1.4. Stabilisation
C'est un nom féminin qui signifie action de stabiliser,
d'assurer la stabilité. Ce concept est utilisé souvent dans le
contexte d'une situation d'après conflit qui occasionna
l'instabilité. A titre illustratif, la sous-région de Grands Lacs
en général et la RDC en particulier ont connu une longue
période d'instabilité, d'où la nécessité de
la stabilisation de la situation après ces conflits armés
répétitifs.
42 OMEONGA ONAKUDU, Introduction à la
géopolitique, notes de cours L1RI, FSSAP, UNIKIN, 2010.
24
1.5. Géostratégie
La géostratégie est d'après la
définition classique du contre-amiral Pierre CELERIER43,
« l'étude des rapports entre les problèmes
stratégiques et les facteurs géographiques ».
Elle implique la géographie de chaque État, et
sa situation historique et politique au regard de ses voisins, examinées
par le biais d'études stratégiques. Son étude
relève de la géopolitique, bien que son point de vue se
réduise aux aspects militaires et leurs conséquences sur l'enjeu
des ressources naturelles, fréquemment objet de conflits
d'intérêts.
Le gouvernement d'un État et la définition de sa
politique dépend de manière permanente de la considération
de sa situation géostratégique. C'est alors qu'est
invoquée la raison d'État. La politique d'un État est dans
sa géographie44.
La géographie militaire est une discipline antique,
nécessaire aux stratèges comme à l'infanterie, tant pour
préparer le renseignement et la défense que les fortifications ou
pour la conduite de la guerre (attaque, repli, infiltration ou exfiltration).
Les intérêts guerriers ou de protection étaient dans un
premier temps ciblés sur les lieux stratégiques (richesses,
hydrographie et relief, villes et fortifications, routes, carrefours, ports,
défilés, détroits, gués, sols (meubles ou
portants), grottes, mines, forêts, bocage, sources et puits dans les
zones ou périodes sèches, etc.), mais les facteurs sociaux
économiques et de ressources naturelles (eau, pétrole, gaz, bois,
charbon, terres cultivables, métaux, dont uranium, etc.) prennent une
importance croissante, car les crises environnementales sont de plus en plus
sources de risques des menaces de guerres ou conflit45.
43 Contre-amiral Pierre CELERIER,
Géopolitique et géostratégie, Paris, Presses
universitaires de France, 1955, 128 p.
44 Aymeric CHAUPRADE, Géopolitique.
Constantes et changements dans l'histoire, Ellipses, 2003 (deuxième
édition), Paris, 960 p.
45 Régnier PAUL-DAVID, Dictionnaire de
géographie militaire, CNRS, collection CNRS Histoire, Paris, 2008,
310.
25
La géographie militaire commence depuis peu à
intégrer l'analyse a posteriori des risques et dangers des
séquelles de guerre (polémosylvofacies, cartographie des zones
rouges, étude des forêts de guerre, des munitions
immergées, champs de mines, etc.) par exemple pour protéger les
soldats, des populations civiles, et pour sécuriser la reconstruction
après les conflits.
La géographie militaire dont on a des traces dès
les civilisations gréco-romaines (romaine surtout) par des textes et
quelques cartes recopiées, a plusieurs fois été
renouvelée ; d'abord avec le développement de la cartographie
géoréférencée (grâce à la boussole, au
sextant et aux systèmes de projection géographique), puis
grâce à l'image aérienne et l'imagerie satellitaire.
Les guerres mondiales, fixées par les tranchées
ont encore mis en évidence l'intérêt d'une connaissance
fine de la nature des sols et sous-sols. Les guerres « coloniales )) ont
dû affronter des contextes nouveaux, y compris du point de vue sanitaire
et écoépidémiologique. Le GPS ayant encore augmenté
la réactivité des cartographes et des utilisateurs de carte et
permis des frappes plus « chirurgicales )) réputées limiter
les « dommage collatéraux » (ce qui est discuté dans le
cas de l'usage des munitions à uranium ou de destruction d'usines
chimiques ou d'industries pétrolières).. La cartographie
militaire s'est aussi étendue au XXe siècle aux
espaces sous-marins et aux espaces aériens et circum-planétaire
(Cf. « guerre des étoiles ))).
La carte de base (ancienne carte d'état-major)
correspond toujours à celle qui peut être
appréhendée par un fantassin en une journée (l'infanterie
est souvent dite l'arme de 300 derniers mètres), mais
différentes échelles correspondent aux besoins des
systèmes d'armes (tir courts, moyens ou à longue distance) et
moyens de transport (hélicoptère, avion, navire, sous-marin..).
Les indications des cartes varient selon l'usage (le pilote a besoin
d'indications précises sur le relief et les obstacles
élevés (câbles, lignes électriques.), la
donnée géographique et paysagère pouvant
26
aussi être utilisée en simulateurs (image 3xD, de
synthèse ou semi-reconstituée) ou adaptée (infrarouge,
etc)46.
L'environnement physique, agricole, naturel, humain et
socioéconomique, religieux, et même l'écologie du paysage
intéresse les armées qui cherchent à comprendre comment
les gens vivent et se déplacent dans l'espace, normalement ou en
situation de crise ou conflit. Des domaines nouveaux sont explorés, dont
l'urbain4 et périurbain, qui modifient les notions de blocus,
frontière, guérilla, guerre civile... Le rôle ancien des
ports et capitales s'est déplacé vers les aéroports et
réseaux de communication.
La redéfinition de la géopolitique de la Russie
contemporaine la place comme une puissance régionale avec des buts
redéfinis : voir la Géostratégie de la Russie.
Outre les Etats-Unis de manière directe, les pays du
monde arabo-musulman notamment, ont dû repenser leur
géostratégie locale à la suite des attentats du 11
septembre 2001.
L'influence controversée de Samuel HUNTINGTON sur la
pensée géostratégique américaine concernant cette
zone du monde peut également être citée. Depuis la fin des
années 1980, les Etats-Unis développent une stratégie
globale visant à conserver l'hégémonie des armées
et des entreprises américaines sur le monde. La période
historique antérieure a permis de pérenniser un réseau de
bases militaires permettant d'activer une projection militaire dans un
délai de six mois (ce qui est le scénario de la libération
du Koweït). Cette stratégie s'appuie sur un consortium
d'entreprises des secteurs de l'informatique et de l'aéronautique. Elle
s'applique à la plupart des secteurs de l'économie, le secteur
militaire bien sûr, mais aussi le secteur de l'énergie, et
plusieurs autres secteurs économiques.
Aujourd'hui, elle vise également à contrer le
protocole de Kyoto, par l'alliance avec la Chine, l'Inde, le Japon, et
l'Australie.
46 Régnier PAUL-DAVID, Op. cit. 2008.
47 Copie de l'Accord-cadre pour la paix, la
sécurité et la coopération pour la République
Démocratique du Congo et la région signé le 24
février 2013 à Addis-Abeba par onze (11) pays africains.
27
Il existe des scénarios sur la fonte de la banquise de
l'océan Arctique, en vue de développer le commerce par ledit
océan. La maîtrise des risques de prolifération
nucléaire, vu les menaces terroristes, est directement en relation avec
la géostratégie.
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