ; (15h52-16h00) etc. À y voir clair, puisque nous avons été employés d'Info TV durant 02 mois, « Découverte » n'est pas une émission en tant que telle. C'est un programme de 06 minutes qui présente la plupart des temps les villes du Cameroun et quelquefois les petits métiers notamment dans le Commerce et les secteurs d'activités (négligés) ou moins pratiqués. C'est la raison pour laquelle le programme est baptisé de ce nom. C'est aussi l'une des raisons qui justifie l'absence de ce programme parmi les programmes faisant la part-belle aux arts dans le tableau de recensement des émissions présenté au niveau du problème.

On peut donc constater qu'il y a une sorte d'insuffisance dans le degré de créativité par rapport à l'axe choisit. L'initiative est salutaire, mais le fond manque le moins pour cette jeune chaîne de télévision. Voyons voir ce qu'il en est avec les chaînes dites tertiaires.

I-2-2- Les chaînes tertiaires

Nous les avons baptisées de chaînes tertiaires pour deux motifs : le nombre d'années d'existence et leur audience par rapport aux autres. Regard'Afrik TV et Cam 10 sont les chaînes nouvellement créées, elles ont moins de 2 ans d'existence à la période où nous rédigeons ce mémoire de recherche (Mai 2021). Les deux chaînes ont commencé à diffuser sur Créolink et 1 an plus tard, l'une après l'autre, elles sont montées sur le Satellite Eutelsat, Cam 10 la première, bien qu'étant déjà sur Satellite Amos et Regard'Afrik TV suivra bien après. Ce sont de véritables concurrentes en matière de technique et des programmes offerts aux téléspectateurs.

I-2-2-1- Regard'Afrik TV

Regard'Afrik est un groupe qui possède en son sein quatre chaînes de télévision et un magazine mensuel généraliste au caractère Africain. La ligne éditoriale de ces organes de

presses porte sur la valorisation de l'Afrique dans tous ses aspects (Culture, politique, économie, société, sport, santé, environnement, science et technologie). Les différentes émissions et programmes d'information, d'éducation et de divertissement font découvrir l'image d'une Afrique positive, loin des guerres, de la pauvreté et de la corruption. Dans l'optique d'informer, d'éduquer et de divertir et d'assurer la relance sociale, les missions principales de Regard'Afrik sous la forme télé ou Magazine visent à : promouvoir l'art et la culture Africaine, promouvoir les initiatives économiques et entrepreneuriales Africaines, promouvoir les leaderships et les régimes politiques favorisant l'émergence de l'Afrique⁷⁶.

I-2-2-1-1- Les programmes de Regard'Afrik TV.

Les programmes de la chaîne sont variés pour l'instant. C'est l'une des chaînes qui ne met pas d'accent sur les émissions de débats politiques. C'est une manière de se différencier des autres. Mais que propose-t-elle exactement ?

La chaîne propose des émissions tels que : Afrik ô féminin ; Afrik sport ; Regard'Exclusif (Entretien avec une Légende ayant réussi sa carrière ou en cours de fonction ou encore une personnalité) ; Wake-up Africa (la matinale) ; Femme (Débat entre femmes sur les problématiques féminines) ; Signature (Entretien avec un entrepreneur) ; Sukulu be tara ; Librairie (Entretien avec un auteur dramaturge) ; Afrik Imo (Emission avec les entrepreneurs immobiliers, les restaurateurs etc.) ; Jeunes Entrepreneurs ; Billionaire (émissions avec Monsieur tout le monde tous les dimanches dès 14 heures) ; Sanitas ; Arrêt Sur (Entretien avec un artiste musicien) Urban Show (entretien avec un artiste de musique urbaine) ; Légende (Entretien avec les Légendes de la musique).

On remarque qu'il y a plus d'émissions sur la musique que sur les autres genres de programmes. La grande émission devenue célèbre, Billionaire reçoit à 90% les artistes et musiciens comme invités. La matinale Réveil, Wake-Up Africa, reçoit également à 75%, les artistes et musiciens comme invités. Il faut également noter qu'il y a de grandes plages horaires libres entre les émissions. Pour les combler, la chaîne procède comme toutes les autres chaînes de sa catégorie à meubler son antenne avec la musique, la diffusion de quelques instants de rire, la comédie, notamment les Délires de TAKAM, les dessins animés entre 8h30-10h00 et à certaines heures de la journée. Les documentaires interviennent également pour meubler l'antenne. La chaîne d'une manière consciente ou pas promeut la musique à 75%.

⁷⁶ Informations fournies à nous par la chaîne lors de notre enquête au siège.

I-2-2-1-2- Groupe Regard'Afrik : Que met-il dans l'art et la culture ?

Crée en 2019, le groupe dans son descriptif se prévaloir d'avoir 04 chaînes de télévisions qui promeuvent l'art et la culture ? Cet objectif est ainsi devenu une hymne dans les postes des directs Facebook et YouTube. Lorsque nous parlions au début des facilités qu'offre présentement la digitalisation, nous avons évoqué la facilitation dans la mise sur pied d'une chaîne de télévision. Le Groupe Regard'Afrik en est un analogon parfait. En moins de deux ans, le Groupe compte déjà 04 chaînes de télévision à savoir : « Regard'Afrik TV » qui est la chaîne Premium, « African Network en Entertainment », « African Musique » et « African Sports ». De ces 04 chaînes, ou retrouve-t-on des émissions spécifiques axées sur l'art et la culture ?

En dehors de la chaîne Premium Regard'Afrik TV, aucune autre chaîne du groupe n'investit dans la production. Les programmes diffusés sont des contenus téléchargés sur Youtube, par conséquent ce sont les contenues libres de droit provenant des producteurs indépendants qui produisent plutôt des contenus pour leur propre chaîne YouTube ou de télévision. Cette manière de fonctionner est une tricherie à ciel ouvert puisqu'une chaîne est censée fonctionner avec ses contenus ou les contenus acquis sous contrat.

Pour le promoteur, ce qui entre dans la promotion de l'art et de la culture c'est « la musique ». Cette manière de restreindre la culture et l'art à la musique est devenue très courante pour la plupart des Camerounais et promoteurs. À y regarder de près, chacun essaye de ramener la culture et l'art à l'un des produits culturels ou artistiques, c'est le cas de la musique. Nous avons aussi compris que dans la création des chaînes thématiques, le Président Directeur Général, Igor BIWOLÉ en a mis sur pied deux chaînes de télévision pour mieux promouvoir la musique car le promoteur détient une agence événementielle « Zik Show » qui organise souvent de grand concert de musique, et une maison de production pour les artistes « Arts and Musik Prod ». Du coup, la conception de l'art et de la musique devient passionnelle et le sens réduit.

Au-delà des slogans, la réalité est toujours différente après vérification en ce qui concerne la promotion de l'art et de la culture. Quand est-il avec l'autre nouvelle chaîne de télévision Cam10 ?

I-2-2-2-Cam 10

Le microcosme médiatique Camerounais s'est enrichi d'une nouvelle télévision très ambitieuse. CAM 10 TV est la nouvelle chaîne qui monte. Cette télévision généraliste met en avant tout ce qui de près ou de loin contribue à la valoriser l'image du Cameroun. C'est une

chaîne « républicaine » comme l'indique son slogan. Et pour mener à bien sa mission, CAM10 TV n'a pas lésiné sur les moyens, elle a mis les petits plats dans les grands pour s'arracher de grosses pointures afin de constituer une équipe de jeunes dynamiques et ambitieux. On note par exemple l'arrivée dans cette jeune chaîne de : Aimé Moukoko ancien présentateur vedette de la matinale sur Canal 2 International, excellent commentateur sportif ou encore celle de Liza NGUENANG Présentatrice du programme à succès « Mon astuce » sur Canal 2 International. CAM 10 offre une diversité de programmes qui couvrent les actualités, le sport, le cinéma, le divertissement, la culture etc.

I-2-2-2-1-Les programmes de CAM 10

La chaîne au slogan de « chaîne républicaine » présente des programmes variés. Nous avons : Tout en image, Camatinale, Le 10 de l'Heure, Tori du Quat, Whatsup, Ca dit quoi, Top Ten, 237 Sport, Sur les Traces d'une icône. C'Art de Talents, Kif no zik, The Republican Debate, K'K L'interview, Gospel Musique, Santé d'abord, C'est à Nous.

Sur ces différents programmes, nous avons pu identifier un seul ayant très à l'art : « C'Art de Talents ». Malheureusement en faisant une observation directe, il ne s'agit pas d'une émission spécifique à une pratique artistique mais plutôt une émission qui aborde tout type de talents. Pour cette chaîne, le talent est défini comme un « art », comme pour simplement dire que chaque talent est un art. Mais on constate que les plages horaires libres sont comblées avec la musique. En plus nous avons même des programmes spécifiques liés à la musique.

La production des émissions artistiques ne relève pas seulement de la charge des chaînes de télévision telle que le signalaient déjà certains Directeurs de programmes TV. Cette tâche incombe à toutes les personnes passionnées d'un ou plusieurs arts. Dans le cadre de cette recherche, nous avons décidé d'examiner en quelques lignes le cas des productions indépendantes. Nous avons choisi à ce propos « Castel Life Comedy » et « More 2 Lap ».

Pour une chaîne de télévision aux grandes ambitions, négliger les aspects artistiques et culturels serait en quelque sorte contribuer à la mort de l'héritage culturel qui a plus que jamais besoin des apports collectifs et individuels. Cam10 TV est plutôt orienté vers du sensationnel, ce qui impact et émeut à l'instant. Peut-être est-ce à cause des talents jeunes qui orientent professionnellement leurs idées de créativité vers les programmes qui les feraient plaisir. À partir de ce constat, on pourrait la qualifier de « chaîne jeunesse », ce qui n'est pas mauvais. Pourtant, un ajustement structurel des programmes contribuerait à améliorer le visage de cette

chaîne. La jeunesse étant aussi passionnée par les pratiques artistiques, satisfaire aussi cette catégorie de jeunesse serait bénéfique pour la chaîne et pour le Cameroun.

I-3-Les productions indépendantes

Les productions indépendantes sont difficilement produites par des individus mais le plus souvent produites par les entreprises privées qui souhaitent promouvoir la marque de leur produit. C'est le cas des grandes productions indépendantes que nous allons examiner.

I-3-1-Castel Live Comedy

Produit par une structure française, Code films, le programme annuel saisonnier visait, selon ses concepteurs, à assurer la détection, la révélation et la promotion des futurs talents de la scène humoristique camerounaise. Il fallait donc un concept sous forme de petite compétition. C'est ainsi que le « Castel live Comedy » voit le jour. Comme présentateur de cette émission, les producteurs avaient choisi Donel Jacks'man, humoriste camerounais installé en France, lui qui présentait déjà l'émission « On ne demande qu'à en rire » sur France 2. L'occasion pour le public local de le découvrir. L'émission de télé-réalité reposait sur le même modèle que « Américan Idol », « X-Factor » et plus près de nous, « Star de demain ». Dans ce concept d'émissions de télé-réalité, des jeunes talents s'affrontaient, par chansons interposées, lors des primes en direct de la chaîne Canal 2 International. À cette occasion, 36 artistes, amateurs et professionnels débutants, spécialisés dans le stand-up, le sketch, l'imitation ou la performance visuelle avaient été sélectionnés pour la compétition. Ils s'affrontaient ainsi lors des performances scéniques individuelles ou collectives, préparées ou improvisées selon des thèmes libres ou imposés. Un peu à la « Jamel comedy club». Sauf qu'ici, il fallait un vainqueur au terme des 10 émissions prévues tous les samedis entre le 5 mai et le 7 juillet 2012. Pour les juger, un jury « de grands sages » composé de Daniel NDO, Tchop-Tchop et Suzanne KALA LOBÉ. L'émission accueillait aussi des « guests » reconnus, artistes locaux, africains ou internationaux qui venaient interpréter des sketchs en direct. Sur scène, on pouvait apercevoir Major ASSE, Moussa Jean KALAGAN, Coulibaly, Mme Essindi, Michekan l'africain, Moustik le Karismatik, Willy De PARIS, Léo le ROI, Charlotte Ngo NTAMACK, Beau GOSSE, Marcus, Boly BOLINGO, Nana ARDO. Le coaching était assuré par Valery NDONGO⁷⁷.

En cette année-là, s'il y a un rendez-vous que personne ne devait manquer, c'était celui-là ; de véritables moments de détente que vivait le public qui assistait en direct à l'émission et les téléspectateurs devant leur petit téléviseur. Des « phrases fétiches » de certains passages cultes qui resteront à jamais gravées dans les mémoires de ceux-ci.

Ce divertissement fut offert à la chaîne Canal 2 International par la marque de bière « Castel » en vue de promotion. La chaîne avait gagné en notoriété, visibilité à long terme et quant au produit une grande campagne publicitaire.

I-3-2- More 2 Lap

More 2 Lap est une émission de l'entreprise de téléphonie mobile Orange dans le cadre de la promotion des talents humoristiques au travers de son concept Orange Comédie Club. De nombreux humoristes amateurs, Hector ou professionnels comme Ulrich TAKAM, Moustik le Karismatik, Senior PASTOR, et bien d'autres sont présents à chaque saison pour non seulement égailler le public, mais accompagner également d'autres jeunes dans cet univers passionnant. L'émission est aujourd'hui à sa 4^ème saison et ne compte pas s'arrêter en chemin. L'émission est diffusée sur Canal 2 International les samedis.

Les motivations d'une telle initiative sont à but commercial. Lorsqu'une marque organise un événement, c'est d'abord pour promouvoir son label et se rapprocher davantage de sa clientèle. Offrir de nombreux services à ses clients et garder une position de leadership dans le système de consommation. Le domaine artistique devient ainsi une source dans laquelle on peut puiser et organiser des événements à succès en vue de promouvoir la marque. Un partenariat gagnant-gagnant est ainsi noué pour une période donnée. Les praticiens de l'art en question bénéficient de nombreux avantages, le premier étant la visibilité, le deuxième le développement du talent, l'atteinte du professionnalisme. Quant aux organisateurs, la marque en promotion gagne des clients non seulement pour la période donnée, mais à long terme si les stratégies d'un bon suivi sont mises sur pied.

En ce qui concerne la présence accentuée de l'humour parmi toutes les autres formes artistiques, la plupart des producteurs affirment que l'humour est le meilleur produit de divertissement parce que les gens aiment se détendre en riant. Il est plus facile de nos jours de mobiliser plusieurs personnes dans une salle pour leur offrir un spectacle de musique et ou d'humour que n'importe quelle autre forme d'art. La musique et l'humour ont cette particularité de mobiliser facilement les foules ; dès lors, c'est à partir de ces regroupements que les campagnes publicitaires se déroulent. Lorsqu'on voudrait organiser un événement, le premier

indicateur pour validation du projet est le public. Plus l'initiative mobilise autant de personnes possibles, plus la marque désirant promouvoir son produit s'y intéresse. Les entreprises, quoiqu'elles injectent beaucoup d'argent dans les événements, elles se rassurent toujours de faire des gains au-delà de leur investissement, mais aussi en notoriété auprès de leur clientèle. C'est une façon de pérenniser l'entreprise.

Avec la statistique descriptive, nous arrivons à la conclusion selon laquelle, le taux d'émissions sur les pratiques artistiques étudiées dans le cadre de notre travail n'excède pas 05% par chaîne de télévision. On constate que Vision 4 hausse la tête avec 2.71% de production d'émissions artistiques parce que la chaîne possède deux émissions diffusées tout au long de l'année ; cela crée la différence avec les autres chaînes.

Le fonctionnalisme de PARTSON permettant de manière générale d'étudier le rôle ou la fonction d'une chose dans la société, certaines lois de cette théorie ont été approuvées dans cette étude. Tenez par exemple, celles stipulant que l'économie assure la stabilité et la politique assure la mobilisation. En effet, chaque chaîne de télévision, pour ce qui est de celles privées, a une politique particulière dans l'élaboration et la production des programmes en fonction de son modèle économique. Au niveau de la loi sur la mobilisation par exemple, Equinoxe TV produit plus d'émissions beaucoup plus à caractère politique car, ce sont telles qui assurent l'audience, laquelle est vendue dans le marché publicitaire. Les émissions « Equinoxe soir » et « La vérité en face », diffusées de lundi à vendredi, sont les produits de grandes consommations de cette chaîne. Le nombre de vue en streaming sur Facebook atteint les deux milles (2000) vues. Le journal télévisé rassemble plus les faits politiques et de société tragiques ou dramatiques.

L'offre annuelle des émissions sur les pratiques artistiques à la CRTV Premium est faible par rapport à celle de vision 4 parce que les programmes de CRTV premium sont variés. Les émissions sont créées pour satisfaire l'ensemble des citoyens selon les justificatifs qui nous ont été donnés lors de notre enquête. Bien que vrai, cela n'empêche en rien de mettre un accent sur les pratiques artistiques. La chaîne censée produire assez d'émissions dans le domaine des arts vivants, plastiques, etc attend plutôt les PAD des producteurs indépendants.

Par contre, Canal 2 International, produit plus d'émission sur le divertissement car ce sont ces émissions qui augmentent son taux d'audience ; en retour, la chaîne peut vendre cette

audience chère aux annonceurs. Pour ces deux chaînes, la différence, se fait au niveau des programmes du soir. « C'Comment », émission de divertissement ayant acquise un très grand public à cause de sa structure et de la qualité des invités (artistes musiciens) qu'elle reçoit. Des trois grandes émissions de divertissement que comptent la chaîne, la plupart des invités reçus sur le plateau sont des artistes musiciens, et quelque fois des humoristes, des écrivains, etc.

La chaîne canal 2 International, contrairement encore à toutes les autres chaînes, promeut l'art et la culture beaucoup plus au travers de la music, du cinéma et tout récemment avec l'inclusion de quelques diffusion sporadiques de l'humour par le biais des productions indépendantes. La chaîne en a même consacrée toute une chaîne pour la diffusion des films camerounais (Canal 2 Movies), quoique la qualité des films diffusés par le public soit critiquée par le public un peu plus aguerri, et par les experts du domaine cinématographiques.⁷⁸ Si son taux de valorisation des pratiques artistiques est si faible dans cette recherche, c'est parce que nous n'avons pas pris en considération la musique et le cinéma pour les raisons évoquées dans la délimitation scientifique du sujet. Néanmoins, on peut tout de même féliciter la chaîne pour les efforts consentis dans la promotion des films locaux (La Reine Blanche, Samba le Général, Adamou et Goni, etc). La musique et le cinéma sont ainsi les principales moteurs de sources de revenus de la chaîne, d'où la création des programmes allant dans ce sens.

La deuxième chaîne ayant un modèle économique similaire est Regard'Afrik TV. En dehors des émissions Signature, Jeune et entrepreneur, Femme, Spiritualité Africaine et Recap l'Actu, le reste des émissions sont à caractère culturelles quel qu'en soit leur dénomination. Les invités de ses émissions sont à 90 % les artistes musiciens. Bien que cette orientation de la grille des programmes soit un modèle économique, il faut aussi noter que son promoteur est un mélomane et possède d'ailleurs des labels de musique « Arts and Musik Prod et 237 Zik Show

Dans son descriptif, la chaîne de télévision Info TV dit promouvoir l'art. Si nos langues nationales sont des arts, on accorderait crédibilité à cette déclaration, au cas contraire, il n'en serait pas le cas. La chaîne valorise plus la culture à travers des émissions faites en langues locales. C'est d'ailleurs l'unique chaîne du pays qui accorde plus d'importance aux langues nationales. Une telle chaîne devrait être accompagnée par l'État afin de mieux développer ses actions. Cette ligne éditoriale singulière est une forme de spécialisation souhaitée pour chaque chaîne TV.

La similarité dans toutes ces grilles de programmes se trouve au niveau des espaces accordés à la musique. Certaines chaînes, en dehors des émissions spécifiques sur la musique (Entrevue le Mag/CRTV, Tribunal du Show Bizz/Regard'Afrik TV, etc.) ont des espaces de diffusion de musique soit pour faire la promotion des nouveaux clips (Top mezik /Regard'Afrik, Urban Hit et Promo zik/Canal 2 International, etc), soit pour meubler l'antenne (temps de relaxation).

En analysant ces différents modes de fonctionnement sous un aspect socioculturel, nous parvenons à une lecture selon laquelle chaque chaîne de télévision garde son audience parce que chaque téléspectateur a un centre d'intérêt bien précis. Les téléspectateurs sont les mêmes et ont à certains moments des convergences et des divergences dans les préférences de consommation des programmes. Chaque téléspectateur reste fidèle à une chaîne par rapport au produit (émission) qu'il consomme dans celle-ci. On peut donc évoquer ici la notion de « statut » développée par Max Weber. Il y a une sorte de stratification des téléspectateurs en fonction de chaque chaîne et des produits culturels présentés. « Oh Tchapeu Tchapeu /Regard'Afrik TV, 10h-12h » ; « Le 10-12/Equinoxe TV », « Cam midi/Cam 10 », « Tour d'Horizon/Vision 4 », « Nous Chez vous/Canal 2 » sont des émissions de divertissements majoritairement consommés par les téléspectateurs. On aborde généralement les analyse sur les fait de société sur les comportements des stars, les exactions de l'armée, des hommes politiques, des musiciens, etc. La consommation ici est donc fonction de l'offre des chaînes qui elle-même est tributaire de ce qui souhaiterai être vue ou entendu par le téléspectateur. Bien qu'étant divertissement et fournissant des informations, et une certaine pédagogie au travers des analyses, ces émissions sont là pour satisfaire prioritairement les émotions de ces téléspectateurs. Par ailleurs, les grilles de programmes sont pleines d'émissions de talkshow (petits débats entre panelistes sur différents sujets). On peut également noter que les émissions se ressemblent. On retrouve pratiquement les mêmes rubriques dans les émissions d'animations, seules les dénominations changent. À titre illustratif, nous pouvons citer « Cam midi, C à Nous /CAM 10 », « Canal matin, Nous chez vous, C'Comment/Canal 2 », « Cameroon feeling, Cameroun Day Ligth, Cam midi/CRTV et CRTV News », « Wake Up Africa, Billionnaire/Regard'Afrik TV ». Dans ces émissions, la plage invitée est toujours débordée d'artistes musiciens. Une fois de plus, ceci démontre le « suivisme tendanciel » que nous évoquons, lequel est un frein à la créativité.

En réalité, les émissions de divertissement que ce soit sous forme de talkshow ou musique priment à cause de la stratification du marché de consommateur. Cette stratification du marché

peut se comprendre à partir de l'étude sur les modes de réception télévisuelle menée par Média Intelligence en 2016 dont voici les résultats.

Malgré la démocratisation de l'accès à l'offre satellitaire et le récent avènement de la TNT, avec de 79% de parts de marché, le câble représente toujours le mode de réception télévisuel dominant au Cameroun, avec une pénétration plus prononcée dans la classe sociale D évaluée à 71%, contre seulement 34% pour la classe sociale B⁷⁹.

