Museomix: people make museums( Télécharger le fichier original )par Joris Astier Université Paris IV-Sorbonne - Master 2 2018 |
Joris ASTIER Mémoire Master 2 Conseil éditorial Sous la direction du Professeur Eric LEGUAY Université Paris-Sorbonne - UFR de Philosophie Année 2016-2017 MUSEOMIX People Make Museums Merci enfin à ma famille et mes amis pour leurs relectures et leur présence quotidienne. REMERCIEMENTS Je tiens tout d'abord à remercier l'ensemble du corps enseignant du Master 2 Conseil éditorial qui a su nous apporter tous les outils nécessaires à notre incursion progressive dans le monde professionnel. Merci en particulier à Eric Leguay qui m'a suggéré ce sujet sur lequel j'ai pu trouver des pistes de réflexion fascinantes et qui a aiguillé l'élaboration de ma rédaction. Aussi, merci à la promotion du Master 2 conseil éditorial pour son soutien quotidien et sa joie de vivre grâce à laquelle nous avons pu travailler dans d'agréables conditions. Merci encore à One Heart Communication pour m'avoir transmis les compétences et le savoir-être que mon poste de chef de projet junior et responsable de production nécessitait. SOMMAIRE INTRODUCTION P. 1 PARTIE I - MUSEOMIX : L'HISTOIRE D'UNE CULTURE COLLABORATIVE P. 4 A/ EMERGENCE D'UNE NOUVELLE FAÇON DE TRAVAILLER LA MATIÈRE CULTURELLE P. 4 B/ UN MODÈLE COLLABORATIF RÉPLIQUÉ : L'ENGOUEMENT CROISSANT AUTOUR DU CONCEPT MUSEOMIX P. 6 PARTIE II - MUSEOMIX 2016 : UNE CULTURE COLLABORATIVE AU SERVICE DE LA PERFORMANCEMUSÉALE ? P. 10 A/ AVANT L'ÉVÉNEMENT P. 10 B/ PENDANT L'ÉVÉNEMENT P. 11 C/ APRÈS L'ÉVÉNEMENT P. 13 PARTIE III - PROBLÈMES, INFLUENCE ET PERSPECTIVES D'UN DISPOSITIF DE MÉDIATIONCULTURELLE P. 15 A/ PROBLÈMES ET SOLUTIONS POTENTIELLES P. 15 B/ INFLUENCE P. 16 C/ PERSPECTIVES P. 18 CONCLUSION P. 20 ANNEXES P. 22 ENTRETIEN P. 37 SOURCES MOBILISÉES P. 40 1 INTRODUCTIONDepuis plusieurs années se dessine une modernisation de la société. L'explosion du numérique et des nouveaux usages qu'il introduit nous offre des perspectives d'amélioration qui nous paraissent aujourd'hui sans limite. Que ce soit à l'échelle de l'individu ou à celle des rapports internationaux, le numérique modifie en profondeur notre façon de penser, d'interagir et d'agir. Il impacte toutes nos activités et apporte une multiplicité des solutions qui nous permettent d'offrir des services adaptés aux nouveaux besoins qu'il a lui-même créés. Dans le secteur de la culture, il a radicalement transformé les usages et facilité l'accès à l'information, et donc sa diffusion. L'exemple de la Bibliothèque nationale de France constitue à cet égard un exemple frappant. Lancée en 1997 par la BnF, la bibliothèque en ligne Gallica recense aujourd'hui plus de 4 millions d'ouvrages accessibles à tous ceux munis d'un ordinateur, en seulement quelques clics. L'accessibilité atteint son paroxysme par le numérique. L'espace muséal n'a pas non plus été mis à l'écart de ce nouveau système évolutif. Pour promouvoir l'accès aux oeuvres, les musées améliorent depuis les années 2000 leur maîtrise des outils technologiques1 et commencent aujourd'hui à privilégier l'usage de l'open data. Ainsi le Rijksmuseum d'Amsterdam, la National Gallery de Washington, le Getty Research Institute de Los Angeles et le Metropolitan Museum of Art de New York proposent-ils des bibliothèques en ligne contenant des centaines de milliers d'images haute définition des oeuvres qu'ils possèdent. De plus, leur téléchargement est gratuit et, la grande majorité de ces réalisations étant tombée depuis longtemps dans le domaine public, leur utilisation est libre de tout droit, même à des fins commerciales. Mais l'innovation culturelle ne s'arrête pas là. La Smithsonian Institution, soucieuse d'offrir aux utilisateurs la possibilité de posséder l'oeuvre de leur choix chez eux, a lancé une visionneuse en ligne qui permet au public de manipuler les objets en 3D. Au total, 14 millions d'oeuvres figurant parmi ses collections ont été sélectionnées pour être numérisées et potentiellement imprimées en volume dans les foyers2. Un tournant dans l'histoire muséal a été amorcé. Cette volonté d'innovation s'inscrit dans un élan plus global d'interactions entre les musées et le public3. Depuis plusieurs années, les acteurs du milieu cherchent de nouvelles approches pour 1 Dominique Gélinas, « Le sensorium synthétique : réflexion sur l'utilisation de l'expographie immersive numérique et muséale », Conserveries mémorielles [En ligne], #16 | 2014, mis en ligne le 25 septembre 2014, consulté le 08 octobre 2017. URL : http://cm.revues.org/2000 3 Michel Côté, « Préface » dans Lucie Daignault, Bernard Schiele, Les musées et leurs publics : savoirs et enjeux, Presses universitaires du Québec, Québec, 2014, préface. 