UFR SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
SOCIOLOGIE
Master 2 recherche
PARCOURS : Formes et Outils de l'Enquête en Sciences
Sociales
Mémoire
Rôle des politiques culturelles dans
l'émergence de l'art contemporain en
Auvergne-Rhône-Alpes
Présenté par Salmane DIALLO
Sous la direction de Pascal VALLET, Maître de
conférences
Année universitaire : 2018 - 2019
Soutenu le 24 /06/2019
Remerciements
Chaque fois qu'un de mes rêves se réalise, la
première idée qui me vient en tête, c'est de chanter la
gloire de Dieu.LeTout Miséricordieux et Le Très
Miséricordieux. A présent donc, gloire à Lui de m'avoir
accordéSa grâce pour accomplir ce travail.
Cela dit, le présent mémoire, qui va très
probablement marquer un tournant décisif de mon parcours
académique et de ma vie professionnelle, a pu être
élaboré grâce à l'appui pédagogique,
financier et moral de bien de personnes.
Ainsi, je prends le risque de remercier des personnes qui ne
l'ont pourtant ni demandé ni peut-être souhaité ;
mais, je souhaite qu'elles considèrent cela simplement comme une marque
de profonde reconnaissance.
Mes premiers remerciements s'adressent à Docteur Pascal
Vallet qui a bien voulu diriger ce travail de recherche. Ses remarques et
conseils ont été tout aussi précieux que variés.
Et, sans oublier son contact facile et permanent.
Mes remerciements s'adressent aussi aux
« maîtres du maître », Professeur Ahmed
Boubeker et Professeur Michel Rautenberg, qui m'ont encadré tout au long
de cette formation du deuxième cycle universitaire.
C'est le moment aussi de remercier Madame Djamila Dris,
responsable scolarité, qui a su garder un contact permanent avec les
étudiants et qui s'est particulièrement préoccupée
de ma situation en tant qu'étudiant étranger.
Je tiens aussi à remercier mon beau-père,
Hassane 2 Diallo, et ma belle-mère, hadja Dj. Souaré, pour leur
soutien constant.
Que mes camarades qui m'ont accompagné dans ce travail,
par leur connaissance particulière, qu'ils trouvent ici mes
remerciements distingués. Je pense notamment à Harouna Nayma,
Yasser Farhi et Anaïs Amrani.
A ma maman, qui m'a appris les
premiers pas de la vie.
A mon père, que Dieu a rappelé
auprèsde
Lui, le 18 décembre 2018, alors que ce travail
est en cours.
Qu'Allah t'accepte dansson paradis
éternel !
Ama chère épouse, pour son soutien sans
faille.
A ma devise, oser, rêver et y croire.
Table des matières
Remerciements
1
Introduction
4
Chapitre 1 : Les Orientations de la
recherche
8
L'art contemporain : De quoi
parle-t-on ?
8
Que cherche-t-on dans cette étude ?
11
Démarche méthodologique
12
Chapitre II : Les « politiques
culturelles » en France : de la monarchie à la
république (1959)
16
Les « politiques culturelles »
avant la Révolution française de 1789
16
Révolution française de 1789
19
De la restauration à la troisième
République, la gestion des Beaux-Arts (1815 - 1935)
20
La « politique culturelle »
moderne
22
Chronologie : l'état de la culture avant
1959
27
Chapitre III : L'art contemporain et les
politiques culturelles des cinquante dernières années du
XXème siècle : pour quels
résultats ?
29
L'art contemporain à la naissance du
ministère
30
Georges Pompidou et l'art contemporain
(1969-1974)
32
Valery Giscard d'Estaing et l'art contemporain
(1974-1981)
33
Les années Lang : deuxième
rupture (1981-1993)
34
De Malraux à Lang, de nombreuses critiques de
la politique culturelle
41
Les politiques culturelles, de l'exception à
la diversité culturelle
44
De la politique culturelle aux politiques publiques
de la culture
46
Chapitre IV : Présentation de la zone de
l'étude
48
Section 1 : Situation géographique
48
Section 2 : Présentation
administrative
49
Section 3 : Présentation
démographique
50
Section 4 : Statistique des structures et
évènements d'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes
52
Chapitre V : Présentation des
résultats
55
Section 1 : Le Fonds régional d'art
contemporain (FRAC)
55
Section 2 : Les lieux d'expositions
institutionnelles (musées) ou musées d'art contemporain
56
Section 3 : Les lieux d'enseignement
supérieur et professionnel
58
Section 4 : Les centres de recherche
59
Section 5 : Les artothèques
60
Section 6 : Les centres d'art contemporain
62
Section 7 : Les galeries
63
Section 8 : Manifestation, biennale et
festival
65
Section 9 : Les salons, foires et
marchés
67
Chapitre VI : Analyse et interprétation
des résultats
68
Section 1 : L'art contemporain, entre rejet et
reconnaissance, les politiques culturelles tranchent !
68
Section 2 : Un mot sur les débuts de
l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes
72
Section 3 : Dispositifs en faveur de l'art
contemporain
74
Conclusion
80
Bibliographie
84
Ouvrages
84
Articles et revues
84
Mémoire et Thèse
86
Sites internet
86
ANNEXES
i
Annexe 1 : Grille d'analyse
ii
Annexe 2 : Guide d'entretien
iii
Annexe 3 : Extraits d'entretiens
iv
Annexe 4 : Tableaux des figures
xv
Introduction
La seconde moitié du XXème
siècle est marquée par des changements majeurs dans les
démarches de la création artistique. Plusieurs auteurs, qu'ils
soient philosophes, sociologues, historiens ou géographes, se sont
intéressés à ces différents changements intervenus
dans le monde de la création artistique contemporaine. Mais
paradoxalement, les thématiques généralement
abordées sont celles de la crise de l'art contemporain ou soi-disant
crise et de l'artiste lui-même. Des sujets qui tournent autour de la
question `'qui est contemporain ; qui ne l'est pas'' ? `'Qui est
émergent ; qui ne l'est pas'' ? ; ce qui décline
souvent vers la reconnaissance du génie de l'un ou du destin maudit de
l'autre. Quand il est question des artistes, les débats s'orientent vers
le régime de reconnaissance et la place qui doit leur être
donné dans le panthéon artistique. Pourtant, cette question se
dessine toujours dans un esprit partisan et d'intérêts.
Les études sociologiques les plus récentes dans
le domaine de l'art en France sont celles menées par Nathalie Heinrich,
à travers plusieurs ouvrages, notamment `'L'art
contemporain exposé au rejet'' (1997), `'Le triple jeu de l'art
contemporain'' (1998), `'La sociologie de l'art'' (2004) et
`'Leparadigme de l'art contemporain'' (2014). Tous ces ouvrages
n'abordent pas explicitement le rapport entre l'émergence de l'art
contemporain et les politiques culturelles mais plutôt la question de
reconnaissance de l'artiste et de ses oeuvres, de l'orientation de la
création contemporaine, de son rapport avec l'art classique et moderne,
mais aussi de sa « crise ».
Une autre étude portant sur l'art contemporain,
entamée depuis 2013, est toujours en cours. Elle cherche à
retracer la mémoire de l'art contemporain dans la région
Auvergne-Rhône-Alpes. Ce projet d'étude, soutenu par le
ministère de la Culture est porté par des institutions comme
l'Université Jean Monnet de Saint-Etienne à travers la personne
de Pascal Valet du Laboratoire Centre Max Weber. Comme les conclusions de cette
étude ne sont pas encore disponibles, nous ne savons pas quelle est la
place accordée au rôle des politiques culturelles dans ce
processus d'émergence de l'art contemporain. Dans le département
de sociologie à l'Université Jean Monet de Saint-Etienne, le seul
mémoire de recherche que nous avons trouvé portant sur l'art
contemporain est celui de Meyret Jérémie. Soutenu en 2006, ce
mémoiren'aborde pas le sujet en termes de rapport avec les politiques
culturelles, mais plutôt sur l'art contemporain comme catégorie
à part entière et s'intéresse plutôt à
l'oscillation de ce dernier entre transgression, institutionnalisation et sa
possible démocratisation.
Le terrain est donc relativement pauvre quand il s'agit de
s'intéresser à la relation, pourtant étroite, qui existe
entre émergence d'un mouvement artistique et politiques culturelles.
Nous nous sommes intéressé au rôle des politiques
culturelles dans l'émergence de l'art contemporain dans la région
Auvergne-Rhône-Alpes. Puisqu'il y a assez d'auteurs qui
s'intéressent à la réalité, mais peu qui
s'intéressent aux facteurs qui ont conduit à cette
réalité ; notre objectif sera donc, d'en identifier les
causes et non les effets. L'accent sera mis sur les dispositifs mis en place
par les politiques culturelles dans l'émergence de l'art contemporain
dans cette région.
Avant d'aborder les éléments conceptuels de
notre travail, il faut tout de même souligner que nous avons
développé un intérêt particulier à ce sujet
de recherche. D'un côté, nous avons eu le sentiment d'apporter
quelque chose de nouveau dans ce domaine et, de l'autre, le sentiment
d'être utile à nous-même. Il est vrai qu'au moment du choix
du thème, nous étions animé par un esprit de
réticence et de crainte, du fait que nous abordons deux
thématiques (politiques culturelles et art contemporain) qui nous sont
inconnues en tant qu'étudiant étranger.
Il est important pour nous d'aborder, dans cette partie
introductive, ce que nous appelons politiques culturelles et émergence
de l'art contemporain. Car ce sont des expressions qui englobent
énormément de choses et qui suscitent assez de débats.
Nous avons choisi délibérément de ne pas
revenir sur les discours qui tournent autour de ces deux expressions, mais
plutôt d'aborder directement notre propre conception qui sera
probablement partagée par certains auteurs.
D'entrée de jeu, nous lions le terme
« politique » essentiellement à l'idée de
l'Etat ou du pouvoir en place et non pas une manière de mener une action
par une structure quelle qu'elle soit, par exemple,les collectivités
locales ou des associations. Analyséesous angle, la politique culturelle
serait l'ensemble des dispositifs mis en place et des mesures concrètes
entreprises par l'Etat pour atteindre des objectifs précis dans le
secteur culturel.
Nous associons la politique culturelle à une
intervention de l'Etat à travers le ministère de la Culture et
des ministères annexes.Nous nous inscrivons dans cette logique pour
définir les politiques culturelles comme étant l'ensemble des
actions, des mesures d'allocation des ressources de l'Etat et des dispositifs
orientés vers les publics d'art contemporain pour atteindre des
objectifs clairement identifiés.
Concernant l'expression `' émergence de l'art
contemporain'', certains auteurs la considèrent comme étant une
expression provocatrice et nulle, et d'autres, comme une expression non
opérationnelle. Mais l'essentiel pour nousc'est d'en donner notre propre
conception dans le cadre notre recherche.
Il ne faut surtout pas comprendre l'émergence de l'art
contemporain d'un point de vue temporel ou l'analyser d'un point de vue
chronologique, mais plutôt la comprendre dans une pratique de rupture.
Rupture par rapport à l'art classique et moderne, par rapport à
l'apparition de nouveaux comportements, l'élargissement des modes
d'expression et l'utilisation de nouvelles techniques.
Il est évident que certains artistes, après la
Seconde Guerre mondiale, mais surtout à partir des années 60, 70
et 80, ont absolument fait évoluer leurs pratiques et leurs approches
théoriques. Les transformations ne sont pas limitées au seul
domaine de la création artistique ; elles ont également
touché les rapports entre l'art et sonmilieu.
La série de questions qu'il faut alors se poser
concerne la justification de cette nouvelle orientation de la création
artistique. D'où notre question centrale de recherche : Quel
rôle les politiques culturelles ont elles joué dans
l'émergence de l'art contemporain ? Et plus spécifiquement,
quelle influence les structures étatiques, mais aussi les structures
associatives et commerciales soutenues ou subventionnées par les
politiques culturelles ontelles eu ? Quelle est l'influence des politiques
culturelles dans la multiplication des lieux consacrés à l'art
contemporain dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
Avant d'annoncer la structure du mémoire, il est
important de préciser que ce travail de recherche consistera à
mettre l'accent sur les arts plastiques. Ce choix a été fait non
seulement pour répondre à ceux-là qui vont croire que le
sujet est vaste et imprécis, mais également pour circonscrire le
plus précisément que possible le travail. Nous sommes conscient
que nous travaillons sur des thématiques qui prêtent à
confusion, puisque les interprétations sont nombreuses et
variées. Mais, nous userons de nos moyens méthodologiques pour
mieux produire les résultats escomptés.
Cela dit, le présent travail de recherche est
articulé autour de six chapitres. Le premier chapitre donne les
orientations de la recherche notamment la définition conceptuelle de
l'expression « art contemporain », les objectifs de la
recherche, les hypothèses et la démarche méthodologique.
Les deuxième et troisième chapitresretracent le processus
historique des politiques culturelles en général et, en
particulier, son lien avec l'art contemporain. Le quatrième chapitre
fait une présentation de la zone de l'étude. Le cinquième
chapitre présente les résultats obtenus. Le sixième
chapitre, présente l'analyse et l'interprétation des
résultats. Une conclusion vient mettre fin à ce travail de
recherche. A la fin de ce mémoire figurent une bibliographie et des
annexes.
Chapitre1 : Les
Orientations de la recherche
Dans ce premier chapitre du mémoire, il s'agira de
répondre àun certain nombre de questions qui conduisent
probablement toute activité de recherche : Que cherche-t-on
exactement ? Quel est l'objet de la recherche ? Comment la
conduire ? Quelle réponse provisoire donne-t-on à notre ou
à nos questions de départ ? Quelle est la démarche
utilisée et pour quelle méthodologie ? Mais avant d'aborder
toutes ces questions, nous allons examiner un point qui va nous éclairer
nous-même sur ce que nous cherchons, mais aussi éclairer nos
lecteurs sur ce qu'ils s'apprêtent à lire.
L'art contemporain : De
quoi parle-t-on ?
En promenant le regard sur ce qui nous entoure, nous observons
que l'expression `' artcontemporain'' est très visible mais aussi
très médiatisée. Elle fleurit sur les bannières de
manifestations artistiques, sur les devantures de galeries, dans les articles
de journaux, dans les conversations des attachés culturels, dans les
centres d'art et partout ;`'art contemporain'' par-ci ;`'art
contemporain'' par-là. Mais au fait, qu'est-ce que l'art
contemporain ?
Avant de poursuivre cette réflexion, il faut souligner
que l'expression « art contemporain » qui, à
l'instar de ce qu'elle désigne, fait débat au sein de la
société. Quand j'ai commencé à travailler sur ce
sujet, un ami me demande « Tu travailles sur
quoi ? », je réponds :- sur l'art contemporain, et
il me dit : « L'art contemporain, puff... c'est un peu du
n'importe quoi ! ».Pourtant, je suppose bien que ledit ami
possède une culture assez riche, mais sa réaction face au
concept « art contemporain » est sans doute aussi un
indicateur de son rapport avec l'art et de son milieu social.
En effet, dans le même sens, quand j'ai
échangé avec un enseignant sur mon thème de recherche, il
me répond sous un ton ironique : « Tu travailles sur
quelque chose de très controversé ».
J'ai pris soin d'écouter les entretiens
réalisés sur le projet `' Mémoire de l'art contemporain
dans la région Auvergne Rhône Alpes''1(*), de lire bon nombre d'articles,
livres et essais.Ladifficulté est là : chacun donne sa
propre définition, la définition n'est pas fixée. Mais,
est-ce un trait si distinctif de l'art contemporain. La démarche de
rattachement des oeuvres à des mouvements dépasse bien souvent le
système de référence explicite et la revendication de
l'auteur. Et toute démarche de catégorisation nécessite la
controverse pour construire et justifier la pertinence d'une nouvelle
catégorie. Cette même problématique est d'ailleurs bien
connue des chercheurs.
Dans l'analyse des définitions données, l'on se
rend compte qu'il y a un écart considérable entre une
définition officielle dictée par les théoriciens de bureau
et la définition de ceux qui créent l'art de nos jours.
Malentendu ou profond fossé, nous allons le découvrir
ensemble.
Démarrons cette analyse par ce qui fait
débats : `'contemporain''. Etymologiquement, le
vocable « contemporain » renvoie à une
dimension temporelle et caractérise ce qui est actuel. Il veut dire
`'qui est du temps présent `' (in Larousse de poche). A partir de cette
définition, tout artiste digne de ce nom, photographe, sculpteur,
installateur, peintre, vidéaste, etc. peut revendiquer faire de l'art
contemporain. Ces variations sur le sens du concept`'contemporain'' s'expriment
d'ailleurs particulièrement si l'on met, dos à dos, les propos
tenus par le directeur du Musée d'art contemporain de Genève,
anciennement responsable de la Direction régional d'Art contemporain de
Rhône Alpes, et ceux de la directrice du Musée ethnographique
d'Epinal. Le premier a une vision de l'art contemporain entendu comme un
mouvement de rupture et qui développe un éventail d'artistes de
très reconnus aux mineurs. Pour la deuxième, l'art contemporain
est introduit dans son musée par les commandes faites auprès
d'une photographe. L'art contemporain désigne une rupture avec l'art
classique et moderne. Or, toutes les oeuvres produites pendant ce temps
« contemporain » ne s'inscrivent pas dans cette
démarche de rupture. Certains artistes reviennent à des pratiques
esthétiques anciennes. Sont-ils contemporains ou pas ? C'est l'une
des raisons pour lesquelles le
qualificatif « contemporain » prête à
confusion dans le regard de plusieurs observateurs.
De toute évidence, nous pouvons constater que la
période contemporaine fait naître de multiples
transformations dans les aspects de la création. Si certains auteurs y
travaillent de manière conventionnelle en reconduisant les pratiques
ancestrales, ce n'est pas le cas de tous. Alors, qu'est-ce que l'art
contemporain ? Quels sont les critères qu'il faut y mettre pour le
définir ?
Partons de l'analyse de Nathalie Heinrich sur l'histoire de
l'art. L'auteur souligne que « L'histoire de l'art peut se diviser en
trois grands paradigmes consécutifs - classique, moderne et
contemporain-impliquant chacun une définition distincte de l'art. Dans
le paradigme classique, l'art se doit d'être conforme aux canons
hérités de la tradition, tandis que dans le paradigme moderne
l'art est défini comme l'expression de l'intériorité de
l'artiste (régime de singularité) ; ce qui implique parfois
la transgression des canons classiques. Enfin, dans le paradigme contemporain,
l'art consiste en un jeu avec les frontières de ce qui est
communément considéré comme l'art »2(*). Entre ces trois paradigmes,
l'expérience esthétique diffère également ;
l'art contemporain recherchant la sensation là où le classique
cherchait l'élévation spirituelle, et le moderne,
l'émotion esthétique.
En effet, pour définir l'art contemporain,
commençons par un point de vue chronologique qui est tout à fait
controversé aussi. De ce point de vue, l'art contemporain désigne
la période qui va de 1945 à nos jours. Donc, tous les courants
artistiques apparus après la Seconde Guerre mondiale sont-ils
considérés comme de l'art contemporain ? Il en est ainsi du
Pop art, du Fluxus, de l'art conceptuel et de l'art vidéo ;
même si cette considération en termes de datation et de contenu ne
fait pas l'unanimité au sein des spécialistes. D'autres, comme
les conservateurs de Musées, font commencer l'art contemporain en 1960,
avec la naissance de mouvements comme le nouveau Réalisme en France et
le Pop art aux Etats-Unis. Pour d'autres encore, l'art contemporain est celui
qui est reconnu etaidé financièrement par la
Délégation aux Artsplastiques.Il s'agit donc essentiellement de
l'art à partir des années 1980 (certains parlent des
« années Lang »).
Malgré ces controverses, il faut tout de même
noter que l'expression « art contemporain » s'impose
surtout à partir des années 80 pendant la période
où les pouvoirs publics commencent à soutenir les oeuvres
contemporaines.
Cependant, l'art contemporain ne doit pas être
défini uniquement de façon chronologique. Ce nouvel art est
marqué par la naissance de nouveaux comportements,bien sûr (comme
des acteurs le soulignent, la transgression vis-à-vis de l'époque
antérieure), mais aussi un élargissement des modes d'expression
(une forme de mélange artistique) et des techniques (souscriptions
à des nouvelles technologies).
Certains auteurs, comme Clément Greenberg3(*), mettent en avant plutôt
la technicité pour définir l'art contemporain.
Luc Ferry, ministre de la Jeunesse, de l'Education nationale
et de la Recherche (2002-2004), souligne que la notion d'art
contemporain « désigne à la fois une
époque, par définition la nôtre, mais aussi un
concept ». Pour lui, la définition de l'art contemporain
tournerait autour de l'idée d'innovation et de rupture avec la
tradition. « L'art contemporain est un art qui met l'innovation
au centre de sa problématique. Or, l'innovation peut prendre mille
visages. Elle peut s'incarner dans des formes, des couleurs et des langages
inédits, mais aussi dans les idées. Rien ne l'arrête. Au
point que c'est l'innovation à l'état pur qui finit parfois par
l'emporter sur l'esthétique. Aussi paradoxal que cela puisse
paraître au premier abord, c'est pour cette raison que l'art contemporain
est avant tout un « art capitaliste », le reflet parfait de
la logique du monde libéral »4(*).
Nathalie Heinrich souligne déjà que ce manque de
consensus n'est pas fortuit mais constitue un enjeu fondamental, sur le plan de
la notoriété, de la visibilité et donc du marché.
En effet « classer une oeuvre en `' art contemporain'', c'est la
qualifier ou la disqualifier »5(*).
A l'issue de toutes ces analyses sur la définition de
l'art contemporain, on peut établir un constat :
l'ambiguïté de la définition de celui-ci et l'absence de
consensus sur la datation de ses débuts.Nous avons volontairement choisi
de nous abstenir de nous inscrire dans une des définitions ou d'en
donner une, puisque la recherche sera tout simplement orientée sur le
processus qui a conduit l'émergence de l'art contemporain en lien avec
les politiques culturelles.
Que cherche-t-on dans cette
étude ?
La réponse à cette interrogation constitue le
point de départ de notre recherche. Elle marque clairement notre
intention, mais aussi oriente l'activité de recherche.
Pour répondre aux différentes questions
soulevées par cette étude, nous allons analyser et expliquer
l'influence des politiques culturelles dans l'émergence de l'art
contemporain dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. A cet effet,
nous allons nous intéresser à : (1) décrire les
dispositifs en faveur de l'art contemporain ; (2) déterminer les
actions et les mesures prises par les politiques culturelles ; (3)
identifier les institutions étatiques d'art contemporain et (4)
identifier les structures associatives et commerciales de l'art contemporain
dans la régionAuvergne-Rhône-Alpes.
Concernant la réponse provisoire à la question
de recherche, nous présumons que les politiques culturelles ont
joué un rôle non négligeable dans l'émergence de
l'art contemporain dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, mais qu'il
existe d'autres facteurs qui pourraient expliquer cette émergence. Ces
facteurs pourraient être économiques et sociétaux. C'est
notamment l'essor d'une société de consommation mais aussi la
mondialisation. C'est aussi la multiplication des acteurs intervenant dans ce
domaine et en particulier, les collectivités locales à travers
les politiques publiques.
Démarche
méthodologique
Il s'agira de présenter les opérations qui
seront mises en oeuvre pour saisir ce que nous étudions et la
manière dont on envisage de l'étudier.
§ Choix de l'approche
La première partie de ce travail de recherche va porter
sur une démarche analytique, et la seconde, sur une démarche
compréhensive. C'est-à-dire nous allons adopter une posture
analytique des actions des politiques culturelles et une attitude
compréhensive de réactions des artistes pour tenter de donner une
réponse à notre question de recherche. Ce travail va permettre de
confronter les actions et les réactions. Les actions incarnant les
politiques culturelles dans le domaine de l'art contemporain, les
réactions étant l'attitude ou le point de vue des artistes sur le
rôle ces politiques dans le processus d'émergence de l'art
contemporain.
Pour conforter notre raisonnement sur ces deux approches, nous
allons revenir sur les différents cours méthodologiques et
théoriques suivis en Licence et en Master mais aussi sur des textes de
certains auteurs. Il faut préciser qu'il ne s'agit pas de faire ici une
revue de littérature sur ces différentes approches, mais de lire
les textes pour orienter la recherche.
