Chapitre 2 : CADRE DE REFERENCE THEORIQUE
2.1 Définition des concepts :
Il s'avère nécessaire de définir certains
concepts utilisés dans ce travail :
Impact : C'est l'« effet produit par
quelque chose », LAROUSSE(2005)
Il s'agit dans notre travail de relever l'effet de la situation
parentale sur la réussite des élèves.
Situation : D'après LAROUSSE (2005), la
situation est l '« état, la fonction de quelqu'un par rapport aux
autres ».
Economique: C'est ce qui est « relatif
à l'économie », LAROUSSE(2005). Nous allons aborder dans ce
travail la situation économique des parents d'élèves.
Parents : D'après Le Robert (2010),
c'« est le père et la mère » .Ainsi le parent
d'élève c'est le père ou la mère de
l'élève.
Dans notre travail, toute personne qui a en charge un
élève et qui paye ses études est un parent
d'élève.
Réussite : Selon LAROUSSE (2005), c'est
le « résultat favorable ».
Pour le compte de ce travail nous allons aborder la
réussite scolaire des élèves.
Elève : D'après le dictionnaire
universel (2010), l'élève est l'« enfant, adolescent qui
reçoit l'enseignement donné dans une école, un
collège ou un lycée »
2.2 Revue de littérature
D'après Bouchard (1996), on peut définir la notion
de réussite scolaire de différentes manières selon les
objectifs que les acteurs ont fixés. Pour Bouchard on peut parler de
réussite scolaire à la sortie du système éducatif
nanti de compétences, de connaissances et de
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diplômes. Aussi la réussite scolaire peut se
situer à l'intérieur du système éducatif. Dans ce
dernier cas, selon Bouchard, on parle de « réussite proprement
dite » ou de réussite « en cours de route »
qui s'explique par l'obtention de bonnes notes par l'élève
lors des évaluations.
Delandsheere (1992), quant à lui, avait aperçu
la notion de réussite scolaire comme une « Situation où
un objectif éducatif a été atteint ». Pour lui
une situation dans laquelle « l'objectif éducatif n'a pas
été atteint » est un échec scolaire. Crahay
(1996), quant à lui fait une analyse historique à propos de la
réussite scolaire et de l'échec scolaire afin de
déterminer les facteurs influençant les résultats
scolaires. Il mentionne que jusqu'aux années 1950, les termes de
réussite scolaire et d'échec scolaire étaient
utilisés pour désigner la situation scolaire des enfants issus de
familles nanties qui normalement étaient destinés à faire
de longues études. Il souligne aussi qu'il a fallu attendre les
années 1960 pour voir apparaitre dans la communauté scientifique
de nombreux articles consacrés aux termes de réussite et
d'échec scolaires.
Bawa (2007), toujours sur la définition de la
réussite scolaire et l'échec scolaire, asserte que la
réussite signifie une bonne performance et que l'échec veut dire
une mauvaise performance. Il a ajouté dans ces écrits que le taux
d'échec au Togo est très élevé et que cela
s'explique par plusieurs facteurs. Il s'est beaucoup plus
intéressé à l'estime de soi de l'enfant. Il estime que
l'absence, la carence ou l'insuffisance de cette estime de soi peut être
à la base des mauvais résultats de l'apprenant. Il a aussi
affirmé qu'il existe une estime de positive et une estime de soi
négative. Selon lui les enfants présentant une estime de soi
positive réussissent mieux que ceux qui possèdent une estime de
soi négative. Pour Da-Costa (2013), une estime de soi valorisante
(positive) permet à l'apprenant d'augmenter son investissement scolaire,
de contribuer à valoriser ses aspirations, ses projets et même ses
compétences et par là, conduire à un accroissement de sa
réussite scolaire. Lorsque la famille investit financièrement
dans l'éducation de l'enfant, ce dernier se sent psychologiquement
à l'aise, développe une estime de soi positive et accorde de
l'importance à ses études scolaires. Et pour parler Bawa (2008),
l'estime de soi donne à l'identité personnelle sa totalité
affective et à ce titre, elle apparait comme un fondement de la
réussite à l'école.
