UNIVERSITY OF YAOUNDE I
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POSTGRADUATE SCHOOL FOR THE SOCIAL AND EDUCATIONAL
SCIENCES
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DOCTORAL RESEARCH UNIT FOR SOCIAL SCIENCES
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UNIVERSITE DE YAOUNDE I
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CENTRE DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE EN
SCIENCES HUMAINES, SOCIALES ET EDUCATIVES
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UNITE DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE EN
SCIENCES HUMAINES ET SOCIALES
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LE SACRIFICE DE L'ANIMAL DANS LES
SOCIÉTÉS AFRICAINES PRÉCOLONIALES :
LE CAS DES MBO À LA LUMIÈRE DES
ÉGYPTIENS ANCIENS
Mémoire présenté et soutenu
publiquement en vue de l'obtention du Diplôme de Master en Histoire des
Civilisations
Option : Egyptologie
Par :
Stéphane Cédric MBAH
Licencié en Histoire
Sous la direction de :
Dr Alexis TAGUE KAKEU
Chargé de cours
Mars 2017SOMMAIRE
SOMMAIRE
i
DÉDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
LISTE DES ILLUSTRATIONS
iv
LISTE DES SIGLES
v
GLOSSAIRE
vi
RESUME
vii
ABSTRACT
viii
INTRODUCTION GENERALE
1
CHAPITRE I : PRESENTATION DES MBO
22
I- LES ORIGINES DU PEUPLE MBO
22
II- ORGANISATION DES MBO PRECOLONIAUX
36
CHAPITRE II : FONDEMENTS ET
CIRCONSTANCES DU SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
5
I- FONDEMENT DES SACRIFICES
ANIMALIER DANS LA SOCIETE EGYPTIENNE ANCIENNE ET MBO PRECOLONIALE
50
II- CIRCONSTANCES, ACTEURS ET
EXIGENCES DU SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
67
CHAPITRE III- LES ANIMAUX DU SACRIFICE
SANGLANT, SYMBOLIQUE DU SANG ET DE LA PAROLE DANS LES SACRIFICES CHEZ LES
EGYPTIENS ANCIENS ET MBO PRECOLONIAUX
83
I- LES ANIMAUX DU SACRIFICE SANGLANT
DANS LA SOCIETE EGYPTIENNE ANCIENNE ET MBO PRECOLONIALE
84
II- LA PLACE DU SANG ET DE LA PAROLE
DANS LES SACRIFICES CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
103
CHAPITRE IV : LA SYMBOLIQUE ET
FONCTION DU SACRIFICE
113
DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET
LES MBO PRECOLONIAUX
113
I- LA SYMBOLIQUE DU SACRIFICE DE
L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
113
II- LES FONCTIONS DU SACRIFICE DES
ANIMAUX CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
126
CONCLUSION GENERALE
143
ANNEXES
146
SOURCES ET ORIENTATIONS
BIBLIOGRAPHIQUES
156
TABLE DES MATIERES
169
DÉDICACE
A
MES GRANDS PARENTS
De regretté
mémoire Thomas Essoh Ebèné
Et
Jacqueline Yaka
Ebèné
REMERCIEMENTS
Nous tenons à remercier le Dr. Alexis Tague Kakeu
notre directeur pour sadisponibilité,sa rigueur au travail et son
attention à la lecture puis à la correction de nos lacunes. Ses
observations et suggestions nous ont guidé tout au long du chemin
fastidieux et fascinant de la recherche. C'est un père de plus que nous
avons gagné.
Nous remercions tous nos enseignants du département
d'Histoire de l'université de Yaoundé I. C'est grâce
à eux que nous avons acquis les connaissances nécessaires utiles
dans la réalisation de ce travail.
Nos remerciements s'adressent au Dr. Eveline Apisay Ayafor
pour les documents qu'elle a bien voulu mettre à notre disposition. Que
nos informateurs de par la disponibilité et le temps qu'ils ont bien
voulu nous accordé trouvent ici exprimée notre reconnaissance.
Nous exprimons notre profonde gratitude à nos parents
M. Rienti Ngoulle et Mme. Anne Moussango Ebèné pour le soutient
qu'ils n'ont cessé de nous apporter durant notre parcourt
académique. Nous remercions nos frères et soeurs Raoul Soumelong,
Guy Essoh, Henri Elouti, Zacharie Ngoulle, Borin Mbonki, Angèle Etoke,
Florentine Nkounda, Guy Ebèné, pour les privations qu'ils ont
été forcés de subir afin que nos parents nous accompagnent
dans la réalisation de ce travail.
Que les familles Berlin Etamé, SalomonEdika, Nkondje
Essoh et Emile Ekango reçoivent nos sincères remerciements pour
leur soutien multiforme.
Nous sommes gré à Solange Ekango Eba et notre
fils Emile Nathan Mbah Ekango.
Nous remercions sincèrement, nos amis : Patrick
Eboulé, Sirril Mboué, Sirian Mbouangue, Jean Essoh, Rodrigue
Ngouba, Gwladys Togue, Igor Ngwaka, Alex Essoh, Claude Ngoubo, Emile
Mboungue,Jeannot Tanga pour leurs encouragements et soutien moral
tout au long de ce travail.
Nous remercions enfin tous ceux qui de près ou de loin
ont contribué d'une quelconque façon à la
réalisation de ce travail et dont les noms ne sont pas
mentionnés. Qu'ils trouvent ici l'expression de notre profonde
gratitude.
LISTE DES ILLUSTRATIONS
A- FIGURES
Figure 1: Une scène de sacrifice de l'animal
en offrande à Dieu, représenté dans le mastaba de Ty,
Ancien Empire
5
Figure 2: Titulature de Séthi Ier inscrite
sur les briques de faïence
88
Figure 3: L'animal sethien représenté
en hiéroglyphe
102
B-TABLEAU
Tableau 1:Classification des dialectes Mbo
5
Tableau 2:Correspondances générique
de quelques langues bantoues
31
C-PHOTOS
Photo 1: Prêtre Sem pratiquant le rituel
d'ouverture de la bouche de la momie du défunt
5
Photo 2: Les prêtres chez les Mbo
73
Photo 3: Les quadrupèdes du sacrifice chez
les Mbo
98
Photo 4:Scène de sacrifice d'un
quadrupède en offrande à Dieu en Égypte antique
99
Photo 5:Le faucon lanier et Horus
représenté par la tête du faucon
100
Photo 6: Les poulets appropriés aux
sacrifices d'expiation
100
Photo 7: Une scène d'offrande
101
Photo 8: Les dépositaires de la tradition
arborant le bonnet rouge
104
Photo 9: Illustration de la peser du coeur par
Anubis dans l'au-delà
120
Photo 10: Un patient soumis à la conjuration
du sort d'épilepsie via un poulet bouc émissaire
139
D-CARTES
Carte 1: Localisation des descendants de Ngoe
49
LISTE DES SIGLES ET ACRONYMES
CEPER
|
:
|
Centre d'Edition de Production pour l'Enseignement et la
Recherche
|
SOPECAM
|
:
|
Société de Presse et d'Eédition
du Cameroun
|
ORSTOM
|
:
|
Office de Recherche Scientifique des Territoires
d'Outre-mer
|
PUF
|
:
|
Presse Universitaire de France
|
UPAC
|
:
|
Université Protestante de l'Afrique Centrale
|
UCAC
|
:
|
Université Catholique de l'Afrique Centrale
|
IFC
|
:
|
Institut Français du Cameroun
|
CNRS
|
:
|
Centre National de la Recherche scientifique
|
FALSH
|
:
|
Faculté des Arts, Lettres et Sciences Humaines
|
IFAN
|
:
|
Institut Français d'Afrique Noire
|
ENS
|
:
|
Ecole Normale Supérieure
|
DIPES
|
:
|
Diplôme de Professeur d'Enseignement Secondaire
|
CREA
|
:
|
Centre de Recherche et d'Etudes Anthropologiques
|
CECAM
|
:
|
Cercle des Etudiants de Canton Mbo
|
UNESCO
|
:
|
Organisation des Nations Unies pour l'Education, la Science et
la Culture
|
NEA
|
:
|
Nouvelles Editions Africaines
|
WWW
|
:
|
World Wide Web
|
GLOSSAIRE
Akhem
|
:
|
Puissance intrinsèque
|
Ban Bi Ngoe
|
:
|
La progéniture de Ngoe
|
Ebweuh
|
:
|
L'âme
|
Eden-den
|
:
|
L'ombre
|
Ekheu Yeul
|
:
|
Le corps ou enveloppe charnelle
|
Yèmeuh
|
:
|
Ancêtre divinisé
|
Son me yèmeuh
|
:
|
Dieu
|
Mo'o-sèé
|
:
|
Ancêtre
|
N'lem
|
:
|
Le coeur
|
Sa `an Mbo'o
|
:
|
Chef de famille
|
Adjan
|
:
|
potion magique
|
pou-ndéeh
ba mwa ni ba-shé
nko'om
ngandeûh
pè'éh ngwéuh
|
:
|
Famille restreinte
Buvons avec les ancêtres
Arbre sacré du marché
Funérailles
Bosquet sacré du village (temple)
|
RESUME
Dans les croyances négro-africaines, les sacrifices
animaliers occupent une place importante. Notre thème intitulé
« Sacrifice de l'animal dans les sociétés africaines
anciennes: le cas des Mbo à la lumière des anciens
Egyptiens » essaye d'apporter des éclaircissements sur la
symbolique et la fonction du sacrifice animalier pratiqué chez les
Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux .Il s'agit pour nous
d'identifier et comprendre les types de sacrifices animaliers pratiqués
par les Mbo à la lumière des rituels sacrificiels en Egypte
ancienne. Il convient pour cela de démontrer qu'il existe une
parenté culturelle entre le peuple Mbo et les Egyptiens anciens et
partant celle du Cameroun voire des peuples d'Afrique au sud du Sahara de la
période précoloniale. Pour atteindre ces objectifs, nous avons
utilisé les informations provenant des sciences connexes à
l'histoire telles que l'anthropologie, la sociologie et l'archéologie.
Nous avons également mis à profit, les sources
égyptologiques et les sources orales. Dans cette perspective, nous avons
opté pour une méthode comparative qui s'oriente vers la
compréhension du rituel sacrificiel Chez les Egyptiens anciens et les
Mbo. Les informations ont été analysées et
organisées d'après un plan thématique. Grâce
à cette approche, nous sommes arrivés au résultat que les
Mbo sont originaires de l'Egypte antique et la thèse sur les sacrifices
animaliers vient une fois de plus confirmer cette idée. Aussi bien dans
la société Mbo qu'égyptienne ancienne, les sacrifices
animaliers trouvent leurs fondements dans la religion, la magie et la
société elle-même. Dans cette perspective, les sacrifices
animaliers pourraient être interprétés en termes
d'échange entre les Hommes et Dieu, des rituels magico-religieux avec
pour conséquence de maintenir l'équilibre socio-cosmique. L'on
comprend ainsi que dans ces deux sociétés, les sacrifices
animaliers revêtent non seulement une charge symbolique assez forte, mais
jouent également un rôle fondamental dans l'épanouissement
de la vie. Bien que ces deux peuples soient séparés dans le temps
et l'espace, il apparaît assez clairement au regard des similitudes qui
les lient, qu'il est plus juste de parler d'une culture Egypto-Mbo.
ABSTRACT
In the Black African beliefs, animal sacrifices hold an
important place. Our theme entitled «Animal sacrifice in ancient African
societies: the case of Mbo in the light of the ancient Egyptians» is an
attempt to shed light on the symbolism and function of animal sacrifice
practiced by the ancient Egyptians and pre-colonial Mbo people. Our aim is to
identify and understand the types of animal sacrifices practiced by Mbo people
in the light of rituals sacrifices in ancient Egypt. To do so, it is
appropriate to demonstrate that there is a cultural kinship between the Mbo
people and the ancient Egyptians; henceforth between the ancient Egyptians and
the pre-colonial peoples of Cameroon and of sub-Saharan Africa. To achieve
these objectives, we used the information from the sciences related to history
such as anthropology, sociology and archaeology. We have also taken advantage
of the Egyptological sources and oral sources. In this perspective, we chose a
comparative method oriented towards understanding the sacrificial ritual among
the ancient Egyptians and the Mbo people. The information were analyzed and
organized according to a thematic plan. With this approach, we arrived at the
result that Mbo people are from ancient Egypt and the thesis on animal
sacrifices has once more confirm this idea. Both in Mbo society and ancient
Egyptian society, animal sacrifices are based on religion, magic, and the
society itself. In this perspective, animal sacrifices could be interpreted in
terms of exchange between people and God, the magical-religious rituals with
the effect of maintaining the social and cosmic balance. Thus, it is understood
that in both societies, animal sacrifices are not only of fairly strong
symbolic, but also play a fundamental role in the development of life. Although
these two peoples separated in time and space, it appears quite clearly in view
of the similarities which bind them, which it is more accurate to speak of an
Egypto-Mbo culture.
INTRODUCTION GENERALE
Le sujet de notre mémoire s'intitule « Le
sacrifice de l'animal dans les sociétés africaines
précoloniales : Le cas des Mbo du Cameroun à la
lumière des anciens Égyptiens. »
I- LES RAISONS DU CHOIX DU
SUJET
Le choix de ce sujet est motivé par des raisons
académiques, épistémologiques, idéologiques et
l'envie de suivre les pas de Cheikh Anta Diop.
a-) Raisons
académiques,
Elles émanent d'une coutume académique. Celle-ci
veut qu'à la fin d'un cycle, l'étudiant présente un
mémoirefruit de ses propres recherches. Se faisant nos enseignants
précisaient au cours de notre formation à l'université, le
bien fondé à nous intéresser et connaître nos
propres cultures. Aussi avons-nous choisi de présenter un aspect de la
culture Mbo qui tend à disparaître.Il s'agit du sacrifice de
l'animal lors des évènements de grande envergure dans la
société Mbo.
b-) raisons
épistémologiques.
L'Afrique depuis la rencontre avec l'Occident chrétien,
a fait l'objet des regards controversés. Pour certains, le
continent noir « est mal parti 1(*)» pour reprendre les
propos de l'agronome français René Dumont. Pour d'autres,
l'Afrique reste un continent anhistorique ou mieux, une terre sans histoire
pour pointer du doigt Fédrich Hegel2(*). Pourtant il suffit de se rapprocher des Africains
pour voir combien l'histoire est vécue et transmise par le biais de la
tradition orale. Cette oralité permettra de faire comprendre que
l'histoire africaine réside dans les mythes, les contes, les
légendes pour ne citer que ceux-ci.
Toutefois, nous reconnaissons que la redéfinition du
terme Histoire dans le cadre de l'unité d'enseignement intitulé
« la philosophie de l'histoire »3(*), nous a permis de comprendre que
l'histoire est le quotidien de l'Homme dans toutes ses activités. Par
conséquent, tous les peuples ont une histoire, même si celle-ci
n'est pas codifiée ou écrite comme celle des Mbo du Cameroun.
Aussi nous avons choisi volontiers un aspect non moins important de la culture
Mbo à savoir le sacrifice des animaux. L'étude de ce dernier nous
permettra de contribuer à notre façon à l'écriture
de l'histoire des Mbo voire celle de l'Afrique noire.Dans cette perspective
nous nous plongeons dans le domaine de l'historiographie oude la
réécriture de l'histoire africaine longtemps
déniée. Pour nous cette réécriture de l'histoire
peut se faire à travers le sacrifice de l'animal qui est un aspect de la
culture commun à l'Afrique noire.
c-) Aspirations
idéologiques.
Il apparaît que notre époque est marquée
par la valorisation de tout ce qui est « moderne »
avec pour conséquence directe, le dédain, le refus d'acceptation,
voire l'ignorance de notre culture. Dans ce sillage, nous avons remarqué
au sein de la communauté que les jeunes avaient honte de parler d'eux
même ou de leur culture. De plus en plus, ces derniers semblent
animés par un complexe d'infériorité. Cette attitude les
amène à considérer la culture des autres plus
avancée et évoluée4(*). Certains Mbo, surtout ceux des classes
juvéniles et citadines arrivent même à dénigrer et
mépriser leurs cultures, d'où une certaine raréfaction des
rituels sacrificiels des animaux lors des « grandes
cérémonies ou des grandes situations » jadis
observées dans la communauté Mbo. A cet effet Théophile
Obenga précisait le bien fondé de la sauvegarde des cultures en
des termes interrogatifs :
Quel peuple, quelle nation néglige aujourd'hui son
patrimoine culturel ? Son identité ? Est-ce par hasard si
l'Unesco considère la dimension culturelle du développement
comme un fait majeur de l'époque actuelle ? Est-ce pour rien que la
communauté internationale est activement à la recherche d'une
politique mondiale culturelle plus harmonieuse?5(*)
Au demeurant, le Mbo arrive même à oublier qu'il
se vide de sa personne, son énergie vitale, mieux de sa culture qui est
ce « qui nous reste lorsqu'on a tout perdu 6(*)» comme le disait
François Sagan. A titre d'exemple, les jeunes Mbo sont souvent
très curieux de savoir la portée des rituels de retrait des
crânes chez les Bamiléké ; où encore la
symbolique de la consommation de tel ou tel autre repas lors de certaines
cérémonies chez les peuples voisins. En revanche, la jeunesse Mbo
ne se rend même pas compte de l'arsenal rituel qu'elle dispose.Loin
d'être exhaustive, nous pouvons relever le rite de séparation des
eaux, le rite de la recherche du défunt, le rite de la pose des pierres
sur la tombe du défunt le troisième jour, le rituel dit
edjo-kho'o, tous porteurs de signification.
Ayant grandi dans l'univers africain et plus
précisément Mbo, nous avons eu l'honneur de côtoyer les
vieillards, source de sagesse et du savoir en Afrique. Ces personnes du
troisième âge sont généralement les
dépositaires des contes, légendes et mythes, bref de la
tradition orale source incontestable et incommensurable pour l'histoire
africaine. A ce propos Amadou Hampaté-Ba considérait un vieillard
comme une mémoire vivante et dont le trépas est comparable
à une bibliothèque qui brûle7(*).
d-) L'envie de suivre les
pas de Cheikh Anta Diop
Nous avons également été motivé
par l'appel de Cheikh Anta Diop, le père de l'égyptologie
africaine. Celui-ci milite pour la restitution à l'Africain du
bénéfice moral dans tous les aspects de sa civilisation jadis
enfermés dans une pseudo identification à la culture
européenne. Pour se défaire, à travers une approche
pluridimensionnelle, Cheikh Anta Diop a pu reconstituer de nombreux pans de la
véritable histoire africaine. Cette reconstruction a permis de
redonnerle blason historique à l'Afrique. Toutefois, le
«père de l'histoire africaine» invite les chercheurs,
intellectuels africains et africanistes de faire pareil en ces termes.
« Il devient donc indispensable que les Africains se penchent sur
leur propre histoire, leur civilisation et étudient celles-ci pour mieux
se connaitre 8(*) ».
Cet appel s'est fait avec un souhait à
s'imprégner des données de la civilisation de l'Égypte
pharaonique afin d'arriver a la reconstitution de la véritable
identité africaine. Comme lui-même l'a reconnu, tout en
établissant la parenté des moeurs, des coutumes et des traditions
entre l'Egypte antique et l'Afrique. Par ailleurs, Cheikh Anta Diop
reconnaît qu'il n'a pas scruté tous les domaines de la
parenté entre l'Afrique et l'Egypte pharaonique. Pour cette raison, il
précisait que « Peut être qu'une vie entière
ne suffirait pas pour rapporter tous les traits de la parenté qui existe
entre l'Egypte et le monde noir, tant il est vrai qu'il s'agit d'une seule et
même chose9(*). ».
Cette invitation à nous intéresser à la
civilisation africaine nous a inéluctablement poussé à
jeter le dévolu sur les sacrifices animaliers en Egypte ancienneet les
Mbo précoloniaux du Cameroun. La filiation des deux rituels sacrificiels
c'est-à-dire celui des Egyptiens anciens d'une part et des Mbo
précoloniaux d'autre part conduira à corrobore avec les
idées de l'unité culturelle entre l'Egypte pharaonique et
l'Afrique au sud du Sahara tel conçue par cheikh Anta Diop. Aussi
précisait-il :« le retour à l'Egypte dans tous les
domaines est la condition nécessaire pour réconcilier la
civilisation africaine avec l'histoire, pour pouvoir bâtir un corps de
sciences modernes, pour rénover la culture africaine10(*) ». Pour mener
à bien cette recherche, il sera judicieux pour nous de déterminer
le champ d'étude.
II- JUSTIFICATION DU CADRE
SPATIO-TEMPOREL
a) Le cadre
spatial
Mbo, traditionnellement connus sous le nom « ban
bi Ngoh »littéralement la progéniture du
léopard, l'ancêtre éponyme. Ils habitent au pied des
massifs montagneux du Manengouba, Nlonako et Koupé. Ces monts se
retrouvent respectivement dans les régions du Littoral et du Sud-ouest
voire dans l'arrière-payscôtier et à l'ouest de
région de l'Ouest. Dans ce sillage, les Mbo se retrouvent dans les
départements du Moungo, du Koupé Manengouba, de la Ménoua
et du haut Nkam. De par l'histoire les Mbo font partie du groupe Sawa qui
comporte plusieurs tribus qui s'échelonne le long de la baie de Biafra
au fond du golfe de guinée : Duala, Ewodi, Bakweri, Bassa... dont
les similitudes linguistiques traduisent leur héritage commun.
Du point de vue de l'histoire générale des
bantoues et d'après les recherches de certains spécialistes comme
ThéophileObenga11(*) et Dika Akwa nya Bonambela12(*), les « Duala de la
Montagne », mieux les Mbo (peuple bantou) sont originaire de la
vallée du Nil ou de l'Egypte antique.Cette dernière
sesituéeau Nord-Est du continent africain comprise entre le 31° et
le 24° de latitude Nord limitée au Sud par la première
cataracte du Nil et au Nord par les eaux de la méditerranée. A
l'ouest, elle est limitée par le désert libyque et à l'Est
par le désert arabique, le Sinaï et la région de
Gaza13(*).
b) Cadre
temporel
Cette étude couvre la période allant de
2700-1070 avant Jésus Christ, autrement dit, de l'Ancien Empire au
Nouvel Empire voire de la IIIème-XXème
dynastie. Nous avons choisi cette borne supérieure comme la
période où les animaux furent tout à la fois
sacralisés et tapés de tabou. En cette période, les
scènes des sacrifices animaliers ont une connotation beaucoup plus
rituelle quede la simple boucherie. Dans ce sillage, l'animal se
présentait comme un substrat humain ou réceptacle des dieux sur
terre. Toutefois la pratique des sacrifices animaliers à des fins
magico-religieuses fut beaucoup plus observée au Nouvel Empire notamment
à partir de la XVIIIème dynastie14(*). Cependant, il est à
noter que la symbolique des sacrifices animaliers auraient connu une tournure,
avec le règne de Chéops. Sous le règne de ce dernier,
l'animal jouait le rôle de substrat humain dans des sacrifices humain,
mieux l'animal pouvait remplacer l'homme dans le cadre des sacrifices humain.
D'ailleurs Serge Sauneron nous apprend que :
Un jour où le roi Chéops, en proie à ce
morne ennui coutumier des monarques orientaux, réclamait les
récits d'un conteur ou les prouesses d'un magicien, on lui amena un
prestidigitateur du nom de Djédi qui possédait entre autres
talents, celui de « remettre en place une tête
coupée ». Aussitôt le souverain d'ordonner qu'on aille
querir un prisonnier, pour tenter l'expérience. Et Djédi de
répondre « Non, pas un être humain, Souverain mon
maitre, il est défendu d'agir ainsi envers le troupeau sacré de
Dieu ». (Ce passage célèbre pourrait justement
définir l'humanisme de la civilisation égyptienne).On n'expose
pas la vie d'un être humain, fût-ce pour distraire un
monarque ; et si les rites religieux exigent le massacre des êtres
typhoniens, les ennemis du pays, associés du dieu Seth, le miracle
d'Aulis se reproduit à chaque sacrifice, et seuls des animaux (ou les
figurines) pariassent sur les autels15(*).
Nous pouvons ainsi comprendre que la mise à mort de
l'animal sous le règne de Chéops correspondrait à la mise
à mort de Seth pour ainsi faire revivre Osiris tué par ce
dernier.Il estaisément saisissable dans ce sillage que le sacrifice de
l'animal sous le règne de Chéops est un acte qui réunit
par le fait de son caractère sacré, plusieurs composantes de la
société égyptienne comme des magiciens, les
prestidigitateurs, les prêtres etc. Cependant le sacrifice rituel d'un
animal en Egypte antiquefournissait des éléments indispensables
au culte divin. La viande consommée était également riche
en énergies magico-vitales. A l'Ancien et au Moyen Empire, comme nous
l'apprends Jean Vandier16(*), un prêtre inspectait l'animal, notamment en
reniflant son sang sur la main du boucher, pour voir s'il était pur et
s'il pouvait être offert en offrande à Dieu ou être
consommé par les Hommes.Ainsi dans le mastaba de Ptahotep à
Saqqarah, on voit un prêtre représenté, déclarant :
«il est pur ». En mesure de sa valeur importante en
matière d'offrandes, il est très probable que les temples
maintenaient en permanence de petites quantités d'animaux dans des
enclos pour les avoir sous la main en temps opportun17(*).
Toutefois, l'on a choisi de s'intéresser àla
période précoloniale, c'est-à-dire avant l'arrivée
des colons dans la communauté Mbo. Parce que cette époque
correspond à la période où les Mbo vivaient encore sous
une forme de tradition originelle, sans hybridation aucune. De ce fait, parler
d'un aspect de la culture tel le sacrifice de l'animal reviendra à lui
concéder une originalité pure et digne de profondeur du savoir
africain. Cependant, pour éviter tout quiproquo et lever autant que
possible les équivoques pouvant prêter à confusion le sens
de notre sujet de recherche, il sera judicieux pour nous de s'appesantir sur la
compréhension des mots clés.
VI- EXPLICATION CONTEXTUELLE
DES CONCEPTS
Les concepts à définir dans le cadre de
notre travail sont des termes qui reviendront sans cesse pendant notre
argumentation. Il s'agit de :rituel, rite, l'animal et sacrifice.
L'animal selon le dictionnaire
universel18(*) un
être vivant, doué de sensibilité et de mouvement. Il est un
être hétérotrophe privé de la faculté de
raisonner. Cependant, l'interprétation que René Girard attribut
à l'animal, dans La Violence et le Sacré19(*), est que cet être
vivant dans le contexte du sacrifice est un objet de substitution, un bouc
émissaire. Pour Girard, l'utilisation de l'animal dans les sacrifices a
pour but de détourner la violence sur un objet bouc émissaire.
Cet objet est à la fois maudit, puisque la violence s'abat sur lui, mais
il est en même temps sacré, puisqu'il permet le retour de la paix
sociale. Bien que l'interprétation de René Girard ne soit pas
très claire, elle puisse être utile pour comprendre le sens du
bouc émissaire en tant que substrat humain dans le sacrifice, celui-ci
est très différent de l'interprétation de Georges Gusdorf
qui considère le bouc émissaire ou l'animal comme le
véhicule des desideratas des hommes vers les divinités via le
sang.
Le mot rituelse traduit en Mbo par ade'em20(*)
qui signifie habitudes ou manières de faires. Dans ce contexte, les
sacrifices des animaux peuvent donc se comprendre comme des habitudes
culturelles du peuple Mbo précolonial. Dans cette perspective avec le
dictionnaire encyclopédique, nous pouvons admettre les rituels comme
« un ensemble des règles et de cérémonies qui
régissent la pratique d'un culte particulier ou d'une une
religion21(*) ».
En d'autres termes, le rituel peut s'appréhender comme unensemble de
pratiques prescrites ou interdites, liées à des croyances
magiques ou religieuses, à des cérémonies et à des
fêtes selon la dichotomie du sacré et du profane, le pure et
l'impur etc. Cette dernière conceptions'apparente à
l'étymologie latine du mot rite « ritus ». Pour R.
Otto,le rituel est l'ensemble des méthodes qui consistent à fixer
la condition humaine dans un système stable en l'entourant de
règles. Pour se faire on fait recours à des rites pour
écarter de ce système tout ce qui symbolise son imperfection ; ou
bien on se place symboliquement dans le monde de la puissance absolue,
irréductible à la règle, et alors il n'y a plus à
proprement parler de "condition humaine22(*).
Jean Cazeneuve précise que le rite est différent
des autres coutumes par son caractère sacré mais aussi pour la
répétition qui loin d'être un élément
caractéristique est parfois la vertu principal23(*).Certes, le
terme religion vient du latin religare qui signifie relier au divin.
Mais le rituel à travers les ritesconsiste à laisser la
capacité à l'homme de se mouvoir sans l'intervention de Dieu dans
ses faits et gestes au quotidien. Le rituel à travers les rites consiste
d'après Henri Bergson24(*), de laissées à l'humain face
à l'angoisse de son humanité. Dans ce sillage, l'observation
scrupuleuse des rites devrait écarterde l'impureté.Dans un
deuxième temps, les rituels doivent être maniés comme un
principe de puissance magique, et dans la troisième enfin, la
l'observation des rites et le maniement des rituels concèderaient
à l'homme un caractère supra-humain de ce qui est du
sacré. " Les rites pourraient alors être appréhendés
comme pour reprendreGézaRóheim " les
réactions possibles de l'humanité en face de son propre
mystère25(*). "
Ainsi le rite se comprend aisément comme un ensemble d'actes
répétitifs, codifiés, d'ordre solennel, verbal, gestuel,
postural à forte charge symbolique lié aux croyances. On peut
donc distinguer les rites religieux (messe, sabbat), les rites séculiers
(le protocole, le serment des jurés), etc. Les rites peuvent dès
lors être collectifs (fête nationale), individuelles (prière
intérieure), intime (la toilette corporelle), etc.
Selon Malinowski, la raison primordiale des rites est " une sorte de
réplique de l'instinct, une des créations de l'intelligence pour
suppléer les règles instinctives qui lui font
défaut.Ainsi, pour mener à bien un pratique sacrificielle de
l'animal, le sacrifiant ou bien le sacrificateur est tenu de respecter les
règles qui s'inscrivent dans la logique du rite de sacrifice de l'animal
qui peut être rituel.
Le terme sacrificepasse dans le
langage courant pour
désigner le fait de détruire ou laisser détruire
stratégiquement une partie d'un ensemble en vue d'un objectif global
jugé plus important : sacrifier une escouade afin de gagner
notamment une bataille ou une
guerre, ou au travail, aux
études, etc. Or si nous nous en tenons à l'étymologie de
ce mot, nous arriverons à l'évidence que ce mot à un sens
beaucoup plus anthropologique qu'idéologique. Le sacrifice
étymologiquement
le sacrifice vient du latin de « sacer
facere » qui désigne une
offrande, en particulier de
la nourriture, des objets voire des vies humaines ou animales, à une ou
plusieurs
divinités.
Selon l'étymologie du terme sacrifice, qui renvoie
à la notion d'offrande, les Egyptiens anciens désignent ce terme
par «Hetep » qui signifie être en paix,
être satisfait. Il désigne également la table à
offrande. Les offrandes dans la société égyptienne
reposent sur les éxécution des rituels pour maintenir
l'équilibre et l'harmonie de l'univers. Cette conception,
intrinsèquement d'un point de vue microcosme contribue également
de maintenir un équilibre intérieur. Ceux qui performent les
offrandes dans la société égyptienne le justifient par le
corolaire de pouvoir obtenir la faveur des dieux et maintenir l'ordre
dans la communauté. Pour cette raison, les sacrifices font partie
intégrante des offrandes dans la société
égyptienne. Cependant, la portée n'est pas individualiste,
il faut concevoir la spiritualité d'un point de vue social.
Pour René Girard lesacrifice peut se comprendre comme
un échange entre les hommes qui le pratiquent et les puissances divines
qui le reçoivent dons contre dons, à proportion de la situation
et de la qualité des personnes engagées dans l'échange.
Do ut des, je donne pour que tu donnes, selon la formule latine bien
connue. Le don n'est jamais gratuit mais s'effectue selon des codes sociaux
précis et réglés par la tradition reconnait-il. Aussi,
Francesca Prescendi Morressi précise que le sacrifice étant un
échange, il est un partage. Une des formes est donc le repas sacrificiel
où la victime est « sacrifiée » puis
consommée de concert entre Hommes et Dieux, chaque partie recevant sa
part, différence qui marque la séparation en le ciel et la terre
mais aussi leur communion. Le sacrifice doit donc s'entendre comme une
frontière, mais une frontière où l'on se rencontre et
où l'on échange, aux dons des hommes devant répondre les
dons des Dieux26(*).Dans
ce contexte du sacrifice de l'animal qui est notre sujet de recherche devient
par cette observation de Girard un rituel d'autant plus qu'il met en exergue
des règles ou des codes sociaux à observer.
Grosso modo, le sacrificiel de l'animal peut être
défini comme l'ensemble des cérémonies et pratiques
réglées par des variables de caractère sacré
pendant l'immolation de l'animal au sein d'une communauté donnée,
dans le but de recevoir les faveurs divines nécessaires à
l'équilibre socio-cosmique et spirituel. Dans la continuité d'une
analyse intéressante de notre travail, il sera important de ressortir un
cadre théorique qui sied au thème principal de notre
recherche.
VII- CADRE THEORIQUE
Depuis l'époque pharaonique jusqu'à la
période récente, les sacrifices ont toujours été au
centre des préoccupations quotidiennes des Hommes. Pour cela, bien de
théories ont été élaborés pour expliquer le
phénomène du sacrifice des animaux dans les cultures des peuples
de la terre. Il convient de noter qu'ici, nous nous intéresserons aux
théories pouvant jeter un éclairage et nous permettre de
comprendre le phénomène des sacrifices animaliers aussi bien en
Afrique qu'ailleurs dans le monde.
Selon Bronislaw Malinowski, une société ne doit
pas être analysée à partir de son histoire mais à
partir de son fonctionnement. Observant les rites magiques qui entourent la
construction des pirogues dans les
îles
Trobriand, il refuse de les saisir comme des faits exotiques et
irrationnels. Il fait observer que ces rites permettent aux trobriandais de
combattre le stress qu'occasionnent les départs en mer. Les pratiques
qui semblent les plus anodines ont donc une fonction. Et cette fonction
correspond à un besoin humain : c'est le fonctionnalisme,
théorie utilisée pour la première fois par
Bronislaw
Malinowski dans l'ouvrage Les Argonautes du Pacifique occidental,
produit d'un long travail d'
observation
participante qu'il réalisa dans les
îles
Trobriand. Ainsi la culture, c'est-à-dire les idées, les
croyances et les coutumes humaines, constituent un vaste appareil mettant
l'homme dans une meilleure position pour affronter les problèmes
concrets qui se dressent devant lui. Le fonctionnalisme suppose donc que toute
pratique humaine ait pour fonction de répondre aux besoins des
individus.
C'est dans la perspective de donner une orientation à
la fonction du sacrifice queSir Edward Burnett Tylor27(*), présente le sacrifice
comme une de transaction gouvernée par la logique du donnant-donnant.
Dans ce cadre, les hommes comptent sur leurs dons sacrificiels pour
détourner en leur faveur les pouvoir des esprits de la nature. On
pourrait voir les sacrifices comme étant des moyens d'influencer Dieu.
C'est ainsi que l'anthropologue Edward Burnett Tylor interprète les
sacrifices. D'après lui, les sacrifices permettaient d'accroître
la puissance de ces esprits. En échange, les hommes espéraient un
profit. C'est une conception commerciale des sacrifices. Les hommes soudoient
les dieux afin d'en tirer un profit. C'est une transaction reposant sur le
principe du do ut des« Je te donne pour que tu me donne en
retour ». Il est possible que cette interprétation soit valide
dans une certaine mesure d'autant qu'elle donne une fonction de don contre don
aux sacrifices. C'est effectivement l'idée que les égyptiens
anciens proposent des offrandes. Ces offrandes Hetep
s'intègrent dans la perspective du don aux dieux. Toutefois Tylor pense
que lorsque les dieux s'éloignent de l'homme, la nécessité
de les transmettre le don [hetep] se faisait toujours ressentir,
d'où la naissance des rituels sacrificiels des animaux.
Plutôt que d'interpréter les sacrifices en termes
d'échange « donnant-donnant » entre les hommes et
Dieu, on pourrait selon l'anthropologue Wilhelm Schmidt les interpréter
comme étant un hommage rendu à Dieu. C'est ainsi que
l'anthropologue Wilhelm Schmidt28(*) attire l'attention sur les sacrifices des
premiers-nés du bétail et des prémisses agricoles. Dans ce
type de sacrifice, il s'agirait pour l'homme de reconnaître sa
dépendance et de remercier Dieu pour ses bénédictions,
celui-ci étant à l'origine de la fertilité de la terre et
du bétail. Cet hommage est essentiellement symbolique. Il ne s'agit pas
de rendre à Dieu ce qu'il a donné car, d'une part, Dieu est
l'être suprême, tout lui appartient déjà ; et,
d'autre part, les quantités concernées par les sacrifices sont
relativement réduites par rapport à la totalité des
récoltes. Cette interprétation des sacrifices est
intéressante, car elle attribut une valeur beaucoup plus symbolique au
sacrifice. A travers cette symbolique, on pourrait y ajouter d'autres types de
sacrifices : les holocaustes et les sacrifices d'action de grâce.
Henri Hubert et Marcel Mauss, dans Essai sur la nature et
la fonction du sacrifice29(*), proposent une autre approche, beaucoup plus
proche de l'ésotérisme. Ils conservent l'idée que le
sacrifice est un repas mais en insistant sur l'aliment, dont s'approprie le
destinataire. Dans ce sillage les deux anthropologues pensent qu'en offrant un
aliment à Dieu, celui-ci devient sacré, et en le consommant, les
hommes communient avec Dieu. Le sacrifice est ainsi un moyen de communier avec
Dieu. L'aliment du sacrifice n'est pas une réalité sacrée
par nature, mais c'est le rite qui lui confère la sainteté. En ce
sens, l'on pourrait interpréter le sacrifice conformément
à son étymologie latine : « faire
sacrer ». Ici, le sacrifice devient l'intermédiaire qui permet
de lier ce qui est normalement séparé (hommes et
divinités). En consommant le sacrifice, les hommes communient avec Dieu.
Toujours dans la perspective du symbolisme, cette interprétation nous
semble importante car, il nous fait comprendre que le sacrifice peut quitter du
simple cadre religieux pour s'intégrer dans le cadre magique. Ainsi, le
sacrifice n'est plus un rituel religieux, mais plutôt un rituel magique
de par la sacralité que l'homme lui attribut par le rite.
Ces différentes théories élaborées
cernent au mieux notre approche de la question.Elles intègrent les
sacrifices dans un cadre d'une approche symbolique et fonctionnaliste. Dans
cette perspective, le fonctionnalisme nous édifiera sur les changements
socioculturels qui interviennent dans la croyance rituelledes Mbo à la
lumière des sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens d'une part.
D'autre part, le symbolisme nous élucidera sur les savoirs
idéologiques transmis dans les rituels sacrificiels des animaux dans
l'univers égyptien ancien et Mbo précolonial.
VIII- REVUE DE
LITTERATURE
Les sacrifices sous toutes leurs formes ont
intéressé bien d'auteurs. Ainsi, Marcel Neusch, examinait dans
son ouvrage30(*) la
portée du sacrifice dans la religion des sociétés
sémitiques pour arriver à considérer le sacrifice comme un
moyen d'abolir rituellement la distance qui sépare les hommes aux
divinités, ceci par le biais du repas sacrificiel. Se faisant, celui-ci
ne nous donne point le type de sacrifice qu'il a examiné dans les
sociétés sémitiques afin que ces derniers soient en
symbiose directe avec le divin.
Henri Hubert et Marcel Mauss publiaient un ouvrage31(*) dans lequel ils
émettent un point de vue sur la question du sacrifice. Cet ouvrage
souligne l'idée de la distance qui existe entre le profane et le
sacré dans le processus sacrificiel, tout en essayant d'apporter une
définition du sacrifice .Selon eux, « Le sacrifice, est un
moyen pour le profane de communiquer avec le sacré par
l'intermédiaire d'une victime32(*). ». Pour Mauss et Hubert, tout rituel
sacrificiel comporte nécessairement trois éléments :
1°) un homme ou un groupe d'hommes qui offre le sacrifice, c'est le
sacrifiant ; 2°) une victime, et 3°) un ou plusieurs dieux
auxquels le sacrifice est offert. Un seul de ces trois éléments
vient-il à manquer et ce n'est pas un sacrifice. Ces deux auteurs ont le
mérite de montrer ce qu'impliquerait le sacrifice de l'animal en trois
éléments. Cependant cette interprétation n'explique pas le
sacrifice de l'animal dans sa globalité d'autant plus que plusieurs
autres éléments liés aux rites sacrificiels entrent en
considération dans les sacrifices animaliers.
Dans ses Lectures on the Religion of the Semites,
Robertson Smith montre que le sacrifice est un rite d'agrégation qui
renforce la solidarité du clan, car il établit entre ses membres
un lien plus solide que la parenté ou qu'une simple commensalité.
L'autel est une table et le sacrifice, un repas communautaire, mais ses effets
sont plus puissants qu'un festin profane, car les hommes mangent à la
table des dieux ou plutôt reçoivent les dieux à leur table.
Ils ne font pas une offrande à la divinité, car celle-ci est
présente dans la victime, mais ils participent avec elle à un
acte communiel, qui refait et consolide périodiquement l'unité du
groupe. Les arguments avancés par Robertson Smith en faveur de cette
thèse emportent la conviction, tout en laissant une impression
d'inachèvement. On comprend que la présence du dieu au repas
communiel renforce l'unité du groupe, mais on ne voit pas pourquoi le
rite exige que la victime soit parfois démembrée et
consommée avec une sauvagerie extrême, comme c'est le cas dans le
sacrifice du chameau qu'accomplissaient jadis les Bédouins du
Sinaï. Rappelons la scène que Freud a résumée de
façon saisissante.
La victime, un chameau, était étendue
liée, sur un grossier autel fait de pierres ; le chef de la tribu
faisait faire aux assistants trois fois le tour de l'autel en chantant,
après quoi il portait à l'animal la première blessure et
buvait avec avidité le sang qui en jaillissait ; ensuite, toute la
tribu se jetait sur l'animal, chacun enlevait avec son épée un
morceau de la chair encore palpitante et l'avalait tel quel et si rapidement
que dans le bref intervalle qui s'écoulait entre le lever de
l'étoile du matin, à laquelle ce sacrifice était offert,
et le palissement de l'astre devant la lumière du soleil, tout l'animal
de sacrifice était détruit, de sorte qu'il n'en restait ni chair,
ni peau, ni os, ni entrailles33(*)
Robertson Smith soutient que la mise à mort de la
victime n'est pas centrale dans le sacrifice, mais il accorde une très
large place et une valeur exemplaire à ce rite, où elle est
particulièrement violente. Son analyse des rites sémitiques fait
ressortir une ressemblance étroite entre le sacrifice et le meurtre ou,
plus précisément, entre l'immolation d'un animal et
l'exécution d'un criminel. Par ailleurs, lorsqu'elle fait l'objet d'une
élaboration théologique, la croyance aux dieux apporte plus
d'obscurité que de lumière sur les rites sacrificiels. Si les
dieux sont immortels et bienheureux, disait Épicure34(*), ils n'ont besoin ni de
prières ni de sacrifices, car ils se suffisent à eux-mêmes.
S'ils sont créateurs ou ordonnateurs de toutes choses, observent
d'autres, on ne saurait rien leur offrir qui ne leur appartienne
déjà. De plus, la victime est souvent consommée par les
fidèles, et même quand elle est brûlée en leur
honneur, il s'agit moins d'un don que d'une destruction tant soit peu
sacrilège, et souvent accompagnée de précautions rituelles
significatives.
Dans Formes élémentaires de la vie
religieuse35(*), qui
a paru en 1912, Emile Durkheim montrait qu'on pouvait rendre intelligible
l'idée d'offrande sacrificielle, présente dans de nombreux
systèmes religieux, et trop rapidement écartée par
Robertson Smith. Certes, interprétée dans un sens
théologique, une telle idée fait problème. Car, si les
hommes ont besoin des dieux, ceux-ci, du fait même de leur
divinité, ne devraient pas avoir besoin des hommes et de leurs dons.
Mais on peut donner une interprétation sociologique de cette relation
des hommes et des dieux qui la rend parfaitement plausible et cohérente.
Car, si la divinité est seulement une représentation symbolique
des institutions sociales, qui transcendent les individus, et leur apportent
non seulement la sécurité matérielle mais les
qualités spécifiques qui les distinguent des animaux, tout
devient clair. La société, les dieux, et les rites où ils
demeurent présents, ont autant besoin, pour subsister, des hommes et de
leurs activités cultuelles, que les individus, de leur
côté, ont besoin de la société et de ses dieux pour
mener durablement une vie proprement humaine. Même si cette
interprétation peut paraître réductrice à un esprit
religieux, elle montre le bien-fondé des pratiques et des croyances
religieuses dans la société. Toutefois, il donneà ces
pratiques et croyances, une explication parfaitement rationnelle.
CependantDurkheim n'élucide pas sur les raisonsde la destruction
rituelle d'un être vivant qui selon lui constitue la pièce
maîtresse des cérémonies nécessaires aux
sociétés pour se perpétuer. Aussi il ne clarifie pas sur
le fait que la reconnaissance des hommes à l'égard des dieux
exige des pratiques extrêmement violentes et quelle est la raison
d'être de ces rites sanglants.
Nadine Guilhou etJanice Peyré36(*), consacrentun une bonne
partie de leur ouvrage à l'étude de la place des animaux dans la
société égyptienne ancienne. Pour elles, les conceptions
magico-religieuses firent des animaux l'objet d'innombrables cultes locaux et
d'emblèmes à des districts ou à des cités. Nadine
Guilhou et Janice Peyréreconnaissent que Les Égyptiens
procédaient aux sacrifices d'animaux lors des cérémonies
funéraires et au cours de certaines fêtes. Les animaux que l'on
sacrifiait étaient ceux que l'on associait aux bêtes sauvages du
désert. Celles-ci étant assimilées à Seth (Soutekh,
Setekh) en tant que figure d'un monde inorganisé, sauvage, nomade et
échappant à la civilisation. Toutefois elles précisent que
les animaux domestiques sont rarement sacrifiés, uniquement par de
pauvres gens qui ne sont pas assez riches pour se procurer des bêtes
sauvages. Elles arrivent à la conclusion selon laquelle la chaire de
l'animal de sacrifice possède une force surnaturelle et une vertu divine
que l'homme s'approprie en les consommant après le rituel. Cependant,
Ces auteurs ne nous informent pas du type de sacrifice dont elles font
allusions. Aussi, elles ne clarifient pas sur la symbolique qu'on
concédait à l'animal sauvage et domestique dans les sacrifices
animaliers en Egypte antique pour en arriver à opérer un choix de
l'animal sacrificiel. Au demeurant elles ont le mérite de
représenter l'animal sauvage comme un substrat sethien dont la mise
à mort consolidait le lien socio-cosmique par la mort de Seth source du
désordre cosmique et la justification de la mort d'Osiris.
Toujours dans le cadre de la justification de la mort du
défunt,
Jean-Claude
Goyon37(*)présente, un bon nombre des rituels
funéraires égyptiens dont le plus marquant est celui du sacrifice
d'un veau dont la cuisse était avancée vers le visage de la
statue (ou du défunt) pour magiquement lui ouvrir la bouche et les yeux
avant que l'on se serve des différents instruments, herminette et
couteau. Cette cuisse que l'on a tranchée au petit veau est elle aussi
posée sur la table que l'on aperçoit sur la vignette du papyrus
d'Hunefer. Dans cet ouvrage Goyon présente les rituels
funéraires qui font appel aux sacrifices animaliers dans la
société Egyptienne.Il ne précise pas la portée du
sacrifice, est-ce un sacrifice rituel magique ou religieux ? Nous pouvons
nous accorder au rituel magique puisque lui-même parle de magie. Dans la
perspective des sacrifices animaliers à portées magiques, Hilaire
Claude Essoh Ngomé décrypte avec beaucoup de minutie le mythe
cosmogonique d'Osiris et d'Isis pour essayer d'apporter un
éclaircissement aux sacrifices funéraires en Egypte antique et
dans l'univers négro-africain et Mbo en particulier.
Dans son ouvrage Essoh Ngomé38(*)nous apprend que l'animal
immolé et dépecé en quatorze morceaux chez les Mbo
s'intègre dans un long rituel funéraire qui consiste à
renouveler l'équilibre cosmique jadis détruit par Seth. Ainsi,
précise-t-il,« dépecer l'animal du sacrifice en 14
morceaux revenait à commémorer Osiris qui périt suite
à la méchanceté de Seth son frère39(*) ». Lorsque les
sacrifiants mangent de la viande de l'animal sacrifié, ils reviennent
à reconstituer magiquement Osiris dépecé afin de maintenir
l'équilibre cosmique. Dans cet ouvrage l'auteur ne présente aucun
rituel qui s'inscrit dans cet ordre d'idées en Egypte autant que Guilhou
et Peyré. Cependant on constate que l'idée est celui du maintient
de l'équilibre cosmique pourpérenniser la vie.
Dans son exposé sur « Introduction à
une étude du sacrifice chez les Bobo de Haute-Volta »40(*),la place de la parole dans les
sacrifices est incontournable car elle est considérée comme un
moyen d'expression vitale, qui véhicule une
énergienécessaire pour le sacrifice. C'est pourquoi selon Guy Le
Moal, tout sacrifice commence par des discours et ceux-ci le clôture.
Dans cet élan d'idées, Le Moal mentionne de manière
brève l'utilisation de la parole sans élucider la portée
sacrée dans cette société de l'Afrique de l'Ouest
où le phénomène de griot prône l'oralité
comme essence même du monde. Il a le mérite de préciser que
la parole ouvre et clôt le sacrifice mais ne s'interroge pas pourquoi la
parole reste en amont et en aval d'un rituel sacrificiel. Dans cette
perspective, la cosmogonie de Memphis qui nous donne au mieux la puissance
singulière de la parole. La parole possède une puissance
importante dans le domaine magique. Selon ce Mythe largement
développé par Claude Traunecker, dans son article « A
propos du texte de la Théologie Memphite41(*) ». Le verbe est à la base de la
conception du monde : "Le démiurge Amon appela son double
Rê par la parole pour le faire naître". La parole est une
puissance créatrice. Cependant la parole dont il est question dans cet
article n'est pas la parole ordinaire mais plutôt une parole qui va avec
la magie ou mieux magique. Seulement, Guy Le Moal et Claude Traunecker avaient
omis de présenter la parole sacrificielle comme une parole
sacrée, abstrait aux yeux du profane et purement l'apanage des
initiés.
Louis-Vincent Thomas, Dans son ouvrage42(*),brosse les attitudes face
à la mort et situe le concept de mort comme étant un concept
traversant une pluralité de champs anthropologiques. Loin de brosser
tous les aspects développés dans ce livre, nous nous
arrêterons sur quelques points qui apparaissent, à notre avis,
édifiants, notamment par le fait que l'ouvrage ait eu le mérite
de situer notre préoccupation sur la mort en trois aspects notamment:
a°) Toute société se voudrait immortelle
et ce qu'on appelle culture n'est rien d'autre qu'un ensemble organisé
de croyances et de rites, afin de mieux lutter contre le pouvoir dissolvant de
la mort individuelle et collective. C'est justement dans ce cadrage que les
hommes intègrent les sacrifices animaliers.
b°) La société, plus encore que
l'individu, n'existe que dans et par la mort;
c°) La mort, du moins l'usage social qui en est fait,
devient l'un des grands révélateurs des sociétés et
des civilisations, donc le moyen de leur questionnement et de leur critique.
Ce livre explique méthodiquement la forte croyance de
vaincresymboliquement la mort matérialisée par les rites
basée sur l'organisation sociale et culturelle des sacrifices.En
revanche, il clarifie moins sur la place des rites sacrificiels des animaux
face au mystère de mort qui fondent notre préoccupation.
A ces ouvrages, nous pouvons ajouter la traduction de
l'Enseignement d'AnydeA. Volten, publiée dans « Studien
zum Weisheitsbuchdes Anil ». Cet enseignement dispense des
conseils pour la vie terrestre et envisage le moment du trépas et
l'exigence d'y être préparé. L'enseignement d'Any est
empreint à la scénographie classique des oeuvres de sagesse. Les
égyptologues font remonter l'Enseignement d'Any43(*)à la XVIIIe ou
à la XIXe dynastie, c'est-à-dire au Nouvel Empire (1550 à
1070 avant J.-C). Dans cet enseignement, Any s'adresse à son fils afin
de lui dispenser une somme de recommandations pratiques en vue de son
entrée en responsabilité dans la vie civique. Le propos
général de cet enseignement nous semble intéressant
d'autant plus qu'il aborde des thèmes incontournables de la tradition
sapientiale : respect du supérieur et de la hiérarchie,
nécessité de prendre femme, de fonder un foyer, de
préparer sa tombe ; à quoi s'ajoute l'apologie d'effectuer les
rituels et respecter les rites. Plus intéressant l'Enseignement d'Any
insiste particulièrement sur la stabilité et sur l'incertitude de
la condition humaine face à la volonté divine. Pour
écarter ces incertitudes, il serait bon selon l'enseignement d'Any de
faire des offrandes aux divinités pour assouvir à la
stabilité socio-cosmique. L'enseignement d'Any a le mérite de
retenir notre attention car il mentionne le besoin de réaliser les
rituels fusent-ils sacrificiels.Il ne précise pas lequel des rituelsl'on
doit réaliser pour maintenir en équilibre le cosmos.
Les ouvrages précédents nous sont d'un apport
incommensurable pour la réalisation de notre recherche. Cependant, il
est convenable de relever que ces derniers montrent aussi leurs limites
d'autant qu'ils se lancent dans un élan d'une vision d'explication
générale du sacrifice comme élément essentiel pour
la vie de l'homme en société. D'où la
nécessité d'élaborer une problématique.
V- PROBLEMATIQUE
Chez les Mbo, le mariage, la naissance, les
cérémonies d'initiation et le décès d'un individu
entraînent un ensemble de cérémonies parmi lesquelles le
rituel d'immolation de l'animal. Lorsque nous observons ces rituels
sacrificiels chez les Mbo, nous avons l'impression qu'ils sont endogènes
et propres à la culture de cette communauté. Or, si nous
approchons de plus près le déroulement de ces sacrifices
animaliers, on fait le constat que ces rituels se pratiquent pendant les
occasions qui ont des apparentes similitudes chez les Egyptiens anciens que
chez les Mbo précoloniaux, c'est-à-dire pendant les
décès, les fêtes de réjouissances populaires, les
cures thérapeutiques etc. Dans ce sillage, l'on peut se rendre à
l'évidence que ces rituels sacrificiels, quoique se déroulant
dans deux univers différents de par le temps et l'espace, ils restent de
nature convergente dans l'univers Egyptien ancien que Mbo précolonial
pour ce qui est de leurs finalités. Aujourd'hui dans l'univers Mbo, le
sacrifice de l'animal élément central de notre étude est
considéré comme un aspect obsolète de la civilisation
humain voire de la culture Mbo. Cette considération est due au faite de
l'occidentalisation des gestes et moeurs africaines ; corolaire de la
colonisation. Bien que les rites sacrificiels aient conservé leurs
aspects rudimentaires, ces derniers restent cependant les
éléments bannières de l'efficacité ou de
l'efficience du sacrifice animalier jadis gage de quiétude
socio-cosmique. Ceci témoigne littéralement de la profonde
spiritualité déjà présente et ancrée dans
les moeurs du peuple Mbo.Pour éclaircir davantage cette conception, nous
nous sommes accommodés à l'appel de Cheick Anta Diop qui nous
invite à faireréférence à l'Egypte antique pour
mieux comprendre les civilisations africaines. Dans cette perspective, il
devient judicieux pour nous de faire un rapprochement entre les sacrifices
animaliers des Mbo avec ceux pratiqués dans la société
égyptienne ancienne, pour mieux comprendre le sens et la pertinence des
sacrifices animaliers chez les Mbo précolonial.
