C - L'interopérabilité
Avant de parler d'interopérabilité, nous parlons
de maquette numérique en closed BIM (BIM fermé). Il s'agit du BIM
défini en format propriétaire. Lorsqu'il y a partage de la
maquette numérique sous format IFC (nous y reviendront par la suite) on
parle d'open BIM (BIM Ouvert, ne pas confondre avec «OpenBIM» qui est
une association d'éditeurs de logiciels de modélisation qui la
production des échanges IFC7) afin que les autres
utilisateurs interopèrent sur celle-ci. Le problème de cette
collaboration est l'opérabilité entre tous les acteurs et donc
entre les différents logiciels utilisés. En effet,
«l'association de disciplines complémentaires dans un travail
collaboratif assumé pose les termes d'un processus ouvert capable
d'intégrer de nouvelles propositions, constructives et architecturales,
dégagées de l'intérêt unique du porteur d'une
maquette intégrée : c'est l'open BIM»8. Un format
informatique d'échange permettant de partager les fichiers venant de
logiciels différents a
7 [Voir glossaire page 103]
8 HOYET Nadia, DUCHENE Fabien & DE FOUQUET Marc,
BIM et Architecture, Editions Dunod, p14
13
été mis en place afin d'assurer cette
«interopérabilité : le format IFC9 (Industry
Foundation Classes) créé par l'association
BuildingSMART10. Il est le format le plus utilisé dans le
monde et est maintenant une norme appelée ISO 16739 : 2013. Les soucis
récurrents faits suite à l'utilisation de ce format sont les
conversions faites lors d'échanges de maquettes entre les
différents logiciels. En effet, le passage d'un logiciel à un
autre en passant par le format IFC s'effectue en deux temps:
Fig. 4 Schéma d'interopérabilité
des IFC entre les logiciels les plus utilisés sur le marché
[
https://www.scoop.it/t/genie-civil]
L'un convertissant le format d'origine du premier logiciel en
IFC (export) et l'autre convertissant l'IFC en format du deuxième
logiciel (import). Ce double flux crée beaucoup de risques d'erreurs et
reste encore un problème majeur. Ce format est encore en
développement par BuildingSMART et les acteurs utilisant le BIM sont en
attente d'une interopérabilité véritable.
9 [Voir glossaire page 103]
10 [Voir glossaire page 103]
14
D - Les niveaux d'informations ou de maturité du
BIM
D'après l'Ordre des architectes11, Le BIM est
«un processus de gestion collaboratif du projet reposant sur les
échanges et l'enrichissement de la maquette numérique par les
acteurs du projet»12. Il existe plusieurs niveaux de ce
processus en fonction du nombre d'informations présentes, en fonction de
leur maturité. Ces niveaux permettent d'arriver petit à petit au
processus collaboratif BIM. La compréhension de ces différents
niveaux est très importante puisqu'ils vont nous permettre de comprendre
dans les parties suivantes les questions de responsabilité en fonction
du niveau de BIM sur lequel on résonne. Il s'agit d'un niveau
d'information non graphique.
Le Niveau 0
On ne parle pas encore de BIM puisque c'est le niveau
CAO13 en deux dimensions. C'est celui qui est encore très
utilisé dans le monde. Il existe des normes de dessin mais chacun les
utilise de façon différentes ce qui rend complexe la
juxtaposition des informations. Un cabinet d'architecture utilisera des
calques, des couleurs et des épaisseurs de traits par exemple qui ne
seront pas en adéquation avec le bureau d'étude avec qui il
travaille. « Saisir l'essentiel du BIM passe a minima par l'exposé
de sa définition. La définition du BIM va de pair avec le niveau
du BIM ou l'indicateur du niveau de collaboration du procédé
»14.
Niveau 1 - BIM dit «isolé» ou «lonely
BIM»
Il s'agit du niveau où la maquette numérique est
créé par un seul acteur pour son usage unique (un architecte qui
crée des plans par exemple et en extrait des livrables pour le client ou
le constructeur afin qu'il édifie le bâtiment. Il s'agit de
représentations 2D ou 3D qui ne sont pas modifiables par personne
d'autre que celui qui l'a crée. Il n'y a donc pas de collaboration
à ce niveau.
11 [Voir glossaire page 103]
12 Auteurs?, Le BIM un atout pour l'architecture,
publié par l'ordre des architectes en Juillet 2015,
www.architectes.org
13 Conception Assistée par Ordinateur [Voir
glossaire page 103]
14 D. Richard, «BIM : analyse et perspectives de
l'immeuble numérique», Construction-urbanisme N°12,
Décembre 2017
15
Niveau 2 - BIM dit «collaboratif ou partagé»
Ce niveau représente des documents créés
par plusieurs acteurs du projet et ceux-ci sont ensuite comparés,
complétés et enrichis. Il peut s'agir par exemple de l'architecte
qui fait une proposition de structure avec des plans au bureau d'étude
qui lui-même le compare avec ses plans de structure. C'est le travail qui
a été effectué lors du projet de séminaire de
la maquette numérique au BIM. Chacun produisait une maquette
numérique et l'aller-retour s'est fait en modifiant la maquette
structure de l'architecte par exemple en prenant en compte les remarques des
ingénieurs. Une détection de clashs était effectuée
à partir d'un logiciel spécialisé afin de comparer les
deux maquettes et de voir leurs discordances.
Niveau 3 - BIM dit «intégré ou
centralisé»
Celui-ci représente un processus de conception encore
plus élevé dans le BIM avec la réalisation d'une maquette
qui est mise sur un serveur et accessible à tous les acteurs
concernés du projet avec des droits d'accès bien
déterminés afin de ne pas empiéter sur les ajouts ou
modifications de chacun sur la maquette. Il s'agit maintenant d'une maquette
dite «concourante et collaborative» alors qu'elle n'était que
«séquentielle» sans le BIM. La collaboration s'effectue plus
en amont grâce au BIM. La conception d'un bâtiment à ce
niveau de BIM n'est techniquement pas encore possible sauf dans un
environnement où chaque acteur utilise le même logiciel. Ce niveau
pose de sérieuses questions de responsabilités en cas de fautes
effectuées sur la maquette qui se répercute sur le chantier. J'y
reviendrai dans la suite de ce mémoire.
Fig. 5 Les différents niveaux d'informations ou
de maturité du BIM [
https://www.islean-consulting.fr/fr/transformation-digitale/definition-bim/]
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