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De nombreux ouvrages expliquent la réussite scolaire de
l'apprenant par l'investissement parental dans l'éducation de leurs
enfants.
Parlant de l'investissement parental dans la réussite
scolaire des enfants, une enquête a été menée dans
les 34 pays de l'OCDE (Organisation pour la Coopération et le
Développement Economique) et 10 pays partenaires en 2009.Cette
étude avait pour thème : Réussite scolaire, comment
les parents peuvent-ils aider leurs enfants ? Les résultats de
cette enquête ont montré que l'investissement des parents durant
la première année de la scolarité des enfants a des effets
positifs sur l'ensemble de sa scolarité. Il est aussi souligné
dans cette enquête que la scolarisation des enfants ne doit pas
être perçue comme une décharge par les parents. C'est dans
cet ordre d'idées que Macaire (1993), affirme : « Parents, vous
ne livrez votre enfant comme on se décharge d'une corvée sur un
mercenaire. A ce maître, vous confiez votre enfant non parce que c'est
obligatoire mais en vertu d'une responsabilité personnelle que vous lui
demandez de partager ? » Selon Macaire les parents ne doivent pas
laisser les apprenants à la merci des enseignants. Parents et
enseignants doivent unir leurs forces pour la réussite scolaire des
enfants mais c'est aux parents d'être les pionniers. C'est ce qui
amène Nguimfack (2011), à dire que « L'éducation
est avant tout une oeuvre d'amour. L'enfant a besoin de l'amour de ses parents
tout comme celui de son maître sans quoi il ne peut s'épanouir.
Les parents en tant que premiers éducateurs de l'enfant doivent jouer un
rôle moteur dans le processus d'enseignement/apprentissage de leurs
enfants ». Selon lui, bien que l'éducation des enfants soit
une responsabilité partagée entre parents et maîtres, le
rôle des parents est primordial. Si les parents échouent à
leur responsabilité « les enseignants se sentent quelque peu
impuissants, voient leur rôle minimisé et se sentent «
déresponsabilisés.» », déclare Jean-Michel
Devaux et al, (1989).
Abordant le sujet dans le même sens Deslandes (2004),
déclare que le rôle des parents dans la scolarisation de leurs
enfants n'est pas à minimiser. D'après cet auteur, les parents
doivent préparer l'enfant pour l'école, l'accueillir du retour de
l'école, le suivre, contribuer à sa motivation (payement
d'écolage, achat de fourniture et livres). La responsabilité des
parents se réfère donc à une gamme de comportements qu'ils
doivent obligatoirement adopter.
Parfois les parents ne jouent pas leur rôle à
cause de leur situation socio-économique. C'est ce qui amène
Jean-Michel Devaux, Michèle Hamel et Bernard Vrignon (1989), à
affirmer
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dans « L'école, les parents et la
réussite scolaire » que de nombreuses études
sociologiques, conduites à partir de statistiques, ont mis en
évidence la corrélation entre échec scolaire, ou
réussite scolaire, et statut socio-économique des familles des
élèves. Cette critique sociologique de la « mission
libératrice de l'école » et des résultats
parfois décevants de la démocratisation de l'enseignement a
suscité un intérêt certain dans l'opinion publique qu'elle
a alertée. Ils ajoutent que cette « sociologie de
l'éducation » s'est essentiellement développée
depuis la mise en place, dans les années 60, du CPT c'est-à-dire
« collège pour tous ». Selon eux cette tentative
officielle de démocratisation de l'enseignement a largement servi de
révélateur aux inégalités sociales devant la
scolarisation. Ils réitèrent que tout ceci a pour
conséquence que si l'école, avant 1960, était
perçue positivement comme synonyme de réussite, elle est
aujourd'hui davantage considérée en terme d'échecs,
échecs qui sont inévitablement plus nombreux puisque tous les
élèves quelque soit la situation socio-économique de leur
famille doivent maintenant suivre au collège le parcours autrefois
réservé à l'élite. Cette dégradation de la
situation provoque un malaise chez les enseignants car la responsabilité
de l'échec se situe à l'extérieur de l'école
(statut socio-économique des familles) c'est-à-dire hors des
possibilités. D'après ces auteurs « ce sont les enfants
issus des milieux socialement défavorisés qui réussissent
le moins bien à l'école.»