2 impliquer davantage les visiteurs dans l'évolution et la transmission de la culture4. En témoignent les nombreuses initiatives qui transforment en profondeur l'expérience muséale. Des serious games aux activités immersives par réalité virtuelle, en passant par les nombreuses applications disponibles sur mobile, les lignes de partage entre le spectateur et l'acteur semblent s'effacer progressivement. Le musée tend à devenir un symbole emblématique du vivre ensemble et du faire ensemble5. Avec l'éventail d'objets technologiques qui est mis à sa disposition, le public a davantage le sentiment de « construire » ou de « vivre » l'univers muséal plus qu'il ne l'observe passivement. Le cas d'Erasme, le laboratoire d'innovation ouverte du département du Rhône, est à ce titre significatif. Ce « living lab », ouvert à tous, met les technologies au service de la transmission du savoir ou de l'action sociale en appliquant de nouvelles méthodes, telles que le co-design ou le détournement de la culture numérique6. Son Museolab, un espace de maquette et d'expérimentation autour du numérique et de la muséographie, vise à tester de nouveaux concepts qui pourront être intégrés aux futurs projets des musées. Dans cette dynamique de transformation culturelle, citoyens, habitants et usagers sont considérés comme les acteurs clés du processus de recherche et d'innovation. De cette volonté de construction collective et collaborative est né Museomix. Ce concept, qui a officiellement vu le jour en 2011, est un événement annuel créatif7 consacré aux nouvelles formes de médiation et au numérique. S'inspirant du hackathon, il réunit pendant trois jours des participants, dont les profils doivent être variés afin d'apporter une diversité des idées et des compétences8, pour concevoir et prototyper des expériences innovantes au coeur d'un musée. Museomix a aussi pour objectif de faire naître une communauté « techno-culture » mélangeant passionnés de musées et passionnés de nouvelles technologies pour que des projets concrets puissent émerger9. Cinq principes régissent le fonctionnement du concept : 10 - un musée forum : transformer l'expérience de visite des publics à travers des dispositifs favorisant l'échange, le partage, la contribution des publics entre eux et du public avec les institutions 4 Lucie Daignault, L'évaluation muséale : savoirs et savoir-faire, Presses universitaires du Québec, Québec, 2012, p. 1. 7 Lucas Introna, Donncha Kavanagh, Séamas Kelly, Wanda Orlikowski, Susan Scott (eds.), Beyond Interpretivism? New Encounters with Technology and Organization, Springer, New York, 2016, p. 152. 9 Serge Chaumier, Camille Françoise, « Museomix : l'invention d'un musée du XXIe siècle », La Lettre de l'OCIM, 156, 2014, p. 7. 3 - un musée ouvert : dispositif critique des institutions culturelles - un musée laboratoire : expérimenter et tester des prototypes de médiation - un musée en réseau : mutualiser les attitudes, les connaissances, l'expérience de professionnels de la culture ayant des intérêts divers et variés - une gouvernance horizontale : favoriser le travail en équipes et l'autonomie, conjuguer les talents de ses contributeurs. En plaçant au coeur du processus d'innovation la collaboration, Museomix ouvre de nouvelles perspectives sur la façon de penser l'évolution du milieu culturel. Par son intermédiaire, une nouvelle voie a été ouverte : la culture collaborative. Au travers du prisme de Museomix et des mécaniques technologiques et sociales qu'il mobilise, nous tenterons de mesurer tous les enjeux de cette nouvelle approche que représente la culture collaborative. Dans un premier temps, nous nous efforcerons d'observer l'évolution et la diffusion de cette culture collaborative à travers les différentes éditions de Museomix, en nous concentrant sur les effets qu'elle produit sur les participants, les institutions et le public. Dans un second temps, nous nous focaliserons sur la dernière édition en date pour saisir le fonctionnement du mécanisme et ses résultats. Enfin, nous tenterons d'adopter une démarche analytique et prospective pour mesurer l'inßuence qu'exerce Museomix dans le milieu culturel via la culture collaborative. 4 |
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