ECOLE NATIONALE
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D'ADMINISTRATION
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BURKINA FASO
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ET DE MAGISTRATURE
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-------------------------
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Unité-Progrès-Justice
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DEPARTEMENT
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GESTION DES EMPLOIS,
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FORMATION PROFESSIONNELLE
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ET LOIS SOCIALES
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Mémoire de fin de cycle
PROMOTION DU TRAVAIL DECENT DANS
L'ECONOMIE INFORMELLE :
LE ROLE DE L'INSPECTION DU TRAVAIL AU
BURKINA FASO
Présenté et soutenu publiquement par
:
Edmond Wêdlasida SAVADOGO
Pour l'obtention du diplôme de l'ENAM :
Option : Inspecteur du Travail
Mention : Très bien
Jury :
Inspecteur du Travail, Simon OUEDRAOGO
Inspecteur du Travail, Seydou BERTHE Inspecteur du Travail,
Wotié Michée WOROKUY
: Président
: Directeur de mémoire
: Membre
Promotion 2017-2019
ENAM 03 BP 7024 Ouagadougou 03 E-mail :
enam.burkinafaso@gmail.com
Téléphone : (226) 25.31.42.64/65
Télécopie : (226) 25.30.66.11
I
AVERTISSEMENT
L'Ecole Nationale d'Administration et de Magistrature (ENAM)
n'entend donner ni approbation in improbation aux idées et opinions
émises dans le présent mémoire. Par conséquent, ces
opinions doivent être considérées comme propres à
l'auteur.
I
DEDICACE
Nous dédions ce travail à :
- Feu notre Père,
- Notre Mère,
- Nos Frères et Soeurs,
- Toute notre Famille,
- Nos Amis,
- Nos Collègues,
- Nos Educateurs,
- Nos Promotionnaires,
- Nos Bienfaiteurs.
II
REMERCIEMENTS
La liste de tous ceux qui nous ont aidé dans la
conduite de ce travail est très longue. Cependant, nous tenons
particulièrement à dire un sincère MERCI à
:
- Monsieur BERTHE Seydou, notre Directeur de
mémoire, qui malgré son calendrier très chargé, n'a
cessé de nous épauler dans notre travail. Trouvez dans ce
travail, l'expression de ma profonde gratitude ;
- Monsieur SANDOUIDI O. Joseph, Inspecteur du travail, qui
a accepté joyeusement partager avec nous son expérience
d'ainée dans le corps des Contrôleurs et Inspecteurs du travail
;
- Mes collègues de la Direction Générale
du Travail (DGT) pour leurs aides multiformes en notre faveur ;
- Mes promotionnaires de classe pour nos encouragements
mutuels et pour la fraternité manifestée entre nous tout au long
de la durée de notre formation ;
- A vous tous !
Que Dieu vous garde et vous comble de ses grâces et de
ses bénédictions !
Amen !
III
SIGLES ET ABREVIATIONS
ANPE
BAD
BIT
CDD
CDI
CEFORE
CIST
CIT
CNSS
DGESS
DGPS
DGT
DRTPS
ENTE
FAARF
FASI
IFU
INSD
MFPTPS
MICA
MINEFID
MJPEJ
NIT
ODD
OIT
OMD
ONG
ONU
OST
PAN/PFTE
PAS
PFDT
PFTE
PIB
PNDES
PNE
PNPS
: Agence Nationale Pour l'Emploi
: Banque Africaine de Développement
: Bureau International du Travail
: Contrat de travail à Durée
Déterminée
: Contrat de travail à Durée
Indéterminée
: Centre de Formalités des Entreprises
: Conférence Internationale des
Statisticiens du Travail
: Conférence Internationale du Travail
: Caisse Nationale de Sécurité
Sociale
: Direction Générale des Etudes et
des Statistiques
Sectorielles
: Direction Générale de la
Protection Sociale
: Direction Générale du Travail
: Direction Régionale du Travail et de la
Protection Sociale
: Enquête Nationale sur le Travail des
Enfants
: Fonds d'Appui aux Activités
Rémunératrices des
Femmes
: Fonds d'Appui au Secteur Informel
: Identifiant Financier Unique
: Institut National de Statistique et de
Démographie
: Ministère de la Fonction Publique, du
Travail et de la
Protection Sociale
: Ministère de l'Industrie, du Commerce
et de l'Artisanat
: Ministère de l'Economie, des Finances
et du
Développement
: Ministère de la Jeunesse et de la
Promotion de
l'Entrepreneuriat des Jeunes
: Normes Internationales du Travail
: Objectifs de Développement Durable
: Organisation Internationale du Travail
: Objectifs du Millénaire pour le
Développement
: Organisation Non Gouvernementale
: Organisation des Nations Unies
: Office de Santé des Travailleurs
: Plan d'Action Nationale de lutte contre les
Pires Formes
de Travail des Enfants
: Programme d'Ajustement Structurel
: Principes et Droits Fondamentaux aux
Travail
: Pires Formes de Travail des Enfants
: Produit Intérieur Brut
: Plan National de Développement
Economique et Social
: Politique Nationale de l'Emploi
: Politique Nationale de Protection Sociale
IV
PNT
PNUD
PPTD
RCCM
SITA
SST
UA
UE
UEMOA
: Politique Nationale du Travail
: Programmes des Nations Unies pour le
Développement
: Programme Pays de promotion du Travail
Décent
: Registre de Commerce et du Crédit
Mobilier
: Système d'Inspection du Travail
Automatisée
: Sécurité et Santé au
Travail
: Union Africaine
: Union Européenne
: Union Economique et Monétaire
Ouest-Africaine
V
SOMMAIRE
AVERTISSEMENT
I
DEDICACE
II
REMERCIEMENTS
III
SIGLES ET ABREVIATIONS
IV
SOMMAIRE
1
Partie I : Cadre Théorique et
methodologie
5
Chapitre I : Cadre
théorique
5
Section I : Revue de littérature
5
Section II : Problématique
16
Chapitre II : METHODOLOGIE
22
Section I : Méthodes
22
Section II : Définitions des concepts
24
Partie II : L'inspection du travail ET L'ECONOMIE
informelle
28
Chapitre I : L'inspection du travail du Burkina
Faso
28
Section I : La place de l'inspection du travail
28
Section II : Cadre juridique du travail décent
30
CHAPITRE II : L'Inspection du travail et
la promotion du travail décent dans
l'économie informelle
35
Section I : Analyse de la contribution de
l'Inspection du Travail en matière de
création d'emplois et de respect des droits des
travailleurs
35
SECTION II : Analyse de la contribution de
l'Inspection de travail en matière de
protection sociale et de dialogue social
49
Chapitre III : Les défis de
l'inspection du travail face à l'économie informelle
57
Section I : Les contraintes
57
Section II : Recommandations
58
CONCLUSION
61
BIBLIOGRAPHIE
62
TABLE DES MATIERES
65
LISTE DES TABLEAUX
67
1
INTRODUCTION
L'un des plus grands défis du monde contemporain reste
l'économie informelle. En effet, d'après l'Agence pour l'emploi
des Nations Unies, plus de 2 milliards de personnes (61% de la population
active mondiale)1 gagnent leur vie dans cette économie. Les
pays émergents et les pays en développement représentent
à eux seuls, 82% de l'emploi mondial, cependant, 93% de l'emploi
informel se situent dans ces pays.2 L'Afrique est le continent le
plus concerné par l'économie informelle avec un taux de
85,8%3. En Afrique subsaharienne, elle représenterait 55 % du
produit intérieur brut (PIB) cumulé selon la Banque Africaine de
Développement (BAD) et occuperait selon une enquête de l'Agence
Française de Développement (AFD) révélée en
2006, 90 % des personnes actives au Cameroun et au Sénégal,
contre 80 % en Afrique du Sud, 50 % en Ethiopie et moins de 40 % au
Maroc.4
Au Burkina Faso, l'économie informelle est l'une des
plus dynamiques de la sous-région Ouest-africaine, comme en
témoignent dans ses villes et campagnes, la présence d'une
multitude d'activités exercées par une multitude d'acteurs qui ne
sont pas sous le coup de la loi. Dans une enquête de l'Institut National
de la Statistique et de la Démographie (INSD), le secteur informel non
agricole occupe près de 80% des actifs urbains et sa contribution au PIB
s'estime à plus de 32%.5
Les activités de l'économie informelle se
caractérisent le plus souvent par « un capital modeste, un peu de
main d'oeuvre qualifiée, un accès limité aux
marchés organisés et à la technologie, revenus faibles et
irréguliers, des conditions de travail médiocres. Elles
échappent aux statistiques officielles et aux réglementations
publiques. De plus, elles sont en marge des systèmes officiels de
protection sociale et de la protection des travailleurs »6.
Au regard de l'importance de l'économie informelle dans
l'économie du Burkina Faso, l'Etat doit y intervenir pour la redynamiser
et l'organiser afin qu'elle soit plus
1
https://www.lepoint.fr/economie/informel-ce-secteur-dominant-de-l-economie-mondiale-03-05-2018-2215415_28.php
2
https://www.latribune.fr/economie/international/deux-milliards-de-personnes-travaillent-dans-l-economie-
informelle-777253.html
3
http://www.rfi.fr/emission/20190122-emploi-informel-pays-developpement
4 https://www.monde-diplomatique.fr/mav/143/CESSOU/53893
5 http://lefaso.net/favicon.ico
6 BIT, Rapport du Directeur général soumis à
la Conférence internationale du Travail, 78ème
session, Genève, 1991.
2
productive. C'est ce qui fait dire à
Monsieur SAWADOGO, ex Directeur Général du
Secteur Informel au ministère en charge de l'emploi que
l'économie informelle est :
« une réalité incontournable dans notre
environnement économique et social à telle enseigne qu'aucune
politique de développement ne peut se concevoir sans en tenir
compte »7. Le Burkina Faso a fait sienne cette
affirmation en tenant compte de l'économie informelle dans son Plan
National de Développement Economique et Social (PNDES) dont l'objectif
global est de « transformer structurellement l'économie
burkinabè pour une croissance forte, durable, résiliente,
inclusive, créatrice d'emplois décents pour tous et induisant
l'amélioration du bien-être social »8. Ce plan
vise comme impact l'émergence d'une économie moderne fixée
sur un secteur primaire évolutif plus compétitif et des
industries de transformation et de services de plus en plus dynamiques, qui
pourra permettre de réaliser un taux de croissance économique
annuel moyen de 7,7% et créatrice d'au minimum 50 000 emplois
décents par an.
A l'instar du PNDES, plan mère, plusieurs politiques
sectorielles sont mises en oeuvre pour promouvoir le travail décent. Ce
sont : la Politique Nationale du Travail (PNT), la Politique Nationale de
l'Emploi (PNE), la Politique Nationale de la Protection Sociale (PNPS) et le
Plan d'Action National de Lutte contre les pires formes de travail des enfants
(PAN). Ces politiques ont été regroupées dans une seule
politique sectorielle « Travail, Emploi et Protection Sociale »
2018-2027 adoptée par le Décret
N°2018-0499/PRES/PM/MJFIP/MFSNF/MFPTPS/MINEFID du 19 juin 2018 qui vise
à contribuer à la promotion de l'emploi productif, du travail
décent et de la protection sociale au Burkina Faso dans le cadre du
PNDES. Toutes ces politiques constituent une approche intégrée et
inclusive de lutte contre l'informalité, comme l'a recommandé la
Résolution concernant le travail décent et
l'économie informelle en ces termes : « Les gouvernements
doivent mettre en place des cadres macroéconomiques, sociaux,
juridiques et politiques propices à la création à grande
échelle d'emplois décents et d'entreprises durables. Les
gouvernements devraient adopter une démarche dynamique pour mettre
l'emploi décent au centre des politiques de développement
économiques et sociales et
7 Journal L'Economiste du Faso du Lundi 7 octobre 2013. Article
de Christian Koné et d'Elie Kaboré : « Secteur informel : un
vieux débat remis au goût du jour ».
8 Plan National de Développement Economique et Social
(PNDES) 2016-2020-Transformer le Burkina, Ministère de
l'Economie des Finances et du Développement (MINEFID), Page 51
3
favoriser le bon fonctionnement du
marché du travail et de ses institutions, y compris les systèmes
d'information sur le marché du travail et les organismes de
crédit»9.
Ainsi, la Politique Nationale du Travail (PNT) se situant en
droite ligne des objectifs du PNDES, vise à faire « du Burkina
Faso, un pays émergent garantissant un travail décent à
tous les actifs et un niveau de compétitivité très
élevé à l'ensemble des entreprises grâce au
fonctionnement harmonieux du marché du travail à l'horizon 2020
»10. Dans la mise en oeuvre de cette politique
orchestrée par le Ministère de la Fonction Publique, du Travail
et la Protection Sociale (MFPTPS), l'Administration du travail qui se
définit par la convention 150 sur l'Administration du Travail, comme
l'ensemble des activités de l'administration publique dans le domaine de
la Politique Nationale du Travail (PNT), en est un outil indispensable. (C150
convention sur l'Administration du Travail, article 1)
De tous les organes d'administration publique que comprend le
système d'administration du travail du Burkina Faso, nous avons
jeté notre dévolu sur l'inspection du travail dans le but de
comprendre son rôle dans le processus de transition de l'économie
informelle vers l'économie formelle.
En quoi, l'inspection du travail contribue-t-elle à la
lutte contre l'informalisation des emplois et des entreprises au Burkina Faso ?
Tel est le fil conducteur de notre recherche à travers lequel nous
tenterons de comprendre l'apport de l'inspection du travail dans la promotion
du travail décent dans l'économie informelle.
Notre étude se structure tout d'abord par un
aperçu sur l'état des connaissances sur l'économie
informelle et le travail décent ; ce qui nous permettra de mieux situer
notre problématique. Ensuite, nous aborderons la partie
méthodologique qui consistera au choix des techniques de collecte de
données et à l'élaboration de leurs outils. Enfin, nous
procéderons à l'analyse des données au cours de laquelle
nous aborderons tour à tour : le fonctionnement de l'inspection du
travail au Burkina Faso, sa contribution à la promotion du travail
décent dans l'économie informelle et ses difficultés
rencontrées dans cette tâche.
9 BIT, Résolution concernant le travail
décent et l'économie informelle, Point 26, 2002
10 Politique Nationale du Travail (PNT), Edition
septembre 2013, page 37
4
PARTIE I : CADRE THEORIQUE ET
METHODOLOGIE
Chapitre I : Cadre théorique
Section I : Revue de littérature
Paragraphe I : Economie informelle
A- Conditions d'émergence de l'économie
informelle
Plusieurs facteurs peuvent par interférence expliquer
l'émergence des activités de l'économie informelle selon
les différentes sources scientifiques.
1. La colonisation
L'irruption de la civilisation occidentale par la colonisation
a entrainé un bouleversement notoire dans les pays d'Afrique où
les conséquences au niveau social, culturel et économique peuvent
s'observer. La confrontation de la société occidentale avec les
sociétés d'Afrique Subsaharienne est à l'origine de
l'informalisation des institutions majeures de ces derniers, donnant, de ce
fait, au concept informel, une connotation polymorphe (Gauthier De Villiers,
1994 : 7-21).
Les sociétés du Tiers-Monde sont aujourd'hui
caractérisées de Sociétés hybrides,
c'est-à-dire à cheval entre les sociétés
pré-industrielles et les sociétés industrielles.
L'économie issue de ces sociétés est appelée
économie hybride ou intermédiaire ou dualiste dont le secteur
informel constitue l'illustration la plus parfaite (BALANDIER 1985 : 188).
Catherine COQUERY - VIDROVITCH (1991: 180), dans ce cas,
utilise l'expression d'ambivalence sociale pour désigner le fait que
depuis la colonisation, les néo-citadins en voie de
prolétarisation développent des stratégies de survie en
mêlant à la fois, le mode paysan (qui assure leur reproduction et
une partie de leur subsistance ) et le mode capitaliste occidental qui leur
procure un salaire, parfois insuffisant pour la satisfaction des besoins
ménagers. Elle souligne également que la symbiose secteur moderne
et secteur informel est vécue quotidiennement par les
5
citadins de vieilles souches en cours de
prolétarisation en vue de faire face aux insuffisances de revenus
générés par le secteur formel.
Abdou TOURE (1995 : 13-14), en se référant
à l'historien ivoirien Pierre KIPRE, soutient que les petits
métiers ont émergé dans les villes coloniales suite aux
recrutements massifs, au travail forcé, à la
nécessité de payer l'impôt et à l'obligation d'avoir
les moyens pour assurer sa subsistance.
Selon Djik VAN (1986 : 18), certaines activités du
secteur informel puisent leur origine du temps des activités
traditionnelles pré-coloniales comme le tannage, la poterie, le tissage,
... D'autres, cependant sont nées des effets de modernisation
importées depuis la colonisation comme la réparation des engins,
des appareils électroménagers, etc.
2. La croissance urbaine
L'urbanisation est, de nos jours, considérée
comme un phénomène inévitable devant concerner toutes les
parties du Monde. Les pays du Tiers-Monde qui étaient longtemps
aperçus comme enfouis dans leur ruralité, se démarquent
aujourd'hui de cette situation. En effet, sur les 567 millions d'habitants que
comptait l'Afrique subsaharienne en 1995, 176 millions étaient urbains,
soit un taux d'urbanisation de 31% tandis que la moyenne mondiale
s'élevait à 45% (BOCQUIER et al ; 2000 : 1). Cette croissance
urbaine est conditionnée par deux éléments qui sont
l'accroissement naturel et l'accroissement par migration.
L'emploi formel présentant des barrières
à l'entrée pour les néo-citadins, ceux-ci affrontent la
nécessité de se lancer dans les activités
dépréciées et peu rentables de l'économie
informelle en vue d'assurer leurs propres survies et pourvoir aussi aux besoins
de leurs parents restés au village (Dijk VAN 1986 : 96).
3. Les Programmes d'Ajustement Structurel
(PAS)
La plupart des pays du sud ont été
touchés de plein fouet par la récession économique des
années 1980 et 1990 résultant de l'enchevêtrement de
plusieurs facteurs : dégradation du secteur agricole, la
détérioration des termes de l'échange, la baisse des
investissements, l'endettement massif, le chômage recrudescent (ph.
BOCQUIER et al 2000 : 37). A titre illustratif, le Burkina Faso qui avait
une
6
croissance annuelle au PIB réel de
4 % entre 1980 et 1988, s'est vu tombé à 1,6% entre 1989 et 1990
(El. WETTA et al 1999 : 3-4).
Le redressement des économies effondrées
était orchestré par les institutions de Bretton Woods que sont le
FMI et la Banque Mondiale dans le cadre du Programme d'Ajustement Structurel
(PAS) dont l'objectif initial était destiné à
accroître la croissance du PIB de l'ordre de 4% par an (CALVES et al 2004
: 2). Le remède des Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) visant
à vaincre la crise en restructurant et en privatisant les entreprises
parastatales, en réformant le secteur public et en dévaluant le
franc CFA s'était révélé plus nocif sur la
dimension sociale (Alain MARIE et al 1997 : Ph. Antoine et al 1995).
En outre, les effets combinés de la crise
économique et les Programmes d'Ajustement Structurel (PAS) ont eu pour
corollaire le chômage massif des populations, la
détérioration de la qualité des emplois, le gel des
salaires et le ralentissement des recrutements, les fermetures d'entreprises et
des licenciements exorbitants (CHARMES 1996 : 499). Les populations
subsahariennes durement éprouvées par le prolongement de la crise
n'ont d'autres solutions que de recourir aux activités
économiques moins rentables et instables de l'économie
informelle, favorisant ainsi la pluri-activité des individus et une
amplification dudit secteur au sein des économies nationales (CALVES et
al 2004 : 2, Abdou TOURE 1995 : 45 ).
