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REPUBLIQUE DU BENIN
**********
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MINISTERE DE L'ENSEIGNEMENT SUPERIEUR ET DE LA
RECHERCHE SCIENTIFIQUE
**********
UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI
(UAC)
**********
FACULTÉ DES SCIENCES ÉCONOMIQUES ET DE
GESTION (FASEG)
******************
ECOLE DOCTORALE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE
GESTION
************
LABORATOIRE DE RECHERCHE EN FINANCES ET FINANCEMENT
DE DEVELOPPEMENT (LARFFID)
**********
NOUVEAU PROGRAMME DE TROISIEME CYCLE INTERUNIVERSITAIRE
EN ECONOMIE
(NPTCI)
**********
Pays membres : Bénin, Burkina Faso,
Burundi, Cameroun, Centrafrique, Congo, Côte d'Ivoire,
Gabon, Guinée, Madagascar, Mali, Mauritanie, Niger, République
Démocratique du Congo, Rwanda, Sénégal, Tchad,
Togo CINQUIEME PROMOTION ************ MEMOIRE DE DIPLOME D'ETUDES
APPROFONDIE/MASTER EN ECONOMIE
Option: Economie Industrielle
THEME
SERVICES FINANCIERS MOBILES, INCLUSION FINANCIERE ET CROISSANCE
DES DEPOTS BANCAIRES DANS L'UEMOA
Présenté et soutenu par : Sous la direction
de :
Prof Denis ACCLASSATO HOUENSOU,
Dado Fabrice DEGBEDJI
Professeur Titulaire des Sciences Economiques
Composition du Jury :
Président : Membre :
Prof Denis ACCLASSATO HOUENSOU Dr Achille ASSOUTO
Rapporteur :
Dr Abraham AMOUSSOUGA GERO
Date de soutenance : Mardi 05 novembre
2019
Année académique 2018 - 2019
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
L'ECOLE DOCTORALE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION DE
L'UNIVERSITE D'ABOMEY-CALAVI N'ENTEND DONNER AUCUNE APPROBATION OU
IMPROBATION AUX OPINIONS EMISES DANS CE MEMOIRE. CES OPINIONS DOIVENT ETRE
CONSIDEREES COMME PROPRES A LEUR AUTEUR.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
i
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
ii
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
DEDICACE
A
V' Mon père DEGBEDJI Benoît et ma mère
TCHOKPONHOUE Cessito Marie, vous qui aviez tant souhaité me voir
parvenir au terme de cette formation après tant de sacrifices consentis,
que ce travail soit le fruit de votre effort ;
V' Mes frères et soeurs pour l'assistance à la
réalisation de ce travail.
Fabrice Dado DEGBEDJI
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
iii
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
REMERCIEMENTS
Avant tout propos, nous tenons, au terme de cette
expérience de recherche, à exprimer toute notre gratitude
à tous les membres du jury qui ont bien voulu accepter
d'apprécier ce travail de recherche. Nous adressons nos sincères
remerciements :
V' Au Professeur feu Fulbert AMOUSSOUGA GERO, pour
avoir accepté notre candidature au PTCI, que la terre vous soit
légère ;
V' Au Professeur Denis ACCLASSATO HOUENSOU, Titulaire
des Sciences Economiques, Directeur du Laboratoire de Recherche en Finances et
Financement de Développement (LARFFID), Doyen de la Faculté des
Sciences Economiques et de Gestion de l'Université d'Abomey-Calavi pour
avoir encadré avec rigueur, probité, dévouement et
abnégation ce mémoire de recherche ;
V' Au professeur Augustin Foster CHABOSSOU pour
m'avoir orienté au NPTCI ;
A tous les enseignants de la FASEG pour avoir contribué
à notre formation;
V' A Monsieur Melain Modeste SENOU pour ses conseils
et apports très importants dans
la bonne marche de ce travail. Recevez ici, les expressions de
nos profondes gratitudes ; V' Aux Messieurs Fidel SALIGA et Sylvain
HEKPONHOUE pour leurs contributions
dans la rédaction de ce mémoire ;
V' A tous les membres du Laboratoire de Recherche en
Finances et Financement du Développement pour leurs contributions dans
la rédaction de ce mémoire ;
V' A tous les auditeurs de ma promotion de DEA-NPTCI,
particulièrement Gessika MOUANDA, Emile SONEHEKPON, Abdel Wariss ALAO
FARI, Gildas AKOUTA, pour les moments heureux, de sollicitude et de tristesse
passés ensemble ;
V' A Monsieur Servais DEGBEDJI, Chargé de
prêt à l'UNACREP Bénin, pour son soutien financier
inestimable ;
V' A monsieur Alfred AYEDOUN pour son soutien
indéfectible ;
V' A tout le personnel de l'Ecole Doctorale de la
FASEG, notamment le personnel du secrétariat du Directeur ;
A tous ceux qui de près ou de loin ont contribué
à la réalisation de ce mémoire.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
iv
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
LISTE DES SIGLES
AFI : Alliance for Financial Inclusion
AR Autorégressif
ARMA : Autorégressif et Moyenne
mobile
BCEAO : Banque Centrale des Etats de
l'Afrique de l'Ouest
CEMAC : Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Centrale
CGAP : Consultative Group to Assist the
Poor
CNSMO : Comités Nationaux de Suivi et
de la Mise en OEuvre
EME : Etablissement de Monnaie
Electronique
EMF : Etablissement de Microfinance
FINTECH : Technologie Financière
FMI : Fonds Monétaire International
GLS : Generalized Least Squares
GPFI : Global Partnership for Financial
Inclusion
IFC : International Finance Corporation
IMF : Institution de Microfinance
ITU ou UIT : Union Internationale des
Télécommunications
MAT : Modèle d'Acceptation de la
Technologie
MM : Masse Monétaire
MMG : Méthode des Moments
Généralisés
NEPAD : Nouveau Partenariat pour le
développement de l'Agriculture
NTIC : Nouvelle Technologie de l'Information
et de la Communication
OCDE : Organisation de Coopération et
de Développement Economique
PIB : Produit Intérieur Brut
SMS : Short Message Service
TAR : Théorie de l'action
Raisonnée
TBE : Taux de Bancarisation Elargi
TBS : Taux de Bancarisation Strict
TCP : Théorie du Comportement
Planifié
TDI : Théorie de Diffusion de
l'Information
TGUSF : Taux Global d'Utilisation des
Services Financiers
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
v
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
TIC : Technologie de l'Information et de la
Communication
TUSME : Taux d'Utilisation de Services de
Monnaie Electronique
UEMOA : Union Economique Monétaire Ouest
Africaine
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
vi
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Présentation des variables et les effets
attendus 20
Tableau 2 : Evolution des services financiers via la
téléphonie mobile dans l'UEMOA, de 2013
à 2017 23
Tableau 3 : Statistique descriptive des variables 31
Tableau 4 : Estimation GMM en Système de Arellano-Bover/
Blundell et Bond 32
Tableau 5: Estimation de la croissance des dépôts
bancaires par la méthode GLS (Generalized
Least Squarres) 37
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Contribution des services financiers via la
téléphonie mobile à l'inclusion
financière dans l'UEMOA de 2010 à 2018
24 Graphique 2 : Contribution des services financiers via la
téléphonie mobile à l'inclusion
financière au Bénin de 2010 à 2018
25 Graphique 3 : Contribution des services financiers via la
téléphonie mobile à l'inclusion
financière dans l'UEMOA de 2010 à 2018
25 Graphique 4 : Contribution des services financiers via la
téléphonie mobile à l'inclusion
financière en Côte d'Ivoire de 2010-2018
26 Graphique 5 : Contribution des services financiers via la
téléphonie mobile à l'inclusion
financière en Guinée-Bissau de 2010 à 2018
27 Graphique 6 : Contribution des services financiers via la
téléphonie mobile à l'inclusion
financière au Mali de 2010 à 2018 27 Graphique 7
: Contribution des services financiers via la téléphonie mobile
à l'inclusion
financière au Niger de 2010 à 2018 28 Graphique
8 : Contribution des services financiers via la téléphonie mobile
à l'inclusion
financière au Niger de 2010 à 2018 29 Graphique
9 : Contribution des services financiers via la téléphonie mobile
à l'inclusion
financière au Togo de 2010 à 2018. 29
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
vii
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
SOMMAIRE
INTRODUCTION 1
Chapitre I : Cadre théorique et méthodologique
de l'étude 5
Section 1 : Problématique, objectifs et
hypothèses 5
Section 2 : Revue de littérature et méthodologie
de recherche 8
Chapitre II : Analyse empirique de l'effet des services
financiers mobiles sur l'inclusion financière et la
croissance des dépôts bancaires 22
Section1 : présentation des services financiers mobiles
dans l'UEMOA, analyse des résultats de l'étude
et Suggestions 22
Section 2: Vérification des hypothèses et
Suggestions 37
Conclusion 40
Références bibliographiques 41
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
viii
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
RESUME
La rapide progression des services financiers mobiles
conjuguée à l'ambition de rendre universel les services
financiers pour tous nous a amené à réaliser cette
étude. Elle vise ensuite à analyser l'effet des services
financiers mobiles sur l'inclusion financière et la croissance des
dépôts bancaires dans les pays de l'Union Economique
Monétaire Ouest Africaine (UEMOA). En utilisant à la fois des
données issues de la base de données de la Banque Centrale des
Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) et de la Banque Mondiale, nous avons
d'abord effectué une analyse graphique puis une analyse
économétrique par la méthode des moments
généralisés (GMM) pour déterminer l'effet de la
technologie mobile sur l'inclusion financière. Les résultats
montrent que le taux global d'utilisation des services financiers, la masse
monétaire, le taux d'utilisation des services de monnaie
électronique et le taux d'alphabétisation des adultes expliquent
positivement l'inclusion financière dans l'UEMOA. De plus, la
méthode des moindres carrés généralisés
(GLS) en panel nous a permis de mesurer l'effet des services financiers mobiles
sur la croissance des dépôts bancaires. Il ressort que le taux
global d'utilisation des services financiers explique positivement la
croissance des dépôts bancaires dans l'UEMOA.
Mots clés : Services financiers mobiles
; inclusion financière ; croissance des dépôts
ABSTRACT
The rapid growth of mobile financial services combined with
the ambition to make universal financial services for all led us to carry out
this study. It then aims at analyzinge the effect of mobile financial services
on financial inclusion and the growth of bank deposits in the West African
Monetary Union (WAEMU). Using both data from the Central Bank of West African
States (BCEAO) and the World Bank databases, we first performed a graphical
analysis and then an econometric analysis using the Generalized Moment Method
(GMM) to determine the effect of mobile technology on financial inclusion. The
results show that the Global Rate of Financial Services Utilization, the money
supply, the Rate of Use of Electronic Money Services and the adult literacy
rate positively explain financial inclusion in WAEMU. In addition, the
Generalized Least Squares (GLS) panel method was used to measure the effect of
mobile financial services on the growth of bank deposits. It appears that the
Global Rate of Financial Services Utilization positively explains the growth of
bank deposits in WAEMU.
Key words: Mobile financial services; financial
inclusion; deposit growth
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
1
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
INTRODUCTION
Le progrès de la technologie a ouvert de nouvelles
perspectives économiques, donnant à cet effet naissance à
de nouveaux produits, services, et méthodes de travail (Madjid, 2013).
Aujourd'hui étant dans une ère nouvelle de gestion des affaires,
les opérateurs de téléphonie mobile, les institutions
bancaires et financières ont compris que la pérennité et
la survie de leurs activités, repose sur la maitrise et l'adaptation des
technologies de l'information et de la communication (TIC). En effet, les TIC
ont révolutionné les modèles économiques
classiques, ce qui a obligé, le secteur financier entre autres, à
subir des changements structurels dans la gestion de ses activités. La
digitalisation gagne fortement le secteur des services financiers. Les cas
concrets d'application se multiplient : paiements mobiles, sans contact ou
instantanés ; les services d'épargne et de crédit,
agrégation de l'information relative aux comptes bancaires, etc. Ainsi,
les TIC, plus précisément l'industrie mobile, jouent
désormais un rôle de premier plan dans le développement
économique. En contribuant à l'émergence et la diffusion
de l'innovation dans le commerce, l'agriculture, les services financiers, ou le
transport, et à la modernisation des administrations publiques,
notamment fiscales, la digitalisation de l'économie est en passe de
révolutionner les échanges économiques et de stimuler la
croissance, l'emploi, la réduction de la pauvreté, l'inclusion
sociale et financière (Banque Mondiale, 2016 ; Hjort et Poulsen, 2016 ;
Andrianaivo et Kpodar, 2011 ; Cariolle et al., 2007).