Dans le but de cerner les contours dessacrifices des
animaux floues aux yeux du profane et claire dans la pensée de
l'initié, plusieurs interrogations hantent notre esprit ; notamment
celles relatives à la pratique du sacrifice de l'animal dans la
société égyptienne et Mbo précoloniale: Quels sont
les fondements du sacrifice animalier dans la société
égyptienne ancienne et Mbo précoloniale ? Existe-t-il des
frontières précises entre les rituels sacrificiels chez les
Égyptiens anciens et les Mbo précoloniaux ? Quel sens
cachent véritablement les sacrifices animaliers ainsi observés et
pratiqués dans ces sociétés? Que deviennent-ils dans leur
aspect pratique? Quelle est la symbolique et la fonction du sacrifice de
l'animal chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux ?
Telles sont les interrogations auxquelles nous essaierons d'apporter des
éclaircissements, afin de donner un sens au sacrifice de l'animal chez
les Mbo du Cameroun à la lumière des sacrifices animaliers dans
la société égyptienne ancienne. D'ou les objectifs
suivants.
III- OBJETIFS DE LA
RECHERCHE
En choisissant ce thème, notre souci est d'apporter
notre modeste contribution à l'historiographie du peuple Mbo, et
d'apporter davantage des éclaircissements sur la symbolique et la
fonction du sacrifice animalier pratiqué chez les Mbo
précoloniaux.Cette recherche vise à identifier et à
comprendre les types de sacrifices animaliers pratiqués par les Mbo
à la lumière des rituels sacrificiels en Egypte ancienne. Il
s'agit dans cette perspective de démontrer qu'il existe une
parenté entre la culture du peuple Mbo et celle de l'Égypte
pharaonique et partant, celle du Cameroun voire des peuples d'Afrique au sud du
Sahara. Il s'agit d'une étude qui porte sur la transfiguration des faits
et gestes sacrificiels des Egyptiens anciens à ceux des Mbo pour essayer
de ressortir une facile filiation culturelle. Ces rituels donnent
également à voir avec les symboliques mises en oeuvre lorsqu'ils
soulignent les fonctions spécifiquement attribuées aux
différents types de sacrifice à savoir les sacrifices sanglants
et non sanglants. Ainsi, il convient de présenter le sacrifice comme une
offrande sacrificielle aux divinités, une ouverture vers la vraie vie,
un rite thérapeutique, bref d'étudier en profondeur le sacrifice
de l'animal afin de cerner ses contours et ressortir la symbolique et les
fonctions dans la société Mbo précoloniale.
IX-
METHODOLOGIE
Toute recherche scientifique nécessite une
méthodologique. Etymologiquement, la méthodologie désigne
l'ensemble des démarches qu'un chercheur met en exergue, pour la
collecte des données et dont l'analyse lui permettra de résoudre
le problème intellectuel qu'il a préalablement identifié.
Pour Madeleine Grawitz, c'est une exigence fondamentale pour tout chercheur.
Aussi, affirme-t-elle : « Le chercheur ne se contente pas
d'indiquer les résultats obtenus, mais de rendre compte de la
démarche qui fut la sienne, de la façon dont il a obtenu les
données qu'il fournit44(*). ».
Pour mener à bien cette étude, notre recherche
ne s'arrête pas au niveau de la simple identification, mais elle
s'oriente vers la compréhension de la forme du sacrifice de l'animal par
une approche descriptive et analytique. C'est pourquoi, au niveau descriptif,
nous proposons de scinder les sacrifices de l'animal chez les égyptiens
anciens et chez les Mbo en deux grandes parties à savoir : les
sacrifices sanglants et les sacrifices non sanglants. Aussi, nous avons
préféré la superposition des deux peuples, pour mieux
élaborer la comparaison et éviter toute confusion d'ordre
sémantique. Du point de vue analytique, le but recherché est
d'éclairer et de restituer la nature des faits sacrificiels,
c'est-à-dire de rechercher l'ensemble des phénomènes qui
ont permis, la mise sur pied des sacrifices des animaux chez les Egyptiens
anciens et les Mbo. Dans cette optique, nous arriverons au résultat
selon que ces pratiques confrontent deux systèmes de
références culturelles différentes par leur
éloignement spatio-temporel, antagonistes par leur pratique (s'il est
à relever) mais singulier par leur identité.
Dans le souci d'atteindre nos objectifs, nous avons fait
recours à plusieurs données à savoir : les sources
écrites, orales, iconographiquesetc. Pour ce qui est des sources orales,
nous nous sommes servis d'un guide d'entretien pour canaliser nos questions.
L'objectif de cette méthode est de recueillir seulement les informations
pertinentes relatives à notre enquête mais aussi d'orienter nos
informateurs à répondre efficacement aux questions qui entrent
dans le cadre précis de notre recherche, à savoir les rituels
funéraires.
Concernant les sources écrites, nous sommes conscients
de ce que nous ne saurions prétendre être les premiers à
faire des recherches sur les rituels sacrificiels en Afrique, au Cameroun en
particulier et plus spécifiquement chez les Mbo. Toutefois, nous avons
fait recours aux ouvrages et aux travaux se rapportant aux sacrifices rituels
des animaux. A cet effet, différentes bibliothèques ont
été visitées en occurrence la bibliothèque centrale
et de la faculté des arts, lettres et sciences humaines de
l'université de Yaoundé I. Nous nous rendîmes
également aux centres de documentations du ministère de la
recherche scientifique et de l'innovation (MINRESI) et de l'institut
française de Cameroun (IFC). Au demeurant nous avons profité de
l'émergence des nouvelles technologies de l'information et de la
communication notamment internet, où nous avons pu accéder
à un grand nombre de thèses, mémoires et articles se
rapportant au domaine du sacrifice rituel en Égypte antique en
particulier et en Afrique en général.
Les sources égyptiennes qui pour la plupart sont
l'iconographie et les données archéologiques de la période
pharaonique, nous ont été d'une importance incommensurable. Nous
avonseu un grand intérêt pour les textes de pyramides tels
lesrécits cosmogoniques de Héliopolis et de Memphis. Les textes
magiques et des profanes comme les décrets oraculaires,les recettes
médicales,des recueils des formules magiques les chants des harpistes,
les enseignements, les contes etc. Ces derniers semblent être de
véritablestremplins susceptibles d'élucider au mieux sur la
symbolique et la fonction des sacrifices chez les Egyptiens anciens et les Mbo.
Ce sont notamment les Papyrus d'Ani, de Westcar, Jumiliac, Chester-Beatty,
Turin, Bremmer, Ebers, Leyde etc.Toutefois, dans l'élaboration du
travail, nous avons présenté le sacrifice de l'animal des Mbo
dans uncontexte historique précolonial à la lumière de
l'Egypte antique. Cependant il est à reconnaitre que la
réalisation d'une telle recherche ne s'est pas faite sans
difficulté.
X-DIFFICULTES RENCONTREES
Hormis le problème lié aux moyens
financiers qui est plus que d'actualité pour un étudiant, mener
une telle étude nécessite la maîtrise de la langue Mbo
et la lecture des hiéroglyphes dont nos connaissances restent encore
embryonnaires. Bien que locuteur circonstanciel du Mbo, nous nous sommes
parfois butés aux problèmes de la compréhension du
discours. La difficulté de restituer en français certains mots
Mbo, est souvent passée par une interprétation qui,
reconnaissons-le, trahit malheureusement l'authenticité du discours par
trois faits majeurs: Soit que la traduction prolongeait les mots, donc leur
sens; soit que le sens y est, mais approximatif de par la profondeur des sens
de mots Mbo; soit enfin, il s'installe une espèce de mésentente
parce que nos tentatives de traductions expliquaient plus qu'elle ne traduisait
le contenu discursif.Aussi, les difficultés portent sur le comportement
méfiant des informateurs, qui souvent ne répondaient pas à
toutes les questions. Pour quelques uns, le problème du rituel
sacrificiel des animaux chez les Mbo ne doit pas être abordé avec
légèreté. Car c'est une des choses qui nécessite
une profonde connaissance de la vie et bien plus, de la tradition.
Dans les bibliothèques, certains documents
mentionnés dans les registres-fichiers, ne se retrouvaient point dans
les rayons indiqués. Par ailleurs, d'autres n'y existaient
mêmepas, probablement détériorés par l'usure du
temps ou par la moisissure. De plus ceux qui étaient retrouvés
lors de nos recherches étaient amputés de certains pages.
Au demeurant, lors des enquêtes sur le terrain, les
personnes interrogées doutaient de notre degré d'initiation. Ces
personnes estimaient que les réponses à nos questions seraient
d'ordre à dévoiler les secretsdu village. Conséquence,
nous ne pouvons pas compter le nombre de journées stériles
passées à Mbouroukou, Tombel et Mouamenan dans l'attente des
éventuels entretiens. Aussi, notre état de santé
fébrile nous a imposé de temps en temps des journées
d'inactivité. Grace à l'aide de nombreuses personnes, nous avons
pu venir à bout de certaines difficultés. Allant au bout de notre
étude, elle est organisée en quatre chapitres.
XI- PLAN DU
TRAVAIL
Chapitre I : intitulé présentation des Mbo.
Dans ce chapitre, nous scrutons les différentes hypothèses sur
les origines du peuple Mbo. Cette tâche consiste à étudier
et essayer dans la mesure du possible, de faire converger les
différentes thèses proposéessur l'origine des Mbo. Il est
question dans cette partie du travail de clarifier l'ethnonyme Mbo autour
duquel de nombreuses confusions se font ressentir, quitte à
présenter son organisation économique, politique et sociale.
Le chapitre II : Les fondements et circonstances
d'exécution du sacrifice de la bête chez les Egyptiens anciens et
les Mbo précoloniaux. Il convient de présenter les origines et
les raisons conduisant au sacrifice des animaux dans la société
égyptienne ancienne et Mbo précoloniale. Nous nous attelons
également à ressortir les circonstances d'exécution, les
exigences et les acteurs du sacrifice animalier dans ces deux
sociétés.
Le chapitre III : Les animaux du sacrifice sanglant,
symbolique du sang et de la parole dans les sacrifices chez les chez les
Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux. Ici s'agit de
présenter les types d'animaux de sacrifice, les critères du choix
de ces derniers chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux. Il
est également question de ressortir la place des sacrifices animaliers
sanglant via la symbolique du sang dans l'univers égyptien ancien et Mbo
précolonial. Nous terminons ce chapitre en ressortant la charge
symbolique que revêtent le sang et la parole dans la vision
égyptienne ancienne et Mbo précoloniale.
Le chapitre IV : Symbolique et fonctions du sacrifice de
l'animal chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux.Dans cette
partie de notre étude, nous ressortons la symbolique du sacrifice
animalier dans la société égyptienne ancienne et Mbo
précoloniale. Il convient se faisant, de présenter les
différentes fonctions du sacrifice animaliersqui s'articulent autour du
magico-religieux et du socioculturel dans l'univers égyptien ancien et
Mbo précolonial.
CHAPITRE I :
PRESENTATION DES MBO
Du point de vue géolinguistique, le peuple Mbo est un
peuple qui se trouve sur les massifs montagneux du Manengouba, Koupé et
Nlonako. Il dispose d'une aire culturelle disséminée dans les
actuelles régions du Littoral, du Sud-ouest et de l'Ouest du Cameroun.
Ce peuple est encore appelé « Ban biNgoe »
littéralement la progéniture de Ngoe, l'ancêtre
éponyme. Il fait partie du groupe Sawa qui s'échelonne le
long de la baie de Biafra, au fond du golfe de Guinée45(*) et par ricochet du grand
groupe Bantou. Cependant un adage formule bel et bien qu'il « est
important de savoir d'où l'on vient pour savoir où l'on
va ». De cet adage, il devient fondamental pour l'homme Mbo de
rechercher ses origines dans son histoire, qu'elle est d'ailleurs possible de
retracer à partir des sources orales, linguistiques,
archéologiques etc. Dans cette perspective, il sera question pour nous
d'analyser les origines des Mbo à travers les sources historiques dont
la tradition orale, les données linguistiques, les sources nilotiques
et, de présenter l'organisation de la société Mbo
précoloniale dans son ensemble.
I- LES ORIGINES DU PEUPLE
MBO
L'histoire se traduit par une connexion et la connaissance du
passé pour mieux vivre le présent et appréhender son
futur. Toutefois le désir de se connecter au passé, à le
connaître et le faire connaître est une manière de rendre
vivante la culture afin de la promouvoir. La promotion de cette culture ne
saurait se faire avec l'ignorance du passé : raison pour laquelle
les Mbo soucieux de ce fait, essayèrent, dans la mesure du possible de
retracer leurs origines cependant quasi tributaires des sources orales.
A- ORIGINES SELON LA
TRADITION ORALE MBO
D'après Marcel Etamé, l'histoire du peuple Mbo
est « essentiellement connue à travers la tradition
orale »46(*).
Cette méthode largement inhérente à la nouvelle
historiographie africaine, a été très tôt soutenue
par des éminents historiens comme Théophile Obenga et Joseph
Ki-Zerbo. Le recours à cette méthode de recherche historique fait
aujourd'hui, l'unanimité au sein de la communauté historienne
internationale. D'ailleurs Ki-Zerbo précisait que L'écrit utile
soit-il fige et dessèche. Il dissèque, schématise et
putréfie : la lettre tue. La tradition [orale] habille de chair et
de couleur, elle irrigue de sang le squelette du passé47(*) .Pour cela, la tradition
orale reste une source incommensurable dont la nécessité n'est
plus à démontrer dans la nouvelle historiographie africaine.
Le peuple Ngoe ou Mbo, est selon la mythologie Mbo, la
descendance de l'ancêtre éponyme NGOE qui signifie en langue Mbo
le léopard. Cependant les données recueillies auprès de
Madame Ebèné née Jacqueline Yaka lors de nos
investigations48(*),
apprennent que l'ancêtre du peuple Ngoe auquel le peuple doit le nom, est
originaire de la région des abords des lacs du Manengouba. Selon cette
dernière, Ngoe serait allé chasser en direction du lac
« mâle». Ce dernier lors de son périple de chasse,
rencontra une antilope qu'il poursuivi jusqu'au cratère du lac
« mâle ». A quelques encablures du cratère,
l'antilope freina brusquement sa course et Ngoe dans sa course
effrénée pour capturer sa proie va d'un bon, plonger sur
l'animal. Les deux êtres vont dégringoler de la gorge du
cratère pour se retrouver dans les eaux profondes du Lac
« mâle » du Manengouba. Dès qu'ils
arrivèrent au fond de l'eau ; Ngoe sera ipso-facto reconnu par ses
aïeux qui habitèrent le fond de l'eau. Ces derniers lui
proposèrent de rester au fond de l'eau qui est de ce fait le pays de ses
ancêtres, ceci en raison d'un déluge qui aura lieu dans la
région du la Manengouba. Ayant passé trois jours au fond de
l'eau, lorsque Ngoe sorti de l'eau, il constatât qu'il y eu
déluge parce que le lieu était désert. Ngoe deviendra
à partir de ce moment, un errant qui, à la recherche des moyens
de survie, va faire la rencontre d'une femme au nom de Sumediang qui errait
également et probablement rescapée du déluge. Ce
témoignage est vite emboité par celui d'Abel Ngoupa.
La version que donne Abel Ngoupa49(*) semble plus édifiante.
Selon ce patriarche du village Mboanké, Ngoe et Nsongo étaient
deux frères. Ngoe serait l'ainé qui lors d'un périple de
chasse rencontra Sumediang qu'il prit pour épouse. Ces derniers vivant
maritalement dans la région du Manengouba, reçurent un jour la
visite d'une femme au nom de Ngwaté-Kaah. Le patriarche précise
que cette dernière était à la quête
d'hospitalité, car elle souffrait de la gale et personne n'osait lui
accorder asile dans la région. Ngwaté-Kaah reçu du couple
Ngoe un accueil chaleureux suivi d'une hospitalité inédite. La
nuit tombée, cette dernière révéla aux
« bons samaritains » qu'il surviendra dans la région
un déluge et qu'ils seront cependant les seuls survivants. Celle-ci leur
précisait que depuis qu'elle parcourt la région, elle est
rejetée partout et par tous. Très tard dans la nuit,
Ngwaté-Kaah demanda à faire ses besoins au W.C50(*) situé derrière
la case à coucher du couple Ngoe. Ngwaté-Kaah étant
allé derrière la maison, celle-ci ne reviendra plus jamais :
elle avait disparu. Apres son annonce, l'averse se concrétisa et seul le
couple échappât aux conséquences du déluge.
Après le déluge Ce couple va engendrer huit fils dont Asume-Ngoe,
Ngube-Ngoe, Mukunda-Ngoe, Ehah-Ngoe, Anon-Ngoe, Ngele-Ngoe, Ngem-Ngoe,
Ekan-Ngoe.
Selon Nnané Simon51(*), patriarche du village Ekanang, Ngoe et Sumediang
habitaient aux alentours du mont Manengouba. Ces derniers auraient eu dix
enfants à savoir Asume-Ngoe, Ngube-Ngoe, Mukunda-Ngoe, Ehah-Ngoe,
Anon-Ngoe, Ngele-Ngoe, Elong-Ngoe, Mename-Ngoe, Alon-Ngoe et Mbo-Ngoe. Ceux-ci
constituent les parents des différents groupuscules et tribus qui
forment le peuple Mbo. Le nombre d'enfants diffère des deux
témoignages. Abel Ngoupa propose huit et Simon Nnané dix.
Cependant, les témoignages recueillis par Hilaire
Claude Essoh Ngomé52(*) auprès des sages du village Mbouebi,
Doumbé Ewounin et de Nzekang Max du village Ekangté,
précisent unanimement que l'ancêtre du peuple Ngoe est le
nommé Ngoe et que ce dernier serait marié à
Ngwaté-Kaah rencontré au cours d'une partie de chasse. Selon ces
derniers, Ngoe et son épouse Ngwaté-Kaah, habitaient le voisinage
du mont Manengouba tout en ayant douze enfants. Ce témoignage d'Hilaire
Essoh Ngomé en revient encore avec une confusion. Ici Sumediang n'existe
pas mais plutôt Ngwaté-Kaah qui est l'épouse de Ngoe.
La mythologie du déluge est également reprise
dans le rapport de l'administrateur Français Conquéreau, au terme
de sa tournée administrative en pays Mouamenan en 194353(*). Celui-ci rapporte qu'il y a
plusieurs siècles, avant la présence des Occidentaux en Afrique
noire, une vielle femme nommé Ngwaté-Kaah. Celle-ci
résidait au lieu dit « cirque des
lacs ». Un jour en se déplaçant en direction du
Sud, elle rencontra dans un village situé aux alentours du lac
Manengouba un homme nommé Ngoe qui l'accueillit. Dotée du don
prophétique, Ngwaté-Kaah va prédire un déluge dans
lequel Ngoe ne périra pas. En effet, ledit déluge survint par le
débordement des eaux du lacs Manengouba qui inondèrent la
région tout en décimant la population excepté Ngoe. Ce
dernier va s'installer près du village Nsoung où il épousa
une autre survivante nommé Sumé..
En dépit de l'exactitude sur le nom de la femme de
Ngoe, d'autant plus que certaines sources nous parlent de Sumediang et d'autres
de Ngwaté-Kaah. Nous pouvons nous rendre à l'évidence que
les différents témoignages mentionnent quasiment que Sumediang
est l'épouse de Ngoe et que Ngwaté-Kaah est
une « prophétesse » qui sauva du déluge,
Ngoe et son épouse Sumediang. Il ressort également de ces
témoignages que Ngoe et Sumediang auraient habité la
région du Manengouba où ils auraient eu des enfants qui migrer
vers les différentes localités qu'occupent actuellement les Mbo.
Par ailleurs. Plusieurs témoignages recueillis auprès de nos
informateurs des différentes localités du peuple Mbo, font
mention de huit, dix enfants pour certains et douze pour d'autres.
Néanmoins, tous ces informateurs reconnaissent Ngoe comme ancêtre
éponyme du peuple Mbo. Ainsi, pour éviter une littérature
au sujet du nombre d'enfants que Ngoe aurait eu avec son épouse
Sumediang, nous avons humblement jugé d'en faire illustration à
traves les schémas ci-dessous.Toutefois il convient de remarquer que le
nombre d'enfants de Ngoe serait quasiment douze. Ce nombre est valable en
raison des différents groupuscules claniques observables
çà et là dans la région du Manengouba. Cependant
chaque clan se réclame descendant d'un des différents fils de
Ngoe.
Schéma 1: Arbre généalogique des
descendants de Ngoe selon les Bakossi.
Anongoe Mbongoe
Ngelengoe Menamengoe Mukundangoe
Asomengoe Ninengoe
(Ninong) (Muambong) ( Mwangel
) ( Mwamenam ) (Bakundu) (Bakossi)
(Nkonsgsamba)
Source : S.N Ejedepang Koge, The
tradition of a Bakossi people, Sopecam, 1986, p.22.
Dans ce schéma, Mbo est le deuxième fils de Ngoe
qui aurait eu selon les Mouamenan, sept enfants. Mbo (Mbongoe) serait
l'ancêtre fondateur du clan Mwambong selon les informations recueillies
auprès des Mouamenan par Ejedepang Koge.
Schéma 2: Arbre généalogique des
descendants de Ngoe selon les Ninong
Asomengoe Anongoe Kangoe
Mbongôe Enamengoe Mkundangoe
Ngemengoe
(Bakossi) (Ninong) (Elung)
(Muambong) (Muamenam) (Bakundu)
(Banguem)
Source : S.N Ejedepang Koge, The
tradition of Bakossi people, Sopecam, 1986, p.22
Dans ce schéma, Mbo est le quatrième fils de
Ngoe et serait le fondateur du clan mouambong selon les Ninong. Selon les
informations recueillies auprès des Ninong par Ejedepang Koge, Ngoe
aurait eu sept enfants.
Schéma 3: Arbre
généalogique des descendants de Ngoe selon les
Mwamenam
NGOE
SUMEDIANG
Fils de Ngoe
mename - Ano- Asome Mbo
Ngem Kard Eken Kang Ndam
Abo Ngol Ngel
Ngoe Ngoe Ngoe Ngoe
Ngoe Ngoe Ngoe Ngoe Ngoe
Ngoe Ngoe Ngoe
Mwamenam Ninong Bakossi Mwanmbong Bagem
Bakundu Bareko Elung Manengouba Bakukok Manehas Mwangel
Source : A. Nlende Nzumé, The
colonial frontier, 1988 p. 21.
Les informations recueillies auprès des Mouamenan par
Nlende Nzumé confirment que Sumediang fut l'épouse de Ngoe avec
qui elle aurait eu douze enfants. Cependant, il ressort de ce tableau, que le
nombre d'enfants correspond au nombre des differents clans que possède
le peuple Mbo. On peut bien remarquer qu'ils sont disséminés de
par et autre les different regions où on peut rencontrer
les Mbo.
Schéma 4: Arbre généalogique des
descendants de Ngoe selon les Elong
Anongoe Mbongoe Ngelengoe
Menamengoe Mukundangoe Asomengoe Ninengoe
(Ninong) (muambong) (Mwangel)
(Mwamenam) (Bakundu) (Bakossi) (Nkongsamba)
Ngelengel Mboenngoe Ngubengoe
Ekenengoe Nkwengoe
Source: S. N Ejedepang Koge, The tradition
of aBakossi people, Sopecam, 1986, p. 23
Ejedepang revient avec le témoignage des Elong. Ceux-ci
reconnaissent que Ngoe et Sumediang auraient eu douze enfants correspondant
auxdifférents clans que possède le peuple Mbo ou Ngoe. Ici Mbo
revient à la deuxième position et toujours ancêtre du clan
muaonbong.
De ces schémas, il ressort que le nombre des enfants
correspondrait aux différents groupuscules ou clans du peuple Ngoe.Bien
que ces derniers soient éparpillés d'un endroit à un autre
du Cameroun, ceux-ci ont conservé malgré l'influence des peuples
voisins, l'élément de base de leurs affinités
à savoir la langue. Probablement cette dernière pourrait nous
édifier sur l'origine des Mbo à travers la philologie54(*) et la
glottochronologie55(*).
A- ORIGINES SELON LES
SOURCES LINGUISTIQUES
Selon Richardson(1957), le rameau Mbo compte dix-huit
dialectes. Ce dernier est parti du constat que dans chacun des sous-groupes
linguistique ou dialecte du peuple Ngoe, utilisent la même racine du mot
qui designer la langue qu'ils parlent.
Tableau 1:Classification des
dialectes Mbo
Peuples
|
Peuple Ngoe (clan)
|
Dialecte
|
Ngoe ou Mbo
|
BABONG
|
MBO
|
BALONG
|
MBOH
|
BAFAW
|
MBOE
|
BAKOSSI
|
MBWOG
|
BAKAKA
|
MBO
|
BNEKA
|
MBO
|
BASSOSSI
|
MBVO
|
BAFUN
|
MBO
|
BALONDO
|
MBO
|
ELUNG
|
MBWOG
|
MANEHAS
|
MBO
|
MANENGOUBA
|
MBO
|
MIENGGE
|
MBVO
|
MUAMENAM
|
MBWOG
|
MWAMBONG
|
MBWOG
|
NINONG
|
MBWOG
|
NSONGHO
|
MBO
|
SAMBO
|
MBO
|
Source :Tableau réalisé
à partir des données recueillis sur le terrain
Si l'on considère les trois premières lettres de
la structure syllabique pour designer la langue des clans Ngoe, le mot Mbo
vient en tête avec 61 %, suivi de Mbwog (27%) et de Mbvo (11%). Le
pourcentage Mbo élevé a conduit les linguistes à
généraliser les différentes langues du peuple Ngoe sous
l'appellation Mbo56(*). Le regroupement par ces trois classes de
prononciation se présente de la manière suivante
:Mbo : Babong, Balong, Bakaka, Bafaw, Banéka,
Bafun, Balondo, Manehas, Manengouba, Nsongo,
Sambo.Mbwog : Bakossi, Elung, Mouamenan, Mwambong,
Ninong. Mbvo : Mienge, Bassossi.
Selon Etamé Ewané, le Mbo est une langue
bantoue. Du point de vue linguistique en ce sens que : La limite
Nord-ouest des bantu en Afrique se trouve dans le groupe Lundu-Mbo qui se situe
entre le groupe Duala au sud et les langues bantoïdes d'Ejagham et
Bamiléké au Nord57(*).
La langue Mbo ou Ngoe est-elle génétiquement
apparentée aux autres langues bantoues à savoir le Bassa, Le
Swahili, le Kikongo, le Duala etc. Cette unicitédes langues bantoues se
manifeste de par le vocabulaire et la prononciation de certains mots, base de
leur affinité, comme nous pouvons entrevoir dans le tableau de
correspondance suivant proposé par Corine Mitambo.
Tableau 2:Correspondances
générique de quelques langues bantoues
Français
|
Mbo
|
Douala
|
Bassa
|
Fang
|
Kikongo
|
Elephant
|
Nzo
|
Njou
|
njok
|
zog/nzock
|
N.D
|
Singe
|
Kem
|
kèma
|
koy
|
ko/kwi
|
ND
|
Manger
|
Dßá
|
Dá
|
djé
|
a-di
|
dßa
|
Yeux
|
Mß
|
Miso
|
mßs
|
mu
|
N.D
|
Corps
|
yeul/ yol
|
nyolo
|
nyun
|
nyol
|
N.D
|
Féticheur
|
Ngàn
|
?gana
|
?gàngàn
|
?gan
|
N.D
|
Maison
|
ndèéh/ ndaà
|
ndabo
|
ndap
|
dà
|
N.D
|
Lance
|
akón
|
jongo
|
akon
|
likón
|
N.D
|
Homme
|
mô
|
Moto
|
mut
|
môr
|
bakala
|
Honte
|
ésón
|
e-son
|
hisón
|
osón
|
N.D
|
La veuve
|
nkui
|
mukesse
|
mukuili
|
yiikß
|
N.D
|
Femme
|
mwa
|
mouto
|
moura
|
mingaag
|
mwassi
|
Oui
|
ée
|
ée
|
ée
|
ée
|
ée
|
Route
|
njée
|
Ngéa
|
njél
|
nzen
|
kddk
|
Source :C.L.Mitambo, « De
l'origine historique du Mbo-Ngoe du Cameroun à la lumière de
quelques données culturelles comparatives de l'Egypte
ancienne », mémoire de maîtrise en Histoire,
Université de Yaoundé I, 2006. p. 9258(*)
Nonobstantun manque de standardisation vocale de ce tableau
de correspondance, nous pouvons remarquer qu'il existe une similitude entre le
Mbo et les mots des autres langues représentées dans le tableau
ci-dessus.
Cette théorie nous amène à affirmer que
les Ngoe ou les Mbo font partie des bantou et que leurs évolutions ou
migrations dans le temps et l'espace s'intègrent dans celles du peuple
bantou et ce à travers les axes migratoires du Nord vers le Sud.
Dans la même perspective d'Etamé Ewané,
les linguistes S. Greenberd et Malcom Guthrie semblent aujourd'hui unanimes sur
le fait que le foyer d'origine de la langue bantou est situé sur la
ligne qui part du mont Cameroun pour aboutir à la frontière entre
le Kenya et la Somalie dans le bassin du Congo. Cette aire linguistique est le
lieu par excellence des parlés Bantou et bantoïdes. Ces linguistes
précisent par le biais de la glottochronologie que les langues bantoues
seraient parties de la région du bassin du Congo il y a 3000 et 5000 ans
pour se diffuser de part et autre, où l'on pourrait les rencontrer en
Afrique. Cette hypothèse rejoint l'idée de Corine Mitambo
lorsqu'elle situe l'origine des Mbo dans le bassin du Congo qui, ici est le
point de diffusion des bantous. De ce fait, le peuple Mbo faisant partie du
grand groupe linguistique Bantou, trouverait son origine dans le bassin du
Congo, socle par excellence des parlées bantous. Aussi
précise-t-elle :
Les Mbo remontèrent le fleuve Congo et son affluent la
Sangha, ils poursuivirent leurs marches vers les pays Maka-Djem, Bassa et
Bakoko. Parvenus sur la côte, ils remontèrent la rive gauche du
Wouri jusqu'à Yabassi où, ils traversèrent le fleuve Nkam
et se dirigèrent sur les versants du mont Manengouba59(*).
Bertrand Njoumé dans ce sillage reconnaît lui
aussi que les populations Mbo proviennent du courant migratoire de la
direction Sud-Nord : Les peuples [Mbo] auraient quitté le
Congo au XVIIe siècle, ils auraient atteint les côtes
Camerounaise en suivant d'abord la vallée Congo et en suite
l'itinéraire Douala pour atteindre leur site actuel60(*).
Bien que les thèses linguistiques proposent une origine
congolaise des Mbo, nous avons d'autres théories qui militent pour une
origine nigériane des Mbo. Toutefois, Idellet Dugast, précise que
les Mbo sont un rameau bakundu. Cette thèse est renchérie par le
Dr Etamé Ewané et les chercheurs de l'ORSTOM qui
démontrent que le groupe Lundu-Mbo englobe le rameau Mbo et Oroko.
Cependant les Balondo qu'Etamé Ewané appelle Lundu, sont selon la
tradition orale tout comme les Mbo, les descendants de l'ancêtre
éponyme Ngoe. Toutefois, les études menées sur les Balondo
démontrent que ceux-ci sont des Mbo, d'autant plus qu'on dira
Mbo-Balondo.
Selon Mgba Sama, les Balondo seraient originaires de l'Afrique
de l'Ouest, précisément au Sud-est du Nigeria et
spécifiquement à Efik car précise t-il
« This migration wave from Efik land, took them first to a place
around Rio del Rey called Ekundu-titi, this migration took place around the
1820s61(*) »
Ce dernier emploie même des arguments linguistiques pour
démontrer que Balondo et par extension les Mbo auraient une origine
Nigériane, car le langage des Balondo est semblable à celui des
populations d'Efik dans l'Etat de Calabar au Nigeria. Ce language est
également semblable à celui des Bakundu, Balue, Ngolo, Mbongue du
Cameroun62(*). Cette
thèse semble plus plausible dans la mesure où Essoh Ngomé
reconnait à l'issue de sa recherche chez les Mbo, qu'un patriarche
reconnaissait qu'il lui revient qu'un jour, il y a de cela plusieurs
années un de nos cousins, Thomas Ndam, nous avait fait la remarque
suivante : quand tu observes un Ibo, tu as l'impression d'avoir affaire
à un Elong, Elong ici descendant de Ngoe dans la partie anglophone du
Cameroun63(*) .
Lorsque nous fîmes la même remarque à l'un
de nos informateurs Elong, Celui-ci nous affirma que cette remarque
était surtout vraie en ce sens que les femmes Ngoe ou Mbo et les femmes
Ibo s'habilleraient de la même façon. Aussi
décidâmes-nous de poser la question à un sage du village
Mbouroukou Eugène Essoh64(*) qui nous éclaire au mieux. Aussi reconnait-il
que, Ngoe aurait apparu dans la région de Manfé, vers le Sud-Est
du Nigéria. Cependant, pour que Ngoe apparaisse dans la région de
Manfé, il faut nécessairement qu'il soit sorti du Nigeria, il lui
aura donc fallu sortir du territoire Ibo. De ce fait, il serait donc
très probable qu'il soit originaire de ce territoire, ce qui
expliquerait les traits communs que l'on retrouve dans les deux
communautés. L'hypothèse précédente vibre en phase
avec les thèses d'une origine occidentale du peuple Mbo. Au demeurant,
que Mbo soient venu du Sud-Cameroun ou de l'Ouest-Cameroun, il nous saute tout
de suite à l'oeil que ces régions sont situées au Sud du
Sahara. Toutefois, la théorie élaborée par Cheikh Anta
Diop vient plutôt compléter les manquements qui tendent à
opposer les hypothèses énumérées. A cet effet
Cheikh Anta Diop précisait que tous les peuples au Sud du Sahara
seraient originaires de la vallée du Nil65(*). Cette hypothèse nous conduit à
explorer la piste d'une probable origine nilotique du peuple Mbo.
C- ORIGINES NILOTIQUES DU
PEUPLE MBO
Théophile Obenga reconnaît après Cheikh
Anta Diop que les Bantous sont originaires de la vallée du Nil66(*).Toutefois, l'affirmation d'une
origine nilotique et par extension égyptienne a été
possible par une méthodologie établie par les égyptologues
africains tels Anta Diop et Obenga. Celle-ci voudrait qu'on procède au
rapprochement de la culture égyptienne à celle des peuples
situés au Sud du Sahara pour arriver au résultat d'une probable
filiation entre les peuples au sud du Sahara et les peuples de l'Egypte
antique. C'est ce qui a été réalisé par
Théophile Obenga avec les peuples Bantous67(*). La filiation de ces
civilisations s'est fait tant sur le plan linguistique, religieux que Culturel.
Concernant l'étude d'une origine égyptienne du
peuple Mbo, Essoh Ngomé a effectué des rapprochements
linguistiques entre l'ancien égyptien et le Mbo68(*), aussi a-t-il établi
une filiation entre la culture égyptienne et la culture Mbo. Aux termes
de ses recherches, celui-ci reconnaît que les Mbo sont originaires de
L'Égypte Ancienne. Ces études rejoignent celles qui ont
été faites par Etouké Etouké Lavoisier qui
reconnait que :
Les anthropologues, archéologues, et les
légendes sont généralement d'accord qu'ils(Mbo) sont venus
d'Egypte en passant par la Lybie, le Tchad, et par la région
Centrafrique comme les autres Bantu dans l'ensemble des groupes dirigés
par Ngala. Ils s'installèrent dans le Nord-Ouest du Zaïre (bassin
du Congo)69(*).
Lavoisier essaye ici de nous présenter
l'itinéraire migratoire qui va de l'Egypte jusqu'au Congo ; ce qui
rejoint et complète les hypothèses déjà
mentionnées. Ceci dit les Mbo seraient venus de l'Egypte en faisant
escale au Congo où ils vont continuer leur marche dans le courant
migratoire du groupe douala jusqu'à leurs lieux de localisation
actuelle au Cameroun. La migration douala est liée à celle des
Mbo. D'ailleurs Bétoté Dika Akwa précise que
les « Mbo sont les Duala des montagnes70(*) ». C'est
également cet itinéraire que Corine Mitambo a
étudié lorsqu'elle démontre que les Mbo auraient suivi le
tracé Sud-Est-Ouest dans leurs migrations ; venant du bassin du
Congo, précise-t-elle,
Les Mbo remontèrent le fleuve Congo et son affluent la
Sangha, ils poursuivirent leurs marches vers les pays Maka-Djem, Bassa et
Bakoko. Parvenus sur la côte, ils remontèrent la rive gauche du
Wouri jusqu'à Yabassi où, ils traversèrent le fleuve Nkam
et se dirigèrent sur les versants du mont Manengouba71(*).
Il convient de remonter l'origine des Mbo depuis l'Egypte
ancienne avec escale au Congo ; pour continuer avec l'itinéraire
migratoire douala jusqu'à leurs lieu d'implantation.
"Duala des Montagnes72(*)"comme dirait Dika Akwa, sont incontestablement une
composante culturelle Sawa. Cependant étant arrivées à
l'estuaire du Wouri, la migration devrait poursuivre son cours. Dans ce sillage
Penda Keba précise que :
Sur le plan historique, le peuplement originel de NGOH est
à situer dans le vaste mouvement de migrations Bantu originaires du
Congo et arrivés dans le Golfe de Guinée vers la fin du 17e et
les débuts du 18 siècle. Il s'agit du courant DOUALA ayant en son
sein deux composantes essentielles : la composante DOUALA elle-même,
remonte l'estuaire du Wouri et occupe les rives dudit fleuve tandis que leurs
cousins de la composante BAKOUNDOU s'installent d'abord dans l'actuel
Limbé au pied du Mont Cameroun pour émigrer dans un second temps
vers l'hinterland BAROMBI où ils s'installent autour de Lac du
même coin. Les fréquentes éruptions volcaniques du Char des
dieux, très actif au début du 18e siècle pourraient
justifier le repli intérieur des BAKOUNDOU, un peuple de l'eau qui se
voit obligé de quitter la côte atlantique pour le bassin du Lac
Barombi vers l'actuel KUMBA non loin des flancs occidentaux du
Manengouba73(*).
Dans la composante Bakundu en question, on retrouve des
sous-groupes comme les Balong, les Bassossi, les Balondo etc. qui se
réclament aujourd'hui selon la légende des descendants de Ngoe.
Lorsque nous nous referons aux écrits du Docteur Etamé
Ewané, il nous revient que les bakundu font partie du rameau Mbo.
Cependant les Bakundu se réclament tout de même descendant de
l'ancêtre Ngoe. Or le peuple Ngoe est encore appelé peuple Mbo.
Nous comprenons ici que parler des bakundu c'est inéluctablement parler
des Mbo.
On pourrait donc avancer pour confronter le mythe et la
réalité ; que Ngoe n'a pas été engendré
par une mystérieuse alchimie d'un déluge dans la région du
Manengouba. Ngoe serait descendant Bakundu dont les ancêtres
sédentarisés autour du Lac Barombi vivaient de pêche et de
petites activités rurales. L'essor démographique et le milieu
naturel aidant, ces populations se seraient dispersées à la
recherche de nouveaux espaces vitaux, pour s'adapter bien sûr au milieu,
y rester et élaborer une structure sociale conséquente.
II - ORGANISATION DES MBO
PRECOLONIAUX
Mbo, groupement clanique issue d'un même ancêtre
mythique dont Ngoe, se considèrent en tout lieu et tout temps,
liés les un des autres par le lie de sang ou de parenté. De ce
fait, ces derniers disposent d'un patronyme porté par tous les membres.
Ce patronyme se présente comme une marque leur permettant de prouver
leur appartenance à l'ancêtre éponyme. C'est ainsi
qu'à défaut de dire Ngoe, certains clans préfèrent
Mbo pour désigner le lien auquel ils sont rattachés. De ce fait,
certains membres des différents clans diront être
Mbo-Bakossi, Mbo-Elong, Mbo-Mouamenan ou encore Mbo de telle ou de telle autre
localité : Mbo de Tombel, Mbo de Mouanguel, Mbo de Nguti, Mbo de
Loum etc. Toutefois, l'ordre social chez les Mbo est inséparable de leur
vision du monde car, il s'agit de traduire sur le plan social, le lien
organique qui unit le visible et l'invisible, le naturel et le surnaturel, le
solide et le fluide etc. C'est dans ce domaine qu'il sera possible de
distinguer la structure sociale et le véritable pouvoir politique chez
les Mbo.
A- STRUCTURE
SOCIO-CULTURELLE DES MBO PRECOLONIAUX
L'organisation sociale des Mbo est une subdivision de
groupuscules qui forment des clans. Ces derniers vont développer un
aspect de la culture sociétale de type lignagère à la
religion monothéiste et des groupes de danses qui constituent de
véritables tremplins de cohésion sociale chez les Mbo.
1) Une société
lignagère
Il est bon de préciser que chaque fils de Ngoe se
dispersait de part et d'autre dans la région du Manengouba pour former
leurs propres familles et dont l'éclosion aboutira à une famille
de grande échelle sans toutefois, oublier leur appartenance au noyau
originel à savoir l'ancêtre commun Ngoe74(*). Ces derniers vont pendant
leurs installations élaborer des types d'organisations de forme
claniques au fur et àmesure que la famille s'étend. Ainsi,
à la tête de chaque clan, se trouve un chef de clan qui selon
cette conception mythologique serait le fondateur du clan75(*). Celui-ci connu sous
l'appellation de « Sa'an Mbo'o » est en
réalité le fondateur d'un village. Toutefois chez les Mbo, la
famille se disperse constamment quant la parenté se relâche (au
bout de trois à quatre générations). Ainsi, le premier
occupant d'un endroit préalablement inoccupé, crée par
là-même sa famille qui au bout d'un temps s'élargira pour
constituer un clan76(*).
La famille restreinte constituée du père, des épouses et
des enfants est caractérisée par une cellule appelée
« Ebubeh ». Les épouses d'un même
homme ou coépouses appelées « Nsun
nin » habite généralement la même cour et
dans les cases différentes.
Lorsqu'on s'en tient à ce qui précède, en
mesure que le temps passe, la famille restreinte s'élargie en plusieurs
familles qui en principe forment le clan77(*). D'ailleurs Elikia M'bokolo78(*) reconnaît que, la
famille s'identifie au village et que le clan formait la
fédération de plusieurs villages descendants d'un ancêtre
commun. Ces clans chez les Mbo sont généralement connus sous
l'appellation Mbo'o, terme auquel on adjoint le plus souvent le nom du
fondateur du clan. Ainsi nous avons Mbo'o Ekema, Mbo'o
Mboulé, Mbo'o Ndang, Mbo'o Mouango, etc. Cependant, ces clans on en
mémoire qu'ils sont descendants d'un ancêtre commun dont Ngoe.
Dans ce sillage, l'organisation sociale chez les Mbo repose beaucoup plus sur
La famille étendue qui est l'unité sociale de base. Ce qui
précède présente à merveille que la
société Mbo est lignagère avec pour ancêtre
éponyme Ngoe.
2) Une
société monothéiste
Selon John Mbiti79(*), la conception bantu du monde est anthropocentrique,
c'est à dire que tout est considéré en termes de relation
avec l'être humain. En termes anthropocentriques, Dieu est le
créateur et celui qui nourrit l'homme. De ce fait les Mbo, peuple
Bantou, croient en l'existence d'un Dieu vivant et unique, créateur du
ciel et de la terre puis dispensateur de la vie et maître de
l'univers80(*). Chez les
Mbo, l'être suprême est appelé « Son me
yèmeuh81(*) », littéralement le père
de l'ancêtre.
Cependant, les Mbo conçoivent que Dieu est un
être distant. Ainsi, le rapprochement entre ce dernier et l'homme ne peut
être possible que par le truchement des, esprits, des génies, des
ancêtres d'où le culte des ancêtres. Le monde des esprits
des génies et des ancêtres primordiaux est plus proche de la
société humaine que l'univers proprement divin82(*). Ceux-ci agissent constamment
dans le monde des vivants par l'intermédiaire des
cérémonies, rites, danses, sacrifices... Chez les Mbo, le culte
des ancêtres est d'une importance indéniable, en ce sens que, les
ancêtres sont des êtres trépassés qui ont atteignent
le stade de divinisation ou de canonisation. Au demeurant considère-t-on
souvent ces derniers comme les habitants du « village de
l'être suprême » par lesquels l'on pourrait parvenir
à l'être suprême dans le cadre des rites. Pour cette raison,
D.Tcouangu précise que le culte des ancêtres
« n'est rien d'autre chose que le symbole du souvenir, une
élévation .Ceux qui ont franchi le seuil du monde invincible
et qui vivent maintenant et toujours les desseins du Tout-puissant83(*) ».
L'être divinisé est parfois confondu au Dieu
Tout-Puissant. Dans certains rituels il office comme Dieu. Cependant, communier
avec les ancêtres c'est communier avec l'être
Suprême84(*).
Généralement, le Mbo avant de boire un vin,
celui-ci procède d'abord à un rituel qui consiste à
verser une partie du vin par terre, le plus souvent à l'entrée
principal de la maison et de prononcer des paroles tels
que « ba mwa ni ba-shée » comme pour
dire communions avec le divin ou les ancêtres. Dans tous les faits et
gestes des Mbo, l'on fait toujours allusion à « o
yèmeuh » ou les ancêtres qui, expliquent la
destinée de l'homme Mbo85(*). Cela est courant dans les chants et les rites pour
témoigner leur reconnaissance à l'être suprême et
rester en harmonie avec les ancêtres qui « restent sujet aux
passions humaines, à la colère, à la rancune, à la
haine.86(*) ».
Ces chants se font souvent entendre lors de l'exécution des danses
folklorique à travers les groupes de danses qui sont un aspect de la
société Mbo.
3- Les groupes de danses chez
les Mbo précoloniaux
Les groupes de danses sont les formes les plus
répandues des associations chez les Mbo. Ils ont essentiellement pour
rôle d'animer le village lors des cérémonies. Ces groupes
sont nombreux et pratiquent des styles variés de danse à savoir,
malongue, ekalé, ewang, Ahon,
Nzo-mem, Nkamba, Ngonè... A toutes ces
danses, correspondent des musiques spécifiques. Pendant
l'exécution des danses, toute personne intéressée est
libre de se joindre au groupe car elles sont les danses ouvertes aussi bien aux
femmes qu'aux hommes de tout âge à l'exception de la danse
d'Ahon qui est une danse réservée aux hommes de par le
caractère ésotérique qu'il revêt87(*). Les droits d'adhésion
sont des contributions en nature, dont la qualité et la quantité
dépendent des groupes. C'est ainsi que pour adhérer au groupe de
danse Ngonè, l'on devrait présenter neuf noix de kola,
neuf boules de Koki et vingt litres de vin de raphia contrairement au groupe
Nkamba où l'on devrait ajouter à cela un coq88(*).
Parmi ces danses, nous avons des danses de réjouissance
populaires comme Ngonè qui reste la danse la plus rependue et
connue. Nous avons également les danses pour accueillir les hôtes
à savoir Nkamba dont l'exécution des pas de danse reste
spectaculaire avec le jeu des épaules et les herbes ou mieux les fleurs
que les adhérents brandissent pour accueillir un hôte. Outre les
préoccupations d'ordres culturels, les groupes de danse fonctionnent
comme des structures d'entraide. De ce fait, les membres sont astreints
à l'assistance mutuelle pendant les deuils, les funérailles, ou
tout autre événement de malheur ou de bonheur.
B- ORGANISATION DU POUVOIR
POLITIQUE CHEZ LES MBO PRECOLONIAUX
On retrouve dans plusieurs ouvrages d'ethnologie une
classification des systèmes politiques africains. Les Etats, les
chefferies et les sociétés anarchiques. Ce dernier pour
Olivier Bainest une
spécificité de sociétés bantoues dites
acéphales mieux sans véritable chef. La société
anarchique, suivant l'étymologie grecque, traduit l'absence de
commandement. Ce système politique se rencontre en Afrique noire chez
des peuples où il n'existe pas d'organisation étendue, mais
seulement des groupements sociaux ayant pour base les lignages, la religion,
les associations.Le révérend Père Engelbert Mveng89(*) rétorquait après
les auteurs qui auraient qualifié les sociétés bantous
lignagères d'acéphale, qu'il n'a jamais existé au
Cameroun, des sociétés dites
« acéphales ». De ce fait, les Mbo qui sont une
société lignagère auraient donc eu un système
politique bien défini à savoir le système politique
segmentaire de type clanique à la légitimité du pouvoir
familiale et sous la bannière des sociétés secrètes
véritables pouvoirs politiques.
1- Un système
politique segmentaire de type clanique
Le système politique dit segmentaire s'oppose par
définition au système politique centralisé,
étatique. Sa particularité est de compter au même moment
plusieurs chefs pour un même peuple. Chez les Mbo, comme nous le
mentionnions plus haut, La famille se disperse constamment quand la
parenté se relâche et quand plusieurs lignages habitent un
même village, il y a prééminence du chef de famille qui a
fondé le village. Aussi, Au-dessus de la famille étendue, les Mbo
admettent une certaine unité des familles descendantes d'un même
ancêtre mythique. Le symbole de ce clan est le San Mbo'o,
vieillard désigné soit par les autres chefs, soit par un
signe « mystique ».
La famille étendue habite un village. Le clan est
généralement l'ensemble de plusieurs cours ou familles et le chef
est appelé «San Mbo'o». C'est celui-ci qui coordonne
les faits et gestes des différentes familles et les administre par
ailleurs. Il est le président du conseil de famille, il dirige les
cérémonies rituelles et religieuses.
Olivier Bain, quant à
lui, reconnaît que ce système politique se rencontre en Afrique
noire chez des peuples ou n'existe pas d'organisation étendue, mais
seulement des groupements sociaux ayant pour base le lignage. De ce fait, on
retrouve au sein de la société Mbo précoloniale, plusieurs
souverains de degré égal, indépendants, et chacun
placé en tête de son Mbo'o ou clan d'origine. Ces souverains sont
des chefs de clans dont la légitimité est soumise à des
conditions d'accession au titre.
2- Source de
légitimité du pouvoir chez les Mbo
précoloniaux
Chez les Mbo, chaque village ou clan compte plusieurs familles
ou « pou-ndéeh »dont les doyens forment le
conseil du clan90(*). L'on
peut devenir doyen par la suite d'une succession à choix
délibéré au sein de la famille restreinte
pou-ndéeh. Il faut ici, rappeler que le doyen ne désigne
pas seulement l'homme le plus âgé mais aussi l'homme qui peut
diriger compte tenu se son expérience de la vie. C'est ainsi que, chez
les Mbo à la différence des chefs de la société
grassfield, le doyen est libre de choisir parmi ses paires ou ses grands
enfants, celui qui lui semble capable de maintenir l'ordre dans le groupe.
Toutefois, l'office attribue au chef choisi est un mandat social. Il lui
revient alors d'encadrer les populations placées sous son
autorité, de préserver la paix au-dedans de son clan et
d'organiser les cérémonies rituelles, expiatoires et
propitiatoires ou bien d'initiationsqui servent de ciment de l'unité du
clan. Ainsi, le pouvoir chez les Mbo précoloniaux était l'apanage
des chefs ou des doyens de clans qui agissaient non pas en leur nom propre mais
au nom du clan tout entier.
Cependant, le chef de clan n'a pas le monopole du pouvoir. Ce
pouvoir absolu revient aux sociétés secrètes que certaines
personnes comme Mayer Etongué qualifient de pouvoir politique chez les
Mbo91(*). Cette
complexité du pouvoir politique chez les Mbo peut mieux être
cernée avec Maurice Delafosse quireconnaissait à propos de
l'autorité royale en Afrique, qu'
En générale, le pouvoir se transmet, pour chaque
Etat, dans une famille donnée, mais il n'est pas
héréditaire à proprement parler, en ce sens que ce n'est
pas nécessairement l'héritier naturel et direct du chef
défunt qui succède à celui-ci. A côté de la
famille qui a le privilège de fournir le roi, il en existe le plus
souvent deux autres, dont l'une fournit le ou les électeurs du roi et
l'autre le ou les intronisateurs. Le choix des électeurs ne peut
s'exercer que dans la limite des membres de la famille royale, mais, sous cette
réserve, et compte tenu de l'opinion publique exprimée par les
anciens, ce choix s'opère librement; il faut d'autre part, que le
successeur du roi défunt ait été désigné par
le ou les électeurs pour être investi de l'autorité. Non
seulement les intronisateurs et les électeurs détiennent la
faculté de faire ou de ne pas faire les rois, mais ils possèdent
aussi celle de les défaire, en sorte que leur influence est
considérable et qu'elle suffirait, à elle seule, à
constituer un important contrepoids aux velléités de tyrannie et
à l'omnipotence du souverain. L'autorité de ce dernier est encore
contrebalancée par l'obligation, que lui impose l'usage, d'en
déléguer une partie à des ministres , dont chacun a des
attributions définies, et qu'il n'est pas toujours maître de
nommer ou révoquer à son gré, la coutume conférant
le plus souvent chaque charge ministérielle à une famille
déterminée, aussi bien que la dignité royale et que la
fonction d'électeur ou d'intronisateur. Nous sommes donc bien loin
du système de monarchie absolue dont on est parfois enclin à
supposer l'existence en pays noir92(*).
Ainsi, il existe le plus souvent, dans les
sociétés africaines, un dispositif légal pour
empêcher les éventuels abus d'un monarque trop puissant. Dans la
société Mbo, ces contrepoids au pouvoir absolu du chef sont les
sociétés secrètes.
3- Les
sociétés secrètes : véritables pouvoirs
politique chez les Mbo
Les véritables pouvoirs politiques chez les Mbo, sont
des assemblées hermétiquement fermées que Laburthe Tolra a
appelé « société
secrètes93(*) ». Ces dernières sont exclusivement
réservées aux hommes qui y accèdent par
initiation94(*). Leur
rôle est de maintenir la paix, la cohésion entre les populations,
de protéger les individus des attaques maléfiques, etc. Bref, ils
contribuent à l'épanouissement social, économique,
culturel mais beaucoup plus politique. Ce sont des véritables
contrepoids comme dirait Montesquieu95(*). Ils interviennent dès le stade de
l'élection et dans l'exercice du pouvoir du chef, qui n'est maître
absolu que dans le cadre des moeurs et traditions chez les Mbo ce sont
Mouankoum, Ahon et Nkoum.
