3.2 De quoi Parle-t-on ?
La confusion persiste entre les termes danger, dommage et
risque. Dans l'acception large du terme, « risque » a tendance
à recouvrir indifféremment les notions de danger et de
dommage.
Marc Favaro1 souligne cette difficulté. Il
explicite le risque comme « une notion abstraite, inobservable
directement, une catégorie de statut intermédiaire entre celle
des dangers (tout ce qui s'avère par nature incompatible avec
l'intégrité de l'individu) et celle des dommages (tout
évènement non souhaité)... ». Il est donc
essentiel de comprendre la différence entre ces notions car la
qualité de la gestion du risque en découle.
La définition suivante du « risque » semble
faire l'unanimité : l'éventualité d'une rencontre entre
l'homme et un danger auquel il peut être exposé. Le risque est
caractérisé généralement par deux composantes :
· La probabilité de survenance du dommage
· La gravité du dommage.
La probabilité de survenance est le produit de la
fréquence d'exposition au danger par le niveau d'exposition.
La caractéristique essentielle du risque est
d'être un événement à venir, donc incertain. Cette
incertitude est fondamentale, irréductible (« le risque zéro
n'existe pas ») mais elle est plus ou moins grande selon la qualité
des informations disponibles. Cette incertitude qu'il faut prendre en compte ne
doit pas empêcher de suivre une démarche rigoureuse.
3.2.1 Qu'est ce que l'« évaluation »?
En langage technique, ce terme signifie : « utilisation
de donnés factuelles pour apprécier les effets sur la
santé de l'exposition des individus ou de populations à des
situations dangereuses ».
1.Chercheur, laboratoire de gestion de la
sécurité, INRS
Dans la circulaire de 2002, l'évaluation a priori,
faite par l'employeur au niveau de l'entreprise, consiste à identifier
les dangers et à analyser les conditions d'exposition à ces
dangers. Le législateur a voulu mettre l'accent sur l'idée
d'évaluer avant que ne se produise l'accident, alors que, bien souvent,
la législation est basée sur l'analyse des accidents a
posteriori. Prévenir l'apparition des accidents et des maladies
professionnelles plutôt que simplement constater et analyser les
accidents et dépister des pathologies existantes est l'essence
même de l'exigence réglementaire.
Pour les organismes de prévention de la
sécurité sociale, l'évaluation repose sur l'identification
et le classement des risques professionnels en vue de mettre en place des
actions de prévention pertinentes. La difficulté reste
l'évolution des causes de risques, de plus en plus nombreuses,
sournoises et difficiles à pondérer du fait de la
complexité des situations.
3.2.1.1 Les approches d'analyses des risques et de
l'évaluation a priori des risques
Différentes approches d'analyses des risques existent,
certaines consistent à identifier à priori les risques d'accident
de travail. Il s'agit notamment :
· Des contrôles ou des vérifications :
approche de type « normative », elle repose sur l'utilisation d'un
référentiel. Il s'agit de porter un jugement de
conformité.
· De l'analyse des postes : Approche de type ergonomique,
elles se fondent sur l'observation, les entretiens et les mesures.
·
· De la modélisation et de calculs probabilistes :
approche de type « sûreté », essentiellement
appliquées à des systèmes techniques complexes.
Ces méthodes se distinguent des méthodes
d'analyses des accidents utilisées lorsque l'accident s'est produit
(méthode a posteriori comme celle de l'arbre des causes). Les approches
d'analyses des risques sont une partie de l'approche d'évaluation des
risques qui s'inscrit elle-même dans une démarche de
prévention.
|