4. Le système Educatif
La prolifération des activités du secteur
informel est aussi la conséquence de la crise du système
éducatif de la majeure partie des pays au sud du Sahara. L'école
produit annuellement un nombre croissant de déscolarisés,
c'est-à-dire des jeunes ayant quitté prématurément
les bancs sans avoir obtenu le diplôme voulu ou souhaité (UEMOA 2
2004 : 15). Selon le sociologue ivoirien Abdou TOURE, le système
éducatif rejette annuellement dans la rue environ 100 000
déscolarisés pour la seule Côte d'Ivoire (Abdou TOURE 1995
: 52).
Ainsi, l'économie informelle fonctionne comme un
secteur d'absorption pour les déscolarisés et dans une moindre
mesure pour les diplômés qui y reviennent en cas de
difficultés à trouver un emploi salarié ou à
créer un auto-emploi moderne.
Enfin, l'économie informelle fonctionne comme un secteur
de transition pour
7
les diplômés qui y passent
quelques temps avant de s'engager dans les activités du secteur moderne
(Abdou TOURE 1995 : 49).
B- Hétérogénéité de
l'économie Informelle
L'une des raisons de la complexité de l'économie
informelle est le foisonnement en son sein d'une multitude d'activités
allant du légal à l'illégal. Au sujet des villes
africaines, Ph. HUGON (1982) disait que la réalité
immédiatement perceptible par le photographe est celle des myriades de
petits métiers se trouvant au centre, tout comme à la
périphérie des villes. L'économie informelle, c'est le
domaine des activités multiformes et désordonnées (KINDA
1995 : 141). On y rencontre des artisans, de petits commerçants, de
petits transporteurs et les prestataires de services tels que les cireurs de
chaussure, les guides, les gardiens de voitures, etc...
Face au foisonnement anarchique des activités de
l'économie informelle, certains chercheurs ont tenté
théoriquement d'y mettre un semblant d'ordre en les classifiant.
Catherine COQUERY-VIDROVITCH (1991 : 184) distingue au sein du
secteur informel `' la petite production'' dans laquelle les moyens de
production sont faibles et fait d'outillage ancien, rudimentaire et
rafistolé. La main d'oeuvre est parfois familiale, gratuite ou mal
payée et la `'petite production capitaliste qui se réalise
lorsqu'un minimum de capital est accumulé. Ce stade de l'informel est
orienté exclusivement vers le marché.
Dijk VAN (1986), quant à lui scinde l'économie
informelle en deux parties : l'une étant moins développée
que l'autre. La partie la moins développée comprend les
entreprises à une personne utilisant une technologie dont le niveau est
le plus souvent très bas. La partie plus développée
regorge les entreprises à outils, le plus souvent, très
couteux.
Enfin, le Guide pratique de secteur informel au Burkina
Faso (Août 2004 :
6) distingue sept (07) grands domaines d'activités du
secteur informel :
- les activités de production regroupant les
travailleurs ayant pour tâche principale la transformation des
matières premières ou des produits semi-finis en produits de
consommations intermédiaires ou finales.
8
- les activités d'art
désignant la calligraphie, la peinture, la sculpture, la teinture, ...
etc.
- le petit transport désignant les propriétaires
de charrettes à traction humaines ou animale destinées au
ramassage du sable, du bois et d'autres marchandises.
- le petit commerce qui constitue le commerce de
micro-détails dont les acteurs sont soit ambulants ou installés
(boutique, étals, ... etc.)
- les activités de restauration qui concernent le commerce
des aliments de la rue (restaurants populaire).
C- Relation entre Etat et économie informelle
Selon Bruno LAUTIER (1994 : 99), « le rapport à
l'Etat est à la base de la définition même de
l'économie informelle puisque la forme absente est celle que l'Etat est
censé imposer. »11
Le problème qui se pose ici est l'absence de cette
imposition de la forme que ce soit au niveau de l'organisation interne des
activités économiques (respect du droit du travail,
comptabilité normalisée), de la visibilité de ces
activités (inscription dans les divers registres) ou de leur
contribution aux dépenses socialisées (impôts, taxes et
cotisations sociales).
En fait, trois courants d'auteurs accusent l'Etat d'être
directement ou indirectement responsable de la prolifération des
activités de l'économie informel.
Pour les premiers, l'informalisation de l'économie est
consécutive à une incapacité enregistrée dans la
couverture du contrôle par l'Etat (CHARMES 1991, LAUTIER 1994 : 100).
Cette situation est observable la plupart des cas dans les pays ayant
accédé récemment à leurs indépendances
où l'administration manque énormément de ressources
humaine en nombre et en qualité.
Le second groupe de chercheurs d'obédience
libérale, pensent surtout que l'excès d'intervention de l'Etat en
matière de fiscalité et réglementation bureaucratique est
à la base de la déviance de certains acteurs, des normes
formelles de l'économie (LAUTIER 1994 : 102).
11 LAUTIER Bruno : 1994, l'Economie informelle dans le
Tiers-Monde, Editions La Découverte, collection, Repères, Paris,
125 pages.
9
La dernière vague de chercheurs
soutient que la non-couverture des activités de l'économie
informelle n'est pas due à une faille, mais à une
tolérance de l'Etat pour des raisons beaucoup plus politiques et
sociales qu'économiques (LAUTIER 1994 : 100).
Paragraphe II : Travail décent
A- La notion du travail décent
La notion du travail décent naît pour la
première fois en 1999, dans le rapport présenté par le
Directeur Général du Bureau International du Travail (BIT) lors
de la 87ème session de la Conférence Internationale du
Travail (CIT). Selon l'OIT, cette notion est un concentré des
aspirations de tout travailleur à savoir : les possibilités
d'accès à un travail productif et convenablement
rémunéré, un travail assorti de conditions de
sécurité sur les lieux de travail ainsi que la protection sociale
pour les familles, de meilleures perspectives de développement personnel
et d'insertion sociale, la liberté pour les individus de faire savoir
leurs revendications, de s'organiser et de participer aux décisions qui
affectent leur vie, et l'égalité des chances et de traitement
pour tous, hommes et femmes.
L'objectif global du travail décent est de faire
naître un changement positif dans la vie de chaque individu aux niveaux
national et local. Il faut rappeler que le mandat de l'OIT s'inscrit dans cet
objectif. En effet, la Déclaration de Philadelphie du 10 mai 1944
dispose que l'une des obligations de l'OIT est de seconder la mise en oeuvre de
programmes propres à réaliser « l'emploi des travailleurs
à des occupations ou ils aient la satisfaction de donner toute mesure de
leur habilité et leurs connaissances et de contribuer le mieux au
bien-être commun »12. En outre, cette même
déclaration soutient en ses articles 1 et 2, le droit de chacun de se
développer « dans la liberté et la dignité, dans la
sécurité économique et avec des chances égales
»13. Elle promeut la nécessité d'assurer la
possibilité « pour tous d'une participation équitable aux
fruits du progrès »14. Il faut souligner aussi que le
travail décent s'appuie aussi sur la Déclaration de l'OIT de 1998
sur les principes, les droits fondamentaux des
12 Déclaration de l'OIT à Philadelphie, 1944,
13 Déclaration de l'OIT à Philadelphie, 1944,
14 Idem,
10
travailleurs et leur suivi, dans laquelle
l'institution (OIT) cherche à se doter d'un objectif universel visant
à fédérer des droits universels.
Par ailleurs, il faut ajouter que cet objectif de l'OIT de
promouvoir les opportunités pour permettre aux hommes et aux femmes,
d'accéder à un travail décent et productif ne concerne pas
seulement le marché du travail formel, mais à tous les types de
travailleurs et d'employeurs, c'est-à-dire les salariés en
situation informelle et les personnes travaillant à leur compte ou
à domicile (BIT 2013, « Travail décent et économie
informelle » P.11.)
B- L'Agenda du Travail Décent
L'agenda du travail décent est une stratégie de
développement qui reflète les aspirations des gens pour le
travail décent, de meilleures opportunités, une voix pour se
faire entendre et une représentation effective. Il est une
réponse que l'OIT veut apporter à une mondialisation
équitable qui serait une « force positive » pour les peuples.
Cet agenda doit en quelque sorte permettre à chaque homme et chaque
femme l'accès à un travail décent et productif dans des
conditions de liberté, d'équité, de sécurité
et de dignité.
1) Les droits
Tous ceux qui travaillent, en particulier les travailleurs
pauvres et défavorisés, ont besoin d'avoir des droits reconnus.
L'OIT réclame l'amélioration des conditions de travail pour tout
travailleur, que ce soit l'économie formelle ou informelle, à
domicile, dans la communauté ou dans le secteur bénévole,
ou que les travailleurs soient dans une organisation ou non (BIT 2013, «
Travail décent et économie informelle » P.12)
Les travailleurs ont besoin que des lois appropriées
soient mises en oeuvre pour défendre leurs intérêts :
« L'informalité en terme de droits peut exister parmi les
populations qui ne sont pas protégées par le droit et
l'administration du travail, qui n'ont pas d'accès aux mécanismes
de règlement des litiges , qui ne peuvent pas former d'associations
reconnues par la loi, qui n'ont pas accès aux connaissances juridiques
et quant à leurs droits et qui travaillent dans des conditions
d'esclavage et inéquitables qui échappent à la
surveillance de l'Etat. » (BIT 2013, « Travail décent et
économie informelle » P.12)
11
2) L'emploi
La route principale pour sortir de la pauvreté, c'est
le travail d'où la nécessité d'offrir aux individus
davantage de possibilités de trouver un travail productif et de gagner
décemment leur vie. Au sujet de l'emploi, « l'informalité et
l'exclusion incluent l'accès non seulement à des emplois de
qualité garantissant des revenus décents, mais également
à des moyens permettant d'améliorer la capacité des
acteurs de l'économie informelle à trouver des
opportunités productives (par exemple, la formation professionnelle, les
services financiers, des informations sur les marchés, et des politiques
qui encouragent les activités économiques des pauvres, utilisent
leurs atouts et développent leurs marchés. » (BIT 2013,
« Travail décent et économie informelle » P.11)
3) La protection sociale
Cette protection concerne la sécurité et la
santé des travailleurs. Elle permet à l'individu de
répondre à ses besoins primaires (soins primaires, nourriture,
logement, eau, sanitaire, éducation primaire) et de les protéger
contre les aléas dus aux catastrophes naturelles. L'informalité
au niveau de la protection sociale « apparaît lorsque les
systèmes de sécurité sociale sont hors de portée de
certains types de travailleurs et d'entrepreneurs, ce qui les met à la
merci d'une paupérisation soudaine ; et lorsque les services de
sécurité au travail et les services consultatifs sanitaires ne
dépassent pas les cadres des entreprises formelles. » (BIT 2013,
« Travail décent et économie informelle » P.11)
4) Le dialogue social
Les travailleurs ont besoin de comprendre l'importance de la
négociation, et de savoir que le dialogue est la voie qui permet de
résoudre les problèmes pacifiquement. La liberté
d'association et le dialogue social constituent les pierres angulaires d'une
bonne gouvernance démocratique sur le marché du travail. Le
document du BIT, Economie informelle et travail décent : Guide de
ressources sur les politiques : Soutenir la transition vers la
formalité précise que : « l'informalité
et l'exclusion des processus de dialogue social apparaissent lorsque
les acteurs de l'économie informelle sont incapables d'organiser et
d'articuler leurs besoins et leurs intérêts ; lorsque les
organisations constituées de salariés et de travailleurs
12
indépendants ne sont pas
reconnues, et pire, lorsqu'elles sont supprimées ; lorsque les
travailleurs et les pauvres sont exclus des possibilités de
participation au profit des intérêts dominants ; et lorsque les
organisations de travailleurs et d'employeurs ainsi que les formatons
tripartites excluent certaines catégories de travailleurs et
d'entrepreneurs. »15.
Le travail décent et les quatre piliers de l'agenda
pour le travail décent sont ainsi devenus des éléments
essentiels du nouveau programme du développement durable pour 2030 (ODD)
adopté en 2015 par les Nations Unies (ONU). L'objectif 8 de ce programme
invite, par ailleurs, « à promouvoir une croissance
économique soutenue durable et partagée, le plein emploi
productif et le travail décent ». Le travail décent est
également au coeur des plans d'action du G20, du G7, de l'Union
Européenne (UE), de l'Union africaine (UA), du G5 Sahel et de bien
d'autres organismes multilatéraux et régionaux pour la sortie de
la crise et de développement durable.
C- Transition de l'économie informelle vers
l'économie formelle
Selon la résolution de l'OIT sur le travail
décent et l'économie informelle adoptée à la
conférence internationale du travail de 2002, les gouvernements ont un
rôle central à jouer, en consultation avec les organisations des
travailleurs et des employeurs, pour promouvoir le travail décent par
l'extension de leurs services vers l'économie informelle. L'article 14
de cette résolution précise que « L'informalité est
principalement une question de gouvernance. L'expansion de l'économie
informelle peut souvent être imputée aux politiques
macroéconomiques et sociales inappropriées, inefficaces, mal
avisées ou mal mises en oeuvre qui ont dans bien des cas
été formulées sans consultations tripartites et à
l'absence de cadre légaux et institutionnels incitatifs et de bonne
gouvernance permettant d'appliquer de façon pertinente et effective les
politiques et les lois. Des politiques macroéconomiques, y compris les
politiques d'ajustement structurel, de restructuration économique et de
privatisation, qui n'étaient pas suffisamment axées sur l'emploi,
ont détruit des
15 Economie informelle et travail décent : Guide de
ressources sur les politiques : Soutenir la transition vers la
formalité, International Labour Office, Département des
politiques de l'emploi, -Genève, ILO 2013.
13
emplois, ou n'ont pas créé
suffisamment de nouveaux emplois dans l'économie formelle. Sans
croissance économique forte et soutenue, les gouvernements sont dans
l'impossibilité de créer des emplois dans l'économie
formelle et de faciliter la transition de l'économie informelle vers
l'économie formelle. » 16
La Recommandation (n°204) sur la transition de
l'économie informelle vers l'économie formelle,
instrument conçu par l'OIT, dans le but de favoriser cette
transition, dispose dans son préambule que : « ...
l'informalité a des causes multiples qui relèvent notamment de
questions de gouvernance et de questions structurelles, et que les politiques
publiques peuvent accélérer le processus de transition vers
l'économie formelle, dans un contexte de dialogue social.
»17 Cette recommandation de la CIT de 2002 situe les meilleures
manières de lutter contre l'informalité de façon
exhaustive tout en se fondant sur l'agenda pour le travail décent :
« Le travail décent est devenu une référence
acceptée au niveau international et il est reconnu non seulement comme
une fin en soi, mais également comme un moyen clé d'atteindre les
objectifs globaux de développement notamment l'éradication de la
pauvreté ».18
Assurer la transition de l'économie informelle vers
l'économie formelle, c'est donc l'objectif majeur de l'OIT. En effet,
selon le rapport de la commission de l'emploi et de la politique sociale , en
sa 298ème session tenue à Genève, en mars 2007
: « pour promouvoir le travail décent, il faut avoir une
stratégie globale et cohérente englobant plusieurs domaines pour
éliminer les aspects négatifs de l'économie informelle
tout en préservant l'important potentiel de création d'emplois et
de revenus de l'informalité et promouvoir la protection et
l'intégration des travailleurs et des unités économiques
de l'économie informelle dans l'économie formelle
».19 Cette question est capitale pour la réalisation des
Objectifs du Millénaires pour le Développement (OMD) dont
l'objectif 8 vise à promouvoir une croissance économique
soutenue, le plein emploi productif et le travail décent pour tous.
16 Résolution concernant le travail décent et
l'économie informelle, BIT, 2002
17 Recommandation (n°204) sur la transition de
l'économie informelle vers l'économie formelle, BIT, 2015
18 Economie informelle et travail décent : Guide de
ressources sur les politiques : Soutenir la transition vers la
formalité, International Labour Office, Département des
politiques de l'emploi, -Genève, ILO 2013. P.11
19 BIT 2007, rapport de de la commission de l'emploi et de la
politique sociale sur l'économie informelle, 298ème
session, Genève, mars 2007. P.1
14
Ce processus de sortie de
l'informalité recommande donc une approche globale et progressive
plutôt que simpliste et unique. C'est ce que confirment les chercheurs du
document du BIT, Economie informelle et travail décent : Guide de
ressources sur les politiques : Soutenir la transition vers la
formalité qui stipule que l'objectif du travail
décent doit être poursuivi progressivement :
« * en privilégiant la réduction
immédiate des déficits du travail décent dans
l'économie informelle, en faisant en sorte que ceux qui s'y trouvent
soient reconnus, qu'ils aient des droits, une protection juridique et sociale
et qu'ils soient représentés ;
*en faisant en sorte, à court et moyen termes, que les
demandeurs d'emploi et les entrepreneurs potentiels puissent entrer dans
l'économie formelle, protégée et principale, et
*à plus long terme, en créant suffisamment de
possibilités d'emploi formel, protégé et décent
pour tous les travailleurs et tous les employeurs »20.
En sus, le Rapport VI sur la politique d'emploi pour la
justice sociale et une mondialisation équitable,
présenté à la Conférence international du travail,
en sa 99ème session de 2010 soutient que la
transition vers la formalité doit se porter de façon
intégrée sur :
a) des stratégies de croissance et création
d'emplois de qualité,
b) un environnement réglementaire, notamment la mise en
application des NIT et des droits fondamentaux,
c) l'organisation, la représentation et le dialogue
social,
d) l'égalité en terme de genre, ethnicité,
race, caste, handicap, âge...
e) l'entrepreneuriat, les compétences, la finance, la
gestion, la sécurité sociale, les transferts sociaux
f) les stratégies de développement local (rural et
urbain).
20 Economie informelle et travail décent : Guide de
ressources sur les politiques : Soutenir la transition vers la
formalité, International Labour Office, Département des
politiques de l'emploi, -Genève, ILO 2013.
15
Section II :
Problématique
L'économie informelle, de par la grande population
qu'elle emploie et par sa grande contribution au Produit Intérieur Brut
(PIB) se présente comme un véritable casse-tête pour les
dirigeants du Burkina Faso. Comment intervenir sur l'économie informelle
sans que cela ne joue sur le nombre et le revenu des travailleurs informels ?
Comment intervenir sur l'économie informelle sans que cela ne joue
négativement sur sa contribution au PIB ? Telles sont les questions que
nos dirigeants politiques ne cessent de se poser au sujet de ce secteur de
l'économie.
Néanmoins, il faut reconnaitre que l'économie
informelle présente un certain nombre d'avantages pour nos pays. Elle
fonctionne comme un réservoir de main d'oeuvre permettant d'accueillir
la main d'oeuvre non-qualifiée, les déflatés, les
déscolarisés et les diplômés sans-emplois formels.
Elle est aussi le lieu de déploiement d'initiatives et de
stratégies de survie face à l'exclusion de ces membres de
l'économie classique.