· Nkoum
Nkoum fait partie de ces termes intraduisibles
en français96(*)
car il est lié à la spécificité même de la
culture Mbo. Nkoum est en principe un groupement d'hommes de jeune
âge ou d'âge mûr, choisis au sein d'une famille pour la
représenter au conseil des Nkoum appelé Nkoum.
Au vue de sa responsabilité qui est désormais de
représenter toute une famille, Nkoum se doit d'être
habile suite aux enseignements initiatiques ayant neuf modules ou neuf
niveaux97(*). Ayant
atteint ces neufs niveaux, Nkoum est alors en mesure de se rallier
à ses paires accomplir les missions qui lui seront confiées au
sein du conseil Nkoum. Se faisant, dans la société Mbo
précoloniale, c'est le conseil de Nkoum qui prenait des
décisions importantes relatives à la vie sociale du village.
Notons que le « président » du conseil des
Nkoum est le doyen parmi les membres de Nkoum. C'est
généralement celui qui a atteint le grade le plus
élevé et par conséquent le plus ancien au grade. Ces
derniers siégeaient dans un lieu sacré appelé
« Ebeum » qui était
généralement un bosquet, en ce sens que l'arbre dans la
société Mbo est entouré de mystère. De ce fait,
Jacques Epoh Mbesse reconnaît le caractère sacré de
l'arbre,
Raison pour laquelle dans nos villages, les notables ou mieux
les hommes de tradition tiennent souvent leurs assises dans les lieux
sacrés, aménagés sous des arbres(Ebeum). La
présence d'un arbre dans ces lieux est très significative. C'est
un arbre qui a une espérance de vie très longue. On[les Mbo]
augure que cet arbre ou ces arbres verront plusieurs générations
humaines des villages se réunir à son pied, ce qui favorise la
communication des puissances et le transfert de celles-ci de la vielle
génération à la nouvelle. 98(*)
C'est le conseil de Nkoum qui appelle souvent aux
réunions des populations au sein d'Ebeum afin de
résoudre des problèmes pouvant toucher le village par des voies
de sacrifices des animaux. C'était alors le bien fondé d'une
cérémonie occasionnelle qui consistait à lécher une
potion appelé « Adjan »
préalablement préparée par ces Nkoum, afin de
mettre le village à l'abri des épidémies ou des attaques
pernicieuses. Dans ce sillage Essoh Ngomé reconnait que,
Ces Nkoum constituent l'ossature de l'une des chambres
traditionnelles les plus fermées de Ngoe [...] Ils surveillent le
village le jour comme de nuit et garantissent sa protection à tout
instant. De même, ils sont aussi les garants de l'harmonie et de l'ordre
et à ce titre président à tous les mécanismes
susceptibles de ramener la paix et l'harmonie lorsqu'il y a crise.99(*)
De ce fait, c'est parmi les Nkoum qu'on retrouvait les
prêtres spécialisés dans la réalisation des
sacrifices rituels susceptible de maintenir et promouvoir la paix sociale via
les alliances sacrificiels dans la société Mbo.
· Le Mouankoum
C'est une assemblée assez discrète ; elle
siège pendant la nuit profonde et jamais en journée100(*). Les membres sont des
personnes qui font le culte des ancêtres et sont appelés
mouankoum ou Ba-mouankoum. Après quelques rituels de
commande, un membre désigné par ses paires agit
commemédium au sein du village durant la nuit : c'est cette
personne que les Mbo appellent par respect Sor Mbeuh,
littéralement le grand père. Il faut préciser que chaque
village ou clans Mbo dispose d'un Sor Mbeuh qui semble connoter
l'ancêtre fondateur du lignage et différent de l'ancêtre
éponyme Ngoe. Sor Mbeuh n'a pas le droit d'officier hors de son
territoire lignager. Mouankoum a pour rôle de dénoncer et
de sanctionner les exactions et beaucoup plus la sorcellerie au sein du
village. Sor-Mbeuh agit sur quiconque outrepasse les lois
coutumières. Cependant, en raison de violentes sanctions que Sor
Mbeuh inflige en cas de désobéissance aux lois
coutumières, les hommes trouvent nécessaire d'observer ses
prescriptions. Notons que les sanctions vont d'une amande de neuf
chèvres ou tout autre chose imposé, mais au chiffre neuf
jusqu'à l'expulsion du village qui pourrait être sanctionné
par la mort de quiconque s'anti conforme à ses lois. Ainsi, la
présence de cette instance supra sociale est par le fait
considérée comme une source de vitalité pour la
société Mbo d'autant plus qu'elle adjoint l'ancêtre
fondateur du lignage à son autorité.
Le recours à l'ancêtre dans l'exercice des
fonctions de Mouankoum visent à asseoir un pouvoir politique ou
une idéologie de subordination. Cette représentation est à
notre sens, liée à deux idées maîtresses: les
ancêtres incarnent un pouvoir équitable, mais ils sont aussi des
détenteurs de pouvoirs absolus .Le pouvoir des ancêtres est
considéré comme équitable parce qu'il est extérieur
au monde des vivants et parce qu'il est de nature bienveillante101(*). Le caractère
incontestable de l'action ancestrale provient certainement en premier lieu de
l'omniscience et omniprésence des ancêtres dans la prise des
décisions au sein de la société secrète
Mouankoum. Il sera donc impossible aux vivants de contourner ce
pouvoir car aucuncomportement déviant n'échappe au
Mouankoum qui réagit toujours et de manière
décisive. Ainsi, Sor Mbeuh qui incarne l'ancêtre du clan
connaitra par coeur les noms de tous les membres de son clan. Bref
Mouankoum est le dépositaire du pouvoir politique chez les Mbo
précoloniaux car il contrecarre les velléités d'un pouvoir
humain, d'autant plus qu'il est un pouvoir supra humain régit par les
ancêtres via les sociétés secrètes.
· Ahon
Ahon est une caste de nobles en tant que
dépositaire de la tradition.Ses membres sont appelés
« N'nhon » qui veut dire riche. Ceux-ci sont
connus par le grand public en tant que plénipotentiaire et de par leur
caractère de puissance qui leur sert à imposer la paix dans la
communauté. D'ailleurs comme le reconnait Thierno Bah102(*), toute communauté a
besoin de mettre en place des mécanismes de gestion de ses relations
avec ses voisins, en temps de paix comme en temps de guerre. Cela relève
de la diplomatie, que les sociétés africaines traditionnelles ont
largement pratiqué. Pour résoudre les conflits, des
procédures variées ont été utilisées. Il y a
tout d'abord l'envoi d'émissaires, de plénipotentiaires. C'est
ainsi qu'en pays Béti, ces plénipotentiaires ou «faiseurs de
paix» (benya bod, sang nyamod103(*)) jouissaient d'une grande place dans la
société Béti autant que les N'nhon dans la
société Mbo car, ils représentent le clan dans les
communautés voisines.
Toutefois, étant plénipotentiaires,
Ahon était la chambre la plus importante de la
société Mbo ; d'autant plus qu'elle recrutait ceux qui
plafonnaient dans le Mouankoum, c'est-à-dire, ceux qui avaient
atteint le neuvième grade et sur dérogation de ses
paires104(*). Se
faisant, les membres de cette chambre étaient redoutés car, ils
passaient pour des êtres très puissants.Aussi la beauté de
leurs danses folkloriques très élégante, mais
entouré de mystère faisait également leurs
notoriété dans la société Mbo précoloniale.
Cette danse était appelé Esakheu-Ahon,
littéralement, la dance du noble. Cependant, contrairement aux
danses populaires où tout le monde a accès, celle-ci reste
réservée aux seuls initiés ou adhérents
d'Ahon. Ces danses ne s'exécutent qu'en cas de
décès d'un membre ou pendant les cérémonies des
sacrifices rituels du clan car, elle ne s'emprunte point pour quelque occasion
que ce soit dans la communauté Mbo. Ainsi, chez les Mbo les chefs de
lignages n'incarnent point le pourvoir politique. Celui-ci est et reste
l'apanage des sociétés secrètes qui, se présentent
dans la société Mbo comme des véritables creusets du
pouvoir politique.
C- ORGANISATION ECONOMIQUE
DES MBO PRECOLONIAUX
Chez les Mbo précoloniaux, l'économie est
essentiellement basée sur l'agriculture de subsistance, avec un mode de
production qui repose sur une organisation du travail collectif. La production
bien que liée à la consommation familiale fait également
l'objet des échanges à travers les lieux érigés en
marchés locaux.
1- Une économie
essentiellement agricole
L'agriculture reste la principale activité du Mbo
précolonial. Se faisant, l'agriculture chez les Mbo précoloniaux
est essentiellement axée sur la production des cultures de subsistances
qui sont généralement cultivées dans des champs
près des maisons d'habitations105(*). Parmi les cultures pratiquées, le taro et le
haricot dont le mets est appelé Koki. La pratique de cette
culture reste intrinsèque à l'existence des Mbo. C'est pour cette
raison quecertains peuples voisins ont souvent péjorativement
qualifié les Mbode Mbo-Koki. Cette appellation est due au faite
que le koki était le repas par excellence des Mbo.
L'élevage n'a pas été une activité d'envergure chez
les Mbo106(*). Le petit
élevage qui se faisait était surtout celui des animaux
domestiques lié à la consommation et aux rituels sacrificiels.
Cet élevage très souvent à petite échelleest celui
des chèvres, moutons, porc et des poules etc. A coté de cette
agriculture et l'élevage de subsistance, se greffe les activités
comme l'artisanat et la chasse. Toutefois nous précision plus haut que
Mbo est un peuple originellement chasseur de par Ngoe l'ancêtre
éponyme qui aurait selon la tradition orale rencontré Sumediang
lors d'une partie de chasse aux gibiers.
L'artisanat quant à elle profite beaucoup à
l'économie Mbo. Ainsi, nous avons la sculpture de bois qui consiste en
la production des mortiers pilons, spatules, louches bref les ustensiles de
cuisines puis les outils de percussion comme les tam-tams, les tambours. La
vannerie produisait les corbeilles, paniers, balais, tôles de pailles
etc. Tous ces outils faisaient partie du quotidien des Mbo précoloniaux.
Cependant, toute économie dispose de ses moyens de production et reste
liée à un mode bien déterminé. Chez les Mbo
précoloniaux, les moyens de production de l'économie
traditionnelle étaient beaucoup plus communautaires et basées sur
un mode d'organisation collective du travail.
2- Un mode de production
basé sur le travail collectif
Les Mbo précoloniaux ont opté pour éviter
de la peine pour une tache quotidienne. Ces derniers ont mis sur pied un
mécanisme de travail collectif dont les biens de la production
contrairement au mode communiste,reviennent plutôt à un individu
chez les Mbo. De ce mode de travail collectif certaines structures, pour
employer les terminologies d'Udy107(*)sont de type occasionnel et d'autres de types
rotationnel selon le voulu des adhérents. Ce sont les groupes de travail
collectifs qui sont :Ndée et edjakeuh.
· Ndée
Ndée est une forme originale de
coopération chez les Mbo précoloniaux. Cette forme d'organisation
de travail collective est de type discontinu, c'est-à-dire que son
organisateur sollicite la force de travail des autres membres de la
communauté pour un temps donné. Cependant, l'initiateur participe
aux travaux collectifs des autres lorsque le besoin se fait annoncé.
L'adhésion se fait de manière volontaire mais beaucoup plus par
affinités. Cette dernière repose sur la parenté, le
voisinage et les relations d'amitiés108(*). La filiation, l'alliance et voisinage sont les
réseaux essentiels de formation du groupe de Ndée. La
taille du groupe n'est pas socialement déterminée, l'effectif
varie en fonction du sujet organisateur et du travail à effectuer.
Dans la société Mbo, certaines tâches
sollicitent régulièrement l'organisation du Ndée,
on peut remarquer que ce dernier intervient dans les travaux à
caractère pénible. C'est le cas du défrichementd'un champ,
l'abattage des arbres, les activités où l'action d'un individu
serait inefficace voire impossible comme la construction d'une case etc.
Certaines situations sont circonstancielles au Ndée :
c'est le cas d'un retard dans la moisson d'un champ, dans les semailles ou dans
les récoltes, ainsi il en est de l'abondance d'une production qui, sans
une action collective urgente, serait détruite, suites
auxintempéries. Notons se faisant que dans ce type de
coopération, les membres adhèrent par une simple volonté
inconditionnelle. Cependant, nous avons un autre type de collaboration
très sélective et rigoureuse : c'est Edjakeuh.
· Edjakeuh
Contrairement à Ndée, Edjakeuh est de
type rotatif. Il repose sur un arrangement délibéré des
adhérents. Ceux-ci travaillent à tour de rôle au profit de
chaque membre du groupe109(*).
La structure d'edjakeuh exploite une fois de plus les
relations de parenté, les groupes rencontrés
révèlent que les membres sont généralement issus de
plusieurs familles du même clan. Edjakeuh dispose d'un
calendrier de travail à l'avance déterminé.
Edjaheuh réunit en son sein des membres soit de sexe
féminin ou de sexe masculin. Nos informateurs précisent qu'ils
n'ont jamais observé un groupe mixte parce que dans la
société traditionnelle Mbo, les tâches champêtres
sont bien reparties. C'est ainsi que le défrichage des champs revient
aux hommes et la récolte aux femmes. S'ils se livrent à quelque
chose près aux mêmes travaux que le Ndée,
l'edjakeuh met plutôt l'accent sur les travaux
champêtres.Aussi le rythme hebdomadaire des prestations est-il plus
important que le Ndée. La taille moyenne du groupe varie entre quatre et
six membres110(*). Un
groupe plus grand serait inefficace aux dires de nos informateurs111(*). L'edjakeuh est un
groupe de travail à caractere capitaliste avec pour but, la production
à echelle un peu plus élévé que la production
individuelle. Tandis que le Ndée se règle sur la
réciprocité sans calcul, edjakeuh comporte un rapport
d'équivalence de prestation du travail. Ce dernier de manière
caractéristique élimine les aspects cérémoniels
à l'issue comme observé dans le Ndée. Au
demeurant, ces deux formes traditionnelles de travaux collectifs ont pour
leitmotiv de renforcer les liens de cohésion entre les
différentes familles Mbo avec pour but, de booster l'économie
traditionnelle ; car la hantised'une récolte abondante, pouvait en
partie faire l'objet d'une vente au marché local et l'autre partie,
conserver au grenier pour une nouvelle saison des semences.
3- Le marché, une
part d'économie chez les Mbo
Il faut préciser que l'activité commerciale
chez les Mbo précoloniaux était essentiellement basée sur
un système de troc en un lieu érigé en
marché112(*). Ces
échanges respectaient des exigences qui étaient codifiées
par des alliances sacrificielles que l'on avait au préalable
élaborées en ces lieux. C'est ainsi qu'à chaque lieu du
marché se trouvait un arbre appelé Nko'om qui en fait
était le symbole de la fidélité et d'équité
dans les échanges113(*). Ces alliances préservaient également
la sécurité dans les marché d'autant plus qu'elles se
faisaient avec les peuples voisins susceptibles d'être des partenaires
économiques. Ainsi, chaque partie apportait au lieu devant être
ériger en marché, un animal qu'on devrait sacrifier pour en faire
un pacte de fidélité et respect mutuel dans les échanges.
De ce fait, chaque marché disposait d'un totem qui avait pour but de
veiller sur les échanges dans le souci que personne ne soit léser
dans la réciprocité. Selon nos informateurs, le marché du
clan Ekanang, frontalier au clan Mouanguel avait pour totem un
serpent114(*). Ces
échanges se faisaient de telle enseigne que le vannier puisse apporter
des paniers auprès de son alter ayant cultivé des taros pour
échange.
De ce qui précède, l'on peut se rendre compte
que les Mbo situés pour la plupart dans les massifs montagneux du
Manengouba, Nlonako et Koupé, seraient originaires de l'Egypte antique.
Les Mbo auraient empruntéla vague migratoire bantoue pour arriver au
Congo. Cependant, les Mbo semblent avoir utilisé le même axe
migratoire que les douala pour atteindre à leurs lieux de
résidences actuelles. Les Mbo sont une communauté bien
organisée autant sur le plan, politique, économique et
socio-culturel. De religion monothéiste, les Mbo croient en l'existence
d'un Dieu suprême créateur du ciel et la terre. Considérant
la distance entre Dieu et les hommes très éloignée,
ceux-ci vont élaborer des voies de recours pour pallier à cette
distance via le sacrifice de l'animal qui va fairel'objet de notre étude
dans le chapitre suivant à la lumière des sacrifices animaliers
dans l'univers égyptien ancien.
Carte 1: Localisation des descendants
de Ngoe
Source : N.Kougnona `'Les Mbo entre deux
frontières résistances à la division coloniale et
franco-britannique 1914-1945''Mémoire de maîtrise en histoire,
Université de Yaoundé I, Juin, 1997, p.10..
CHAPITRE II :
FONDEMENTS ET CIRCONSTANCES DU SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS
ET LES MBO PRECOLONIAUX
L'iconographieEgyptienne, les textes de pyramides, de
sarcophages font plusieurs fois référence aux sacrifices des
animaux comme élément nécessaire pour le fonctionnement de
la société et à l'équilibre du cosmos
égyptien ancien115(*). Les Egyptiens sacrifiaient les animaux pendant les
cérémonies des dons, pendants l'investituredu pharaon d'autant
plus que la queue du taureau par exemple servait de régalia ou attribut
du pouvoir au pharaon.Chez les Mbo tout comme chez la plupart des populations
d'Afrique noire, le sacrifice de l'animal est un acte courant et essentiel pour
la stabilité de l'homme dans la société. La
quasi-universalité du sacrifice animalier en Afrique, apparaît
à l'homme comme le principal facteur intégrateur de l'humain dans
le cosmos. Dans cette perspective, il nous revient d'analyser les fondements du
sacrifice et les circonstances qui peuvent conduire au sacrifice de l'animal
dans la société égyptienne ancienne et Mbo
précoloniale.
I- FONDEMENT DES SACRIFICES
ANIMALIER DANS LA SOCIETE EGYPTIENNE ANCIENNE ET MBO PRECOLONIALE
Dans l'univers égypto-africain, toutes les
activités sont en relation avec la religion et la magie116(*). Dans ce sillage, les
sacrifices animaliers s'appréhendent dans l'univers égyptien et
Mbo comme des actes qui s'inscrivent dans le registre des rites
magico-religieux. Ces deux derniers aspects peuvent expliquer au mieux les
leitmotivs ou fondements des sacrifices animaliers dans l'univers
égyptien ancien et Mbo précolonial.
A- FONDEMENTS RELIGIEUX DU
SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
L'expression, les Egyptiens furent les plus religieux des
hommes d'après Hérodote117(*), nous laisse entrevoir que la religion
pénétrait toutes les activités de l'univers
égyptien. Il est convenable et même judicieux dans cette rubrique
de définir, d'abord la notion de religion, afin de mieux comprendre
cette dernière comme fondement du sacrifice de l'animal dans l'univers
égyptien et Mbo.
L'étymologie de la religion est discutée depuis
l'antiquité. Cicéron la rattache au verbe religere,
tandis que A. Ernout et A. Meillet préfèrent religio,
une dérivation de religare118(*). Plusieurs réflexions et définitions
ont été données à ce mot [religion]. De toutes les
étymologies, accordons nous à la conception liminaire que Morris
Jastrow donne au terme religion avant d'essayer de concevoir une
définition contextuelle. Pour Morris Jastrow,« La
religion se compose de trois éléments : la reconnaissance d'un
pouvoir ou des pouvoirs qui ne dépendent pas de nous, un sentiment de
dépendance à l'égard de ce ou de ces pouvoirs et
l'entrée en relation avec ce ou ces pouvoirs »119(*). Si l'on réunit ces
trois éléments dans une seule proposition, on peut définir
la religion comme la croyance naturelle à un ou à des pouvoirs
qui nous dépassent, et à l'égard desquels nous nous
sentons dépendants. Cette croyance et ce sentiment de dépendance
produisent chez l'homme, une organisation des actes spécifiques (des
rituels sacrificiels) et une réglementation de la vie ayant pour but,
d'établir des relations favorables entre lui et les pouvoirs en
question.
De cette conception de Morris Jastrow, nous constatons que la
croyance est en un seul et unique Dieu suprême. Cependant les hommes dans
le but de souder davantage les liens avec le suprême, utilisent dans
certaines circonstances des dieux subalternes, raison pour la quelle Jastrow
mentionne le pluriel dans la désignation de la transcendance. Le
mot religion vient du latin « religare » qui
signifie relier ; on pourrait aussi le traduire par : l'art de relier les
régions, c'est-à-dire de reconduire vers l'unité toutes
les parties divisées qui composent le tout, toutes les créatures
du monde et de l'univers et tous les savoirs qu'elles recèlent.
Chez les égyptiens anciens, l'influence exercée
par l'école d'Héliopolis sur la religion de l'Égypte ne
s'est pas seulement manifestée pas la diffusion de sa
cosmogonie, mais
aussi par la prépondérance à laquelle arriva son dieu
solaire dans tous les sanctuaires de l'Égypte. Il semble en effet que
Râ (Rê)
soit devenu le dieu égyptien par excellence. Tous les dieux chefs
d'ennéades se transformèrent à son exemple : en
soleil. Ceux même dont le caractère originel s'était le
moins effacé comme
Khnoum,
Ptah,
Amon etc,avaient
accepté la prépondérancede Râ dans leurs
sanctuaires. Le nom du dieu d'Héliopolis Râ entra en composition
avec un grand nombre de noms divins. Amon-Râ, Knoum-Râ,
Sebek-Râ, etc. Par cet accordage,Râ a désormais le titre de
père de tous les dieux.Cette convergence vers l'unicité d'un Dieu
à travers les dieux subalternes fait de ce peuple
uneentitéreligieuse monothéiste. Nonobstant lacroyance au Dieu
unique, les Mbo ont généralement empruntés des dieux
transitaires, afin de parvenir au Dieu suprême et lointain.Cette
conception des Mbo à conduit à penser que ces derniers
étaient monolâtries120(*). Cette définition nous donne l'idée
selon laquelle, la vie de l'homme, depuis l'essence du monde est largement
tributaire d'une puissance transcendantale. Ainsi, cette puissance qu'on renvoi
aux divinités se doit d'être alimenter, afin que le divin puisse
maintenir en équilibre le cosmos dans lequel l'homme se meurt sans
inquiétude, car lié aux êtres suprêmes par le lien de
dépendance.
1- La dépendance
humaine à la transcendance comme motif des sacrifices animaliers chez
les Egyptiens anciens et les Mbo
Le
culte rendu aux dieux en Egypte antique donne encore plus la mesure du
degré d'exigences qui le caractérise. Le temple est la demeure
où les dieux résident en corps et en esprit. Le temple
n'était à l'origine qu'une chambre où la
représentation du dieu, dressée sur son socle, recevait
l'adoration des fidèles, ou encore une sorte d'étable
précédée d'un enclos où s'ébattait l'
animal divin. Les
purifications, les offrandes dont on le nourrissait, les sorties solennelles
qu'on lui faisait faire furent à l'origine et restèrent toujours
les éléments essentiels du culte. Diverses causes
contribuèrent de bonne heure à la transformation du temple : Les
nombreuses scènes qui illustrent les temples nous initient clairement
aux rapports du dieu et du pharaon. Parfois nous les voyons assis côte
à côte sur un pied de quasi-égalité; mais le plus
souvent le dieu trône seul, et reçoit de son fils bien-aimé
l'offrande du vin, de l'
eau, du lait, des pains
sacrés, etc. Nous voyons le roi lui-même chasser au lasso les
boeufs du sacrifice, qu'il
accomplira intégralement comme un simple officiant. Ces scènes
strictement liturgiques ornent l'intérieur des chapelles, des chambres
des salles hypostyles et les parois de certaines tombes de l'Ancien Empire.
Figure 1: Une scène
de sacrifice de l'animal en offrande à Dieu, représenté
dans le mastaba de Ty, Ancien Empire
Source:P. Montet (de), Les scènes
de la vie privée dans les tombeaux égyptiens de l'Ancien
Empire, Paris, Librairie Istra, 1925, p. 163.
Selon Emil Fackenheim, l'homme primitif avait peur de
l'inconnu, car le cosmos étant peuplé de divinités
colériques et irascibles. Que leur colère fut justifiée ou
non, il fallait apaiser leur courroux, ce qu'il faisait en leur sacrifiant les
produits des champs, les bêtes de moindre valeur comme les volailles ou
plus précieuses, comme le boeuf, le bélier, lorsque la fureur de
la divinité était extrême121(*).
En parcourant la quasi-totalité des prières
recueillies lors des sacrifices animaliers dans l'univers égyptiens
anciens et les Mbo, nous constatons en premier chef, qu'ils ont trait à
la vie dans son sens général: le mystère de la naissance,
les rites de puberté, l'engagement dans le mariage, les
différents rites agraires que règlent l'alternance des semailles
et des récoltes, les prières pour une heureuse chasse ou une
heureuse pêche etc. Tous ces aspects de la vie prennent sens, dans le
souci de l'existence qu'il faut, tout à la fois défendre et
promouvoir via les sacrifices. Comme la menace se fait de plus en plus
présente, en ce sens que l'homme ne peut se soustraire aux risques des
catastrophes naturelles, aux nécessités de la faim, de la
maladie.Comme l'on craint d'être en butte à la malédiction
d'une puissance invisible, il sollicitera pour cela, les faveurs de la
transcendance qui l'épargneront de ces risques, à travers les
sacrifices animaliers pouvant lui permettre de conserver autant que faire se
peut, la santé et la sécurité sans lesquelles il n'y
aurait pas de vie.
Les sacrifices animaliers pourraient donc tirer leurs
fondements dans le recours aux forces divines réalisés par Dieu,
grâce à l'intercession du prêtre et pour la satisfaction du
sacrifiant. Le sacrifice animalier aura ainsi pour mission, d'assurer un
circuit de forces divines à travers l'autel, par l'intermédiaire
de la victime animale. Cette dernière permettra alors, aux relais de
Dieu, mieux aux puissances transcendantales de « se
nourrir » de l'âme de l'animal consacré en offrandecar,
le relais de Dieu perd de sa force en intervenant dans l'existence humaine, en
fécondant, en protégeant l'homme contre les méfaits de la
sorcellerie etc. Pour cela, il devient un devoir de reconnaissance pour l'homme
de restaurer l'énergie perdue à son égard. Il s'agit aussi
de donner par dévotion aux divinités, afin d'avoir
l'énergie nécessaire pour vaincre le destructeur pendant le
combat cosmique. De ce fait, Albert de Surgy pense que :
Le sacrifice nous apparaît ainsi, comme une
réaction obligatoire sous peine de dysfonctionnement de la machine
cosmique se traduisant par des souffrances pouvant conduire à la mort,
à des modifications, ardemment espérées par l'homme, du
système naturel de programmation des événements122(*).
2- Le sacrifice de l'animal
comme un apaisement des dieux chez les Egyptiens ancien et les Mbo
précoloniaux
Dans la pensée négro-africaine, la vie de
l'Homme se trouve mise en échec de suite de négligence et la
faute de l'homme, qui, oubliant sa dépendance et sa subordination
vis-à-vis des divinités protectrices de la vie, ne respecte pas
les interdits et prescriptions de ces dernières123(*). Suite à cela les
dieux entrent alors «en guerre» pour réclamer leur dû,
et faute de les apaiser, l'homme encourt leur malédiction et leur
malheur. C'est dans le contexte de cette disjonction qu'il est question des
malheurs et de la misère de l'homme124(*). Pour cela,la mise à mort de l'animal par
laquelle l'on tente de restaurer l'harmonieuse communication entre le visible
et l'invisible devient par ce fait une nécessité
indéniable dans l'univers égyptien ancien et Mbo
précolonial.
Le sacrifice est le signe qui soit plus convenable à
l'homme d'exprimer sa dépendance vis-à-vis du Divin125(*). Et, par le fait même,
le sacrifice est l'acte par excellence du culte divin. En
général, ce sont des sacrifices de dévotion aux
divinités, suite à un attachement aux principes religieux comme
Mâat en Egypte ancien ou yèmeuh chez les Mboqui
conduisent au maintient de l'ordre établi. Les sacrifices dans ce
contextes deviennent celles qui apaisent les dieux, car ces derniers, ont
besoins des ressources du monde des vivants pour vivre et pourvoir au maintien
l'équilibre cosmique, socle de vie de l'homme.
Le sacrifice va d'une simple oblation végétale
au sacrifice d'une vie animale avec ou sans effusion de sang. Toutefois, le
sang semble être élément même recherché par
les divinités, car nécessaire pour remplacer leur énergie
dépensée à l'égard de la protection de la vie de
des hommes, en perpétuelle état de proie par les esprits
maléfiques. Par cette substance (sang), les divinités se
désaltèrent, et substituent les énergies
dépensées en « mangeant » l'âme de
l'animal à eux offert par les hommes126(*). Ainsi, pour se rapprocher d'un type digne, vrai et
parfait du sacrifice, les hommes prennent généralement pour
victimes, les animaux domestiques les plus précieux comme le boeuf, la
chèvre pour y parvenir. Cependant, les hommes et les divinités
devraient se « rencontrer »à une frontière
où les échanges devraient avoir lieu. Cette frontière est
par conséquent, le sacrifice de l'animal qui par le fait, rapproche les
hommes et la transcendance par le biais de l'acte sacrificiel.
3- Le sacrifice de
l'animal : unecourroie entre les dieux et les Hommes chez les Egyptiens
anciens et Mbo précoloniaux
Les Egyptiens croyaient que les dieux, pour surveiller les
actions des humains, s'incarnaient dans des corps d'
animaux. De là
les animaux sacrés auxquels on rendait hommage et qu'il était
défendu de tuer sous peine de mort à savoir : le chat, le
crocodile, le serpent, l'épervier, etc., étaient adorés
comme des incarnations de la divinité. Ce qu'il y avait de singulier,
c'est qu'un animal considéré comme sacré dans un nome, ne
l'était pas nécessairement dans un autre. Par exemple On
vénérait le crocodile à Thèbes, on le tuait
à Éléphantine127(*). Cependant quelques animaux étaient
adorés dans toute l'Égypte. Tels étaient le
scarabée de Ptah, l'ibis et le cynocéphalede Thot,
l'épervier d'Horus, le chacal d'Anubis etc. Toutefois, les plus
célèbres des animaux sacrés étaient le boeuf
Mnévisen qui l'on voyait l'âme de Râ, le bouc de
Mendèsconsidéré comme l'âme d'Osiris, l'oiseau
Bennou, c'est-à-dire le phénix, et le taureau Hapi ou Apisqui
passait pour l'expression la plus complète de a divinité sous
forme animale. Il séjournait à
Memphis et il
était l'objet d'un véritable culte dans toute l'étendue de
l'Égypte. La durée de sa vie était fixée par les
lois religieuses : passé vingt-cinq (25) ans, les prêtres le
noyaient dans une fontaine consacrée au Soleil128(*). C'était un
véritable sacrifice non sanglant à Râ.
Dans les religions monothéistes, la distance entre
Dieu suprême et les hommes se fait toujours remarquer. Ainsi, au sommet
de la transcendance, il se trouve placé l'Etre suprême : un Dieu
souvent inaccessible depuis la création parce qu'il n'a pas de rapports
directs avec le monde et les hommes129(*). Chaque religion permet à ses fidèles
d'entrer en relation avec l'Etre suprême moyennant entre autres des
rites, des cultes, etc. Si l'Etre suprême dans les religions
traditionnelles africaines est lointain, l'Africain manifeste sa relation
à ce dernier par le biais du monde intermédiaire dont l'accession
se fait par des sacrifices qui peuvent être le produit
végétal ou animal offert à Dieu via des
ancêtres130(*). Le
sentiment religieux apparaît dès lors, comme un système de
relations entre le monde visible des hommes et celui de monde invisible
régi par un créateur et des puissances qui, sous des noms
différents et, tout en étant la manifestation du Dieu unique,
sont spécialisées dans des fonctions de toutes sortes131(*).
Toutefois la croyance à une multitude d'esprits ou de
divinités, influence et affecte profondément la vie et la survie
des adeptes des religions traditionnelles en Afrique et chez les Mbo en
particulier. A ce Dieu suprême, sont associés les esprits et les
ancêtres qui prennent une place très importante dans la vie
quotidienne des Mbo. Ces esprits sont honorés comme des
médiateurs qui transmettent les paroles et les offrandes à Dieu
suprême. Dans l'expression religieuse, ces esprits peuvent se substituer
à l'Etre Suprême soit parce que ce dernier est inaccessible, soit
en vertu du principe d'économie, car se référer à
Dieu ne relèverait que des circonstances exceptionnelles132(*). Les résidences de
ces esprits sont variées : pieds d'arbres, eaux, rochers, etc. C'est
dans ce sens, que pour des raisons d'offrandes ou de sacrifices, le rituel se
fait dans la résidence de l'esprit qui est à l'honneur afin
d'entrer en contacte avec lui par le sacrifice qui lui permettra de conduire
les doléances des hommes vers le Dieu suprême. Ici, le sacrifice
trouve son fondement sous l'angle de raccourcir la distance entre les hommes et
les divinités par le biais de l'animal consacré.
Il ressort que les sacrifices trouvent leurs fondements dans
la religion. Ainsi, l'homme étant sous la domination du
démiurge133(*),
il se trouve contraint de lui consacrer les sacrifices afin que ce
Dieu-créateur lui procure à profusion, vie, santé,
bonheur, quiétude etc. L'on se trouve également contraint de leur
faire des sacrifices afin de lui procurer des énergies qui leur
permettront de vaincre les esprits susceptibles de détruire le cosmos,
sans lequel aucune vie n'est appréhendable. Ainsi, les sacrifices
deviennent les frontières où l'homme et le divin se rencontrent.
Nonobstant l'apport du divin dans la stabilité et la survie de l'homme,
ce dernier se doit par le fait même, de participer à grande
échelle à sa survie via les sacrifices. D'où les
fondements magiques des sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les
Mbo. Pour cela, le démiurge, conscient de l'essence dualiste du
monde134(*), celui-ci va
mettre en l'homme une puissance vitale qui lui permettra d'assujettir certains
éléments de la nature et de se défendre de certaines
situations sans toutefois lui faire appel. C'est la force vitale qui doit
être activé en l'homme. C'est ce que les Egyptiens anciens
appellent Ka, les Mbo Akhem, les Béti
nsin-nsni135(*)
les Bandjounais juègne136(*). Toutefois l'activation de ce principe vital
passe nécessairement par certains rituels dits magiques qui par
ricochet, font appel aux sacrifices animaliers. D'où la magie comme
fondement des sacrifices dans la société égypto-Mbo.
B- FONDEMENTS MAGIQUES DU
SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
Une
certaine science, que les Egyptiens appelaient la magie, s'avère
indispensable. Cette science sacrée, pilier central autour duquel toute
la civilisation égyptienne s'articulait, est aujourd'hui confondue avec
la magie noire, la sorcellerie, les pouvoirs psychiques et autres
phénomènes plus ou moins inquiétants. Mais à
l'époque des Pharaons, la magie était considérée
comme une science sacrée et exacte137(*). Bon nombre d'auteurs interprètentles fondements
des sacrifices animaliers comme étant des rituels magiques. C'est
notamment le cas de Georges Gusdorf138(*). D'après lui, le sacré et le profane ne sont
pas séparés ; mais au contraire, le sacré est diffus
partout. Il consiste en une force cosmique impersonnelle. Ceci mène
à appréhender les sacrifices magiques comme étant des
pratiques servant à transformer la réalité objective en
réalité subjective par le biais de la force qui réside en
l'homme. Ainsi l'homme prédira, exorcisera et seraconnu comme, un homme
à part entière mais aussi entièrement à part du
fait de son appartenance à une caste sociale de par sa puissance vitale
ravivée.
1- L'activation du principe
vital chez l'homme comme fondement des sacrifices animaliers chez les Egyptiens
anciens et les Mbo précoloniaux
Dans ce cas de figure, le sacrifice n'est pas offert à
un divin, il n'a plus nécessairement de destinataire. Le but du
sacrifice accompagné de certains procédés occultes, est
plutôt pour l'homme de concentrer en lui, une énergie, afin de
pouvoir la manipuler139(*). D'ailleurs les Egyptiens anciens désignaient
ce procédé par l'expression Héka140(*), traduire en
Égyptien. Etymologiquement, fait de He : ce qui stimule,
modifie et de Ka : force vital présente en chaque
être. Le sacrifice n'est plus un rituel religieux, mais plutôt
magique, car par la magie ou Héka, l'homme est en même de stimuler
cette force impersonnelle qui réside en lui.Cependant, à l'aide
de ses facultés mentales et de quelques techniques occultes, l'homme a
désormais la possibilité de dévier les forces de la
nature.Il réussitaussi à modifier les effets d'une situation en
cours sans recourir à une quelconque divination, mais plutôt aux
sacrifices animaliers.La pratique de la magie dans les sacrifices animaliers,
repose sur la croyance que l'esprit humain est tout-puissant sur le monde qui
l'entoure et qu'une pensée déterminée, orientée et
concentrée, peut se concrétiser, puis influer sur les choses et
les êtres que l'homme aura au préalable ciblé. C'est pour
cela que les prêtres horologues utilisaient de la magie pour
protéger les hommes. Les prêtresmédecins recommandaient
également l'utilisation desbandelettesestampées des formules
magiques pour épargner les Egyptiens des abus
sorcières.D'ailleurs, Albert de Surgy remarquait dans la
société africaine que :
L'homme noir africain est un croyant né. Il n'a pas
attendu les livres révélés pour acquérir la
conviction d'une force, d'une puissance, Source des existences et matrice des
actions et mouvements des êtres. Seulement, pour lui, cette Force n'est
pas en dehors des créatures. Elle est en chaque être. Elle lui
donne la vie, veille à son développement et,
éventuellement, à sa production141(*).
C'est justement cette conception des sacrifices sous l'angle
de la magie qui a conduire
Bronislaw
Malinowski à reconnaitre que, la magie est
pragmatique, elle
répond à des buts précis, surtout en cas de malheur et
elle est individuelle. On recherche son efficacité et trouve ses fins
par les
rites sacrificiels142(*). Lorsque le rite
d'activation est accompli via le rituel du sacrifice de l'animal, ce
dernier,
Redonne vie à son corps spirituel, le purifie,
l'alimente et désankylose son enveloppe. Il fortifie son adhésion
au corps mystique tenu à sa disposition, lui ouvrant le droit d'en
disposer ultérieurement pour venir en aide à toute personne de
son choix. Enfin surtout il l'intellectualise et le fait progresser vers une
illumination intégrale de son âme par l'Etre divin143(*)
Ainsi, nous pouvons constater que, pour arriver aux buts
escomptés dans les sacrifices animaliers, l'on devrait être
outillé d'une technique,d'un pouvoir ou d'une force, acquis pendant les
rites sacrificiels d'activation de Héka, pour influencer sur
des cibles données via des victimes sacrificielles. Par
conséquent, les sacrifices animaliers doivent être maniés
comme des principes de puissances magiques, en réaction aux
désidératas de l'humanité ou de l'homme face au
mystère qu'est la vie. Toutefois pour conduire à bien la vie de
l'homme, qui est en perpétuelle proie aux esprits maléfiques, les
hommes vont dès lors, s'organiser en communautés
érigées en castes afin d'apprivoiser le maléfique. Ces
castes auront donc pour mission, de veiller sur l'existence humaine, à
travers le pouvoir secret et discret, que les membres auront acquis suites
à des initiations faits à partir des rites sacrificiels, au sein
des sociétés secrètes.
2-L'institutionde la magie
comme motif des sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et Mbo
précoloniaux
Les textes de Sarcophages décrivent la magie comme le
Dieu des dieux, comme la puissance créatrice insufflant la vie à
l'univers tout entier. Elle relie les dieux et les êtres dans une grande
chaîne d'union. Ainsi, la magie était pour les égyptiens
l'essence même de la religion, Héka étant
antérieur même à la création des Dieux144(*).Cependant, en Egypte
pharaonique, nous avons comme des « castes » des
prêtres, des écrivains, des artisans etc, qui pouvaient se
comprendre comme des personnes d'un secteur d'activité précis.
Ces derniers étaient sous l'influence de Pharaon, chef religieux et
accomplissaient leurs rôles sociaux tout en utilisant de la magie, qui
estd'après Serge Sauneron, un fait social en Egypte145(*).
De toute l'histoire d'Egypte, il n'est ni scribe, ni
prêtre ou sculpteur qui ne doivent à l'occasion recourir à
la magie. Cependant, ces derniers exerçaient leurs arts en y ajoutant la
force magique. C'est ainsi que le scribe de la « caste »
des écrivains pouvait rédiger des textes dits magiques, l'artisan
sculpter des amulettes ou bien des effigies auxquels il y introduisait de la
puissance à travers la magie. Aussi le prêtre magicien pouvait
exécuter les rites lié à la stabilité de
l'Égypte à travers la magie. En occurrencele rituel des quatre
boules qui est expliqué sur un papyrus du Metropolitan Museum de New
York et sur les murs du temple d'Hibis dans l'oasis de Kharga est un exemple
patent de la magie en Egypte ancienne146(*). Ce rituel était destiné à
contrer l'ennemi du dieu Osiris (Seth) dont les attaques pourraient
déstabiliser la sécurité égyptienne. Chaque jour
étaient formé quatre boules d'argile ayant chacune, le nom d'une
divinité gravée. Le rituel s'achevait par la projection de ces
boules vers chacun des points cardinaux. Ces quatre boules
représentaient Bastet, Sekhmet, Sechemtet et
Ouadjet147(*).
L'apothéose de ce rituelde lutte contre Seth, s'achevait par le
sacrifice de l'animal sethien, substrat de Seth. Ce fut le cas à Edfou
où, le prêtre magicien abattait, selon le calendrier annuel des
sacrifices, un animal sethien et par ricochet le tuait par des rites
magiques148(*).
Dans la société Mbo, les membres des
sociétés sécrètes deviennent des magiciens par le
fait qu'ils puissent commander des herbes à des buts précis, ou
bien peuvent se transformer en « so'or m'be'ûeh »,
notamment ceux de la caste Mouankoum, pour exercer leurs fonctions.
Toutefois, l'élévation d'une personne au rang supérieur
dans ces sociétés secrètes donne droit à un
sacrifice animalier149(*). L'animal à sacrifier est fonction du rang
que l'on atteint d'après la hiérarchie de ladite
société. Cependant, dans la société Mbo, les
membres de la société secrèteMouankoum par
exemple, deviennent par le fait de la magie, des maillons importants dans le
quotidien des hommes, de par leur savoir technique, leur pouvoir qui se
manifeste dans l'ésotérisme et l'exorcisme à travers les
sacrifices animaliers.
2- L'exorcisme comme source
du sacrifice chez les Egyptiens anciens et Mbo précoloniaux
Chez les anciens Egyptiens, la magie fut
considérée comme une science exacte et associée
étroitement à la médecine pour guérir ou
prévenir les maladies. Sous l'ancienne Egypte, la notion de magie noire,
blanche ou toutes autres nuances n'a pas court et apparaît plutôt
comme le symptôme d'une pratique de la magie décadente. Cependant,
il existe une forme de magie négative, dont la pratique est
illégale car, celle-ci n'est pas conforme à la loi de Mâat
et nuit à l'équilibre cosmique et sociétal.
Toutefois, dans la pensée négro-africaine, les
ancêtres sont susceptibles de se courroucer contre leurs descendants,
tout en provoquant la mise en branle d'un rituel thérapeutique
fondé sur l'offrande et la prière150(*). Aussi le corps même
de l'homme est susceptible de devenir le théâtre d'un conflit
violent avec les dieux par le biais de la possession. Dans ce sillage, le
sacrifice devient l'acte de recours qui assure l'expulsion d'un esprit
pathogène ou étranger à l'homme. Pour y parvenir, la forme
magique la plus forte du sacrifice sanglant s'associe au rituel d'exorcisme des
possédés151(*). Ainsi, nous rejoignons l'idée
déjà émise par Malinowski selon laquelle il existe un lien
étroit entre la magie et l'action.
Les mécanismes qu'utiliseront les prêtres pour
exorciser un possédé c'est-à-dire le passage d'une
divinisation abusive (possession maléfique) à la condition
humaine normale, implique une animalisation provisoire. Ce
procédé consiste à transférer l'agent
pathogène au sein d'un animal qui joue en quelque sorte le rôle de
substrat humain. Cette thérapeutique relève essentiellement de la
magie qu'utilise le prêtre pendant le sacrifice animalier d'exorcisme.
Cette technique était-elle utilisée en
médecineégyptienne lorsqu'une personne était
attaquée par les génies malveillants. Aussi, reconnaît
Serge Sauneron :
Toute maladie comporte des symptômes physiques et un
traitement approprié ; mais derrière cette apparence
physique, qui ne traite que des effets, peut se cacher une cause
immatérielle, qui, elle, est l'effet d'une volonté hostile, celle
d'un dieu ou plus couramment celle d'un démon, revenant, esprit mauvais,
génie malveillant. Si le médecin recours aux médicaments,
le sorcier lui s'attaque à la cause du mal152(*).
C'est effectivement ce que font les prêtres exorcistes
qui, en dehors de combattre le mal physique via la médication, ils font
recours aux sacrifices animaliers pour combattre le mal à la source.
Pour cela, le prêtre du Mouankoum va sacrifier un bouc pour
chasser au loin l'esprit qui est à l'origine des morts subites dans la
communauté Mbo en utilisant la force vitale ravivée qui habite en
lui153(*).
Toutefois, il est judicieux de mentionner que, contrairement
à la religion qui est une forme cultuelle ouverte et organisée,
la magie quant à elle reste ésotérique. C'est pour cette
raison que certains sacrifices animaliers revêtent un côté
obscure qui reste soustrait à la vision de l'homme ordinaire mieux du
profane. De ce fait, on avait les prêtres magiciens en Egypte
antique154(*) ou encore
les prêtres sacrificateurs chez les Mbo du Cameroun. Au demeurant, le
profane posera des questions, comment les osselets d'un animal sacrifié
pourraient-ils diagnostiquer la nature d'une maladie et déterminer
la thérapie spécialisée auquel il faut faire appel, ainsi
que le lieu où se déroulera la cure ? Ou bien,
comment la chair de l'animal sacrifié procure-t-il le moyen
d'exorciser pour de bon les forces mystérieuses des esprits? Pour
cela, il lui reviendra de pencher vers les initiés afin d'avoir des
réponses justes et fondées dans la magie des sacrifices
animaliers. En revanche, Comme l'a si bel et bien remarqué Albert de
Surgy155(*), même
si le sacrifice est accompli pour des motifs personnels, magiques ou religieux,
il n'en demeure pas moins que le résultat de son acte finit par
rejaillir sur la collectivité elle-même dont le sacrifiant fait
partie. En ce sens, le sacrifice est une occasion de sceller l'union du
particulier et du collectif ou bien la société dans laquelle il
vit.Les sacrifices animaliers par cette interférence, trouveront leurs
fondements dans un contexte de société.
C- LES MOBILES DU SACRIFICE
DE L'ANIMAL LIES AU CONTEXTE SOCIAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
L'histoire des mentalités est à même de
nous révéler aujourd'huiles aspects singuliers relatifs à
la prévention des transgressions communautaires et le maintien de la
paix sociale en Afrique. Il s'agit des alliances sacrificielles ou pactes de
sang, universellement pratiqués dans les sociétés
africaines traditionnelles156(*). On a parfois défini la paix comme
étant l'absence de guerre. Les traités de paix ordinaire mettent
fin à la guerre présente, mais non à l'état de
guerre. Par contre l'implication d'une sacralité, à travers
l'immolation sanglante réalise la disparition du «double»
formé par la mauvaise entente. On aboutit alors à cette paix
véritable, désignée par Paul Valéry en des termes
de «paix de satisfaction157(*)» qui établit, dans une confiance
générale, des rapports de paix durable, voire perpétuelle
entre les hommes en communautés, gage d'une cohésion sociale.
1- Les raisons des
alliances sacrificielles de la paix sociale chez les Egyptiens anciens et les
Mbo précoloniaux
Les alliances sacrificielles revêtent toujours un aspect
à la fois ésotérique et théâtral. Une raison
parmi tant d'autres est de rendre patent et d'imprimer dans la conscience
collective, un état d'entente cordiale valable pour les
générations présentes et avenir. On peut souligner que
lors de ces sacrifices, aucun document écrit ne peut enregistrer ni
égaler de semblables procédures, du fait du châtiment
immanent à toute dénaturation ou transgression des actes
sacrificiels dans l'univers négro-africain. C'est le cas de l'alliance
scellé à Koupé entre les fils de l'ancêtre
éponyme Ngoe après une guerre qui les opposait suites à
des raisons jusqu'ici inconnues tel que nous le confirme Gaston Charles Njalla
notre informateur158(*).
En Afrique noire, comme nous l'apprendThierno
Bah159(*) nombreux
sont les peuples qui ont noué des alliances sacrificielles. Dans une
étude remarquable sur les Anyi-Ndenye de Côte d'Ivoire, Claude
Hélène Perrot révèle quelques rituels accomplis
pour conclure des alliances160(*). C'est ainsi que les groupes Abrade et Akye, pour
ramener une paix durable dans leur zone frontalière, lieux d'une guerre
intestine, ces derniers ont «pris fétiche» (amwà), par
lequel, ils devinrent «frères» après des alliances
sacrificielles consentis. C'est grâce à une
cérémonie religieuse de sacrifices des animaux pour les
divinités que l'alliance fut conclue. Un breuvage, spécialement
préparé, fut consommé avec solennité par les
participants. Chacun des contractants invoqua le protecteur de sa
collectivité et lui offrit libations et sacrifices. L'alliance ainsi
conclue assurera la sécurité des deux groupes, tout en dissuadant
de toutes velléités agressives, afin de favoriser
singulièrement la libre circulation des personnes et des biens sur
l'artère privilégiée que constitue dans la région,
le fleuve Comoé. Une alliance similaire, symboliquement exprimée
dans un contrat religieux, a été identifiée par Eschlimann
chez les Abron, les Baoulé et les Baraba de Côte d'Ivoire. Ils
«font fétiche», c'est-à-dire qu'ils consacrent leur
alliance par un rite scellé dans le sang d'une victime
immolée161(*)
afin de préserver la paix entre ces deux peuples qui se
déchirent, mais pourtant frères.De ces alliances ou pactes
sacrificiels, une raison parmi tant d'autres est de rendre patent et
d'imprimer, dans la conscience collective, un état d'entente cordiale,
valable pour les générations présentes et à venir.
Pour cela, les pactes consentis par les membres se présenteront comme
des clauses dont la transgression conduit inéluctablement à un
châtiment irrémédiable pour quiconque passe outre ses
termes.
2- Les raisons du sacrifice
liées à la mort chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
Plus souvent, le sacrifice est explicitement une divinisation,
une
apothéose, ou
encore un véritable « cadeau » non pas aux dieux
mais à une personne. Les pratiques funéraires relèvent de
la même logique.Bien que cela soit maintenant assez implicite et que le
lien avec la divinité soit moins vu,les pratiques funéraires
incluent parallèlement les sacrifice-offrandes. Au demeurant,
l'accès au statut d'ancêtre est très important pour l'Homme
Egyptien et Mbo. L'accès à ce statut ne peut être possible
que si le défunt est pourvu des offrandes à lui faites par les
vivants. Ces offrandes à travers les sacrifices animalierspermettront au
défuntpar la circonstance de figurer dans le panthéon des
divinités du lignage ou de la communauté dont il faisait partie.
Les sacrifices permettent alors de manifester le sentiment de reconnaissance
à l'égard d'un parent ou un collatéral qui devient ainsi
une action de grâce sacrificiel à un défunt divinisé
ou un ancêtre. Ainsi, le sacrifice d'un animal de choix pendant les
funérailles d'un homme chez les Mbo, est clairement un acte d'hommage
pour que le défunt s'en aille, comme une personne entièrement
accompli, mais surtout pour que le défunt ait la capacité, les
forces nécessaires pouvant lui permettre de traverser toutes les
étapes le conduisant vers la félicité de sa vie post
mortem.
Pendant les rituels d'ouverture de la bouche du défunt
chez les Egyptiens anciens, les prêtres embaumeurs procédaient
àl'abattaged'un taurillon dit taureau-nag162(*) afin de donner voix au
défunt163(*).
Dans cette perspective, le bovidé étant le substitut du dieu
Seth, l'assassin d'
Osiriset par assimilation, le
responsable de la mort du défunt164(*). Pour redonner voix au défunt,une patte avant
du taurillon est coupée par le prêtre. En courant, un autre
prêtre porte le cuisseau encore palpitant de vie vers la bouche de la
momie. Ce geste est suivi par la présentation du coeur de
l'animal165(*). Cet
abattage ne vise pas à alimenter la momie mais à l'animer en
transmettant la force vitale du jeune bovidé au le
défunt166(*).
Après cela, des gestes rituels mettent en contact la bouche, les yeux et
les oreilles de la momie avec de nombreux objets liturgiques inspirés
par les outils des sculpteurs (
herminettes, ciseaux,
polissoirs, etc.). Tous ces gestes, sacrifices et passes magiques, sont
dédoublés : la première fois pour la
Haute-Égypte, la seconde fois pour la Basse-Égypte167(*). À la fin, la momie
est placée dans son tombeau et commence à
bénéficier du service des offrandes funéraires afin qu'ils
puissent devenir des imâkhou168(*) (esprits glorifiés, morts bienheureux).
Si Anubis est surtout connu pour ses fonctions funéraires dès ses
origines, il est aussi assigné à la pratique du sacrifice des
bêtes à corne qui constitue pour cela le point d'orgue des rituels
funéraires en Egypte comme nous l'apprend le récit mythologique
du Conte des deux frères169(*).
3- Les fondements
liés au contrat social ou au communautarisme chez les Egyptiens anciens
et les Mbo précoloniaux
Thomas Hobbes voyait muabilité humaine en affirmant
que, l'homme dans son essence, se caractérise par la violence
gratuite170(*). Ainsi,
la société depuis les origines l'humain a planté le
décor d'un terrain propice et favorable à la cruauté. De
ce fait, la vie en société devient une étape où la
crainte d'être tué se succède au besoin de vivre. Pour
faire cesser cette situation où l'homme pourrait être un loup pour
l'homme, les hommes trouve donc pour moyen, d'aliéner tous, leur
liberté naturelle mu par l'instinct de guerre, puis de transférer
à un souverain, toutes leurs forces individuelles afin que ce dernier
l'utilise sur quiconque tentera de transgresser le contrat établis. Ceci
au nom de la paix et la stabilité dans les relations intra-humaines.
C'est la naissance des sacrifices animaliers où l'animal consacré
se substituera en souverain dans les relations entre les hommes après
des rites sacrificiels réalisés par ces derniers en guise de
pacte, dans le souci d'avoir une société où il fera bon
vivre dans les rapports sociaux.