Dans ce rapport, la classe B correspond aux chefs d'entreprises, hauts cadres d'entreprises, avocats... La classe C correspond aux infirmiers, enseignants, commerçants...Et la classe D aux étudiants, chômeurs... Dans la stratégie commerciale, l'on vise plus le grand marché. La plupart des produits faisant objet de publicité sont les produits de consommation de masse. La masse qui passe plus de temps devant le téléviseur est la classe D et les émissions qui peuvent les captiver devant leur petit écran sont celles de divertissement. Les résultats de l'agence sur le cumul des heures d'écoute illustrent davantage l'analyse faite dans les paragraphes ci-dessus. « Les trois principales tranches horaires en pics d'audience : 6h -9h, 12h - 14h et 18h - 22h ». ⁸⁰ De 6h à 9h, ce sont les matinales. Elles ciblent essentiellement les personnes qui sont dans la vie active et se préparent pour aller travailler. Sur les tranches 12h - 14h et 18h - 22h, l'on retrouve des programmes d'informations (journaux télévisés) et de divertissement (séries). Avec cette rupture dans la consommation télévisuelle au Cameroun, l'audience du programme devient primordiale par rapport à celle de la chaîne⁸¹.

Relever le niveau de production dans ces chaînes reste un véritable enjeu actuel pour ces chaînes TV. Pour se faire, certaines mesures peuvent déjà être envisagées par l'état en ce qui concerne l'augmentation du taux de programme. En parcourant la loi n° 2015 régissant l'activité audiovisuelle au Cameroun, nous nous sommes rendu compte que les chaînes n'ont pas une obligation de pourcentage à respecter dans leur grille de programme sur la promotion des arts et de la culture. Dans l'article 9, alinéa 2, l'État encourage juste à la promotion de la culture en ces termes : - promouvoir la création des oeuvres artistiques nationales; - favoriser la production des oeuvres audiovisuelles nationales et de proximité⁸².

Conclusion

Dans ce chapitre, il était question de déduire les types de productions artistiques offertes dans chaque chaîne et d'analyser son système de fonctionnement, lequel assure sa stabilité et participe au mécanisme de production. Le fonctionnalisme comme théorie a été ainsi mis en exergue pour y parvenir. La recherche s'est effectuée sur quatre axes majeurs. Le premier sur les chaînes de l'échantillon principal, ensuite sur les chaînes secondaires et tertiaires, et le quatrième sur les productions indépendantes. Au regard de cette analyse effectuée dans les chaînes de télévision camerounaises, on constate qu'il y a véritablement un manque production des émissions sur les pratiques artistiques. Les chaînes de télévision n'arrivent pas à mettre sur pied des émissions spécifiques. Pour ce qui en est des chaînes de l'échantillon principal, la CRTV Premium chaîne généraliste à capitaux publique estime qu'elle ne peut produire toutes les émissions. De ce fait, elle laisse le soin aux producteurs indépendants de bien vouloir produire des émissions qu'elle pourra acquisitionner. En termes de divertissement, on y retrouve plus des programmes spécifiques sur la musique. Sa consoeur, CRTV Sports and Entertainment, dont on aurait cru s'investir dans la mise sur pied des programmes variés sur ces différents types d'arts, ne propose pas plus que les séries TV, la musique et l'humour. Elle se déclare comme une chaîne offrant uniquement 30% de divertissement sur les arts vivants et que la responsabilité d'en fournir plus revient à la CRTV Premium.

La chaîne Canal 2 quant à elle, leader dans le divertissement depuis sa création propose deux émissions sur le cinéma, un seul sur les arts plastiques mais beaucoup plus de programmes sur l'humour. En réalité, lesdits programmes sont sources de profit pour la chaîne car les sponsors ne manquent pas pour ce genre d'initiative. Pour ce qui est des chaînes secondaires, Équinoxe TV a bâti sa ligne éditoriale sur la politique depuis 2018 et Info Tv sur la promotion des langues Maternelles. Au-delà des deux émissions sur le cinéma, Vision 4 diffuse de l'humour et du cinéma, la chaîne compte en faire davantage avec la restructuration des programmes qui ne cesse d'être permanente. Pour les chaînes tertiaires que sont Regard'Afrik Tv et Cam10, elles cherchent encore à se frayer un chemin dans un paysage très concurrentiel, faire d'abord comme les autres est leur principal objectif. Pour le quatrième axe, l'humour est une porte de campagne publicitaire dans la mesure où il est très facile de réunir un grand public pour un « Show de rire » contrairement à toutes les autres formes artistiques.

Mais au-delà de toutes ces raisons évoquées par les différentes chaînes, l'insuffisance des émissions artistiques seraient à l'origine de l'inexploration liée au manque d'innovation.

Les chaînes se contentent de faire comme les autres, à les défier sur ce que celles concurrentes proposent déjà sur le marché, ce que nous avons appelé le « suivisme tendanciel ». Cette pratique ne favorise pas la réflexion à de nouvelle choses, mais plutôt à vouloir copier l'autre, puisqu'on estime que le public est déjà habitué et adore si ou ça. C'est la raison pour laquelle les programmes sur la musique sont majoritaires dans toutes les chaînes, pourtant, il existe déjà des chaînes thématiques concernant l'art musical. On y trouve que de la musique, on fait de la promotion des nouveaux titres et bien d'autres.

Face à ce manque d'innovation, les pratiques artistiques que nous évoquons dans notre travail de recherche sont-elles si pauvres en ressources ? Ne peuvent-elles pas contribuer à la création d'émissions spécialisées ? Ce sont les questions auxquelles nous allons répondre à la fin du deuxième chapitre suivant.

⁸³ Noël, NEL, « La fonction artistique de la télévision, réalités et limites », in MEI « Médiation et information », Université de Metz, n° 16, 2002, p. 49.

CHAPITRE II :

Introduction

La télévision en elle-même est un spectacle, mais un spectacle sous lequel les autres spectacles sont vus. Quel est réellement le rôle de la télévision, comment la définir ? C'est cette question que formule Noël NEL dans son article la fonction artistique de la télévision en ces termes :

Comprendre, si peu que ce soit, les caractéristiques du média télévision, sur le plan de la fonction artistique, revient à définir le régime scopique qu'il impose, à l'installer dans la perspective intermédiale, et à en esquisser les limites historiques d'effectuation⁸³.

Le présent chapitre est consacré à l'évaluation des contenus des programmes artistiques et répond à trois questions à savoir : que pouvons-nous avoir comme contenu d'émission à travers la création des programmes artistiques ? Que bénéficie-t-on au niveau pédagogique ? Et enfin, en quoi est-ce que lesdites émissions contribuent à l'essor culturel ?

Les trois questions ainsi formulées nous conduisent à la structuration suivante : nous présenterons premièrement le flux de programmes en ce qui concerne les émissions sur les Arts plastiques et l'archéologie, deuxièmement l'aspect éducationnel des émissions qui concourent non seulement à la découverte, à donner du goût à la consommation, mais aussi participe à l'apprentissage du métier et troisièmement, nous allons présenter les atouts de ces émissions qui participent d'une part à la valorisation de l'artiste et son oeuvre et d'autre part, à la promotion de l'héritage culturel.

II-1- Flux des programmes

On entend par flux de programme la quantité d'émissions qui meublent une grille d'antenne.

L'Histoire de l'Art ne se trouve pas que dans les livres ! Pour preuve, plusieurs émissions culturelles et artistiques ont vu le jour dans le but de démocratiser l'art, de le

vulgariser et ainsi de le rendre accessible à tous, à la télévision ou sur Internet. Des rendez-vous qui content bien des histoires et font vivre et revivre des oeuvres, des artistes, des mouvements artistiques de façon originale et insolite. Ayant constaté une insuffisance des émissions artistiques ciblées, il sera question pour nous d'en proposer quelques-unes qui pourront meubler les antennes. De ce fait, nous allons présenter quelques synopsis d'émissions.

Nous allons présenter quelques émissions pouvant aider à constituer la grille des programmes.

II-1-1- Émission sur les Arts plastiques

L'importance des Arts plastiques n'est plus à démontrer de nos jours. Si des personnes sont devenues célèbres aujourd'hui, c'est grâce à leurs travaux mais aussi à une forte médiatisation : Pablo Picasso (1881-1962) ; Salvador Dali (1904-1989), Frida KAHLO (19071954) ; Claude MONET (1840-1926). En Afrique, nous avons El ANATSUI (Ghana) ; Irma Stern (Afrique du Sud) ; Wangechi MUTU (Kenya). Au Cameroun, nous avons Eric DJONKAM, Tchinda Maurice, Vinny le LEGENDAIRE.

Il nous a semblé important de présenter quelques émissions qui démocratisent l'art sur nos écrans, de quoi se faire plaisir et remettre l'Histoire de l'Art au goût du jour en seulement quelques minutes ! Les Arts plastiques recouvrant un domaine large en termes de spécialité, nous allons proposer des concepts pour chacune d'elle.

Synopsie 1 : CONNAISSANCE DE L'ART, durée : 52 minutes, public cible : Étudiants et tout autre public, mode diffusion : Direct

C'est une émission consacrée à l'histoire des arts plastiques, de la naissance à l'évolution, les formes, les théories en Arts plastiques. C'est une émission à caractère pédagogique qui rassemble sur un même plateau les apprenants en Art plastique et les enseignants d'Université. Les enseignants formant le panel débattent sur un thème précis. Les étudiants présents peuvent relancer les enseignants à travers des questions pour combler leurs incompréhensions, relancer et animer le débat. Le générique débute sur quelques grandes oeuvres emblématiques de Léonard de VINCI, El ANATSUI et bien d'autres.

Décor : Studio avec estrade pour public et un côté pour panel. Le mur central est peint aux couleurs de l'émission, le background constitué des grands oeuvres d'auteurs. Sur les côtés, nous avons des tableaux des étudiants accrochés, des tableaux qui cadrent avec le débat du jour.

Synopsis 2 : MON PREMIER COUP DE PINCEAU, durée de l'émission (52 min), public cible : Les aspirants aux métiers de peintre, Mode diffusion : Direct

Émission à caractère pédagogique, Mon premier coup de pinceau a pour public cible les débutants ou ceux qui veulent apprendre à dessiner. C'est une sorte de cours pratique animer soit par un enseignant mais de préférence par un pratiquant qui va expliquer tout en démontrant avec ses outils comment commencer sa carrière de peintre. Les leçons sont divisées en fonction des différents types d'exercices. Comment faire un portrait-robot, comment dessiner une maison, une chaussure, un paysage, comment appliquer les couleurs, le choix des matériaux dans le dessein, le choix des sujets. Les participants directs sont des apprenants qui seront dans le studio et qui pourront appliquer à la lettre les conseils de l'enseignant tout en s'inspirant aussi de son oeuvre. Le but ici est de montrer au téléspectateur qu'il peut y arriver s'il s'applique lui aussi. Les apprenants désireux de participer en direct peuvent se faire enregistrer via les canaux qui leur seront donnés.

Décor studio : Grand studio permettant d'accueillir 05 apprenants et un formateur. Sur les murs, des tableaux accrochés et le mur central peint avec le nom de l'émission et une main qui dessine.

Synopsis 3 : LA MEILLEURE TOILE, durée : 104 minutes (Format de 2H), public cible : Les pratiquants, Mode diffusion : P.A.D

La meilleure toile est une émission de challenge entre pratiquants. Sur un thème donné, 06 pratiquants vont s'affronter en traitant l'exercice qui leur a été donné (le modèle imposé, le dessin et l'expression libre..). Ça pourrait être un portrait-robot, ou tout autre. Chaque candidat sera suivi par une caméra dans la réalisation de son oeuvre avec des petites questions qui permettront de savoir les étapes concourantes à la finition de son oeuvre. Après la réalisation des oeuvres, chaque candidat va présenter son oeuvre aux membres du jury en expliquant le procédé de réalisation, les matériaux de réalisation, l'originalité de l'oeuvre. Un jeu de questions-réponses permettra d'évaluer les connaissances du candidat. Le jury sera là pour décrire et expliquer les techniques imposées et jouer aussi le rôle de conseiller auprès des candidats. Après le passage de chaque candidat, chaque membre du jury attribuera une note au candidat, le ratio donnera la note finale et le vainqueur sera déterminé. Un trophée lui sera décerné.

Synopsis 4 : A LA DECOUVERTE DE...(MAGAZINE), durée : 52 minutes, public cible : Les pratiquants, mode diffusion : P.A.D

Cette émission met en avant les oeuvres produites par les pratiquants indépendants (Dans les rues, les quartiers). Le but étant de rapprocher la télé du spectateur, de l'artiste qui se trouve au fond d'un village ; de susciter l'envie d'y faire mieux car le regard du monde se serait intéressé à lui. La première partie consiste à présenter leurs oeuvres déjà réalisées. La deuxième partie est la démonstration du savoir-faire du pratiquant. Les deux parties sont animées par un(e) journaliste qui s'en va dénicher les secrets de l'artiste à travers des questions pertinentes (motivations, but, difficultés, perspectives).

« Design House » est une émission consacrée à la décoration intérieure et extérieure des maisons, la décoration des meubles, etc. Elle présente les talents des plasticiens au pied d'un mur de maison. Sous un thème donné par le propriétaire de la maison, technicien plasticien va expliquer au propriétaire le mécanisme qui lui permettra d'obtenir ce qu'il désire. Le propriétaire pourra utiliser tous les moyens pour transmettre au technicien sa vision de la chose (images, dessins, photos). À la fin de la décoration, les membres du jury (02) passeront évaluer le candidat. Les propriétaires de maison souhaitant les décorations pourront contacter l'émission pour en bénéficier des services.

Scientifiquement parlant est une émission à caractère scientifique. Elle vise à analyser et expliquer les oeuvres anciennes (14^ème siècle) à nos jours à partir des théories scientifiques permettant de décoder le message transcrit grâce aux pinceaux des auteurs. Des Universitaires et professionnels du domaine retracent l'histoire des oeuvres. De Leonard de VINCI à nos jours, rien n'échappe aux spécialistes et critiques d'arts. Un présentateur et 03 panélistes.

Synopsis 7 : BD-KMER, durée : 52 minutes, public cible : Tout public mode diffusion : Direct

« BD-KMER » est une émission consacrée à la bande dessinée camerounaise. Les dessinateurs viennent présenter leur storybord aux membres du jury qui vont en juger de la pertinence de l'histoire, la technique utilisée pour dessiner et les qualités de dessins présentés. Si le projet retient l'attention du jury, il sera dirigé vers des maisons de productions pouvant l'adapter. Le but dans cette émission est de présenter le savoir-faire des jeunes en termes de Bande dessiné.

Synopsis 8 : GALERIES D'ARTS, durée : 52 minutes, public cible : Tout public mode diffusion : PAD

« Galeries d'arts » est un magazine qui présente les différentes galeries d'art du Cameroun, ce qu'on y retrouve, les spécificités de chacune. Le but étant de présenter au monde les nombreuses richesses culturelles que nous possédons dans le territoire, de vendre aussi chaque localité. Ainsi, le magazine fera une introspection dans tous les châteaux, hôtels pour faire découvrir une exposition rattachée au reportage de la semaine ; dans tous les tributs, les peuples possédants des cases d'arts comme les peuples Bamoums, Bamiléké, Peulhs et bien d'autres. Présentation des objets sacrés, explications par les patriarches permettront d'en savoir plus sur nos cultures.

Synopsis 9 : VOICI MON VILLAGE, durée : 52 minutes, Public cible : Tout public mode diffusion : PAD

« Voici mon village » est une émission qui présente chaque village à partir des tableaux peints par les plasticiens. Les participants sont les étudiants et praticiens qui viennent présenter les résultats de leurs recherches sur des sites explorés ; ceux-ci devront se servir des outils et données recueillis sur le terrain pour étayer leurs argumentations sur une base scientifique. Chaque praticien devra présenter 05 tableaux. Le premier résume la vie, la situation du village. Le 2^ème présente le village du point de vue géographique, les 3^ème et 5^ème détailles les aspects particuliers du village.

Le terme poterie désigne des vases et récipients à usage essentiellement domestique ou culinaire réalisés en terre cuite poreuse qui peuvent demeurer bruts ou recevoir un revêtement glaçure. Le terme désigne aussi la production et l'atelier du potier. Cet atelier permet de fabriquer des objets architecturaux (tuiles, carreaux), lampes, figurines, etc.

Synopsis 10 : LE POTIER, durée : 52 minutes, public cible : Tout public mode diffusion : P.A.D

Le potier est un concept qui vient mettre en avant la poterie et même la sculpture. Durant 52 min, le pratiquant modélise une oeuvre d'art en expliquant le procédé (Les techniques scientifiques ou non qui permettent d'aboutir à un résultat). La sculpture en bois, la céramique, la fabrication des objets en métallique entreront en scène. Les meilleurs objets d'arts seront vendus durant l'émission destinée à la vente des objets d'art.

Synopsis 11 : LES BONNES AFFAIRES, durée : 52 minutes, public cible : Tout public mode diffusion : Direct

« Les bonnes affaires » est une émission de vente en direct. Peuvent être vendues, tous types d'objets d'arts. Les détenteurs d'objets d'arts (les concepteurs) vont passer présenter leurs objets d'arts devant les marketistes et les enseignants d'universités ou professionnels. Le vendeur va expliquer sa conception, l'originalité de son oeuvre, la signification, tous les éléments permettant de connaître son oeuvre. Il répondra aux questions des enseignants qui vont l'aider à mieux expliquer son oeuvre. Après cette première partie, les enseignants avec les marketistes vont proposer le prix d'achat de l'oeuvre en direct. Les entreprises présentent dans la salle ou les téléspectateurs pourront acheter l'oeuvre au prix fixé ou plus, en fonction des sommes mises en jeu.

Après avoir présenté quelques synopsis des émissions qu'on peut y retrouver sur les arts plastiques et l'archéologie, voyons voir ce qu'il en est avec les arts vivants de la scène.

II-1-2- Émission sur les Arts Vivants

Les arts vivants regroupent diverses formes d'arts, ceux sont les arts d'expressions, les arts de la scène. Elles ont pour particularité l'interaction avec le public,

Synopsis 1 : L'ART DANS LA RUE (MAGAZINE), durée : 52 minutes, public cible : Les pratiquants, mode diffusion : P.A.D

Cette émission met en avant les oeuvres produites par les pratiquants indépendants (Dans les rues, les quartiers). Il s'agit d'aller à la rencontre des jeunes talents qui s'exercent dans la rue et dont ne bénéficiant pas d'une visibilité des médias. Le but est aussi de rapprocher la télé du spectateur, de dénicher les talents et d'amener les gens à comprendre l'oeuvre présentée car les formes artistiques font face aux regards dédains de la part de la communauté. L'artiste va présenter son savoir-faire ensuite expliquer ce en quoi consiste son oeuvre.

Synopsis 2 : LE PERFORMEUR (MAGAZINE), durée : 52 minutes, public cible : Les pratiquants, mode diffusion : P.A.D

« Le performeur » est une compétition entre performeurs. L'équipe de production suit le performeur dans son milieu (rue, maison, etc.). Chaque performeur a droit 10 minutes de performance et conquérir un public, c'est-à-dire le captiver, l'emmener à admirer son oeuvre et à lui poser des questions sur son oeuvre, son métier. Les candidats seront départagés sur les interactions et la qualité de la performance. Le but est de présenter ce style d'art au public et de les y habituer, de les amener à aimer, lire et décoder les messages transmis dans une performance.

SYNOPSIS 3 : ON STAGE, durée : 1H30 minutes, public cible : Les pratiquants mode diffusion : P.A.D

C'est une émission de mise en scène. Elle présente les différentes techniques d'initiation à la mise en scène. Les apprenants sont assistés par un professeur qui les aide à monter une pièce de théâtre ou une portion d'acte. Du choix du texte, au casting, répétition et représentation proprement dite, tout est visualisé par le téléspectateur.

La critique est une activité intellectuelle complexe puisqu'elle est autorégulée, autocorrective et issue d'une activité métacognitive. Elle est « l'art de juger la qualité et les défauts d'une oeuvre d'esprit » d'après SCALIER. Soumettre les oeuvres des amateurs et professionnels

au crible de la pensée critique serait une façon d'examiner le produit présenter pour savoir s'il en vaut son pesant d'or. Voici comment peut se présenter une émission sur la critique d'art.

SYNOPSIS 4 : LA CRITIQUE M'A SAUVE, durée : 1H 30 min, public cible : Les pratiquants, mode diffusion : Direct

C'est une émission qui fait la critique des oeuvres. On choisit une pièce de théâtre enregistrée puis les experts de la discipline vont commenter le spectacle selon un canevas (Mise en scène, jeu des acteurs, costumes, décors, les personnages et bien d'autres). Les oeuvres soumises à l'épreuve critique sont celles des amateurs et professionnels. Des conseils seront donnés pour une amélioration des oeuvres selon les manquements relevés. Le but visé est d'aider les pratiquants à maîtriser leur objet d'étude, renforcer leur savoir-faire, les orienter, renforcer leur capacité critique, les amener à se surpasser, réaliser des oeuvres plus grandes.

SYNOPSIS 5 : NOUS SOMMES AU THEATRE/ CINEMA, Durée : 1H 30 minutes, Public cible : Tout public, Mode diffusion : Direct

Diffusion d'un spectacle de théâtre en Direct. Bien avant la représentation, un plateau spécial est organisé pour commenter l'affiche du spectacle, donner le profil des acteurs, le profil du metteur en scène, ses réalisations, sa vision, sa biographie. Les problématiques que pourraient soulever une telle pièce et ceux à quoi on peut s'y attendre. Présentation du making-off. Et après la représentation, on revient sur le plateau pour affirmer ou infirmer les hypothèses de sens émises avant la représentation. Et pour sortir, on en propose quelques perspectives.

Le bien-fondé d'un tel programme est d'abord de valoriser la pratique théâtrale, de montrer en sorte qu'on peut en consommer du théâtre à titre d'émission comme tous les autres programmes, sport, politique, etc. À travers cette émission, on apprend de ses erreurs, on apporte du suspense avant la diffusion ou le direct.

SYNOPSIS 7 : DANSES PATRIMONIALES, durée : 2 Heures, public cible : Tout public mode diffusion : Direct

« Danses patrimoniales » est une émission consacrée aux danses patrimoniales du Cameroun. Comptant plus de 200 ethnies, chacune d'elle regorge de multiples danses cachées

qui restent jusqu'à ce jour un vaste champ à explorer. Le présentateur reçoit un groupe de danse, lequel aura 04 à 05 passages de démonstration des différents types de danses. Les prises de paroles sont consacrées aux explications de chacune d'elle. Un grand public assiste à l'émission. Le décor de l'émission est fonction de la culture de la localité issue du groupe de danse.

SYNOPSIS 8 : ARRETE DE RIRE, durée : 2 Heures, public cible : Tout public

« Arrête de rire » est une émission de comédie. Les comédiens passent à tour de rôle pour présenter les faits sous forme comique et égailler le public. Des candidats s'affronteront dans cette émission de télé-réalité tous les samedis soir. Dans ce concept d'émissions de télé-réalité, des jeunes talents s'affrontent en direct. À cette occasion, 30 artistes, amateurs et professionnels débutants, spécialisés dans le stand-up, le sketch, l'imitation ou la performance visuelle seront sélectionnés. Ils s'affronteront lors de performances scéniques individuelles ou collectives, préparées ou improvisées selon des thèmes libres ou imposés. Le vainqueur sera déterminé au terme des 10 émissions qui constitueront l'épisode 1. Le jury sera composé des professionnels ainsi que des Universitaires. Le public assistera au show en direct. L'émission accueillera des Guests Star qui viendront donner quelques conseils aux candidats.

