Paragraphe 2 : Analyse des résultats d'estimation de
l'étude
Ce point analyse et commente les résultats d'estimation
de l'étude. Nous présentons d'abord la statistique descriptive
des variables. Ensuite, les résultats d'estimation du modèle (7)
et (8).
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
1. Statistique descriptive des variables
Le tableau 3 ci-dessous présente les statistiques
descriptives des variables. Ces variables ont été
utilisées dans les estimations des équations (7) et (8). Il
ressort de ce tableau que parmi les variables endogènes le taux global
d'utilisation des services financiers (TGUSF) qui mesure l'inclusion
financière à une valeur maximum le plus élevée que
la croissance des dépôts bancaires (crdepot). Cela montre que les
valeurs moyennes des deux variables ne sont pas égales. Le taux
d'alphabétisation des adultes (TAA) a une valeur moyenne plus
élevée. Son écart-type est également
élevé. Cela veut dire elle est la variable exogène la plus
volatile. Parmi les variables qui ont des valeurs moyennes
élevées après le taux d'alphabétisation des
adultes, il y a la croissance des dépôts bancaires suivi du taux
global d'utilisation des services financiers dont son écart-type est le
plus élevé.
Tableau 3 : Statistique descriptive des
variables
Variable
|
Moyenne
|
Ecarts-types
|
Minimum
|
Maximum
|
LNMDC
|
10,59953
|
2,160964
|
5,087596
|
12,56963
|
TGUSF
|
42,39595
|
25,71671
|
4,106
|
122,129
|
LNPOP
|
15,6519
|
0,7549137
|
13,65719
|
16,40126
|
LNMM
|
7,343273
|
0,9761107
|
4,717811
|
9,182317
|
LPIBH
|
13,07471
|
1,093394
|
11,84223
|
15,8094
|
TINFLM
|
1,351389
|
1,57328
|
-1,8
|
6,7
|
TAA
|
47,02264
|
20,52291
|
20,78504
|
95
|
LNRNBH
|
12,4258
|
0,571
|
11,07
|
13,516
|
T USME
|
16,70953
|
19,79432
|
0
|
16,61
|
crdepot
|
46,07
|
24,31
|
0,012
|
112,90
|
Source : Réalisé par l'auteur,
juillet 2019
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
31
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
32
Services financiers mobiles, inclusion
financière et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
2. Résultats d'estimation de l'effet des
services financiers mobiles sur l'inclusion financière
Le tableau 4 ci-dessous présente les résultats des
estimations du modèle à effet aléatoire et du
modèle dynamique Arellano-Bover/ Blundell-Bond.
Tableau 4 : Estimation GMM en Système de
Arellano-Bover/ Blundell et Bond
|
|
|
VARIABLES
|
(1)
Random
|
(2)
Arellano-Bover/ Bundell-Bond
|
Taux global d'utilisation des services financiers (-1)
|
|
0.184**
|
|
|
(0.0802)
|
Logarithme de la Masse Monétaire
|
41.23***
|
57.87***
|
|
(6.721)
|
(12.40)
|
Taux d'utilisation des services de monnaie électronique
|
-0.120
|
0.359*
|
|
(0.112)
|
(0.201)
|
Logarithme du produit intérieur brut par habitant
|
-27.20***
|
-41.97***
|
|
(6.675)
|
(8.484)
|
Logarithme de la population
|
-36.55***
|
-66.96***
|
|
(13.35)
|
(16.77)
|
Taux d'inflation moyen
|
-1.070
|
-1.286
|
|
(1.341)
|
(1.504)
|
Taux d'alphabétisation des adultes
|
1.138***
|
1.464***
|
|
(0.208)
|
(0.252)
|
Constant
|
617.2**
|
1,146***
|
|
(242.1)
|
(273.6)
|
Observations
|
72
|
63
|
Wald chi2
|
101,23***
|
57,78***
|
Number of Annes
|
9
|
9
|
Test de Sargan
|
|
18,422*
|
*,
|
** et *** indiquent respectivement la
significativité des variables à 10%, 5% et 1%
|
Source : Réalisé par l'auteur
à partir du logiciel Stata 13, juillet 2019
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
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Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Le tableau 4 ci-dessus présente les résultats
des estimations du modèle à effet aléatoire (colonne 1) et
du modèle dynamique Arellano-Bover/ Blundell-Bond (colonne 2). Nous
utilisons le taux global d'utilisation des services financiers (TGUSF) comme
indicateur de l'inclusion financière. La statistique de Wald a
été utilisée pour tester l'hypothèse nulle selon
laquelle tous les coefficients étaient simultanément égaux
à zéro. Les résultats de ce test montrent que le