Même le PSE (Plan Sectoriel de l'Education) 2010-2020 au
Togo a présenté les estimations du profil de scolarisation global
des groupes de population selon le niveau de richesse familiale qui regroupe
les deux quintiles les plus pauvres 1 et 2 (variable notée Q12), des
quintiles moyens 3 et 4 (variable notée Q34) et le quintile le plus
riche (Q5). Selon ce rapport « les trois variables de segmentation ont
bien chacune une incidence significative sur les profils de scolarisation, les
disparités allant bien sûr dans le sens anticipe : les pauvres
sont en retrait par rapport aux riches ... » Ce qui signifie que la
situation économique des parents influe sur la scolarisation des
enfants.
Il semble avéré que les enfants
défavorisés subissent un handicap durable par rapport aux autres
enfants. Mayer (2002), indique par exemple : «Le revenu des parents est
positivement en corrélation avec presque toutes les dimensions du
bien-être de l'enfant, que les scientifiques sociaux évaluent, et
ceci dans tous les pays pour lesquels nous disposons les données. Les
enfants des parents riches sont plus en bonne santé, se comportent
mieux, sont
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plus heureux et mieux éduqués dans leurs
enfances...que ne le sont des enfants issus des familles pauvres.»
Cependant, il n'est pas évident que les différences
observées sont dues au revenu des parents en soi ou à d'autres
facteurs corrélés au revenu (origine sociale etc.).
D'après Karine Martel et Guillaume Legault (2002), au
moment où l'échec scolaire est régulièrement
invoqué pour justifier une sélection plus stricte à
l'entrée des filières et des niveaux d'études, «
il n'est pas inutile de rappeler que la réussite scolaire et
l'orientation des élèves sont déterminées par leur
origine sociale » bien plus que par de prétendues
«capacités». Selon eux l'origine sociale est un
déterminant crucial de la réussite et de l'orientation scolaire.
Ils affirment que plusieurs familles vivant sous le seuil de la
pauvreté, ont pour préoccupation première la satisfaction
des besoins fondamentaux comme celui de manger à sa faim et que cette
pauvreté est le lot de plusieurs familles monoparentales. Les chefs de
ces familles qui sont dans le majeur des cas des femmes, ne vivent souvent que
grâce aux revenus provenant de l'aide sociale et possèdent peu de
ressources et de soutien pour élever un ou plusieurs enfants.
Vissého ADJIWANOU (2000), dans son mémoire
« Impact de la pauvreté sur la scolarisation et le travail des
enfants de 6-14 ans au Togo » affirme que la
détérioration des conditions de vie des ménages contraint
les parents à privilégier la survie quotidienne des enfants sur
leur bien-être futur, c'est-à-dire à utiliser la
capacité productive de leurs enfants immédiatement sur le
marché du travail. Il renchérie que dans la mesure où la
gratuité de l'école n'est pas encore traduite dans les faits,
l'investissement dans le capital humain ne sera qu'illusoire pour des
ménages pauvres. Pour lui ces ménages rencontrent beaucoup de
problèmes surtout d'ordre financier qui ne leur permettent pas de
répondre aux besoins d'éducation de leurs enfants. De plus, la
mise au travail des enfants constitue une source non négligeable de
revenu de ces ménages. Cet état des choses oblige les parents
pauvres à engager très tôt leurs enfants dans les
activités génératrices de revenus.
