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Museomix: people make museums

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par Joris Astier
Université Paris IV-Sorbonne - Master 2 2018
  

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PARTIE II

MUSEOMIX 2016 : UNE CULTURE COLLABORATIVE AU SERVICE DE LA
PERFORMANCE MUSÉALE ?

AVANT L'ÉVÉNEMENT

Suite au succès de l'édition de 2015 sont lancés, comme chaque année, en janvier, des appels à projets en vue de l'édition suivante. Depuis sa création, l'organisation pré-événementielle du concept n'a que très peu changé dans son fonctionnement, excepté le fait qu'avec le déploiement géographique qu'ont connu les précédentes éditions, Museomix est désormais administré par zones (à peu près équivalentes aux régions en France puis, en dehors, chaque pays correspond à une seule zone). Les porteurs de projets se manifestent alors et sont sélectionnés par la zone géographique dans laquelle ils se trouvent. Dans le même temps et de la même façon, les musées qui souhaitent participer à l'opération prennent contact avec la zone qui les concernent. Tous les musées, pourvu qu'ils répondent aux critères nécessaires pour recevoir un Museomix (l'espace, les oeuvres, les ressources humaines dont ils disposent, etc.) sont de fait sélectionnés. Une organisation avec les musées doit être effectuée en amont pour prévoir les espaces et les aspects pratiques (un large espace de travail pour toutes les équipes, un fab-lab comprenant toutes les machines, un espace média destiné aux lives, etc.). Une fois les projets et les musées sélectionnés, les appels à participation commencent. Comme nous l'avons déjà évoqué, les métiers exercés ne sont pas un critère d'exclusion, car c'est de la diversité professionnelle que naîtra l'innovation culturelle. Néanmoins, le nombre de participants par musée est limité et déterminé en fonction de l'espace dont ce dernier dispose. Ce qui, malgré tout, n'empêche pas un participant de demander à être affecté à un autre musée situé dans une région plus lointaine. Les participants sont répartis en six catégories pour assurer l'équilibre des différents groupes :

- interactions et usages (muséographie, UX, etc.),

- communication et diffusion (community management, rédaction, etc.)

- fabrication (mécanique, menuiserie, etc.)

- technologie et fonctionnement (développement web, électronique, etc.)

- contenus (conservation, recherche, etc.)

- magic (tout ce qui est externe aux autres domaines).

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Ces appels à participation sont ouverts jusqu'à la fin septembre. A l'approche du jour J, l'équipe web est déjà mobilisée pour assurer la communication en ligne autour de l'événement, tandis que l'équipe d'organisation s'occupe des derniers préparatifs sur place, dans les musées. L'édition commence alors à la fin du mois d'octobre ou au début du mois de novembre. En 2016, l'événement se tient presque simultanément dans les 15 musées participants, du 10 au 13 novembre. Cette sixième édition se déroule en France, en Suisse25, au Canada, en Italie et en Belgique.

