SMART CITY &
TRANSFORMATION DE
L'IMAGINAIRE TOURISTIQUE
SOUS LA DIRECTION DE MONSIEUR ALAIN MONS ET DE MADAME
LAURENCE-MARINE DUPOUY
THÉRÈSA SON
MASTER 2 PROFESSIONNEL STRATÉGIES ET POLITIQUES DE
COMMUNICATION
theresason.mada@gmail/com
REMERCIEMENTS
Je tiens tout d'abord à remercier grandement Madame
Laurence-Marine Dupouy et Monsieur Alain Mons pour leur disponibilité et
leurs précieux conseils.
Je voudrais remercier aussi les personnes qui ont
participé de près ou de loin à mes recherches et
à l'élaboration de ce mémoire.
SOMMAIRE
INTRODUCTION_ _ _ _8
CHAPITRE 1 : SMART CITIES ET
TOURISME________________9
CHAPITRE 2 : ÉTUDE DE CAS.
BORDEAUX, L'ÉVEIL DE LA BELLE
ENDORMIE____________ 18
CHAPITRE 3 : RÉSULTATS
D'ENQUÊTES__________________ 40
ANNEXES___________________________________
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53
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BIBLIOGRAPHIE _ _
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_ 76
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WEBOGRAPHIE
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77
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8
INTRODUCTION
Voici bientôt vingt ans que le 21ème
siècle s'est offert à nous, nous laissant l'opportunité
d'enfoncer un peu plus profondément dans les limbes de l'humanité
la trace de notre passage sur Terre. C'est en effet très peu de temps
qui s'est écoulé depuis, mais c'est pourtant en ce moment
même que l'on voit poindre les prémices d'une ère futuriste
semblable à celle admise dans l'imaginaire collectif depuis la
moitié du siècle précédent. Avec l'arrivée
de l'internet au grand public dans les années 90 puis du web 2.0 au
début des années 2000, c'est dire si notre société
se situe dans une course effrénée au progrès et à
l'innovation. Actuellement, si l'on s'attarde sur l'Histoire de nos
sociétés et sur leur établissement, nous nous situons dans
une ère dite de l'hyper-modernisation. Ce mémoire fera donc
état d'une analyse des transformations induites par ce passage à
une ère nouvelle. Cette analyse concernera une vaste
organisation1, la ville. La ville constitue le prisme qui nous
permet de comprendre les sociétés et leurs mutations. C'est en ce
lieu que se concentrent les énergies corporelles, organiques et
inorganiques. C'est aussi au-dessus de la ville que l'on peut cerner, à
la loupe, les trajectoires empruntées par chacune de ces entités
et les discontinuités qui surgissent çà et là.
Aujourd'hui les villes tentent de relever ce défi de
l'hyper-modernisation introduit plus haut en faisant le pari du
numérique. Ville numérique, ville du futur et de manière
plus générique ville intelligente, voire `smart city', la ville
du 21ème siècle s'empare des Technologies de
l'Information et de la Communication (TIC) dans l'objectif de mettre en oeuvre
des infrastructures communicantes et durables pour améliorer le confort
des citoyens. C'est donc le citoyen qui occupe le centre des
préoccupations dans la `smart city'. Cependant, ce sont d'autres acteurs
qui ont leur importance dans ce système qui feront l'objet de cette
recherche, à savoir les touristes. Citoyens `à temps-partiel' les
touristes incarnent le lien stratégique reliant une ville à une
autre. Il s'avère donc nécessaire de prendre en compte les
relations qu'entretiennent ces derniers avec les `smart city' et ce
au-delà de leurs simples pratiques. Il sera de ce fait question
d'étudier les perceptions des touristes et la transformation de leur
imaginaire dans un contexte de mutations urbaines afin de déterminer
l'efficacité des nouveaux outils de communication que proposent les
`smart cities'.
1 En des termes sociologiques, un groupe humain régi
selon les mêmes règles dans l'optique d'atteindre un même
but. James March et Herbert Simon, Organizations 2nd edition,
Wiley-Blackwell, 1993.
9
CHAPITRE 1 - SMART CITIES ET TOURISME
1. Histoire de la ville et de ses transformations
1.1. De la tour de Babel à l'Utopia de Thomas More :
chronologie de la cité idéale
« 1 A cette époque-là, tous les hommes
parlaient la même langue et tenaient le même langage. 2 Lors de
leurs migrations depuis le soleil levant, ils découvrirent une vaste
plaine dans le pays de Chinéar et ils s'y établirent. 3 Ils se
dirent les uns aux autres : Allons, moulons des briques et cuisons-les au four.
Ainsi ils employèrent les briques comme pierres et le bitume leur servit
de mortier. 4 Puis ils dirent : Allons, construisons-nous une ville et une tour
dont le sommet atteindra jusqu'au ciel, alors notre nom deviendra
célèbre et nous ne serons pas disséminés sur
l'ensemble de la terre.
5 L'Éternel descendit du ciel pour voir la ville et
la tour que les hommes construisaient. 6 Alors il dit : Voici qu'ils forment un
seul peuple parlant tous la même langue, et c'est là ce qu'ils ont
entrepris de faire ! Et maintenant, quels que soient les projets qu'ils
concevront, rien ne les empêchera de les réaliser. 7 Eh bien,
descendons et brouillons leur langage pour qu'ils ne se comprennent plus entre
eux ! 8 Et l'Éternel les dissémina loin de là sur toute la
terre ; ils cessèrent donc la construction de la ville. 9 C'est pourquoi
on l'appela Babel parce que là, l'Éternel avait confondu le
langage des hommes de toute la terre, et c'est à partir de là
qu'il les a dispersés sur toute la terre. » 2
Ce passage de La Bible, témoigne de l'existence
lointaine d'une utopie de la cité idéale partagée par
l'universalité des Hommes. Les Hommes sont animés par ce
désir de rationalisation de l'espace par la construction,
l'élévation. À cette époque déjà les
Hommes s'organisent afin de répondre à un enjeu qui leur est
commun, voir leur « nom [devenir] célèbre, [ainsi ils ne
seront] pas disséminés sur l'ensemble de la terre ». La
recherche d'une identité participe déjà à la
concrétisation de leurs motivations. Une fois définie cette
identité à construire, ceux-ci collaborent afin d'accomplir leurs
desseins. Identité et collaboration deviennent maître mots de la
naissance de la ville, mais aussi de sa renaissance. La Tour de Babel
lorsqu'elle est détruite par « L'Éternel » oblige les
Hommes à se réorganiser et se construire une nouvelle
identité. Ce mythe de la Tour de Babel ainsi interprété
semble constituer le socle de l'histoire de la ville et de ses transformations,
de ses mutations. De la République de Platon à Francis Bacon et
sa Nouvelle Atlantide en passant par la fameuse Utopia de Thomas More, plus
d'un
2 Ancien Testament, Gen 11.10
10
millénaire a ensuite été consacré
au fantasme de la cité idéale, influençant de parts et
d'autres du monde l'installation du fait urbain.
1.2 Les processus de modernisation de la ville
Tout au long de l'évolution humaine, le visage des
villes a subi nombre de transformations résultant de la modification de
nos besoins. Si l'on s'attache à la pyramide des besoins de Maslow, les
besoins engagés dans ce processus de transformation de la ville sont
plutôt des besoins d'ordre physiologique et de recherche de
sécurité. Pour comprendre les enjeux auxquels sont actuellement
confrontés les acteurs de la `smart city `, il faut retracer l'histoire
de la ville depuis sa naissance afin de comprendre la manière dont s'est
mis en place le processus de modernisation auquel elle est aujourd'hui encore
soumise. Si l'on s'appuie sur l'étude anthropologique des villes
réalisée par Anne Raulin, on comprend que l'histoire des villes,
du fait urbain, est entièrement liée aux différents
systèmes d'organisation des Hommes, et qu'elle se découpe par
période. C'est d'ailleurs au cours de la période
post-néolithique, au moment de l'apparition de l'agriculture
qu'émergent les premières villes, dans la région du
croissant fertile. Cette installation des Hommes dans ce milieu à
même de subvenir à leurs besoins physiologique a impulsé le
développement du commerce, des premiers échanges commerciaux.
Nous sommes à cette période en 8500 avant J.C. À cette
époque on parle davantage de « villes insérées dans
un territoire indépendant qu'elles gèrent et gouvernent »,
soit des cité-États (Anne Raulin). Ce type d'organisation des
Hommes a eu vent jusqu'à la moitié du XIXème
siècle. Depuis l'apparition des premières
cité-États, sont mis en place au cours de la Grèce antique
des modes de gouvernance donnant lieu aux premiers modèles urbains
permettant la mise en place « d'un espace civique [et d'une] gestion
proprement politique de la cité-État ». La gestion des
Hommes et le souci d'une représentativité de la diversité
propre aux fondements de la culture antique grecque persistent aujourd'hui
encore, aux mêmes termes que l'influence de l'Empire romain sur
l'organisation de l'espace public. En effet, comme le précise Anne
Raulin, dans son Anthropologie urbaine, « En Europe et
particulièrement en France, ce double héritage a
entraîné dans les domaines de la gestion urbaine et politique une
fusion entre les notions de citadinité et de citoyenneté ».
Dépassé le temps des mythes biblique, la
cité-idéale, comme était amenée à le devenir
Babel et sa tour fantasque, se démocratise et participe à la mise
en relief d'un nombre croissant de territoires. La réalité
urbaine se conscientise chez les Hommes qui au fil des millénaires ont
conservé cette recherche de la modernité absolue. Thomas More et
son « Utopia » en témoignent et ne cessent d'inspirer les
générations les succédant. Aujourd'hui encore,
11
les préceptes des fondateurs de la pensée
utopiste guident le développement de nos villes et inspirent notre
créativité urbaine. Ce rêve impossible de «
cité idéale » anime aujourd'hui encore l'imaginaire des
citoyens et des gouvernants qui aspire désormais à rendre nos
villes intelligentes, à concrétiser l'utopie.
1.3 Sociologie de la ville
Avant de se pencher sur la situation actuelle à
laquelle sont confrontées les villes, la ville doit être comprise
en tant que système social et urbain. Selon Sylvia Ostrowetsky, il
existerait dans les villes une « synthèse spatiale » où
le centre urbain se caractériserait par « la cohabitation des
fonctions, sa multifonctionnalité, puisqu'il superpose et imbrique des
espaces de gestion administrative et juridique, économique, et
politique, religieuse et culturelle. ». D'après cette
représentation de la ville, il est plus aisé de s'imaginer sur
quels leviers il est nécessaire d'intervenir afin de rendre une ville
« smart ». Pour Anne Raulin, les centres urbains sont aussi à
qualifier de « synthèse temporelle » en ce sens qu' « ils
sont aussi des centres historiques ». Elle insiste ensuite sur ce fait en
expliquant que « le centre-ville est un espace/temps
intégré, et la dimension symbolique de cette
réalité s'exprime à travers des représentations de
symbiose, de matrice, de fusion, de nostalgie. » C'est d'ailleurs cette
prise en compte de l'historicité des villes, qui servira à
l'analyse de l'imaginaire touristique. La vision organique de la ville de
Ledrut pour qui « l'image de la ville » s'apparente à celle
d'une personne « le plus souvent identifiée à la mère
et suscitant les mêmes attentes ou les mêmes frustrations »
sera également prise en considération. Il y a en effet une
dimension symbolique du centre-ville, puisque c'est à cet endroit,
rappelons-le qu'est conservée l'histoire de la ville, d'un territoire
parfois. C'est l'endroit le plus attractif de la ville, « sujet
d'identifications collectives », de « mémoire collective
»3 où justement l'on retrouve des masses de touristes.
Pour Rémy et Voyé, « la centralité suppose un espace
de signification symbolique prédominante qui constitue le fond sur
lequel viennent éventuellement prendre forme des activités
commerciales et des services divers ». Ces services sont destinés
aux citoyens, mais aussi aux visiteurs extérieurs et c'est d'ailleurs la
raison pour laquelle, ces deux auteurs de Ville, ordre et violence
insistent sur le fait que « ce centre qui est un territoire commun de
rencontre où la résidence n'est pas une condition pour se sentir
chez soi, peut apparaître comme quelque chose où la vie est
continue dans la mesure où il s'y passe toujours l'un ou l'autre
3 Jean Remy et Liliane Voyé, Ville, ordre et violence,
Paris, PUF, 1981, p.86
12
événement à signification collective,
où le décor est occupé en permanence et qui, par la
spécificité de ses formes, exprime le caractère unique et
original de l'entité urbaine. ».
Partant de ces multiples postulats, concentrons-nous sur les
changements sociaux et urbanistiques qu'induit un passage à la «
smart city ».
2. À l'ère de l'hyper-modernisation, les
« smart cities ». État des lieux d'un concept en pleine
construction
2.1 Pourquoi la « smart city »
Alors qu'en 1700 la population mondiale ne comptait que 7% de
citadins, on estime aujourd'hui que « 70% de la population mondiale vivra
dans les zones urbaines à l'horizon 2050.4 » Cet
accroissement de la population mondiale n'est pas sans conséquence sur
le « plan économique et culturel [...] les modes de vie et le vivre
ensemble ». Les modes de gouvernance de la ville doivent donc être
adaptés à cet accroissement de la population urbaine, mais aussi
aux modes de vie des citoyens et aux outils que ces derniers utilisent au
quotidien. Ainsi, cette transformation des modes de gouvernance des espaces
urbains doit se faire en concomitance avec l'intégration des
Technologies de l'Information et de la Communication (TIC) dans notre
quotidien.