L'expression stand-up est une abréviation de la langue Française. Mais le terme même est issue de la langue Anglaise (Stand-up comedy). C'est un genre comique ou un humoriste seul, sans décor, sans accessoire. Dans une succession de monologue, l'humoriste amène le public dans une grande aventure, durant sa prestation, il brise le « quatrième mur » afin de prendre ce même public à témoin. Le fait que ce numéro se pratique en solo lui vaut souvent le nom de « one man show ». Le stand-up et le slam-up sont proches de par leur forme, mais le slam-up fait plus appelle à la poésie urbaine, une création de textes oraux qui touche plus à l'âme. C'est un genre qui berce les coeurs et libère les têtes.

SYNOPSIS 9: SLAM AND STAND-UP, Durée : 2 Heures, Public cible : Tout public Mode diffusion : Direct

Catégorie Slam-up ou stand-up, chaque comédien vient présenter son savoir-faire.

Tout comme pour la comédie, les candidats s'affronteront dans cette émission de télé-réalité tous les mardis soir. Les amateurs s'affronteront entre eux et les professionnels de l'autre côté, ceci dans deux productions bien distinguées. À cette occasion, une trentaine d'artistes seront sélectionnés pour la compétition durant un épisode. Les performances scéniques seront individuelles avec des thèmes imposés. Le vainqueur sera déterminé au terme des 10. Le jury sera composé des professionnels ainsi que des Universitaires. Le public assistera au show en direct. L'émission accueillera des Guests Star qui viendront donner quelques conseils aux candidats.

La catégorie d'émission suivante est un conte. Le conte africain se définit par ses traditions, la plupart du temps oralisées et transmises de la sorte au public. C'est une forme de littérature orale regroupant à la fois les énigmes, les formules d'art divinatoire, les maximes, les dictons, les louanges. Les formes plus connues sont les proverbes et les fables.

SYNOPSIS 10 : HISTOIRES DE CHEZ-NOUS ! Durée : 52 Heures, Public cible : Tout public, Mode diffusion : Direct

Histoire de chez-nous ! Est une émission destinée aux contes d'Afrique. Les légendes, mythes, fables, nouvelles, récits historiques, récits de la vie, contes modernes, etc. Tous ces genres sont concoctés pour offrir aux téléspecteurs les histoires proches d'eux. Sensibiliser, informer, éduquer, transmettre la sagesse africaine à la jeunesse et perpétuer la tradition. Ce sont les buts visés dans cette émission. Un présentateur introduit les comédiens. L'émission aura deux productions : production pour enfant et une autre pour adulte.

Décor : L'émission live est réalisée dans un grand cabaret, salle de spectacle avec un grand public.

SYNOPSIS 11 : BECOME AN ACTOR, Durée : 2 Heures, Public cible : Tout public Mode diffusion : Direct

« Become actor », en Français « DEVIENS ACTEUR » est une émission de télé-réalité qui forme les acteurs en direct. C'est une sorte d'atelier de formation pour les jeunes passionnés du cinéma et du théâtre et de renforcement des capacités pour les professionnels. Les pratiquants suivent d'abord un petit cours magistral sur l'exercice qui leur sera donné. Ensuite

chaque candidat passera sur la scène pour mettre en application les conseils. Enfin, viendra la phase éliminatoire qui permettra de garder deux acteurs. L'émission accueillera 06 acteurs par production. Les vainqueurs pourront être déployés dans des compagnies de cinéma. Les guests star seront constitués des réalisateurs, producteurs, hommes du cinéma.

« Ciné Tech » est une émission débat. 03-04 panélistes discutent sur la sortie des films Camerounais, Africain ou internationale. Dans cette émission on en ressort les techniques utilisées, le parcours des acteurs, scénaristes, réalisateurs. Les techniques utilisées pour réaliser le film. C'est une critique faite autour du film qui permet de mieux comprendre le film dans tous ses aspects. En dehors de toutes ces émissions, nous avons des documentaires, des débats télévisés qui meubleront la grille de programme. Un journal spécialisé sur les arts sera davantage édifiant. Toutefois, commençons par définir ce que sait un journal avant d'y présenter le contenu.

Le terme journal est polysémique lorsqu'on ne le cerne pas dans un domaine précis. Mais déjà, notons que journal, de manière adjectival est ce qui « se rapporte à chaque jour ». Le Centre national de Ressources textuelles et Lexicales a tenté d'en donner plusieurs définitions. Mais celle qui nous intéresse est la suivante : « publication périodique, le plus souvent quotidienne, rendant compte de l'actualité dans plusieurs domaines et dont la composition obtenue par des moyens techniques divers, est produite... »⁸⁴. Le journal télévisé sur les pratiques artistiques serait ainsi un bulletin d'informations quotidien sur les activités artistiques.

II-1-3- Émissions sur les arts visuels

SYNOPSIS 1 : SHOT IT (photographie), Durée : 1 Heure, Public cible : Tout public Mode diffusion : PAD

« Shot it » est une émission consacrée à la photographie. Ici, les 03 candidats viennent présenter ce qu'ils savent faire en photographie. La première partie est consacrée à la

⁸⁴ Les définitions.fr-education-artistique, Le Centre national de Ressources textuelles et Lexicales

présentation de leurs oeuvres déjà réalisées. La seconde partie est un exercice pratique qui oppose les candidats. Ceux-ci doivent photographier un sujet donné selon les consignes du jury. Le jury est une icône de la photographie ou professionnel du métier qui va guider les candidats accompagnés d'un (e) animateur/animatrice. Le meilleur candidat recevra un lot du partenaire.

SYNOPSIS 2 : L'HISTOIRE EN IMAGES (photographie), durée : 60 min, public cible : Tout public, mode diffusion : Direct

« L'histoire en image » est une seconde émission consacrée à la photographie. Ici, les experts en photographie viennent présenter les oeuvres photographiées. Ça peut-être l'histoire d'une ville, d'une enquête, d'une rencontre amoureuse, d'un événement. Le principe est de faire une littérature écrite à partir des images qui raconte des histoires de tout genre.

SYNOPSIS 3 : 1 JOURNEE 1 FILM, Durée : 2 Heures, public cible : Tout public

Cette émission sur le cinéma est destinée aux amateurs. C'est une émission qui oppose 03 réalisateurs amateurs. Le principe consiste à tourner un film de 06 min en une journée (production + post production) à partir d'un même sujet. Une équipe d'acteur amateur sera mise à la disposition des réalisateurs, lesdits acteurs appartiennent à l'émission. Toutefois, les réalisateurs peuvent se passer des acteurs amateurs de la maison pour en chercher d'autres.

La production bénéficiera d'un appui financier des partenaires et éventuellement des maisons de productions en termes de matériel technique. Le but est de ventre le talent de la jeunesse, de booster leur capacité de créativité, et de proposer aux maisons de production de cinéma des réalisateurs, scénaristes et acteurs prêtes à servir dans de grands projets de film. Les films réalisés sont présentés diffusés, commenté par les experts. Le réalisateur et le scénariste répondent aux questions du jury (02). À la fin, un vainqueur remporte la partie. Les groupes de cinéma qui souhaitent recruter des acteurs, scénaristes ou acteurs du projet peuvent se signaler durant l'émission.

Le journal à part entière au même titre que les autres. Ce journal vient davantage combler le manque de visibilité des pratiques artistiques. Ce journal couvre la culture de manière générale. Les papiers journaux seront des conférences de presses des artistes, des événements tels que : les expositions, les découvertes, les conférences-débats, les spectacles, les symposiums, etc.). En termes de particularité, le journal aura deux rubriques spéciales à savoir : l'oeuvre du jour et le portrait du jour. Pour la première, il s'agit de présenter une oeuvre bien faite, captivante, pleine de vie et de signification par rapport à un événement dans la société soit alors une journée mondiale (Journée de l'enfant Africain, le tabagisme, le col de l'utérus, etc.). Pour la seconde, il s'agit de présenter un célèbre peintre ou un pratiquant ayant marqué son milieu social. Ces deux rubriques ne se limitent pas bien sûr aux arts plastiques mais s'étendent sur toutes les autres formes d'arts. Le journal recevra un invité avec qui on débattra de certains points saillants.

Synopsis 2 : LE DEBAT CULTUREL (10H-12H00), Durée : 1H 30, Public cible : Tout public, Mode diffusion : Direct

Le débat culturel est un Roundup de l'actualité culturelle qui commente les faits marquant du jour, de la semaine sous tous les angles. Le présentateur est accompagné des invités avec lesquels ils aborderont tous les sujets d'actualités. Il pourra recevoir tour à tour les invités sur le plateau ou via des canaux de communication.

Dans cette première partie du Chapitre 2 de notre travail, nous venons de créer 11 synopsis d'émissions sur les Arts plastiques, 13 émissions sur les Arts vivants et 03 émissions sur les arts visuels et 01 émission d'information. Au total, 28 synopsis d'émissions, de quoi animer une chaîne de télévision thématique spécialisée sur les pratiques artistiques. Lesdites émissions respectent les catégories d'émissions qu'on retrouve dans une chaîne de télévision. En quoi est-ce que la présence des pratiques artistiques sur nos écrans serait bénéfique ? Dans cette deuxième partie de notre chapitre 2, nous allons présenter l'aspect éducationnel lié aux arts.

L'éducation artistique est un processus permettant à une personne d'assimiler et apprendre les connaissances. Elle permet d'assimiler les notions culturelles qui participent à

II-2- Éducation artistique

une conscientisation culturelle et comportementale. L'art étant l'ensemble des créations humaines qui expriment une vision et s'adressant délibérément à l'esprit, aux sens et aux émotions pour mieux traduire la vision de l'artiste sur le monde, celle-ci fait souvent appel aux ressources plastiques, sonores ou linguistiques pour exprimer les idées, sensations et émotions. L'éducation artistique est donc une méthode d'enseignement qui permet à l'individu de découvrir l'oeuvre d'abord, ensuite apprendre sur l'oeuvre et, enfin canaliser ses émotions par le biais de l'expression artistique. Le fait que la notion d'art ne soit pas statique oblige l'éducation artistique à s'adapter aux nouvelles modifications⁸⁵. L'enseignement aux arts ne se limite pas au maître et à l'enseignant à travers des outils didactiques tels que la craie, le livre d'art, les règles et bien d'autres. Elle est aussi sous d'autres formes qui permettent au candidat d'apprendre rapidement. L'une de ces formes est l'éducation de l'apprenant au travers des médias, la télévision classique et numérique qui concerne notre cas. Les apprenants reçoivent les leçons formulées sous formes d'émissions TV. Le fait de les regarder au quotidien permet au cinéphile de s'imprégner des aspects artistiques et culturels tout en les consommant avec plaisir. C'est une forme d'apprentissage par visionnage et de manière auditive.

L'éducation artistique participe à l'augmentation du niveau de consommation des produits artistiques. Comment consommer avec appétit et de façon régulière ce que nous ne maîtrisons pas et de plus, qui ne nous est par régulièrement offert ? Il y a donc lieu de voir la question d'appropriation culturelle - elle passe déjà par les instruments de cette appropriation, sous forme d'habitus culturels Bourdieu, repris par Bernard ZARCA déclare à ce propos que :

« ... pour s'approprier une machine, il faut être l'ingénieur qui l'a construite ou quelqu'un qui est capable de maîtriser le programme; pour s'approprier un tableau, il faut être le peintre qui l'a peint ou quelqu'un capable de s'approprier l'équivalent du programme, c'est-à-dire, quelqu'un ayant un certain code culturel, etc. »86

En juin 1966, le sociologue Georges Friedmann, publiait dans Le Monde une série d'articles qualifiant la télévision d'« école parallèle ». Cette télévision est devenue le moteur de l'éducation populaire.

⁸⁵ Les définitions.fr-education-artistique, Le Centre national de Ressources textuelles et Lexicales

⁸⁶ Pierre, BOURDIEU, « Capital culturel et stratégies de reconversion », cité par Bernard, ZARCA, « Le concept de capital culturel », in Consommation, C.R.E.D.O.C., Dunod, n° 1, Janvier-Mars 1978, p. 9.

⁸⁷ Géraldine, POELS, « Télévision et démocratisation culturelle : un rendez-vous manqué », in Hypothèses, 1 juin 2015, p.7. Repéré sur https://chmcc.hypotheses.org/1283 Consulté le 26 Janvier 2021 à 10h10 min

II-2-1- Éducation aux arts vivants

Le rôle joué par les médias dans la vie de tous les jours, dans l'apprentissage, l'éducation de manière générale n'est plus à démontrer aujourd'hui - chez les moins jeunes - les jeunes et les adultes. Le numérique a inscrit un nouveau lexique dans l'encyclopédie : la génération connectée, la génération numérique pour tous les âges. Ainsi, parmi les méthodes d'apprentissage recensées par les chercheurs, la méthode par visionnage est la mieux adaptée dans un processus de rétention rapide. La présence continue des programmes sur les arts vivants est une école du téléspectateur. Entre découverte, consommation et apprentissage, tout y est mêlé. L'éducation artistique devrait être instituée dans nos écoles depuis l'école primaire jusqu'au niveau supérieur.

II-2-A-1- Performance, Slam-up, Stand-up

En quoi est-ce que la télévision facilite l'apprentissage de ces formes d'arts vivants ?

Tel que le démontre Géraldine POELS dans son article, la télévision culturelle, à l'époque est parvenue à quelques succès : l'histoire, la littérature, le savoir scolaire en général ont pu, souvent, trouver une audience importante. La culture ainsi transmise reflète peu la création, l'avant-garde artistique et scientifique.⁸⁷

II-2-A-2- Les arts plastiques

La télévision est davantage tournée vers la transmission d'un patrimoine, de génération en génération. Sur la question des avantages pédagogiques et didactiques d'une mise sur pied des émissions sur les arts plastiques à la télé, nous avons eu un entretien avec Charles AFANE, Enseignant d'Arts plastiques au département des Arts et Archéologie de l'Université de Yaoundé 1. Pour lui en effet, l'éducation aux arts plastiques au travers des émissions TV permettrait d'apprendre aux enfants les couleurs de base, deuxièmement d'éveiller premièrement le sens de créativité des enfants, et troisièmement remédier à la carence d'une éducation artistique annoncée par le Ministère des Enseignements Secondaires (MINESEC) dans les Lycées et Collèges.

Pour l'enseignant, une émission sur les arts plastiques aiderait le public à mieux connaître le monde des arts plastiques. On peut prendre un cours de peinture qu'on transpose

⁸⁸ Entretien avec Charles, AFANE, Enseignant d'Arts Plastiques à l'Université de Yaoundé 1, Département des Arts et Archéologie

en une émission. À partir de là, on les apprend les couleurs de base. On peut donc partir d'une thématique simple comme la couleur ; on l'évoquera donc d'une manière basique. Ça peut être les couleurs primaires, tertiaires, etc. Ce qui fera en sorte que ces enfants puissent découvrir de manière réelle le cercle chromatique en les demandant de faire la pratique. Des dispositions doivent être prises à cet effet, c'est-à-dire préparer le matériel nécessaire comme les gouaches et les aquarelles. D'une manière didactique, on peut montrer le processus de mélange des couleurs. Un tel exercice est réservé aux tout petits⁸⁸.

Les émissions allant dans ce sens éveillent la conscience des personnes qui les regardent, les enfants et les adultes acquièrent des notions, chacun en fonction du niveau d'apprentissage. Cet éveil s'en va générer le sens de la créativité. On pourrait alors demander à un enfant de créer son univers à partir ce qu'il aurait appris. Ceci permettra à l'enfant d'appliquer les notions reçues, mais également d'y ajouter son apport. La télévision étant un moyen d'éducation de masse, il est plus facile d'initier les enfants aux domaines des arts plastiques à travers ce canal.

Au troisième volet, les émissions sur les arts plastiques peuvent jouer le rôle des cours de renforcement pour les élèves du secondaire. Depuis l'annonce de la création des filières cinématographiques et artistiques dans le système d'enseignement secondaire en 2017, rien n'a encore été fait jusqu'ici. Et même si lesdits enseignements démarraient à l'instant, il serait difficile d'une part de couvrir tous les programmes d'une part, et tous les enfants ne pourront recevoir ces cours à cause du manque d'enseignant. Rassembler tous les étudiants en Arts plastiques du Cameroun et même les professionnelles ne pourra en aucun cas satisfaire la moitié de la demande en termes d'enseignant. Une telle initiative des émissions télévisées serait salutaire pour un renforcement de capacité des élèves. On pourrait alors établir un cours avec tout un module. Il serait alors facile pour les élèves d'assister au télé-enseignement à partir d'une certaine heure du soir.

Dans le même sillage, on peut aussi mettre sur pied des émissions sur le patrimoine culturel Camerounais, notamment l'apprentissage de l'histoire patrimoniale du Cameroun ou on définit dans les termes sens les musées. Qu'est-ce qu'un patrimoine et qu'est-ce qui entre dans le patrimoine ? Les différences entre les galeries et les musés seront établies. Où est-ce qu'on peut retrouver des musées et les galeries ? Les différents types de musées et galeries qu'on retrouve au Cameroun. On pourrait aussi inciter les enfants et même les personnes de tout âge à s'y rendre dans les musées afin de toucher du doigt les richesses étudiées/ découvertes

au travers de la télévision. Car dans les musées on retrouve notre histoire. Prenons par exemple notre musée National, combien de valeurs culturelles peut-on trouver là-bas et qui sont inconnus du public ? Il faut noter que tous les étudiants en muséologie ne maîtrisent pas tout ce qui concerne les musées au Cameroun. Aussi, à travers cette émission par exemple, les enseignants dispensant les cours pourront trouver leur intérêt. Pour cela, la tranche d'âge devra être bien répartie afin d'aider à la structuration de l'émission.

En prenant le cas du body painting, on se rend compte que cet art fait partie de nos traditions. C'est à partir de tel design sur le corps d'un individu qu'on découvrira en fait qu'il appartient à X ou Y tribut. Dans le cadre de l'enseignement, on peut retracer cela car le body painting regorge plusieurs volets. La personne en regardant l'émission commence à répertorier les différentes cultures.

Les dessins d'arts permettront aux uns et aux autres de savoir les types de dessins que nous avons car il en existe plusieurs dessins d'arts. Il faut également mentionner que tout dessin n'est pas dessin d'art. De telles émissions permettent de promouvoir l'art. Il faut également noter que si l'émission est interactive, les élèves et même tout autre intéressé peuvent poser des questions en direct et obtenir des réponses à leurs préoccupations. Par la même occasion les enseignants peuvent se recycler car certains possèdent souvent des cours vétustes, dispenser un cours durant une émission les fera revisiter certains aspects important du cours, il pourrait s'agir des notions ou des concepts. Plusieurs enseignants peuvent, à tour d'émission, présenter leurs travaux sur certains sujets précis, ou encore au cours d'une même émission, suggère Charles AFANE.

En définitive, les émissions sur les arts plastiques seraient bénéfiques tant sur le plan didactique que pédagogique. On s'instruit en les regardant et on apprend d'elles à partir des matrices techniques qu'elles offrent.

II-2-2- Apprentissage

La diffusion des oeuvres artistiques et la réception de celles-ci par les téléspectateurs doivent forcément avoir un impact sur des angles précis. La consommation des programmes télévisuels traverse les caps de plaisir et d'information pour aboutir à l'apprentissage, l'axe du développement culturel et interpersonnel. Qu'apprennent effectivement les téléspectateurs ?

L'apprentissage des activités artistique d'une manière générale présente plusieurs avantages. Le passage de celle-ci à la télé rapproche l'art du pratiquant, du téléspectateur et banni l'aspect énigmatique des oeuvres ou de la discipline voulant être pratiquée. Les bienfaits

de cet apprentissage sont entre autres : l'autodiscipline, la persévérance, la volonté et la détermination ; les capacités d'apprentissage et la force mentale ; les capacités de mémoire ; Les capacités d'élaboration mentale (représentation mentale, idées et association) et les capacités d'imagination ; le développement de l'esprit critique :

La véritable responsabilité à laquelle le fait télévision oblige à faire face est donc finalement de comprendre les conséquences que pourront avoir pour le développement des processus de communication, de participation et d'apprentissage au sein du public les choix d'orientation auxquels on ne peut de toute façon se dérober.⁸⁹

Ayant mené une enquête sur l'impact de la télévision, notamment sous le prisme de la télévision et le développement culturel, Michel CROZIER se rend compte que 60% des personnes interrogées ont déclaré que la télévision avait changé leur vie beaucoup ou énormément.⁹⁰ Ce changement est dû au fait que la télévision a supprimé l'ennui et apporté la distraction ; mais plus encore, l'image de la télévision que l'on a dans cette population n'est pas une image dépréciée, vulgaire ; tout au contraire la télévision est considérée comme un moyen culturel (c'est parmi tous les medias celui qui suscite le plus grand nombre de commentaires mentionnant le terme culturel). On s'évade dans des images, en s'évadant on retrouve quelque chose, on découvre notre quotidien ou le quotidien de l'autre, on découvre les goûts des autres et on consomme davantage ses goûts - en fait, on ne consomme pas seulement, mais on apprend en s'évadant dans chaque prototype d'image. C'est la raison pour laquelle, Michel CROZIER finit par conclure que :

...Tout moyen de diffusion a aussi comme fonction latente d'offrir des occasions d'apprentissage à ses usagers. Plus que tout autre la télévision est marquée par une telle fonction car elle offre aux téléspectateurs des possibilités d'expérience plus totales et plus intenses que celles qu'ils trouvent dans les autres media.⁹¹

Michel CROZIER balaie du revers la forme d'apprentissage classique qui était considérée comme l'unique et meilleure méthode, celle scolaire qui implique un rapport de maître à l'élève. Le téléspectateur communique avec la création durant son processus de consommation. Cette communication lui confère de nouveaux talents qu'il acquière à travers les organes de sens, la vue, l'ouïe. Nous sommes dans l'éducation artistique moderne, un

⁸⁹ Michel, CROZIER, « Télévision et développement culturel ». In Communications, 7, 1966. Radio-télévision : réflexions et recherches. Pp. 11-26. Disponible sur https://doi.org/10.3406/comm.1966.1091

apprentissage par soi-même à partir d'une volonté personnelle d'acquérir des compétences artistiques.

II-3- Consommation et promotion de l'héritage culturel

La présence des programmes artistiques est salvatrice en ce sens qu'elle favorise non seulement la consommation des oeuvres, mais aussi participe à la vulgarisation de celle-ci tant sur le plan national qu'international.

II-3-1- Consommation des produits culturels

Parler de consommation culturelle, c'est dire qu'il y a une économie des biens culturels, mais que cette économie a une logique spécifique. La sociologie travaille à établir les conditions dans lesquelles sont produits les consommateurs de biens culturels et leur goût, en même temps qu'à décrire les différentes manières de s'approprier les biens culturels qui sont considérés à un moment donné du temps comme des oeuvres d'art.⁹² Chaque art contient une spécificité, un caractère qui le rend identique et lui confère un goût. Chaque téléspectateur a ses préférences qui le prédisposent à avoir du goût - lesquelles l'amènent à aimer une oeuvre spécifique.

Pierre BOURDIEU, le père de la théorie de la réception des oeuvres a jeté une analyse sur la sociologie de la consommation et pense que l'idéologie charismatique qui tient les goûts en matière de culture est légitime et peut être considéré comme un don de la nature ; parce que consommer est un besoin naturel.