PENDANT L'ÉVÉNEMENT

Les 10 et 11 novembre, les participants se réunissent et se rencontrent dans les différents musées où ils se sont préalablement inscrits. Les porteurs de projets pitchent alors leurs idées et chaque participant rejoint le projet par lequel il est le plus attiré. Les organisateurs, quant à eux, veillent à la bonne répartition des compétences au sein de chaque groupe, constitué de six, sept ou huit personnes. Le travail de brainstorming peut alors être engagé 26 (Annexes, Fig. 6). Les différentes équipes commencent à échanger des idées, explorer la situation, imaginer les solutions possibles avant de cadrer leur projet et de s'accorder sur une direction commune. Les membres de l'équipe se documentent, cherchent des exemples effectués ailleurs (travail de benchmark) et réalisent des schémas et des storyboards d'interaction. Ils jouent également les variations de scénarios possibles dans les espaces d'exposition pour penser le prototype le plus adapté au besoin identifié. Les coachs sont là pour aider, donner des indications, pointer sur des opportunités et créer des liens de mutualisation entre les équipes. Le soir, chaque équipe présente son projet aux autres. Elle explique la manière dont l'expérience muséale du visiteur sera transformée une fois le dispositif mis en place. Ce qui permet de se poser des questions entre équipes pour dénicher de nouvelles idées créatives. C'est aussi un moment collectif privilégié pour construire une cohésion entre tous les participants. Car Museomix n'est pas un marathon créatif concurrentiel ou compétitif ; la collaboration est effective non seulement au sein des équipes mais aussi entre elles. Au musée Tolomeo de Bologne (Italie) pitchent ainsi deux équipes, tandis qu'à Grasse six équipes présentent leurs projets et discutent de leurs idées. De l'autre côté de l'Atlantique, à Québec, c'est dans un monastère augustin que les participants échangeront autour de leurs prototypes pour alimenter le processus créatif.

25 http://fablab-leman.fr/wp-content/uploads/2017/01/FabLac-RapportActivités-2015-16.pdf

26 Timothy Kuhn, Karen L Ashcraft, Francois Cooren, The Work of Communication: Relational Perspectives on Working and Organizing in Contemporary Capitalism, Routledge, New York, 2017, p. 99.

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Le deuxième jour est celui des tests et des ajustements. Après avoir reçu les retours de leurs pairs et des co-organisateurs, les équipes sont désormais prêtes à donner matière à leurs idées. Les prototypes sont construits et chacun exerce un rôle bien spécifique au sein de son projet : l'expert contenus garantit un prototype fondé sur des données scientifiques, le bricoleur le fabrique, le développeur le fait fonctionner, le graphiste le rend visuellement attractif, le communicant le documente et le diffuse (sur internet et les réseaux sociaux), et le médiateur proposera, lors du troisième et dernier jour, cette expérience à vivre aux visiteurs (Annexes, Fig. 7). Les facilitateurs et les coachs s'assurent que les participants avancent et les aident à se sortir de situations bloquantes. Le Tech shop met à disposition tout le matériel dont les équipes ont besoin (tablettes tactiles, systèmes sons, composants électronique, etc.) et c'est au fab-lab que les prototypes sont réalisés. Après une journée de construction intensive, les équipes montrent une video-prototype de leur projet le soir, en utilisant des Legos ou des découpages en papier. Les vidéos racontent l'histoire du visiteur, son parcours, ses actions, ses pensées et ses ressentis lorsqu'il interagit avec le prototype. La phase de construction arrive à son terme et laisse place à celle de la présentation auprès du public.

Le troisième jour, après que les participants aient terminé les derniers ajustements pendant la matinée, le public est invité à venir découvrir les prototypes créés au long de ces deux jours. En amont, les community managers et les employés du musée ont communiqué en ligne autour de l'événement pour lui offrir un maximum de visibilité. Car les visiteurs sont le public cible de l'opération. Pour Catherine Barra, ils sont le moteur qui donne tant d'énergie au concept : « Le public a une place centrale dans les Museomix. Non pas en tant qu'acteurs, mais en tant que consommateurs. Tous ces dispositifs sont créés pour le public. [É] Le but premier de l'opération, c'est le partage avec le public. Il est le cobaye et le coeur du système. L'idée est toujours de proposer quelque chose qui améliorera son expérience et qui le poussera à s'engager un peu plus dans le domaine culturel27. » Le Palais du Tau à Reims, l'un des hôtes de l'édition de 2016, communique l'événement sur son site et convie les internautes à venir visiter les projets exposés (Annexes, Fig. 8). Pour garantir le fait qu'ils se déplaceront en grand nombre, l'entrée est gratuite.

