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Mémoire de fin de formation
Certificat
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REPUBLIQUE DE COTE D'IVOIRE
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Trade / CNUCED ports
for
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programme Train de gestion moderne
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des
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2ième PROMOTON
2015-2017
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LE PORT D'ABIDJAN FACE AU DEFI
DES VIOLENCES MARITIMES :
CAS DES VOLS A BORD DES NAVIRES
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Rédigé par : Directeur de mémoire
:
COULIBALY Yetonon Ahmed Cdt SANOGO
Sékou
Contrôleur de trafic maritime Sous-Directeur de la
Sûreté
A la Vigie du PAA Maritime et Portuaire à la DGAMP
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DEDICACE
A ma très chère et tendre épouse
Kabariya Soro
&
A mes filles
Latifa, Anifa et Malika
A Tous ces hommes et femmes qui ont
embrassé
le métier de marin.
II
REMERCIEMENTS
Louange au Seigneur qui nous a permis de mener à bien
cette étude.
Merci à tous ceux qui de manière directe ou
indirecte ont contribué à sa
réalisation.
Particulièrement :
V' A M. Hien SIE, Directeur Général du
Port Autonome d'Abidjan et
au comité de direction qui nous a permis de
bénéficier de cette
formation ;
V' Au Commandant du Port d'Abidjan, le Col. COFFI
Emmanuel ;
V' A mon maître de mémoire le Cdt
Sékou SANOGO pour sa
disponibilité, ses conseils et orientations ;
V' Au Cdt SORO Sinaly responsable pédagogique
pour ses conseils ;
V' Au Cdt LATTE Serge Alfred pour les échanges
;
V' Au Cne KALO Bi Seri Chef du Service Contrôle
et Régulation du
trafic (Vigie) ;
V' A ma soeur COULIBALY Sounnonkoloni Karidja ;
V' Au personnel du MRCC Abidjan ;
V' Au personnel du service Plan d'eau du PAA ;
V' A mes collègues et amis de la Vigie du Port
d'Abidjan ;
V' A tous les experts et formateurs pour avoir
accepté de partager leurs
expériences et pour leurs précieux enseignements
;
V' Merci à la CNUCED pour cette formation.
III
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PORT AUTONOME D'ABIDJAN
Une Référence Internationale
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FICHE SIGNALETIQUE
NOM DE L'ENTREPRISE : PORT AUTONOME D'ABIDJAN
SIGLE USUEL : PAA
ADRESSE : Rue A 22 Boulevard du Port
BOITE POSTALE : BP V 85 Abidjan
TELEPHONE : 21 23 80 00 TELECOPIE :
21 23 80 80
E-Mail : info@
paa.ci Web :
www.portabidjan.ci
FORME JURIDIQUE : Société
d'État
CAPITAL : 16 000 000 000 F CFA
DATE DE CREATION : Juillet 1951
N° REGISTRE DU COMMERCE :
CI-ABJ-1994-B-182461
ACTIVITES :
Créé en 1951 et considéré comme le
poumon de l'économie ivoirienne, le Port d'Abidjan assure 80%
des échanges commerciaux entre la Côte d'Ivoire et
l'extérieur, soit 70% du Produit Intérieur Brut,
avec plus de 80% des recettes douanières. Sur son site,
il concentre la majeure partie des unités industrielles les plus
importantes de la Côte d'Ivoire et génère environ
75 500 emplois directs et indirects.
Le Port d'Abidjan offre des services de qualité aux
navires en escale sur ses installations. Sa grande capacité d'accueil et
sa position géographique stratégique lui permettent de jouer les
premiers rôles sur la Côte Atlantique de l'Afrique. Port de
transbordement et principal port des pays de l'hinterland, il traite
annuellement plus de 21 millions de tonnes de marchandises
dont environ 1 900 000 tonnes pour le Burkina Faso, le Mali et
le Niger et près de 650 000 conteneurs. Il dispose
également d'un grand port de pêche.
Société d'Etat au capital de 16 000 000 000 F CFA,
Registre de Commerce N°CI-ABJ-1994-B182461 Boîte postale V 85
Abidjan -Tél : 21-23-80-00 Téléfax : 21-23-80-80 Web :
www.portabidjan.ci
iv
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PORT AUTONOME D'ABIDJAN
Une Référence Internationale
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En outre, le Port Autonome d'Abidjan est certifié ISO
9001 : 2008 pour la qualité de ses prestations et ISO 14001 : 2004 pour
son engagement environnemental. Aussi, l'ensemble de ses installations est
déclaré conforme aux exigences du code ISPS.
Pour renforcer sa position de leader sur la Côte
Atlantique de l'Afrique, plusieurs projets ont été initiés
par l'Autorité Portuaire. Il s'agit entre autres de
l'élargissement et de l'approfondissement de la passe d'entrée du
canal de Vridi de la construction d'un deuxième terminal à
conteneurs, de la modernisation du port de pêche, de l'aménagement
de la baie de Vridi, de la construction de terminaux roulier,
céréalier, minéralier, de la construction d'une zone
logistique sur l'autoroute du nord et enfin de la construction d'une station de
traitement de déchets liquides.
Société d'Etat au capital de 16 000 000 000 F CFA,
Registre de Commerce N°CI-ABJ-1994-B182461 Boîte postale V 85
Abidjan -Tél : 21-23-80-00 Téléfax : 21-23-80-80 Web :
www.portabidjan.ci
V
Biographie de COULIBALY
Né le 04 septembre 1978 à Bingerville en
Côte d'Ivoire, COULIBALY Yetonon Ahmed obtint, en 1998,
son Baccalauréat en Science au Lycée Scientifique de Yamoussoukro
où il a passé avec succès ses études secondaires.
Dans la même année, il décrocha la bourse de l'Agence
Marocaine de Coopération Internationale (AMCI) pour poursuivre ses
études supérieures à l'Institut Supérieur
d'Études Maritimes (ISEM) de Casablanca dont il est
lauréat du diplôme d'Officier de la marine marchande
option mécanique navale en 2002. Parchemin en poche, il
retourna à sa mère patrie, la Côte d'Ivoire, où il
navigua sur des navires pétroliers dans le golfe de Guinée.
Subrécargue pour le transport de fruits entre l'Afrique et l'Europe au
compte des compagnies fruitières ivoiriennes OCAB et SCB, il se fait
admettre au cours d'Officier supérieur de la marine de
l'Académie Régionale des Sciences et Techniques de la Mer
(ARSTM) d'Abidjan en 2006. Détenteur du diplôme
d'Officier mécanicien 1ère classe de la marine
marchande, en 2007, après un bref passage dans l'industrie
sucrière, il intègre, en 2008, le Port Autonome d'Abidjan (PAA)
où il exerce, depuis lors, la fonction de Contrôleur de trafic
maritime en veillant à la sûreté et à la
sécurité de la navigation maritime.
Email :
yetcoul@gmail.com
vi
Biographie de Cdt SANOGO Sékou
Sékou SANOGO est né le 23 avril 1968 à
Daloa, en République de Côte d'Ivoire. Il a suivi tout son cursus
scolaire dans sa ville de naissance, qu'il ne quittera qu'en 1989 après
l'obtention de son baccalauréat série littéraire.
Orienté à la faculté des Lettres Arts et
Sciences de l'Université de Cocody, il y obtient une Licence en anglais
en 1991.
Ayant passé avec succès la même
année, le test d'entrée au Centre d'Etudes et de Recherche en
Communication (CERCOM) de l'Université d'Abidjan, il en sort
diplômé en 1993 avec une maîtrise en Communication, option
Communication d'entreprise.
En 1994, il se présente au concours d'entrée
à l'Ecole Nationale d'Administration (ENA), est admis et choisit de
s'orienter dans la filière des Affaires Maritimes, là où
beaucoup lui conseillaient la filière des Finances
Générales.
Après deux années de formation, il prend service
le 26 mars 1997 à la Direction des Transports Maritimes où il
occupera durant de nombreuses années la fonction de Chef de service
avant d'être promu en 2009, en qualité de Sous-Directeur de la
Sûreté Maritime et Portuaire où, il a pour mission de
suivre l'application du Code ISPS en Côte d'Ivoire. Il cumule cette
responsabilité avec la fonction d'Officier de liaison entre
l'administration des Affaires Maritimes et les Garde-côtes des
Etats-Unis.
Sékou SANOGO a suivi de nombreux et variés
stages à l'étranger où il a pu se perfectionner dans :
V' la recherche et le sauvetage à la Navy Submarine
Academy de Qingdao en Chine ; V' la formation des formateurs à la
sûreté maritime à l'ISM de Bou-Ismaïl en
Algérie ; V' l'application du Flag State Control et du Code ISPS
à IMSSEA à Gênes en Italie; V' la conduite des
opérations d'interdiction maritime de la Nato Maritime Interdiction
Training Center (NMIOTC) à Souda-Bay en Grèce.
Il a aussi participé à de nombreuses missions
comme délégué de la Côte d'Ivoire, notamment les
réunions statutaires du Comité de sécurité maritime
(MSC) de l'OMI à Londres au Royaume Uni.
vii
RESUME
Le monde de la mer est le théâtre de diverses
formes de violences que les sociétés humaines et les États
de nos jours appellent violences maritimes.
Ces violences sont, sans être exhaustif, la piraterie,
les vols à main armée, les trafics de tous genres (drogues, armes
et munitions, trafic du genre humain etc...), le terrorisme, le sabotage
etc...
Elles concernent l'ensemble de l'industrie maritime, ce qui
laisse entendre que ses victimes sont à la fois les armateurs, les
chargeurs, les équipages des navires, les ports et les auxiliaires des
transports maritimes.
Notre réflexion consignée dans le présent
mémoire a été d'essayer d'appréhender le
phénomène des violences maritimes dans une approche
générale et dans une approche beaucoup plus spécifique,
d'en entrevoir sa réalité et ses conséquences
réelles et potentielles sur le Port d'Abidjan.
Le vol qui est la violence la plus répandue et qui fait
perdre des milliards de dollars US par an à l'industrie maritime
mondiale, est celle dont nous nous sommes attelés à montrer la
réalité et les conséquences au Port d'Abidjan.
Il en a ainsi résulté que les cas de vols sont
une réalité tangible, donc incontestable au Port d'Abidjan et les
lieux de commission de l'infraction, sont aussi bien au niveau des rades
(intérieure et extérieure), qu'au niveau des quais d'accostages
des navires, en opérations ou en attente.
Les effets néfastes de ces vols ont été
démontrés (altération de la réputation du port,
impact économique et financier sur le port et l'État de
Côte d'Ivoire, etc...), en conséquence, des recommandations pour
juguler cette menace ainsi que les autres types de menaces sont
proposées et montrent que la lutte contre les violences maritimes oblige
à une synergie des actions de tous les acteurs étatiques (les
agences publiques nationales concernées), en lien avec les acteurs des
secteurs parapublics et même privés.
Ces efforts au plan national viendront renforcer et
compléter les initiatives prises au plan international, tant au niveau
de l'Organisation Maritime Internationale, des Nations Unies, qu'au niveau de
la coopération politique et diplomatique entre les États et
notamment ceux qui ont en commun l'espace du Golfe de Guinée.
VIII
SIGLES ET ACRONYMES
AIS : Automatic Identification System
AEM : Action de l'État en Mer
BCEAO : Banque Centrale des États de
l'Afrique de l'Ouest
BMI : Bureau Maritime International
CEDEAO : Communauté Economique des
États de l'Afrique de l'Ouest
CEMAC : Communauté Economique des
États de l'Afrique Centrale
CNUCED : Conférence des Nations Unies
pour le Commerce et le Développement
CIAPOL : Centre Ivoirien Antipollution
COM : Centre des Opérations de la
Marine
CMC : Centre Multinational de Coordination
CRIMGO : Critical Maritime Routes in the Gulf of
Guinea
CROSS : Centres Régionaux
Opérationnels de Surveillance et de Sauvetage DGAMP
: Direction Générale des Affaires Maritimes et
Portuaires
DOMS : Direction des Opérations Maritimes
et de la Sécurité
ETA : Estimated Time of Arrival
FACI : Forces Armées de Côte
d'Ivoire
FAO : Food and Agriculture Organization of the
United Nations
GoG : Golfe de Guinée
GOGIN : Gulf of Guinea Inter-regional Network
ICC : International Chamber Of Commerce
IDH : Indice de Développement Humain
IMB : International Maritime Bureau
IMO : International Maritime Organization
INN : Pêche Illicite, Non
déclarée et Non réglementée
ISPS : International Ship and Port Facility
Security code
MARPOL : Marine Pollution convention
ix
MEND : Movement for the Emancipation of the
Niger Delta
MOC : Marine Operation Center
MRCC : Maritime Rescue Coordination Center
OHI : Organisation Hydrographique
Internationale
OMI : Organisation Maritime Internationale
ONU : Organisation des Nations Unies
ONUDC : Office des Nations Unies contre la
Drogue et le Crime
PAA : Port Autonome d'Abidjan
PASP : Port Autonome de San Pedro
PFSO : Port Facility Security Officer
PIB : Produit Intérieur Brut
PNUD : Programme des Nations Unies pour le
Développement
PSO : Port Security Officer
RCI : République de Côte
d'Ivoire
SHOM : Service Hydrographique et
Océanographique de la Marine
SOLAS : Safety of Life at Sea
SUA : Suppression of Unlawful Acts convention
UA : Union Africaine
UE : Union Européenne
UEMOA : Union Economique et Monétaire
Ouest Africaine UNCLOS : United Nations Convention on the Law
of the Sea
USA : United States of America
VHF : Very High Frequency
VTS : Vessel Trafic Services
ZEE : Zone Economique Exclusive
X
SOMMAIRE
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
FICHE SIGNALETIQUE iii
BIOGRAPHIE v
RESUME vii
SIGLES ET ACRONYMES viii
SOMMAIRE x
Liste des graphiques xi
Liste des figures xi
Liste des tableaux xi
Liste des annexes xii
INTRODUCTION 1
1ère PARTIE : PIRATERIE MARITIME ET ENJEUX D'UNE
LUTTE 3
CHAPITRE I : CRIMINALITE MARITIME ET PIRATERIE MARITIME
3
Section I : Criminalité maritime dans le golfe de
Guinée 3
Section II : Piraterie maritime et vol à bord des navires
au Port d'Abidjan 10
CHAPITRE II : ANALYSE ET ENJEUX DE LA LUTTE CONTRE
LES ACTES DE PIRATERIE MARITIME ET LES VOLS
A BORD DES NAVIRES AU PORT D'ABIDJAN 14
Section I : Statistiques des actes de piraterie maritime et des
vols à bord des navires ...14
Section II : Enjeux de la lutte contre la piraterie maritime
22
2ième PARTIE : MOYENS ET STRATEGIES DE LUTTE
25
CHAPITRE I : STRATEGIES DE LUTTE CONTRE LES ACTES
DE PIRATERIE MARITIME ET LES VOLS A BORD
DES NAVIRES AU PORT D'ABIDJAN 25 Section I :
Cadre juridique relatif à la lutte contre la piraterie et les vols
à bord des navires 25
Section II : Moyens et procédures existants de
prévention des actes de
piraterie et des vols à bord des navires 28
CHAPITRE II : RECOMMANDATIONS POUR LA LUTTE CONTRE LES
ACTES
DE PIRATERIE MARITIME ET LES VOLS A BORD DES
NAVIRES AU PORT D'ABIDJAN 36
Section I : Réformes Administratives et Juridiques 36
Section II : Mesures de prévention et d'intervention
40
CONCLUSION 43
BIBLIOGRAPHIE 44
TABLE DES MATIERES 46
xi
LISTE DES GRAPHIQUES
Graphique 1 : Evolution des vols à
l'encontre des navires au Port d'Abidjan de 2011 à 2016 19
Graphique 2 : Part des types d'agressions de
navire de 2011 à 2016 20
Graphique 3 : Positions des navires durant les
agressions de 2011 à 2016 21
Graphique 4 : Répartition des navires
agressés par types de 2011 à 2016 22
LISTE DES FIGURES
Figure 1 : Présentation du golfe de
Guinée 4
Figure 2 : Principaux pays où ont eu lieu
les agressions des navires au cours de l'année 2015 16
Figure 3 : Diffusion de l'information relative
à la sûreté au Port d'Abidjan 34
LISTE DES TABLEAUX
Tableau 1 : Emplacements des attaques
réelles et tentatives d'attaques de 2011 à 2015 15
Tableau 2 : Statut des navires lors d'attaques
réelles de Janvier à Décembre 2015 17
Tableau 3 : Attaques réelles et
tentatives d'attaques des navires au Port d'Abidjan
de 2011 à 2016 19
Tableau 4 : Typologie des attaques de navires au
Port d'Abidjan de 2011 à 2016 20
Tableau 5 : Position des navires lors d'attaques
réelles au Port d'Abidjan de 2011 à 2016 20
Tableau 6 : Types de navires agressés au
Port d'Abidjan de 2011 à 2016 21
Tableau 7 : Récapitulatif des textes
internationaux ratifiés par la Côte d'Ivoire relatifs à
la
lutte contre la piraterie maritime 26 Tableau 8
: Enumération par service des moyens de lutte contre la
piraterie et les vols à bord
des navires au Port d'Abidjan 33
XII
LISTE DES ANNEXES
Annexe 1 : Classement mondial des pays du golfe de
Guinée selon la production de matières
premières 50
Annexe 2 : Définition de la
pêche INN selon la FAO 51
Annexe 3 : Flux du trafic
d'héroïne et de cocaïne dans le monde 52
Annexe 4 : Schéma du zonage
maritime selon la convention UNCLOS 53
Annexe 5 : Piraterie maritime dans le
monde 54
Annexe 6 : Formulaire de rapport
d'attaque 55
Annexe 7 : Vue du Port d'Abidjan 57
Annexe 8 : Architecture
régionale de sécurité maritime dans le golfe de
Guinée 58
Annexe 9 : Organigramme du PAA
relative à la gestion de la sûreté 59
1
INTRODUCTION :
La dernière décennie a vu la recrudescence des
actes de piraterie maritime. Cette pratique, que l'on croyait en voie de
disparition, est progressivement devenue un sujet d'inquiétude majeure
pour la communauté internationale et c'est son développement dans
le golfe de Guinée qui retient notre attention dans le cadre de ce
mémoire.
