Conclusion partielle
L'analyse fait dans ce chapitre sur la description du climat
et du système électrique national nous a permis de comprendre
comment évoluent au cours des années la température, les
précipitations et la consommation d'électricité. Tout
d'abord en commençant par les évolutions constatées au
niveau du climat national et ensuite des déterminants de la demande
d'électricité, on peut conclure à cet effet que la
consommation d'électricité est conditionnée par les
variations au niveau du climat et que la consommation
d'électricité a connu une évolution au cours de ces
trentaines années.
20
Chapitre II : Revue de la littérature sur les
effets du changement climatique sur la demande
d'électricité
L'évaluation de l'effet du changement climatique sur la
demande d'électricité a fait objet de plusieurs travaux dans la
littérature. Les travaux effectués dans ce sens nous permettront
de présenter dans un premier temps une analyse théorique et dans
un second temps d'aborder les recherches empiriques des effets du changement
climatique sur la demande d'électricité.
2.1. Revue théorique
La question de l'énergie a de tout temps
préoccupée les penseurs économiques. En effet les gains de
productivité engendrées par la révolution industrielle,
due à l'utilisation de nouvelles sources d'énergie, ont conduit
les auteurs classiques à s'intéresser au problème de la
place de l'énergie dans leur analyse.
Selon Adam Smith, les déterminants du prix d'une
marchandise sont liés aux facteurs de productions ayant contribué
à sa fabrication (le travail, le capital, la terre). Pour prendre en
compte le facteur énergie qu'il considère comme participant
à la production des biens, il intégra sa
rémunération aux salaires et aux profits. Les tentatives de
Jean-Baptiste Say d'intégrer l'énergie comme facteur de
production, n'ont pas été convaincantes. Ricardo, quant à
lui, relativise l'idée de Smith selon laquelle, la valeur des
marchandises échangeables serait précisément en
proportion, la quantité de travail employée. Cependant, ce sont
les travaux de Stanley Jevons qui ont marqué la réflexion sur la
question énergétique dans l'analyse classique. On pourra
consulter Isa, et al., 2015 pour une revue assez complète sur ces
travaux. La théorie classique fait de la croissance démographique
et la croissance économique les principaux - déterminants
macroéconomiques de la demande de consommation
d'électricité mise à part les facteurs climatiques. La
considération de la croissance démographique en tant que facteur
explicatif de la consommation d'électricité peut s'apercevoir
dans les besoins d'énergie exprimés par les habitants. Plus il y
a d'habitants, plus ces besoins augmentent. Une relation positive existe ainsi
entre la consommation d'électricité et la croissance
démographique. La croissance économique quant à elle
favorise la création de nouvelles machines, de nouveaux investissements,
d'emplois, la construction de nouveaux logements et l'augmentation du revenu
par tête. Ce qui accroît la consommation notamment
d'électricité.
21
En outre, d'autres facteurs autres que ces deux derniers
permettent d'expliquer l'évolution de l'électricité d'une
année à une autre ou d'un mois à un autre de la même
année. Déjà, les facteurs climatiques peuvent expliquer
les changements à très court terme constatés dans la
consommation d'électricité. En harmattan par exemple, la demande
d'électricité peut devenir plus faible qu'en mousson où la
température élevée pousserait les populations à
consommer davantage d'électricité. Les comportements des
individus dans les foyers comme dans les entreprises peuvent jouer sur le
niveau de consommation d'électricité. En effet, certaines
personnes ont la possibilité de contrôler le lien entre le
changement climatique et l'économie. Dès que les
économistes trouvent des voies de développement, la discussion se
dirige vers les ressources énergétiques et les combustibles
fossiles. C'est la principale raison pour laquelle les économistes
participent au débat sur le changement climatique (Bleu, 2008). Alors
que l'écologiste et le géologue se préoccupaient du
réchauffement climatique , de la même manière,
l'économiste a également commencé à ramener ces
sujets dans le domaine de l'économie au niveau de la consommation, et
par là un comportement de lissage et d'économie d'énergie.
L'énergie électrique est définie selon les classiques
comme un bien de congestion, ainsi donc le cout de l'externalité est
supporté par chaque agent. C'est une autre manière de dire que
l'État ne s'impose pas nécessairement dès que le
marché est défaillant. Le théorème de Coase (1960),
exposé par Stigler en 1966 « Le problème du coût
social » disait : Si les droits de propriété sont
définis et si les agents économiques peuvent négocier un
arrangement à coût nul quant à l'allocation des ressources,
alors ces agents économiques sauront résoudre le problème
des externalités de manière décentralisée et
allouer les ressources de manière efficace.