II-3-2- Promotion de l'héritage culturel

Les émissions culturelles familiarisent le publique d'avec l'artiste et son oeuvre. La télévision étant le « petit monde » à travers lequel on se réfère, on y voit tout et où tout est vu, l'artiste et son oeuvre peuvent désormais être perçus et donc découvert par tous.

L'observation scientifique montre que les besoins culturels sont le produit de l'éducation : l'enquête établit que toutes les pratiques culturelles (fréquentation des musées, des concerts, des expositions, lecture, etc.) et les préférences correspondantes (écrivains, peintres ou musiciens préférés, par exemple) sont étroitement liées au niveau d'instruction (évalué d'après le titre scolaire ou le nombre d'années d'études) et, secondairement, à l'origine sociale. Le poids relatif de l'éducation proprement scolaire (dont l'efficacité et la durée dépendent étroitement de l'origine sociale) et de l'éducation familiale varie selon le degré auquel les différentes pratiques culturelles sont reconnues et préparées par le système scolaire, l'influence de l'origine sociale n'étant jamais aussi forte, toutes choses étant égales par ailleurs, qu'en matière de « culture libre » ou de culture d'avant-garde.⁹³

La consommation des produits culturels commence par les intellectuels qui ressentent un réel besoin de s'abreuver de la chose artistique. Ces intellectuels sont constitués entre autres des enseignants, des chercheurs, des étudiants. Mais nous dirons que cette catégorie constitue aussi la classe de production qui cherche à expliquer et parfaire les oeuvres contrairement à la grande masse qui est plutôt constituée des amateurs d'arts - qui sont sans cesse dans l'étonnement de la conception, le désir de compréhension et d'appropriation des oeuvres. C'est même beaucoup plus pour elle que ces différents programmes sont mis sur pied afin de permettre une certaine osmose.

II-3-1-1-Réception des oeuvres d'arts

Dans son article intitulé « La sociologie des arts et de la culture en France : Genèse, développements et actualité d'un domaine de recherche », Bruno PEQUIGNOT découvre que plusieurs auteurs abordent la question de la diffusion et de la réception dans leurs travaux d'analyse des publics des oeuvres culturelles ; c'est le cas de Bourdieu, Darbel et Schnapper (1969) qui ont ouvert ce champ de recherche sur les publics des musées, et Jean Duvignaud, qui a travaillé sur le théâtre (1965) en inaugurant les recherches sur le spectacle vivant. C'est à partir de ce moment que se développeront des recherches sur les différents publics - amateurs, initiés voire experts⁹⁴ comme Jean Pierre ESQUENAZI ; Emmanuel ETHIS etc. Pour Bruno PEQUEGNOT, les processus de reconnaissance sociale sont fonction de la pratique artistique, des publics visés et des moyens utilisés.

⁹⁴ Bruno, PÉQUIGNOT, « La sociologie des arts et de la culture en France : Genèse, développements et actualité d'un domaine de recherche » In Art et société : Recherches récentes et regards croisés, Brésil/France [en ligne]. Marseille : OpenEdition Press, 2016, p. 6-20.

Les théories de la réception, en les appliquant sur la recherche sur les médias permettent de replacer l'analyse des procédés de consommation des programmes, dans les circonstances réelles où celle-ci a lieu. Il faut donc prêter attention aux grandes dimensions intersubjectives, familiale, structurale dans lesquelles s'exerce la consommation médiatique. À partir de ceci, LINDLOF développe ainsi le concept de « communautés d'interprétation » qui permet de mieux cerner la nature des agrégations sociales suscitées par la réception des médias.⁹⁵

Les médias ont une grande influence cognitive qui passe par deux principes : la mémorisation et le schéma. GUNTER, cité par Mauro WOLF explique que la recherche sur la « mémorisation » des informations (et par conséquent sur l'influence des médias sur la connaissance de la réalité sociale) s'est concentrée sur le souvenir laissé par des informations épisodiques, définies dans le temps. (La consigne étant de se souvenir, par exemple, des faits et des événements qui se sont déroulés le jour précédent, la semaine précédente, lors du dernier téléjournal, etc.)⁹⁶ L'image vue est enregistrée et conservée. Le prototype gardé pousse souvent le téléspectateur à entrer dans une activité de reproduction de ce qu'il a vu. Mauro WOLF poursuit en disant que les études de réception ont eu l'avantage de souligner que les processus de compréhension du public mettent en jeu quelque chose de plus complexe que le simple rapport entre spectateur et texte médiatique. En réalité, un travail d'intégration continu a lieu entre les nouvelles données de l'information, et les connaissances et les expériences précédentes.⁹⁷ La consommation devient ainsi un processus qui invite le téléspectateur à un système cognitif de décryptage, reconnaissance et plaisir auditif ou visuel ; il peut ainsi faire un rapport entre ce qu'il aurait vu la semaine passée, hier et aujourd'hui.

Tout comme les théories de la réception développées par Wolgang ISER et Robert JAUSS de l'école de Constance, la consommation requiert toujours 03 éléments : le texte, les systèmes de connaissances, la réalité du contexte où vit le sujet-consommateur. Le texte est ce qui est donné par l'auteur de l'oeuvre, cependant le telespectateur possède ses connaissances qui lui permettent d'identifier l'oeuvre et l'inscrire dans une catégorie donnée (elle peut être scientifique ou sociale) et son environnement lui permet de mieux apprécier l'oeuvre en fonction de ses attentes.

La consommation permet d'emmagasiner les connaissances sur les enseignements reçus concernant les oeuvres d'une manière générale. En y regardant à tout moment, le cerveau classe les informations et structure les images reçues.

L'art à la télé permet aussi de créer un lien perpétuel entre l'oeuvre et le consommateur. Mais cela ne s'arrête pas à ce stade ; En effet cette présence est instigatrice d'une consommation non plus par écran interposé, par illusion mais par le toucher réel, par immersion réelle. On ne s'immerge plus à travers un écran de télévision, mais devant une exposition réelle des oeuvres d'art, en allant dans une galerie d'art contempler les objets vus à la télé, en allant dans un salon d'exposition pour y acheter pourquoi pas son tableau, ou se faire une toile à sa ressemblance, en allant au spectacle rire en direct ; voir les comédiens adulés pour s'entretenir avec eux sur leurs techniques, ce qui fait leurs forces ; ce qui les a propulsés au-devant de la scène ; vivre en direct l'émotion d'un slam-thérapie, stand-up ou consommer une pièce de théâtre. Voilà les retombées d'une présence effective des arts à la télévision et ce que la consommation de celles-ci peut entraîner.

II-3-1-2- La consommation culturelle

Les recherches menées en France par Pierre BOURDIEU et Alain DARBEL sur les publics des musées en 1969 ont ouvert un champ d'investigation important dans la sphère des arts en général. De ces études, il en ressort par Olivier DONNAT et son équipe que durant ces trente dernières années, la consommation des pratiques artistiques relève de la constitution de véritables « classes » de pratiquants ou de consommateurs en fonction de certains critères sociaux : niveau de diplôme, profession, taille de l'agglomération, sexe, âge, etc. Ces grandes enquêtes ont été accompagnées d'études plus spécifiques sur la fréquentation des musées ; sur les pratiques culturelles populaires. Dans le cas d'espèce, la consommation des produits artistiques est le visionnage sous deux angles : la délectation et l'apprentissage.

II-3-2-1- L'artiste et son oeuvre

La télévision promeut les connaissances des auteurs à travers la diffusion de ses oeuvres. Pour Marie-José Mondzain BAUDINET, l'artiste s'immortalise à travers un ensemble de signes qui non seulement l'identifie, mais valorisent davantage son oeuvre et l'inscrivent dans la mémoire collective. Il s'agit notamment des éléments suivants : le titre et la dédicace ; la signature qui est l'un des « textes » fondamentaux qui encadrent l'oeuvre et la présentent au spectateur. Elle ancre l'objet dans l'histoire individuelle aussi bien que collective et, par

conséquent, elle est un repère non arbitraire pour la fondation du jugement esthétique. Cependant, la signature occupe une situation singulière⁹⁸. Cette particularité concerne les arts plastiques. En ce qui concerne les arts vivants, l'expression artistique fait découvrir le savoir-faire de l'artiste et l'expose aux yeux du public qui le regarde déployer ses talents. Delà, on s'interroge sur l'identité de la personne qui réalise les merveilles ; l'artiste, à force de s'exprimer sur scène, d'être vue aux antennes commence à marquer le public et s'inscrit profondément dans la conscience de ceux-ci. Il acquiert ainsi une notoriété ; ses oeuvres deviennent la marque de référence, une marque légendaire et son nom, une célébrité nationale ou internationale. Daniel NDO connu sous le nom de oncle OTSAMA est ainsi devenu l'une des références en milieu artistique parce qu'il a été vu sur la chaîne nationale, la CRTV à plusieurs reprises, Castel live comedy sur Canal 2 International. Les reproductions filmiques et télévisées auront permis de dénicher un talent et de le projeter sur la scène internationale et au public de découvrir une étoile. La télévision serait donc considérée à ce titre comme la plateforme publicitaire.

Au cours de notre entretien avec Charles AFANE, il a mentionné un fait très important selon lequel, on fait beaucoup plus la promotion de l'héritage culturel d'ailleurs. Une émission par exemple sur les monuments au Cameroun permettrait de découvrir les talents de plusieurs auteurs camerounais. Plusieurs passent, admirent et se font des photos au niveau du monument de la Réunification sans pour autant connaître que Engelbert MVENG en est l'auteur. De telles émissions seront très suivies tant sur le plan national qu'international.

II-3-2-2- Promotion de l'héritage culturel

Chaque gouvernement est appelé à promouvoir son patrimoine culturel en mettant sur pied les mécanismes permettant de faire rayonner la culture du pays. Les influences d'aujourd'hui sont beaucoup plus d'ordre culturel. Chez les peintres, on connait plus PICASSO ; au théâtre André Bazin, Artaud, etc. Il faut dire que la pérennisation de leur oeuvre se fait au travers des médias, de la radio et de la télévision. À une fréquence plus ou moins constante, nous avons une émission de la Radio France Internationnal (RFI) et de France 24 qui font la part-belle aux arts et à la culture. Michel CROZIER, dans « Télévision et développement culturel » explique que la fonction culturelle de la télévision doit-être tout naturellement de diffuser les chefs-d'oeuvre de la culture reconnus auprès de la grande masse, comme celui de l'imprimerie aura

été longtemps d'abord de diffuser la Bible⁹⁹. Sa pensée est subséquente à la sociologie culturelle qui préconise la consommation des biens culturels. L'offre de consommation doit-être en adéquation avec les besoins communautaires.

CROZIER pense que grâce à l'apparition de la télévision, l'ensemble de la population d'une société peut désormais suivre de façon directe, concrète, la façon dont sont remplies les activités qui constituent l'essentiel de la vie d'une société ; que rien d'humain ne puisse être désormais tenu a priori pour étranger au plus commun des mortels, ne peut être finalement indifférente¹⁰⁰. Joseph KLAPPER cité par Michel CROZIER dans ce même article pense quant à lui que si l'on met la culture à sa vraie place, qui n'est pas seulement celle d'un trésor lentement amassé et qu'il faut jalousement préserver de toute atteinte, mais celle d'un moyen essentiel à l'homme pour son développement et qui n'est si précieuse que parce qu'il lui est indispensable, on doit aussi admettre que l'élargissement de l'univers qu'apporte pour tant de membres de nos sociétés l'apparition de ce moyen, va permettre la mobilisation de ressources intellectuelles et affectives jusqu'alors inexploitées et va forcer par le défi même qu'elle impose aux créateurs un renouvellement profond de notre culture¹⁰¹.

Les émissions favorisent non seulement la régénération des oeuvres et des auteurs, mais aussi la pérennisation de ceux-ci. Le fait de savoir qu'on est vue amène à la perfection, au dynamisme dans le travail, par conséquent à proposer autre chose que du déjà vu : c'est le challenge artistique personnel conduisant à une innovation perpétuelle. On devrait donc de ce fait apprendre aux Africains que c'est tel qui a fabriqué ceci ou cela. C'est une forme de communication aux travers des âges et de transmission du patrimoine culturelle.

Conclusion

Le présent chapitre achevé avait deux missions principales, d'une part, examiné si les pratiques sont une source potentielle de création d'émissions, puisqu'ayant constaté au chapitre premier que, les chaînes ont du mal à créer les émissions spécifiques. D'autre part, de démontrer que la mise sur pied des émissions spécialisées serait bénéfique à plus d'un titre. Au demeurant, pour le premier objectif, il en ressort que les pratiques artistiques sont effectivement une grande source de production des émissions artistiques. Nous avons pu créer 28 synopsis

d'émissions sur les arts vivants, les arts plastique, les arts visuels et nous aurions pu en créer le double s'il le fallait, ceci parce que nous maîtrisons le milieu artistique et donc nous sommes à même de le manipuler avec aisance pour en ressortir ce qui est bon. Pour le deuxième objectif, la mise sur pied des émissions serait bénéfique sur plusieurs plans dans la mesure où elles participeraient à promouvoir l'artiste et son oeuvre.

Comme le dit si bien Charles AFANE, enseignant en Arts plastiques, plusieurs personnes ne connaissent pas la personne ayant réalisé le monument de la réunification par exemple, ou encore la statue en ferraille du rond-point Deido à douala, ou les multiples musées, types de musées que le Cameroun possède. En outre, l'enseignement des arts étant inscrit à l'ordre du jour dans l'enseignement secondaire, il serait plus facile d'aller dans ce sens en créant un cadre d'apprentissage qui faciliterait la formation des élèves par le biais de la télévision, d'autant plus que, tous les élèves ne pourront bénéficier des cours en présentiel, du fait de l'insuffisance d'enseignants dans le domaine artistique. Aussi, les émissions participeront à la promotion de notre culture sur le plan national et international. Au lieu de consommer en longueur de journée la culture des autres, nous pourrons consommer nos propres produits culturels, lesquels ont des bienfaits sur le plan anthropologique, sociologique et ayant un fort impact sur l'identité de nos enfants et la préservation de nos valeurs, de l'unité du peuple camerounais.

CHAPITRE III :

Introduction

Dans son article sur « le concept de capital culturel », Bernard ZARCA explique que le capital culturel revêt des formes différentes comme le capital économique prend les formes du capital argent, du capital productif et de la marchandise au cours du cycle de sa reproduction. Il est de différentes espèces : savoirs scientifiques, savoirs socio-économiques, culture classique, machines, livres, oeuvres d'art et bien d'autres. Il a par ailleurs défini les trois formes de capital culturel qui sont : le capital objectivé (biens matériels), incorporé (habitudes culturelles) et institutionnalisé (diplômes). De ce point de vue, il existe une certaine analogie entre la théorie du capital culturel et la théorie marxiste du Capital. Si le capital culturel revêt des formes différentes, c'est qu'il se transforme, et que « quelque chose » se conserve à travers ces transformations qui permettent de toujours reconnaître un capital sous ces différentes formes¹⁰². Dans ce chapitre, nous allons examiner d'une part les possibilités d'employabilité à partir de la mise sur pied d'une chaîne de télévision et les questions économiques d'une chaîne de télévision en termes de revenus financiers émanant des partenariats et des publicités d'autre part.

Les systèmes télévisuels ont évolué vers une économie mixte faisant appel de plus en plus à des recettes commerciales¹⁰³. L'économie de la TV est alors organisée autour de l'audience. Le prix de la marchandise télévisuelle dépend de cette audience. L'échange est basé sur la reconnaissance des faveurs qu'accorde le public aux programmes des chaînes.

Une chaîne de télévision est une entreprise audiovisuelle destinée à produire et ou diffuser des contenus audiovisuels connus généralement sous l'appellation de programme. Pour accomplir l'une ou l'autre tâche, elle dispose d'un organigramme bien précis. Les postes à pouvoir sont occupés par les personnes de divers métiers mais principalement par les techniciens audiovisuels, journalistes et animateurs. L'entreprise est un cadre entrepreneurial qui permet aux employer de démontrer leur savoir-faire, de se réaliser, et d'accroître le capital d'achat et le bien-être social.

III-1- Création d'emploi

Une chaîne de télévision est une entreprise obéissant au schéma structurel bien connu composé principalement des membres de l'administration, des journalistes et animateurs et les techniciens audiovisuels. Voyons voir l'ergonomie d'une chaîne de télévision. La création d'un poste et l'occupation de ce poste est une richesse créée dans le système économique car l'individu ayant acquis un poste a un salaire qu'il peut réinvestir dans le système économique. Par contre, l'absence de poste ne contribue pas au recyclage économique et non plus à son accroissement car il n'y en a pas d'entrée (capital financier) à réinvestir afin de s'y attendre à un rendement. Ainsi, mettre sur pied une chaîne de télévision culturelle permet de pallier au chômage des jeunes ; contribue à l'accroissement économique ; mais surtout au développement des compétences capables d'engendrer d'autres, former de nouveaux acteurs dans le domaine pour une pérennisation du système. Dans cette partie, nous allons présenter quelques corps de métiers et leur fonction au sein de la chaîne de télévision. Une chaîne de télévision est une entreprise, et donc organisée et structurée selon le schéma connu. L'entreprise comprend les agents économiques dont la fonction principale est de produire des biens ou des services destinés à la vente ».

? L'entreprise se crée pour rendre un service à la société en faisant vivre son personnel ; ? Le service à rendre doit correspondre à un besoin de la société, lequel ici est la production des images culturelles ;

? L'entreprise est appelée à satisfaire deux sortes de besoins : internes ceux de son

personnel et externes ceux de la société et plus particulièrement de ses clients¹⁰⁴.

Chaque fonction intéresse un même ensemble de préoccupations dans le fonctionnement de l'entreprise : Les fonctions de base qui regroupent la fonction de conception, production, commerciale et les fonctions auxiliaires qui regroupent quant à elles la fonction comptable et gestion du personnel. Pour une chaîne culturelle, voici les postes administratifs à pourvoir : Le Président du Conseil d'Administration, Directeur Générale, Directeur de la production, Directeur des programmes, Directeur Commercial, Directeur de l'information.

Schéma N°1 : Esquisse d'un				organigramme		98 administratif d'une chaîne de télévision
					PDG

				Directeur
				Général


	Directeur de		Directeur des				Directeur	Directeur de
	la production		programmes				Commercial	l'Information

									Cellule de Rédaction
	Directeur Technique
			Responsable des Antennes TV
		*Source*					chaîne de TV,		Mars 2021
				: Auteur, organigramme
III-1-1- Équipe administrative
Administrer c'est : prévoir, organiser, commander, coordonner, contrôler. La fonction
d'administration ne repose pas sur une personne mais sur une équipe administrative.

L'échelle de commandement débute par le Président-Directeur Général (PDG) pour le cas des entreprises privées, et Président du Conseil d'Administration (PCA) pour les entreprises publiques. Il est le promoteur (patron) de la chaîne. C'est à lui que le Directeur Général rend compte de toutes les actions qui se déroulent au sein de la chaîne. Il a le droit de regard sur toutes les activités. Il est le principal actionnaire de la chaîne (PDG) et met tout à oeuvre pour la réussite de celle-ci.

La lourde tâche d'administration revient au Directeur Général. C'est lui qui définit les stratégies globales du fonctionnement de l'entreprise à courts et à moyens termes. Étant le chef d'orchestre de toute l'organisation de la structure, il doit posséder des connaissances techniques dans le domaine d'activité afin de maitriser sa feuille de route et donner de bonnes orientations; concevoir et orienter l'action des différentes fonctions, développer l'image de l'entreprise au regard de son environnement professionnel et géographique ; définir et faire appliquer les objectifs, les stratégies et les moyens à mettre en oeuvre à moyen et long terme. Il a pour mission de gérer l'activité commerciale, technique, technologique, administrative et financière. Pour ce

faire, des compétences managériales sont indispensables au métier de chef d'entreprise ; ainsi qu'une excellente capacité d'adaptation pour savoir faire face aux différentes situations. Il doit par ailleurs être doté d'un grand sens de communication.

Il est le responsable de toutes les émissions diffusées à la télévision. Il reçoit les propositions d'émissions et en propose même les synopsis de certaines émissions qu'il juge phares. Toute la chaîne de télévision repose sur lui car il a la charge de proposer, sous différentes variétés, les produits qui devront être consommés par les téléspectateurs, les mobinautes, et internautes. Il conçoit une grille de programme dont les conducteurs d'antennes seront fournis au quotidien par la Responsable des Antennes TV. Rien ne passe aux antennes sans son aval. C'est le cas des émissions, des journaux, de la publicité, des communiqués et tout autre élément télévisé.

Le Directeur de production coordonne l'ensemble des opérations nécessaires à la réalisation d'une émission télévisée. En fonction des délais et des budgets établis, il définit les besoins en personnel (artistes et techniciens), réunit une équipe de production en collaboration avec le réalisateur et le producteur, gère le budget de production et veille à résoudre, en cours de production, tout problème relatif à l'organisation du travail ou du personnel.

Le Directeur de l'information est en quelque sorte le coordinateur. Son rôle est d'animer le travail des journalistes de son média, sous les directives du rédacteur en chef. Il est responsable entre autres de la production, de la réalisation et du respect des horaires dans la diffusion du journal TV.

Il définit, anime et supervise les stratégies commerciales en vue d'accroître les ventes de l'entreprise et d'augmenter le chiffre d'affaires et maximiser son résultat. Sa responsabilité est d'autant plus importante qu'il est en grande partie responsable de la pérennité de l'entreprise. Son rôle est d'optimiser les ventes. Il interagit avec les équipes marketing. La télévision privée ne vivant que de ses revenues, le Directeur commercial est en ce moment le principal instigateur des entrées financières. Comment faire pour signer un partenariat avec une grosse entreprise, comment faire signer à Orange Cameroun, Camtel, les Brasserie du Cameroun ou toutes autres grosses firmes des contrats gagnant-gagnant ?

Il gère l'ensemble des activités et des ressources techniques d'une entreprise et accompagne les projets de production. Il garde toujours un rôle essentiel d'interface entre la direction générale et les différents pôles de l'entreprise. Parmi ses taches, nous avons la gestion et la maintenance du matériel de production. Combien de reportage sur le terrain avons-nous demain ? Le matériel est-il suffisant pour couvrir les événements de demain ? Quel matériel pour quel type de reportage ou documentaire ? Qui envoyer et avec quel matériel ? Ceux sont les quelques questions à répondre au quotidien par le Directeur Technique. Ses fonctions l'amènent à coordonner le travail des équipes et à l'optimiser. Les compétences pointues d'un directeur technique dans de nombreux domaines et son action lors de toutes les étapes d'un projet en font le représentant essentiel du savoir-faire technique de l'entreprise qui l'emploie. Il est à la fois gestionnaire, technicien et spécialiste du management car il doit gérer une grande équipe.

En termes de gain financier, les employés administratifs donc les fonctions sont décrites ci-dessus sont souvent classés dans l'intervalle des catégories IX à XII, pour une masse salariale située entre 232.000 FCFA à 418 932 FCFA échelon A (C.f. convention collective 2013 secteur télécommunications et activités connexes). Toutefois, rappelons que nous citons la convention collective de 2013 du secteur des télécommunications et activités connexes parce-que c'est elle qui est en vigueur actuellement en attendant l'application de la convention collective des médias du Cameroun proposée par le syndicat des journalistes.