Depuis ces débuts, la finance mobile n'a cessé
d'évoluer et de s'adapter aux modes et aux changements socioculturels.
Née avec la grande consommation, des démarches et des
méthodes ne cessent d'être formulées pour
démocratiser et professionnaliser cette nouvelles technologies en
finance, d'où l'apparition d'une vision moderne des institutions
financières et bancaires (Madjid, 2013). Cette dernière n'est
plus au centre de son environnement, mais elle est plutôt tournée
vers un marché sur lequel agissent directement les concurrents, les
clients et tout autre acteur. Ainsi, la notion de marché va
profondément modifier le fonctionnement des sociétés qui
ont désormais comme seul et unique objectif, le client et la
satisfaction de celui-ci.
Cependant, Gervais (2009) affirme que le secteur bancaire a su
imprimer une certaine dynamique grâce à une meilleure
définition des procédés en vigueur et une meilleure
structuration du système en général. Sa
préoccupation majeure est : comment l'intégration des nouvelles
technologies de l'information et de la communication (NTIC) apporte une
réponse supplémentaire au problème de la saturation des
canaux naturels de distribution de services bancaires?
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
2
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
La croissance accélérée de la demande de
services financiers et bancaires fera que les banques des pays en
développement devront faire face au problème épineux de la
saturation des canaux traditionnels de distribution de services financiers et
bancaires, c'est ainsi qu'elles doivent donc se préparer aux nouvelles
donnés qui se dessinent de façon à être plus
compétitive et ainsi, la définition d'un cadre financier de plus
en plus technologique et innovateur leur permettra de répondre aux
exigences actuelles et futures du marché (Madjid, 2013).
En revanche, plusieurs auteurs dans la littérature ont
défini la technologie financière. Selon Kannya (2018), la
technologie financière est une application technologique en finance.
Abondant dans le même sens, Wilson (2017) trouve que, la technologie
financière est une entreprise qui utilise principalement la technologie
pour générer des revenus en fournissant des services financiers
aux clients. Pour Kominfo (2017), la technologie financière est un
phénomène de fusion qui se produit entre une technologie aux
caractéristiques financières qui modifient le modèle
économique et l'affaiblissement des barrières à
l'entrée.
Par ailleurs, prenant conscience de l'effet des services
financiers fournis par le biais de la technologie sur les économies,
Guerineau et Jacolin (2014) notent que les pays qui disposent de
systèmes financiers suffisamment développés, par exemple
en Asie du Sud-Est, bénéficient d'une croissance de long terme
plus élevée que les pays où la profondeur
financière est plus faible en particulier ceux situés en Afrique
Subsaharienne. De même, la Banque de France (2014) souligne que
l'accès aux services financiers permet aux populations à faible
revenu de lisser leur contrainte budgétaire et leur consommation,
évitant ainsi de tomber dans des « trappes à pauvreté
» à la suite d'un choc exogène. Plusieurs facteurs sont
à l'origine du sous-développement du secteur financier (Nkouka,
2019). A cet effet, Beck et Cull (2014) ont noté quatre facteurs
spécifiques qui ont freiné le développement bancaire en
Afrique par rapport aux autres régions en développement.
Premièrement, la taille restreinte de nombreuses économies ne
permet pas aux prestataires de services financiers de tirer parti des
économies d'échelle. Deuxièmement, un grand nombre
d'agents économiques opèrent dans le secteur informel et ne
disposent pas des documents officiels requis pour les transactions
financières. Troisièmement, la volatilité à la fois
au niveau individuel, liée aux fluctuations des flux de revenus d'un
grand nombre de micro entreprises et de foyers, et au niveau global,
liée à la dépendance de nombreuses économies
africaines vis-à-vis des exportations de produits de base, augmente
encore les coûts et les risques pour les prestataires de services
financiers. Enfin, quatrièmement, les problèmes de gouvernance
continuent d'affaiblir de nombreuses institutions financières
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
3
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
privées et publiques. Ainsi, le développement
rapide du secteur de l'informel en particulier les services financiers fournis
par les opérateurs mobiles constitue-t-il une opportunité pour
les exclus d'accéder aux services financiers formels ?
L'inclusion financière est devenue depuis le
début des années 2000, l'un des piliers de l'agenda international
pour le développent (Nkouka, 2019). Le sujet est aujourd'hui au centre
des préoccupations des Banques centrales à qui il incombe d'une
part, de contribuer à la mise en place des règles,
mécanismes et outils appropriés en vue d'améliorer
l'accès aux services financiers et d'autre part, à la
création d'un environnement sain et propice au développement du
secteur financier. Pour tenir compte de ce défi majeur, le Conseil des
Ministres de l'UEMOA a adopté le document-cadre de politique et de
stratégie régionale d'inclusion financière visant à
promouvoir le renforcement de l'accès des populations aux services
financiers dans l'Union.
Toutefois, malgré ce mouvement mondial en faveur de
l'inclusion financière responsable, d'importantes divergences persistent
dans la diversité, la qualité et l'utilisation des services
financiers disponibles sur le marché (Klapper, 2015). Les personnes
pauvres et à faibles revenus, en particulier les femmes, les jeunes et
les habitants des zones rurales, sont les plus exclus et dépendent de
mécanismes informels moins faibles et souvent plus coûteux pour
gérer les besoins financiers. On se pose la question aujourd'hui de
savoir si les services financiers mobiles ne permettent pas une inclusion
financière responsable garantissant la croissance des
dépôts bancaires. C'est dans cette perspective que la
présente étude est initiée dont le thème est
intitulé : « Services financiers mobiles, inclusion
financière et croissance des dépôts bancaires dans l'UEMOA
». Cette étude se propose d'analyser l'effet des
services financiers mobiles sur l'inclusion financière et la croissance
des dépôts bancaires dans l'UEMOA.
Notre étude utilise une estimation en données de
panel sur les (08) Etat membres de l'UEMOA, notamment le Bénin, le
Burkina, la Cote d'Ivoire, la Guinée Bissau, le Mali, le Niger, le
Sénégal et le Togo sur la période allant de 2010 à
2018.
La présente étude est structurée en deux
(02) chapitres. Le premier chapitre est consacré au cadre
théorique et méthodologique de l'étude. Quant au dernier
chapitre, il porte sur l'analyse empirique des résultats de
l'étude ainsi qu'à la formulation des suggestions.
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
CHAPITRE I :
CADRE THEORIQUE ET METHODOLOGIQUE
DE L'ETUDE
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
4
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
5
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Chapitre I : Cadre théorique et
méthodologique de l'étude
Ce chapitre présente dans une première section
la problématique, les objectifs et les hypothèses
formulées dans cette étude. Dans la seconde section, il est
question de présenter la revue de littérature et la
méthodologie de recherche.
Section 1 : Problématique, objectifs et
hypothèses
Nous présentons dans cette section, la
problématique de recherche ainsi que les objectifs et les
hypothèses formulées.
Paragraphe 1 : Problématique de recherche
Un secteur financier développé est la composante
essentielle d'une économie. En effet, Levine (2005) soutien qu'un vaste
développement financier induit la croissance économique. C'est
dans cet esprit que, Schumpeter (1934) dans sa théorie du
développement économique a montré l'importance de
l'innovation et du crédit pour les agents économiques. Toutefois,
il est à craindre que ce développement financier n'ait pas
été suffisamment significatif dans les pays en
développement (Enrique, 2014). Selon un rapport de la Banque Mondiale,
plus de la moitié de la population mondiale adulte manque d'accès
aux services financiers formels (Banque Mondiale, 2014). Cette majorité
d'exclus du système financier se trouve dans les zones en
développement en général et en Afrique en particulier. Les
secteurs financiers en Afrique figurent parmi les moins
développés du monde malgré un développement de la
capacité de ces secteurs au cours de la dernière décennie
(Banque Européenne d'Investissement, 2018 ; Fonds Monétaire
International, 2016). De plus, selon le rapport de la Banque Mondiale sur
l'inclusion financière, seulement 41% des adultes dans les
économies en développement possèdent des comptes dans une
institution financière formelle, contre 91% dans les pays
développés. Plusieurs raisons expliquent cette exclusion, telles
que le manque de confiance dans les banques, l'absence d'une pièce
d'identité, la distance physique séparant les usagers potentiels
des banques, et les coûts des transactions bancaires. De même, 65%
des usagers potentiels déclarent ne pas avoir des ressources
financières suffisantes pour ouvrir un compte. Cette situation est
particulièrement inquiétante pour les populations vivant avec
moins de 2 dollars par jour, dont seulement 10% ont accès aux services
financiers formels (Arcand et al., 2013).
Sous l'effet de la rapide pénétration du
téléphone portable, la finance mobile fait son apparition comme
un produit financier innovant dans les pays en développement. La
diffusion rapide des technologies d'information et de la communication dans ces
pays est associée à une
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
6
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
augmentation plus rapide qu'ailleurs dans le monde du nombre
d'abonnés téléphonique (GSMA, 2014). Les services
financiers mobiles constituent aujourd'hui une réelle opportunité
pour accélérer la croissance et le développement
socioéconomique (GPFI, 2010). Ils offrent de nouvelles
possibilités pour l'inclusion financière en facilitant
l'accès aux services de dépôt, de crédit et de
paiement (Busch et al., 2017), contrairement aux prestataires de services
bancaires et financiers traditionnels. Dans le même esprit, Diniz et al.
(2011) montrent que les services financiers mobiles ont permis
d'améliorer non seulement l'accès aux services financiers, mais
ont également renforcé la dotation en infrastructures et ont
conduit à un développement économique et sociale (Diniz et
al., 2011). Abondant dans le même sens, Klein et Mayer (2011) postulent
que les services mobiles permettent aux exclus du système de disposer de
compte électronique qui s'apparente au compte classique et concourent
à un enracinement de la culture (éducation) financière
(Klein et Mayer, 2011). De plus, l'essor notoire qu'a connu les services
financiers mobiles et la révolution qui s'en est suivie dans l'industrie
financière ont ouvert de nouvelles niches et des nouvelles pistes en
matière d'inclusion pour les exclus du système financier
formel.
Partant du constat relevé dans le document-cadre de
politique et de stratégie d'inclusion financière dans l'UEMOA, la
technologie mobile contribue à hauteur de 27,2% en 2014 aux initiatives
des autorités monétaires pour booster le taux d'inclusion
financière. Alors que, le secteur bancaire et la microfinance
contribuent respectivement à 15,7% et 18,7% (CNSMO1, 2018).
De même, la BCEAO (2017) indique que, au cours de l'année 2017, le
nombre de souscripteurs de comptes de monnaie électronique dans l'UEMOA
est ressorti à 50,5 millions, contre 36,5 millions en 2016, soit une
hausse de 38,48%. Ainsi, ces résultats impliquent que les IMF ne
sauraient expliquer à elle seule la progression rapide du taux
d'inclusion financière dans l'Union au cours des dix (10)
dernières années. En outre, certains auteurs suggèrent que
les services financiers mobiles ont contribué significativement au
relèvement du taux d'inclusion financière dans l'UEMOA en
particulier et en Afrique en général. Par ailleurs, depuis le
succès spectaculaire de M-PESA au Kenya dans les années 2007, la
finance mobile fait partie des options de politique priorisée par les
décideurs publics afin de combler le retard d'accès des
populations aux services financiers. Plusieurs acteurs, notamment les
opérateurs GSM et bancaires, misent sur la téléphonie
mobile pour accroitre le taux d'inclusion en Afrique (GSMA, 2018). Le
développement rapide de la téléphonie mobile en Afrique et
en particulier
1 CNSMO : Comités Nationaux de Suivi de la Mise
en OEuvre de la stratégie d'inclusion financière dans l'UEMOA
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
7
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
dans l'UEMOA a convaincu ces acteurs de la
nécessité d'utiliser ce moyen de communication afin de
réduire l'exclusion financière en Afrique (GSMA, 2018). La Banque
Centrale des Etats de l'Afrique de l'Ouest (BCEAO) abondera dans le même
sens et va inclure dans ses plans d'actions pour la bancarisation et
l'accès aux services financiers, la promotion des services financiers
mobiles (BCEAO, 2016).
On s'aperçoit que l'expansion rapide des services
financiers mobiles pourrait déstabiliser le système financier en
ce qui concerne plus la mobilisation des dépôts des banques et IMF
qui verront leur client délaisser les services financiers formels. Dans
le même esprit, Pickens (2009) soupçonne que, l'expansion des
services financiers mobiles ces dernières décennies a
désavantagé les banques commerciales en raison du vol indirect de
leurs liquidités. Par exemple, la baisse drastique du nombre de
transactions de prêts de 15% entre juillet et décembre 2011 dans
les banques commerciales Ougandaises est attribuée à la
réduction des liquidités (Nuwagaba, 2012). Dans l'UEMOA, la
Guinée-Bissau, le Togo, le Burkina et le Niger ont enregistré en
2017 une baisse de taux de dépôts à vue respectivement de
54,0%, 28,0%, 13,8% et 7,2% (BCEAO, 2017). Les raisons de ces baisses
pourraient être attribuées fondamentalement aux services
financiers mobiles qui ont dominé le secteur financier.