Dans certains rapports sociétaux, le sacrifice de
l'animal devient l'élément par lequel, les hommes
établissent leurs contrats sociaux. Dans cette perspective, les
sacrifices deviennent sans ambages, des alliances de non agression dont l'enjeu
est la fidélité réciproque à une décision
collégialement consentie. C'est pour cela que dans les rapports sociaux,
l'homme ayant entrepris un pacte, prenait des dispositions remarquables, afin
de ne point tomber à la transgression des clauses établis. Ces
contrats sociaux à travers les sacrifices des animaux étaient une
façon de prévenir et de préserver la
sécurité dans la communauté. C'est le cas des sacrifices
qui se faisaient dans les rapports de mariage par l'immolation d'une
chèvre chez les Mbo171(*). Aussi, lorsque homme concédait une parcelle
de terre à une tierce, en contre partie d'une chose de valeur
égale ou moindre, le contrat se faisait par l'immolation d'un
coq172(*), comme pour
établir un pacte.
Par ailleurs, nous n'avons retrouvé nulle part les
indices des sacrifices animaliers dans les rapports intra-humains chez les
Egyptiens, néanmoins, le constat qu'on peut faire, c'est que,
les sacrifices des animaux chez les Egyptiens anciens ou chez les Mbo, trouvent
leurs fondements dans le souci pérenniser la vie, en combattant les
forces destructrices. Chez les Egyptiens anciens tout comme chez les Mbo, les
sacrifices des animaux se réalisaient pour les mêmes raisons,
à savoir, ceux de la cohésion sociale, de la croissance normale
des plantes, de la multiplication des Cheptels, de la neutralisation des
rebelles, de la sécurité des frontières etc.173(*), mais surtout à des
fins magiques et au recours à la perpétuelle collaboration du
divin pendant certaines circonstances particulièrement grave.
II- CIRCONSTANCES, ACTEURS
ET EXIGENCES DU SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
La plupart du temps, le sacrifice de l'animal dans les
sociétés Mbo et égyptienne n'est pratiqué que dans
les circonstances bien particulières. Ces circonstances peuvent
concerner la famille ou la communauté entière et peuvent
être malheureux ou de bonheur. C'est ainsi que loin d'être
exhaustive nous avons recensé des cas liés aux morts subites,
à la succession des mauvaises récoltes, la recrudescence des
maladies, les naissances, des mariages lors du décès des
dignitaires, etc dans la société égyptienne et Mbo.
L'exécution de ces sacrifices feront inéluctablement appel aux
prêtres qui, spécialiste dans le domaine officieront en faveurs
des hommes. Ces derniers, seront tenus à observer et à respecter
scrupuleusement les règles y afférent afin que les sacrifices
atteignent les buts escomptés.
A- CIRCONSTANCES DU
SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
Dans cette rubrique, il sera question pour nous de
présenter les circonstances liées au décès des
dignitaires, de recrudescence des maladies, morts subites et mauvaises
récoltes pour n'en citer que ceux-ci.
1- Le cas des sacrifices
liés au décès d'un dignitaire dans la
société égyptienne et Mbo précoloniale
Christiane Desroches-Noblecourt reconnaît que :
« la mort de tout Pharaon pouvait entrainer une rupture de
l'équilibre cosmique et sociale dont il est essentiel d'éviter
les incontournables conséquences174(*) ». Pour éviter la rupture de cet
équilibre et par conséquent le désordre social, les
Egyptiens anciens procédaient aux sacrifices d'animaux pour maintenir
pérenne l'équilibre établi par le démiurge. Ainsi,
Pharaon considéré comme le seul à pouvoir approcher de
près le Divin, leneter175(*). Le mort pouvait également se confondre
à dieu selon la pensée thanatologique égyptienne. Pour
cela il se devait d'être nourri des offrandes après sa mort afin
de consolider au mieux, avec les autres divinités, le contrôle de
l'équilibre cosmique et social. De ce fait, les hommes se chargeaient de
lui faire des sacrifices pour que le roi soit apaisé et qu'il ait les
forces nécessaires dans le maintien de l'ordre cosmique. C'est la
raison pour laquelle lors du rituel d'embaumement, un taureau se faisait
sacrifier afin de redonner au défunt les énergies
nécessaires pour continuer sans embuche son existence post mortem. Chez
les Mbo, la fin du deuil d'un dignitaire (Chef de famille, Chef du village,
dépositaires de la tradition...), il s'en suit toujours par les rites
sacrificiels d'animaux, une sacralisation du défunt au statut de
l'ancêtre.
En revanche, chez les négro-africains en
général et chez les Mbo en particulier, il est important de
souligner qu'on ne fait pas le sacrifice de l'animal pour tous les
défunts, car comme le précise Dominique Zahan :
L'ancêtre est d'abord un homme parvenu à un grand
âge, ayant accumulé avec longévité une profonde
expérience des hommes et des choses. On l'oppose ainsi aux personnes peu
avancées en âge, à celles que la crédulité et
l'inexpérience de la vie classe dans la catégorie des enfants et
des jeunes ; à ceux-là habituellement, on n'accorde pas des
funérailles exceptionnelles, ils ne recevront jamais « un
culte »176(*)
C'est pour cette raison que, lorsqu'un individu
décède chez les Mbo, on organise immédiatement des
funérailles. C'est généralement le troisième jour
après son enterrement que le sacrifice d'un animal est
exécuté. Le sacrifice de l'animal est dans ce sillage, une porte
d'accès au statut d'ancêtre. S'agissant d'un dignitaire de haut
rang, l'animal à mettre à mort est généralement un
bouc, de préférence barbu. Toutefois en Egypte ancienne, les
dignitaires étaient représentés par les boucs
barbus177(*)
178(*).Le
sacrifice de l'animal pendant le décès d'un dignitaire
correspondait à tuer symboliquement la mort. Cependant,
dépecerpuis manger la chaire de l'animal revenait à reconstituer
par les rituels magiques,le défunt comme l'avait fait Isis pour Osiris
aprèsl'assassinat et ledépècement de ce dernier par son
frère Seth179(*).
Ces types de sacrifices rejoignent ce qu'on pourrait qualifier de sacrifice
d'apothéose180(*). Ceci pour aider le défunt de se diviniser
par l'entremise des hommes et afin d'éviter que le défunt-dieu
ne se mette en colère contre les vivants.
2- Le cas des sacrifices
liés aux mauvaises récoltes chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
Lorsque la production agricole baisse considérablement
dans la communauté pendant plusieurs années, Le Mbo attribue le
phénomène à l'action des forces du mal ou des personnes
maléfiques. Ces personnes sont accusées soit d'utiliser les
forces surnaturelles pour s'arroger de la production des autres à leurs
détriments, soit pour se nourrir clandestinement ou pour le simple
désir de faire du mal181(*). Certaines descultures qui poussent dans les champs
de ces malfaiteurs, utilisent une énergie mystique pour attirer les
substances nutritives des champs environnants182(*), tout en appauvrissant ces derniers. De même
les animaux dévastateurs appartenant à des malfaiteurs pillent
mystiquement de nuit les champs des autres pour se nourrir183(*). Après le constat
d'une telle situation par les membres du Mouankoum, il se dit qu'il
existe dans la communauté des personnes détenteurs des totems
maléfiques qui leurs permettent de dévorer les récoltes ou
encore du « N'ju'ul » pour augmenter de
manière mystique leurs production au péril des autres.
La situation des mauvaises récoltes peut être la
conséquence du courroux des ancêtres gardiens qui, du fait de la
non exécution des rituels sacrificiels laissent à vau-l'eau la
communauté, à la merci des ennemis qui à leur tour
chercheront à plonger cette dernière dans la famine via la
dévastation des cultures. Une annéeselon nos informateurs a fait
l'objet de ces mauvaises récoltes en ce qui concerne la culture de taro
dans les régions du peuple Mbo. Au moment où les autres
régions n'étaient pas menacées du phénomène
d'assèchement des feuilles de taros cultivés. Face à cette
situation les Mbo souffraient du manque à gagner dans leurs moissons.
Pour remédier à cette situation désagréable chez
les Mbo, les sacrifices communautaires se sont exécutés au lieu
dit Koupé par les dépositaires de la tradition mieux
« ba'a mbo'o » de la caste Nkoum. Ces
sacrifices selon nos informateurs nécessitent précisément
l'immolation de neuf chèvres, neuf coqs et tout autre chose au nombre de
neuf pour accompagner le rituel184(*).
Chez les Egyptiens anciens, les sacrifices animaliers se
faisaient pour apaiser le dieu du Nil
« Hâpy » afin que ce dernier pourvoitaux
bonnes récoltes via la stabilisation des eaux du Nil, don de Dieu pour
les Egyptiens185(*).
Toutefois Jean Yoyotte, reconnaît que :
Le rituel prescrivait de jeter au fleuve des
pâtisseries, des bêtes sacrifiées, des fruits, des amulettes
pour éveiller et entretenir la force de la crue et aussi des figurines
féminines, afin de provoquer lerut du grand Nil aux vagues puissantes
qui se lancent sur la terre et engendrent l'Egypte186(*)
Cependant, ayant connu la famine qui durât sept ans, les
Egyptiens anciens n'étaient plus à même de
considérer les sacrifices animaliers comme une affaire facultative, mais
plutôt comme l'élément essentielle pour la stabilité
sociale et cosmique. Pour ne plus arriver aux crues débordantes et
dévastatrices du Nil ou bien à l'étiage du Nil187(*). Il était donc
nécessaire et même capital pour les Egyptiens anciens, de faire
des sacrifices animaliers ou mieux de faire offrandes au dieu
Hâpy188(*).
Il étaitégalement bénéfique pour les Mbo de
faire des sacrifices des animaux aux ancêtres de la communauté,
afin d'avoir les bonnes récoltes.
3- Circonstances de la
recrudescence des maladies et des morts subites chez les Egyptiens anciens et
les Mbo précoloniaux
Les maladies auxquelles l'on fait allusion sont celles dont
souffrent habituellement les hommes mais auxquelles sont
intégrées la dimension sorcière et une guérison
difficile (maux de tête, de ventre, courbatures, fièvre, etc.).
Lorsque ces maladies deviennent endémiques pour la communauté, il
devient nécessaire d'exécuter les sacrifices afin d'endiguer le
phénomène qui a pris une allure maléfique. T. Tsala
cité par Laburthe-Tolra et Warnier189(*) fait remarquer qu'en ce moment, aucune maladie n'est
plus considérée naturelle, mais attribuée plutôt
à la malveillance d'un être, d'un mort, d'un génie, d'un
ennemi ou bien d'un parent irrité, d'où la mise en relief d'un
enchevêtrement des causalités d'un mal ou d'une maladie. Pour cela
les dépositaires de la tradition ou prêtres chez les Mbo,
organisèrent les rituels sacrificiels de purification de la
communauté190(*)
et de prévention des ces épidémies.
Toutefois, lorsque des personnes meurent sans être
malades, de suites de noyade, ou bien par pendaison, on parle de mort
subite191(*).
Très souvent les raisons sont mal connues et restent attribuées
aux esprits maléfiques. On sait que la cause d'une mort peut être
la noyade, la pendaison mais la raison mal connue. Les victimes décident
sous un entêtement bon gré ou malgré de se passer la corde
au cou, ou suite à un problème de se jeter à l'eau. On dit
alors que les victimes sont sous l'emprise des esprits maléfiques. Pour
mettre hors d'état de nuire ces esprits, cela induit une protection ou
un « blindage » qui doit se faire avec l'immolation d'un
animal dont le plus souvent un poulet192(*). C'est ainsi que les égyptiens anciens
utilisaient la magie pour se protéger via les talismans, les amulettes
faits des ossements ou des parties des animaux pour protéger le corps de
toute atteinte pernicieuse193(*).
Se faisant,pour que ces sacrifices aient une portée en
faveur des hommes, il s'en suit que le sacrifice de l'animal est un acte soumis
à un certain nombre de règles que la société se
doit de respecter. De ce fait, il ressort que le sacrifice de l'animal est un
rite qui s'exécute par une personne connue, en un lieu donné et
un temps bien indiqué. C'est pour cela qu'on observera comme un
schéma sacrificiel bien établit dont, il revient à
présenter les acteurs et les exigences y afférents.
B- ACTEURS ET EXIGENCES DU
SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
L'organisation d'un rituelsacrificiel de l'animal dans
l'univers égyptien ancien et Mbo précolonial demande la
participation de plusieurs acteurs pour sa réalisation. Il s'agit d'une
part des vivants et d'autre part des divinités qui doivent entrer en
contact à travers un moyen qui est de ce fait une victime animal. Ce
contact selon les circonstances doit se faire en un lieu donné et en un
temps indiqué. Cependant, les acteurs sont soumis à observer les
exigences liées aux rites sacrificiels des animaux, afin d'assuré
son efficacité.
1- Les acteurs et
compléments du sacrifice de l'animal chez les Egyptiens anciens et les
Mbo précoloniaux
Parmi les acteurs du sacrifice nous pouvons recenser ceux du
monde invisible ou spirituels dont les divinités, ceux du monde visible
ou matériel dont les hommes, l'animal, et les compléments de
sacrifices.
a- Les
divinités
Dans la pensée égypto-africaine, les
divinités sont des acteurs qui intercèdent pour les Hommes
auprès de Dieu suprême en vue d'obtenir certaines faveurs. Les
sacrifices leurs sont offerts et en retour, ils offrent des
évènements heureux, protègent la communauté des
esprits maléfiques. Leur rôle consiste à organiser
l'équilibre des forces spirituels, afin d'assurer le maintien de l'ordre
métaphysique et social. Ce sont les ancêtres dans la
société Mbo ou les dieux des temples chez les Egyptiens.
Cependant dans la société égyptienne
ancienne, nous avons la présence de plusieurs dieux qui étaient
rattaché à « Râ ». Ainsi chaque nome,
chaque groupe sacerdotal avait sa croyance ou mieux son dieu. Toutefois, que le
dieu appartienne à une cité puissante ou débile, celui-ci
possède toujours un potentiel, une force vitale qui fait de lui un
ntr194(*) de
même nature que ses voisins des grandes métropoles
égyptiennes. En lui, réside cette force anonyme et impersonnelle
qui se trouve dans chacun des êtres divins, sans pourtant se confondre
avec aucun d'eux195(*).
Chaque être divin conserve sa part du ka. Cependant les
offrandes sacrificielles sont offertes à chaque dieu du temple afin de
maintenir l'équilibre cosmique196(*). Nous pouvons ainsi conclure que les
divinités sont les êtres transcendantales, les ancêtres ou
bien les dieux « ntr» qui se confondent au Dieu
suprême « Rê »dans la théologie
héliopolitainne chez les Egyptiens ou «Son meuh
yèmeuh » chez les Mbo précoloniaux. Ces
entités spirituelles dans les sacrifices animaliers, entrent en contact
avec le monde matériel par le biais d'un animal, pour arriver à
la dialectique monde visible-monde invisible. Ainsi nous retenons deux
dimensions transcendantales dont Dieu créateur et les ancêtres qui
sont les relais des dieux.
b- Le
sacrifiant
Précisons qu'un individu ou une collectivité
peut être auteur d'un ou plusieurs sacrifices animaliers. D'ailleurs
Jean-Marie Tremblay qui a étudié l'oeuvre de Henri Hubert et
Marcel Mauss, illustre bien à cet effet que :
Le sujet qui recueille ainsi les bénéfices du
sacrifice ou subit les effets. Ce sujet est tantôt un individu et
tantôt une collectivité, famille, clan, tribut, nation,
société sécrète... Quand c'est une
collectivité, il arrive que le groupe remplit collectivement l'office de
sacrifiant, c'est-à-dire assiste en corps au sacrifice ; mais
parfois aussi, il délègue un des ses membres qui agit en ses lieu
et place. C'est ainsi que la famille est généralement
représentée par son chef, la société par ses
magistrats197(*).
Les cérémonies sacrificielles des animaux
organisées officiellement par l'État avaient une importance
autant politique que religieuse.
c- Les
sacrificateurs
Les sacrificateurs sont les officiants des sacrifices des
animaux, ceux-ci ont la capacité de voyance et une certaine puissance
pour détecter le mal et le guérir198(*). Le sacrificateur se recrute
parmi les dépositaires de la tradition chez les Mbo. Après
désignation, ils deviennent des prêtres comme chez les Egyptiens
où nous avons les « prêtres sacrificateurs qui
étaient chargés d'égorger les bêtes
consacrées à l'offrande dans l'Egypte ancienne199(*)». C'est en faite les
prêtres sem qui seront accompagnés des prêtres
lecteurs chargés de lire les textes sacrés qui ouvrent et
clôt le rite sacrificiel.Plusieurs sources, en particulier les
inscriptions tombales, décrivent les prêtres sacrificateurs
vêtus d'une peau de léopard pendant qu'il est entrain d'exercer sa
fonction. Cependant, il serait probable comme le pense Richard Lejeune, que
lors de certaines cérémonies, les prêtres revêtaient
une tenue symbolique du dieu auquel était dédié le
sacrifice200(*).
À l'origine, le
prêtre-Sem
était un membre du clergé de
Ptah à
Memphis
chargé de l'habillage des statues divines. Cet officiant est aussi
devenu le chef du clergé de
Sokaris, le dieu faucon
momifié, une divinité funéraire très tôt
assimilée à
Osiris201(*). À travers cette
fonction, le Sem est devenu l'un des principaux acteurs du rituel de l'
ouverture de la
bouche pratiquée sur les défunts momifiés le jour de
la mise au tombeau. D'ailleurs cette étape de l'ouverture de la bouche
du défuntfaisait office du sacrifice d'un taureau dit
taureau-mag.
Photo 1: Prêtre sem
pratiquant le rituel d'ouverture de la bouche de la momie du
défunt
Source : R. Lejeune,« rituel
d'ouverture de la bouche »,
http://www.egyptos.net/,
consulté le 02 mai 2015
Photo 2: Les prêtres
chez les Mbo
Source : Album Photo Arthur Essoh,
Photographe, Mbouroukou le 23 Décembre 2015
Ces prêtres chez les Mbo sont généralement
les représentants de la communauté dans le cadre des sacrifices
collectifs. Ils officient en qualité de prêtre lors d'un sacrifice
individuel.Ce sont « ba'a mbo'o » ou bien,
les dépositaires de la tradition. Ces derniers officient de
manière mystique pour l'intérêt de la communauté
comme nous l'avons mentionné plus haut.
d- Le
sacrifié
Si au départ, ce sont essentiellement les animaux
sauvages qui étaient sacrifiés en offrande aux divinités,
comme c'était le cas pendant la période prédynastique, la
diffusion des animaux domestiqués au Proche Orient fit de ces derniers,
les principales victimes sacrificielles dans les rituels égyptiennes
à partir du Nouvel Empire202(*).La victime animale qui se présente comme
l'élément à sacrifier, peut faire l'objet d'un sacrifice
sanglant ou non sanglant. Cependant, il y a une catégorie d'animaux
impurs que les hommes écartent des sacrifices. Cette discrimination
dépendait des considérations qu'on faisait de l'animal et des
croyances auxquelles une cité attribuait l'animal. Il s'en suit qu'on
retrouve un autel sur lequel le sacrifice se réalise, ces autels sont
dans les temples, les bosquets, les tombes etc. Ces lieux
énoncés, sont considérés comme résidences
des dieux chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux. Nous
remarquons qu'ici, les acteurs sont recensés parmi les
sacrifiants, les sacrifiés et les destinataires.
e- Les compléments
du sacrifice
Les compléments du sacrifice sont les
éléments qui participent à la réalisation de ce
dernier et dont les rôles et la symbolique ne sont pas des moindres dans
la société égyptienne et Mbo précoloniale. Ce sont
les végétaux constitués d'herbes et écorces
sacrées comme le roi des herbes (Oxilia barrelieri, Ageratum
conizoides), du jujube (anarcadium indica), les raphias, le vin
et l'huile de palme pour libations aux ancêtres, les matériels
comme le couteau ou des couteaux apotropaïques et les baguettes en forme
de cobra chez les Egyptiens sont tout particulièrement associées
à Héka203(*). Nous avons également les formules rituelles
qui étaient incontournables dans les sacrifices animaliers. On les
retrouve dans divers documents, principalement le Livre des Morts chez le
Egyptiens. C'est également l'occasion pour les sacrifiants d'apporter
aux divinités des offrandes végétales
(céréales, fruits, fleures) et liquides (bière,
parfum...) qui seront accompagnées des chants et prières.
Cependant, chez les Mbo, un repas spécialement fait par les femmes ferme
le sacrifice avec pour leitmotivs, la communion des acteurs ayant pris part au
rite du sacrifice de l'animal. Toutefois, le reste de nourriture devra faire
l'objet d'une consumation au lieu où le sacrifice fut
réalisé. Cette restriction fait d'ailleurs partie des exigences
du sacrifice, qui doivent être respectées afin de s'assurer de
l'efficience de ce dernier. Ainsi, pour mieux saisir la place des acteurs et
leurs interactions dans le sacrifice animalier, l'on pourrait probablement
trouver lecture facile à travers le schéma ci-dessous
matérialisé.
Schéma 5: Récapitulatif des acteurs d'un
sacrifice animalier
Source : « Les
offrandes »,
www.getpart.php.htm#Noteftn212,
consulté le 15 mai 2015
De ce schéma, il ressort que les sacrifices
initiés par un groupe ou une personne font appel à un
prêtre sacrificateur, afin d'immoler un animal en un lieu précis
ou autel. Ces sacrifices seront transmis aux ancêtres qui, à leur
tour, conduiront les sacrifices vers le Dieu tout-puissant. De ce fait, il se
dégage que, les sacrifiants, prêtre, victime et l'autel sont du
monde visible tandis que les ancêtres et Dieu sont du monde invisible.
Cependant, nous avons deux mondes qui essayent de se mettre en contact à
travers une victime animale : les vivants et les divinités. Le
schéma laisse aisément entrevoir, par le sens des flèches,
une dialectique qui se lit sous l'angle de donnant-donnant. Ainsi, les acteurs
se placent dans une interaction jalonnée d'exigences militant pour
l'efficacité des sacrifices sanglants ou non sanglants des animaux
selon les circonstances dans les sociétés égyptiennes et
Mbo précoloniales.
2- Exigences du sacrifice
des sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
Les exigences auxquels sont soumis les acteurs du sacrifice de
l'animal dans la société égyptienne ancienne et Mbo
précoloniale, militent pour l'efficacité du sacrifice dans les
buts escomptés par le sacrifiant ou le groupe sacrificateur. Il
relève au demeurant de l'hygiène des acteurs jusqu'aux exigences
spatio-temporelles.
a- Des règles
hygiéniques des sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les
Mbo précoloniaux
En Egypte antique, le prêtre, avant tout rituel
était astreint à un certain nombre de règles. Selon
Hérodote, ce dernier devait :
Faire ses ablutions, deux fois le jour et deux fois la
nuit ». C'est la condition de base d'admission d'un égyptien
dans un sanctuaire, d'autre part, le prêtre devait être
rasé, tondu et épilé, il devait être circoncis, ce
qui n'était pas le cas des laïcs , il devait encore s'être
abstenu de toute relation sexuelle pendant sa période d'activité
dans le temple, ne pas avoir enfreint l'interdit religieux spécial au
dieu de sa ville tabou alimentaire ou action prohibé et n'être
vêtu que d'une étoffe pure de lin, à l'exclusion de tout
fil de laine et de tout cuire ayant appartenu à un animal
vivant204(*).
Ces exigences sont également faites à
l'officiant du rituel dans la société Mbo. Car celui-ci devait
s'abstenir de toute relation sexuelle quelques jours avant le sacrifice de
l'animal. Il doit être membre de l'une des sociétés
secrètes ou bien dépositaire de la tradition et parfois
même le doyen de ces dépositaires de la tradition lorsqu'il s'agit
d'un sacrifice collectif. Après le sacrifice, le prêtre
rentré chez lui, se doit de faire des ablutions ou laver son
corps205(*) avant
d'avoir des rapports sexuels avec sa femme, au risque d'avoir une
progéniture monstrueux (enfants siamois, enfant alité, etc). En
revanche, ceux qui ont été purifiés doivent
également observer une période de trois à quatre jours
avant prendre un quelconque bain206(*). Bref il est interdit de se laver jusqu'au
troisième jour à partir du jour du rituel sacrificiel
d'expiatoire, de peur d'anéantir la puissance ou l'efficacité du
sacrifice de l'animal.
Dans la même vision des exigences liées aux
sacrifice des animaux, une fois la décision de l'organisation du rituel
sacrificiel communautaire prise, les femmes du village se doivent d'apporter du
bois longtemps mis à l'abris des intempéries ou mieux qui
à longtemps été placé à l'entrepôt du
bois de la cuisine traditionnelle et, ceux de couleur noircit par le
fumée. Ce bois servait lorsquenécessaire à la braise de la
viande de l'animal sacrifié207(*).
a- Des restrictions
spatiales
Selon une croyance générale chez les
négro-africains, les ancêtres habitent le « village des
morts » situé le plus souvent au caveau familial ou mieux au
cimetière. Toutefois, il y a l'idée d'un long voyage à
effectuer pour rejoindre un « pays des morts » lointain.
Néanmoins, pas de rivière à franchir, pas de montagne
à gravir : C'est le cimetière-même qui constitue le
« village des morts ». De là, les défunts y
mènent une existence qui est l'exacte réplique de celle qu'ils
ont connue dans de leur vivant. Comme semble indiquer le jeu
maîtrisé de la construction des tombes égyptiennes, cela
confirme à merveille l'idée d'une vie post mortem qui a lieu dans
la tombe, affectant la forme d'une « case » avec une
« cour » nettoyée : c'est la pyramide. Dans ces
Pyramides ou ces cimetières, les hommes déposaient des offrandes
sacrificielles à l'honneur des défunts208(*). Ces derniers en avaient
besoin pour continuer leur existence à l'au-delà et conduire les
doléances des vivants auprès du Dieu suprême. Lorsqu'il
s'agissait d'un sacrifice communautaire chez les Mbo, le chef de la
communauté mettait en oeuvre des procédures rituelles
d'exception. Pour cela, il faisait appel aux sociétés
initiatiques ou secrètes de la communauté (Mouankoum, Nkoum,
Ahon...), lesquelles, à travers les cimetières, entraient en
contact avec les morts ou mieux les ancêtres afin déposer les
doléances de la communauté.
Au demeurant, s'agissant du sacrifice individuel, le cadre
retenu pour le rituel doit être la concession du sacrifiant lorsqu'il
s'agit surtout d'un sacrifice d'expiation d'un sort comme ebe'e chez
les Mbo. Le repas qui accompagnait ce rituel sacrificiel d'expiation se devait
d'être consommé dans la concession du concerné, de
préférence dans la cour. Rien ne devait sortir du cadre
indiqué.Passer outre ces recommandations, le fautif s'attirait la
malédiction de la part des ancêtres209(*).
Notons cependant que c'est selon nos informateurs
derrière la maison du concerné qu'on devait jeter le reste de
nourriture. Ainsi, le fait d'utiliser le derrière de la maison pour
jeter le reste de nourriture ou des déchets voudrait signifier que
le malheur est rejeté aux esprits maléfiques et par la
circonstance, on faisait appel au secours des ancêtres, pour le bon
rétablissement du sacrifiant et partant, de la
société210(*). Pour cela Paul Ulrich Otyé Elom
reconnaît que, « tout d'abord c'est du derrière que le
mort s'en va au royaume des ancêtres ; c'est à partir de
là qu'on lui dit au revoir [...] Mais aussi, c'est de
derrière que s'en va le malheur211(*) ».
Il ressort que les sacrifices chez les Egyptiens anciens et
Mbo précolonial se réalisent à la frontière entre
le village des ancêtres et celui des vivants. Le lieu où les morts
se faisaient enterrer constituait la frontière entre lesdits villages.
Nonobstant ces tombeaux, les Egyptiens réalisaient également les
sacrifices des animaux dans les temples car, y résidait
également les dieux212(*).
b- Le temps
indiqué
Dans la conception égyptienne du cycle complet de
l'année, la saison sèche représente la période
mâle et la saison pluvieuse, la période femelle dont la
conjuration donne naissance aux enfants comme les plantes, les animaux, la crue
du Nil213(*) etc. La
conception saisonnière également établie chez les Mbo est
un jeu complet de correspondances qui rend opérationnel l'organisation
les sacrifices des animaux. Ainsi les Egyptiens sacrifiaient des animaux aux
dieux lors des fêtes de débuts des saisons aux épisodes
agraires (semailles moissons, crue)214(*). Chez les Mbo, les sacrifices rituels de routine
avaient généralement lieu en saison sèche comme nous
l'indique notre informateur, ce sont les rites d'Adjan
précédés du sacrifice d'un ou plusieurs animaux, qui se
tenaient dans chaque clan au lieu dit Ebeum ou pé'e
ngwe'eh215(*).
Toutefois, l'aube reste le moment le plus indiqué pour
exécuter les sacrifices rituels chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux. Le choix de ce moment du jour revêt une
signification d'envergure. C'est la période de rupture entre la nuit ou
les ténèbres porteuses de mal et la lumière ou le jour,
source de vie, de prospérité et d'espoir chez les Mbo. Pour s'en
rendre compte, il suffit d'examiner la symbolique du soleil dans la mythologie
héliopolitainne que nous traversons ici sous silence.
c- Le type d'animal de
sacrifice chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
Dans la société égyptienne ancienne et
Mbo précoloniale, les animaux voués aux sacrifices sont choisis
selon un code subtil, qui est établi en fonction d'exigences
spécifiques attribuées à chaque entité spirituelle.
Ce code contient une liste limitée d'espèces animales dont
chacune d'entre elles sera retenue à partir d'un certain nombre de
caractéristiques physiques : sexe, couleur, nature du plumage ou du
pelage etc. Certaines modalités pratiques telles que la façon de
capturer l'animal ou la technique de sa mise à mort pourront
occasionnellement être prises aussi en considération. La couleur
de la robe de l'animal peut avoir une importance dans le sacrifice. Chez les
Mbo pour le sacrifice animalier d'expiation, la robe blanche était la
plus souhaitée et conseillée par les devins et prêtre
sacrificateurs216(*).
Se faisant, la catégorie de l'animal exigé est
fonction du nombre des offrants. Quand il s'agit d'une famille ou d'un sujet,
le nombre des animaux est moins grand que s'il s'agit de la
société. Ainsi il ressort que le type de victime à
sacrifier dépend du type de cérémonie à
réaliser. Cependant, pour y arriver, l'animal doit être sain et
sans défauts physiques afin que, les entités réceptrices
à savoir les divinités ne pas rejettent le sacrifice à eux
effectués par les vivants, qui à leur tour attendent satisfaction
de l'effort sacrificiel fourni.
Au regard de ce qui précède, les sacrifices
animaliers trouvent leurs fondements dans le souci de la vie qu'il faut tout
à la fois défendre, promouvoir et pérenniser. Pour y
parvenir, les hommes vont s'adresser aux entités divines à
travers les sacrifices afin que ces derniers aient la volonté des
interventions bienveillantes sur la communauté en tant que puissances
supérieures qu'ils sont dans la société égyptienne
ancienne et Mbo précoloniale. Nonobstant le recours à des
divinités, les hommes vont utiliser dans leurs faits et gestes, de la
magie également creuset des sacrifices animaliers dans l'univers
égyptien ancien et Mbo précolonial, pour défendre la vie
en proie aux esprits du mal. Toutefois, la pratique de ce rituel reste
largement soumise aux exigences que les hommes doivent respecter afin de
s'assurer de l'efficacité du sacrifice. Aussi, la circonstance qui
nécessite le sacrifice de l'animal détermine la quantité
d'animaux à sacrifier, mais surtout, le type de sacrifice à
exécuter des deux types de sacrifices animaliers à savoir :
le sacrifice non sanglant et le sacrifice sanglant.
C- LES TYPES DE SACRIFICES
ANIMALIERS CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
Selon que les circonstances varient d'une situation à
une autre, le sacrifice de l'animal à réaliser est de type
sanglant ou non sanglant. Le choix de l'un des deux types de sacrifice est fait
en fonction de la situation afin de remédier au problème faisant
appel au rituel sacrificiel de l'animal dans l'univers égyptien ancien
et Mbo précolonial.
1- Les sacrifices
non-sanglants
En Egypte, plusieurs sources démontrent à
merveille que les Egyptiens pratiquaient les sacrifices non sanglants.
D'ailleurs Jean Yoyotte reconnaît que les hommes jetaient à l'eau
du Nil des animaux destiné à apaiser le dieu
« Hâpy »217(*). Cependant, un autre passage inscrit sur la paroi de
l'antichambre de la pyramide de Mérénrê de la Ve
dynastie, où il est demandé à Anubis de garantir des
offrandes alimentaires en abondance, indique aussi la pratique des sacrifices
non sanglants :
Anubis donne une offrande au Chef des Occidentaux !
Tes milliers de pain !
Tes milliers de bière !
Tes milliers d'huile !
Tes milliers d'albâtre !
Tes milliers de vêtement !
Tes milliers de bovin ! 218(*)
Les sacrifices animaliers non sanglants sont des types de
sacrifice où il n'y a point épanchement ou effusion de sang.
Cependant, loin d'être moins efficaces, ces sacrifices peuvent
préluder aux sacrifices sanglants ou constituer par eux-mêmes des
sacrifices à part entière dans la société
égyptienne et Mbo précoloniale. Cela dépend de la
divinité à qui on les offre, de la gravité de la situation
ou des prescriptions du prêtre, selon le voeu des divinités.Chez
les Bambara par exemple, il y a un rituel magique qui consiste à capter
le double d'un ennemi et à le transférer dans un animal noir
qu'on enterre vivant219(*).Aussi, l'animal sacrifié pendant le rituel
« n'nkula » chez les Mbo, sera emporté en
brousse où les animaux sauvages viendront manger le cadavre. Si au bout
de trois jours les animaux ne le mangent pas, cela fait appel à autre
sacrifice de l'animal mais cette fois-ci un sacrifice sanglant220(*).
Dans la société Mbo, il se présente un
cas de sacrifices d'animal non sanglant, sans doute le plus spectaculaire et
qui reste tout à fait énigmatique : celui de la mise
à mort d'un animal sans intervention humaine décelable. Ainsi, la
victime (chèvre ou poulet, selon le cas), dont les pattes sont tenues
par deux assistants, est placée la poitrine contre l'autel. Le
sacrificateur, sans toucher à aucun moment à l'animal,
s'approche, prononce une courte prière etattend. La mort est en principe
foudroyante. Le sang ne doit pas apparaître, on inspecte d'ailleurs la
bouche de l'animal à cet effet ; si des traces de sang
étaient visibles, le sacrifice serait considéré comme
étant refusé221(*). La victime pourrait dans d'autres cas être
tout simplement assommée. Ces manières de sacrifier
étaient plus fréquents dans le cadre de la thérapie chez
les Mbo.
Cependant, Dominique Zahan reconnaît que le sacrifice
constitue la pierre d'angle de la religion traditionnelle africaine.
Néanmoins, le sacrifice est plus conséquent s'il se
réalise avec effusion de sang. Il affirme :
Bien plus, le sacrifice est la clef de voûte de cette
religion, il constitue la prière par excellence, celle à laquelle
on ne saurait renoncer sans compromettre gravement les rapports entre l'homme
et l'invisible car qui dit sacrifice dit sang s'écoulant des bêtes
égorgées.
Dieudonné Watio confirme cette conceptiondu sacrifice
de l'animal lorsqu'il précise que : « le trait
caractériel du sacrifice est la mise à mort d'un animal avec
effusion du sang222(*) » D'où les sacrifices
sanglants.
2- Les sacrifices
sanglants
Comme l'appellation indique, ce sont des sacrifices avec
effusion de sang. Sans pour autant nous attarder ici sur la valeur du sang.
Nous précisons que dans ces types de sacrifices, le don et le contre-don
est basé sur le sang versé lors du sacrifice. Ce type de
sacrifice occupe de larges proportions dans les diverses
cérémonies sacrificielles de la société
égyptienne et Mbo précoloniale. Notamment lors des fêtes
annuelles de début de saison aux épisodes agraires223(*) ou encore dans la
pharmacopée. D'ailleurs, plusieurs recettes du Papyrus Ebers mentionnent
l'utilisation du sang des animaux sacrifiés dans la posologie de
certaines pathologies. C'est l'exemple de larecette pour guérir
l'oeil : « myrrhe+sang de lézard,
sang de chauve-souris,faire l'extraction des cils et après appliquer le
remède, l'oeil sera guéri »224(*)."
Les méthodes employées pour mettre à mort
ces victimes sont moins diversifiées et, bien que certaines d'entre
elles soient spécifiquement réservées à des
entités précises, il ne semble pas (au moins dans l'état
actuel de nos connaissances) que le mode de mise à mort soit un
critère suffisamment discriminant. Dans l'immense majorité des
cas, les animaux de sacrifices sont simplement égorgés à
l'aide d'un couteau et leur sang est répandu ou bien recueilli pour
d'autres fins. Bien qu'un certain nombre de variantes puissent être
observées d'une région à l'autre, on peut
considérer cette procédure comme étant courante chez les
Mbo et les Egyptiens anciens. Lorsque la victime est un quadrupède, on
commence par couper quelques poils sur son front et sur sa queue, que l'on
dépose sur le lieu adéquat, puis on égorge directement
l'animal et on asperge le sang sur autel ou on le recueille.
Au regard de tout ce qui précède, il ressort que
le sacrifice de l'animal chez les égyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux se rapporte au cas où une victime est immolée
pour être présenter, en totalité ou en partie à
Dieu.Ceci justifie les fondements religieux. L'homme Egyptien et Mbo, fortement
attaché aux divinités, associait la magie dans les sacrifices
pour s'assurer de l'efficacité de cettedernière dans les buts
escomptés. Toutefois les acteurs du sacrifice étaient tenus
d'observer des exigences allant des contraintes hygiéniques au choix du
genre et du nombre d'animaux à sacrifier, jusqu'au type de sacrifice
à effectuer dépendamment des circonstances préalablement
constatées. Dans certains cas le sacrifice était non sanglant et
dans d'autres cas, il se faisait avec effusion de sang. D'ailleurs comme le
pensent Dominique Zahan et Dieudonné Watio, le sang qui s'écoule
des animaux est le trait caractériel du sacrifice en Afrique noire. En
ce sens, il revient à nous d'étudier dans le prochain chapitre,
les types d'animaux du sacrifice, la symbolique du sang et de la parole qui
accompagne les sacrifices animaliers chez les égyptiens anciens et les
Mbo précoloniaux.
CHAPITRE III- LES ANIMAUX
DU SACRIFICE SANGLANT, SYMBOLIQUE DU SANG ET DE LA PAROLE DANS LES SACRIFICES
CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET MBO PRECOLONIAUX
Chez certains peuples en Afrique, la relation
d'intimité entre l'homme et l'animal est si forte que perdre un animal,
c'est perdre une partie de sa vie-même. Pour les Massai du Kenya, par
exemple, l'élevage n'avait pas de but économique : le boeuf, pour
un Massai était comme son frère, il ne le tuait pas, ne le
vendait pas, ne le mangeait pas non plus. Il consommait son lait, son beurre
puis les échangeait par contrecoeur pour obtenir d'autres produits de
base225(*).
Dans cette perspective, l'homme, dieu et l'animal deviennent
presqu'unifiés à travers la symbolique qu'on attribue à
l'animal.Chez les Egyptiens anciens l'animal devient même le
réceptacle des dieux sur terre. Toutefois, chez les Mbo,
l'élevage des animaux n'est pas une activité économique
véritable. Ceux-ci n'élèvent pas en grand nombre, mais
plutôt en nombre très réduit dans l'optique de
pérenniser le legs ancestral qui est celui de l'utilisation des animaux
pour maintenir la vie des hommes si elle venait être attaquée.
Offrir son animal en sacrifice dans ce sillage, c'est symboliquement s'offrir
soi-même. Ainsi, l'animal ou mieux une partie de soi-même devrait
donc entrer en contact avec la transcendance pour obtenir les faveurs des
dieux. Dans ce sillage Fabrice Poutcheu reconnaît que :
Il existe un lien étroit et une interaction entre le
monde visible et le monde invisible. Aussi dans la réalité
africaine, l'existence d'un ordre du monde, régi par les
divinités reliant entre eux tous les éléments du cosmos et
que l'homme doit respecter demeure une évidence. L'homme peut, pour des
raisons diverses, contribuer au désaxement de cet ordre, ce qui, du
coup, le met en mauvaise posture dans son positionnement cosmique. Le sacrifice
sanglant devient dès lors l'ultime voie pour la réconciliation de
l'homme avec son monde. Verser le sang permet à l'homme de
bénéficier de la bonté, de la clémence et de la
miséricorde de Dieu et de ses Ancêtres. Il s'agit de mettre
à nu une vie pour sauvegarder une vie226(*).
Ainsi pour comprendre cette relation de rapprochement entre
l'homme, le divin et l'animal, il revient à étudier : le
caractère sacré des animaux en passant par le processus de
domestication et de diffusion des animaux en Egypte antique et dans l'univers
Mbo. Il conviendra également de ressortir les types d'animaux
utilisés dans les sacrifices et d'analyser la place du sang et de la
parole dans les sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux.
I- LES ANIMAUX DU SACRIFICE
SANGLANT DANS LA SOCIETE EGYPTIENNE ANCIENNE ET MBO PRECOLONIALE
Dans l'univers Egyptien et Mbo précolonial, toutes
entreprise de la vie est tributaire des entités divine et cosmiques.
Cependant, l'utilisation d'un type d'animal dans les sacrifices chez les
égyptiens anciens et les Mbo précoloniaux, était fonction
des croyances religieuses qui voyaient le sacrément en l'animal. Cette
sacralisationva inéluctablement conduire au processus de domestication
des animaux qui seront délibérément choisis selon le type
de sacrifice à exécuter en un lieu donné.
A- LE CARACTERE SACRE DES
ANIMAUX CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
Certains animaux étaient, en effet,
considérés comme des hypostases227(*) du dieu sur terre. Depuis la période
prédynastique, les tribus installées sur les bords du Nil
pratiquaient déjàles cultes totémiques, liés aux
forces de la nature228(*). Ces premières dynasties en sont très
imprégnées, puisque les rois portaient le nom des animaux
« roi-scorpion », « roi-lion »,
etc229(*). Cependant la
sacralisation des animaux fut institutionnalisée pendant le Nouvel
Empire et connut son apogée à l'époque
ptolémaïque. Dieu, homme et animal sont alors étroitement
liés puisque dans le cadre de certains rituels sacrificiels, l'animal se
présente comme la courroie de transmission entre l'Homme et
Dieu230(*).
1- L'animal : Le
réceptacle des dieux sur la terre chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
Considérer l'animal comme réceptacle des dieux
sur terre, c'est généralement faire allusion à l'animal
dit totem. Ce dernier est vénéré comme une
divinité, l'
ancêtre d'un
clan ou un protecteur231(*).
Chez les négro-africains le totem est une espèce
naturelle. Il s'agit le plus souvent d'un animal, qui représente
l'ancêtre mythique du clan et qui lui donne son nom. Chez les Mbo, le
léopard l'animal totem de la communauté est devenu
l'élément essentiel des faits et geste de la communauté
Mbo. Cet animal retrace l'historique du peuple Mbo et représente le
lien invisible par lequel ces derniers puisent leur force vitale. Se
faisant, certaines associations joignent à leurs nominations, le nom de
l'animal totem, dans le but probable d'avoir le soutien favorable de ce dernier
dans l'entreprise associative. Ainsi aurons-nous les associations, qui se
nommeraient Ban Bi Ngoh littéralement la progéniture du
léopard ou encore «Edingeûh Bêènh
Ngeûh » : la fraternité des enfants du
léopard. Cette dévotion à Ngoe ou au léopard est la
manifestation de son appartenance à une entité qui, est ici celle
d'un sous groupe bantou appelé, peuple Ngoe ou encore le peuple de
l'ancêtre éponyme léopard.
Les rituels par lesquels les descendants du totem
vénèrent cet animal tutélaire sont nombreux chez les Mbo.
C'est le cas des rituels qui se déroulent à
Koupé : endroit où aurait vécu Ngoe le
léopard. Le totem exerce un double rôle : d'une part il
exprime la parenté, la coopération entre l'homme et la nature.
D'autre part il assure la continuité entre le présent et le
passé. En d'autres termes, le totémisme est le vecteur et le
garant d'une transmission de traditions ancestrales, via l'alliance de chaire
à chaire qui, installent la communauté dans la cosmogonie, les
mythes d'origines, les récits fondateurs etc. Damman232(*) pense que le
totémisme implique une parenté entre un groupe humain et une
espèce animale. Ces deux opinions se rejoignent et évoquent
l'animal comme pouvant être choisi,en lieu et place de protecteur ou
guide par une alliance de l'homme. Dans ce sillage, le totem est lié
à son propriétaire (Homme) de façon mystique. Le totem
existe du vivant de son maître et même après sa mort, mais
sans maître cette fois. Donc, le totem-animal est une autre forme de la
nature de l'homme dans l'optique du sacré.
Selon Alexandre Moret, Contrairement à ce que l'on a
voulu faire croire, l'Egypte ancienne était une société
essentiellement totémique et non zoolâtre233(*). Chez les Egyptiens le totem
représente un ancêtre ou un Dieu (Horus-Faucon, Anubis-Chacal,
Apis Bull-Taureau, Thot-Ibis etc.). A partir du Nouvel Empire, chaque Nomes
adorait une espèce animale, plus ou moins incarnation de la
divinité protectrice de la région. Un animal est élu dans
le temple comme celui qui "possède l'âme du dieu".
Considérés comme les incarnations des dieux, les animaux
sacrés vivaient dans les temples. On leur rendait un culte, tel une
statue du dieu. Ils étaient momifiés et enterrés dans les
nécropoles à leur mort. Une fois ceci fait, une autre bête
était désignée comme héritier. C'est le cas du
taureau de Memphis, animal sacré représenté par le taureau
Apis, qui est considéré comme l'incarnation d'Osiris ou de Ptah
à Memphis notamment. Une cour a été placée pour
Apis dans le temple de Ptah à Memphis. Lors de la mort d'Apis, un nouvel
Apis apparaissait. Il devait être reconnaissable par certaines marques
sacrées sur son corps, tel que sa couleur (principalement noire) et un
noeud sous sa langue234(*). Apis est parfois représenté en tant
qu'homme avec la tête d'un taureau.Un même dieu peut être
représenté de façon différente : Hathor peut
apparaître sous la forme animale (une vache), sous la forme humaine (une
femme) ou un mélange des deux (une femme avec une tête de vache).
De même, Amon peut être représenté sous la forme
humaine, sous celle d'un bélier ou d'un homme à tête de
bélier. De ce fait, l'animal représente l'homme en même
temps qu'il est l'incarnation des dieux. Ces derniers attributs
confèrent à l'animal, un caractère sacré, regalia
de l'exercice du pouvoir dans l'univers égyptien ancien et Mbo
précolonial.
2- L'animal : un
bestiaire du pouvoir chez les Egyptiens anciens et Mbo
précoloniaux
Dans le monde négro-africain, le pouvoir est
inséparable de certains instruments symboliques et significatifs qui
accompagnent ceux qui l'exercent. Le pouvoir dont il est question ici, est la
capacité qu'a un être de faire quelque chose pouvant lui
conférer une considération particulière. Chaque insigne
est d'abord un message et représente une réalité. Ceux qui
exercent ledit pouvoir sont les rois, les chefs, les notables, les
prêtres, les guérisseurs etc. Bref ceux qui dans l'exercice de
leurs fonctions utilisent ou mieux font usage des animaux et des objets faits
à based'un ou plusieurs éléments du corps des animaux.
Chez les égyptiens et les Mbo, l'animal occupe une
place importante dans la vie des Hommes si bien qu'il représente
l'élément matériel de l'univers235(*) associé au pouvoir.
En Afrique noire particulièrement chez les Mbo, l'animal est un regalia
du pouvoir du chef, en ce sens que les chefs traditionnels arborent
généralement les insignes faits des objets issus des parties des
animaux dont la fonction et la symbolique émanent de la tradition et les
croyances. Toutefois, nous avons observé les plumes d'oiseaux
[épervier, aigles selon les cas] sur le bonnet des chefs, symbolisant le
commandement, car l'oiseau est un animal qui vole au dessus des hommes. De ce
fait le chef dans l'exercice de son pouvoir se doit de se mettre au dessus de
ses sujets comme l'oiseau au dessus de la tête des Hommes236(*).
Cet aspect est également remarquable chez les Egyptiens
anciens pendant l'accession de Pharaon au trône. La titulature
royale237(*)
élaborée par le collège de prêtres au moment de
l'intronisation définit la nature royale et constitue en même
temps une idéologie du pouvoir. Se faisant les attributs des grands noms
ou ren-our à pharaon, font le plus souvent allusion aux animaux
qui doivent l'accompagner dans l'exercice de son règne. Ainsi au
quatrième non de la titulature
Nesout-bity,
Pharaon appartient à l'abeille et au jonc. Loin de symboliser la basse
et haute Egypte comme nous l'apprend les textes, Cette appartenance
symboliserait, celui qui appartient à une société bien
structurée et prête à se défendre de toute attaque
de l'ennemi, pour ainsi faire allusion au règne des abeilles dans une
ruche.
Quant à la représentation hiéroglyphique
de ces noms ou mieux leur écriture, les animaux sont pour la plupart des
temps mentionnés en premier chef, dans le but d'associer les animaux
à l'exercice du pouvoir de Pharaon. Ainsi,le premier nom de la
titulature Horus, il est précédé d'un
faucon. Il peut aussi être précédé de la formule
"taureau puissant238(*)". Le deuxième nom est celui des deux
maîtresses, qui chacune protège l'une des deux Terres de
l'Egypte. La déesse cobra Ouadjyt pour la Basse-Egypte et la
déesse vautour Nékhbet pour la Haute-Egypte239(*). Le troisième nom,
Horus d'or (ou Faucon d'or). Ce dernier est formé du signe du
faucon surmontant le signe de l'or. Nous constatons que ces titres sont
liés aux animaux dont le choix est relatif aux croyances, au rôle
et à la symbolique que les peuples égyptiens anciens et
Mboprécoloniaux donnaient à ces animaux et aux objets provenant
de leur corps.
Figure 2: Titulature de
Séthi Ier inscrite sur les briques de faïence
Le premier nom est lenom d'Horus: il est
précédé d'un fauconet de la formule "taureau puissant".
Le deuxième nom est le nom des deux
maîtresses (ou dames, ou déesses) .La déesse
cobra Ouadjyt pour la Basse-Egypte, la déesse vautour
Nékhbet pour la Haute-Egypte.
Le troisième nom est l'Horus d'or(ou Faucon d'or). Il
est formé du signe du faucon surmontant le signe de l'or.
Source : « Titulature de
Séthi Ier »,
http://www.egyptos.net/.titulaturroyal/0111-nenu.htm,
consulté le 02 mai 2015
Pour les Egyptiens, l'image de l'animal possède une
puissance magique, que lui procure celui qui l'a gravé. Aussi pour eux,
la tête de l'animal a le même pouvoir que l'animal tout entier.
Cette conception rejoint celle des négro-africains et
particulièrement les Mbo qui veulent que la partie vaille le tout.
Ainsi, pour Myriam Philibert, la tête possède l'ardeur du principe
actif de la puissance et revêt les mêmes symboliques que le
crane240(*).
Les tradipraticiens ou les prêtres en Afrique arborent
souvent les plumes d'oiseaux, les peaux d'animaux, etc, pour exercer leurs
fonctions. Toutefois, les lieux d'exercices du pouvoir sont
généralement jalonnés des parties issues des animaux
à savoir : les têtes de serpents, les reliques d'animaux, les
poils etc. Ces objets officient le plus souvent en ces lieux comme des gardiens
et pourvoyeurs de puissance aux tradipraticiens qui les utilisent dans
l'optique de mener à bien leurs fonctions. D'ailleurs,Claude
Lévi-Strauss reconnaît que, les ornements utilisés par les
cultures traditionnelles n'ont pas une fonction
purementdécorative. Ils sont également
destinés à augmenter la force du porteur 241(*)[tradipraticiens et hommes
qui les arborent]. Toutefois dans l'Egypte antique, Lefebure nous apprend que
les édifices et les domaines étaient sous la protection des
animaux, c'est ainsi qu'à Edfou, l'on trouvait dans le temple de Karnak,
un socle de lion qui protège le temple de tout esprit pernicieuse. Sur
ce socle est inscrit « je suis celui qui écarte le malfaiteur,
je repousse la marche de qui transgresse la voie242(*) ». Les
prêtres égyptiens portaient aussi les amulettes ayant l'effigie
des animaux afin de leurs conférer symboliquement les vertus et la force
dudit animal.
Dans le même ordre d'idées, selon Chevalier et
Greerbrant243(*), les
prêtres égyptiens revêtaient une peau de léopard pour
officier lors des cérémonies funéraires. Tout de
même chez les Mbo, lors des cérémonies, les
dépositaires de la tradition tenaient par la main les cannes couvertes
des poils de la queue de buffles. La tenue ou bien le port de certaines parties
des animaux dans l'univers égyptien ancien et Mbo précolonial,
indique le transfert magique qui donne aux hommes la puissance de
l'animal244(*). Dans ce
sillage, nous constatons que les animaux concèdent le pouvoir mystique.
Le fait d'arborer les objets issus de certaines parties des animaux, signifie
selon nos informateurs, que l'on tient en lui le témoignage et la vertu
magique du sacrifice, en ce sens que le sacrifice évoque la mort,
l'holocauste245(*).
L'animal est ici ce qu'il faut tuer ou livrer pour qu'il y ait la vie.Ceci
atteste dès lors que les ennemis de l'homme défunt, ou encore du
malade agonisant sont anéantis246(*). Cette conception nous donne l'idéeque la vie
de l'animal dans les sacrifices rituel chez les égyptiens et Mbo
pourrait jouer le rôle de substrat pour sauver une vie humaine.
3- L'animal substrat humain
dans les sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
La substitution est l'action de remplacer quelque chose,
quelqu'un par son alter ego, par une chose ayant plus ou moins de valeur. Dans
la tradition africaine, l'entité idéale pour remplacer l'Homme
dans les sacrifices rituels, est l'animal247(*).
Toutefois, dans certains rituels sacrificiels chez les Mbo,
lorsqu'on désire racheter la vie d'une personne agonisante, on
procède à la substitution par une vie ayant la même valeur
et donc celle d'animal. Cette conception nous semble être universelle
dans l'univers négro-africain. Eric de Rosny nous apprend que dans la
société Ngangan, lorsqu'on désire racheter la vie
d'une personne malade vouée à la mort, suite aux attaques
pernicieuses du Kon, les prêtres Ngangan se doivent en
contrepartie d'offrir dans un rite magique, l'équivalence de la vie
à sauver. Cette opération de substitution se ferra avec la
chèvre. Car il précise que « la chèvre c'est
vous [...], la chèvre ce sont vos malchances248(*). ».