2.2 Les acteurs de la « Smart city » :
gouvernance publique et gouvernance privée
Cette confluence de l'organique (la ville-personne vue par
Ledrut) et de l'inorganique (les TIC) implique la mobilisation de
différents acteurs. Comme l'évoquent Emmanuel Veno et Jean-Michel
Mestres dans leur article « Villes numériques, villes intelligentes
? » publié dans la revue Urbanisme, « la ville
intelligente est d'abord le fait d'acteurs industriels majeurs :
opérateurs et équipementiers de télécommunications,
constructeurs informatiques, intégrateurs de systèmes
d'information, opérateurs de réseaux électriques,
distributeurs d'énergie, entreprise de travaux publics, promoteurs
immobiliers, entreprises de transport... » En effet, ce ne sont pas
uniquement les acteurs locaux qui sont mobilisés dans la construction de
la « ville idéale ». Par acteurs locaux, il est question de la
polis (les dirigeants de la ville, chargés de sa gouvernance),
mais aussi du demos (les citoyens). De quelle manière
interviennent donc les TIC auprès des
4 Hélène Marie-Montagnac, Villes
créatives : quand le numérique rencontre la culture en
métropole dans « L'imaginaire et la représentation des
nouvelles technologies de l'information et de la communication »
13
véritables « pratiquants » de la ville ? Pour
H. Marie-Montagnac, « les TIC sont amenées à jouer ici un
rôle, participant à la mise en oeuvre de nouvelles relations
interindividuelles comme à l'émergence de communautés
virtuelles et favorisant l'essor de ce que l'on désigne désormais
par l'expression d'intelligence collective ». C'est donc cette notion
d'intelligence collective qui sera interrogé, quant à la place
qu'elle laisse au sensible, à l'émotion. Cette modification des
relations interindividuelles impacte-t-elle nos perceptions et nos
représentations de la ville ?
2.3 Les différents niveaux d'intellectualisation de
la ville
2.3.1 Ville sensuelle
La « smart city » par essence doit permettre
d'inscrire le citoyen au coeur des décisions, grâce aux outils
numériques. Pour Antoine Picon, une ville qui s'oriente vers ce type de
gérance est une ville sensuelle qui « s'adresse directement aux
individus ne serait-ce parce qu'il faut les persuader de consommer. ».
Ici, la collaboration est de mise. La ville sensuelle induit une
démultiplication des interactions entre les individus et le
numérique et les individus entre eux par le numérique. Cette
approche de la « smart city » permettra d'analyser les mesures qui
ont été mises en place ou mériteraient d'être mises
en place afin de rendre les touristes « hyper-réactifs » dans
le sens où l'entend Picon. Complémentairement à ce
concept, Picon dresse le profil d'une ville sensible laquelle intervient sur la
perception de ses usagers à travers les écrans qui ponctuent son
agencement urbain. Parmi ces usagers de la ville, on s'intéressera au
cas des touristes urbains. Les touristes peuvent être
considérés comme les héliastes inavoués de la ville
sans pour autant en être des experts. La relation intermittente qu'ils
entretiennent avec les villes qu'ils visitent sur une courte ou longue
durée leur suffit à définir l'identité propre
à chacune de celles-ci. La ville est par nature sensible comme le
défini Picon, en ce sens qu'elle fait appel à la
sensorialité de ses usagers.
2.3.2 Ville sensible
L'odorat, la vue, l'ouïe, le toucher et le goût
sont les cinq vecteurs qui nous permettent d'adjectiver les ressentis que nous
avons d'un espace public. Aujourd'hui, la prégnance des écrans
dans cet oxymorique paysage urbain interfère dans cet échange
perceptif qui nous relie à la ville et ses réalités. Qu'il
s'agisse de notre smartphone, des gps, des montres intelligentes, des
écrans publicitaires, etc. les écrans nous enferment dans des
14
microsphères qui transforment nos perceptions. Quel
type de relation les touristes peuvent-ils nouer avec une ville si leurs sens
sont embués par les écrans ? Quelle place pour
l'altérité si la « smart city » implique une
standardisation de la trajectoire touristique ? Ainsi nous nous
intéresserons aux travaux d'Antoine Picon qui critiquent cette vision
idéaliste de la « ville intelligente ». Il explique en effet
que la « smart city » accroît cette dimension sensible des
villes où tout est filtré par les écrans et que ces
dernières prennent des allures de villes-événement,
où se multiplient les occurrences et où historicité et
patrimoine sont en quelque sorte mis au rebus. Ces faits répondent
d'ailleurs à l'une des hypothèses qui est que
l'hyper-modernisation induite par le concept de « smart city »,
altérerait la particularité dont joui chaque ville, chaque
territoire de par son histoire, sa culture. Si cette vision de la « smart
city » est reliée au rôle que jouent les touristes dans les
villes, c'est parce que justement, les touristes lorsqu'ils se rendent dans un
ailleurs, c'est bien parce qu'ils sont à la recherche de la
différence (Rachid Amirou), de l'altérité qui se situe
dans l'événemential (Alain Mons).
3. Tourisme et « smart cities »
3.1 Le tourisme urbain en question 3.1.1 Analyse
sociologique du tourisme
Si l'on se rapporte aux travaux de John Urry et Jonas Larsen
dans leur ouvrage « The Tourist Gaze 3.0 », il se confirme
l'hypothèse selon laquelle l'imaginaire des touristes se construit
d'après les représentations des espaces tels qu'ils leur ont
toujours été représentés. Les touristes ont des
attentes particulières concernant les villes qu'ils choisissent de
visiter. Selon les auteurs, «places are chosen to be gazed upon because
there is anticipation, especially through daydreaming and fantasy, of intense
pleasure, either on a different scale or involving different senses from those
customarily encountered. Such anticipation is constructed and sustained through
a variety of non-tourist technologies, such as film, TV, literature, magazines,
CDs, DVDs and videos constructing and reinforcing the gaze.» En
étudiant de manière plus approfondie le regard que portent les
touristes sur les paysages urbains, il sera possible de déterminer la
portée des transformations de la ville sur ces derniers, et si oui ou
non toutes les villes ont intérêt à faire ce pari du «
smart » quel que soit l'échelle choisie.La particularité des
touristes se
15
situe dans leur recherche de l'altérité, de la
différence, comme l'indiquait Rachid Amirou. Ainsi, ils ne
perçoivent pas les signes qui se situent dans une ville donnée de
la même manière que ses citoyens. Intervient donc ici le concept
d'observabilité partagée. Pour Louis
Quéré5, «nous nous mouvons dans des
environnements composés d'innombrables objets observables. Et pourtant
nous ne les percevons pas pour autant. Ils n'ont pas tous la même
saillance. Nous ne faisons attention qu'à certains d'entre eux, par
exemple ceux qui sont pertinents pour organiser une activité en cours ou
pour traiter une situation, ceux qui contredisent nos attentes
routinières, ou ceux dont l'absence est remarquable parce qu'une attente
n'est pas remplie. L'observabilité de ces objets n'est donc pas une
observabilité en soi, une observabilité immédiate (au sens
de « sans médiation »), mais une observabilité
accomplie. » Ainsi nous parlerons d'observabilité accomplie parce
qu'il émerge des « configurations sensibles » dans
l'idée d'un imaginaire touristique. On peut en outre reprendre les
propos de Merleau-Ponty qui déclarait alors que «la vision
s'articule sur le visible qui la rend possible et, en même temps, elle le
fait advenir. Urry et Larsen l'expliquent en ces termes: « The tourist
gaze is directed to features of landscape and townscape which separate them off
from everyday experience. Such aspects are viewed because they are taken to be
in some sense out of the ordinary. The viewing of such tourist sights often
involves different forms of social patterning, with a much greater sensivity to
visual elements of landscape or townscape than normally found in everyday life.
People linger over such a gaze, which is often visually objectified or captured
through photographs, postcards, films, models and so on. These enable the gaze
to be reproduced, recaptured and redistributed over time and across space.
Qu'implique donc une hyper-modernisation de la ville dans
l'imaginaire des touristes? Pour Lucien Kroll 6 déjà
en 1990, nous faisons face à un massacre culturel. Le remplacement des
« anciennes textures » des paysages urbains, par des « objets
mercenaires comme les parkings » (aujourd'hui on pourrait émettre
un parallèle avec l'apparition des écrans sur les
bâtiments) indique une mise à mal du sacré et
déplore « La relation entre les choses, leurs proportions et leurs
espaces non bâtis, leur paysage qui assurent cette cohérence qu'on
se désespère de réinventer dans les architectures
contemporaines ». Il y aurait dans le bâti contemporain une
dégradation de « la poésie des événements, une
mutilation culturelle paysagère. » Partant de ce constat, les
organisations du tourisme, lien effectif entre la ville et ses visiteurs ont
tout à faire pour accompagner les touristes dans ce processus
d'acceptation qu'ils devront enclencher une fois que le visage des villes
à forte historicité se verra transformé. Les touristes
sont néanmoins pris en compte dans le développement des villes
smart, mais uniquement
5 Le sensible et l'observable, dans « L'espace
public, les compétences du citadin »
6 La ville policée, dans « L'espace public,
les compétences du citadin »
16
concernant leurs pratiques. Bien qu'une distinction soit faite
par les experts de la question entre « smart city » et « smart
destination », il convient aujourd'hui encore de poser les limites de ces
deux concepts, et de questionner la perception des touristes. Selon les cahiers
du tourisme de Wallonie, l'utilisation des data semble le facteur clé de
succès permettant d'optimiser l'expérience client. « Le
croisement entre connaissances des clientèles, création de
contenus adaptés, gestion de la data permettront de proposer de vraies
communications ciblées, sur mesure, respectant les attentes des clients
souhaitant vivre et se projeter dans de vraies expériences pendant leur
voyage. Beaucoup reste donc à faire. » Au regard de toute la
réflexion, qui entoure les concepts de « smart cities » et de
transformation des imaginaires touristiques, l'une des manières de
maintenir l'équilibre dans la perception des touristes seraient
multiplier les « affordances » comme décrites par Isaac
Joseph. En effet, selon ce dernier, une affordance est « à la fois
une prise et une invite, la disponibilité dans l'univers perceptif
». Concept formulé par James J. Gibson au cours des années
70, il interviendrait dans le cadre des interactions sociales avec la ville que
les organisations touristiques doivent proposer aux touristes par le biais des
TIC. L'importance de l' « affordance » tient dans le fait que «
Les guides se distingueraient par leur façon de saisir l'affordance (ou
de définir l'intérêt et la curiosité du
touriste/lecteur). » Cependant, « un trop fort guidage peut
réduire l'affordance du site, de la situation, une absence de guidage
qui rend difficile la rencontre de ce qui a de la valeur, ce qui vaut
d'être vu. »
Afin de déceler si les méthodes de communication
actuellement mises en place par la ville de Bordeaux permettent aux touristes
de percevoir les espaces urbains comme il se doit, nous analyserons la
manière dont ces derniers perçoivent la ville de Bordeaux.
Élue ville la plus tendance de l'année 2017, cette ville dont la
richesse patrimoniale est reconnue mondialement témoigne aujourd'hui de
nombreuses transformations qui la placent au rang de « smart city ».
Ces projets de transformation de la ville de Bordeaux s'inscrivent dans un
grand projet urbain intitulé « Bordeaux 2030 : du croissant de lune
à la pleine lune. ». Bien que le visage de la ville ait maintes et
maintes fois muté au cours des siècles et des décennies,
c'est en 2009 que les changements urbanistiques furent les plus
considérables. Toujours dans l'objectif de construire un « Bordeaux
2030 » plus habitable, Alain Juppé actuel maire de Bordeaux et
président de Bordeaux Métropole publiait alors un premier arc de
développement durable de la ville et posait les bases de la philosophie
de la ville en matière d'urbanisme et d'architecture durables. Afin de
comprendre les choix effectués par la polis afin
d'améliorer le mode de vie du demos de la ville de Bordeaux et
la rendre attractive, il est nécessaire de s'imprégner
de l'histoire de Bordeaux. En effet, la ville doit être vue comme un
corps qui évolue en fonction de son
17
environnement, qui porte les marques du temps, et qui se
transforme. Ainsi, il est indispensable de prendre connaissance des
événements qui ont façonné la ville de Bordeaux
comme nous la voyons aujourd'hui. Ces événements constituent une
forme d'expérience dont témoigne la ville à travers les
valeurs qu'elle incarne et qu'elle défend par ses choix architecturaux
et urbanistiques, mais aussi par les moyens qu'elle met en place afin que ses
habitants s'en nourrissent. Dans un second temps il sera question d'interroger
les touristes qui ont pu se rendre à Bordeaux, afin d'analyser de quelle
manière ces derniers perçoivent la ville de Bordeaux. Ce sera
l'occasion dans un troisième temps de déterminer par un travail
ethnographique si les outils mis en place permettent aux touristes de
s'approprier la ville ou si au contraire, ils ont tendance à figer nos
rapports à cette dernière ?
18
CHAPITRE 2 - ÉTUDE DE CAS : BORDEAUX,
L'ÉVEIL DE LA BELLE ENDORMIE
1. Histoire de la ville de Bordeaux et de ses
transformations
1.1Une transformation urbaine
assumée
C'est à partir du 18ème siècle
grâce à son implication dans la Traite des Noirs et dans le
commerce colonial que la ville de Bordeaux connu sa première grande
expansion. De par la quantité des exports effectués vers le reste
de l'Europe et le nombre d'expéditions menées vers les autres
continents, Bordeaux devient le premier port de France et le deuxième
port mondial après celui de Londres. Alors en plein essor
économique, la ville accueille de plus en plus d'habitants. « La
population passe de plus de 66 000 habitants au milieu du siècle
à près de 110 000 en 1790. Le négoce attire une population
riche ou modeste, extrêmement variée, mêlant catholiques,
protestants et israélites. »7. À cette
époque, la ville est administrée par des Intendants hautement
qualifiés qui mettent en place un plan d'urbanisme visant à
défaire la ville de son image de cité médiévale.