Par exemple, sur l'approche analytique, nous ne l'utilisons
pas forcément en tant qu'approche sociologique, mais en tant qu'outil de
recherche pour identifier les structures et évènements de l'art
contemporain pour en faire une analyse. Mais qu'à cela ne tienne, nous
allons jeter un coup d'oeil sur les travaux d'un classique en sociologie,en
l'occurrence Talcott Parsons sur la sociologie analytique réécrit
par François Chazel6(*).
Concernant l'approche compréhensive, l'accent sera mis
sur la sociologie compréhensive de Max Weber, plus spécifiquement
sur les textes Schutz Alfred `'Le chercheur et le quotidien'' et
`'La compréhension comme catégorie
expérientielle''. Le mérite de ses travaux, c'est le fait
que l'auteur adopte la sociologie compréhensive de Max Weber, mais va
au-delà du sens subjectif pour compléter le raisonnement par une
analyse phénoménologique. Ces travaux nous intéressent
particulièrement,parce que nous allons interroger les artistes pour
comprendre leurs points de vue, leurs explications sur les facteurs qui ont
conduit à l'émergence de l'art contemporain, notamment la place
des politiques culturelles dans cette émergence. Cela dit, nous ne nous
limiterons pas seulement à ce qu'ils pensent, mais tenterons de
confronter ces points de vue avec les résultats de l'analyse.
§ Recueil et traitement de
données
Comme toute activité de recherche, la documentation est
indispensable pour cerner les aspects les plus fondamentaux du sujet sur lequel
on travaille. Notre rôle sur cette étape consistera à
identifier ce qui s'intéresse aux politiques culturelles et à
l'art contemporain en France. Ces écrits pourront être de nature
diverse et variée, allant, en effet, de la documentation physique,comme
les bibliothèques aux documentations en ligne comme les sites et les
portails dédiés ainsi qu'aux aux articles scientifiques.
Ce travail de recherche documentaire va nous permettre de
comprendre ce qui est déjà fait sur notre sujet et ce qui reste
à faire. Il va nous permettre aussi de rédiger certaines parties
du mémoire et de nous donner une orientation claire sur la recherche.
Pour collecter les données sur le terrain, nous
envisageons utiliser deux outils : une grille d'analyse et un guide
d'entretien. Enfin, pour le travail de traitement de ces données, nous
envisageons utiliser quelques logiciels et outils comme Inkscape, GIMP, Zotero,
Sonal et Excel.
Ø Grille d'analyse
La grille d'analyse sera conçue pour répertorier
les réalisations ou actions des politiques culturelles en faveur de
l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes. Elle prendra en compte aussi
les subventions obtenues par des structures non étatiques grâce
aux politiques culturelles. Il s'agira ensuite d'identifier les
évènements artistiques qui ont participé à
l'émergence de l'art contemporain dans la région et qui ont
été organisés ou soutenus par les politiques culturelles.
On identifiera les lieux construits ou dédiés en faveur de l'art
contemporain. Cette grille d'analyse va enfin nous permettre d'avoir une
lecture claire sur l'influence des politiques culturelles dans
l'émergence de l'art contemporain dans la région.
Ø Guide d'entretien
Le guide d'entretien va compléter la grille d'analyse.
L'objectif sera de faire parler le « vivant » afin de faire
des croisements entre les données collectées. Ce croisement va
nous permettre d'infirmer ou de confirmer, voire de clarifier les effets
induits par les politiques culturelles dans l'émergence de l'art
contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes. Ce guide va aussi nous permettre de
rentrer en contact direct avec les professionnels de l'art contemporain, comme
le dit un proverbe : « Quand une chèvre est
présente, nul ne peut bêler à sa place ». Ce sont
les acteurs de l'art contemporain qui pourront mieux vont nous éclairer
sur l'impact des politiques culturelles dans leur pratique quotidienne.
Ø Logiciels et Outils de
traitement
o Inkscapeet GIMP, pour
mieux traiter les images afin de produire des cartes pour représenter
notre zone d'étude et illustrer nos résultats à travers
ces cartes.
o Zotero, pour mieux gérer nos
références bibliographiques, nos citations et produire une
bibliographie cohérente.
o Sonal, pour faciliter la retranscription,
l'organisation et l'analysedes entretiens et
o Excel, pour produire des statistiques, des
pourcentages et réaliser des graphiques.
Chapitre II :
Les « politiques culturelles »7(*) en France : de la monarchie
à la république (1959)
Cette plongée dans l'histoire des
« politiques culturelles » en France va paraître
moins important pour certains lecteurs et probablement d'autres jugeront le
titre choisi assez vague. Mais d'entrée de jeu, il faut souligner que
cette présentation n'a pas un caractère exhaustif. Il s'agit, de
faire un aperçu historique des « politiques
culturelles » en France pour nous permettre de tracer notre
chemin.
Pourquoi ce travail historique ? Pour deux raisons
fondamentales : en premier lieu, parce qu'il révèle
l'origine du rôle important de l'Etat dans l'administration de la culture
que Philippe Urfalino décrit comme la
« spécificité de la politique culturelle
française par le poids d'une tradition monarchique d'implication forte
de l'Etat » et en second lieu comprendrel'évolution
des« politiques culturelles » semble indispensable à
toute discussion approfondie.
Les « politiques
culturelles » avant la Révolution française de 1789
Au regard de plusieurs Etats notamment la France,
historiquement la culture a été une préoccupation
constante des pouvoirs politiques. On peut bien partir de nos cours d'histoires
au lycée qui nous enseignent qu'en 1530 le Roi François Ier a
institué les « lecteurs royaux » d'où
l'origine du collège de France. Peut-être peut-on parler alors de
la prémisse d'une « politique culturelle ».
Certains historiens ont souligné la place de
François Ier dans les domaines culturels et artistiques mais Poirrier
Philipe ne manque pas d'affirmer que « si François Ier a
posé les jalons d'une véritable intervention étatique dans
les domaines culturels, c'est sous les règnes de Louis XIII et surtout
de Louis XIV que le véritable élan est donné sous une
triple forme : la mise en place d'un réseau académique, la
substitution d'un mécénat public au mécénat
princier et la laïcisation de la censure »8(*).
C'est par cette triple forme que l'Etat a soutenu la
production artistique jusqu'à la révolution française de
1789 qui marque une rupture pour l'histoire de l'intervention des pouvoirs
publics dans les domaines culturels. Nous y reviendrons ultérieurement
sur cette rupture dans l'intervention étatique pendant la
révolution.
Nous nous limiterons uniquement sur quelques faits marquants
de ces dispositifs en faveur de la culture et en tirer quelques
conséquences.
C'est à travers ces dispositifs d'intervention, qu'est
née, « au XVII siècle, l'idée d'une
responsabilité politique des pouvoirs publics dans le domaine de l'art
et de la création dont Richelieu s'est en quelque sorte fait le chantre
en instituant en 1635, l'Académie française. Fort de ce
précédant, Louis XIV décida de créer en 1680 la
Comédie-Française en fusionnant deux troupes distinctes (celle de
l'Hôtel de Bourgogne et celle de l'Hôtel Guénégaud)
et chargera Colbert de concevoir une surintendance centralisée des
bâtiments de France, des arts et manufactures »9(*). Cela montre bien que l'Etat, en
favorisant la création intellectuelle peut aussi l'orienter.
Dans ce processus d'implication forte de
l'Etat « la fondation de l'académie française
marque dans le domaine littéraire et artistique le départ d'une
série d'académies royales : l'Académie royale de
peintre et de sculpture en 1648 (officiellement protégée en
1661), l'Académie de danse en 1661, la petite académie en 1663
(future Académie des Inscriptions et belles-lettres), l'Académie
de musique en 1669 et l'Académie d'architecture en
1671 »10(*).
Les conséquences de ces créations sont
appréciées différemment par certains historiens nous
rapporte Philippe Poirrier.« D'un côté, Nathalie Heinich
souligne l'effet d'institutionnalisation à travers une formalisation qui
s'exerce à plusieurs niveaux : une formalisation juridique qui se
fonde sur la confirmation par lettres patentes de nombreux privilèges,
une formalisation politique qui se fonde sur l'engagement de l'Etat qui atteste
l'unité publique, une formalisation au plan des pratiques par la
fixation d'un mode de fonctionnement spécifique (jury, élection
par les pairs...) et également un effet de corps qui débouche sur
une pratique élitaire ; de l'autre, Marc Fumaroli insiste sur le
rôle mineur de l'Etat royal dans cette affaire. Il note que certes des
initiatives et des impulsions ont eu lieu mais qu'elles furent le plus souvent
moins des causes que des effets et des amplifications de ce qui était
là, et qui ne devait rien à la politique royale. Par exemple,
l'Académie de peinture et de sculpture réunie à
l'initiative des artistes en 1648 est essentiellement le résultat d'une
évolution de la profession soutenue par le public. Dans cette
perspective, Laval donné par le roi sanctionne seulement un fait
accompli ».
Pour ce qui est du mécénat royal, il connait une
mutation majeure dans les années 1660 comme le signale Philippe
Poirrier, c'est en effet au cours de cette décennie que se met en place
une administration régulière, centralisée et surtout
publique de la distribution des « gratification » aux gens
de lettres ».
A partir de ce mode d'intervention la pratique
« mécénale »a eu plusieurs
conséquences : « D'une part, elle fait entrer sous la
dépendance du monarque ceux qui étaient auparavant dotés
par des protecteurs particuliers. Dès lors, cet établissement
d'un mécénat étatique par louis XIV et Colbert
s'accompagne d'un effacement du mécénat princier. Cela
étant, il n'est pas toujours facile de distinguer dans le
mécénat des ministres (Richelieu, Mazarin, Séguier) ce qui
ressort respectivement du privé et du public. Les frontières au
sein de cette institution en construction demeurent bien floues. D'autre part,
Louis XIV une fois installé à Versailles, renoue avec une
pratique chère à Françoise 1er : il se
fait collectionneur par son propre compte »11(*).
Le troisième volet par lequel L'Etat intervient en
faveur de la culture, c'est bien la censure qui était sous la
responsabilité de l'Eglise catholique qui passe dorénavant sous
l'impulsion du pouvoir qui étatisa et laïcisa celle-ci. Dans ce
même processus la royauté va s'impliquer dans le fonctionnement de
la librairie.
A partir de la fin du XVIe siècle, « avec
l'émergence des monarchies nationales modernes et en liaison avec le
développement de l'imprimerie et la diffusion de la Réforme, la
censure devient une affaire d'Etat. Mise en place à cette époque,
la censure royale se développe en France aux siècles suivants
(XVII-XVIIIe siècles).Associant d'abord les autorités
ecclésiastiques, le parlement et le pouvoir royal, la censure est
laïcisée par Richelieu (édit de 1629) et codifiée au
siècle suivant (code de la librairie, 1723). Les dispositions
légales en matière de censure sont cependant difficiles à
faire appliquer dans toute leur rigueur-surtout en province- et le subterfuge
des lieux d'impression fictifs (Angleterre ou Provinces-Unies) permet de les
contourner »12(*).
Révolution
française de 1789
Il n'est étrange pour personne que la Révolution
française de 1789 est un évènement majeur. Cette
révolution qui est née des contestations d'un régime
dictatorial et des difficultés de la monarchie, marque une rupture
absolue avec le régime précédent dans tous les domaines
notamment dans le domaine culturel. Une rupture qui pose la question de la
liberté de la création mais aussi de la gestion du patrimoine.
Comme en témoigne Emmanuel Négrier
« l'histoire de la politique culturelle française puise ses
origines dans la Révolution française, lorsqu'un abbé du
tiers Etats, l'abbé Grégoire, eut l'idée de confier
à l'Etat la charge, au nom de la nation, de protéger et de
conserver le patrimoine jadis propriété monarchique et
aristocratique, et d'en ouvrir l'accès au plus grand nombre,
plutôt que d'en organiser la destruction »13(*).
A la veille de la révolution, « il
n'existe pas en France de dépôt central unique des archives comme
en Espagne ou encore en Autriche. Dès le 29 juillet 1789,
l'assemblée nationale se dote d'un service d'archive. A partir du 04
août 1789, les archives de justice seigneuriales, les titres des biens
ecclésiastiques, les archives des anciennes administrations
seigneuriales et les archives de la Couronne sont considérées
comme appartenant désormais à la Nation »14(*).
C'est dans ce processus que se créent la
Bibliothèque nationale, les Archives nationales et le Museum central des
Arts.
Sur la question de la liberté de la création,
plusieurs dispositions certifient de la place capitale qu'occupe la culture
dans la visée de refondations révolutionnaires. Ce sont notamment
le décret du 13 janvier 1791 ordonnant la liberté des
théâtres « tout un chacun a à présent
la liberté et le droit d'ouvrir un théâtre partout en
France, par simple déclaration auprès des autorités
municipales » et celui du juillet 1793 sur la propriété
intellectuelle.
Avec la révolution, il ya bien eu des acquis
considérables sur le plan culturel dans le sens où la vie
intellectuelle et artistique s'émancipe et s'enracine à travers
de nombreuses oeuvres par rapport au régime précédent mais
une question divise les intellectuels : c'est le vandalisme
révolutionnaire qui consiste à détruire des oeuvres d'art
portant la marque de la royauté.
Deux auteurs (F.Souchal et S. Bianchi) se divisent sur la
question, nous restitue Philippe Poirrier. L'un qualifie le vandalisme
révolutionnaire d'une bêtise « une bêtise
vulgaire, basse, la bêtise qui consiste à démolir les
clochers parce qu'ils sont attentatoires au principe de
l'égalité, la bêtise qui brule les statues de vierges
vénérées au cours des siècles par des
générations et des générations des fidèles.
Le vandalisme de la révolution a été un des grands
cataclysmes de l'histoire de la culture et de l'art de la France et de
l'Occident » et l'autre d'une révolution
culturelle « la révolution culturelle doit
détruire les signes, symboles, croyance, valeur de l'époque des
ténèbres et du fanatisme. Il faut éliminer les vestiges
`'gothiques'', `'barbares'', de la monarchie, de la féodalité, de
la religion traditionnelle, autant de facteurs de `'dégradation pour
l'espèce humaine''. Tant que persistent les germes de l'ancien
système social et de la `' superstition'' la révolution ne sera
pas fondée [...]15(*) ».
Il faut noter toutefois, bien que ce vandalisme ait eu un
effetdestructif mais il a participé à l'apparition d'une nouvelle
conscience voire même une politique patrimoniale qui est sans doute l'un
des acquis les plus importants de la Révolution.
De la restauration à
la troisième République, la gestion des Beaux-Arts
(1815-1935)
De 1817 à 1935 se développe une politique
patrimoniale - comme nous l'avons souligné ci-dessous - qui constitue
l'un des acquis les moins contredits de la révolution. Bien que cette
période-1815 - 1936- soit marquée par des régimes de
nature différente avec des instabilités institutionnelles, l'Etat
a pu consolider une politique patrimoniale qui a orienté probablement la
création du ministère de la Culture en 1959.
A travers cette politique patrimoniale, l'Etat va
s'intéresser à trois orientations fondamentales dans
« l'administration des Beaux-Arts », ce sont : la
protection, la conservation et la régulation.
Concernant la première orientation qui est la
protection, « l'autorité de l'Etat en matière
artistique date de la création des Académies au
XVIIème siècle. Elle est encore importante au
XIXème, grâce à la tutelle sur l'Ecole des
Beaux-Arts et la commande publique qui tend à favoriser les
artistes « académiques ». Sous la
troisième république, l'académisme décline et les
commandes de l'Etat se diversifient. Cette évolution est permise par la
création en 1875 du Conseil Supérieur des Beaux-Arts, qui
regroupe des représentants de hauts fonctionnaires, des directeurs
d'institutions artistiques, des artistes et des personnes distinguées
par la connaissance qu'elles ont des arts ; c'est alors un
véritable parlement des Arts qui voit le jour, qui guide les choix
esthétiques de l'Etat et influe sur la
législation »16(*).
La deuxième dynamique du pouvoir politique a conduit
à privilégier « la conservation du patrimoine
hérité et notamment l'entretien du patrimoine monumental [...].
La mise en place sous la monarchie de Juillet d'une administration des
monuments historiques est essentielle dans la formulation de l'intervention
publique. Cette administration naissante se donne une double tâche :
établir un inventaire des monuments et assurer leur conservation
effective. A partir de 1830, le rôle des inspecteurs des monuments
historiques Ludovic Vilet, puis, des 1834, Prosper Mérimée
débouche sur la création d'une inspection bientôt d'une
véritable administration des monuments historiques. La commission des
monuments historiques qui, à partir de 1837, classe les édifices
[...]. De 1840 à 1849, le nombre de monuments classés passe de
934 à 3000 »17(*).
La dernière orientation de l'Etat dans le domaine des
Beaux-Arts, c'est la régulation. « Dès la
révolution, l'action de l'Etat dans la régulation se
révèle ambivalente : d'une part, le pouvoir à
chercher à contrôler, voire à contraindre le marché
de l'art par la voie règlementaire ; mais en établissant le
droit d'auteur, il a aussi voulu assurer la situation des acteurs de ce
marché- les créateurs. Tout au long de la période, un
mouvement de libéralisation permet de réduire l'importance de la
régulation coercitive (la liberté des théâtres est
ainsi rétablie en 1864) au profit d'une régulation protectrice
(la durée du droit d'auteur est ainsi étendue à trente
puis cinquante ans après la mort de l'artiste). La loi de 1881 sur la
liberté de la presse marque un tournant, en supprimant la censure a
priori des dessins de presse notamment, mais l'obligation du dépôt
préalable à la préfecture reste valable pour les
pièces de théâtre et les chansons »18(*).
Pour terminer cette partie, notons enfin que le travail de
l'Etat pendant cette période a été
caractérisé par une forme de liberté individuelle et
d'entreprise, en particulier sous la IIIe, c'est-à-dire l'administration
ne cherche plus à « gouverner les arts » comme sous
la révolution.
Des historiens soulignent que ce
« libéralisme a maintenu l'appareil administratif dans des
positions modestes et laisse une large part aux initiatives
privées ». C'est qui n'a pas été exactement le
cas pendant la révolution.
La « politique
culturelle » moderne
Cette appellation ne tient pas compte d'un critère
scientifique ou institutionnel. Nous l'utilisons pour décrire la
relation entre l'Etat et la culture de 1936 à 1959.
Cette période est caractérisée par des
grandes ambitions pour la culture. Si certaines de ces ambitions obtiennent un
début de réalisation, il faut souligner tout de même, que
la politique culturelle a souffert d'un manque permanent de reconnaissance et
de moyens de la part des pouvoirs politiques. Pour illustrer cette
période, nous allons mettre l'accent sur : le Front populaire, la
Révolution nationale et la Libération.
Avec le Front populaire, « l'Etat s'assigne une
nouvelle mission : la « popularisation », qui concerne
indifféremment la culture et les loisirs. Les innovations en la
matière sont nombreuses et durables (création d'un réseau
de bibliothèques publiques, efforts de pédagogie dans les
musées...ainsi qu'une formule promise à un bel avenir :
le « mardi populaire » du Louvre). L'idée de
« démocratisation culturelle », si essentielle pour
comprendre les politiques ultérieures, trouve donc ses origines
immédiates dans la victoire de la gauche en 1936 »19(*).
Bien que cette période du Front Populaire soit de
courte durée, il faut quand même reconnaitre que le Front
Populaire a impulsé un changement dans la politique culturelle
française. Philippe Poirrier20(*) dégage trois idées qui peuvent
être distinguées :
- Premièrement, la croyance que l'intervention
financière, administrative et politique de l'Etat en matière
culturelle est nécessaire et légitime. Dès lors, la
volonté d'organiser passe par la mise en place d'une législation
issue d'un actif travail administratif qui croise bien souvent les
revendications d'associations et de professions en construction ».
- En deuxième lieu, ce point est essentiel, la
volonté de « populariser » (l'après 45
préfèrera « démocratiser ») la culture
savante. Cette ligne promise à un long avenir doit beaucoup au tournant
stratégique assumé par le Parti Communiste Français (PCF)
à partir du second semestre 1934 : la réintégration
de l'héritage national- mais aussi des identités locales- par le
parti communiste ne peut que renforcer la conviction des socialistes. Cette
politique communiste de la « main tendue » vers le
patrimoine, la tradition artistique et les arts (jadis) bourgeois
caractérise le mieux cette « nouvelle politique culturelle.
- Enfin, le Front Populaire porte une grande attention
à la jeunesse dans le cadre d'une Education nationale (le terme est
significatif) qui vient de prendre depuis quelques années la succession
de l'Instruction publique.
S'agissant de la politique culturelle sous la
Révolution nationale, elle est marquée par « une
restructuration de l'intervention de l'Etat autour de plusieurs principes.
C'est une politique d'abord fondée sur l'esprit de
« Révolution nationale » qui conduit au soutien,
propre à la plupart des Etats fascistes, aux dimensions les plus
folkloriques de la culture nationale. C'est ensuite une politique de
collaboration avec l'Allemagne se traduit par la mise en place d'une
réelle politique culturelle allemande, fondée sur une propagande
active et une censure assumée par une partie de l'Elite
littéraire et artistique française. C'est enfin une intervention
dans plusieurs secteurs (l'archéologie, les musées, le
patrimoine) qui vont demeurer longtemps en vigueur, au-delà des
conditions politiques de leur naissance »21(*).
C'est vrai qu'il est moins important (puisque c'est connu de
tous) de rappeler que le régime de Vichy est caractérisé
par des contradictions et cela en ai ainsi pour sa « politique
culturelle ». Cependant plusieurs auteurs ne manquent pas de louer
son élan modernisateur dans le domaine de la culture même si son
action « s'inscrit pour une bonne part dans la continuité du
Front populaire, en visant à rapprocher le peuple de la culture et
à développer l'administration culturelle, tout en la
rationnalisant. Elle est en parti conduite par les mêmes équipes
qui ont été décapitées mais pas
démantelées »22(*).
Pendant cette période nous pouvons constater trois
orientations qui ont marqué la culture même si elles ont
été très modestes.
ü « La décentralisation, en accord avec
les principes régionalistes de l'Action Française - et avec plus
d'ampleur que sous le Front Populaire. Des troupes de théâtre
subventionnées par le gouvernement partent ainsi pour des
tournées en province ».
ü « La popularisation, avec la création
des tarifs réduits pour les salles de spectacle et soutien aux
associations de jeunesse (dans un esprit nettement plus autoritaire
toutefois : seuls les scouts catholiques sont
autorisées) ».
ü « L'organisation des « industries
culturelles », dès 1940 c'est la création du
Comité d'Organisation des Industries
Cinématographiques ».
Ces initiatives en faveur de la culture ne seront pas
totalement rejetées par la Libération. Cependant « la
philosophie et les objectifs de l'Etat français diffèrent
radicalement de ceux du Front Populaire, dont la politique s'était
fondée sur le rejet de l'embrigadement et du détournement des
arts à travers les caractéristiques de régimes
totalitaires. Si la Troisième république s'était
refusée à « gouverner les arts », c'est
bien leur « mise au pas » qu'entreprend le régime de
Vichy, qui pratique massivement la censure, proscrit les artistes juifs et ne
reconnait que les créations conformes aux valeurs de la
Révolution nationale »23(*).
Cette période de Révolution nationale est
succédée par la libération. Celle-ci correspond avec le
souci de démocratiser la culture. Cette envie se manifeste par
l'introduction, pour la première fois, de la référence
à l'égal accès la culture dans la constitution de 1946. Ce
processus est appuyé par les associations d'éducation populaire
qui réclament une intervention publique, et par le mouvement de
décentralisation théâtrale.
Avec la libération « se créent
des organismes dans plusieurs domaines, qui préfigurent ce que sera le
ministère en 1959. La Direction des Arts et Lettres (arts plastiques,
musées, spectacles et musique, lecture publique, archives et
littérature) créée en 1944, de même que la Direction
générale de l'Architecture. Le Centre national de la
Cinématographie est créé en 1946, au sein du
ministère de l'Industrie. La Caisse nationale des Lettres est
créée en 1956. Malgré ses innovations, le budget
public de la culture reste modeste : 0.13% du budget de l'Etat ; et
le cadre de ce financement reste totalement fragmenté en
ministères, corps professionnels et finalités d'intervention.A la
fin de la IVèmeRépublique, un vaste mouvement
revendique une intervention publique plus forte »24(*).