Les inconvénients de l'économie informelle se
traduisent pour la plupart du temps par le déficit de travail
décent, la mauvaise qualité des emplois, la pauvreté au
travail, une faible productivité, la discrimination et l'exclusion,
l'insécurité et la vulnérabilité du marché
du travail (BIT 2013, Guide de ressources, travail décent et
économie informelle, P3). En outre, les praticiens des
activités de l'économie informelle ne sont pas pour la
plupart des cas, reconnus, enregistrés ou comptabilisés dans les
statistiques nationales. Et même s'ils sont enregistrés, ils ne
bénéficient pas, non plus, de la protection sociale, de la
législation du travail, et des mesures de protection sur les lieux de
travail (Daza 2005, p.1). La Recommandation (n°204) sur la
transition de l'économie informelle vers l'économie
formelle, 2015, quant à elle, soutient que « ... de
par son ampleur, l'économie informelle, sous toutes ses formes,
constitue une entrave de taille aux droits des travailleurs, y compris les
principes et droits fondamentaux au travail, à la protection sociale,
à des conditions de travail décentes, au développement
inclusif et à la primauté du droit, et qu'elle a un impact
négatif sur l'essor des entreprises durables, les recettes publiques, le
champ d'action de l'Etat, notamment pour ce qui est des politiques
économiques, sociales et environnementales, ainsi que sur la
solidité des institutions
16
et la concurrence loyale sur les
marchés nationaux et internationaux »21. Ces effets
déstabilisants de l'informalité dépassent ainsi les
individus pour toucher les entreprises et le revenu de l'Etat.
L'économie informelle n'est pas l'apanage du Burkina
Faso, elle est une problématique mondiale et elle varie d'un pays
à un autre. Ainsi, le Burkina Faso a-t-il souscrit à des
engagements au niveau mondial dans le cadre du nouveau programme pour le
développement durable (ODD) pour 2030 adopté par l'ONU au cours
de l'assemblée générale de septembre 2015 dont l'objectif
8 vise à promouvoir une croissance économique soutenue, durable
et partagée, le plein emploi productif et le travail décent. Ce
nouveau programme a fait du travail décent et les quatre piliers de
l'agenda pour le travail décent (création d'emploi, protection
sociale, droits au travail et dialogue social) des éléments
centraux pour un développement mondial durable. Le travail décent
est devenu une référence acceptée à
l'échelle internationale et est vu non seulement comme une fin en soi
mais aussi comme un moyen clé pour atteindre les objectifs du
développement, notamment l'éradication de la
pauvreté22.
Par ailleurs, le Burkina Faso, assume toutes les obligations
de membre de l'Organisation Internationale du Travail (OIT), notamment celles
relatives aux droits et principes fondamentaux au travail, aux conventions
prioritaire ou de gouvernance. Le Burkina Faso est membre de l'Organisation
International du Travail depuis 1960 et a ratifié 44 conventions
internationales du travail. En outre, il faut reconnaître que
« le Burkina Faso a entrepris au cours des années
2000, d'importantes réformes
institutionnelles et politiques en vue de renforcer la
promotion de l'emploi décent »23. Aussi, le Burkina Faso
est concerné par le Programme par Pays pour la Promotion du Travail
Décent (PPTD) pour la période de 2012 à 2015. L'OIT
valorise, à travers ce programme, le travail décent en tant
qu'objectif national en aidant les mandants tripartites à progresser
vers sa réalisation, conformément aux cadres nationaux de
21 Recommandation (n°204) sur la transition de
l'économie informelle vers l'économie formelle, 2015.
(Préambule)
22 BIT 2013 : Travail décent et économie
informelle : Guide de ressources sur les politiques, soutenir les
transitions vers la formalité, article : « Travail
décent et économie informelle », Page 4,
Génève, 2013
23 PNUD Burkina Faso, Rapport National sur le
Développement Humain, Burkina Faso 2012, Développement
humain et travail décent,
17
référence, notamment le
PNDES et la politique sectorielle « Travail, Emploi et Protection Sociale
» 2018-2027.
L'économie informelle au Burkina Faso est enfin
reconnue comme un moteur essentiel de l'économie et l'intervention de
l'Etat en son sein afin d'assurer sa meilleure contribution au
développement national, se manifeste à travers une double
stratégie à savoir : l'appui financier, la formalisation des
structures de production informelles (PNDES 2016-2020 P.34)
Au titre des financements, il faut noter que
parallèlement à l'autofinancement du secteur (tontines,
mutuelle,..) ou à son financement extérieure (partenaires
internationaux, syndicats, ONG, ...etc.), l'Etat a créé plusieurs
structures de financement accessibles aux différents publics cibles de
l'économie informelle :
- le Fonds d'Appui aux Activités
Rémunératrices des femmes (FAARF) créé en 1990, est
sous la tutelle du MINEFID ;
- le Fonds d'Appui au Secteur Informel (FASI) est rattaché
au ministère en charge de la jeunesse.
Au titre de la formalisation, il faut signaler que l'appui
(financier) de l'Etat aux acteurs de l'informel fait également partie
d'une stratégie plus globale pour formaliser ces acteurs. En effet,
« en accédant aux crédits, les travailleurs fournissent leur
identité et doivent se stabiliser, tout bénéfice pour les
autorités lors de la perception des impôts »24. En
somme, il convient de préciser que l'appui financier favorise la
formalisation et la fiscalisation de l'économie informelle.
Cependant, le rôle de l'inspection du travail du Burkina
Faso en matière de formalisation des entreprises et des emplois
informels semble être ignoré du grand public. En effet, la Loi
n°028-2008 / An du 13 mai 2008 portant code du travail au Burkina
Faso, stipule en son article 391 que « L'inspection du travail,
placée sous l'autorité du ministre chargé du
travail, est chargée de toutes les questions relatives aux conditions
des travailleurs et aux rapports professionnels»25. C'est dire
que l'inspection du travail est chargée de veiller au respect des
dispositions légales ayant trait aux conditions de travail et à
la protection des travailleurs dans l'exercice de
24 CSI Confédération Syndicale Internationale,
Burkina Faso : L'informel au coeur d'une nouvelle solidarité, Vision
Syndicale 03, Mars 2007, P.2
25 Loi n°028-2008 / An du 13 mai 2008 portant code du
travail au Burkina Faso
18
leurs fonctions. Aussi, la
Recommandation (n°204) sur la transition de l'économie
informelle précise dans son point VI sur les mesures incitatives,
conformité et mise en application que « les
membres devraient disposer d'un système d'inspection
adéquat et approprié, étendre la couverture de
l'inspection du travail à tous les lieux de travail dans
l'économie informelle afin de protéger les travailleurs et
fournir des orientations aux organes chargés d'assurer l'application des
lois, y compris sur la façon de traiter les conditions de travail dans
l'économie informelle»26. De ce fait, l'inspection du
travail est investie pour intervenir sur l'économie informelle au
même titre que les entreprises du secteur formel.
Des études portant sur la relation entre l'inspection
du travail et l'économie informelle dans le cadre de la promotion du
travail décent sont quasi-inexistantes au Burkina Faso. La
minorité qui existe semble mettre l'accent sur l'aspect protection
sociale et le travail des enfants. Les autres aspects du travail décent
n'y sont abordés de façon explicite.
Notre recherche visera à comprendre le rôle de
l'inspection du travail dans le processus de transition de l'économie
informelle vers l'économie formelle. Pour ce faire, la formulation d'une
question spécifique s'avère très nécessaire : Dans
quelle mesure, l'inspection du travail au Burkina Faso contribue-t-elle
à étendre le travail décent à l'économie
informelle ?
Cette question spécifique mène aux questions de
recherches suivantes :
a) Comment fonctionne l'inspection du travail au Burkina Faso
?
b) Comment l'inspection promeut le travail décent dans
l'économie informelle ?
c) Quels sont les défis rencontrés par l'inspection
du travail dans la promotion du travail décent ?
26 Recommandation (n°204) sur la transition de
l'économie informelle vers l'économie, 2015
19
Paragraphe I : Objectifs
Vu l'immensité des domaines que couvre le travail
décent, la structuration de notre travail de recherche en objectifs bien
déterminés s'avère nécessaire. Ainsi, avons-nous
posé comme substrat d'étude un objectif principal et trois
objectifs secondaires.
A- Objectif principal
Cette recherche vise à mieux saisir le fonctionnement
de l'inspection du travail au Burkina Faso afin de détecter sa
contribution à la promotion du travail décent dans
l'économie informelle.
B- Objectifs secondaires
La recherche entreprise sur le rôle de l'inspection du
travail dans la promotion du travail décent dans l'économie
informelle vise secondairement à :
1) mieux appréhender les missions des inspecteurs du
travail dans l'économie informelle ;
2) déterminer les conditions dans lesquelles les
inspecteurs du travail mettent en oeuvre des exigences du travail décent
au sens de l'OIT ;
3) déterminer les obstacles aux processus de transition
de l'économie informelle vers l'économie formelle en ce qui
concerne l'inspection du travail.
Paragraphe II : Hypothèses et
Intérêt
A- Hypothèses
1) Hypothèse principale
L'économie informelle se formalise grâce à
l'inspection du travail.
2) Hypothèses secondaires
- le champ d'application du mandat des inspecteurs du travail
touche aussi l'économie informelle ;
20
- le travail décent est promu par les
inspecteurs du travail dans l'économie informelle ;
- l'inspection du travail rencontre des obstacles dans le
processus de transition de l'économie informelle vers l'économie
formelle.
B- Intérêt de l'étude
Plusieurs raisons ont influencé le choix de notre
thème de recherche sur le rôle de l'inspection du travail dans la
promotion du travail décent dans l'économie au Burkina Faso :
a) faire savoir à l'opinion publique que les
inspecteurs du travail sont habilités à intervenir sur
l'économie informelle tout comme les inspecteurs des impôts, les
conseillers en emploi et formation professionnelle, etc.
b) faire comprendre le rôle de l'inspection du travail dans
la promotion du travail décent afin de mieux renforcer ses
capacités opérationnelles.
21
CHAPITRE II : METHODOLOGIE
Section I : Méthodes
Dans le but de parvenir à une meilleure
intelligibilité de notre objet de recherche, nous avons jugé bon
d'adopter une démarche hypothético-déductive dont la
construction part d'un postulat énoncé autour d'un corps
d'hypothèses théoriques suivi d'une confrontation à la
réalité du terrain.
La complexité de notre thème de recherche se
traduisant par le lien entre économie informelle et travail
décent sous l'action de l'inspection du travail au Burkina Faso, nous
requiert l'utilisation d'une méthode qualitative avec pour outils de
collecte de données, l'entretien et la recherche documentaire.
Paragraphe I : Méthodes qualitatives
Les méthodes qualitatives se particularisent par
l'utilisation des techniques comme l'entretien ou le recueil de
témoignages. Elles se focalisent sur l'étude des cas particuliers
et complètent souvent les résultats obtenus au moyen des
méthodes quantitatives. Pour ce faire, nous allons utiliser dans la
présente recherche deux outils de type qualitatif que sont : la
recherche documentaire et l'entretien.
A- La recherche documentaire
La recherche documentaire amorcée depuis l'étape
de la revue de littérature nous a permis de recueillir des informations
générales sur l'économie informelle et le travail
décent. Cette technique a contribué à mieux étoffer
notre problématique d'informations qualitatives et a motivé le
choix de nos hypothèses et de nos objectifs de recherches. Enfin, les
informations recueillies suite à la recherche documentaire serviront
à enrichir notre culture générale et seront utiles pour le
traitement des données du terrain. Cette recherche documentaire repose
essentiellement sur :
- les normes internationales du travail, les lois et les textes
réglementaires ;
- les revues scientifiques comme celles du BIT et l'Institut de
Recherche pour le
Développement (IRD) ;
- les annuaires statistiques du MFPTPS, de la CNSS ;
- les rapports annuels de l'INSD et de l'Inspection du
travail.
22
B- L'entretien
L'entretien est une technique de recueil de données qui
consiste à entretenir une conversation entre enquêté et
enquêteur afin d'obtenir un degré de profondeur des
éléments d'analyse recueillis. Parmi les différents types
d'entretien, nous avons jeté notre dévolu sur l'entretien
semi-directif ou entretien guidé. Ce type d'entretien sera
administré à une personne ressource en l'occurrence, monsieur
SANDOUIDI Ouanongo Joseph, Inspecteur du travail, Conseiller technique du
Ministre de la fonction publique, du travail et de protection, Ex Directeur du
travail et de la protection sociale du Centre.
Paragraphe II : Les indicateurs du travail
décent
Le travail décent a été
institutionnalisé suite à la déclaration de l'OIT de 2008
sur la justice sociale pour une mondialisation équitable. Il se
définit par l'OIT comme « la possibilité pour les hommes et
les femmes d''accéder à un travail productif dans des conditions
de liberté, d'équité, de sécurité et de
dignité »27. Le travail décent repose ainsi sur
quatre (4) piliers stratégiques que sont : l'emploi (plein emploi et
emploi productif), les droits des travailleurs (normes internationales du
travail et principes et droits fondamentaux au travail), la protection sociale
et le dialogue sociale. Dans notre présente recherche, le rôle de
l'inspection du travail dans la promotion du travail décent dans
l'économie informelle s'observera à travers son action (ses
missions) sur ces quatre indicateurs qui sont :
a) L'emploi : à travers cet indicateur nous
apprécieront le degré d'intervention de l'inspection du travail
en matière de création et formalisation des emplois informelles
;
b) Les droits des travailleurs: cet indicateur permettra
d'apprécier le rôle de l'inspection dans l'amélioration des
conditions de vie et de travail dans l'économie informelle ;
c) La protection sociale : cet indicateur rendra compte du
degré d'intervention de l'inspection du travail dans la protection et le
bien-être physique des travailleurs de l'économie informelle ;
27 Déclaration de l'OIT sur la Justice Sociale pour
une mondialisation équitable (2008)
23
d) Le dialogue social : cet indicateur
renseignera sur le degré d'implication de l'inspection du travail dans
l'amélioration du climat social et dans la promotion du dialogue social
et du tripartisme.
Section II : Définitions des concepts
En vue de permettre une meilleure approche de notre
thème de recherche, la définition de certains concepts
clés s'avère très nécessaire. Il s'agit
principalement des concepts suivants : économie informelle, emploi et
entreprise.
Paragraphe I : Economie informelle
Le passage du concept secteur informel
à celui d'économie informelle s'est produit en
2002 lors de la Conférence internationale du Travail qui a ouvert une
nouvelle voie dans le débat sur l'informalité, « passant du
concept de `'secteur'' à celui plus vaste de `'phénomène
économique'' et du concept fondé sur l'entreprise à un
concept qui n'incluait pas uniquement l'unité de production mais
également les caractéristiques de l'emploi ou du travailleur.
»28
La Résolution concernant le travail
décent et l'économie informelle adoptée par cette
même Conférence de 2002 soutient que : « L'expression
`'économie informelle'' fait référence
à toutes les activités économiques de travailleurs et
d'unités économiques qui ne sont pas couverts - en vertu de la
législation ou de la pratique - par des dispositions formelles. Ces
activités n'entrent pas dans le champ d'application de la loi, ce qui
signifie que ces travailleurs et unités opèrent en marge de la
loi ; ou bien ils ne sont pas couverts dans la pratique, ce qui signifie que la
loi ne leur est pas appliquée alors même qu'ils opèrent
dans le cadre de la loi ; ou bien encore la loi n'est pas respectée
parce qu'elle est inadaptée, contraignante ou qu'elle impose des charges
excessives » (paragraphe 3)
28 BIT : Travail décent et économie informelle
: Guide de ressources sur les politiques, soutenir les transitions
vers la formalité, article : « Travail décent
et économie informelle », Page 4, Genève, 2013
24
La Recommandation (n°204) sur la
transition de l'économie informelle vers l'économie,
2015 donne plus de précision en excluant les activités
prohibées des activités de l'économie informelle.
Selon elle, « les termes `'économie informelle`' :
a) désignent toutes les activités
économiques des travailleurs et des unités économiques qui
- en droit ou en pratiques- ne sont pas couvertes ou insuffisamment couvertes
par des dispositions formelles ;
b) ne désignent pas les activités illicites, en
particulier la fourniture de services ou la production, la vente, la possession
ou la consommation de biens interdites par la loi, y compris la production et
le trafic illicite de stupéfiants, la fabrication et le trafic illicites
d'armes à feu, la traite des personnes et le blanchiment d'argent, tels
que les définissent les conventions internationales pertinentes.»
29
L'administration du travail du Burkina Faso s'appuyant sur les
réalités de l'économie du Pays, définit dans le
Guide méthodologique de l'inspection du travail,
l'économie informelle comme un « ensemble des activités
économiques qui se réalisent en marge de la législation
sociale et fiscale ou qui échappent à la comptabilité
nationale et à la politique économique et sociale
»30
Paragraphe II : Emploi :
La 17ème Conférence Internationale
des Statisticiens du Travail (CIST) a permis de définir le terme
`'emploi informel'' comme « le nombre total d'emplois informels, que ce
soit dans les entreprises du secteur formel, dans les entreprises du secteur
informel ou dans les ménages, sur une période de
référence donnée. Sont inclus :
i. les travailleurs à leur compte (indépendants
sans employés) dans leur propre entreprise du secteur informel ;
ii. les employeurs (indépendants avec employés)
dans leur entreprise du secteur informel ;
iii. les travailleurs familiaux contribuants, quel que soit le
type d'entreprise ;
iv. les membres de coopératives informelles de producteurs
(non établies en tant qu'entités juridiques) ;
29 Recommandation (n°204) sur la transition de
l'économie informelle vers l'économie, 2015
30 Guide méthodologique de l'inspection du travail,
Edition octobre 2011, Pages 13.
25
v. les employés occupant un emploi
informel tel que défini par la relation de travail (selon la loi ou en
pratique, emplois non soumis au droit national du travail, à
l'imposition sur le revenu, à la protection sociale ou ne donnant pas
droit à des prestations d'assurance-emploi (congés annuels ou de
maladies payés, etc.) ;
vi. les travailleurs à leur compte engagés dans la
production de biens exclusivement destinés à une utilisation
finale par leur ménage »31
Selon cette définition, seules les catégories i,
ii et iv auraient été totalement identifiées
d'après le cadre statistique pour l'emploi dans le secteur informel. Les
autres statuts peuvent être inclus ou non, selon la nature de
l'unité de production dans laquelle l'activité est
réalisée (c'est-à-dire si elle est
considérée comme une entreprise informelle).
La session du 15ème CIST a défini
l'emploi dans le secteur informel comme
« Tout emploi dans des entreprises du secteur informel ou
toute personne employée dans au moins une entreprise du secteur
informel, quelle que soit sa situation d'emploi et qu'il s'agisse de son emploi
principal ou secondaire »32
Paragraphe III : Entreprise :
La loi n° 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du
travail au Burkina Faso définit
à son article 127, le concept entreprise en ces termes :
« L'entreprise est une unité
économique individuelle ou collective ayant une
personnalité juridique dont l'objet est de produire des biens ou des
services. L'entreprise peut comprendre un ou plusieurs
établissements ».33 Par ailleurs, la
90ème session de la Conférence internationale du
Travail soutient que : « les entreprises du secteur informel (entreprises
informelles) sont des entreprises privées non constituées en
société dont la taille exprimée en nombre de travailleurs
est inférieure à un seuil déterminé, à
déterminer selon les circonstances nationales
(généralement, cinq ou dix travailleurs) et /ou qui ne sont pas
enregistrées sous des formes spécifiques prévues par la
législation nationales : lois sur les usines ou lois commerciales, lois
fiscales ou de sécurité sociale, lois régissant les
groupes professionnels ou lois, instruments ou règlements adoptés
par
31 BIT : Economie informelle et travail décent : Guide
de ressources sur les politiques, soutenir les transitions vers la
formalité, Article : Mesurer l'économie informelle : relever les
défis statistiques, Pages 9
32 Idem ; Pages 6
33 loi n° 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du
travail au Burkina Faso
26
les organes législatifs nationaux (et
distincts des règlementations locales régissant la patente ou
licences commerciales) »34.