Néanmoins, cette affirmation manque de preuves empiriques
crédibles dans la littérature bancaire car les recherches
scientifiques visant le niveau d'association entre les services financiers
mobiles et les dépôts dans les pays en développement sont
rares (Maurer, 2008).
C'est dans cette perspective que nous avons
décidé de porter notre thème de recherche sur : «
Services financiers mobiles, inclusion financière et
croissance des dépôts bancaires dans l'UEMOA».
Face au manque d'études dans l'UEMOA, cette étude se
pose les questions suivantes dont la question centrale se présente comme
suit: quel est l'effet des services financiers mobiles sur l'inclusion
financière et la croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA ?
Ainsi découlent de cette question centrale de recherche
les questions spécifiques de recherche suivantes :
y' quel est l'effet de la technologie mobile sur l'inclusion
financière ? y' quel est l'effet des services financiers mobiles sur la
croissance des dépôts bancaires?
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
8
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Paragraphe 2 : Objectifs et hypothèses de
recherche
Nous présentons ici, les objectifs fixés et les
hypothèses formulées dans le cadre de ce travail de recherche.
1. Objectifs
Les objectifs sont déclinés en objectif
général et objectifs spécifiques. Ainsi l'objectif
général de ce travail consiste à analyser l'effet des
services financiers mobiles sur l'inclusion financière et la croissance
des dépôts bancaires dans l'UEMOA.
De façon spécifique, il s'agit de :
? déterminer l'effet de la technologie mobile sur
l'inclusion financière ;
? mesurer l'effet des services financiers mobiles sur la
croissance des dépôts bancaires.
2. Hypothèses
Pour atteindre les objectifs de cette étude, les
hypothèses suivantes, faisant l'objet de vérification ont
été formulées.
H1 : la technologie mobile influence
positivement et significativement l'inclusion financière ;
H2 : les services financiers mobiles ont un
effet négatif sur la croissance des dépôts bancaires.
Section 2 : Revue de littérature et méthodologie de
recherche
Cette section est subdivisée en deux paragraphes. Le
premier est consacré à la présentation de la revue de
littérature de l'étude. Quant au second paragraphe, il est
question de présenter l'approche méthodologique utilisée
dans cette étude.
Paragraphe 1 : Revue de littérature
Il s'agit ici de présenter les concepts de
l'étude. Ensuite, il est question de présenter la revue
théorique et empirique relative à cette étude
organisée par thématique.
1. Clarification des concepts 1.1. Services financiers
mobiles
Les services financiers mobiles sont des services financiers
fournis via des téléphones mobiles, des ordinateurs personnels,
Internet ou des cartes liées à un système de paiement
numérique fiable (Ozili, 2018). Selon Gomber et al., (2017), les
services financiers mobiles englobent une
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
9
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
multitude de nouveaux produits financiers, activités
financières, logiciels liés à la finance, ainsi que de
nouvelles formes de communication et d'interaction client fournies par les
sociétés de technologie financière et les fournisseurs de
services financiers innovants. Bien qu'il n'existe pas de définition
standard des services financiers mobiles, il existe un consensus sur le fait
que les services financiers mobiles comprennent tous les produits, services,
technologies et infrastructures permettant aux particuliers et aux entreprises
d'avoir accès à des moyens de paiement, d'épargne et de
crédit via Internet sans avoir besoin de visiter une agence bancaire ou
sans traiter directement avec le prestataire de services financiers.
1.2. Inclusion financière
L'inclusion financière définit la
possibilité pour les individus et les entreprises d'accéder
à moindre coût à toute une gamme de produits et de services
financiers utiles et adaptés à leurs besoins (transactions,
paiements, épargnes, crédit et assurance...) proposés par
des prestataires fiables et responsables (world Bank, 2012). Klapper &
Singer (2014) définissent l'inclusion financière comme
l'accès et l'utilisation de services financiers appropriés,
accessibles et abordables. Elle peut être également définie
comme l'utilisation de services financiers formels par les pauvres (Beck,
Demirguèc-Kunt & Levine, 2007; Bruhn & Love, 2014). L'inclusion
financière implique donc l'augmentation du nombre d'individus
(principalement pauvres) ayant accès à des services financiers
formels, principalement par le biais de comptes bancaires formels, ce qui
contribue à la réduction de la pauvreté et à la
croissance économique (Beck et al., 2007; Bruhn & Love, 2014).
1.3. Dépôts bancaires
Selon la BCEAO (2010), les dépôts bancaires sont
une somme reçue de la clientèle par une banque, avec ou sans
stipulation d'intérêt, et le droit pour la banque d'en disposer
pour les besoins de son activité, mais sous la charge d'assurer au
déposant un service de caisse. Les dépôts peuvent
êtres des dépôts à vue (comptes chèques,
comptes courants, et les comptes sur livrets d'épargne) dont le
propriétaire a la libre disposition à tout moment, ou des
dépôts à terme (compte à terme, bon de caisse, etc.)
que le client ne peut réclamer avant un certain délai. Diamond et
Dybvig (1983) donnent une définition plus nuancée et
considère que les dépôts bancaires constituent des fonds
reçus du public par une banque sous forme de dépôts avec le
droit de disposer pour son propre compte mais à charge de restituer.
Pour ces auteurs, les dépôts constituent le principal engagement
de la banque.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
10
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
2. Eléments de littérature sur le lien
ente finance mobile et inclusion financière
La théorie relative à la technologie
numérique et à l'inclusion financière commence par le fait
que la plupart des exclus financiers ont au moins un téléphone
portable comme atout et que la fourniture de services financiers par cette
technologie pourrait accélérer l'inclusion financière des
pauvres (Banque mondiale, 2014b). En effet, Ozili (2018) a montré que la
finance numérique a un impact sur l'inclusion financière
grâce à l'accès des communautés vulnérables
aux services financiers ainsi qu'à la rentabilité des banques en
raison des avantages tirés de la non-installation de nouvelles agences.
De même, Chu (2018) considère que la technologie mobile est un
tremplin pour l'inclusion financière numérique. En effet, il
montre que les facteurs clés de la prolifération des technologies
mobiles, tels que l'accessibilité, la disponibilité et le
caractère abordable d'un écosystème financier ouvert, sont
également les facteurs déterminants d'une inclusion
financière numérique forte et durable (Chu, 2018). La technologie
mobile est donc apparue comme une meilleure alternative pour corriger les
imperfections de la finance formelle (Alexandre & Eisenhart, 2013). Par
exemple, le Partenariat mondial pour l'inclusion financière a mis
l'accent sur le développement et la pénétration rapide
d'innovations numériques dans le secteur financier afin
d'accélérer la fourniture de services financiers. De même,
en analysant l'impact des envois de fonds sur l'inclusion financière en
El Salvador sur 937 ménages à l'aide d'une technologie à
variable instrumentale, Anzoategui, Demirguc-kunt et Periåla (2014) ont
découvert un impact positif des envois de fonds sur l'inclusion
financière en termes d'augmentation des dépôts des
ménages, effet malheureusement non significatif et robuste sur les
crédits. Pour ces auteurs, une forte inclusion financière par le
biais de la technologie numérique peut réduire les coûts
d'envoi et de réception des transferts, ce qui pourrait davantage
motiver les migrants à envoyer et les ménages à recevoir
des envois de fonds. Dans le même esprit, Ravi et Gakhar (2015) montrent
que l'avantage comparatif en termes d'infrastructure et de réseau de
clients permet aux technologies numériques d'accélérer
l'accès aux services financiers. De plus, Björkegren et Grissen
(2015) estiment que l'accès au crédit via les technologies
numériques est une promesse d'inclusion financière. Ainsi,
utiliser le téléphone mobile pour obtenir du crédit peut
aider à prévoir les paiements de crédit des ménages
et à éviter les défauts de paiement. De même, Sinha
et Highet (2017) soutiennent que la technologie mobile dans les pays en
développement favorise une pénétration effective du
système de financement auprès des populations mal desservies. Par
exemple, avant l'introduction de MPESA au Kenya, seuls 26,4% des adultes
avaient accès à des services financiers formels en 2006. Ce taux
était passé à 66,7% en 2013 (Muthiora, 2015).
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
11
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Cependant, au-delà de l'adoption de la technologie
numérique, une inclusion numérique complète d'une
économie nécessite l'extension des services de
télécommunication aux pauvres des zones rurales, ce qui est
très important pour la création d'une plate-forme de
communication numérique entre les clients et les agents d'argent mobile
en zones rurales. Cette inclusion numérique appelle dès lors la
mise en place d'un système de paiement sur la base de ces services de
télécommunication établis et contrôlés par la
réglementation, afin de clarifier les exigences relatives à la
connaissance du client et au statut juridique des agents d'argent mobile (AFI,
2018). Et enfin, l'accès des pauvres à tous leurs besoins
financiers et non financiers en ligne (Koh, Phoon et Ha, 2018). Les auteurs
font également valoir que les effets positifs de la finance
numérique sur le bien-être sont perçus par l'accès
aux comptes d'épargne, l'inclusion sociale et institutionnelle et
l'accès à une gamme diversifiée et améliorée
de services financiers tels que les paiements, l'épargne et le
microcrédit. En ce qui concerne le volet institutionnel, Djankov et al.,
(2005) ont enquêté sur le crédit privé dans 129 pays
et ont découvert que les droits de protection des créanciers et
la disponibilité des institutions diffusion l'information ont
favorisé une croissance financière inclusive. Ensuite, en tenant
en compte l'aspect institutionnel, Demirguç-Kunt et al., (2013)
affirment que pour stimuler l'inclusion financière, il y a un besoin de
réduire les défaillances du marché et favoriser la
transparence dans la circulation de l'information. Le NEPAD et l'OCDE (2009)
ont souligné que l'intermédiation financière a
progressé dans les pays dotés d'institutions juridiques solides
alors qu'elle demeure embryonnaire dans les autres malgré les
réformes substantielles qui ont été accomplies dans le
sens d'une plus grande libéralisation.
Cependant, compte tenu du développement rapide de la
technologie mobile dans les pays en développement, de nombreuses
études ont mis en évidence le rôle croissant de la
technologie mobile dans l'inclusion financière et le
développement inclusif en Afrique (Adrianaivo & Kpodar, 2012; Beck,
Senbet et Simbanegavi, 2014; Cull, Gine , Harten, Heitmann et Rusu, 2018). En
effet, Adrianaivo et Kpodar (2012) ont étudié l'impact de la
téléphonie mobile sur la croissance économique de 44 pays
africains entre 1988 et 2007. Ils ont découvert, à l'aide d'un
système GMM, que l'expansion rapide de la téléphonie
mobile avait un impact positif et significatif sur la croissance
économique grâce à l'inclusion financière. De
même, Senou et al., (2019) ont évaluer le rôle croissant des
technologies numériques utilisant le taux de pénétration
du téléphone mobile et l'utilisation d'Internet comme indicateurs
généraux de la dynamique de l'inclusion financière dans
l'UEMOA entre 2006 et 2017. Ils ont trouvé, à l'aide d'un
système GMM, qu'outre les effets spécifiques de la
pénétration du téléphone mobile et de
l'utilisation
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
12
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
d'Internet, l'utilisation conjointe de ces deux technologies
est essentielle à l'inclusion financière dans les pays de
l'UEMOA. Beck et al. (2014), dans une étude sur le comportement
financier des ménages kényans, ont révélé
que la possession d'un téléphone mobile augmentait les
probabilités d'accéder à des services financiers au Kenya.
En outre, le Mobile Money Global Event (2017) organisé par la GSMA en
Tanzanie confirme ces résultats et montre que les progrès de
l'adoption et de l'utilisation efficace de l'argent mobile au cours des
dernières décennies sont une promesse pour les décennies
à venir (GSMA, 2017).
