La crise politique de 2016 en République
Démocratique du Congo fait suite au report sine die de
l'élection présidentielle prévue avant le 20
décembre 2016, qui permet au Président Joseph KABILA de rester au
pouvoir. Elle commence en septembre 2016, avec les premiers sommets politiques
cherchant à régler la situation, concomitants à des
manifestations faisant plusieurs morts, et se poursuit jusqu'au 31
décembre où un accord est
56 CHEIK FITA, RD Congo, sans un seul coup de
feu, Ed. OCM, Kinshasa, 2019, 512 p.
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finalement trouvé qui prévoit le retrait du
président Kabila et la tenue d'élections présidentielles
en décembre 2017, finalement reportées le 23 décembre
201857.
Le Président KABILA ayant déjà
réalisé deux mandats, la constitution ne lui permet pas de se
représenter. Après les élections de 2011 marquées
par des fraudes massives, la situation politique est tendue en
République Démocratique du Congo. Des manifestations ont lieu en
janvier 2015, durement réprimées. Des opposants et des
journalistes sont arrêtés.
En janvier 2015, l'assemblée Nationale adopte un
projet de loi permettant de repousser la date des élections. Cette loi
est contestée par l'opposition, et engendre trois jours de violence.
Le 11 mai 2016, la cour constitutionnelle autorise le
Président à rester au pouvoir en l'absence de nouvelles
élections. L'opposition se rassemble le 10 juin à l'initiative
d'Étienne TSHISEKEDI, et demande le départ de Kabila le 31
juillet de la même.
Le 1er septembre, des négociations
commencent à la Cité de l'Union Africaine à Kinshasa, mais
une grande partie de l'opposition, dont celle menée par Étienne
TSHISEKEDI refuse d'y participer. Les 19 et 20 septembre, soit trois mois avant
la date de fin du mandat de Joseph KABILA, l'opposition organise des
manifestations. Au cours de celles-ci, les forces de l'ordre tirent sur la
foule, alors que des sièges de partis politiques et des boutiques des
commerçants sont incendiés.
En octobre 2016, l'opposition appelle à une «
journée villes mortes » devant le refus de Kabila d'organiser de
nouvelles élections.
Le 18 octobre, fin des discussions de la Cité de
l'Union africain, un accord est signé avec une frange de la classe
politique qui y participait.
Le 14 novembre, le Premier ministre Augustin MATATA PONYO
démissionne pour laisser sa place à un gouvernement de large
union, issu de l'accord du 18 octobre.
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www.rfi.fr, consulté le 13
juin 2019.
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Le 17 novembre, l'opposant Samy BADIBANGA est nommé
Premier ministre, conformément à ces accords du 18 octobre.
Le 20 décembre 2016, le Président KABILA
annonce un nouveau gouvernement, alors que son mandat expirait le 19
décembre de la même année.
Le 23 décembre 2016, le gouvernement conduit par le
Premier ministre Samy BADIBANGA est investi58. Un accord pour
organiser une élection en 2017 a finalement été
trouvé le 31 décembre 2016 après des négociations
entamées le 8 décembre à l'aide d'une médiation de
la CENCO.
Le 7 avril 2017, il nomme son adversaire politique Bruno
TSHIBALA Premier ministre de la République Démocratique du Congo
à la suite d'un accord négocié sous l'égide de
l'Église catholique afin que le poste revienne à un membre de
l'opposition. Cette décision de Joseph KABILA, qui profite de la
désunion de ses adversaires, fait perdurer les divisions au sein de
l'opposition.
De décembre 2017 à février 2018,
plusieurs manifestations populaires à l'appel des Laïcs catholiques
soutenus par la CENCO, l'opposition plurielle ont eu lieu à travers le
pays, demandant le respect strict de l'Accord politique de la Saint-Sylvestre
en demandant notamment au président KABILA de ne pas tenter de briguer
un troisième mandat anticonstitutionnel, l'application des mesures de
décrispation politique, etc. Ces manifestations ont causé
plusieurs morts à Kinshasa et à l'intérieur du pays.
Le 8 août 2018, le président KABILA a finalement
et officiellement renoncé à se présenter à
l'élection présidentielle prévue le 23 décembre
2018 en désignant un dauphin en la personne d'Emmanuel RAMAZANI SHADARY,
candidat de son camp politique au dernier jour du dépôt des
candidatures pour cette élection. Mais, les divisions politiques
persistent entre les camps présidentiel et celui de l'opposition
plurielle sur la
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www.radiookapi.net,
consulté le 13 juin 2019.
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question de la machine à voter, les 16,6 % des
électeurs sans empreintes digitales, l'application des mesures de
décrispation politique, etc.59
Le 30 décembre 2018, organisation des élections
présidentielle, législatives nationales et provinciales. 21
candidats en lice pour la présidentielle dont 3 principaux
Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO (UDPS/ TSHISEKEDI), Martin FAYULU
MADIDI (DO) et Emmanuel RAMAZANI SHADARY (Indépendant). Et trois
principales coalitions étaient en lice pour
les législatives (FCC, LAMUKA et CACH). Félix
TSHISEKEDI élu
démocratiquement avec 38,5 % des voix contre
34,8% des voix pour Martin FAYULU et 23% pour Emmanuel RAMAZANI. Le FCC de
Joseph KABILA remporte les législatives devant LAMUKA de Martin FAYULU
et CACH de Félix TSHISEKEDI.
Le 24 janvier 2019, passation pacifique et civilisée
entre le Président sortant Joseph KABILA KABANGE et le Président
élu Félix-Antoine TSHISEKEDI TSHILOMBO. C'est la première
alternance démocratique au sommet de l'Etat depuis 1960. Le FCC a par la
suite remporté largement les élections indirectes
(sénatoriales et des Gouverneurs et Vice-Gouverneurs) devant le CACH et
LAMUKA.