34 BIT : Travail décent et économie
informel, Rapport VI du Directeur général, Conférence
international du Travail, 90ème session, 2002, p.142.
27
PARTIE II : L'INSPECTION DU
TRAVAIL ET L'ECONOMIE INFORMELLE
Chapitre I : L'inspection du travail du Burkina
Faso
Section I : La place de l'inspection du travail
Paragraphe I : Historique de l'inspection du
travail
Au Burkina Faso, la première inspection du travail a
été mise en place à Bobo Dioulasso par arrêté
n°2167/IT du 11 mai 1948. C'est monsieur ROURE Paul qui fut le premier
inspecteur du travail. Il a été affecté par
arrêté le 23 décembre 1947 et dirigeait cumulativement
l'inspection du travail de Côte d'Ivoire et celle de Bobo-Dioulasso.
Cette inspection du travail sera suivie de celle de Ouagadougou, en 1951. En
outre, en fonction du développement économique des
différentes villes, l'inspection fut instituée progressivement
à partir de 1974 jusqu'en 2006 à Banfora, Koudougou, Tenkodogo,
Kaya, Fada N'gourma, Ouahigouya, Dori, Dédougou, Gaoua, Ziniaré
et Manga. A l'heure actuelle, le Burkina Faso compte treize (13) Direction
Régionales du Travail et de la Protection Sociale (DRTPS) qui font
office d'inspection du travail dans chacune des treize (13) régions.
Pour animer les services d'inspection au Burkina Faso, il a
été créé le corps des inspecteurs du travail et des
lois sociales par le décret n° 435/PRES/FPT du 08 novembre 1960,
date de l'intégration du pays à l'OIT. Au côté des
inspecteurs du travail, le corps des contrôleurs du travail a
été créé pour assister ces inspecteurs dans leurs
missions quotidiennes.
Le code du travail des Territoire d'Outre-Mer du 15
décembre 1952 fut le premier appliqué au Burkina Faso. Depuis
1960 à nos jours, le pays a expérimenté quatre codes du
travail. Le premier code du travail burkinabé fut adopté par une
loi du 07 juillet 1962 et est modifié par une autre loi du 07 juin 1973.
Le deuxième code du travail était le code régi par la loi
n°11-92/ADP du 22 décembre 1992. Le troisième est celui issu
de la loi n°033-2004/AN du 14 septembre 2004 portant code du travail au
Burkina Faso promulguée par le décret n° 2004-451/PRES du 15
octobre 200435. Le quatrième code du travail, celui
actuellement en vigueur, est issu de la loi n°028-
35 V. JOBF spécial n°02 du 29 octobre 2004.
28
2008/AN du 13 mai 2008 portant code du
travail au Burkina Faso promulguée par le décret
n°2008-331/PRES du 19 juin 200836.
Par ailleurs, des conventions collectives (nationales et
sectorielles) existent et viennent en complément du code du travail. La
convention collective s'appliquant à toutes les branches
d'activités est la convention collective interprofessionnelle du 09
juillet 1974.
Les différents codes du travail se sont toujours
basés sur les missions et les prérogatives de l'inspection du
travail pour une meilleure application de la législation du travail.
Paragraphe II : Le fonctionnement de l'inspection du
travail
Au Burkina Faso, les Directions Régionales du Travail
et de la Protection Sociale (DRTPS) communément appelée
inspections du travail sont des structures déconcentrées du
Ministère de la Fonction Publique, du Travail et de la Protection
Sociale (MFPTPS) chargée de l'application des politiques et
législations en matière de travail et de protection sociale.
L'inspection du travail du Burkina Faso qui a une compétence
générale, est placée sous l'autorité du Ministre
chargé du travail et est coordonné par un Secrétariat
général. Selon l'article 391 de la Loi
n°028-2008/An portant code du travail au Burkina Faso,
l'inspection du travail est chargée de toutes les questions
relatives aux conditions de travail et aux rapports professionnels. Son
personnel est constitué des inspecteurs du travail et des
contrôleurs du travail qui forment le personnel technique. Elle admet a
bien entendu un personnel de soutien qui participe à son bon
fonctionnement. Les fonctions principales des inspecteurs du travail sont
d'assurer :
- la participation à l'élaboration des
règlements de sa compétence ;
- la veille à l'application des dispositions
édictées en matière de travail et de protection des
travailleurs ;
- l'éclairage de ses conseils et de ses recommandations
les employeurs et les travailleurs ;
- l'information à l'autorité compétente des
violations et abus qui ne sont pas spécifiquement couverts par les
dispositions légales existantes ;
36 V. JOBF spécial n°03 du 23 juin 2008.
29
- la participation à la coordination
et au contrôle des services et organismes concourant à
l'application de la législation sociale ;
- la réalisation de toutes études et
enquêtes liées aux différents problèmes sociaux,
à l'exclusion de ceux qui relèvent des services techniques avec
lesquels l'inspection du travail collabore37.
Selon l'arrêté N°2014-040/MFPTSS/SG du 13
aout 2014 portant organisation, attributions et fonctionnement des DRTSS, les
Directions régionales du travail et de la protection sociale (DRTPS)
comprennent, en outre le secrétariat, cinq services : - le service de
l'inspection du travail qui est chargé de toutes les questions relevant
de la compétence et des attributions de l'inspecteur du travail ;
- le service des relations professionnelles et de la promotion
du dialogue sociale, qui, pour sa part, est chargé de toutes les
questions relatives aux relations professionnelles ;
- le service des études, des statistiques et de la
documentation qui est chargé des études, de la collecte et du
traitement des données statistiques et de la gestion de la documentation
et des archives.
- le service de l'administration et des finances qui est
chargé de la gestion des
ressources humaines, financières et matérielles de
la direction régionale ;
- le service de la recette qui est chargé de la gestion
des recettes collectées par la direction régionale.
Section II : Cadre juridique du travail
décent
Créée en 1948, l'inspection du travail du
Burkina Faso assure quatre (4) missions essentielles. En effet, elle est
chargée du contrôle de l'application de la législation du
travail, de la conciliation dans les conflits individuels et collectifs de
travail, du conseil des partenaires sociaux sur les moyens les plus efficaces
d'appliquer la législation du travail et de la réalisation des
études et des enquêtes38. Le champ d'action de
l'inspection du travail est donc très vaste et repose sur un ensemble de
textes d'origine nationale et internationale.
37 Loi n°028-2008/An portant code du travail au Burkina
Faso, article 391
38 MFPTPS, Rapport général annuel 2015 sur
l'inspection du travail, décembre 2016, P.12
30
Paragraphe I : Le cadre juridique
International
Le Burkina Faso est membre de l'OIT depuis 1960 et adhère
à sa vision qui est :
« un monde où il règne au sein de l'univers
social une harmonie au travers de
laquelle tous les partenaires y trouvent satisfaction de leurs
intérêts »39. Cette adhésion se
matérialise par la ratification d'un certain nombre de normes
internationales du travail qui sont des instruments juridiques
élaborés par les mandants de l'OIT (gouvernement, employeurs et
travailleurs) et qui définissent les principes et les droits minimums au
travail. Les normes internationales du travail sont de deux types à
savoir les conventions qui sont des traités
internationaux juridiquement contraignants, pouvant être ratifiées
par les Etats membres et les recommandations qui servent de
principes directeurs ayant un caractère non
contraignant.
Au titre des conventions, il faut signaler que le Burkina Faso
a ratifié 44 conventions internationales du travail. Parmi ces
conventions ratifiées, huit (8) ont été qualifiées
de « conventions fondamentales » par le conseil d'administration du
BIT en ce qu'elles traitent de questions considérées comme des
principes et des droits fondamentaux au travail : la liberté syndicale
et reconnaissance effective du droit de négociation collective,
l'élimination de toute forme de travail forcé ou obligatoire,
l'abolition effective du travail des enfants et l'élimination de la
discrimination en matière d'emploi et de profession. Ces principes sont
aussi énoncés dans la
Déclaration de l'OIT relative aux principes et
droits fondamentaux au travail
(1998). Cette Déclaration fait obligation aux Etats,
qui adhèrent librement à l'OIT, de respecter, de promouvoir et de
réaliser de bonne foi, les droits et obligations contenus dans les
conventions de l'OIT reconnues fondamentales :
- Convention (n°29) sur le travail forcé, 1930,
ratifiée par le Burkina Faso le 21 novembre 1960 ;
- Convention (n°87) sur la liberté syndicale et la
protection du droit syndical, 1948, ratifiée le 21 novembre 1960 ;
- Convention (n°98) sur le droit d'organisation et de
négociation collective,
1949, ratifiée 16 avril 1962 ;
39 Parfait Oumba, La problématique du travail
décent en Afrique à la lumière des normes de
l'OIT, Café socio-anthropologique « Le travail dans tous ses
états », avril 2016, Yaoundé, Cameroun.
31
- Convention (°100) sur
l'égalité de rémunération, 1951, ratifiée le
30 juin 1969 ;
- Convention (n°105) sur l'abolition du travail
forcé, 1957, ratifiée le 25 août
1997 ;
- Convention (n°111) concernant la discrimination (emploi et
profession), 1958, ratifiée le 16 avril 1962 ;
- Convention (n°138) sur l'âge minimum, 1973,
ratifiée le 11 février 1999 ;
- Convention (n°182) sur les pires formes de travail des
enfants, 1999, ratifiée
le 25 juillet 2001.
Au nombre des conventions internationales de travail
ratifiées par le Burkina Faso, quatre (4) sont dites conventions
prioritaires ou de gouvernance parce qu'elles sont des conventions
dont l'OIT propose la ratification auprès des Etats membres en raison de
leur importance pour le fonctionnement du système des normes
internationales du travail. Ce sont :
-Convention (n°81) sur l'inspection du travail, 1947,
ratifiée le 21 mai 1974 ;
-Convention (n°122) sur la politique de l'emploi, 1964,
ratifiée le 28 octobre 2009
-Convention (n°129) sur l'inspection du travail
(agriculture), 1969, ratifiée en 1974 ;
-Convention (n°144) sur les consultations tripartites
relatives aux normes internationales du travail, 1976, ratifiée en
2001.
La mise en application de ces 12 conventions (fondamentales et
prioritaires) dans leur ensemble constitue un socle minimum pour aider les
travailleurs et les employeurs à sortir de
l'informalité40.
En plus des conventions internationales du travail
fondamentales et prioritaires, le Burkina Faso a ratifiée trente-et-deux
(32) Conventions techniques qui ont traits aux conditions
générales de travail et à la santé et
sécurité au travail41. En effet, le BIT affirme dans
son rapport de 2002 sur le travail décent et l'économie
informelle que
« pour remédier pleinement aux déficits de
travail décent, il est nécessaire d'étendre les normes
minimales de base à des questions importantes telles que le travail, la
sécurité et la santé, la garantie d'un revenu, ainsi que
les règles de base pour assurer un traitement équitable,
s'agissant par exemple de la sécurité de l'emploi et
40 BIT : Economie informelle et travail décent : Guide
de ressources sur les politiques, soutenir les transitions vers la
formalité, Article : Le cadre réglementaire et l'économie
informelle, Pages 8
41 Confer : Annexe 1
32
des groupes vulnérables
»42. Il faut noter que sur les 44 conventions internationales
du travail ratifiées par le Burkina Faso, 38 sont en vigueur et
seulement 4 ont été dénoncées.
Au titre des recommandations de l'OIT, il faut dire qu'elles
sont des normes internationales du travail non-contraignantes, portant souvent
sur les mêmes questions que les conventions et définissent les
directives devant servir à orienter les politiques et pratiques
nationales. Elles peuvent aussi être autonomes, c'est-à-dire
qu'elles n'ont pas de lien avec une convention.
Parmi les 204 Recommandations de l'OIT, on peut retenir dans
le cadre du travail décent les Recommandations suivantes :
-la Recommandation n°81 sur l'inspection du travail
(industrie et commerce), 1947 ;
- la Recommandation n° 158 sur l'administration du travail,
1978 ;
- la Recommandation n°204 sur la transition de
l'économie informelle vers l'économie formelle, 2015 ;
- la Recommandation n°163 sur la négociation
collective, 1981 ;
- la Recommandation n°36 sur la réglementation du
travail forcé, 1960 ;
- la Recommandation n° 90 sur l'égalité de
rémunération, 1951 ;
- la Recommandation n°111 sur la discrimination (emploi et
profession), 1958 ;
- la recommandation n°146 sur l'âge minimum
d'admission à l'emploi, 1973 ;
- la Recommandation n°190 sur les pires formes de travail
des enfants, 1999 ;
- la Recommandation n°198 sur la relation
de travail, 2006.43
Paragraphe II : Le cadre juridique national
L'inspection du travail du Burkina Faso est une institution
dont la mission est de veiller au respect de l'application des normes du
travail. Pour cela, elle a besoin que des lois soient prises au niveau national
pour conforter ses actes et ses décisions. L'adoption d'une
législation et d'une réglementation du travail est un moyen
important pour la mise en oeuvre des normes de l'OIT, de promotion de la
42 BIT : Travail décent et économie
informel, Rapport VI du Directeur général, Conférence
international du Travail, 90ème session, 2002, p.142.
(p.50)
43 MFPTPS, Guide méthodologique de l'inspection du
travail du Burkina Faso, octobre 2011.
33
Déclaration de l'OIT ainsi que des
principes et droits fondamentaux au travail et la concrétisation du
concept de travail décent44. Ainsi, le cadre
réglementaire national du travail décent se base-t-il sur des
textes législatifs comme la Constitution du 02
juin 1991 qui reconnait le droit au travail à tous et
qui garantit le droit de grève, la LOI N°028-2008/AN du 13
mai 2008 portant code du travail au Burkina Faso, la
LOI N°015-2006 du 11 mai 2006 portant
régime de sécurité sociale applicable aux travailleurs
salariés et assimilés au Burkina Faso, la LOI
N° 081-2015/CNT du 24 novembre 2015 portant statut général
de la fonction publique d'Etat et la
LOI N°064-2015/CNT du 20 octobre 2015 portant
liberté d'association au Burkina Faso. Le pays possède
aussi des textes réglementaires (les Décrets et les
Arrêtés) pris en applications des lois et des textes
d'origines professionnelles portant sur les conditions générales
du travail, la sécurité sociale et la sécurité et
santé au travail45. Cependant, ce cadre juridique national
reste marqué par l'absence de certaines textes d'application du code du
travail et d'accord collectifs de travail dans des secteurs clés, la
désuétude de certains textes et accords collectifs de travail. On
note aussi la méconnaissance et la mauvaise application de la plupart
des normes du travail par les partenaires sociaux46.
44
https://www.ilo.org/ifpdial/areas-of-work/labour-law/lang--fr/index.htm
45 Confer Annexe 2
46 Burkina Faso, Politique Nationale du Travail (PNT), Edition
septembre 2013, P.17.
34
CHAPITRE II : L'Inspection du
travail et la promotion du travail décent dans l'économie
informelle
L'inspection du travail du Burkina Faso, à travers les
missions qui lui ont été consignées par les normes
internationales du travail, notamment les conventions 81 et 129 et la
réglementation nationales intervient aussi dans l'économie
informelle dans le but de l'amélioration des conditions de travail des
travailleurs et assurer leur protection. Cette intervention se constatera
à travers les quatre (4) piliers du travail décent que sont :
« la création de l'emploi et le développement des
entreprises, la protection sociale, les droits des travailleurs et le dialogue
social »47.
Section I : Analyse de la contribution de
l'Inspection du Travail en matière de création d'emplois et de
respect des droits
des travailleurs
Paragraphe I : La protection de l'emploi et des
unités de production
Le rôle de l'inspection du travail dans la protection des
emplois et des entreprises s'exerce surtout dans sa fonction de gestion
administrative et de contrôle.
A. Au niveau de l'entreprise
L'ouverture et le fonctionnement des entreprises au Burkina Faso
sont soumises à des formalités prévues par le code du
travail.
1. La déclaration d'ouverture
L'article 412 de la Loi N°028-2008/AN du 13 mai 2008
portant au Code du travail au Burkina Faso stipule que « Toute personne
qui se propose d'ouvrir une entreprise de quelque nature que ce soit doit, au
préalable, en faire la déclaration à l'inspection du
travail du ressort ou au Centre de formalités des entreprises
territorialement compétent... ». Cet article habilite l'inspection
du travail dans la formalisation des entreprises. A titre illustratif, les
DRTSS du Burkina Faso ont noté la déclaration de 939
établissements en 2015, 3003 établissements en 2016 et 1236
établissements
47 Dharam GHAI, Travail décent : concept et
indicateurs, Revue internationale du Travail, Vol. 142 (2003), n°2,
Organisation internationale du Travail 2003.
35
en 201748. Cependant, ces
nombres restent en deçà de la réalité dans le sens
où la majorité des promoteurs des nouvelles entreprises ou ceux
qui veulent régulariser leur situation d'informalité passent
aussi par les Centre de formalités des entreprises (CEFORE) et la Maison
de l'entreprise qui sont des structures créées par l'Etat pour
alléger les formalités administratives dans la création
des entreprises.
Par ailleurs, la déclaration d'ouverture des
établissements peut aussi être suscitée par les
contrôles des inspections du travail. Le CEFORE a, par exemple, connu
l'enregistrement de 12206 entreprises en 201849 dont une partie
grâce aux efforts des inspecteurs du travail qui effectuent des missions
de contrôle de l'application de la disposition de l'article 412 du code
du travail.
En effet, à travers le contrôle, les inspecteurs
du travail enjoignent les employeurs de faire la déclaration d'ouverture
de leurs structures.
Tableau 1: Répartitions des
infractions pour défaut de déclarations d'ouverture
de 2013 à 2017
Année
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
Total
|
|
|
|
|
|
|
|
Infractions
|
330
|
332
|
263
|
221
|
163
|
1309
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : DRTPS
|
|
|
|
|
|
Au cours de ces cinq années, les infractions au titre
de la déclaration d'ouverture s'élèvent 1309 dont le plus
grand nombre est en 2014.
Ces infractions sont consignées dans des rapports de
contrôles adressés aux employeurs. Ceux-ci peuvent
s'exécuter en passant par l'inspection du travail ou par les structures
créées par l'Etat pour faciliter la formalisation des
entreprises.
2. L'immatriculation des entreprises
La Loi N°028-2008/AN du 13 mai 2008 portant Code du
travail au Burkina Faso est muette sur l'immatriculation des entreprises. Elle
se penche seulement sur l'immatriculation des travailleurs en ces termes :
« Tout travailleur embauché, y
48 Rapport général annuel sur l'inspection du
travail, 2015, 2016 et 2017.
49
https://www.burkina24.com/2019/01/07/burkina-plus-de-12-000-entreprises-creees-en-2018/
36
compris le journalier, doit être
déclaré dans les huit jours, par l'employeur à la Caisse
nationale de sécurité sociale. Il a droit à la
retraite.