Le 06 octobre 2012, la Côte d'Ivoire a connu son premier
acte de piraterie. En effet, le tanker ORFEAS (longueur 228 m) transportant
environ 30.000 t de gasoil a effectué une relâche dans la rade du
Port d'Abidjan. Il a été attaqué et forcé de faire
route vers le Nigeria où il a été délesté
d'environ 2.500 t de gasoil1. Nous devons comprendre par cet acte
que la piraterie maritime ne se limite plus seulement au delta du Niger, mais
plutôt tend à se répandre dans le golfe de Guinée
car plusieurs attaques ont été signalées auparavant au
Bénin, au Togo et au Ghana.
Ainsi, la nécessité de lutter contre la
piraterie maritime devient primordiale car elle porte atteinte à la
sécurité de la navigation et perturbe les approvisionnements
commerciaux et énergétiques de nombreux États. Plus de 90%
des échanges commerciaux ivoiriens se font par voies maritimes et
principalement par le Port d'Abidjan2. Au vu de ce que
représente cette menace pour le Port d'Abidjan et pour l'économie
ivoirienne, nous avons voulu apporter notre contribution à la
résolution de ce problème à travers notre étude
intitulée : Le Port d'Abidjan face au défi des
violences maritimes : Cas des vols à bord des navires.
1- Justification
Le choix de ce thème se justifie d'une part par
l'importance que les acteurs maritimes (armateurs, chargeurs, assureurs...)
accordent à la sûreté des routes maritimes et des ports
d'escale. Selon le rapport de l'ONUDC (Office des Nations Unies contre la
Drogue et le Crime) sur la criminalité transnationale organisée
en Afrique de l'Ouest, à la suite des attaques survenues sur les navires
au Bénin en 2011, les primes d'assurance ont fortement augmenté,
ce qui s'est traduit par une diminution de 70% du trafic portuaire.
D'autre part par la préoccupation de toutes les nations
au travers de la résolution 2039 (2012) de l'Organisation des Nations
Unies (ONU) qui s'inquiète des menaces que les actes de piraterie et les
vols à main armée commis en mer dans le golfe de Guinée
font peser sur la
1Source article IMB PRC (International Maritime Bureau
Piracy Reporting Centre) 2Discours DG PAA rentrée commerciale
2014
2
navigation maritime internationale, la sécurité
et le développement économique des États de la
région. En Côte d'Ivoire, malgré les efforts consentis par
les autorités pour freiner cette menace (achat de patrouilleurs et de
vedettes ...), elle demeure persistante. Le phénomène
constaté est identique à celui qu'on retrouve ailleurs. Nous
avons affirmé plus haut que l'essentiel du commerce extérieur de
la Côte d'Ivoire étant principalement basé sur les
performances du PAA, la problématique immédiate qui doit
être la nôtre devrait être d'identifier les causes et la
persistance des vols et agressions sur les navires. Le Port d'Abidjan retient
particulièrement notre attention.
2- Objectifs de
l'étude
? Objectif général
Contribuer à freiner les attaques et les vols à
l'encontre des navires au Port d'Abidjan.
? Objectifs spécifiques
- Identifier les obstacles à la lutte contre la
piraterie maritime et les vols sur les navires au Port d'Abidjan ;
- Attirer l'attention des autorités portuaires sur la
nécessité d'accroître le nombre de patrouilles dans la zone
de mouillage extérieur ;
- Favoriser une plus grande collaboration entre les acteurs
de la lutte contre la piraterie maritime et les vols sur les navires ;
- Attirer l'attention du gouvernement ivoirien sur la
nécessité d'actualiser la législation relative à la
criminalité maritime.
3- Méthodologie
La méthodologie retenue pour mener cette étude
à terme consiste à :
? Effectuer une revue littéraire des textes relatifs
à la criminalité maritime ;
? Mener des interviews avec des experts en sécurité
et sûreté maritime ;
? Collecter les données relatives aux actes de piraterie
maritime et aux vols à bord
des navires auprès de la Vigie du PAA.
3
1ère PARTIE : PIRATERIE MARITIME ET ENJEUX
D'UNE LUTTE
CHAPITRE I : CRIMINALITE MARITIME ET PIRATERIE
MARITIME
Section I : Criminalité
maritime dans le golfe de Guinée A. Présentation du golfe de
Guinée
Le golfe de Guinée est une aire maritime contiguë
au littoral ouest-africain de l'océan Atlantique. Selon l'Organisation
Hydrographique Internationale (OHI), elle est décrite comme
une ligne passant au sud-est du Cap des Palmes au Libéria
(frontière ivoiro-libérienne) et aboutissant au Cap Lopez au
Gabon 3(voir figure 1). Plusieurs autres
définitions sont disponibles en fonction des organisations auxquelles
l'on se réfère. Au regard de la définition de l'OHI, le
golfe de Guinée regroupe les pays suivants : La Côte d'Ivoire, le
Ghana, le Togo, le Bénin, le Nigeria, le Cameroun, La Guinée
Equatoriale, le Gabon et Sao Tomé & Principe (un pays insulaire).
Ces pays, qui ont tous en commun le golfe de Guinée (GoG)
ont une diversité de cultures mais aussi de langues (pays
anglo-saxons, pays francophones et lusophones). La population de l'ensemble de
ces pays est estimée à 276.602.690 habitants4. La
population vivant le long du littoral du golfe de Guinée est très
importante car la plupart des grandes villes de ces pays sont des villes
portuaires (Abidjan, Accra, Lomé, Lagos, etc...). Le golfe de
Guinée est une région riche en ressources halieutiques,
pétrolières, minéralières, agricoles et
forestières. Voir tableau de classement mondial selon les produits en
annexe 1.
Il faut ajouter à cela les ressources des pays
enclavés (Burkina Faso, Mali, Niger, Tchad, etc...) qui sont les
hinterlands captifs des ports du littoral du golfe. Eu égard à
leurs différentes richesses, les pays du golfe de Guinée ne
peuvent rester en dehors du commerce international. On ne peut parler de
commerce international sans toutefois parler de transport maritime car
90% des échanges se font par voie maritime dans les pays en
développement5. Les routes maritimes reliant le
golfe de Guinée à l'Europe et les Etats-Unis sont plus courtes,
sans détour, plus aisées à parcourir et donc moins
coûteuses.
3Bureau hydrographique international, Limites des
océans et des mers (publication spéciale N°23,
3ième édition 1953) 4Donnée Banque
Mondiale :
www.banquemondiale.org/fr/country
5Rapport CNUCED, Revue du transport maritime 2015,
4
Figure 1 : Présentation du golfe
de Guinée Source :
https://www.google.ci/maps
De par sa position géostratégique et ses
potentialités, les grandes puissances et les acteurs privés tels
que les armateurs, les industriels, les traders, etc... convoitent cette
région. Pour preuve, le rapport d'information du sénat
français N°410 en sa session ordinaire de 2014-2015 estime
qu'environ 10 % du pétrole importé en Europe provient du golfe de
Guinée. Il conclut que le golfe de Guinée constitue un moyen de
diversifier les approvisionnements et de diminuer la dépendance
énergétique de la France, voire de l'Europe, envers les
producteurs historiques que sont : le Moyen-Orient, l'Algérie et la
Russie6.
Le paradoxe du golfe de Guinée est que, bien
qu'étant une région riche, sa population est l'une des plus
pauvres du monde7.
B. Définition de la criminalité maritime
La criminalité est la transgression de normes
juridiques. Elle se manifeste par des actes illégaux voire des
délits. Dans le domaine maritime, elle peut se définir comme tout
acte allant à l'encontre des lois ou des réglementations
nationales ou internationales. La criminalité maritime est un
fléau multiforme qui part d'actes illicites perpétrés en
mer à l'encontre des navires ou d'installations maritimes aux divers
trafics (substance illicite, personne, etc...). Elle est exécutée
par des réseaux de criminels nationaux ou transnationaux ; et se
manifeste
6Rapport d'information du sénat français
N° 410 en sa session ordinaire de 2014-2015 7Voir Classement
IDH, PNUD
5
par un certain nombre de violences que sont : la piraterie
maritime, les vols à main armée, la pêche illicite, la
contrebande de stupéfiants, l'immigration clandestine, le terrorisme
maritime, la pollution maritime, le transport de personnes
recherchées... Dans le but de mettre fin à ces violences contre
l'économie maritime, l'Organisation Maritime Internationale (OMI) a
adopté plusieurs conventions telles que la Convention pour la
répression des actes illicites contre la sécurité de la
navigation maritime (SUA Convention)8 et le code ISPS (International
Ship and Port Security code)9 introduit dans la convention SOLAS
(Safety Of Life At Sea)10.
C. Quelques types de violences maritimes
1. La pêche illicite, non
déclarée, non réglementée (Pêche
INN)
La seule définition convenue au niveau international de
la pêche illicite, non déclarée, non
réglementée (Pêche INN)11 est celle contenue
dans le plan d'action de la FAO (Food and Agriculture Organization of The
United Nations)12 voir annexe 2. La pêche INN se résume
comme étant une pêche effectuée sans autorisation et
à l'encontre de toute réglementation.
Il est important de rappeler que la pêche INN met en
péril les ressources halieutiques des États. Cela résulte
en de graves conséquences tant du point de vue économique,
écologique qu'humain. Il est avéré que cette pêche
illicite crée des pertes financières pour les États qui en
sont victimes, contribue à rompre les équilibres
écologiques et favorise l'appauvrissement des populations riveraines des
côtes dont la pêche constitue le moyen de subsistance. Le GoG dont
les eaux sont poissonneuses souffre de cette menace. Plusieurs cas de
pêche INN sont relayés par les pêcheurs honnêtes et
les organisations non gouvernementales. Malgré la faiblesse des moyens
des États du GoG, certaines marines ont réussi à
appréhender des navires s'adonnant à la pêche INN. La
marine ivoirienne a arraisonné à plusieurs occasions des navires
en situation de pêche INN dont le cas retentissant de deux bateaux
chinois arraisonnés le 26 novembre 201413.
8Convention for the Suppression of Unlawful Acts
against the Safety of Maritime Navigation ( SUA convention)
9Code international pour la sûreté des
navires et des installations portuaires (Code ISPS)
10Convention internationale de 1974 pour la sauvegarde
de la vie humaine en mer (SOLAS)
11Pêche illicite, non déclarée,
non réglementée : Pêche INN
12Organisation des Nations unies pour l'alimentation
et l'agriculture (FAO)
13Source Article de l'hebdomadaire Jeune Afrique du 01
déc. 2014, Côte d'Ivoire : deux bateaux chinois arraisonnés
pour
pêche illégale.
2.
6
Le terrorisme maritime
Dans le dictionnaire Larousse , le terrorisme est
défini comme l'ensemble des actes de violence (attentats, sabotages,
prises d'otages, etc.) commis par une organisation pour créer un climat
d'insécurité, pour exercer un chantage sur un gouvernement, pour
satisfaire une haine à l'égard d'une communauté, d'un pays
ou d'un système.
L'ONU n'ayant pas donné une définition formelle
et consensuelle du terrorisme, chaque État essaie donc de se
définir un cadre juridique qui répondra à ces
défis. Néanmoins, tout le monde s'accorde de nos jours à
qualifier d'acte terroriste , les actions de violence commises par des
individus ou organisations se réclamant de ces individus motivées
par des raisons politiques, ethniques ou religieuses, avec un impact
psychologique et médiatique recherché à l'instar de
meurtre délibéré de civils.
Dans le domaine maritime, les questions de terrorisme bien
qu'ayant de tout temps existé, ont été traitées
pour la première fois par la Convention pour la répression
d'actes illicites contre la sécurité de la navigation maritime
(Convention SUA 1) le 10 mars 1988 à Rome, suite à l'attaque du
paquebot italien Achille Lauro en 1985.
La lutte contre le terrorisme maritime est aujourd'hui prise
en compte dans le code ISPS (Code international pour la sûreté des
navires et des installations portuaires) adopté le 12 déc. 2002
suite aux attentats du World Trade Center à New York en 2001. Ce code
fut inséré dans la convention SOLAS et est entré en
vigueur le 1er juillet 2004. Le code ISPS vise également à
préserver le navire et les installations portuaires de tous actes
malveillants ou illicites.
3. La pollution maritime
On entend par pollution maritime, les définitions
telles qu'énoncées par les conventions UNCLOS et MARPOL
73/7814.
