CHAPITRE III. IMPACT GEOPOLITIQUE DE
L'ACCORD- CADRE D'ADDIS-ABEBA SUR LA STABILISATION DE LA
RDC
Ce dernier chapitre est subdivisé en trois sections :
la première porte sur l'impact de l'accord-cadre sur la paix et la
sécurité en RDC, la deuxième analyse l'implication de
l'accord-cadre sur la stabilité de la région des Grands Lacs
africains et la troisième et dernière parle des défis et
perspectives.
SECTION 1 : IMPACT DE L'ACCORD-CADRE SUR LA PAIX ET LA
SECURITE EN RDC
L'Accord-cadre signé à Addis-Abeba en marge de
l'Assemblée générale de l'Union Africaine, le 24
février 2013, par neuf pays de la CIRGL et deux pays de la SADC, a
permis au gouvernement de la République Démocratique du Congo
(RDC) de reprendre le contrôle de Goma, la capitale du Nord Kivu et de
stopper la progression des troupes rebelles du M-23 vers le Sud Kivu. L'Accord
a également posé les bases d'une solution globale au conflit qui
affecte l'Est de la RDC depuis 199671.
Dans sa résolution 2098 du 28 mars 2013, le Conseil de
Sécurité des Nations Unies a endossé cet Accord et, en
même temps, décidé de déployer une nouvelle Brigade
d'intervention de 3 000 hommes dans l'Est de la RDC. Le Conseil avait, en outre
invité « l'Envoyée spéciale pour la région
des Grands Lacs, Mary ROBINSON, à diriger, coordonner et évaluer
la mise en oeuvre des engagements nationaux et régionaux pris dans
l'Accord-cadre, tels qu'énoncés dans l'annexe, y compris
l'établissement dans les meilleurs délais de critères et
de mesures de suivi appropriés et, se fondant sur l'Accord-cadre »
et demandé au « Représentant spécial du SGNU
de soutenir, coordonner et évaluer l'application en RDC des engagements
nationaux pris dans l'Accord-cadre comme énoncés à
l'annexe B ». Un mécanisme de suivi régional, dit de
71 Gérard GEROLD, « Suivi national des
engagements souscrits dans l'Accord-cadre d'Addis-Abeba du 24 février
2013 : État des lieux », Les Cahiers d'Afrique de l'Est / The
East African Review [En ligne], 48 | 2014, mis en ligne le 07 mai 2019,
consulté le 01 juillet 2019. URL :
http://journals.openedition.org/eastafrica/389
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11+4, est mis en place par l'Accord pour soutenir les efforts
régionaux et passer en revue les progrès
réalisés.
Dans la foulée de ces deux textes, le Président
Joseph KABILA a mis en place, par ordonnance N°13/020 du 13 mai
2013, un « Mécanisme national de suivi et de supervision de la mise
en oeuvre des engagements souscrits aux termes de l'Accord-cadre pour la paix,
la sécurité et la coopération pour la République
Démocratique du Congo et la région des Grands Lacs du 24
février 2013 », dont M. François MUAMBA TSHISHIMBI, ancien
ministre du budget pendant la période de Transition (2003-2006), a
été nommé, le 21 mai de la même année,
coordonnateur. M. Léon-Olivier ENGULU (premier coordonnateur adjoint) et
Mme Odia MUKANDA KALINDA (deuxième coordonnateur adjoint)
complètent l'équipe de direction du « Mécanisme de
suivi national »72.
Les trois textes - Accord-cadre d'Addis-Abeba,
Résolution 2098 du Conseil de sécurité des Nations-Unies
et l'Ordonnance présidentielle - fixent le cadre dans lequel, la RDC
devra dans des délais raisonnables fournir les preuves des efforts
qu'elle a réalisés pour réformer en profondeur les six
secteurs suivants :
· Le secteur de la sécurité (armée,
police)
· La consolidation de l'autorité de l'État
· La décentralisation
· Le développement et les services sociaux de
base
· Les Institutions de l'État et les Finances
· La réconciliation, la tolérance, la
démocratisation
Ces réformes sont au centre des préoccupations
nationales, mais aussi internationales, depuis le double effondrement de
l'État congolais, en 1996-1997 sous les coups de l'Alliance des Forces
démocratiques pour la libération (AFDL) de
Laurent-Désiré KABILA, puis en 1998-2002 quand les
72 Gérard GEROLD, Op. cit, consulté le
01 juillet 2019. URL :
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rebellions armées et troupes étrangères
se sont partagé le territoire de la République.