Chez les Egyptiens anciens, l'animal était
substitué par les dieux dans le culte divin. Comme nous l'avons
mentionné plus haut l'animal pouvait être confondu au dieu. Ainsi
faire le culte du Bélier à Abydos, c'était faire le culte
de Rê, dieu soleil ou encore dévouer un culte au faucon serait
faire le culte d'Horus. De ce point de vue, le sacrifice de l'animal qu'on
désignait par animal typhon ou sethien était Seth lui-même.
Il devait rituellement être mis à mort, dans le but de restaurer
l'ordre cosmique. Par le principe de substitution, l'animal dans le rituel
sacrificiel remplace la personne de Seth.
Ce principe de substitution s'applique également
lorsqu'il s'agit de compensation. Ce dernier désigne un acte par lequel,
une personne s'engage à réparer le préjudice et dommages
physiques ou moraux causés à une tierce personne. Cet engagement
intervient après un arrangement entre différentes parties. Ainsi,
dans la société Mbo, lorsqu'une fille se mariait, la famille de
l'époux ou bien lui-même, procédait à une
compensation via la dote, en réparations du préjudice
causé aux parents de la jeune fille. Le préjudice ici, est celui
de l'enlèvement de la jeune fille. En guise de compensation, la famille
de l'époux se devait de remplacer symboliquement la jeune fille par une
ou plusieurs chèvres, selon que le mariage est endogène ou
exogène249(*).
Il serait convenable de retenir que, tout comme chez les
anciens Egyptiens, l'animal chez les Mbo est intrinsèquement lié
à la vie des Hommes. Il substitue l'homme dans les sacrifices, il est le
réceptacle des dieux, il confère le pouvoir etc. Tous ces
symboles sacrés attribués aux animaux par le biais des croyances
religieuses dans l'univers égyptien et Mbo précolonial,
conduisent l'Homme à domestiquer les espèces animales, afin de
mener sans difficultés les sacrifices animaliers qui jadis,
étaient en Egypte antique l'apanage des animaux sauvages250(*).
B- DOMESTICATION DES
ESPECES D'ANIMAUX DE SACRIFICE CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
Selon Pierre Gigard, la domestication d'une
espèce
animale est l'acquisition, la transformation de caractères et de
comportements
héréditairesde
l'animal au contact de l'homme suite à une interaction prolongée
ou à un effort volontaire de sélection humaine251(*). La domestication d'une
espèce animale
peut également se comprendre comme la perte ou le développement
des caractères morphologiques,
physiologiques ou
comportementaux
nouveaux et
héréditaires,
résultant d'une interaction prolongée, d'un contrôle, voire
d'une sélection délibérée de la part des
communautés humaines. Il est sera bon de remarquer que, la
domestication fut une étape importante du développement des
sociétés humaines car elle s'est faite conjointement avec le
développement de l'
agriculture
et de la sédentarisation252(*).Il conviendra dans cette rubrique de
présenter le processus de domestication selon les différentes
théories qui vont de l'adoption à la diffusion. Il sera
également question de présenter l'Egypte antique comme un lieu
d'adoption et de diffusion des espèces animales. Cependant, il sera
judicieux de représenter l'univers Mbo comme un foyer de diffusion
à travers la migration des populations du nord vers le sud, selon la
théorie migratoire de Cheikh Anta Diop253(*).
1- Processus de
domestication
Le processus de domestication, la diffusion des
espèces, les techniques d'élevage s'étalent sur des
périodes longues et loin d'être parfaitement
déterminées. On admet pour plusieurs espèces le principe
de bien de foyers de domestication distincts. Les domestications
s'étalent du
néolithique
à nos jours, à l'exception de celle du
chien, qui a
précédé plusieurs millénaires l'élevage des
autres espèces pendant sédentarisation des populations254(*). Les dates et foyers des
domestications anciens ont essentiellement été estimés par
des méthodes
archéologiques255(*). Il s'agit plus
spécialement de l'
archéozoologie.
Les historiens ne sont pas tous d'accord sur les raisons qui
ont poussé les premiers hommes à domestiquer des animaux. Mais
bon nombre s'accordent pour dire que, la motivation des premiers
éleveurs ne résulte pas d'un besoin de nourriture car, la chasse
procurant suffisamment de viande. Pour certains commeDehondt et
Desmets256(*), le
début de l'élevage coïncide avec la sédentarisation
des Hommes. Pour d'autres comme
Jean-Pierre
Digard257(*), il
serait lié à des croyances selon lesquelles l'homme, soumis
à la domination des dieux, aurait pris le pouvoir sur l'animal. Quoi
qu'il en soit, selon l'état des recherches actuelles, le premier animal
à avoir été domestiqué est le chien, entre 15000 et
10000 avant Jésus-Christ258(*)t. L'élevage des caprins, bovins, ovins
et porcins aurait débuté vers 8500 avant
Jésus-Christ259(*). Dans ce sillage la domestication n'est pas un
aspect ex nihilo de la vie des Hommes. Pour cette raison, elle s'est faite de
manière processuelle suivant les procédés des
méthodes biologiques, écologiques, comportementales etc.
Du point de vue biologique, le processus de domestication
commence lorsqu'un nombre restreint d'animaux se sont isolés de
l'espèce sauvage. Cette population peut alors connaître un
phénomène de micro
évolution
en s'adaptant aux conditions d'élevage et du fait de la sélection
humaine. Cette évolution est marquée par l'apparition de traits
domestiques, c'est-à-dire des nouveaux caractères
interprétés comme des gènesconservés, voire
sélectionnés alors que les
allèles qui les
portent seraient restés rares ou auraient été
éliminées par sélection naturelle à l'état
sauvage260(*). Ce sont
des caractères
morphologiques comme la
taille plus grande ou plus petite que celle de l'espèce sauvage, des
coloris nouveaux, le poil long, frisé ou encore la queue
enroulée. Ce sont aussi des caractères physiologiques comme
l'augmentation de la prolificité et la précocité de la
croissance. On note aussi la perte de caractères physiques comme les
cornes pour une partie des races de chèvre ou d'aptitudes comme une
diminution de la mobilité, de la vitesse de course ou de l'aptitude au
vol, ainsi que la
perte d'aptitudes comportementales. Ceci fonde une interprétation de la
domestication comme altération du
génotype,
Du point de vue
écologique,
certaines espèces sont élevées à l'état
domestique dans un milieu identique ou proche de celui de leurs ancêtres
sauvages. À l'inverse, on remarque que le nombre relativement faible
d'espèces domestiques est compensé par leur distribution souvent
très large, dans des milieux et sous des climats variés et
très différents de ceux d'où l'espèce est
originaire. La
poule,
originaire des régions tropicales est élevée jusqu'au
cercle polaire
arctique261(*). Quant au
porc, originaire des
régions tempérées, il est élevé jusqu'en
climat équatorial plutôt que d'autres espèces de
suidés262(*), originaires de ces climats
mais non domestiquées.
Du point de vue comportemental, La domestication est non
seulement une modification des caractères physiques d'une espèce,
mais aussi de son comportement. Cette évolution consiste en premier lieu
en un caractère moins farouche, à une tolérance voire une
familiarité plus facile à l'égard des humains ainsi
qu'à l'atténuation des comportements potentiellement dangereux
à leur égard263(*). A partir des altérations
psycho-comportementales des animaux d'un point à un autre, selon une
évolution darwinienne, l'adoption des animaux sera effective dans
plusieurs foyers du monde, à l'instarProche Orient et de l'Egypte
antique.
2- L'Egypte : un
foyer de domestication des animaux en Afrique
Si les données concernant l'origine de la domestication
des bovidés, plus précisément du boeuf (Bos
taurus),démontrent une origine proche-orientale264(*), la question est loin
d'être résolue pour l'Afrique265(*). Dans les années 1970, lors de leur
prospection archéologiques en Égypte méridionale, dans la
région de Nabta Playa et Bir Kiseiba, l'équipe de Wendorf et
Schild a mis au jour un grand nombre de vestiges allant du IXe au
IIe millénaire avant Jésus-Christ. Parmi les
plus anciens sites, Bir Kiseiba, daté
entre 8500-7800 avant Jésus-Christ, a fourni quelques
restes de bovinés attribués au boeuf domestique266(*). Les premiers restes
assurés du boeuf domestique en Afrique sont datés du
VIIe millénaire et proviennent encore d'Afrique du Nord
plus précisément d'Égypte méridionale notamment au
Tibesti267(*). Ce boeuf
africain est principalement connu au niveau archéologique par les restes
osseux et les représentations graphiques datant de la période
pharaonique en Égypte. Il se caractériserait notamment par de
longues cornes et une bosse cervicale moins développée que celle
du zébu268(*)
.
A contrario, pour un certain nombre d'espèces animales,
l'absence de leur ancêtre sauvage en Afrique atteste sans aucun doute
leur origine exogène. Tel est notamment le cas du mouton Ovis
aries, de la chèvre, Capra hircus, du porc Sus
domesticus, du chien Canis familiaris ou plus récemment du
zébu Bos indicus, du dromadaire Camelus dromedarius,
du poulet Gallus gallus, etc. Ces derniers se révèlent
comme étant des espèces qui auraient été
domestiquées pour certains en Egypte et pour d'autres diffus en Afrique
par le biais de l'Egypte.
Toutefois la première introduction d'une certaine
espèce animale s'est faite depuis le Proche-Orient via l'Égypte
pour des animaux d'embouche tels que les moutons, chèvres et
porcs269(*). Cependant
la présence des caprinés est attestée dès le
VIe millénaire avant Jésus-Christ dans le
sud du Sinaï, région d'El Qaa et dans l'Est de
l'Égypte270(*) .
Leur diffusion le long du Nil ainsi que dans le Sahara et le long des
côtes d'Afrique du Nord a été rapide puisqu'on les trouve
dans ces régions dès le
Ve millénaire271(*). La dernière des principales espèces
domestiques à venir du Proche-Orient serait le poulet272(*). C'est encore
d'Égypte que provient son plus ancien témoignage grâce au
dessin d'un jeune coq dans la tombe de Ramsès IX
(1156-1148 avant J.-C.)273(*). En revanche, il semble que ces animaux n'aient pas
été très répandus dans la région de l'Egypte
ancienne avant la période ptolémaïque, vers le
IVe siècle avant Jésus-Christ274(*) . Cette vision nous permet
de comprendre que l'Egypte est un foyer en même temps d'adoption et
diffusion des espèces animales. Se faisant la diffusion de ces
différentes espèces animales va évoluer dans le temps et
l'espace pour atteindre l'univers Mbo à partir des migrations des
peuples de la vallée du Nil vers le sud du Sahara où se localise
l'espace Mbo.
3- L'univers Mbo : Un
espace de diffusion de l'espèce animale du sacrifice
La grande phase humide de la première moitié de
l'Holocène275(*)
puis le début de l'aridification à partir du
VIe millénaire avant notre ère, a
entraîné de grands mouvements migratoires. Ce desséchement
a largement contribué à vider progressivement les zones les plus
arides du Sahara tout en laissant place au pastoralisme de nouvelles zones,
notamment la zone forestière et le Sahel,jusque-là inaccessibles
en raison de la présence de la mouche tsé-tsé276(*). Il faut attendre le
IIe millénaire avant Jésus-Christ pour que
les premiers boeufs atteignent la Mauritanie. L'argument climatique est aussi
avancé par Smith277(*) pour l'introduction du bétail
(caprinés) et de la céramique dans le sud de l'Afrique. Dans tous
les cas, les débuts de l'élevage dans la partie
méridionale de l'Afrique sont très récents puisque les
premiers restes d'animaux domestiques n'apparaissent que vers le
premier siècle après Jésus-Christ.Enfin, la
diffusion et l'adoption de l'élevage ont été avant tout
fonction de facteurs humains et culturels. Nous ne pouvons résumer en
quelques lignes la totalité des différents schémas
potentiels de diffusion des animaux via les migrations humaines,
acculturations, diffusions des techniques... Cependant, les différentes
théories sur la diffusion des animaux en Afrique sont envisageables
d'une période à une autre à l'échelle du
continent.
Au final, l'arrivée des animaux domestiques en Afrique
et leur diffusion se sont faits de manière très disparate et dans
une très longue durée. On peut alors imaginer une situation
proche de celle qu'a décrite Guilaine à propos des mouvements de
néolithisation autour de la Méditerranée :
Il est probable qu'en fonction des environnements aptes
à être colonisés et de la dynamique des communautés
agricoles, voire de la résistance des populations indigènes, la
chronologie de la diffusion n'a pas répondu à un modèle
homogène et régulier mais à ce que l'on peut appeler un
modèle général «?arythmique?», marqué
tantôt par des accélérations, tantôt par des
tassements278(*).
L'état des connaissances et les différentes
hypothèses émises sur la question de diffusion des animaux dans
l'univers Mboest tributaire de l'état des recherches
archéologiques néanmoinspas encore du tout entreprises dans
l'univers Mbo. À l'exception de quelques zones du Cameroun, comme le
site de Makary au septentrion ou encore le site de Shum Lakamdans la zone des
grassfields, les données archéo-zoologiques sont encore
très rare au Cameroun. De ceci, nous pouvons dire qu'une grande partie
de l'histoire de la domestication animale en Afrique reste encore à
écrire, offrant là-même, de riches perspectives pour les
recherches futures. Toutefois nous retenons de ce qui précède que
l'adoption et la diffusion des animaux ont été avant tout
fonction de facteurs humains mais, beaucoup plus culturels ou religieux qui
exigent le type d'animal à utiliser dans les des sacrifices
animaliers.
C- TYPE D'ANIMAUX DU
SACRIFICE RITUEL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
Nous remarquons dans la société Mbo, que le
sacrifice sanglant est réalisé par la mise à mort d'un
type surtout domestique d'animal. Or au départ, chez les Egyptiens
anciens, les animaux sauvages étaient préférentiellement
sacrifiés. Ainsi,les animaux domestiques sont rarement sacrifiés
chez les Egyptiens anciens. Le sacrifice des animaux domestique dans cette
société, était uniquement l'apanage des pauvres gens qui
n'étaient pas en mesure de se procurer des bêtes
sauvages279(*).Néanmoins cette conception va
s'altérer au fils du temps pour intégrer les animaux domestiques
dans les sacrifices animalier en Egypte antique.L'âne, le porc,
assimilés à Seth et considérés comme impurs font
exception280(*). C'est
ainsi que dans les sacrifices animaliers chez les égyptiens anciens et
les Mbo précoloniaux, nous avons recensé les animaux parmi les
familles des bovidés, des volailles et des suidés.
1-Les bovidés
Selon le dictionnaire universel, les bovidés sont des
mammifères comprenant tous les ruminants à cornes creuses en
particulier des bovins, les ovins, les caprins et les antilopes281(*). Les bovidés sont les
espèces d'animaux les plus présents dans les sacrifices
animaliers dans la société égyptienne et Mbo ; ceci
en raison de leur dimension religieuse et zodiacale. Ainsi chez les Egyptiens
anciens,les taureaux, les boucs, adorés en Égypte sous
différents noms, étaient les images vivantes des
divinités. Le taureau et le bouc ou le chevrier céleste,
figurés dans la division zodiacale où se trouvait
l'équinoxe du printemps, étaient le symbole du soleil, qui,
à cette époque de l'année, féconde la
nature282(*). On
attribuait au taureau et au bouc sacrés, non seulement la faculté
fécondante, mais le pouvoir de communiquer à l'espèce
humaine cette même faculté283(*).
Au demeurant, dans le but de sceller l'alliance avec la
transcendance, c'est-à-dire celle des hommes et le divin ou encore celle
de la communauté humaine avec l'ensemble de ses membres sous le
contrôle des divinités notamment lors des rapports sociaux dans la
société Mbo, le sacrifice rituel s'impose comme principe
indéniable de reconnaissance d'un échange. Dans cette
perspective, l'immolation d'une victime animale clôt, achève
symboliquement et spirituellement ladite communion ascendante. D'où le
choix des animaux considérés comme plus proches du
divin notamment le taureau et le bouc ou mieux des bovidés chez les
égyptien anciens et les Mbo précoloniaux.
Aussitôt qu'un dignitaire était mort dans la
société Mbo, les dépositaires de la tradition
s'empressaient de lui administrer un substrat symbolique. Ce dernierdevait
suivant l'opinion traditionnelle, être rituellement mis à mort.
Cet acte sacrificiel changeait en allégresse le deuil où la mort
du dignitaire dans lequel était plongé le peuple Mbo d'autant
plus que le dignitaire pouvait être chef de famille, grand prêtre
etc. Ce substrat était donc un bouc. Ainsi, on dira du défunt
qu'il est allé en voyage mais pas qu'il est mort. On dira
également d'une vieille personne décédée qu'elle
est rentrée d'où elle vient et non qu'elle est morte284(*).Il est judicieux de
préciser dans la circonstance de la mort d'un être humain, qu'il
s'agit exceptionnellement du sacrifice des quadrupèdes. Au demeurant
l'immolation d'un ovin permettra ainsi d'opérer une substitution de la
vie humaine par celle de cet animal sur le plan de la réalité
supra normale chez les Egyptiens anciens285(*) et les Mbo286(*). Toutefois, le sacrifice d'un bovinconstituera un
sacrifice extrême, suite à une circonstance gravissime qui
nécessite la présence de la communauté villageoise. Ce
genre d'acte sacrificiel est plutôt rare chez les Mbo.
Photo 3: Les
quadrupèdes du sacrifice chez les Mbo
Source,Cliché Cédric Mbah, Ekanang
le 24 Décembre 2014
Photo 4:Scène de
sacrifice d'un quadrupède en offrande à Dieu en Égypte
antique
Source : « sacrifice »
http://www.immortel/egypte.com/article.php?lng=frPg=441
consulté le 25 Avril 2015
2-Les volailles
Les volailles sont les oiseaux de la basse cour,
constitués entre autre des coqs, poules, pintades,
oies, etc287(*).
Dans les rites sacrificiels, celles-ci sont choisis suivant la couleur de leurs
plumes : rouges, noires, blanches, bigarrées, pailletées,
cendrées, etc.
Dans les rites sacrificiels de purification, une volaille
pourra être utilisée comme substrat. En Egypte ancienne,
l'âme du défunt était représentée sous la
forme d'un oiseau à la tête humaine. Pour ce fait, une volaille
sera nécessaire pour la purification de l'âme. Cette
dernière est un élément très indispensable dans la
constitution de la personne chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux. C'est le
Baenégyptien ancien et Ebweuh en langue
Mbo. Certains auteurs le considèrent comme une entité très
éthérée qui vit souvent au milieu des dieux. C'est cette
entité qui fait souvent l'objet des attaques maléfiques
conduisant à la mort et lorsque celle-ci est souillée par les
malfaiteurs, il est dès lors considéré comme impur parmi
les dieux. Ce qui conduit souvent l'individu à l'inertie dans ses
projets, à l'échec, etc.
Pour parvenir à la stabilité de l'âme, la
volaille est dans ce cas l'animal le plus indiqué pour un rituel de
purification de l'âme. Toutefois le choix de la couleur de volaille
revêt également une signification non moins importante. Par
exemple pour les sacrifices d'expiation au Moyen Empire, la robe blanche
était plus souhaitée et conseillée. Les couleurs
prescrits lors de ces sacrifices chez les Mbo connotent la place ou la
portée socio-religieuse des oiseaux en Egypte à partir du Nouvel
Empire. Pour combattre une possession par exemple, le prêtre exige pour
se faire une poule pailletée ou cendrée comme l'épervier
très agressif ou le faucon. Ce dernier est considéré dans
la société égyptienne ancienne comme le plus agressif de
tous les volatiles288(*). Aussi le poulet identifié à l'ibis
pouvait servir dans le rite de purification de l'âme. L'Ibis d'ailleurs
était devenu un hiéroglyphe pour noter le mot
« resplendir 289(*)». De ce fait pour faire resplendir l'âme
souillée d'un individu, il était nécessaire d'utiliser une
volaille sacrificielle connotant l'Ibis ou « le
resplendissant ».
Photo 5:Le faucon lanier et
Horus représenté par la tête du faucon
Source: « dieu faucon,
Horus»
http://user.belgacom.net.faucon-égyptien/datation.htm,
consulté le 25 Avril 2015.
Photo 6: Les poulets
appropriés aux sacrifices d'expiation
Source : « les
volailles »,
http://www.dinosoria.com.animal,
consulté le 25 Avril 2015.
Les volailles peuvent également faire l'objet
d'éléments additionnels des sacrifices rituels dans la
société africaine et Mbo en particulier ; ceci pour donner
encore plusd'efficacité aux sacrifices. C'est pour cela qu'Albert de
Surgy, qui a étudié l'usage qu'en font les peuples Mwaba-gurma et
évhé du Togo affirme que :
Un véritable sacrifice est donc
caractérisé par l'immolation d'un quadrupède, mais
à ce quadrupède est toujours ajouté au minimum un poulet.
L'immolation d'un seul poulet n'est prescrite qu'à titre d'offrande pour
remercier d'une protection n'ayant pas nécessité de porter
atteinte au monde de l'origine, pour honorer occasionnellementun ancêtre,
ou pour calmer certains esprits. La paire poulet-quadrupède, totalisant
six pattes, est destinée à aller remplacer la puissance gardienne
de la demeure divine qui a été délogé de son poste
et par laquelle le nombre six est également mis en évidence. Le
poulet est de nature à célébrer l'accomplissement de
l'acte du processus sacrificiel [...]. Il n'est d'ailleurs pas
désigné du nom vulgaire de poulet, mais est appelé
pàtik (au pluriel) en tant qu'élément essentiel de
l'opération290(*).
Chacun des volailles de ces sacrifices a une fonction bien
précise qui varie aussi infiniment que les individus ou les motifs
sacrificiels. Ainsi chez les Egyptiens anciens, le prêtre utilisait lors
du rituel d'ouverture de la bouche, un bouc et des oies en guise de volaille ou
animal additionnel au bouc comme nous pouvons le lire dans ces paroles du
prêtre.
Ce sont tes lèvres qui ont fait cela contre toi. Ta bouche
s'ouvrira-t-elle ? Amener un bouc, lui trancher la tête. Amener
une oie du Nil, lui trancher la tête. Paroles dites par le
Cérémoniaire : Je me suis emparé de lui pour toi,
et je t'amène ton ennemi afin qu'il soit sous toi, ses bras au-dessus de
lui. Je l'ai tué pour toi ! N'approche pas de ce
dieu !291(*) »
Photo 7: Une scène
d'offrande
La patte avant de l'animal de sacrifice, souvent un
taureau roux de Haute Egypte, image de Seth, est souvent utilisé lors
des rituels d'ouverture de la bouche pour rendre magiquement au défunt
ses fonctions vitales292(*). Cependant avec les oies constituant les volailles
additives au sacrifice d'un bovidé.
Source : « les
offrandes »,
http://www.egypte-ancienne.fr/,
consulté le 25 Avril 2015
3-Les suidés
Les suidés sont selon le dictionnaire universel, de la
famille des mammifères artiodactyles non ruminants, à l'aspect
trapu, dont la tête plus ou moins allongée en cône, se
termine par un nez cartilagineux et dont les canines sont souvent
allongées en forme de défense. Il comporte le porc, sanglier,
phacochère hippopotames.
Les Egyptiens ont toujours considérés cette
famille animale d'impur assimilé à Seth. Quoiqu'impur, les
animaux de cette famille faisaient l'objet des sacrifices rituels dans cette
société. Comme nous le présente Jean Yoyotte en ce qui
concerne l'hippopotame. Il était traité comme une manifestation
des forces négatives qui sont dans ce monde. Sur les parois des mastabas
de l'Ancien Empire,précise Yoyotte en ces termes :
On voit des harponneurs spécialisés
préparer pour le noble défunt le rite immémorial et
magique de la mise à mort de l'hippopotame, rite que le roi
exécutait en personne aux plus hautes époques [...] la victime
sera tiré hors de l'eau, achevée, cérémoniellement
dépecée293(*).
Il en était de même pour le porc qui était
sacrifié pour la Lune294(*). Toutefois nous remarquons que l'animal
assimilé à Seth, représenté en hiéroglyphe
reçoit tout sorte d'avanie ou maltraitance.
Figure 3: L'animal sethien
représenté en hiéroglyphe
L'animal sethien représenté en
hiéroglyphe recevant tout type d'avanie295(*)
Les Mbo d'une manière particulière, mettaient
à mort le porc. Ceux-ci transpercent du couteau le coeur via la partie
gauche du thorax de l'animal. Cette manière de mettre à mort le
porc épouse inéluctablement l'avanie que subissait l'animal
sethien dans sa représentation hiéroglyphique. Le porc est
généralement sacrifié lors du deuil d'une
personne chez les Mbo. Il personnifie la mort dans la
société Mbo. La non-exécution d'un porc lors du deuil d'un
membre de la communauté, entraine l`idée d'une autre mort
imminente. Ainsi mettre à mort le porc c'est tuer la mort qui est venue
arracher la vie d'un être dans la société.
Dans la société égyptienne et Mbo
précoloniale, plusieurs famillesd'animaux font l'objet de sacrifices
animaliers. Néanmoins, les plus représentatifs se recensent dans
la famille des bovidés, des suidés et des volailles. Ce choix est
opéré probablement par le sacrement auquel on les liait ces
animaux. Toutefois, Dieudonné Watio reconnaît que le sacrifice de
l'animal n'est reconnu digne d'estime envers les dieux que lorsqu'il est
sanglant et accompagner des prières ou mieux de la parole. Cette
conception de la portée du sacrifice, amène à nous
interroger sur la place du sang et de la parole dans les sacrifices animaliers
chez les négro-africains notamment chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux.
II- LA PLACE DU SANG ET DE
LA PAROLE DANS LES SACRIFICES CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
Le sacrifice constitue la pierre angulaire de la religion
traditionnelle africaine surtout lorsqu'il est sanglant, comme le souligne
Dominique Zahan : « bien plus, le sacrifice est la clef de
voûte de cette religion, il constitue la prière par excellence,
celle à laquelle on ne saurait renoncer sans compromettre gravement les
rapports entre l'homme et l'invisible car qui dit sacrifice dit sang
s'écoulant des bêtes égorgées296(*) ».
Cette conception nous conduit inéluctablement à
faire une étude sur la symbolique du sang dans le sacrifice rituel en
passant par l'étude de sa couleur, de sa puissance vitale et son
rôle dans les sacrifices, au-delà de ce qu'on peut
considérer comme le simple liquide qui coule dans les corps des humains
et des animaux. Cette analyse se poursuivra avec celle de la symbolique de la
parole bien plus qu'une simple vocalisation.
A- LA SYMBOLIQUE DU SANG DANS
LE SACRIFICES RITUELS CHEZ LES ÉGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRÉCOLONIAUX
Strack Hermann précise que nombreux sont les
qualificatifs qui peuvent définir le sang : ce liquide vital rouge
comme le feu, symbole de la vie, et qui d'après nos ancêtres
serait le véhicule de l'âme297(*).Ils ne se comptent plus tout au long de l'histoire
et par le monde, les rituels, les sacrifices et les crimes commis au nom du
sang298(*). De ce fait,
le sang aurait une symbolique dans les sacrifices animaliers.
1- Symbolique de la couleur
du sang dans les sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
Le sang est de couleur rouge, même si la densité
peut affecter la clarté de la couleur. La couleur rouge revêt des
sens variés suivant les cultures. En Égypte La couleur rouge est
le symbole de la violence299(*), du désert, de la mort, mais aussi et surtout
la couleur du dieu Seth, le destructeur300(*) .En Afrique de façon générale,
il symbolise le principe vital, la force, la puissance, le mystère de la
vie301(*). Dans certains
contextes, il est le siège de la science, de la connaissance
ésotérique cachée sous le manteau des sages puis interdit
aux non-initiés302(*). Le rouge n'est pas une couleur habituelle, il
symbolise le sang des ancêtres303(*), bu par la terre. Il est de la sphère
cachée, de l'insupportable et de l'interdit. Cette interdiction nous
rappelle toutefois le pacte sacrificiel contracté suite à la
guerre qui opposait les fils Ngoe au lieu dit Koupé. L'interdiction d'un
éventuel retour à cette guerre légendaire est
matérialisée après le rituel sacrificiel de Koupé
par la couleur rouge du bonnet des vêtements traditionnels chez les
Mbo304(*).
Photo 8: Les
dépositaires de la tradition arborant le bonnet rouge
Source : Cliché Cédric
Mbah, Mbouroukou, 2014
2- Le sang : un moyen
de filiation sociale chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
Le sang permet dans la plupart des cultures d'établir
un ordre social avec des lignées, des clans, des familles.Il est ce qui
relie les générations entre elles. Il est le fil conducteur d'une
famille. Tout sujet reçoit son sang, c'est-à-dire sa vie, de sa
lignée et devient par conséquent le garant de ce sang. Il ne peut
en aucun cas faire ce qui lui semble bon du sang reçu. Le sang est le
signe de communion ; une communion d'abord exprimée en famille avant
d'être l'apanage des autres. Si, dans certaines cultures africaines et
chez les Mbo en particulier, le mariage endogène est valorisé au
détriment de celui exogène c'est effectivement au nom de la
conservation de la pureté du sang de l'ancêtre éponyme
Ngoe305(*). Le sang est
ce qui lie le sujet aux ancêtres, ceux-ci étant les
médiateurs avec la transcendance. Sans le sang transitant par les
ancêtres, la relation avec Dieu devient impossible.Le sang est donc
considéré comme le véhicule de la vie.
3- Le sang : symbole
de la vie chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
Il existe un corolaire étroit entre vie et sang, Ce
dernier est en fait la vie. Donner du sang en sacrifice aux ancêtres,
c'est donner ce que l'on a de plus chère c'est-à-dire la vie.
Toutefois la vie de l'être se trouve dans le sang en ce sens que
même après la mise à mort d'un substrat humain
représenté par l'animal, la vie se perpétue dans le sang.
C'est ainsi que par le sang on remettait la vie des défunts aux Dieu via
un sacrifice avec effusion de sang306(*). Les Égyptiens considéraient
qu'après le décès, l'âme (Ba) du
défunt pouvait renaître et accéder au «royaumedes
morts» et au «repos éternel».
Strack Hermann reconnaît que le sang est en fait le
véhicule de l'âme307(*). Pour ce fait la vie ne finit pas ou du moins
l'âme ne périt pas. Cette dernière continuait à
vivre, même dans la mort. En Afrique, la mort semble être,
selon l'ethnologue Dominique Zahan, la conséquence inévitable de
la vie308(*). C'est
à ce titre que la mort constitue, un passage d'une existence vers une
autre existence. Toutefois le transfert de cette vie ou de cette âme du
monde des vivants vers le monde des ancêtres, ne peut être possible
que par le sang (véhicule de l'âme) qui doit être
absorbé par la terre (ancêtres), après le sacrifice d'un
substrat du défunt représenté par un animal.
B- LE ROLE DU SANG DANS LES
SACRIFICES DES ANIMAUX CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
En ce qui concerne le rôle du sang, le dictionnaire
universel précise que le sang est un liquide rouge, visqueux, qui
circule dans l'organisme par un système de vaisseaux et y remplit de
multiples fonction nutritive, respiratoire, excrétoire etc309(*). Toutefois évoquer la
fonction du sang dans les sacrifices rituels, c'est ressortir la place qu'il
occupe dans la mesure de l'efficience du sacrifice animalier. Il revient
dès lors de présenter le sang comme un creuset de puissance, une
source de vitalité pour les ancêtres et de ressortir sa fonction
d'appât pour traquer les esprits pernicieuses.
1- Le sang : une
source de vitalité chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
Ce qui fait l'importance des sacrifices en Afrique et chez les
Mbo en particulier, c'est le sang qui coule de la victime car le sang,
d'ailleurs on l'a si bien précisé, est le véhicule de la
vie, mieux de l'âme310(*). En s'écoulant des bêtes
égorgées, il signifie alors don de vie entre les mains des
êtres divins. Le sacrifice se rapporte, au cas où un animal est
tué pour être présenté, en totalité ou en
partie aux êtres surnaturels, aux esprits, bref à Dieu, en
réponse à leur réaction ou à leur demande. Le sang
est le moyen favori qui rend possible la communication entre les hommes et les
dieux. Le sang assure une communication véritable avec les puissances
surnaturelles car celles-ci répondent aux questions posées ou
agréent vraiment par le don du sang qui les assouvit311(*).
Le sang de ce fait est une substance pleine de
vitalité. Les sorciers ont souvent vus en cette substance des vertus
pour se rajeunir. Pour cela, ils se procurent de manière mystique du
sang des jeunes gens pour se donner des forces312(*). Ces sorciers, de
manière mystique, opèrent une transfusion du sang nouveau afin de
vivre longtemps et avoir plus de force pour continuer leurs actions de
mal313(*). Dès
lors, ces sorciers seront soulagés des maux de la vieillesse tels le
rhumatisme, la fatigue etc. Toutefois il n'en demeure pas moins vrai que le
sang est une source de désaltération pour les ancêtres. Ces
derniers, lorsqu'ils sont enivrés de cette substance vitale via le
sacrifice rituel d'un animal, ils créent à nouveau un climat de
confiance entre eux et les Hommes après une faute commise314(*).
2- Le sang : un
tremplin de rétablissement chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
Pour rétablir la vie, il est judicieux dans le contexte
religieux égypto-africain de verser le sang. Ainsi pour rétablir
la vie ôté à Osiris par Seth ou mieux pour rétablir
l'ordre cosmique troublé par ce dernier, les Egyptiens anciens avaient
entrepris de sacrifier une bête dit animal sethien315(*). Chez les Mbo, il existe bel
et bien le sacrifice de l'animal avec effusion de sang. Ce dernier a lieu le
troisième jour du deuil d'un quelconque individu dans cette
société.Ce sacrifice est exécutédans le but de
rétablir symboliquement la vie du défunt316(*).
Cette conception de rétablissement de la vie par le
sang est aussi présente dans la conception religieuse
judéo-chrétienne. Dans cette perspective, Jésus Christ
s'est donné à sang pour la rémission des
péchés des Hommes ou mieux pour sauver l'humanité de la
mort qui de ce fait est le salaire du péché317(*). Le sang est un
véritable matériau de rétablissement de la vie, raison
pour laquelle Jésus Christ a accepté de le verser pour
l'expiation des péchés de l'humanité. Alors
précise-t-il dans Matthieu « Ceci est mon sang de l'alliance,
qui va être répandu pour une multitude en rémission du
péchés318(*). ».
3- Le sang : un
appât pour traquer les esprits du mal chez les Egyptiens anciens et les
Mbo précoloniaux
Ici, les puissances responsables du mal sont
représentées comme des entités assoiffées de sang.
Elles agissent aux dépens du bien-être des hommes. Au demeurant,
on procédera à une invocation puis à l'immolation d'un
animal pour essayer d'éradiquer les sorciers. Ce geste sacrificiel
constitue le lieu où se joue la rencontre des hommes et des esprits. A
l'aide d'une lame de couteau, on transperce le cou de l'animal pour laisser
couler quelques gouttes de sang. Ces esprits maléfiques, attirés
par le goût alléchant du sang, descendent tel un éclair
pour le lécher319(*). Ainsi d'un seul coup les initiés attrapent
ces cannibales (sorciers) avant que ces derniers n'aient le temps d'assouvir
leurs envies. Après la capture et l'anéantissement de ces
esprits, la communauté rentre ipso-facto dans la quiétude
naguère troublé par ces esprits du mal. De ce fait Claude
Seignolle précise
que :
Puissant est le sang, quand il est utilisé lors des
rites magiques où il est l'élément essentiel à
l'obtention d'un résultat positif, d'ailleurs, le diable ne
réclame-t-il pas une signature rédigée avec notre sang
afin de conclure le contrat qui nous lie aux forces du mal320(*).
Au demeurant il convient de remarquer que le sang est plein
desymbole : véhicule de la vie, appât pour traquer les
esprits du mal, tremplin de rétablissement, source de vitalité,
désaltérant pour les ancêtres, etc. Cependant, le sang
aurait plus de puissance et serait plein de vitalité dans les sacrifices
sanglants que, lorsqu'on l'aura été orienté par le
truchement la parole.
C- LA PAROLE COMME ELEMENT
ESSENTIEL DU SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
Tout sacrifice commence par un discours ou la parole et, c'est
lui-même qui le clôt. Dans une société orale comme
chez les Mbo, l'oralité est soumise à un grand nombre de
règles et remplit des fonctions sociales très
importantes321(*). Dans
le cadre de cette oralité, nous portons un regard sur la parole et
sur les différentes formes qu'elle prend en tant que véhicule
dans une communauté donnée, comme celle des égypto-Mbo.Le
sacrifiant en premier, puis le sacrificateur (ou, si le sacrifiant est
également sacrificateur, une personne désignée pour
l'office liturgique d'orant). La parole, clef de voûte du sacrifice
nécessite des interrogations quitte à sa symbolique et son
efficacité dans le sacrifice de l'animal chez les égypto-Mbo.
1- La parole dans la
société égyptienne ancienne et Mbo
précoloniale
Chez les peuples d'Afrique noire et particulièrement
chez les Mbo, la parole est d'une importance capitale dans les sacrifices. Cela
nous fait penser à la notion de «la parole» ou du verbe de la
théologie Memphite, fondement de toutes les civilisations.Ptah est le
dieu créateur par excellence : il est considéré comme
le démiurge qui a existé avant toute chose, et qui par sa
volonté a pensé le monde. « Ptah conçoit le
monde par la pensée de son coeur et lui donne la vie par la magie de son
Verbe. Ce que Ptah a ordonné a été
créé ; en lui les constituants de la nature, faune et flore,
sont contenus322(*). ». Chez les Mbo, l'échange de la
parole est un mode de communication très sérieux et important
dans la vie quotidienne. On note essentiellement deux types de parole: la
première est la parole ordinaire et la deuxième est la parole
sacrée.
Par parole ordinaire, il ne faut pas entendre parole
« simple ». Au contraire, elle est très
élaborée puisqu'on y retrouve les images verbales, les
métaphores, les citations de proverbes, les aphorismes, etc. Dans
la vie quotidienne, l'art de la conversation existe et les « bons
parleurs » sont reconnus et leur réputation franchit les
frontières de leur communauté. Dans la société Mbo
précoloniale, les « bons parleurs » étaient
très sollicités au cours des cérémonies où
ils jouent le rôle de maître de cérémonie et
d'animateur
Quant à la parole sacrée, elle est rituelle.
Elle représente un mode formalisé de la parole ordinaire. Sa
prosodie est particulière, elle peut être
«archaïque» et devenir une langue secrète si elle est
proférée au cours des initiations. Dans les
sociétés secrètes Mbo, elle n'est comprise que par ses
membres. C'est la parole de prédilection dans la sphère
politique, religieuse et mystique. La parole est la «trame du monde»
et son usage inconsidéré peut entraîner des troubles
graves.
Chez les Mbo, un pan ésotérique est
attribué à la parole surtout dans le cadre des rites. Rappelons
que le même terme « n'zom »
désigne à la fois mot et parole. Les Mbo apprécient la
parole et l'art oratoire (tout autant que le silence) et plusieurs expressions
y sont associées : « à dia
n'zom » : il mâche les mots,
« n'zom à bisèé meu
n'seul » : la parole ne sort pas de sa bouche,
« à sheu-beuh n'nzon nè
òdu » : il verse la parole comme de l'eau,
« édji n'nzom éwèe tieuh n'leuh
éwèe tieuh o'kheu,» : sa parole n'a ni
tête ni queue, « édji n'nzom
ébon-éyièh » : sa parole est
répugnante, « édji n'nzon
ébon » :sa parole est bonne. La parole peut
être cachée, ouverte, obscure, claire, silencieuse, sonore,
sincère, fausse, sotte, intelligente, oblique, droite, venant du ventre,
du coeur etc. Toutes ces expressions relatives à la parole montrent son
importance dans la pratique communicationnelle et rituelle chez les Mbo. Dans
cette société orale, la parole, outre les rôles que nous
venons de lui mentionner, elle a une valeur éducative.
L'éducation des enfants passe en partie par les textes oraux qui
représentent des leçons à des fins moralisatrices ces
paroles sont désigné sous le terme de
« littérature orale »323(*).
Dans la société Mbo précoloniale,
l'initiation qui fait de l'enfant un homme ne peut avoir lieu en l'absence de
la parole. La parole est le véhicule des rites, des coutumes, des
interdits, des règles ou mieux des valeurs traditionnelles de la
société égypto-Mbo. Aussi, c'est par elle que sont
communiquées les connaissances techniques, éthiques et
religieuses. Elle permet l'acceptation des nouveaux initiés dans une
société religieuse et leur permet d'acquérir la culture de
cette religion. Elle assure l'intégration des sacrifices auprès
des divinités. Ainsi la parole assure les rôles religieux,
politiques, idéologiques, initiatiques et ludiques. En parlant des
problèmes quotidiens, elle permet la cohésion et la survie du
groupe. Elle incite à la prise de conscience de par les enseignements
acquis par elle. C'est le cas desenseignements pour Mérikarê,
guide des instructions morales et politiques. Aussi elle représente une
thérapie préventive qui pallie les excès dans la
société.
Nonobstant son importance sociale et sociétale, La
manipulation de la parole est très délicate. Dans le cadre du
sacré.Pour qu'elle conserve son « pouvoir magique »,
il faut respecter certaines règles et interdits. Les interdits sont
nombreux et peuvent concerner le lieu et le moment de la parole. Ils
peuvent également être relatifs au lexique, au sexe de la personne
qui parle, à son âge etc. D'où l'importance et le poids de
la parole qui est à manier avec beaucoup de précautions, quitte
à reconnaitre la force illocutoire de la parole chez les Egyptiens
anciens et Mbo précoloniaux. Ainsi la parole n'est plus seulement un
simple mode passif de communication, mais aussi et surtout, un mode d'action
par excellence dans les sacrifices animaliers, de par sa force magique.
2- L'usage et la force de
la parole dans les sacrifices de l'animal chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux.
Pour Austin324(*) la parole n'est pas seulement mot, elle est aussi et
avant tout, action. L'auteur expose sa théorie sur les
énoncés performatifs. Il souligne que certaines expressions,
à elles seules, font office d'actes. Des expressions comme
« je te baptise » ou « je vous marie »
prononcées par le prêtre sont des actes performatifs. Le seul fait
de les prononcer, réalise l'action. Dire « je vous
marie » rend deux fiancés mari et épouse devant Dieu.
Les énoncés performatifs sont assez rares. Mais Austin
insiste sur la force illocutoire de la parole. D'après lui, en
prononçant un énoncé, on lui attribue une force ou une
valeur. Ces idées épousent inéluctablement celles de
Louis-Vincent Thomas et René Luneau. S'agissant de la parole, ces
derniers pensent que :
La civilisation africaine procède avant tout du verbe,
qu'il soit parole, rythme ou symbole. Le langage en Afrique noire n'est pas
seulement instrument se communication, il est expression par excellence ;
de l'être force, déclencheur des puissances vitales et principes
de leur cohésion (...) la parole en Afrique est créatrice et
fondatrice. Elle est une manipulation des forces. C'est la raison pour laquelle
on ne donne pas la parole à tout le monde325(*).
Le rôle du verbe ou de la parole est fondamental dans
l'efficacité du rite sacrificiel de l'animal chez les Egyptiens anciens
et Mbo précoloniaux. Chaque opération est accompagnée
d'une récitation, d'une prière, d'une invocation ceci nous
amène à illustrer la fête du jour 17 après le
nouvel an dans tout l'Egypte antique (La fête Ouag). La fête était
célébrée en l'honneur d'Osiris, le dieu des morts. Lors de
cette fête, les familles se rendent sur les tombes de leurs
défunts. Ces derniers étaient invoqués par la parole avant
que les vivants ne leur fassent des offrandes sacrificielles. Cette fête
est parfois associée à la fête de Thot qui se
déroule le 19ème jour de l'année326(*). Sans paroles le sacrifice
n'a point d'effet ; à la limite, c'est la parole qui compte. Chez
les Egyptiens anciens et Mbo précoloniaux. D'ailleurs les prêtres
égyptiens accompagnaient à cet effet les rituels sacrificiels par
les paroles qui allaient en destination du neter. En revanche, tout le
monde se tait lorsque le doyen ou le prêtre fait des
énoncé, si courte soient-elles. Il se passe là quelque
chose d'important dont tous les assistants ont pleinement conscience.
La parole orale est considérée comme
l'extériorisation de cette source de vie qui se trouvait aux origines,
dans le secret du sein du sacrifiant et qui, à cette étape,
était silencieuse et créatrice. Lorsqu'elle est sortie, de
façon complète et organisée sous forme de discours, elle
s'en va vers une finalité qui est le but du sacrifice.
Les paroles énoncées lors des sacrifices
deviennent par la circonstance des creusets de réconfort pour la
personne ou la communauté qui exécute le sacrifice. Dans ce
sillage, La parole accède par l'oreille de l'auditeur, y
pénètre et commence son cheminement à intérieur de
celui-ci, jusqu'à son "assimilation". Elle cesse d'appartenir au
locuteur et s'intègre en la personne auditrice. Elle descend à
l'intérieur du corps et irrigue les divers organes, produisant sur eux
des effets différents suivant la nature de la "bonne parole327(*)". D'ailleurs le croyant
chrétien sait qu'il ne vit pas de pain seulement, mais de toute parole
qui sort de la bouche de Dieu328(*). Il en est de même pour le sacrifiant qui
trouvera satisfaction suites aux paroles prononcées par le prête
ou le sacrificateur lors du sacrifice de l'animal dans la société
traditionnelle égyptienne ancienne et Mbo précoloniale.
La parole est associée aux rites sacrificiels pour plus
d'efficacité dans ce sens qu'elle possède de la puissance. Ainsi,
la science contemporaine a également prouvé que le son est une
onde et donc une force329(*). La parole ne véhicule pas seulement qu'une
idée, mais elle transporte en même temps les ondes, mieux la force
dont l'objectif ultime est d'accomplir le but de la parole. La parole est ainsi
pouvoir de création et de transformation. Et c'est ici qu'il faut situer
le pouvoir des incantations ou des chants sacrés dans la sphère
égypto-africain mieux égypto-Mbo.
La parole est d'autant plus forte dans la
société égyptienne ancienne et Mbo qu'elle est
entouré de protocole, elle peut à elle seule resserrer ou
desserrer les liens. Il ne suffit parfois qu'un mot mal placé pour qu'un
drame s'en suive. C'est pourquoi chez les Mbo, il faut fait montre de prudence
dans les propos : « retourner la langue sept fois avant de
parler ». Les cultures négro-africaines l'ont bien compris
depuis, puisqu'on ne donne la parole à quiconque. Ainsi, Pharaon
était entouré des paroliers chacun spécialisé dans
son domaine. Ce fut le cas des psalmistes, des harpistes ou encore des
pleureuses qui incarnaient l'art oratoire en Egypte antique.
La parole telle que présenté plus haut nous fait
voir son importance comme moyen par excellence de transmission de la
pensée. Sous le trait des formules sacrées, elle est
présentée dans tous les actes de la vie religieuse. Elle ouvre,
accompagne et clôt les sacrifices. Dans le cas des sacrifices de l'animal
chez les Egyptiens anciens et Mbo précoloniaux, la parole joue un
rôle déterminant. Ainsi, avant et durant la
cérémonie, les paroles prononcées participent du pouvoir
exceptionnel du verbe dans son expression cultuelle, rituelle et sacrificielle.
Toutefois la parole est le moyen de communication entre les vivants, mais elle
établit également le lien transactionnel, de dialogue entre
l'au-delà et le monde des vivants, dans le but de rendre efficace le
sacrifice par le biais de sa force magique.
CHAPITRE IV : LA
SYMBOLIQUE ET FONCTION DU SACRIFICE
DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
Le langage courant souligne principalement l'idée de
renoncement contenu dans le mot sacrifice dont l'étymologie met en
valeur le caractère religieux : « sacer
face » qui veut dire rendre sacré. Cependant, le
sacrifice est avant tout un rite dont le moment culminant est marqué par
la destruction d'une offrande consacrée330(*). Ainsi, pour ce qui est des
sacrifices animaliers, un animal consacré en offrande plantera à
cet effet, le décor sacrificiel qui traine en lui, un panel de
symbolisme dont la portée peut se mentionner dans les
considérations historiques, théologiques, anthropologiques, et
bien d'autres auxquelles l'on pourrait les lier. Toutefois, il sera judicieux
de reconnaitre que tout fondement symbolique vise une finalité bien
définie. L'objet du sacrifice en ce qui concerne la symbolique des
sacrifices animaliers dans l'univers égyptien et Mbo précolonial,
nous revoie à l'idée que les sacrifices animaliers auraient
des fonctions ou des portées, magico-religieuses, socioculturelles et
médicales.
I- LA SYMBOLIQUE DU
SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
Les sacrifices animaliers dans les sociétés
négro-africaines et Mbo en particulier sont porteurs de significations,
qui se lisent sous l'angle théologique, anthropologique, sociale, etc.
Ainsi, le sacrifice de l'animal chez les égyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux symbolisera une donation aux divinités, l'ouverture
vers unemeilleur vie, une communion entre vivants et morts, un tremplin de
purification, etc.
A- UNE DONATION AUX
DIVINITES
Pour mieux cerner la symbolique du sacrifice de l'animal en
tant qu'offrande dans la société égyptienne ancienne et
Mbo précoloniale, il sera important de ressortir l'aspect de la
conception de l'être humain chez ces peuples. Ceci dans le but de mettre
en exergue le bien fondé des entités ontologiques qui sont
susceptibles de recevoir les offrandesà eux dévouées par
les sacrifices animaliers.
1- L'ontologie
égyptienne ancienne et Mbo précoloniale
Les Egyptiens considèrent la personne humaine comme
étant un composé complexe constitué d'un
élément physique ou matériel et des composantes
spirituelles ou immatérielles impérissables331(*). Ces composés
liés les uns des autres atteignent généralement le chiffre
de neuf éléments.
a- Djet et
Khat ou Ekheu : corps physique
C'est le corps physique, périssable, qui meurt, cette
enveloppe corporelle qui est vouée à la putréfaction
après la mort. Cette entité du défunt était
momifiée lorsqu'on voulait assurer la pérennité des
entités spirituelles à lui inhérentesà
l'au-delà. C'est pourquoi compte tenu du caractère putrescible de
la terre dans laquelle on devrait placer le Djet
332(*), ce dernier avait besoin des soins
particuliers, d'où l'idée de la momification qui était une
véritable nécessité car Djet devenait
Khat ou cadavre lorsqu'on déposait dans un sarcophage
déposé dans une tombe333(*).Cependant le Djet devient Khat
lorsqu'il est momifié comme nous l'apprenons à travers la
phrase« Khat. i qeres tw.s 334(*)» mon corps
est enterré.Djet devenu khat est
représenté dans les textes hiéroglyphiques par un ensemble
de signes dont l'un met en relief, un corps humain allongé, immobile et
inerte déposé sur une table335(*)
336(*)
après le rite de momification.
Le terme Ekheu est polysémique en langue
Mbo337(*). Il signifie
le pied ou encore la peau. En faite c'est le terme même
qui désigne corps physique, souvent on lui adjoint le mot
« Yeul » pour désigner corps
humain ce qui donne « Ekheu Yeul » le terme
français qui nous paraît adéquat pour rendre le sens de ce
mot est enveloppe charnelle ou enveloppe corporelle338(*). C'est ce corps physique qui
est mortel. C'est lui qui, une fois le décès constaté, est
mis dans un cercueil après purification ou lavage du corps, pour
être transporté à la tombe chez les Mbo. Il est à
remarquer que la tombe est souterraine chez les égypto-Mbo et que la
terre serait le lieu par excellence de conservation du Djet devenu
Khat ou bien d'Ekheu Yeul appelénd'èm.
D'où l'expression extrait des textes de la cinquième dynastie
égyptienne : « soul to havent, body to the
earth 339(*)».
Ainsi le corps physique s'en va dans la terre et les
entités spirituelles vont au ciel. Cette conception est reprise chez les
Mbo qui, dans leurs chants d'accompagnement des défunts, reprennent en
choeur le refrain suivant :
Ekheu yeul dj'è ko'o n'do-nsèh
Ebweuh dj'è ko'o ni n'san dieuh
Mé wéeih mée
Woumsié, a-woumsiéé
Mé wéeih mée
Woumsié, a-woumsiéé340(*)
Littéralement, c'est le corps qui reste dans la terre
et les entités spirituelles au ciel. Comme pour dire que le corps est
souterrain et l'âme transcendant. Je ne suis pas mort, je me repose. Ce
qui amène inéluctablement à nous intéresser
à l'âme qui est intrinsèque au corps du vivant de
l'homme.
b- Ba ou
Ebweuh : corps spirituel (âme)
Ba est représenté en écriture
hiéroglyphique, soit par un oiseau à la tête humaine ou par
une cigogne ou un jabiru
341(*). Selon Birch, Ba est
l'élément les plus puissant du corps, il a la faculté de
s'associer au Ka pour permettre au corps ou à Khat de
revivre et gouter aux délices des offrandes déposéesdans
la tombe, il représente la conscience de l'homme et très proche
de Ka comme le présente E .W Budges. «As the Ba
was closely associated with the Ka, it partook of the funeral offerings, and in
one aspect of its existence at least it was liable to decay if not properly and
sufficiently nourished342(*)».C'est donc l'âme ou la conscience
qui habite en l'homme et qui peut vivre indépendamment du corps ou
Khat car il est capable de vivre après la mort. Il peut vivre
à l'au-delà comme parmi les hommes mais sous la forme spirituelle
dit esprit.
Ba ou Ebweuh est en quelque sorte le siège par
excellence de l'Homme, à savoir l'homme intérieure. Il arrive
souvent et très souvent que l'Homme se parle à lui-même,
les Mbo disent alors qu'il parle, qu'il discute avec son âme qui devient
de ce faite un véritable interlocuteur343(*). C'est alors un autre homme invisible qui vit en
l'homme lorsqu'il est vivant ou même mort.
c- Ka ou
Nkukeu : le double
Il est représenté par le signe de deux bras
344(*), c'est
une manifestation des énergies vitales ou la force qui entretiennent la
vie. Desroches-Noblecourt pense que c'est une sorte de génie très
complexe, dont-on peut dire qu'il contient le principe de la vie immanente et
indestructible, individualisé en même temps que l'homme
momifié345(*).
Maspero pense pour lui que, le Ka est une sorte de double de la
personne humaine d'une matière moins grossière que la
matière dont est formé le corps. Toutefois il faut nourrir et
entretenir cette entité comme le corps même ; ce double
vivait des offrandes dans le tombeau346(*)où était déposé
Djet. A travers Ceci il convient de remarquer que, Ka est la
partie de l'homme qui a besoin d'être alimenté après la
mort. Cependant appelé double du défunt, il a
évolué pour designer fantôme347(*) du défunt. Il y
avait ainsi les prêtres du Ka ou les prêtres des dieux.
Pour cela, avons-nous souvent vue Horus Ka d'Osiris ou encore le
temple de Ka d'un dieu donné348(*).
Les Mbo pensent que pour que nkukeu ou le
fantôme ne dérange pas les vivants, l'on devrait apaiser celui-ci
par les offrandes349(*).