La technologie numérique est d'autant plus importante
qu'elle accélère les opérations de transfert international
en termes de coût et de délai de livraison. À cette fin,
une étude réalisée par la Banque mondiale en 2016 a
montré que le système de transfert traditionnel facturait
près de 10% de frais de transfert pour un délai de livraison
minimal d'un jour, tandis que le Bit Pesa en Afrique orientale et le Rebit aux
Philippines facturaient moins 3% de frais de transfert pour une livraison
immédiate (Banque mondiale, 2016). Par exemple, l'expéditeur au
Royaume-Uni achète et envoie des bitcoins qui sont immédiatement
transformés en shilling kenyan lors d'une réception au Kenya par
le destinataire (Sapovadia, 2018). De même, Alampay et al., (2017), dans
une revue systématique de 2 758 études empiriques sur l'impact
des services financiers mobiles dans les pays à revenus moyens et
faibles, ont révélé que les utilisateurs de services
financiers mobiles recevaient un montant de transfert plus élevé
que celui des non-utilisateurs. De plus, ils constatent que l'argent mobile
induit une augmentation de l'épargne. Dans le même esprit, Jack et
Suri (2014) montrent que le MPESA est utilisé de plus en plus pour
épargner. Ils notent également que les transferts via MPESA sont
rapides, instantanés et moins chers. Ainsi, lors d'un
événement malheureux, les individus bénéficient de
certains transferts de leurs proches via l'argent mobile (Jack & Suri,
2014). L'argent mobile a également réduit les pratiques
d'épargne informelle consistant à économiser de l'argent
sous des matelas ou à participer à des systèmes de
tontines, ce qui a entraîné une demande accrue de services
bancaires (Jack & Suri, 2014; Osafo-Kwaako al., 2018). Dans le même
sens, Shem et al., (2017) ont étudié le rôle des services
financiers mobiles dans le développement de l'inclusion
financière et la promotion de l'épargne dans certains pays
d'Afrique subsaharienne à partir de données provenant du Kenya,
de l'Ouganda, du Malawi et de la Zambie. Les résultats ont montré
que la disponibilité et l'utilisation de téléphones
mobiles pour fournir des services financiers augmentent les probabilités
d'épargne au niveau des ménages. En examinant l'impact de
l'argent mobile sur le transfert de ménage en Ouganda, Munyegera et
Matsumoto (2014) ont constaté que les utilisateurs de MPESA, en
particulier les personnes travaillant dans les villes et ayant des
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
13
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
parents dans les villages, effectuent plus de transferts que
les non-utilisateurs de MPESA. De même, Ghosh (2012) montre que les
Ougandais utilisent leur porte-monnaie électronique pour
économiser de l'argent. Au Bangladesh, un guide préparé
par Sinha et Highet (2017) sur l'inclusion financière des femmes par le
biais des technologies mobile montre que l'utilisation de ces technologies a
augmenté les transferts, l'épargne des femmes et même
l'accès au crédit; ce qui crée de nombreuses
opportunités pour l'autonomisation de ces femmes. De plus, les paiements
en ligne deviennent de plus en plus importants. Ceci est conforme au rapport de
2015 de la Banque mondiale intitulé «Mécanismes innovants de
paiement numérique prenant en charge l'inclusion
financière», qui montre que l'argent mobile n'est pas seulement un
outil de transfert, mais induit également une économie, un
accès au microcrédit et des transferts internationaux accrus
(Gas, 2017).
3. Eléments de littérature sur le lien
entre Finance mobile et dépôt dans les banques
Les banques jouent un rôle très important dans
l'économie. Plus précisément, les banques ont un double
rôle à remplir : accepter des dépôts et effectuer des
investissements pour le compte des investisseurs ; des engagements bancaires,
ou des créances sur ces dépôts, facilitent les
échanges avec des tiers (Gu et al., 2012). En séparant ces deux
fonctions de base, placer de l'argent dans une banque élimine presque le
risque de perte ou de vol. L'importance de l'accès des agents aux
services bancaires (en gros, les services financiers) a été
soulignée à maintes reprises dans la littérature, à
travers différents domaines de l'économie (Levine, 2005 ; 2007).
A cet effet, Cumming et al., (2014) soulignent l'importance de l'accès
au financement afin d'encourager les entrepreneurs à prendre des
risques, à investir davantage et à contribuer positivement
à la croissance. Par ailleurs, la rapide pénétration du
téléphone portable dans les pays en développement a
entraîné l'apparition de la finance mobile en tant que produit
financier innovant facilitant l'accès des agents économiques aux
services bancaires et financiers formels (GSMA, 2014).
En effet, l'avènement des services financiers mobiles,
une plateforme qui permet aux exclus d'utiliser leur téléphone
portable comme portefeuille pour transférer de l'argent, payer des biens
et services, a commencé à avoir un effet de transformation plus
rapide que prévu (Kulabako, 2010). Cette plate-forme offre de nouveaux
services permettant de transférer de l'argent d'un endroit à
l'autre et constitue de nos jours une alternative aux systèmes de
paiement existants. Par ailleurs, les changements technologiques rapides ont
influencé la nouvelle orientation du secteur bancaire allant du guichet
unique à la banque à distance (Dahlberg & Mallet, 2008). A
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
14
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
cet égard, Kassim (2005) explique que la
révolution technologique a entraîné un nouveau
développement dans le secteur bancaire. En effet, James et al., (2014),
dans leur étude sur l'effet des services d'agent mobile sur la
performance des institutions bancaires de la ville de Kakamega, ont
utilisé des données de 13 répondants qui sont des
institutions bancaires de la ville. Les résultats ont montré que
l'introduction des services d'argent mobile a eu une incidence positive sur la
performance financière des institutions bancaires de la ville. L'auteur
attribut la performance financière à la solidité
financière lorsque les fonds des déposants sont en
sécurité dans un système bancaire stable. De même,
Jack et Suri (2014) ont montré que les services financiers mobiles ont
réduit les pratiques d'épargne informelle consistant à
économiser de l'argent sous des matelas ou à participer à
des systèmes de tontines, ce qui a entraîné une demande
accrue de services bancaires. En outre, Han & Melecky (2013) ont
démontré que le fait d'être inclus financièrement
offre la possibilité de sauver l'avenir, ce qui favorise la
stabilité des finances personnelles et un niveau élevé des
dépôts bancaires.
Idowu et al., (2002) ont réalisé une
étude sur les effets des technologies de l'information sur la croissance
du secteur bancaire au Nigéria. Les résultats de l'analyse du
questionnaire administré aux clients de cinq grandes banques du Nigeria
ont montré que les technologies de l'information (TI) ont
énormément contribué à la croissance du secteur
bancaire au Nigeria. De même, Adewale et Afolabi (2013) ont mené
une étude sur les effets des technologies de l'information et de la
communication (TIC) sur la croissance du secteur bancaire nigérian
à l'aide de cinq banques cotées. Les résultats ont
révélé que les services bancaires électroniques ont
amélioré la satisfaction de la clientèle. De plus, Wario
et Okibo (2014), utilisant un échantillon de 135 répondants, ont
étudié les effets de la banque en ligne sur la croissance de la
clientèle des banques kenyanes. Les résultats ont
révélé que la banque en ligne a renforcé la
croissance de la clientèle des institutions bancaires au Kenya. En
outre, Abubakar (2014a) a étudié les effets de la banque
électronique sur la croissance des banques de dépôts au
Nigeria, en utilisant la technique de régression multiple.
L'étude a révélé l'existence de relations positives
entre les services bancaires mobiles et le total des dépôts, ainsi
qu'entre les services bancaires en ligne et le total des actifs. En revanche,
il n'y a pas de relation significative entre les services bancaires en ligne et
le total des dépôts, ni entre les services bancaires mobiles et le
total des actifs.
Hassan et al. (2013) ont étudié les produits
bancaires électroniques et la performance des banques de
dépôts nigérianes. L'étude a utilisé les
données secondaires de six (6) banques entre 2006 et 2011 et a
révélé que l'adoption de produits bancaires
électroniques a eu un impact fort
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
15
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
et significatif sur les performances des banques
nigérianes, d'une part, d'autre part, les résultats ont
montré que les alertes e-direct et SMS n'avaient pas eu d'incidence
significative sur les performances des banques. De plus, Meihami et al., (2013)
ont examiné l'effet de l'utilisation des services bancaires
électroniques sur la rentabilité des banques à l'aide de
statistiques descriptives et inférentielles. Les résultats ont
montré que les services bancaires électroniques ont
amélioré la performance des banques mesurée par leurs
revenus. Aduda et Kingoo (2012) ont mené une étude sur la
relation entre les opérations bancaires électroniques et la
performance financière parmi les banques commerciales au Kenya. En
utilisant le rendement des actifs comme indicateur indirect de la performance
financière et des investissements dans la banque en ligne, le nombre de
guichets automatiques et le nombre de cartes de débit émises aux
clients en remplacement de la banque en ligne, les résultats
révèlent une relation positive entre la banque en ligne et la
performance bancaire.
Selon Sivapragasam (2010) les services d'argent mobile ont
constitué un nouveau canal de livraison pour remplacer les services
bancaires existants, au point que certaines personnes trouvent qu'il est
inutile de payer beaucoup d'argent ou de parcourir de longues distances pour
placer de petites sommes sur un compte. C'est dans cet esprit que, Pickens
(2009) soupçonne que l'expansion des services financiers mobiles a
désavantagé les banques commerciales en raison du vol indirect de
leurs liquidités. Cependant, Nixon et al., (2012) ont examiné
dans quelle mesure les services monétaires mobiles ont affecté la
liquidité des banques commerciales Ougandaises. A l'aide des
statistiques descriptives ainsi que des tests de régression
linéaire, ils ont découvert, que les banques commerciales
Ougandaises sont en crise de liquidité, un phénomène qui a
limité leur capacité de prêt. Ils ont découvert
également, que les ratios de liquidité des banques commerciales
sont inférieurs au ratio de 20% fixé par la Banque Ougandaise,
soit un ratio du total des actifs liquides sur le total des
passifs-dépôts. Or, Pandey (2010) trouve que la liquidité
est extrêmement essentielle pour qu'une entreprise soit en mesure de
faire face à ses obligations au moment voulu. Pour l'auteur, les ratios
de liquidité mesurent la capacité d'une entreprise à
respecter ses obligations actuelles. Dans le même esprit Neaime et
Gaysset (2017) trouvent qu'en absence de liquidité, les banques peuvent
avoir du mal à continuer à prêter. Ils soutiennent que les
dépôts sont un canal pour le crédit.
Cette section souffre de manque d'études permettant
d'expliquer à quel point la finance mobile a affecté la
liquidité en termes de dépôts des banques commerciales des
pays en développement. Ce qui précède souligne la
nécessité d'explorer les lacunes en matière de recherche
découlant
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
16
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
du manque d'études documentées dans des
résultats empiriques sur le niveau d'association entre la finance mobile
et la liquidité dans les banques commerciales.
Paragraphe 2 : Méthodologie de recherche
Ce paragraphe est consacré à l'approche
méthodologique qui est utilisée pour analyser l'effet des
services financiers mobiles sur l'inclusion financière et la croissance
des dépôts bancaires dans l'UEMOA. Il comprend les
stratégies empiriques d'estimation et les sources de données.
1. Stratégies empiriques d'estimation
Afin de déterminer l'effet de la technologie mobile sur
l'inclusion financière, cette étude s'inspirera de l'approche de
Andrianaivo et Kpodar (2011, 2012) et Lundqvist et Erlandson (2014) qui ont
investigué la relation entre inclusion financière et mobile money
en utilisant un modèle économétrique de la forme :
Flit = a0 + a1MMit + ? Xit
?? i=1 + £t (1)
Avec Flit le log de l'inclusion financière,
MMit représente le log des indicateurs du mobile money, Xit
les autres variables de contrôle telles que la masse
monétaire au sens large M2, le PIB par tête, la population, le
taux d'inflation, le taux d'alphabétisation et
£tle terme d'erreur aléatoire.
La démarche adoptée dans cette étude
passe par trois étapes. Premièrement, à cause de la
composante temporelle des séries en panel, il est impérieux de
faire d'abord le test de racine unitaire qui n'est rien d'autre qu'une
extension du test de Dicker Fuller Augmenté pour les séries
longitudinales. Les deux types de test de racine unitaire les plus
utilisés en panel sont : le test de Levine, Lin et Chu (LLC) pour les
panels homogènes et le test d'Im, Pesaran et Shin (IPS) pour les panels
hétérogènes (Baltagi, 1995). Etant donné que
l'échantillon est constitué des pays ayant en commun la
même monnaie, c'est-à-dire le FCFA, l'approche de Levine, Lin et
Chu (LLC) s'avère la plus appropriée pour tester les racines
unitaire. Ces auteurs considèrent trois modèles de test de racine
unitaire selon la forme que revêt la composante déterministe.