Les grands édifices prennent naissance, « c'est la construction de
la place Royale (actuelle place de la Bourse), la création des places
Dauphine (Gambetta), Saint-Julien (de la Victoire), de Bourgogne (Bir-Hakeim),
Saint-Germain (Tourny), la percée ou l'aménagement des cours et
allées conçus comme des promenades, l'érection des portes
et fontaines, la réalisation du jardin public et de nombreux
lotissements, le démantèlement du Château Trompette. La
ville se pare de somptueuses constructions comme le Grand Théâtre,
le Palais Rohan et d'autres hôtels particuliers, créant de
nouveaux quartiers aérés à la richesse inouïe. »
8 . À l'issue de ces transformations urbanistiques, Bordeaux entre dans
l'ère de la modernité. Napoléon Bonaparte est au pouvoir
et de nombreux travaux sont entrepris, notamment le réaménagement
du port et la construction du pont de Pierre. En parallèle des
nombreuses revendications populaires faisant écho au climat ambiant de
belligérance on assiste à l'aboutissement de grands projets
urbains. « En 1822, c'est l'ouverture tant attendue du pont de Pierre,
premier pont reliant les deux rives, puis en 1824 celle de l'Entrepôt
réel des denrées coloniales pour stocker les marchandises sous
douane. En 1829 le nouvel hôpital Saint-André remplace l'ancien,
devenu insalubre. » Après la révolution de 1848, et
l'élection de Louis-Napoléon Bonaparte au titre de
Président de la République le 10 décembre,
l'économie reprend son élan, et ce durant toute la moitié
du 19ème siècle. « Le Théâtre
Français, le cimetière de la Chartreuse, le palais de justice,
les colonnes rostrales des Quinconces, les boulevards (1853-1857), les lignes
de chemin de fer vers Bayonne
7 9 10 11 Bordeaux, porte Océane (1715-1793), Bordeaux
des deux rives (1793-1914), De nouveaux équilibres (de1945 à nos
jours) dans « Chronologie de l'histoire de Bordeaux »,
http://www.bordeaux.fr/
19
ou Paris, l'extension des quartiers, l'adduction d'eau et
l'éclairage des rues dans les années 1860, l'annexion de la
commune de La Bastide en 1865, l'ouverture du cours d'Alsace en 1869,
l'installation de marchés, le dégagement de la cathédrale
Saint André, la construction de la synagogue, des facultés, de la
bibliothèque municipale et de la gare Saint-Jean, l'apogée en
1875 de la sculpture monumentale (L'exemple le plus représentatif est,
sur la place des Quinconces la colonne des Girondins) sont
pêle-mêle des témoignages significatifs de
l'aménagement de Bordeaux, ville attrayante qui passe de 120 000
habitants en 1841 à 230 000 en 1891. »9 Au cours de la
première guerre mondiale, Bordeaux devient à nouveau capitale
provisoire de la France. Son port jouissant d'une situation géographique
idéale fait office de base de ravitaillement des troupes
états-uniennes en 1917. L'économie bordelaise ne cesse
d'accélérer à compter des années 1920,
décennie durant laquelle on verra s'ériger le port autonome de
Bordeaux, les hangars et les quais « permettant aux grands
transatlantiques d'accoster ». Le maire de l'époque, Adrien Marquet
relance un projet de modernisation de l'architecture, accompagné des
architectes Jacques d'Welles, Raoul Jourde et Cyprien Alfred-Duprat. On leur
doit ainsi « la réfection des égouts et de
l'éclairage public, la macadamisation de rues, la construction des
abattoirs, de la piscine Judaïque, de la Bourse du travail, du stade
Lescure et d'un nouvel immeuble pour la récente régie municipale
du gaz et de l'électricité. »10. Le visage de la
vie culturelle est également transformé par l'apparition de
théâtres, cabarets, salles d'exposition, etc. À la
moitié du 20ème siècle, Jacques Chaban-Delmas,
député-maire de Bordeaux depuis 1947 devient en 1954 ministre des
Travaux publics, du Logement et de la Reconstruction et impulse le lancement de
constructions modernes. Plusieurs cités sont construites, le centre
hospitalier universitaire, le domaine universitaire et les tours de la
cité administrative sont érigées. Dans les années
1960, les ponts saint Jean et le pont d'Aquitaine apparaissent et l'ancien
quartier de Mériadeck est entièrement démoli afin devenir
l'actuel quartier des affaires de Bordeaux. Au regard de tous ces grands
travaux, la ville de Bordeaux n'a de cesse d'attirer de nouveaux habitants. Une
décennie plus tard, « la population de l'agglomération passe
de 430 000 à 600 000 habitants. » Il y a de plus en plus
d'étudiants, les premiers centres commerciaux font leur apparition.
C'est toute une ville qui est transformée non plus par les chantiers qui
l'animent, mais par le changement des habitudes de sa population. Dans les
années 1990, la métropole s'ouvre davantage à
l'extérieur avec l'arrivée du TGV à la Gare Saint-Jean et
Alain Juppé successeur à la municipalité de Chaban-Delmas
prend conscience des besoins de ses usagers. Un nouveau programme de
rénovation urbaine voit le jour, lequel annonçant entre autre le
retour du tramway.
20
1.2 Une ville classée au patrimoine mondial de
l'UNESCO
« Le patrimoine est l'héritage du passé,
dont nous profitons aujourd'hui et que nous transmettons aux
générations à venir. » Extrait de la convention de
1972.
Inscrit depuis le 28 juin 2007 sur la liste du Patrimoine
mondial de l'Unesco, le Port de la Lune de Bordeaux jouit du titre d'Ensemble
urbain exceptionnel. Large de 1810 hectares, il s'agit du plus grand ensemble
urbain honoré de ce titre par la Commission du Patrimoine mondial de
l'Unesco. C'est à l'issue de nombreux échanges entre
l'État, les partenaires locaux, des scientifiques, historiens,
architectes et urbanistes que la candidature de la ville de Bordeaux a
été soumise au patrimoine mondial de l'Unesco. En effet, afin de
concourir au titre d'Ensemble urbain exceptionnel, il était requis qu'un
périmètre bien précis englobant les édifices les
plus représentatifs de son patrimoine, de son histoire et de son
architecture particulière soit définit. Une fois ce
périmètre définit, il faut savoir que le Patrimoine
mondial de l'Unesco n'intervient pas dans la règlementation urbanistique
en vigueur. Cependant, si la ville de Bordeaux (ou tout autre ville
classée au Patrimoine mondial de l'Unesco) ne répond plus «
aux exigences de l'Unesco en terme de préservation et de transmission
aux générations futures de toutes les composantes de
l'identité bordelaise [à savoir] : un patrimoine architectural et
immatériel exceptionnel », alors il n'est pas garanti que cette
dernière soit maintenue dans le classement de la Commission du
Patrimoine mondial de l'Unesco. Cela suppose une bonne gestion du patrimoine en
réponse à diverses « exigences complémentaires : la
conservation du patrimoine, le développement économique et
social, la mise en valeur du patrimoine historique et de la culture vivante,
comme la qualité de vie des Bordelais. ». Il s'agit d'un plan de
gestion évolutif car tourné vers l'avenir et prenant en compte
les problématiques du développement durable. Cependant, ce plan
contient également des éléments propices au maintien et
à la valorisation de « l'identité bordelaise ». Selon
le site de la mairie de Bordeaux, il s'agit des oeuvres d'art, de l'histoire,
l'art de vivre composé de la gastronomie et de la culture du vin. Ainsi,
la spécificité de Bordeaux comme Patrimoine mondial réside
dans le fait qu'il s'agisse d' « un patrimoine historique ou contemporain,
architectural ou végétal, consensuel ou contesté, dans une
continuité urbaine homogène sans rupture depuis plus de deux
siècles.
Observons de quelles manières la ville de Bordeaux
aujourd'hui encore en pleine mutation, incarne ces valeurs qui la
définissent comme patrimoine mondial.
21
22
2. Une ville en mutation permanente
2.1 Le nouveau visage de Bordeaux : des choix
architecturaux disruptifs
Dans le cadre de son troisième grand projet urbain
devant prendre fin à l'horizon 2030, la ville de Bordeaux voit sortir de
terre un grand nombre de constructions de parts et d'autre de son
étendue. Ce projet ayant vu le jour en 2013 a déjà
donné naissance au réaménagement du quartier des Bassins
à flot. La mise en place de ces grands projets a vocation à
décentrer les événements du centre-ville et de les
étendre à la partie Nord de la ville ainsi qu'à la rive
droite. Le quartier des Bassins à flots est le quartier le plus
représentatif de cette volonté d'ouverture de la ville. En
témoignent ces étendues de terrains inhabités
laissés de trop nombreuses années à l'abandon. Ces
transformations successives de la ville de Bordeaux laissent présager un
anéantissement du patrimoine et de l'héritage bordelais.
Cependant, l'ensemble des projets mis en place par la mairie de Bordeaux visent
en réalité à faire cohabiter ville ancienne et ville
moderne et à annihiler toute dualité entre ses deux
représentations de la ville. Le seul contraste qui doit apparaître
dans nos imaginaires est celui des deux rives séparées par le
fleuve de la Garonne. C'est en cela que Bordeaux figure en tant que ville
moderne, mais une partie de sa modernité tient aussi dans le fait qu'il
s'agit d'une ville qui sait s'adapter à son époque. C'est en
effet une ville intelligente qui place les citoyens et les besoins qui leurs
sont propres au centre de ses préoccupations. C'est une ville consciente
de son patrimoine, de la géographie du territoire sur lequel elle est
implantée, et de l'architecture qui la rend si particulière.
Cette modernité est entièrement assumée par la ville, mais
aussi par ses habitants qui ont cette opportunité d'habiter le
patrimoine. C'est un patrimoine vivant et non pas figé, un patrimoine
qui se situe dans la prolongation de nos trajectoires quotidiennes et non pas
un patrimoine qui les interrompt. « Le patrimoine est habité, il
est partagé, il est gratuit, il n'est pas automatiquement ancien. Le
patrimoine c'est le quartier des Chartrons comme les quais rive gauche, le
jardin botanique, comme le palais de la Bourse, le quartier Saint-Michel comme
le jardin public [...] La modernité de Bordeaux, c'est le tramway, sans
caténaire et sans abri voyageur place de la Bourse, le lion bleu de
Xavier Veilhan place Stalingrad comme le Res Publica de Nicolas Milhé en
faut des silos des Bassins à flot, le souci de préservation de la
halle des Douves comme celui de la salle des fêtes du Grand Parc. La
modernité de Bordeaux est dans ce qu'elle a cessé de n'aimer que
l'architecture du XVIIIe siècle et les échoppes, pour s'ouvrir
à d'autres époques, à d'autres styles, modernité
dans sa capacité de s'étendre sans être
défigurée, parce que l'ADN de la ville est trouvé. L'ADN
de Bordeaux, c'est d'abord un paysage et, au centre de ce paysage, le fleuve.
»11 C'est en ces termes exact qu'Alain Juppé,
défend l'identité de la ville de Bordeaux. Une
11Préface d'Alain Juppé dans «
Bordeaux 2030, du croissant de lune à la pleine Lune. »
23
ville où les différences d'époques
confluent à merveille afin d'offrir à ses citoyens le meilleur
confort de vie possible mais aussi pour pérenniser la construction du
patrimoine. En témoigne récemment la construction du Pont
Chaban-Delmas et de la Cité des Civilisations du Vin, remarquables
édifices architecturaux qui prennent tous deux place au sein du quartier
des Bassins à flot. Cette continuité dans laquelle se situent ces
deux totems du renouveau architectural de la ville de Bordeaux c'est celle des
« grands tracés urbains dessinés par les intendants au
XVIIIe siècle ». Ils laissent envisager une poursuite du
développement économique de la ville lui permettant de passer du
simple « croissant de Lune à la pleine Lune ».
2.2 Une ville en interaction avec ses pratiquants
Outre son renouveau architectural, la ville de Bordeaux se
veut plus moderne auprès de ses pratiquants en faisant le choix
d'inclure le numérique dans sa façon d'échanger avec ces
derniers. Le choix d'inclure l'Open data dans le mode de gouvernance de la
ville permet en effet de se rapprocher des citoyens, de connaître leurs
usages et de comprendre leurs besoins. Ainsi, le Conseil de
développement durable (D) s'est posé la question des mesures qui
devraient être prises afin d'améliorer la vie citoyenne mais aussi
pour inciter les citoyens à initier eux-mêmes des projets. Ces
réflexions sur le progrès de la métropole bordelaises
datent de 2015 au moment où les prémices de sa mutation
étaient déjà constatables dans la ville de Bordeaux.