Il serait important de parler de l'« art
contemporain » sous la IVèmeRépublique
puisqu'en se référant de sa définition chronologique, il
date bien de cette période.
Avec l'ouverture véritable des portes du Musée
national d'Art moderne de Paris en 1947, cela « facilite
l'entrée des artistes de la première moitié du
XXème siècle dans les collections de l'Etat. [...]
Lors de l'inauguration, Georges Salles, qui est devenu directeur des
Musées nationaux proclament « aujourd'hui cesse le divorce
entre l'Etat et le génie ». Cette déclaration est
surement prématurée, mais donne la voie vers une meilleure prise
en compte des créateurs contemporains par les institutions, semble
ouverte »25(*).
Le 1% artistique sur lequel nous allons revenir en
détail dans les prochaines parties de la rédaction est
institué par un arrêté datant du 18 mai 1951 même si
cette mesure a été expérimentée avant la
deuxième guerre mondiale.
Certes, les acquis en faveur de l'art contemporain sous la
IVèmeRépublique restent peu significatifs mais il faut
tout de même souligner une forme d'ouverture.
Comme nous l'avons souligné à l'entame de nos
propos ce travail historique sur les « politiques
culturelles » n'a aucun caractère d'exhaustivité. Il
nous permet plutôt de comprendre toutes les étapes qui ont conduit
à l'établissement d'un ministère de la Culture dont les
actions ont vraisemblablement impacté l'émergence de l'art
contemporain.
Chronologie :
l'état de la culture avant 1959
1530 :Création
du « collège des lecteurs du royaume » qui
deviendra le collège de France.
1635 : Richelieu officialise
l'académie française.
1667 :Première exposition des
travaux des académiciens.
1680 :Naissance de la comédie
française. Sous le règne de Louis XIV, le roi
mécène encourage, pensionne, fait travailler artistes et
écrivains. Colbert détient - entre autresfonctions - celle de
surintendant des bâtiments, arts et manufactures.
1725 : Installation dans le salon
carré du Louvre de l'exposition des travaux des
académiciens : le « salon » est né.
1989 :Sous la Révolution
française, deux décrets transfèrent au pouvoir civil la
surveillance de l'éducation.
1791 :La Commission des monuments
envisage la création d'un musée par département. Un
décret proclame la propriété du dramaturge sur les
représentations de ces pièces. Le Salon, longtemps
réservé aux artistes membres ou agréés de
l'Académie, devient libre. Condorcet propose son
« plan » pour l'enseignement : ouverture du
musée du Louvre.
1795 :Création du conservatoire
des arts et métiers de l'Ecole normale supérieure et du
conservatoire de musique.
1798 :Le Salon est placé sous le
contrôle d'un jury d'admission issue de l'Institut.
1802 :Loi sur l'instruction publique
créant les lycées qui remplacent les écoles centrales du
Directoire.
1806 :Loi instituant l'Université
impériale. Décret renforçant le monopole universitaire en
limitant plus étroitement le rôle des institutions privées
et religieuses. Décret de Moscou règlementant la Comédie
française.
1830 :Création de l'Inspection
des Monuments historiques.
1833 :Loi Guizot règlementant
l'instruction primaire.
1850 :Loi Falloux : l'instituteur
est placé sous la surveillance du clergé.
1850-1870 : Travaux d'Haussmann à
Paris.En 1862, commence la construction de l'Opéra Garnier.
1855, 1867, 1878, 1889,1900 :
Expositions universelles, organisées en France par l'Etat.
1863 : Tenue du « Salon des
refusés ».
27 Janvier 1870 : Création du
ministère des Lettres, Sciences et Beaux-Arts. Le 28 Août, ses
attributions passent au ministère de l'Instruction publique.
1872 : Création de l'Ecole libre
des Sciences politiques.
1881,1882 : Premières lois
scolaires organisant la gratuité, la laïcité et
l'obligation.
1881 : Liberté de la presse.
Ephémère `'Ministère des Arts `' au sein du cabinet
Gambetta.
1882 : Le Salon est placé sous le
contrôle de la Société des Artistes Français.
1901 : Loi sur la liberté
d'association.
1905 : Loi de séparation des
Eglises et de l'Etat.
1920 : Création du
Théâtre national populaire à l'instigation de
Gémier.
Juin 1936-Juin 1937 : Sous le Front
Populaire, Jean Zay devient ministre de l'Education nationale et Leo Lagrange
sous-secrétaire d'Etat aux Sports et aux Loisirs.
1940-1944 : Régime de Vichy
(chantiers de jeunesse, école des cadres d'Uriage, etc.).
1946-1947 :
Premier « concours des jeunes compagnies »
(théâtrales) ; premiers « centres dramatiques
nationaux ». Création du Centre National de la
Cinématographie.
1948 : Loi du 23 septembre instaurant la
taxe de sortie des films, mécanisme qui constituera la base du
système d'aide au cinéma.
1951 : Nomination de Jean Vilar a la
tête du TNP.
(D'après Jean-Luc Bouf, Culture et
société, Cahiers français, n° 260, 7993, pp.
14-15)
Chapitre III : L'art
contemporain et les politiques culturelles des cinquantedernières
années du XXème siècle : pour quels
résultats ?
Cette période correspond à la création du
ministère d'Etat des Affaires culturelles en 1959. Nous avons
évoqué précédemment les actions des pouvoirs
publics dans le domaine culturel de la monarchie à la république
(1959). Le bilan de ces actions reste tout de même critiqué
« pour cause d'absence de volonté politique, une organisation
à la fois rigide et bancale pour cause de lourdeur bureaucratique, une
incapacité coupable à promouvoir la création contemporaine
pour cause de mainmise académique »26(*). Malgré ces critiques,
il est cependant nécessaire de reconnaitre le rôle que l'Etat a
joué en matière culturelle particulièrement dans le
domaine de l'art.
Toutefois plusieurs spécialistes27(*) considèrent 1959 comme
l'an zéro des politiques culturelles en France. C'est la première
rupture fondamentale dans l'histoire contemporaine des politiques culturelles.
Cette période marque le début de l'art contemporain pour certains
acteurs comme nous l'avons souligné d'ailleurs dans les
définitions de celui-ci.
Le ministère en charge des Affaires culturelles
créé par décret en 1959 par la Cinquième
République dans la période gaullienne, demeure une rupture
essentielle. C'est le 22 juillet 1959 que André Malraux est nommé
ministre d'Etat chargé des Affaires culturelles. Un ministère qui
est né avec une nouvelle mission celle de « rendre
accessibles les oeuvres capitales de l'humanité, et d'abord de la
France, au plus grand nombre possible de Français, d'assurer la plus
vaste audienceà notre patrimoine culturel, et de favoriser la
création des oeuvres d'art et de l'esprit qui
l'enrichissent »28(*).
Dans cette nouvelle mission, apparait clairement la
volonté de démocratisation de la culture qui prolonge d'ailleurs
le travail inachevé du Front Populaire mais aussi provoque une vraie
transformation sur le plan de la politique qui a eu des impacts
considérables pour l'art contemporain. Alors quels sont les changements
induits par le ministère en charge des Affaires culturelles dans le
domaine de l'art contemporain ?
L'art contemporain à
la naissance du ministère
Comme nous l'avons souligné dans les différents
passages de cette rédaction, l'Etat n'a pas attendu la naissance de ce
ministère pour commencer à s'intéresser à l'art
contemporain29(*).
Cependant, la création de ce ministère est à l'origine
d'une nouvelle vision de l'art contemporain même si cette thèse
reste contestée par certains spécialistes comme Marc Fumaroli qui
accuse ce ministère d'avoir voulu instaurer un
« Ministère de la propagande ». Nous reviendrons
plus en détails sur ces différentes critiques.
En effet, parler de l'art contemporain à la
création du ministère de la Culture revient à
évoquer le rôle d'un personnage clé qui est André
Malraux. Dans sa biographie, il est présenté comme
« unintellectuel influent des années cinquante, un fervent
militant gaulliste, un écrivain et un spécialiste des
arts » qui prend la tête de ce ministère.
Malraux est venu avec une vision nouvelle des politiques
culturelles. « La définition des objectifs est ambitieuse ;
elle répond à la vision chez Malraux d'une communauté des
nations unies par le musée imaginaire, d'une communauté des
hommes réunis par la grandeur de l'oeuvre d'art, qui pour lui transcende
le langage, elle prolonge une vision planétaire qui implique la
primauté donnée à la spiritualité dans le rapport
des hommes à l'art »30(*).
Dès son arrivée au gouvernement,
« Malraux avait bien saisi la nécessité de redonner
à Paris sa place de capitale des arts, perdue pendant la seconde Guerre
mondiale, au profit de New-York. C'est ainsi qu'il a lancé
l'idée, peu après son arrivée, d'une « Biennale
des jeunes » (moins de 35 ans), qui expose des artistes de quarante
pays, en octobre 1956 au Palais de Tokyo. Cette manifestation
créée en collaboration avec la ville de Paris et le
département de la Seine, constitue une des rares initiatives officielles
à destination des jeunes artistes. La plupart d'entreeux relèvent
de l'art contemporain. Les français Rebeyrolle et Klein, le Suisse
Tinguely, les Américains Jaspar Johns et Rauschenberg, le groupe BMPT
(Buren, Mosset, Parmentier, Toroni) ... cet aperçu des artistes
sélectionnés marque clairement la rupture affichée avec la
prédominance de l'Ecole de Paris qui avait marqué
l'après-guerre. Les jurys des différentes Biennales ont su faire
preuve à la fois de clairvoyance et d'ouverture. Ils ont effectivement
permis d'exposer, dès leurs débuts, des artistes qui ont
marqué l'histoire de l'art de la fin du XXème
siècle »31(*).
C'est dans ce processus qu'une politique d'acquisition ouverte
et attentive à la création contemporaine est mise en place.
« En 1962, le service de la création artistique naît
sous la direction de Bernard Anthonio et intègre le bureau des travaux
d'art. A cette période, sont également mis en place un bureau des
travaux de décoration des édifices publics et une commission de
la création artistique, chargée de proposer au ministre
l'acquisition ou la commande d'oeuvres d'art32(*) ». Cela se traduit par la création
du Centre national d'Art contemporain, un lieu entièrement
destiné à l'art contemporain, initiateur du centre Pompidou.
L'impact de ce centre est analysé par Teodoro Gilbert « la
création de cette institution a permis à ses responsables
d'être totalement indépendants de l'administration des
musées de France et de l'Académie des Beaux-Arts, dont les
réticences face à l'art contemporain constituaient des freins
évidents à sa diffusion. Elle a finalement les mêmes
objectifs que le Musée national d'Art moderne, mais elle se
spécialise très clairement sur la création
vivante ».
S'agissant de la présence de l'art contemporain en
province, il faut souligner que sous Malraux, « les
municipalités étaient considérées comme
incompétentes ou trop conservatrices sur le plan artistique, ce qui
justifie, pour le ministère, une modernisation impulsée par
l'Etat central. De ce fait, l'art contemporain rentre très rarement dans
les lieux d'exposition publics »33(*) à l'exception dans une certaine mesure au
Musée de Grenoble fondé en 1921.
Le ministère de la Culture à la tête
André Malraux a donc engagé la France dans une politique
culturelle plus ambitieuse, « les bases de la démocratisation
et de la décentralisation alors mises en place ont servi d'appuis aux
différents gouvernements qui se sont succédé. Pourtant,
les moyens mis en oeuvre étaient modestes. Le budget de la culture a
progressé, mais pas plus que ceux des autres ministères. Il
représentait 0.38% du budget de l'Etat en 1960, 0.36% en 1966 et 0.42%
en 1969. Avec la guerre d'Algérie et la constitution d'une force de
frappe nucléaire, les priorités budgétaires étaient
ailleurs »34(*).
Concernant précisément l'art contemporain dans
les politiques culturelles à l'ère Malraux (1959-1969), il y
avait eu bien des acquis mais ce qui restait à faire dans ce domaine
était énorme. Malgré une volonté de prendre en
compte l'art en train de se faire, beaucoup d'auteurs soulignent que
« Malraux est passé à côté des artistes
des années soixante », qui ont pourtant marqué
l'histoire de l'art. il a fallu attendre l'arrivée au pouvoir de Georges
Pompidou, pour qu'émerge en France une vraie implication de l'Etat dans
le domaine de l'art contemporain.
Georges Pompidou et l'art
contemporain (1969-1974)
Arrivée au pouvoir par l'élection
présidentielle de 1969, Georges Pompidou, présenté comme
quelqu'un qui est passionné par la pratique culturelle, exprime sa
volonté d'ouverture dans ce domaine plus particulièrement dans le
domaine de l'art. Il s'agit d'une orientation courageuse qui va dans un sens
opposé de l'opinion publique de cette
époque « l'Etat laisse agir le génie de son temps
et de son peuple » déclaration de Georges Pompidou,
président de la république sur l'art et l'architecture recueillie
par le journal « Le monde », le 17 octobre 1972. Avec cette
nouvelle orientation, un nouvel élan est donné à l'art
contemporain.
A l'initiative directe de Georges Pompidou, « des
décisions spectaculaires sont prises par l'Etat, dans le but
déclaré de reconstruire à Paris un centre artistique
international : une exposition- bilan, `'12 ans d'art contemporain en
France'', et la création du centre Beaubourg, qui portera son
nom »35(*).
A travers cette exposition plusieurs auteurs évoquent
le début d'une réelle prise en compte par l'Etat des artistes
« contemporains » malgré le paradoxe, l'opposition
entre le pouvoir et les artistes sur l'organisation de celle-ci.
Gérard Monnier souligne que « cette
opposition est le résultat d'une mauvaise évaluation de
l'actualité artistique en question. Elle conduit à un conflit
majeur : plusieurs artistes, suivant le mot d'ordre du Front des artistes
plasticiens, bien que sélectionnés, refusent de participer
à une « vitrine mystificatrice », à une
« manipulation du pouvoir bourgeois ». Le 16 mai, la
manifestation organisée par ces artistes, le jour de l'inauguration de
l'exposition, est violemment dispersée par la police. Par
solidarité, de nombreux exposants retirent alors leurs toiles, le tout
bien entendu au milieu d'un grand tumulte et sous l'oeil photographique
vigilant de la presse : chacun peut voir que l'exposition est ouverte sous
la protection de la police »36(*).
Bien que cette initiative de prise en compte des
préoccupations des artistes « contemporains »
soit mal comprise par plusieurs artistes. Georges Pompidou a marqué
l'histoire de l'art aussi par son projet de création du centre Beaubourg
(Centre Georges-Pompidou) qu'il a lui-même qualifié de
« centre culturel à la fois musée et centre de
création ».
Il faut insister toutefois, la mort de Pompidou en Avril
1974 « aurait pu remettre en cause le projet qui n'aurait
probablement pas abouti sans l'intervention de Jacques Chirac, Premier ministre
de Valery Giscard d'Estaing. Le nouveau président de la
République, ancien ministre des Finances qui avait été
chargé du financement de la construction du Beaubourg, a toujours
été plutôt réticent face à ce projet,
jugé trop couteux et audacieux. Il use désormais de son pouvoir
pour en modifier l'ampleur et l'esthétique. [...] Finalement, c'est
Jacques Chirac qui parvient à faire entendre raison au président,
qui finit par accepter ce projet gaulliste, et le 12 décembre 1974, le
projet de loi portant création du centre national d'Art et Culture
George Pompidou est adopté par l'Assemblée nationale
(malgré l'abstention des communistes et des
socialistes) »37(*).
Valery Giscard d'Estaing et
l'art contemporain (1974-1981)
Avant d'évoquer les politiques culturelles de l'art
contemporain dans les années Lang, considéraient comme la
deuxième rupture depuis la naissance du ministère d'Etat des
Affaires culturelles, nous allons présenter brièvement les acquis
sous le règne du président Valery Giscard d'Estaing.
Il faut souligner au premier abord dans l'analyse de ce que
les auteurs nous enseignent, cette période est
caractérisée par une orientation libérale et quelque fois
un désengagement de l'Etat dans le domaine culturel en particulier dans
l'art contemporain. On peut même s'interroger sur l'existence d'une
volonté politique de cette époque dans le domaine culturel.
Cependant dans le domaine de l'art en général, il y a eu des
réalisations notamment la loi38(*) portant sur les « programmes des
musées, la poursuite des travaux dans les musées (musée
Georges Pompidou, musée d'Orsay et le musée de la villette) et la
relance du 1% dans les bâtiments publics ». Cette relance du 1%
a surtout contribué à la prise en compte de certains artistiques
qui relèvent de l'art contemporain.
Les années
Lang : deuxième rupture (1981-1993)39(*)
Les années Lang correspondent à la
présidence de François Mitterrand, elles sont marquées
d'une part par une « continuité » des politiques
culturelles de ses prédécesseurs et d'autres parts par une
rupture moderniste que plusieurs spécialistes qualifient de
deuxième rupture dans l'histoire des politiques culturelles depuis la
création du ministère d'Etat des Affaires culturelles en 1959.
Jack Lang nommé ministre de la culture le 22 mai
1981,décline une année plus tard ses ambitions par un
décret40(*) qui
détermine clairement les missions du ministère de la
Culture : « le ministère de la Culture a pour
mission : de permettre à tous les français de cultiver leur
capacité d'inventer et de créer, d'examiner librement leurs
talents et de recevoir la formation artistique de leur choix ; de
préserver le patrimoine culturel national, régional, ou des
divers groupes sociaux pour le profit commun de la collectivité tout
entière ; de favoriser la création des oeuvres d'art et
d'esprit et de leur donner la plus vaste audience ; de contribuer au
rayonnement de la culture et de l'art français dans le libre dialogue
des cultures du monde ».
Dans ce décret, Jack Lang montre clairement son
ambition de poursuivre le processus de démocratisation culturelle que
nous avons évoqué auparavant mais le plus important c'est aussi
la reconnaissance de la diversité de la culture à travers ses
différentes pratiques. Même si ce dernier point a fait l'objet de
beaucoup de critiques de la part des intellectuels. Nous allons revenir sur ces
critiques dans les prochains points de la rédaction.
Cette deuxième rupture dans l'histoire des politiques
culturelles se traduit par l'évolution du budget consacré au
ministère de la Culture, par la réorganisation du
ministère et le tout coiffé par des nouvelles ambitions pour la
culture. Nous verrons comment cette rupture a contribué à
l'émergence de l'art contemporain.
L'art contemporain dans la quête du
1%
Dans ce processus de quête du 1% pour le budget de la
culture, selon plusieurs observateurs du monde de la culture, « la
période Jack Lang restera dans l'histoire de la politique culturelle
comme une mutation financière qui permettra au ministère
d'arriver enfin à sa maturité, et de réaliser une
modernisation accélérée. Entre 1980 à 1990 la part
du budget du ministère de la Culture passe de 0.38% à
0.89% »41(*).
Cette augmentation va influencer progressivement le fonctionnement du
ministère. Même si ce fameux 1% ne sera jamais atteint par Jack
Lang qui était pourtant recherché aussi par ses
prédécesseurs.
Dans le domaine de l'art contemporain, cette augmentation a
permis la création de vingt-deux Fonds Régionaux d'Arts
contemporain sur lesquels nous allons revenir ». A cela s'ajoute la
construction et la rénovation de plusieurs musées dont certains
travaux concernent l'art contemporain. Ce sont entre autres : le
Musée d'Art moderne et contemporain (Strasbourg-Alsace), le Centre
national d'Art contemporain et Musée d'Art ancien et moderne
(Grenoble-Rhône-Alpes), le Musée d'Art moderne et contemporain
(Saint-Etienne - Rhône-Alpes) et le Carré d'Art
(Nîmes-Languedoc-Roussillon).
Bien que le 1% ne soit pas atteint sous Jack Lang,
l'augmentation du budget de son ministère a permis « une
aide substantielle à la création, mais aussi un renouvellement du
rapport avec le public. On note d'abord l'essor très important des
différentes formes de l'achat et de la commande d'oeuvres à
partir de 1893.[...] Parallèlement à l'extension du 1% à
la plupart des bâtiments publics construits par l'Etat, cet effort
renouvelle le nombre, la dimension et la nature des oeuvres disposées
pour la plupart dans l'espace public »42(*).
L'art contemporain et la réorganisation du
ministère
L'action de Jack Lang au sein du ministère de la
Culture ne se limite pas à la recherche de l'augmentation de son budget
mais c'est aussi son administration. D'ailleurs plusieurs spécialistes
soulignent que c'est le premier (budget) qui a permis le second
(administration). Les années Lang constituent une période de
réorganisation progressive du ministère de la Culture. S'appuyant
d'une part sur sa vision de la politique culturelle et d'autre part sur la loi
du 2 mars 1982 (Loi Defferre) relative aux droits et liberté des
communes, des départements et des régions. Lang ouvre ainsi la
voie à un processus de changement dans la répartition des
pouvoirs au profit des acteurs locaux.
Cette répartition bien que dans ces premières
phases a permis de partager les moyens financiers avec les élus locaux
et a donné une forme de responsabilité aux élus. Cette
forme de responsabilisation a permis d'engager ces élus dans des
« politiques culturelles locales plus ambitieuses qu'auparavant. Sous
la pression des artistes, des Etats généraux des arts plastiques
se sont tenus à Créteil le 21 novembre 1981. Dans une commission
« décentralisation », les plasticiens provinciaux
ont formulé des doléances au sujet de l'inégale
distribution des moyens sur le territoire. Ils voulaient des lieux
d'expositions, des bourses, des ateliers... »43(*).
A travers cette réorganisation qui a donné
naissance à des nouvelles réclamations de la part des
élus, « la Délégation aux Arts plastiques
à travers le ministère renforce les moyens existants : le
1%, la commande publique et les aides à la première exposition.
Elle crée aussi un nouvel instrument d'aide pour les artistes : le
Fonds d'Incitation à la Création (FIACRE), destiné
à fournir des bourses et des aides à la création
individuelle. La révolution réside dans la création de 22
postes de conseillers artistiques régionaux (qui ne sont plus
bénévoles) et de 22 Fonds régionaux d'Art
contemporain »44(*).
Dans ce processus de réorganisation du
ministère, la Délégation aux Arts plastiques a
créé un « Département de la
décentralisation artistique qui regroupe le Fonds d'Incitation à
la Création, les centres d'art, des commandes publiques
décentralisées et les Fonds régionaux d'Art
contemporain ».
Nous allons revenir tout au long de cette rédaction
pour décrire plus en détail le rôle qu'ont joué les
Fonds régionaux d'Art contemporain dans l'émergence de l'art
contemporain et si nécessaire sur les discours qui ont prévalu
àla création de ceux-ci.
L'art contemporain entre déconcentration et
décentralisation
Il ne s'agit pas de revenir sur les réalités
complexes que recouvrent ces termes mais plutôt d'évoquer les
nouveaux fondements des rapports entre l'Etat (déconcentration) et les
collectivités locales (décentralisation) par la
négociation et la signature d'accords qui se joignent
généralement à des conventions.
Dans cette dynamique de mise en oeuvre des nouveaux objectifs
et des nouvelles procédures sur une nouvelle administration, les
Directions régionales des Affaires culturelles en générale
et en particulier les Fonds régionaux d'Arts contemporains ont
joué un rôle très important.
Dans le domaine de l'art contemporain, les Directions
régionales des Affaires culturelles ont ainsi pusubventionner des
institutions, des associations, procéder à des commandes
publiques. « C'est par ce biais que les acteurs du terrain ont pu
mesurer les effets du doublement du budget de la culture, et que Jack Lang a
acquis une forte popularité. Elles ne se contentent pas de donner des
subventions, mais aussi de conseiller les élus locaux. Les exigences des
conseillers45(*)
artistiques des DRAC, visent à tirer les politiques
locales « vers le haut », c'est-à-dire dans le
sens des orientations ministérielles. Les négociations sont
parfois difficiles entre les différents partenaires aux motivations et
aux sensibilités différentes »46(*).
Les discours tenus sur ces conseillers artistiques
régionaux ne manquent pas de souligner l'importance de ceux-ci sur
l'émergence des nouvelles pratiques dans l'art contemporain.
« Une municipalité souhaitant obtenir une subvention dans le
cadre d'un partenariat (souvent à 50%) avec la DRAC, pour installer une
sculpture, ne peut pas passer une commande directement à un artiste
local. Elle doit obligatoirement obtenir l'aval de la DRAC, qui a des listes
d'artistes homologués, reconnus comme plasticiens contemporains.