Modèle1 : 1.Yi,t = PYi,t-i +
£i,t (2)
Modèle 2 : 1.Yi,t = ai +
PYi,t-i + £i,t (3)
Modèle 3 : 1.Yi,t = ai + 13it +
PYi,t-i + £i,t (4)
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
17
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Avec i = 1, N et t = 1,.....T et où les termes d'erreur
????,?? sont distribués indépendamment
entre les individus i et suivant un processus ARMA
stationnaire et inversible admettant une représentation AR (8) du type
:
8
????,?? = ? ????,?? ????,??-?? + ????,?? (5)
??=1
La deuxième étape consiste à estimer un
modèle à effet fixe ou aléatoire selon les indications du
test de Hausman(1979) sur le choix entre le modèle à effet fixe
ou le modèle à effet aléatoire bien que la dimension
temporelle très courte de notre échantillon d'étude
présage déjà la pertinence du modèle à effet
aléatoire (Andrianaivo et Kpodar, 2011). Cependant, le modèle
à effet aléatoire impose la stricte
exogénéité des variables indépendantes signifiant
qu'elles doivent être non corrélées avec les effets
spécifiques pays et les effets spécifiques temporels. Dans le cas
contraire, le model à effet aléatoire devient biaisé et
inconsistant (Baltagi, 2009). Nous estimons ce modèle statique juste
pour évaluer l'effet de l'implémentation de la finance mobile sur
l'inclusion financière dans l'UEMOA.
La troisième étape de la démarche
économétrique de cette étude consistera alors à
évaluer la robustesse des estimations en permettant une dynamique dans
l'analyse de la relation entre l'inclusion financière et la technologie
mobile dans l'UEMOA. A cet effet, il sera estimé un modèle de
panel dynamique. Selon Baltagi (2005), la plupart des relations
macroéconomiques sont dynamiques en nature et un des avantages de la
modélisation en panel est de permettre au chercheur de bien comprendre
la dynamique des ajustements. L'intérêt de l'introduction de la
dynamique dans cette analyse est de capter les effets dynamiques des chocs
actuels et passés dans le model (Hsiao, 1986), contrôler les
variables inobservées et manquantes et même permettre
l'identification des effets spécifiques pays (Arellano-Bond, 1991;
Pesaran, Smith, Im, Matyas & Sevestre, 1996). Il sera à cet effet
estimé le système GMM. Ce dernier parce que l'inclusion
financière pouvant dépendre de ces valeurs passées
crée le problème d'endogénéité.
De façon plus simple, un modèle de panel dynamique
peut être représenté comme suit :
????,?? = ??????,??-1 + ??????,?? + u??,?? (6)
Où ?? et ?? sont des scalaires et u??,?? est le
iém effet individuel. La spécification empirique du modèle
de panel dynamique peut être écrite comme suit :
?r?????? = ??0 + ??1??????,??-1 + ??2??????,?? + ?
????????????
?? + ????,?? (7) ??=3
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
18
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Où FlIt dénote l'inclusion
financière mesurée par le taux global d'utilisation des services
financiers (TGUSF)2 ou taux d'inclusion financière.
FlI,t_1 est la variable de l'inclusion financière
retardée d'une période. MMI,t
représente la mesure le nombre d'abonnés Mobile Money
approximé par le taux d'utilisation des services de monnaie
électronique (TUSME)3. xI??t désigne les
autres variables de contrôle qui sont présentées.
Cependant, incluant la variable dépendante retardée d'une
période dans le modèle, la régression de panel dynamique
est caractérisée par deux sources de persistance temporelles :
L'autocorrélation due à la présence de la variable
dépendante retardée parmi les régresseurs et les effets
individuels caractérisant
l'hétérogénéité parmi les individus
(Baltagi, 2005). La littérature a évoqué un certain nombre
de problèmes qui pourraient entraver la robustesse du modèle.
Ainsi, plusieurs techniques d'estimation telles que le système GMM de
Arellano & Bond (1991), Arellano & Bover (1995), ou encore de Blundell
& Bond (1998) sont proposées pour résoudre le
problème.
Cette étude utilise l'approche de Blundell & Bond
(1998) plutôt que celle d'Arellano & Bond (1991) parce que la
première est plus adaptée lorsque le nombre de périodes du
panel est très petit. De plus, la validité des instruments
utilisés doit être vérifiée pour être sure que
les résultats sont valides. Selon Roodman (2009), le système GMM
doit être utilisé avec beaucoup d'attention et plusieurs tests
doivent être faits pour s'assurer de la consistance des résultats
surtout lorsque le nombre de périodes T est petit et le nombre
d'instruments est élevé. Ceci parce que beaucoup d'instruments
entraineraient des résultats biaisés (Roodman, 2009). Nous
adoptons ainsi le système GMM en deux étapes de Windmeijer (2005)
avec option robuste conforme aux échantillons de petite taille.
Par ailleurs, dans le but d'évaluer l'effet des
services financiers mobiles sur la croissance des dépôts bancaires
cette étude s'inspirera du modèle de Simon Neaime et Isabelle
Gaysset (2017) qui ont examiné comment la pénétration des
banques, l'accès aux services financiers et une intégration
financière accrue peuvent promouvoir la croissance des
dépôts en utilisant un modèle économétrique
de la forme :
2 Taux Global d'Utilisation des Services Financiers
(TGUSF) base comptes de monnaie électronique ouverts = Nombre total de
particuliers titulaires de comptes ouverts au niveau des banques, de la Poste,
des caisses nationales d'épargne, du Trésor, des Systèmes
Financiers Décentralisés (SFD) et des Etablissements de Monnaie
Electronique (EME) sur la population adulte.
3 Taux d'Utilisation des Services de Monnaie
Electronique (TUSME) base comptes ouverts = Nombre de personnes physiques
titulaires de comptes de monnaie électronique auprès des
Etablissements de Monnaie Electronique, des banques émettrices de
monnaie électronique et d'autres institutions financières sur la
population adulte.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
19
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
crdepotl = a + blTGUSFl + E j1 cliXl1 + pl (8)
où l'indice i représente les pays de
l'UEMOA respectifs, crdepot est l'écart type du taux de
croissance des dépôts bancaires entre 2010 et 2018, TGUSFl
mesure l'inclusion financière digitale, et Xli est un
vecteur de j facteurs se rapportant au pays i comprenant :
(1) le log de la taille de la population ; (2) le log de la croissance moyenne
du revenu national brut, francs CFA constants par habitant ; (3) inflation
moyenne pendant la période 2010-2018. a, bl et clé
sont des paramètres, et pl est un terme d'erreur. La
variable crdepot mesure la volatilité dans les pays i
montants total des dépôts des banques commerciales entre 2010
et 2018. Il est important de souligner que le modèle (8) n'est pas
fonction du temps et ne changent que d'un pays à l'autre. Toutes les
variables seront basées sur leurs valeurs moyennes entre 2010 et 2018.
Pour éviter les problèmes de multicolinéarité, le
modèle est estimé à l'aide de la procédure
d'estimation GLS pour les modèles dans le contexte des données de
panel. La méthode d'estimation du modèle permet la
présence d'autocorrélation de type AR (1) au sein des panels et
la corrélation transversale, ainsi que
l'hétéroscédasticité entre les panels.
2. Données et ses sources
Les données utilisées dans le cadre de cette
étude proviennent de la base de données de la BCEAO, de la Banque
Mondiale. Elles couvrent la période de 2010 à 2018. Ces
données sont donc des données secondaires et concernent le taux
global d'utilisation des services financiers, le taux d'utilisation des
services de monnaie électroniques, la masse monétaire, le produit
intérieur brut par habitant, la population, le taux d'inflation moyen,
le taux d'alphabétisation des adultes, le revenu national brut par
habitant, le montant des dépôts bancaires des clients et la
croissance des dépôts banacires. Cette étude utilise les
données de panel pour les huit (08) Etats membres de l'UEMOA, issues de
la base de données de la BCEAO et de la Banque Mondiale.
Les variables de cette étude et leurs sources sont
présentées dans le tableau 1 ci-après en y faisant figurer
les signes attendus.
Services financiers mobiles, inclusion
financière et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Tableau 1 : Présentation des variables et les
effets attendus
Variables Définitions L'unité Sources
Signes attendus
TGUSF Taux Global d'Utilisation des
Pourcentage BCEAO
Services Financiers
|
Expliquée (modèle 7) + (modèle 8)
|
TUSME
|
Taux d'Utilisation des Services Pourcentage BCEAO
de Monnaie Electronique +
|
LNMM Logarithme Népérien
de la Milliards FCFA BCEAO +
Masse Monétaire
Logarithme Népérien du Produit
LNPIBH Milliards FCFA BCEAO
+ Intérieur Brut par habitant
LNPOP Logarithme Népérien
de la Habitants BCEAO
Population +/-
Taux d'Inflation Moyen Pourcentage BCEAO +/-
TINFLM
TAA
Taux d'alphabétisation des Pourcentage Banque Mondiale
+
adultes
LNRNBH Logarithme
Népérien du Revenu Milliards FCFA Banque Mondiale +
National Brut Habitant
LNMDC
|
Logarithme Népérien du Millions FCFA BCEAO
Montant des dépôts des clients +
|
crdepot Croissance des
dépôts bancaires Millions FCFA BCEAO Expliquée
(modèle 8)
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
20
Source : Auteur, juillet 2019
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
CHAPITRE II :
ANALYSE EMPIRIQUE DE L'EFFET DES SERVICES FINANCIERS
MOBILES SUR L'INCLUSION FINANCIERE ET LA CROISSANCE DES DEPOTS BANCAIRES
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
21
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
22
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Chapitre II : Analyse empirique de l'effet des
services financiers mobiles sur l'inclusion financière et la croissance
des dépôts bancaires
Ce chapitre est consacré à la
présentation et à l'analyse des résultats et termine par
quelques suggestions.
Section1 : présentation des services financiers
mobiles dans l'UEMOA, analyse des résultats de l'étude et
Suggestions
Nous présentons dans un premier paragraphe les services
financiers mobiles dans l'UEMOA, ensuite, dans un deuxième paragraphe
l'analyse des résultats d'estimation de l'étude.
Paragraphe 1 : présentation des services financiers
mobiles dans l'UEMOA
Nous présentons ici dans un premier temps
l'évolution des services financiers via la téléphonie
mobile dans l'UEMOA de 2013 à 2017 et dans un second temps la
contribution de ses services à l'inclusion financière de 2010
à 2018.
1. Evolution des services financiers via la
téléphonie mobile dans l'UEMOA de 2013-2017.
Le secteur, actuellement caractérisé par la
diminution des partenariats entre les opérateurs de
téléphonie mobile et les institutions financières (BCEOA,
2017), a enregistré l'arrivée de nouveaux acteurs que sont : MTN
Mobile Money au Bénin, Orange Money au Burkina, MTN MFS et SGBCI YUP en
Côte d'Ivoire, Ecobank en partenariat avec le groupe Orange en
Guinée-Bissau, BIMAO et SGBS-YUP au Sénégal, ainsi que
BTCI au Togo.
Le tableau suivant fait le point de l'évolution entre
2013 et 2017 en termes de nombre de comptes de monnaie électronique
ouverts, du taux d'activité des souscripteurs, de nombre de points de
services, de volume des tractions et enfin, de la valeur des transactions. Les
années 2010, 2011, 2012 et 2018 sont écartées dans ce
tableau pour faute d'inexistence de données.
Services financiers mobiles, inclusion
financière et croissance des dépôts bancaires
dans
l'UEMOA
Tableau 2 : Evolution des services financiers via la
téléphonie mobile dans l'UEMOA, de 2013 à 2017
Variables
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
Nombre de comptes de monnaie électronique ouverts
|
11.069.154
|
18.233.444
|
25.571.883
|
36.462.265
|
50.494.200
|
Taux d'activité (%)
|
50,63
|
58,76
|
38,78
|
34,60
|
36,75
|
Nombre de points de services
|
44.743
|
93.621
|
164.281
|
183.274
|
312.376
|
Volume des transactions
|
106.450.160
|
259.354.452
|
501.238.841
|
735.295.071
|
1.254.464.732
|
Valeur des transactions (milliards FCFA)
|
1.606
|
3.760
|
7.415
|
11.501
|
16.943
|
Source : Réalisé par l'auteur
à partir des données de la BCEAO, Juillet 2019
Il ressort de l'analyse de ce tableau que, au cours de
l'année 2017, le nombre de souscripteurs de comptes de monnaie
électronique dans l'UEMOA est ressorti à 50,5 millions, contre
36,5 millions en 2016, soit une hausse de 38,48%. Le nombre de transactions en
2017, s'est chiffré à environ 1.254,5 millions contre 735,2
millions un an plus tôt, soit une progression de 70,6%. La valeur de ces
transactions a augmenté au cours de la période sous revue, en
passant de 11.501 milliards de F CFA en 2016 à 16.943 milliards de F CFA
en 2017. Donc, les transactions effectuées par le biais de la
téléphonie mobile présentent une évolution
significative dans l'Union.
Nous retenons de ce tableau qu'il y a une évolution
très considérable des services financiers via la
téléphonie mobile ces cinq (05) dernières années
dans l'UEMOA.