- Convention des Nations Unies sur le droit de la mer,
article 1.4 :
On entend par « pollution du milieu marin »
l'introduction directe ou indirecte, par l'homme, de substances ou
d'énergie dans le milieu marin, y compris les estuaires, lorsqu'elle a
ou peut avoir des effets nuisibles tels que dommages aux ressources biologiques
et à la faune et la flore marines, risques pour la santé de
l'homme, entrave aux activités maritimes, y compris la pêche et
les autres utilisations légitimes de la mer, altération de la
qualité de l'eau de mer du point de vue de son utilisation et
dégradation des valeurs d'agrément;
14Convention MARPOL73/78 la Convention internationale
pour la prévention de la pollution marine par les navires
7
- Convention MARPOL 73/78
Les Parties à la Convention s'engagent à
donner effet aux dispositions de la présente Convention, ainsi qu'aux
dispositions de celles des Annexes par lesquelles elles sont liées, afin
de prévenir la pollution du milieu marin par le rejet de substances
nuisibles ou d'effluents contenant de telles substances en infraction aux
dispositions de la Convention.
Si nous nous référons aux définitions
données par ces deux conventions, nous pourrons citer un nombre
pléthorique de pollutions dont est victime le golfe de Guinée
:
- Déversement d'hydrocarbures - Rejet d'eau de ballast
- Déversement des déchets solides des navires -
Rejet d'eaux usées des navires
- Peinture de coque des navires - Introduction d'espèces
invasives
4. L'immigration clandestine
L'immigration clandestine est l'entrée sur le
territoire d'un État, d'un ou plusieurs individus en violation des lois
de cet État sur l'entrée et le séjour des
étrangers. Dans le golfe de Guinée, elle est de 2 types :
- Le mouvement de personnes de pays en pays par le biais
d'embarcations de fortune.
- Le transport de passager clandestin d'un port vers un
autre.
Nous nous intéresserons ici au deuxième type qui
est relatif aux passagers clandestins dont la gestion relève des
autorités portuaires, des armateurs et des consignataires. Pour avoir
une définition nette du passager clandestin, nous allons nous
référer à La Convention sur la Facilitation du trafic
Maritime International de 1965 (Convention FAL)15, qui
définit le passager clandestin comme une personne qui est
cachée à bord d'un navire, ou qui est cachée dans la
cargaison chargée ultérieurement à bord du navire, sans le
consentement du propriétaire ou du capitaine du navire, ou de toute
autre personne responsable, et qui est découverte à bord du
navire après que celui-ci a quitté le port, ou dans la cargaison
lors du déchargement au port d'arrivée, et est
déclarée aux autorités compétentes, par le
capitaine, comme étant un passager clandestin.
Les gens auront tendance à tenter le voyage clandestin
pour fuir les violences liées aux guerres et à
l'instabilité politique dans leurs États ; pour échapper
aux persécutions politiques, ethniques ou religieuses. Les raisons
climatiques et la recherche d'une vie meilleure constituent aussi des
motivations répandues chez les clandestins.
La gestion du passager clandestin (débarquement et
rapatriement) constitue un frein au bon déroulement du voyage maritime
(retard lors des appareillages dû aux fouilles, frais
15Convention FAL : Convention on Facilitation of
International Maritime Traffic
8
administratifs de prise en charge des clandestins, mauvaises
renommées des ports...). Étant donné que plusieurs navires
en provenance du Ghana venaient faire débarquer leurs clandestins au
Port d'Abidjan, du fait des facilités qui leur avaient été
accordées, l'autorité portuaire d'Abidjan a dû prendre une
circulaire exigeant un certificat de fouille pour tout navire en provenance du
Ghana et une amende d'un million de franc CFA pour tout débarquement de
passager clandestin.
5. La contrebande de
stupéfiants
Au vu des différentes définitions que donnent
plusieurs juridictions et organismes, nous pouvons définir les
stupéfiants comme des substances chimiques ou naturelles dont la
consommation engendre un effet de dépendance qui induit une toxicomanie
et donc des problèmes de santé publiques et de
sécurité. Si la mer fut de tout temps considérée
comme un espace de libre-échange, de rencontre et d'ouverture des
peuples, il est évident que les navires constituent un vecteur pour le
transport des stupéfiants. L'annexe 3, nous permet de voir que les flux
de trafics des stupéfiants sont semblables aux routes maritimes. Le
golfe de Guinée devient selon l'ONUDC (Office des Nations Unies contre
la Drogue et le Crime) un carrefour du trafic de stupéfiant vers
l'Europe. Cette réalité est favorisée par la faillite des
élites politiques dans certains États, la corruption massive,
ajoutée à cela l'incapacité matérielle d'assurer un
contrôle sur la totalité de l'espace maritime.
6. La piraterie maritime et les vols à main
armée
La piraterie maritime est l'une des plus anciennes menaces qui
pèse sur la sécurité maritime. Son origine remonte au
moins à l'antiquité car Cicéron16
définit le pirate comme l'ennemi du genre humain : Hostis humani
generis. Étymologiquement, pirate provient du latin
Pirata, ce qui signifie celui qui tente la fortune. Dans l'entendement
général, le pirate est celui qui tente de faire fortune en
s'attaquant à un navire pour s'emparer de lui ou de sa cargaison.
Aujourd'hui, la définition de la piraterie maritime qui fait
référence au plan juridique est celle de la convention des
Nations Unies sur le droit de la mer de 1982 dite convention de Montego Bay.
Elle définit la piraterie maritime en son article 101 comme suit :
16Juriste et Homme politique Romain vécu entre
106-43 av J-C
9
Art. 101 Définition de la
piraterie
On entend par piraterie l'un quelconque des actes
suivants:
a) Tout acte illicite de violence ou de détention
ou toute déprédation commis par l'équipage ou des
passagers d'un navire ou d'un aéronef privé, agissant à
des fins privées, et dirigé:
i) Contre un autre navire ou aéronef, ou contre des
personnes ou des biens à leur bord, en haute mer ;
ii) Contre un navire ou aéronef, des personnes ou des
biens, dans un lieu ne relevant de la juridiction d'aucun État ;
b) Tout acte de participation volontaire à
l'utilisation d'un navire ou d'un aéronef ;
lorsque son auteur a connaissance de faits dont il
découle que ce navire ou aéronef est un navire ou aéronef
pirate;
c) Tout acte ayant pour but d'inciter à commettre
les actes définis aux let. a) ou b), ou commis dans l'intention de les
faciliter.
Cette définition qualifie de piraterie maritime
seulement l'acte qui a eu lieu en haute mer ou dans un lieu ne relevant de la
juridiction d'aucun État. Or, au vu des avancées technologiques
qui font qu'aujourd'hui les brigands de la mer ont des engins rapides qui leur
permettent de passer d'une zone maritime à une autre en un laps de
temps; il est difficile pour le droit international de qualifier de telles
agressions qui débutent en mer territoriale et qui s'achèvent en
haute mer ou vice-versa (voir annexe 4). Du fait de la relation qui lie l'acte
de piraterie au lieu de son exécution, l'OMI a eu à qualifier
certaines attaques de vols à main armée et a en ce sens
défini les vols à main armée au travers de la
résolution A.1025(26) du 02 décembre
2009 sur le Code de bonnes pratiques pour la conduite des enquêtes sur
les délits de piraterie et de vol à main armée à
l'encontre des navires, comme l'un des quelconques actes suivants :
(a) Tout acte illicite de violence ou de détention ou
toute déprédation, ou menace de déprédation, autre
qu'un acte de piraterie, commis à des fins privées contre un
navire, ou contre des personnes ou des biens à son bord, dans les eaux
intérieures, les eaux archipélagiques ou la mer territoriale d'un
État ;
(b) Tout acte ayant pour but d'inciter à commettre un
acte défini ci-dessus ou commis dans l'intention de le
faciliter.
Le golfe de Guinée comme nous l'avons
précédemment signifié est une zone stratégique du
fait de ses ressources minières, halieutiques et
énergétiques. Cela la positionne comme un pôle du commerce
international d'où l'importance du trafic maritime dans cette
région. Cependant le golfe de Guinée abrite aussi plusieurs pays
instables et des millions de populations qui vivent sous le seuil de
pauvreté selon l'ONU. Ces deux facteurs mis ensemble amènent des
individus à tenter fortune en s'adonnant à la piraterie maritime
et aux vols à
10
main armée sur les navires. Selon le Bureau Maritime
International (BMI) 17 les actes de piraterie maritime et vols
à main armée sont en baisse partout dans le monde sauf dans le
golfe de Guinée où les attaques sont en
progression18.
Après avoir défini les diverses violences
maritimes que l'on peut trouver dans le golfe de Guinée, nous nous
intéresserons particulièrement à la piraterie maritime et
aux vols à main armée au large de la Côte d'ivoire et au
Port d'Abidjan.
Section II : Piraterie maritime et vol à
bord des navires au Port d'Abidjan A. Adoption d'une définition pour
notre étude
Pour mieux cerner la piraterie maritime dans le GoG et plus
particulièrement en Côte d'Ivoire, il nous faut revenir sur la
définition que nous avons donnée plus haut et proposer une
définition que nous adopterons pour notre étude. Se
référer à la définition de la piraterie maritime
donnée par la convention UNCLOS réduit énormément
le nombre des actes de piraterie maritime dans le monde car selon cette
définition pour qu'on parle de piraterie maritime, il faudrait que
l'acte soit commis en haute mer. Par haute mer, selon la convention de Montego
Bay de 1982, il faut entendre l'espace maritime qui ne relève de la
juridiction d'aucun État. En d'autres termes, il ne faudra pas que
l'agression soit commise dans la zone économique exclusive (ZEE), les
eaux territoriales ou les eaux intérieures (voir annexe 4). Au vu de
cette définition, la plupart des actes d'agression contre les navires
dans le détroit de Malacca, dans la ZEE du Nigeria et en rade du Port
d'Abidjan, ne peuvent être qualifiés d'actes de piraterie
maritime. Ils doivent être qualifiés de vol à main
armée tel que décrit par la résolution
A.1025(26) de l'OMI. C'est pourquoi, pour notre étude,
nous adopterons la démarche du Bureau Maritime International qui
consiste à considérer l'acte d'agression peu importe la zone
maritime où il a eu lieu pour faire ces statistiques. Cela nous permet
d'adopter la définition suivante de la piraterie maritime:
"l'acte de monter à bord d'un navire avec l'intention de
commettre un vol ou tout autre crime et avec l'intention ou la capacité
d'utiliser la force"19. Il en ressort une
définition plus large de la piraterie maritime qui s'applique que le
navire soit accosté, au mouillage ou en mer.
S'il est vrai que la définition que nous retenons ne
s'entend pas du point de vue de la définition telle
qu'énoncée dans UNCLOS, elle a l'avantage toutefois de coller
à la réalité et
17International Maritime bureau (IMB)
18IMB, Piracy and armed robbery against ship report
for the period of 1 january to 30 june 2016
19Nathalie Fau, thèse 2003, Le nord de Sumatra:
une périphérie indonésienne sur le détroit de
Malacca : un espace partagé entre intégration nationale et
recompositions transnationales.
11
permet une approche plus pragmatique que juridique du
phénomène de la piraterie. Ces effets pour l'armateur
étant identiques quel que soit le lieu de l'agression (vol de cargaison,
prise d'otage, agressions des marins, vol de biens, etc...).
B. Causes probables des actes de pirateries maritimes
Les causes probables de la piraterie maritime sont multiples.
Elles partent de la motivation économique à des revendications
politiques et peuvent même être culturelles. Toutefois la
finalité demeure l'acquisition de biens de manière
illégale pour accroître son statut social. Nous pouvons
énumérer les causes suivantes :
- Disparition des ressources halieutiques due à
la pêche INN et à la pollution : Les populations vivant
sur le littoral du GoG sont pour la plupart des pêcheurs. Le pillage des
ressources halieutiques et la pratique de la pêche INN ont réduit
énormément les revenus de ces populations. La FAO estime à
43.532 tonnes la production halieutique ivoirienne en 2005 contre 81.523 tonnes
en 2000 soit une réduction de 47%20. Les études
menées sur le développement de la piraterie dans le golfe d'Aden
ont montré que les actes de pirateries se sont accrus suite aux pillages
des eaux somaliennes par les pêcheurs yéménites et au
tsunami du 26 décembre 2004 qui a remué les fonds marins et
ramené au rivage des déchets toxiques illégalement
déversés depuis des années21.
- L'exploration et l'exploitation
pétrolière : Le GoG est une importante zone de
production de pétrole. Les populations savent que les richesses issues
de l'exploitation des hydrocarbures sont extrêmement importantes par
conséquent elles se plaignent de la non-redistribution et se sentent
énormément frustrées de ne pouvoir en
bénéficier. Ce sentiment d'injustice amène certains
individus à agresser des navires en pensant qu'ils se font justice.
- Les revendications politiques : Le
Mouvement pour l'émancipation du delta du Niger (MEND) au Nigeria
reconnaît voler du pétrole et se livrer à la contrebande,
justifiant leurs actes par leur volonté de se réapproprier les
richesses de la région et d'exprimer leur
mécontentement22.
- La pauvreté des populations : Tous
les rapports sur les populations du golfe de Guinée sont unanimes sur
deux faits, la jeunesse et la pauvreté de la population.
20Rapport Fao 2008, Vue générale du
secteur des pêches national de la république de Côte
d'Ivoire. 21ONG Oceans Beyond Piracy et ONUDC, Somali prison survey
report : piracy motivations & deterrents. 22ONUDC, Rapport sur
la piraterie maritime dans le golfe de Guinée.
12
- La fragilité des États : La
totalité des États du golfe de Guinée sont jeunes (en
moyenne 50 ans d'indépendance) et n'ont pas une culture maritime. Les
gouvernements de ces États sont préoccupés par la gestion
territoriale et leur maintien au pouvoir. Ils estiment que la gestion de la
sécurité maritime coûte cher (acquisition de patrouilleur,
de carburant et entretient des hommes) et que les plus grandes menaces contre
leurs régimes ne proviennent pas de la mer. Suite aux interpellations de
la communauté internationale, des armateurs et aux menaces
d'approvisionnement, la donne commence à changer car plusieurs
États ont acquis des patrouilleurs et signent des accords de
coopération.
C. Types d'agressions au Port d'Abidjan
Les agressions sont très variées, nous pouvons les
catégoriser comme suit :
- Vols de biens (matériels du navire ou effets
personnels de l'équipage) à quai ou dans les zones de
mouillage.
- Attaques à main armée en mer ou au mouillage
visant à dépouiller le navire de biens ou d'une partie de sa
cargaison.
- Attaques au mouillage ou en mer suivie de
détournement de la cargaison, du navire ou prise d'otages.
1. Vols de biens à quai ou dans les zones de
mouillage
Dans ce type d'agression, l'infraction est commise soit au
port (navires à quai ou au mouillage intérieur) soit sur rade du
port. Les agresseurs utilisent de petites embarcations,
généralement des pirogues et approchent les navires tous feux
éteints. Ils utilisent des perches en bois munies de crocs au bout pour
grimper à bord des navires sans attirer l'attention des membres
d'équipage et des vigiles puis s'emparent de l'équipement du
navire ou d'effets personnels des membres d'équipage.