La déclaration mentionne le nom et l'adresse de
l'employeur, la nature de l'entreprise ou de l'établissement... »
50. Cependant, cette immatriculation du travailleur suppose une
déclaration préalable des entreprises qui les emploient. La Loi
N°15-2006/AN du 11 mai 2006 portant régime de
sécurité sociale applicable aux travailleurs salariés et
assimilés au Burkina Faso, quant à elle, stipule en son article 7
que « Est obligatoirement affiliée en qualité d'employeur
à l'établissement public de prévoyance sociale
chargé de gérer le régime institué par la
présente loi, toute personne physique ou morale, publique ou
privée, qui emploie au moins un travailleur salarié au sens de
l'article 3 de la présente loi. » Au Burkina Faso,
l'immatriculation d'une entreprise à la CNSS constitue un pas vers sa
formalisation. En effet, l'INSD précise que « au Burkina Faso, une
entreprise en activité devrait être enregistrée et disposer
de :
- un numéro dans le Registre du commerce et du
crédit mobilier (RCCM) ;
- un identifiant financier unique (IFU) ;
- un numéro d'employeur auprès de la Caisse
nationale de sécurité sociale
(CNSS). 51» L'immatriculation des entreprises
est un aspect de la formalisation et l'inspection du travail y contribue pour
beaucoup. A titre illustratif, sur un total de
99 261 entreprises recensées en 2018 par le
VIIème Recensement industriel et commercial, réalisé en
novembre 2018, seulement 9033 remplissaient ces critères de
formalité (RCCM, IFU et CNSS) et seulement 12,3% soit 12209 entreprises
avaient le numéro employeur de la CNSS52. Les
immatriculations des entreprises sont parfois suscitées par l'inspection
du travail. Les infractions relevées par l'inspection du travail pour
défaut de numéro employeur s'élèvent à 405
en 2015, 102 en 2016 et 145 en 201753.
3. Les registres
Les inspecteurs du travail sont habilités à
consulter les livres, registres et documents rendus obligatoires par la
réglementation. L'article 397 de la Loi N° 028-2008/AN du
50 Loi N°028-2008/AN du 13 mai 2008 portant au Code du
travail au Burkina Faso, article 416
51INSD ; Rapport d'analyse du VII ème
Recensement industriel et commercial, réalisé en novembre 2018,
page35
52 Idem ; page 13.
53 Rapport général annuel sur l'inspection du
travail, 2015,2016 et 2017.
37
13 mai 2008 portant code du travail au
Burkina Faso, dispose à cet effet que « Les inspecteurs du travail,
munis de pièces justificatives de leurs fonctions, ont le pouvoir de
:
-requérir la production de tout registre ou document
dont la tenue est prescrite par la présente loi et par les textes pris
pour son application ; (...). » Ces registres réglementaires sont
constitués de registre d'employeur qui consigne des
informations concernant chaque travailleur, le registre des
paiements ou registre équivalent qui conserve les informations
contenues dans le bulletins de paie, le registre de
sécurité qui est un document permettant d'assurer la
traçabilité des différents
contrôles et vérifications périodiques auxquels doivent
satisfaire le matériel et les installations dans une entreprise et le
registre médical qui est un document où sont
consignées des informations concernant les accidents du travail et les
maladies professionnelles. Au cours des années 2013 à 2017, les
infractions suivantes ont été recensées par les
inspections du travail :
Tableau 2: Repartions des infractions
selon les registres réglementaires de 2013 à
2017
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
Total
|
|
|
|
|
|
|
|
Registre
|
639
|
621
|
392
|
168
|
540
|
2360
|
employeur
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Registre
|
141
|
77
|
98
|
133
|
116
|
565
|
des
|
|
|
|
|
|
|
paiements
|
|
|
|
|
|
|
Registre
|
84
|
111
|
17
|
24
|
09
|
245
|
de
|
|
|
|
|
|
|
sécurité
|
|
|
|
|
|
|
Registres
|
283
|
53
|
14
|
22
|
23
|
395
|
médicaux
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Total
|
1147
|
862
|
521
|
347
|
688
|
3565
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : DRTSS
Les infractions sont le plus constatées au niveau des
registres d'employeur avec un nombre de 2360, soit une moyenne de 472
entreprises par année. Les infractions pour les 4 registres
s'élève à 3565, soit une moyenne de 891 infractions.
38
B- Au niveau de l'emploi
Dès lors que des services sont exécutés
par un travailleur sous l'ordre et la direction de son employeur moyennant
rémunération, il y a relation de travail. Dans l'économie
informelle, les relations de travail sont parfois floues, ambiguës,
masquées ou déguisés, ce qui complique la protection des
travailleurs par la législation du travail. Toutefois, l'inspection du
travail, dans le cadre des missions à lui attribuées par la loi,
intervient souvent dans l'économie informelle pour clarifier et
régulariser la situation des travailleurs en s'appuyant sur les
formalités requises par les textes sociaux en matière
d'emploi.
1- Le contrat de travail
Le contrat de travail est un élément important
pour la détermination des relations de travail. Selon l'article 29 de la
Loi N° 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du travail au Burkina Faso,
elle se définie comme « toute convention écrite ou verbale
par laquelle une personne appelée travailleur, s'engage à mettre
son activité professionnelle, moyennant rémunération, sous
la direction et l'autorité d'une autre personne physique ou morale,
publique ou privée appelée employeur. » Le Burkina Faso a
adopté deux formes de contrats à savoir la forme écrite et
la forme verbal. La liberté de forme est constatée dans le cas du
contrat à durée indéterminée (CDI),
c'est-à-dire qu'il peut être verbal ou écrite. Par contre,
le contrat de travail à forme écrite est exigé dans le
cadre des contrats à durée déterminée (CDD), les
contrats des travailleurs non nationaux et ceux concernant les travailleurs
nationaux dont l'exécution nécessite leur installation hors du
territoire national, le contrat d'engagement à l'essai, le contrat
d'apprentissage et le contrat de stage. En outre, il faut retenir que le
contrat de travail à durée déterminée est un
contrat dont le terme est précisé à l'avance par la
volonté des deux parties. Cette durée est de deux (2) ans maximal
pour les travailleurs nationaux et de trois (3) ans maximal pour les
travailleurs non nationaux. Aussi, la durée du contrat de travail
à durée déterminée est-elle renouvelable sans
limitation sauf cas d'abus laissé à l'appréciation de la
juridiction compétente54. Par ailleurs, l'article 49 de ce
même code du travail assimile au Contrat du travail à durée
indéterminée les contrats suivant :
-le contrat de travail passé pour exécuter
un ouvrage déterminée ou pour la
54 Loi N° 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du travail
au Burkina Faso ; article 52.
39
réalisation d'une entreprise dont la
durée ne peut être préalablement évaluée avec
précision ;
- le contrat de travail dont le terme est subordonné
à la survenance d'un événement futur et certain dont la
date n'est pas exactement connue.
Le contrat de travail peut aussi être conclu à
temps partiel. C'est un contrat de travail dont la durée
d'exécution est inférieure à la durée hebdomadaire
légale (40 heures par semaine). Il peut être à durée
déterminée ou à durée
indéterminée.
Lors des contrôles, l'inspecteur du travail
procède à la vérification de la conformité de ces
contrats par rapport aux textes en la matière. Il relève les
infractions qui sont consignés dans un rapport pour la
régularisation des contrats. Le tableau suivant présente
l'évolution du nombre d'infractions relevées par les inspections
du travail dans le temps :
Tableau 3: Evolution des infractions au
sujet des contrats de travail de 2013 à 2017
Objet
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
d'infraction
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Contrat de
|
183
|
166
|
224
|
224
|
373
|
travail
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : DRTPS
De 2014 à 2017, on constate une augmentation
significative des infractions liées au contrat de travail, cela est
peut-être dû aux mouvements sociaux que connait le pays depuis 2014
avec pour conséquence une augmentation d'actes inciviques.
Par ailleurs, des contrats font l'objet d'enregistrement ou
d'apposition de visa au Burkina Faso, il s'agit des contrats de travail, des
contrats de stage et des contrats d'apprentissage. En effet, les articles 56 et
63 de la Loi N° 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du travail au
Burkina Faso obligent les employeurs à viser les contrats de travail des
travailleurs nationaux dont l'exécution nécessite leur
installation hors du territoire national ainsi que les contrats des
travailleurs non-nationaux. La non-soumission du contrat de travail par
l'employeur à la formalité du visa constitue une contravention
prévue à l'article 421 du code du travail. Ainsi, pour le compte
de l'année 2017, 1724 contrats de travail de travailleurs nationaux et
non-
40
nationaux ont été
enregistrés ou visés par les inspections du travail55.
Au titre des infractions, les statistiques font état de 168 infractions
en lien avec le visa des contrats des non-nationaux en 201756.
2-Les mouvements des travailleurs
Les inspections du travail, dans leurs pratiques, recueillent
des données sur les mouvements des travailleurs. L'article 36 du Code du
travail fait obligation à l'employeur de communiquer tout acte
d'embauche à l'inspection du travail du ressort. Cependant,
au-delà des embauches, les inspections du travail disposent souvent des
informations au sujet des licenciements, des démissions, des retraites,
des décès et des licenciements pour motifs économiques
puisque des actes leur sont souvent notifiés à titre
d'information. Le contrôle et la conciliation permettent à
l'inspection du travail d'avoir des informations concernant les mouvements des
travailleurs. L'enregistrement de l'emploi permet aux inspections du travail
d'avoir une idée sur le nombre et la situation des travailleurs des
entreprises de leurs ressorts territoriaux afin d'éviter
l'informalité de l'emploi.
Tableau 4: Evolution des mouvements des
travailleurs de 2013 à 2017
Mouvements des
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
travailleurs
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Embauches
|
3067
|
2222
|
1829
|
678
|
1892
|
|
|
|
|
|
|
Licenciements
|
2957
|
286
|
583
|
400
|
919
|
|
|
|
|
|
|
Démissions
|
175
|
105
|
55
|
67
|
58
|
|
|
|
|
|
|
Retraites
|
104
|
100
|
46
|
66
|
31
|
|
|
|
|
|
|
Décès
|
6
|
12
|
1
|
0
|
09
|
|
|
|
|
|
|
Licenciements
|
7
|
14
|
61
|
39
|
48
|
pour fermeture
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : DGESS : Annuaire statistique 2017
2- La carte de travail
La carte de travail délivrée par l'Agence nationale
pour l'emploi (ANPE) fait partie des formalités requise pour l'emploi au
Burkina Faso. L'article 418 de Loi N° 028-
55 Rapport général annuel sur l'inspection du
travail, 2017 ; page 76.
56 MFPTPS ; Annuaire statistique 2017 ; page 126
41
2008/AN du 13 mai 2008 portant code du
travail au Burkina Faso l'institue en ces termes : « Le service
chargé de l'emploi délivre une carte de travail à tout
travailleur pour lequel il a été constitué un dossier.
(...). » Les conditions de la délivrance de la carte de travail
sont fixées par l'Arrêté conjoint N°2010-024/MTSS/MJE
du 13 décembre 2010 portant conditions de délivrance de la carte
de travail. La carte de travail est sensé contenir les informations en
rapport avec l'identité du travailleur, les mouvements du travailleur
(entrée, sortie, autres), les emplois tenus, les classifications
professionnelles, son numéro d'immatriculation à la CNSS ainsi
que le numéro d'affiliation de l'employeur à la CNSS.
L'arrêté précise aussi que la détention de la carte
de travail est obligatoire pour tout travailleur régi par le code du
travail. Cependant, le code du travail ne sanctionne pas la
non-détention de la carte de travail. Il sanctionne plutôt le fait
pour une personne de faire usage d'une carte de travail comportant des
indications inexactes pour se faire embaucher. Celle-ci encourt une
contravention prévue à l'article 421 du code du travail.
Les inspections du travail ont relevées pour le compte
de l'année 2017, 11764 infractions pour non détention de la carte
de travail57.
3- L'immatriculation du travailleur à la
CNSS
La carte d'immatriculation CNSS est un document important et
indispensable pour le travailleur. Elle lui permet d'avoir accès
à certaines prestations du système de sécurité
social. L'article 416 de la Loi N° 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code
du travail au Burkina Faso dispose que « Tout travailleur embauché,
y compris le journalier, doit être déclaré dans les huit
jours, par l'employeur à la Caisse nationale de sécurité
sociale. Il a droit à la retraite. » Les personnes assujetties au
régime de sécurité sociale entrent effectivement dans le
système de sécurité sociale par la formalité de
l'immatriculation. L'immatriculation est donc l'opération administrative
par laquelle une personne est officiellement inscrite par la Caisse sur la
liste des assurés sociaux. Le travailleur immatriculé est
affilié, c'est-à-dire rattaché à l'organisme de
sécurité sociale, en l'occurrence la CNSS.
Les inspecteurs du travail sont chargés de veiller
à ce que les travailleurs occupant des emplois informels soient
déclarés à la CNSS. La non-déclaration du
travailleur
57 DGESS MFPTPS : Annuaire statistique 2017 ; pages 126
42
constitue une infraction condamnée
par l'article 421 du code du travail. Ainsi, au cours de l'année 2017,
ils ont constaté 6699 infractions. Ils ont aussi produit 155
observations, 5539 mises en demeure et 01 procès-verbal d'infraction
à l'encontre des employeurs récalcitrants58.
Paragraphe II : Les droits des travailleurs
L'économie informelle est un domaine où les
droits concernant les conditions générales de travail sont les
plus bafoués. En effet, José Luis Daza, spécialiste du BIT
soutient que « s'il existe un cadre juridique fixant les obligations de
l'employeur et si ce dernier ne s'y conforme pas, alors informalité
devient synonyme d'irrégularité ou d'illégalité, ce
qui pose la question de la responsabilité »59.
L'inspection du travail au Burkina Faso est donc chargée de veiller au
respect des dispositions légales relatives aux conditions du travail.
Elle dispose ainsi de deux principaux moyens pour faire respecter les droits au
travail. Il s'agit de ses missions de contrôle et de conseil.
A- En matière de contrôle
La mission de contrôle est la mission essentielle qui
permet à l'inspecteur du travail de rentrer en contact avec
l'économie informelle : « c'est quand vous sortez en contrôle
que vous allez voir des situations. Vous allez trouver des unités
économiques dont vous supposez que des travailleurs y sont
occupés. C'est une fois
à l'intérieur que vous allez savoir qu'elles
fonctionnent de manière informelle. »60 Les
contrôles en matière de conditions générales de
travail portent généralement sur les éléments
suivants : le salaire, la durée du travail et le repos du
travailleur.
1- Le Salaire
Le salaire, du fait de son caractère alimentaire,
bénéficie d'une protection particulière au Burkina Faso.
L'article 202 du code du travail le définit comme « la prestation
versée au travailleur par l'employeur en contrepartie de son travail
(...). Le salaire comprend le salaire de base, quelle que soit sa
dénomination et les accessoires du salaire, notamment, l'allocation de
congé payé, les primes, les indemnités et les
58 Rapport général de l'inspection du travail
2017
59 Daza ; Economie informelle, travail non déclaré
et administration du travail, BIT ; Département du dialogue social, la
législation et l'administration du travail, Document 9, Genève,
Juin 2005 ;
60 Monsieur Sandouidi, Inspecteur du travail.
43
prestations de toute nature. » Deux
formes de salaire est à distinguer à savoir : -le salaire au
temps qui est déterminée suivant le temps où le
travailleur est à la disposition de l'employeur. L'unité de temps
servant de base à la fixation de ce salaire est l'heure, la
journée, la semaine ou le mois. On parle alors de salaire horaire,
journalier, hebdomadaire ou mensuel ;
-le salaire au rendement qui est un mode de
rémunération dans lequel le salaire varie en fonction de la
quantité de production réalisé par un individu ou une
équipe en un temps donné selon une formule donnée et
répondant aux normes de qualité. Le code du travail
complète en son article 188 que « la rémunération
d'un travail à la tâche ou à la pièce doit
être calculée de telle sorte qu'elle procure au travailleur un
salaire au moins égal à celui du travailleur
rémunéré au temps effectuant un travail analogue.
»
En plus, il faut préciser que le code du travail
burkinabè prône le principe d'égalité du salaire en
ces termes : « à condition égale de travail, de
qualification professionnelle et de rendement, le salaire est égal pour
tous les travailleurs quels que soient leur origine, leur sexe, leur âge
et leur statut. » Le montant du salaire est-il fixé dans le contrat
de travail à travers une libre négociation entre les parties.
C'est ainsi que, pour prémunir les travailleurs contre les abus des
employeurs, la loi a prévu un salaire minimum. Le DECRET N°
2006-655/PRES/PM/MTSS/MFB du 29 décembre 2006 fixant les salaires minima
interprofessionnels garantis, porte le salaire horaire minimum à 176,83
francs et le salaire mensuel à 30 684 francs CFA.
Par ailleurs, la loi recommande la constitution de
pièces justificatives en cas de paiement de salaire. Ce sont le bulletin
de paie qui est détenu par l'employé et le registre de paiements
qui est conservé par l'employeur.
2- La durée du travail
La Loi N° 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du
travail au Burkina Faso et l'arrêté N°2007-004/MTSS/SG/DGT/
du 07 mars 2007 DER fixant les modalités d'application de la semaine de
40 heures dans les établissements non agricoles fixent la durée
légale du travail à 40 heures par semaines et à 8 heures
par jour dans les établissements non agricole, correspondant à
173,33 heures par mois. La durée
44
légale, c'est en quelque sorte, un
maximum d'heures ouvrables autorisées par semaine.
Les inspecteurs du travail sont chargés de faire
respecter cette prescription légale dans toutes les entreprises
privées, formelles ou informelles. Par ailleurs, des exceptions à
la durée légale du travail sont prévues dans certains
secteurs d'activités en raison de leur caractère intermittent.
Ainsi, l'article 3 de l'Arrêté N°2007-004/MTSS/SG/DGT/DER du
07 mars 2007 fixe, par exemple, la durée équivalente aux 40
heures par semaine à :
- 42 heures pour le personnel affecté à la vente
dans les pharmacies et le commerce en détail ;
- 45 heures pour le personnel des hôpitaux,
stations-services, cuisiniers dans les hôtels,... ;
- 56 heures pour le personnel des services d'incendies.... ;
- 60 heures pour les gens de maison ;
- 72 heures pour les gardiens de nuit et de jour.
L'article 138 du code du travail précise que « Les
heures effectuées au-delà de la durée hebdomadaire sont
considérées comme heures supplémentaires et donnent lieu
à une majoration de salaire. »
La violation des dispositions des actes réglementaires
en application de l'article 138 du code du travail est punie d'une peine
d'amende prévue à l'article 421 alinéa 2 du code du
travail. Le tableau suivant montre l'évolution des infractions
concernant la durée de travail sur un temps donné.
Tableau 5: Evolution des infractions
concernant la durée de travail de 2013 à 2017
Objet
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
2017
|
d'infraction
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Durée du
|
286
|
307
|
470
|
871
|
335
|
travail
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : DGESS : Annuaire statistique 2017
L'évolution de ces infractions est croissante jusqu'en
2016, ce qui peut s'expliquer par un accroissement des actions de l'inspection
du travail sur le terrain.
45
3- Le repos du travailleur
Le repos hebdomadaire est obligatoire pour tout travailleur,
au Burkina Faso, qu'il soit de l'économie formelle ou informelle. Cette
obligation est prévue par le code du travail qui dispose que « Le
repos hebdomadaire est obligatoire. Il est de vingt-quatre heures minimum par
semaine et a lieu en principe le dimanche sauf dérogation
accordée par voie réglementaire par le ministre chargé du
travail. » Ainsi, peut-il avoir des dérogations au repos
hebdomadaire qui peut être donné un autre jour en dehors du
dimanche, soit par roulement, soit reparti sur une période plus longue
que la semaine.
Par ailleurs, la Loi N°079-2015/CNT du 23 novembre 2015
portant institution de fêtes et événements à
caractère historique au Burkina Faso, fixe les jours
fériés, chômés et payés sur toute
l'étendue du territoire national. C'est ainsi que les heures de travail
effectuées les jours fériés sont payées au tarif
majoré des heures supplémentaires.