À ce jour, le numérique s'est déjà fait une place
dans le quotidien des usagers de la ville de Bordeaux. Les transports du
réseau TBM, notamment les bus, sont dotés d'écrans
dynamiques informant sur les « Lieux à voir » à
proximité des arrêts desservis par chaque ligne ainsi que sur la
quantité de V-CUB (vélos en libres services mis à
disposition par la métropole) disponibles à ces mêmes
arrêts. Certains abris-bus sont aussi dotés de panneaux dynamiques
affichant les horaires de passage des bus, un dispositif renforcé par la
présence de QR CODE. Une fois scannés par les usagers d'une telle
ou telle autre ligne de bus, ceux-ci indiquent l'heure de passage des prochains
bus, à la manière des panneaux dynamiques. Outre ces moyens
relativement efficaces pour communiquer auprès des citoyens, diverses
applications ont été créées par la métropole
mais aussi par de tierces personnes afin de faciliter les déplacements
et l'orientation des citoyens, mais aussi des touristes. Revenons ainsi au
coeur de notre sujet, les touristes. Certaines de ces applications
destinées à faciliter le guidage spatial des corps s'adressent
à la fois aux habitants, mais aussi aux touristes parfois directement,
parfois indirectement. Elles permettent de s'orienter, de s'informer, mais
aussi de découvrir la ville. Cette façon de découvrir la
ville concorde tout à fait avec cette volonté de faire de
Bordeaux une ville moderne en ce sens qu'elle parvient à maintenir
l'équilibre entre ville ancienne et ville nouvelle. Cependant cette
inclusion des écrans dans la trajectoire des touristes venus visiter
Bordeaux pousse à se questionner sur l'influence qu'ont ces derniers sur
les
24
perceptions des touristes de la ville. Les moyens actuellement
mis en place pour offrir aux habitants le meilleur mode de vie possible
permet-il aux touristes de saisir les subtilités identitaires de «
la belle endormie » ?
3. Enquête : déterminer les besoins des
touristes urbains
3.1 Objectifs de l'enquête
Si l'on s'appuie sur le tableau de Latour des modes
d'innovations organisationnels, on peut comparer la trajectoire classique des
touristes à un cours d'action ininterrompu. Le seul hiatus admis dans ce
type de trajectoire serait le lot d'hésitations et d'ajustements
auxquels on se soumet en tant que touriste lorsque l'on cherche notre chemin
par exemple. Cette interruption de parcours, incite le touriste à faire
attention à son environnement, lorsqu'il essaie de repérer dans
l'espace (félicité), mais provoque également une perte
d'attention quant aux événements qui l'entourent
(infélicité). Il s'agit d'un scénario commun à tout
individu situé dans un espace qu'il ne connaît pas et qu'il n'a
pas encore eu l'occasion de s'approprier. Avec l'actuelle prégnance de
la sphère du virtuel dans nos trajectoires quotidiennes il est
intéressant de questionner quels sont les hiatus qui s'imposent à
nous et quelles forment prennent félicités et
infélicités. De quelle manière se construisent nos
rapports à la ville lorsque la technique s'immisce dans nos habitudes ?
Tel est l'objectif de cette enquête.
3.2 Choix de la méthodologie
3.2.1 Le questionnaire quantitatif
Afin de comprendre l'influence de ces outils numériques
sur les perceptions des touristes une dizaine de questions sera posée
à un échantillon de 50 personnes francophones et anglophones. Un
échantillon de 50 personnes suffira amplement dans la mesure où
la plupart des questions posées permettent au panel interrogé de
répondre sans guidage. Le résultat de cette enquête ne sera
pas représentatif de la totalité de la population de touristes
s'étant rendus à Bordeaux, cependant, un échantillon de
100, 1000 ou 10 000 personnes ne l'aurait pas non plus été. La
teneur des propos relevés est en effet exclusivement subjective. Cinq
parties se distingueront dans cette enquête :
1. 25
Déterminer si la personne interrogée a
déjà visité la ville de Bordeaux ou non
À l'issue de cette première partie,
l'enquêté sera dirigé vers la rubrique «
Découverte de Bordeaux » ou « Retour à Bordeaux »,
selon les réponses fournie dans la première partie.
2. Découverte de Bordeaux
Cette rubrique du questionnaire permettra de
déterminer si l'enquêté constate un écart entre ses
représentations de la ville de Bordeaux (influencées par l'image
qui en est dépeinte dans les medias) et l'actuelle
réalité.
3. Retour à Bordeaux
Dans cette rubrique, il s'agira de vérifier si les
changements urbains de la ville de Bordeaux modifient la manière dont
l'enquêté perçoit la ville
4. Focus sur la Cité du Vin
Édifice le plus représentatif du processus de
modernisation de la ville de Bordeaux, la cité du vin fera l'objet d'une
pré-enquête auprès des touristes. Cette enquête
visera à les laisser exprimer leurs ressentis concernant ce projet.
5. Cette partie consiste à dresser le profil des
répondants.
Il s'agira de déterminer la génération
à laquelle appartiennent les répondants, ce qui permettra de
mieux comprendre leur relation au numérique avant d'analyser leur
perception d'une ville qui intègre les TIC dans ses processus
d'interaction avec ses pratiquants. Les enquêtés seront
également interrogés sur leur ville de provenance. Cela permettre
de comprendre si le cadre dans lequel ils évoluent influence leur
façon de percevoir l'espace public.
Cette première partie d'enquête se fera par le
biais d'un questionnaire semi-directif à auto-démembrement
diffusé sur internet. Les publics interrogés sont essentiellement
des hommes et des femmes de tous âges ayant visité la ville de
Bordeaux. Afin d'atteindre cette cible, les questionnaires ont
été diffusés sur les réseaux sociaux (Twitter,
Facebook et Linkedin) dans des groupes de discussions dédiés au
tourisme.
Ci-contre, la grille d'entretien (en français)
commentée, soumise à l'échantillon de 50 personnes.
26
Bordeaux l'éveil de la belle
endormie
Dans le cadre de mon Master 2 en Stratégies et
Politiques de communication, je réalise un mémoire de recherche
sur Bordeaux en tant que "smart city". Ce questionnaire vise à vous
interroger sur vos perceptions de la ville en tant que touristes. Il n'y a pas
de bonne ou de mauvaise réponse.
*Obligatoire
Afin d'éviter tous biais méthodologie,
il est précisé en introduction de l'enquête qu'elle ne
s'adresse qu'aux individus ayant visité la ville de Bordeaux en tant que
touristes. Certaines personnes ayant récemment aménagé
dans cette ville ont ainsi été autorisées à
répondre à cette enquête.
À quel titre avez-vous visité Bordeaux ?*
? Tourisme de loisir ? Tourisme d'affaire ? Les deux
? Autre :
Avez-vous visité Bordeaux lors de ces 12 derniers mois ? *
Oui
Non
Cette précision permettra de connaître
l'état d'esprit dans lequel étaient les personnes
interrogées lors de leur visite, et leurs attentes.
Étiez-vous déjà venu à Bordeaux
auparavant ? *
Oui (Accéder à la page 7 : Retour à
Bordeaux)
Non (Accéder à la page 2 : Découverte de
Bordeaux)
27
Cette question permettra de situer à quelle
période du processus de transformation de la ville de Bordeaux, les
personnes interrogées ont pu effectuer leur visite.
[DÉCOUVERTE DE BORDEAUX]
Cette rubrique a pour objectif de déterminer s'il y a
un écart entre vos attentes concernant la ville de Bordeaux et vos
ressentis lors de votre visite de Bordeaux.
Afin d'obtenir les réponses les plus exploitables
possible, il a été convenu d`indiquer l'objectif de cette
rubrique.
Lors de votre visite, la ville de Bordeaux était-elle
semblable à ce que vous imaginiez ? *
? Oui ? Non
Quelles similitudes ou différences avez-vous
remarquées ? * (Réponse longue)
Suite à votre visite, comment définiriez-vous
l'identité de Bordeaux ? * (Réponse longue)
28
Êtes-vous d'accord avec ces propositions ?
Cette question a pour objectif de relever les
éléments qui vous ont permis de définir l'identité
de la ville de Bordeaux en fonction de votre expérience
|
Pas du
tout
d'accord
|
Pas
d'accord
|
Ni en
désaccord, ni d'accord
|
D'accord
|
Tout à fait d'accord
|
L'architecture de
la ville
|
|
|
|
|
|
Les modes de
transport
|
|
|
|
|
|
L'offre culturelle
|
|
|
|
|
|
Les événements
|
|
|
|
|
|
Les moyens mis à
ma disposition pour visiter la ville
|
|
|
|
|
|
Il s'agira grâce à cette question de
déterminer si les éléments représentatifs de la
ville de Bordeaux suffisent à définir son
identité.
Avez-vous eu connaissance avant ou durant votre séjour
d'une ou plusieurs des applications suivantes ?
Il s'agit uniquement des applications proposées sur le
site de Bordeaux Métropole-Bordeaux tourisme
Plusieurs réponses possibles
Cette question permettra de déterminer quelle
importance est donnée au numérique lors des visites touristiques
de la ville de Bordeaux. Il sera alors possible de savoir si oui ou non ces
outils ont une utilité. Elle sera également adressée aux
individus ayant déjà visité Bordeaux au moins une
fois.
(Agenda Bordeaux ; Bordeaux Métro Vélo ; Bordeaux
Shopping ; Bordeaux code ; Info TBC App ; Lastable Monument Tracker ;
Musée d'Aquitaine ; Smart Bordeaux ; SNCF TER Mobile ; Toilettes
Bordeaux ; Transports Bordeaux)
AUCUNE
Si oui, comment-en avez-vous eu connaissance ? (Réponse
courte)
Cette question permet de connaître les moyens de
communication utilisés par les touristes lors de leurs visites ou en
préparation de leurs visites
Si non, pensez-vous que vous auriez mieux appréciée
votre visite de Bordeaux avec une ou plusieurs de ces applications ?
(Réponse longue)
Grâce à cette question, il sera possible
de déterminer quels sont les besoins et les attentes des touristes avant
et pendant leur voyage.
Avez-vous utilisé une ou plusieurs de ces applications
durant votre séjour ?
? Oui ? Non
29
Si oui, votre expérience de visiteur en a-t-elle
été améliorée ?
Merci de justifier votre réponse (Réponse
longue)
Si non, expliquez pourquoi.
30
Ces trois questions serviront d'indicateur de performance
de ces applications
31
[RETOUR À BORDEAUX]
À quand remonte votre dernière visite de
Bordeaux ?
· 10 ans ou plus
· Entre 5 et 10 ans
· Entre 1 et 5 ans
· Moins d'1 an
Il s'agira de déterminer sur quelle
période l'individu effectuera la comparaison de ses
perceptions
Quels changements vous ont le plus marqué depuis votre
dernière visite ?
· Le développement du réseau de transport
(vcub, tram, batcub)
· Le renouveau architectural ( pont chaban-delmas,
cité du vin,ect)
· Autre :
Les réponses à ces questions nous
indiqueront quels éléments constituent le contraste le plus
important entre « l'ancienne » et la « nouvelle » ville de
Bordeaux
Avez-vous eu connaissance avant ou durant votre séjour
d'une ou plusieurs des applications suivantes ?
Il s'agit uniquement des applications proposées sur
le site de Bordeaux Métropole-Bordeaux tourisme
Plusieurs réponses possibles
Cette question permettra de déterminer quelle
importance est donnée au numérique lors des visites touristiques
de la ville de Bordeaux. Il sera alors possible de savoir si oui ou non ces
outils ont une utilité. Elle sera également adressée aux
individus ayant déjà visité Bordeaux au moins une
fois.
(Agenda Bordeaux ; Bordeaux Métro Vélo ; Bordeaux
Shopping ; Bordeaux code ; Info TBC App ; Lastable Monument Tracker ;
Musée d'Aquitaine ; Smart Bordeaux ; SNCF TER Mobile ; Toilettes
Bordeaux ; Transports Bordeaux)
AUCUNE
Si oui, comment-en avez-vous eu connaissance ? (Réponse
courte)
Cette question permet de connaître les moyens
de communication utilisés par les touristes lors de leurs visites ou en
préparation de leurs visites
Si non, pensez-vous que vous auriez mieux
appréciée votre visite de Bordeaux avec une ou plusieurs de ces
applications ?
(Réponse longue)
Grâce à cette question, il sera possible
de déterminer quels sont les besoins et les attentes des touristes avant
et pendant leur voyage.
Avez-vous utilisé une ou plusieurs de ces applications
durant votre séjour ?
? Oui ? Non
32
Si oui, votre expérience de visiteur en a-t-elle
été améliorée ?
Merci de justifier votre réponse (Réponse
longue)
Si non, expliquez pourquoi.
33
Ces trois questions serviront d'indicateur de performance
de ces applications
34
[LA CITÉ DU VIN]
Située à Bordeaux, La Cité du Vin est un
équipement culturel unique au monde, où s'exprime l'âme du
vin, à travers une approche immersive et sensorielle, au coeur d'une
architecture évocatrice. La Cité du Vin donne à voir le
vin autrement, à travers le monde, à travers les âges, dans
toutes les cultures et toutes les civilisations.
Lieu de vie, lieu de sortie, lieu de découverte, La
Cité du Vin vous invite au voyage dans un monde de cultures.
(Source:
http://www.laciteduvin.com)
Avez-vous remarquée "La Cité du Vin" ?*
? Oui (passer à la section suivante)
? Non (Accéder à la page 8 : Quel
touriste êtes-vous ?)
En fonction de cette réponse et des
réponses précédemment fourni par l'enquêté,
il sera possible de déterminer si les outils numériques
proposés pour visiter la ville ont influencé la trajectoire
empruntée par les touristes.
Découverte de la Cité du Vin
Avez-vous été surpris par l'architecture de
l'édifice (extérieur) ?*
? Oui ? Non
Il sera question de déterminer de quelle
manière les touristes perçoivent les choix d'architectures
disruptifs effectués dans la ville de Bordeaux, et si oui ou non ces
derniers comprennent la démarche de l'architecte et de la
polis.
Justifiez pourquoi, exprimez librement votre ressenti *
(Réponse longue)
35
Il s'agit d'analyser les divergences de perceptions et
de faire ressortir les points communs, s'il y en a
Avez-vous visité la Cité du Vin ?*
· Oui (passer à la section suivante)
· Non (Accéder à la page 8 : Quel touriste
êtes-vous ?)