Généralement, les biens volés sont les amarres et les pots
de peinture. Le 24 mars 2015, le navire BREADBOX MARLIN (N°OMI 8518560) a
eu à signaler à la Vigie du Port d'Abidjan le vol de 400 m
d'amarre entre 00h00 et 02h00. Si l'on estime à 2.5 dollars US le
coût d'un mètre d'amarre alors cela reviendrait à une perte
de 1000 dollars US. Si le navire subit à plusieurs escales ce genre
d'agression, il est bien évident qu'il évitera le port. Comme
nous l'avons signifié plus haut, ces attaques ne rentrent pas dans la
définition d'acte de piraterie dans le cadre du droit de la mer puisque
les actes ne sont pas commis en haute mer. Nous les étudions cependant
car ils rentrent dans le cadre de la
13
définition que nous avons choisie pour notre
étude, à savoir celle du Bureau Maritime International. Ce
dernier considère ces actes comme des actes de piraterie maritime. Il
est important de souligner que ce genre d'attaque ne demande pas de
connaissances nautiques, et constitue le plus grand nombre des actes de
piraterie. Au Port d'Abidjan en 2016, la Vigie a enregistré 9 vols et 3
tentatives de vols sur les navires dans les zones mouillage sur un total de 13
attaques.
2. Attaques à main armée en mer ou au
mouillage visant à dépouiller le navire de biens ou d'une partie
de sa cargaison
Dans ce cas de figure, les agresseurs s'introduisent sur le
navire clandestinement comme expliqué au paragraphe
précédent ou ils l'abordent avec une embarcation rapide et
menacent les membres d'équipage afin de le faire stopper. Une fois
à bord, cela s'apparente à un véritable hold-up.
L'équipage est séquestré et les brigands s'emparent de
leurs biens, du matériel du navire ou d'une partie de la cargaison.
C'est ce type d'attaque qui a eu lieu le 16 novembre 2014 entre 00:15 et 05:55
sur le tanker SAN BERNARDINO (N°OMI 9264116) au mouillage extérieur
du Port d'Abidjan.
3. Attaques au mouillage ou en mer suivi de
détournement de la cargaison, du navire ou de prise d'otages
C'est le type d'agression le plus redouté car les
pirates interviennent avec des armes de guerre (Kalachnikov, grenade...) et ont
une bonne connaissance nautique. Cela leur permet de prendre le contrôle
total du navire, puis ils procèdent à la destruction de tous les
moyens de communication et d'identification avant de se diriger avec le navire
en haute mer où les attend le navire pirate mère. Ils
dépouillent le navire agressé de sa cargaison, de son
matériel et des biens des marins. Dans certains cas, s'ensuit une prise
d'otages avec demande de rançon. Généralement les navires
attaqués sont des pétroliers, cela pour leurs cargaisons (gasoil,
essence ou pétrole brut) ou Supply boat (navire de ravitaillement) pour
la prise d'otage. Ce genre d'attaque est très rare en Côte
d'Ivoire mais très fréquent au large du Nigeria. Abidjan a
enregistré son premier acte de piraterie le 06 octobre 2012 sur le
navire ORFEAS (longueur 228m).
14
CHAPITRE II : ANALYSE ET ENJEUX DE LA LUTTE CONTRE
LES ACTES DE PIRATERIE MARITIME ET LES VOLS A BORD DES
NAVIRES AU PORT D'ABIDJAN
Section I : Statistiques des actes de piraterie
maritime et des vols à bord des navires
Les statistiques sont un soutien vital dans le domaine
maritime. Elles donnent une vision passée et présente d'une
situation qui, lorsqu'on l'analyse, permet de faire des projections et tirer
des conclusions. En ce qui concerne la piraterie et les vols sur les navires,
les informations sont peu disponibles car les ports et les administrations
maritimes n'ont pas de canaux formels de collecte d'informations sur les
agressions des navires. A cause de la lourdeur administrative, les navires qui
subissent des agressions, s'abstiennent de les rapportées aux
autorités compétentes. Ils estiment que les procédures
sont trop longues ou que les biens volés ont une valeur minime
comparée au coût de séjour et de la procédure de
déclaration d'agression. Cela biaise donc les statistiques sur la
piraterie maritime et les vols sur les navires. La seule institution qui
produit des statistiques sur la piraterie et qui fait référence
est le Bureau Maritime International (BMI). Mais Cependant, les données
fournies par cette institution sont en deçà du nombre d'attaques
réelles perpétrées selon les dires des responsables de
ladite institution. Dans cette section, nous étudierons les statistiques
données par le BMI et celles que nous avons eu à collecter
à la Vigie du Port d'Abidjan.
A. Au niveau international
Dans le tableau 1 ci-dessous tiré du rapport annuel sur
la piraterie maritime en 2015 du Bureau Maritime International (BMI), nous
constatons que, la piraterie maritime a beaucoup baissé, passant de 439
attaques en 2011 à 246 attaques en 2015. Cette baisse très
significative est principalement due à la chute des attaques dans le
golfe d'Aden et au large de la Somalie. Le fléau avait tellement pris de
l'ampleur que plusieurs États (Etats-Unis, Russie, France, Chine,
Japon...) ont eu à mener des expéditions militaires dans le golfe
d'Aden afin de sécuriser leurs flottes marchandes et leurs
approvisionnements. C'est le cas des États de l'Union Européenne
avec l'opération Atalante (mission militaire déployée dans
le golfe d'Aden composée d'une vingtaine de bâtiments et
aéronefs et d'environ 1800 militaires23). Cependant, les
États riverains du golfe de Guinée, en particulier le Nigeria
connaissent une hausse des attaques. La Côte d'Ivoire a connu un pic
d'attaques en 2012 (5 attaques) contre une seule en 2015 selon le BMI.
23www.defense.gouv.fr/operations/piraterie/dossier-de-presentation-des-operations/operation-eu-navfor-somalie-atalante
15
La réduction de ces attaques en Côte d'Ivoire
peut se justifier par l'équipement de la marine nationale en vedettes et
patrouilleurs dès 2014. Ce qui a produit un effet dissuasif certain.
Tableau 1: Emplacements des attaques
réelles et tentatives d'attaques de 2011 à 2015
PAYS
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
SEASIA Indonesia
|
46
|
81
|
106
|
100
|
108
|
Malacca Straits
|
1
|
2
|
1
|
1
|
5
|
Malaysia
|
16
|
12
|
9
|
24
|
13
|
Myanmar (Burma)
|
1
|
|
|
|
|
Philippines
|
5
|
3
|
3
|
6
|
11
|
Singapore Straits
|
11
|
6
|
9
|
8
|
9
|
Thailand
|
|
|
|
2
|
1
|
FAREAST China
|
2
|
1
|
|
|
4
|
South China Sea
|
13
|
2
|
4
|
1
|
|
Vietnam
|
8
|
4
|
9
|
7
|
27
|
INDIANSUB Bangladesh
|
10
|
11
|
12
|
21
|
11
|
CONTINENT India
|
6
|
8
|
14
|
13
|
13
|
SOUTHAMERICA Brazil
|
3
|
1
|
1
|
1
|
|
Colombia
|
4
|
5
|
7
|
2
|
5
|
Costa Rica
|
3
|
1
|
|
|
|
Dominican Republic
|
|
1
|
1
|
|
|
Ecuador
|
6
|
4
|
3
|
|
|
Guyana
|
1
|
|
2
|
1
|
|
Haiti
|
2
|
2
|
|
|
2
|
Peru
|
2
|
3
|
4
|
|
|
Venezuela
|
4
|
|
|
1
|
1
|
AFRICA Algeria
|
|
1
|
|
|
|
Angola
|
1
|
|
|
1
|
|
Benin
|
20
|
2
|
|
|
|
Cameroon
|
|
1
|
|
1
|
1
|
Dem. Republic of Congo
|
4
|
2
|
|
1
|
3
|
Dem. Rep. of Sao Tome & Principe
|
|
|
|
1
|
|
Egypt
|
3
|
7
|
7
|
|
1
|
Gabon
|
|
|
2
|
1
|
|
Ghana
|
2
|
2
|
1
|
4
|
2
|
Guinea
|
5
|
3
|
1
|
|
3
|
Gulf of Aden*
|
37
|
13
|
6
|
4
|
|
Ivory Coast
|
1
|
5
|
4
|
3
|
1
|
Kenya
|
1
|
1
|
1
|
|
2
|
Liberia
|
|
|
|
1
|
2
|
Mauritania
|
|
|
1
|
|
|
Morocco
|
|
|
1
|
1
|
|
Mozambique
|
|
2
|
2
|
1
|
1
|
Nigeria
|
10
|
27
|
31
|
18
|
14
|
Red Sea*
|
39
|
13
|
2
|
4
|
|
Sierra Leone
|
1
|
1
|
2
|
1
|
|
Somalia*
|
160
|
49
|
7
|
3
|
|
Tanzania
|
|
2
|
1
|
1
|
|
The Congo
|
3
|
4
|
3
|
7
|
5
|
Togo
|
6
|
15
|
7
|
2
|
|
RESTOF MediterraneanSea
|
1
|
|
|
|
|
WORLD Oman
|
1*
|
|
|
2
|
|
Papua New Guinea
|
|
|
|
|
1
|
Total
|
439
|
297
|
264
|
245
|
246
|
Tous les incidents avec * ci-dessus sont attribués aux
pirates somaliens.
Source: ICC INTERNATIONAL
MARITIME BUREAU, Piracy and armed robbery against ships report for the period
of 1 January-31 December 2015
NIGERIA 14
MALAYSIA 13
VIETNAM 27
INDIA
13
INDONESIA 108
16
Figure 2: Principaux pays où ont
eu lieu les agressions des navires au cours de l'année
2015.
Sur la figure 2 ci-dessus, nous avons les principaux pays
où ont eu lieu des actes de piraterie maritime en 2015 selon le rapport
du Bureau Maritime International. On constate que 71% des actes de pirateries
en 2015 ont eu lieu dans 5 pays (Indonésie, Vietnam, Malaisie, Inde et
Nigeria).
Le BMI recueille également dans ces statistiques, la
position du navire durant l'attaque (voir annexe 5). Cela est très
important car l'analyse du tableau 2 nous montre que les navires sont plus
vulnérables lorsqu'ils sont ancrés. Sur 218 attaques
enregistrées, près de la moitié se sont effectués
lorsque les navires étaient dans des zones de mouillage.
17
Tableau 2: Statut des navires lors
d'attaques réelles de Janvier à Décembre 2015.
LOCATION
|
A QUAI
|
ANCRES
|
EN ROUTE
|
NON SPECIFIE
|
SEASIA Indonesia
|
6
|
28
|
62
|
1
|
Malacca Straits
|
|
|
5
|
|
Malaysia
|
1
|
3
|
8
|
|
Philippines
|
2
|
5
|
1
|
|
Singapore Straits
|
|
2
|
6
|
|
Thailand
|
1
|
|
|
|
FAR China
|
|
3
|
|
|
EAST Vietnam
|
3
|
22
|
1
|
|
INDIAN Bangladesh
|
|
9
|
1
|
|
SUB CONT India
|
2
|
11
|
|
|
SOUTH Colombia
|
|
5
|
|
|
AMERICA Haiti
|
|
2
|
|
|
Venezuela
|
|
1
|
|
|
AFRICA Cameroon
|
1
|
|
|
|
Dem. Rep. of Congo
|
|
3
|
|
|
Egypt
|
|
1
|
|
|
Ghana
|
|
|
2
|
|
Guinea
|
|
1
|
|
|
Ivory Coast
|
1
|
|
|
|
Kenya
|
1
|
|
|
|
Liberia
|
1
|
1
|
|
|
Mozambique
|
1
|
|
|
|
Nigeria
|
2
|
3
|
4
|
|
The Congo
|
|
4
|
|
|
RESTOF Papua NewGuinea
WORLD
|
|
|
1
|
|
Sub Total
|
22
|
104
|
91
|
1
|
Total
|
218
|
Source: ICC INTERNATIONAL
MARITIME BUREAU, Piracy and armed robbery against ships report for the period
of 1 January-31 December 2015.
Il est important de rappeler que les données
recueillies par le BMI sont collectées de deux manières. La
première, consiste à contacter le BMI par mail, fax ou
téléphone pour signaler toute tentative ou actes d'agressions
avérés. La seconde, est l'envoie d'un formulaire renseigné
comportant 46 questions (voir formulaire en annexe 6).
B. Au niveau local : Port d'Abidjan
Au Port d'Abidjan, les actes de piraterie, de vols à main
armée ou de vols peuvent être
signifiés aux personnes et services suivants :
- Le Commandant du port ;
- L'Officier de port de garde ;
- Le Service Contrôle et Régulation du Trafic (SCRT,
Vigie) ;
- Le Service Gestion des Escales ;
- Le Département Sécurité et
Sûreté ;
18
- PortSécurité (Entreprise concessionnaire de la
gestion de la sûreté au Port d'Abidjan) ; - MRCC Abidjan (Marine
Rescue Coordination Center) (Affaires maritimes) ;
- Marine Operation Center, MOC Abidjan (Marine nationale).
Généralement ces actes sont signalés par
:
- L'équipage du navire (Appel VHF,
téléphonique, mail...) ;
- L'agent maritime ;
- L'armateur ou l'affréteur ;
- Les institutions internationales (SHOM, BMI...).
Pour établir les statistiques sur les actes de
piraterie et les vols à bord des navires au Port d'Abidjan, nous avons
utilisé les registres de la Tour de Contrôle
(Vigie). Dans ces registres, les Contrôleurs de trafic notent
toutes les informations qui leurs sont signifiées par ordre
chronologique (incidents relatifs à la sécurité de la
navigation mais aussi à la sûreté). Pour notre
étude, nous avons collecté les données sur la
période allant de janvier 2011 à décembre 2016.
Le premier constat que nous faisons sur les données
collectées, est le grand nombre d'agressions qui s'est produit en 2012
(26 agressions) suivi d'une régression les années suivantes (Voir
tableau 3). Il est difficile d'expliquer les causes de la hausse des actes
d'agression en 2012. Néanmoins, deux hypothèses peuvent
être émises. La première serait la crise militaro-politique
qu'a connue la Côte d'Ivoire en 2011 suite à l'élection
présidentielle de 2010. Cette crise a créé une
déstabilisation des institutions sécuritaires du pays et une
crise socio-économique due à l'arrêt de production de
plusieurs entreprises. La deuxième serait l'intensification de la lutte
contre la piraterie maritime au large du Nigeria et du Bénin. Le foyer
de la piraterie dans le golfe de Guinée étant le Nigeria, les
pirates y sont traqués car l'approvisionnement en hydrocarbure du pays
est menacé. Les pirates sont obligés d'aller de plus en plus loin
pour tenter fortune.
Par contre, la régression des actes de piraterie se
justifie par le regain de la stabilité en Côte d'Ivoire et un
engagement de l'État ivoirien dans la lutte contre la piraterie
maritime. Cela se traduit par la participation de la Côte d'Ivoire
à la conférence sur la sécurité maritime de
Yaoundé en Juin 2013 et à l'acquisition de patrouilleurs par la
marine ivoirienne.
19
Tableau 3: Attaques réelles et
tentatives d'attaques des navires au Port d'Abidjan de 2011 à 2016
|
Janvier
|
Février
|
Mars
|
Avril
|
Mai
|
Juin
|
Juillet
|
Août
|
Sept.
|
Oct.
|
Nov.
|
Déc.
|
Total
|
2011
|
1
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
4
|
0
|
1
|
0
|
7
|
2012
|
1
|
3
|
4
|
2
|
1
|
3
|
1
|
2
|
2
|
1
|
3
|
3
|
26
|
2013
|
2
|
7
|
2
|
3
|
1
|
1
|
1
|
0
|
0
|
2
|
0
|
0
|
19
|
2014
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
0
|
1
|
0
|
0
|
0
|
1
|
1
|
5
|
2015
|
4
|
2
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
0
|
0
|
2
|
1
|
1
|
12
|
2016
|
3
|
3
|
0
|
2
|
2
|
2
|
0
|
0
|
0
|
1
|
0
|
0
|
13
|
|
Total
|
82
|
Source : Données registre Vigie PAA
30
25
20
15
10
5
0
2011 2012 2013 2014 2015 2016
7
Graphique 1: Evolution des vols à l'encontre des
navires au port d'Abidjan
de 2011 à 2016
26
19
5
12
13
La seconde analyse que nous ferons portera sur le type et le
lieu d'agression des navires au Port d'Abidjan. Sur 82 navires agressés
entre 2011 et 2016, 31 navires ont signalé des vols d'amarres et 59
navires étaient dans les zones de mouillage (43 navires au mouillage
extérieur et 16 navires au mouillage intérieur) voir les tableaux
4 et 5, et également la vue du Port d'Abidjan en annexe 7. Tout comme
l'ont montré les statistiques du BMI, on constate que la majeure partie
des agressions ont eu lieu dans les zones de mouillage du Port d'Abidjan (zone
de mouillage intérieur et zone de mouillage extérieur).