Entre juin 2003 et décembre 2006, le gouvernement de
Transition avait engagé ce travail de refondation des institutions
politiques et de réforme des structures étatiques, en s'inspirant
des principes posés par les accords de paix signés en Afrique du
sud en 2002 et en s'appuyant sur le soutien politique et financier de la
communauté internationale mobilisée autour des Nations-Unies et
de sa Mission de maintien de la paix (MONUC).
De 2006 à 2019, c'était le président
Joseph KABILA et sa majorité au Parlement qui avaient l'entière
responsabilité de mener à bien ces réformes dont il faut
bien avouer qu'elles n'ont guère progressé au cours des six
dernières années.
1.1. Réforme du secteur de la
sécurité
L'une des tâches principales assignées au
régime issu des élections de 2006/2007 était de s'engager
résolument dans une refondation totale de l'armée nationale
congolaise qui s'était effondrée face aux rébellions de
1996/1997 et de 1998/2002 ainsi que dans une refonte de la Police nationale
dont la structure n'avait pas survécu à la division du pays et
à l'intégration constante en son sein des miliciens issus des
composantes et entités voire même éléments
incontrôlés et sans formation, en provenance des groupes
armés qui s'étaient partagé le pays.
Aujourd'hui, de l'aveu de tous, le chantier reste immense. La
mutinerie du M-23 dans les Kivu au mois de mai 2012 et finalement la prise de
Goma, le 21 novembre 2013, ont mis en lumière de façon dramatique
l'inefficacité de l'armée nationale congolaise (FARDC), les
énormes carences de ses équipements et de sa logistique,
l'inexistence d'une chaîne de commandement fiable et enfin, le faible
moral des troupes au front. Par ailleurs, les opérations de maintien de
l'ordre menées au cours de la dernière campagne électorale
de novembre 2011 par les forces de police (PNC, PIR) ont souvent
été extrêmement violentes et conduites sans aucun respect
des principes et standards internationaux auxquels une partie des effectifs
de
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ces deux corps de policiers ont pourtant été
formés dans le cadre de programmes de coopération bi ou
multilatérale73.
? Police Nationale Congolaise (PNC)
Contrairement à l'armée dont la réforme a
peu bénéficié d'un appui multilatéral, la
réforme de la police a, dès 2007, été
accompagnée par la MONUC, puis la MONUSCO, même si les effectifs
dédiés à ce soutien n'ont cessé de se
réduire au sein de la mission onusienne. La réforme de la police
a également été soutenue par plusieurs coopérations
bilatérales qui ont réussi, dès le départ, à
imposer la mise en place d'un Comité de suivi de la réforme de la
police (CSRP). Le CSRP est dirigé par un comité politique,
présidé par le ministre de l'Intérieur et composé
des ministres des Finances, du Budget, de la Défense, du Plan, des
Droits Humains et de la Fonction publique ainsi que des sept ambassadeurs dont
les pays soutiennent financièrement la réforme. Deux
sièges sont également réservés aux
représentants de la société civile. Le CSRP dispose d'un
secrétariat exécutif qui est chargé de la
conceptualisation de la réforme. Au centre de ce dispositif se trouve
l'Inspecteur général de la PNC qui siège au comité
politique et impulse les travaux du secrétariat.
La Loi portant organisation et fonctionnement de la PNC qui a
été votée par l'Assemblée nationale en
décembre 2010 et finalement promulguée par le Président
KABILA le 11 aout 2011, soit quelques mois avant l'échéance
électorale de novembre 2011. Cette loi fournit enfin une base
légale au processus de réforme et de modernisation de la police
mais elle souffre de l'application stricte.
? Les Forces armées de la RD Congo
(FARDC)
En ce qui concerne la réforme des FARDC, aucune
véritable coordination des aides n'a pu être mise en place. Les
perpétuelles réticences du pouvoir et de l'état-major
vis-à-vis d'une collaboration avec la MONUC, puis avec la MONUSCO et la
volonté de privilégier la coopération bilatérale
ont finalement abouti à des actions disparates, le plus souvent
inefficaces.