Visite de la Cité du Vin
Avez-vous effectué le parcours permanent ? *
· Oui (passer à la section suivante)
· Non (Accéder à la page 8 : Quel touriste
êtes-vous ?)
Parcours permanent de la Cité du Vin
Avez-vous apprécié l'utilisation des outils
numériques tout au long de la visite ? (Écrans tactiles et
audioguides)*
· Oui
· Non
Pourquoi ?*
Cette dernière question nous permettra de
comprendre si les outils mis à disposition des touristes pour
s'approprier la ville sont adaptés à leurs attentes et à
leurs pratiques.
36
[QUEL TOURISTE ÊTES-VOUS ?]
Lorsque vous partez en vacances ou en week-end en milieu urbain,
quels sont vos critères pour choisir une ville ? *
· Les modes de transports offerts par la ville
(aéroport, voiture, transports en commun, vélo)
· L'offre culturelle (événements urbains,
musées, architecture)
· Vie nocturne
· Un ou plusieurs éléments uniques à
cette ville
· Taille de la ville
· Autre :
Cette question permettra de cadrer les attentes des
touristes et de distinguer les écarts qui apparaissent entre ces
attentes et leur expérience de visiteur.
Êtes-vous équipé d'un smartphone ? *
· Oui
· Non
Il sera question de déterminer les rapports
qu'entretiennent les personnes interrogées avec les outils
numériques.
À quelle catégorie socio-professionnelle
appartenez-vous ? *
· Agriculteurs exploitants
· Artisans, commerçants et chef d'entreprise
· Cadres et professions intellectuelles
· Professions intermédiaires
· Employés
· Ouvriers
· Retraités
· Autres personnes sans activités professionnelle
37
Vous êtes *
· Un homme
· Une femme
· Autre
À quelle période êtes-vous né(e) ?
*
· De 1996 à aujourd'hui
· Entre 1981 et 1995
· Entre 1961 et 1980
· Entre 1945 et 1960
· Avant 1945
D'où venez-vous ? *
Veuillez indiquer la ville ainsi que le pays.
(Réponse courte)
38
3.2.2 La description ethnographique
Afin d'étayer une partie des résultats de cette
première enquête, un travail d'ethnographie sera effectué
au sein de la Cité du Vin, afin de dresser les caractéristiques
de l'expérience utilisateur dans un espace culturel habité par le
numérique. Ce travail viendra compléter mon enquête
sociologique afin d'obtenir les résultats les plus probant possibles. Ce
travail d'ethnographie consistera en une immersion totale dans le rôle
d'un touriste visitant la Cité du Vin. Il sera question de s'impliquer
personnellement dans cette étude afin de saisir d'où proviennent
les écarts résultant de l'enquête sociologique et demeurer
le plus objectif possible. Il s'agit d'appréhender le sujet et de
construire ce que « Marcel Mauss appelait un «
phénomène social total », qui suppose l'intégration
de l'observateur dans le champ même de l'observation »12 En effet,
cette intervention du chercheur dans le processus d'observation ne pourrait
rendre caduque le résultat de ses recherches dans la mesure où
« nous ne sommes jamais des témoins objectifs observant des objets,
mais des sujets observant d'autres sujets au sein d'une expérience dans
laquelle l'observateur est lui-même observé. Si être, c'est
percevoir, c'est aussi comme l'a dit Berkeley, « être perçu
». » Le meilleur moyen de comprendre la société dans
laquelle nous évoluons est de participer aux échanges qu'elle
permet. Le meilleur moyen d'obtenir une prise de distance suffisante en tant
que chercheur est de se rapprocher du sujet. Comme l'a suggéré
Malinowski, « on commence à s'intégrer et à
comprendre la société que l'on se propose d' «étudier
à partir du moment où l'on se trouve seul et où l'on
partage les activités économiques, les joies - en particulier les
jeux - et les peines de la population. ». François Laplantine
justifie en outre l'importance de l'implication du chercheur dans ses terrains
d'observation en affirmant que « nous n'observons jamais les comportements
d'un groupe tels qu'ils auraient lieu si nous n'étions pas là ou
si les sujets de l'observation étaient autre que nous ». Il est
d'autant plus important dans le cadre de cette étude que le chercheur
est ce rôle double de « voyant-visible » au sens où
l'entend Merleau-Ponty puisqu'il est question d'une analyse de perceptions. Il
est difficile de ce fait de mettre de côté la subjectivité
de chacun. « La perturbation que l'ethnologue impose par sa
présence à ce qu'il observe et qui le perturbe lui-même,
loin d'être considérée comme un obstacle
épistémologique qu'il conviendrait de neutraliser est une source
infiniment féconde de connaissance. S'inclure non seulement socialement,
mais subjectivement fait partie de l'objet scientifique que nous cherchons
à construire, ainsi que du mode de connaissance caractéristique
du métier d'ethnologue. » En effet, les réponses obtenues
lors de l'enquête sociologique ne suffisent pas forcément à
exprimer le ressenti des personnes interrogées. Soit parce que leur
implication dans le processus de réponse au
12 « Une acculturation à l'envers » dans
La description ethnographique , François Laplantine.
39
questionnaire est moindre, puisque cela ne constitue aucun
enjeu pour ces personnes, soit parce que ces personnes ne savent pas
forcément mettre des mots sur leurs ressentis. Il faut également
préciser que lors de leur visite de la Cité des Vins, l'objectif
de ces personnes était purement récréatif et non
scientifique.
C'est à l'aide de ces deux analyses qu'il sera
possible d'effectuer une comparaison entre, les valeurs et l'identité de
la ville de Bordeaux défendue par la polis et les valeurs et
l'identité de Bordeaux perçue par les touristes qui dans la
moindre mesure peuvent être associés au demos.
40
CHAPITRE 3 - RÉSULTATS D'ENQUÊTES
Trois semaines après la soumission de ce questionnaire
auprès des internautes, 56 réponses ont été
collectées. En fonction de la pertinence des réponses obtenues,
seules 50 d'entre elles ont été retenues. S'ajoutera en outre les
données relevées lors de l'observation anthropologique
menée lors d'une visite de la Cité du Vin. Les résultats
qui ressortiront de l'analyse de cette enquête permettront de confirmer
ou d'infirmer l'hypothèse que l'hyper-modernisation de villes comme
celle de Bordeaux modifie la manière dont les touristes s'approprient
l'espace public et leur empêche de rentrer en communion avec l'âme
de la ville.
1. Grilles d'analyse
1.1 Réponse aux objectifs
Afin d'obtenir les résultats les plus parlant
possible, une première grille d'analyse des résultats a
été effectuée. Elle se découpe en sous objectifs
qui sont les suivants :
Sous-objectif 1 : La réceptivité des touristes
face aux TIC
Taux d'usage de smartphones
Taux d'usage des applications proposées par Bordeaux
Métropole
Taux d'acceptation des outils numérique lors de visites
touristiques ( Exemple:
Cité du Vin)
La ville de provenance de l'enquêté est-elle une
smart city ?
Objectif de la visite
Génération à laquelle appartient le
touriste
Sous-objectif 2 : Analyse des attentes des touristes
Les modes de transport proposés par la ville
(aéroport), voiture, transports en commun, vélo, zones
piétonnes, bateau)
L'offre culturelle (événements urbains,
musées, architecture)
La vie nocturne
Un ou plusieurs éléments uniques à cette
ville
La taille de la ville
41
Sous-objectif 3 : Analyse de la perception des touristes
Avant la visite de Bordeaux Après et pendant la
visite de Bordeaux
Mesure de l'écart des perceptions
Écart minime ou nul (réponse exprimée en
%)
Écart important (réponse exprimée en
%)
2. Qui sont les touristes qui viennent à Bordeaux
?
Environ 60% des personnes interrogées ont
visité la ville de Bordeaux dans le cadre d'une activité
touristique, et 98% de ces mêmes personnes sont équipées
d'un smartphone. Ces premières données nous fournissent d'ores et
déjà des informations sur la réceptivité de ces
personnes. Le fait qu'il s'agisse essentiellement de personnes venues à
Bordeaux dans le but de s'évader ou de découvrir un ailleurs,
induit en effet des attentes particulières de la part de ce public. Il
s'agit en outre de personnes habituées aux technologies de l'information
et de la communication, puisque 98% d'entre elles sont équipées
de smartphones. Cette présence quasi-automatique du smartphone dans le
quotidien de ces personnes laisse présager que leur rapport à
l'outil est tout autant fusionnel. Leur quotidien est fait d'aller-retour entre
le réel et le virtuel mais pourtant, seul 47.1% d'entre eux
déclarent s'être servis des applications proposées par
Bordeaux Métropole pour se guider dans la ville. Parmi les 52% restant,
42% déclarent ne pas avoir eu besoin de ces outils pour découvrir
la ville. Dans la part des individus ayant trouvé une utilité aux
applications proposées, ce sont les applications qui informent sur les
transports qui intéressent réellement les touristes. L'avantage
qu'ont ces applications, c'est qu'elles leur font gagner du temps. En effet,
30% des personnes qui ont utilisé une ou plusieurs des applications
citées recherchaient des informations sur l'offre de transports et les
services y étant lié. Transport Bordeaux, Info TBC App et SNCF
Ter Mobile sont en effet les applications les plus recherchées et les
plus utilisées par les touristes. C'est donc un outil qui contribue
fortement au bon déroulement d'une visite touristique mais qui ne
constitue pas un critère essentiel dans la définition de
l'identité de la ville. L'offre de transport en elle-même, ne
rentre que moyennement dans ces critères. En effet, les
éléments les plus constitutifs de cette identité urbaine
sont l'architecture et l'offre culturelle, comme en témoignent les
résultats ci-dessous.
42
Il se trouve que ces éléments qui participent
à la construction de l'identité d'une ville, constituent
également pour notre panel, les principaux centres
d'intérêt. En effet, lorsque ceux ci-sont interrogés sur
leurs attentes lorsqu'ils décident d'aller visiter une ville pour des
vacances ou un week-end, 75% d'entre eux déclarent que c'est l'offre
culturelle (événements urbains, musées, architecture) de
ladite ville qui les aide à prendre une décision. Viennent en
appui la vie nocturne (43%) et un ou plusieurs éléments uniques
à cette ville (39%). Au regard de ces données il est
intéressant d'observer dans quelle mesure, les propos de Lucien Kroll
qui évoquait que le « remplacement des anciennes textures »
participaient à un massacre culturel sont confirmable. Pour ce faire,
nous nous intéresserons au ressenti de notre panel face à
l'intrusion du numérique dans les visites touristiques. Ainsi, nous
prendrons l'exemple de la Cité du Vin. En effet, parmi les individus de
notre panel qui ont effectué la visite permanente de la cité du
vin (18%), 55% ont déclaré ne pas avoir apprécié la
présence
43
des outils numériques. Dans ces 55% d'insatisfaits, il
y a pourtant 70% des membres du panel qui appartiennent à la «
Génération Y » (personnes nées entre 1981 et 1995),
pourtant habituées aux outils du numérique. Comment
pourrions-nous expliquer le rejet de ces éléments propre à
la modernité ? Tous les aspects de la modernité tels qu'ils sont
mis en avant dans la ville de Bordeaux font-ils tous l'objet d'un rejet ?
3. Les représentations touristiques de Bordeaux
Afin de répondre à ce dernier questionnement et
mieux saisir les rapports qu'entretiennent les touristes avec une smart city
comme Bordeaux, analysons l'image que s'en font les touristes. Il s'agira de
présenter uniquement l'image que ces derniers se faisaient de la ville
avant de la visiter. L'image qu'ils s'en sont fait après leur visite
sera analysée dans un second temps afin de mesurer l'écart entre
leur imaginaire et la réalité. Cette partie du questionnaire ne
concernait que les individus n'ayant visité la ville de Bordeaux qu'une
seule fois. Ce qui ressort de cette analyse, est à la fois perçue
comme une ville « moderne et branchée », mais aussi comme une
ville « vieillotte ». Elle est à plusieurs reprises
réduite à une copie de Paris, mais essentiellement pour ce qui
ressort de son côté « bourgeois », « majestueux
» et pour son « architecture ».Cette divergence des
représentations concernant la ville de Bordeaux démontre que la
ville témoigne tel un corps humain d'évolutions visibles et
invisibles. Son corps évolue, il vieillit ou se rajeunit, mais son
âme demeure telle qu'elle. Ses évolutions et ses mutations de la
ville-corps, sont directement influencées par son environnement, par ce
qui la fait vivre et respirer. Si l'on poursuit notre comparaison de la ville
à un corps humain, on pourrait effectuer un parallèle entre
l'introduction de la modernité et l'inoculation d'un vaccin. Le principe
même du vaccin étant d'insérer une partie d'une infime
particule d'une bactérie étrangère au corps afin que
celui-ci le reconnaisse en cas d'attaque et sache se défendre au moment
venu. L'introduction de la modernité peut être perçue de la
même manière. Elle peut être acceptée du premier
coup, ou bien rejetée une première fois puis acceptée car
inévitable. Les touristes bien que passagers de ce corps à la
structure en mouvement réagissent également à
l'introduction de ces nouvelles « normes », de la même
manière qu'un foetus, passager dans le corps de sa génitrice
réagirait à une modification de la structure biologique de cette
dernière. Dans le cadre de cette étude par exemple, notre panel a
été questionné vis-à-vis de ces ressentis
concernant l'architecture de la Cité du Vin. Les avis sont très
partagés et il en ressort que seuls 33% des personnes interrogées
acceptent totalement le contraste que dessine-la structure au paysage urbain
bordelais. L'incompréhension du public face à cette innovation
architecturale est sans doute liée à l'environnement dans lequel
ces derniers ont évolué jusque-là. En effet 92% des
personnes interrogées proviennent de ville ou de pays occidentaux, et
parmi ceux-ci, 62% proviennent de smart cities. Selon F. Laplantine, «
l'oeil occidental -occidentalisé, occidentalisant- reste très
lié à une géométrisation de l'espace et demeure
rebelle aux formes « désordonnées et arrondies », ce
qui est le propre de l'architecture
44
de la Cité du Vin. « Il a de la difficulté
à concevoir la ligne courbe autrement que comme un écart par
rapport à la ligne droite. ». Cette divergence de
considération envers l'aspect disruptif de la Cité du Vin ne
serait donc pas lié à un refus de la modernité, mais
plutôt à un « dépaysement, [un] étonnement
[semblable à celui] provoqué par les cultures qui nous sont les
plus éloignées [lorsque l'on se rend dans un pays à la
culture entièrement différente de la nôtre], et dont la
rencontre va entrainer une modification du regard que l'on portait [l'espace
public, sur l'urbanité] ». En effet, Laplantine nous explique que
« l'acte de voir, informé par des modèles (voire des modes)
culturels, est étroitement lié à celui de prévoir
et de revoir, et la connaissance n'est souvent rien d'autre dans ces conditions
qu'une reconnaissance de ce que l'on savait déjà. ».
|
Avis positif
|
Avis neutre
|
|
Avis négatif
|
· · · ·
· · · · ·
· ·
·
|
· Structure
très conceptuel très moderne Moderne et neuf
Architecture assez
moderne et
surprenante.
dans l'air du temps Architecture originale Architecture
osée ! Structure originale La forme n'est pas
tout de suite identifiable, mais les couleurs et les
reflets
du soleil sur les verres sont jolis Moderne
Moderne et originale Très moderne
assez
imposante dans la
ville, couleurs et formes originales.
|
· Elle est à la fois étrange,
repoussante
et intrigante ; pas vraiment moche, elle interpelle.