20
Tableau 4 : Typologie des attaques de
navires au Port d'Abidjan de 2011 à 2016.
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
Total
|
Tentative de vol
|
0
|
1
|
4
|
1
|
4
|
3
|
13
|
Vol
|
3
|
8
|
8
|
0
|
2
|
0
|
21
|
Vol d'amarre
|
3
|
12
|
2
|
1
|
4
|
9
|
31
|
Agression
|
1
|
4
|
3
|
3
|
2
|
0
|
13
|
Piraterie
|
0
|
1
|
2
|
0
|
0
|
1
|
4
|
Total
|
7
|
26
|
19
|
5
|
12
|
13
|
82
|
Source : Données registre Vigie PAA
Graphique 2: Part des types d'agression de navire de 2011
à 2016
Vol d'amarre
38%
Tentative de vol Vol Vol d'amarre Agression Piraterie
Agression
16%
Piraterie
5%
Tentative de vol
16%
25%
Vol
Tableau 5: Position des navires lors
d'attaques réelles au Port d'Abidjan de 2011 à 2016.
|
2011
|
2012
|
2013
|
2014
|
2015
|
2016
|
Total
|
A quai
|
0
|
1
|
1
|
0
|
0
|
0
|
2
|
M, int.
|
0
|
7
|
7
|
0
|
1
|
1
|
16
|
M, ext.
|
7
|
12
|
4
|
3
|
7
|
10
|
43
|
Rade
|
0
|
3
|
0
|
0
|
0
|
0
|
3
|
Mer
|
0
|
0
|
2
|
1
|
1
|
2
|
6
|
Pas déterminé
|
0
|
3
|
5
|
1
|
3
|
0
|
12
|
Total
|
7
|
26
|
19
|
5
|
12
|
13
|
82
|
M. ext. : Mouillage extérieur M. int. : Mouillage
intérieur Source : Données registre Vigie PAA
Graphique 3: Positions des navires durant les agressions
de 2011 à 2016
Rade
4%
Mer
7%
A quai M, int M, ext Rade Mer Pas determiné
Pas determiné
15%
A quai
2%
M, ext
52%
M, int
20%
21
Enfin, dans le tableau 6 nous avons effectué une
répartition par type des navires agressés. Cela nous a permis de
constater que parmi les navires les plus agressés au Port d'Abidjan
entre 2011 et 2016, il y a en premier lieu les navires pétroliers (22
navires) suivi des portes conteneurs (17 navires) et des navires General Cargo
(16 navires). L'importance du nombre d'agressions de ces trois types de navires
pourrait se justifier par un temps d'attente de poste à quai important.
Ce qui obligerait les navires à jeter l'ancre dans la zone de mouillage
et patienter.
Tableau 6: Types des navires
agressés au Port d'Abidjan de 2011 à 2016.
|
General Cargo
|
Porte Conteneur
|
Reefer
|
Supply
|
Tanker
|
Vraquier
|
Non ID
|
Total
|
2011
|
2
|
2
|
1
|
0
|
2
|
0
|
0
|
7
|
2012
|
6
|
6
|
1
|
3
|
4
|
4
|
2
|
26
|
2013
|
4
|
4
|
0
|
2
|
5
|
4
|
0
|
19
|
2014
|
2
|
1
|
0
|
0
|
1
|
0
|
1
|
5
|
2015
|
1
|
2
|
0
|
2
|
4
|
3
|
0
|
12
|
2016
|
1
|
2
|
1
|
0
|
6
|
3
|
0
|
13
|
Total
|
16
|
17
|
3
|
7
|
22
|
14
|
3
|
82
|
Non ID : Non identifié
Source : Données registre Vigie PAA.
General Cargo Porte Conteneur Reefer Supply Tanker Vraquier Non
ID
Tanker
27%
Graphique 4: Répartition des navires
agressés par types de 2011 à 2016
Vraquier
17%
Non ID
4%
Supply
8%
General Cargo
19%
Reefer
4%
Porte Conteneur
21%
22
L'analyse de ces données nous permet de tirer deux
conclusions ; la première est la vulnérabilité des navires
lorsqu'ils sont ancrés dans les zones de mouillages et la seconde, le
nombre croissant de vols d'amarre au Port d'Abidjan qui, si l'on ne prend
garde, va conduire à de véritables agressions armées
suivies de vol de la cargaison ou de prise d'otages.
Section II : Enjeux de la lutte contre la piraterie
maritime
Les enjeux économiques, politiques, stratégiques
et environnementaux liés à l'insécurité maritime
dans le golfe de Guinée sont majeurs pour la région, les
partenaires et la communauté internationale. Cela peut se percevoir au
travers des échanges commerciaux qu'effectuent les pays de la
région avec le reste du monde mais également à la
présence de bâtiments militaire de plusieurs États dans les
eaux du golfe de Guinée et enfin aux différentes réunions
du Conseil de sécurité de l'ONU sur la piraterie dans cette
région.
A. Enjeux économiques
Les économies des pays du golfe de Guinée sont
tributaires des exportations de matières premières (bois,
pétrole, cacao, cajou, café...) et d'importations de produits
manufacturés provenant de l'Asie, de l'Amérique et de l'Europe.
Selon la CNUCED, 90% des échanges commerciaux de ces pays se font par
voies maritimes d'où leur dépendance du trafic maritime. En
Côte d'Ivoire, la culture du cacao représente entre 15% et 20% du
Produit intérieur Brut (PIB), soit 30% des recettes d'exportation. Elle
emploie près de 600.000 planteurs et fait vivre près du quart de
la population, soit environ 6 millions de personnes.
23
A ce titre, cette filière est le principal pilier de
l'économie ivoirienne24. Le pays ne transformant qu'une
infime quantité de cacao, la quasi-totalité de la production est
exportée vers l'Europe par voie maritime. Un boycott du Port d'Abidjan
ou une hausse des frais d'assurance et de fret par les armateurs
consécutifs à l'insécurité dans la région
produira une grave crise économique.
B. Enjeux politiques
L'enjeu politique est très important car lié
à l'économie. En effet, la déstabilisation des
États passe par une rupture des chaînes d'approvisionnements et
plusieurs trafics (armes, drogues...). Afin de se financer, plusieurs
mouvements politiques autonomistes tissent des liens avec les organisations
criminelles qui s'adonnent à la piraterie maritime. Cela a pu être
constaté dans le golfe d'Aden avec la faction islamiste Al-Shabab mais
également au Nigeria avec le MEND. La piraterie crée aussi un
flux financier qui contribue à la corruption des autorités et
donc à la déstabilisation des pouvoirs publics.
C. Enjeux stratégiques
La lutte contre la piraterie n'est pas uniquement
sécuritaire, elle y va bien au-delà car la piraterie est un frein
au commerce international. Elle est une menace à la
sécurité énergétique et économique des
États. Pour étayer nos propos, nous citerons ci-dessous des
données relatives au positionnement des pays du golfe de Guinée
:
- La Côte d'Ivoire est le 1er producteur de
cacao, 1er exportateur de thon en Afrique ;
- Le golfe de Guinée est l'une des régions les
plus pétrolifères au monde : C'est la seconde province mondiale
après le Moyen Orient. Elle emmagasine une réserve prouvée
de 24 milliards de barils avec une production de 5 millions de barils/jour, sur
les 9 millions que produit le continent africain. Le Golfe de Guinée
recèle sous ses eaux de 8% des réserves mondiales de
pétrole.
La zone fournit 40% du pétrole consommé en Europe
et depuis 2015 le quart des besoins des USA en la matière25
;
- Le Nigeria est la 2ièmeéconomie du
continent africain.
24Etude monographique sur la filière cacao dans
l'UEMOA, Rapport BCEAO Juin 2014. 25 La mer du golfe de
Guinée : richesses, conflits et insécurité. Abdelhak
BASSOU
24
D. Enjeux environnementaux
Par enjeux environnementaux, nous devons comprendre ici,
l'impact d'une catastrophe maritime causée par un acte de piraterie. La
prise de contrôle d'un navire dans une région où circulent
des milliers de navires par des personnes n'ayant pas toute la
technicité de la navigation maritime est un véritable danger. Les
conséquences de cet acte pourront être : la collision ou un
échouage suivi d'une fuite de mazout ou tout autre produit nocif pour
l'écosystème. Nous avons vu plus haut que le golfe de
Guinée est une région riche en produits halieutiques ce qui
constitue pour les populations une importante source de revenus.
25
2ième PARTIE : STRATEGIES ET MOYENS DE
LUTTE
CHAPITRE I : STRATÉGIES DE LUTTE CONTRE LES
ACTES DE PIRATERIE MARITIME ET LES VOLS A BORD DES NAVIRES AU PORT
D'ABIDJAN
Section I : Cadre juridique
relatif à la lutte contre la piraterie et les vols à bord des
navires
Dans cette section, nous mettrons en exergue, les textes
internationaux et les textes nationaux relatifs à la lutte contre la
piraterie maritime.
A. Conventions et accords internationaux relatifs
à la lutte contre la piraterie maritime et les vols à bord des
navires
Dans le tableau 7 qui suit, nous avons
énuméré les différentes conventions et accords qui
traitent de la piraterie maritime et des vols à bord des navires. Tous
ces textes ont mis en place des mesures visant à prévenir ou
à réprimer les actes de violence commis en mer en particulier la
piraterie maritime. Dans le souci de conserver leur souveraineté, les
États ont fait reconduire dans toutes les conventions, la
définition de la piraterie maritime issue de la convention de
Genève sur la haute mer : « tout acte illicite de violence ou
de détention ou toute déprédation commis par
l'équipage ou des passagers d'un navire agissant à des fins
privées et dirigé contre un autre navire ou contre des personnes
et des biens à leur bord en haute mer ou dans un lieu ne relevant de la
juridiction d'aucun État ».
De nos jours, plusieurs juristes remettent en cause cette
définition car elle fixe les
quatre conditions cumulatives suivantes pour qualifier une
agression de piraterie :
- L'acte doit avoir été commis en haute mer ;
- Il doit avoir été commis avec violence ;
- Le navire « pirate » doit être un
bâtiment civil ;
- L'attaque doit avoir été menée à
des fins privées.
Ces conditions sont difficilement applicables d'autant plus
que la quasi-totalité des agressions qui ont lieu dans le GoG et
particulièrement en Côte d'Ivoire ont lieu en mer territoriale.
26
Tableau 7 : Récapitulatif des
textes internationaux signés ou ratifiés par la Côte
d'Ivoire relatifs à la lutte contre la piraterie maritime.
CONVENTION
|
DATE DE SIGNATURE
|
LIEU DE SIGNATURE
|
ENTREE EN VIGUEUR
|
DATE DE RATIFICATION PAR LA RCI
|
ARTICLE CONCERNANT LA PIRATERIE OU LES
VOLS
|
Convention de Genève sur la haute mer
|
29/04/1958
|
GENEVE
|
30/09/1962
|
-
|
Art. 14, 15, 16, 17,
18, 19, 20, 21
|
Convention des Nations Unies sur le droit de la mer
|
10/12/1982
|
MONTEGO BAY
|
16/11/1994
|
26/03/1984
|
Art. 100, 101, 102,
103, 104, 105, 106,
107
|
Convention pour la répression d'actes illicites contre
la sécurité de la navigation maritime (Convention SUA)
|
10/03/1988
|
ROME
|
01/03/1992
|
23/03/2012
|
Art. 3 à Art.15
|
Code international pour la sûreté des navires et
des installations portuaires (ISPS)
|
12/12/2002
|
|
01/07/2004
|
Code insérer à la convention SOLAS qui fut
ratifié le 05/10/1987
|
|
Résolution A.1025(26) de l'OMI
|
02/12/2009
|
|
|
|
|
le Code de conduite de Yaoundé
|
25/06/ 2013
|
YAOUNDE
|
25/06/2013
|
-
|
|
Charte de Lomé
|
15/10/2016
|
LOME
|
|
-
|
|
Résolution A.1025(26) de l'OMI : Code de bonnes
pratiques pour la conduite des enquêtes sur les délits de
piraterie et de vol à main armée à l'encontre des
navires.
Le Code de conduite de Yaoundé : Code de conduite
relatif à la prévention et à la répression des
actes de piraterie, des vols à main armée à l'encontre des
navires et des activités maritimes illicites en Afrique de l'Ouest et du
Centre.
Charte de Lomé : Charte Africaine sur la
sûreté et la sécurité maritimes et le
développement en Afrique.
27
Enfin, il est important de souligner que la Côte
d'Ivoire a ratifié la quasi-totalité des conventions
internationales et accords régionaux relatifs à la lutte contre
la piraterie maritime et les vols à bord des navires. Il lui reste
à transposer ces conventions et accords régionaux dans ces lois
et règlements nationaux.
B. Textes nationaux
En Côte d'Ivoire, les activités maritimes et
portuaires sont régies par trois textes :
- La loi n°61-349 du 9 novembre 1961 relative à
l'institution d'un Code de la Marine marchande.
- Le décret 99-318 du 21 avril 1999 portant
règlement de police du Port Autonome d'Abidjan.
- Le Décret n°2014-30 du 03 février 2014
portant organisation et coordination de l'Action de l'État en Mer
Seule la loi n°61-349 du 9 novembre 1961 (Code de la
Marine marchande) donne une définition de la piraterie maritime en ses
articles 228, 229, 230 et 231. Conformément à ces articles, peut
être poursuivi et jugé comme pirate :
- Tout individu faisant partie de l'équipage d'un
navire armé et naviguant sans être ou avoir été muni
pour le voyage de passeport, rôle d'équipage, commissions ou
autres actes constatant la légitimité de l'expédition ;
- Tout individu faisant partie de l'équipage d'un
navire ivoirien lequel commettrait à main armée des actes de
déprédation ou de violence, soit envers des navires ivoiriens ou
des navires d'une puissance avec laquelle la Côte d'Ivoire ne serait pas
en état de guerre, soit envers les équipages ou chargements de
ces navires ;
- Tout Ivoirien qui, ayant obtenu, même avec
l'autorisation du Gouvernement, commission d'une puissance
étrangère pour commander un navire armé, commettrait des
actes d'hostilité envers des navires ivoiriens ou d'États
auxquels des droits équivalents ont été reconnus, leurs
équipages ou leurs chargements ;
- Tout individu faisant partie de l'équipage d'un
navire ivoirien qui, par fraude ou violence envers le capitaine, s'emparerait
dudit navire;
- Tout individu faisant partie de l'équipage d'un
navire ivoirien qui le livrerait à des pirates ou à l'ennemi.