III-1-2- Journalistes et Animateurs TV

Être journaliste ou animateur TV, quelle est la tâche inhérente à chaque fonction ? Combien gagnent-ils au Cameroun ?

III-1-2-1- Journaliste

Exercer en tant que journaliste au Cameroun demande beaucoup de passion et d'abnégation. À la base, le journalisme mais à l'arriver la spécialisation dans le métier, ainsi on retrouvera des journalistes culturelles, de sport, etc. Pour présenter un travail de qualité, les journalistes ont tendance à se spécialiser et, en collaborant avec d'autres journalistes, rédigent un Article ou mettent en forme un reportage qui couvre l'actualité. Par exemple, un journaliste sportif couvre les nouvelles dans le monde du sport, mais ce journaliste peut aussi faire partie d'un journal qui couvre d'autres sujets. C'est le cas de Mirabo Mahop de Canal 2 International dont la voix se retrouve souvent dans les papiers d'informations diverses et pourtant il est un

journaliste spécialisé dans les questions de sport. Le travail du journaliste consiste principalement à recueillir des informations puis écrire des articles ou publier des Reportages (écrits, audio, photo ou vidéo), en consultant les dépêches des agences de presse et la documentation de son entreprise, en interrogeant des spécialistes ou des témoins, à qui il garantit la protection des sources d'information des journalistes. On utilise le terme de Reporter quand il se déplace sur le terrain, de chroniqueur ou de rubricard quand les articles sont spécialisés dans un domaine particulier et même de critique pour certains d'entre eux : littéraire, dramatique, cinéma, Musical, d'art, gastronomique. Il est Éditorialiste ou billettiste, s'il doit mettre en avant une opinion, le plus souvent celle de son entreprise. Lorsque le journaliste effectue des enquêtes longues et approfondies sur des sujets difficiles, il est journaliste d'investigation¹⁰⁵. Qu'est-ce qu'un animateur TV ?

III-1-2-2- Animateur TV

Un animateur est une personne qui annonce et anime des émissions d'information ou de variétés, à la télévision ou à la radio. À cette fin, elle en planifie le contenu, se documente sur les sujets à aborder et rédige les textes d'entrevues. Durant l'émission, elle s'adresse au public et régit le déroulement. Selon le type d'émission, elle peut commenter ou décrire les actualités, les spectacles ou les événements spéciaux, inviter les personnalités publiques afin de débattre sur un sujet¹⁰⁶. L'animateur est souvent chargé également de lire des bulletins d'informations, les nouvelles sportives, les bulletins météorologiques, présenter des plages musicales ou publicitaires. Au Cameroun, il y a plus d'animateurs que de journalistes car beaucoup exercent par passion, ils n'ont pas eu une formation académique mais ont appris dans le « tas » comme on le dit généralement. Toutefois, notons qu'il y a une différence entre journaliste et animateur non pas du point de vue du savoir intellectuel censuré par un diplôme, mais du point de vue du « savoir-faire » car un animateur est plus habile dans la présentation des émissions « showcase » par rapport à un journaliste.

En terme de gain salarial, un journaliste ou animateur TV devrait percevoir comme salaire de base 200.000 FCFA/ Mois selon la convention collective des télécommunications et activité connexes, lequel salaire lui permet d'exercer dans des conditions acceptables son métier de journaliste/animateur ; n'empêche qu'il ait des avantages lui permettant de propulser son

salaire à 300-400.00 FCFA/mois. Cette base salariale n'est non plus négligeable car correspond au salaire de base d'un enseignant sortie de l'école normale supérieur.

III-1-3- Techniciens audiovisuels

La régie technique est le lieu depuis lequel l'émission prend forme. C'est là qu'on réalise l'émission. Elle peut être opérée par une seule personne pour les plus petites configurations ou par plusieurs dizaines de personnes pour les gros événements.

Le réalisateur : c'est le chef d'orchestre. C'est lui qui choisit les images à diffuser à l'antenne et qui dirige toute l'équipe. La plupart du temps c'est lui-même qui opère le mélangeur vidéo (sorte de table de mixage vidéo) ; il doit être ingénieux, attentif et concentré.

Assistant Réalisateur : Il exerce auprès d'un réalisateur expérimenté (ou d'une réalisatrice...). Il exécute les tâches qui lui sont confiées par le réalisateur. Souvent il est le métronome de la réalisation dans la mesure où il gère la plupart des affaires courantes.

Le cadreur ou caméraman (sur le plateau) : c'est lui qui assure le cadrage, la netteté et la stabilité de l'image. Il suit les indications du réalisateur

Le truquiste : il travaille sur le mélangeur, à côté du réalisateur (souvent à sa droite). Il gère la configuration du mélangeur et prépare les « trucages » (incrustations d'images, fonds verts, Split-screens...). Il peut aussi « mâcher » le travail du réalisateur (présélectionner certaines sources par exemple)¹⁰⁷.

La scripte : personnage clé, c'est elle qui s'assure qu'on suit bien le conducteur, qu'on n'est ni en retard ni en avance, gère les droits des musiques diffusées, donne le « top » magnétos.

L'opérateur magnéto : c'est celui qui diffuse tous les « magnétos » (sujets, génériques, jingles, clips...) depuis un serveur vidéo ou un magnétoscope (d'où l'intitulé du poste malgré le fait que les magnétoscopes disparaissent de plus en plus des régies). Aujourd'hui nous avons des logiciels de diffusions qui jouent ce rôle à l'instar de OBS et VMIX qui est le plus répandue dans le monde actuellement. Étant donné que la plupart des chaînes Camerounaises n'ont pas la possibilité de fonctionner en régie complète, le logiciel VMIX permet de tout faire dans un poste (Étalonnage, diffusion du clip, synthé de nom, logo, etc.). C'est la raison pour laquelle l'opérateur magnéto est appelé aujourd'hui diffuseur.

L'opérateur synthé : parfois confondu avec le poste d'opé-magnéto, c'est celui qui diffuse tous les synthés (bandeaux en bas de l'image avec le nom des animateurs par exemple), les tapes, diffuse le logo de l'émission (mouche ou bump), les infographies etc.

L'ingénieur vision : c'est celui qui règle toutes les caméras et s'assure qu'elles sont « raccord » (les couleurs par exemple, doivent être les mêmes sur toutes les caméras)

Le chef-opérateur lumière : il peut être en régie et/ou en plateau. Il se rassure que l'ensemble des éléments filmés sur le plateau soit éclairé conformément à la charte. C'est lui qui choisit les types (et quantités) de projecteurs nécessaires et fait l'implantation lumière (plan qui indique où sont installés les projecteurs). C'est lui qui opère la console lumière.

L'ingénieur du son : c'est lui qui s'occupe de toute la partie son. Il opère la console son. Il peut travailler seul ou avoir plusieurs assistants (pour installer les micros, gérer le son en plateau, gérer la console antenne a plusieurs en cas de grand nombre de micros par exemple...

L'opérateur LSM : opère le LSM, machine qui permet d'enregistrer en temps réel diverses sources et monter « à la volée » des images pour faire des ralentis (très utilisé au foot) ou des meilleures images pour le générique de fin par exemple. Parfois le poste d'opérateur LSM peut être confondu avec celui de l'opérateur magnéto. Il peut y avoir plusieurs opérateurs LSM (parfois même plus d'une dizaine, par exemple sur canal + en cas de matches de foot simultanés)¹⁰⁹.

Le Directeur de production : La télévision étant déjà garante des productions, elle charge un Directeur de production de s'occuper de cet aspect. Celui-ci est « le patron » des productions¹¹⁰. Il n'est pas toujours en régie. Il s'occupe de la gestion globale des productions. Cela signifie s'assurer que tous les besoins en termes de décors, de lieux, d'équipements, d'accessoires, de costumes, les contrats des techniciens et bien d'autres.

Le traducteur : dans une cabine à part, c'est lui qui traduit en direct en cas d'un invité étranger par exemple.

Le Monteur : Il agence les images ramenées par le technicien de prise de vue sur le terrain. Avec l'approche JRI, aujourd'hui, certains journalistes eux-mêmes montent leurs images car ils sont en même temps journaliste, cadreur et monteur.

Maquilleuse : Son rôle est très important, la télé étant le lieu de séduction, on commence toujours par séduire avec son visage qui doit toujours être reluisant. Corriger les petites imperfections sur la peau des invités et journalistes est le rôle assigné à la maquilleuse. Elle possède toutes les gammes de poudre et pinceaux pour atténuer les petits défauts sur le visage.

L'Infographiste : Comment communiquer d'avance sur l'émission sur toutes les plateformes numériques sans passer par l'infographe ? L'infographe conçoit les affiches publicitaires afin de communiquer avec le public. C'est son travail qui permet de s'informer par exemple du passage d'un artiste dans une chaîne à x jour et x heure, d'une émission ou autres.

Le Graphiste : Le graphisme de production est incontournable dans la sphère audiovisuelle aujourd'hui. Le graphisme est le visage même du média en termes de vue. La télévision étant un art, elle se doit d'embellir, séduire afin d'attirer les gens à y regarder. Attirer les gens c'est présenter de bon visuel graphique (Générique des émissions, transition publicitaire, Logos d'émission, films d'entreprise etc.). En fonction du rendu attendu, nous avons les graphismes 2 D et 3 D.

L'Éclairagiste : Au sein d'une équipe de réalisation ; il a en charge la préparation et la mise en place du matériel d'éclairage (projecteurs et autres sources d'éclairage) Il doit savoir jouer avec les couleurs pour structurer les grandes émissions, éviter que l'image soit surexposée ou sombre, les ombres sur le mur.

Le Technicien Décorateur: La décoration est un maillon essentiel dans la production TV. Comment tourner sur un décor purement naturel avec des jolies fleurs et autres dans un immeuble ? C'est l'une des préoccupations quotidienne des décorateurs. Relever les défis de vision artistique pour chaque émission se tournant hors du studio.

L'Ingénieur son : En télévision, l'ingénieur son s'occupe de l'enregistrement des voix des journalistes encore appelé pose de la voix. Le système de traitement de la voix consiste à enlever les répétitions, le souffle, faire le mixage audio, masteriser, etc. C'est à l'issue de ce traitement que la voix finale est récupérée par le monteur vidéo qui fera à son tour l'assemblage et mixage du son avec les images.

Le Community Manager : À l'heure de la 3G et de la 4G, tout va en vitesse avec le numérique qui occupe déjà une très grande place dans le système de communication des entreprises. Le Community Manager est le gérant des pages Facebook, Youtube, Instagram,

page Google, etc. La présence des entreprises sur ces plateformes renforce leur visibilité à cause des interactions entre elles et les internautes.

Les fonctions cités ci-dessus sont celles purement techniques et indéniables à l'audiovisuel. Faire un listing de fonctions concourantes au fonctionnement global d'une chaîne de télévision sera très exhaustif, il faudra partir du Président Directeur Général aux agents d'entretiens passant par les agents de sécurité, ce qui n'est nullement le cas ici. Le but ici était de répertorier les fonctions techniques essentielles permettant le fonctionnement d'une chaîne de télévision afin de mieux apprécier le nombre de personnes pouvant quitter du chômage grâce à la mise sur pied de la télévision Culturelle qui, au-delà de servir des informations est également une source financière pouvant aider les jeunes à trouver de l'emploi et donc, pourvoir à leur besoin et contribuer à la croissance de la courbe économique du pays.

En termes de gain financier, les employés relevant du département technique sont souvent classés dans l'intervalle des catégories V à IX, pour une masse salariale située entre 108.501 FCFA à 232.793 FCFA échelon A (C.f. Convention collective 2013 secteur télécommunications et activités connexes).

III-2- Valeur ajoutée financière

Le rôle de la télévision est celui de sensibiliser, informer, éduquer, divertir. Pour accomplir ces différentes taches, les ressources financières sont importantes pour entretenir le personnel, concourir à l'achat du matériel et payer d'autres factures nécessaires au fonctionnement du média. Pour y parvenir, elle a institué les modèles économiques, lesquels nous allons explorer dans les lignes qui suivent.

III-2-1- Le modèle standard payant et la publicité

Ce sont les modèles économiques développés par les éditeurs de service qui les permettent de d'avoir des revenus financiers. Commençons par examiner le modèle standard payant.

III -2-1-1- Le modèle standard payant

Le modèle d'affaires de la télévision payante diffère de celui de la télévision gratuite principalement à deux niveaux. Au premier, le distributeur acquiert le droit de distribuer des chaînes (ou des bouquets de chaînes), principalement en exclusivité, contre le paiement d'une redevance, dont le montant est corrélé, en grande partie, par la capacité de la chaîne à assembler

des programmes de qualité « haute » (premium)¹¹¹, c'est le cas de l'opérateur Canal + avec ces chaînes canal dont il distribue en exclusivité sur les bouquets canal +. Au second niveau, le téléspectateur paie un abonnement pour accéder aux programmes. Le modèle d'affaires de la télévision payante repose donc sur la disponibilité à payer des téléspectateurs et non sur le principe de la maximisation des revenus publicitaires convertie en taille d'audience, à l'instar des chaînes commerciales.

En procédant de cette manière, Nathalie SONNAC explique dans son article sur Médias audiovisuels et concurrence. Le cas de la télévision payante , qu'il répond ainsi à une logique industrielle et commerciale forte, où la recherche de la satisfaction de l'abonné conduit le distributeur à s'assurer de la maîtrise des contenus et inversement, la nécessité de garantir l'amortissement de contenus à forts coûts fixes conduit l'éditeur à rechercher la maîtrise des débouchés, et donc du client final¹¹². « Une offre de programmes attractifs est consubstantielle à l'économie de la télévision payante »¹¹³. Plusieurs éléments sont nécessaires pour constituer une offre attractive : des contenus premium, des chaînes thématiques, un complément de chaînes moins attractives mais substituables et diversifiées, et des services de paiement à l'acte. C'est la raison pour laquelle Canal + a diversifié son bouquet en créant d'autres chaînes thématiques comme Canal + Sport, Canal + Familie, Canal + ELLES, Canal + Ciné, Canal + Comédie etc.

Il est important de souligner que les fournisseurs d'accès à Internet (FAI) et les opérateurs de télécoms proposent une offre de contenus audiovisuels distincte de celle issue d'une pure « playlist » audiovisuelle. La TV a deux modèles économiques. Un premier niveau correspond à une offre de deux services audiovisuels, des chaînes gratuites et des chaînes payantes. Le modèle d'affaires des premières est celui des marchés bifaces où le financement est assuré par les revenus publicitaires qui génèrent des effets de réseaux directs bénéficiant à la plate-forme dans son ensemble. Le modèle économique des secondes, payantes mais distribuées en non-exclusivité, semble tendre vers des modalités de financement mixte, laissant plus largement la place aux recettes publicitaires. Un second niveau, en tant que plate-forme de distribution, Les FAI et Télécoms peuvent être à la fois de simples « gate keepers », et ainsi transporter les contenus des autres chaînes ou distributeurs en exclusivité ou pas, assignant ces

111 Nathalie, SONNAC, « Médias audiovisuels et concurrence. Le cas de la télévision payante », Revue d'économie industrielle [En ligne], Vol.137, 1^er trimestre 2012, mis en ligne le 15 janvier 2014. p. 3. 2021. DOI : https://doi.org/10.4000/rei.5320 Consulté le 26 janvier 2021.

derniers à une place de second niveau ; et/ou proposer des chaînes propriétaires, en exclusivité ou pas, leur permettant un contact direct avec le client. C'est le cas de l'opérateur CREOLINK Communication qui facilite l'accès à la télévision via ses décodeurs Créolink et qui peut disposer de certaines chaînes en exclusivité ou pas.

La rémunération des chaînes payantes exclusives, donc adossées à un distributeur unique, se fait sous forme de redevance forfaitaire annuelle pour un montant relativement élevé, puis qu'on empêche l'éditeur « d'aller voir ailleurs »¹¹⁴. À ceci s'ajoute un complément de rémunération issu des recettes publicitaires, lequel est corrélé en fonction du nombre de téléspectateurs qui est déterminé par l'audience. Par contre lorsque ces chaînes payantes ne sont pas adossées à un distributeur exclusif, la redevance en général, n'est plus forfaitaire mais variable parce qu'elles peuvent signer des contrats avec plusieurs distributeurs mais ceci a pour conséquence principale la réévaluation fréquente de la part du distributeur qui doit s'assurer du taux de l'audience à travers une enquête menée auprès de la chaîne. Pourtant, la chaîne perçoit plusieurs redevances, celles issues de tous les distributeurs qui la transportent (tous les FAI par exemple), notamment Facebook, YouTube et d'autres applications de visionnage en streaming comme Yabadou proposé par MTN Cameroun. Nous avons également Connectik qui permet de regarder 24h/24h une chaîne de télévision inscrite dans cette plateforme numérique. Cette situation amène souvent les éditeurs de service à opter pour un modèle d'affaires des marchés bifaces, selon lequelle si l'audience n'est pas suffisante, le distributeur se trouve en position de pouvoir réajuster la redevance versée à l'éditeur. Pour combler le manquement, elles perçoivent aussi un complément de rémunération qui émane des recettes publicitaires, lequel est calculé sur la base du nombre d'abonnés à la chaîne. Il arrive très souvent dans ce cas que le « montant obtenu est largement plus important que celui qui serait perçu par un distributeur en exclusivité. La base éligible étant supérieure, la chaîne est de facto plus exposée et donc mieux rémunérée »¹¹⁵.

Néanmoins, il faut relever que ces modèles de financement assujettissent l'économie de la chaîne payante au marché publicitaire à deux niveaux, ce qui n'est pas le cas des chaînes payantes distribuées en exclusivité poursuit Nathalie SONNIAC. L'audimat devient, à l'instar des chaînes commerciales financées par la publicité, le seul critère pertinent de sa valorisation.

Au second niveau, le complément de rémunération vient, comme pour les chaînes distribuées en exclusivité, du marché publicitaire¹¹⁶.

III-2-1-2-la publicité

Pour couvrir les charges croissantes, les chaînes ont opté pour des sources de financement variées dans lesquelles la publicité tient une place privilégiée¹¹⁷.

Aujourd'hui, la télévision se distingue en deux catégories : les télévisions privées et les télévisions nationales. Parmi les chaînes privées, certaines sont gratuites et financées par la publicité comme nous venons de le voir ci-dessus, d'autres sont par contre payantes et donc financées par les abonnements. En revanche, la contribution à l'audiovisuel (anciennement appelé la redevance) est celle qui finance les télévisions publiques.

La télévision est le premier média d'investissement publicitaire « brut »¹¹⁸. Elle regorge 03 modèles économiques : Le premier modèle d'affaire est celui des chaînes nationales financées en intégralité (ou non) par la redevance comme nous venons de le dire ci-dessus. Le deuxième modèle d'affaires télévisuel est celui des chaînes privées, dites commerciales, comme Canal 2 International, Vision 4, Info TV, Ariane TV, etc, dont les recettes proviennent principalement de la publicité.

L'économie de la TV est une économie spécifique dont le marché rémunérateur est constitué par des agents non-consommateurs de son produit mais, qui payent pour capter à un moment donné l'attention des consommateurs réels. Pour les chaînes privées, la politique est basée sur la vente de l'audience aux annonceurs; il importe donc auparavant de la générer auprès des téléspectateurs qui accèdent presque gratuitement aux contenus via les canaux de diffusion. Ces chaînes répondent en priorité aux attentes des annonceurs, à savoir, « toucher au meilleur prix le maximum de "cibles" qu'ils souhaitent atteindre »¹¹⁹. C'est la raison pour laquelle les batailles d'audiences sont beaucoup plus rudes au Cameroun sur les réseaux sociaux, notamment Facebook et YouTube. Les principaux rivaux sont Équinoxe, CRTV, Canal 2

119 Nathalie, SONNAC, « Les médias : une industrie à part entière et entièrement à part » in questions de communication, Vol. 2006/9, Rôles et identités dans les interactions conflictuelles, p. 3. Disponible sur https://doi.org/10.4000/questionsdecommunication.7947 Consulté le 15 Mars 2021.

International, Vision 4. Cette catégorie de chaînes génèrent et commercialisent donc une audience et ont comme client principal l'annonceur. Toutefois en termes d'annonceur, il faut souligner que Canal 2 International bat le record en termes d'annonceur en ce qui concerne les chaînes privées, ceci est due à sa particularité d'être une chaîne qui met l'accent dans le divertissement et plus encore, la qualité des produits offerts dans ce divertissement.

Enfin, le troisième modèle d'affaires correspond au financement par abonnement. Les chaînes comme Canal+ visent notamment à maximiser la satisfaction de leurs clients. Ici, il s'agit du téléspectateur - abonné. Ce type de chaînes conçoit donc un service récréatif à l'attention des téléspectateurs, en offrant si possible des programmes exclusifs et attrayants, comme le sport ou le cinéma. Dans ce cadre, « l'indicateur d'audience n'est que secondaire, le client principal est le téléspectateur abonné »¹²⁰. Au Cameroun, la source de revenus des chaînes de télévision provient des publicités qui contiennent plusieurs gammes. Nous avons les spots publicitaires, les Reportages, publi-reportages et sponsoring. Dans cette partie, nous nous attèlerons sur les différents spots publicitaires.

Les petites annonces, les avis de naissance, de mariage et de décès, les offres d'emploi, la publicité commerciale, la publicité financière qui comporte les avis financiers, informations sur la vie économique des entreprises ; la publicité institutionnelle, les annonces légales telles que les ventes judiciaires, décisions des tribunaux; l'autopromotion des médias, les annonces des services, des produits ou des activités d'organismes sans but lucratif. Ces messages d'intérêt public sont généralement diffusés gratuitement.

Elles sont généralement de 30s à 59s sur divers produits. Les petites structures ou individus n'ayant pas de moyen choisissent généralement ce format communicationnel.

? Les avis de naissance, de mariage et de décès : Les familles portent les informations auprès du public afin d'annoncer le type d'évènement en vue.

Les sociétés privées choisissent généralement ce canal pour présenter leurs offres au public. Les annonces ont généralement une durée de un à deux mois pour un coût situé entre 50.000 Fcfa à 60.000 Fcfa pour une durée de 40-59s le passage journalier. Pour 04 diffusions le mois soit 1 par semaine nous un chiffre de 200.000 Fcfa à 300.000 Fcfa. Pour une diffusion journalière sur une durée d'un mois, le prix est situé entre 1.500.000 Fcfa et 1.860.000 Fcfa. Pour un deux mois nous naviguerons à 3.000.000 de Fcfa minimum et 05 mois 7.500.000 Fcfa. Ces montants correspondent aux chaînes de seconde audience comme CAM 10, DBS, Regard'Afrik TV, etc.

Il s'agit de la publicité faite par les moyennes entreprises et grandes entreprises à l'instar des BTP, Quincailleries, produits énergétiques, grands magasins, supermarchés, etc.

Elle concerne les avis financiers, informations sur la vie économique des entreprises. La durée moyenne d'une telle publicité est de 01 mois avec un coût situé entre 5 à 8 millions de FCFA.

C'est une publicité faite par le gouvernement sur un secteur en vue de sensibiliser, informer, éduquer ou faire du branding. Cette publicité peut être consacrée au secteur de l'économie, de la santé, de l'éducation, etc. Un forfait mensuel est souvent offert aux gouvernements. Le coût est généralement situé entre 20 et 30 millions de FCFA par mois avec 04 à 05 diffusions journalières.