modèle est globalement significatif au seuil de 1%. Plusieurs variables
du modèle (2) sont significatives. Premièrement, la variable
endogène retardée d'une période est significative au seuil
de 5% et son coefficient se situe entre 0 et 1. Cela signifie donc que le taux
d'inclusion financière des périodes précédentes
détermine de manière significative le taux d'inclusion
financière actuel et suggère un effet de rattrapage. Un
coefficient nul indiquerait un rattrapage complet, tandis qu'un coefficient
compris entre 0 et 1 indique un rattrapage partiel (Senou et al., 2019). Sur le
plan économique, ces coefficients indiquent que les pays à forte
inclusion financière ont tendance à couvrir la majeure partie de
leur déficit d'inclusion financière passé.
Deuxièmement, la masse monétaire au sens large est significative.
Le signe de son coefficient est positif, il est attendu. Donc, il existe un
lien positif entre l'inclusion financière et la masse monétaire.
C'est-à-dire, plus la quantité de monnaie en circulation dans une
économie est élevée, plus les pauvres ont accès aux
services financiers formels. Ce résultat corrobore avec l'étude
de Nkouka (2019) qui porte sur les déterminants de l'inclusion
financière dans les pays de la Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC). De même, Senou et al.,
(2019) ont découvert que la masse monétaire détermine
significativement la dynamique de l'inclusion financière dans l'UEMOA.
De plus, comme Adrianaivo et Kpodar (2012) la masse monétaire au sens
large est un facteur déterminant de l'accès aux services
financiers.
Troisièmement, la variable taux d'utilisation des
services de monnaie électronique (TUSME) est significatif et
positivement corrélé à l'inclusion. Cela signifie que la
fourniture de services financiers via les technologies mobiles affecte de
manière positive et significative l'inclusion financière dans les
pays de l'UEMOA au seuil de 10%. Ce résultat corrobore avec
l'étude de GSMA (2014) qui a montré que les services financiers
mobiles contribuent à l'inclusion financière et au
développement économique. De même, nos conclusions sont
conformes à celles d'Adrianaivo et Kpodar (2012), qui ont indiqué
que les technologies de l'information et de la communication sont un vecteur
d'inclusion financière et, partant, un développement inclusif.
Dans le même esprit, Jack & Suri (2011) et Ndung'u (2018) ont
indiqué que sans les technologies numériques, l'inclusion
financière en Afrique et en particulier dans les pays de l'UEMOA serait
un mythe.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
34
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Quatrièmement, le produit intérieur brut par
habitant, il est significatif et négativement corrélé
à l'inclusion financière. Cela signifie que, les pays de l'UEMOA
ont un niveau de P11B par habitant moins inclusif sur le plan financier. Ce
résultat a été obtenu dans plusieurs études
récentes (Olaniyi, 2016, Okoroafor et al., 2018, KazeemAjide, 2017,
Bhawna ,2017). De même, nos conclusions sont en accord avec ceux de Sarma
et Pias (2011) qui ont confirmé que les pays où le produit
intérieur brut (P11B) par habitant est faible semblent être moins
inclusifs sur le plan financier.
Cinquièmement, la variable population, elle est
significative et négativement corrélée à
l'inclusion financière. Cela signifie que, la croissance
démographique est fortement défavorable à l'inclusion
financière. Ce résultat contraste malheureusement avec ceux de
Chithra et Selvam (2013) qui ont montré que la croissance
démographique était l'un des déterminants clés
d'inclusion financière. Ce résultat indique que dans les pays en
développement, comme l'UEMOA, la démographie génère
davantage de pauvres qui n'ont pas nécessairement accès aux
services financiers formels. Cependant, avec les technologies numériques
telles que la téléphonie mobile permettant des services
financiers, ces populations exclues peuvent facilement et adéquatement
accéder aux services financiers.