2. Contribution des services financiers via la
téléphonie mobile à l'inclusion financière de 2010
à 2018.
L'utilisation des services financiers dans l'UEMOA est suivie
par trois indicateurs qui permettent d'appréhender son évolution
(BCEAO, 2018) à savoir : le taux de bancarisation strict
(TBS)4, qui mesure le pourcentage de la population adulte
détenant un compte dans les banques, les services postaux, les caisses
nationales d'épargne et le Trésor ; le taux de bancarisation
élargi (TBE)5, qui complète le taux de bancarisation
strict par le pourcentage de la population adulte détentrice d'un compte
dans les institutions de microfinance et du taux global d'utilisation des
services financiers (TGUSF) ou taux d'inclusion financière, qui
constitue
4 Taux de Bancarisation Strict (TBS) = Nombre de
personnes physiques titulaires de comptes de dépôt ou de
crédit dans les banques, les services postaux, les caisses nationales
d'épargne et le Trésor sur la population adulte.
5 Taux de Bancarisation Elargi (TBE) = Nombre de
personnes physiques titulaires de comptes de dépôt ou de
crédit dans les banques, les services postaux, les caisses nationales
d'épargne et le Trésor et les Systèmes Financiers
Décentralisés (SFD) sur la population adulte.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
23
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
24
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
le cumul du taux de bancarisation élargi et du pourcentage
de la population adulte titulaire d'un compte dans les établissements de
monnaie électronique (EME).
Pour ce faire, nous présentons ici la contribution des
services financiers via la téléphonie mobile à l'inclusion
financière dans l'Union de façon générale et dans
chaque Etats membres à partir du TGUSF, du TBE et du TBS.
Union Economique et monétaire Ouest Africaine
(UEMOA)
Graphique 1 : Contribution des services
financiers via la téléphonie mobile à l'inclusion
fiancière dans l'UEMOA de 2010 à 2018
90 80 70 60 50 40 30 20 10
|
|
|
|
0
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
TGUSF
|
22,319
|
28,088
|
31,467
|
38,363
|
47,574
|
54,068
|
58,673
|
77,283
|
44,72938
|
TBE
|
25,68
|
27,34
|
28,43
|
30,88
|
32,24
|
33,83
|
35,27
|
35,88
|
31,19375
|
TBS
|
10,79
|
12,96
|
12,94
|
13,97
|
14,71
|
15,45
|
16,57
|
16,99
|
14,2975
|
TGUSF TBE TBS
Source : Réalisé par l'auteur
à partir des données de la BCEAO, juillet 2019
L'utilisation de la téléphonie mobile par le
secteur financier a contribué, de manière significative, au
relèvement du taux global d'utilisation des services financiers, qui
s'est établi à 77,283% en 2017, pour un taux de bancarisation
strict de 16,99% et élargi de 35,88%.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
25
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Bénin
Graphique 2 : Contribution des services
financiers via la téléphonie mobile à l'inclusion
financière au Bénin de 2010 à 2018
90 80 70 60 50 40 30 20 10
|
|
|
0
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
TGUSF
|
45,406
|
44,891
|
44,734
|
53,637
|
59,749
|
67,942
|
70,585
|
85,113
|
59,007125
|
TBE
|
52,92
|
52,26
|
52
|
62,24
|
64,61
|
65,11
|
63,15
|
64,04
|
59,54125
|
TBS
|
21,55
|
22,61
|
23,22
|
25,36
|
26,32
|
26,35
|
26,74
|
27,17
|
24,915
|
TGUSF TBE TBS
Source : Réalisé par l'auteur
à partir des données de la BCEAO, Juillet 2019
L'utilisation de la téléphonie mobile par le
secteur financier a contribué, de manière significative, au
relèvement du taux global d'utilisation des services financiers ou taux
d'inclusion financière, qui s'est établi à 85,113% en
2017, pour un taux de bancarisation strict de 27,17% et élargi de
64,04%.
Burkina-Faso
Graphique 3 : Contribution des services
financiers via la téléphonie mobile à l'inclusion
financière dans l'UEMOA de 2010 à 2018
120 100 80 60 40 20
|
|
|
|
0
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
TGUSF
|
23,657
|
24,121
|
27,849
|
35,644
|
39,634
|
45,953
|
57,821
|
96,53
|
43,901125
|
TBE
|
27,38
|
27,04
|
30,65
|
32,04
|
34,07
|
37,86
|
40,05
|
41,07
|
33,77
|
TBS
|
12,99
|
12,84
|
14,74
|
15,4
|
16,9
|
19,81
|
22,03
|
22,15
|
17,1075
|
TGUSF TBE TBS
Source : Réalisé par l'auteur
à partir des données de la BCEAO, juillet 2O19
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
26
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
L'utilisation de la téléphonie mobile par le
secteur financier a contribué, de manière significative, au
relèvement du taux global d'utilisation des services financiers ou taux
d'inclusion financière, qui s'est établi à 96,53% en 2017,
pour un taux de bancarisation strict de 22,15% et élargi de 41,03%.
Côte d'Ivoire
Graphique 4 : Contribution des services
financiers via la téléphonie mobile à l'inclusion
financière en Côte d'Ivoire de 2010-2018
100 90 80 70 60 50 40 30 20 10
|
|
|
|
0
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
TGUSF
|
18,588
|
38,098
|
41,473
|
51,285
|
58,766
|
63,437
|
67,622
|
87,007
|
53,2845
|
TBE
|
21,69
|
26,99
|
24,08
|
22,28
|
21,62
|
23,03
|
25,72
|
24,92
|
23,79125
|
TBS
|
11,47
|
19,45
|
16,46
|
16,51
|
15,62
|
15,83
|
17,8
|
16,65
|
16,22375
|
TGUSF TBE TBS
Sources : Réalisé par l'auteur
à partir des données de la BCEAO, juillet 2019
L'utilisation de la téléphonie mobile par le
secteur financier a contribué, de manière significative, au
relèvement du taux global d'utilisation des services financiers ou taux
d'inclusion financière, qui s'est établi à 87,007% en
2017, pour un taux de bancarisation strict de 16,65% et élargi de
24,92%.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
27
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Guinée-Bissau
Graphique 5 : Contribution des services
financiers via la téléphonie mobile à l'inclusion
financière en Guinée-Bissau de 2010 à 2018
20 18 16 14 12 10
8
6
4
2
|
|
|
0
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
|
TGUSF
|
4,117
|
4,932
|
5,864
|
10,504
|
13,318
|
18,614
|
17,302
|
9,844625
|
|
TBE
|
4,8
|
5,75
|
6,84
|
8,02
|
9,79
|
11,84
|
11,53
|
7,92
|
|
TBS
|
3,72
|
4,63
|
5,76
|
6,88
|
8,61
|
10,72
|
10,4
|
6,81625
|
|
TGUSF TBE TBS
Source : Réalisé par l'auteur
à partir des données de la BCEAO, juillet 2019
L'utilisation de la téléphonie mobile par le
secteur financier a contribué, de manière significative, au
relèvement du taux global d'utilisation des services financiers ou taux
d'inclusion financière, qui s'est établi à 17,32% en 2017,
pour un taux de bancarisation strict de 10,04% et élargi de 11,53%.
Mali
Graphique 6 : Contribution des services
financiers via la téléphonie mobile à l'inclusion
financière au Mali de 2010 à 2018
70
60 50 40 30 20 10
|
|
0
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
TGUSF
|
19,839
|
22,136
|
24,561
|
28,394
|
48,089
|
58,049
|
60,553
|
62,992
|
40,576625
|
TBE
|
21,73
|
21,93
|
22,34
|
22,78
|
21,71
|
23,21
|
23,89
|
25,13
|
22,84
|
TBS
|
8,07
|
8,53
|
9,01
|
9,5
|
9,52
|
10,58
|
11,12
|
13,32
|
9,95625
|
TGUSF TBE TBS
Source : Réalisé par l'auteur
à partir des données de la BCEAO, juillet 2019
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
28
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
L'utilisation de la téléphonie mobile par le
secteur financier a contribué, de manière significative, au
relèvement du taux global d'utilisation des services financiers ou taux
d'inclusion financière, qui s'est établi à 62,992% en
2017, pour un taux de bancarisation strict de 13,32% et élargi de
25,13%
Niger
Graphique 7 : Contribution des services
financiers via la téléphonie mobile à l'inclusion
financière au Niger de 2010 à 2018.
25 20 15 10
5
|
|
|
0
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
TGUSF
|
6,807
|
8,112
|
10,973
|
13,022
|
17,021
|
19,793
|
19,722
|
18,61
|
14,2575
|
TBE
|
7,94
|
7,79
|
11,03
|
12,58
|
14,08
|
16,71
|
16,64
|
14,68
|
12,68125
|
TBS
|
1,82
|
2,16
|
2,78
|
3,39
|
4,45
|
5,49
|
5,72
|
4,06
|
3,73375
|
TGUSF TBE TBS
Source : Réalisé par l'auteur
à partir des données de la BCEAO, juillet 2019
L'utilisation de la téléphonie mobile par le
secteur financier a contribué, de manière significative, au
relèvement du taux global d'utilisation des services financiers ou taux
d'inclusion financière, qui s'est établi à 19,793% en 2015
et à 19,722% en 2016, pour des taux de bancarisation strict respectifs
de 5,49% et de 5,72 % et élargi respectivement de 16,71% et de
16,64%.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
29
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Sénégal
Graphique 8 : Contribution des services
financiers via la téléphonie mobile à l'inclusion
financière au Niger de 2010 à 2018.
120
100
80 60 40 20
|
|
0
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
TGUSF
|
27,31
|
31,278
|
38,538
|
44,849
|
61,73
|
65,388
|
70,141
|
96,286
|
54,44
|
TBE
|
30,96
|
33,8
|
36,48
|
40,81
|
45,1
|
43,35
|
45,84
|
47,88
|
40,5275
|
TBS
|
10,61
|
11,79
|
13,01
|
15,93
|
18,34
|
16,98
|
17,72
|
19,64
|
15,5025
|
TGUSF TBE TBS
Source : Réalisé par l'auteur
à partir des données de la BCEAO, juillet 2019
L'utilisation de la téléphonie mobile par le
secteur financier a contribué, de manière significative, au
relèvement du taux global d'utilisation des services financiers ou taux
d'inclusion financière, qui s'est établi à 96.286% en
2017, pour un taux de bancarisation strict de 19,64% et élargi de
47,88%.
Togo
Graphique 9 : Contribution des services
financiers via la téléphonie mobile à l'inclusion
financière au Togo de 2010 à 2018.
140 120 100 80 60 40 20
|
|
|
0
|
2010
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
2018
|
TGUSF
|
35,649
|
38,709
|
42,648
|
53,772
|
59,412
|
75,836
|
82,694
|
122,129
|
63,856125
|
TBE
|
41,94
|
45,54
|
50,17
|
61,1
|
65,17
|
68,06
|
70,78
|
73,67
|
59,55375
|
TBS
|
17,09
|
17,34
|
17,16
|
18,55
|
20,39
|
21
|
21,43
|
24,27
|
19,65375
|
TGUSF TBE TBS
Source : Réalisé par l'auteur
à partir des données de la BCEAO, juillet 2019
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
30
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
L'utilisation de la téléphonie mobile par le
secteur financier a contribué, de manière significative, au
relèvement du taux global d'utilisation des services financiers ou taux
d'inclusion financière, qui s'est établi à 122,129% en
2017, pour un taux de bancarisation strict de 24,27% et élargi de
73,67%.
En effet, l'analyse de la contribution des services financiers
mobiles à l'inclusion financière dans l'UEMOA à partir des
indicateurs cités plus haut, laisse apparaître, globalement que,
les services financiers mobiles ont contribué fortement au
relèvement du taux d'inclusion financière dans l'Union. Ce
résultat corrobore avec l'étude de GSMA (2014) qui a
montré que les services financiers mobiles contribuent à
l'inclusion financière et au développement économique. De
même, CNSMO (2018) a démontré que les services
monétaires par téléphonie mobile assurent mieux
l'accès aux services financiers, contrairement aux prestataires de
services bancaires et financiers traditionnels. Cette même source indique
que, en dépit des différentes initiatives des autorités
monétaires dans l'espace UEMOA pour booster le taux d'inclusion
financière, le poids du secteur de la technologie mobile est ressortie
à 27,2% environ en 2014 dans la décomposition du taux global
d'utilisation des services financiers qui s'est affiché à 61,7%.