Voilà pourquoi certains élus préfèrent choisir
eux-mêmes un artiste non reconnu, donc à priori moins cher, quitte
à se priver de subvention. Ils affirment pouvoir ainsi réaliser
de substantielles économies, et surtout simplifier et raccourcir les
procédures administratives. On peut penser que la procédure de la
commande publique, a permis de faire vivre de leur art un nombre croissant de
plasticiens »47(*). La critique de cette procédure de
sélection ne se fait pas attendre. En effet, plusieurs acteurs de l'art
contemporain ont critiqué cette procédure en la qualifiant de
sélective et subjective.
Concernant les Fonds régionaux d'Art contemporain qui
ont pour « but de constituer dans chacune de vingt-deux
régions administratives une collection d'oeuvres d'artistes
vivants »48(*)ont joué un rôle important dans ce
processus de décentralisation. Surtout ces derniers ont joué un
rôle déterminant dans l'émergence de l'art contemporain
àtravers le marché de l'art et le soutien des artistes
contemporains.
Le ministère de la Culture, « tout en
veillant à la mise en place des FRAC a favorisé aussi la
création des centres d'art contemporain en les subventionnant,
directement par la Délégation aux Arts plastiques ou
indirectement, par l'intermédiaire des DRAC. Ces centres d'art
contemporain se différencient des musées par le fait qu'ils ne
présentent que des expositions temporaires. Ils distinguent aussi des
FRAC parce qu'ils n'ont pas vocation à gérer une collection. Une
autre originalité réside dans le fait que, contrairement aux
musées des beaux-arts, exclusivement urbain, certains centres d'art ont
été implantés dans le monde rural, comme celui de
Vassivière dans le Limousin, ou de kerguehennec dans le Morbihan
»49(*).
Les nouvelles missions de la politique
artistique
· L'art contemporain et l'économie
L'autre aspect important de la politique artistique de Jack
Lang, c'est aussi cette nouvelle relation établie entre la culture et
l'économie en général et en particulier l'art et
l'économie. Dès sonarrivéeà la tête du
ministère, Lang lance le slogan « Economie et culture,
même combat ». Dans ce mot d'ordre, il défend
l'idée selon laquelle : « fini le temps où les
artistes, les créateurs, les inventeurs, doivent s'écarter avec
méfiance de la vie économique craignant d'apparaître comme
des créateurs aux mains sales. Fini aussi le temps où
l'économie doit ignorer ce levain que constituent le savoir et la
création »50(*). Cette volonté a vraisemblablement
réalisé une rupture dans l'histoire des politiques culturelles.
Le ministère s'est intéressé de plus près aux
industries culturelles mais aussi à l'art dans son ensemble sans rentrer
dans des querelles de reconnaissance. Bien que cette attitude ait
été critiquée par certains intellectuels mais cette
nouvelle conception de l'art va au-delà de la conception des
« beaux-arts ». Cette manière de faire dans le monde
de l'art constitue un aspect important dans le changement de visage de l'art
contemporain.
Au-delà de cette ouverture, « C'est
aussi l'incitation fiscale au mécénat des personnes ou des
entreprises, en cas de soutien à des oeuvres ou des organismes de
caractère culturel, est inscrite dans les lois budgétaires de
1982, de 1985, et de 1987. Ici et là, des résultats concrets
manifestent l'association des entreprises à la production artistique.
C'est le cas de Renault Art Industrie, qui met depuis longtemps des moyens
importants à la disposition des artistes »51(*). Cette nouvelle orientation
encourageante du ministère améliore les conditions des
professionnels de l'art contemporain.
· L'art contemporain et la formation
Enfin dernier constat de modernisation de la politique
culturelle des années Lang, c'est l'intérêt accordé
à la formation dans le domaine de l'art et la volonté de rendre
accessible l'art et les oeuvres à travers l'école. Ce dernier
point est tout un processus qui s'est construit au fil du temps, raison pour
laquelle nous allons mettre l'accent uniquement sur la formation à la
création des artistes.
Les mutations intervenues dans le domaine de l'art à
travers des pratiques nouvelles, des dispositifs innovants, des nouvelles
catégorisations, des nouveaux objets, des nouvelles méthodes de
travail, etc. amènent le ministère de la Culture à revoir
l'état des savoirs artistiques.
C'est ainsi que Jack Lang a entamé « des
reformes dans l'harmonisation des diplômes artistiques mais aussi des
subventions de l'Etat dans la préparation des diplômes nationaux.
Les objectifs ont été les suivants : décentraliser
l'enseignement artistique pour en finir avec l'hégémonie
parisienne entachée d'académisme ; multiplier les
filières pour répondre à la demande telle qu'elle
s'exprime sur le marché diversifié du travail artistique ;
actualiser les contenus intellectuels, techniques et esthétiques des
enseignements »52(*).
Gérard Monnier souligne que « dans le cadre
d'un plan quinquennal pour les écoles d'art, établi en mars 1983,
est prévue l'introduction des « technologies
nouvelles » et la création, en petit nombre, de
« Centres de recherches et de création ».
Préoccupés par le retard pris dans la formation à
différentes formes modernes de l'industrie de la culture, les
responsables de la Délégation aux arts plastiques agissent de
plusieurs façons, par l'incitation à utiliser les techniques
récentes dans les établissements existants et par la
création d'établissements nouveaux »53(*).
De Malraux à Lang, de
nombreuses critiques de la politique culturelle
De Malraux à Lang, le bilan des politiques culturelles
est perçu plutôt positivement54(*) mais peut-être plus controversé dans
certains cercles intellectuels et professionnels du monde de l'art.
La critique des intellectuels
Les débats sur les politiques culturelles se sont
toujours ressentis depuis la création du ministère d'Etat des
Affaires culturelles mais ils ont pris une autre allure à partir de la
fin des années 80. A titre d'exemple sur les critiques, dès les
premières années de la création du ministère,
« en 1968, c'est la gauche qui attaque la conception de Malraux sur
la démocratisation culturelle et les adeptes de l'ordre dénoncent
le soutien à des artistes soupçonnés de subversion. Le
plasticien Jean Dubuffet, dénonce dans Asphyxiante culture
(1968), les configurations intentionnalistes de la
culture »55(*).
On peut probablement lierces critiques aussi par le changement intervenu
à la tête du ministère de la Culture. Dix ministres se sont
succédé entre 1970 à 1981.
Vers la fin des années 80, les débats sur les
politiques culturelles s'intensifient et se multiplient avec des nombreuses
contradictions allant du « déclin de la culture »
à l'échec de la démocratisation culturelle sans pour
autant oublier la défense de l'exception culturelle qui s'en ai
suiviplus tard.
En 1987, la publication de La défaite de la
pensée d'Alain Finkielkraut relance le débat sur le
bienfondé des politiques culturelles et cela a provoqué
d'énormes controverses. L'auteur, « philosophe et essayiste,
dénonce le déclin de la culture. De fait, c'est contre le
relativisme culturel - le « tout culturel » - que se
construit la démonstration »56(*). Alain Finkielkraut accuse le ministère de la
Culture en élargissant son champ d'intervention aux industries
culturelles, aux pratiques amateurs, aux genres dits
« mineurs » d'avoir contribué à la
dissolution de la culture « légitimes » dans le
« tout culturel ». Dans le même sens Marc Fumaroli
dans son ouvrage `' l'état culturel : une religion
moderne'' publié en 1991, « accuse le ministère
d'être responsable de l'affaissement de l'échelle des valeurs en
remettant même en cause la légitimité des politiques
culturelles ». Il faut souligner que l'ouvrage de Marc Fumaroli a
suscité d'importants débats57(*) au sein du monde culturel.
L'autre aspect qui renforce les critiques des politiques
culturelles, c'est aussi la publication en 1990 des résultats d'une
enquête menée par le ministère de la Culture sur les
pratiques culturelles des Français. Ces résultats montrent en
grande partie l'échec de la démocratisation culturelle qui
était pourtant au centre des politiques culturelles de Malraux à
Lang.
La crise de l'art contemporain58(*)
Du renouvellement de la création artistique au mode
d'intervention de l'Etat dans le domaine de l'art est née dans les
années 90 ce que nous pouvons appeler la crise de l'art contemporain.
A partir de 1991, le débat est lancé au sein des
revues Esprit et Télérama, « qui affecte aussi
la politique mise en oeuvre par le ministre de la culture dans le domaine des
arts plastiques.
L'essentiel de ce débat très
franco-français se situe certes à un autre niveau qui est celui
de la mise en cause esthétique des avant-gardes. L'Etat est
accusé de parti pris esthétique. La stigmatisation
« art officiel » n'est jamais bien loin. Les
néolibéraux (MarcFumaroli et Yves Michaud) souhaitent que l'Etat
se désengage en accordant une plus grande autonomie aux
institutions »59(*). Même si cette idée a été
rejetée par certains intervenants dans le domaine de l'art contemporain.
Ceux-là se positionnent en faveur de l'augmentation des moyens
accordés par l'Etat supposant que le désengagement de l'Etat ne
garantirait pas que le marché tiendrait la suite.
La crise de l'art contemporain, c'est aussi l'introduction des
nouveaux objets dans la création artistique. C'est là
qu'intervient l'analyse d'Yves Michaud sur la représentation de l'art
dans la question de savoir si « l'art contemporain est de l'anti-art
ou du non-art ». « Ces objets, banals et quotidiens,
appelés oeuvres d'art, mettent en mal non seulement les théories
esthétiques, mais aussi l'expérience esthétique qu'ont les
spectateurs face à ces productions. Les oeuvres d'art contemporain ne se
matérialisent plus sous une forme traditionnelle »60(*). Ces polémiques ont
suivi l'art contemporain tout au long de son évolution à partir
des années 90. De ce fait certains professionnels du métier
n'hésitent pas à affirmer que ce n'est pas « l'art qui
est en crise, mais le jugement sur les productions ».
Enfin, il faut tout de même souligner que l'effet des
critiques émises par ces intellectuels et professionnels visant à
remettre en cause le sens voire la pertinence des politiques culturelles est
resté audible dans un cadre restreint (le monde des intellectuels)
puisqu'une large majorité61(*) ne « remet pas en cause ces politiques
culturelles ». De plus, les successeurs de Jack Lang, n'ont pas remis
en cause les politiques culturelles déjà définies mais ils
ont évolué dans une large mesure dans la continuité en
défendant l'exception culturelle.
Les politiques culturelles,
de l'exception à la diversité culturelle
Il ne s'agit surtout pas de revenir sur tous les débats
qui ont suivi la défense de l'« exception
culturelle » devenue plus tard la « diversité
culturelle » mais de mettre l'accent sur les politiques culturelles
conduites par les successeurs de Jack Lang notamment Jacques Toubon, Philippe
Douste-Blazy et Catherine Trautmann qui se sont inscrits dans une large mesure
en défenseurs des politiques culturelles définies par ses
devanciers au sein du ministère de la Culture.
Jacques Toubon ministre de la Culture et de la Francophonie
(1993-1995) ne remet pas en cause les politiques culturelles impulsées
par ses prédécesseurs. Il revient explicitement sur le texte
fondateur du ministère de la Culture en
1959 : « rendre accessibles les oeuvres capitales de
l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre possible de
Français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine
culturel, et de favoriser la création des oeuvres d'art et de l'esprit
qui l'enrichissent ». Ce texte s'affiche dès l'article premier
du décret du 16 avril 1993 relatif aux attributions du ministère
de la Culture et de la francophonie.
Après sa nomination comme ministre de la culture et de
la francophonie, Jacques Toubon décline sa politique en trois
orientations principales : « l'aménagement du
territoire qui est l'une des priorités affichées par le
gouvernement Balladur, la formation et la sensibilisation de tous les publics
à la culture, et l'accroissement de l'action nationale à
l'étranger »62(*).
Sur ce dernier point est née surtout l'idée que
la politique culturelle est indispensable pour garantir une identité
culturelle, notamment l'identité européenne. Cela ouvre le
débat sur l' « exception culturelle »
défendue par la France lors des accords internationaux de GATT (Uruguay
Round).
Dans le domaine de l'art contemporain, c'est aussi la
continuité dans les politiques culturelles. Il n'y apas eu des
innovations réelles. Jacques Toubon poursuit les conventions visant
à « développer les enseignements artistiques mais aussi
il entame d'importants travaux au centre Pompidou et dans les musées de
province ».
A partir de 1995, avec l'élection de Jacques Chirac,
c'est Philippe Douste-Blazy qui remplace Jacques Toubon à la tête
du ministère de la Culture. Le ministre de la Culture affirme devant le
Sénat le 27 novembre 1995, que « la politique culturelle doit
participer pleinement à la recréation du pacte
républicain, ouvrir à chacun la voie de l'épanouissement
individuel et de la solidarité ».
Cependant le ministre s'est « rapidement
confronté à la politique de rigueur imposée au
gouvernement d'Alain Juppé. Les crédits du ministère de la
Culture ont baissé de 20% entre 1993 et 1997, alors que le budget de
fonctionnement augmente constamment en raison des grands travaux
hérités de François Mitterrand. Si l'éducation
artistique et culturelle est présentée comme une
« cause nationale » dans le rapport Rigaud rendu au
ministère de la Culture, rien n'est réellement mis en
place »63(*).
Avec la dissolution de l'Assemblée nationale en juin
1997, Catherine Trautmann est nommée ministre de la culture et de la
communication dans le gouvernement de Lionel Jospin. Dans la même
orientation que ses prédécesseurs, elle réaffirme les
principes de l'intervention de l'Etat en matière culturelle
« l'engagement de l'Etat en faveur de l'art et de la culture
relève d'abord d'une conception et d'une exigence de la
démocratie ». De ce fait, l'Etat doit (1)
« favoriser l'accès de tous aux oeuvres de l'art comme aux
pratiques culturelles ; (2) nourrir le débat collectif et la vie
sociale d'une présence forte de la création artistique en
reconnaissant aux artistes la liberté la plus totale dans leur travail
de création et de diffusion et (3) garantir la plus grande
liberté de chaque citoyen dans le choix de ses pratiques
culturelles ». Elle s'est surtout placée sur le principe que
l'Etat doit « défendre la liberté de création et
le pluralisme culturel ».
TeodoroGilabert analyse le bilan des politiques culturelles
menées par Catherine Trautmann comme étant très modeste
dans le domaine des arts plastiques. « Les milieux artistiques, dont
elle était moins proche que ses prédécesseurs, ont
globalement estimé que son passage a laissé trop peu de traces.
C'est pourtant pendant sa gestion que l'on a élaboré le projet du
centre d'art du Palais de Tokyo, mais celui-ci a été
inauguré qu'en 2002, par Catherine Tasca »64(*).
Il faut tout de même souligner que cette volonté
de maintenir l'«exception culturelle» vers la
« diversité culturelle » est poursuivie par les
successeurs de Catherine Trautmann au sein du ministère de la
Culture.
De la politique culturelle
aux politiques publiques de la culture
Comme nous l'avons déjà souligné, depuis
la création du ministère d'Etat des Affaires culturelles en 1959,
les politiques culturelles ont fait l'objet de nombreuses critiques qui se sont
multipliées à la fin des années 1980. Reste à
savoir si ce sont ces critiques qui sont à l'origine de ce passage ou ce
sont les politiques culturelles elles-mêmes. Nous ne saurons
répondre à la question.
On peut toutefois constater que le poids du ministère
de la Culture dans les dépenses culturelles s'est réduit et le
ministère n'est plus ce qu'il était.Les politiques culturelles
ont perdu en quelque sorte de leur consistance notamment avec le
désengagement de l'Etat au profit des territoires.
Dans ce processus, l'art contemporain est doublement victime.
D'un côté c'est la critique des intellectuels sur l'intervention
de l'Etat dans ce domaine et de l'autre c'est la crise de la réception
ou de la reconnaissance de l'art contemporain par le public et certains acteurs
du monde de l'art ou des intellectuels qui pose un problème.
Certains intellectuels comme Philippe Urfalino
n'hésitent pas de parler de la disparition des politiques culturelles
dans les années 1990. L'auteur associe les années Lang comme
celles de « municipalisation de la culture », de la
« professionnalisation des médiateurs culturels »,
de la conception « entrepreneuriale » et
« mobilisatrice » qui promeut une image de la
création comme étant invention et innovation. Le même
auteur, souligne ainsi que « l'action de Jack Lang peut être
associée à la fin de la politique culturelle et au triomphe des
politiques publiques de la culture »65(*). C'est ainsi qu'il clôture son ouvrage `'
L'invention de la politique culturelle'' en ces termes :
« L'une des leçons de l'histoire est que tout change. La
politique culturelle n'est plus, vive le soutien public à
l'économie de la vie artistique ! ». La politique
culturelle est devenue une simple gestion des affaires courantes. Place donc
aux politiques publiques de la culture.
Pour terminer, il faut souligner que ce passage `' De la
politique culturelle aux politiques publiques de la culture'' est bien
analysé par Vincent Dubois dans son livre intitulé `' La
politique culturelle : Genèse d'une catégorie d'intervention
publique'', publié en 1999.
Chapitre IV :
Présentation de la zone de l'étude
Sans prétendre à l'exhaustivité, notre
démarche dans cette présentation consiste à montrer les
aspects les plus fondamentaux qui permettent une identification de la
région Auvergne-Rhône-Alpes. Il s'agira tout simplement de mettre
l'accent sur sa situation géographique, administrative et
démographique. Enfin, nous allons aussi présenter les
statistiques de l'art contemporain de la région ainsi que celles au
niveau national, afin d'avoir une vision globale. L'essentiel des informations
obtenues sur la situation géographique, administrative et
démographique proviennent du site de l'Institut national de la
Statistique et des Etudes économiques (
www.insee.fr) à travers les
atlas66(*) `'Auvergne
Rhône Alpes'' composés de trois tomes et s'agissant des
données statistiques de l'art contemporain, elles sont obtenues à
travers le site du Conseil national des Arts plastiques (
http://www.cnap.fr/) et par nos
enquêtes personnelles.
Section 1 : Situation
géographique
Créée le 1er janvier 2016, la
nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes fait partie des dix-huit
régions françaises après le redécoupage de 2015.
Elle est le résultat de la fusion de deux anciennes régions
(Auvergne et Rhône-Alpes). Deux régions qui se rassemblent d'un
point de vue administratif, mais qui sont différentes d'un point de vue
géographique. D'un côté, le massif central, et de l'autre,
les alpes avec des climats, des ressources naturelles et des reliefs
différents. Pour aller plus loinsur cette partie, il serait
préférable que nos lecteurs lisent les Atlas Tome 1
« Géographie physique, humaine et urbaine » de la
région, parus en 2015.
La région Auvergne-Rhône-Alpes couvre une
superficie de 69 711 km2 ; ce qui fait qu'elle occupe la
quatrième place sur les dix-huit régions en termes de superficie.
Elle partage ses frontières avec cinq régions administratives de
la France métropolitaine et deux pays de l'Europe (Suisse et Italie). Au
nord-est par la Suisse, à l'est par l'Italie, au sud-est par la
Provence-Alpes-Côte d'Azur, au sud-ouest par la région Occitanie,
à l'ouest par la Nouvelle-Aquitaine, au nord-ouest par le Centre-Val de
Loire et au nord par la Bourgogne-Franche-Comté.
Figure 1 :Carte de la situation
géographique de la région Auvergne-Rhône-Alpes
Section 2 :
Présentation administrative
Comme nous l'avons souligné au point
précédent, la région Auvergne-Rhône-Alpes fait
partie des dix-huit régions de la France issues de la
réorganisation administrative du territoire de 2015. Elle regroupe en
son sein douze départements dont le chef-lieu (la métropole de
Lyon) qui a un statut particulier. Ces départements sont répartis
en 4189 communes,elles-mêmes regroupées autour de 39
arrondissements.
Figure 2 :Carte administrative de la
région Auvergne-Rhône-Alpes
Section 3 :
Présentation démographique
`'Auvergnat-Rhônalpin'' pour les uns et `'Aurhalpin''
tout court pour les autres,la région Auvergne-Rhône-Alpes à
une population estimée au 1er janvier 2015 à
7 874 586, selon l'Institut National de la Statistique et des Etudes
Economiques (INSEE), soit une augmentation de 179 286 d'habitants par
rapport au recensement de 2012. Elle est la deuxième région la
plus peuplée de la France après Île-de-France. Plusieurs
observateurs comparent sa population à des grandes régions
européennes comme la Catalogne, mais aussi à certains pays comme
l'Irlande.
Sa population est majoritairement concentrée dans les
métropoles comme celle de Lyon, de Grenoble et de Saint-Etienne. C'est
dans les départements de ces villes qu'on retrouve les pourcentages les
plus élevés, soit 23% à Rhône, 16% à
Isère et 10% à Loire. Les départements les moins
peuplés sont, entre autres, le Cantal (2%), la Haute Loire (3%) et
Ardèche et Allier qui ont chacun 4% de la population globale.
La région Auvergne-Rhône-Alpes est
considérée, en termes de moyenne nationale et même
européenne, comme celle qui présente la population la plus jeune,
soit « un habitant sur quatre a dix-huit ans ou moins ».
S'agissant de sa densité, elle est de 109 habitants par
Km2.
Figure 3 :Répartition de la
population entre les différents départements
Source : Insee, estimation de la
population au 1er janvier 2015.
Section 4 : Statistique
des structures et évènements d'art contemporain en
Auvergne-Rhône-Alpes
Etablir le nombre exact des structures et
évènements d'art contemporainne semble tout de même pas
facile. Mais, avoir une vision globale de la situation statistique est une
nécessité. Sans prétendre à une quelconque
exhaustivité, nous allons essayer cet exercice si fastidieux et
mesquin.
La région Auvergne-Rhône-Alpes, du fait de sa
grandeur, dispose de plusieurs structures étatiques, commerciales et
associatives d'art contemporain, mais aussi d'évènements ;
même si ces structures sont inégalement réparties comme
d'ailleurs sa population dans les différents départements. C'est
le cas de l'agglomération lyonnaise, stéphanoise et de Grenoble
qui disposent du nombre le plus important.
Ces structures relèvent de catégories
différentes ; mais celles qui sont les plus nombreuses sont celles
associatives et commerciales.
Les lieux d'expositions tenus par des associations etfondation
sont les plus nombreux, soit 28% de la représentation des structures
d'arts. Ce chiffre est suivi par le nombre important des résidences qui
représentent 11%. Ces résidences accueillent plusieurs artistes
qui mènent une activité de recherche et de création. La
particularité de ces résidences, c'est la mise en place d'un lieu
de travail, de vie avec des moyens financiers, humains et techniques sans
obligation de résultats de la part des artistes. Toujours dans la
sphère commerciale, les galeries représentent 10% de la
totalité des structures. Les structures les moins figurées sont
les salons, les foires et les marchés, les centres de diffusion
audiovisuelle et les lieux d' « éducation
artistique » qui représentent moins de 3%.
Il faut souligner que toutes ces structures ne sont pas
exclusivement réservées à l'art contemporain. Il y a une
diversité d'activités qui sont développées en leur
sein.
Le tableau ci-dessous va compléter cette
présentation pour avoir une vision chiffrée et affichée de
l'art contemporain dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Cette
présentation artistique est sujette à changement au fil du temps,
puisque d'autres structures se créent régulièrement ;
d'autres ne sont pas identifiées, et d'autres encore disparaissent tout
naturellement.
En dehors de ce tableau surles structures ou
évènements d'art contemporain dans la région, nous avons
réalisé un autre tableau pour avoir une lecture comparative au
niveau national. C'était souhaitable de faire cette comparaison par
région, mais cela parait être le sujet d'une autre recherche.
Donc, nous nous limiterons à celle nationale.
Ce tableau indique qu'il existe 1868 lieux d'art contemporain
en France dont 140 dans la région Auvergne-Rhône-Alpes,soit 7.50%.
Partant de la répartition du nombre général des lieux
d'art contemporain en France sur les dix-huit régions que comprend le
territoire, l'on se rend bien compte que la région
Auvergne-Rhône-Alpes est bien représentée. Soit 1.90% de
plus en comparaison avec les autres régions.
