CHAPITRE I
INTRODUCTION
1.1. Problématique et
justification
Habituellement, une structure sociale compte huit à
quinze personnes au minimum. Et les membres des groupements sont très
solidaires entre eux et sont coiffés le plus souvent d'un comité
de trois à cinq personnes. Les structures sociales mènent des
activités à but lucratif ou non et visent le plus souvent, la
réinsertion sociale, la lutte contre les exclusions, la promotion des
activités socio-économiques en créant des emplois. Les
groupements sociaux aident parfois l'action publique locale dans leurs missions
sociales et économiques pour la garantie du bien-être de la
population locale. Ceci en partenariat avec les organisations non
gouvernementales (ONG) qui disposent parfois, de moyens techniques et
financiers (ERIC PATRICK FEUBI PAMEN, 2009).
Selon le Bureau International du travail de nos jours,
à travers le monde on ne peut pas penser au développement rural
sans les structures sociales qui jouent un rôle important d'entraide dans
les zones rurales. Car d'une part les membres de ces structures s'aident
mutuellement et d'autre part ces structures aident les membres de la
communauté où ils s'implantent. On les retrouve surtout là
où les entreprises hésitent à venir. En effet, certaines
entreprises hésitent à se rendre à certains endroits car
là-bas, il y a un manque cruel de services de base tel que?
l'éducation, la santé, l'électricité etc. Ce qui
fait que ces zones restent dans une sorte d'isolement donc l'investissement
dans ces zones là parait quasi nul. De plus, l'isolement de ces zones,
s'accompagne toujours d'une absence des institutions étatiques. En ce
sens la présence des groupements dans ces zones créent des
opportunités d'emploi productif c'est-à-dire les gens peuvent
avoir accès à des emplois produisant des revenus
supérieurs au seuil de pauvreté qui est fixé à
1.90 dollar par jour selon la Banque Mondiale en octobre 2015, peuvent
aussi contribuer au accès à soins de santé, à
l'éducation, à l'eau potable, à un meilleur
assainissement, à des routes et l'accès aux marchés
(Adapté de BIT, 2011).
Au fil des ans, les structures sociales en milieux ruraux se
sont transformées en un véritable phénomène
incontournable et dispensable, dans la plus part des pays où le monde
rural était marginalisé, c'est surtout le cas pour les pays
émergents.
Au Brésil, des structures sociales en milieu rural ou
entreprises sociales de base communautaire comme nous les appelons ont
commencé à prendre forme de manière plus définie
à partir des années 1990 et ont connu depuis lors une importante
évolution. Ce type d'entrepreneuriat local est devenu un
phénomène social, un fait économique et organisationnel.
Dans le milieu rural Brésilien, nous pouvons identifier diverses formes
d'organisation comme: les associations de petits producteurs, les
coopératives populaires, les micro-entreprises à finalité
sociale, des groupes d'entraide communautaires ou les entreprises à but
social. En effet, le développement d'initiatives sociales du type petite
entreprise informelle générant des revenus ;
représente une stratégie inédite de construction
d'espaces de participation et d'inclusion économique de groupes sociaux,
de chômeurs, de collecteurs de matériel recyclable, de petits
producteurs ruraux au Brésil. Car elles permettent à la
population rurale d'avoir accès à des emplois qui
génèrent des revenus supérieur au seuil de
pauvreté. Cette situation inédite a accentuée la recherche
de formes alternatives de survie et d'organisation productive, parmi
lesquelles les entreprises sociales de base communautaire d'origine rurale. Au
Brésil les entreprises sociales de base communautaire d'origine
rurale ; s'organisent à partir de groupes sociaux
marginalisés, possèdent et mettent en valeur la base sociale
locale, adoptent une gouvernance à caractère participatif et
démocratique dirigée par des membres élus, mettent en
relief la formation des associés dans les activités
développées en associant formation et production, elles
dégagent des bénéfices pour la communauté,
développent une innovation dans le processus productif .Le
développement rural au Brésil est interprété comme:
une stratégie pour créer de nouvelles opportunités
d'insertion sociale et économique, tout en valorisant les ressources
naturelles et le patrimoine local. Loin de la vision péjorative d'un
monde rural destiné à disparaître ; cette perspective
axée sur le développement des groupements sociaux met l'accent
sur l'espace rural, en tant qu'espace de construction de nouvelles formes de
développement incluant les ressources humaines locales comme moteur pour
mettre en valeur les potentialités locales (CAIRN.INFO, 2012).Ce
phénomène inédit se trouvant dans le monde rural
Brésilien n'a pas laissé les pays en développement
indifférents, c'est pourquoi en Haïti il y a apparition d'un bon
nombre de groupements sociaux qui posent des actions favorisant le
développement local.