C'est la raison pour laquelle, les troisièmes jours après
l'enterrement d'une personne ou lors des funérailles d'un défunt,
les Mbo sacrifiaient un ou plusieurs animaux en dévotion aux
défunts. Lorsque Ceux-ci n'étaient pas apaiser, ils sortaient
physiquement de leurs tombes pour causer les dégâts,
Nkukeu est la composante humaine tout comme le Ka chez les
Egyptiens qui a besoin d'être alimenté.
d- Khaibitet
Eden-Den : ombre
«Connection with the Ka and Ba must mentionthe
Khaibit350(*)». C'est l'apparence à
demi-matérialisé d'un mort d'où parfois l'expression,
l'ombre de soi-même. Khaibit peut dans ce sens êtres
appréhendé comme une composante pouvant mener une existence
indépendante, cependant lié à l'âme ou à
Ba.
C'est l'ombre qui accompagne les hommes dans le royaume des
morts351(*). Cependant
nous pouvons associer Shout à Khaibit car l'ombre
ayant acquis deux formes l'une appelée Shout qui est capable de
sortir du tombeau et l'autre appelée Khaibit qui accompagne le
défunt dans l'au-delà. Au demeurant nous pouvons comprendre que
le défunt, pour communiquer avec les vivants utilise Khaibit,
mais Shout pour le faire avec les ancêtres.
Eden-den c'est ce que les Mbo désignent par
ombre. L'ombre ne quitte jamais l'homme dans un pays de soleil, elle
évoque l'idée de bien-être, de repos, de calme352(*). Chez les Mbo on dit
couramment que si l'on capture l'ombre d'une personne, cette personne mourra
à coup sûr et aucun remède ne pourra rien pour elle. Cette
vision Mbo de l'ombre, nous rapproche de celle que les Egyptiens font du
Khaibit, c'est alors une composante chargée d'une puissance du service
des vivants. Cet ombre du défunt pouvait selon la conception Mbo, sortir
de la tombe du mort au vue du commun des mortels lorsque ce dernier
n'était pas satisfait des offrandes, pour y retournée
après ses randonnées sur terre. C'est alors un revenant
lié au fantôme si non peut ainsi dire.
e- Akh ou khu ou
esprit lumineux
Représenté par un oiseau appelé Ibis
camata. Il est l'esprit lumineux impérissable du défunt, qui est
divin en l'homme353(*).
Akh, est une composante spirituelle le plus ésotérique
de l'Égypte car les simples morts (en dehors du roi) ne possèdent
sans doute pas Akh. Il confère au défunt une
illumination aux glorifications surnaturelle. Posener cité par Yves
Ngono pense que c'est une « puissance invisible qui peut prêter
son efficacité aux hommes mais également aux
dieux 354(*)».
Dans ce contexte, Akh est assimilable à
l'entité immatérielle du défunt divinisé à
qui l'on fait les doléances ou encore, pour qui l'on performe les
sacrifices animaliers dans l'univers égypto-Mbo. C'est donc à
cette composante fluide que les hommes s'adressent lorsqu'ils s'adressent aux
ancêtres dans le cadre des sacrifices animaliers via la parole. Il est
dès lors la courroie de transition entre les dieux et les hommes. De ce
fait, Akh peut séjourner dans la tombe, près de
Djet et dans le cosmos, auprès des dieux ou de Rê.
f- Sahu ou
shé : corps spirituel.
C'est le corps subtil ou être spirituel qui
émerge du cadavre ; c'est lui qui sort pour se placer sur le
cercueil et s'identifiant encore du cadavre355(*). Il s'identifie souvent au Khat selon qu'il
est représenté en hiéroglyphe avec un déterminatif
d'une momie de l'homme couché sur une bière représentant
Khat. Quelquefois, il y a eu confusion entre Sahu et le
khat, et certains passages du livre des respirations égyptien
précisent que « Ton khat est établi et ton
Sakhou germe 356(*)» ainsi, Sakhou émerge du
Khat qui germe pour évoluer indépendamment de celui-ci.
Cette représentation égyptienne de Sahu ou
Sakhou, indique un corps invisible qui a obtenu un degré de
connaissance, de savoir, de pouvoirs, de gloire à partir duquel il
devient désormais éternel, durable et incorruptible357(*). Dans l'univers
égypto-Mbo, c'est à cette entité qu'on adresse les
prières, les doléances, les rites etc, car prêt à
entreprendre le voyage vers la transcendance divine. Toutefois, Sahu
peut s'associer selon la conception égyptienne à Ba pour
converger avec lui vers Rê. Cependant la durée de vie de
cette entité spirituelle est éternellepour cela Budges
précise que « his duration of life is
eternity358(*)».
Chez les Mbo, le terme Shé ou
Séepourrait designer cette entité spirituelle.
Sée ou Shé désigne par ailleurs le monde souterrain.
Aussi, Mo-she, désigne-t-il l'homme de dessous- terre.
C'est-à-dire habitant du monde souterrain. En effet, comme le
précise Essoh Ngomé, le terme She semble plus être un
adjectif rendant un état, à savoir celui des défunts qui
sont restés dans leurs tombes ou presque pour devenir
Yèmeuh359(*). Cependant, il apparait lorsqu'on analyse ce terme
que She est surtout relatif au cadavre qui est dans la tombe et qui se
transforme. Ainsi, Mo-she devient l'homme à l'état du cadavre, en
pleine transformation pour devenir Yèmeuh ou dieu.
g- Sekhem ou
Akhem : puissance intrinsèque
Il est appelé puissance ou pouvoir, c'est le terme
utilisé pour désigner les dieux à coté de Dieu ou
Ntr360(*)
;Sekhem est lié au Khou ou aux divinités. Ceci
veut dire que, Khou a besoin de Sekhem pour se
protéger et manifester sa puissance.
Sekhem est la puissance que l'être possède en
lui, et qui, lorsqu'elle est développée, le met à l'abri
de toutes attaques mystiques. Le concernée ne peut subir aucune attaque
venant du monde invisible. En effet, chez les Mbo, tout initié
possède cet élément. C'est par cet élément
qu'ils parviennent à communiquer avec l'au-delà. Aussi tout homme
possède en lui, cette composante qui peut rester endormi d'une part ou
ravivé d'autre part, à partir des rites d'initiations. Lorsqu'on
fait son entrée dans le Mouankoum ou Ekheum, cette
entité doit obligatoirement être activée.
Les Mbo utilisent souvent l'expression« mo
a-khem-té »pour désigner une personne dont
l'Akhem est ravivé comme pour le qualifier de puissant. C'est
la même composante qui se dit « Sekhem »
chez les Egyptiens Anciens. En revanche. Akhem chez les Mbo est une
sorte de bouclier intégré en l'homme, et qui préserve des
dangers, en effet, l'Akhem est un constituant protecteur dans le sens
le plus général possible ; d'autant plus qu'il
protège Khu pendant ses aller et retour ; c'est-a-dire du
monde des vivants vers l'au-delà et vice-versa.
h- Ib, ab ou
N'lem : le coeur
C'est le siège de la pensée de la conscience
intime, et de la réflexion qui sert d'outil de jugement lors du tribunal
d'Osiris en comparaison avec la Mâat après la mort. Ce n'est pas
le coeur biologique ou ce composé anatomique qui a pour fonction de
propulser le sang dans les verseaux sanguin et partant tout le corps. Selon
qu'ils nous présentent les textes de pyramide, Ib devait
être placé sur une balance avec Mâat
représenté par la plume afin de savoir si le défunt avait
une vie exemplaire ou pas. S'il était de bonne conduite sur terre, il
devrait être proclamé juste. En revanche, s'il était d'une
conduite déplorable, il devait simplement être
dévoré par la dévoreuse du tribunal.
Les Mbo conseillent souvent aux proches ayant commis des actes
répréhensibles, de faire un examen de leur personne
intérieure en ces terme : « be'uel kou'n
n'lem ». Comme pour leurs demander confronter leurs coeurs,
siège de la conscience, aux les lois établies par la
tradition.
Dans le même ordre d'idées,
Desroches-Noblescourt361(*)reconnaît que le sort du défunt
dépendait de la pesée du coeur, qui permettait de savoir si les
aveux sont empreints de vérité. Ainsi, suivant que la
vérité représentée par la plume, symbole de la
Mâat, ou le coeur fera pencher l'un ou l'autre des plateaux, le mort sera
condamné ou absous, et dans ce dernier cas, il sera
déclaré « juste devoix ». Le mort
durant cette épreuve, s'adressait au coeur comme à un
élément indépendant de lui-même, mais plutôt
comme un témoin permanant de ses actions.
Le coeur de ce fait devient une composante très
déterminante dans la vérification du plaidoyer du défunt
face aux dieux. C'est pour cette raison que Kolpaktchy décrit en ces
termes la conversation intérieure d'un
défunt : « mon coeur ne témoigne pas contre
moi, ne te tourne pas contre moi devant le gardien de la balance [...]
puisses-tu sortir heureusement de l'endroit ou nous allons362(*) ». Ainsi, le coeur
se présente comme l'élément le plus représentatif
de la personne d'autant plus qu'il est le siège de la conscience intime,
morale, éthique et religieuse. C'est pour cela qu'il, est inscrit sur un
cercueil du musée de vienne : « le coeur de l'homme
est son propre dieu363(*). »
Photo 9: Illustration de la
peser du coeur par Anubis dans l'au-delà
Source :
« Psychotasie », http :
//User.Belgacom.net/coeurégyptien/datation.htm, consulté le 15
Avril 2015
i- Ren ou Den : le
nom
Ren c'est le nom chez les égyptiens
anciens ou Den en langue Mbo. Le nom peut être
appréhendé comme l'appellation attribuée aux membres d'une
famille, d'un clan ou mieux d'un groupe de personnes. Le nom va bien
au-delà d'une simple appellation, d'autant plus qu'il est le maillon
essentiel de la conception de la personne humaine dans l'univers
égypto-Mbo. Les Egyptiens attribuaient une puissance profonde au nom,
car pour eux, connaitre le nom d'un ennemi « c'est avoir pouvoir sur
lui 364(*)».
Aussi surprenant que ce la puisse être, le nom est l'une des composantes
de l'être et de ce fait, il constitue une véritable essence dans
l'être.
A propos de l'essence, « le nom africain est souvent
porteur d'histoire en tant que lié à l'existence individuelle et
social365(*) ». Toutefois, pour attribuer un nom
à l'enfant né, il fallait faire une rétrospection,
c'est-à-dire regarder dans l'arbre généalogique via les
initiés qui se chargeaient de lui attribuer un nom. Ainsi, Mubesala
Lanza, cité par Yves Ngono, nous donne un jalon très
élaboré pour comprendre la portée du nom dans l'univers
négro-africain, à partir des Kikit du Congo366(*). Toutefois dans la
société Mbo, il était interdit aux enfants de
répondre, lorsqu'ils s'entendaient appelés par leur nom, tant
qu'ils n'auraient pas identifié avec précision celui qui les
appelle. Ceci était également valable pour les grandes personnes,
de nuit comme de jour ; sinon l'on se trouvera emporté par les
esprits du mal à travers le nom367(*).
Le défunt, devenu ancêtre, conserve son nom.
C'est par ce nom qu'on l'invoque lors de cérémonies rituelles.
Lorsqu'on a besoin des bénédictions des ancêtres, le nom
est le seul moyen par lequel on peut entrer en contact avec les morts afin de
déposer les doléances. Bref le nom est un élément
essentiel dans le culte des ancêtres, toujours vivants chez les Mbo.Jean
Vandier et Drioton précisent que certaines opérations magiques
utilisaient les contraignants qui impliquent la connaissance du nom. Une
opération entremêlée qui à la magie et à la
religion, consistait à verser de l'eau sur une statue couverte de noms
des dieux, des défunts et de formules appropriées368(*). Cette eau immunisait ceux
qui l'absorbaient contre les morsures de serpents, piqures de
scorpions369(*), etc. Le
nom attribué à un enfant peut être un remerciement aux
défunts divinisés, avec pour intention de le pérenniser
son nom. Pour cela le nom reste l'élément essentiel pour un
être. Il a une puissance surnaturelle. Les rois en Egypte changeaient-ils
leurs appellations lorsqu'ils accédaient au trône pour s'assimiler
soit aux animaux ou aux autres éléments significatifs de la
nature : c'est le cas des noms de la titulature royale de
Pharaon370(*).
De ce qui précède, nous remarquons que les
éléments de la personne dans l'univers égyptien ancien et
Mbo précolonial se recensent parmi les éléments physiques
et immatériels. Ainsi ces éléments sont
intrinsèquement liés afin d'assurer au défunt une vie
post-mortem ou une vie de dieu. Toutefois dans les
sociétésmonothéistes comme chez les Egyptiens anciens et
les Mbo précoloniaux, faire une offrande sacrificielle à
ntr ou àson me yèmeuh[Dieu], revient au
sacrificateur de transiter par les ancêtres qui sont les défunts
divinisés après certains rites surtout sacrificiels. De ce fait
ces divinités reçoivent les dons des vivants via certains de
leurs éléments ontologiques suscités. Certains de ces
entités sont immobiles et d'autres mobiles comme Akh et
Shout qui ont la capacité de transporter les dons et
doléances des vivants vers Dieu. Ce rapprochement entre Dieu et les
vivants plonge ainsi les hommes dans une situation d'alliance avec la
transcendance dans le cadre des sacrifices animaliers.
2- Le sacrifice : Une
alliance du corps et la transcendance
En Egypte antique, le mot offrandes peut être traduit
par hetep, qui signifie être en paix, être satisfait, il
désigne également le table d'offrande. Ainsi, hetep
conceptualisé serait l'état de grâce, le vide, la paix qui
une fois, nos contraires (morts) réunis, nous mène à la
communion entre le fixe et le volatile, entre le don et la réception,
entre la terre et le ciel, bref entre les vivants et les morts. C'est
l'état de plénitude dans le partage qui permet l'échange
d'énergies entre le monde visible et le monde invisible.
La finalité de la démarche du sacrificiel de
l'animal dans l'univers égyptien ancien et Mbo précolonial
s'inscrit dans la relation d'échange et du don entre Hommes et le monde
suprasensible. C'est dans ce sens que les offrandes, les sacrificesanimaliers
et les prières constituent les lieux où se réalisent les
formes essentielles d'échange et de don. Par ce geste, l'homme exprime
de façon extérieure son humilité, sa dépendance
à la divinité. Dans tout sacrifice, l'objet offert reste un
signe, un symbole, un langage où viennent s'incarner des
réalités spirituelles. Ainsi offrir un sacrifice devient une
obligation religieuse.
La pensée négro-africaine et Mbo en particulier,
reconnait que le but ultime de la communion via les offrandes sacrificielles,
reste et demeure un processus de recherche de l'équilibre entre les
vivants et les divinités. Ceci est très marqué dans la
société égyptienne en ce sens que le but des fonctions
sacerdotales dans l'Egypte antique reste et demeure la recherche de l'harmonie
entre l'univers divin et celui des hommes371(*). Dans cette perspective, les offrandes
sacrificielles des animaux pouvaient être effectuées de
manière spontanée, par dévotion, en signe de gratitude, en
échange d'une grâce divine ou d'une demande particulière
auprès de la transcendance, mieux de Dieu. Ainsi les Egyptiens anciens
faisaient des dons de nourritures pour se nourrir en retour, des
énergies divines. Ceux-ci dévouaient également des animaux
en sacrifice aux dieux afin de leur donner les forces nécessaires pour
tuer symboliquement les forces du mal susceptibles de ramener au chaos
primordial372(*).
Toutefois les vivants sont astreints aux offrandes afin de
participer à leurs manières à l'équilibre cosmique
maintenu par les dieux auxquels ces offrandes sont destinées. En Egypte
antique, cette pratique des dons aux divins par le biais des tombaux a tout son
sens. Dans la mesure où le recours à la perpétuelle
collaboration avec le divin est un moyen pour garantir le cycle de
l'année, la montée du Nil, la croissance des plantes, la
neutralisation des rebelles, la sécurité des frontières,
la joie de vivre et le règne de Mâat... ,bref la
quiétude373(*).
Les offrandes peuvent mieux se comprendre dans la
société Mbo avec le culte des ancêtres ou l'ancestrologie
qui désigne tout discours sur les ancêtres. Cependant, les
ancêtres dans la société Mbo sont des mystiques qui ont
laissé de bonnes heures après leurs morts aux vivants. Le
sentiment de vivre en communion avec les divinités, élève
l'Homme. Toutefois. Nous présentions la religion Mbo comme
monothéiste374(*). Elle est fondée sur la croyance en un seul
Dieu : « l'ancêtre des ancêtres »
dispensateur de vie. Les Mbo dans le même sillage reçoivent la vie
de leurs ancêtres biologiques (parents, grands-parents...) qui deviennent
désormais des intermédiaires entre le proto-ancêtre(Dieu)
et les vivants. Ainsi les ancêtres puisent la vie auprès de Dieu
pour la communiquer à leurs descendants ; raison pour laquelle
communiquer aves les ancêtres, c'est rester en communication avec le
Divin par le biais des offrandes sacrificiels. Les ancêtres dans la
société Mbo sont appelésO-yèmeuh375(*) et le proto-ancêtre ou
l'ancêtre des ancêtres est appelé
Son-me-yèmeuh, littéralement le père de
l'ancêtre.
Par ailleurs, les défunts deviennent ancêtres ou
passent du statut de défunt à celui de divin par les soins des
vivants. Ces derniers pour y parvenir dans la société Mbo,
procèdent aux sacrifices animaliers. C'est de la même
manière que les Egyptiens vainquaient les forces du mal devant conduire
à la mort. Ces deux aspects de la culture égyptienne et Mbo
trouvent leurs fondements dans l'idée de vaincre la mort.
B-LE SACRIFCE DE L'ANIMAL UNE
VICTOIRE SUR LA MORT DANS LA SOCIETE EGYPTIENNE ANCIENNE ET MBO
PRECOLONIALE
La mort est perçue dans l'univers négro-africain
comme un passage d'une vie terrestre, vers une vie céleste beaucoup
moins périlleuse que celle des vivants sur terre. C'est certainement la
raison pour laquelle les Egyptiens les plus nobles consacraient à la
mort, l'espoir d'une ouverture vers la vraie vie. De ce fait, le défunt
avant sa mort, se faisait confectionner un cercueil en or, un tombeau immense,
afin de mener une vie en compagnie des objets précieux de la vie
terrestre tel l'or, argent376(*) etc. Cependant, les Mbo pensent que la mort serait
le chemin par lequel, l'homme devrait passer pour se rajeunir et recommencer
une nouvelle vie terrestre. En revanche, cette opération de passage ne
pouvait être possible que par les soins des hommes qui se devaient dans
certains cas momifier le corps du défunt et dans d'autres cas de lui
faire des offrandes ou lui sacrifier les animaux qui de ce fait était la
clef de voute d'une vie post mortem.
1- Sacrifice : une
ouverture vers la vraie vie chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
La mort chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux est comprise comme le couronnement de l'existence
terrestre. Au lieu qu'elle s'oppose à la vie, elle est plutôt
l'apogée glorieux des difficultés terrestre377(*). Le sacrifice rituel,
pendant le deuil chez les Mbo, devient de ce fait, la condition apodictique de
toute transcendance en ce sens que l'on peut y voir une porte, une ouverture
vers la vie, auprès de ses ancêtres et Dieu378(*).
Malgré la désolation, la tristesse et le vide
que peut causer la mort du point de vu social,
car, « événement pénible, source de
chagrin, c'est arracher l'homme à son foyer, pour le jeter sur la terre
du désert 379(*)». Le sacrifice de l'animal devient par la
circonstance, lorsqu'il est exécuté, une victoire symbolique sur
la mort dans la société égyptienne ancienne et Mbo
précoloniale .Cette perception est liée à l'idée
d'une accession du défunt à l'ancestralité ou au statut de
divin. Le sacrifice l'animal après la mort, devient pour ainsi dire, un
moyen de passage glorieux d'une existence à une autre, avec
possibilité d'accéder au statut d'ancêtre ou de dieu.
La cosmogonie égyptienne d'Héliopolis nous
apprend qu'Osiris est assassiné par Seth. Dans le cas d'espèce,
la mort d'Osiris n'est pas naturelle, c'est une violence, une injustice
contraire à la Mâat (ordre, vérité,
justice380(*))
instituée par Dieu créateur. De ce fait, Seth est donc dans le
tort pour avoir outrepassé les principes de Mâat, par l'assassinat
de son frère Osiris. Une action judiciaire et un procès contre
lui sont donc possible et même nécessaires. Dans le but de
rétablir Osiris dans ses pleins droits, le sacrifice de l'animal qui
substitue Seth devient dans ce sillage, le procédé pour vaincre
la mort d'Osiris à lui donné par Seth381(*).
Les sacrifices animaliers dans l'univers égyptien
ancien et Mbo précolonial, deviennent dans cette perspective, une
ouverture vers une vie meilleur, un triomphe du bien sur le mal, un creuset de
divination etc. Le sacrifice de l'animal sethien tue symboliquement Seth et
accorde à Osiris le titre de roi du royaume des morts. «La
mort» de la mort via le sacrifice de l'animal devient ainsi le seul moyen
pour les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux de parvenir au stade
d'une nouvelle vie, où ils continueront à vivre par
réincarnation.
2- Le sacrifice: un moyen
d'échange ou de réincarnation chez les Egyptiens anciens et les
Mbo précoloniaux
Les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux ne
périssent absolument pas avec la mort, selon leur conception, tout meurt
pour renaitre à une vie meilleure. Le mort est transformé en un
autre être à travers le sacrifice de l'animal et bien d'autres
rites: d'où la hantise d'une vie après la mort. Ainsi le
Egyptiens anciens et les Mbo pensent vivre après la mort.
Si l'on s'en tient à Charles Gaston Njalla, à
l'époque de nos parents, pour donner le nom à un
bébé, les initiés prenaient la peine de regarder
minutieusement avec la prétention de déceler quelques signes
indicateurs de l'ancêtre réincarné dans le
nouveau-né. A l'issue de l'observation et quelques rituels, le
nouveau-né recevait le nom de l'ancêtre défunt et l'on
pouvait dire que le défunt est de retour, qu'il est revenu sous la forme
d'un enfant382(*). Cette
manière de penser vibre en phase avec E. Schliemann qui reconnait
que :
S'il est vrai que le nouveau né doit mourir à
l'au-delà pour s'insérer dans la vie humaine, il n'en perd pas
pour autant tout rapport avec son monde d'origine ; bien au contraire, il
conserve avec lui une relation privilégiée durant la
première partie de la phase terrestre de sa vie. Le lien le plus solide
est entretenu avec le monde des ancêtres. L'enfant qui nait est un
message provenant du séjour des morts. Il est le témoignage de
leur bienveillance et de leur sollicitude pour le lignage. Le premier souci des
vivants est de décrypter le message383(*).
Cette conception de Schliemann explique au mieux le raison
pour la quelle les initiés sont consultés pendant la naissance
chez les Mbo. Cela est faitdans le but de décelerl'ancêtre qui
envoie le message afin que l'enfant porte son nom. De la mort à la
réincarnation, vient se greffer la thèse de Fabrice Roberto
Datchoua Poutcheu qui stipule que « la mort d'un vieillard
est une naissance dans l'autre monde par réincarnation384(*) ».
Néanmoins cet échange d'un être à l'autre ne
pourrait être possible qu'avec l'exécution d'un sacrifice de
l'animal par lequel les ancêtres seront revitalisés. Cependant les
Mbo établissent un cordon ombilical entre la société des
vivants et le village des morts. Ce cordon laisse apparaître une sorte
d'harmonie, point de vue concordant avec celui de E. Schliemann qui
reconnaît que « la conception et la mise au monde d'un
bébé marque l'aboutissement d'un échange qui s'est
effectué entre un groupe invisible donneur d'un enfant et une
société visible qui le reçoit.385(*)».
Se faisant, la réciprocité sera consommée
par le truchement d'un animal sacrifié que les vivants
cèderont, pour être reçu par le groupe invisible de peur
que le nouveau-né ne retourne via le trépas. Ainsi, le sacrifice
de l'animal est perçu comme le gage d'échange entre le monde des
morts, dispensateur et le monde des vivants, récepteur du
nouveau-né. Ce dernier débutera une nouvelle vie par
réincarnation dans un monde où il vivait jadis, mais
arraché par la mort.
Ceci rejoint inéluctablement la pensée de Birago
Diop dans l'expression« les morts en Afrique ne sont pas
morts386(*) ».
Ils ne sont pas partis, à en croire le poète
sénégalais. Bien que vivants ailleurs d'une autre façon,
ils restent cependant présents parmi les vivants. Ces derniers
invoqués en cas de nécessité, répondent et donnent
satisfaction aux vivants qui les auraient invoqués. D'où les
rites d'invocations et les sacrifices animaliers pratiqués à leur
égard avec pour objectif de satisfaire un aspect bien
déterminé de l'homme en société. D'où
l'idée des fonctions des sacrifices animaliers dans la
société égyptienne ancienne et Mbo précoloniale.
II- LES FONCTIONS DU
SACRIFICE DES ANIMAUX CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
D'après la théorie du fonctionnalisme de
Malinowski, tout trait de la culture, comme le sacrifice de l'animal dans une
société égyptienne ancienne et Mbo précoloniale
remplit une ou plusieurs fonctions. Cependant, les informations recueillies sur
le terrain nous révèlent que le sacrifice de l'animal chezles Mbo
précoloniaux remplit plusieurs fonctions qui s'articulent autour du
religieux, du socioculturel et de la thérapeutique.
A- FONCTION RELIGIEUSE DU
SACRIFICE RITUEL DES ANIMAUX CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
Les sacrifices animaliers dans l'univers égyptien et
Mbo précolonial, bien qu'étant des rituels auxquels on attribut
plusieurs finalités, ils trouvent d'abord leurs fondements dans les buts
religieux. Ainsi le sacrifice de l'animal facilitera le voyage du défunt
vers l'au-delà, tout en restant le moyen de communication par excellence
entre l'au-delà et les vivants chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux.
1- Le sacrifice : Un
moyen de facilitation du voyage du défunt vers
l'au-delà
Les Égyptiens conçoivent qu'après le
décès, l'âme du défuntrenaît et accède
au royaume des dieux. Deux étapes majeures expliquent cette
pensée égyptienne de la mort. D'abord, le voyage du
défunt vers l'au-delà avec le rite d'embaumement387(*). Ensuite son jugement par le
dieu Osiris388(*).
L'entrée de l'homme à l'au-delà via le ka est
conditionnée par l'embaumement du Djet (le corps), rite qui
fait renaître le défunt et lui donne accès au royaume
céleste. Dans le même ordre d'idées, sont mis dans le
sarcophage et à côté du défunt : offrandes,
statuettes, et autres objets au titre « d'actants » pour
lui tenir compagnie sur le chemin qui le conduit de la vie
post-mortem389(*).
Cependant, dans la vision négro-africaine du monde,
l'accession au rang d'ancêtre est le résultat d'un mérite
décerné à une personne qui a vécu de façon
modèle dans la société. Nul ne s'arroge cetitre
aux dits de nos informateurs car, ce sont les vivants qui attribuent ce statut
après la mort, ceci au cours d'une cérémonie officielle
pour louer sa sagesse, sa vertu et, bien sûr, son exemple de vie
terrestre par le truchement des sacrifices animaliers en son
honneur.D'où le culte des ancêtres dans les
religionsnégro-africaines et chez les Mbo en particulier. Par ailleurs,
les ancêtresn'existant pas physiquement parmi les
vivants, mais spirituellement,ces derniers sont
invoqués également à travers les sacrifices animaliers
dans centaines situations existentielles chez les égyptiens anciens et
les Mbo précoloniaux.
Dans ce sillage le défunt se présente comme un
prétendant qui veut accéder au rang d'ancêtre.
L'accès de ce dernier au statut d'ancêtre ou encore de dieu, est
très significatif pour les Egyptiens anciens et les Mbo. L'accès
au statut d'ancêtre ne peut être possible que par les soins des
vivants. Ceux-ci, par les sacrifices animaliers, permettent au défunt de
figurer dans le panthéon des ancêtres ou des dieux de la
communauté. Il convient à travers le rituel sacrificiel de
dédier, un ou plusieurs animaux en offrande aux ancêtres, afin
qu'ils facilitent et acceptent parmi eux le défunt pour qui l'on a
sacrifié l'animal. Une fois le sacrifice exécuté lors du
troisième jour du deuil chez les Mbo ou pendant la
cérémonie dit Ngandêuh. L'homme peut être
satisfait d'avoir accomplir son devoir d'accompagner le défunt au statut
d'ancêtre390(*).
L'on peut également être certain que le défunt a rejoint
les ancêtres et qu'il peut désormais veiller sur les membres de la
famille et de la communauté lorsque cela est nécessaire.
Lorsque Marcus Ndongmo et Michel Kouam affirment à
propos du voyage du défunt vers l'au-delà que :
« Dans ce passage, le défunt a besoin de notre soutien
[vivants] 391(*)». Il faut reconnaître que c'est ledit
soutient qui lui est apporté en sacrifiant l'animal. Toutefois, le
passage au statut d'ancêtre ne relève plus des vivants
après le sacrifice exécuté ; mais plutôt de sa
conduite avant sa mort. Avons-nous observé au tribunal d'Osiris que
lorsqu'un homme était de mauvaise conduite, celui-ci ne traversait point
le tribunal d'où sa seconde mort. Toutefois, si le défunt est
accepté parmi ses paires, celui-ci devient ipso facto un ancêtre,
un dieu. Dès lors, les vivants se doivent de rechercher les moyens pour
entrer en contact avec lui. D'où le principe de communication entre les
vivants et les divinités.
2- Le sacrifice : Un
moyen de communication chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
L'univers religieux chez les Egyptiens et les Mbo
précoloniaux est constitué de deux dimensions :
L'au-delà, lieu de résidence des divinités et des morts
divinisés, puis ici bas, lieu de résidence des vivants. La
communication entre les deux mondes se conçoit dans un principe de
réciprocité.Les vivants influencent le monde des ancêtres
autant que ces derniers agissent sur le monde des vivants en assurant comme le
mentionne Jean Vernette « la cohésion du groupe, la
fertilité des épouses et des champs, et les bonnes relations avec
le monde des esprits392(*) ». A cet effet, il y a interaction entre
les deux mondes. Les ancêtres détiennent le pouvoir supra humain
qui leurs permet de défendre la société des vivants contre
les forces négatives. En revanche, ils sont tout de même capables
de nuire à leurs descendants en cas de transgression d'un tabou. Ainsi,
l'état des relations entre les deux mondes dépend en partie de
l'organisation du sacrifice de l'animal qui viendra par la circonstance
harmoniser les rapports entre les vivants et les divinités dans la
société égyptienne ancienne et Mbo précoloniale.
Toutefois, dans le schéma de communication, nous
pouvons ressortir les maillons intervenants allant de l'émetteur ou le
locuteur au le canal en passant par le code pour parvenir au récepteur
ou l'interlocuteur. Par le biais de la métonymie, les vivants dans le
but de communiquer avec les divinités, font généralement
recours aux sacrifices qui sont dès lors le moyen par excellence de
communication entre les vivants et les divinités. C'est ainsi qu'on aura
les émetteurs qui sont les vivants, l'animal qui représente le
canal, la parole le code et les divinités que représentent les
destinataires. D'où le tableau actantiel suivant.
Schéma 6: Schéma de
communication
RECEPTEURS (LES DIVINITES)
|
CODE (LA PAROLE SELON LA LANGUE DU
SACRIFICE : LE MBO DANS LE CAS D'ESPECE)
|
CANAL : UN ANIMAL (LA VICTIME
SACRIFICIELLE)
|
EMMETTEUR (UNE PERSONNE OU UN GROUPE DE
PERSONNES)
|
Source : par nous-mêmes
N.B : Ce schéma est exclusivement
transcendant et unilatéral d'autant plus qu'on passe par l'animal pour
atteindre le divin.
L'ethnologue français
Marcel Griaule
reconnaît le fond et la forme du sentiment religieux africain comme
un :
Système de relations entre le monde visible des hommes
et le monde invisible régi par un créateur et des puissances qui,
sous des noms divers et tout en étant des manifestations de ce Dieu
unique, sont spécialisées dans des fonctions de toutes
sortes393(*).
Cette conception n'échappe nullement pas l'Egypte
ancienne, où, nous retrouvions divers temples ayant chacun un dieu.
Cependant les cultes rendus à ces dieux convergent vers le Dieu unique
qui était Rê, ra394(*). Toutefois, à partir du Moyen Empire,
les sacrifices animaliers étaient faits aux morts et aux
divinités pour devoir accomplir les exigences de la religion qui
régissent toute action de la vie des Hommes en Egypte antique.
D'où les cultes, les rites et les sacrifices animaliers qui sont les
principaux régénérateur de la force vitale des
divinités afin que les vivants obtiennent de ces derniers,
santé,
prospérité,
bonnes
récoltes, etc.
Ces sacrifices établissant par ce fait des liaisons entre le monde des
hommes et celui des ancêtres puis deviennent par là-mêmela
bannière par excellence de la communion entre les divinités et
les vivants.
3- Le sacrifice : Un
temps de communion chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
On pourrait interpréter le sacrifice de l'animal comme
étant un acte de communion notamment entre les vivants et les morts ou
mieux avec les divinités. Les sacrifices peuvent se comprendre dans
l'univers égyptien ancien et Mbo précolonial, comme des
échanges entre les hommes qui les pratiquent et les divins qui les
reçoivent. Dans les sociétés primitives, non
monétaires, tout commerce suppose un échange, dons contre dons,
à proportion de la situation et de la qualité des personnes
engagées dans l'échange. « Do ut
des », je donne pour que tu donnes, selon la formule latine bien
connue. Le don n'est jamais gratuit mais, il s'effectue selon des codes sociaux
précis et réglés par la tradition. Il en est de même
dans l'échange entre hommes et puissances divines. On offre aux dieux le
meilleur parce qu'on attend en retour, des dons inestimables notamment :
la pluie, de bonnes récoltes, la victoire, la paix, la
prospérité, la santé etc. De ce fait, le sacrifice
étant un échange, il est également un partage.
L'un des aspects le plus marquant dans le sacrifice de
l'animal dans les sociétés négro-africaines est le repas
sacrificiel lorsque la victime est sacrifiée puis consommée de
concert entre Hommes et dieux. Chaque partie recevant sa part,
différence qui marque la séparation en le Ciel et la Terre mais
aussi leur communion. Cependant,del'Ancien Empire jusqu'au Nouvel Empire, le
sacrifice de l'animal était un élément indispensable au
culte divin. De ce fait, le Mastaba de Ptahotep à Saqqara et de
Thoutmosis III au Moyen Empire illustrent les scènes de sacrifices pour
le culte de divin395(*).
D'où le sacrifice de l'animal comme une frontière de rencontre et
d'échange entre les Hommes et les dieux. Dans le souci d'offrande,
l'acte de mise à mort est toujours sacrificiel. Après que la part
des dieux a été prélevée et leur a
été offerte, les hommes prennent leur part, soit pour la
consommer sur place dans un grand banquet commun en compagnie de leurs
paires ; soit pour l'amener chez eux, toujours dans l'optique de joindre
la famille à la communion avec les dieux ou les ancêtres.
Les sacrifices sont des repas, dans lesquels les hommes,
lorsqu'ils y prennent part, entrent en communion avec Dieu396(*). Même si les
sacrifices ne se réduisent pas à la communion, c'est l'une de
leur fonction. Le sacrifice rend l'aliment sacré. C'est dans cette
perspective de communion qu'Horus se livre en communion avec le divin
Rê via le sacrifice de l'animal dont les parties sont
minutieusement reparties en ces termes traduits par de Jan Assmann.
Je suis ton fils, je suis Horus.
Je suis venu pour t'amener ces tiens ennemis que l'
Ennéade à
soumis à toi
Atoum a abattu Seth pour toi en ce sien nom de bovin
Atoum l'a mis en pièces pour toi en ce sien nom de
boeuf à longues cornes
Atoum te l'a livré comme une bête mauvaise
Il sera ligoté sous la garde du peuple du ciel en ce
sien nom de boeuf de sacrifice.
Je te l'ai amené comme un boeuf avec une corde au
cou.
Mange-le, goûte sa tête
Tous ses morceaux sont à toi
Sa carcasse m'appartient car je suis ton héritier sur
ton trône397(*)
Dans cette perspective, nous pouvons entrevoir une relation de
dons et de contre dons. Néanmoins le plus important reste que les
vivants, par le moyen de sacrifice de l'animal, entrent en communion avec les
divinités. Ainsi le sacrifice de l'animal dans l'univers égyptien
ancien et Mbo précolonial se présente comme un lieu de rencontre,
qui crée un temps de communion entre les vivants et les divinités
après qu'ils aient communiqué. En ce temps les vivants posent des
doléances et des voeux qui devront être accomplis sous le respect
des clauses qu'ils se seront établis. Ces dernières sont
généralement des pactes sacrificiels devant assurer comme le
déclare Jean Vernette, « la cohésion du
groupe 398(*)». D'où l'importance socioculturelle de
pratiquer les sacrifices animaliers dans la société
égyptienne ancienne et Mbo précoloniale.
B-LES FONCTIONS
SOCIO-CULTURELLES DU SACRIFICE RITUEL DES ANIMAUX CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET
MBO PRECOLONIAUX
Les sacrifices rituels dans la société
égyptienne ancienne et Mbo précoloniale révèlent
également des aspects importants sur le plan socio-culturel,
notamment : la réconciliation, l'entraide, le partage, bref de
cohésion entre hommes en société et celui de
stratification sociale en la matière.
1- Le sacrifice et la
cohésion sociale chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
Les Égyptiens procédaient aux sacrifices
d'animaux lors des cérémonies funéraires et au cours de
certaines fêtes, à l'instar de la célébration de la
victoire d'Horus contre Sethà Edfou à Abydos399(*). C'est aussi le cas de la
fête de Min au Moyen Empire à Memphis où on sacrifiait un
taureau blanc au dieu de la cité à savoir Ptah. Ces fêtes
étaient marquées par des liesses populaires, car liées
à la religion. Le but était que l'animal sethien soit
sacrifié afin de célébrer ladite victoire dans une logique
de commémoration et de satisfaction communautaire. Dans le même
sillage, les occasions rituelles des sacrifices animaliers Chez les Mbo,
faisaient également l'objet des retrouvailles, des rencontres entre les
membres de la communauté, avec pour conséquence immédiate,
le renforcement des relations inter-humaines par le biais de la rencontre.
Toutefois, à l'annonce d'un péril, les
populations Mbo se réunissaient autour d'un sacrifice commun afin de le
conjurer. C'était le cas d'un rituel de conjuration appelé
éyan Adjan pour dissuader les usurpateurs des terres du lieu
dit n'leu mbo'o400(*). Dans d'autres cas ; pour y parvenir, chaque
village se réunissait en un endroit sacré dit
pè'éh ngwe'uehou Ebeumdans le but de laper une
potion susceptible de conjurer une épidémie, une attaque
pernicieuse, les mauvaises récoltes etc. Se faisant, chaque personne
ramenait de chez lui, un morceau de bois, qu'il estimait plus ancien de son
entrepôt à bois, afin de braiser la viande de l'animal sacrifier
mais aussi et surtout de bruler symboliquement le sort annoncé par les
devins. Cette situation créé d'une manière ou une autre,
un rapprochement entre les hommes et par ricochet, l'harmonie dans leurs
rapports, d'autant plus qu'ils se réunissent pour une cause commune.
Dans la même perspective, le sacrifice du poulet
après la naissance d'un bébé dans la société
Mbo tient lieu de scellage du pacte de transfèrement avec
l'au-delà, comme nous l'avons si bel et bien mentionné plus haut.
Notons que chez les Mbo, la part qui revient à l'entité
destinataire du sacrifice, est l'entité spirituelle à savoir le
sang. Dans le même ordre d'idée, le sacrifice de cet animal en
l'honneur de la naissance, contribue tout de même à renforcer les
relations entre les hommes dans la société par le truchement du
repas fait avec la viande de l'animal sacrifié en l'honneur du
nouveau-né.En effet les étrangers ou mieux ceux qui viendront
voir le bébé seront invités à partager le
repas «du bébé»401(*). Ainsi, nous avons observé que l'alimentation
entretient les relations humaines chez les Mbo. Elle permet aux membres de la
communauté au de la famille de communier, notamment lors des repas qui
se prennent en groupe.C'est le cas du repas fait de la viande du poulet
sacrifié lors de la naissance du bébé. De ce fait nous
constatons une véritable convivialité autour du sacrifice via le
repas qui est fait de la viande de l'animal du sacrifice.
Aussi pendant des rituels sacrificiels lors de la dote juste
après la déclaration officiel des fiançailles chez les
Mbo, la présence des représentants dechacune des familles des
futures époux est obligatoire afin de porter les
bénédictions qui devront soutenir les fiancés pendant leur
vie de mariés. Dès lors qu'on avait égorgé l'animal
ou mieux la chèvre, on faisait cuire sur les braises et d'une
manière spéciale de la viande, puis on le distribuait aux
convives qui mangeaient cette viande. Cette dernière consommée
était synonyme de mariage accepté ce qui tient lieu de pacte
unanimement consenti en l'honneur des mariés. Cette même
cohésion se faisait ressentir au niveau de l'entraide entre les membres
la communauté. D'ailleurs, la structure sociale traditionnelle de
l'Afrique, comme nous l'avons dit plus haut, met surtout l'accent sur le sens
communautaire. Ainsi, les groupements sociaux sont régis par des
règles immuables et sacrées de solidarité collective
où l'individu ne se sent jamais comme un élément à
part mais comme une partie d'un tout qui est sa seule raison d'être. Pour
ce faire, la société africaine traditionnelle, au niveau
clanique, tribal et l'ethnique est caractérisée par une
organisation sociale qui privilégie, divinise même cette notion de
solidarité du groupe402(*).
La religion négro-africaine lie l'homme à la
nature mais, surtout les hommes entre eux en société. Cette
liaison générale maintient la cohésion de la
société dont les institutions sont ainsi
justifiées. Le désordre est toujours possible et tous les
grands mythes personnifient ce danger : le renard du mythe dogon403(*) ou encore Seth en Egypte
ancienne404(*), sont les
incarnations du mal qui sont souvent à l'origine des troubles sociaux.
La présence de ces acteurs du désordre exprime la
nécessité de maintenir permanemment les relations entre tous les
éléments de l'univers. C'est par l'accomplissement scrupuleux des
sacrifices animaliers, qui sont en quelque sorte les jointures du monde, que
les hommes peuvent s'assurer d'une poursuite conforme de leur existence dans la
société Egyptienne ancienne et Mbo précoloniale.
Dans un autre cas de figure, les funérailles sont
généralement les occasions de sacrifier les animaux en l'honneur
des défunts. De ce fait, le sacrificateur reçoit l'aide tout
azimut de la communauté. En Egypte antique, le désir d'offrir
l'animal en sacrifice au divin faisait également appel à cette
entraide. Toutefois, les animaux du sacrifice avant le Nouvel Empire
étaient des animaux sauvages comme nous l'apprennentNadine Guilhou et
Janice Peyré405(*). Dans ce sillage, pour capturer les animaux de
sacrifice, les parties de chasse étaient communautaires ceci par
ricochet consolidait les relations entre les Egyptiens. On aperçoit dans
ce contexte, une solidarité inconditionnelle et idéale autour du
sacrifice animalier, qui se situe, comme un gage du communautarisme et de
convivialité séculaire tendant à consolider la
cohésion sociale dans la société égypto-Mbo. Ainsi,
le sacrifice rassemble dans le partage alimentaire à la fois les
puissances surnaturelles et les êtres humains. Il participe sans doute,
à la suspension certes provisoire des dissensions inter-humaines. Ainsi,
le sacrifice de l'animal dans la société égypto-Mbo, se
présente comme un vase dans lequel les différences des hommes
s'absorbent, pour garantir la cohésion sociale. Cette cohésion se
manifeste par une structure bien élaborée, qui donne à
chacun son rôle dans le maintien de l'équilibre sociétal
via la hiérarchisation.
2- Le sacrifice : un
socle de la stratification sociale dans la société
égyptienne et Mbo précoloniale
La stratification sociale se confond à la
hiérarchisation.Cette dernière peut être
appréhendée comme, un classement des fonctions, des pouvoirs,
dans une communauté, selon un rapport de subordination et d'importance,
de connaissance respective dans une société donnée. La
hiérarchisation est présente dans les sacrifices animaliers dans
la société égyptienne et Mbo précoloniale. Celle-ci
sous une forme pyramidale, tient au sommet un prêtre, par ailleurs grand
initié de l'ordre des sacrificateurs. Ensuite vient les prêtres de
degré inferieur notamment, les chefs de familles... ainsi de suite
jusqu'à la base où se trouvent les profanes dont l'ascension ne
sera possible que par le biais de l'initiation, elle aussi creuset de
sacrifices animaliers chez les Mbo. Les sacrifices animaliers chez les Mbo,
peuvent permettre de stratifier cette société.Dans les
sociétés secrètes, à l'instar de Mouankoum
ou Ahon, le passage d'un grade à un autre à l'issue
d'une initiation particulière, l'initié sacrifiait un animal,
gage du transfert d'un niveau à l'autre. Cela est d'ailleurs une
lapalissade, au vue de toutes les considérations qu'on peut avoir des
sacrifices animaliers chez les Mbo que, le partage même de la viande de
l'animal sacrifié fait encore acte de stratification. C'est ainsi que,
s'agissant du sacrifice du poulet, les pattes reviennent au dernier de la
chaine d'hiérarchisation et le gésier au doyen d'âge ou le
grand initié.
Toutefois, la manipulation des rituels sacrificiels des
animaux est une affaire réservée dans la société
égyptienne ancienne et Mbo précoloniale. Elle est essentiellement
l'apanage des initiés et des chefs des familles ou bien des
prêtres chez les Egyptiens anciens. Cette classification est
également observable au niveau de l'âge et du sexe du
sacrificateur. Le statut du sacrificateur ou prêtre, ainsi que la vision
que l'on fait de sa personne varient sensiblement d'une société
à une autre. Chez les Mbo, le prêtre jouit d'un crédit
« d'homme sage». Pour le lui en témoigner, il reçoit
respect et vénération.
La société traditionnelle Mbo est une
société segmentaire. Elle est constituée de clans, mieux,
des grandes familles. Dans cette société, la vie de l'individu
s'inscrit toujours dans une logique communautaire. A côté ou
à l'intérieur même de ces clans qui forment dès lors
le village, il existe une classe sociale que l'on pourrait qualifier de
caste constituée des initiés qu'on appellera prêtre.
Or Chez les Egyptiens anciens les prêtres ne sont pas une secte à
part, ils ne sont pas des prédicateurs, ils n'ont pas
de « paroisse » à endoctriner : ils sont
comme chez les Mbo, au service des dieux et non des guides spirituels406(*). Dans l'Egypte
prédynastique, la fonction de prêtre est initialement celle du
chef de clan, tout à la fois magicien et chef de guerre407(*). Plus tard dans l'Egypte
unifiée, cette fonction deviendra plutôt un privilège
royal408(*). C'est donc
par délégation de pharaon, que les prêtres accomplissent
leurs offices dans divers endroit du pays.
Nous voulons nous contenter de parler du prêtre tout
court. Qu'il soit prêtre-lecteur, prêtre-médecin,
prêtre-guérisseur etc, tous sont et demeurent en matière de
sacrifice des Prêtres. Dès lors celui-ci devient un personnage qui
joue un rôle majeur dans les sociétés africaines.
Toutefois, la désignation de ce personnage aussi
important dans la société Mbo pose beaucoup de problèmes.
Il faut signaler que dans la société Mbo, tout homme peut,
à quelque moment de son existence, être prêtre car une
grande partie des rites accomplis partent du niveau familial pour
s'élever progressivement à l'ensemble du groupe. Le praticien
peut être membre d'une société secrète
déjà mentionné (Nkoum, Mouankoum, Ahon409(*)) ou bien, une personne
ordinaire disposant des aptitudes nécessaires à la divination
mais soumis à une fonction divinatrice par ses ancêtres410(*). On le désignera
alors par mo'oh mbo'oh ou bien mo'oh bwangueuh, mo'oh ngan
littéralement l'homme de la société secrète, un
tradi-praticien investie des pouvoirs qui le lient étroitement aux
dieux. Cependant, l'homme qui pratique les sacrifices animaliers, peut à
l'occasion exercer des fonctions sacerdotales. De ce fait,doit être
appelé prêtre dans la société égyptienne
ancienne et Mbo précoloniale, celui qui est habileté à
présider une cérémonie, à prier une divinité
ou une puissance au nom du groupe, à exécuter les rites d'un
culte institué. Il n'est pas facile dans tout les cas de faire un
distinguo entre le magicien et le prêtre lecteur ou devin. Celui-ci
possède des connaissances religieuses, mais elles vont d'une profonde
maîtrise des mythes, à une simple compétence rituelle
accompagnée d'une grande familiarité envers les dieux411(*). En revanche, le
prêtre détient des forces particulières, notamment la
voyance, entendu comme le don de voir rituellement, le passé, le
présent et l'avenir. Bref, tout ce qui est habituellement soustrait au
regard du commun des mortels.
Chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux,
comme partout d'ailleurs en Afrique noire, les tradi-praticiens ou les
prêtres sont détenteurs d'un savoir et d'un savoir-faire, de la
connaissance technique et scientifique dont-ils se servent pour pratiquer les
sacrifices des animaux. Ce savoir-faire leur assure paradoxalement une certaine
respectabilité dans les rapports sociaux. Les prêtres
interviennent dans toute la vie socio-culturelle. Hérauts,
civilisateurs, médiateurs entre les vivants et les morts. Les
prêtres jouent, dans le déroulement des sacrifices collectifs et
individuels, un rôle déterminant car, selon Mbonji
Edjenguelé « Le tradi-praticien détient un savoir
avéré et non une science absolue d'efficacité et
imparable. Ce savoir faire est la science des lois régissant les divers
éléments de la nature, aux fins de rétablissement de
l'équilibre vital, individuel ou du groupe412(*) ».
De ce fait, derniers militent fort pour la protection des
hommes de par leur vocation de prédire, de prévenir et
d'expliquer les événements métaphysiques. Ce sont les
tradi-praticiens, les guérisseurs, magiciens bref
les prêtres qui apparaissent selon Théophile Obenga
comme « les savants traditionnels par excellence, qui ont crée
une tradition culturelle et scientifique d'une richesse inouïe en Afrique
noire 413(*)».
Ceux-ci interviennent dans tous les gestes de la vie, notamment ceux des
sacrifices des animaux. C'est par ces entités que la
différenciation entre le prêtre et l'homme ordinaire se fait
ressentir. D'où le sacré et le profane reconnu par Henri Hubert
et Marcel Mauss, dans leur ouvrage414(*). En ce sens, les deux anthropologues
interprètent le sacrifice conformément à son
étymologie latine : sacrificium « faire
sacrer ». C'est la distinction durkheimienne entre le profane et le
sacré, qui fonde la religion415(*). Dès lors, le sacrificateur devient
l'intermédiaire qui permet de lier, ce qui est normalement
séparé par les rituels sacrificiels qu'il sait bien manipuler. Ce
savoir faire lui concède par le fait, charisme, respectabilité au
vue des situations délicates et critiques dans lesquelles il extirpe les
gens dans la société. Des lors, les hommes se sentiront
soulagés de certains maux, qui par la circonstance les conduit à
l'état de quiétude, de confort, avec l'éloignement du mal
à travers le sacrifice des animaux. D'où la fonction
thérapeutique du sacrifice de l'animal.
B- LES FONCTIONS
THERAPEUTIQUE DU SACRIFCE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
La thérapeutique peut se comprendre comme toutes
méthodes relatives au traitement et à la guérison des
maladies, dans le but certain de soulager le malade de sa souffrance416(*).Pour cela, la
thérapeutique va de la prévention à la curation d'une
maladie donnée.Dans cette perspective, les sacrifices animaliers se
place en amont et aval des prestations thérapeutiques dans la
société égypto-Mbo. Cependant, les sacrifices animaliers
contribuent en même temps à la protection des
hommes(prévention), et à la guérison des pathologies
préalablement identifiées par le guérisseur (curation).
Toutefois, les sacrifiants trouvent satisfaction dans divers cas de sacrifices
animaliers, qui engloutissent aussi leur personne que leur être
psychologique, après avoir sacrifié un ou plusieurs animaux
à la suite des situations embarrassantes417(*). Ces derniers se retrouvent
comblées par l'acte de purification, de blindage après qu'un
animal est servi de bouc émissaire à leurs souillures ou de
substrat pour racheter leurs vies.
1- L'animal du
sacrifice : Un bouc émissaire chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
René Girard, dans ses ouvrages418(*) reconnaît que les
sacrifices sontles moyens de focaliser les pulsions violentes sur un objet ou
un animal de substitution notamment, un bouc émissaire. Le but du
sacrifice est de détourner cette violence sur un animal bouc
émissaire. Cet animal est à la fois maudit, puisque la violence
s'abat sur lui, mais il est en même temps sacré, puisqu'il permet
le retour à la quiétude humaine, gage d'un équilibre
psychologique, et par ricochet, à la paix sociale. Parlant de la paix
sociale, Thierno Bah nous donne une vision claire avec sa
thèse419(*) sur
les mécanismes traditionnels de prévention de la paix. Celui-ci
précise que, comme le préconisait Paul Valéry, les
mécanismes de préventions de la paix peuvent mettre fin à
la guerre mais pas à l'état de guerre. Pour ce fait, Thierno Bah
reconnaît que, pour parvenir à une paix véritable, le
sacrifice rituel de l'animal se présentait comme une
nécessité incommensurable dans les sociétés
africaines précoloniales420(*). Cette pratique dans l'Afrique traditionnelle avait
pour leitmotiv de conduire à une paix psychologique, une «paix de
satisfaction421(*)», qui établit une confiance
générale de paix durable, voire perpétuelle entre deux ou
plusieurs communautés. A titre d'exemple, l'aire culturelle
Djukun qui intègre divers groupes ethniques (Vouté,
Mbum, Tikar, Bamoun, etc.) aurait entrepris un pacte sacrificiel pour que la
guerre qui opposait ces derniers entre eux soit à jamais oubliée
via le sacrifice successif d'un substrat animalier, Vouté, Mbum, Bamoun
Bafia, etc. Suite au mélange du sang de ces derniers en offrande aux
divinités, les Djukum de commun accord se sont convenus que, le
retour à une quelconque guerre sera fatal pour quiconque
déclencherait. De ce fait, l'on comprendra que les animaux sacrificiels
n'ont été autres choses que des animaux boucs émissaires
ou mieux des animaux d'expiations afin de repousser au loin, la guerre et
attirer la cohésion, la stabilité dans l'aire culturelle
Djukun.
Dans l'univers négro-africain, chacune des maladies est
naturellement associée à un type particulier de soins. Ces
maladies dont la principale manifestation dans l'univers égyptien ancien
et Mbo précolonial se soldent souvent par l'échec
thérapeutique, peuvent être traitées avec la puissance de
la force supérieure dont la mise en exergue des procédés
rituels et sacrificiels. De ce fait, les animaux sont souvent utilisés
pour combattre un sort qui freine la guérison d'une maladie ou encore
pour conjurer un sort. De ce fait Serge Matou422(*) précise que la poule sera l'animal le plus
indiqué pour conjurer un sort qui ne permettrait pas la guérison
d'une maladie.