Figure 4 : Statistiques des structures
et évènements d'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes
Figure 5 :Statistiques comparatives des
structures et évènements d'art contemporain au niveau national
avec la région Auvergne-Rhône-Alpes
Source : CNAP, 2019. Auteur : S. DIALLO
Chapitre V :
Présentation des résultats
Cette partie du mémoire présente les
résultats obtenus à travers notre premier outil de collecte des
données sur le terrain. Ces données sont obtenues à partir
d'une grille d'analyse construite pour répertorier les actions des
politiques culturelles en faveur de l'art contemporain en
Auvergne-Rhône-Alpes. Ces actions sont de nature très diverse.
Elles se traduisent par une implication directe de ces politiques ou indirecte
à partir notamment de subventions, de soutiens et
exonérations.Ces résultats ont été obtenus
grâce à nos enquêtes personnelles sur le site du Centre
National des Arts Plastiques (CNAP). Il faut souligner aussi que cette partie
de l'étude ne se limite pas seulement à la présentation
des résultats, il s'agira en même temps de donner un sens aux
différents aspects qui seront cités.
Section 1 : Le Fonds
régional d'art contemporain (FRAC)
La région Auvergne-Rhône-Alpes dispose de deux
fonds régionaux d'arts contemporains :
- Le premier, le Fonds régional d'art contemporain
d'Auvergne a été créé en 1985 sous l'initiative du
ministère de la Culture et
- Le second l'Institut d'art contemporain Villeurbanne,
créé en 1997, accueille le Frac de l'ancienne région
Rhône-Alpes.
Les deux Frac sont orientés globalement dans les arts
plastiques à travers des activités variées, allant de
l'exposition à la constitution d'une collection d'arts en passant par de
multiples projets éducatifs et pédagogiques liés à
la création contemporaine.
Dans un cadre général, il faut rappeler que les
fonds régionaux d'art contemporain ont été
créés par le ministère de la Culture en 1982 dans un
processus de décentralisation entamé par le ministre, Jack Lang.
Pour la Défense, la constitution et la diffusion de l'art contemporain
dans les différentes régions du pays, le ministère de la
Culture a mis en place ses structures qui vont fonctionner comme
intermédiaires entre les conseils régionaux et l'Etat. Cette
relation, sous forme de partenariat, est généralement vue comme
une porte d'appui àla création contemporaine.
Section 2 : Les lieux
d'expositions institutionnelles (musées) ou musées d'art
contemporain
Au regard des résultats obtenus, la région
Auvergne-Rhône-Alpes dispose de quatre musées d'art contemporain
dont deux se trouvant dans le département de la Loire à
Saint-Etienne. Il est important de souligner que l'art contemporain
n'était pas la vocation première de Ces musées notamment
celui de Grenoble et le musée d'art et d'industrie de Saint-Etienne. Ces
musées ont intégré l'art contemporain au fil de leur
évolution. D'ailleurs, le musée de Grenoble est le tout premier
musée en France à intégrer l'art contemporain en
région. Ces différents musées se spécialisent
généralement dans les arts plastiques, mais aussi en design qui
est développé dans les deux musées de Saint-Etienne. Sur
la base des lieux répertoriés par le Centre national des arts
plastiques67(*), la
région Auvergne-Rhône-Alpes est la seule qui dispose de quatre
musées d'art contemporain.
Figure 6 : Lieux d'expositions
institutionnelles (musées) ou musées d'art contemporain
Le musée est l'une des structures de l'Etat les plus
anciennes dans le domaine de l'art. Avec l'art contemporain, les musées
développent des programmes d'expositions temporaires, de constitution et
de valorisation des collections d'oeuvres mais aussi, ils s'ouvrent à
l'école de la création contemporaine et de sa
réalité. C'est le cas, le plus précis, du Musée
d'art et d'industrie de Saint-Etienne qui offre une grande ouverture à
la création contemporaine à travers les Technologies de
l'information et de la communication.
Section 3 : Les lieux
d'enseignement supérieur et professionnel
La région Auvergne-Rhône-Alpes dispose de cinq
écoles d'enseignement supérieur dont l'une d'entre elles se
trouve dans deux sites différents. Il en est ainsi de l'Ecole
supérieure d'art de Grenoble située dans la même ville et
l'Ecole supérieure d'art et design Grenoble-Valence située
à Valence. La région dispose aussi d'une école de
formation professionnelle créée depuis 1986, appelée le
`'Magasin des horizons, centre national d'art contemporain''.
Les écoles supérieures d'arts sont
réparties dans des départements différents, contrairement
à certaines structures d'arts contemporains concentrés dans un
même département. Elles se spécialisent dans les arts
plastiques, les métiers d'arts, les technologies de l'information et de
la communication, en design et design graphique.
Ces écoles d'arts contemporains sont sous le
contrôle pédagogique de l'Etat,en l'occurrence le ministère
de la Culture. Elles s'ouvrent globalement sur la création artistique
contemporaine avec ses réalités. Dans la région
Auvergne-Rhône-Alpes, les écoles d'enseignement supérieur
sont également multidimensionnelles. Elles concilient enseignement,
recherche et expérimentation. Elles organisent aussi des expositions,
des colloques et des plateformes d'échange et de réflexion.
Figure 7 :Lieux d'enseignements
supérieur et professionnel
Section 4 : Les centres
de recherche
Nos enquêtes personnelles ont
révélé que la région Auvergne-Rhône-Alpes
dispose de deux centres de recherche en art contemporain, bien que le Centre
national d'art plastique (CNAP) en cite trois. Le troisième centre de
recherche, cité par le Cnap en l'occurrence le `'Musées et
nouvelles technologies de l'information et de la communication'' nous renvoie
cependant, à la Maison des sciences de l'homme de Lyon-Saint-Etienne. En
outre, ce centre de recherche en art ne figure pas parmi les unités de
recherche68(*)
rattachées à cet institut que nous avons consulté et qui
sont au nombre de 52.Pour conforter notre raisonnement sur l'existence de ce
centre de recherche, nous avons joint le secrétariat de la Maison des
sciences de l'homme qui nous a confirmé n'avoir pas d'informations sur
ce centre de recherche en art. Sur la base de ces informations,nous estimons
qu'il y aseulement deux centres de recherche en art contemporain en
Auvergne-Rhône-Alpes, et tous les deux se trouvent tous dans la
même ville, Grenoble. Il faut préciser que ces deux centres de
recherche ont une orientation pluridisciplinaire. Plusieurs domaines de
recherche dans le domaine culturel notamment l'art contemporain y sont
abordés.
Nous avons évoqué plus haut la volonté de
l'Etat, à travers le ministère de la Culture, de
décentraliser les politiques culturelles dans les années 80. Ces
centres de recherche sont nés dans ce cadre, afin d'accompagner le
processus de décentralisation. Ils développent des
activités de formation, d'information, d'études, de conseils et
d'orientation en matière de création, de restauration et de
conservation des oeuvres d'art contemporain. Les centres de recherche sont
généralement sous la double tutelle du ministère de
l'Enseignement supérieur et de la Recherche et du ministère de la
Culture et de la Communication.
Section 5 : Les
artothèques
En nous référant aux résultats obtenus,
nous relevons que la région Auvergne-Rhône-Alpes possède
neuf artothèques qui sont réparties dans les différents
départements, à raison de quatre dans la métropole de
Lyon, deux dans le département le Puy-de-Dôme et les autres dans
les départements Isère, de Savoie et de Haute-Savoie. La plupart
de ces artothèques sont accueillies par des structures relevant
directement de l'art contemporain ou de la culture, en général.
Dans ce processus de promotion et de diffusion de l'art contemporain, les
artothèques de la région Auvergne-Rhône-Alpes sont
orientées généralement en arts plastiques et en
photographie. Elles ont été créées en
majorité dans les années 80.
Figure 8 : Les artothèques
Les artothèques sont nées de la volonté
du ministère de la Culture de diffuser l'art contemporain dans les
régions. Elles se sont multipliées surtout dans les années
80-90. Cesont des structures qui s'inspirent des bibliothèques et qui
proposent de diffuser l'art contemporain à travers le prêt
d'oeuvres d'arts. Leurs rôles se sont assez diversifiés ces
derniers temps.
Dans ce processus de diffusion de l'art contemporain, les
artothèques de la région Auvergne-Rhône-Alpes
développent des activités pluridisciplinaires. En dehors des
prêts d'oeuvres, elles mènent notamment des activités
d'accompagnement des publics à travers des ateliers, des actions de
médiation, des conférences, des expositions temporaires, de
soutien à la création et des missions de sensibilisation à
l'art contemporain.
Section 6 : Les centres
d'art contemporain
Les résultats issus de notre grille de collecte de
données montrent que la région Auvergne-Rhône-Alpes dispose
de huit centres d'art contemporain dont trois dans les départements
d'Isère, à savoir : deux à Grenoble et un à
Vienne. Les autres centres sont répartis dans des villes
différentes comme Thiers (Puy-de-Dôme), Villeurbanne
(Métropole de Lyon), Annemasse (Haute-Savoie), Montélimar (Drome)
et Lacoux (Ain). Ces centres d'arts sont créés dans leur
majorité dans les cinquante dernières années du XIXe
siècle. Parmi les huit centres, il y a cinq qui sont
conventionnés avec l'Etat. Ils évoluent particulièrement
dans les arts plastiques, mais également dans une diversité des
pratiques de l'art d'aujourd'hui.
L'histoire des centres d'arts est associée à la
politique de décentralisation entamée par le ministère de
la Culture à l'ère de Jack Lang. Ils ont un statut
généralement associatif porté par les différents
acteurs. L'objectif de ces centres est de rendre accessibles les nouvelles
formes de l'art actuel, tout en soutenant dans un premier temps la
création et la production des oeuvres d'art contemporain et, dans un
second temps en favorisant l'exposition et la diffusion de ces oeuvres. La
particularité de ces centres, c'est qu'ils accordent un
intérêt particulier à la création artistique. Ils
sont à la fois des lieux de création, mais aussi de recherche.
Les centres d'art contemporain dans la région
Auvergne-Rhône-Alpes, tout comme d'ailleurs tous les autres centres en
France, diversifient leurs activités, tout en s'ouvrant à
l'international. Ils organisent des activités de création
d'oeuvres, d'organisation d'expositions, de recherche, d'expérimentation
etd'éducation artistique et culturelle ; ils font aussi de la
médiation pour tous les publics.
Figure 9 :Centres d'art contemporain
Section 7 : Les
galeries
En s'appuyant sur les résultats obtenus à partir
de notre grille de collecte de données, l'on se rend compte que les
galeries d'art contemporain font parties des structures d'art les plus
nombreuses. Cette situation peut probablement s'expliquer par le fait que ces
structures relèvent du secteur privé. La région
Auvergne-Rhône-Alpes dispose de dix-sept galeries. Toutefois, ces
galeries sont très inégalement réparties entre les
départements. Sur les dix-sept galeries, onze d'entre elles se trouvent
dans la Métropole de Lyon, quatre dans les départements
d'Isère à Grenoble et de Puy-de-Dôme à
Clermont-Ferrand et les deux autres se trouvent respectivement dans les
départements de la Loire (Saint-Etienne) et de Savoie
(Bourg-Saint-Maurice). La création de ces galeries est marquée
par deux périodes. Certaines sont nées dans les années
1980 et, d'autres, après l'année 2000. Ce sont des galeries qui
sont orientées généralement dans les arts plastiques et la
photographie.
Les galeries d'art contemporain sont des lieux relevant du
secteur privé. Elles émergent dans les années 70-80 avec
la vocation de promouvoir les artistes à travers leurs oeuvres et de
commercialiser ces oeuvres. Ces galeries jouent un rôle très
important dans la carrière des artistes. En dehors de cette vocation
(promotion et vente), les galeries exercent diverses activités,
notamment des expositions, des rencontres de médiation avec le public et
de mise en relation entre les artistes. La particularité de ces
galeries, c'est qu'elles visent la promotion des oeuvres d'artistes à
l'étranger à travers les foires internationales,encore que cette
promotion repose exclusivement sur les artistes encore en vie.
Figure 10 : Les galeries
Section 8 :
Manifestation, biennale et festival
Les résultats obtenus montrent que cinq
évènements de promotion d'arts contemporains sont
organisés dans la région Auvergne-Rhône-Alpes dont deux
dans le département de Puy-de-Dôme (Clermont-Ferrand et Sancy) et
les autres sont répartis dans les différents départements.
Ces évènements sont organisés, soit annuellement, soit
tous les deux ans. C'est le cas de la Biennale internationale Design de
Saint-Etienne, la Biennale d'art contemporain de Lyon et le festival des
Echirolles Centre du Graphisme qui ont lieu tous les deux ans. Parmi ces six
évènements, cinq ont été créés avant
les années 2000, parmi lesquels le Festival de la bande dessinée
de Chambéry créé en 1977. Ce dernier fait partie des plus
anciens festivals de la Bande dessinée en France. L'orientation de ces
événements est assez variée, allant des arts plastiques
aux arts numériques en passant par le design, le design graphique, les
films et les vidéos.
Figure 11 :Manifestation, biennale et
festival
Manifestation, biennale et festival sont tous des
évènements de promotion culturelle et artistique. Ce sont des
lieux de rencontres, d'échanges, de visites et d'expositions. Ils
s'ouvrent aussi à l'international et s'inscrivent dans la volonté
de diffuser l'art contemporain et de participer à la production
artistique dans plusieurs aspects de la création vivante. Ces
évènements ont une dimension économique, sociale et
culturelle au sein de leur territoire d'accueil. Ils vont même
au-delà de l'art contemporain pour aborder plusieurs aspects de la vie,
notamment le monde du travail.
Section 9 : Les salons,
foires et marchés
Paradoxalement, les évènements liés aux
salons, foires et marchés sont quasi absents dans la région
Auvergne-Rhône-Alpes, si on peut le dire ainsi. Un seul
évènement consacré exclusivement à l'art
contemporain dans toute la région, c'est la foire Docks Art Faire (Foire
d'Art contemporain de Lyon). Cette foire a été
créée en 2007, et elle se déroule tous les deux ans. Elle
aperçue comme une manière de soutenir la création.
Probablement l'absence d'un nombre important des salons,
foires et marchés dans la région est due au fait que ces
évènements ne jouent plus leur rôle comme avant le
XIXème siècledans la construction de la
carrière des artistes. L'existence de plusieurs structures dans l'art
contemporain pourrait aussi être un des facteurs.
Chapitre VI : Analyse
et interprétation des résultats
A partir d'une grille d'analyse et d'un guide d'entretien,
nous avons obtenu des résultats sur notre sujet d'étude. Dans ce
dernier chapitre, il s'agira de faire une analyse de ces principaux
résultats sans perdre de vue notre propre analyse inspirée de nos
différentes lectures et enquêtes. A partir de ces
résultats, nous tenterons de donner une signification de
différents faitsles plus remarquables. L'accent sera mis sur trois
points fondamentaux : La reconnaissance de l'art contemporain par les
politiques culturelles, les débuts de l'art contemporain en
Auvergne-Rhône-Alpes et les dispositifs en faveur de l'art
contemporain.
Section 1 : L'art
contemporain, entre rejet et reconnaissance, les politiques culturelles
tranchent !
Comme nous l'avons souligné dans les premières
parties de cette rédaction, l'utilisation de l'expression
« art contemporain » était quasi absente à la
création du ministère de la Culture en 1959. Cela est
confirmé par les différents entretiens que nous avons
réalisés. La plupart des enquêtés désignent
les oeuvres qualifiées d'art contemporain par les termes comme
« truc », « chose »
ou « machin ».
« Je ne comprenais pas bien tous ces
trucs qui venaient d'Amérique et tout, ça ne
m'intéressait pas trop, et là c'était mon art :
l'expressionnisme ».
« Moi je trouve que c'est un artiste, dans son
truc, c'est pour ça que c'est génial, il nous
montre vraiment la société ce qu'elle est quoi. Il nous montre
ces choses, ça brille, on se reflète
dedans ».
« Il ya plein de gens qui ont travaillé
sur ces choses, inventer des espèces de
trucs, des machins...y'avait pleins
d'artistes qui bossaient sur ces trucs. Et puis bon ben...
voilà, alors c'est vrai que je fais partie de ça. Alors ça
c'est sûr. Et puis après je suis revenu à la peinture.
Maintenant je suis quasiment dans mes trucs de
peintre ».
Déjà l'art contemporain, dès ses
débuts, pose un problème de dénomination et de
reconnaissance avec des évènements qui suscitaient assez de
réactions controversées. Ces évènements faisaient
souvent des « scandales » incroyables. L'art contemporain
était tout simplement scandaleux. A Lyon, il s'agit surtout avec
l'Espace Lyonnais d'Art Contemporain qui entreprend des initiatives sur cette
nouvelle façon de faire art.
Face à ces polémiques, les politiques
culturelles s'inscrivent dans une trajectoire d'ouverture. Avec la naissance du
ministère de la culture, c'est le début d'une véritable
démocratisation de la culture, notamment la création
artistique.
« Rendre accessible les oeuvres capitales de
l'humanité, et d'abord de la France, au plus grand nombre possible des
Français, d'assurer la plus vaste audience à notre patrimoine
culturel, et de favoriser la création des oeuvres d'art et de l'esprit
qui l'enrichissent ».
Décret n° 59-889 du 24 juillet 1959 portant
organisation du ministère en charge des Affaires culturelles.
Cette reconnaissance d'un art rejeté, critiqué
et incompris a été principalement une préoccupation des
régimes qui se sont succédé après la naissance du
ministère de la Culture. C'était le cas sousla présidence
de Georges Pompidou. Celui-ci,présenté comme quelqu'un qui
était passionné par la pratique culturelle, exprimait sa
volonté d'ouverture dans ce domaine, plus particulièrement dans
le domaine de l'art. Il s'agit d'une orientation courageuse qui va dans un sens
opposé de l'opinion publique de cette
époque.« Défendre l'art contemporain dans les
années 60, c'était accepter de se faire beaucoup
d'ennemis... » TeodoroGilabert.
« L'Etat laisse agir le génie de son
temps et de son peuple ».
Déclaration de Georges Pompidou, Président de la
République, recueillie par le journal « Le monde »,
le 17 octobre 1972.
Après George Pompidou, c'est Jack Lang qui a poursuivi
ce processus de reconnaissance à travers des actions et des
déclarations ambitieuses. La diversité culturelle à
travers ses différentes pratiques va être une préoccupation
de son ministère.
« Le ministère chargé de la
Culture a pour mission : de permettre à tous les Français de
cultiver leur capacité d'inventer et de créer,
d'exprimerlibrement leur talent et de recevoir la formation artistique de leur
choix ; de préserver le patrimoine culturel national,
régional, ou des divers groupes sociaux pour le profit commun de la
collectivité tout entière ; de favoriser la création
des oeuvres de l'art et de l'esprit et de leur donner la plus vaste
audience ; de contribuer au rayonnement de la culture et de l'art
français dans le libre dialogue des cultures du
monde ».
Décret relatif à l'organisation du
ministère de la Culture, publié par Poirrier Philippe, histoire
des politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon :
Université de Bourgogne, 1998), p.83.
L'autre aspect important de la politique culturelle de Jack
Lang, c'est aussi cette nouvelle relation établie entre la culture et
l'économie en général et en particulier l'art et
l'économie.Dès son arrivée à la tête du
ministère, Lang lance le slogan :
« Economie et culture, même
combat ».
Dans ce mot d'ordre, il défend l'idée selon
laquelle :
« Fini le temps où les artistes, les
créateurs, les inventeurs, doivent s'écarter avec méfiance
de la vie économique, craignant d'apparaître comme des
créateurs aux mains sales. Fini aussi le temps où
l'économie doit ignorer ce levain que constituent le savoir et la
création ».
Cette volonté du ministre a vraisemblablement
réalisé une rupture dans l'histoire des politiques culturelles.
Le ministère s'est intéressé de plus près aux
industries culturelles mais aussi à l'art dans son ensemble sans rentrer
dans des querelles de ce qui est art et de ce qui ne l'est pas. Cette
manière de faire dans le monde de l'art constitue un aspect important
dans le changement de visage de l'art contemporain.
Une autre déclaration à considérer, c'est
celle de Philippe Douste-Blazy, ministre de la Culture à partir de 1995,
qui affirme devant le Sénat le 27 novembre 1995 :
« La politique culturelle doit participer
pleinement à la recréation du pacte républicain, ouvrir
à chacun la voie de l'épanouissement individuel et de la
solidarité ».
Dans la même orientation que ces
prédécesseurs, Catherine Trautmann nommée ministre de la
Culture et de la Communication, réaffirme les principes de
l'intervention de l'Etat en matière culturelle :
« L'engagement de l'Etat en faveur de l'art et
de la culture relève d'abord d'une conception et d'une exigence de la
démocratie ».
De ce fait, l'Etat doit :
· « Favoriser l'accès de tous aux
oeuvres de l'art comme aux pratiques culturelles,
· nourrir le débat collectif et la vie sociale
d'une présence forte de la création artistique en reconnaissant
aux artistes la liberté la plus totale dans leur travail de
création et de diffusion et
· garantir la plus grande liberté de chaque
citoyen dans le choix de ces pratiques culturelles ».
La ministre s'est surtout placée sur le principe que
l'Etat doit :
« Défendre la liberté de
création et le pluralisme culturel ».
A travers toutes ces actions et déclarations, nous
pouvons affirmer sans risque de nous tromper que les politiques culturelles ont
joué un rôle important dans l'émergence de l'art
contemporain en France, notamment dans la région
Auvergne-Rhône-Alpes. Ce qui conforte notre position, c'est le
témoignage des artistes interrogés sur le sujet qui
affirment :
« C'est véritablement le maître de
cet art, reconnaitre l'art contemporain et surtout lui placer sous la
protection de l'Etat et ça peut être pour la première fois
dans les politiques culturelles en France. Avec des mesures très fortes,
déjà de doter le ministère de la culture, d'un budget
conséquent qui va s'appeler, eih... ça c'est extrêmement
intéressant ».
« Avec l'ELAC, l'Espace Lyonnais d'Art
Contemporain qui était dédié à l'art contemporain,
c'était une initiative privée, ça n'a pas marché,
parce qu'il n'y avait pas de moyens ».
Section 2 : Un mot sur
les débuts de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes
En nous appuyant sur les points de vue des
enquêtés et de nos propres lectures, nous relevons que les
débuts de l'art contemporain dans la région se situent dans une
période donnée avec un contexte et un espace précis. Il
faut préciser cependant que les avis divergent sur certains points
liés à ses débuts et à son émergence.
Néanmoins, un consensus se dessine sur la périodisation de l'art
contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi sur le
phénomène urbain de cet art.
Plusieurs enquêtés situent les débuts de
l'art contemporain dans les années 60-70, contrairement à la
définition chronologique qui le situe à partir de 1945.
« C'est vraiment les années 60, qui sont
vraiment eih... il faut creuser là où il y'a une certaine
généralisation mais, il apparait dans les politiques culturelles
en France pas dans les années 60 mais dans cette période des
années 70 très complexe avec Pompidou, avec Giscard
d'Estaing... ».
« Je dirais, des années 60-70 mais dans
les années 80, avec la politique Lang, les choses se sont
concrétisées on va dire, mises en oeuvre.... C'était
vraiment toutes ces années 80 qui ont vraiment été un
brassage de beaucoup de choses ».
Sur le contexte d'apparition de l'art contemporain, certains
enquêtés évoquent la naissance des structures
étatiques dans le domaine culturel. C'est ainsi que l'un d'eux
disait :
« Moi je suis une grande
bénéficiaire de cette politique-là, car c'est
l'époque où il ya énormément de lieux qui se sont
créés, où on a concrétisé certaines utopies
ou idéologies. Et moi j'en ai largement bénéficié,
car il ya eu de nombreux nouveaux postes. Donc c'est un contexte, je ne dirais
pas que c'est de la nouveauté artistique, pas plus qu'avant ou
après, mais c'est un contexte de nouveauté institutionnelle,
visibilité de l'art contemporain, voire début de la
spectacularisation de l'art contemporain, du devenir évènementiel
de l'art ».
D'autresenquêtés mettent l'accent sur les
initiatives privées comme la création de l'Espace Lyonnais d'Art
Contemporain (ELAC)
« Alors ça, ça remonte aux
années 70. On s'est dit qu'il n'y avait pas d'institutions pour l'art
contemporain, donc ça a commencé vraiment avec l'Espace Lyonnais
d'Art Contemporain (ELAC). C'est la première entité avec qui on a
pu commencer à travailler, donc avec Jean-Louis Maubant au
départ, quand il a commencé avec l'ELAC. Et puis on s'est battu
sur le terrain pour ça pendant des années pour que peu à
peu les (inaudibles) et tous les responsables locaux commencent à se
réveiller en se disant que le jour où il y aurait des
institutions vraiment installées, capables de traiter la question de
l'art, à ce moment-là on aurait sans doute des
galeries ».