? Les annonces légales : Elles concernent les ventes judiciaires, décisions des tribunaux. ? La promotion des médias

Elle concerne les publicités d'un média fait par un autre média. Nous citerons le cas de la publicité des chaînes A+ et Canal + sur Canal 2 Internationale, Vision 4, CRTV, etc. Le coût de cette publicité s'élève à des dizaines de millions pour une durée de 03 mois renouvelable.

À vision 4, la diffusion d'un spot publicitaire de 59 secondes coûte 55.000 FCFA le passage journalier. La projection de cette grille sur une année avec des spots publicitaires allant de 40» à 59 secondes nous donne une valeur financière estimée à des centaines de millions de FCFA.

III-3- Sponsoring et partenariats TV

Le sponsoring et les interventions TV sont les deux grands canaux par lesquels la télévision procède à des rentabilisations financières. Une télévision bien organisée et à forte audimat est toujours débordée par les annonceurs et les demandes d'interventions TV.

III-3-1- Le sponsoring

Le sponsoring en télévision est l'action de sponsoriser une émission. Autrefois appelé parrainage, aujourd'hui on parle beaucoup de sponsoring TV. Le principe permet à l'annonceur d'associer son image ou les images de son produit, sa marque à l'émission afin de bénéficier d'une visibilité et d'éventuels effets d'image en fonction du caractère de l'émission. Les grandes firmes ayant des moyens s'arrachent souvent cette belle page de communication ; c'est le cas du Cube Magie, L'huile Mayor, Mayonnaise Calvé etc. ou des entreprises de Bâtiment public. Le produit est ainsi présenté en début, parfois milieu et fin de l'émission en quelques secondes. La marque peut également être citée et ses produits montrés lorsqu'ils sont utilisés comme dotation dans un jeu. Le parrainage TV est souvent vu vis-à-vis du format spot écran comme un moyen économique. Le format d'exposition plus réduit ne permet cependant pas de décliner un discours ou argumentaire publicitaire comme dans le cadre d'un spot TV classique¹²¹.

Le sponsoring marche avec les émissions stables et à haut standing. Les téléspectateurs sont attachés à leurs émissions préférées. Les téléspectateurs étant déjà habitués à l'émission,

tv/#:~:text=Le%20parrainage%20TV%2C%20appel%C3%A9%20aussi,du%20caract%C3%A8re%20de%20l'% C3%A9mission

cet attachement du téléspectateur rejaillit sur la marque ; c'est ce que prouvent plusieurs études récentes sur le marketing. Geert VANSANT explique que « le sponsoring booste la notoriété, il tisse le lien, il est synonyme de qualité et il est plus efficace encore à long terme »¹²². Le fait de voir au quotidien la marque à la télé oblige n'importe quel téléspectateur à consommer la marque dans son subconscient, lequel va booster son désir à y acheter le produit.

Ayant mené une étude à ce sujet, nous avons observé que le sponsoring des émissions dépend des médias et des émissions, parce que chaque média a une visibilité auprès du téléspectateur, lequel est soutenue par son audience. Voici le catalogue tarifaire des émissions dans les grandes chaînes de télévision au Cameroun. Sur la CRTV, nous pouvons citer les cas de AKENO GAZ qui a sponsorisé la Météo durant un certain temps, Yeno Food avec la Météo de Regard'Afrik TV.

Tableau N°6: Grille tarifaire de sponsoring des émissions dans les chaînes de télévision au

D'après cette grille tarifaire, le prix mensuel moyen de sponsoring d'une émission est de 500.000 FCFA.

III-3-2- Les interventions TV

Les interventions TV généralement appelées passages télévisés sont de divers ordres ; elles constituent les principales sources quotidiennes sûres d'entrées financières. Elles sont généralement constituées des plages ouvertes à toute personne voulant promouvoir sa personne, son produit. Les émissions offrant cette possibilité sont d'ailleurs très suivies par les téléspectateurs. Nous pouvons citer entre autre Cameroon Feeling sur la CRTV, Canal Matin sur Canal 2 International, Afro café sur vision 4, Décollage sur Info TV, etc. D'autres émissions offrent également des opportunités de communications comme les journaux télévisés (JT), celles de Musique et de détentes.

Une émission matinale, dite souvent plus simplement une matinale, est un genre d'émission de télévision ou de radio diffusé quotidiennement en début de la matinée, généralement entre 06 heures et 9 heures, principalement du lundi au vendredi. En fonction du nombre de temps alloué, la matinale contiendra un nombre de rubrique précis tels que : La page santé, page culturelle, page sportive, page informationnelle, Astuces, avec une large plage pour les invités qui viendront présenter leurs activités, faire la promotion de leurs oeuvres. La plage des invités représente 70% de l'émission. Les rubriques permettent de ponctuer l'émission. Certaines rubriques comme la page santé et astuces sont même souvent à caractère commercial. Au Cameroun, les matinales débutent entre 06h30 pour les cas de Info TV et Regard'Afrik TV et 7H00 pour les cas de la Cameroun Feeling sur CRTV News, Canal Matin sur Canal 2 International, Afro café sur Vision 4, Décollage sur Info TV. Dans ces matinales, toute qualité d'invité est acceptée sur le plateau. Il n'y a pas de trie parce que l'émission doit être rentable pour la soutenabilité financière de la chaîne. Les artistes musiciens, les promoteurs des établissements hôteliers, les promoteurs culturels, les jeux de hasard (Béto, 1XBet, premier Bet), les pasteurs et autres viennent communiquer sur leur produit ou activité. Les promoteurs de produits de beauté sont les meilleurs clients de cette plage d'antenne depuis 03 ans déjà. C'est le cas de MTISS EXPRESS, Les établissements Carine MOUNGOUÉ.

Voici le catalogue de passage dans certaines chaînes de télévision au Cameroun

Tableau N°7: Grille tarifaire de passage aux émissions matinales des télévisions au

Source : Auteur, compilation des prix, matinales dans les chaînes, Mars 2021.

Le terme journal télévisé est principalement utilisé en France et en Belgique et abrégé en (JT), ou Téléjournal principalement au Canada et en Suisse, abrégé en (TJ)¹²³. C'est un Bulletin d'information généralement animée par un présentateur unique ou un couple de présentateurs récurrents, qui introduit des reportages ou des séquences sur des sujets internationaux, nationaux ou locaux et des chroniques intermittentes comme la météo. Les informations proviennent le plus souvent des Journalistes et des correspondants de la

rédaction du réseau en région ou à l'étranger. Le présentateur peut également résumer lui-même une information, avec images (« off») ou sans (« brève »). La plupart des reportages sont dits `'ciblés» car la couverture de l'information n'émane pas forcement du désir de la chaîne mais d'une entreprise ou d'une tierce personne qui souhaite une exclusivité. Toutefois, il faut rappeler que bien qu'étant ciblé, l'élément du reportage entre dans la catégorie informationnelle. On appelle ce type de reportage Publi Info lorsqu'il est inséré directement dans le journal. Le but est d'avoir plus de visibilité. Toutefois, le format du reportage reste classique, soit 1 min à 1min 30 secondes.

Source : Auteur, compilation des prix, passages JT, Mars 2021. ? Musique

La musique est le produit culture qui bénéficie d'une grande publicité dans la sphère médiatique. En télévision, des programmes spécifiques sont organisés afin de permettre aux artistes de faire la promotion de leur musique. Les chaînes de télévision possèdent plusieurs programmes qui permettent de mettre en avant la musique. Nous avons d'une part l'espace promo qui consiste à présenter au téléspectateur des nouveaux clips. Ceux-ci sont habillés avec les synthés spécifiques de la chaîne. C'est le cas de Promo Zik sur Canal 2, Hit-parade sur la CRTV. Nous avons d'autre part des émissions avec un présentateur qui se charge de recueillir des informations sur l'artiste et le titre afin de mieux vendre l'artiste et son oeuvre. L'émission fait généralement le classement des Hits. Le classement se fait sur la base du nombre de vote obtenu durant la semaine, mais en réalité, ces votes s'achètent. Le prix augmente en fonction du classement ; plus nous allons vers la première position, plus le prix est élevé. Nous citerons à titre d'exemple Urban Hits sur Canal 2. Le prix dépend de chaque chaîne de télévision.

Nous avons une autre forme de promotion musicale, elle est basée sur une courte ou longue période. L'artiste ou son manager souscrit pour une campagne promotionnelle exclusive ou non exclusive durant 1 ou 3 mois. Dans le cas d'une promotion exclusive, le coût est plus élevé que lors d'une simple promotion ; le clip est diffusé sur la Playlist premium pour 03 à 04 diffusions par jour en ce qui concerne les chaînes à grille de programme garnie, a contrario avec la simple promotion qui peut juste se contenter d'une diffusion par jour. Le prix varie de 30.000

Fcfa le passage pour les moyennes chaînes de télévision et 100.000 FCFA pour les grandes chaînes de télévision.

La plage musicale dans les chaînes de télévision est la principale source de financement tant pour les chaînes de diffusion (celles qui diffusent uniquement les programmes tels que les films et la musique) et les chaînes de production et diffusion.

Source : Auteur, compilation des prix, matinales dans les chaînes, Mars 2021.

Les modalités de promotion musicale diffèrent d'une chaîne à une autre. Tenez à vision 4, nous avons deux diffusions par jour à raison de 100.000 FCFA

Les émissions de détentes sont des émissions de variété ; elles se déroulent la plupart des temps le week-end et quelques fois en semaine. Elles y mêlent t généralement toutes les rubriques, le but étant de divertir et de fidéliser le public, d'offrir des moments exceptionnels. Lesdites émissions sont à caractère commerciales pour la plupart des communications sur le plateau. C'est le cas de « Week-end BONHEUR » sur Vision 4, « JAMBO » et « NOUS CHEZ VOUS » sur Canal 2 International, « TAM TAM WEEK-END » sur CRTV, « BILLIONAIRE » sur Regard'Afrique TV.

« Week-end Bonheur » sur les antennes de Vision 4 une Émission qui reçoit tout type d'invité. Des Artistes musiciens, des Managers, des Promoteurs de cabaret, des boutiques, des Snack-bar restaurant, les Promoteurs des établissements hôteliers, des boutiques pour shopping, les artisans, les petites et grosses entreprises, les associations culturelles, les établissements de mode et bien d'autres sont souvent les potentiels clients des émissions de détente. Ils y passent généralement une fois pour leur campagne promotionnelle. L'émission en ce temps informe, divertie mais est essentiellement à but commerciale. La plupart des émissions en télévision suivent cette mode. Toutefois, il y a un échange gagnant-gagnant entre la télévision, les promoteurs et les téléspectateurs. La télévision gagne d'abord financièrement, ensuite elle satisfait les promoteurs des produits et enfin elle satisfait les téléspectateurs et renforce son audience parce qu'elle aura mis sur pied une émission aimée et suivit par tous.

Les promoteurs bénéficient des plages horaires qui leur sont offertes pour communiquer et en tirent profit grâce à l'audience de la chaîne, laquelle constitue la cible de sa promotion. Les téléspectateurs quant à eux sont informés et se divertissent au travers de l'émission. La durée de passage dans de telles émissions débute à 03 min et peut aller à 10 min ; le prix augmente graduellement de la 4^ème minutes à la 10^ème minutes. Un système d'invité permanent de l'émission permet à ceux qui ont assez d'argent de pouvoir y rester durant toute l'émission afin d'avoir un entretien avec le présentateur sur toutes les formes de son produit. Ainsi, sa présence durant toute l'émission témoigne de son importance et du produit dont il fait la promotion.

Source : Auteur, compilation des prix, passages dans les chaînes, Mars 2021.

Les publireportages sont des mini-reportages exclusifs. Bien qu'étant à but informationnelles, ils communiquent plus sur la cible ayant sollicité un zoom. Les ONG, des personnalités morales, les petites et grandes entreprises comme Nestlé, MTN Cameroun, Orange Cameroun, les brasseries, Dovv, Kiferou, et bien d'autres sollicitent davantage ce format car il est d'une longue durée de 02 min 30» à 03 min contrairement à un reportage JTV qui lui varie entre 01 min à 02 min. Les publi-reportages étant à caractère commercial et d'une longue durée, ils sont souvent extraits du journal pour être placé après, c'est ce que recommande la loi de l'audiovisuel de 2015. Canal 2 International est un exemple parfait en matière d'application de cette loi ; c'est la raison pour laquelle on peut voir des publi-reportages après le journal du 19h50, précisément dès 20h30. La chaîne de télévision Canal 2 International peut diffuser 04 publi-reportages après chaque édition du 19h50. Elle a d'ailleurs pris le soin de renommée la rubrique en « Publi-infos ». Dès lors, il est difficile de se déconnecter de la chaîne après son journal quand-bien celui-ci finit dans les environs de 20h20 min car le public est déjà habitué à suivre des informations supplémentaires qui ne sont que des informations à titre publicitaire des initiatives des groupes privés ou personnes individuelles. Considérant le publi-infos entre 250.000 Fcfa et 300.000 Fcfa, pour 04 unités durant 06 jours, la valeur financière est estimée entre 6 millions de Fcfa et 7 millions FCFA. Ces chiffres permettent de mieux

apprécier de façon réelle les entrées financières d'une chaîne télévision à partir de cette rubrique.

Source : Auteur, compilation des prix, publi-reportages dans les chaînes, Mars 2021. III-3-3- Les partenariats médiatiques

Souvent mais pas toujours, le média a plus d'influence et de visibilité que l'entreprise ; et l'entreprise plus de moyen que le média. Souvent encore mais pas toujours non plus, le média a plus de contenus que l'entreprise, et l'entreprise plus d'expertise de son secteur d'activité que le média. C'est ainsi que les échanges entre le média et l'entreprise se résument. L'entreprise achète de la visibilité dans les médias, et les médias consultent les experts de l'entreprise pour leurs contenus¹²⁴. D'où la sollicitation des médias lors des événements de l'entreprise.

La plupart des grandes chaînes de télévision fonctionnent actuellement avec des partenariats médiatiques. Le partenariat médiatique est un partenariat entre la chaîne de télévision et une entreprise privée, public ou parapublic. Ayant signé le contrat, la chaîne de télévision bénéficie de l'exclusivité de toutes les informations de la structure dans leur édition d'information. Le mode de paiement est ainsi différent des autres en ce sens que les factures sont payées annuellement. Dans le contrat, la chaîne peut exiger d'être payée sur la base du nombre de reportage effectué sur une année, tout comme ils peuvent fixer un taux forfaitaire. Le prix varie généralement entre 10.000.000 FCFA à 20.000.000 FCFA, voire plus. C'est la raison pour laquelle vous verrez une présence de la chaîne Info TV durant tous les événements organisés par l'ART (Agence de Régulation des Télécommunications), les reportages sur cet institution para-publique auront toujours un angle de traitement bien définit avec un timing plus long que les autres papiers journaux. En fonction de la teneur de l'évènement, le même papier du journal peut être diffusé durant 02 à 03 jours. C'est le cas d'Ariane TV avec le Cercle des Jeunes Aveugles Réhabilités du Cameroun (CJARC) qui a un partenariat de couverture médiatique. Le partenariat s'étend jusqu'à la réalisation des documentaires, des films

d'entreprise, des spots publicitaires, notamment ceux des dons relatifs à la construction des salles de classe, aides financières etc.

La CRTV est aussi le média prisé de certains ministères publics et de certaines entreprises privées comme l'IAI (Institut Africain d'Informatique). Canal 2 International rafle la mise avec les brasseries du Cameroun, Orange Cameroun et MTN Cameroun. Les campagnes promotionnelles de ces trois structures passent toujours par cette chaîne. Un autre opérateur ayant noué un grand partenariat avec Canal 2 est CANAL +. Ce type de partenariat est appelé partenariat média-média. Canal + est un groupe de Média nationale Française mais qui a aussi la particularité d'être un distributeur d'images par canal satellitaire. Toutes les publicités de ce distributeur passent par ladite chaîne. Certains spots sont même réalisés par l'équipe de Canal 2, lequel sera diffusé dans d'autres chaînes comme la CRTV.

Le Crawl, dans son expression littérale anglaise est un type de nage en surface le plus rapide. La télévision a emprunté le mot pour l'adapter en sa guise. Il représente en fait le message défilant horizontalement sur fond neutre ou coloré en superposition d'images diffusées. Pour faire simple c'est une bande plus ou moins défilante en télévision généralement positionné en bas de l'écran. Des informations diverses sont toujours diffusées par ce moyen comme : l'info journal, les avis de décès, avis de recherche, offres d'emploi, communiqués etc. Certaines chaînes de télévision utilisent même une bande supplémentaire pour d'autres informations spécifiques comme la Météo. C'est le cas de Canal 2 International, Bnews 1, Vision 4. Les prix varient d'une chaîne de télévision à une autre, soit 20.000 FCFA la diffusion journalière dans les chaînes à petite audience et pour un forfait mensuel de 200.000 FCFA. Nous pouvons citer à titre d'exemple CAM 10, Regard'Afrik TV. Par contre, les chaînes à forte audience acceptent les sommes de 25.000 Fcfa à 35.000 FCFA la diffusion journalière, ceci pour un montant mensuel de 600.000 FCFA à 1.050.000 FCFA. La longueur du texte contribue également à la hausse ou baisse du prix.

Nous avons commencé par présenter les différentes voies financières d'une chaîne de télévision pour suivre la ligne rédactionnelle que nous nous sommes prescrites. Toutefois, pour capitaliser, il y a un catalyseur très important à mettre en jeu : l'audience.

Dans ce chapitre consacré à l'économie de la télévision, nous n'avons pas parlé de l'audience dès les premières lignes non pas parce que nous avons fait une omission, mais dans le but d'attirer l'attention après ces chiffres élogieux que nous venions d'évoquer. L'audience est la base financière d'une chaîne de télévision ; elle est le témoin de visibilité, une mesure d'écoute et un repas féculant auprès des investisseurs et promoteurs ; c'est elle qui attire les annonceurs. Savoir qu'une chaîne de télévision est regardée par tel nombre de téléspectateurs, ou compte tel nombre d'abonnés plus que d'autres chaînes influence énormément dans le choix des annonceurs. La grande bataille de la télévision est donc aujourd'hui basée sur l'audimat.

Des petites chaînes aux grandes chaînes, chacune se lance à la conquête de l'or, celle de l'audience. Cette bataille est plus observée auprès des médias privés que public car la publicité d'une manière générale est le meilleur moyen de se faire de l'argent. Pour ainsi avoir cet audimat, plusieurs facteurs entrent en jeu : La qualité des émissions, le genre des émissions, les horaires, etc. Concernant les émissions, elles doivent être de bonnes qualités sur des questions journalistiques et technico-artistique, la qualité des invités doit être de mise, savoir jouer sur la contradiction pour ce qui est des émissions politiques par exemple. Généralement, lorsque l'orientation de l'émission est bonne, les téléspectateurs accordent du crédit à l'émission et deviennent des fidèles téléspectateurs. En ce moment, les questions artistico-techniques deviennent des préoccupations de secondes zones. On peut citer à titre d'exemple l'émission « La vérité en Face » de la chaîne Équinoxe TV diffusée en Direct et qui, chaque soir, compte plus de 1000 téléspectateurs qui regardent en streaming sur Facebook. Nous avons « L'arène », émission de débat politique sur la chaîne Canal 2 Internationale chaque Dimanche soir dès 21h, et « Scène de Presse » sur la chaîne CRTV Premium.

Répondre aux attentes techniques citées ci-dessus engendre d'autres éléments comme la qualité du matériel à utiliser pour le rendu des émissions. Il faut acquérir un bon plateau technique qui devra comporter des caméras professionnelles en Haute définition (HD), des lampes pour studio, des microphones, matériel de diffusion. Le maniement de ces appareils aux fins d'obtenir une bonne qualité d'image nécessite des techniciens chevronnés ; Il faut également associer à cet effet des journalistes compétents, sélectionner des sujets attrayants

pour chaque émission, faire une bonne étude sociologique du public, avoir une ligne éditoriale attrayante. Aujourd'hui, la bataille s'est resserrée dans l'univers du numérique à travers les plateformes comme : Facebook, YouTube qui permettent des diffusions en streaming. Les journaux télévisés sont plus suivis sur ces plateformes. L'avantage de ces plateformes est le « Replay », c'est-à-dire, la possibilité de regarder une émission après son heure de diffusion. On peut donc soit regarder l'entièreté, le début ou la fin de l'émission. Il n'y a donc pas de perte ou d'occasion ratée avec Facebook et YouTube.

La grosse part des marchés de télévision réside dans la rémunération des chaînes par les distributeurs. Il existe deux modèles de rémunérations à savoir : la « cession exclusive » et « non exclusive »¹²⁵ par l'éditeur des droits de diffusion à un distributeur. Pour le premier cas, la rémunération des chaînes payantes exclusives, donc adossées à un distributeur unique, se fait sous forme de redevance forfaitaire annuelle pour un montant relativement élevé, puisqu'on empêche l'éditeur de céder les droits à un autre distributeur. À ceci s'ajoute une rémunération issue des recettes publicitaires, lequel est calculé sur la base du nombre de téléspectateurs et donc en partie à la taille de l'audience.

Par contre, le deuxième cas, la « non exclusivité » est le modèle qui n'est pas adossé à un distributeur exclusif¹²⁶. La rémunération dans ce cas n'est plus forfaitaire mais à géométrie variable à cause de la réévaluation fréquente de la part du distributeur, qui demande des comptes à la chaîne en termes d'audience. En dépit de cela, la chaîne perçoit plusieurs redevances, celles issues des fournisseurs d'accès internet (FAI). Mais lesdits revenus sont largement inférieurs à la seule redevance versée par un distributeur en exclusivité ; dès lors, Nathalie explique que « le prix appliqué est très inférieur à celui qui est appliqué dans le modèle standard »¹²⁷. On se retrouve alors dans une situation selon laquelle si l'audience n'est pas suffisante, le distributeur se trouve en position de pouvoir réajuster la redevance versée à l'éditeur. Toutefois elles perçoivent aussi un complément de rémunération qui émane des recettes publicitaires qui

125 Autorité de la Concurrence (2010), décision n° 10-D-32, relative à des pratiques mises en oeuvre dans le secteur de la télévision payante, ( http://www.autoritedelaconcurrence.fr/pdf/avis/10d32.pdf). Consulté le 21 Mars 2021.

126 Nathalie, SONNAC, «Médias audiovisuels et concurrence. Le cas de la télévision payante », Revue d'économie industrielle [En ligne], 137 | 1er trimestre 2012, mis en ligne le 15 janvier 2014, p. 6.

est calculé sur la base du nombre d'abonnés à la chaîne. Par contre, ici, « le montant obtenu est largement plus important que celui qui serait perçu par un distributeur en exclusivité »¹²⁸.

En définitive, pour les chaînes commerciales, l'audimat est financé par la publicité. La rémunération des chaînes distribuées en exclusivité vient du marché publicitaire. En d'autres termes, la chaîne non adossée à un distributeur en exclusivité voit son modèle d'affaires dépendre doublement du marché publicitaire.