28
Malheureusement, cette définition de la piraterie
donnée par le Code de la Marine marchande ivoirienne qui date de 1961 ne
s'inscrit en rien dans celle donnée par la convention des Nations Unies
sur le droit de la mer. Bien vrai que la convention de Montego Bay en son
article 105 autorise les États à arrêter et à
poursuivre les auteurs d'actes de piraterie et à fixer les peines
applicables selon la nature du délit, en Côte d'Ivoire, les
sanctions requises dans le code de la Marine marchande de 1961 contre les
pirates sont les travaux forcés et la peine de
mort. Ces deux sanctions sont interdites par la constitution du 1er
août 2000 (Article 2 et 3) et celle d'octobre 2016 (Article 3 et 5). Il y
a donc un vide juridique sur la pénalisation de la
piraterie.
Section II : Moyens et
procédures existants de prévention des actes de piraterie et des
vols à bord des navires
Conscientes de la nécessité de lutter contre la
piraterie maritime et les vols à bord des navires, les autorités
ivoiriennes ont mis en place des organes et procédures de
prévention et d'intervention. Dans cette section, nous identifierons les
services et procédures impliqués dans la lutte contre la
piraterie et les vols à bord des navires.
A. Coopération internationale
Dans la lutte contre la piraterie maritime, la
coopération internationale est importante car plusieurs nations sont
concernées. La Côte d'Ivoire a signé plusieurs accords de
coopération dont les plus importants sont :
- Le Code de conduite de Yaoundé :
Cet accord de coopération fut adopté à
Yaoundé le 25 juin 2013 sous l'impulsion des Nations Unies par les
États membres de la Communauté Economique des États de
l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), de la Communauté Economique des
États de l'Afrique Centrale (CEEAC) et de la Commission du Golfe de
Guinée (CGG). Il vise à adopter une stratégie globale
comprenant :
a) L'élaboration de législations et de
réglementations nationales, là où il n'en existe pas, pour
ériger en infraction les actes de piraterie et les vols à main
armée commis en mer;
b) La mise au point d'un cadre régional de lutte
contre les actes de piraterie et les vols à main armée commis en
mer, prévoyant notamment la mise en commun d'informations et des
mécanismes de coordination des opérations dans la
région;
c) La nécessité d'accroître la
coopération internationale à tous les niveaux dans la lutte
contre la piraterie maritime et la sûreté des infrastructures
pétrolières offshore.
29
Ce sommet a posé les bases d'une coopération
régionale en établissant une division claire du travail entre les
organisations régionales (chargées de concevoir la
stratégie) et les États (chargés des opérations).
Ce qui a donné l'architecture régionale de sécurité
maritime qu'on peut voir à l'annexe 8.
- Le projet CRIMGO (Critical Maritime Routes
in the Gulf of Guinea ou Routes maritimes critiques du Golfe de Guinée)
est un projet de l'Union Européenne qui vise à aider les
gouvernements d'Afrique centrale et occidentale à rendre les principales
routes maritimes plus sûres grâce à la formation des acteurs
intervenants dans la sécurité et la sûreté maritime
et à la mise en place d'un réseau permettant l'échange
d'informations entre les pays et les agences de la région. Il
était doté d'un fonds de 4.5 millions d'euros et a duré
environ 4 ans (janvier 2013 à octobre 2016). Le projet CRIMGO a permis
la formation de plusieurs stagiaires issus de divers domaines (justice, police,
gendarmerie, marine, port, administration...).
- La Charte Africaine sur la sûreté et la
sécurité maritimes et le développement en Afrique
ou Charte de Lomé. Signée à
Lomé le 15 octobre 2016 sous l'égide de l'Union Africaine (UA),
elle s'inscrit dans le sillage du mémorandum de Yaoundé mais se
veut plus contraignante dès qu'elle entrera en vigueur. Elle
prévoit la création d'un fonds spécial "de
sécurité et de sûreté maritime" et compte faciliter
"l'accès aux informations", un point crucial considéré
jusque-là comme le maillon faible de la lutte contre les trafics
maritimes en Afrique.
- Le projet GOGIN (Gulf of Guinea
Inter-regional Network ou Réseau Inter-régional du Golfe de
Guinée). Suite à la fin du projet CRIMGO, l'Union
Européenne a décidé de mettre en place un autre projet
(GOGIN). Ce projet vise à favoriser la coopération
inter-régionale et contribuer à l'amélioration de la
sécurité et de la sûreté maritime dans les 19 pays
du Golfe de Guinée, du Sénégal à l'Angola, sur plus
de 6.000 km de côtes. Concrètement, le projet a pour objectif la
mise en place d'un réseau régional de partage de l'information
efficace, ainsi que l'amélioration des capacités
régionales de dialogue, de coordination et de pilotage
stratégique en matière maritime. Il est cofinancé à
hauteur de 9,3 M€ par l'Union Européenne (7,5 M€) et le
Danemark (1,785 M€). Le projet GOGIN a été signé le
14 octobre 2016 en marge du sommet de l'UA à Lomé. Il est
prévu durer 48 mois.
30
Bien vrai que tous ces accords sont primordiaux, il serait
important que la Côte d'Ivoire signe des accords de coopération
bilatérale avec ses voisins directs que sont le Ghana et le
Libéria pour ainsi autoriser les droits de poursuite.
B. Services impliqués
En Côte d'Ivoire, plusieurs services sont
impliqués dans la lutte contre la piraterie maritime et les vols sur les
navires. Leurs zones de compétence sont plus ou moins fixées par
les textes. Ces zones de compétence sont juxtaposées mais dans
plusieurs cas se recoupent, ce qui rend la coopération difficile entre
les services. Dans cette rubrique, nous identifierons les services
impliqués dans la lutte contre la criminalité maritime et leurs
missions.
? la Direction Générale
des Affaires Maritimes et Portuaire (DGAMP)
Elle est rattachée au ministère des transports.
Sa création date de 2005. Elle est organisée par
l'arrêté N°046/ MEMT/DGAMP du 14 mars 2005 portant
création, organisation et attributions de la DGAMP. Il stipule que la
DGAMP est chargée , sous l'autorité du Ministre des Transports ,
de la conduite de la politique des transports et des affaires maritimes ,
portuaires et fluvio-lagunaires ,du domaine public maritime et lagunaire , de
la sécurité et de la sûreté maritime ainsi que de
l'administration et des oeuvres sociales des gens de mer. Dans le cadre de
l'exercice de ses attributions, elle est dotée de trois services
opérationnels qui sont :
- Le service de la police maritime qui relève de la
sous-direction de la garde côtière. Il est chargé d'assurer
la sécurité portuaire, la surveillance des plans d'eaux
lagunaires et maritimes;
- Le service de la radiocommunication dont la mission est
d'assurer la liaison terre-mer en vue de venir en aide aux navires se trouvant
en difficulté dans les eaux sous juridiction ivoirienne ;
- Le point de contact ISPS qui assure la collecte et la
diffusion des informations relatives à la sûreté des
navires et des installations portuaires ainsi que le contrôle et le suivi
des activités liées à la sûreté.
? la marine nationale
C'est une composante de l'armée ivoirienne. Elle est
l'instrument central de la mise en oeuvre des missions de surveillances et de
contrôles des activités dans les eaux sous juridictions
ivoiriennes. En matière de sécurité et de
sûreté maritimes et fluvio-lagunaires, ses compétences sont
:
- La surveillance des eaux maritimes, fluvio-lagunaires et des
installations portuaires ;
31
- La participation à la sûreté des
installations offshore ;
- La participation à la coordination des
opérations de recherche, d'assistance et de sauvetage dans les eaux
ivoiriennes ;
- La participation à la surveillance et au
contrôle des pêches et à la lutte contre la pêche INN
;
- La participation à la lutte contre la pollution
marine accidentelle, à la lutte contre toutes les formes de
criminalité, à la lutte contre la piraterie maritime et le
terrorisme en mer.
Il est important de souligner que depuis 2013, l'État
de Côte d'Ivoire a entrepris une politique d'équipement de sa
marine qui dispose aujourd'hui de trois patrouilleurs et de
plusieurs vedettes. La marine ivoirienne dispose également d'un Centre
Opérationnel Maritime (COM), pour se conformer aux directives du sommet
de Yaoundé.
? Groupe de Sécurité Portuaire de la
Gendarmerie nationale
Chargé de la protection des sites stratégiques
du Port d'Abidjan. Il dispose d'une brigade lagunaire stationnée au
Fascinage dans le canal Vridi. La gendarmerie est mise à la disposition
du Commandant du port pour emploi.
? PortSécurité (Entreprise
concessionnaire de la gestion de la sûreté au Port d'Abidjan)
Dans le but de maintenir sa certification au code ISPS obtenue
le 1er Juillet 2004, le PAA a concédé en BOT (Built
Operate and Transfert) la réalisation et les investissements relatifs
à la sûreté à PortSécurité qui est une
entreprise privée (concession signée le 12 déc. 2012). A
cette entreprise sont dévolues les missions suivantes :
- Assurer la sûreté sur le plan d'eau lagunaire et
sur les installations portuaires ;
- Investir pour la réalisation d'infrastructures et
l'achat d'équipements de sûreté.
? la Capitainerie du Port d'Abidjan
L'ordre public en particulier la sécurité et la
sûreté dans la zone portuaire est assuré par la police
portuaire tel que prévu dans le décret n° 99-318 du 21 Avril
1999 portant règlement de police du Port d'Abidjan.
- Règlement de police du Port d'Abidjan
Article 6 : Le Commandant du Port
d'Abidjan est, sous les ordres immédiats du Directeur
Général du Port Autonome d'Abidjan, responsable de l'ordre public
dans les limites de la circonscription du Port d'Abidjan.
32
Il exerce à cet effet une action générale
sur tous les services publics en ce qui concerne les affaires qui
intéressent directement l'ordre public.
Le Commandant du Port est l'Officier de Sûreté du
Port d'Abidjan (PSO). Il coordonne toutes les activités
relatives à l'application du code ISPS.
La zone sous douane étant subdivisée en
plusieurs installations portuaires, tous les agents de sûreté de
ces installations (PFSO) exercent sous son autorité.
Le PAA, dans sa politique de lutte contre les actes illicites
et autres formes de banditisme a mis en place l'architecture des services telle
que présentée dans l'organigramme à l'annexe 9.
C. Moyens de la lutte
Dans la lutte contre la criminalité maritime en
Côte d'Ivoire, plusieurs services interviennent avec les moyens dont ils
disposent. Bien que l'État fasse des efforts pour l'équipement
des services, les moyens alloués à chaque service restent
limités. La Marine nationale ne dispose que de trois patrouilleurs pour
assurer la sécurité des 515 km de côtes ivoiriennes et plus
de 200.000 km2 d'espace maritime. Quant à la brigade
lagunaire, elle ne dispose que de 31 gendarmes, 2 vedettes et 2 zodiacs. Comme
le montre le tableau 8, les moyens dont disposent les services d'intervention
au Port d'Abidjan sont très limités.
33
Tableau 8 : Enumération par
service des moyens de lutte contre la piraterie et les vols à bord des
navires au Port d'Abidjan
Service
|
Effectif
|
Patrouilleur
|
Vedette
|
Zodiac
|
Armé
|
Homme par quart
|
Zone de
compétence décrétée
|
Zone de
compétence opérationnelle
|
Police portuaire
|
9
|
0
|
3
|
0
|
NON
|
2
|
Lagune et Rade
|
Lagune
|
Police maritime
|
-
|
0
|
0
|
0
|
-
|
-
|
Lagune et Rade
|
Lagune
|
Brigade lagunaire de la Gendarmerie du Port
|
31
|
0
|
2
|
2
|
OUI
|
-
|
Lagune et Rade
|
Lagune
|
Marine nationale
|
-
|
3
|
-
|
-
|
OUI
|
-
|
Lagune, Rade et Mer
|
Lagune, Rade et Mer
|
PortSécurité
|
-
|
0
|
-
|
-
|
NON
|
-
|
Lagune et Rade
|
Lagune
|
34
D. Procédures existantes de lutte contre les vols
à bord des
navires
Comme nous l'avons indiqué dans une partie de ce
mémoire, l'information relative à une attaque peut être
reçue par divers services et canaux de communication au Port d'Abidjan.
Très souvent cette information est reçue par la Vigie par VHF.
Celle-ci se charge de la diffuser aux services d'intervention. Nous
présenterons 3 cas de figures où les points focaux qui
reçoivent l'information sont le Commandant du port, l'Officier de port
de garde et la Vigie. Voir figure 3. Ces différents cas de
réception et de diffusion de l'information ne sont pas efficaces car la
collecte de renseignements diffère d'une entité à
l'autre.
ENTREPRISE PORTSECURITE
OFFICIER DE PORT
GENDARMERIE
COMMANDANT DU PORT
MRCC AFFAIRES MARITIMES
VIGIE
TRANSMISSION
SERVICE PLAN D'EAU
COM MARINE MARINE NATIONALE
Figure 3 : Diffusion de l'information
relative à la sûreté au Port d'Abidjan. 1er Cas
: Information reçue par la Vigie.
OFFICIER DE PORT
ENTREPRISE PORTSECURITE
GENDARMERIE
MRCC
AFFAIRES MARITIMES
COMMANDANT DU PORT
VIGIE
TRANSMISSION
SERVICE PLAN D'EAU
COM MARINE MARINE NATIONALE
35
Figure 3 : Diffusion de l'information
relative à la sûreté au Port d'Abidjan.
2ième Cas : Information reçue par le Commandant
du port.
ENTREPRISE PORTSECURITE
VIGIE
GENDARMERIE
MRCC
AFFAIRES MARITIMES
OFFICIER DE PORT
COMMANDANT DU PORT
TRANSMISSION
SERVICE PLAN D'EAU
COM MARINE MARINE NATIONALE
Figure 3 : Diffusion de l'information
relative à la sûreté au Port d'Abidjan.
3ième Cas : Information reçue par un Officier de
port.
36
CHAPITRE II : RECOMMANDATIONS POUR LA LUTTE CONTRE
LES ACTES DE PIRATERIE MARITIME ET LES VOLS A BORD DES NAVIRES AU PORT
D'ABIDJAN
Suite à notre étude, les propositions que nous
ferons, se présenterons en deux groupes. Le premier groupe concernera
les réformes administratives et juridiques et le second sera relatif aux
procédures.
Section I : Réformes administratives et
juridiques
A. Amendement des textes juridiques
ivoiriens
Comme nous l'avons vu plus haut, les textes juridiques
ivoiriens relatifs à la lutte contre la piraterie maritime et les vols
à main armée à bord des navires sont limités et ne
répondent pas aux conventions internationales. Nous proposons que ces
textes soient modifiés afin de prendre en compte la définition de
la piraterie maritime et des vols à main armée donnée par
la convention de Montego Bay et la convention SUA mais également qu'il
soit institué un cadre juridique répressif afin de sanctionner
les auteurs de ces actes. La Côte d'Ivoire ayant ratifié la
convention SOLAS, il est également important d'instituer le
décret portant application des dispositions du chapitre XI-2 de cette
convention et du Code ISPS.