Il faut rajouter aussi, dans ce contexte d'émergence de
l'art contemporain, l'implication deplusieurs personnes citées par les
enquêtés. C'est notamment Pradel, le maire de Lyon qui associe des
« artistes dans la construction de l'autoroute du centre-ville et qui
a bétonné Perrache » ; Thierry Raspail du
musée d'art contemporain de Lyon qui « a fait un boulot
formidable. Quand il est arrivé, il n'y avait rien. Ensuite, il a
monté une collection ex nihilo avec des pièces très
importantes. Il a eu l'intelligence d'acheter des pièces qui,à
l'époque étaient souvent délaissées qu'elles
étaient trop encombrantes » et tant d'autres personnages
cités.
Ce qui caractérise le début de l'art
contemporain dans la région, c'est aussi son urbanité. L'art
contemporain a été un phénomène urbain. Il
estapparudans les grandes villes comme Lyon, Grenoble et Saint-Etienne.
« Pour moi ça reste quelque chose de
très urbain, d'ailleurs le regard que posent les artistes est
majoritairement plus urbain qu'agricole, campagnard je ne sais pas...
(...) ».
Contrairement à notre idée de départ qui
consistait à attribuer son émergence dans la ville de Lyon, il
apparait clairement avec les enquêtés que l'art contemporain s'est
développé en dehors de Lyon.
« Oui Saint-Etienne, Grenoble, on constate plus
avec Saint-Etienne, oui... enfin en tout cas la ville de Grenoble elle a
été vraiment pionnière pour l'art contemporain avec le
musée de Grenoble. Je ne voudrais pas dire de bêtises mais je
crois que c'est l'un des premiers musées d'art contemporain en France,
il me semble. De toute façon la ville de Grenoble a été
pionnière de façon plus générale au niveau culturel
avec ..., c'est une des premières maisons de la culture avec celle du
Havre, dans les années 60. Donc oui Grenoble c'était vraiment une
ville pionnière ».
Il est important de rappeler que plusieurs aspects ont
concouru aux débuts de l'art contemporain et à son
émergence. Plusieurs enquêtés n'hésitent pas
à évoquer « le développement d'un marché
qui se différencie de l'art moderne, l'enseignement de cet art dans les
institutions qui vont s'emparer de cet intitulé qui n'est pas art
moderne mais art contemporain » et l'organisation des
évènements entre autres, la Biennale d'art contemporain de Lyon,
la Biennale du design de Saint-Etienne, les Echirolles près de Grenoble,
...
« Je pense qu'il y a eu des volontés
politiques à la fois nationales et territoriales, il y a eu de nouvelles
générations de conservateurs, de musées ou de centre l'art
etcetera. De toute façon les choses se font quand il y a eu l'afflux de
plusieurs choses comme ça. Ça fait émerger et c'est vrai
qu'en Rhône Alpes, c'était extrêmement important, d'abord le
FRAC, puis le musée d'art contemporain à Lyon et puis le
musée de Saint-Etienne etcetera ».
Section 3 : Dispositifs
en faveur de l'art contemporain
Nous percevons par dispositifs en faveur de l'art
contemporain, l'ensemble des stratégies et des actions mises en oeuvre
par les politiques culturelles pour accompagner les artistes
« contemporains » dans l'exercice de leur métier.
Au-delà du décor des espaces publics, l'un des objectifs de ces
dispositifs est de répondre à un besoin de soutien des artistes
et de la création contemporaine.
On ne prétend pas analyser ou interpréter tous
les dispositifs en faveur de l'art contemporain ; mais l'essentiel, c'est
de mettre l'accent sur la commande publique, le 1% artistique, les aides et les
mesures fiscales et juridiques. Il faut tout de même souligner que de
nombreuses études existent sur ces différents points, mais notre
objectif sera de leur donner un sens et montrer l'influence qu'ils ont eue dans
l'émergence de l'art contemporain dans la région.
Sous-section 1 : La commande publique
Suivant un raisonnement d'ordre général, il faut
préciser que la commande publique est une ancienne tradition
française qui a connu une évolution réelle dans les
années 80. Elle fait partie des initiatives non négligeables des
politiques culturelles dans le domaine de l'art contemporain. Elle est
caractérisée par une double facette : celle de soutenir
financièrement les artistes et celle qui consiste à inscrire
l'art contemporain dans les espaces publics. Cela est témoigné
par la lettre d'information du ministère de la culture et de la
communication dans son bimensuel n°42 : 3 février 1999, qui
indique que la commande publique a pour objectif de « mettre à
la disposition des artistes les moyens de réaliser des projets dont
l'ampleur, l'originalité ou le caractère expérimental
nécessitent un soutien de la part de la collectivité
publique ; de contribuer à l'amélioration de la
qualité esthétique des espaces publics et à
l'émergence d'oeuvres importantes représentatives de l'art de
notre temps ».
« Il y a eu dans les années 80 une
opportunité pour les artistes qui étaient jeunes à
l'époque mais moins jeunes aussi qui avaient été hein...
je pense aux artistes de la figuration libre qui n'étaient pas du tout
à une autre génération vraiment. Il y a eu un moment
où ils ont été véritablement soutenus par
différentes choses par exemple la commande publique qui est une
initiative du ministère de la Culture, avec par exemple ça ne
l'est pas uniquement le 1%, ce sont des aides très particulières
qui sont orchestrées par le CNAP (Centre National des Arts Plastiques).
Et je pourrais quand même sans nostalgie, quand même je trouve que
c'est intéressant de revenir quand même à cette
époque ».
La commande publique a contribué activement dans la
construction d'une nouvelle conception de l'art contemporain. Elle a permis une
forme de reconnaissance de l'art contemporain par sa présence dans
l'espace public, notamment dans les lieux de transport publics (tamway, gares
et autoroutes), les édifices publics et les jardins. Elle a aussi permis
la diffusion de l'art contemporain à travers l'essor des métiers
d'art dans les centres de formation.
Il y a plusieurs oeuvres réalisées grâce
à la commande publique qui sont réparties sur tout le territoire
national. Par exemple, « en 1991, le ministère de la Culture
publiait le bilan de dix années de commandes publiques soit 468 oeuvres
réalisées, par 440 artistes, pour un budget total de 168 millions
de francs (MF) 69(*)». L'avantage, cette politique a
été suivie par les collectivités locales à travers
les politiques publiques.
Malgré les avantages de la commande publique, cette
politique reste toutefois critiquée à un moment donné par
certains artistes ou acteurs qui la qualifient de sélective.
C'est-à-dire, ils accusent les commanditaires d'imposer des artistes
déjà « riches » au détriment des
artistes « pauvres » et d'imposer un courant artistique ou
un secteur au détriment d'un autre. Cela se confirme par le
témoignage d'un artiste en ces termes :
« Des dispositifs d'aide, ce qui est une des
spécificités de la France, du ministère en charge de la
Culture, qui n'est pas à dédaigner mais à revendiquer
fortement. Très rapidement c'est un peu perverti par la façon de
les attribuer, et dans le secteur dans lequel il les attribue, qui est à
peu près toujours le même secteur de création alors
qu'aujourd'hui, revendiquer, ce n'est pas mon opinion c'est un fait, la
création est à 360°, c'est très large, et les
dispositifs de radiation de la création ils sont décidés
par le ministère, les fonctionnaires du ministère, et ils
attribuent cette création, ces aides, uniquement à un profil
d'artistes et de créatures qui est extrêmement
étroit. »
Sous-section 2 : Le 1% artistique
Il est important de rappeler que ce dispositif possède
une histoire qui précède la création du ministère
de la Culture en 1959 et donc « les politiques
culturelles ».
Il y a trois moments clés qui marquent l'histoire du 1%
artistique : (1) l'année 1936 qui initie le premier projet de loi,
(2) l'année 1951 qui l'institue par un arrêté et (3)
l'année 2002 qui renforce son application par un décret.
Le 1% artistique, un élément spécifique
de la commande publique, est à la fois un dispositif de soutien à
la création artistique contemporaine sous toutes ses formes et un outil
de diffusion de l'art contemporain. A travers ce dernier trait, l'idée
est de promouvoir l'art dans des endroits autres que les musées, mais
aussi une manière de sensibiliser les citoyens à cette nouvelle
forme d'art.
L'arrêté interministériel du 18 mai 1951,
repris par T.Gilabert70(*), prévoit que « 1% des sommes
consacrées par l'Etat pour chaque construction d'établissement
scolaire ou universitaire devra financer la réalisation d'une oeuvre
d'art intégrée au projet architectural ». Mais au fil
du temps, cette mesure a été élargie à plusieurs
échelons de l'administration notamment locale. Le ministre de la Culture
définit le 1% artistique comme « une procédure
spécifique de commande d'oeuvres à des artistes qui s'impose
à l'Etat, à ses établissements publics et aux
collectivités territoriales »71(*). Sur le site du ministère en charge de la
Culture, il est indiqué que « depuis 1951, ce dispositif a
donné lieu à plus de 12300 projets se déployant sur
l'ensemble du territoire et sollicitant plus de 4000 artistes ». Mais
malheureusement, nous n'avons pu obtenir la répartition de ces
réalisations par région. Cependant, nos observations personnelles
et les témoignages des artistes confirment la présence de ces
réalisations dans la région Auvergne-Rhône-Alpes.
« A Lyon ça été pour eux
(les artistes) un bol d'air. Et ils étaient mélangés
à des artistes nationaux, voire internationaux donc là ça
a été un bol d'air. Ce qui a été un gros bol d'air
pour eux aussi et pour les artistes en général, c'est le
métro. C'est le métro. Parce que là avec le 1%, commande
publique, il y avait des belles sommes. Il y avait des belles sommes, pas mal
de stations. Donc là ça a bougé. Et après, les
bâtiments publics, le 1%, ça a été quelque chose qui
a donné de l'air financier. Et c'est la visibilité aux artistes
aussi. »
Le dispositif 1% artistique en faveur de l'art contemporain a
été un véritable outil pour rendre accessible l'art aux
artistes, mais aussi pour intégrer l'art dans les milieux de vie
quotidienne.
Malgré ces acquis incontestables, ce dispositif
n'échappe pas aux critiques de certains artistes. Ces artistes
l'accusent de favoriser un groupe d'artistes au détriment d'un autre, la
complexité de la procédure devant aboutir à la
sélection, le manque de sanction de la non application de la loi y
afférente et la non disponibilité d'un budget pour l'entretien
des oeuvres créées.
« Aujourd'hui ce dispositif, il est un peu en
crise puisque la loi a été mal faite. Puisqu'il y a une loi mais
il n'y a pas de pénalité pour les gens qui n'appliquent pas les
1%. Vous imaginez s'il y avait une pénalité, il y aurait beaucoup
plus de travail sauf que la menace c'est une sorte d'un art un peu
standardisé bah c'est ça. »
« C'est très regrettable euh... l'état
où se trouve certaines oeuvres réalisées dans les espaces
publics. Ces oeuvres sont dans un état piteux. Pas de protection, pas
d'entretien et non plus de restauration. Que des oeuvres abandonnées,
enlevées et abimées. »
Sous-section 3 : Autres aides en faveur des
artistes
En dehors de la commande publique et du 1% artistique, les
politiques culturelles sont à l'origine de plusieurs aides en faveur des
artistes. Les aides sont de nature diverse et variée dans le soutien
à la création artistique contemporaine. Ce sont, entre autres,
les allocations de recherche, les allocations d'installation ou
d'aménagement d'atelier, les achats des Fonds régionaux d'Arts
contemporains (FRAC), les bourses, les aides à l'Edition, les aides
à la première exposition et tout dernièrement le programme
`' un immeuble, une oeuvre''. La plupart de ces aides se font à
travers la Direction régionale des Affaires culturelles. L'objectif est
de promouvoir la création contemporaine sous toutes ses formes à
travers la réalisation des projets artistiques. La particularité
de ces aides, c'est qu'elles sont dans leur majorité individuelle et
qu'elles suivent une procédure de sélection spécifique.
Il y a aussi plusieurs programmes d'aides aux artistes qui
relèvent directement de l'Etat. Ces programmes sont
intégrés au sein notamment du Centre national des Arts
plastiques, de la Fondation nationale des Arts graphiques et plastiques, du
Centre national du Cinéma et de l'Image animée et duFonds
d'Incitation à la Création. Pour aller plus loin sur ces
différentes aides, il faut se référer au site du Centre
national des Arts plastiques et celui du ministère de la Culture qui
disposent d'une documentation détaillée sur le sujet.
Sous-section 4 : Les mesures fiscales et juridiques en
faveur des artistes
Il ne s'agit pas de revenir sur toute la littérature
qui entoure ces concepts mais de montrer à titre informatif que les
artistes ont bénéficié des avantages fiscaux et juridiques
obtenus grâce aux politiques culturelles. Plusieurs efforts sont
consentis dans cette perspective à travers la réduction ou
l'exonération d'impôts de certaines oeuvres des entreprises et des
fondations ainsi que dans la protection des droits de l'auteur. C'est le cas
par exemple de « l'exonération des oeuvres d'art originales de
l'assiette de calcul de l'impôt sur les grandes fortunes et de
l'Impôt de Solidarité sur la Fortune, instaurés au cours du
premier et du second septennat de F. Mitterrand »72(*).
Toutes ces mesures visent un objectif commun : celui
d'inciter et de promouvoir la création artistique contemporaine. Ces
mesures fiscales et juridiques sont largement développées par
TeodoroGilabert73(*).
Conclusion
Après avoir passé deux mois de stage
l'année précédente et un mois de stage au cours de cette
année universitaire 2018 - 2019 au Laboratoire de recherche `'Centre Max
Weber'' de l'Université Jean Monnet de Saint-Etienne autour du projet de
recherche portant sur la mémoire de l'art contemporain dans la
région Auvergne-Rhône-Alpes, nous avons eu l'idée de
travailler sur ce sujet et précisément sur le rôle des
politiques culturelles dans l'émergence de l'art contemporain en
Auvergne-Rhône-Alpes.
Le choix porté sur ce sujet se justifie par trois
raisons fondamentales :la première est liée au fait
qu'à travers ces deux stages,nous nous sommes familiarisé avec
une base de données qui nous sera utile dans ce travail de recherche;la
deuxième, c'est le sentiment d'apporter des éléments
d'informationsà ce sujet, et la dernière est liée à
notre envie en tant qu'étudiant étranger de comprendre le lien
entretenu entre les politiques culturelles françaises et l'art
contemporain ; ce qui sera évidemment une source d'inspiration
après notre retour en Guinée, notre pays d'origine, pays de
tradition francophone.
La question principale qui a orienté notre recherche
était de savoir, quel rôle les politiques culturelles ont elles
joué dans l'émergence de l'art contemporain ? Etplus
spécifiquement, quelle influence les structures étatiques mais
aussi les structures associatives et commerciales soutenues ou
subventionnées par les politiques culturelles ont elles eu dans cette
émergence ?Quelle est l'influence des politiques culturelles dans
la multiplication des lieux consacrés à l'art contemporain
dans la région ? Pour répondre à ces différentes
questions, l'objectif général a été d'analyser et
d'expliquer l'influence des politiques culturelles dans l'émergence de
l'art contemporain dans la région Auvergne-Rhône-Alpes. Pour
atteindre cet objectif, nous avons décrit les dispositifs en faveur de
l'art contemporain, identifié les institutions étatiques d'art
contemporain ainsi que les structures associatives et commerciales de l'art
contemporain dans la région et déterminé les actions et
les mesures prises par les politiques culturelles.
A titre de réponse provisoire à la question de
recherche, nous sommes parti de l'idée selon laquelle les politiques
culturelles ont joué un rôle non négligeable dans
l'émergence de l'art contemporain dans la région
Auvergne-Rhône-Alpes, mais aussi qu'il existe d'autres facteurs qui
pourraient expliquer cette émergence. Ces facteurs pourraient
être économiques et sociétaux. C'est notamment l'essor
d'une société de consommation, mais aussi la
mondialisation. C'est aussi la multiplication des acteurs intervenant dans
ce domaine, particulièrement les collectivités locales à
travers les politiques publiques.
Après tout ce travail lié au choix du sujet, aux
questions de recherche, aux hypothèses et objectifs de recherche, la
première activité que nous avons effectuée fut la
recherche documentaire. Nous avons identifié et lu les écrits qui
s'intéressent aux politiques culturelles et à l'art contemporain
en France notamment en Auvergne-Rhône-Alpes. Cela nous a permis non
seulement de cerner les aspects les plus fondamentaux du sujet mais aussi de
rédiger certaines parties du mémoire.
Concernant l'enquête de terrain, nous avons conçu
deux outils de collecte : une grille d'analyse et un guide d'entretien.
La grille d'analyse nous a permis de répertorier les
réalisations directes ou indirectes des politiques culturelles en faveur
de l'art contemporain, précisément, les structures
étatiques et non étatiques, les évènements
artistiques et les lieux construits ou dédiés.
S'agissant du guide d'entretien, il nous a permis
d'écouter les professionnels de l'art contemporain, notamment les
artistes, sur l'influence de ces différentes réalisations sur
l'émergence de l'art contemporain dans la région.
L'objectif visé à travers ces deux outils,
était de faire un croisement entre les données, d'analyser et de
comprendre ce qui est fait dans ce processus d'émergence de l'art
contemporain dans cette région.
Pour comprendre tous ces aspects de la recherche, nous avons
utilisé deux approches sociologiques : une approche analytique et
une approche compréhensive.
La première nous a permis d'adopter une posture
analytique des réalisations directes et indirectes des politiques
culturelles, et la seconde, d'adopter une attitude compréhensive de
réactions des artistes sur ces réalisations.
Enfin, pour le traitement et la mise en forme des
données, nous avons utilisé quelques logiciels et outils comme
Inskscape, GIMP, Zotero, Sonal et Excel.
A l'issue de tout ce travail, les principaux résultats
auxquels nous sommes parvenu, se présentent comme suit :
Sur les 1868 structures et évènements d'art
contemporain en France, la région Auvergne-Rhône-Alpes dispose de
140 soit 7.50%. Partant de la répartition du nombre total des lieux
d'art contemporain sur les dix-huit régions qui composent le territoire
français, l'on se rend bien compte que la région
Auvergne-Rhône-Alpes est bien représentée, à raison
de 1.90% de plus en comparaison avec les autres régions.
Ces structures relèvent de statuts
différents : étatiques, commerciales et associatives. Elles
sont inégalement réparties dans les différents
départements. C'est le cas de l'agglomération lyonnaise,
stéphanoise et de grenobloise qui disposent du plus grand nombre.
Les résultats ont montré qu'au-delà de
ces structures et évènements créés ou
subventionnés par les politiques culturelles, la question de
reconnaissance de l'art contemporain par ces politiques a été un
élément-clé dans l'émergence de celui-ci dans la
région. C'est un art qui souffrait de rejet, de l'incompréhension
et de critiques qui sera reconnu par les politiques culturelles.
Pour bon nombre des enquêtés, l'émergence
de l'art contemporain se situe dans les années 80 avec les politiques
culturelles de Jack Lang et cela à travers les dispositifs comme la
commande publique, le 1% artistique, les aides et les mesures fiscales et
juridiques en faveur des artistes.
Ces résultats montrent clairement que les politiques
culturelles ont joué un rôle très important dans
l'émergence de l'art contemporain dans la région, mais qu'il
existe d'autres facteurs qui ont participé à cette
émergence. C'est le cas des initiatives privées comme la
création de l'Espace lyonnais d'Art contemporain (ELAC), mais aussi
d'autres aspects liés aux expériences.
Ces expériences associées à la vie
précaire dans une certaine tension avec un certain nombre de
désirs de réalisations, à un certain nombre de formes de
vie, disons, qui aspirait à des travaux, à des formes de travail
original ayant pour fond l'affirmation d'un certain rapport de travail.
L'idée qu'un certain nombre de groupes, de personnes, d'acteurs et des
professionnels qui essaient de réaliser une ambition, une ambition
d'autonomie, une ambition de valorisation de leur activité. Les artistes
étaient confrontés à quelque chose qui est de l'ordre de
la précarité et c'est ce désir de réalisation qui
conduit à l'émergence de l'art contemporain. Les résultats
montrent aussi le rôle joué par les technologies de l'information
et de la communication et l'élargissement des intervenants dans ce
domaine.
Il est évident qu'il y a plusieurs facteurs qui ont
concouru à l'émergence de l'art contemporain dans la
région Auvergne-Rhône-Alpes, mais force est de constater que les
politiques culturelles sont au centre de tout ce processus.
Pour terminer, nous allons présenter en quelques lignes
les difficultés rencontrées, les limites de ce travail de
recherche et sa suite.
Les difficultés étant inhérentes à
toute activité de recherche, ce qui compte véritablement, c'est
ce qui a été fait pour les surmonter. En l'espèce, nous
étionsanimépar un esprit de réticence et de crainte, du
fait que nous abordons deux thématiques (politiques culturelles et art
contemporain) auxquelles nous ne sommes pas forcement familier en sociologie,
surtout en tant qu'étudiant étranger. C'est aussi la
difficulté de trouver des répondants pour le guide d'entretien.
L'autre aspect aussi, c'est la difficulté liée à
l'inaccessibilité des chiffres, surtout sur la répartition du
budget du ministère en charge de la Culture par région et par
secteur. Mais tout cela a été plus ou moins surmonté
grâce à nos encadreurs.
Dans cette étude, nous ne prétendons pas
produire des résultats exhaustifs, d'autres étudiants ou
chercheurs pourront entreprendre des recherches sur ce sujet pour confirmer,
infirmer ou approfondir ces résultats. Il est important de
préciser à nouveau que ce travail s'inscrit dans le cadre d'un
master et qu'il est loin d'être complet.
Il serait souhaitable d'aller plus loin dans le cadre d'une
thèse par exemple, non seulement pour approfondir les connaissances sur
le rôle des politiques culturelles dans l'émergence de l'art
contemporain dans cette grande région, mais également pour
élargir le travail sur les politiques publiques notamment des
collectivités locales.
Bibliographie
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Sites internet
· www.insee.fr
· http://www.cnap.fr/
·
http://www.culture.gouv.fr/
·
http://www.observatoire-culture.net/,
·
http://collectivites.observatoire-culture.net/
ANNEXES
Annexe 1 : Grille
d'analyse
Cette grille d'analyse est constituée pour
répertorier les réalisations des politiques culturelles en faveur
de l'art contemporain en Auvergne-Rhône-Alpes. Elle prend en compte aussi
les subventions obtenues grâce aux politiques culturelles. Il s'agit
d'identifier les évènements artistiques qui ont participé
à l'émergence de l'art contemporain dans la région et qui
ont été organisés où soutenus par les politiques
culturelles. Il s'agira ensuite d'identifier les lieux construits ou
dédiés en faveur de l'art contemporain. Cette grille d'analyse va
enfin nous permettre d'avoir une lecture claire sur l'impact des politiques
culturelles dans l'émergence de l'art contemporain en
Auvergne-Rhône-Alpes.
N°
|
Sujets
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Noms
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Lieux
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Périodes
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Spécialités
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Obs.
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1
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Lieux d'expositions institutionnelles (musées)
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2
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Lieux d'enseignement
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3
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Centre d'arts contemporains
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4
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Centres de recherche
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5
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Frac/fonds régional d'art contemporain
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6
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Manifestation, biennale et festival
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7
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Les salons, foires et marchés
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8
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Les galeries
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9
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Les artothèques
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Annexe 2 : Guide
d'entretien
Ce guide d'entretien va compléter la grille d'analyse.
L'objectif est de faire parler le « vivant » afin de faire des
croisements entre les données collectées. Ce croisement va nous
permettre d'infirmer ou de confirmer voire de clarifier les effets induits par
les politiques culturelles dans l'émergence de l'art contemporain en
Auvergne-Rhône-Alpes. Ce guide va aussi nous permettre de rentrer en
contact direct avec les professionnels de l'art contemporain, comme dit un
proverbe « quand une chèvre est présente, nul ne peut
bêler à sa place ». Ce sont les acteurs de l'art
contemporain qui vont nous éclairer sur l'impact des politiques
culturelles dans leur pratique.
