3.4. DISCUSSION, IMPLICATIONS ET LIMITES DES
RESULTATS
3.4.1. DISCUSSION
Les résultats trouvés dans cette étude
attestent que malgré la présence des banques ainsi que les
institutions de microfinance dans la ville de Kananga, la culture bancaire
n'est pas encore ancrée dans les comportements de la population de cette
ville. Selon les informations ci-haut, 62% des micros-entrepreneurs
enquêtés recourent à la théorisation comme mode
d'épargne de leur revenu et 46 % seulement ont adressé une
demande de crédit auprès d'une IMFs. Par ailleurs, on constate un
faible niveau d'accès au crédit soit, 25 % seulement sur les 46%
ont vu leur demande de crédit accepter, soit le niveau de rationnement
du crédit est très élevé dans cette ville avec un
montant de demande moyenne qui tourne au tours de 1000 dollars
américains contre une moyenne de 842 dollars américains de
montant réellement reçu. Plus de la moitié des
micros-entrepreneurs sous études ont accès aux transferts de
fonds et habitent loin du marché. Les données ci-haut confirment
le sous-développement des mouvements associatifs dans la ville de
Kananga, soit 28% seulement des micros-entrepreneurs sont membres d'une
dynamique associative.
La question de l'accès au crédit par les micros
entrepreneurs a fait l'objet des plusieurs études théoriques et
empiriques (Saruzi, 2011 et Bisimwa,2003). Ces études ont
débouchées aux résultats qui de fois divergent. Par
exemple, Bisimwa (2003) et Hour (2002) soutiennent que les femmes ont une
moindre probabilité d'accès au crédit que les hommes. Par
contre, Saruzi (2011), a constaté que les femmes résistent
très peu à la pression des agents de crédit et du groupe
solidaire, raison pour laquelle elles sont toujours tentées de
s'acquitter de leurs obligations dans les délais, c'est pourquoi les
IMFs font plus confiance aux femmes qu'aux hommes. Par ailleurs, le
résultat trouvé dans notre étude ne confirme pas
l'hypothèse de l'influence du genre sur l'accès au
microcrédit dans la ville de Kananga.
Pour Gaud P. (2001), les difficultés liées
à l'âge conduisent généralement les entrepreneurs
d'un certain âge à privilégier le crédit dont les
coûts de déplacement sont faibles. Ce résultat ne corrobore
pas avec le nôtre car, l'âge n'a pas été
statistiquement associé à l'accès au crédit dans
cette étude.
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Des études empiriques soutiennent qu'une personne
mariée a une plus grande chance d'accéder au crédit
étant donné que son état matrimonial permet de juger du
degré de responsabilité et de crédibilité dans ses
engagements avec les préteurs (Soro A., 2014). Il s'avère aussi
que plus le demandeur du crédit est instruit, plus le prêteur ne
l'estime crédible car il a une réputation avantageuse par rapport
à une personne non instruite (Mweze, 2008). Aussi, dans la vie courante,
un entrepreneur instruit a plus de chance de rencontrer des personnes qu'il
connait dans une institution financière et qui pourrait lui faciliter
l'accès au crédit. Soro, A. (2014) note, en outre, que les
personnes ayant atteint un niveau d'études supérieur ont tendance
à utiliser leurs propres fonds que d'emprunter. Par contre, nos
résultats sont proches de ceux de Nino-Zarazua et Copestake (2009) qui
n'ont pas trouvé d'impact significatif pour le statut matrimonial, le
niveau d'études avec l'accès au crédit.
Les travaux de Sahnert et Stein K (2004) soutiennent
l'idée selon laquelle plus le nombre des personnes à charge du
demandeur de crédit est élevé plus les besoins des fonds
est élevé, il recourt plus au crédit et y accède
facilement. Par ailleurs, pour Bolder J. (1990), plus le nombre des personnes
à charge de l'entrepreneur demandeur du crédit est
élevé moins il accède au crédit. Ceci s'explique
par l'importance des problèmes sociaux dans le ménage qui peuvent
entrainer une utilisation imprévue de l'argent reçu et par
conséquent des difficultés de remboursement (Mweze, 2008). Dans
notre contexte, l'hypothèse de l'influence de la taille du ménage
sur l'accès au crédit n'a pas été
confirmée.
Les actifs dont disposent les ménages peuvent
être considéré comme des garanties en matière des
micros crédit. Dans le domaine de crédit agricole par exemple,
Kodjo M. et al. (2003) on eut a trouvé que la possession de
bétail a un effet positif sur l'accès au crédit agricole.
Ces résultats corroborent avec les nôtres où,
l'accès au crédit des micros-entrepreneurs de la ville de Kananga
est expliqué par le nombre d'activités génératrices
de revenu ainsi que le chiffre d'affaire journalier.
Toutes les recensions des écrits (francophones ou
anglo-saxons) portant sur le capital social restent du moins unanimes quant aux
pionniers dudit concept. Baret et al. (2004) et Bidart (2008) soulignent que la
notion du capital social faisant référence aux modalités
d'accès et d'utilisation des ressources contenues dans les
réseaux sociaux (réseau social et capital social étant
étroitement liés).
Pour Bourdieu (1980; p.2), le Capital social s'entend comme
« l'ensemble des ressources réelles et potentielles liées
à la possession d'un réseau durable de relations plus ou moins
institutionnalisées de connaissance et de reconnaissance mutuelles -
soit, en d'autres termes, l'appartenance à un groupe ». En 1986,
l'auteur distingue trois autres notions de capitaux, entre autres : (1) Le
capital culturel [Concept proche de celui de capital humain, qu'il soit
incorporé (culture, langage, connaissance des codes sociaux) ou
institutionnalisé (diplômes, titres)] ; (2) le capital
économique (lié aux ressources patrimoniales ou au revenu) et (3)
le capital symbolique [désignant toute forme de capital (culturel,
social, ou économique) ayant une reconnaissance particulière au
sein de la société]. Dans notre étude, nous avons
trouvé que la participation aux mouvements associatifs exerce une
influence sur l'accès au microcrédit ; soit les
micros-entrepreneurs qui sont membres des associations d'épargnes et
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crédit rotatifs, les ONG, etc. ont une forte
probabilité d'accès au microcrédit que ceux qui ne sont
pas membres des mouvements associatifs.
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