· J'ai vu une chaussure
· C'est le but de surprendre avec une
architecture pareil, car on ne sait pas ce
que ça représente. Les gens se posent
questions et
essayent de deviner
quelles drogues
prennent les
architectes.
· "Contemporain, moderne et inattendu J'ai eu du mal
à comprendre ce qu'elle représente "
· On ne s'attend pas à ça, ça ne
ressemble à
aucun autre monument
|
·
·
·
·
·
·
problème selon moides
|
Je m'attendais à un
bâtiment plus traditionnel
d'apparence, moins moche
c'est pas super beau
L'architecture est
original et ne
correspond pas a celle de la ville mais cela ne pose pas
de
La forme du bâtiment qui ne me fait pas penser au domaine
du vin
visuellement parlant je ne trouve pas la
cité du vin très
attrayante (vue de l'extérieur)
Il sort de l'ordinaire et
casse le paysage urbain
|
|
45
|
·
|
Oui et non. Oui car c'est un bâtiment très
moderne en terme d'architecture et non car je savais déjà
à
|
· Elle se distingue de l'architecture
homogène de bordeaux
détonne du paysage
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quoi il allait
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avoisinant
|
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|
ressembler et qu'il
correspond bien au style de la ville dans le sens ou c'est
une ville qui a un rapport direct
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·
|
L'architecture est
imposante et détonne de la ville. Je la trouve
très inadaptée et franchement moche.
|
|
|
avec le vin et que le
|
·
|
Forme d'étron
|
|
|
bâtiment représente
une carafe à décanter.
|
·
|
l'architecture est
différente du reste
des infrastructures
|
|
·
|
Innovant et moderne.
|
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sur Bordeaux
|
|
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Sa forme et son
architecture contraste
|
·
|
Original et curieux,
pas à mon goût
|
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|
avec les vieux
édifices bordelais.
|
·
|
Architecture qui
rompt avec
|
|
·
|
c'est particulier
comme architecture
|
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l'architecture actuelle de Bordeaux
|
|
·
|
Pour la symbolique
|
·
|
Ca ressemble à un
|
|
·
|
La forme
architecturale
intrigue, on se demande à quoi cela
correspond. Les couleurs de
l'édifice reflètent celles de la
|
|
étron de transformer, cf une caricature de sud ouest
datant de juin 2016
|
|
|
Garonne (fleuve).
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|
|
|
46
Nos touristes se situent-ils dans une situation d'acceptation
du vaccin de l'hypermodernité, ou plutôt dans une phase de rejet
?
4. Imaginaire et réalité : quels
écarts ?
Avant de déterminer l'état dans lequel se situe
notre panel face à ce processus d'hyper-modernisation de la ville dont
ils témoignent, il faut savoir que suite à sa première
visite de la ville de Bordeaux, 52.9% de notre panel a constaté un
écart entre son imaginaire de la ville, et la réalité.
Cependant, les résultats démontrent également que l'image
qu'ils avaient de la ville s'est améliorée suite à leur
visite, bien qu'il soit fait mention de son caractère « innovant
», « moderne », et « jeune ». Si la présence
des écrans est difficilement acceptée dans le milieu de la
culture, il se trouve que la modernité dans sa globalité ne pose
pas de réel problème. Dans ce cas, il pourrait être habile
de sensibiliser le public aux transformations urbaines au lieu de les y
contraindre. En effet, il semblerait que le fait même que la technologie
s'immisce dans la relation que les touristes entretiennent avec la ville par le
biais de la culture et de son architecture aille « à l'encontre
d'un ordre symbolique parfait du Pouvoir Urbain »13. Ceci
s'explique par l'une des définitions qui est faite de la ville, et plus
précisément de « l'urbanité » : « elle se
répand dans toutes les directions irrésistiblement, elle
prolifère dans l'espace, elle disperse sa texture, et émet des
messages et des images en permanence. » Cependant, « cette surface
scintillante engendre paradoxalement des abîmes, des failles, des
interstices, des ombres. [On observe parfois un] retournement
épidermique de l'espace urbain à travers ses différentes
composantes (architecture, luminosité, cops, rythmes, images...). Si
l'on se représente la ville de la manière suivante, il devient
tout de suite plus compréhensible que l'apparition du numérique
dans la sphère urbaine puisse apparaitre comme une abîme dont on
ne peut jauger la profondeur et qu'on ne peut effleurer de nos sens. Alors que
la technologie est largement tolérée par les touristes lorsqu'il
s'agit d'effectuer des déplacements comment expliquer sa mise au rebut
lorsqu'il s'agit d'aborder la culture. Cet aspect de l'urbanité vue
comme « diffuse » peut répondre à ce problème.
En effet, si le numérique est mieux accepté dans le processus de
recherche d'information sur l'offre de transport, c'est peut-être parce
que le concept même du transport, que l'on peut définir par un
échange de flux, d'un point A à un point B est lui-même
impalpable. Certes les outils permettant le transport sont palpables, tout
comme les outils qui permettent la diffusion de la technologie, mais l'action
d'être transporté, est au même titre que l'action de se
connecter à un serveur est impalpable car immatérielle.
13 Alain MONS, La ville diffuse : les images, le reste et
l'aura (p.109) dans « Les lieux du sensible : villes, hommes, images
»
47
La relation que l'on entretien avec la culture est au
contraire plus charnelle si l'on puit le qualifié ainsi. De par nos
sens, nous cherchons à nous approprier des éléments
témoins du temps, de l'histoire et de la vie. Nous recherchons à
construire des liens forts et durables afin de nourrir nos souvenirs, en
feuilletant les pages d'un vieux manuscrit, en scrutant les reliefs
chaloupés d'une sculpture antique, en humant les parfums enivrant qui
émanent d'un fût de bois ayant servi à la conservation du
vin, en appréciant le craquement d'un vieux parquet de bois ou en se
délectant des trésors gastronomiques de nos régions.
Partant de ce constat, il apparaît largement concevable que la
technologie, génératrice de liens faibles soit moins bien
acceptée dans ce milieu.
Afin de comprendre de quelle manière se comporte les
touristes au contact du numérique, observons les résultats du
travail ethnographique effectué à la Cité du Vin.
5. Un nouveau rapport à la ville
5.1 La rigidité du guidage numérique : une
dissimulation des affordances
Inaugurée en mai 2016, la Cité du Vin se
positionne comme « un équipement culturel unique au monde,
où s'exprime l'âme du vin, à travers une approche immersive
et sensorielle au coeur d'une architecture évocatrice. La Cité du
Vin donne à voir le vin autrement, à travers le monde, à
travers les âges, dans toutes les cultures et toutes les civilisations.
Lieu de vie, lieu de sortie, lieu de découverte, La Cité du Vin
[nous] invite au voyage dans un monde de cultures. »14
Lorsque l'on accède au parcours permanent de la
cité du vin, nous sommes immédiatement dotés de tout un
attirail électronique dont le rôle est d'être notre «
compagnon de voyage ». Nous voici donc affublé d'un casque audio et
d'une sorte de smartphone faisant office de guide. Ce guide numérique
possède différentes fonctions. Il nous permet tout d'abord de
personnaliser notre visite des lieux en sélectionnant les ateliers nous
intéressant le plus. Sa seconde fonction, qui s'avère être
la principale est d'activer les vidéos, enregistrements vocaux et autres
ateliers qui garnissent l'exposition. C'est cet outil qui est au coeur de la
visite et au coeur des interactions du public. Sans ce compagnon de voyage une
visite à visée culturelle ne possède pas de grand
intérêt. C'est en effet l'outil qui donne à penser à
l'Homme qu'il s'approprie l'espace. L'homme « a la main sur l'outil
», cependant, c'est l'outil qui lui permet d'obtenir l'enrichissement
culturel dont il est en quête. Nous sommes tributaires de cet outil
numérique, outil qui nous oblige à prendre des postures
particulières tout au long de notre trajectoire. Il faut se pencher,
rester immobile, tendre l'oreille,
14 Site web de la cité du vin,
http://www.laciteduvin.com)
48
attendre patiemment que l'information nous soit
délivrée. Cette propension que possède ce compagnon de
voyage à nous indiquer ce qu'il faut faire constitue en
réalité une contrainte si l'on s'appuie sur la définition
suivante : « une obligation créée par les règles en
usage dans un milieu » (Le Petit Larousse 2002). Cette contrainte
imposée par l'outil plonge à la fois l'Homme dans un état
actif, puisqu'il l'oblige à jouer de son corps afin d'accéder
à la culture, et à la fois dans un état passif car il n'a
pas le choix du mode de réception de l'information. C'est l'outil qui
décide à sa place. Le visiteur peut penser qu'il est acteur de la
visite puisqu'il possède l'outil au creux de ses mains, cependant des
trajectoires virtuelles et réelles sont tracées afin de le
guider. Ce qui constitue les trajectoires réelles ne sont autres que les
couloirs, les escaliers et toutes les voies de circulations ouvertes au public.
Quant aux trajectoires virtuelles, il s'agit de celles dont chaque étape
est dirigée par ce compagnon de voyage. Par exemple, lorsque vous vous
approcher d'un atelier, il vous faudra obéir aux ordres de la machine
afin de capter toutes les informations nécessaire à votre
enrichissement culturel : « scannez le signe apposé sur x support
à l'aide du radar infrarouge de votre compagnon, augmentez le son de
votre compagnon de voyage, restez immobile jusqu'à ce que l'ensemble de
l'information vous soit délivrée. » On peut aisément
comparer cette relation que possède les individus avec les outils du
numérique dans le cadre d'une visite culturelle aux travaux de Michel
Foucault qui ont mis en évidence « les mécanismes permettant
aux dispositifs de contrôle (dans les entreprises) de contraindre les
individus. »15. Dans cette même dynamique, il est dit que
le lien existant entre savoir et pouvoir joue un rôle majeur. En effet,
même si ces compagnons de voyage ne sont pas « vendus » comme
étant destiné au contrôle des visiteurs de la cité
du vin, leur fonction demeure semblable. Si l'on veut accéder au savoir,
il faut se soumettre au pouvoir d'instruction possédé par la
machine.
5.2 Une autre appropriation de
l'espace...
Il faut savoir avant toute chose que « l'espace n'est
pas le milieu (réel ou logique) dans lequel se disposent les choses,
mais le moyen par lequel la position des choses devient possible.
C'est-à-dire qu'au lieu de l'imaginer comme une sorte d'éther
dans lequel baignent toutes les choses ou de le concevoir abstraitement comme
un caractère qui leur soit commun, nous devons le penser comme la
puissance universelle de leurs connexions»16. Comment
pourrions-nous alors définir la fonction de l'espace à
l'ère d'aujourd'hui lorsque la priorité est donnée
à l'individualisme, de quelle manière s'opèrent les
connexions dont il est fait mention ci-contre ? En effet, la prégnance
du numérique dans l'espace public mais aussi dans les lieux
dédiés à la culture, comme dans la Cité du Vin,
dissipe notre relation à l'autre et au monde réel du fait que
nous nous situons l'un et l'autre
15 Contraindre et habiliter, la double dimension des
outils de contrôle
16 Chapitre II- L'espace dans «
Phénoménologie de la perception », Merleau-Ponty
49
dans nos sphères virtuelles. Lorsque l'on visite la
Cité du Vin par exemple, il n'y a pas vraiment de place pour le
collectif, quand bien même le mobilier nous y inviterait, puisque l'outil
numérique auxquels nous sommes reliés par l'ouïe et le
toucher principalement, nous empêche de créer ce lien avec le
réel. Ce constat s'applique également dans les rues, lorsque nous
choisissons de nous fier à notre smartphone afin de trouver notre
chemin, afin de nous laisser dicter notre trajectoire. L'espace public est
démultiplié autant de fois qu'il existe de corps le traversant.