73 Gérard GEROLD, Op. cit, consulté le
01 juillet 2019. URL :
http://journals.openedition.org/eastafrica/389
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Le recensement des effectifs est l'exemple le plus parlant
d'un gâchis programmé ; les Sud-Africains dès 2004, puis
les Belges et finalement les Européens, à travers leur programme
EUSEC, s'y sont attaqués sans que l'on connaisse encore aujourd'hui de
façon précise le nombre d'hommes figurant sur le « Payroll
)) du ministère de la Défense. Le recensement biométrique
tenté par EUSEC et la « bancarisation », c'est-à-dire
le paiement des hommes en uniforme, non plus par leurs officiers, mais
directement sur un compte bancaire, qui constitue la pierre angulaire de la
réforme de l'administration des ressources humaines et des finances
à laquelle EUSEC a consacré plus de 3,5 millions d'euros et six
années de travail, sont encore partiels et fragiles. Le seul point
positif des efforts réalisés est qu'au cours des dernières
années, le salaire des hommes de troupe a pu être multiplié
par quatre, sans que soit augmenté le montant global du chapitre
budgétaire consacré à la solde. Ce phénomène
ne doit pas être interprété comme une amélioration
soudaine de la maîtrise des effectifs, mais bien comme une indication sur
l'ampleur des détournements réalisés par la haute
hiérarchie militaire tout au long de ces années74.
Après plus de quinze ans d'un recrutement chaotique
uniquement dicté par des critères politiques (intégration
des groupes armés) et ethniques (promotion des originaires du Katanga et
des Kivu, méfiance vis-à-vis de ceux de l'Équateur et des
Kasaï), donc il y a quand même aujourd'hui dans les rangs des FARDC
des militaires compétents et d'autres non. Les vagues successives
d'intégration ont miné la cohésion des unités qui
se voient contraintes à de constantes réorganisations. Les
quelques brigades qui avaient été correctement «
brassées )) pendant la période de Transition, ont
été totalement déstabilisées par les
intégrations massives d'éléments du CNDP, après
l'accord de 2009.
Bien que la réforme de l'armée nationale soit au
coeur du débat politique et institutionnel du pays depuis la signature
des accords de paix de Pretoria au début de 2003, les plus hauts
responsables politiques, le ministère de la Défense et
l'État-major ne sont toujours pas parvenus à
74 Gérard GEROLD, Op. cit, consulté le
01 juillet 2019. URL :
http://journals.openedition.org/eastafrica/389
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finaliser un document définitif de réflexion et
de planification donnant les grandes orientations de l'évolution
à long terme de l'armée nationale (missions, effectifs,
équipements, formation, coopération internationale, etc.). Depuis
l'élection de Joseph KABILA en 2006, les plans de restructuration des
FARDC se sont succédé, donnant l'impression d'une réforme
chaotique, aux priorités changeantes : Force de réaction rapide
en 2007, Forces de couverture en 2008, Priorité au développement
de l'homme de troupe et à ses conditions de vie en 2009. Au début
de 2013, le nouveau Plan Moya parle de revoir complètement les
méthodes de recrutement et d'entraînement pour près de 145
000 hommes. Parallèlement à cette planification
problématique, certains domaines comme celui des équipements et
des achats du matériel ou celui du rôle et de la place de la Garde
Républicaine au sein de l'armée nationale restent des tabous
intouchables et continuent de ne relever que du Président et de sa
« Maison militaire ». Certes, une loi organique sur la réforme
de l'armée a été adoptée en 2011, mais ses mesures
d'application ne sont, à ce jour, pas intervenus, laissant la loi en
déshérence.
Dans le cadre de l'Accord signé à Addis-Abeba et
de l'action militaire conjointe que la MONUSCO mène depuis plusieurs
années avec les FARDC dans les Kivu, la Mission de l'ONU s'était
engagée à former une brigade d'environ 3 000 hommes
destinée à remplacer la Brigade d'Intervention récemment
déployée en application de la résolution 2098 du 28 mars
2013 du Conseil de sécurité. Certes utile pour stabiliser cette
partie troublée du territoire, cette Force de réaction rapide qui
devrait comprendre trois bataillons d'infanterie, une compagnie d'artillerie,
une force spéciale et une compagnie de reconnaissance et
bénéficier d'une courte formation (3 mois) ne peut, à elle
seule, pallier l'absence d'une refonte en profondeur de l'armée de terre
dont tous les experts estiment qu'elle devrait, pour être
crédible, comporter au moins une vingtaine de bataillons formés
et équipés.
