c. Modèles de croissance
La croissance sur le fil du
rasoir : Harrod et Domar
Après la seconde guerre mondiale, les
économistes Harrod et Domar, influencés par Keynes, vont chercher
à comprendre les conditions dans lesquelles, une phase d'expansion peut
être durable. Ainsi, s'il ne propose pas à proprement parler une
théorie de la croissance (expliquent son origine sur une longue
période), le modèle de Harrod et Domar permet, néanmoins
de faire ressortir le cadre fortement instable de tout processus d'expansion.
En particulier il montre que pour qu'une croissance soit
équilibrée, c'est-à-dire l'offre de production augmente ni
moins (sous-production) ni plus (surproduction) que la demande, il faut qu'elle
respecte un taux précis, fonction de l'épargne et du coefficient
de capital (quantité de capital utilisé pour produire une
unité) de l'économie. Or il n'y a aucune raison que la
croissance, qui dépend des décisions individuelles (en
particuliers des projets d'investissements des entrepreneurs), respecte ce
taux.
De plus, si la croissance est inférieure à ce
taux, elle va avoir tendance non pas à le rejoindre, mais à s'en
éloigner davantage, diminuant progressivement (en raison du
multiplicateur d'investissement).
La croissance est donc, selon une expression d'Harrod,
toujours sur le fil du rasoir. Ce modèle, construit après la
guerre, est marqué par le pessimisme engendré par la crise de
1929, a toutefois été critiqué. Il suppose en effet, que
ni le taux d'épargne ni le coefficient de capital ne sont variables
à court terme, ce qui n'est pas prouvé.
Le modèle de
croissance de Solow (croissance exogène)
Robert SOLOW propose un modèle néo-classique de
croissance. Ce modèle repose essentiellement sur l'hypothèse
d'une productivité marginale décroissante du capital dans la
fonction de production. Le modèle est dit néo-classique au sens
où les facteurs de production sont utilisés de manière
efficace et rémunérés à leur productivité
marginale.
SOLOW montre que cette économie tend vers un
état stationnaire. Dans ce modèle, la croissance de long terme ne
peut provenir que du progrès technique (et non plus de l'accumulation
du capital).
Si on pense que tous les pays convergent vers le même
état stationnaire, alors le modèle de SOLOW prédit un
phénomène de convergence : les pays pauvres devraient
croître plus vite que les pays riches.
L'une des faiblesses théoriques du modèle de
SOLOW vient du fait qu'il considère le progrès technique comme
exogène. Autrement dit, il ne dit rien sur la façon dont le
progrès technique apparait.
Le modèle de Solow focalise son attention sur la
dynamique de quatre variables : la production réelle de
l'économie représentée par Y, le capital physique
K, la main-d'oeuvre L et les connaissances ou l'efficience du
travail A. L'économie dispose à chaque instant, d'un
certain stock de capital, d'un nombre donné de travailleurs et d'un
stock de connaissances lui permettant de produire. Sa fonction de production
s'écrit : Y = F (K, AL).
Dans cette fonction de production, il est formulé
l'hypothèse d'un progrès technique neutre au sens de Harrod
(labor augmenting), car A multiplié L.
Autrement dit, le progrès technique touche l'économie à
travers une amélioration de la productivité du facteur travail.
Cette hypothèse tient essentiellement au fait que les données
réelles indiquent une tendance à la hausse des
rémunérations, hausse justifiée par l'amélioration
de la productivité des travailleurs.
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