Corps qui au quotidien transportent ces outils numériques faisant office
d' « interstice par où tout ce qui nous échappe, nous
déborde, s'engouffre et se dépose à la surface du
réel. [Alors,] la puissance du quotidien ou du réel se
dérobe aux formes, déroge aux règles par son
étrangeté et son insignifiance, il en devient informe ou presque,
aux dire de Maurice Blanchot. »17 L'espace public se traverse,
se respire, mais on ne le contemple plus de la même manière car on
ne le contemple plus pour les mêmes raisons.
5.3 ...et une nouvelle manière de le percevoir
Au regard des résultats obtenus, l'hyper-modernisation
de la ville est acceptée par ses pratiquants, cependant, les outils qui
servent se processus ne doivent pas leur donner l'impression d'être
privés de leur liberté. En effet, le panel interrogé est
coutumier de ces outils numériques, mais il doit avoir le sentiment
d'avoir le contrôle sur ces derniers, bien qu'implicitement, ce n'est que
pure utopie. En effet, les touristes veulent être acteurs de leur voyage,
ils veulent eux aussi participer à la vie urbaine, ils veulent vivre une
expérience unique, et qui leur ressemble, et ça la smart city le
permet : en proposant des zones gratuites de wifi, en leur proposant de
personnaliser leur voyage grâce aux diverses application
proposées, en facilitant leurs déplacements et en étant au
plus proche d'eux, notamment grâce aux réseaux sociaux. Cependant,
est-ce que cette multiplicité d'outils leur permet de profiter
pleinement de la ville ? En effet, cette intrusion du numérique par les
outils dans la relation touristes-ville induit une modification de la
perception de cette dernière. Rappelons en premier lieu la
définition qui est donnée au mot `outil'. Selon le Dictionnaire
de la Préhistoire (sous la direction d'André Leroi-Gourhan, PUF),
il s'agit d'un "Terme général donné aux objets par
lesquels l'homme intervient sur la matière en prolongeant sa main afin
de la spécialiser en fonction d'objectifs techniques à
réaliser ». Ce prolongement de la main décrit ci-contre
induit également un prolongement de la vision et du regard. En effet, si
on reste à la période de la préhistoire, on peut affirmer
que le silex n'était plus perçu de la même manière
par les Hommes une fois que ces derniers ont découvert qu'il permettait
de faire du feu. Il en fut de même lorsque l'Homme est passé d'un
mode de déplacement à quatre pattes à un mode de
déplacement sur ces deux jambes. Aujourd'hui avec les outils du
numérique, l'Homme ne perçoit plus son environnement de la
même
17 Être ici et ailleurs. L'inattendu dans
« Les lieux du sensible : ville, hommes, images »p117
50
manière qu'autrefois. L'utilisation de ces outils lui
est d'ores et déjà familière et il est compliqué
pour son corps de se remémorer les réflexes qu'il
possédait avant l'existence de cet outil. On peut comparer ce
phénomène au malade de Merleau-Ponty dans la
Phénoménologie de la perception, auquel on réapprend
à utiliser un membre paralysé. De par sa paralysie, celui-ci ne
conçoit son membre malade que comme un frein à ses actions
quotidiennes et familières mais ne parviens pas à le projeter
dans une spatialité objective, une « spatialité libre et
gratuite » autre que celle de son corps,. Il en est de même pour nos
touristes en proie à l'hyper modernité et donc à l'hyper
connexion. Cette familiarité que possède leur corps par rapport
aux outils numérique implique que leurs sens ne soient stimulés
qu'au travers de la machine. Qu'il s'agisse du mitraillage photographique
auquel il est devenu coutume de s'adonner afin de garnir nos réseaux
sociaux , ou du guidage rigide de nos GPS auquel on se sent obligé de se
soumettre dans une idée de conquête du temps.
51
CONCLUSION
Selon Francis Pisani, journaliste, conférencier et
auteur du livre «Comment le web change le monde » « la ville est
un espace avec lequel on doit pouvoir interagir ». C'est donc dans cette
optique de cohésion sociale que de nombreuses villes s'accordent
à offrir le meilleur des cadres de vie à leurs citoyens. C'est
à l'issue de ces réflexions qu'a émergée
l'idée d'utiliser les technologies de l'information et de la
communication afin d'améliorer les villes, et d'en faire des `smart
cities'. En Asie, des villes comme Singapour, New Songdo City, Masdar sont
parvenues à faire de la technologie une véritable norme dans les
pratiques citoyennes et inspirent aujourd'hui nombre de métropoles
occidentales. Ici le cas de la ville de Bordeaux nous a
révélé que les mesures actuelles s'attachent à
placer les citoyens au coeur des décisions, comme le principe de la
smart city le préconise, par le moyen de divers outils y compris ceux du
numérique. Cependant l'objet de cette étude ne concernait que les
touristes. Au-delà de leurs pratiques, l'objectif était ici de
comprendre leur manière de percevoir une ville comme Bordeaux, forte de
son patrimoine historique prenant part à un processus
d'hyper-modernisation. Afin de répondre à ce questionnement un
travail d'analyse en trois dimensions a été mené ; une
dimension historique, sociologique puis ethnographique. Il a permis de
déterminer si oui ou non les outils du numérique
interfèrent dans la relation qui existe entre les touristes et la ville.
En réalité, il ne peut y avoir de réponse admise et
définitive s'agissant de définir des perceptions. Au quotidien,
les perceptions de chacun sont d'ores et déjà influencées
par les innombrables expériences passées qui ont forgé
l'être qu'il est aujourd'hui. Les perceptions de chacun sont subjectives,
et ce même si l'on se conditionne à effacer toute trace de
jugement de nos propos. Qu'advient-il alors de nos perceptions lorsque nous
visitons un environnement qui nous est peu ou pas familier par le biais des
outils numériques ? En effet, nous avons toutes et tous
évolué dans des environnements différents, ce qui implique
que nos représentations d'une même ville soient si
hétérogènes. Cependant, avec la présence des outils
numériques, nous ne percevons plus la ville qu'à travers les
lunettes de nos expériences passées, mais à travers les
lunettes embuées de technologie mises à disposition par la smart
city. Les effets de la technologie sur nos perceptions sont somme toute
à nuancer. Bien sûr nous n'avons pas tous les mêmes usages
de ces outils ce qui induit que les conséquences de ces usages ne sont
pas les mêmes, cependant certaines incidences sont tout de même
à considérer. Ainsi, avec cette prégnance des
écrans dans notre espace sensible, nos perceptions ont tendance à
se retrouver télescopées dans un ailleurs impalpable, où
le sens et la sensibilité sont annihilés par des vortex de datas.
Un ailleurs qui s'empare de nos souvenirs, les déforme et les
réduits à de simples pixels alimentant les incessants flux
52
d'images auxquels nous sommes confrontés. Nos
perceptions peuvent également être engourdies, de par la
contrainte qu'exercent les outils sur nos sensations, nous empêchant
d'être acteur de notre expérience. Certains touristes
apprécient tout de même cette assistance portée par le
numérique, comme en témoignent les résultats des
enquêtes menées. La question demeure donc concernant les effets
réels des technologies sur la perception des touristes et induit que ces
travaux soient corroborés par des travaux de psychologie
expérimentale et de neurobiologie à même de fournir des
résultats d'analyse scientifique exacts et quantifiables. La
transformation d'une ville en `smart city' est un long projet ne prenant
naissance qu'à la suite d'études sociologiques et
anthropologiques poussées. Preuve en est, ce n'est qu'en 2030 que la
ville de Bordeaux a prévu d'atteindre ses objectifs. Si cette
hyper-modernisation de la ville tend à se démocratiser, la prise
en compte d'études issues des sciences exactes permettraient aux villes
d'adopter des stratégies leurs permettant de se démarquer
d'autres villes intelligentes.
ANNEXES
53
1. Résultats de l'enquête sociologique
54
Lors de votre visite, la ville de Bordeaux
était-elle semblable à ce que vous imaginiez ?
(17 réponses)
55
Quelles similitudes ou différences avez-vous
remarquées ? 12 réponses)
Les bâtiments rénovés, les quai parfait
|
i
|
l'architecture est encore plus belle que ce quel
imaginé
|
|
Le mélange de la modernité au traditionnel
Jeune beaucoup de choses à voir
Architecture, les bars et restaurants, le monde
Architecture grandiose, ville propre
Je m'attendais à une ville du sudcoup proche de toulouse
Marseille ou Bayonne mais en fait ca m'a fait pensé à Pans
charmante mais elle n'est pas si calme que ça : beaucoup
d'activités sont disponibles
La ville est petite au final
Mieux que ce que je pensais
Similitude : Dynamisme de la ville
C'est encore plus bobo, c'est tout blanc, pas si grand,
mais c'est joli, avec une grande rue plein de magasins. J'aime pas trop
l'univers de la nuit, il est mieux dans d'autres endroits. Les serveurs sont
aussi d'une froideur du sud de ouf...
56
57
Avez-vous eu connaissance avant ou durant votre séjour
d'une ou plusieurs des applications suivantes ?
(17 réponses)
Agenda Barde...
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4
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(23,5
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%)
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Bardeaux Code
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1
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(5,9 %)
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Bordeaux Sho...
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--0 {0
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%)
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Smart Bordeaux
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--0 (0
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%)
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MonumentTra___
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2 ('
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1,8 %)
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Musée d'Aquita...
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1
|
(5,9 %)
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Toilettes Borde...
|
--0 (0
|
%)
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Transports Bor...
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5
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(29,4
|
%)
|
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Info TBC App
|
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|
6
|
(35,3
|
%)
|
Bordeaux Métr___
|
|
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|
|
|
2 ('
|
1.8',C)
|
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|
SNCF TER Mo...
|
|
|
|
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|
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|
|
6
|
(35,3
|
%)
|
Lastable
|
--0 (0
|
%)
|
|
|
|
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|
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|
|
|
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|
|
AUCUNE
|
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|
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|
|
5
|
(29,4
|
%)
|
|
|
|
0
|
0.5
|
1
|
1.5
|
2
|
|
2.5
|
3
|
3.5
|
4
|
4,5
|
5
|
5,5
|
|
5
|
|
|
|
Si oui, comment en avez-vous eu connaissance ? {10
réponses)
Internet
En lapant "Bordeaux' sur mon Appstore
crii
En cherchant cur l'Appstore
Je l'ai cherché sur l'App Store
Affichage ville
par des amis
intemet
Affichage
Avec mon regard de braise sur la publicité dans la ville,
et mes recherches intemet avant d'aviver
58
Si non, pensez-vous que vous auriez mieux
appréciée votre visite de
Bordeaux avec une ou plusieurs de ces applications ? 01
réponses)
Non
Non
Non
oui
oui
probablement oui
Possible
Non, je suis passée à l'office
du tourisme et j'aime bien les flyers etc, Après j'organise ma
journée sur mon ordi.
Pas forcement
non je ne pense pas
Aucunement.
Avez-vous utilisé une ou plusieurs de ces
applications durant votre séjour ?
kl / -épo,nses)
59
60
61
Si non, pensez-vous que vous auriez mieux
appréciée votre visite de Bordeaux avec de telles applications
?
(21 réponses)
Won
Non
Non
oui possible
Ca depend je ne les cannait pas mais j'imagine que oui si jetais
venu pour du 'Vrai" tourisme et pas seulement me promener en famille
Nan pas vraiment
Non très bonne visite
Je pense car j'aurais pu découvrir des endroits
où des commerces â des endroits où je n'ai pas l'habitude
d'aller
peut être si j'étais restée plus
longtemps
Oui c'est très sympa d'avoir des propositions pour
visiter des sites ou musées
Non car j'étais chez une amie qui vit et connaît
Bordeaux
Oui avec Transports Bordeaux oar exemple
Oui avec Transports Bordeaux par exemple
Pas besoin d'application.
non, pas grande amatrice d'applications
Pas nécessairement
Pas forcément
Oui notamment Monument Tracker
Je pense que ce sont des applications utiles
Non, mais Oui Si je n'avais pas de connaissances sur place
62
Oui
63
Avez-vous utilisé l'une de ces application lors de votre
séjour ? (39 réponses)
Si oui, votre expérience de visiteur a-t-elle
été améliorée ? (13 réponses)
Oui, pour se déplacer et pour trouver des
événements
|
|
|
|
I
|
Oui
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
Oui, car je ne connaissais pas du tout le système de
transports avant
Oui, pour me déplacer et visiter la ville plus
facilement
64
Si non, expliquez pourquoi. (12
réponses;
J'avais des gens pour me guider (le suis pas un bon exemple pour
ce sondage loi)
Non utilisé
m'a servi a rien
Je n'en avais pas connaissance
Je me suis laissé guider par mon amie
Elles m'étaient inconnues.
je préférerais utiliser une plateforme plus
collaborative pour visiter bordeaux, que de visiter uniquement les lieux les
plus touristiques proposés par l'application bordeaux
Je n'en vois pas l'utilité
pas eu futilité
Je connais deja la ville, j'y vais tous les ans pour voir ma
famille.
N'ayant aucune connaissance de ces applications je n'ai pas pu
les utiliser
Si non, expliquez pourquoi. (6
réponses)
Pas eu besoin
pas Futilité réelle
Pas besoin, pas chercher
Je ne savais pas qu'elles existaient
Pas eu besoin, pas cherche
Je ne suis pas tries appli, même si je sais que ça
sert... Et que c'est l'avenir. Mais c'est un effet de mode, les appli c'est
myspace. Attends 2 ans.