Selon les keynésiens, l'approche standard
utilisée pour la réglementation économique de
l'environnement est basée sur la théorie des externalités.
Ceci dit l'externalité est l'effet d'une action d'un agent
économique sur un autre, action qui s'exerce en dehors du marché
(d'où le qualificatif d'externe) et qui n'est pas compensée
financièrement. Cet effet externe (ou externalités dans le jargon
des économistes) représente la différence entre le
coût supporté individuellement et le coût supporté
collectivement par la société, dit coût social
(collectivement par la société). L'incapacité du
marché à prendre en compte la totalité des
conséquences des actions réalisées par les agents (des
producteurs et des consommateurs) sur l'atmosphère est due au fait que
celle-ci soit considérée comme publique. L'atmosphère est
supposée gratuite, les agents étant dépourvus d'incitation
quant à sa valorisation ou quant à sa
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bonne gestion. Il s'agit d'une défaillance de
marché, qui représente le fondement de l'intervention publique.
Face à ce problème, la préconisation politique est
d'exiger, de ceux qui polluent, la prise en compte complète de leur
action sur l'environnement. Il s'agit d'internaliser les effets externes
négatifs des activités polluantes. Pour ce faire, il faut
confronter les agents à un prix qui reflète la totalité
des dommages subis par l'environnement, dommages qui découlent de leur
activité.
Pour Nasse (1973), l'étude des évolutions de la
consommation des ménages sur séries chronologiques, a conduit
à la mise au point de deux types de modèles ; les modèles
détaillés, décrivant séparément
l'évolution de chacun des biens pouvant être isolé dans la
nomenclature de consommation ; les modèles complets donnant une
représentation simultanée pour une nomenclature fixée des
évolutions de la totalité des biens entrant dans la consommation
des ménages (Aristide, 2005). En raison de la spécificité
de notre étude qui est une analyse de la demande d'un bien
précis, le premier type de modèles nous importe le mieux. Ainsi
le choix du modèle d'analyse approprié s'en trouve réduit.
Selon Amadou (1992), un modèle d'analyse économique n'a de valeur
que par la pertinence des résultats qu'il fournit. Pour ce faire, il
s'est basé sur la théorie classique de la demande et introduit
des restrictions afin d'être simple et de réduire le nombre de
paramètres à estimer. On peut citer parmi les plus importants :
le modèle de demande différentiel de Rotterdam, Theil et Basten ;
le modèle de demande indirecte logarithmique de Leser ; le modèle
de demande linéaire des dépenses de Klein et Rubin.
Ces trois modèles sont des modèles complets pour
lesquels en 1969, Parks a fait une étude comparative afin de montrer
leurs avantages et inconvénients. En plus de ceux-ci l'on peut citer des
modèles plus récents tels que : Le système de demande
presque parfait de Deaton et Muelbauer qui selon ses auteurs offrent plus
d'avantages que les modèles Rotterdam et translog, le système
complet de fonction de demande de Fourgeaud et Nataf et le modèle
translog utilisé par Christensen et al et Jorgensen et Lau. Ces
modèles, bien que très performants, sont un peu trop
sophistiqués pour notre usage. En effet, en leur qualité de
modèles complets, ils sont conçus pour l'analyse de la demande
globale alors que notre étude ne concerne qu'un seul bien de
consommation (le gaz butane). Dès lors le modèle qui serait
nécessaire serait un modèle détaillé,
décrivant les évolutions du gaz butane dans l'ensemble des biens
de consommation. Un autre avantage de ce choix est selon Nasse, cité par
Amadou Koné, que le premier type de modèles
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n'admet le plus souvent qu'un support très simple et
leur spécification est essentiellement pragmatique. Il ne s'agit donc
pas de tester les qualités ou capacités d'estimation ou de
prédiction d'un modèle théorique, ni d'analyser le
comportement général des consommateurs de gaz butane.