En Haïti les pratiques associatives dans les zones
rurales sont nombreuses, de plus en plus fréquentes et prennent
différentes formes, suivant l'époque et la conjoncture. On peut
citer: les colonnes (Association saisonnière ou permanente pour
l'entraide mutuelle où chacun bénéficie du travail des
autres? LAGUERRE MICHEL, 1975), les conseils communautaires, les groupements,
les coopératives etc. Généralement, ces organisations
naissent pour apporter des éléments de solution à certains
problèmes que confrontent les paysans. Ces laissés-pour comptes
s'associent pour résoudre certains problèmes d'ordre
socio-économiques, au niveau de l'agriculture, de la construction de
routes, des travaux d'irrigation. En général, ce sont des
activités accessoires (non durable), qui procurent aux paysans des
avantages marginaux, sans incidence réelle sur les problèmes de
fond que sont la misère, la dépendance, l'exploitation des
paysans. Les pratiques associatives n'ont pas engagées les paysans dans
des actions de questionnement de longue haleine pour changer leur condition
sociale et améliorer leur situation socioéconomique (MARS ELIE
PIERRE, Aout 2007).Pour faire face à cette injustice les organisations
sociales de base à but non lucratif se sont multipliées et sont
de plus en plus actives, en effet l'une des plaques tournantes des groupements
sociaux en Haïti c'est le plateau central, il y a neuf cent soixante et un
(961) organisations de base dans les 12 communes et 35 sections communales du
plateau central qui posent tous les jours des actions de développement
local. Pour encourager ces initiatives dans le milieu rural Haïtien l'UE
(Union Européenne) a financé, ces mouvements surtout au niveau du
plateau central par l'intermédiaire, des organisations partenaires
oeuvrant dans le domaine du développement telles BON (Bureau de
l'Ordonnateur National) et PARSCH (Programme d'Appui au Renforcement de la
Société Civile en Haïti). Parmi les groupements sociaux
agissant au niveau national on distingue: le MPP (Mouvement Paysan Papaye:
organisation paysanne qui a pour but d'unir tous les paysans d'Haïti et de
rassembler les jeunes travailleurs ruraux organisés en groupement en vue
de leur promotion culturelle et économique), le GVC (Gruppo di
Volontariato Civile), la SOFA (Solidarite Fanm Ayisyèn)... (MPP,
2013).La présence de ces groupements dans les milieux ruraux est plus
que nécessaire car ils font la promotion de la participation citoyenne,
pour poser des actions de développement, en vu de réduire la
pauvreté dans le milieu rural (Notes de cours de développement
rural, 2016). Ce qui pourrait être intéressant car en Haïti
le taux de pauvreté nationale n'est pas moins que 58% d'après le
Rapport OMD (Objectifs du Millénaire pour le Développement)
sortie en 2013 du Programme des Nations Unies pour le Développement
(PNUD). Et le taux de pauvreté extrême dans le pays est 24.7%,
dans cette catégorie on retrouve les gens qui ont moins de 1.90 dollar
par jour(le Nouvelliste Publié le 06 août 2014). Ces organisations
de base interviennent dans divers domaines comme: l'agriculture, le commerce,
la protection de l'environnement, l'aménagement des voies publiques
secondaires, l'éducation, la santé etc. (BIT, 2011).
Dans le sud de la république, les structures sociales
de base militent de manière active également afin d'avoir un
environnement plus hospitalier pour la population locale. Dans le but d'avoir
un environnement où il y a plus ou moins les services de base qui vont
permettre de diminuer le taux de pauvreté.
Le département sud du pays regorge de nombreuses
structures sociales qui militent tous les jours pour changer les conditions de
vie dans le milieu rural sudiste. Elles accomplissent des progrès
considérable c'est pourquoi Jean-Marie Claude Germain, le Ministre de
l'Environnement et Peter de Clercq (représentant Résident en
Haïti du PNUD), ont remis officiellement le « Prix Equateur »
au MP3K ( Mouvman peyizan 3eme seksyon Kanperen: groupement de
paysan producteur d'igname travaillant avec plus de 1500 agriculteurs pour
renforcer leurs capacités techniques, améliorer la
sécurité alimentaire, faciliter l'accès aux semences,
améliorer la productivité des exploitations) en reconnaissance de
la contribution exceptionnelle de ce mouvement paysans à: la
conservation de l'environnement, la réduction de la pauvreté et
les initiatives de lutte pour la réduction des impacts des changements
climatiques( Haïti Libre publié le 20 avril 2015). Dans ses
propos de circonstance, le Ministre Germain a soutenu que ce Prix
témoigne de toute la qualité et de l'ampleur du travail
qu'effectuent nos agriculteurs et protecteurs de l'environnement dans le sud du
pays (Haïti Libre, 2015). Les structures sociales dans le milieu rural du
sud du pays bougent énormément pour porter leur contribution dans
le bien-être des habitants se trouvant en zone rurale. Malgré une
situation assez difficile caractérisée par un manque
d'encadrement de l'action publique locale, une diminution des organismes
internationaux finançant les projets de développement depuis
2015. En ce sens, on retrouve la POPSAH (Plate-forme des Organisations
Paysannes du Sud d'Haïti) qui a pour mission la défense des
intérêts de ses membres. Elle vise aussi à transformer les
associations en des coopératives agricoles afin qu'elles puissent
améliorer efficacement et durablement la qualité de la vie des
individus qui en font partie. C'est à dire leur faire accéder
à une autonomie d'action, une mobilité sociale accrue et
favoriser l'intégration économique et culturelle de la
communauté (POPSAH, 2015).Dans l'environnement sudiste, il y a la
commune de Torbeck où on peut dénombrer un bon nombre de
structures sociales, qui se multiplient d'années en années et
luttent pour améliorer le quotidien de la population locale, qui est
constituée en majorité d'agriculteur.