? Le cas particulier des mutins du CNDP
Les négociations entre le gouvernement congolais et les
représentants du M-23 se sont enlisées jusqu'à
l'anéantissement de ce mouvement rebelle pro-rwandais par les FARDC
appuyées par la Brigade d'Intervention Rapide de l'ONU.
Le 13 juillet 2012, la CPI a délivré un mandat
d'arrêt à l'encontre de Sylvestre MUDACUMURA, commandant
présumé de la branche armée
56
? Réforme de la Justice
Le Dialogue inter-Congolais qui a mis fin à la guerre
de 19982002, avait diagnostiqué la Justice comme une des institutions
les plus malades de la République et souhaité une réforme
fondamentale et urgente permettant de garantir une justice indépendante
et impartiale. La crise de l'Institution judiciaire congolaise était
analysée comme la conséquence de sa mauvaise organisation interne
et de sa dépendance chronique du pouvoir, mais aussi comme le
résultat de la crise sociale, éthique et morale qui affecte les
magistrats et l'ensemble de la chaîne judiciaire. Sa réforme
demeure lente jusqu'à ce jour.
? Justice militaire et impunité
L'impunité est un élément important dans
la gouvernance de KABILA. Elle persiste même dans les rangs des
militaires et elle continue de favoriser de nouvelles atteintes aux droits
humains. Malgré quelques initiatives entreprises en 2011 par le
ministère de la Justice pour mettre un terme à l'impunité,
la chasse aux auteurs de crimes n'a guère progressé. Les victimes
continuent de se voir refuser la vérité, la justice et les
réparations qui leur sont dues, tandis que les décisions de
justice visant des militaires restent trop souvent inappliquées.
? Crimes de guerre et crimes contre
l'Humanité
Le 10 juillet 2012, la Cour pénale internationale (CPI)
a condamné à 14 ans d'emprisonnement Thomas LUBANGA DYILO,
fondateur et président de l'UPC (Union des patriotes congolais) et
commandant en chef de sa branche armée, les Forces patriotiques pour la
libération du Congo (FPLC). Il avait été
déclaré coupable le 14 mars de l'enrôlement et de la
conscription de mineurs de moins de 15 ans et de les avoir fait participer
activement à des hostilités en Ituri, actes constitutifs de
crimes de guerre. Il s'agissait de la première condamnation
prononcée par la CPI depuis son entrée en fonctions en 2003.
57
des FDLR, accusé de neuf chefs de crimes de guerre
commis entre janvier 2009 et septembre 2010 dans l'est de la
RDC75.
Un second mandat d'arrêt a été
décerné en juillet 2012 à l'encontre de Bosco NTAGANDA
pour trois chefs de crimes contre l'humanité et quatre chefs de crimes
de guerre. Les autorités de la RDC avaient refusé d'arrêter
et de remettre Bosco NTAGANDA à la CPI avant qu'il ne déserte les
rangs de l'armée congolaise, en avril 2012, et ne fonde le mouvement
rebelle M-23. À la suite de combats internes au M-23, Bosco NTAGANDA
s'est réfugié, le 18 mars 2013, à l'Ambassade
américaine à Kigali, d'où il a été
transféré à La Haye pour y être
incarcéré le 22 mars.
Le 18 décembre 2012, la CPI a acquitté Mathieu
NGUDJOLO, ancien dirigeant du Front des nationalistes intégrationnistes
(FNI). Cet homme était poursuivi pour des crimes commis en
février 2003 dans le village de Bogoro, en Ituri.
Les 23 et 24 novembre 2013, la CPI a fait arrêter quatre
Congolais pour atteinte présumée à l'administration de la
justice dans l'affaire qui concerne Jean-Pierre BEMBA. Il s'agit notamment de
Fidèle BABALA, secrétaire général-adjoint du MLC et
Député national, arrêté à Kinshasa et
immédiatement transféré à La Haye et d'Aimé
KILOLO, conseiller principal de J.-P. BEMBA, arrêté à
Bruxelles et qui travaille actuellement pour J. KABILA au FCC. Le procès
de l'ancien vice-président de la Transition congolaise a commencé
en novembre 2010 et a été acquitté par la CPI des crimes
de guerre et crimes contre l'humanité en 2018.