En outre, la loi burkinabè a prévu des
congés pour tous les travailleurs résidents au Burkina Faso, en
ces termes : « Le travailleur a droit au congé payé à
la charge de l'employeur, à raison de deux jours et demi calendaires par
mois de service effectif, sauf dispositions plus favorables des conventions
collectives ou du contrat individuel. » En plus du congé annuel,
des congés spéciaux sont accordés au travailleur pour lui
permettre de prendre part aux événements familiaux, aux
activités socio-culturelles et aux activités syndicales. Au sens
de l'article 159 du code du travail, les congés spéciaux
accordés au travailleur à l'occasion d'événements
familiaux touchant directement son foyer ne sont pas déduites de la
durée du congé payé dans la limite annuelle de dix jours
ouvrables.
Le repos étant très important pour la
santé physique et mentale du travail, les inspections du travail sont
chargées de veiller à la bonne application des dispositions y
relatives.
4- Le travail des enfants
Le travail des enfants est une réalité au
Burkina Faso. En effet, selon l'Enquête Nationale sur le Travail des
Enfants (ENTE) réalisée en 2006, environ 41,1% des enfants
âgés de 5 à 17 ans sont économiquement actifs. Dans
le but de combattre ce phénomène et surtout ses pires formes, le
gouvernement du Burkina Faso a
46
souscrit à un engagement au niveau
international en ratifiant la Convention 138 sur l'âge minimum
d'admission à un emploi et la Convention 182 sur les pires formes de
travail des enfants. Au niveau national, il faut signaler que le code du
travail dont l'inspecteur du travail est sensé vérifier
l'application incrimine le travail des enfants. L'article 152 fixe l'âge
minimum d'accès à tout type d'emploi ou de travail à 16
ans et l'article 153 donne les caractéristiques des pires formes de
travail des enfants. Par ailleurs, les articles 422 et 424 punissent de peines
délictuelles les violations des articles 152 et 153 du Code du
travail.
Tableau 6: Nombre d'enfants trouvés en situation de
travail par sexe
Source : DGESS : Annuaire statistique 2017
2013 a connu beaucoup d'actions en faveur du travail des
enfants grâce au soutien des partenaires financiers d'où le
résultat élevé. Par contre de 2014 à 2017, on note
une baisse significative des cas d'enfants trouvés en situation de
travail. Cela peut être dû à l'impact des activités
d'envergures menées en 2013 et, aussi grâce aux actions de
contrôle et de sensibilisation menées les autres années par
les inspecteurs du travail.
B- En matière de conseil aux partenaires sociaux,
d'observation sur les déficiences des normes et de
conciliation
1- Les conseils et les renseignements
Conformément à l'article 3 alinéa (b) de
la Convention 81 sur l'inspection du travail,
le système d'inspection du travail est chargé
« de fournir des informations et
conseils techniques aux employeurs et aux travailleurs sur les moyens
les plus efficaces d'observer les dispositions légales », les
inspecteurs du travail, au Burkina Faso, offrent des conseils et orientations
aux partenaires sociaux sur les bonnes manières d'appliquer la
législation sociale. Cette mission de conseil se fait souvent
47
par accueils des usagers à
l'inspection du travail, par téléphone ou lors des
contrôles. Certains employeurs sollicitent des avis techniques sur les
domaines de la législation qu'ils ne comprennent pas. De plus, en
matière de lutte contre le travail des enfants, la sensibilisation y est
de mise : « c'est de les (acteurs de l'informel) sensibiliser, leur faire
comprendre la nécessité de protéger les enfants. Nous,
à Ouaga ici, on l'a fait. On a fait dans des quartiers des projections
de films, on a engagé des troupes pour faire des animations de
théâtre. Tout ça, c'est des actions de préventions
pour aider à ce que les gens prennent conscience du
phénomène. »61
2- Les observations sur les déficiences des
normes
La convention 81 stipule toujours en son article 3
alinéa (c) que le système d'inspection du travail est
chargé : « de porter à l'attention de l'autorité
compétente les déficiences ou les abus qui ne sont pas
spécifiquement couverts par les dispositions légales existantes.
» La mise en oeuvre de cette disposition intervient souvent dans le
processus de relecture du code du travail, dans les travaux
d'élaboration de ses textes d'applications et les conventions
collectives.
3- La conciliation
La conciliation est aussi le lieu privilégié
pour les inspections du travail de promouvoir les droits des travailleurs. En
effet, lors des conciliations, l'inspecteur du travail fait savoir aux
partenaires sociaux les droits qui ont été violés et la
manière d'y remédier. Seulement, il n'est pas tenu d'une
obligation de résultat pour amener les parties à parvenir
à un accord. A titre illustratif, pour la seule année 2015, les
13 Directions régionales du travail et de la protection sociale ont
traité 3839 conflits individuels de travail (Rapport sur l'inspection du
travail 2015, p. 68.).
61 Monsieur Sandouidi, Inspecteur du travail.
48
SECTION II : Analyse de la
contribution de l'Inspection de travail en matière de protection sociale
et de dialogue social
Paragraphe I : La protection sociale
En matière de protection sociale, l'informalité
apparait quand les systèmes de sécurité sociale sont hors
de portée de certains types de travailleurs et d'entrepreneurs, ce qui
les soumet à une paupérisation soudaine ; et lorsque les services
de sécurité au travail et les services consultatifs sanitaires ne
dépassent pas le cadre des entreprises officielles62.
Au Burkina Faso, il n'existe pas de texte spécifique
sur la protection sociale des travailleurs de l'économie informelle. On
estime à 1% les travailleurs de l'économie informel
bénéficiant d'une protection sociale63. Cependant, la
rencontre de l'inspection du travail avec l'économie informelle n'est
pas sans effet sur la protection des travailleurs.
A- La Sécurité et santé au travail
La Constitution de l'OIT pose le principe selon lequel tout
travailleur doit être protégé contre les maladies en
général ou les maladies professionnelles et les accidents qui
résultent de son travail. En effet, de par le monde, 160 millions de
personnes souffriraient de maladies liées au travail et il y aurait
chaque année 270 millions d'accidents mortels et non mortels
également en rapport avec le travail64.
Les travailleurs de l'économie informelle sont les plus
exposés aux risques que les travailleurs du formel, en raison du fait
qu'ils sont exposés à des milieux de travail de mauvaise
qualité, à des normes peu élevées en matière
de sécurité et de santé et à des risques
environnementaux. Cela ne fait que compromettre leur santé et leur
productivité ainsi que leur bien-être général et
leur qualité de vie. Toutefois, la législation du travail du
Burkina Faso, soucieuse de la protection du travailleur, a
réservé tout un titre dans la Loi N° 028-2008/AN du
13 mai 2008 portant code du
62 BIT : Economie informelle et travail décent : Guide
de ressources sur les politiques, soutenir les transitions vers la
formalité, Article : Travail décent et économie
informelle, Pages 11.
63 Burkina Faso, Politique National du Travail (PNT), Edition
septembre 2013 ; P. 25.
64 BIT ; Les règles du jeu : Une brève introduction
aux normes internationales du travail, Première édition 2005 ;
p.52.
49
travail au Burkina Faso
consacré à la sécurité et santé au
travail. En plus de ces dispositions du code du travail, il y
a plusieurs textes d'applications pris en matière de
sécurité et santé au travail65. Les inspecteurs
du travail se doivent d'observer l'application de ces textes sur le terrain
aussi bien dans les entreprises relevant de l'économie informelle que
dans celles formelles.
La responsabilité de la sécurité et
santé au travail incombe à l'employeur comme le stipule le Code
du travail en ces termes : « Le chef d'établissement prend toutes
les mesures nécessaires pour assurer la sécurité et
protéger la santé physique et mentale des travailleurs de
l'établissement y compris les travailleurs temporaires, les apprentis et
les stagiaires.
Il doit notamment prendre les mesures nécessaires pour
que les lieux de travail, les machines, les substances et les
procédés de travail placés sous son contrôle ne
présentent pas de risques pour la santé et la
sécurité des travailleurs... » Par ailleurs, lorsque les
mesures de protections collectives ne sont pas suffisantes pour garantir la
sécurité ou la santé des travailleurs, la loi
préconise aux employeurs la mise en oeuvre des mesures de protection
individuelle contre les risques professionnels. Aussi, l'article 255 du code du
travail précise-t-il que « Tout employeur installé au
Burkina Faso est tenu d'assurer la couverture sanitaire de ses travailleurs,
conformément aux conditions définies par les textes portant
organisation et fonctionnement de la sécurité et de santé
au travail. »
L'article 265 du code du travail, quant à lui fait
savoir que « L'inspecteur du travail contrôle le respect par
l'employeur des dispositions en matière de sécurité et de
santé au travail. » Ainsi, les inspecteurs du travail doivent-ils
notamment s'assurer de la conformité des lieux de travail par rapport
aux normes existantes, veiller à ce que les partenaires respectent leurs
obligations en matière de sécurité et de santé au
travail.
Le tableau suivant indique les infractions constatées
par les inspecteurs du travail en matière de sécurité et
santé au travail dans les 13 DRTPS en 2017 :
65 Voir Annexe3
50
Tableau 7:
Répartition des infractions en SST des DRTPS en 2017
Infractions en SST
|
2017
|
|
|
Visite médicale
|
14718
|
|
|
Affiliation OST
|
587
|
|
|
Equipement de protection individuelle
|
1637
|
|
|
Matériel de sécurité incendie
|
262
|
|
|
Lavabos, vestiaires, douches, WC
|
26
|
|
|
Etat des locaux et des installations
|
27
|
|
|
Services santé au travail
|
29
|
|
|
Equipement de protection collective
|
32
|
|
|
Déclaration accident du travail et maladie
professionnelle
|
20
|
|
|
Tenue de registre de sécurité
|
09
|
|
|
Tenue registres médicaux
|
23
|
|
|
Ambiance physique des lieux de travail
|
12
|
|
|
Substances et préparations dangereuse utilisés
|
04
|
|
|
|
17386
|
|
|
Source : DGESS : Annuaire statistique 2017
|
|
Ces 17386 infractions ont fait l'objet des mises en demeure et
des observations. Des procès-verbaux d'infractions ont même
été adressés à des employeurs.
En matière de Sécurité et santé au
travail, les inspecteurs du travail peuvent aussi intervenir en faisant des
contrôles conjoints avec certaines structures (OST, CNSS) et par la
sensibilisation, l'information et la formation.
B- Sécurité Sociale
Une société qui offre la sécurité
à ses citoyens les protège non seulement des conflits et des
maladies, mais aussi des incertitudes liées au fait de gagner sa vie par
le travail. Au Burkina Faso, le système de sécurité
sociale garantie un revenu minimum en cas d'accident du travail ou de maladie
professionnelle, de vieillesse et retraite, d'invalidité, de
responsabilité familiale comme la grossesse ou la perte du soutien de
famille. Du fait qu'elle permet d'assurer la subsistance de personnes en
difficultés et de les protéger contre les imprévus, la
sécurité sociale améliore la
51
productivité de l'entreprise et
contribue à la dignité et au plein épanouissement du
travailleur et à ce titre, elle constitue une composante importante du
travail décent. Comme vu précédemment le rôle de
l'inspection du travail en matière de sécurité sociale est
de veiller à l'application de certaines dispositions en rapport avec
l'immatriculation des employeurs et des travailleurs au régime de
sécurité sociale.
La contribution des inspecteurs du travail en matière
d'immatriculation des employeurs est considérable et s'observe à
travers ses missions de contrôle, de conciliation et de conseils. Le
tableau suivant présente l'évolution des employeurs
déclarés à la CNSS :
Tableau 8: Evolution de la déclaration
des employeurs à la CNSS de 2013 à 2017.
Source : DGESS : Annuaire statistique 2017
Au niveau des employeurs du Régime
général, 13522 entreprises ont été affiliées
à la CNSS en 2017, cela est dû à l'action combinée
des inspecteurs du travail et des agents de contrôle de la CNSS.
Les inspecteurs du travail oeuvrent aussi à la
sécurisation des emplois à travers l'immatriculation des
travailleurs par les employeurs :
Tableau 9: Evolution du nombre de
travailleurs immatriculés à la CNSS de 2013 à
2017.
|
2013
|
2014
|
|
2015
|
2016
|
2017
|
|
|
|
|
|
|
|
Travailleurs
|
298648
|
323062
|
|
346304
|
369470
|
397548
|
|
|
|
|
|
|
|
Source : DGESS Annuaire statistique 2017
|
|
|
|
En 2017, 28078 travailleurs sont déclarés
à la CNSS. Cela a été possible par le respect des
formalités par certains employeurs, mais dans la plupart des cas, c'est
suite à l'interpellation des inspecteurs du travail par le
contrôle ou lors des séances de conciliation que les employeurs
déclarent leurs employés.
La responsabilité des inspecteurs du travail consiste
aussi à interpeller les employeurs non à jours de leurs
cotisations sociales. Au Burkina Faso, les parts de
52
cotisation sociale représentent
21,5% du salaire brut dont 16% à la charge de l'employeur et 5,5%
à la charge de l'employé. En 2017, les inspecteurs du travail ont
constaté 5599 infractions en matière de déclaration de
travailleurs et enregistré 631 points de litiges contre 1550
l'année précédente au sujet de la situation des
cotisations CNSS66. Des 631points de litiges traités par les
inspecteurs du travail, 298 se sont soldés par une non-conciliation et
332 (52,61%) ont connu un dénouement heureux.
Paragraphe II : Le dialogue Social
Le BIT définit le dialogue social comme « tous les
types de négociation, de consultation ou d'échange d'informations
entre les représentants des Gouvernements, des employeurs et des
travailleurs sur des questions présentant un intérêt commun
relatives à la politique économique et sociale
»67. Il est un des éléments qui rendent le
travail décent ; aussi peut-il s'appliquer aussi bien aux travailleurs
formels qu'informels comme le souligne l'OIT en ces termes « il n'est pas
possible d'obtenir des conditions d'emploi équitables, des conditions de
travail et le développement dans l'intérêt de tous sans une
implication active des travailleurs, des employeurs et des gouvernements par le
biais du dialogue social »68. Le rôle de l'inspection du
travail, représentant du Gouvernement, en matière de dialogue
social dans l'économie informelle s'illustre principalement en termes de
conciliation et de négociation collective.
A- La conciliation
La conciliation est l'un des principaux points de rencontre
entre l'économie informelle et l'inspection du travail. En effet, il
arrive souvent que des travailleurs portent plainte
à l'inspection du travail contre leurs employeurs qui
sont issus de l'économie formelle ou de l'informel. A monsieur
SANDOUIDI, Inspecteur du travail d'ajouter que « c'est dans
la mission de conciliation confiée à nos inspections que vous
allez voir que la plupart des conflits proviennent de l'économie
informelle parce que les lois et autres
textes n'y sont pas
appliquées.»69 Des deux types de conflits,
c'est le conflit individuel de travail qui est le plus présent
dans l'économie informelle. Le conflit
66 DGESS MFPTPS : Annuaire statistique 2017
67
https://www.ilo.org/public/french/dialogue/download/brochuref.pdf
68
https://www.ilo.org/global/topics/dw4sd/themes/s-dialogue-tripartism/lang--fr/index.htm
69 Monsieur Sandouidi, Inspecteur du travail
53
individuel de travail est « le
conflit qui oppose un ou plusieurs travailleurs à leurs employeurs
à l'occasion de l'exécution du contrat de travail pour la
reconnaissance d'un droit individuel.70 »
Tout employeur ou tout travailleur doit selon l'article 320 du
code du travail demander
à l'inspecteur du travail, à son
délégué ou son suppléant légal, de
régler à l'amiable le différend qui l'oppose à
l'autre partie. Par ailleurs, le Code du travail ajoute que l'inspecteur du
travail saisi d'un différend individuel de travail convoque les parties
en vue d'une tentative de conciliation. Cette tentative de conciliation peut se
solder par une conciliation totale qui met fin au différend, une
non-conciliation ou une conciliation partielle et, en ce qui concerne
l'économie informelle par une formalisation de l'entreprise-employeur
par son affiliation à la CNSS et du travailleur par sa
déclaration à la CNSS.
Courant l'année 2017, les treize (13) DRTPS ont eu
à traiter 2441 conflits individuels de travail dont 1528 conflits dans
la Région du Centre et 345 dans les Hauts Bassins, Régions qui
abritent les deux plus grandes villes du pays. Au cours de cette même
année, 2441 actes ont été dressés à l'issue
de la tentative de conciliation. Il s'agit de 1194 (48,91%)
procès-verbaux de conciliation, de 232 (9,50%) procès-verbaux de
conciliation partielle, de 833 (34,12%) procès-verbaux de
non-conciliation, de 94 (3,85%) procès-verbaux non-conciliation par
défaut et 88 (3,60%) procès-verbaux
exécutoires71.
Les 2441 conflits traités en 2017 ont concerné 15
243 points de litiges.
70 Loi N° 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du travail
au Burkina Faso ; article 319.
71 Burkina Faso ; Rapport général sur l'inspection
du travail 2017, p.96.
54
Tableau 10:
Répartition des points de litiges
Source : DGESS MFPTPS, Annuaire statistique 2017.
Tous ces points de litige se rapportent aux droits des
travailleurs et sont le signe que les travailleurs aspirent au travail dans les
meilleures conditions. L'ensemble des points de litige a connu une
évolution croissante dans le temps ; cela grâce à des
actions des inspecteurs du travail sur le terrain (contrôles, conseils,
renseignements) mais aussi, à cause de la situation de troubles sociaux
que connait le pays depuis 2011 et qui coïncident avec des revendications
sociales dans les entreprises formelles.
B- Négociation collective
L'économie informelle renferme une ample gamme
d'activités économiques variées concernant des
travailleurs et des unités économiques insuffisamment couvertes
par les normes et les accords formels. Ainsi, les travailleurs de
l'économie informelle ne sont-ils généralement pas
organisés et ils ne sont pas, ou quasiment pas représentés
collectivement auprès des employeurs ou des autorités publiques.
Les seules associations qui existent au Burkina Faso sont constituées de
travailleurs indépendants. Par ailleurs, les travailleurs qui occupent
les emplois informels sont exclus du processus de négociation
collective. Cependant, ces travailleurs peuvent grâce à
l'inspection du travail bénéficier des retombés de ces
négociations.
55
En matière de négociation
collective, il faut dire que les inspecteurs du travail participent aux travaux
d'élaboration des conventions collectives en tant que
représentants du gouvernement. La convention collective de travail est
un accord qui est relatif aux conditions de travail et qui est « conclue
entre les représentants d'un ou de plusieurs syndicats ou groupements
professionnels de travailleurs d'une part et une ou plusieurs organisations
syndicales d'employeurs ou tous autres groupements d'employeurs ou un ou
plusieurs employeurs pris individuellement d'autre part. »72 La
position de l'inspecteur du travail est déterminante dans l'issue de la
négociation collective. En effet, sa connaissance des lois et des
règlements et leurs méconnaissances par les partenaires sociaux
font de lui un conseiller des plus écoutés. Les travaux de
négociation d'accords collectifs n'impliquent pas directement les
acteurs de l'économie informelle mais les conclusions des travaux leur
sont souvent profitables dans le cas par exemple d'extension de la convention
collective à un ou plusieurs secteurs d'activités
données.
D'autre part, les inspecteurs du travail sont tenus de faire
respecter la bonne mise en oeuvre des dispositions des conventions et des
accords collectifs de travail issues du dialogue social.
Enfin au titre de ses missions de conseils, les inspections du
travail ont eu à mener des sessions de formation, c'est le cas, par
exemple de l'inspection du travail de Bobo Dioulasso qui a eu à
organiser en 2015 un atelier de formation sur la promotion du dialogue social
au profil des responsables syndicaux des Hauts Bassins.