III-4- Télévision comme facteur d'économie artistique

La télévision est un grand marché des arts à ciel ouvert. C'est une fenêtre ouverte au monde qui permet d'apprécier les chefs-d'oeuvre artistiques. Cette fenêtre est bénéfique à double titre dans la mesure où elle permet pour le téléspectateur de consommer l'oeuvre télévisuelle, et pour l'artiste, d'être mieux apprécier par son client qui peut solliciter ses services par la suite.

III-4-1-L'impact économique du marketing des produits artistiques à travers la télévision

La télévision est un marché de bien culturel. Sans ce marché, les créateurs qui produisent des produits ne peuvent présenter leur marchandise et le public ne peut accéder à la marchandise. Dans ce sens, la télévision est une plateforme très importante dans l'économie et la promotion des arts et de la culture. Tel que le souligne le rapport de l'Organisation Mondiale du Commerce et de l'organisation mondiale de la propriété intellectuelle, la communication sur les produits artisanaux par exemple contribue à la promotion de l'activité et de l'artisan. La communication étant un socle fort de visibilité, elle impacte positivement sur l'activité économique. Le marketing peut être considéré comme une philosophie commerciale qui place le client au coeur de l'univers de l'entreprise ou qui en fait l'axe autour duquel tourne l'entreprise. Lorsqu'il y a par exemple une exposition du travail d'un plasticien, c'est la communication faite à la télévision qui accorde plus de visibilité à l'évènement annoncée. Les gens se déplaceront parce qu'ils auraient entendu et vu la publicité à la télé. Un marketing efficace crée une demande pour un produit. Grâce à la promotion télévisuelle, au fur et à mesure qu'ils sont populaires, les artistes trouvent les magasins, les galeries et les négociants appropriés pour vendre leurs oeuvres. Ces points de vente deviennent alors leurs agents, établissant et entretenant une relation rentable avec les acheteurs. Ayant déjà une visibilité grâce à la télévision, leur campagne de promotion en ligne ou même les ventes électroniques d'oeuvres

d'art deviennent de plus en plus fréquentes et peuvent par-là avoir un nombre de clients considérable.

Olivier BOURGEOIS s'est pensé sur la question de promotion et l'impact économique des oeuvres artistiques à la télévision. Dans son rapport adressé à Madame la Ministre de la Culture et de la Communication de France, il explique que : « la présentation des livres à la télévision est un élément essentiel de leur promotion commerciale ». Bien qu'à cette année la publicité du livre fût interdite, des mécanismes n'ont pas manqué pour faire promouvoir le livre. La présentation du livre étant gratuite, alors que la présentation de tout autre produit, sous forme de spots publicitaires est extrêmement onéreuse, le livre se trouve être le produit le plus présent à la télévision, loin devant la lessive ou les produits de toilette . La cible de la présentation du livre est le téléspectateur qui est un potentiel consommateur. Autrement dit, celui qui regarde l'émission littéraire n'est pas nécessairement un acheteur de livres. À cause de l'influence du présentateur ou de sa manière de présenter, certains téléspectateurs se retrouvent en train de commander le livre. Le paradoxe de ce type d'émissions c'est qu'elle conduit à l'effondrement des parts de marché mais à l'explosion des ventes, compte tenu de la différence d'échelle entre l'audimat et le succès de librairie: un livre acheté par un téléspectateur sur mille est un succès de librairie, par un téléspectateur sur cent, un best-seller.

III-4-2- Le bien-être des artistes

Tous les commentateurs s'accordent pour souligner à l'envi la fascination que la télévision exerce sur son public. Si nous prenons le cas de la musique, quoi qu'ayant un incroyable talent, à cette ère, un artiste qui n'est pas visible sur le marché du monde (la télévision) ne bénéficie pas de tous les avantages qu'il aurait pu avoir en étant visible. En prenant le cas de la musique, la constante présence de l'artiste sur les chaînes de télévision lui permet d'être toujours visible par les organisateurs événementiels. Il peut à cet effet être sollicité par n'importe lequel pour un concert.

Pour un artiste plasticien, faire passer ses travaux à la télévision permet d'être connu du public. Ayant acquis un nom, une notoriété, il peut être sollicité par des ONG ou des tierces personnes pour la conception et réalisation des travaux.

Les publicités dans les médias sont un autre instrument utile pour le marketing des produits artistiques. Les publicités bien placées dans les journaux et les magazines peuvent permettre d'élargir la base de clients du producteur ou des artistes. La publicité sur les chaînes

de télévision permet de décrocher de nouveaux clients. Dans les deux cas il est nécessaire de concevoir le message publicitaire à diffuser. Les communiqués de presse dans la presse commerciale spécialisée ou diffusés par les organisateurs de salons professionnels peuvent également s'avérer un moyen de communication précieux permettant d'accroître son chiffre d'affaires. Les acheteurs des produits sont les Hommes, il vaut donc mieux aller vers eux présenter ses offres. Le passage télévisé d'un artiste peut permettre de phagocyter les téléspectateurs qui seront des potentiels clients. Le passage par la télévision peut donc augmenter considérablement le chiffre des ventes pour le produit artistique. La publicité télévisée constitue l'image du monde contemporain.

La télévision est le lieu de campagne qui favorise la vente des produits artistique. Chaque action de la télévision permet de renvoyer le téléspectateur soit dans une librairie, dans une salle de spectacle, dans une salle de cinéma, dans une exposition-vente, etc.

À ce propos, on peut conclure que la médiatisation qui élargit les audiences vaut pour partie économies d'échelle et gains de productivité.

Conclusion

Dans ce chapitre consacré à l'économie de la télévision, il était question d'examiner d'une part les retombées économiques de la mise en route d'une chaîne de télévision culturelle sur le plan de l'employabilité ; d'autre part, d'examiner les conditions financières d'une chaîne de télévision en termes de revenus en se servant du modèle classique d'entrées financières. Concernant le premier point, celui de l'employabilité, nous pouvons conclure que l'ouverture d'une chaîne de télévision culturelle tant par le biais de l'État que d'un investisseur privé serait une initiative salutaire dans la mesure où, elle viendrait offrir de l'emploi à de nombreux Camerounais, et donc serait une action forte dans le processus de réduction du chômage et contribuerait en même temps à l'accroissement du Produit Intérieur Brut (PIB) afin d'atteindre les Objectifs du développement durable ficelés dans le plan stratégique de l'Émergence du Cameroun en 2035. Plus de 50 postes à pouvoir ont été descellés dans ce chapitre ; et qui dit postes à pouvoir parler d'argent, d'économie. En effet, le travail donné à ces jeunes camerounais les permettra de subvenir aux besoins familiaux, de le réinjecter dans le système économique sous forme d'investissement dans différents secteurs (agriculture, immobilier, mobilier, transport etc.). Du Président-Directeur Général, au Directeur des programmes, de l'information, de Production, Commercial, Directeur Technique, les Journalistes et techniciens,

chacun y trouve son compte financièrement. Ils peuvent à cet effet s'épanouir socialement et se réaliser. L'inexistence d'une telle structure entraîne souvent le refroidissement des passions, et beaucoup plus des talents. Nous avons plein d'étudiants en arts du spectacle et cinématographie qui sont déjà aptes dans la plupart des domaines techniques cités ci-dessus, mais ils ne parviennent malheureusement pas à trouver de l'emploi dans le monde professionnel à cause du manque de place dans les structures existantes, et pour la plupart du temps, ils subissent souvent de la discrimination du fait de la provenance de leur formation. La chaîne culturelle en prenant en compte l'orientation de sa dénomination serait une grande ouverture pour présenter leur savoir-faire au monde entier.

Quant au deuxième volet de ce chapitre, celui consacrée aux portes d'entrées financières, nous pouvons conclure que la télévision possède plusieurs sources d'entrées financières non négligeables qui contribuent à son fonctionnement. Faire des gains financiers en télévision est une obligation pour les promoteurs qui veulent se faire des chiffres d'affaires considérables. Après un entretien accordé à un Directeur Général d'une chaîne de télévision de renommée, le bénéfice brut d'une chaîne de télévision peut être estimé entre 50.000.000 et 150.000.000 FCFA /An¹²⁹. La chaîne canal 2 par exemple ne « vit que de la publicité »¹³⁰.

Nous avons pu identifier 8 moyens de rentabilité financière qui permettent à une chaîne de fonctionner comme toute autre chaîne généraliste. Il s'agit de la promotion musicale, les reportages, les spots, les publi-reportages, les émissions de détente, le Journal télévisé, les partenariats médiatiques, les émissions à caractère publicitaire et le crawl.

Une chaîne de télévision ayant un bon fonctionnement structurel est partie pour gagner de grands marchés publicitaires et faire des entrées financières considérables. Pour y parvenir, les programmes doivent être bien conçus, recruter une équipe de professionnelle qui viendra réaliser les différents programmes, évaluer son offre par rapport à la concurrence et proposer quelque chose de nouveau sur le marché, mettre sur pied une bonne équipe administrative et mieux ficeler la politique commerciale avec les commerciaux qui devront aller chercher, convaincre les petits, moyens et gros partenaires.

Le troisième aspect de ce chapitre démontre qu'une chaîne de télévision artistique contribue à l'économie culturelle. Pour mieux vivre de son art, l'artiste a besoin d'une grande visibilité. La télévision étant la fenêtre par laquelle le monde est vu devient un marché, un lieu

129 Entretien avec M. François, FEUTSAP, DG d'ARIANE TV à Ariane TV, Yaoundé le 11 janvier 2021. Annexe 9

par lequel chaque acteur culturel peut venir présenter ses services, ses créations. Les téléspectateurs étant des consommateurs pour la plupart des cas dont en ce sens les meilleurs clients qui soit achèteront l'oeuvre ou désireront les services de ce dernier. Sans visibilité, il serait difficile à un artiste de mieux vivre de son art.

CONCLUSION GÉNÉRALE

Le présent travail qui s'achève avait pour intitulé « Pratiques artistiques et télévision au Cameroun à l'ère du numérique ». Avant de tirer quelques conclusions, il est important que nous procédions à certains rappels avant de présenter les résultats auxquels nous avons abouti.

Le développement de nombreux talents au sein de notre département des arts et archéologie, dans d'autres institutions privées et même des praticiens non scolarisés d'une part, et la massification des chaînes de télévision favorisée par le digital d'autre part, nous a conduit à nous interroger sur le manque de visibilité des pratiques artistiques dont nous avons pris le soin de catégoriser ainsi qu'il suit : Arts plastiques (Sculpture, peinture, dessin, poterie, modelage, collage) ; Arts vivants (Théâtre, slam-up, stand-up, performance, comédie, conte, danses patrimoniales, théâtre de rue etc.) et Arts visuels (Photographie).

Ces interrogations sont parties du problème selon lequel les pratiques artistiques ne sont pas assez explorées par les chaînes de télévision camerounaise. Qu'est-ce qui explique l'insuffisance des émissions sur les pratiques artistiques et que faut-il faire pour accorder plus d'importance à celles-ci au même titre que les émissions de musiques, de sports, de politiques etc.? À cette question centrale sont venues s'ajouter les questions secondaires à savoir : Quelles politiques et pour quels résultats en matière d'élaboration des grilles de programme dans les chaînes de télévision Camerounaise ? Dans quelle mesure les pratiques artistiques peuvent-elles constituer une source de créativité d'émissions artistique pour la promotion des artistes et leurs oeuvres ? Quels avantages économiques peut-on tirer à travers la mise sur pied des émissions spécialisées sur les pratiques artistiques ?

Pour apporter des réponses à ces questions, nous sommes partis de l'hypothèse générale selon laquelle Les pratiques artistiques ne seraient pas assez présentes dans nos chaînes de télévision à cause d'un manque de motivation, de l'ignorance des potentialités économiques et du regard dédains sur la perception des arts plastiques et arts vivants de la scène. Et pourtant la télévision de par son extension (Facebook et YouTube) est le meilleur moyen par lequel il faut passer pour promouvoir les chefs-d'oeuvres artistiques ainsi que leur créateur. À cette hypothèse générale s'ajoutent deux hypothèses secondaires soutenant la principale.

Premièrement, Le taux annuel de production des programmes sur les pratiques artistiques dans les chaînes de télévision serait faible parce que lesdites chaînes ne produisent pas suffisamment de contenus destinés à la diffusion. Elles attendent plutôt souvent les P.A.D

(Prêt À Diffuser) produits par les producteurs indépendants. Toutefois, ces producteurs le font plus souvent pour faire la promotion de leur structure ou produits. C'est le cas de « Castel Live Comedy », « Mor 2 lap ». Ces programmes connaissent une diffusion sporadique parce que les chaînes de télévision sont des partenaires financiers ou du fait d'avoir perçu de l'argent pour diffuser, ou tout simplement il s'agit d'aide à la promotion.

Deuxièmement, Les pratiques artistiques sont des sources inépuisables de création d'émissions de tout genre qui participeraient à l'édification du public et à l'amélioration de la qualité des produits artistiques à l'issue des différentes critiques.

Troisièmement, Les pratiques artistiques seraient une source de développement économique dans la mesure où la mise sur pied des chaînes thématiques engendrerait la création des emplois pour les techniciens de l'audiovisuel et les promoteurs. L'artiste pourrait ainsi vivre de son art du fait qu'il évoluera désormais dans un environnement propice.

Durant nos cinq années d'études, de tous les rendez-vous artistiques et culturelles offerts par les étudiants à savoir : expositions, représentations théâtrales, projections de films écoles, il a été difficile de voir la présence des chaînes de télévision qui viennent faire des reportages ou grands reportages qui passeront aux éditions du 20 heures, encore moins des documentaires. Ce constat très amer nous a conduit à fixer notre principal objectif qui visait de manière générale à aider les politiques Camerounaises à lutter contre la perte en grande vitesse des valeurs culturelles propres au profit de celles occidentales en proposant des mesures adéquates permettant d'avoir plus d'émissions TV spécialisées sur les pratiques artistiques et pourquoi pas l'orientation de quelques textes définissant le taux de pourcentage des émissions à caractère artistiques et culturelles, et de présenter les bienfaits d'avoir ces émissions.

L'intention ici étant de formuler des recommandations pour une meilleure visibilité des arts grâce à la participation des chaînes de télévision en termes de production ou de coproduction des émissions. Le premier objectif visait à comprendre le mécanisme de fonctionnement des chaînes de télévision et évaluer le taux de production des programmes annuels sur les pratiques artistiques afin d'en faire une comparaison de la productivité entre la chaîne publique (CRTV), celle privée (Canal 2 International) et dans les tierces chaînes.

Le deuxième objectif visait à présenter les bienfaits d'une représentativité de nos arts et cultures sur nos petits écrans afin de réduire les limites de la projection des pratiques artistiques dans les TV à travers des émissions spécialisées. Le Cameroun se retrouve envahit par des images extérieures et réduit au titre de consommateur des autres cultures parce qu'il n'y a pas de véritables productions d'émissions spécialisées.

Quant au troisième objectif, il était question de démontrer que les pratiques artistiques sont une source, un potentiel de développement économique et culturel dans la mesure où, leur exploitation rationnelle conduit à la mise sur pied des émissions spécialisées sur toutes les formes d'arts, par ricochet la création des chaînes de télévision thématiques avec des contenus meublés tels que les Journaux, magazines, téléréalités, divertissements, concours des meilleures oeuvres d'art etc. Tout en valorisant l'oeuvre et l'artiste, cette initiative va également favoriser la création des emplois dans le domaine de l'audiovisuel. Dès lors, les pratiques artistiques au fil du temps vont conquérir un grand public ; l'art ne sera plus banalisé tant dans la conception (par les praticiens) que dans la réception (Auprès du public).

Pour vérifier les hypothèses formulées et atteindre les objectifs ci-dessus, nous avons défini un cadre théorique composé de deux théories. Nous nous sommes servis du fonctionnalisme de l'école américaine développée par Talcott PARSON. Étant donné que nous parlions du système de fonctionnement de chaque chaîne de télévision, lequel pousse à produire un certain type de résultat, cette théorie nous a permis de faire une analyse des chaînes du corpus en fonction des sous-systèmes de leurs mécanismes de production. Le fonctionnalisme reposant sur quatre paradigmes à savoir l'intégration, l'adaptation, la poursuite des buts et le maintien. Chaque télévision fonctionne selon une idéologie et un modèle économique précis. Canal 2 par exemple depuis sa création a bâti son empire sur le divertissement d'ordre général, ce qui favorise l'entrée en matière des sponsors officiels. La chaîne peut ainsi vivre de rien que de la publicité. À contrario avec une chaîne comme Équinoxe qui a bâti son modèle économique et idéologique sur la politique. La CRTV mère et ses extensions suivent plutôt une ligne éditoriale particulière, la satisfaction de manière générale de tous les camerounais sans toutefois entrer dans les détails pour toutes les catégories d'émissions. Du fait de l'ancrage culturel de notre étude, nous avons adjoint la sociologie culturelle. Analyser sociologiquement la société c'est se servir des concepts sociologiques pour comprendre la société, ses phénomènes et ses problèmes. Suivant cette perspective socioculturelle, produire des émissions à caractères spéciaux contribue non seulement à la préservation des acquis en termes de savoir-faire artistique, mais aussi à la promotion de l'art, de la culture, des artistes, à une orientation culturelle et à l'enseignement des arts. Ceci est d'autant plus nécessaire à cause de l'entrée au programme des arts comme matière d'enseignement dans le 2^nd cycle de l'Enseignement Secondaire.

Pour recueillir les informations, nous nous sommes servis de la méthode sur la recherche documentaire, laquelle nous a permis de mener des entretiens semi-directifs, directifs avec les

promoteurs de télévision et les directeurs des programmes. Durant six (06) mois, nous avons observé les nouvelles chaînes entrant dans notre étude. Pour les anciennes chaînes, nous les observons depuis cinq ans puisque nous exerçons comme réalisateur TV et donc, nous les observions dans le cadre de notre travail professionnel. C'est grâce à ces observations que nous avons pu arriver à des résultats concrets. Ayant travaillé méthodiquement sur le plan de la corrélation, les résultats seront présentés de manière diachronique, c'est-à-dire suivant les hypothèses de recherche, lesquelles s'ajustent avec les chapitres. Ainsi, il sera plus aisé d'y voir si celles-ci sont confirmées ou infirmées.

Au regard des résultats obtenues après analyse des grilles des programmes dans le premier chapitre de ce travail, les pratiques artistiques ne sont pas assez présentes dans les chaînes de télévision. Sur quatorze (14) chaînes TV observées, lesquelles ont d'aucunes une renommée nationale et d'autres internationales, seulement cinq (05) chaînes réussissent à faire la différence. Toutefois, il faut souligner que dans ces cinq chaînes de télévision, chacune a sa préférence en termes de types d'art à promouvoir. On constate par exemple que Canal 2 promeut beaucoup l'humour et le cinéma. De ce fait, elle compte même trois émissions à caractères spéciaux que sont « Comédie presse », « Découverte » et « ciné on set ». Depuis sa création, la chaîne a bâti son empire sur trois genres artistiques à savoir : la musique, le cinéma et l'humour. C'est aussi sa technique dans le système commercial et de conservation des téléspectateurs. Le taux d'abonné à la chaîne est une donnée qui attirerait les annonceurs. Plusieurs annonceurs vont vers Canal 2 à cause de son audience lié à certaines émissions comme : « l'Arène », « Jambo », « Nous chez vous », « C'comment », etc... parce que la chaîne possède des téléspectateurs qui regardent certains programmes à certaines heures précises. Par contre, CRTV Sports and Entertainment ne diffuse que des programmes sur la musique, le cinéma et quelquefois sur l'humour, mais pas d'émissions spécifiques. CRTV premium offre des programmes sporadiques sur l'humour, le théâtre, les contes, et parfois quelques Magazine avec certaines personnalités du 7^ème art.

La cause première de cette insuffisance est l'ignorance de toutes les formes artistiques

du fait de la non-vulgarisation par les chaînes elles-mêmes. Les gens ne sont pas habitués à la pratique par exemple du body painting, du modelage, de la sculpture, des diverses formes de performance, la poterie etc. Du coup, la deuxième cause est le désintéressement conscient et ou inconscient. Les lignes éditoriales sont plus érigées vers les programmes de divertissement de masse afin de capitaliser avec les annonceurs. En d'autres termes, les chaînes préfèrent promouvoir ce qui assure leur stabilité : c'est le paradigme économique de

PARSONS. Les programmes sur le divertissement sont par ricochet le meilleur moyen d'avoir de l'audience qui est majoritairement constituée de la classe D¹³¹ ; ladite audience sera ensuite vendue aux annonceurs qui souhaitent faire la promotion de leur produit.

Pour ce qui est de l'hypothèse première, les producteurs indépendants produisent effectivement des émissions sur certains types d'art en vue de faire la promotion de leur marque. Les programmes comme « Castel live comedy » sponsorisé par les brasseries du Cameroun pour la marque de bière « Castel » et « more 2 lap » pour la promotion de la firme téléphonique ORANGE Cameroun. La chaîne Canal 2 avait signé des contrats subséquents pour la coproduction et la diffusion en direct de ces deux programmes. Par ailleurs certaines chaînes TV ne produisent pas ou assez parce qu'elles estiment ne pas « pouvoir tout faire », c'est le cas de CRTV Premium.

Partant de la sociologie culturelle qui exige l'adéquation des produits culturels avec les besoins de la société, dans le deuxième chapitre, nous avons pu créer vingt et huit (28) synopsis d'émissions sur les trois (03) catégories d'arts entrant dans notre champ de recherche. Nous avons obtenu onze (11) synopsis d'émissions sur les Arts plastiques, 13 émissions sur les Arts vivants et trois (03) émissions sur les arts visuels et une (01) émission d'information. Ceci est une preuve que les pratiques artistiques sont une source inépuisable pour la création des émissions spécifiques tout comme nous avons aussi des émissions de sport et politique. La présence de ces émissions à la télévision serait bénéfique à plus d'un titre. Sur le plan pédagogique, on apprend en écoutant et en regardant, ce qui conduit à la pratique. Sur le plan didactique, l'enseignement des arts étant déjà inscrit dans le système éducatif secondaire, la mise sur pied de ces émissions ne se présente plus comme un choix mais comme un impératif. En outre, à cause de la méconnaissance de certains types d'arts et du désintéressement évoqué ci-dessus, il est clair que les chaînes ne soient pas en mesure d'apporter du nouveau dans ce vaste univers ; elles préfèrent diffuser des films et de la musique à la place des programmes spéciaux. Ainsi confirmée la deuxième hypothèse de cette étude.

Dans le troisième chapitre, nous avons pu constater que l'ouverture d'une chaîne thématique sur les pratiques artistiques, au mieux une chaîne culturelle serait bénéfique à deux volets. Premièrement, elle favorisera la création des emplois dans le secteur audiovisuel. La plupart des étudiants en Arts ayant des compétences dans divers domaines techniques comme

caméraman, réalisateur, monteur, graphiste, infographiste, photographe, journaliste ne trouvent pas facilement d'emploi parce que l'offre d'entreprise audiovisuelle est insuffisante par rapport à la demande des travailleurs compétents. Ces derniers subissent très souvent une sorte de discrimination du fait de la provenance de leur formation. Deuxièmement, une chaîne de télévision bien organisée, bien structurée avec une grille de programme bien fournie, laquelle est un atout pour l'audience, attirerait les sponsors, les entreprises qui voudront placer leur publicité, des annonces et autres. Canal 2 est un exemple en termes de chaîne de télévision mettant en avant le divertissement, lequel ramène une quantité importante de contrat publicitaire. Pourtant son divertissement ne repose que sur trois formes artistiques.