A Torbeck dans certaines zones les structures sociales,
deviennent indispensables dans leurs lieux d'apparition grâce aux
activités qu'ils entreprennent, et sont nombreux également. En
effet, à Torbeck on dénombre plus d'une trentaine de structures
sociales (IHSI, 2006). Parmi les structures sociales de Torbeck membres de la
POPSAH, on peut citer? Vision des Jeunes Actifs pour le Développement de
Torbeck (VIJADET), Organisation Paysan Gauvin/Lafosse (OPGL), Programme de
Développement Agricole et d'Education à Torbeck (P.D.A.E.T). Ces
structures sociales font partir des structures les plus actifs du
département sud et elles contribuent sans arrêt au bien-être
de Torbeck . En fournissant des services de base à la population de
cette zone qui est plus ou moins marginalisée par l'état
Haïtien. Elles appuient le développement local en posant des
actions de développement qui permettent de combattre la pauvreté
dans le milieu rural de Torbeck. Dans l'environnement de Torbeck il y a une
coordination sociale de base regroupant les associations d'agriculteurs de
Chantal et de Torbeck appelée COGOC (Coordination des Groupements et
Organisations Communautaires), qui pose des actions dans le domaine agricole et
au fur et à mesure son expérience s'étend dans d'autres
domaines comme: la santé, l'éducation des enfants, la promotion
des droits de la femme, les droits humains et l'assistance légale
gratuite aux démunis. Pour améliorer la situation dans le milieu
rural Torbeckois, la COGOC se fixe comme objectif: de travailler avec les
paysans, de les appuyer à partir d'activités économiques
et sociales en vue d'une prise en charge de leur communauté (COGOC,
2004). A Torbeck les structures sociales veulent combattre le sexisme
également pour un environnement plus équilibré et qui
n'exclus pas ses propres éléments, c'est en ce sens qu'il y a
structures sociales féministes qui veulent l'égalité des
sexes. Parmi l'une des structures féministes les plus actives de Torbeck
on distingue ; le MOFAGA qui veut combattre les injustices subies par les
femmes. C'est-à-dire il veut combattre: les possibilités
d'emploi limitées pour les femmes, la ségrégation des gens
plus particulièrement les femmes, la violence conjugale, la
pauvreté des femmes en leurs fournissant des prêts. Cette
structure sociale donne aussi des formations d'alphabétisation pour les
adultes et donne aussi des formations sur l'agriculture et l'élevage
afin que cette commune rurale puisse profiter des ses atouts car elle est une
commune où l'agriculture est la principale activité (MOFAGA,
2015). Les conditions de vie sont difficiles à Torbeck, à cause
de l'absence presque total des besoins fondamentaux de base, en ce sens pour
lutter contre cette réalité difficile l'un des groupements
sociaux incontournables de la commune c'est l'OPGL qui lutte de manière
quotidienne pour améliorer les conditions de vie à Torbeck. En
effet, elle fournit des moyens nécessaires pour l'autosuffisance de ses
membres, elle organise des séminaires pour informer les jeunes des
deux sexes sur leurs droits et surtout elle leurs apprend comment se
protéger des maladies sexuellement transmissibles. Elle aide ses membres
les plus vulnérables avec un prêt, elle organise des
séminaires sur la naissance désirée (planning family) et
l'usage des préservatifs. Elle crée des partenariats dans le
monde entier, demande l'assistance financière et matérielle
auprès des institutions internationales, gouvernementales, des
fondations, des églises, des organisations de l'ONU, des organisations
philanthropiques, des donateurs potentiels (OPGL, 2009).Au fil des
années les structures sociales ne font que se multiplier à
Torbeck, donc l'étude vise à fournir des informations sur la
commune de Torbeck en répondant à la question suivante :
Comment est-ce que la multiplication des structures sociales de base
contribue-t-elle au développement local ?
|
|