Mots clés de l'entretien :
lesFondsrégionauxd'artcontemporain,
lacommandepublique, le 1% artistique, les aides à la recherche
et la formation des artistes, les mesures fiscales et juridiques, les
subventions, la mondialisation, les artistes ...
Nous avons choisi de ne pas publier ici les questions
d'entretien. L'idéal, c'est d'instaurer une discussion libre avec les
enquêtés sur des mots clés sans tenir compte des
contraintes chronologiques des questions à poser.
Annexe 3 : Extraits
d'entretiens
Entretien N° 1
Enquêteur : Bonjour, je vous
remercie de m'avoir accordé cet entretien. Je suis étudiant
inscrit en master 2 Sociologie à l'Université Jean Monnet de
Saint-Etienne ; actuellement, je prépare mon mémoire de
recherche dont le thème porte sur le rôle des politiques
culturelles dans l'émergence de l'art contemporain en
Auvergne-Rhône-Alpes.Avant d'aborder la première question, je vais
vous demander de vous présenter si ça vous parait
nécessaire sinon on peut passer directement aux questions car
l'entretien reste anonyme.
Enquêté : euh j'ai 50ans,
je suis artiste plasticien, j'ai une formation de spécialisation de
l'art contemporain.
Enquêteur :
commentdéfiniriez-vous l'art contemporain ?
Enquêté :
Déjà je parle d'un point de vue, en tant que producteur d'art
mais aussi en tant que rédacteur de textes critiques, en tant qu'acteur
dans une organisation professionnelle de militant dans une
fédération et donc ce n'est évidemment pas un point de vue
de naïf.
Je pense que dans votre intitulé le rôle des
politiques culturelles dans l'émergence de l'art contemporain, qui me
semble un intitulé beaucoup trop vague. Pour reprendre, chacun des
termes, le terme art contemporain, il y a plusieurs mythologies, plusieurs
légendes autour de ce nom, il y a évidemment ce qui se passe avec
la focalisation de paris jusqu'à New-York après la seconde guerre
mondiale donc un foyer de tension et avec aussi euh...par exemple des marqueurs
très forts comme euh...Rauschenberg à la biennale de Venise.
C'est aussi le développement d'un marché qui différencie
de l'art moderne, c'est aussi aux institutions qui vont s'emparer de cet
intitulé qui n'est pas art moderne mais art contemporain.Je pense que
c'est en soi déjà un foyer de recherche très grand,
déjà on pourrait isoler ça.
Pour moi simplement l'art contemporain, c'est aussi le moment
où le musée d'art moderne mystifié par le musée
d'art moderneouvre en 29 n'est plus l'écrin adéquat pour des
oeuvres. Ces oeuvres qui dans les années 50, 60 particulièrement
vont sortir de la cimaise, formalise, modernise et vont sortir de l'atelier,
sortir du musée, avec pratique, Happening, l'Agenda Arte, art conceptuel
et ...là encore c'est beaucoup très vague.
Enquêteur : A partir de quelle
période peut-on parler de l'émergence de l'art
contemporain ?Pouvez-vous nous citer des dates précises qui ont
marqué l'art contemporain ?
Enquêté :La
périodisation, c'est l'affaire des historiens et les historiens d'art
contemporain qui débattent quel est le baptême entre
l'évènement, la mise à jour de ce terme qui existe bien
avant les années 60, donc ça c'est pour moi, je pense que le
terme art contemporain , ce que c'est vraiment les années 60, qui sont
vraiment, euh il faut creuser là où il y a une certaine
généralisation mais, il apparait dans les politiques culturelles
en France pas dans les années 60 mais dans cette période des
années 70 très complexe avec Pompidou, avec Giscard
d'Estaing.Vraiment c'est le choix du ministère de la culture, avec
l'arrivée de la gauche au pouvoir. C'est véritablement le maitre
en exergue de cet art contemporain et de la reconnaître et de surtout de
la placer sous la protection de l'Etat et ça peut être pour la
première fois dans les politiques culturelles en France. Avec des
mesures très fortes, déjà de doter le ministère de
la culture, d'un budget extrêmement conséquent qui va s'appeler...
ça c'est extrêmement intéressant, qui va avoir plusieurs
appellations : ministère de la culture et de la communication
ensuite il y a eu le bicentenaire, ça c'est aussi une chose en termes
determinologie qui peut donner des indications. Alors cette date, des
années 80, c'est aussi des décisions qui sont raccordées
à ce ministère de la culture qui vont créer d'ailleurs une
délégation, la DAP (la Délégation des Arts
Plastiques) absolument dédiée à l'art contemporain. Avec
des commandes, donc la création du CNAP (le Centre National des Arts
Plastiques), la création, alors c'est très important puisqu'on
est en France dans un pays Jacobin.Cette tentative à la fois de
centraliser avec le CNAP, la DAP à Paris et de créer aussi dans
les délégations régionales des affaires culturelles des
services des arts plastiques avec des personnes dédiées
s'est-il-dire des conseillers arts plastiques, des fonctionnaires du
ministère de la culture qui vont dans les différentes
régions, jusqu'au plus les 13 régions actuelles, il va y avoir
des conseillers arts plastiques qui vont souvent dans les déserts
culturels amener l'art contemporain un peu comme le bon grain. Et ils vont
s'appuyer sur des expériences parfois d'association, ça a
été le cas de euh... je ne sais pas un exemple à Lyon, il
y avait une association d'artistes qui s'appelait, euh, dont j'ai oublié
le nom. Et petit àpetit, il va y avoir ce phénomène
d'institutionnalisation, d'encrage sur le territoire de cette forme d'art
contemporain. La deuxième chose c'est que la création des Drac
là il y a une littérature incroyable en plus, il y a des noms un
peu plus complexes puisque les premiers Drac, c'est-à-dire doter chaque
région autour d'une convention qui unissait les régions d'une
part et l'Etat, d'une collection publique était un fond mobile d'une
oeuvre qui devait circuler sur le territoire et souvent un fonds très
important. Quelques années plus tard, il va y avoir les Drac des
premières générations qui vont avoir déjà
des réserves constituées et des premiers espaces d'expositions
jusqu'à des Drac de trirème génération qui
aujourd'hui ont des missions élargies, des missions un peu proches des
centres d'arts. Je vois aussi, je reviens au Drac, les Drac ça va
être aussi de considérer que sur les territoires, il y a des
artistes contemporains qu'il faut aider par les différentes formes
d'aide, il va y avoir des aides à la création une manière
pour aider les artistes, il va y avoir aussi des mesures fiscales et juridiques
incitatives pris pour la maison des artistes, il va y avoir aussi des
subventions qui vont être dirigé vers les lieux d'art
contemporain. Les premiers centres d'art en France notamment à en
Rhône-Alpes datent certains d'avant l'arrivée de la gauche au
pouvoir. Avec l'arrivée de la gauche au pouvoir, il va y avoir la
création de nombreux centres d'art qui vont être souvent sous
forme associative avec l'implication d'acteurs locaux, d'artistes sur le
territoire etc... donc il y a quand même énormément, euh
donc je pense si vous vous focalisez par exemple une première coupe sur
ce qui se passe dans ces années 80 avec cette naissance de la
délégation des arts plastiques. Les politiques culturelles en
France ne sont pas du tout les mêmes en Allemagne puisque l'Allemagne a
par exemple de Lander, ce n'est pas du tout les mêmes en Angleterre
puisqu'il y a une tradition de la philanthropie des arts. On est en France, on
est dans la république des arts donc il y a cette espèce de
retour d'Etat qui va spécifier.
Enquêteur : Pensez-vous que les
nouvelles pratiques des artistes contemporains sont à l'origine de
l'émergence de l'art contemporain ? Ne serait-ce pas plutôt
les politiques culturelles qui sont à l'origine de cette
émergence ? Quel est votre point de vue ?
Enquêté :Je n'ai pas de
point de vue puisque ce que vous avez énoncé, il y a
énormément de choses qui sont de différents registres, ce
qui est sûr ce qu'on peut dire aujourd'hui on est plus du tout dans une
situation de défrichage, on pourrait dire pionnière, d'amener
euh... la France notamment la région Auvergne-Rhône-Alpes s'est
dotée des structures d'art contemporain avec des biennales, avec la
biennale de Lyon, la biennale de Saint-Etienne dans le design. C'est une
histoire quand même extrêmement complexe. Qu'est-ce que dans cet
intitulé, euh... quel est le mot clé ? La question du
rôle, la question des politiques, la question des expériences, les
significations des politiques culturelles. Cette question de l'émergence
est intéressante et je vais revenir là-dessus elle apparait pas
du tout dans les années 80, ce n'est pas un terme.
Enquêteur : Il n'était pas
utilisé dans les années 80 ?
Enquêté : Non, c'est euh,
il y a la mode.La mode ici on parle de créateurs émergents. On
dit en fait souvent les personnes qui ont des formations assez complexes soit
dans les écoles d'art territoriales ou nationales soit dans les
facultés mais plutôt dans les écoles et en fait on peut
dire que c'est la sortie de lieu de formation initiale et qui crée de
créateurs qu'on dit émergents. Ce sont des modes qui ont 15 ans
d'âge. La restauration intellectuelle, elle met de garantie. Donc
voilà il faut savoir aussi que l'émergence en fait, je ne sais
pas si le problème de l'émergence est-ce que l'émergence
continue est-ce que les artistes de l'émergence de 90 ans ou je pense
que le terme émergent n'est pas opératoire en terme
intellectuelle.
Enquêteur : Pensez-vous que le
dispositif 1% artistique a favorisé l'émergence de l'art
contemporain ? Avez-vous bénéficié de ce
dispositif ?
Enquêté : Le hasard fait
que moi je suis depuis longtemps, dans les commissions de 1% c'est un sujet que
je connais bien. Ce 1% est lié à un travail de la commande, la
commande publique qui est née déjà par exemple dans la
troisième République, la demande de décoration dans les
salles de mairie.Il y a toute une tradition dont le front populaire en 37, le
ministre Jean Jay travaille beaucoup sur ce qui convient un peu les artistes
dans un moment de crise économique dans la décoration des
bâtiments publics. Il y a la vision de la guerre en 51, il y a le projet
de loi du 1% qui commence surtout avec le euh donc là il y a les
études avec les livres qui référencent ça et le
problème avec le 1% c'est que ça va devenir on pourrait dire
enfin ça fait partie des choses qui existent avant cette coupure des
années 80. Ce qui a quand même produit des artistes contemporains,
c'est-à-dire qui travaillent actuellement et qui produisent et qui sont
presque spécialisés dans le 1%.Malheureusement beaucoup de ces
artistes, on essaie de..., le ministre a essayé de recoller faire le
collectage de ces 1% qui sont parfois détruits.
Aujourd'hui ce dispositif, il est un peu en crise puisque la
loi a été mal faite. Puisqu'il y a une loi mais il n'y a pas de
pénalité pour les gens qui n'appliquent pas les 1%. Vous imaginez
s'il y avait une pénalité, il aurait beaucoup plus de travail
sauf que la menace c'est une sorte d'un art un peu standardisé bah c'est
ça.
Enquêteur : Comment analysez-vous
la place des subventions que les politiques culturelles accordent à
l'art contemporain ?
Enquêté : Alors il y a
différents types de subventions, le terme subvention est très
vague. Ça peut être les subventions pour l'équipement pour
créer un bâtiment, ça peut être le cas autour des
années 97 avec le frac de Villeurbanne qui est vraiment une commande de
subventiondédiée à une commande sur un bâtiment
dédié avec un lieu d'exposition, avec les réserves, les
bureaux et la documentation. Ça peut-être aussi des subventions de
fonctionnement, ça peut-être aussi des subventions aux projets,
déjà trois termes de subventions et puis ça peut
être la subvention même si ce n'est pas ce terme, ça peut
être une somme d'argent qui est réservée pour les
fonctionnaires.Je parlais tout à l'heure des conseillers en arts
plastiques dans toutes les Drac euh ça peut être euh voilà.
De toute évidence, ces subventions ont joué un rôle non
négligeable dans ce processus d'émergence de l'art
contemporain.
Enquêteur : Quelle analyse
faites-vous entre les différentes périodes de l'art contemporain
en relation avec les politiques culturelles ? Précisément,
quelle est la période où les politiques culturelles se sont
beaucoup plus intéressées aux artistes ?
Enquêté : Alors si je euh,
je ne sais pas si je comprends bien votre question mais je pense que c'est vrai
que justement il y a eu dans les années 80 une opportunité pour
les artistes qui étaient jeune à l'époque mais moins jeune
aussi qui avaient été hein... je pense aux artistes de la
Figuration libre ou à des artistes comme Arroyo, Gui, Aléchaine
Ski qui n'étaient pas du tout à une autre
génération vraiment. Il y a eu un moment où ils (les
artistes en général) ont été véritablement
soutenus par différentes choses par exemple la commande publique qui est
une initiative du ministère de la culture, avec par exemple ça ne
n'est pas uniquement le 1%.Ce sont des aides très particulières
qui sont orchestrées par le CNAP (Centre National des Arts plastiques).
Et je pourrais quand même sans nostalgie, quand même, je trouve que
c'est intéressant de revenir quand même à cette
époque. Aujourd'hui par exemple il y a une chose qu'il faut absolument
prendre en compte : le privé.C'est le monde des entreprises, le
monde de fonction qui vient en fait entrer dans ce jeu de politique culturel.
Sinon on parle en général, François Pinaud après
avoir était à Venise a rattaché la bourse du commerce
à Paris au coeur de la rue du Louvre et crée une grande fondation
d'arts privés, comme celle de Vitaux en Bois de Boulogne. Normalement on
est en fait, il n'y en a pas de cloison étanche aujourd'hui entre le
privé et le public.Ça c'est une des grandes
caractéristiques, si on fait cette coupe en gardant cette coupe
aujourd'hui.
Enquêteur : Des nombreuses
polémiques apparaissent pendant les années 90 sur l'intervention
de l'Etat dans le domaine de l'art contemporain, quel est votre point de vue
sur ces controverses ?
Enquêté : Alors là
j'ai un point de vue, il y a deux choses, alors en 91, il y a une crise qui est
menée dans la Revue Esprit avec certains intellectuels qui s'appellent
la crise de l'art contemporain, euh Jean-Philippe Dôme, Régis, euh
il y a plusieurs personnes en fait. Ça c'est intéressant de
revenir, pourquoi y a crisede confiance, on pourrait dire 10 ans avant dans les
années 80, il y a des intellectuels qui sont un peu, on peut dire anti
moderne, se mettent à conspirer l'art contemporain en disant que c'est
un art euh notamment, il y a une tribune de gens Bordière en
Libération qui parlent de la nullité de l'art contemporain. Donc
ça c'est un moment aussi extrêmement intéressant à
voir, il n'empêche qu'à cette époque les politiques
culturelles si je reviens à votre sujet continue ah... il y a quand
même un soutien mais il y a des formes de résistances assez
récentes et nauséabondes. Il y a aussi en dehors de ces
intellectuels d'autres groupes ou d'autres personnes qui encore aujourd'hui
continuent à rentrer dans la brèche de l'art contemporain, je
cite les gens qui sont liés au Front National.
Enquêteur : A votre avis, quels
sont les effets induits par les écoles d'arts, particulièrement,
les aides à la recherche et à la formation des artistes dans
l'émergence de l'art contemporain ?
Enquêté : Alors ça
c'est très intéressant, c'est de voir dans les écoles
d'art en France, il y avait un retard extrêmement fort par rapport
à d'autres pays, d'autres traditions ou à des foyers
d'éducation. Le Black Mondain au collège aux Etats-Unis, la
scène martin School à Londres etc. Il y a eu longtemps une sorte
d'académisme dans les écoles d'art qui sont depuis
complètement informées qui sont vraiment de foyers de
création d'art contemporain.
Entretien N° 2
Enquêteur : Bonjourjevousremercie de
m'avoir accordé cet entretien. Je suis étudiant inscrit en master
2 Sociologie à l'Université Jean Monnet de Saint-Etienne ;
actuellement, je prépare mon mémoire de recherche dont le
thème porte sur le rôle des politiques culturelles dans
l'émergence de l'art contemporain en auvergne-Rhône-Alpes. Mais
avec vous, je vais prendre le côté opposé de la chose.
C'est-à-dire, voir quels autres facteurs explicatifs de
l'émergence de l'art contemporain en dehors de seules politiques
culturelles. Avant d'aborder la première question,je vais vous demander
de vous présenter si ça vous parait nécessaire sinon on
peut passer directement aux questions car l'entretien reste anonyme.
Enquêté : euh on pourra
revenir après ...
Enquêteur : selon vous, en dehors
des effets induits par les politiques culturelles, quels sont les facteurs qui
pourraient expliquer l'émergence de l'art contemporain ?
Enquêté : euh...c'est tout
un tas des choses. Maispeut-être dans un premier temps on peut interroger
les expériences. Mon idée part d'une vieille lecture.Si je peux
le dire de cette question du travail précaire, c'est au fond depuis les
années 70 finalement les syndicalistes, les militants, les sociologues
parlent du travail précaire. Et donc c'est une première
catégorie du mot précaire. Il y a eu également, c'est
aussi sur ce point que je m'encline plus particulièrement dans ma
réflexion.La question précaire a été
provoquée à la fois comme une condition d'une situation, comme
une expérience de terme à vivre autour des années 80 et au
début des années 80.Cette dimension a été
suffisamment présent par les exploits d'artistes.Mais aux espoirs d'un
certain nombre des courants comme par exemple l'autonomie disons des
années 80 et puis à la fin des années 80 de manière
passive, la question de la précarité fondamentalement, la
pauvreté est apparue.Je crois aujourd'hui il faut
réfléchir sur trois catégories euh, mais seulement penser
à partir de catégorie de euh...c'est ce que j'ai essayé
constamment de faire pour précisément, essayer de
réfléchir sur le potentiel alternatif de ce qui était que
l'expérience précaire finalement de ces vies précaires.
Enquêteur : Hormis les points que
vous citez sur ces expériences, quels autres éléments sur
lesquels on peut mettre l'accent ?
Enquêté : euh, c'est une
suite logique mais c'est de prendre en compte justement cette idée de
tension. La catégorie d'ambivalence, c'est-à-dire
spécialement ces formes alternatives, ces formes de manière et de
vivre autrement, de travailler autrement et bien elles sont dans une situation
ambivalence. Il y a un certain nombre d'enjeu de droit, en termes de
collectivité et de répétitive collective qui sont des
points fondamentaux de sortir dans cette situation d'ambivalence sera justement
les conditions telles que les ambivalences à travailler autrement que
les formes précaires de vie à l'emploi.Alors donc la
révolution précaire telles qu'elles essayaient de plus suivre ces
expériences de travail et notamment ces travailleurs de la culture et
des arts. C'est un certain nombre d'aspiration, se manifester du
côté d'une certaine autonomie du travail, d'une certaine critique
de la subordination. Et les tensions justement des contradictions que cela a
imposé, alors premier élément au fond que la vie a
été....On voit bien ces désirs là mais aussi
d'intention au fond.C'est l'idée aussi que le travail ne soit pas
seulement un moyen de spécialité évidement ça va de
soit un projet d'artiste ; c'est un enjeu d'artiste de travailleur
d'enjeu, que le travail ne soit une finalité mais un moyen, un moyen de
vivre à l'occurrence. Pour donner un exemple simple ,une praticienne de
formation extrêmement difficile,relativement compliqué, elle
était à la fois à mi-temps par son temps,elle se
concentrait par son activité d'artiste, ou de moment un certain nombre
de ces oeuvres qui étaient remarquables et au fond ce qu'elle me disait
à force de finalement dans ce rapport distancie à la question de
la marchandise, au fond ce qu'elle avait du mal à euh...je crois qu'on
reviendra là-dessus car c'est un enjeu important des traditions
aujourd'hui il y a un certain nombre de travailleurs. L'autre
élément s'est échappé de la subordination qui au
fond on peut réinvestir des possibilités d'empire autonome.
C'est aussi la question de la pluriactivité et de la
poly-active. Pratiquement tous les régimes de la culture, enfin beaucoup
de régimes de la culture, il y a beaucoup qui sont du travail des
artistes passifs qui sont fait par une certaine pluriactivité donc,
c'est un moyen d'acquérir aussi d'expérience d'artiste mais ce
qu'on voit longuement dans ces tensions que j'évoquais et dans ces
formes de précarisation et la poli-activité, c'est-à-dire
tous les gens qui, à la fois sont artistes mais qui peuvent vendre des
chaussures. Par exemple un artiste qui était intérimaire, en
fait, elle était hôtesse d'accueil intérimaire à
certain moment ou autre forme à la fois entre la poli-activité.Un
photographe qui était à la fois un photographe un artiste, un
artiste photographe est puis en même temps un chef. Il faudra dire assez
vague une forme de redistribution familiale de quelqu'un qui 40 ans mais qu'il
essayait de vivre en terme matériel là euh en faisant des
photographies, des peintures pour une galerie en lien avec le musée sur
la toile. Donc, on a effectivement ces formes de tension et qui sont aussi
évidement des formes euh de précarisation.
Dernière point extrêmement important et qui
concerne les plasticiens, c'est un certain nombre de sociologues qui ont
réussi sur le nombre de travail et la domestication du travail,
c'est-à-dire de plus en plus c'était claire pour les
fétichistes, je pense que c'est en rapport avec le cas d'autre formes
dont le plasticien, c'est-à-dire les gens qui travaillent chez soi.
Cette notion de travailler chez soi elle apparait comme une possibilité
d'une autre économie de notre rapport à l'énergie, dont
évidement la manière dans sa temporalité, la
manière on s'autoorganise, la manière dont on peut aussi euh...
finalement penser sa relation à sa propre consommation.
Enquêteur : On voit bien une
nouvelle réorientation de l'activité artistique, est-ce un
élément déclencheur ?
Enquêté : Disons, euh, ces
nouvelles formes de vie, ces nouvelles quotidiennetés qui sortaient dans
l'activité et bien ce qu'elle est effectivement inscrite dans une
ambivalence qui pourrait être source de souffrance, effectivement des
pauvretés même et je vais les citer.
- La première forme d'ambivalence justement celle qui
concerne directement cette domestication du travail. Vous voyez
apparaître aussi ces formes d'internement lié à cette
domestication du travail par ce qu'on peut appeler une insolation
c'est-à-dire l'idée que cela soit une sorte de micro entreprise
et à travers ces formes de situation l'enfermement notamment je pense
aux euh...on pourrait trouver encore une fois des exemples chez les plasticiens
qui sont d'ailleurs dans des espaces extrêmement réduits qui
devaient de ressources en suivant dans des conditions parfois
pathogènes.
-Deuxième élément c'est tout ce que j'ai
un peu évoqué tout à l'heure, c'est ce qui relève
de la mise en disposition des formes d'insécurité
c'est-à-dire que finalement lorsqu'on est dans ces formes
d'indépendance à la fois on peut-être dépendant de
la commande et à ce moment-là, il s'agit de manifester
constamment la solidité de la commande (ce point est très
important). Donc voilà c'est un élément de ces tensions
mais aussi quelque chose qui a été évoqué c'est
l'économie de la promesse, c'est-à-dire l'idée du gratuit
faite au boulot, fais-moi un projet et puis on va voir si on vous prend et ...
et on voit comme ça, comment un certain nombre de travailleurs sont
à la fois des projets constamment ou sont constamment dans la
gratuité pour rencontrer dans un marché interne pour pouvoir
justement rentrer éventuellement dans une entreprise, dans une structure
et au fond sont prisonniers finalement de cette relation à la promesse.
Par exemple, il y avait un jeune graphiste qui avait fait pompier-apprenti dans
lequel ils ont présenté comme gratuite en expliquant les actes
à savoir que finalement on lui demandait un logo alors effectivement
euh...on lui demandait qu'est-ce que se faire un logo, s'il peut le faire
gratuitement et...on lui demandait un logo et finalement, il ne nous
intéressait pas et le logo quelques mois après finalement
utilisé par une entreprise. Donc c'est toute cette forme
d'économie qui apparaisse à l'intérieure des modes de
fonctionnement et également euh...cette dimension me semble
importante.
- Le dernier point c'est la question des intensités.