Sixièmement, le taux d'alphabétisation des
adultes (TAA), il est significatif et positif. Cela signifie que le taux
d'alphabétisation des adultes à tendance à augmenter le
nombre de personnes ayant accès aux banques commerciales. Il est un
indicateur dans l'explication du comportement financier des individus sur le
plan macroéconomique et microéconomique. Une personne instruite
par rapport à une autre non instruite, serait mieux informée de
l'existence des différentes institutions financières et des
opportunités qu'elles offrent. Elle serait davantage disposée
à assimiler les procédures et les principes de fonctionnement,
à apprécier les bénéfices et pourrait de ce fait
décider du volume de ces opérations avec l'institution (Boukary
Ouedraogo, 2008). Aussi, les personnes ayant un niveau d'éducation plus
élevé sont plus susceptibles d'avoir accès à
l'éducation financière et ont donc un niveau d'instruction
financière plus élevé, ce qui peut aider à
améliorer la prise de décision concernant des questions
financières (Shem et al., 2017). Comme Rogers (1995), Allen et al.,
(2016) dans le monde, Zins et Weill (2016) dans le monde, Fungacova et Weill
(2015) en Chine, Soumaré et al., (2016) dans l'UEMOA et dans la CEMAC,
nous constatons que plus d'adultes éduqués sont plus susceptibles
d'accéder aux services financiers mobiles et d'être ainsi inclus
financièrement. De même, nos conclusions sont en accord avec ceux
de Domeher et al., (2014) qui indiquent que
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
35
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
les clients instruits sont susceptibles de comprendre les
risques et les avantages liés à un produit financier
innovant. Donc, l'éducation est positivement et
significativement associée à l'inclusion financière.
Par à la suite, nous nous sommes
intéressé aux choix entre le modèle à effets fixe
et le modèle à effets aléatoire à partir du test de
Hausman. Le test de spécification d'Hausman (1978) est un test
général qui peut être appliqué à de nombreux
problèmes de spécification en économétrie. Mais son
application la plus répandue est celle des tests de spécification
des effets individuels en panel. Il sert à discriminer les effets fixes
et aléatoires. Les hypothèses du test sont les suivantes :
H0 : Modèle à effets
aléatoires (Estimateur des moindres carrés
généralisés)
H1 : Modèle à effets fixes
(Estimateur Within)
Les résultats du test sont présentés en
annexe. Pour l'échantillon considéré, la
réalisation de la statistique du test de Hausman est de -1,98. Cette
statistique est inférieure à la statistique de Khi-Deux lu sur la
table statistique (ch2(6)=12,59 au seuil de 5%). L'hypothèse nulle
d'absence de corrélation entre les effets individuels et les variables
explicatives n'est pas rejetée. Nous pouvons donc privilégier
l'adoption d'un modèle à effets aléatoire et retenir
l'estimateur des moindres carrés généralisés. Donc,
le modèle à effets aléatoires est le meilleur
modèle pour estimer l'effet de la technologie mobile sur l'inclusion
financière dans l'UEMOA.
Par ailleurs, l'efficacité de l'estimation des GMM
repose sur la validité de deux tests. Le test de Sargan/Hansen qui nous
permet de tester la validité de la variable retardée que nous
utilisons comme instrument. Ce test est construit sur l'hypothèse que le
terme d'erreur ne doit pas être corrélé avec l'ensemble des
variables exogène si les instruments sont valides. En effet, la
statistique du test de Sargan/Hansen effectué sur les restrictions est
de 18,422 (tableau 4) et la probabilité critique est de 0,0613 (Prob
> chi2 = 0,0613). Ainsi, le test de Sargan/Hansen (Prob = 0,0613) ne permet
pas de rejeter l'hypothèse de validité de la variable
retardée en niveau et en différences comme instruments.
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