B. Coopération et équipement des
services nationaux
Du point de vue institutionnel, la lutte contre la
criminalité maritime fait intervenir plusieurs administrations (justice,
port, affaires maritimes, défense, douanes, police, affaires
étrangères...). Il est important que toutes ces agences
nationales puissent coopérer et mutualiser leurs actions afin
d'être efficaces. Le gouvernement ivoirien l'a si bien compris que dans
le cadre de la réforme du secteur de la sécurité, il a
adopté une stratégie de l'Action de l'État en Mer (AEM) en
prenant le Décret n° 2014-30 du 03 février 2014
portant organisation et coordination de l'Action de l'État en
Mer. Cette stratégie vise à organiser et à
coordonner l'action des différentes administrations compétentes
afin de mutualiser les moyens relatifs aux missions de sécurité
et de sûreté maritimes, de protection de l'environnement marin, de
gestion du patrimoine et des ressources marines ainsi que la sauvegarde des
personnes et des biens en mer. Les décrets d'application de l'AEM seront
les bienvenus et permettront de façon plus claire à faire
ressortir la cohérence des actions entre les administrations
concernées. Il est clair
37
donc que les décrets portant nomination des
préfets maritimes enclencheront une dynamique pratique dans la mise en
oeuvre de l'AEM.
Les recommandations suivantes nous paraissent
également pertinentes :
Au gouvernement :
- Créer le long des côtes ivoiriennes des centres
de veille et d'observation pour surveiller et collecter des informations sur
les mouvements de navires suspects afin de renforcer la sécurité
maritime et alerter les navires en cas de menaces ;
- Continuer le processus de modernisation et
d'équipement de la marine ;
- Demander à la Marine nationale de faire mouiller un
patrouilleur entre 18 :00 et 07 :00 dans la zone de mouillage extérieur
du Port d'Abidjan. (la quasi-totalité des attaques ont lieu la nuit dans
cette zone) ;
- Accroître le nombre de patrouilles ;
- Fournir une formation aux membres du système
judiciaire, notamment les magistrats et les procureurs, sur les
problèmes d'application du droit maritime concernant la piraterie, le
trafic de drogue, la pêche INN et le trafic d'armes légères
;
- Enquêter sur les réseaux de trafic de carburant
afin d'identifier les entreprises impliquées dans des activités
illégales (trafic de carburant et piraterie maritime sont très
liés);
- Stimuler la création d'emplois le long des
côtes, en particulier en protégeant la pêche artisanale, en
encourageant la transformation locale du produit de la pêche, en
développant la formation professionnelle pour les populations
vulnérables et en réinvestissant les avoirs des trafiquants de
pétrole saisis dans des projets de développement ;
- Exiger l'installation de transpondeurs AIS (Automatic
Identification System), sur les bateaux de pêche et vedettes afin de les
identifier.
Au Port d'Abidjan:
- Réhabiliter l'appontement hydrographique de la berge
Ouest du canal de Vridi afin que la marine nationale puisse y faire accoster
des vedettes et avoir une plus grande mobilité ;
- Faire organiser des visites et échanges entre les
contrôleurs de trafic maritimes et les services intérieurs et
extérieurs au port qui interviennent dans la lutte contre la
criminalité afin de s'imprégner des conditions de travail les uns
des autres ;
38
- Participer à des actions sociales pour le
bien-être des pêcheurs artisans et des populations
côtières. ;
- Mener des actions de sensibilisation de la population visant
à encourager les travailleurs portuaires, les pêcheurs, les
habitants du bord de mer et les marins à observer, enregistrer et
transmettre toute activité suspecte à la capitainerie et aux
forces de l'ordre ;
- Augmenter les patrouilles de PortSécurité
(Entreprise concessionnaire de la gestion de la sûreté au Port
d'Abidjan);
- Augmenter le nombre d'agents et de patrouilles du service
Plan d'eau ainsi que leurs fréquences de prise de carburant ;
- Demander à tout navire pétrolier ancré
dans la zone de mouillage extérieur du Port d'Abidjan de contacter la
Vigie sur les canaux 12 ou 16 chaque 3 heures pour un bilan sécuritaire
entre 19h00 et 06h00.
C. Création d'un comité de
sûreté maritime et portuaire
Le manque de coordination des actions et de mutualisation des
ressources des administrations nationales intervenant dans la lutte contre la
criminalité maritime constitue une entrave majeure au succès de
ladite lutte. Pour pallier à cela, la Côte d'Ivoire a
adopté une stratégie nationale de l'Action de l'État en
Mer. Cette stratégie vise à organiser et coordonner l'action des
différentes administrations ainsi qu'à mutualiser leurs moyens
dans la lutte contre les violences maritimes. Pour le suivi de la mise en
oeuvre de l'AEM, un cadre institutionnel a été défini avec
la création d'un comité interministériel
présidé par le Premier ministre, d'un secrétariat
permanent du comité interministériel et enfin de
préfectures maritimes gérées par des préfets
maritimes. La stratégie de l'AEM est venue à point nommé
car elle permet d'avoir une meilleure structuration des missions des diverses
administrations et surtout la coopération et la mutualisation des
moyens. Nous ne pouvons qu'encourager le gouvernement à prendre tous les
décrets relatifs à la mise en oeuvre de l'AEM. Bien vrai que
l'AEM vise l'ensemble des missions incombant à l'État en mer,
nous proposons également la création d'un comité
national de sûreté maritime et portuaire. Ce
comité pourra être une entité opérationnelle mise
sous la tutelle du Premier ministre avec un secrétariat permanent
attribué au ministère qui aura en charge les affaires maritimes
et portuaires. Ces missions pourront être :
- d'assurer en matière de sûreté maritime
et portuaire, la coordination entre les opérateurs portuaires et
maritimes et les services de l'administration maritime ;
39
- de suivre l'évolution de la réglementation
internationale relative à la sûreté maritime et
portuaire en vue de son adaptation au niveau national ;
- de veiller à la mise en oeuvre des plans de
sûreté des navires et des plans de sûreté des
installations portuaires ;
- de veiller à la mise en oeuvre des programmes
d'équipement et de formation des
personnels chargés de la sûreté maritime et
portuaire ;
- de gérer les conflits de compétence entre les
administrations intervenant en mer.
Proposition de composition du comité :
- Un représentant du Premier Ministre ;
- Un représentant du Ministre des transports ;
- Un représentant du garde des sceaux, Ministre de la
justice ;
- Un représentant du Ministre de l'intérieur ;
- Un représentant du Ministre des affaires
étrangères ;
- Un représentant du Ministre chargé du budget ;
- Un représentant du Ministre de la défense ;
- Un représentant par port (PAA, PASP) ;
- Un représentant de la DGAMP ;
- Un représentant de la Direction général
des douanes ;
- Un représentant du CIAPOL ;
- Un représentant de l'état-major des FACI (Forces
Armées de Côte d'Ivoire) ;
- Un représentant de la Gendarmerie nationale ;
- Un représentant de la Police nationale.
D. Coopération régionale et
internationale
Après avoir pris les mesures nationales internes afin
de réduire l'ampleur de la criminalité maritime, il est important
d'utiliser le deuxième levier primordial dans cette lutte qui est la
coopération régionale et internationale. Pour cela, il faudra
:
- Encourager les États à signer et ratifier les
instruments internationaux, régionaux et continentaux pertinents pour
prévenir et lutter contre la criminalité maritime;
- Signer des accords bilatéraux afin de faciliter
l'échange d'informations, les poursuites judiciaires, les arrestations,
les extraditions et la coopération entre les États dans la lutte
contre la criminalité maritime. L'un des points importants de cette
coopération pourra être, les patrouilles conjointes entre la
marine ivoirienne, ghanéenne et libérienne et
40
surtout le droit de poursuite. Le fonctionnement prochain du
Centre Multinational de Coordination (CMC) d'Accra devrait grandement aider
à prendre en compte cette préoccupation ;
- Mettre en place des programmes de développement,
particulièrement dans le delta du
Niger car le Nigéria constitue l'épicentre de la
piraterie dans le golfe de Guinée ; - Mettre en place un guichet unique
chargé de centraliser toutes les aides multilatérales
destinées à la lutte contre la
criminalité maritime en Côte d'Ivoire;
- S'inspirer du recueil des meilleures pratiques de gestion
pour la protection des navires contre la piraterie dans le golfe d'Aden pour
rédiger un recueil pour le golfe de Guinée.
Section II : Mesures de prévention et
d'intervention
La prévention est l'élément-clé
dans la lutte contre la piraterie maritime. Elle débute avec la prise de
conscience du danger que représente la piraterie suivie de la
nécessité de former les acteurs face à la menace. La
formation des acteurs consistera tant pour l'équipage des navires que
pour les autorités chargées de réprimer la
criminalité maritime à mettre en place des procédures et
effectuer des exercices dans le but d'avoir un comportement proactif
plutôt que réactif face à la piraterie.
A. Mesures de prévention
Les mesures de prévention se situent à deux niveaux
:
? Mesures de prévention du navire
- Garder l'AIS (Automatic Identification System) branché
;
- Installer des dispositifs de protection visibles tels que les
barbelés à lame ;
- Accroître la veille et renforcer la vigilance ;
- Contrôler les accès à la passerelle, aux
locaux d'habitation et aux salles des
machines ;
- Signaler tout ce qui semble suspect autour du navire à
la Vigie ;
- S'assurer que les moyens de communication (valises satellites,
radio VHF...) et les
moyens électroniques du bord (GPS, balise d'alerte,
radar...) fonctionnent de façon
optimale ;
- Rester discret lors des escales sur le programme (dates,
parcours) et la cargaison ;
41
Ces mesures ne sont pas exhaustives, l'armateur ou le
Commandant du navire pourra prendre toutes les mesures nécessaires pour
se protéger en restant conforme au droit ivoirien, ils pourront
également suivre les instructions de l'OMI sur les bonnes pratiques dans
la lutte contre la piraterie.
? Mesures de prévention de l'État et du
Port d'Abidjan
- Augmenter le nombre de patrouilles (Marine nationale,
PortSécurité, Service Plan d'eau et Gendarmerie) ;
- Faire mouiller un patrouilleur dans la zone de mouillage
extérieur entre 18 :00 et 07 :00 (prévoir une flexibilité
en cas de variation de la menace ou de changement du mode opératoire des
pirates) ;
- Impliquer les acteurs de la pêche artisanale dans la
lutte contre les violences maritimes notamment pour ce qui concerne le
renseignement ;
- Exiger aux vedettes et bateaux de pêche de
s'équiper d'AIS afin de les identifier.
B. Procédures d'intervention
Lorsqu'un navire subit une attaque, il est important d'avoir
des procédures claires pour chaque service qui intervient afin
d'être plus efficace. En ce qui concerne les services qui
reçoivent les alertes ou détresse (Vigie, MRCC, COM marine,
etc...) il est important qu'ils aient une fiche de recueil d'informations
identique afin de recouper leurs informations. Cette fiche devra permettre
d'identifier le navire, le type d'agression, le lieu de l'agression etc...
Nous proposons la fiche suivante:
42
FICHE PIRATERIE / VOL A MAIN ARMEE
Info attaque reçue de le .../ / à .h
. Identification du navire et sa position
Nom du navire : . Date et Heure d'appel : N°
OMI :
Indicatif d'Appel : Type de navire : MMSI
Pavillon : Route et vitesse : Position
(Lat./Long.) :
Mer Rade Mouillage Ext. Mouillage Int.
Cargaison : Armateur :
Port de provenance : Port de destination :
Info équipage :
Nombre : Nombre de blessés : Nombre de morts:...
Qui a le contrôle du navire ? Equipage Assaillants
Existence d'une citadelle : Oui
|
Non
|
Position de l'équipage : Dans la citadelle En dehors de la
citadelle
Renseignements relatifs aux assaillants
Nombre de pirates/voleurs : Durée de l'attaque :
Langues parlées :
Armes utilisées : Embarcation utilisée :
Vol avec agression et menace
|
Vol simple
|
Vol de cargaison
|
Vol matériel Vol effets personnels
Caractéristiques distinctives
Renseignements complémentaires
Cette attaque a été relayée le / /
à h aux services suivants
Signature Opérateur Signature Chef de quart
43
Conclusion :
Parler des violences maritimes de nos jours, revient à
évoquer un phénomène qui remonte à la nuit des
temps, mais qui au regard de la réalité du monde moderne, peut
contribuer à fragiliser les équilibres politiques et
économiques des États de la planète si les mesures et les
efforts pertinents pour les combattre ne sont pas mis en oeuvre afin de les
annihiler,
Il est largement démontré en effet que
l'essentiel des échanges économiques entre les nations se fait
par voie maritime et que cette réalité continuera de persister
pendant les nombreux autres siècles à venir ; ceci à cause
du volume des cargaisons transportées, de la taille des cargaisons
transportées et de la distance entre les continents.
Le maintien donc de ces grands équilibres ne peut faire
l'économie des efforts combinés des Organisations internationales
et des États pour combattre tous les types de violences et bien
d'autres, évoqués dans notre étude.
Le cas spécifique de la violence qu'est le vol à
bord des navires que nous avons traité, au regard de sa persistance au
Port d'Abidjan, du fait de son caractère pernicieux et des importantes
pertes financières qu'il occasionne est une menace tout aussi grave que
les autres.
Il convient dès lors d'intégrer dans les
contre-mesures qui sont mises en oeuvre, le vol comme une menace majeure et
combattre cette infraction par des actions tant au niveau de l'autorité
portuaire, qu'au niveau de la politique globale de l'État en
matière de sûreté maritime.
44
BIBLIOGRAPHIE
Conventions, Traités et
résolutions
Bureau hydrographique international, Limites des océans et
des mers (publication spéciale N°23, 3ième
édition 1953).
Code International pour la Sûreté des Navires et des
Installations Portuaires, Code ISPS. Convention on Facilitation of
International Maritime Traffic.
Convention internationale pour la prévention de la
pollution marine par les navires. Convention des Nations Unies sur le Droit de
la Mer de 1982.
Convention pour la répression des actes illicites contre
la sécurité de la navigation(SUA) 1988 et son protocole de
2005.
Convention pour la Sauvegarde de la Vie Humaine en mer (SOLAS)
1974.
International Maritime Organization, Code of practice for
investigation of the crimes of piracy and armed robbery against ship, IMO Doc.
A22/Res.922, 22 January 2009.
IMO, MSC.1/Circ.1333, 26 June 2009, « Piracy and Armed
Robbery: recommendations to Governments for preventing and suppressing piracy
and armed robbery against Ships », http://www.imo.org/
IMO Resolution A.1025 (26), code of practice for the
investigation of crimes of piracy and armed robbery against ships, 18 January
2010. http://www.imo.org/
Security Council. Resolution 2039 (2012), adopted by the Security
Council at its 6727th meeting, on 29 February 2012.
http://www.un.org/
Plan d'action international de la FAO visant à
prévenir, à contrecarrer et à éliminer la
pêche illicite, non déclarée et non
réglementée de 2001.
Textes, documents officiels, rapports
Constitution ivoirienne de 2016
Côte d'Ivoire : Loi n° 61-349 du 9
novembre 1961, relative à l'institution d'un Code de la Marine
Marchande.
Côte d'Ivoire : Arrêté
N° 046 MEMT/DGAMP du 14 mars 2005 portant organisation et attributions de
la Direction Générale des Affaires Maritimes et Portuaires.
45
Rapport BCEAO Juin 2014, Etude monographique sur
la filière cacao dans l'UEMOA. Rapport CNUCED, Revue du
transport maritime 2015.
Rapport FAO 2008, Vue générale du
secteur des pêches national de la république de Côte
d'Ivoire.
Rapport d'information du sénat français
N° 410 en sa session ordinaire de 2014-2015. Rapport
ONUDC, Criminalité Transnationale Organisée en Afrique
de l'Ouest : Une Evaluation des Menaces.
International Maritime Bureau, Piracy and armed
robbery against ship report 2015.