Justement au fond euh... ce que, si on sortait euh du domaine des arts et de la
culture, ce qui se passe aujourd'hui dans le capitalisme c'est sa
capacité à capter au fond des intensités de travail et si
vous pensez par exemple à des jeunes gens dans le capitalisme du
travail, dans le fond on voit que ce sont des indépendants qui nous font
travailler et vont dans les formes d'activités ou l'enjeu de la
réalisation, l'enjeu d'émotion apparait un élément
fondamental et bien euh...cette émotion, ce désir de faire et
bien peut-être parfois absorber par des organismes capitalistes, des
structures capitalistes.
Donc c'est cette tension-là qui me semble importante et
c'est une tradition qui me semble importante de pointer mais en même
temps justement je euh... je pense qu'il faut effectivement aujourd'hui prendre
en charge cette tension, ce désir d'affirmation d'une autre
manière de travailler, ce désir également
échapperà une certaine vénalité effectivement du
travail, de ces oeuvres qui vont dans la tension qu'il y a
aujourd'huimêmesi c'est relativement faible.
Enquêteur :Dans votre analyse, il
y a la question de travailler ensemble, a-t-elle eu un effet dans
l'émergence de l'art contemporain ?
Enquêté : Euh... l'un des
enjeux fondamentaux, dans un premier temps, c'est la question du groupe. C'est
la question... incitation de son expérience et cela ça pourrait
être une politisation du travail euh ou tout simplement aussi dans les
réseaux collectifs. Je crois qu'il y a quelque chose encore plus
fondamentale, être concentré et travailler ensemble. C'est
l'intensité dans sa propre condition. Au fond on voit bien comment les
collectifs de travail, pas seulement les collectifs de représentation ou
une collective de lutte au fond sont aussi de réflectivité. Je
pense qu'il faut prendre au sérieux même s'il y a une
ambiguïté que cela, il faut prendre au sérieux les pouvoirs
qui émergent dans les politiques qui émergent.
L'autre élément c'est la question des
coopératifs, des formes coopératives qui émergent. Mais en
tout cas il y en a qui ont émergé, je pense à la
coopérative. Donc cette forme d'organisation me semble
intéressante. Donc voilà la question, euh...je ne parle pas parce
que je ne peux pas en parler dans une certaine mesure, je ne parle pas de
professionnels scientifiques en tel mais il va de soi et je trouve en tout cas
ce qui a été suffisamment quelque chose de très
important.La question de la représentation est un enjeu fondamental, la
représentation au sens sur des nouvelles formes de syndicalisme.
Annexe 4 : Tableaux des
figures
Tableau figure 3 : Répartition de la
population entre les différents départements
N°
|
Département
|
Population
|
1
|
Ain
|
634173
|
2
|
Allier
|
343680
|
3
|
Ardèche
|
323543
|
4
|
Cantal
|
146299
|
5
|
Drôme
|
501154
|
6
|
Isère
|
1253614
|
7
|
Loire
|
761357
|
8
|
Haute-Loire
|
227509
|
9
|
Puy-de-Dôme
|
646537
|
10
|
Rhône
|
1816373
|
11
|
Savoie
|
429253
|
12
|
Haute-Savoie
|
791094
|
13
|
Total
|
7874586
|
Tableau figure 6 : Lieux d'expositions
institutionnelles (musées) ou musées d'art
contemporain
N°
|
Noms
|
Lieux
|
Périodes
|
Spécialités
|
Obs.
|
1
|
Musée de Grenoble
|
Grenoble/Isère
|
1920
|
Arts plastiques
|
Début de l'art moderne et contemporain
|
2
|
Musée d'art et d'industrie deSaint-Etienne
|
Saint-Etienne/Loire
|
1833
|
Design Arts plastiques
|
|
3
|
Musée d'art moderne et contemporain de Saint-Etienne
métropole
|
Saint-Etienne/Loire
|
1987
|
Arts plastiques Design
|
|
4
|
Musée d'art contemporain de Lyon
|
Lyon/Métropole de Lyon
|
1984
|
Arts plastique
|
|
Tableau figure 7 : Lieux d'enseignement
supérieur et professionnel
N°
|
Noms
|
Lieux
|
Périodes
|
Spécialités
|
Obs.
|
1
|
Ecole supérieure d'art et design de Saint-Etienne
|
Saint-Etienne/Loire
|
2006
|
Arts plastiques Design graphique
|
L'école existait depuis 1803 sous le nom `'Ecole de
dessin''
|
2
|
Ecole Nationale supérieure des Beaux-Arts de Lyon
|
Lyon/
Métropole de Lyon
|
1756
|
-
|
|
3
|
Ecole supérieure d'art de l'agglomération
d'Annecy
|
Annecy/Haute-Savoie
|
1983
|
Arts plastiques
Design
|
|
4
|
Ecole supérieure d'art Clermont Métropole
|
Clermont-Ferrand/Puy-de-Dôme
|
2010
|
Artsplastiques
|
|
5
|
Ecole supérieure d'art de Grenoble
|
Grenoble/Isère
|
1762
|
Arts plastiques
|
|
6
|
Ecole supérieure d'art et design Grenoble-Valence
|
Valence/Drôme
|
1899
|
Arts plastiques Métiers d'art Nouvelles technologies
|
|
7
|
Le Magasin des horizons, Centre national d'art contemporain
|
Grenoble/Isère
|
1986
|
Arts plastiques
|
Formation professionnelle
|
Tableau figure 8 : Les
artothèques
N°
|
Noms
|
Lieux
|
Périodes
|
Spécialités
|
Obs.
|
1
|
Artothèque de Grenoble
|
Grenoble/Isère
|
1976
|
Arts plastiques
|
|
2
|
Centre culturel le Bief-manufacture d'images
|
Ambert/Puy-de-Dôme
|
2001
|
Arts plastiques
|
|
3
|
Centre d'art contemporain le creux de l'enfer
|
Thiers/Puy-de-Dôme
|
1988
|
Arts plastiques
|
|
4
|
Artothèque- Bibliothèque municipale de Lyon
|
Lyon/Métropole de Lyon
|
1996
|
Arts plastiques
|
|
5
|
Le CAP-Centre d'arts plastiques de Saint-Fons
|
Saint-Fons/Métropole de Lyon
|
1986
|
Arts plastiques
|
|
6
|
Artothèque de Saint-Priest
|
Saint-Priest/ Métropole de Lyon
|
1983
|
Arts plastiques
|
|
7
|
Maison du livre de l'image et du son, François Mitterrand,
Artothèque
|
Villeurbanne/ Métropole de Lyon
|
1988
|
Arts plastique
Et photographie
|
|
8
|
Artothèque-bibliothèque Bonlieu
|
Annecy/Haute-Savoie
|
1985
|
Arts plastiques
|
|
9
|
Artothèque de Chambéry
|
Chambéry/ Savoie
|
1986
|
Arts plastiques
|
|
Tableau figure 9 : Centres d'art
contemporain
N°
|
Noms
|
Lieux
|
Périodes
|
Spécialités
|
Obs.
|
1
|
Magasin des horizons ou le magasin, centre national d'art
contemporain(c)
|
Grenoble/Isère
|
1986
|
Arts plastiques
|
|
2
|
La halle des bouchers(c)
|
Vienne/ Isère
|
2014
|
Arts plastiques
|
|
3
|
Le creux de l'enfer
|
Thiers/ Puy-de-Dôme
|
|
|
|
4
|
Institut d'art contemporain Villeurbanne(c)
|
Villeurbanne/Métropole de Lyon
|
1997
|
Arts plastiques
|
|
5
|
Villa du parc Centre d'art contemporain(c)
|
Annemasse/ Haute-Savoie
|
1986
|
Arts plastiques
|
|
6
|
Château des Adhémar-centre d'art contemporain
|
Montélimar/ Drome
|
2000
|
Création contemporaine et patrimoine
|
Accueille un centre d'art depuis 2000
|
7
|
Centre d'art Bastille
|
Grenoble/ Isère
|
2006
|
Généralité
|
|
8
|
Centre d'art contemporain de Lacoux
|
Lacoux/Ain
|
1971
|
Généralité
|
|
*(c) : Conventionné. C'est surtout lié aux
subventions.
Tableau figure 10 : Les
galeries
N°
|
Noms
|
Lieux
|
Périodes
|
Spécialités
|
Obs.
|
1
|
Galerie Elizabeth Couturier
|
Lyon/Métropole de Lyon
|
2005
|
Arts plastiques
|
|
2
|
Galerie Françoise Besson
|
Lyon/ Métropole de Lyon
|
2005
|
Arts plastiques
|
|
3
|
Spacejunk Art Centres
|
Grenoble/ Isère
|
2003
|
Arts plastiques
|
|
4
|
Anne-Marie et Roland pallade-art contemporain
|
Lyon/ Métropole de Lyon
|
2007
|
Arts plastiques
|
|
5
|
Galerie Atelier 28
|
Lyon/ Métropole de Lyon
|
2012
|
Arts plastiques
|
|
6
|
Galerie le Réverbère
|
Lyon/ Métropole de Lyon
|
1981
|
Arts plastiques
Photographies
|
|
7
|
Galerie Mathieu
|
Lyon/ Métropole de Lyon
|
-
|
Arts plastiques
|
|
8
|
Galerie Vraie rêves
|
Lyon/ Métropole de Lyon
|
1980
|
Arts plastiques
|
|
9
|
Néon
|
Lyon/ Métropole de Lyon
|
-
|
Arts plastiques
|
|
10
|
Snap.projets
|
Lyon/ Métropole de Lyon
|
-
|
Arts plastiques
|
|
11
|
Spacejunk Bourg-Saint-Maurice
|
Bourg-Saint-Maurice/ Savoie
|
2003
|
Arts plastiques
|
|
12
|
Galerie des Tuiliers
|
Lyon/ Métropole de Lyon
|
2000
|
Arts plastiques
|
|
13
|
Galerie Bernard Ceysson
|
Saint-Etienne/Loire
|
2006
|
Arts plastiques
|
|
14
|
Galerie Bertrand Troncmez
|
Clermont-Ferrand/ Puy-de-Dôme
|
1983
|
Arts plastiques
|
|
15
|
Galerie Claire Gastaut
|
Clermont-Ferrand/ Puy-de-Dome
|
1986
|
Arts plastiques
|
|
16
|
Galerie Marielle Bouchard
|
Grenoble/ Isère
|
-
|
Arts plastiques
|
|
17
|
Spacejunk Lyon
|
Lyon/ Métropole de Lyon
|
-
|
Arts plastiques
|
|
Tableau figure 11 : Manifestation, biennale et
festival
N°
|
Noms
|
Lieux
|
Périodes
|
Spécialités
|
Obs.
|
1
|
Echirolles Centre du Graphisme
|
Echirolles/Isère
|
1990 ?
|
Design graphique
|
|
2
|
Biennale internationale Design de Saint-Etienne
|
Saint-Etienne/ Loire
|
1998
|
Design
Arts plastiques
|
|
3
|
Vidéoformes
|
Clermont-Ferrand/ Puy-de-Dôme
|
1984
|
Arts plastiques
Film, vidéo
|
|
4
|
Horizons `'Art-Nature'' en Sancy
|
Sancy/
Puy-de- Dôme
|
2007
|
Arts plastiques
|
|
5
|
Biennale d'art contemporain de Lyon
|
Lyon/ Métropole de Lyon
|
1991
|
Arts plastiques
|
|
6
|
Festival international de la bande dessinée de
Chambéry
|
Chambéry/ Savoie
|
1977
|
Arts plastiques
|
|
* 1Ce projet est dirigé
par Pascal Vallet, sociologue à l'université Jean Monnet de
Saint-Etienne et membre du Laboratoire Centre Max Weber. Il vise à
collecter, analyser, actualiser afin de mettre à la disposition des
publics du monde de l'art la mémoire de l'art contemporain dans la
région Auvergne-Rhône-Alpes.
* 2Nathalie Heinich, Le
paradigme de l'art contemporain : structures d'une révolution
artistique, Bibliothèque des sciences humaines (Paris : Gallimard,
2014), p. 50.
* 3Clement Greenberg est le
critique d'art américain le plus influent du XXe siècle avec son
livre, Art et culture : essais critiques (Paris : Macula, 2014), traduit par
Ann Hindry.
* 4« L'art contemporain
est-il toujours révolutionnaire ? - PDF », consulté le
27 mars 2019,
https://docplayer.fr/51698240-L-art-contemporain-est-il-toujoursrevolutionnaire.html.
* 5Nathalie Heinich, Le
triple jeu de l'art contemporain : Sociologie des arts plastiques,
Paradoxe (Paris : Minuit, 1998), p. 10.
* 6François Chazel, La
sociologie analytique de Talcott Parsons (Paris : Presses de
l'université Paris-Sorbonne, 2011).
* 7Nous avons mis politiques
culturelles entre guillemet pour souligner que plusieurs auteurs comme Philippe
Urfalino n'hésitent pas d'affirmer que ce l'on peut appeler une «
politique culturelle » a été inventé en 1959, avec la
création d'un ministère en charge des Affaires culturelles.
* 8Philippe Poirrier, Histoire
des politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon :
Université de Bourgogne, 1998), p. 7.
* 9Jean-Michel Djian, Politique
culturelle : la fin d'un mythe, vol. 113, Collection Folio (Paris : Gallimard,
2005), p. 9.
* 10Philippe Poirrier, op.
cit., p. 9.
* 11Philippe Poirrier, Histoire
des politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon :
Université de Bourgogne, 1998), p. 11.
* 12« Livre et censure -
Bibliographie », 11 décembre 2007, Bibliothèque nationale de
France, s. d., 14.
* 13Emmanuel Négrier,
« le ministère de la culture et la politique culturelle en
France?: exception culturelle ou exception institutionnelle?? »
(Janvier 2017),
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01442310,
p. 1.
* 14Philippe Poirrier,
Histoire des politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon
: Université de Bourgogne, 1998), p. 24.
* 15Philippe Poirrier,
Histoire des politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon
: Université de Bourgogne, 1998), p. 24.
* 16Alexandre Mirlesse et Arthur Anglade,
« Quelle politique culturelle pour la France ? »,
(débat HEC-ENS à l'Ecole Normale Supérieure, 2006), PDF
consulté le 01/11/2018, p. 6-7.
* 17Philippe Poirrier, Histoire des politiques
culturelles de la France contemporaine (Dijon : Université de
Bourgogne, 1998), p. 28.
* 18Alexandre Mirlesse et
Arthur Anglade, « Quelle politique culturelle pour la France ?
», (débat HEC-ENS à l'Ecole Normale Supérieure,
2006), PDF consulté le 01/11/2018, p. 7.
* 19Alexandre Mirlesse et
Arthur Anglade, op. cit., p. 8.
* 20Philippe Poirrier, Histoire
des politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon :
Université de Bourgogne, 1998), p. 36.
* 21Emmanuel Négrier, « le ministère
de la culture et la politique culturelle en France?: exception culturelle ou
exception institutionnelle?? » (Janvier 2017),
https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01442310,
p. 4.
* 22Alexandre Mirlesse et Arthur Anglade, « Quelle
politique culturelle pour la France ? », (débat HEC-ENS
à l'Ecole Normale Supérieure, 2006), PDF consulté le
01/11/2018, p.9.
* 23Alexandre Mirlesse et
Arthur Anglade, « Quelle politique culturelle pour la France ?
», (débat HEC-ENS à l'Ecole Normale Supérieure,
2006), PDF consulté le 01/11/2018, p.9.
* 24Emmanuel Négrier,
« Le ministère de la culture et la politique culturelle en
France?: exception culturelle ou exception institutionnelle?? »
(Janvier 2017), https://hal.archives-ouvertes.fr/hal-01442310, p. 4.
* 25Teodoro Gilabert, La géographie de l'art
contemporain en France, 2006, p. 102, <halshs-00008949>.
* 26Vincent Dubois, La
politique culturelle. Genèse d'une catégorie d'intervention
publique, Socio-histoires (Paris : Belin, 1999), p. 20.
* 27Philippe Urfalino qui parle
de l'intervention de la politique culturelle et Jeanne Laurent (collaboratrice
d'André Malraux) parle de la « ladrerie » de la
IVe République dans le domaine culturel.
* 28Décret n°59-889
du 24 juillet 1959 portant organisation du ministère chargé des
affaires culturelles.
* 29Si on s'en tient à
la définition chronologique « l'art contemporain
désigne la période qui va de 1945 à nos jours ».
* 30Gérard Monnier, L'art et ses institutions en
France. De la Révolution à nos jours, vol. 66, Collection
Folio ([Paris] : Gallimard, 1995), p. 336.
* 31Teodoro Gilabert, la géographie de l'art
contemporain en France, 2006, p. 108, <halshs-00008949>.
* 32 « 1960-1976?:
l'ère Malraux | Centre national des arts plastiques », 26 janvier
2016,
http://www.cnap.fr/1960-1976-l%E2%80%99%C3%A8re-malraux.
* 33Teodoro Gilabert, op. cit.,
p. 108.
* 34Teodoro Gilabert, la
géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 108,
<halshs-00008949>.
* 35Gérard Monnier,
L'art et ses institutions en France. De la Révolution à nos
jours, vol. 66, Collection Folio ([Paris] : Gallimard, 1995), p. 362.
* 36Gérard Monnier, L'art et ses institutions en
France. De la Révolution à nos jours, vol. 66, Collection
Folio ([Paris] : Gallimard, 1995), p. 363.
* 37Teodoro Gilabert, La géographie de l'art
contemporain en France, 2006, p. 114 et 115, <halshs-00008949>.
* 38Cette partie est
très détaillée par Gérard Monnier, L'art et ses
institutions en France. De la Révolution à nos jours, vol. 66,
Collection Folio ([Paris] : Gallimard, 1995), p. 369 à 374.
* 39Nous avons inscrit la
période 1986 à 1988 dans les années Lang dans la mesure
où la politique culturelle menée par Françoise
Léotard s'était inscrite pour une large part dans la
continuité de la politique entreprise par Jack Lang depuis 1981.
* 40 Décret relatif
à l'organisation du ministère de la Culture, publié par
Poirrier Philippe, Histoire des politiques culturelles de la France
contemporaine (Dijon : Université de Bourgogne, 1998), p. 83.
* 41Augustin Girard, Les
politiques culturelles d'André Malraux à Jack Lang : ruptures et
continuités, histoire d'une modernisation, article disponible en
ligne à l'adresse :
https://www.cairn.info/revue-hermes-la-revue-1996-2-page-27.htm.
* 42Gérard Monnier, L'art et ses institutions en
France. De la Révolution à nos jours, vol. 66, Collection
Folio ([Paris] : Gallimard, 1995), p. 386.
* 43Teodoro Gilabert, la
géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 124,
<halshs-00008949>.
* 44Teodoro Gilabert, la
géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 124,
<halshs-00008949>.
* 45Création des 22
postes de conseillers artistiques régionaux qui permet à la suite
une organisation de la politique du ministère au niveau des arts
plastiques sur tout le territoire national.
* 46Teodoro Gilabert, la géographie de l'art
contemporain en France, 2006, p. 127, <halshs-00008949>.
* 47Teodoro Gilabert, op. cit.,
p. 127.
* 48 « Les Fonds
régionaux d'art contemporain - Ministère de la Culture »,
consulté le 29 avril 2019,
http://www.culture.gouv.fr/Thematiques/Arts-plastiques/Structures-etlabels/Les-Fonds-regionaux-d-art-contemporain.
* 49Teodoro Gilabert, la
géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 128,
<halshs-00008949>.
* 50Marie-Françoise
Levy, « Interview de Jack Lang », Matériaux pour
l'histoire de notre temps N° 101-102, no 1 (2011) : 74-76. Article
disponible en ligne :
https://www.cairn.info/revue-materiaux-pour-l-histoire-de-notretemps-2011-1-page-74.htm.
* 51Gérard Monnier, L'art et ses institutions en
France. De la Révolution à nos jours, vol. 66, Collection
Folio ([Paris] : Gallimard, 1995), p. 410.
* 52Raymonde Moulin et
Pascaline Costa, L'artiste, l'institution et le marché, Art,
histoire, société (Paris : Flammarion, 1992), p. 314.
* 53Gérard Monnier,
L'art et ses institutions en France. De la Révolution à nos
jours, vol. 66, Collection Folio ([Paris] : Gallimard, 1995), p. 405 -
406.
* 54Jack Lang est perçu
comme le meilleur ministre de la culture de la Cinquième
République. Sondage effectué par BVA en novembre 2000 pour
Beaux-arts magazine (n° 200 janvier 2001) auprès d'un
échantillon représentatif de la population française
âgée de 18 ans et plus, composé de 1017 personnes.
* 55« Jean Dubuffet, 29
juillet 1968?: asphyxiante culture », LExpress.fr, 30 juillet 2018,
https://www.lexpress.fr/culture/art/jean-dubuffet-29-juillet-1968-asphyxianteculture_1999367.html.
* 56Philippe Poirrier,
Histoire des politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon
: Université de Bourgogne, 1998), p. 108.
* 57Ces débats sont bien
analysés par Poirrier Philippe dans son ouvrage `' Histoire des
politiques culturelles de la France contemporaine (Dijon :
Université de Bourgogne, 1998), p. 108 à 112.
* 58Titre de l'ouvrage de Yves
Michaud, paru en 1997, où il explique ce qui est pour lui la crise de
l'art contemporain. L'auteur pense qu' « il n'y a pas crise de l'art,
mais crise de la représentation non pas dans l'art, mais de l'art. Et
cette crise de représentation de l'art est due au fait qu'il y a
crise avec la représentation dans l'art ». En plus de cette
crise de représentations, nous allons aborder celle qui a affecté
les politiques culturelles mises en oeuvre par le ministère de la
Culture.
* 59Chmc1, « L'État culturel en
débat (1981-1995) », Billet, Politiques de la culture (blog),
consulté le 11 avril 2019,
https://chmcc.hypotheses.org/1627.
* 60Gwénola Regruto, « La crise de l'art
contemporain », Sciences humaines combinées, no 3 (1 janvier
2009), consulté le 11 avril 2019.
http://preo.u-bourgogne.fr/shc/index.php?id=127.
* 61Selon le sondage
réalisé par la SOFRES pour le journal La Croix (7-9 octobre 1992)
qui montre que 80% des Français jugent normal que l'Etat contribue au
financement de la culture, tandis que seuls 13% estiment que la
« culture est une activité comme une autre, qui ne doit pas
être subventionnée ».
* 62Chmc1, « L'État
culturel en débat (1981-1995) », Billet, Politiques de la culture
(blog), consulté le 11 avril 2019, https://chmcc.hypotheses.org/1627.
* 63Teodoro Gilabert, La
géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 135,
<halshs-00008949>.
* 64Teodoro Gilabert, La
géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 136,
<halshs-00008949>.
* 65Philippe Urfalino,
L'invention de la politique culturelle : postface inédite, Nouv.
Éd, Pluriel Art (Paris : Hachette Littératures, 2004), p. 360.
* 66Ce sont trois documents
produits par l'Institut National de la Statistique et des Etudes
économiques en collaboration avec des structures de deux anciennes
régions (Auvergne et Rhône-Alpes) qui abordent plusieurs questions
liées à la nouvelle région Auvergne-Rhône-Alpes. Ce
sont entre autres les « compositions physiques, humaines et
économiques », les « habitants de la région, leur
environnement et leurs conditions de vie » et les « flux
démographique et économique » de la région.
* 67« Guide/annuaire de
l'art contemporain | Centre national des arts plastiques »,
consulté le 3 mai 2019,
http://www.cnap.fr/guideannuaire?page=1&departement=All&discipline=All&keyword=®ion=All&type=54&ville=All.
* 68 « Laboratoires de
recherche associés | MSH Lyon St -Etienne », consulté le 4
mai 2019,
https://www.msh-lse.fr/laboratoires/liste.
* 69Teodoro Gilabert, La
géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 155,
<halshs-00008949>.
* 70Teodoro Gilabert, La
géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 156,
<halshs-00008949>.
* 71« Le 1% artistique
- Ministère de la Culture », consulté le 19 mai 2019,
http://www.culture.gouv.fr/Aides-demarches/Dispositifs-specifiques/Le-1-artistique.
* 72Teodoro Gilabert, La
géographie de l'art contemporain en France, 2006, p. 179,
<halshs-00008949>.
* 73Teodoro Gilabert, La
géographie de l'art contemporain en France, 2006, pages, 176
à 186.<halshs-00008949>.
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