Photo 10: Un patient
soumis à la conjuration du sort d'épilepsie via un poulet bouc
émissaire
-
Source : Cliché Mbah
Cédric, Mouamenan, le 9 Mars 2015
Sur cette photo on peut y voir le malade assis sur une chaise
en bambou de raphia et nu. Ainsi, le thérapeute et par ailleurs notre
informateur nous apprend qu'il se place devant le patient, tout en lui
parcourant plusieurs fois le poulet sur le corps en prononçant des
paroles jusqu'à la mort subite de l'animal. Il précise que ce
gestuel a pour but de chasser le sort qui a été jeté au
malade423(*). Ce rituel
s'apparente au rite de diagnostic nægPi:li chez les
Diide l'Adamaoua au Cameroun424(*).C'est le même procédé
qu'utilisaient les anciens Egyptiensdans le traitement par transfert de maladie
et par assimilation à travers un animal bouc émissaire. De ce
fait, Sauneron précise que : « Le transfert [...]
consiste à mettre un animal à proximité de l'homme malade,
en prononçant les formules magiques pour que le mal, abusé, se
transporte dans l'animal425(*) ».
2- Le sacrifice : un
tremplin deprévention chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
Selon nos informateurs, les rituelssacrificielsdes animaux
permettentd'apporter à la famille ou à la communauté une
protection contre les mauvais esprits, les mauvais sorts, mieux, les met
à l'abri de toute situation susceptible d'ébranler la
quiétude des hommes en société. Pour cela, en Egypte
antique, on sacrifiait lors de certaines cérémonies comme
à Edfou, dans le but prévenir, de garder en équilibre
l'ordre cosmique susceptible d'être troublé par les dieux du mal,
pourvoyeurs des maladies426(*). Toutefois, la consommation de la viande de l'animal
du sacrifice, procure à l'homme, une force magique susceptible
d'être le réceptacle d'une force occulte et surnaturelle. Elle met
l'Homme à l'abri de toutes attaques mystiques427(*). Les Egyptiens anciens
avaient depuis compris que l'ingurgitation de la viande de l'animal de
sacrifice était une source indéniable de protection contre les
esprits pernicieux428(*). De ce fait, après le rituel de mise à
mort de l'animal sethien ou typhon dans la nome d'Edfou, les hommes se
livraient à la consommation de la viande de l'animal sacrifié qui
selon P. Germond et J. Livet,« possède une force
surnaturelle et une vertu divine que l'homme s'approprie en les consommant
après le rituel429(*). ». Cette manière de faire
était manifeste dans la société Mbo par le fait que les
hommes consommaient les viandes rituellement préparé des animaux
sacrifiés pour se prévenir des certaines situations telles les
maladies ou des accidents. Charles Gaston Njalla précise que la viande
du chien cuit à l'étouffé avec certains ingrédients
chiffrés à trente-deux (32)protège contre la
fièvre, les poisons, la typhoïde430(*) etc. De ce fait, la viande de l'animal de sacrifice
consommée, loin de satisfaire sa fonction première dont
l'alimentation, elle va au-delà de cela, pour devenir un repas
médical.
Aussi, la protection se faisait également par
l'utilisation de certains objets qui se présentent comme les
réceptacles des dieux avec pour fonction la protection contre les
attaques mystiques ou bien d'autres situations imprévisibles. Ce sont
les cauris ou des gris-gris faits à base des parties des animaux
préalablement sacrifiés.Nous avons à l'occasion des
pendentifs, les colliers faits des os et dents des animaux ou encore des
ceintures faites de peaux des animaux. Cependant, les hommes arborent par
devers eux, tous ces objets faits à base des parties d'animaux
préalablement sacrifiés pour certains,afin d'avoir
assurément protection contre les mauvais sorts. Dans le même ordre
d'idées, Serges Sauneron nous apprend que la magie égyptienne
servait à la protection des humains. A cet aspect défensif ou
préventif était inhérenteà l'emploie des talismans,
l'usage des amulettes pour protéger le corps de toutes atteinte
pernicieuse431(*).Ces
amulettes pouvaient provenir des parties des animaux ou conçues en
formes miniaturées de l'animal auquel ont lui adjoignait sa puissance.
Cependant lorsque l'homme était atteint d'une maladie, le traitement qui
lui était administrépouvait faire appel aux animaux ou parties
d'animaux pour arriver à la thérapie.
3- Sacrifice
animalier : une partie de lathérapie propre à certaines
pathologies chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
Nous précision plus haut que le sacrifice de l'animal
pouvait se faire par dévotion. De ce fait l'animal de sacrifice pouvait
entièrement ou en partie être donné en offrande aux
divinités. Toutefois, dans certains rites thérapeutiques, les
sacrifiants présentaient en offrande, une partie de l'animal et
utilisait d'autre parties pour la thérapie de certaines maladies. Se
faisant, nous avons recensé bien de recettes qui utilisaient les parties
des animaux dans le but de guérir des maladies.
Plusieurs substances animales comme nous l'apprennentNadine
Guilhouet Janice Peyré432(*) entraient dans le processus deguérison des
malades chez les Egyptiens anciens. Ainsi, les prêtresguérisseurs
ou les médecins prescrivaient des animaux qu'ils sacrifiaient au
préalable avant d'utiliser certaines entités pour la
médication du malade. Cependantles substances comme les fientes, les
urines, les utérus, les vulves des animaux occupaient des places de
choix dans la pharmacopéeégyptienne433(*). Après sacrifice d'un
animal pour guérison chez les Mbo, certaines substances étaient
utiles pour la médication du malade. C'est par exemple le cas des myomes
quinécessitaientles urines d'un quadrupède ou encore le
traitement de rate qui faisait appel à la bile d'un bovidé afin
de soulager le malade du mal. En Egypte, le papyrus d'Ebers et Hearst434(*) nous donne une
pléthore des recettes médicales faites à base des
substances d'animaux. Par exemple, d'après le Papyrus médical
d'Ebers, les corps des animaux auraient des propriétés
magiques, leurs graisses, poils et excréments entraient dans la
composition des remèdes qui avaient des usages multiples comme,
combattre les brûlures, les piqures de scorpions, les douleurs
articulaires, l'apparition des premiers cheveux etc. Le papyrus Ebers
présente bien de recettes comme : La recette pour empêcher le
retournement des cils dans l'oeil, « myrrhe, sang de lézard,
sang de chauve-souris; faire l'extraction des cils et après appliquer le
remède, l'oeil sera guéri435(*) ».
Bien queles sacrifices animaliers aient un
caractèrebeaucoup plus symbolique dans la société
égyptienne ancienne et Mbo précoloniale, l'on peut se rendre
compte au terme de ce chapitre que le sacrifice des animauxest d'une importance
indéniable dans ces sociétés. L'on peut ainsi dire
qu'autant chez les Egyptiens anciens, que chez les Mbo précoloniaux, les
sacrifices animaliersavaient une fonctionsociale. La portée de ces
sacrifices animaliers est manifeste dans presque tous les aspects de la
viequotidienne des Hommes,qui, loin d'être exhaustive, vont du profane au
sacré,du mystique à l'ésotérisme, du religieux
à la médecine etc.
CONCLUSION GENERALE
En choisissant de consacrer une étude sur le sacrifice
de l'animal dans les sociétés africaines précoloniales
à l'exemple des Mbo et les Egyptiens anciens, il était question
pour nous d'essayer de comprendrela place des sacrifices animaliers dans la
société égyptienne ancienne et Mbo précoloniale. Il
ressort que les Mbo,peuple situé au sud du Sahara est du point de vue
géolinguistique, un peuple Bantou localisé dans les
régions de l'Ouest, Sud-ouest et du Littoral camerounais. Les Mbo selon
la tradition orale seraient descendants d'un ancêtre appelé Ngoe.
Celui-ci aurait échappé à un déluge par les soins
de Ngwaté-Kaah, une prophétesse qui lui aurait annoncé
auparavant la venue d'une averse qui décimera toute la région du
Manengouba. Ngoe serait marié à Sumediang qui elle-aussi serait
rescapée du déluge. Ces derniers auraient douze enfants qui sont
ancêtres des différents clans Mbo. Toutefois l'appartenance des
Mbo au grand groupe linguistique nous a conduits vers une origine
méridionale des Mbo à savoir dans la vallée du Congo.
Cependant en scrutant la théorie de Cheikh Anta Diop, l'on a pu se
rendre compte que les peuples au sud du Sahara seraient originaires de la
vallée du Nil436(*). Ce lieu semble être le point de départ
de ces populations au sud du Sahara. De ce fait nous sommes parvenus au
résultat que les Mbo serait originaires de la vallée du Nil
à partir des sources linguistiques. Ces derniers auraient
emprunté l'itinéraire migratoire Bantou pour arriver dans le
bassin du Congo puis continuer leurs migration à travers la vague Duala
d'autant plus qu'ils sont les Sawa de la montagne selon que l'affirme Dika Akwa
nya Bonambela437(*). De
ce fait ils vont se disperser dans la zone de montagne sur lesquels on peut les
localiser aujourd'hui. Dans cette perspective, lorsque les Mbo
s'installèrent, ceux-ci ont organisé une
société lignagère structurée autour d'un noyau
familial dont l'éclosion devrait conduire à la formation de
plusieurs clans.
Toutefois, les Egyptiens et les Mbo précoloniaux ont
développé des mécanismes tendant à rapprocher les
hommes aux divinités. Notamment les rituels sacrificiels des animaux
tout en y intégrant la magie. De ce fait, les fondements des sacrifices
animaliers se lisent aisément à travers les leitmotivs religieux.
Ce faisant, les sacrifices permettent aux hommes d'établir les pactes
avec les divinités. Évitant l'intervention perpétuelle des
divinités dans les activités humaines, les hommes vont pour cela
utiliser la puissance que Dieu créateur a déposé en tout
être pour défendre la vie qui est en perpétuelle proie aux
esprits pernicieux. Cette entité est chez les Egyptiens appelée
Ka, chez les Mbo, Akhem.Ka ou Akhem doivent
être activés par le biais des sacrifices animaliers pour qu'elle
devienne Héka ou le Ka activé ou l'homme dont
l'Akhem est ravivé afin de devenir (mo-Akhem) chez
les Mbo.
Au départ, les Egyptiens anciens sacrifiaient les
animaux sauvages, car selon les textes égyptiens, les animaux sauvages
avaient un caractère beaucoup plus sacré dans les sacrifices
animaliers. Ils étaient également l'objet des oblations
prestigieuses. Cependant, dans l'univers égyptien antique et Mbo
précolonial, l'animal est entouré de mystères qui lui
concèdent un caractère sacré. C'est ainsi qu'il est un
bestiaire du pouvoir d'autant plus que, les rois, les prêtres dans la
société égyptienne ancienne et Mbo utilisent les animaux
ou des parties des animaux dans l'exercice de leurs fonctions. Toutefois, les
attributs royaux font pour la plupart des temps allusion aux animaux, la
titulature royale égyptienne ne saurait tout expliquer en ce qui
concerne la symbolique des animaux. Pour cela, de par la symbolique que les
Egyptiens donnent à l'animal, ces derniers vont s'atteler à
domestiquer certaines espèces qu'ils vont de ce fait intégrer
dans les sacrifices animaliers. Le caractère sacré que l'on
attribue à l'animal conduira les Egyptiens anciens autant que les Mbo et
la plupart des peuples africains à considerer les animaux comme les
réceptacles des dieux par le biais des animaux totems, comme des
bestiaires du pouvoir ou des regalia du pouvoir à l'exemple du
taureau chez les Égyptien et les Mbo précoloniaux.
Chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux,
tous les animaux ne faisaient pas partie des sacrifices. Ceci a cause de la
symbolique qu'on attribuait a chaque animal et selon qu'on se trouvait dans les
différents normes. Ceux qui faisaient partie des sacrifices
étaient frappés d'un tabou péjoratif négatif pour
certains et positif pour d'autres. De ces espèces sacrificielles, nous
recensons de manière prépondérante, les animaux parmi la
famille des bovidés, des volailles, des suidés qui faisant
l'objet des sacrifices. Ces animaux passaient au crible d'une sélection
humaine de par les qualités de pelage, la maturité, de sexe des
animaux à sacrifier. De ce fait, les sacrifices animaliers à
exécuter devaient selon les circonstances être non sanglants ou
sanglants. Toutefois, dans les croyances africaines, les sacrifices avec
effusion de sang semblent être plus conséquents que les sacrifices
non sanglants. D'autant plus que le sang jouait un rôle
déterminant dans le sacrifice de l'animal. Ainsi le sang selon sa
symbolique était la véhicule de l'âme, un appât pour
traquer les esprits maléfiques friands du sang, ou bien un
désaltérant pour les divinités demandeurs du sacrifice.
Le sacrifice de l'animal dans la société
égyptienne ancienne et Mbo précoloniale revêt un
caractère beaucoup plus symbolique que fonctionnel. Dans ce sillage, il
symbolise une offrande aux divinités, un moyen d'accompagnement des
défunts vers leurs félicités célestes. Dans cet
ordre d'idées en exécutant les sacrifices en l'honneur des
défunts, l'on participait selon la conception égyptienne ancienne
et Mbo précoloniale, à la reconstitution de ses entités
spirituelles et physiques séparées par la mort, afin que le
défunt entame une nouvelle et véritable vie post mortem. Ainsi le
sacrifice symbolise une victoire sur la mort et l'ouverture vers une vraie vie.
C'est pour cela qu'il était judicieux au cours de notre travail de
ressortir les éléments de la personne pour comprendre le bien
fondé des sacrifices dans la vie post mortem du défunt chez les
Egyptiens anciens et Mbo précoloniaux.
Les sacrifices étaient d'une importance incommensurable
dans la société égyptienne ancienne et Mbo
précoloniale. C'est dans cette perspective qu'ils sont sur le plan
religieux des moyens de communications, un tremplin de communion entre les
hommes et les divinités, une facilitation du voyage du défunt
vers l'au-delà. L'importance de ces sacrifices se manifeste sur le plan
social à travers la cohésion qu'on observe autour du sacrifice.
Elle est aussi vivable à travers la stratification qui se fait montre
dans les différentes scènes de sacrifices d'autant plus que les
sacrifices restent des aspects de la vie réservés aux seuls
initiés dont les prêtres chez les Egyptiens anciens et les
tradipraticiens chez les Mbo. L'importance des sacrifices animaliers n'est plus
à démontrer dans la pharmacopée égypto-africaine
car nous ne pouvons recenser le nombre des différentes recettes
médicales qui utilisent les animaux ou bien les parties des animaux
sacrifiés pour apporter satisfaction aux hommes dans la
société. Ainsi nous pouvons brièvement qualifier les
sacrifices animaliers de pratiques magico-religieuses aux valeurs
propitiatoires et expiatoires selon le sens que la parole leur aura
donné dans la société égyptienne ancienne et Mbo
précoloniale. Ainsi, sans prétendre avoir scruter tous les
aspects des sacrifices des animaux, il est souhaitable pour des
générations avenir de s'intéresser au rôle du sang
et la parole afin de comprendre le bien fondé et le sens des pratiques
rituelles de l'Afrique au stade le plus achevé malgré l'influence
de la mondialisation qui opte pour la mise à l'écart des valeurs
ancestrales africaines véritable charnière du
développement africain438(*).
ANNEXES
ANNEXE I
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I
*******
CENTRE DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE EN
SCIENCES HUMAINES, SOCIALES ET EDUCATIVES
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I
*******
POST COORDINATE SCHOOL FOR SOCIAL AND EDUCATION
SCIENCES
Thème : Le sacrifice de l'animal
dans les sociétés africaines précoloniales : Le cas
des Mbo, à la lumière des anciens Egyptiens.
GUIDE
D'ENTRETIEN
1- Qui sont les Mbo ?
2- D'où viennent-ils ?
3- A quel groupe linguistique appartiennent-ils ?
4- Comment appel-t-on l'ancêtre éponyme des
Mbo ?
5- Combien de clans compte le peuple Mbo ?
6- Quel est le type d'organisation politique des Mbo ?
7- Qu'est-ce que le sacrifice ?
8- A quelle occasion fait-on des sacrifices ?
9- Sacrifie-t- on tous les animaux ?
10- Quels sont les types de sacrifices animaliers que vous
connaissez
11- Quel est la symbolique du sang dans les sacrifices
animaliers ?
12- Quel est la place de la parole dans les sacrifices
animaliers ?
13- Quels sont les fonctions du sacrifice dans la
société ?
14- Qui peut sacrifier ?
ANNEXE II
UNIVERSITÉ DE YAOUNDÉ I
*******
CENTRE DE RECHERCHE ET DE FORMATION DOCTORALE EN
SCIENCES HUMAINES, SOCIALES ET EDUCATIVES
THE UNIVERSITY OF YAOUNDE I
*******
POST COORDINATE SCHOOL FOR SOCIAL AND EDUCATION
SCIENCES
QUESTIONNEMENT DE COLLECTE D'INFORMATIONS EN VUE DE LA
REDACTION D'UN MEMOIRE DE MASTER II EN HISTOIRE
THEME : LE SACRIFICE DE L'ANIMAL DANS LES
SOCIETES AFRICAINES PRECOLONIALES : LE CAS DES MBO A LA LUMIERE DES
ANCIENS EGYPTIENS.
A- IDENTIFICATION DE
L'INFORMATEUR
Nom et
prénom :Méssapé Georges
Fonction :Dépositaire de la
tradition Mbo(Mouamenan)
Age :71 ans
Lieu de
résidence :Epé'ébé, Mouamenan
Dates d'entretien :7 et 8 Mars 2015
B- QUESTIONS ET REPONSES
Question- no1 : Qui sont les
Mbo ?
Réponse
Il faut d'abord noter que Mbo est l'un des douze fils de
Ngueuh / Ngoe l'ancêtre commun à tout ceux qui ont avec des
ressemblances de dialecte. J'entends par là ceux qui parlent la langue
Mbo c'est-à-dire, les Elong, Mouamenan, Bakossi etc.
Question 2 :D'où
viennent-ils ?
Réponse
Notons de prime à bord que les Mbo sont une population
très ancienne. Selon ce qui nous est venu de nos parents, nous [Mbo]
habitions tous dans les alentours du Lac Manengouba. Mais le froid qui
régnait dans les montagnes a poussé à des luttes
intestines pour la survie. Luttes qui seront à l'originede
l'éparpillement actuel de nos populations [populations Mbo]. Cette
hypothèse me parait plus vraie que dans sa jeunesse, mon père a
pu voir lui-même les gens de Mbonbeng, Passim, Tombel et d'autres coins
plus reculés revenir cueillir dans les plantations qu'ils avaient
abandonnées jadis dans la précipitation de leur départ.
Question 3 : A quel groupe linguistique
appartiennent-ils ?
Réponse
Ngoe dans la mythologie Mbo est le frère de Nsongo et
les populations de ce dernier parlent presque le duala. Je pourrais même
dire le duala. Lorsqu'un duala parle on a comme impression à avoir
affaire à un Congolais qui s'exprime en Lingala. Il ne sera plus
question de démontrer que le Mbo appartient au groupe de langues
Bantou.
Question 4 : Comment appel-t-on
l'ancêtre éponyme des Mbo ?
Réponse
L'ancêtre éponyme se nomme Ngueuh/ Ngoe/ Ngoh
selon le dialecte qu'on utilisera. Celui-ci se serait marié à
Sumediang pour donner douze enfants.
Question 5 : Combien de clans compte le
peuple Mbo ?
Réponse
Les Mbo comptent douze grands clans subdivise en sous clan
selon la grandeur des différentes familles. Cependant il faut retenir
qu'au départ, allant de la dislocation des fils Mbo suites aux guerres
intestines que nous avons déjà mentionner, Chaque fils de Ngoe se
localisait à un endroit pour former une famille dont l'éclosion
donnera plusieurs familles et par ricochets, plusieurs Clans. Dénombre
le chiffre de clan, serait un travail périlleux et fastidieux.
Question 6 : Quel est le type
d'organisation politique des Mbo ?
Réponse
Je dois d'abord vous dire que l'institution d'un chef est
contemporaine à l'époque allemande. Avant l'arrivée des
allemands, seuls certaines personnes d'une certaine noblesse comme les chefs de
familles avaient sous eux des subordonnés. Pendant la période
d'avant les blancs, on avait dans le canton Mbo, deux chefs à savoir
Ewèn m'elam [Ewané Elamé] pour le clan Ekanang et Eheuhn
[EHong]. Il revenait à ces représentant de familles de semer la
graine de la cohésion clanique à travers les rites bref il
était le responsable du clan si on peut le dire. Ces deux leaders se
joignaient en cas de péril grave susceptible de compromettre toute la
communauté afin de trouver des moyens efficace pour apprivoiser ledit
péril. C'est alors une organisation politique de type clanique.
Question 7 :Qu'est-ce que le
sacrifice ?
Réponse
Le sacrifice est une pratique fondamentale dans le quotidien
des Mbo. Il constitue la forme de culte la plus technique, il est un pacte
d'alliance avec l'invisible, c'est une offrande en hommage aux dieux. Le plus
souvent, le sacrifice est accompagné d'une cérémonie,
notamment l'immolation d'une ou de plusieurs victimes. Il peu de ce fait
être compris comme une offrande, à la différence que tout
ou partie de ce que l'on consacre aux dieux il est détruit et que la
partie restante, le cas échéant, peut être consommée
par les hommes.
Question 8 : A quelle occasion fait-on des
sacrifices ?
Réponse
On exécute les sacrifices lors des
cérémonies comme les mariages, les funérailles, les deuils
pour les cas courants. Certains événements comme
l'avènement des épidémies dangereuses, la recrudescence
des morts, des mauvaises récoltes, ou toute autre situation susceptible
d'être dangereuses pour la communauté Mbo peut fait l'objet des
sacrifices.
Question 9 : Sacrifie-t- on tous les
animaux ?
Réponse
Non !
Question 10 : Quels sont les types de
sacrifices animaliers que vous connaissez ?
Réponse
Les sacrifices où le sang de la victime est
recherché et d'autres qui ne recherchent pas du sang. C'est alors les
sacrifices sanglants et non sanglants.
Question 11 : Quel est la symbolique du
sang dans les sacrifices animaliers ?
Réponse
Le sang revêt aussi un sens éthique car, tout
sang n'est pas synonyme de la bonne vie. Il existe donc du sang bon et du sang
mauvais. Cette classification ne relève pas du domaine organoleptique
mais purement de l'éthique. En effet, un sang versé pour une
cause noble est dit bon tandis l'inverse le qualifie de mauvais. C'est ainsi
que nous pouvons comprendre le mystère symbolique du sang de menstrues
de la femme. Dans la sphère culturelle africaine, le sang n'est pas fait
pour être vu. Il doit rester caché parce que sa vue
témoignage une mort de vie. Il existe un corolaire étroit entre
vie et sang.
Question 12 : Quel est la place de la
parole dans les sacrifices animaliers ?
Réponse
La place de la parole est incontournable dans la
société Mbo car, c'est elle qui réunit.Dans les
sociétés traditionnelles Mbo la fonction de la parole est
porteuse de coutumes, de mémoires et de traditions. Je considère
La parole ou bien l'oralité comme un moyen d'expression vitale qui
véhicule l'éducation et le savoir-vivre dans notre
société.Je dirais sans ambages que c'est un support
pédagogique pour les analphabètes. Tout sacrifice commence par
des discours, parce que dans les sacrifices animaliers, la phrase
consacrée à l'oralité est inaugurée par une
série de prières qui vont réaliser le but du sacrifice.
C'est par exemple le cas d'un fils ou d'un proche dont le défunt en veut
pour n'avoir pas célébré ses funérailles. Lors du
sacrifice de animal, condition sine qua num des funérailles chez
nous[les Mbo], le sacrifiant qui apaise le défunt procède
à une prière telle la suivante :
Epalé (nom du défunt)
Je te salue
Mort, tu m'as abandonné
Qui va maintenant nourrir ma bouche ?
Ensemble, toi et moi, nous formions une
armée
Epalé (nom du défunt)
Il faut maintenant que tu t'en ailles
J'ai tout organisé pour qu'on puisse te
faire
Tes funérailles !
Il faut maintenant que tu t'en ailles
Salue bien les autres
Que o- yèmeuh (ancêtres divinisés)
t'aide à trouver ta place auprès d'eux.
Epalé (nom du défunt)
Voici ton dû
Prends-le de jour
Prends-le de nuit
Il ne faut plus que tu reviennes discuter ici avec
quiconque
A propos de cette chose
Elle t'a été donnée,
Que son me yèmeuh te donne une bonne assise au
village de nos ancêtres
Question 13 : Quels sont les fonctions du
sacrifice dans la société ?
Réponse
Il protège les hommes contre les esprits
maléfiques et contribue à la pharmacopée Mbo. Certaines
personnes allient pour leur guérison, sacrifices et médicaments
des hôpitaux pour retrouver une prompte santé. Aussi d'autres
personnes peuvent être sauvées des situations telles que l'emprise
des sorciers à partir des sacrifices. Les sacrifices à mon avis
pourraient se placer comme une panacée pour les problèmes des
Mbo.
Nom de l'étudiant : Mbah
Cédric Stéphane
Niveau : Histoire V
Contact : 674 688 795/
243 802 531
e-mail : mbahcdricstphane@yahoo.fr
ANNEXEIII
Le bestiaire égyptien « L'animal
n'est qu'un réceptacle temporaire de la puissance
divine »
AntilopeSatisProtectrice des sources du
NilBabouinHapi ThotProtecteur des vases canopes et
génie du Nord Dieu de l'écriture, patron des scribes et
greffier
divinBélierAmon Khnoum Rê HarsaphèsDieu
de l'Empire à partir du Moyen Empire Gardien des sources du Nil et
dieu créateur à Esna Dieu solaire et créateur à
Héliopolis Héliopolis ; étroitement lié
à Amon, Rê et OsirisChien noir ou
ChacalAnubis Douamoutef OupouaoutDieu de la momification
et Protecteur des vases canopes et génie de l'Est Ouvreur des
chemins, il protège les processions sacrées et
PharaonChatteBastetFille de Rê aux caractères
pacifiquesChien mythiqueSethDieu ambivalent incarnant le
désordre mais protégeant la barque
solaireCobraOuadjetDéesse tutélaire de la
Basse-ÉgypteCrocodileSobekSeigneur des eaux et dieu
créateur à
CrocodilopolisFauconHaroéris Horakhty Horus Montou Khebeh-senouf Sokaris«Horus
l'Ancien», défenseur du dieu solaire Dieu solaire incarnant le
soleil à son zénith Dieu céleste et protecteur de la
royauté pharaonique Dieu guerrier de la région
thébaine Protecteur des vases canopes et génie de
l'Ouest Patron des artisans et dieu funéraire de
MemphisGazelleAnoukisProtectrice des sources du
NilGrenouilleHéketAssistante de Khnoum lors des
accouchements royauxHippopotameThouéris Opep, Reret,
ShepetCompagne de Seth ; protectrice du foyer Divinités
hippopotames moins connuesIbisThotDieu de l'écriture,
patron des scribes et greffier divinIchneumon
(mangouste)AtoumIncarnation du dieu
solaireLionShouDieu de l'espace, symbolisant la vie et le
souffle vitalLionneSekhmet TefnoutDéesse incarnant
l'oeil solaire et les forces dangereuses Fille de Rê incarnant l'ordre
cosmique et la chaleurOxyrhynque (poisson)SethDieu
ambivalent incarnant le désordre mais protégeant la barque
solaireScarabéeKhépriDieu solaire et
créateur à Héliopolis incarnant le soleil
levantScorpionSelkisDéesse guérisseuse et
magicienneSerpentApopis(ou Apophis) Ennemi cosmique
symbolisant les forces
destructricesSphinxHarmakhis Houroun«Horus dans
l'horizon», une des formes du dieu solaire Dieu Cananéen
assimilé à
HarmakhisTaureauApis Boukhis MnévisTaureau
sacré de Memphis, incarnation physique du dieu Ptah Incarnation du
dieu guerrier Montou, puis d'Amon «Réplique vivante» du
dieu Rê sur terre et médiateur du dieu
AtoumVacheHathor NoutFille du soleil aux qualités
universelles et multiples Déesse du
cielVautourMout NekhbetÉpouse d'Amon parfois
assimilée à Sekhmet Déesse tutélaire de la
Haute-Égypte
|
Source : Beler, A. G. (de), « La
mythologie égyptienne »,
www.lebestiaireégyptien.org.
Consulté le 4 Mai 2015
Carte 2: La vallée du Nil
Source :
http:/user.belgacom.net/carta-nil-egypt/datation.htm.
SOURCES ET ORIENTATIONS
BIBLIOGRAPHIQUES
A- OUVRAGES
Albert, J-P et Midant-Reynes, B.,Le
sacrifice humain en Égypte ancienne et ailleurs, Gallimard, Paris,
1986.
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b- Sources égyptiennes
Décrets oraculaires : « Bandes de
papyrus roulés et insérés dans un étuis afin de
protéger des personnes »
Le papyrus de Bremner Rhind, « Incantation
destinée à protéger le soleil et renverser
Apopis»
Le Papyrus Ebers : « Des recettes
médicales et magiques, rédigés dans la Maison de
Vie »
Les papyrus de Leyde : « des recueils de
formules magiques ».
Les textes des Pyramides : « Des mythes,
rites funéraires, pratiques magiques, des formules qui peuvent
être utilisées par les morts comme par les vivants »
...................................« Cartographie de
l'au-delà : régions souterraines et célestes"
Les textes des Sarcophages Egyptiens :
« Formules des sarcophages pour devenir un dieu,
Osiris »
Papyrus 1993 musée de Turin :
« Mythe sur la magie d'Isis ».
Papyrus Bremner-Rhind : « Retrace sous
forme graphique le neter créateur »
Papyrus Chester-Beatty : « Il s'agit de
plusieurs textes magiques, littéraires et religieux».
Papyrus de Jumihac : « Des Légendes,
des pratiques etc. ».
Papyrus de Turin : « Divers recueils, comme
le rituel pour repousser l'Agressivité du neter
Seth »
Papyrus du Ramesséumdu British Museum
« Récit sur le jubilé du roi Sésostris
Ier ».
Papyrus Harris 500 du British Museum,
« Chanson du Harpiste : chant des louanges du
scribe »
Papyrus n°10183 du British Museum,
« Conte des deux frères où se mêle l'humour et
mythologie»
Papyrus Sallier : « Divers
récits »
Papyrus Westcar : « Légende des
grands magiciens, le contes des rameuses ».
c- Sources orales
Noms
|
Age
|
Fonctions
|
Lieux et dates d'entretiens
|
Ngoupa Abel
|
89 ans
|
Notable
|
Mbouroukou le 22 et 23 Août 2014
|
Nnané Simon
|
85 ans
|
Planteur
|
Ekanang le 18 Août 2014 et le 15 et 17 Février 2016
|
Yaka Jacqueline
|
74 ans
|
Cultivatrice
|
Ekanang le 17, 18, 23 Août 2014
|
Ebongué Isaac
|
45 ans
|
Chef du village Passim
|
Passim le 4, et 10 Janvier 2015
|
Epoh Zacharie
|
53 ans
|
Dépositaire de la tradition Mbo, N'hon du village
mbouango
|
Loum le 27, 28 Décembre 2014 et Mélong le 12
Janvier 2015
|
Essoh Ngomé Hilaire Claude
|
58 ans
|
Chargé de cours à l'université de Douala
|
Douala le 4 et 9 juillet 2014
|
Etongué Mayer
|
78 ans
|
Agent retraité des Eaux et Forets, Chef du village
Denzo
|
Denzo le 14 et 16 Août 2014
|
Samba
|
91 ans
|
Artisan Vannier et dépositaire de la tradition Mbo
|
Mouandja le 8 Août 2014
|
Mme Ntimé, née Boul Marie
|
92 ans*
|
Ménagère
|
Ekanang le 15 Août 2014
|
Etamé Major
|
65 ans
|
Notable du village Mbouebi, Dépositaire de la tradition
Mbo
|
Mbouebi le 29 et 30 Décembre 2014 et 20 Décembre
2015
|
Matou Serge
|
65 ans
|
Tradipraticien
|
Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015
|
Nzumé Fritz
|
65 ans
|
Fonctionnaire de Police retraité
|
Manjo le 5,6 Mars 2015
|
Ekoue Blaise
|
62 ans
|
Ancien Député à l'Assemblée
Nationale
|
Ekanang le 5 et 6 Janvier 2015
|
Eboulé Leobert
|
64 ans
|
Fonctionnaire de Police retraité, traditionnaliste, Chef
de quartier 4
|
Loum le 27, 28, 29 Décembre 2014
|
Mbé Zachée *
|
65 ans
|
Président du tribunal coutumier de la chefferie
Supérieure du canton Mbo
|
Mbouroukou le 15 Janvier 2015
|
Ekenglo Pierre
|
78 ans
|
Fermier
|
Baré le 25 Janvier 2015
|
Ekwellé Marcel
|
69 ans
|
Enseignant retraité
|
Nkongsamba le 25 et 26 Janvier 2015
|
Njalla Charles
|
82 ans
|
Planteur, Voyant
|
Ekanang le 6, 7 Janvier 2015 et le 12, 13 et 21 Février
2016
|
Ntomba Arnauld
|
55 ans
|
Notable du village Mbouroukou
|
Mbouroukou le 21 janvier 2015
|
Essoh Ewounin Samuel
|
48 ans
|
Tradipraticien
|
Mbouebi le 14 Janvier 2015
|
Edika Salomon
|
46 ans
|
Agent comptable Fond National de l'Emploi, traditionnaliste
|
Yaoundé le 12 Janvier 2016
|
Essoh Eugène*
|
70 ans
|
Planteur
|
Mouandja le 29, 30 Janvier 2015
|
Sa majesté Moukété Ngoh Magellan
|
69 ans
|
Chef Supérieure du Canton Balong
|
Mbanga Qt Yokè, le 30 Décembre 2015
|
Makollé Frédéric
|
N.D
|
Agent Comptable retraité
|
Nkongsamba, le 25 et 26 Décembre 2015
|
Sa majesté Pandong Mbappé Frederick
|
49 ans
|
Chef Supérieure du Canton Mbo
|
Mbouroukou le 14, 15 Janvier 2015 et le 2, 4, 5 Février
2016
|
Ngando Zachée
|
67 ans
|
Planteur
|
Mbouebi le 29 Janvier 2015
|
Mpongo Nkwama
|
72 ans
|
Cultivatrice
|
Mboanké le 14 aout 2015
|
Ekoué Blaise
|
68 ans
|
Ancien Maire de Mélong, Nkoum
|
Ekanang le 20 aout 2015
|
Ehode Ntéké
|
62 ans
|
Membre du groupe de danse Nkamba
|
Mboanké le 14 Aout 2015
|
E- DICTIONNAIRES
Appia, M, D.,L'Égypte.
Dictionnaire encyclopédique de l'Ancienne Égypte et des
civilisations nubiennes, Gründ, ýParis, 1999.
Bellinger, G, J.,Encyclopédie des
religions, Paris, Librairie générale française, coll.
« Le Livre de poche », 2000.
Bréel. M et Bailly, A,
Dictionnaire étymologique latine, Paris, 1985.
Canavaggio, P.,Dictionnaire des
superstitions et des croyances, Paris, Dervy, 2001.
Chevalier, J et Greerbrant
A.,Dictionnaire des symboles : mythes, rêves, coutumes,
gestes, couleurs, nombres, Paris, Robert Laffont/ Jupiter, 1969.
Dictionnaire Larousse, MAURY-Manchecourt, mai
2003.
Dictionnaire universel, Hachette Edicef, France,
2000.
Gardiner, A.,Egyptian grammar,
Oxford, Third Edition, Revised, Griffith institute, Ashmolean Museum.
Mercier, P.,Dictionnaire des
civilisations africaines, Fernand Hazan, Paris, 1968.
Posener. G (dir),Dictionnaire de la
civilisation Égyptienne, F. Hazan, Paris, 1959.
TABLE DES
MATIERES
SOMMAIRE
i
DÉDICACE
ii
REMERCIEMENTS
iii
LISTE DES ILLUSTRATIONS
iv
LISTE DES SIGLES
v
GLOSSAIRE
vi
RESUME
vii
ABSTRACT
viii
INTRODUCTION GENERALE
1
I- LES RAISONS DU CHOIX DU SUJET
1
a-) Raisons académiques,
1
b-) raisons
épistémologiques.
1
c-) Aspirations idéologiques.
2
d-) L'envie de suivre les pas de Cheikh
Anta Diop
3
II- JUSTIFICATION DU CADRE
SPATIO-TEMPOREL
4
a) Le cadre spatial
4
b) Cadre temporel
4
VI- EXPLICATION CONTEXTUELLE DES
CONCEPTS
6
VII- CADRE THEORIQUE
9
VIII- REVUE DE LITTERATURE
11
V- PROBLEMATIQUE
16
III- OBJETIFS DE LA RECHERCHE
17
IX- METHODOLOGIE
18
X- DIFFICULTES RENCONTREES
19
XI- PLAN DU TRAVAIL
20
CHAPITRE I : PRESENTATION DES MBO
22
I-LES ORIGINES DU PEUPLE MBO
22
A-ORIGINES SELON LA TRADITION ORALE MBO
22
B-ORIGINES SELON LES SOURCES
LINGUISTIQUES
30
C-ORIGINES NILOTIQUES DU PEUPLE MBO
34
II - ORGANISATION DES MBO PRECOLONIAUX
36
A-STRUCTURE SOCIO-CULTURELLE DES MBO
PRECOLONIAUX
36
1) Une société
lignagère
36
2) Une société
monothéiste
37
3- Les groupes de danses chez les Mbo
précoloniaux
38
B-ORGANISATION DU POUVOIR POLITIQUE CHEZ
LES MBO PRECOLONIAUX
39
1-Un système politique segmentaire
de type clanique
40
2-Source de légitimité du
pouvoir chez les Mbo précoloniaux
40
3-Les sociétés
secrètes : véritables pouvoirs politique chez les Mbo
41
C-ORGANISATION ECONOMIQUE DES MBO
PRECOLONIAUX
45
1-Une économie essentiellement
agricole
45
2-Un mode de production basé sur le
travail collectif
46
3-Le marché, une part
d'économie chez les Mbo
47
CHAPITRE II : FONDEMENTS ET
CIRCONSTANCES DU SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO
PRECOLONIAUX
50
I-FONDEMENT DES SACRIFICES ANIMALIER DANS
LA SOCIETE EGYPTIENNE ANCIENNE ET MBO PRECOLONIALE
50
A-FONDEMENTS RELIGIEUX DU SACRIFICE DE
L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
50
1-La dépendance humaine à la
transcendance comme motif des sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens
et les Mbo
52
2-Le sacrifice de l'animal comme un
apaisement des dieux chez les Egyptiens ancien et les Mbo
précoloniaux
54
3-Le sacrifice de l'animal : une
courroie entre les dieux et les Hommes chez les Egyptiens anciens et Mbo
précoloniaux
55
B- FONDEMENTS MAGIQUES DU SACRIFICE DE
L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
57
1-L'activation du principe vital chez
l'homme comme fondement des sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et
les Mbo précoloniaux
58
2-L'institution de la magie comme motif des
sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et Mbo précoloniaux
59
3-L'exorcisme comme source du sacrifice
chez les Egyptiens anciens et Mbo précoloniaux
60
C-LES MOBILES DU SACRIFICE DE L'ANIMAL LIES
AU CONTEXTE SOCIAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
62
1-Les raisons des alliances sacrificielles
de la paix sociale chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
63
2-Les raisons du sacrifice liées
à la mort chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
64
3-Les fondements liés au contrat
social ou au communautarisme chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
65
II-CIRCONSTANCES, ACTEURS ET EXIGENCES DU
SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
67
A-CIRCONSTANCES DU SACRIFICE DE L'ANIMAL
CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
67
1-Le cas des sacrifices liés au
décès d'un dignitaire dans la société
égyptienne et Mbo précoloniale
67
2-Le cas des sacrifices liés aux
mauvaises récoltes chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
68
3-Circonstances de la recrudescence des
maladies et des morts subites chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
70
B-ACTEURS ET EXIGENCES DU SACRIFICE DE
L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
71
1-Les acteurs et compléments du
sacrifice de l'animal chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
71
a-Les divinités
71
b-Le sacrifiant
72
c-Les sacrificateurs
72
d-Le sacrifié
74
e-Les compléments du sacrifice
74
2-Exigences du sacrifice des sacrifices
animaliers chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
76
a-Des règles hygiéniques des
sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
76
b-Des restrictions spatiales
77
c-Le temps indiqué
78
d-Le type d'animal de sacrifice chez les
Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
79
C-LES TYPES DE SACRIFICES ANIMALIERS CHEZ
LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
80
1-Les sacrifices non-sanglants
80
2-Les sacrifices sanglants
81
CHAPITRE III- LES ANIMAUX DU SACRIFICE
SANGLANT, SYMBOLIQUE DU SANG ET DE LA PAROLE DANS LES SACRIFICES CHEZ LES
EGYPTIENS ANCIENS ET MBO PRECOLONIAUX
83
I-LES ANIMAUX DU SACRIFICE SANGLANT DANS LA
SOCIETE EGYPTIENNE ANCIENNE ET MBO PRECOLONIALE
84
A-LE CARACTERE SACRE DES ANIMAUX CHEZ LES
EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
84
1-L'animal : Le réceptacle des
dieux sur la terre chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
85
2-L'animal : un bestiaire du pouvoir
chez les Egyptiens anciens et Mbo précoloniaux
86
3-L'animal substrat humain dans les
sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
90
B-DOMESTICATION DES ESPECES D'ANIMAUX DE
SACRIFICE CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
91
1-Processus de domestication
92
2-L'Egypte : un foyer de domestication
des animaux en Afrique
94
3-L'univers Mbo : Un espace de
diffusion de l'espèce animale du sacrifice
95
C-TYPE D'ANIMAUX DU SACRIFICE RITUEL CHEZ
LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
97
1-Les bovidés
97
2-Les volailles
99
3-Les suidés
102
II-LA PLACE DU SANG ET DE LA PAROLE DANS
LES SACRIFICES CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
103
A- LA SYMBOLIQUE DU SANG DANS LE SACRIFICES
RITUELS CHEZ LES ÉGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRÉCOLONIAUX
103
1-Symbolique de la couleur du sang dans les
sacrifices animaliers chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
103
2-Le sang : un moyen de filiation
sociale chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
105
3-Le sang : symbole de la vie chez les
Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
105
B- LE ROLE DU SANG DANS LES SACRIFICES DES
ANIMAUX CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
106
1-Le sang : une source de
vitalité chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
106
2-Le sang : un tremplin de
rétablissement chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
107
3-Le sang : un appât pour
traquer les esprits du mal chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
107
C- LA PAROLE COMME ELEMENT ESSENTIEL DU
SACRIFICE DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
108
1-La parole dans la société
égyptienne ancienne et Mbo précoloniale
108
2-L'usage et la force de la parole dans les
sacrifices de l'animal chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux.
110
CHAPITRE IV : LA SYMBOLIQUE ET
FONCTION DU SACRIFICE
113
DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET
LES MBO PRECOLONIAUX
113
I-LA SYMBOLIQUE DU SACRIFICE DE L'ANIMAL
CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
113
A-UNE DONATION AUX DIVINITES
113
1-L'ontologie égyptienne ancienne et
Mbo précoloniale
114
a-Djet et Khat ou
Ekheu : corps physique
114
b-Ba ou Ebweuh : corps
spirituel (âme)
115
c-Ka ou
Nkukeu : le double
116
d-Khaibitet Eden-Den :
ombre
116
e-Akh ou khu ou esprit
lumineux
117
f-Sahu ou shé :
corps spirituel.
118
g-Sekhem ou
Akhem : puissance intrinsèque
118
h-Ib, ab ou N'lem : le
coeur
119
i- Ren ou Den : le
nom
120
2-Le sacrifice : Une alliance du corps
et la transcendance
122
B-LE SACRIFCE DE L'ANIMAL UNE VICTOIRE SUR
LA MORT DANS LA SOCIETE EGYPTIENNE ANCIENNE ET MBO PRECOLONIALE
123
1-Sacrifice : une ouverture vers la
vraie vie chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
124
2-Le sacrifice: un moyen d'échange
ou de réincarnation chez les Egyptiens anciens et les Mbo
précoloniaux
125
II-LES FONCTIONS DU SACRIFICE DES ANIMAUX
CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
126
A-FONCTION RELIGIEUSE DU SACRIFICE RITUEL
DES ANIMAUX CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
127
1-Le sacrifice : Un moyen de
facilitation du voyage du défunt vers l'au-delà
127
2-Le sacrifice : Un moyen de
communication chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
128
3-Le sacrifice : Un temps de communion
chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
130
B- LES FONCTIONS SOCIO-CULTURELLES DU
SACRIFICE RITUEL DES ANIMAUX CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET MBO PRECOLONIAUX
132
1-Le sacrifice et la cohésion
sociale chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
132
2-Le sacrifice : un socle de la
stratification sociale dans la société égyptienne et Mbo
précoloniale
135
B-LES FONCTIONS THERAPEUTIQUE DU SACRIFCE
DE L'ANIMAL CHEZ LES EGYPTIENS ANCIENS ET LES MBO PRECOLONIAUX
138
1-L'animal du sacrifice : Un bouc
émissaire chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
138
2-Le sacrifice : un tremplin de
prévention chez les Egyptiens anciens et les Mbo précoloniaux
140
3-Sacrifice animalier : une partie de
la thérapie propre à certaines pathologies chez les Egyptiens
anciens et les Mbo précoloniaux
141
CONCLUSION GENERALE
143
ANNEXES
146
SOURCES ET ORIENTATIONS
BIBLIOGRAPHIQUES
156
TABLE DES MATIERES
169
* 1 R. Dumont, l'Afrique
noire est mal parti éditions du Seuil, paris, 1962.
* 2 G .W.F Hegel, La
raison dans l'histoire, Aubin, Paris, 1976, p 87.
* 3 Dispensé en 2013
par le Professeur Philippe Blaise Essomba, au niveau IV.
* 4 H.C. Essoh, Origine
et civilisation du peuple Ngoe, source égypto-Nubienne des acquis
ésotériques, tome I, inédit 1999, p.10.
* 5 T. Obenga, les bantu,
Langues, Peuples, Civilisations, Présence africaine, Paris, 1985,
p. 7.
* 6 Mouthé à
Bidias, « message de Sa majesté des Bafia, Mouthé
à Bidias Camille », Revue MANJARA, 25-30 avril 2011
p.13.
* 7 A. Hampaté-Ba,
Aspects de la civilisation africaine, Paris 5e,
Présence africaine, 1972.p. 25.
* 8 C.A. Diop,
L'unité Culturelle de l'Afrique noire, Paris, présence
africaine, 1982.
* 9 C.A. Diop,
Parenté génétique de l'Egypte pharaonique et des
langues négro-africaines, Dakar IFAN NEA, 1997.
* 10 C.A. Diop, Nation
nègre et culture, paris, présence africaine, 1979.
* 11 T. Obenga, Les Bantu :
Langues, Peuples, Civilisations, Paris, Harmattan, 2003.
* 12D. A. nya Bonambela,
Les descendants des Pharaons à travers l'Afrique, Paris, Osiris
Africa, diffusion Publisud, 1985.
* 13Dictionnaire
universel, France Hachette Edicef, pp 1361
* 14A. G. Beler (de), La
mythologie égyptienne, Éditions Molière, Paris,2004,
p. 121.
* 15 S.
Sauneron, « sacrifices humains », G. Posener,
Dictionnaire de la civilisation Égyptienne, paris, F. Hazan,
p.256.
* 16J. Vandier, Manuel
d'Archéologie égyptienne Tome IV, Picard, 1964.
* 17 Anonyme, l'Égypte
des animaux,
http://www.animalmummies.com,
consulté le 23 Avril 2015.
* 18Dictionnaire
universel, France Hachette Edicef, pp58
* 19 R. Girard, La violence
et le sacré, paris, 1977, P 54
* 20 Etamé Ewané,
Lisez et écrivez la langue Mbo, polycopies.
* 21 Dictionnaire
encyclopédique, Hachette, Paris, 1980, p.1112.
* 22R. Otto,
Le sacré, Petite Bibliothèque Payot, Paris, 1932 p.
22
* 23 J. Cazeneuve, Rite et
la condition, Gallimard, Paris, 1959, p. 17.
* 24 Henri Bergson, Les
deux sources de la morale et de la religion, Alcan, Paris, 1930
* 25G. Róheim, The
Oedipus complex, magic and culture, International Universities Press,
New-York, 1950, p 85
* 26 F. P. Morressi,
« Décrire et comprendre le sacrifice : les
réflexions des Romains sur leur propre religion à partir de la
littérature antiquaire », Thèse de Doctorat Ph.D
en Anthropologie, EPHE, 2005.
* 27 E. B. Tylor, Primitive
culture, vol 2, Nabu press, 2010.
* 28 W. Schmidt
,Interpréter le sacrifice rituel, Fayard,
coll. « le temps des sciences », Paris, 1989.
* 29 H. Hubert, M. Mauss,
Essai sur la nature et la fonction du sacrifice, édition de
Minuit, Paris, 1989
* 30 M. Neusch, Le
sacrifice dans les religionsý, Paris, Beauchesne, 1994.
* 31 H. Hubert et M. Mauss,
L'essai sur la nature et la fonction du sacrifice, librairie
Félix Alcan, Paris, 1929, pp. 29-128.
* 32 Ibid, p. 6
* 33 S. Freud, Totem et
tabou, trad. S. Jankélévitch, Paris, Payot, 1968, pp.
159-160.
* 34 Epicure, Lettre
à Menécée, Flammarion, Paris, 2010, p. 42.
* 35E. Durkheim, Les Formes
élémentaires de la vie religieuse, PUF, Paris, 1979.
* 36N. Guilhou et
J. Peyré La mythologie égyptienne, (Hachette Livre),
Marabout 2006, pp. 282-283.
* 37
J.C. Goyon,
Rituels funéraires de l'ancienne Égypte, CERF, Paris,
1972.
* 38 H.C. Essoh, Origine et
civilisation du peuple Ngoe, source égypto-Nubienne des acquis
ésotériques, tome I, inédit 1999, p.33.
* 39 Ibid. p. 34.
* 40G. Le Moal,
« Introduction à une étude du sacrifice chez les Bobo
de Haute-Volta », Systèmes de pensée en Afrique
noire, no5, 1981.
* 41 C. Traunecker,
« à propos du texte de la Théologie
Memphite », Anticipationà l'horizon du
présent, Sprimont, 2004.pp 46-59.
* 42 L. V. Thomas,
La mort, P.U.F., «Que sais-je?», Paris, 1990, p.
47
* 43 A. Volten,
« Enseignement d'Any », Studien zum Weisheitsbuch des
Anil, Levin &Munksgaard, aegyptologi, Copenhague, 1937, p. 72-77.
* 44 M. Grawitz,
Lexique des sciences sociales, 7e édition, Dalloz,
Paris, 1999, p. 86
* 45 I. Dugast :
Inventaire ethnique du Sud-Cameroun, IFAN, Dakar, 1949.
* 46 J .M.
Etamé, « L'organisation socio-politique des Mbo pendant la
période précoloniale », Revue N'koeng,
NO2, Juin, 1991, p. 41.
* 47J .Ki-Zerbo,
Histoire de l'Afrique noire, Hâtier, Paris, 1978.
* 48Jacqueline Yaka, 74 ans,
cultivatrice au village Ekanang, 17 Aout, 2014.
* 49Abel Ngoupa, 89ans, Sage
du village Mboanké, Mbouroukou, 22 Aout, 2014.
* 50 Lieu d'aisance,
latrines se dit water closet en abréviation W.C.
* 51Simon Nnané,
patriarche du village Ekanang, Ekanang, 18 Aout 2013.
* 52 Essoh, Origine et
civilisation, 1999, p.10.
* 53 Ibid. p. 12.
* 54 Etude d'une langue, de
sa grammaire d'après les textes.
* 55 La glottochronologie
est une technique visant à calculer la distance temporelle ou la
divergence entre deux
langues que l'on suppose
apparentées. Elle est basée sur une estimation du taux de
substitution des mots par d'autres au cours du temps.
Morris Swadesh, en
se basant sur les données relatives à différentes
familles de
langues dont l'histoire est documentée, a estimé que, compte
tenu des changements internes et des apports externes, environ 14 % du
lexique basique d'une langue était remplacé tous les mille ans
.Les résultats de la méthode glottochronologique ne peuvent
être très précis. Elle est toutefois utilisée dans
les recherches portant sur des évolutions de langues dont on ne dispose
pas ou trop peu de documents écrits, la
méthode
comparative se révélant inadéquate dans ce genre de
cas.
* 56 E. Ewané,
Ecrivez et lisez, p. 45.
* 57 Ibid. p.23.
*
58N.B : La langue Lingala et certains
mots des différentes langues y mentionnées ont été
ajoutés par nous-mêmes.
* 59
Mitambo, « De l'origine historique du Mbo-Ngoe..., p.
45.
* 60 B. Njoumé,
« Le développement de la langue Mbo »,
http://www.peuplesawa.com/fr/bnnews.php, consulté le 14 décembre
2015.
* 61 M.S Nebengu, origins,
and settlement of the Balondo, A historical survey Mémoire de
Maîtrise en Histoire, university of Yaoundé, 1990, p. 36.
* 62 E.
Ewané, « lisez et écrivez la langue
Mbo », http://www.peuplesawa.com/fr/bnnews.php, consulté le 14
décembre 2015.
* 63 Essoh, origines et
civilisation ..., p. 23.
* 64 Eugène Essoh,
70ans, planteur, sage du village Mouandja, Mouandja le 29, 30 Janvier 2015.
* 65 C. A. Diop, Nations
nègres et culture Tome 2, Présence Africaine, Paris,
1979.
* 66 T. Obenga, Les
peuples Bantu : Migrations, expansion et identité culturelle, Tome
II, Harmattan, Paris, 2003.
* 67 Ibid.
* 68 Essoh, Origines et
civilisation..., Tome II, pp. 98-101.
* 69 L.E.Etouké,
« Histoire des peuples mbôos Ngoe »
(mbôos), tome1, inédit, 1994, p. 26.
* 70 B. D. A. Nya
Bonambela, Les descendants des Pharaons à travers l'Afrique,
Osiris Africa diffusion Publisud, Paris, 1985.p. 39.
* 71
Mitambo, « De l'origine historique du Mbo-Ngoe... p. 32
* 72 Bonambela, Les
descendant des Pharaon...p. 42
* 73 R.P. Keba,
« problématique de l'identité
culturelle Ngoh et Nsongo », http _www.peuplesawa.com_5.htm,
consulté le 25 février 2014.
* 74 Entretien avec
Eugène Essoh, 70ans, planteur, sage du village Mouandja, Mouandja le
29, 30 Janvier 2015.
* 75 Entretien avec
Frédéric Makollé, Agent Comptable retraité,
Nkongsamba, le 25 et 26 Décembre 2015.
* 76 Emile Durkheim
définit le clan comme un groupe d'individus qui se considèrent
comme descendants les uns des autres d'un même parent. Cependant, ils
reconnaissent exclusivement cette parenté par le fait qu'ils sont
détenteurs du même totem.