Thèses, Mémoires
Abdelhak BASSOU, La mer du golfe de
Guinée : richesses, conflits et insécurité.
Nathalie Fau, thèse 2003, Le nord de
Sumatra: une périphérie indonésienne sur le détroit
de Malacca : un espace partagé entre intégration nationale et
recompositions transnationales.
YAPO MARINA MADEL, La lutte contre la
criminalité maritime dans le golfe de Guinée : cas de la
Côte d'Ivoire et du Nigeria.
Articles et revues
Hebdomadaire Jeune Afrique du 01 déc.
2014, Côte d'Ivoire : deux bateaux chinois arraisonnés pour
pêche illégale.
Hugues Eudeline, «Contenir la piraterie:
des réponses complexes face à une menace persistante», Focus
stratégique, n°40, novembre 2012.
46
TABLE DES MATIERES
DEDICACE i
REMERCIEMENTS ii
FICHE SIGNALETIQUE iii
BIOGRAPHIE v
RESUME vii
SIGLES ET ACRONYMES viii
SOMMAIRE x
Liste des graphiques xi
Liste des figures xi
Liste des tableaux xi
Liste des annexes xii
INTRODUCTION 1
1- Justification 1
2- Objectifs de l'étude 2
3- Méthodologie 2 1ère PARTIE :
PIRATERIE MARITIME ET ENJEUX
D'UNE LUTTE 3
CHAPITRE I : CRIMINALITE MARITIME ET PIRATERIE
MARITIME 3
Section I : Criminalité
maritime dans le golfe de Guinée 3
A. Présentation du golfe de Guinée 3
B. Définition de la criminalité maritime 4
C. Quelques types de violences maritimes 5
1. La pêche illicite, non déclarée, non
réglementée (Pêche INN) 5
2. Le terrorisme maritime 6
3. La pollution maritime 6
4. L'immigration clandestine 7
5. La contre bande de stupéfiants 8
6. La piraterie maritime et les vols à main armée
8
Section II : Piraterie maritime et vol à
bord des navires au Port d'Abidjan 10
A. Adoption d'une définition pour notre étude
10
B. Causes probables des actes de pirateries maritimes 11
C.
47
Type d'agression au Port d'Abidjan 12
1. Vols de biens à quai ou dans les zones de mouillage
12
2. Attaques à main armée en mer ou au mouillage
visant à
dépouiller le navire de biens ou d'une partie de sa
cargaison 13
3. Attaques au mouillage ou en mer suivi de
détournement
de la cargaison, du navire ou de prise d'otages 13
CHAPITRE II : ANALYSE ET ENJEUX DE LA LUTTE CONTRE
LES ACTES DE PIRATERIE MARITIME ET LES VOLS
A BORD DES NAVIRES AU PORT D'ABIDJAN 14
Section I : Statistiques des actes de piraterie
maritime et des vols à bord des navires... .... ...14
A. Au niveau international 14
B. Au niveau local : Port d'Abidjan 17
Section II : Enjeux de la lutte
contre la piraterie maritime 22
A. Enjeux économiques 22
B. Enjeux politiques 23
C. Enjeux stratégiques 23
D. Enjeux environnementaux 24
2ième PARTIE : MOYENS ET STRATEGIES DE
LUTTE 25
CHAPITRE I : STRATEGIES DE LUTTE CONTRE LES ACTES
DE PIRATERIE MARITIME ET LES VOLS A BORD
DES NAVIRES AU PORT D'ABIDJAN 25
Section I : Cadre juridique relatif à la lutte
contre la piraterie et les vols
à bord des navires 25
A. Conventions et accords internationaux relatifs à la
lutte contre
la piraterie maritime et les vols à bord des navires
25
B. Texte nationaux 27
Section II : Moyens et procédures existants de
prévention des actes de
piraterie et des vols à bord des navires
28
A. Coopération internationale 28
B. Services impliqués 30
C.
48
Moyens de la lutte 32
D. Procédures existantes de lutte contre les vols
à bord des navires 34 CHAPITRE II : RECOMMANDATIONS
POUR LA LUTTE CONTRE LES ACTES
DE PIRATERIE MARITIME ET LES VOLS A BORD
DES
NAVIRES AU PORT D'ABIDJAN 36
Section I : Réformes
Administratives et Juridiques 36
A. Amendement des textes juridiques ivoiriens 36
B. Coopération et équipement des services
nationaux 36
C. Création d'un comité de sûreté
maritime et portuaire 38
D. Coopération régionale et internationale 39
Section II : Mesures de
prévention et d'intervention 40
A. Mesures de prévention 40
B. Procédures d'intervention 41
CONCLUSION 43
BIBLIOGRAPHIE 44
TABLE DES MATIERES 46
ANNEXES 49
49
ANNEXES
50
Annexe 1 : Classement mondial des pays du golfe de
Guinée selon la production de matières premières.
|
Côte d'Ivoire
|
Ghana
|
Togo
|
Bénin
|
Nigeria
|
Cameroun
|
Guinée Equatoriale
|
Gabon
|
Sao tomé
|
|
Pdt
|
RG
|
Pdt
|
RG
|
Pdt
|
RG
|
Pdt
|
RG
|
Pdt
|
RG
|
Pdt
|
RG
|
Pdt
|
RG
|
Pdt
|
RG
|
Pdt
|
RG
|
Pétrole
|
36.000
|
62
|
105.490
|
44
|
-
|
-
|
-
|
-
|
2.423000
|
12
|
80.830
|
49
|
248.000
|
33
|
240.000
|
36
|
-
|
-
|
Cacao
|
1.750.000
|
01
|
695.700
|
02
|
-
|
-
|
-
|
-
|
210.000
|
07
|
230.000
|
05
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Or
|
|
|
136.000
|
08
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Huile de palme
|
417.000
|
09
|
500.000
|
08
|
-
|
-
|
-
|
-
|
970.000
|
05
|
300.000
|
10
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
-
|
Pdt : Production RG : Rang
Sources données:
? World Bank quarterly report, January 2016, Commodity market
outlook, weakgrowth in emerging economies and commodity market.
? CIA (Central Intelligence Agency), the world factbook, crude
oil production. ? Mays Mouissi, Afrique: Classement des pays producteurs de
matière première
51
Annexe 2 : Définition de la pêche INN
selon la FAO
II. NATURE DE LA PÊCHE ILLICITE, NON
DÉCLARÉE ET NON RÉGLEMENTÉE ET PORTÉE
DU PLAN D'ACTION INTERNATIONAL
3. Dans le présent document:
3.1 Par pêche illicite, on entend des activités de
pêche:
3.1.1 effectuées par des navires nationaux ou
étrangers dans les eaux placées sous la juridiction d'un
État, sans l'autorisation de celui-ci, ou contrevenant à ses lois
et règlements;
3.1.2 Effectuées par des navires
battant pavillon d'États qui sont parties à une organisation
régionale de gestion des pêches compétente, mais qui
contreviennent aux mesures de conservation et de gestion adoptées par
cette organisation et ayant un caractère contraignant pour les
États ou aux dispositions pertinentes du droit international applicable;
ou
3.1.3 contrevenant aux lois nationales ou
aux obligations internationales, y compris celles contractées par les
États coopérant avec une organisation régionale de gestion
des pêches compétente.
3.2 Par pêche non déclarée,
on entend des activités de pêche:
3.2.1 Qui n'ont pas été
déclarées, ou l'ont été de façon
fallacieuse, à l'autorité
nationale compétente, contrevenant ainsi aux lois et
règlements nationaux; ou
3.2.2 entreprises dans la zone de
compétence d'une organisation régionale de gestion des
pêches compétente, qui n'ont pas été
déclarées ou l'ont été de façon fallacieuse,
contrevenant ainsi aux procédures de déclaration de cette
organisation.
3.3 Par pêche non
réglementée, on entend des activités de pêche:
3.3.1 Qui sont menées dans la zone de
compétence d'une organisation régionale de gestion des
pêches compétente par des navires sans nationalité, ou par
des navires battant pavillon d'un État non partie à cette
organisation, ou par une entité de pêche, d'une façon non
conforme ou contraire aux mesures de conservation et de gestion de cette
organisation; ou 3.3.2 Qui sont menées dans des zones,
ou visent des stocks pour lesquels il n'existe pas de mesures applicables de
conservation ou de gestion, et d'une façon non conforme aux
responsabilités de l'État en matière de conservation des
ressources biologiques marines en droit international.
3.4 Nonobstant le paragraphe 3.3, il peut
arriver que des activités de pêche non réglementée
se déroulent sans contrevenir au droit international applicable et qu'il
ne soit pas nécessaire, par conséquent, de prendre à leur
encontre les mesures envisagées dans le Plan d'action international
(PAI).
4. Le Plan d'action international est facultatif. Il a
été élaboré dans le cadre du Code de conduite pour
une
pêche responsable de la FAO, comme envisagé à
l'Article 2 d) de celui-ci. (d).
52
Annexe 3: Flux du trafic d'héroïne et de
cocaïne dans le monde
(Source: ONUDC, Rapport mondial sur les drogues 2015)
53
Annexe 4 : Schéma du zonage maritime selon la
convention UNCLOS
Source:
http://www.futura-sciences.com/planete/questions-reponses/eau-espace-maritime-appartient-il-etat-1013/
54
Annexe 5:
Source : Rapport
d'information n° 499 (2011-2012) de MM. Jean-Claude PEYRONNET et
François TRUCY
Source :
https://icc-ccs.org/piracy-reporting-centre/live-piracy-map/piracy-map-2015
Annexe 6 : Formulaire de rapport d'attaque.
|
ICC-INTERNATIONAL MARITIME BUREAU (PIRACY REPORTING
CENTRE)
PIRACY & ARMED ROBBERY ATTACK
REPORT
|
|
55
The ICC - International Maritime Bureau (IMB) was established in
1981 to act as a focal point in the fight against all types of maritime fraud,
malpractice and piracy. The United Nations (UN) International Maritime
Organization (IMO) in its resolution A 504 (XII) (9) adopted on 20 November
1981, has among other things urged all governments, interests and organizations
to exchange information and provide appropriate co-operation with the IMB. The
IMB also has an observer status with the International Criminal Police
Organization (ICPO - INTERPOL).
PART A: VESSEL PARTICULARS / DETAILS
1
|
NAME OF SHIP:
|
|
2
|
IMO NO:
|
|
3
|
FLAG:
|
|
4
|
TYPE OF SHIP:
|
|
5
|
TONNAGES: GRT: NRT:
|
DWT:
|
6
|
OWNERS (ADDRESS & CONTACT DETAILS):
|
|
7
|
MANAGERS (ADDRESS & CONTACT DETAILS):
|
|
8
|
LAST PORT/NEXT PORT:
|
|
9
|
CARGO DETAILS (TYPE/QUANTITY):
|
|
PART B: DETAILS OF INCIDENT
10
|
DATE & TIME OF INCIDENT: LT UTC
|
11
|
POSITION: LAT: (N/S) LONG: (E/W)
|
12
|
NEAREST LAND MARK / LOCATION:
|
13
|
PORT /TOWN / ANCHORAGE AREA:
|
14
|
COUNTRY /NEAREST COUNTRY:
|
15
|
STATUS (BERTH /ANCHORED / STEAMING):
|
16
|
OWN SHIP'S SPEED :
|
17
|
SHIP'S FREEBOARD DURING ATTACK :
|
18
|
WEATHER DURING ATTACK (RAIN/FOG/MIST/CLEAR/ETC,), SEA / SWELL
HEIGHT) :
|
19
|
WEATHER DURING ATTACK: WIND (SPEED & DIRECTION) ,
|
20
|
WEATHER DURING ATTACK: SEA
|
21
|
WEATHER DURING ATTACK: SWELL,
|
22
|
TYPES OF ATTACK (BOARDED / FIRED UPON / ATTEMPTED):
|
23
|
CONSEQUENCES FOR CREW, SHIP AND CARGO: ANY CREW INJURED /
KILLED:
ITEMS / CASH STOLEN :
|
24
|
AREA OF THE SHIP BEING ATTACKED:
|
PART C: DETAILS OF RAIDING PARTY
25
|
NUMBER OF PIRATES / ROBBERS:
|
26
|
DRESS / PHYSICAL APPEARANCE:
|
27
|
LANGUAGE SPOKEN:
|
28
|
DESTINCTIVE DETAILS:
|
29
|
CRAFT USED:
|
56
30
|
CLOSEST POINT OF APPROACH (CPA) :
|
31
|
METHOD OF APPROACH:
|
32
|
DURATION OF ATTACK:
|
33
|
AGGRESSIVE / VIOLENT:
|
PART D: DETAILS OF WEAPONS USED AND DAMAGE CAUSED
34
|
WEAPONS SIGHTED (YES / NO):
|
35
|
WEAPON TYPE :
|
36
|
WEAPONS USED (YES / NO):
|
37
|
DAMAGED CAUSED (YES / NO):
|
38
|
DETAILS OF DAMAGE (PLEASE GIVE AS MUCH INFORMATION AS
POSSIBLE):
|
|
|
|
|
|
|
39
|
LADDERS SIGHTED (YES / NO):
|
40
|
OTHER BOARDING EQUIPMENT SIGHTED (PLEASE GIVE DETAILS):
|
|
|
PART E: FURTHER DETAILS
41
|
ACTION TAKEN BY MASTER AND CREW:
|
|
|
42
|
WAS INCIDENT REPORTED TO THE COASTAL AUTHORITY? IF SO TO WHOM?
|
|
|
43
|
ACTION TAKEN BY THE AUTHORITIES:
|
|
|
44
|
ANTI PIRACY MEASURES EMPLOYED (PLEASE SPECIFY) :
|
|
|
|
|
|
|
45
|
WAS PRIVATE SECURITY TEAM EMBARKED (YES / NO): ARMED /UNARMED:
|
|
|
|
|
46
|
NUMBER OF CREW / NATIONALITY:
|
|
|
|
|
46
|
PLEASE ATTACH WITH THIS REPORT - A
BRIEF DESCRIPTION / FULL REPORT / MASTER - CREW
|
STATEMENT OF THE ATTACK / PHOTOGRAPHS TAKEN IF ANY.
|
ADDRESS: ICC-INTERNATIONAL MARITIME BUREAU
PIRACY REPORTING CENTRE
P.O. BOX 12559
50782 KUALA LUMPUR,
MALAYSIA
CONTACT DETAILS: TEL: 603 2031 0014 (24 HOUR MANNED HELP LINE)
TEL: 603 2078 5763
FAX: 603 2078 5769
TELEX: MA 34199
57
Annexe 7 : Vue du Port d'Abidjan
Zone de mouillage intérieur
Zone de mouillage extérieur
58
Annexe 8 : Architecture régionale
de sécurité maritime dans le golfe de Guinée.
L'architecture régionale de sécurité
maritime. CRISIS GROUP
Source : Golfe de Guinée : la
régionalisation de la sécurité maritime est-elle la
solution contre la piraterie ?, par Thierry Vircoulon &Violette Tournier ,
International Crisis group.
Annexe 9 : Organigramme du PAA relative à la
gestion de la sûreté
DIRECTION GENERALE (DG)
DIRECTION DES OPERATIONS MARITIMES, DE LA SECURITE ET DE
L'ENVIRONNEMENT
(DOMSE)
DEPARTEMENT SECURITE
DEPARTEMENT SURETE
DEPARTEMENT EXPLOITATION
59
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
SERVICE CONTROLE ET REGULATION DU TRAFIC (VIGIE)
|
SERVICE PLAN D'EAU
|
|
|
|
|
|
|
|