72 Loi N° 028-2008/AN du 13 mai 2008 portant code du travail
au Burkina Faso ; article 107.
56
Chapitre III : Les défis de
l'inspection du travail face à
l'économie informelle
Les inspecteurs du travail jouent un rôle fondamental
dans l'amélioration de la législation sociale et de la protection
des travailleurs de l'économie informelle au Burkina Faso. Cependant
leurs efforts se heurtent à un certain nombre de blocages.
Section I : Les contraintes
Le défi de base auquel l'inspection du travail au
Burkina est confrontée, est le nombre d'inspecteurs du travail. En
effet, la Convention 81 dispose que «le nombre des inspecteurs du travail
sera suffisant pour permettre l'exercice efficace des fonctions du service
d'inspection du travail ». Les services technique du BIT estiment comme
raisonnable le seuil suivant : « un inspecteur du travail pour 1000
travailleurs dans les pays industriels à économie de
marché, 1 pour 15000 dans les économies en voie
d'industrialisation ; 1 pour 20000 dans les économies en transition ; 1
pour 40000 dans les pays moins avancées »73. Cependant,
la capacité du Burkina Faso correspond à un inspecteur du travail
pour 107750 travailleurs contre la norme de 40000 travailleurs pour un
inspecteur du travail admise par le BIT pour les pays les moins
avancés74.
De plus, le personnel n'est pas assez formé pour
appréhender toutes les facettes des activités de
l'économie informelle. En effet, la Convention n°150 rappelle
que
« le personnel affecté au système
d'administration du travail devra être composé de personnes
convenablement qualifiées pour exercer les fonctions qui leur sont
assignées, ayant accès à la formation nécessaire
à l'exercice efficace de ses fonctions ». Toutefois, le constat est
autre sur le terrain, on note que le travail et les responsabilités des
inspecteurs du travail sont devenus très complexes avec
l'évolution du monde du travail qui implique notamment la coexistence de
différents type d'entreprises, de systèmes de production
sophistiqués, de la sous-traitance, de l'externalisation, la
diversité croissante des contrats de travail et des relations d'emploi.
De plus, la nature dispersée, dissimulée et diversifiée du
travail au sein de l'économie informelle constitue une source de
difficulté majeure pour l'inspection du
73 BIT(2006) ; Stratégies et pratiques pour
l'inspection du travail, paragraphe 13
74 Burkina Faso ; Politique Nationale du Travail (PNT)
57
travail. Tout cela renforce
l'informalité et pose le problème de la spécialisation des
inspecteurs du travail.
La faiblesse de ressources matérielles et
financières constitue aussi un handicap sérieux pour les
inspections du travail au Burkina Faso. Les 13 directions régionales que
compte le pays sont faiblement dotées en moyen logistiques
adéquat pour assurer les missions de contrôle, de sensibilisation,
de formation et d'information à l'endroit des partenaires sociaux. La
DRTPS du Centre, par exemple, compte deux 2 véhicules pour 54990
entreprises75 soumises à son contrôle sur une
superficie de 600 km2.
Au titre des ressources financières, il faut souligner
que la dotation budgétaire de l'administration du travail se situe entre
0,04% et 0,1% du budget national selon les années (PNT p.33). Cette
situation ne fait que handicaper sérieusement les activités des
inspections du travail qui se contenteront à l'essentiel,
c'est-à-dire réaliser les activités au profit des
entreprises formelles.
Les mauvaises conditions de vie et de travail des inspecteurs
du travail ont souvent pour conséquence le départ d'inspecteurs
qualifiés vers le secteur privé qui leur offrirait de meilleures
rémunérations et perspectives de carrière. Les
insuffisances de revenus peuvent aussi influer très négativement
sur le professionnalisme, l'indépendance et l'impartialité des
inspecteurs.
Section II : Recommandations
Afin de permettre une meilleure transition de
l'économie informelle vers l'économie formelle, la Recommandation
N°204 prône « des inspections du travail efficaces et
effectives ». Ainsi, l'efficacité et l'effectivité des
inspections du travail du Burkina Faso dépendent de plusieurs
paramètres.
Il faudra des inspecteurs du travail en nombre et en
qualité. Le pays doit oeuvrer à ce que le seuil de 40000
travailleurs pour un inspecteur du travail préconisé par le BIT
soit respecté. Aussi, leurs capacités doivent-elle être
renforcées afin de leur permettre de mieux appréhender les
activités de l'économie informelle et pour veiller
à ce que toutes les dispositions légales
relatives aux conditions du travail et la protection de tous les travailleurs
dans l'exercice de leurs activités soient effectivement
respectées. C'est-à-dire qu'un accent doit être mis, dans
les formations
75 INSD (2018) ; Rapport d'analyse du VIIème Recensement
industrielle et commercial ; novembre 2018.
58
initiales et complémentaires, sur
les stratégies pour promouvoir la transition de l'économie
informelle vers l'économie formelle76. En outre, les
inspecteurs du travail doivent adapter leur stratégie d'intervention
à l'économie informelle : « l'application stricte de la loi
est difficile dans l'économie informelle ; voilà pourquoi, il
faut aller d'abord par la sensibilisation avant de revenir sur les sanctions.
C'est pour contourner cette difficulté que le BIT recommande d'utiliser
le Guide d'intervention de l'inspection du travail : une
méthode participative. On ne dit pas d'exonérer les
acteurs de l'économie informelle de leurs obligations mais en
utilisant les stratégies participatives indiquées par ce Guide,
on parviendra au résultat escompté.»77 De ce
fait, les inspecteurs du travail doivent aussi être formés
à l'utilisation de ce Guide d'intervention dans l'économie
informelle pour produire plus de résultats.
L'inspection du travail doit bénéficier
d'importantes ressources financières et matérielles pour parvenir
à l'extension de ces activités vers les établissements de
l'économie informelle. Ainsi, les inspecteurs du travail doivent avoir
des locaux confortables et des matériels de bureaux suffisants et en
qualité. Ils doivent aussi avoir des moyens roulants suffisants et des
appareils techniques comme l'hygromètre, le luxmètre, etc..., qui
leur permettent de bien faire leur travail.
L'inspection du travail doit être très proche des
travailleurs, surtout ceux qui sont vulnérables et qui occupent des
emplois informels, toute chose qui recommande la matérialisation des
Directions provinciales du travail et de la protection sociale et
l'opérationnalisation des inspections de zone dans les grands centres
comme Ouagadougou et Bobo Dioulasso.
Les travailleurs de l'économie informelle ne
constituent généralement pas un groupe uniforme et cela rend
parfois difficile l'intervention de l'inspecteur du travail au sein de cette
économie faute d'interlocuteur. Les inspecteurs du travail doivent donc
dans le cadre de l'article 412 du code du travail qui recommande la
déclaration d'ouverture de toute entreprise à l'inspection du
travail du ressort ou au Centre de Formalités des Entreprises
territorialement compétent, sensibiliser les petites et
micro-entreprises et les travailleurs indépendants sur les avantages
qu'il y a à officialiser leur situation ainsi qu'aux devoirs que cela
suppose. Cela ne peut se faire qu'en établissant des partenariats
stratégiques avec les organisations de l'économie informelle,
même si la
76 BIT 2017 ; Guide d'intervention de l'inspection du travail
dans l'économie informelle : une méthode participative ;
Première édition 2017, P.30.
77 Monsieur SANDOUIDI, Inspecteur du travail.
59
plupart est constitué de
travailleurs indépendants qui sont appelés, dans le futur,
à avoir des relations de travail avec leurs propres travailleurs. Et
monsieur SANDOUIDI d'appuyer en disant que : « le Guide d'intervention
de l'inspection du travail : une méthode participative
et la Recommandation 204 insistent qu'il faut leur (acteurs
de l'économie informelle) permettre le droit à
l'association, à la négociation parce que,
généralement, il existe dans l'économie informelle des
associations dont le but est de booster leurs activités ou pour demander
des fonds, mais ce n'est pas un cadre de dialogue social. C'est pourquoi la
Recommandation 204 préconise que les Etats membres créent des
conditions pour que le droit à l'association leur soit reconnu mais
aussi le droit à la négociation collective.»78
Cette collaboration devrait s'étendre aux syndicats officiels ainsi
qu'au patronat pour toucher les travailleurs qui occupent des emplois informels
dans l'économie formelle en ce qui concerne la nécessité
de leur déclarations à la CNSS et à l'application des
droits concernant les conditions générales de travail et la
sécurité et santé au travail.
L'opérationnalisation du Système d'inspection du
travail automatisée (SITA) permettra aux inspections du travail
d'automatiser les tournées d'inspection et de faciliter la collecte, le
stockage, le traitement et l'analyse des données. Ce qui facilitera
l'acquisition des éléments statistiques sur les entreprises et
les emplois de l'économie informelle et l'organisation de leur suivi en
vue de leur formalisation.
L'inspection du travail doit aussi collaborer avec d'autres
institution tels que la CNSS, l'Inspection Médicale du Travail, l'OST,
les services des impôts, le CEFORE, l'ANPE et la Direction
générale du Secteur Informel du Ministère de la Jeunesse
et de la Promotion de l'Entrepreneuriat des Jeunes (MJPEJ) et les structures du
Ministère de l'Industrie, du Commerce et de l'Artisanat (MICA) afin de
se partager des informations ou d'effectuer des sorties conjointes sur le
terrain. Cette synergie donnera sans doute des résultats probants en
matière de formalisation de l'économie informelle.
L'inspection du travail doit aussi faire connaitre son
rôle en matière de formalisation des structures de
l'économie informelle par le biais de la sensibilisation à grande
échelle par la radio ou par la télévision et en
collaboration avec les syndicats des travailleurs, le CNPB et les associations
de l'économie informelle.
78 Monsieur SANDOUIDI, Inspecteur du Travail
60
CONCLUSION
« Promotion du travail décent dans
l'économie informelle : le rôle de l'inspection du travail au
Burkina Faso », tel est le thème sur lequel nous nous sommes
penché tout au long de ces travaux de recherche. Parvenus au terme de
notre travail de recherche, il s'avère nécessaire
d'établir un bilan.
En effet, le rôle de l'inspection du travail du Burkina
Faso, en matière de formalisation des entreprises et des emplois de
l'économie informelle est considérable. Cela est dû
à ces missions qui lui sont conférées par la convention 81
sur l'inspection et la convention 150 sur l'administration du travail à
savoir les missions de contrôle, de conciliation et de conseil. Les
inspecteurs du travail procèdent à travers le contrôle
à la conformité de lieux de travail par rapport aux normes
internationales et à la réglementation du travail du Burkina
Faso. Par ailleurs, le rôle de l'inspection du travail en matière
de conseils n'est pas à négliger en matière de
formalisation de l'économie informelle. Aussi, la tentative de
conciliation peut-elle déboucher à la formalisation d'une
structure et même la régularisation de la situation des
travailleurs.
L'inspection du travail participe ainsi à la
concrétisation de l'Agenda du travail décent en s'attaquant aux
déficits du travail décent dans l'économie informelle
telle que le préconise la Recommandation N°204.
Cependant, ses actions quoique louables sont insignifiantes face à
l'immensité et à la diversité du phénomène
informel. Des ressources humaines, matérielles et financières lui
manquent pour faire face aux activités et aux emplois informels. En
fait, une inspection du travail, en nombre suffisant d'agents et de locaux et
très proche des populations peut parvenir à bout de ce
phénomène. Les inspecteurs du travail doivent aussi être
formés et dotés de ressources financières et
matérielles (véhicules, matériels de bureau, appareils de
mesures,...) en nombre suffisant. Pour réussir pleinement son rôle
de promotion du travail décent dans l'économie informelle,
l'inspection du travail du Burkina Faso a besoin du soutien de la part du
gouvernement, du patronat, des organisations syndicales et du BIT, à la
fois en matière de financement et de renforcement de ses
capacités. Cela permettra toutefois d'accélérer le
processus de transition des entreprises de l'économie informelle vers
l'économie formelle.
61
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Tiers-Monde, Editions La Découverte, collection, Repères,
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- INSD ; Rapport d'analyse du VII ème Recensement
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2012, 2013, 2014, 2015, 2016 et 2017.
63
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de l'application de législation du travail dans les
sociétés de gardiennage ; Tiané BORO ; ENAM
Ouagadougou, Inspecteur du travail 2013.
- Mémoire : Le rôle de l'inspecteur du
travail dans le fonctionnement de l'entreprise au Burkina
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2013.
Textes :
- Loi n°028-2008 / An du 13 mai 2008 portant code du
travail au Burkina Faso
- Loi N°15-2006/AN du 11 mai 2006 portant régime de
sécurité sociale applicable aux travailleurs salariés et
assimilés au Burkina Faso
- V. JOBF spécial n°02 du 29 octobre 2004.
- Recommandation (n°204) sur la transition de
l'économie informelle vers l'économie formelle, BIT, 2015
- Résolution concernant le travail décent et
l'économie informelle, BIT, 2002
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https://www.monde-diplomatique.fr/mav/143/CESSOU/53893
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https://www.ilo.org/ifpdial/areas-of-work/labour-law/lang--fr/index.htm
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https://www.burkina24.com/2019/01/07/burkina-plus-de-12-000-entreprises-
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-
https://www.ilo.org/global/topics/dw4sd/themes/s-dialogue-tripartism/lang--
fr/index.htm
64
TABLE DES MATIERES
AVERTISSEMENT
I
DEDICACE
II
REMERCIEMENTS
III
SIGLES ET ABREVIATIONS
IV
SOMMAIRE
1
Partie I : Cadre Théorique et
methodologie
5
Chapitre I : Cadre
théorique
5
Section I : Revue de
littérature
5
Paragraphe I : Economie informelle
5
A-
Conditions d'émergence de l'économie
informelle
5
1. La colonisation
5
2. La croissance urbaine
6
3. Les Programmes d'Ajustement Structurel
(PAS)
6
4. Le système Educatif
7
B-
Hétérogénéité de
l'économie Informelle
8
C-
Relation entre Etat et économie informelle
9
Paragraphe II : Travail décent
10
A-
La notion du travail décent
10
B-
L'Agenda du Travail Décent
11
C-
Transition de l'économie informelle vers
l'économie formelle
13
Section II :
Problématique
16
Paragraphe I : Objectifs
20
A-
Objectif principal
20
B-
Objectifs secondaires
20
Paragraphe II : Hypothèses et Intérêt
20
A- Hypothèses
20
B- Intérêt de l'étude
21
Chapitre II : METHODOLOGIE
22
Section I : Méthodes
22
Paragraphe I : Méthodes qualitatives
22
A-
La recherche documentaire
22
B-
L'entretien
23
Paragraphe II : Les indicateurs du travail décent
23
65
Section II : Définitions des
concepts
24
Paragraphe I : Economie
informelle
24
Paragraphe II : Emploi
:
25
Paragraphe III : Entreprise
:
26
Partie II : L'inspection du travail ET L'ECONOMIE
informelle
28
Chapitre I : L'inspection du travail du Burkina
Faso
28
Section I : La place de l'inspection du travail
28
Paragraphe I : Historique de l'inspection du travail
28
Paragraphe II : Le fonctionnement de l'inspection du
travail
29
Section II : Cadre juridique du travail décent
30
Paragraphe I : Le cadre juridique International
31
Paragraphe II : Le cadre juridique national
33
CHAPITRE II : L'Inspection du travail et
la promotion du travail décent dans
l'économie informelle
35
Section I : Analyse de la contribution de
l'Inspection du Travail en matière de
création d'emplois et de respect des droits des
travailleurs
35
Paragraphe I : La protection de l'emploi et des unités
de production
35
A.
Au niveau de l'entreprise
35
B- Au niveau de
l'emploi
39
Paragraphe II : Les droits des travailleurs
43
A-
En matière de
contrôle
43
B-
En matière de conseil aux partenaires sociaux,
d'observation sur les
déficiences des normes et de
conciliation
47
SECTION II : Analyse de la contribution
de l'Inspection de travail en matière de
protection sociale et de dialogue social
49
Paragraphe I : La protection sociale
49
Paragraphe II : Le dialogue Social
53
Chapitre III : Les défis de
l'inspection du travail face à l'économie informelle
57
Section I : Les contraintes
57
Section II : Recommandations
58
CONCLUSION
61
BIBLIOGRAPHIE
62
TABLE DES MATIERES
65
LISTE DES TABLEAUX
67
66
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1: Répartitions des
infractions pour défaut de déclarations d'ouverture
36
Tableau 2: Repartions des infractions selon
les registres réglementaires
38
Tableau 3: Evolution des infractions au
sujet des contrats de travail
40
Tableau 4: Evolution des mouvements des
travailleurs
41
Tableau 5: Evolution des infractions
concernant la durée de travail
45
Tableau 6: Nombre d'enfants trouvés
en situation de travail par sexe
47
Tableau 7: Répartition des
infractions en SST des DRTPS en 2017
51
Tableau 8: Evolution de la
déclaration des employeurs à la CNSS.
52
Tableau 9: Evolution du nombre de
travailleurs immatriculés à la CNSS.