La théorie économique a beaucoup
été sollicitée par les acteurs du secteur de
l'énergie, mais en retour, les débats énergétiques
ont permis aux théoriciens de l'économie d'alimenter certaines
réflexions. C'est que le secteur de l'énergie fait appel à
des ressources épuisables (les 3/4 de l'énergie consommée
dans le monde appartiennent aux ressources dites épuisables), qu'il est
très capitalistique et souvent organisé autour de monopole
intégrés, privés ou publiques, pour ce qui est de la
distribution de certains fluides (gaz et électricité). C'est en
outre une activité génératrice de fortes
externalités. Ces débats ne sont pas nouveaux : on se souvient de
la "question charbonnière" soulevée par Jevons (1865) ou de la
tarification des monopoles énergétiques abordée par Dupuit
(1844) (Jacques, 2001) au XIXe siècle. Il est intéressant de voir
comment les relations entre énergie et théorie économique
ont évolué au cours de ces dernières années et
quels sont les thèmes qui, aujourd'hui, sont au centre des
préoccupations des économistes de l'énergie. La demande
d'énergie a fait l'objet de plusieurs études économiques.
Elle revêt un caractère important dès lors que l'on se rend
compte que les principales sources d'énergie potentielles sont
tarissables et la nécessité d'appréhender de façon
minutieuse la demande. Tous les économistes s'accordent à penser
que la meilleure mesure de l'évolution et de l'efficacité
énergétique d'une économie, est le ratio
d'intensité énergétique défini par le rapport de la
consommation d'énergie primaire sur le PIB mesuré à prix
constants.
Un consensus semble se dégager entre les
économistes, en ce qui concerne les variables qui doivent entrer comme
explicatives de la demande d'énergie des ménages : le prix
réel, Pernille Joutz 2000 ; Jacques, 2001), ou le prix relatif, Vallet
(1974 ; Jacques, 2001), le revenu et plus souvent les valeurs retardées
de la variable explicative, pour prendre en compte les effets de long terme. La
modélisation des préférences des ménages est
induite par fondements de la théorie du consommateur. En effet l'objet
de la théorie du consommateur permet d'expliquer comment un consommateur
rationnel choisit ce qu'il va consommer quand il est confronté à
une variété de prix et un budget limité. L'estimation de
la sensibilité du consommateur par rapport à la variation de
certains paramètres notamment le revenu et les prix peuvent être
réalisés à
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partir des méthodes partielles. La formule de Working
qui régresse la part consommée sur le logarithme des
dépenses totales est l'une des approches préconisées pour
le cas des élasticités-revenu sur la base de la courbe d'Engel.
Les élasticités-prix sont souvent estimées à partir
de ces modèles simples en ajoutant simplement les variables
exogènes à droite. Par ailleurs, ce modèle a
été retenu pour ses applications nombreuses et satisfaisantes
dans l'étude des préférences du consommateur car il est
conforme avec les restrictions de la théorie économique qui sont
nécessaires afin d'assurer une maximisation de l'utilité du
consommateur (Savadogo et Brandt, 1988 et Savadogo, 1990, Ravelosoa, 1999,
Tossou et al, 2002 ; Mahena, 2011).
Les auteurs Ahmed & Muttaqui, 2012 ont trouvé une
solution à l'analyse des effets sur la demande d'énergie. Ils ont
rapporté que les activités socio-économiques
associées au prix et à la population sont les facteurs
déterminants de la demande future d'électricité. Un outil
d'analyse est nécessaire pour quantifier l'effet du changement
climatique sur la demande d'électricité. L'analyse basée
sur la régression multiple est utilisée pour examiner la
sensibilité de la demande pour différentes variables. L'analyse
des séries chronologiques est également effectuée pour
prédire l'effet de futurs scénarios climatiques sur la demande
d'électricité ; ils ont implémenté les
modèles de régression multiples tenant compte du changement
climatique, et des activités économiques et ont trouvé une
relation significative entre demande d'électricité et changement
climatique. L'avantage de ce modèle est qu'il permet aussi de faire une
analyse à long terme des effets des variables climatiques et
socio-économiques pour le futur grâce au séries
chronologiques. Ceci permet donc d'analyser les effets du changement climatique
sur la demande d'électricité. Ce modèle a utilisé
uniquement la température comme variable climatique, ajoutée aux
variables socio-économiques comme le prix, la population pour mesurer
l'effet sur de la demande d'électricité. Notre recherche ne
portera pas sur les mêmes variables mais à la température
on y ajoutera les précipitations et pour les variables
socio-économiques on considèrera le Pib et les données sur
le prix par kwt et la population.
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