Les visiteurs observent, questionnent les équipes, doutent ou s'enthousiasment face à ces réalisations novatrices. Au musée Saint-Raymond de Toulouse, les retours d'expérience sont enrichissants. Le prototype Pose divine, qui propose au public de découvrir l'univers des travaux d'Hercule en l'invitant à adopter les poses herculéennes, attire l'attention du visiteur en gamifiant le concept. Ainsi, comme le community manager de l'équipe l'a posté sur Twitter, les familles et surtout les enfants se sont pris au jeu (Annexes, Fig. 9). Mais la médiation humaine reste l'élément le

27

Entretien téléphonique réalisé avec Catherine Barra, le 7 octobre 2017. L'intégralité de l'entretien se trouvera à la fin

de cette étude.

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plus attrayant de la transmission du savoir : l'expert contenu réussit à tenir le public en haleine à travers le récit des travaux d'Hercule 28.

APRÈS L'ÉVÉNEMENT

Que reste-t-il de Muséomix après son achèvement ? Est-il un événement passager qui a seulement produit un engouement éphémère ou a-t-il réellement apporté des éléments concrets au musée ? Un peu des deux. En fait, tout dépend de la manière dont le musée souhaite exploiter la dynamique de travail qui a animé son espace pendant ces quelques jours d'effervescence. Cela vaut autant pour les rapports de travail, que nous avons déjà évoqués précédemment, que pour le devenir des prototypes réalisés pendant l'opération. Même si l'organisation de Muséomix n'inclut pas, pour le moment, la post-production systématique des prototypes, leur pérennisation est encouragée et accompagnée autant que possible. Ce sont souvent les équipes elles-mêmes qui travaillent avec le musée, ou indépendamment, à faire évoluer leurs prototypes vers une solution stabilisée. Certains musées choisissent de développer un ou plusieurs projets(s), mais le matériel qui sert à leur réalisation est prêté par des fab-lab ou d'autres structures, il faut donc le rendre. Pour pouvoir les développer, le musée doit les budgétiser et lancer des appels d'offres. Ce qui prend un certain temps puisque, sorti de Muséomix, comme nous le confirme Catherine Barra, « la `vie réelle' reprend son cours ainsi que les démarches administratives qui l'accompagnent29. »

Mais cet effort n'empêche pas les musées d'entreprendre la pérennisation des prototypes. Si la démonstration devant le public lors du dernier jour s'est avérée pertinente, le projet peut représenter un apport substantiel à l'espace muséal. En 2012, quatre des dix dispositifs ont été définitivement adoptés par le musée Gallo-Romain sur un budget propre. Pour l'année 2016, comme l'a fièrement tweeté le Museomix de la région, deux des sept prototypes présentés au musée Saint-Raymond de Toulouse seront retravaillés et mis à disposition du public dans les prochaines années (Annexes, Fig. 10). Il s'agit des projets Chaux Must Go On !, qui propose d'éclairer, par des jeux de lumière et de signalétique, le four à chaux du musée et YODO, You Only Die Once, qui permet à l'utilisateur de concevoir son propre sarcophage à partir des programmes décoratifs de la collection pour décoder les symboles qu'ils renferment 30 (Annexes, Fig. 11). Les deux prototypes sélectionnés

28

29

http://saintraymond.toulouse.fr/Museomix-au-MSR-les-prototypes-crees_a848.html

Entretien téléphonique réalisé avec Catherine Barra, le 7 octobre 2017. L'intégralité de l'entretien se trouvera à la fin de cette étude.

30 https://archeomuse.eu/2016/11/20/museomix-2016/

sont centrés sur le contenu31, reflétant l'attrait du public pour cette forme de médiation culturelle. Grâce à la mise en production des prototypes, les musées prouvent que « l'esprit Museomix » peut perdurer et que le modèle collaboratif qu'il propose produit de réels résultats dans l'espace culturel.

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31 https://cehistoire.hypotheses.org/900

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"Un démenti, si pauvre qu'il soit, rassure les sots et déroute les incrédules"   Talleyrand