Au Ghana, Maitra et Ray (2000), trouvent que si les enfants
combinent à la fois le travail et l'école, ils contribuent en
moyenne à environ 20% du revenu des ménages. Ce taux
représente le tiers des revenus si les enfants sont envoyés
uniquement sur le marché du travail. En s'appuyant sur les
données de l'enquête nationale auprès des ménages en
1995 en Côte d'Ivoire, Diallo montre que le travail des enfants augmente
et la scolarisation baisse au fur et
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à mesure que le niveau de vie du ménage baisse.
La pauvreté ambiante des ménages se conjugue souvent avec
certains aspects du sous développement des pays pauvres pour amplifier
les tendances vers une sous scolarisation des enfants.
Le dossier d'actualité n° 63, IFé (ex
INRP), juin 2011, portant sur les effets de l'éducation familiale sur la
réussite scolaire montre que la famille est le « premier
système social » par lequel le jeune enfant acquiert et
développe des compétences cognitives et sociales.
Les questions autour desquelles ce dossier s'est articulé sont
: Existe-t-il une corrélation entre « réussite scolaire
» d'un élève et le suivi parental ? Comment la recherche
aborde-t-elle l'influence familiale sur les apprentissages et la socialisation
des enfants ? Selon ce dossier, ce qu'il faut retenir de la littérature
de recherches portant sur l'incidence de l'environnement familial sur la
scolarisation de l'enfant et de l'adolescent est la multiplicité des
éléments qui façonnent la trajectoire scolaire. L'un des
principaux facteurs cités est le style éducatif de la
famille. Entre contrôle coercitif et style permissif, il
est difficile de définir un modèle type qui soit plus favorable
à la réussite scolaire. Selon ce dossier, dans une approche qui
se doit plurielle, il convient de prendre en compte le statut
socio-économique de la famille qui est un atout ou un obstacle au
développement cognitif de l'enfant. A cause du contexte
socio-économique, les attentes des parents et leurs
projets liés à la scolarité influent sur la motivation et
le suivi parental. Cet engagement, variable selon l'âge, est
facilité par un accompagnement bienveillant à la
scolarité. C'est au travers d'activités éducatives ou
culturelles dans l'environnement familial, avec l'appui financier des parents,
voire de la fratrie, que se co-construit la socialisation scolaire.
Les recherches qui essaient d'analyser la multiplicité
de facteurs déterminants pour la socialisation et la scolarisation
s'interrogent sur l'impact du contexte socioculturel. Le déterminisme
social est-il suffisant ou ne doit-on pas croiser cette variable avec d'autres
données ? Certains chercheurs évoquent des interactions
gènes/environnement socio-économique, notamment dans le cadre du
développement cognitif du très jeune enfant. D'autres prennent
appui sur quelques réussites ou échecs improbables, pour tenter
d'expliquer a contrario des dysfonctionnements qui peuvent favoriser la
réussite scolaire.
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L'ensemble des travaux, aussi incomplets soient-ils, montrent
combien certaines familles doivent être soutenues dans leur prise de
responsabilité éducative.
Il est donc clair au vu du parcours de la littérature
qu'il existe un lien entre la "défavorisassions" et la réussite
éducative. Cette revue de littérature confirme que le niveau
socio-économique des parents influence significativement dans les deux
sens négatif et positif les résultats scolaires des enfants.
La pauvreté est plus qu'un handicap économique,
elle est aussi une véritable disqualification tant sur le plan social
que sur celui du vécu quotidien.
Bien que la littérature soit assez riche, nous revenons
sur cette situation-problème. Nous voulons faire ressortir les causes
sociales du manque d'investissement des parents dans l'éducation des
enfants, l'influence de ce manque d'investissement sur les résultats en
SVT des élèves et proposer des solutions pour pallier ce
problème.
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