? La persistance des groupes armés à l'Est
du Congo
Le problème de la présence des groupes
armés et la question de l'extension de l'autorité de l'Etat sur
les provinces de l'Est du pays sont posés depuis plus de quinze ans.
S'il est vrai que des progrès ont été enregistrés
en matière de désarmement, notamment en Ituri entre 2003 et 2007,
il existe encore aujourd'hui de dizaines de groupes armés actifs dans
75 Gérard GEROLD, Op. cit, consulté le
01 juillet 2019. URL :
http://journals.openedition.org/eastafrica/389
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à l'Est de la RDC. La défaite militaire
infligée au M-23, à la fin du mois d'octobre 2013, ne signifiait
pas que ce dernier soit incapable de renaître demain sous un autre sigle
et ne garantit nullement que les autres groupes cessent leur harcèlement
des populations et leurs attaques contre les FARDC.
L'Accord-cadre d'Addis-Abeba, repris et complété
par la résolution 2098 du Conseil de sécurité, propose une
approche nouvelle du problème, à la fois régionale,
nationale et locale, pour parvenir à une pacification durable. Mais les
éléments constitutifs et structurants de ce modus operandi sont
loin d'être tous opérationnels et efficaces76.
? Réconciliation, respect des Droits humains et
démocratisation
La persistance de l'insécurité dans le
Nord-Kivu, le Sud-Kivu et en Ituri continuent d'exacerber aujourd'hui les
tensions entre les communautés de ces régions ; paradoxalement,
aucun processus de réconciliation ne fonctionne depuis 2006 pour en
atténuer les effets et tenter de résoudre les conflits.
Depuis l'adoption de la nouvelle Constitution, il n'existe
plus d'instance nationale de réconciliation. En 2006, les constituants
ont, en effet, décidé de ne pas reconduire, dans le nouveau texte
constitutionnel, la « Commission vérité et
réconciliation » qui avait fonctionné, avec plus ou moins de
bonheur, pendant la Transition (2003-2006).
? Répression politique
Selon les rapports des ONG dont d'Amnesty International,
« les arrestations et détentions arbitraires demeuraient
généralisées dans tout le pays77. Les services
de sécurité, en particulier la police nationale, le
renseignement, l'armée et la police de l'immigration, procédaient
à des arrestations arbitraires et extorquaient fréquemment de
l'argent ou des
76 Gérard GEROLD, Op. cit, consulté le
01 juillet 2019. URL :
http://journals.openedition.org/eastafrica/389
77 Idem.
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effets de valeur à des civils lors d'opérations
de maintien de l'ordre ou sur les lieux des postes de contrôle ».
Pendant la période qui a suivi les élections de
2011, de nombreux opposants politiques ont été
arrêtés arbitrairement et la liberté politique
sévèrement restreinte ; alors que le M-23 gagnait du terrain
à l'Est, la répression politique a plus particulièrement
visé les journalistes. Des stations de radio, des chaînes de
télévision et des journaux ont été suspendus
arbitrairement par les autorités. Des locaux d'organes de presse ont
été la cible d'incendies volontaires, entre autres
dégradations. Les auteurs de ces attaques n'ont jamais été
identifiés. Cette situation a perduré avant les élections
de 2018.
? Etat de la Décentralisation
L'échec des pouvoirs provinciaux a été
une nouvelle étape dans la déconstruction de la Troisième
République. Jusqu'aujourd'hui le processus de décentralisation
n'a pas encore abouti. Depuis 2006, les élections locales n'ont jamais
été organisées et celles prévues par la CENI en
2019 seraient en passe d'être reportées.
Le nouveau Président de la RDC Félix-Antoine
TSHISEKEDI TSHILOMBO élu et investi le 24 janvier 2019 a nommé
Claude IBALANKY EKOLOMBA en mars de l'année en cours comme nouveau
Coordonnateur du Mécanisme National de Suivi de l'Accord-cadre
d'Addis-Abeba. Et ce Coordonnateur a durant ce deuxième trimestre de
2019 multiplié des voyages à l'Est du pays plus
particulièrement dans les provinces du Nord-Kivu et de l'Ituri en vue de
la pacification dans le cadre de l'application dudit accord. Il a
succédé à John KASUKU MIHALI (Coordonnateur a.i.).
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