52
Tableau 10: Répartition des points de
litiges
55
67
ANNEXES
Annexe I
Code
|
Conventions
|
Date
|
Etat actuel
|
|
|
|
|
|
|
C041
|
convention n°41 du travail de nuit des femmes
|
21 novembre
|
En vigueur
|
|
(révisée)
|
|
|
|
1960
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C004
|
convention
|
n° 4 sur le travail de nuit (femmes)
|
21 novembre
|
En vigueur
|
|
|
|
|
|
1960
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C087
|
convention
|
n° 87 la liberté syndicale et la
|
21 novembre
|
En vigueur
|
|
protection du droit syndical
|
1960
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C098
|
convention
|
n° 98 sur l'application du principe du
|
16 avril 1962
|
En vigueur
|
|
droit d'organisation et de négociation collective
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C100
|
convention
|
n° 100 sur l'égalité des
|
30 juin 1969
|
En vigueur
|
|
rémunérations entre la main-d'oeuvre masculine
|
|
|
|
et la main-d'oeuvre féminine pur un travail de
|
|
|
|
valeur égale
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C105
|
convention
|
n° 105 sur l'abolition du travail forcé
|
25 août 1997
|
En vigueur
|
|
|
|
|
|
|
C111
|
convention n° 111 sur la discrimination en matière
|
16 avril 1962
|
En vigueur
|
|
d'emploi et de profession
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C182
|
convention n° 182 sur l'interdiction des pires
|
25 juillet 2001
|
En vigueur
|
|
formes de travail des enfants et l'action
|
|
|
|
immédiate en vue de leur élimination
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C138
|
convention n° 138 sur l'âge minimum d'admission
|
11 février 1999
|
En vigueur
|
|
à l'emploi
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C029
|
convention
|
n°29 sur le travail forcé
|
21 novembre
|
En vigueur
|
|
|
|
|
|
1960
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
CONVENTION
|
|
|
|
|
|
|
DE
|
|
|
|
|
|
|
GOUVERNAN
|
|
|
|
|
|
|
CE
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C081
|
convention
|
n° 81 sur l'Inspection du Travail
|
21 mai 1974
|
En vigueur
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
68
|
C129
|
convention n° 129 sur l'Inspection du travail dans
|
21 mai 1974
|
En vigueur
|
|
l'agriculture
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C122
|
convention
|
n° 122 sur la politique de l'emploi,
|
28 octobre
|
En vigueur
|
|
1964
|
|
|
|
2009
|
|
|
|
|
|
|
|
C144
|
convention n° 144 les consultations tripartites
|
25 juillet 2001
|
En vigueur
|
|
destinées à promouvoir la mise en oeuvre des
|
|
|
|
normes internationales du travail
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
CONVENTION
|
|
|
|
|
|
|
TECHNIQUE
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C003
|
Convention n°3 sur la protection de la maternité
|
30 juin 1969
|
En vigueur
|
|
|
|
|
|
C006
|
convention
|
n°6 sur le travail de nuit des enfants
|
21 novembre
|
En vigueur
|
|
(industrie)
|
|
|
|
1960
|
|
|
|
|
|
|
C011
|
convention
|
n°11 sur le droit d'association
|
21 novembre
|
En vigueur
|
|
(agriculture)
|
|
|
|
1960
|
|
|
|
|
|
|
C013
|
convention
|
n°13 sur la céruse (peinture)
|
21 novembre
|
En vigueur
|
|
|
|
|
|
1960
|
|
|
|
|
|
C014
|
convention n°14 sur le repos hebdomadaire
|
21 novembre
|
En vigueur
|
|
(industrie)
|
|
|
|
1960
|
|
|
|
|
|
C017
|
Convention n°17 sur la réparation des accidents
|
30 juin 1969
|
En vigueur
|
|
du travail
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C018
|
Convention n°18 sur les maladies
|
21 novembre
|
En vigueur
|
|
professionnelles
|
1960
|
|
|
|
|
|
C019
|
Convention n°19 sur l'égalité de traitement
|
30 juin 1969
|
En vigueur
|
|
(accidents du travail)
|
|
|
|
|
|
|
C026
|
convention n°26 sur les méthodes de fixation des
|
21 novembre
|
En vigueur
|
|
salaires minima
|
1960
|
|
|
|
|
|
|
C095
|
convention
|
n° 95 sur la protection du salaire
|
21 novembre
|
En vigueur
|
|
|
|
|
|
1960
|
|
|
|
|
|
|
C097
|
convention
|
n° 97 sur les travailleurs migrants
|
09 juin 1961
|
En vigueur
|
|
(révisée)
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
C116
|
Convention n°116 portant révision des articles
|
16 avril 1962
|
En vigueur
|
|
finals
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
69
|
C131
|
convention n° 131 sur la fixation des salaires
|
21 mai 1974
|
En vigueur
|
|
minima notamment en ce qui concerne les pays
|
|
|
|
en voie de développement
|
|
|
|
|
|
|
C132
|
convention n° 132 sur les congés payés
(révisée)
|
12 juillet 1974
|
En vigueur
|
|
|
|
|
C135
|
convention n° 135 sur la protection des
|
21 mai 1974
|
En vigueur
|
|
représentants des travailleurs dans l'entreprise et
|
|
|
|
les facilités à leur accorder
|
|
|
|
|
|
|
C141
|
convention n° 141 sur les organisations des
|
25 aout 1997
|
En vigueur
|
|
travailleurs ruraux et leur rôle dans le
|
|
|
|
développement économique et social
|
|
|
|
|
|
|
C143
|
Convention n° 143 sur les migrations abusives et
|
09 décembre
|
En vigueur
|
|
la promotion de l'égalité des chances et du
|
1977
|
|
|
traitement des travailleurs migrants
|
|
|
|
|
|
|
C142
|
Convention n° 142 sur la mise en valeur des
|
28 octobre
|
En vigueur
|
|
ressources humaines,1975
|
2009
|
|
|
|
|
|
C150
|
convention n° 150 sur l'administration du travail,
|
3 avril 1980
|
En vigueur
|
|
rôle, fonction et organisation
|
|
|
|
|
|
|
C159
|
convention n° 159 sur la réadaptation
|
26 mai 1989
|
En vigueur
|
|
professionnelle des personnes
|
|
|
|
|
|
|
C161
|
convention n°161 sur les services de santé au
|
25 aout 1997
|
En vigueur
|
|
travail
|
|
|
|
|
|
|
C170
|
convention n° 170 sur la sécurité dans
l'utilisation
|
15 septembre
|
En vigueur
|
|
des produits chimiques au travail
|
1997
|
|
|
|
|
|
C173
|
convention n° 173 sur la protection des carrières
|
11 février 1999
|
En vigueur
|
|
des travailleurs en cas d'insolvabilité de leur
|
|
|
|
employeur
|
|
|
|
|
|
|
C183
|
convention n° 183 sur la protection de la
|
04 mars 2013
|
En vigueur
|
|
maternité, 2000
|
|
|
|
|
|
|
C184
|
convention n° 184 sur la sécurité et
santé dans
|
28 octobre
|
En vigueur
|
|
l'agriculture, 2001
|
2009
|
|
|
|
|
|
187
|
convention n° 187 sur le cadre promotionnel de la
|
13 octobre
|
En vigueur
|
|
sécurité et santé au travail, 2006
|
2016
|
|
|
|
|
|
|
|
|
70
|
Annexe II
TEXTES D'APPLICATION
La liste des décrets
1. Décret N°2003-252/PRES/PM/MTEJ portant fixation
du taux d'appel de cotisation du régime de sécurité
sociale géré par la caisse nationale de sécurité
sociale (CNSS)
2. Décret N° 2005 - 24 /PRES/PM/MTEJ/MFB du 31
janvier 2005 fixant l'âge de départ à la retraite des
travailleurs salariés.
3. Décret N°2005-204/PRES/PM/MFB/MTEJ portant
relèvement des pensions et des rentes servies par la Caisse nationale de
sécurité sociale
4. Décret N° 2006 - 655/PRES/PM/MTSS/MFB fixant les
salaires minima interprofessionnels garantis du 29 décembre 2006
5. Décret N° 2007- 548/PRES/PM/MTSS/ Portant
règlementation des activités des bureaux, Offices privés
de placement et d'entreprises de travail temporaire
6. Décret N°
2009-343/PRES/PM/SECU/DEF/MATD/MJ/MEF/MTSS portant règlementation des
activités des sociétés privées de gardiennage du 25
mai 2009
7. Décret N° 2009-365/PRES/PM/MTSS/MASS/MS portant
détermination de la liste des travaux dangereux interdits aux enfants au
Burkina Faso du 28 mai 2009
8. Décret N° 2009-521/PRES/PM/MAEECR/MEF/MTSS
portant ratification de l'amendement constitutionnel de l'organisation
internationale du travail adopté le 19 juin 1997 à Genève
du 17 juillet 2009
9. Décret N° 2009-522/PRES/PM/MAEECR/MEF/MTSS
portant ratification de la convention N°122 de l'organisation
internationale du travail sur la politique de l'emploi adopté le 09
juillet 1964 à Genève du 17 juillet 2009
10. Décret N° 2009-523/PRES/PM/MAEECR/MEF/MTSS
portant ratification de la convention N°142 de l'organisation
internationale du travail sur la mise en valeur des ressources humaines
adopté le 23 juin 1975 à Genève du 17 juillet 2009
71
11. Décret N°
2009-524/PRES/PM/MAEECR/MEF/MTSS portant ratification de la convention
N°183 de l'organisation internationale du travail sur la protection de la
maternité adopté le 15 juin 2000 à Genève du 17
juillet 2009
12. Décret N° 2009-525/PRES/PM/MAEECR/MEF/MTSS
portant ratification de la convention N°184 de l'organisation
internationale du travail sur la sécurité et la santé dans
l'agriculture adopté le 21 juin 2001 à Genève du 17
juillet
2009
13. Décret N° 2009-526/PRES/PM/MAEECR/MEF/MTSS
portant ratification de la convention N°187 de l'organisation
internationale du travail concernant le cadre promotionnel pour la
sécurité et la santé au travail adopté le 15 juin
2006 à Genève du 17 juillet 2009
14. Décret N° 2009-530/PRES/PM/MTSS/MASS/MS fixant
les conditions d'emploi et de formation des personnes handicapés du 17
juillet 2009
15. Décret N° 2009-661/PRES/PM / MJE/MTSS portant
composition attributions et fonctionnement du conseil national de l'emploi et
de la formation professionnelle du 24 septembre 2009
16. Décret N° 2010 - 356
/PRES/PM/MTSS/MS Portant détermination de la
nature des travaux dangereux interdits aux femmes et aux femmes
enceinte du 25 juin 2010
17. Décret N° 2010 - 806
/PRES/PM/MTSS/ Portant modalité de dépôt
de publication, traduction, d'adhésion et de retrait
d'une convention collective de travail du 31 décembre 2010
18. Décret N° 2010 - 807 /PRES/PM/MTSS/ fixant les
conditions de travail des gens de maison du 31 décembre 2010
19. Décret N° 2010 - 808 /PRES/PM/MTSS/ MJE Portant
conditions de la formation professionnelle du 31 décembre 2010
20. Décret N° 2010 - 809 /PRES/PM/MTSS/MEF/ MFPRE
Portant création, composition, attributions et fonctionnement d'une
commission Nationale du
Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti(SMIG)
21. Décret N° 2010 - 810 /PRES/PM/MTSS/ fixant la
prime d'ancienneté du 31 décembre 2010
22. Décret N° 2010 - 811 /PRES/PM/MTSS/ fixant la
prime de rendement du 31 décembre 2010
72
23. Décret N° 2010 - 812
/PRES/PM/MTSS/ portant conditions de travail de travailleurs des professions et
branche d'activités non régies par la convention collective du 31
décembre 2010
24. Décret N°2011-883
/PRES/PM/MFPTSS/MICA/MAH/MEDD portant mesures relatives à la
distribution et à l'utilisation de substances ou préparations
à
usage industriel présentant des dangers pour les
travailleurs du 08 novembre 2011
25. Décret N°2011-928 /PRES/PM/MFPTSS/MS/MATDS
fixant les mesures générales d'hygiène et de
sécurité sur les lieux de travail du 24 novembre
2011
26. Décret N°2012-633 /PRES/PM/MEF/MFPTSS portant
relèvement des salaires minima des travailleurs du secteur privé
régis par le code du travail du 24 juillet 2012
27. Décret N°2014-395 /PRES/PM/MPTSS/MS/MEF
portant institution d'une visite médicale annuelle gratuite au profit
des retraités et des ayants droits de retraités
décédés de la CARFO et de la CNSS du 19 mai 2014
28. Décret N°2014-396 /PRES/PM/MPTSS/ MEF portant
institution octroi d'un mois de pension gratuite aux pensionnés de la
CARFO et de la CNSS du 19 mai 2014
29. Décret N°2013-1338/PRES/PM/MFPTSS/MS portant
création, attributions et composition d'une Coordination Nationale (CN)
et des Coordination
Régionales (CR) des comités de
Sécurité et Santé au Travail (CSST)
La liste des arrêtés
1. Arrêté N°2006-043/MTSS/SG/DGT portant
conditions de mises en chômage technique des travailleurs et de leur
indemnisation du 24 janvier 2007
2. Arrêté N°2007-003/MTSS/DGT/DER portant
règlementation des heures supplémentaires et des modalités
de leur rémunération 07 mars 2007
3. Arrêté N°2007-004/MTSS/DGT/DER fixant les
modalités d'application de la semaine de 40heures dans le
établissement non agricole du 07 mars 2007
4. Arrêté N°2007-015/MTSS/DGT/DER portant
modalités d'application de l'article
380 du code du travail du 23 mai 2007
73
5. Arrêté
N°2007-020/MTSS/DGT/DER portant cahier de charges applicables aux bureaux,
offices privés de placement et aux entreprises de travail temporaire du
21 Novembre 2007
6. Arrêté N°2007-022/MTSS/DGT/DER fixant
liste des secteurs d'activités dans lesquels il est d'usage de ne pas
recourir au contrat de travail à durée indéterminé
du 21 novembre 2007
7. Arrêté conjoint
N°2008-002/MTSS/SG/DGT/DSST portant création, attributions,
composition et fonctionnement des comités de sécurité et
santé au travail du 06 janvier 2009
8. Arrêté N°2008-001/MTSS/SG/DGPS portant
règlementation du service des prestations de la sécurité
sociale
9. Arrêté N°2008-002/MTSS/SG/DGPS portant
modalités d'affiliation, de liquidation et de paiement des prestations
au titre de l'assurance volontaire
10. Arrêté N°2008-003/MTSS/SG/DGPS portant
modalités de l'allocation de survivants en cas de pluralité de
bénéficiaires
11. Arrêté N°2008-004/MTSS/SG/DGPS portant
règles d'établissements et de maintien de la réserve
technique dans la branche des risques professionnels
12. Arrêté N°2008-005/MTSS/SG/DGPS fixant le
taux d'incapacité permanente donnant droit au paiement mensuel des
rentes
13. Arrêté N°2008-006/MTSS/SG/DGPS portant
fixant des règles d'évaluations des avantages en nature
14. Arrêté N°2008-008/MTSS/SG/DGPS relatif
à l'affiliation, à l'immatriculation des travailleurs et autres
assurés au régime géré par la Caisse nationale de
sécurité sociale et aux obligations incombant aux employeurs dans
le fonctionnement de ce régime
15. Arrêté-conjoint N°2008-023/MTSS/MS/SG/DGPS
portant modalités d'octroi des prestations d'action sanitaire et
sociale
16. Arrêté-conjoint
N°2008-024/MTSS/MS/SG/DGPS portant création, composition,
attribution et fonctionnement d'un comité de santé chargé
de déterminer l'origine professionnelle d'une maladie
17. Arrêté-conjoint N°2008-025/MTSS/MS/SG/DGPS
portant règlementation de l'expertise médicale
74
18. Arrêté
N°2008-012/MTSS/SG/DGT/DRPPDS portant création, composition
attributions et fonctionnement de la commission Mixte Paritaire de
Négociation Salariales du secteur privé du 28 mai 2008
19. Arrêté N°2008-013/MTSS/DGT/DRPPDS
portant création, composition attributions et fonctionnement du cadre
bipartite Permanent de Concertation Patronat /Centrales Syndicales du 28 mai
2008
20. Arrêté N°2009-013/MTSS/SG/DGT/DER
déterminant le système d'organisation du travail posté du
18 décembre 2009
21. Arrêté 2009-014/MTSS/DGT/DER relatif au
régime et aux modalités de jouissance de congé payé
du 18 décembre 2009
22. Arrêté N°2009-015/MTSS/DGT/DER portant
dérogation à la périodicité de paiement du salaire
du 18 décembre 2009
23. Arrêté N°2009-016/MTSS/DGT/DER relatif aux
délégués du personnel du 18 décembre 2009
24. Arrêté N°2009-017/MTSS/DGT/DER fixant les
modalités d'application des dispositions relatives au tâcheronnat
du 18 décembre 2009
25. Arrêté N°2009-018/MTSS/DGT/DER
déterminant la fourniture de la ration alimentaire de vivres de
première nécessité, sa composition, son taux de
remboursement et son régime juridique du 18 décembre 2009
26. Arrêté N°2009-019/MTSS/DGT/DER
déterminant les conditions de fourniture du logement au travailleur
déplacé et ses modalités de remboursement du 18
décembre 2009
27. Arrêté N°2009-020/MTSS/DGT/DER fixant la
durée légale du travail les exploitations agricoles du 18
décembre 2009
28. Arrêté N°2009-021/MTSS/DGT/DER fixant les
modalités d'établissement, les formes du contrat de travail et de
l'engagement à l'essai du 18 décembre 2009
29. Arrêté N°2009-022/MTSS/DGT/DER
déterminant les emplois réquisitionnés et les conditions
et modalités de réquisition en cas de grève du 18
décembre 2009
30. Arrêté N°2009-1815/MFPRE/ portant
règlementation du service des prestations en matière de
réparation des risques professionnel du 10 septembre 2009
31. Arrêté conjoint
N°2010-010/MTSS/MASSN/SG/DGT portant, attributions, organisation,
fonctionnement et moyens d'action du service social du 17 mai 2010
75
32. Arrêté conjoint
N°2010-11 /MTSS/MJE/SG/DGT portant dérogation aux dispositions
relatives à l'interdiction de mettre à charge des demandeurs
d'emploi les honoraires et autres frais afférents à leur
recrutement du 18 mai 2010
33. Arrêté conjoint N°2010-12 /MTSS/MJE/SG/DGT
relatif au contrat de stage du 18 mai 2010
34. Arrêté N°2010-18/MTSS/SG/DGT/DER fixant les
modalités de dépôt du cautionnement du 01 décembre
2010
35. Arrêté N°2010-019/MTSS/SG/DGT/DER fixant la
contexture du bulletin de paye et du registre des paiements du 01
décembre 2010
36. Arrêté N°2010-020/MTSS/SG/DGT/DER portant
modalités de communication, de dépôt et affichage du
règlement intérieur du 01 décembre 2010
37. Arrêté N°2010-021/MTSS/SG/DGT/ DRPPDS
portant nomination d'arbitres des conflits collectifs du travail du 01
décembre 2010
38. Arrêté N°2010-022/MTSS/SG/DGT/DRPPDS
portant extension de la convention collective des journalistes professionnels
et assimilés du 01 décembre 2010
39. Arrêté conjoint N°2010-023 /MTSS/MJE/SG/DGT
relatif au contrat d'apprentissage du 13 décembre 2010
40. Arrêté conjoint N°2010-024 /MTSS/MJE/
portant délivrance de la carte de travail du 13 décembre 2010
41. Arrêté N°2011-1556/MFPTSS/SG/DGPS/DSST
fixant la liste des équipements soumis à vérification
périodique.
42. Arrêté conjoint N°2013-010/MFPTSS/MS
portant modalités et conditions de réalisation des visites
médicales et examens complémentaires
43. Arrêté conjoint N°2014-15/ MFPTSS /MS
portant organisation, fonctionnement et moyens d'actions des services de
santé du 05 mars 2014
44. Arrêté conjoint N°2014-050/MFPTSS/MICA
portant mesures relatives à l'exposition, la vente ou à la
cession des machines, appareils et installations diverses présentant des
dangers pour les travailleurs
76
Annexe III
Thème de mémoire : Promotion du Travail
Décent dans l'économie informelle :
le rôle de l'inspection du travail au Burkina
Faso.
Guide d'entretien adressé à une personne
ressource :
1) Comment l'inspection du travail rencontre-t-elle
l'économie informelle ? (A travers quelle (s) mission (s) ?)
2) Comment l'inspection du travail intervient-elle sur
l'économie informelle? (Quelle est votre méthodologie d'approche
?)
3) Comment l'inspection du travail participe-t-elle à la
formalisation des entreprises et des emplois de l'économie informelle
?
4) Comment l'inspection du travail arrive-elle à faire le
suivi des contrôles dans l'économie informelle ?
5) Quels sont les défis auxquels l'inspection du travail
est confrontée pour atteindre la multitude de travailleurs de
l'économie informelle ?
6) Quels problèmes rencontre l'inspection du travail dans
l'application de la réglementation du travail dans l'économie
informelle ?
7) Quels problèmes rencontre l'inspection du travail en
matière de protection sociale dans l'économie informelle ?
8) Quels problèmes rencontre l'inspection du travail en
matière de promotion du dialogue sociale dans l'économie
informelle ?
9) Comment l'inspection du travail participe-elle à la
lutte contre le travail des enfants dans l'économie informelle ?
77
10) Quels sont les problèmes
rencontrés par l'inspection du travail dans la lutte contre le travail
des enfants dans l'économie informelle ?
11) Quelles sont les difficultés rencontrées en cas
de sanction des entreprises de l'économie informelle ?
12) Quelles sont les relations entre l'inspection du travail et
les syndicats (travailleurs et employeurs) en matière de promotion du
travail décent dans l'économie informelle ?
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