65
66
Justifiez pourquoi, exprimez librement votre ressenti (41
réponses)
Cela est plutot modems
|
i
|
Cela est plutot modems
|
|
|
|
Je m'attendais à un bâtiment plus tradttionnel
d'apparence, moins moche
très conceptuel
très moderne
J'ai vu une chaussure
Moderne et neuf
c'est pas super beau
C'est le but de surprendre avec une architecture pareil, car on
ne sait pas ce que ça représente. Les gens se posent des
questions et essayent de deviner quelles drogues prennent les architectes.
Architecture assez moderne et surprenante.
dans l'air du temps
L'architecture est original et ne correspond pas a celle de la
ville mais cela ne pose pas de problème selon moi
Contemporain, moderne et innatendu
J'ai eu du mal à comprendre ce qu'elle
représente
La forme du bâtiment qui ne me fait pas penser au domaine
du vin
visuellement parlant je ne trouve pas la cité du vin
très attrayante (vue de l'extérieur)
N
Il sort de l'ordinaire et casse le paysage urbai
Elle se distingue de l'architecture homogène de
bordeaux
x
On ne s'attend pas à ça, ça ne ressemble
à aucun autre monumerrt
67
68
Parcours permanent de la Cité du Vin
Avez-vous apprécié l`utilisation des outils
numériques tout au long de la visite ? (Écrans tactiles et
audioguides)
( 6 réponses;
69
Pourquoi ? (25 réponses)
Parce que le prix est trop élevé pour un contenu
qui ne m'intéresse pas trop
j'ai pas visité ! il manque des options pour
répondre
Pas fait
Pas -fait attention je ne vais marne pas ou
c'est..
Je n'ai pas visité la cité du vin car le prix des
visites sont bien trop chers
Trop peu utile
Cher
non
Pas eu le temps de visiter
très interactif, parfois un peu trop
Le temps m'a manqué le séjour était
court
70
Le temps rrm'a manqué le séjour était
court
Je dois répondre à cette question mais je ne
devrais pas
c'était très ludique et intéressant
Fest trop cher pour mon simple compte en banque
d'étudiant
Pas de visite effectuée
je ne les ai pas utilisés
On est seul et on avance à son rythme. Attention aux
périodes d'affluences
Plus ou moins appréciés. Lors des périodes
d'affluences, l'audioguide n'est pas tés pratique car nous devons
adapté la lecture des vidéos en fonction de la personne
déjà présente. De ce fait, si on arrive en cours de route,
on entend une partie du module visionné. Si l'on souhaite
l'écouter en entier, on doit donc recommencer la lecture de la
vidéo.
Pas simple
Trop de digital partout
Lors d'une forte affluence, les outils sont plus contraignants
qu'enrichissants pour l'expo.
Cela guide le visiteur et permet une interactivité et une
meilleure compréhension du contenu car c'est plus ludique Car sinon on
est paumé.
Si non, pensez-vous que vous auriez mieux
appréciée votre visite de Bordeaux avec de telles applications
?
(21 réponses;
Non
Non
Non
oui possible
Ca depend je ne les cannait pas mais j'imagine que oui si jetais
venu pour du 'vrai' tourisme et pas seulement me promener en famille
Non pas vraiment
Non tés bonne visite
Je pense car j'aurais pu découvrir des endroits
où des commerces à des endroits où je n'ai pas l'habitude
d'aller
peut être si j'étais restée plus
longtemps
Oui c'est très sympa d'avoir des propositions pour
visiter des sites ou musées
Non corrélais chez une amie qui vit et connaît
Bordeaux
Oui avec Transports Bordeaux par exemple
71
Oui avec Transports Bordeaux par exemple
Pas besoin d'application.
non, pas grande amatrice d'applications
Pas nécessairement
Pas forcément
Oui notamment Monument Tracker
Je pense que ce sont des applications utiles
Non, mais Oui Si je n'avais pas de connaissances sur place
Oui
Avez-vous utilisé rune de ces application lors de votre
séjour ? (39 réponses)
Si oui, votre expérience de visiteur a-t-elle
été améliorée ? (13 réponses)
Oui, pour se déplacer et pour trouver des
événements
|
|
|
|
I
|
Oui
|
|
TBC oui, permet de mieux s'organiser concernant les
transports.
|
|
oui, meilleure organisation (transports appli TBC par exemple)
|
|
Oui, il y a les endroit à voir et les bons plans
|
|
J'ai eu moins de difficultés à trouver ce dont
j'avais besoin. C'est une source de stress en moins et de quoi profiter au
mieux des jours passés dans la ville.
|
|
Oui, l'application TBC facilite les déplacements en
tramway
|
|
InfoT(c)C m'a permis de savoir quels transports prendre pour me
rendre à un endroit précis
|
|
Effectivement j'ai pu organisé mon séjour selon
l'agenda culturel de la ville.
|
|
Oui car c'est pour le transport
|
|
Oui. Pour les transports notamment ; cela facilite les
déplacements d'avoir toutes les informations en direct
|
|
|
|
|
· Dui
· Non
|
72
Cui, car je ne connaissais pas du tout le
système de transports avant
Oui, pour me déplacer et visiter la ville plus
facilement
Quel touriste êtes-vous ?
Lorsque vous partez en vacances ou en week-end en milieu urbain,
quels sont vos critères pour choisir une ville ?
(56 réponses)
Les modes d... L'offre cultur...
Vie nocturne Un ou plusie__. Tailla de la ville
Autre 8 (14,3 %)
|
|
19 (33,9 %)
24 (42,9 %)
|
42 (75 %)
|
13 (23,2 %)
|
22 (39,3 %)
|
|
0 5 10 15 20 25 30 35 40
Êtes-vous équipé d'un smartphone ?
(56 réponses)
73
74
75
2. Tableau de Bruno Latour issu de l'ouvrage «
Enquête sur les modes d'existence »
76
BIBLIOGRAPHIE
Imaginaire et représentation
Antoine Picon, « LA VILLE DES RÉSEAUX ».
2015. Editions Manucius. Consulté le 31 octobre.
http://manucius.com/produit/la-ville-des-reseaux-un-imaginaire-industriel/.
Kevin Lynch L'image de la Cité, Paris : Dunod, 1999, p.125.
Nicole Denoit, « L'imaginaire et la représentation
des nouvelles technologies de communication », 2013. PUFR
Lignereux Yann. Alain Cabantous (dir.), Mythologies urbaines. Les
villes entre histoire et imaginaire. In: Histoire, économie et
société, 2006, 25? année, n°1. p. 147.
John Urry, Jonas Larsen, « The Tourist Gaze 3.0 »,
Sage, 2011
Alain Mons, « Les lieux du sensible. Villes, hommes, images
», CNRS Editions 2013 Maurice Merleau-Ponty «
Phénoménologie de la perception », Gallimard, 1945
Marcel Roncayolo « La ville et ses territoires »
Gallimard, 1999
« Smart cities »
Antoine Picon « Smart Cities. Théorie et critique
d'un idéal auto-réalisateur - Octobre 2013. Collection
Actualités, Editions B2 ». 2015.
Jean-François Lucas. La numérisation de la ville et
ses représentations. MCD Magazine, 2014, Magazine des Cultures
Digitales, pp.78-85.
Adam Greenfield, Against the smart city (The city is here for you
to use Book 1), Kindle Edition, December 2013
Maryse Carmes, Jean-Max Noyer, « Devenirs urbains »,
Collection Territoires Numériques, dirigée par Le GRICO avec le
soutien du groupe La POSTE/Branche Numérique et Docapost, Juin 2014
PICON Antoine, « Ville numérique, ville
événement », in Villes Numériques, Flux, n° 78,
2009/4, p.19.
Jean-François Lucas. La numérisation de la ville et
ses représentations. MCD Magazine, 2014, Magazine des Cultures
Digitales, pp.78-85.
Cahiers du tourisme de Wallonie, n°11, Commisariat
général au Tourisme, Mai 2015
Tourisme
Rachid AMIROU, « Imaginaire touristique et
sociabilités du voyage. », Paris : Les Presses universitaires de
France, 1995, 1re édition, 281pp. Collection «Le
sociologue.»
Tourisme urbain
Kadri, Boualem. 2007. « La ville et le tourisme : relation
ancienne, complexité nouvelle et défi conceptuel ».
Téoros. Revue de recherche en tourisme 26 (3): 76-79. 17
La ville
La Rocca Fabio, « La Ville dans tous ses états
», CNRS Editions, Paris, 2013
Raudin Anne, « Anthropologie urbaine », Armand Colin,
Paris 2014
Plan urbain, « L'espace public, les compétences du
citadin », colloque d'Arc-et- Senans,
Novembre 1990
Ethnographie
François Laplantine, « La description ethnographique
: l'enquête et ses méthodes », Armand Colin, 2010
77
WEBOGRAPHIE
Imaginaire et représentation
« Calenda - Imaginaires urbains du tourisme/Imaginaires
touristiques de l'urbain ». 2015. Consulté le 31 octobre.
http://calenda.org/192007?lang=pt.
« Chaire Modélisation des Imaginaires, innovation et
création - École d'Ingénieurs : Télécom
ParisTech ». 2015. Consulté le 31 octobre.
http://www.telecom-paristech.fr/recherche/chaires/chaire-modelisation-des-imaginaires-innovation-et-creation.html
« Tourisme, big data et imaginaires des villes colombiennes,
l'ESILV à la Royal Geographical Society de Londres ». 2015.
Ecole d'Ingénieurs Paris-La Défense ESILV.
Consulté le 31 octobre.
http://www.esilv.fr/les-touristes-co-producteurs-dimaginaires-des-villes-colombiennes-une-conference-recherche-esilv-a-la-royal-geographical-society-de-londres/.
Smart cities
« LA VILLE DES RÉSEAUX ». 2015. Editions
Manucius. Consulté le 31 octobre.
http://manucius.com/produit/la-ville-des-reseaux-un-imaginaire-industriel/.
« Les Smart cities / Les caractéristiques d'une ville
intelligente ». 2015. Consulté le 31 octobre 2015.
http://www.smartgrids-cre.fr/index.php?p=smartcities-caracteristiques
La Rédaction 2015. « Smart City : déjà
un enjeu électoral ? » Silicon. Consulté le 31 octobre.
http://www.silicon.fr/dossiers/smart-city-deja-enjeu-electoral.
« URBANISME. Masdar : la cité-laboratoire | Courrier
international ». 2015. Consulté le 31 octobre 2015.
http://www.courrierinternational.com/article/2014/02/04/masdar-la-cite-laboratoire.
Tourisme culturel
De Lehalle,Evelyne. 2015. « Tourisme, Culture et
Numérique, quoi de neuf? - Tourisme Culturel ». Consulté le
31 octobre 2015.
http://www.nouveautourismeculturel.com/blog/2014/11/06/tourisme-culture-numerique-neuf/.
« Le tourisme culturel a le vent en poupe | Forum d'Avignon
». 2015. Consulté le 31 octobre. 2015
http://www.forum-avignon.org/fr/le-tourisme-culturel-le-vent-en-poupe.
Tourisme urbain
« Enquête sur les pratiques et attentes des touristes
français et étrangers dans les villes françaises».
2007. Consulté le 31 octobre.2015
http://www.villesdefrance.fr/upload/document/doc
201001261205590.PDF
La ville
« La ville [idéale] habitable | Studio Lentigo
». 2015. Consulté le 31 octobre.
http://www.studiolentigo.net/?page
id=2779
Bordeaux
« Histoire de Bordeaux » Consulté le 17 novembre
2016
http://www.bordeaux.fr/p63813/histoire-de-bordeaux
78
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION 8
CHAPITRE 1 - SMART CITIES ET TOURISME 9
1. Histoire de la ville et de ses transformations 9
1.1. De la tour de Babel à l'Utopia de Thomas More :
chronologie de la cité idéale
9
1.2 Les processus de modernisation de la ville 10
1.3 Sociologie de la ville 11
2. À l'ère de l'hyper-modernisation, les «
smart cities ». État des lieux d'un concept
en pleine construction 12
2.1 Pourquoi la « smart city » 12
3. Tourisme et « smart cities » 14
3.1 Le tourisme urbain en question 14
CHAPITRE 2 - ÉTUDE DE CAS : BORDEAUX, L'ÉVEIL DE LA
BELLE ENDORMIE 18
1. Histoire de la ville de Bordeaux et de ses transformations
18
1.1Une transformation urbaine assumée 18
1.2 Une ville classée au patrimoine mondial de l'UNESCO
20
2. Une ville en mutation permanente 22
2.1 Le nouveau visage de Bordeaux : des choix architecturaux
disruptifs 22
2.2 Une ville en interaction avec ses pratiquants 23
3. Enquête : déterminer les besoins des touristes
urbains 24
3.1 Objectifs de l'enquête 24
3.2 Choix de la méthodologie 24
3.2.1 Le questionnaire quantitatif 24
CHAPITRE 3 - RÉSULTATS D'ENQUÊTES 40
1. Grilles d'analyse 40
1.1 Réponse aux objectifs 40
2. Qui sont les touristes qui viennent à Bordeaux ? 41
3. Les représentations touristiques de Bordeaux 43
4. Imaginaire et réalité : quels écarts ?
46
79
5. Un nouveau rapport à la ville 47
5.1 La rigidité du guidage numérique : une
dissimulation des affordances 47
5.2 Une autre appropriation de l'espace 48
5.3 ...et une nouvelle manière de le percevoir 49
CONCLUSION 51
ANNEXES 53
1. Résultats de l'enquête sociologique 53
2. Tableau de Bruno Latour issu de l'ouvrage «
Enquête sur les modes d'existence » 75
BIBLIOGRAPHIE 76
WEBOGRAPHIE 77
|