Au-delà de ce qui précède, il faut également souligner que les pratiques artistiques ne sont pas assez explorées à cause de l'effet que nous avons appelé « le suivisme tendanciel » qui conduit au « fight-média ». Autrement dit, il est plus facile de copier l'émission de la chaîne concurrente et de la placer à des mêmes heures au lieu d'en créer un tout nouveau concept qui sera bien différent des programmations des autres chaînes à cette heure-là. Cette pratique ne favorise pas l'innovation en termes de programme, et par conséquent, n'incite pas à de nouvelles réflexions dans d'autres domaines comme celui artistique. Aussi, face à la dominance de la musique et du cinéma, nous avons compris que ces produits culturels sont les plus prisés, populaires et donc mieux consommés par les téléspectateurs. L'accent est donc mis sur ces deux produits à cause de leur popularité.

Pour une bonne représentativité et promotion des chefs-d'oeuvre artistiques, nous avons pensé à proposer quelques pistes de solutions qui permettront de booster le taux d'émissions.

Dans le système fonctionnaliste, l'État possède une très grande responsabilité en ce sens qu'elle structure et régule la vie en société. Cette régulation devrait commencer par la mise en application des lois concrètes. En examinant la loi de 2015 régissant l'activité audiovisuelle au Cameroun, on constate que le législateur a négligé l'aspect artistique et culturel. Dans l'article 9, alinéa 2, l'État encourage juste à la promotion de la culture en ces termes : - promouvoir la création des oeuvres artistiques nationales; - favoriser la production des oeuvres audiovisuelles nationales et de proximité. Cependant aucun article ne précise le taux de diffusion ou production des émissions artistiques que devrait accorder l'office national de télévision ou encore moins les chaînes de télévision privées. Sans mesure de régulation et de contrôle, il ne peut avoir un succès dans ce domaine. À cet effet, nous proposons 15% de couverture des

programmes culturels et artistiques à travers des émissions spécialisées. Cela permettra d'explorer au minimum les produits artistiques et de présenter les biens culturels que nous possédons. L'État, à travers le Ministère des Arts et de Culture devra aider à la mise sur pied des partenariats entre les entreprises culturelles, bien structurées ou pas avec les chaînes de télévision afin que les ressources culturelles soient plus accessibles aux exploitants.

Nous sommes également conscients des efforts que fournissent les chaînes comme la CRTV, VISION 4 et Canal 2 International. Mais compte tenu de leur caractère de chaîne généraliste, il est évident que le niveau de représentativité des pratiques artistiques ne soit pas très élevé. Alors que faut-il faire ? La digitalisation permettant désormais la mise sur pied rapide d'une chaîne de télévision émettant même directement sur satellite, nous recommandons au gouvernement la création des chaînes spécialisées sur les différents types d'art comme le font déjà d'autres pays. Nous avons par exemple NBA Canada Tv, The Golf Channel, Book tv, G4 TechTV ; ou encore des chaînes thématiques comme ARTE basée en France. La CRTV et Canal 2 ayant déjà entamé l'initiative de créer des chaînes thématiques, l'État pourrait les accompagner dans cette initiative.

Pour ne pas compter uniquement sur la bonne volonté des promoteurs des chaînes privées, nous proposons la création d'une chaîne culturelle publique baptisée « ACC TV », entendu comme « Arts and Culture of Cameroon Television ». Cette télévision pourra avoir comme programmes les émissions élaborées au chapitre 2. Nous proposons à cet effet une grille de programmes variées (Voir grille de programme en annexe 10). Les contenus proposés sont à caractère didactiques et pédagogiques au bénéfice des élèves, des étudiants, des parents, des enseignants, des praticiens et enfin pour toute personne qui souhaiterai s'édifier sur les différents types d'arts proposés. Pour une télévision 100% culturelle, on ne peut se limiter aux pratiques artistiques faisant objet dans notre recherche. Nous avons pensé à adjoindre diverses formes d'arts. La grille parcourt les quatre (04) catégories de pratiques artistiques à savoir : Les arts plastiques (dessin, peinture, sculpture, poterie, modelage) ; les arts de l'expression (musique, chant, voix, écriture, lecture); les arts corporels, du spectacle et de la scène (expression corporelle, théâtre, danse) ; les arts visuels (photographie, vidéo). De quoi promouvoir la culture sous différentes couleurs artistiques. Nous avons inclus de larges pages publicitaires afin de permettre à tous les promoteurs culturelles de passer des annonces à court et long terme sur leur activité.

Nous sommes aussi conscient qu'une seule chaîne de télévision culturelle publique ne peut totalement résoudre le problème de divulgation de la culture et des pratiques artistiques. C'est la raison pour laquelle, en dehors de la chaîne publique, nous proposons la création de trois (03) chaînes de télévision privées, lesquelles devront être accompagnées par l'État. Ceci n'exclut pas la création d'autres chaînes par des particuliers qui souhaitent promouvoir l'art et la culture. Pour que ces trois chaînes fonctionnent avec moins de difficultés financières, nous proposons un capital à hauteur de dix (10) milliards pour chacune avec des subventions annuelles de trois (03) milliards. Parmi ces trois chaînes, une sera consacrée à la diffusion des films et séries camerounaises préalablement achetées. Les subventions de cette chaîne aideront à accompagner quelques projets de films. Les trois chaînes auront un régime économique mixte car elles auront une régie publicitaire centralisée à cet effet. Précisons que le montant de cette publicité sera le tiers (1/3) du montant des chaînes privées. Toutes les entreprises culturelles pourront signer des partenariats avec lesdites chaînes pour une meilleure visibilité de leurs produits.

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Autorité de la Concurrence (2010), décision n° 10-D-32, relative à des pratiques mises en oeuvre dans le secteur de la télévision payante,

ANNEXES

N°	NOMS ET PRENOMS	FONCTIONS	LIEUX	DATES	CONTACTS
1	M. François FETSAP	DG Ariane TV	ARIANE TV	09 Février 2021	Protégé par l'auteur
2	M. Daniel NDO	Enseignant d'arts dramatique IFCPA- EKOUNOU	IFCPA/ Maison	13 Janvier 2021	Protégé par l'auteur
3	M. IGOR JEAN BIWOLE	PDG Regard'Afrik TV	REGARD'AFRIK TV	15 Janvier 2021	Protégé par l'auteur
4	Mme. Mariama MEFIRE	Directrice des programmes de STV	Entretien téléphonique (Yaoundé-Douala)	10 et 11 février 2021	Protégé par l'auteur
5	Mme. Edwige BIWOLE	Directrice des Programmes de DBS	Entretien téléphonique (Yaoundé-Douala)	09 et 11 février 2021	Protégé par l'auteur
6	SUN PLUS TV	Directeur des programmes	Entretien via whatsap (Yaoundé-Douala)	19 Février 2021	Protégé par l'auteur
7	M. Pierre BERNARD	Directeur des programmes CAM 10	CAM 10		Protégé par l'auteur
8	M. Collins WONTCHOUANG	Coordonnateur des programmes de CANAL 2	Canal 2 International, Akwa	11 Mai 2021	Protégé par l'auteur
9	Mme. Tabe ENOROHONG	Chef de département de la programmation CRTV Premium	CRTV 503	23 Février 2021	//
10	Mme. Christelle MENGUE	C.S /DATV CRTV Premium	CRTV Porte 407	23 Février 2021	Protégé par l'auteur
11	M. CYRIL BITING SILAN	Directeur de production de la CRTV			Protégé par l'auteur
12	M. Roméo CYRIAQUE NDENGUE	Directeur des Programmes VISION 4	VISION 4	04, 09, 11, 15 Février 2021	Protégé par l'auteur
13	Mme CARINE EYA	Directrice des programmes INFO TV	INFO TV	08 Févier 2021	Protégé par l'auteur

Annexe 2

Entretien avec Mme Christelle MENGUE, C.S/DATV CRTV, à la CRTV le 23 Février

Mme Christelle MENGUE (C.M) ; Ernest NDJOCK (E.N) 1)-E.N : Comment concevez-vous vos grilles de programmes ?

C.M : L'élaboration des grilles de programmes tient compte des goûts du public. La grille tient compte des différents publics.

2)-E.N : Quelles sont les émissions que vous avez concernant les domaines spécifiques cités ?

C.M : Nous avons « Théâtralement votre » qui diffuse souvent le théâtre. Entrevue le Mag, on diffuse des spectacles, Comedy Club qui est une production indépendante. Au niveau du théâtre ça ne passe plus. Théâtralement votre diffusait des théâtres chaque vendredi mais ça ne passe plus.

3)-EN: Avez-vous des émissions spécifiques sur les pratiques artistiques ?

C.M : La CRTV n'a pas d'émission spécifique sur les Arts plastiques mais nous invitons les professionnels dans nos programmes comme Cameroun Feeling, la matinale sur CRTV News et Premium, Cameroun Day light » Nous faisons aussi des reportages aussi. Et si on dénombre même les reportages ça sera un nombre factice. Dans le modelage on a reçu un monsieur qui tisse des chaises.

4)-E.N : Qu'est-ce qui explique la dominance de la musique et du cinéma dans vos grilles ?

C.M : Comme j'ai dit on conçoit les programmes en fonction de la demande du public. Le cinéma et la musique sont les meilleures formes de divertissement qui passent le mieux. Lorsque quelqu'un voudrait se divertir, la chose première à laquelle on y pense c'est de mettre une music qui soit sera relaxante, soit émouvante et finira par amener l'individu à exprimer sa joie.

Annexe 3

Entretien avec Mme. Enorohong TABE, Chef de département de la programmation
CRTV Premium, le 23 Février 2021

1)-E.N : Avez-vous des difficultés à mettre sur pied des émissions uniquement consacrées la peinture, la sculpture, le théâtre, la photographie, slam-up/Stand-up, contes tel que vous le faites avec la politique par exemple? Si oui quelles sont vos difficultés ?

T.E : Cette absence n'est pas liée aux difficultés. La CRTV ne peut pas tout faire.

La production des contenus audiovisuels concernant les pratiques artistiques ne devrait pas seulement reposer sur la CRTV. La chaîne laisse le soin aux producteurs indépendants de pouvoir apporter les PAD, lesquels nous allons acheter. En fonction de l'annonceur qui s'associe au programme on repartit les revenus, soit 70% pour celui qui ramène l'annonceur.

Annexe 4

Entretien avec Simon Lyonga LA MALOMBE, Directeur de chaîne de la CRTV Sports and Entertainment, CRTV, le 15 Avril 2021

S.L : Ce travail revient à la chaîne mère de mettre sur pied des émissions spécifiques sur les arts et la culture. CRTV Premium est une chaîne généraliste donc elle peut mieux diversifier sa grille.

Annexe 5

Entretien avec M. Collins WONTCHOUANG, Coordonnateur des programmes de
CANAL 2, Douala, Canal 2, le 11 Mai

C.W : Nous concevons nos programmes sur la base d'une étude préalablement faite sur le terrain. Les téléspectateurs nous disent ce qu'ils aiment, ce qu'il faut améliorer et nous essayons de travailler sur cette base.

2)-E.N : Pourquoi une récurrence de la musique et du cinéma dans vos grilles ?

C.W : La chaîne a opté pour la proximité, d'où son slogan (plus proche de vous).Les gens aiment se divertir en regardant les films et en écoutant de la musique

3)-E.N : La chaîne trouve-t-elle un intérêt dans la mise sur pied des pratiques artistiques ? C.W: « le but est de faire consommer localement. C'est la raison pour laquelle nous accompagnons plusieurs projets et que nous mettons l'accent sur la comédie, l'humour etc.»

4)-E.N : Quand est-il des émissions spécifiques sur les autres formes artistiques ?

C.W : Nous avons une émission intitulée « Découverte » qui passe chaque semaine. Cette émission fait la part-belle aux arts plastiques et autres formes d'arts.

5)-E.N: Avez-vous une parfaite connaissance sur les pratiques artistiques et les potentialités ? C.W : Pas totalement

C.W : Évidement. Nous accompagnons la chaîne dans plusieurs projets. Canal 2 est par exemple coproducteur avec le projet de Stand-up partie d'Ulrich Takam

Annexe 6

Entretien avec Roméo Cyriaque MBIDA, Directeur des Programmes de Vision 4,
Yaoundé le 04, 09 et 11 Février 2021.

R.M : La grille de programmes chez nous s'élabore en fonction de ce que les téléspecteurs désirent, de l'observation directe de nos concurrents, ce qu'ils proposent et ce que nous, on peut proposer de mieux. On va donc faire ce qu'on appelle la contre-programmation en allant soit dans le même axe en utilisant le même système de paneliste ou d'autres stratégies permettant à notre programme d'être plus accrocheur. Il y a également le paramètre de la proximité, il faut satisfaire le besoin de ceux qui sont autour de vous. Il y a également un autre paramètre de choix de programme, on essaye d'analyser le fonctionnement des chaînes internationales pour voir comment ils assurent la gestion de leur programme...La combinaison de ces deux méthodes nous permet d'être compétitifs sur le plan national et international.

2)-E.N: Avez-vous une parfaite connaissance sur les pratiques artistiques et les potentialités ? R.M : Bien sûr que oui et j'y travaille afin que nous ayons des contenus assez attrayants.

R.M : « Afrik Zone » avec une fréquence hebdomadaire. Au niveau des Arts Vivants, nous avons deux programmes axés sur la comédie : « Carrefour Call box » de Major Asseh et « Mimi la bobonne ». « Ciné vision » et « Ciné Légende ».

4)-E.N : Pourquoi n'avez-vous pas d'émissions sur le théâtre, le dessin, la peinture, les contes, théâtre de rue, photographie ?

R.M : Nous avons une émissions « Afrik zone » qui va à la rencontre des peintres, des dessinateurs et autres. Mais l'émission n'est pas encore fonctionnelle. La grille des programmes étant en mutation constante dans le but d'offrir ce qui est mieux, nous allons travailler afin de pouvoir offrir 30% des programmes artistiques et culturels.

Annexe 7

Entretien avec Mme Carine EYA, Directrice des programmes d'INFO TV, Yaoundé le

E.N : Nous avons constaté que vous faites beaucoup dans la promotion des langues maternelle, pourquoi ce choix ?

C.E : C'est notre ligne éditoriale, on s'est dit qu'on doit se démarquer des autres chaînes et donc oeuvrer plus pour la culture.

E.N : Au-delà de ces émissions en langue, étant donné que vous promouvez l'art et la culture, pourquoi n'avez-vous pas des émissions spécifiques sur la peinture, le cinéma, le théâtre, slam-up et autres ?

C.E : Nous avons une ligne éditoriale bien définit. La chaîne fait dans l'information et la promotion des langues nationales telles que défini dans le descriptif de la chaîne... En ce qui concerne les types d'arts cités, nous avons une émission appelée (Découverte), nous y allons souvent à la rencontre des plasticiens, les hommes de théâtre et autres.

Annexe 8

Entretien avec M. Charles AFANE, Enseignant en Arts plastique et Histoire de l'Art
(APH), Yaoundé le 21 Avril 2021.

C.A : Il faut d'abord scinder les publics ; l'émission que tu peux créer pour les tout-petits ne sera pas la même pour les jeunes et les adultes. En ce qui concerne les tout-petits, ça les permettra à mieux connaître le monde des Arts plastiques. On peut prendre un cours de peinture comme tu l'as si bien dit pour les apprendre les couleurs de base. Pour une émission pareille on peut l'animer avec des thématiques comme les couleurs. On évoquera ces couleurs d'une manière basique, les couleurs primaires, secondaires, tertiaires etc. On peut accompagner ces enseignements théoriques avec la pratique en préparant le petit matériel (gouaches, aquarelles). - De manière didactique, on peut montrer aux enfants comment on mélange les couleurs. Cela éveille l'enfant dans le sens de la créativité.

- Ça peut être aussi les cours de renforcement de capacité, avec l'introduction des cours d'arts plastiques dans les Lycées, tous les élèves ne pourront pas bénéficier des cours en présentiels du fait de l'insuffisance des enseignants. On pourra ainsi établir un cours avec des modules complets.

F.F : Bien sûr que oui. Lorsque vous avez la chance de signer avec des grosses firmes, cela vous donne beaucoup d'argent chaque année. Ariane par exemple a eu de la chance jusqu'à une

- Ca permettra aussi aux universitaires et tout public de connaître le patrimoine camerounais (Les musées, types de musées, les galeries, là où on peut les retrouver et bien d'autres.

- En ce qui concerne les desseins d'arts, ça permet de connaître les types de desseins car tout n'est pas dessins d'art.

- Ça permet de découvrir les oeuvres et l'auteur. Peu de gens savent par exemple celui a réalisé le monument de la réunification. On informe le public, on vend plus notre culture au lieu de passer le temps à s'édifier sur la culture des autres sans toutefois les présenter la nôtre.

C.A : Pour moi il faut varier. Les cours de divertissement, c'est beaucoup plus pour les tout-petits. On joue en apprenant. Pour les moyens, on associe divertissement et éducatif. Pour les intellectuels ça sera éducatif. L'approche pédagogique doit être de mise. Il faudra aussi regarder la tranche horaire qui va correspondre à chaque public.

Annexe 9

Entretien avec M. François FEUTSAP, Directeur Général d'ARIANE TV, Yaoundé le

F.F : Généralement nous écrivons aux organismes pour leur proposer d'être partenaires de telle ou telle émission. Lorsqu'elles acceptent, nous signons des contrats. Il y a un montant à verser pour chaque émission et les prix diffèrent en fonction de l'envergure de l'émission. En contrepartie nous couvrons leur événements, on diffuse certains spots et bien d'autres.

3)-EN : Les sponsorings et partenariats financiers peuvent-ils subvenir aux besoins d'une chaîne de Télévision

certaine année d'être la première chaîne privée ; tous les contrats étaient chez nous. Et jusqu'à présent la société Parapublique Camtel nous doit encore de l'argent.

HORAIRES	LUNDI	MARDI	MERCREDI	JEUDI	VENDREDI	SAMEDI	DIMANCHE
04H00 - 05H30	LE POTIER	SCIENTIFIQUEMENT	A LA DECOUVERTE	MUSIC	MUSIC	BD-KMER (Redif)
05H30 - 06H00	(Redif)	PARLANT (Redif)	(Redif)				DESIGN HOUSE
06H00 - 06H25	BANDE DESSINEE	BANDE DESSINEE	BANDE DESSINEE	BANDE	SITCOM	SITCOM	(Redif)
				DESSINEE
06H25 - 06H30	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB
06H30 - 07H30
07H30 - 08H30	CAFE ARTISTIQUE (Matinale) Direct					BODY PAINT	BODY PAINT
08H30 - 09H00							AUTEUR DE LA
09H00 - 09H05	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB	LE CLUB COMEDIE	SEMAINE
09H05 - 09H55	BANDE DESSINEE	BANDE DESSINEE	BANDE DESSINEE	BANDE	BANDE		ECRITURE
				DESSINEE	DESSINEE
09H55 - 10H00	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB
10H00 - 10H30						MON PREMIER
10H30 - 11H00	DEBAT CULTUREL	DEBAT CULTUREL	DEBAT CULTUREL	DEBAT	DEBAT	COUP DE PINCEAU
11H00 - 11H30	(Direct)	(Direct)	(Direct)	CULTUREL	CULTUREL		WEEK-END ARTS
11H30 - 12H00				(Direct)	(Direct)	CONNAISSANCE DE
12H00 - 12H30	HUMOUR	SHOT IT	SHOT IT	SHOT IT	SHOT IT	L'ART
12H30 - 12H58	MUSIC	(Direct)	(Direct)	(Direct)	(Direct)		SLAM
12H58 - 13H00	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB
13H00 - 13H30	JOURNAL CULTUREL (LE 13H)					JOURNAL
						CULTUREL (LE 13H)
13H30 - 14H00	SHORT FILM	SHORT FILM	SCIENTIFIQUEMENT	GALERIE	A LA	SHORT FILM
14H00 - 14H30			PARLANT	D'ARTS	DECOUVERTE		1 JOURNEE, UN
14H30 - 15H00	LA MEILLEURE	DANSES				ON STAGE	FILM
15H00 - 15H30	TOILE	PARTIMONIAUX	LE POTIER	L'ART DANS LA	L'ART DANS LA
15H30 - 15H58		(Direct)		RUE	RUE	Portrait de la semaine	Portrait de la semaine
15H58 - 16H00	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB	PUB

16H00 - 16H30

DESIGN HOUSE

LA CRITIQUE M'A

BD-KMER

LE PERFORMEUR

16H30 - 17H00

SAUVE

17H00 - 17H28

MUSIQUE

17H28 - 17H30

PUB

17H30 - 18H00

MUSIC

18H00 - 18H30

Histoires des

LES BONNES

BECOME

18H30 - 18H55

enfants

AFFAIRES

ACTOR

VOICI MON

MODE

(Direct)

VILLAGE

18H55 - 19H00

PUB

19H00 - 19H30

LE JOURNAL CULTUREL (LE 19H)

LE JOURNAL

CULTUREL

ROUND-UP DE LA

19H30 - 19H50

PUBLI-REPORTAGE

SEMAINE

19H50 - 20H00

INSTANT DU

INSTANT DU RIRE

INSTANT DU

INSTANT DU RIRE

DEMO

RIRE

20H00 - 20H30

Music

20H30 - 21H00

SERIE

CINE TECH

ARRETE DE RIRE

21H00 - 21H30

Histoires des

SLAM AND STAND-

SLAM AND

ON STAGE

AUTHENTIC VOICE

21H30 - 22H00

grands

STAND-UP

22H00 - 22H30

GALERIE D'ART

Les grands maîtres

Connaissance de

ARRETE DE RIRE

22H30 - 23H00

(Redif)

de l'Art

DOCUMENTAIRES

l'art (Redif)

ARRETE DE RIRE

23H00 - 23H30

Film école

NOUS SOMMES AU

23H30 - 00H00

Journal culturel

THEATRE

DANSES

(Redif)

PATRIMONIAUX

00H00 - 00H30

CAFE

CAFE ARTISTIQUE

CAFE

CAFE ARTISTIQUE

(REDIF)

00H30 - 01H00

ARTISTIQUE

(Redif)

ARTISTIQUE

(Redif)

(DOCUMENTAIRE)

01H00 - 01H30

(Redif)

01H30 - 02H00

DEBAT

02H00 - 02H30

CULTUREL

DEBAT CULTUREL

CINEMA

DOCUMENTAIRE

02H30 - 03H00

(Redif)

03H00 - 03H30

03H30 - 04H00

CINEMA

Annexe 11

Annexe 13

Annexe 14

Annexe 15 : Grille tarifaire CMCA

CHAPITRE I : ÉTUDE ANALYTIQUE ET COMPARATIVE DE LA PRODUCTION DES EMISSIONS

I-1- Analyse quantitative des productions artistiques dans les chaînes à forte audience 30

I-2-Analyse quantitative des productions artistiques dans les chaînes secondaires et tertiaires 51

CHAPITRE II : PRATIQUES ARTISTIQUES : SOURCE D'ÉMISSIONS POUR LA PROMOTION DES ARTS ET

III-4-1-L'impact économique du marketing des produits artistiques à travers la télévision 121

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