Un taux de contribution qui passe largement en tête par rapport aux taux
de contribution du secteur bancaire et de la microfinance qui
s'élèvent respectivement à 15,7% et 18,7%. Dans le
même esprit, BCEAO (2018) trouve que les services financiers via la
téléphonie mobile contribuent à enrichir le paysage
financier et à améliorer la situation de l'inclusion
financière dans l'UEMOA. En effet, les travaux d'Andrianaivo et Kpodar
(2012) ont confirmé que le développement de la
téléphonie mobile contribue de manière significative
à la croissance économique des pays africains. Ces auteurs
soulignent également que, l'effet positif de la
pénétration mobile sur la croissance provient d'une plus grande
inclusion financière. En conclusion, malgré que les services
financiers mobiles dans l'UEMOA affichent des dynamiques différentes,
ces derniers contribuent significativement au taux d'inclusion
financière dans l'Union (BCEAO, 2017).
Paragraphe 2 : Analyse des résultats d'estimation de
l'étude
Ce point analyse et commente les résultats d'estimation
de l'étude. Nous présentons d'abord la statistique descriptive
des variables. Ensuite, les résultats d'estimation du modèle (7)
et (8).
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
1. Statistique descriptive des variables
Le tableau 3 ci-dessous présente les statistiques
descriptives des variables. Ces variables ont été
utilisées dans les estimations des équations (7) et (8). Il
ressort de ce tableau que parmi les variables endogènes le taux global
d'utilisation des services financiers (TGUSF) qui mesure l'inclusion
financière à une valeur maximum le plus élevée que
la croissance des dépôts bancaires (crdepot). Cela montre que les
valeurs moyennes des deux variables ne sont pas égales. Le taux
d'alphabétisation des adultes (TAA) a une valeur moyenne plus
élevée. Son écart-type est également
élevé. Cela veut dire elle est la variable exogène la plus
volatile. Parmi les variables qui ont des valeurs moyennes
élevées après le taux d'alphabétisation des
adultes, il y a la croissance des dépôts bancaires suivi du taux
global d'utilisation des services financiers dont son écart-type est le
plus élevé.
Tableau 3 : Statistique descriptive des
variables
Variable
|
Moyenne
|
Ecarts-types
|
Minimum
|
Maximum
|
LNMDC
|
10,59953
|
2,160964
|
5,087596
|
12,56963
|
TGUSF
|
42,39595
|
25,71671
|
4,106
|
122,129
|
LNPOP
|
15,6519
|
0,7549137
|
13,65719
|
16,40126
|
LNMM
|
7,343273
|
0,9761107
|
4,717811
|
9,182317
|
LPIBH
|
13,07471
|
1,093394
|
11,84223
|
15,8094
|
TINFLM
|
1,351389
|
1,57328
|
-1,8
|
6,7
|
TAA
|
47,02264
|
20,52291
|
20,78504
|
95
|
LNRNBH
|
12,4258
|
0,571
|
11,07
|
13,516
|
T USME
|
16,70953
|
19,79432
|
0
|
16,61
|
crdepot
|
46,07
|
24,31
|
0,012
|
112,90
|
Source : Réalisé par l'auteur,
juillet 2019
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
31
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
32
Services financiers mobiles, inclusion
financière et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
2. Résultats d'estimation de l'effet des
services financiers mobiles sur l'inclusion financière
Le tableau 4 ci-dessous présente les résultats des
estimations du modèle à effet aléatoire et du
modèle dynamique Arellano-Bover/ Blundell-Bond.
Tableau 4 : Estimation GMM en Système de
Arellano-Bover/ Blundell et Bond
|
|
|
VARIABLES
|
(1)
Random
|
(2)
Arellano-Bover/ Bundell-Bond
|
Taux global d'utilisation des services financiers (-1)
|
|
0.184**
|
|
|
(0.0802)
|
Logarithme de la Masse Monétaire
|
41.23***
|
57.87***
|
|
(6.721)
|
(12.40)
|
Taux d'utilisation des services de monnaie électronique
|
-0.120
|
0.359*
|
|
(0.112)
|
(0.201)
|
Logarithme du produit intérieur brut par habitant
|
-27.20***
|
-41.97***
|
|
(6.675)
|
(8.484)
|
Logarithme de la population
|
-36.55***
|
-66.96***
|
|
(13.35)
|
(16.77)
|
Taux d'inflation moyen
|
-1.070
|
-1.286
|
|
(1.341)
|
(1.504)
|
Taux d'alphabétisation des adultes
|
1.138***
|
1.464***
|
|
(0.208)
|
(0.252)
|
Constant
|
617.2**
|
1,146***
|
|
(242.1)
|
(273.6)
|
Observations
|
72
|
63
|
Wald chi2
|
101,23***
|
57,78***
|
Number of Annes
|
9
|
9
|
Test de Sargan
|
|
18,422*
|
*,
|
** et *** indiquent respectivement la
significativité des variables à 10%, 5% et 1%
|
Source : Réalisé par l'auteur
à partir du logiciel Stata 13, juillet 2019
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
33
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Le tableau 4 ci-dessus présente les résultats
des estimations du modèle à effet aléatoire (colonne 1) et
du modèle dynamique Arellano-Bover/ Blundell-Bond (colonne 2). Nous
utilisons le taux global d'utilisation des services financiers (TGUSF) comme
indicateur de l'inclusion financière. La statistique de Wald a
été utilisée pour tester l'hypothèse nulle selon
laquelle tous les coefficients étaient simultanément égaux
à zéro. Les résultats de ce test montrent que le
modèle est globalement significatif au seuil de 1%. Plusieurs variables
du modèle (2) sont significatives. Premièrement, la variable
endogène retardée d'une période est significative au seuil
de 5% et son coefficient se situe entre 0 et 1. Cela signifie donc que le taux
d'inclusion financière des périodes précédentes
détermine de manière significative le taux d'inclusion
financière actuel et suggère un effet de rattrapage. Un
coefficient nul indiquerait un rattrapage complet, tandis qu'un coefficient
compris entre 0 et 1 indique un rattrapage partiel (Senou et al., 2019). Sur le
plan économique, ces coefficients indiquent que les pays à forte
inclusion financière ont tendance à couvrir la majeure partie de
leur déficit d'inclusion financière passé.
Deuxièmement, la masse monétaire au sens large est significative.
Le signe de son coefficient est positif, il est attendu. Donc, il existe un
lien positif entre l'inclusion financière et la masse monétaire.
C'est-à-dire, plus la quantité de monnaie en circulation dans une
économie est élevée, plus les pauvres ont accès aux
services financiers formels. Ce résultat corrobore avec l'étude
de Nkouka (2019) qui porte sur les déterminants de l'inclusion
financière dans les pays de la Communauté Economique et
Monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC). De même, Senou et al.,
(2019) ont découvert que la masse monétaire détermine
significativement la dynamique de l'inclusion financière dans l'UEMOA.
De plus, comme Adrianaivo et Kpodar (2012) la masse monétaire au sens
large est un facteur déterminant de l'accès aux services
financiers.
Troisièmement, la variable taux d'utilisation des
services de monnaie électronique (TUSME) est significatif et
positivement corrélé à l'inclusion. Cela signifie que la
fourniture de services financiers via les technologies mobiles affecte de
manière positive et significative l'inclusion financière dans les
pays de l'UEMOA au seuil de 10%. Ce résultat corrobore avec
l'étude de GSMA (2014) qui a montré que les services financiers
mobiles contribuent à l'inclusion financière et au
développement économique. De même, nos conclusions sont
conformes à celles d'Adrianaivo et Kpodar (2012), qui ont indiqué
que les technologies de l'information et de la communication sont un vecteur
d'inclusion financière et, partant, un développement inclusif.
Dans le même esprit, Jack & Suri (2011) et Ndung'u (2018) ont
indiqué que sans les technologies numériques, l'inclusion
financière en Afrique et en particulier dans les pays de l'UEMOA serait
un mythe.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
34
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Quatrièmement, le produit intérieur brut par
habitant, il est significatif et négativement corrélé
à l'inclusion financière. Cela signifie que, les pays de l'UEMOA
ont un niveau de P11B par habitant moins inclusif sur le plan financier. Ce
résultat a été obtenu dans plusieurs études
récentes (Olaniyi, 2016, Okoroafor et al., 2018, KazeemAjide, 2017,
Bhawna ,2017). De même, nos conclusions sont en accord avec ceux de Sarma
et Pias (2011) qui ont confirmé que les pays où le produit
intérieur brut (P11B) par habitant est faible semblent être moins
inclusifs sur le plan financier.
Cinquièmement, la variable population, elle est
significative et négativement corrélée à
l'inclusion financière. Cela signifie que, la croissance
démographique est fortement défavorable à l'inclusion
financière. Ce résultat contraste malheureusement avec ceux de
Chithra et Selvam (2013) qui ont montré que la croissance
démographique était l'un des déterminants clés
d'inclusion financière. Ce résultat indique que dans les pays en
développement, comme l'UEMOA, la démographie génère
davantage de pauvres qui n'ont pas nécessairement accès aux
services financiers formels. Cependant, avec les technologies numériques
telles que la téléphonie mobile permettant des services
financiers, ces populations exclues peuvent facilement et adéquatement
accéder aux services financiers.
Sixièmement, le taux d'alphabétisation des
adultes (TAA), il est significatif et positif. Cela signifie que le taux
d'alphabétisation des adultes à tendance à augmenter le
nombre de personnes ayant accès aux banques commerciales. Il est un
indicateur dans l'explication du comportement financier des individus sur le
plan macroéconomique et microéconomique. Une personne instruite
par rapport à une autre non instruite, serait mieux informée de
l'existence des différentes institutions financières et des
opportunités qu'elles offrent. Elle serait davantage disposée
à assimiler les procédures et les principes de fonctionnement,
à apprécier les bénéfices et pourrait de ce fait
décider du volume de ces opérations avec l'institution (Boukary
Ouedraogo, 2008). Aussi, les personnes ayant un niveau d'éducation plus
élevé sont plus susceptibles d'avoir accès à
l'éducation financière et ont donc un niveau d'instruction
financière plus élevé, ce qui peut aider à
améliorer la prise de décision concernant des questions
financières (Shem et al., 2017). Comme Rogers (1995), Allen et al.,
(2016) dans le monde, Zins et Weill (2016) dans le monde, Fungacova et Weill
(2015) en Chine, Soumaré et al., (2016) dans l'UEMOA et dans la CEMAC,
nous constatons que plus d'adultes éduqués sont plus susceptibles
d'accéder aux services financiers mobiles et d'être ainsi inclus
financièrement. De même, nos conclusions sont en accord avec ceux
de Domeher et al., (2014) qui indiquent que
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
35
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
les clients instruits sont susceptibles de comprendre les
risques et les avantages liés à un produit financier
innovant. Donc, l'éducation est positivement et
significativement associée à l'inclusion financière.
Par à la suite, nous nous sommes
intéressé aux choix entre le modèle à effets fixe
et le modèle à effets aléatoire à partir du test de
Hausman. Le test de spécification d'Hausman (1978) est un test
général qui peut être appliqué à de nombreux
problèmes de spécification en économétrie. Mais son
application la plus répandue est celle des tests de spécification
des effets individuels en panel. Il sert à discriminer les effets fixes
et aléatoires. Les hypothèses du test sont les suivantes :
H0 : Modèle à effets
aléatoires (Estimateur des moindres carrés
généralisés)
H1 : Modèle à effets fixes
(Estimateur Within)
Les résultats du test sont présentés en
annexe. Pour l'échantillon considéré, la
réalisation de la statistique du test de Hausman est de -1,98. Cette
statistique est inférieure à la statistique de Khi-Deux lu sur la
table statistique (ch2(6)=12,59 au seuil de 5%). L'hypothèse nulle
d'absence de corrélation entre les effets individuels et les variables
explicatives n'est pas rejetée. Nous pouvons donc privilégier
l'adoption d'un modèle à effets aléatoire et retenir
l'estimateur des moindres carrés généralisés. Donc,
le modèle à effets aléatoires est le meilleur
modèle pour estimer l'effet de la technologie mobile sur l'inclusion
financière dans l'UEMOA.
Par ailleurs, l'efficacité de l'estimation des GMM
repose sur la validité de deux tests. Le test de Sargan/Hansen qui nous
permet de tester la validité de la variable retardée que nous
utilisons comme instrument. Ce test est construit sur l'hypothèse que le
terme d'erreur ne doit pas être corrélé avec l'ensemble des
variables exogène si les instruments sont valides. En effet, la
statistique du test de Sargan/Hansen effectué sur les restrictions est
de 18,422 (tableau 4) et la probabilité critique est de 0,0613 (Prob
> chi2 = 0,0613). Ainsi, le test de Sargan/Hansen (Prob = 0,0613) ne permet
pas de rejeter l'hypothèse de validité de la variable
retardée en niveau et en différences comme instruments.