* 77 E. Mbuyinga,
Tribalisme et problème national en Afrique noire, Harmattan,
1992, p. 67.
* 78 E. M'bokolo, A. Ba, al,
Les rendez-vous de l'Histoire, éditions Plein feux, 2004, p.
84.
* 79J. Mbiti, African
religions and philosophy, Heinemann, London, 1969 p.49.
* 80 Essoh, Origine et
civilisation, 1999, p.15.
* 81 Entretien avec Pierre
Ekenglo ,78 ans, fermier, Baré le 25 Janvier 2015.
* 82 Entretien avec Samba, 91
ans, Artisan Vannier et dépositaire de la tradition Mbo, Mouandja le 8
Août 2014.
* 83 Mitambo, De
l'origine historique du Mbo-Ngoe ..., 2006, p. 58.
* 84 A. Hampaté
Bâ, Aspects de la civilisation africaine, Présence
africaine, Paris 5e, 1972, p.114.
* 85 Entretien avec Fritz
Nzumé, 65 ans, Fonctionnaire de Police retraité, Manjo le 5 et 6
Mars 2015.
* 86S.E. Eba, Le
problème de leadership au sein des comités de
développement dans le canton Mbo, 1949-2006, mémoire de DIPS
II, ENS Yaoundé, 2013, p. 32.
* 87 Essoh, Origine et
civilisation, 1999, p.37.
* 88 Entretien avec
Ehowé Ntéké 69 ans, membre du groupe de dance Ngamba,
Mbouroukou, le 6 janvier 2015.
* 89A. Mveng, Histoire
du Cameroun, Tome I, CEPER, Yaoundé, 1984.
* 90 Mitambo,
« De l'origine historique du Mbo-Ngoe..., 2006, p.48.
* 91 Entretien avec Mayer
Etongué, 78 ans chef du village Denzo, Denzo le 14 et 16 Août
2014.
* 92 M. Delafosse, Les
civilisations disparues : les civilisations négro-africaines,
Stock, Paris, 1925, p.142.
* 93 Eba, Les
problèmes de leader ..., 2013, p.19.
* 94 Entretien avec Major
Etamé, 65 ans Notable du village Mbouebi, Dépositaire de la
tradition Mbo, Mbouebi le 29 et 30 Décembre 2014 et 20 Décembre
2015.
* 95 Montesquieu,
l'esprit des lois, préface de Victor Goldschmidt, Flammarion,
Paris, 1993, p.3.
* 96 Essoh, origines et
civilisation, 1999 p.35.
* 97 Entretien avec Zacharie
Epoh, 53 ans Directeur des ressources humaines de la SBM-Loum, Loum, le 27, 28
Décembre 2014.
* 98 J.E. Mbesse,
« l'herbe et l'ecorse : des armes traditionnelles en persistance
ou en désuétude », revue N'koeng,
no2, juin 1991, p.40.
* 99 Essoh, Origine et
civilisation, tome I, 1999, p.24.
* 100 Entretien avec Blaise
Ekoué, 62 ans, Ancien Député à l'Assemblée
Nationale, Ekanang le 5 et 6 Janvier 2015.
* 101 M, Fortes, The
Dynamics of Clanship among the Tallensi, Oxford University Press, London,
1969, p. 78.
* 102 T. M. Bah,
«Guerre, Pouvoir et Société dans l'Afrique
précoloniale», Thèse pour le Doctorat d'Etat es
Lettres, Université Paris-Sorbonne, 1985.
* 103P. Laburthe-Tolra,
«Les Seigneurs de la forêt. Essai sur le passé
historique, l'organisation et les normes ethniques des anciens Béti du
Cameroun», Publications de la Sorbonne, Paris, 1981.
* 104 Essoh, Origines
et civilisation..., p.37.
* 105 J. Kouta Noko,
« L'économie dans le Canton Mbo »,
N'koeng, juin 1991, p.44.
* 106 P.Y. Epoh,
« cohabitation ethnique et conscience nationale au Cameroun, cas
du Moungo, Kekem, Santchou, 1884-2010 », Mémoire de
Master II en Histoire, UY I, 2011.
* 107 S .H .Udy,
organization of work: a comparative analysis of production among
non-industrial people, new-haven, HRAF press, 1959, p. 45.
* 108 Entretien avec Anne
Ngoh, 56ans ancienne membre du groupe de travail collectif RAFAMEL
(rassemblement des femmes de Mélong), Ekanang, le 26 Décembre
2014.
* 109 Entretien avec,
Ehowé Nteke, 62 ans Membre du groupe Nkamba, Mbouroukou, le 4 Avril
2014.
* 110 Entretien avec,
Marcel Ekwellé, 69 ans, Enseignant retraité, Nkongsamba le 25 et
26 Janvier 2015.
* 111 Entretien avec
Zachée Ngando, 71 ans, Planteur, Mbouebi le 29 janvier 2015.
* 112 Noko,
« L'économie dans le Canton Mbo », N'koeng,
juin 1991, p.45.
* 113 Entretien, Serge
Matou, 65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
* 114Entretien avec,
Charles Njalla, 82 ans, Planteur, Voyant, Ekanang le 6 et 7 Janvier 2015 et le
12, 13 et 21 Février 2016.
* 115N. Grimal
« histoire de l'Egypte ancienne »,
www.Histoiredel'EgypteAncienne.htm, consulté le 25 Mars 2014.
* 116R. K. Ritner,
« Une introduction à la magie dans la religion de l'Egypte
antique », Annuaire de l'École pratique des hautes
études (EPHE), Section des sciences religieuses, no 117,
2010, pp 101-108.
* 117 Sauneron,
« Religion », Dictionnaire.., 1959, pp.250-252.
* 118 M. Bréel et A.
Bailly, Dictionnaire étymologique latine, Paris, 1985.
* 119 M. Jastrow, The
Study of religion, New York, 1901, p. 170.
* 120 La monolâtrie
ou (plus rare) le monolâtrisme, est une
doctrine
religieuse, forme du
polythéisme,
qui reconnaît l'existence de plusieurs
dieux mais qui en
vénère un de préférence, voire à l'exclusion
des autres. Ce terme est formé à partir du grec ancien
ìüíïò (monos) qui signifie
« un », « unique », et
ëáôñåßá
(latréïa) qui veut dire
« vénération »,
« adoration ». À la différence du
monothéisme,
la monolâtrie reconnaît l'existence d'autres dieux, ressortissant
à divers
cultes. Seul un dieu, celui
dont les monolâtres reconnaissent le culte, est considéré
comme digne de vénération.
* 121E. Fackenheim, La
Présence de Dieu dans l'histoire, Verdier, 2004, p.49.
* 122 A. Surgy (de), La
voie des fétiches : Essai sur le fondement théorique et la
perspective mystique des pratiques des féticheurs, L'Harmattan,
Paris, 1995, p.35.
* 123 P. Lupo, Dieu
dans la tradition malgache : approches comparées avec les religions
africaines et le christianisme, Karthala, Paris, 2006, p. 189.
* 124 B. A. Dadie,
« Penser Dieu autrement, de la métaphysique à
l'anthropologie : les fondements d'une pensée
négro-africaine sur Dieu », thèse de science des
religions, Université Paris 4, 2000, p. 314
* 125 Anonyme,
« La symbolique de Sacrifice »,
www.sens-de-sacrifice.html, consulté le 28 mars 2014.
* 126 Entretien, Serge Matou,
65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
* 127 H. Germond et J. Livet,
Bestiaire égyptien, Citadelles et Mazenod, 2001, p. 96.
* 128 Ibid. p. 124.
* 129 A. Stamm, Les
religions africaines, édition PUF, Paris, 1995, p. 42.
* 130 A. Vianney et M.
Katayi, Dialogue avec la religion traditionnelle africaine,
L'Harmattan, 2007, p.266.
* 131 Gerhard J. Bellinger,
Encyclopédie des religions, Librairie générale
française, coll. « Le Livre de poche », Paris,
2000, P.804.
* 132B. Idowu, African
traditional religion : a definition, Fountain Publications, Kampala,
1991, p. 156.
* 133 Démiurge, du
grec dêmiourgos signifie, créateur de l'univers, du
monde ou personne qui manifeste une puissance créatrice.
* 134A. Surgy, (de),La
voie des fétiches : Essai sur le fondement théorique et la
perspective mystique des pratiques des féticheurs, L'Harmattan,
Paris, 1995, p. 85.
* 135Y. V. Ngono,
« Théologie de l'oblation en Afrique : Essai sur la
symbolique des offrandes chez les anciens Egyptiens et les Béti du
Sud-Cameroun », Mémoire de Master II en Histoire, UYI
2013.
* 136 L.G. M. Togueu,
« La place de l'au-delà dans la vie quotidienne
Bandjounais moderne, au regard des égyptiens anciens »,
mémoire de Master II en histoire, UY I, 2015.
*
137Anonyme, «
La
Magie, Pouvoir Secret des Pharaons »,
https://sites.google.com/site/grandoeuvre/Table-Emeraude,
consulté le 25 mai 2015.
* 138G. Gusdorf
Ethnologie et Métaphysique: l'unité des sciences humaines,
ethnologie générale, Encyclopédie de la
Pléiade, Ed. Gallimard, Paris, 1968, p. 1789.
* 139R. K. Ritner,
« Une introduction à la magie dans la religion de l'Egypte
antique », Annuaire de l'École pratique des hautes
études (EPHE), Section des sciences religieuses, no 117,
2010, p. 105.
* 140 A. Moret et J. Pirenne,
Hêka, la magie Egyptienne, Editions le Flambeau, 1938.
* 141Alex, http://www.
evry.catholique.fr/IMG/pdf/Religions_Tradi_Africaines.pdf consulté le 26
mai 2015.
* 142 B. Malinovski,
dynamiques de l'évolution culturelle,
1941, p. 89.
* 143A. Surgy (de), La
voie des fétiches : Essai sur le fondement théorique et la
perspective mystique des pratiques des féticheurs, L'Harmattan,
Paris, 1995, p.225.
* 144Grand Papyrus magique
de la bibliothèque nationale de Paris (IVème siècles)
trad. Du grec : Manuel de la magie égyptienne, Les Belles Lettres,
« Aux sources de la tradition », Paris, 1995.
*
145Sauneron, « Magie »,
Dictionnaire.., 1959, pp.156-158.
* 146
Michel, « La Magie, Pouvoir Secret des
Pharaons », Les Chroniques d'Arcturius,
www.elishean.fr/?p=32714,
consulté le 5 juin 2015.
* 147R. K. Ritner,
« Une introduction à la magie dans la religion de l'Egypte
antique », Annuaire de l'École pratique des hautes
études (EPHE), Section des sciences religieuses, no 117,
2010, p. 108.
* 148 N. Guilhou et
J. Peyré, Les animaux dans l'Egypte ancienne, Espagne,
Marabout, 2005, p. 229.
* 149 Entretien avec Hilaire
Claude Essoh Ngomé, 58 ans, Chargé de cours à
l'université de Douala, Douala le 4 et 9 juillet 2014.
* 150Guy
Le Moal, « Introduction à une
étude du sacrifice chez les Bobo de Haute-Volta »,
Systèmes de pensée en Afrique noire,
no5, 1981, p.115.
* 151 Entretien, Serge Matou,
65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
* 152 Sauneron
« Magie », Dictionnaire.., 1959, pp. 156- 158.
* 153Entretien avec Leobert
Eboulé, 64 ans, Fonctionnaire de Police retraité, Chef de
quartier 4-Loum, Loum le 27, 28, 29 Décembre 2014.
* 154 Anonyme,
« Hêka, la magie égyptienne »,
http://www.lotus-et-papyrus.org/cafe/index.php,
consulté le 25 juin 2015.
* 155A. Surgy (de), La
voie des fétiches : Essai sur le fondement théorique et la
perspective mystique des pratiques des féticheurs, L'Harmattan,
Paris, 1995. p.225.
* 156 P. Hazoume, Le
pacte de sang au Dahomey, Institut d'Ethnologie, Paris, 1937, p. 54.
* 157 H. Touzard, La
médiation et la résolution des conflits, Etude
psycho-sociologique, PUF, Paris, 1995, p. 102.
* 158 Notre informateur
Gaston Charles Njalla précise qu'a des temps immémoriaux, les
fils de Ngoe, entrepris une guerre qui aurait décimé bien de
personne pendant son cours. Ignorant qu'ils étaient des frères,
ceux-ci dans la quête des moyens de vaincre l'ennemi, chacun de son
coté se dirigea vers le lieu sacré de la communauté afin
d'avoir des faveurs divines par le procédé des sacrifices
propitiatoires afin vaincre l'ennemi. Ceux-ci comme par un hasard se
rencontrèrent net et au même moment vers l'autel de
communauté appelé Koupé. C'est suite à cette
rencontre fortuite à Koupé, qu'ils se rendirent compte qu'ils
étaient descendant d'un même ancêtre et par ricochet des
frères. Ces derniers, à la suite d'un rendez-vous de modus
vivendi, se retrouvèrent alors pour un pacte de fin de la guerre. Ce
pacte fut scellé par l'effusion du sang des boucs que chacun des
prenants parts avait pris le soin d'apporter pour la circonstance. Se
prêtant à ce sacrifice rituel extrême, cette
communauté aurait enterré à jamais la hache de guerre. Le
pacte du Koupé est scrupuleusement respecté d'autant plus qu'une
caste fut institué connu sous l'appellation mbo'oh et dont les
membres sont inter-communautaires. Au demeurant, un Bakossi peut adhérer
au Mbo'oh chez les Elong tout de même qu'un
Elong peut adhérer au mbo'oh chez les Mbo et
vis-versa. Toutefois, le symbole de cette paix est le bonnet rouge qui
symbolise de par sa couleur, le sang versé lors du scellage de
l'alliance sacrificielle, ce qui signifierait que l'épée de la
guerre dans la communauté Ngoe est à jamais enterré
d'où autrefois le festival Koupé en commémoration de cette
alliance sacrificielle à Nkongsamba les 27,28 et 29 Novembre 1998.
* 159T. M. Bah,
« Guerre, Pouvoir et Société dans l'Afrique
précoloniale », Thèse pour le Doctorat d'Etat es
Lettres, Université Paris-Sorbonne, 1985.
* 160 C. H. Perrot,
«Les Agni-Ndenye et le pouvoir aux 18è et 19è
siècles», , Publications de la Sorbonne, Paris, 1982.
p.49.
* 161 J.P Eschlimann,
L'économie de paix dans les sociétés akan (Afrique de
l'Ouest, Karthala ITA, 1989, p. 45.
* 162R. Lejeune,
«
Le
rituel de l'ouverture de la bouche II. En pratique
... »http://egyptomusee.over-blog.com/article-salle-5-vitrine-4-les-peintures-du-mastaba-de-metchetchi-27-du-sacrifice-des-bovides-10html
consulté 25 Avril 2015.
* 163J.A, Dulaure, Les
divinités génératrices, Guillot, Paris, 1805.
* 164J.
Assmann , Mort et
au-delà dans l'Égypte ancienne, Éditions du Rocher,
coll. « Champollion », Monaco, 2003, pp.119-120.
* 165R. LEJEUNE,
«
le
rituel de l'ouverture de la bouche - II. En pratique
... »,www.EgyptoMusée - Le blog de
Richard LEJEUNE consulté 25 Avril 2015.
* 166
Assmann , Mort et
au-delà..., p. 474.
* 167
J. C Goyon,
Rituels funéraires de l'ancienne Égypte, Cerf, ý
Paris, 1972,p. 103.
* 168S. T. Hollis, The
Ancient Egyptian "Tale of Two Brothers" : A Mythological, Religious,
Literary, and Historico-Political Study, CT, Bannerstone Press,ý
Oakville, 2008, p. 79.
* 169 Le
Conte des
Deux Frères, découvert en 1852 et rédigé
à l'occasion de l'accession au trône du jeune roi
Séthi II,
à la fin du
XIIe siècle,
est l'un des textes de l'Égypte ancienne les plus traduits et
commentés. Sa nature exacte n'est cependant pas encore bien
déterminée. Ses premiers traducteurs,
Emmanuel de
Rougé et
Auguste Mariette
ont pensé qu'il s'agissait d'un conte. Depuis, l'opinion
générale parmi les égyptologues est qu'il s'agit d'une
oeuvre littéraire chargée de données mythologiques--
. En 2003, Wolfgang
Wettengel y voit un mythe politique destiné à expliquer, dans une
période de crise successorale et de migration sémitique,
l'origine divine et séthienne de la lignée de
Ramsès II, les
dieux
Seth et
Baal se cachant sous les traits
de
Bata,
un berger devenu roi avec l'aide d'Anubis. En 2011, sur la base d'une
comparaison avec les données consignées dans le
Papyrus
Jumilhac,
Frédéric
Servajean estime que cette histoire est une sorte de mythe qui camoufle les
relations conflictuelles entre les clergés des XVIIe et
XVIIIe
nomes
de
Haute-Égypte,
la frontière entre ces deux régions étant très
fluctuante. Les deux principaux personnages sont en effet Anubis et Bata,
chaque frère étant la divinité majeure de l'un des deux
nomes rivaux--
.
* 170 T. Hobbes,
Léviathan, PUF, Paris, 1969, p. 45.
* 171 Entretien avec, Njalla
Charles, 82 ans, Planteur, Voyant, Ekanang le 6, 7 Janvier 2015 et le 12, 13 et
21 Février 2016.
* 172 Entretien, Serge Matou,
65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
* 173 G Mokhtar (dir),
Histoire générale de l'Afrique, tome II, Histoire
ancienne, UNESCO, Paris, 1980, p.127.
* 174 C.
Desroches-Noblecourt, Ramsès II : La véritable
histoire, Pygmalion/ Gérard Watelet, Paris, 1996, p. 19.
* 175 G.
Posener, «Pharaon», Dictionnaire, pp.218-222.
* 176, D.
Zahan,Religion, spiritualité et pensée africaine, Payot,
Paris, 1970, p. 82.
* 177 Essoh, Origines
et civilisation, p.48.
* 178
« Khnoum »,
http:/www.hierogl.ch/hiero/singe :c35, consulté le 25
octobre 2015
* 179 Essoh, Origines et
civilisation, p. 49.
* 180 M.
Tremblay,« Essai sur la nature et la fonction du sacrifice à
partir de mélanges d'histoire des religions »,
Année sociologique, Librairie Félix Alcan,
2eédition Paris.
* 181 Entretien avec Mpongo
Nkwama, 69 ans, cultivatrice, Mbouroukou, le 26 décembre 2014.
* 182 Ibid.
* 183 Entretien avec Simon
Nnané, Ekanang le 27 décembre 2014.
* 184 Eugène Essoh,
70ans, planteur, sage du village Mouandja, Mouandja le 29, 30 Janvier 2015.
* 185
Yoyotte, « Nil », Dictionnaire..,
1959, p.187.
* 186 Ibid.
* 187
Sauneron, « Famine»,Dictionnaire..., p.111.
* 188
Yoyotte, « Nil », Dictionnaire ..., p.187.
* 189 P. Laburthe-Tolra et
P. Warnier, ethnologie-Anthropologie, PUF, Paris, 1993.
* 190 Qui consistaient
à lécher une potion préventive des
épidémies, ces rituels se tenaient généralement
dans les bosquets appelés Ebeum, ou après l'immolation d'un
animal, les populations étaient astreint à lécher une
potion faite du mélange du sang de cet animal et de l'huile rouge. Nous
avons personnellement assisté lors de notre tendre enfance à ce
rituel au lieu dit Ebeum mouankwé.
* 191 N.F.K.Ngankam,
« Le/chèchàck/ chez les Bandja de l'ouest Cameroun,
Ethnologie d'un rite collectif », Mémoire de
Maîtrise en anthropologie ; université de Yaoundé I,
2006, p. 43.
* 192 Entretien, Serge Matou,
65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
*
193Sauneron, « Magie » ;
Dictionnaire..., p. 156.
* 194 E. Drioton, J.
Vandier, l'Egypte, collection CLIO, Paris, 1967.
* 195 Oum Ndigi,
Conceptions et rites funéraires de l'Egypte Ancienne et L'Afrique noire
moderne, Cours magistral, Master I, université de Yaoundé I,
2013.
* 196 E. Drioton, J.
Vandier, l'Egypte, collection CLIO, Paris, 1967.
* 197 Tremblay, Essai
sur la nature et la fonction du sacrifice ..., p.69
* 198 E. de Rosny, les
yeux ouverts la nuit, éd seuil, Paris, 1996, p.41.
* 199 J.B. Ganken, Sens
et portée des donations au clergé traditionnel
bamiléké au regard des sources égypto- nubiennes,
Mémoire de DEA en Histoire, Université de Yaoundé
I, 2006, p.82.
* 200
Anonyme, « serviteurs de Dieu »,
http://www.egypte-bd.com/0100-menu.htm,
consulté le 28 Mars 2015.
* 201
Anonyme, « Les prêtres Egyptiens »,
http://www.egyptos.net/,
consulté le 02 mai 2015.
* 202 P. Germond et J.
Livet, Le Bestiaire égyptien, Mazenod, Paris, 2001, p.18.
* 203 D'une baguette, bien
réelle, en bronze, en forme de cobra (aujourd'hui à Cambridge,
Fitzwilliam Museum E. 63.1896). Huit exemplaires de telles baguettes en
bronze ou en bois sont connus, dont deux au Louvre (E 4851 et
E 3855), et une, identifiée au musée du Caire (Reg. Temp.
4/12/21/2). C'est le Museum of Fine Arts de Boston qui détient la plus
importante collection de tels items, avec deux exemplaires en bois.
* 204
Sauneron, « Clergé », Dictionnaire...,
pp .56-58
* 205 Entretien avec
Etamé Major, notable du village Mbouebi, Mbouebi le 22 décembre
2014.
* 206 Entretien avec Serge
Matou, 65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
* 207 Ibid.
* 208 T. Elizabeth, The
RoyalNecropolis of Thebes, Privately Publisher, Princeton, 1966. p. 93.
* 209 Entretien avec Zacharie
Epoh, 53 ans, Directeur des ressources humaines de la SBM-Loum, Loum le 27, 28
Décembre 2014 et Mélong le 12 Janvier 2015.
* 210 Entretien avec Ngala
Otto, responsable du clan epeumenh du village Mboanké, Mboanké le
21 décembre 2014.
* 211 U O. Elom, Le
rite « Edim ndam » et les usages du feu dans les rites
funéraires des bene du Sud-Cameroun : contribution à une
ethnologie du symbolisme, Mémoire de Maitrise en anthropologie UY
I, 2004, p.108.
* 212 S.
Sauneron, « Temple divin», Dictionnaire, pp.281-283.
* 213M. D. Appia,
L'Égypte. Dictionnaire encyclopédique de l'Ancienne
Égypte et des civilisations nubiennes, Gründ, Paris, 1999, p.
201.
* 214 Sauneron
« fêtes », Dictionnaire..., p. 116
* 215 Entretien avec, Njalla
Charles, 82 ans, Planteur, Voyant, Ekanang le 6, 7 Janvier 2015 et le 12, 13 et
21 Février 2016.
* 216 Entretien, Serge Matou,
65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015
* 217
Yoyotte, « Nil », Dictionnaire..., pp.
187-190.
* 218C. Carrier, Textes
des Pyramides de l'Égypte ancienne : Tome IV, Textes des pyramides
de Mérenrê, d'Aba, de Neit, d'Ipout et d'Oudjebten,
Cybèle,ý Paris, 2010, p. 175.
* 219J. Rouch,
« Sacrifice et transfert des âmes chez les Songhay du
Niger », Systèmes de pensée en Afrique noire,
no 2, 1976, pp. 55-66.
* 220 Entretien avec Simon
Nnané, 85 ans, Ekanang le 27 décembre 2014.
*
221GuyLe Moal « Introduction
à une étude du sacrifice chez les Bobo de
Haute-Volta », Systèmes de pensée en Afrique noire
p. 99-126.
* 222 D. Watio, Le
culte des ancêtres chez les Ngyemba (Ouest Cameroun) et ses incidences
pastorales, Reniques printer, Bamenda, 1994, p. 84.
* 223Sauneron,
«Fêtes», Dictionnaire.., 1959, pp 116-117.
* 224Le Papyrus
Ebers : « Des recettes médicales et magiques,
rédigés dans la Maison de Vie ».
http://www.snof.org/histoire/egypte1.html#pharmacopee:,
consulté le 17 avril 2016.
* 225E. G. Amazon, Sur la terre des Massaï,
Albin Michel , Paris, 2003. p. 24.
* 226 F. R. D. Poutcheu,
« Les sacrifices magico-religieux chez le fe'efe'e de l'ouest du
Cameroun », Mémoire de Maîtrise en Anthropologie
université de Yaoundé I, 2008, p. 82.
* 227Hypostase : Nom
féminin, du latin hypostasis qui à son tour vient du
grec hupostasis pou désigner le terme : placer sous. La
signification étymologique du substantif
« hypostase » serait donc « ce qui a
été placé en dessous ».En partant de cette
même origine étymologique le terme hypostase a été
repris dans différents domaines et disciplines : Dans la
théologie chrétienne, ce terme désigne une substance
fondamentale, un principe premier. L'hypostase est chacune des trois personnes
de la Trinité (le Père, le Fils et l'Esprit saint), en tant que
distincte des deux autres mais substantiellement une et consubstantielle avec
elles. Il y a en Dieu trois hypostases en une seule nature ; en
Jésus-Christ une hypostase en deux natures. EnMédecine.
Dépôt de sang dans les parties basses des poumons (accumulation
produite en général à la suite d'une insuffisance
cardiaque), dépôt d'urine. En Linguistique. Remplacement
d'un terme appartenant à une catégorie grammaticale par un terme
appartenant à une autre catégorie grammaticale.
Exemple : un verbe employé à la place d'un nom.
EnPhilosophie : Substance, sujet.
* 228 D. Basdevant,
Dieux et Pharaon d'Egypte, Paris, Hatier, 1991 p. 22.
* 229 Anonyme,
« Egypte-Afrique »,
http://www.egypte-ancienne.fr/,
consulté le 3 Mai 2014.
* 230Guy
Le Moal, « Introduction à une
étude du sacrifice chez les Bobo de Haute-Volta »,
Systèmes de pensée en Afrique noire,
no5, 1981, p. 111.
* 231 G. A. Van,
L'état actuel du problème totémique, Paris,
Éditions Ernest Leroux, 1920, p. 12.
* 232 E. Damman, Les
religions de l'Afrique, Payot, Paris, 1964, p.123.
* 233 A. Moret, Le
rituel du culte divin journalier en Égypte : D'après les
papyrus de Berlin et les textes du temple de Séti Ier,
à Abydos, Slatkine, Paris, 2007.
* 234 B.
Nico, « symbolique des animaux »,
http://www.egyptos.net/,
consulté le 02 mai 2015.
* 235 M.A. Bohême et
A. Forgeau, Pharaon, les secrets du pouvoir, Armand Colin, Paris,
1988, p. 97.
* 236 Entretien avec Ngala
Otto, responsable du clan epeumenh du village Mboanké, Mboanké le
21 décembre 2014.
* 237 Dans l'
Égypte
antique, la titulature royale est l'ensemble des noms officiels par
lesquels un
pharaon est
désigné dans les textes légaux et les grandes inscriptions
dédicatoires.
La titulature du roi d'Égypte se compose de cinq « Grands
Noms », chacun formé d'un titre suivi d'un nom proprement dit.
À partir du
Moyen Empire
égyptien, les cinq noms se suivent dans un ordre canonique et
invariable. Les quatre premiers sont attribués à l'occasion du
couronnement. Le
nom d'Horus est le
plus ancien titre attesté par les sources iconographiques. Dès l'
époque
prédynastique, il place le détenteur de la charge royale sous
la protection du dieu faucon
Horus ; une très
ancienne divinité céleste et solaire adorée à
Nekhen. Ce nom s'inscrit
invariablement dans le
serekh qui est
l'image stylisée du palais royal. À partir de la première
dynastie,
le
nom de Nebty ou des
Deux Maîtresses place le roi sous la protection de
Nekhbet et
Ouadjet, les déesses
vautour et
serpent protectrices de la
Haute et
Basse-Égypte.
À partir de la
IIIe dynastie,
le
nom d'Horus
d'or associe le dieu Horus à l'éclat de l'
or. Il s'agit d'une
évocation de la brillance de l'astre diurne dans le ciel mais aussi une
référence voilée au dieu
Seth par ailleurs
surnommé « Le doré ». Dès la
première dynastie, le
nom de
Nesout-bity fait référence à la royauté en tant
qu'institution divine et pérenne (nesout) mais aussi en tant
que charge éphémère (bity) exercée par un
mortel. Ce nom s'inscrit dans un
cartouche
et a la préférence des Égyptiens lorsque le pharaon n'est
désigné que par un seul de ses titres. Le
nom de
Sa-Rê ou Fils de Rê, en usage à partir de la
IVe dynastie,
est le nom de naissance du prince héritier, attribué par sa
mère dès le premier jour de son existence. Chaque titulature est
élaborée par un collège de prêtres au moment de
l'accession au trône. Elle est ensuite officiellement promulguée
et diffusée auprès des différentes autorités
subalternes du pays.
* 238 Parmi tous les
animaux vénérés dans l'ancienne Égypte, le plus
sacré fut le taureau. Il incarne la force physique, la fertilité
et la vigueur sexuelle. Sa queue était un des attributs du
pharaon ; trophée attaché à la ceinture du roi, il
lui offrait la puissance de l'animal sacré. Dans certaines villes et
régions (nomes (sepat), il existait des cultes de taureaux
spécifiques : Apis associé à Ptah
(Pteh) dans la ville de Memphis, Mnévis associé à
Rê dans la ville d'Héliopolis.
Anonyme, « Titulature royale »
http://egypte-antique.org/,cosulté
le 25 mai 2015
* 239T.
Joulin,« L'Egypte antique »
http://www.toutankharton.com/,
Consulté le 22 Mai 2015.
* 240 M. Philibert, la
naissance du symbole, Horizon ésotérique, Paris, 1999, p.
28.
* 241
Anonyme, « serviteurs de Dieu »,
http://www.egypte-bd.com/0100-menu.htm,
consulté le 28 Mars 2015.
* 242 E. Lefebure,
Rites égyptiens : construction et protection des
édifices, éd Le pin de Luquet, Paris, 1996, p.76.
* 243J. Chevalier et A.
Greerbrant, Dictionnaire des symboles : mythes, rêves, coutumes,
gestes, couleurs, nombres, Robert Laffont/ Jupiter, Paris, 1969, p.
564.
* 244 Entretien, Serge Matou,
65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
* 245 Ibid.
* 246 Poutcheu,
« Les sacrifices magico-religieux chez le fe'efe'e..., p. 75.
* 247 E. Rosny (de),
les yeux de ma chèvre, p. 52.
* 248 Ibid. p. 52.
* 249 Entretien avec Mme
Ntimé, née Marie Boul, 92 ans, Ménagère, Ekanang le
15 Août 2014.
* 250 P. Germond et J.
Livet, Le Bestiaire égyptien, Mazenod, Paris, 2001, p. 85.
* 251
J. P. Digard,
L'homme et les animaux domestiques : Anthropologie d'une passion,
Fayard, coll. « Le temps des sciences », Paris, 1990
p.123.
* 252 G. Mokhtar, (dir),
Histoire générale de l'Afrique, tome II, Histoire
ancienne, Paris, UNESCO, 1980, p. 124.
* 253 Diop,Nations
nègres et culture Tome 2, Présence Africaine, Paris, 1979.p
84.
* 254
F. Petter, Les
animaux domestiques et leurs ancêtres, Bordas, 1973, p. 26.
* 255 J.
Goldberg,« Domestication et
comportement », Bulletin de la Société
zoologique de France, vol. 128, no 4, ý 2003,
p. 89.
* 256Dehondt et Desmets,
« Le symbolisme des animaux »
www.rusus.revues.org/42,
consulté le 28 Mars 2015
* 257
J.P.Digard,
L'homme et les animaux domestiques : Anthropologie d'une passion,
Fayard, coll. « Le temps des sciences », Paris, 1990
p.45.
* 258J. S. Pierre
« Éthologie
et domestication »(www.
Wikiwix
Archive.is
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Que faire ?,
2005, Université de Rennes 1, cours, 34 p, page 20[PDF]. Consulté
le 24 Avril 2015.
* 259 Ibid. p.25.
* 260 Anonyme, «
Animal
domestique » Index international et dictionnaire de la
réadaptation et de l'intégration sociale, sur
Université de Rennes 1 -
Faculté de Médecine,
https://fr.wikipedia.org,,
consulté le 25 mars 2015.
* 261 B. West, B.X. Zhou,
« Did chickens go north? New evidence for
domestication»,
https://fr.wikipedia.org,,
consulté le 25 mars 2015.
* 262E. Giuffra et al,
« The origin of the domestic pig: independent domestication and
subsequent introgression »,
https://fr.wikipedia.org,,
consulté le 25 mars 2015.
* 263 J. Goldberg,
« Domestication et comportement », Bulletin de la
Société zoologique de France, no 4,
ý2003, p. 89.
* 264R. Bollongino, et al.
«Do Not Indicate Hybridization between European Aurochs and Domestic
Cattle»,
www.rusus.revues.org/42,
consulté le 28 Mars 2015.
* 265J .L.
Gebremariam «Domestication animale en Afrique »,
www.rusus.revues.org/42,
consulté le 28 Mars 2015.
* 266 Ibid.
* 267 A. Gauthier,La
domestication. Et l'homme créa ses animaux. Errance, Paris, 1990,
p.45.
* 268 C.
Grigson, «The craniology and relationship of four species of
Bos », Journal of archaeological Science,
no7, 1980 p.25.
* 269A. Close, «Sinai,
Sahara, Sahel: the introduction of domestic caprines to Africa», Tides
of the Desert. Contributions to the Archaeology and Environnemental History of
Africa in Honour of Rudolph Kuper. Cologne, Heinrich Barth Institut, 2002.
p. 158.
* 270Ibid. p. 58.
* 271Ibid. p. 59.
*
272MacDonald, «The domestic chicken (Gallus
Gallus) in Sub-Saharan Africa: a background to its introduction and its
osteological differentiation from indigenous fowls (Numidinae and
Francolinus», Journal of Archaeological Science,
no19, 1992. p. 48.
* 273Ibid, p. 48.
* 274B. Clutton. «The
spread of domestic animals in Africa», in The archaeology of Africa.
Food, metals and towns, Rutledge, London, 1993,p. 62.
* 275 Selon le dictionnaire
universel, l'holocène serait l'étage le plus récent du
quartenaire, qui succède au paléolithique supérieur soit
8000 ou 7000 avant Jésus-Christ à nos jours.
* 276H.
Jousse, «A new contribution to the history of pastoralism in West
Africa», in Journal of African Archaeology, no 24,
2004, p.196.
* 277 A. B.
SMITH, «Early herders in Southern Africa: a synthesis», in
Animals and People. Archaeozoological, Papers in Honour of Ina Plug.
Oxford, Archaeopress, 2008, p. 124.
* 278 J. Guilaine, De
la vague à la tombe. La conquête néolithique de la
Méditerranée, Seuil, Paris, 2003, p. 106.
* 279 P. Germond et J.
Livet, Le Bestiaire égyptien, Mazenod, Paris, 2001, p. 45.
* 280 Ibid. p. 48.
* 281Dictionnaire
universel, Hachette Edicef, France, 2000, p. 161.
* 282 C.
Desroches-Noblecourt, Lorsque la nature parlait aux égyptiens,
Edition Philippe Rey, 2003.
* 283 J. Dulaure, Les
divinités génératrices, 1805, p. 142.
* 284 Entretien avec, Charles
Njalla, 82 ans, Planteur, Voyant, Ekanang le 6, 7 Janvier 2015 et le 12, 13 et
21 Février 2016.
* 285Sauneron,
« sacrifices humains », Dictionnaire..., p.256.
* 286 Essoh, Origine et
civilisation, Tome II, 1999, p.48.
* 287Dictionnaire
universel, Hachette Edicef, France, 2000, p. 1283.
* 288 Yoyotte
« faucon », Dictionnaire.., 1959, pp. 111-112.
* 289
Yoyotte, « Ibis », Dictionnaire.., 1959, p.
138.
* 290 A. Surgy (de) :
De l'universalité d'une forme africaine du sacrifice, CNRS,
Paris, 1988, p. 36.
* 291 J. C Goyon, Le
Rituel de l'Ouverture de la bouche, Scène XXIII.
* 292N. Guilhou et
J. Peyré, La mythologie égyptienne, Marabout
Hachette, Paris, 2006, p. 234.
* 293Yoyotte,
« Hippopotame »,Dictionnaire.., 1959, pp,
134-135.
* 294 C.
Desroches-Noblecourt, Lorsque la nature parlait aux Egyptiens, Edition
Philippe Rey, 2003, p .34.
* 295 Guilhou et
Peyré, La mythologie égyptienne, pp, 282-283.
* 296 D. Zahan,Religion,
spiritualité et pensée africaine, Payot, Paris, 1970, p
95.
* 297 H. Strack: Le
Sang, Paris, 1900, p. 47.
* 298 J. Marcireau :
Rites étranges dans le Monde, Laffont, Paris, 1974, p. 88.
* 299J. Chevalier, et A.
Greerbrant, Dictionnaire des symboles : mythes, rêves, coutumes,
gestes, couleurs, nombres, Robert Laffont/ Jupiter, Paris, 1969,
p.259.
* 300 Thomas,
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%8egypte_antique%2C_Symbolique_des_couleurs
* 301 Chevalier, et
Greerbrant, Dictionnaire des symboles : mythes, rêves, coutumes,
gestes, couleurs, nombres, Robert Laffont/ Jupiter, Paris, 1969, p.
259.
* 302 Entretien avec, Njalla
Charles, 82 ans, Planteur, Voyant, Ekanang le 6, 7 Janvier 2015 et le 12, 13 et
21 Février 2016.
* 303J. Delange, Art et
peuple de l'Afrique noire : introduction à l'analyse des
créations plastiques, Gallimard, Paris, 1967, p. 35.
* 304Entretien avec, Njalla
Charles, 82 ans, Planteur, Voyant, Ekanang le 6, 7 Janvier 2015 et le 12, 13 et
21 Février 2016.
* 305 Entretien avec Leobert
Eboulé, 64 ans, Fonctionnaire de Police retraité,
traditionnaliste, Chef de quartier 4-Loum, Loum le 27, 28, 29 Décembre
2014.
* 306 L. Heush (de),
Les sacrifices dans les religions africaines, Gallimard, Paris, 1989,
p.94.
* 307 H. Strack : Le
Sang, Paris, 1900, p. 49.
* 308Zahan,Religion,
spiritualité ..., p. 241
* 309Dictionnaire
Larousse, MAURY-Manchecourt, Mai, 2003.
* 310 N. Fernand :
Histoires des Croyances, superstitions, moeurs, usages et coutumes,
Paris, 1900, p. 121.
* 311 H. Strack : Le
Sang, Paris, 1900, p. 45.
* 312 V. Roland et D.
Jean-Louis, Le Musée des Vampires, Henri Veyrier, Paris, 1976,
p. 23.
* 313 Ibid.
* 314 Entretien, Serge Matou,
65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
* 315 Thomas,
http://fr.wikipedia.org/wiki/%C3%égypte_antique%2C_Seth
consulté le 28 juin 2015.
* 316 J. G. Fokouo,
Donner et transmettre : La discussion sur le don et la constitution des
traditions religieuse et culturelles africaines, LIT, History, 2006.
* 317La Sainte Bible,
Romains 6, v23, traduction de Louis Segond, p.1138.
* 318 Ibid. Matthieu 26,
28, p. 985
* 319 Z. Perevet, les
Mafa : un peuple, une culture, CLE, Yaoundé, 2008, p.97.
* 320 C.
Seignolle, Les Evangiles du
Diable, Belfond Pierre ,1963. p.78.
* 321J.
Rouch,« Sacrifice et transfert des âmes chez les Songhay du
Niger », Systèmes de pensée en Afrique noire,
no 2, 1976, p.p.55-66.
* 322 R. J. Leprohon,
« Ptah, Dieu créateur et patron des
artisans », Vie des Arts 24, n°98,
Montréal, 1980, pp. 68-69.
* 323 Sous la rubrique de
littérature orale, on inclut à la fois les devinettes ou
énigmes, les maximes et dictons, les formules divinatoires, les
louanges, et aussi les proverbes, les fables et les contes. Leur
importance sur le plan social n'est plus à prouver. Ces genres
universellement connus s'interpénètrent si bien que leur
caractérisation dans une perspective typologique peut parfois poser des
problèmes au chercheur. Chez les Mbo, les proverbes accompagnent souvent
les contes et les contes sont souvent l'illustration d'un proverbe. Les
soirées d'oralisation commencent par des échanges de devinettes
pour enfin aboutir à l'écoute du conte. Ceci montre
qu'il n'existe pas de frontière nette entre les différentes
composantes de cette littérature dont l'énonciation se
déroule dans des circonstances particulières. Nous parlerons
à propos de cette littérature, un enseignement qui engage la
société, tout comme la parole qui est l'essence même de son
existence.
* 324 J. L. Austin,
Quand dire c'est faire, Seuil, Paris, 1970.p. 45
* 325L.V. Thomas,
et R. Luneau,Les religions d'Afrique noire, Desclée, Paris,
1981
* 326 M.Dessoudeix,
Lettres égyptiennes, vol 2, Acte Sud, Paris, 2012 p. 45
* 327 Entretien, Serge Matou,
65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
* 328 « Matthieu
IV v 4 », La Sainte Bible, version Louis Segond,
Corée, 2005 p. 951.
* 329
M.
Delorain,Des ondes et des hommes, jeunesse des
télécommunications et de l'ITT, Flammarion, Paris, 1974.
* 330
Digard,
L'homme et les animaux domestiques ..., 1990, p. 45.
* 331 L.V Thomas,
« le pluralisme cohérent de la notion de la personne en
Afrique noire traditionnelle », G. Dieter (dir), La notion de la
personne en Afrique noire, L'harmattan, Paris, 1993, no 544, p.
388.
* 332A. Gardiner, Egyptian
Grammar, Oxford, Third edition, revised, Griffith institute, Ashmolean
Museum, p. 447.
* 333 A l'époque
pharaonique on le mettait dans une maison surmonté d'une pyramide dans
laquelle on creusait un puits vertical et au fond du puits on creusait ensuite
une cavité horizontal qui devait contenir la momie; les offrandes et
d'autre objets rituels.
* 334 W. Budges, The
Egyptian book of the Dead (The papyrus of Ani) Egyptian text transliteration
and translation, New York, 1967, LVIII, note 4.
* 335Budges, The
Egyptian book..., 1967, p .VIII.
* 336Gardiner, Egyptian
Grammar, p. 447.
* 337Essoh, Origines et
civilisation..., p.39.
* 338 Ibid.
* 339Budges, The
Egyptian book..., 1967, p. VII.
* 340 Entretien avec
N'nongo Mispa, 80ans, cultivatrice, Ekanang le 15 Aout 2014.
* 341Gardiner, Egyptian
grammar, p. 412.
* 342Budges, The Egyptian
book..., p. VIII.
* 343 Essoh, Origines
et civilisation..., p.39.
* 344 Sauneron,
« Ka », Dictionnaire..., p.143.
* 345
Mitambo, « De l'origine historique du Mbo-Ngoe...,
2006, pp. 24-26.
* 346 Compte rendu du
congrès provincial des orientalistes, Lyon 1878.
www.congres.france,1878, consulté le 25 Mars 2014.
* 347 Essoh, origines et
civilisation..., p.39.
* 348Anonyme, « les
pratiques religieuses »,
http://egypte-des-pharaons.over-blog.com/
consulté le 28 Mars 2015
* 349 Essoh, origines et
civilisation ..., p. 40.
* 350Budges, The Egyptian
book...., p. LXV,I.
* 351Budges, The Egyptian
book..., p. LXV, II.
* 352 Essoh, Origines et
civilisation ..., p..39.
* 353Budges, The
Egyptian book..., p. LXV, II.
* 354Ngono,
Théologie de l'oblation en Afrique..., p113.
* 355 Essoh, Origines et
civilisation..., p. 42.
* 356M.N. Sarr,
« Conceptions et rites funéraires »,
séminaire de Master I, année 2009-2010.
* 357 Budges, The Egyptian
book, p. X.
* 358 Ibid. p. XI.
* 359 Essoh, Origines
et civilisation..., p. 41.
* 360 E. Hormung, Les
Dieu de l'Égypte, pp 52-53.
* 361 Desroches-Noblecourt,
La religion égyptienne..., p.246.
* 362 G. Kolpaktchy,
Livre des anciens Egyptiens, champs Elysées, Paris, 1967,
chap., XXX.
* 363 Posner,
« Coeur », Dictionnaire.., p. 61.
* 364 Essoh, Origines
et Civilisation..., p.40.
* 365 R. Bolingo, la
nomination négro-africaine, sociologie et philosophie du nom en Afrique
Noire, CEPER, Yaoundé, 1980, p.32
* 366Ngono,
« Théologie de l'oblation en Afrique..., p. 114.
* 367 Entretien avec Charles
Nguem, 62 ans, Mbouango le 28 mai 2015.
* 368 Vandier et Drioton,
L'Egypte, Collection Clio, Paris, 1962, p. 41.
* 369 Ibid.
* 370N. Grimal,
histoire de l'Egypte ancien, http://www.Histoire de l'Egypte
Ancienne.htm, consulté le 2 juin 2015.
* 371
Sauneron, « Religion », Dictionnaire..,
p.250.
* 372N. Grimal,
histoire de l'Egypte ancien, http://www.Histoire de l'Egypte
Ancienne.htm, consulté le 28 novembre 2015.
* 373 G. Mokhtar, (dir)
Histoire Générale de l'Afrique, Tome II, jeune
Afrique/stock/Unesco, p.123.
* 374Essoh, Origine et
civilisation..., p.44.
* 375 Yèmeuh ici se
comprend comme le défunt divinisé par le biais des rituels
observé lors des
funérailles. « O » est pris ici comme
article masculin pluriel pour désigner l'ensemble des ancêtres.
* 376 J. Rouch,
« Sacrifice et transfert des âmes chez les Songhay du
Niger », In Systèmes de pensée en Afrique
noire, no 2, 1976, pp. 55-66.
* 377 Essoh, Origine et
civilisation..., p.41.
* 378U O. Elom,
« Le rite « Edim ndam » et les usages du
feu dans les rites funéraires des bene du Sud-Cameroun :
contribution à une ethnologie du symbolisme »,
Mémoire de Maitrise en Anthropologie UY I, 2004, p.108.
* 379Sauneron
« Mort », Dictionnaire..., p. 176.
* 380Sauneron,
« Mâat », Dictionnaire..., pp.156-158.
* 381 J. Mombo, Les
victoires du divin selon l'Egypte ancienne, Lazard, Paris, 1991, p.95.
* 382 Entretien avec Charles
Njalla, 82 ans, Planteur, voyant, Ekanang le 21 février 2016.
* 383 J.P, Eschlimann,
maître sur la terre africaine, Payot, Paris, 1980, p.83.
* 384 F. R. D. Poutcheu,
« Les sacrifices magico-religieux chez le fe'efe'e de l'Ouest du
Cameroun », Mémoire de Maitrise en Anthropologie, 2008,
p. 65.
* 385J.P Esclimann,
naître sur la terre... p. 94.
* 386 B. Diop
« souffles », Amadou Koumba, Les contes,
Présence Africaine, Paris, 1961, p. 173.
* 387 M.A. Bohême et
A. Forgeau, Pharaon, les secrets du pouvoir, Armand Colin, Paris,
1988,
* 388 Ibid.
* 389 B. Mathieu,
« Que sont les textes de Pyramides ? », Afrique et
Orient, no 12, Centre vauclusien d'égyptologie, Avignon,
février 1999, pp. 289-311.
* 390 Entretien avec Ngala
Otto, responsable du clan epeumenh du village Mboanké, Mboanké le
21 décembre 2014.
* 391 M. Kouam, M. Ndongmo,
Funérailles en pays Bamiléké : quelle
signification aujourd'hui ? Faut-il en parler comme d'une tradition de
gaspillage ?, PUCAC, Yaoundé, 2001, p. 39.
* 392 J. Vernette,
Réincarnation résurrection. Communiquer avec
l'au-delà, Les mystères de la vie après la vie,
éd. Salvator, Mulhouse, 1988, p. 75
* 393 M. Griaule,
« mythes, croyances et coutumes du Begamder (Abyssinie) »,
Journal asiatique, Paris, Tome CCXII, Janvier Mars 1928.pp.19-124.
* 394 Ibid.
* 395 J. Vandier, Manuel
d'archéologie égyptienne, Tome IV, Picard, Paris, 1964, p.
82.
* 396 J. Voisenet,
« L'animal et la pensée médicale dans les textes du
haut Moyen âge »,
www.netwiki.htm, consulté
le 25 Avril 2015.
* 397Textes des
Sarcophages, www.Histoiredel'EgypteAncienne.htm, consulté le
25 Mars 2014.
* 398Vernette,
Réincarnation, résurrection, Communiquer ..., 1988, p.
67.
* 399
Anonyme, « les sacrifices des animaux typhons»
http://www.legypteantique.com/ consulté
le 25 Avril 2015.
* 400 Entretien avec Simon
Nnané, 85 ans, Ekanang le 27 décembre 2014.
* 401Entretien avec Leobert
Eboulé, 64 ans, Fonctionnaire de Police retraité,
traditionnaliste, Chef de quartier 4-Loum, Loum le 27, 28, 29 Décembre
2014.
* 402 L. Heush (de), Le
sacrifice, le mariage, la mort et la folie chez les Thonga, Système
de pensée en Afrique noire, no 3, 1978, pp 59-85.
* 403 M. Griaule, Masque
dogon, Paris, Institut d'Ethnologie XXXIII, 1938, p. 91.
* 404 J. C. Aimé,
« Animaux en Egypte antique, Typhonien »,
www.anhk.over-blog.com, consulté le 26 octobre 2015.
* 405Guilhou et
Peyré, La mythologie..., 2006, pp. 282-283.
* 406Sauneron,
« Clergé », Dictionnaire..., pp.56-58.
* 407
Anonyme, « serviteurs de Dieu »,
http://www.egypte-bd.com/0100-menu.htm,
consulté le 28 Mars 2015.
* 408 Ibid.
* 409 Parmi les
institutions qui contribuent à prévenir les conflits, figurent en
bonne place les sociétés secrètes. Leur nature et leur
finalité sont reconnues de tous, et le champ ésotérique de
leurs activités fait d'eux des organes dominants au sein de la
société. Un exemple intéressant est celui du ngondo chez
les Douala du Littoral. Au sein de ce peuple, différents lignages
jetèrent au début du XIXème siècle, les bases d'une
union pour la gestion harmonieuse de leurs affaires communes. Progressivement,
le Ngondo prit de l'envergure, s'appropria certaines activités
rituelles, avec pour objectif de faire jouer les formes mystiques à des
fins judiciaires, disciplinaires et d'arbitrage4. Le Ngondo était
à même de dissuader, de prévenir des conflits, d'imposer la
paix. Les émissaires qu'il envoyait à cet effet, effrayants dans
leur accoutrement, étaient craints et respectés. Au seul cri de
Moussango ils rétablissaient la paix. Le sacrifice d'un cabri (mbadi)
symbole de paix clôturait la cérémonie. Chez les Bassa du
sud du Cameroun, la société secrète njèk constitue
le principal facteur de prévention des conflits. C'est une institution
qui a son emblème (cactus) et un corps de prêtres.
* 410 Ceux-ci peuvent etre
les spécialiste dans les pratique tel le massage,
le « kwelnen odu, adjan mo shé la
pluie ».
* 411
Mercier, « prêtre » in G. Balandier, J. Maquet
et al, Dictionnaire..., p. 347.
* 412 E. Mbonji, Morts
et vivants en negro-culture : Culte ou entraide, Yaoundé, PUY,
2006.
* 413 T. Obenga,
L'Afrique dans l'antiquité, Égypte pharaonique, Afrique
noire, Présence africaine, Paris,1973. p.3.
* 414 H. Hubert et M.
Mauss, Essai sur la nature et la fonction du sacrifice, édition
de Minuit, Paris, 1989.
* 415 E. Durkheim,
Forme élémentaire de la vie religieuse, Alcan, Paris,
1912, p. 19.
* 416Dictionnaire
universel, France, Hachette Edicef, 2000, p.1197.
* 417 Entretien, Serge
Matou, 65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
* 418 R. Girard, La
Violence et le Sacré, Paris, Grasset,1972, p. 248.
Des choses cachées depuis la fondation du
monde, Livre de poche, Paris,1983, p. 485.
* 419 BAH,
«Guerre, Pouvoir et Société ..., p. 243.
* 420 Ibid. p 245.
* 421 Ibid. p. 249.
* 422 Entretien, Serge
Matou, 65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
* 423 Entretien, Serge Matou,
65 ans, Tradipraticien, Mouamenan le 7,8, 9, 10 Mars 2015.
* 424 C.E.A. Naambow,
nægPi:li le diagnostic chez les Dii de l'Adamaoua, Master II en
Anthropologie, Université de Yaoundé I, 2010. p. 90.
* 425 Sauneron
« Magie », Dictionnaire..., pp. 156- 158.
* 426 P. Germond et J.
Livet, Le Bestiaire égyptien, Paris, Mazenod, 2001.
* 427 Entretien avec Leobert
Eboulé, 64 ans, Fonctionnaire de Police retraité,
traditionnaliste, Chef de quartier 4-Loum, Loum le 27, 28, 29 Décembre
2014.
* 428 Germond et Livet,
Le Bestiaire égyptien, Mazenod, Paris, 2001, p. 125.
* 429 Ibid. p, 129.
* 430 Entretien avec, Njalla
Charles, 82 ans, Planteur, Voyant, Ekanang le 6, 7 Janvier 2015 et le 12, 13 et
21 Février 2016.
* 431 Sauneron
« Magie », Dictionnaire.., pp. 156-158
* 432GuilhouetPeyré,
La mythologie,... p. 282-283.
* 433 B.
Nico, « symbolique des animaux »,
http://www.egyptos.net/,
consulté le 02 mai 2015.
* 434 T. Bardinet, les
papyrus médicaux de l'Egypte pharaonique, éd. Fayard
collection, penser la médecine, 1995, p, 36.
* 435 Le Papyrus
Ebers: «Des recettes médicales et magiques,
rédigés dans la Maison de Vie»
www.wikipedia.org/wiki/fichier :Ebers7766.jpg. Consulté le 25
octobre 2015.
* 436 C.A, Diop,Nations
nègres et culture Tome 2, Présence Africaine, Paris,
1979.
* 437 B. Dika Akwa, Les
descendants des Pharaons à travers l'Afrique, Osiris Africa,
diffusion Publisud, Paris, 1985, p. 47.
* 438A. Tague
Kakeu,« Le sous développement dans l'Afrique
indépendante au regard du développement dans ancienne Egypte et
le pays Bamiléké de la période
précoloniale », Thèse de Doctorat /Ph.D en
Histoire, Université de Yaoundé I, 2007.
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