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Effets de la mise en œuvre de la zone de libre-échange continentale africaine sur le commerce du Burkina Faso.


par Christian KABORE
Universit de Lund - Master en politique commerciale et droit commercial international 2019
  

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VI. Résultats et discussions

Ce chapitre présente les résultats obtenus de l'estimation du modèle de gravité. Trois principaux scénarios sont examinés, à savoir (1) les effets de la ZLECAf si elle avait été mise en oeuvre entre 2000 et 2016 ; (2) les effets retardés de la ZLECAf ; (3) les effets futurs de la ZLECAf. Les résultats des différentes simulations effectuées sont inscrits dans le tableau 4 ci-dessous. Les cellules vides dans le tableau indiquent l'absence des variables concernées dans l'estimation correspondante.

Les résultats présentés au tableau 4, montrent que les variables du modèle expliquent près de 75% de la variance des exportations du Burkina Faso (0,72<R2<0,80). Globalement, les effets de la ZLECAf sur les exportations du Burkina Faso sont positifs à terme mais pas immédiatement. En effet, les résultats montrent que les effets positifs interviennent avec du retard, précisément au-delà de 8 ans. Les résultats montrent néanmoins que la prise en compte de l'ensemble des coûts commerciaux est cruciale pour que le Burkina Faso bénéficie des effets positifs de la ZLECAf.

6.1. Effets potentiels de la ZLECAf sur les exportations du Burkina Faso

Cette section porte sur les effets potentiels de la ZLECAf entre 2000 et 2016. Toutes les variables du modèle sont significatives. L'effet (en pourcentage) lié au changement dans une variable muette comme celle relative à la participation à une ZLE est calculé à partir de la formule suivante:

e f f etar1 = [ea - 1] x 100

Cette formule est tirée de Yotov et al. (2016), où var1 désigne la ZLE en question et â?? est son coefficient tel qu'estimé à partir du modèle de gravité. Comme l'indique la formule, l'effet est exprimé en pourcentage.

Pour les autres variables continues, la spécification logarithmique du modèle permet d'obtenir directement les coefficients mesurant les élasticités respectives de la variable expliquée par rapport à chacune des variables explicatives. L'effet est calculé avec la formule suivante et est exprimé en pourcentage :

e f f etarz = a1 x 100

Les variables incluses dans le modèle ont les signes attendus. L'accroissement du PIB du Burkina Faso ou du PIB du partenaire induit un accroissement des exportations. L'existence d'une frontière commune et d'une langue commune accroît les exportations du Burkina Faso. Les barrières tarifaires maintenues par les pays importateurs limitent les exportations du Burkina Faso. Il en est de même de la distance entre les partenaires. L'appartenance à la CEDEAO améliore les

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exportations du Burkina Faso. Précisément, entre 2000 et 2016, l'appartenance à la CEDEAO a amélioré les exportations du Burkina Faso de 57,75 % (estimation 2). En ce qui concerne la ZLECAf, la variable INTRAZLECAf présente un signe négatif (estimation 1). Cela traduit que la zone de libre-échange aurait eu un effet négatif sur les flux commerciaux burkinabè. Précisément, si la ZLECAf avait été mise en place entre 2000 et 2016, l'effet sur les exportations du Burkina Faso aurait été une baisse de 10,17 %.

Cet effet négatif peut être expliqué par divers arguments. Premièrement, une explication viendrait de la structure des partenaires commerciaux du Burkina Faso. En effet, sept des dix partenaires principaux du Burkina Faso sont hors du continent Africain. De ce fait, la mise en place de la ZLECAf, aurait eu un effet de détournement du commerce vers les pays africains donc assimilable à une baisse des flux commerciaux du Burkina Faso vers les partenaires non africains. De ce constat on pourrait voir en ce signe négatif une création de commerce pour les pays africains qui sont parties prenantes à la ZLECAf. En effet, selon Jacob Viner sur la question, certains pays africains pourraient se substituer aux pays non parties à la ZLECAf en matière de commerce avec le Burkina Faso. Cet état de fait pourrait contribuer à l'accroissement du commerce intra-africain.

Deuxièmement, l'effet négatif pourrait émaner des nombreux coûts commerciaux auxquels le Burkina Faso fait face pour promouvoir ses exportations intra-africaines. Il s'agit notamment des coûts liés aux infrastructures, à la logistique, à la qualité des services. Cela peut aussi traduire les difficultés qu'éprouverait le Burkina Faso pour faire face à des puissances économiques africaines comme les pays du Maghreb, l'Afrique du Sud, le Nigéria et certains pays à fortes potentialités commerciales. Dans ce sens, l'impact négatif de la ZLECAf se traduira par une baisse du volume des exportations du Burkina Faso. Cette situation pourrait entrainer une perte de recettes pour le pays ainsi qu'un anéantissement du tissu industriel qui peine à se développer. On note cependant que le consommateur burkinabè pourrait bénéficier des produits compétitifs sur le marché du fait de l'entrée des produits étrangers.

Afin d'en avoir le coeur net, la variable COÛTS est introduite dans le modèle (estimation 2). Il en ressort que la prise en compte des coûts commerciaux modifie l'effet de la ZLECAf. Plus simplement, sous l'hypothèse d'absence des coûts commerciaux, la ZLECAf aurait induit un accroissement des exportations de 29,01% entre 2000 et 2016. Ce résultat permet de suggérer aux pays africains la mise en oeuvre effective des conditions de facilitation des échanges afin que la zone de libre-échange continentale ait des effets de création des courants d'échanges.

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"Les esprits médiocres condamnent d'ordinaire tout ce qui passe leur portée"   François de la Rochefoucauld