3. Effet des services financiers mobiles sur la de
croissance des dépôts bancaires
Le tableau ci-dessous présente les résultats de
l'estimation de l'équation de la croissance des dépôts
bancaires.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
36
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Tableau 5 : Estimation de la croissance des
dépôts bancaires par la méthode GLS (Generalized least
Squares)
(1)
VARIABLES Croissance
des dépôts bancaires
Taux global d'utilisation des services financiers 0.367***
(0.127)
Population -6.887
(6.888)
Logarithme du revenu national brut par habitant 4.344
(4.530)
Taux d'inflation moyen -5.422**
(2.137)
Constant 70.90
(132.2)
Observations 72
*, **et *** indiquent respectivement la
significativité des variables à 10%, 5% et 1%
Source : Réalisé par l'auteur
à partir du logiciel Stata 13, juillet 2019
Le tableau 5 ci-dessus présente les résultats de
l'estimation de l'équation de la croissance des dépôts
bancaires. Le modèle est significatif car sa probabilité
associée au test de chi 2 est égale à zéro (0)
(inférieur au seuil de 5%). Deux variables sont significatives.
Premièrement, la variable taux global d'utilisation des services
financiers (TGUSF) qui mesure l'inclusion financière digitale, explique
positivement la croissance des dépôts bancaires. Cela signifie que
l'inclusion financière à partir de la technologie mobile
contribue positivement la croissance des dépôts des banques
commerciales de l'UEMOA. Ce résultat corrobore avec ceux de Jack et Suri
(2014), Osafo-Kwaako et al., (2018) qui ont montré que l'argent mobile a
réduit les pratiques d'épargne informelle consistant à
économiser de l'argent sous des matelas ou à participer à
des systèmes de tontines entraînant une demande accrue de services
bancaires. De même, Han & Melecky (2013) ont démontré
que le fait d'être inclus financièrement offre la
possibilité de sauver l'avenir, ce qui favorise la stabilité des
finances personnelles et un niveau élevé des dépôts
bancaires. Mais ce résultat reste en désaccord avec ceux de Nixon
et al., (2012), qui ont découvert que les services monétaires
mobiles ont entrainé une crise de liquidité dans les banques
commerciales Ougandaises. Cependant, il convient de noter que la variable taux
global d'utilisation des services financiers devrait avoir un effet
négatif sur la croissance des dépôts bancaires.
Malheureusement, cette variable est significativement positive dans le
modèle de la croissance des dépôts bancaires. Bien que
paradoxal, ce résultat justifie la rude concurrence dans le secteur
financier des pays en développement qui force les institutions
à
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
37
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
adopter de nouvelles technologies afin d'élargir la
portée de la clientèle. Dans cet esprit, James et al., (2014) ont
montré que l'utilisation de la technologie mobile dans le secteur
bancaire est devenue une pratique courante ces dernières années
pour fidéliser la clientèle. Ces auteurs soutiennent que les
nouveaux systèmes innovants (tels que les services bancaires mobiles)
ciblent en particulier les populations des zones rurales qui sont difficiles
à atteindre.
Deuxièmement, le taux d'inflation moyen (TINFLM) est
significatif et négativement corrélé à la
croissance des dépôts. Autrement dit, lorsque le taux d'inflation
augmente, le pouvoir d'achat des ménages diminue (Neaime et Gaysset,
2017), ce qui empêche la croissance des dépôts dans les
banques commerciales.
Section 2: Vérification des hypothèses et
Suggestions
Cette section s'articule autour de deux paragraphes que nous
présentons ci-dessous. Paragraphe 1 : Vérification des
hypothèses
Au terme de l'analyse des résultats ci-dessus obtenus,
il est devenu impératif de tester les hypothèses émises au
début de notre recherche. A cet effet, nous procédons à la
vérification hypothèse par hypothèse.
1. Vérification de l'hypothèse H1
La première hypothèse émise est la
suivante : « la technologie mobile influence positivement et
significativement l'inclusion financière ».
L'analyse de la contribution des services financiers mobiles
à l'inclusion financière dans l'UEMOA à partir du taux
global d'utilisation des services financiers, du taux de bancarisation strict
et élargi révèle que les services financiers mobiles ont
contribué fortement au relèvement du taux d'inclusion
financière dans l'Union. Il s'est avéré aussi que
l'estimation de l'effet des services financiers mobiles effectuée a
révélé une incidence positive et significative du taux
d'utilisation des services de monnaie électronique sur l'inclusion
financière. Nous pouvons donc conclure sans ambiguïté que
l'hypothèse H1 émise est confirmée.
2. Vérification de l'hypothèse H2
La deuxième hypothèse de notre étude se
présente comme suit : « les services financiers mobiles ont un
effet négatif sur la croissance des dépôts bancaires
».
Il ressort des résultats d'estimation de l'effet des
services financiers mobiles sur la croissance des dépôts bancaire,
que le taux global d'utilisation des services financiers qui mesure l'inclusion
financière digitale, explique positivement la croissance des
dépôts bancaires. Ce qui
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
38
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
signifie que l'inclusion financière à partir de
la technologie mobile contribue positivement la croissance des
dépôts des banques commerciales de l'UEMOA. On retient donc que
cette deuxième hypothèse est infirmée.
On retient donc de tout ce qui précède que la
première hypothèse émise est validée et la seconde
est infirmée. Il s'avère donc important de faire quelques
suggestions à l'endroit des autorités de l'Union et à
l'ensemble des fournisseurs de services financiers.
Paragraphe 2 : Suggestions
Pour que les services financiers mobiles soient vraiment
vulgarisés et bénéficient aux populations exclues du
système financier traditionnel, des mesures ciblées doivent
être prises à la fois par les autorités de l'Union et par
l'ensemble des fournisseurs de services financiers. L'étude
suggère en particulier les actions suivantes :
y' Assurer l'interopérabilité des services par
la mise en place d'un communicateur national dans chaque Etat membre de l'Union
pour faciliter l'interopérabilité et l'interbancarité des
services financiers mobiles ;
y' Faciliter l'accès des populations aux services par
la baisse des coûts des services financiers mobiles ;
y' Etendre la gamme de services offerts afin de promouvoir le
canal mobile transactionnel financier habituel et non plus marginal.
C'est-à-dire l'offre de services financiers mobiles dans l'UEMOA doit
aller au-delà des transferts domestiques pour permettre aux personnes
non ou sous bancarisées d'accéder à des services
financiers afin de faciliter l'adoption par l'ensemble de la population du
canal mobile comme un canal transactionnel financier habituel et non plus
marginal ;
y' Elargir le champ de couverture des services mobiles dans
l'espace communautaire (développement des infrastructures de
réseaux d'accès) ;
y' Améliorer la distribution : la confiance et la
confidentialité des opérations sont des facteurs clefs. De
même, les points de distributions doivent être diversifiés
avec une bonne couverture dans chaque Etat membres de l'Union, afin de
favoriser la sécurité, la proximité et la facilité
d'usage ;
y' Préserver une régulation incitative des
marchés des services financiers électroniques ;
y' Mieux communiquer et éduquer les clients : il est,
par conséquent, nécessaire d'éduquer davantage et de mieux
accompagner les utilisateurs pour une meilleure maîtrise et ainsi une
augmentation de l'utilisation des services financiers mobiles. Des actions
publicitaires ciblées sont aussi nécessaires pour obtenir
l'adhésion des non-utilisateurs.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
39
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Pour cela, les acteurs (banques, postes, opérateurs
téléphoniques, IMF) doivent adopter leur communication selon les
populations cibles ;
y' Améliorer l'expérience client : les services
doivent être accessibles non seulement en termes de prix mais
également par rapport au mode opératoire, les processus sont
à simplifier en diminuant le nombre d'étapes avant la validation
d'une opération, en offrant des alternatives autres que les SMS
y' Etc.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
40
Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Conclusion
La rapide progression des services financiers mobiles
conjuguée à l'ambition de rendre universel les services
financiers pour tous nous a amené à réaliser cette
étude. Elle a visé à déterminer dans un premier
temps l'effet de la technologie mobile sur l'inclusion financière et
dans un second temps à mesurer l'effet des services financiers mobiles
sur la croissance des dépôts.
Afin d'atteindre ces objectifs, nous nous sommes basé
sur une revue qui a abordé aussi bien les aspects théoriques
qu'empiriques et qui montre le rôle des services financiers mobiles pour
l'inclusion financière et la croissance des dépôts.
En effet, pour déterminer l'effet de la technologie
mobile sur l'inclusion financière, nous avons effectué d'abord
une analyse graphique pour évaluer la contribution des services
financiers mobiles à l'inclusion financière dans chaque Etat
membres de l'UEMOA à partir de trois indicateurs à savoir : le
taux global d'utilisation des services financiers ou taux d'inclusion
financière, le taux de bancarisation strict et le taux de bancarisation
élargi. Il ressort de cette analyse que l'utilisation des services
financiers mobiles a contribué de manière significative au taux
d'inclusion financière, au taux de bancarisation strict et au taux de
bancarisation élargi dans l'Union. Nous avons estimé par la suite
le système GMM inspiré des travaux de Blundell et Bond (1998). A
cette fin, les données issues à la fois de la base de
données de la BCEAO et de la Banque mondiale sont utilisées. Les
résultats montrent que le taux global d'utilisation des services
financiers, la masse monétaire, le taux d'utilisation des services de
monnaie électronique et le taux d'alphabétisation des adultes
expliquent positivement l'inclusion financière. De plus, afin de mesurer
l'effet des services financiers mobiles sur la croissance des
dépôts, nous nous sommes basés sur le modèle de
Neaime et Gaysset (2017) qui est estimé par la méthode GLS en
panel. Nous avons trouvé que le taux global d'utilisation des services
financiers ou taux d'inclusion financière explique positivement la
croissance des dépôts bancaires dans l'UEMOA.
Cependant, notre recherche a enregistré certaines
insuffisances surtout liées à la méthodologie, en
occurrence la non prise en compte de certaines variables dans le modèle
de l'inclusion financière. Par conséquent, dans nos futures
recherches, ces variables seront prises en compte afin de mesurer leurs
influences sur l'inclusion financière. Aussi, la période
relativement courte de notre étude s'explique par la non
disponibilité des données.
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
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Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
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Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
ANNEXES
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TABLE DES MATIERES
DEDICACE ii
REMERCIEMENTS iii
LISTE DES SIGLES iv
LISTE DES TABLEAUX ET GRAPHIQUES vi
SOMMAIRE vii
RESUME viii
ABSTRACT viii
INTRODUCTION 1
Chapitre I : Cadre théorique et méthodologique
de l'étude 5
Section 1 : Problématique, objectifs et
hypothèses 5
Paragraphe 1 : Problématique de recherche 5
Paragraphe 2 : Objectifs et hypothèses de recherche
8
1. Objectifs 8
2. Hypothèses 8
Section 2 : Revue de littérature et méthodologie
de recherche 8
Paragraphe 1 : Revue de littérature 8
1. Clarification des concepts 8
1.1. Services financiers mobiles 8
1.2. Inclusion financière 9
1.3. Dépôts bancaires 9
2. Eléments de littérature sur le lien ente
finance mobile et inclusion financière 10
3. Eléments de littérature sur le lien entre
Finance mobile et dépôt dans les banques 13
Paragraphe 2 : Méthodologie de
recherche 16
1. Stratégies empiriques d'estimation 16
2. Données et ses sources 19
CHAPITRE II : 21
Chapitre II : Analyse empirique de l'effet des services
financiers mobiles sur l'inclusion financière et
la croissance des dépôts bancaires 22
Section1 : présentation des services financiers mobiles
dans l'UEMOA, analyse des résultats de
l'étude et Suggestions 22
Paragraphe 1 : présentation des services financiers
mobiles dans l'UEMOA 22
1. Evolution des services financiers via la
téléphonie mobile dans l'UEMOA de 2013-2017 22
2. Contribution des services financiers via la
téléphonie mobile à l'inclusion financière de 2010
à
2018. 23
Réalisé par Dado Fabrice DEGBEDJI
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Services financiers mobiles, inclusion financière
et croissance des dépôts bancaires dans
l'UEMOA
Paragraphe 2 : Analyse des résultats d'estimation de
l'étude 30
1. Statistique descriptive des variables 31
2. Résultats d'estimation de l'effet des services
financiers mobiles sur l'inclusion financière 32
3. Effet des services financiers mobiles sur la de croissance
des dépôts bancaires 35
Section 2: Vérification des hypothèses et
Suggestions 37
Paragraphe 1 : Vérification des hypothèses 37
1. Vérification de l'hypothèse H1 37
2. Vérification de l'hypothèse H2 37
Paragraphe 2 : Suggestions 38
Conclusion 40
Références bibliographiques 41
ANNEXES ix
TABLE DES MATIERES xv
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