Stanislas AUDIBERT ENSAPVS
Février 2018
MEMOIRE DE FIN D'ETUDES
Séminaire MN2BIM : De la maquette
Numérique au BIM
Le BIM : enjeux juridiques et contractuels
Les problèmes juridiques et contractuels
qu'engendre l'arrivée du BIM sont-ils justifiés?
Sous la direction de Monsieur O. BOUET
Encadré par Monsieur T. SEHAD & Monsieur N.
BOUTROS
Ce mémoire est rattaché au Laboratoire
EvcAu
3
Remerciements
La rédaction de mon mémoire a été
possible grâce aux interviews de plusieurs personnes qui ont eu le temps
de me donner leur opinion sur le sujet. Je souhaite particulièrement
remercier Maître Benoît-Renaudin (avocate au Barreau de Paris),
Monsieur Trehen (Directeur BIM chez Egis), Monsieur Darremont (Directeur BIM
à la Fédération Française du Bâtiment) et
Monsieur Celnik (Architecte DPLG, enseignant à l'ENSAPVS et directeur du
Mastère spécialisé BIM à l'ENPC et ESTP).
Je souhaite également remercier mes professeurs
référents de mémoire : Monsieur Bouet (Professeur à
l'ENSAPVS), Monsieur Sehad (Professeur à l'ENSAPVS) et Monsieur Boutros
(Professeur à l'ENSAPVS). Ils m'ont guidé tout au long de ce
travail.
Avant-propos
C'est en participant au séminaire : De la maquette
numérique au BIM1 dispensé dans mon école
d'architecture et en discutant avec des acteurs spécialisés au
BimWorld 2017 de La Défense à Puteaux que j'ai commencé
réellement à m'intéresser au BIM. En effet, ce sujet me
tient particulièrement à coeur puisqu'il représente selon
moi l'avenir aussi bien du monde de l'architecture, de la construction et de
l'immobilier. Les étudiants en architecture étant peu
informés sur ce domaine, cela été une chance pour moi de
le découvrir et d'apprendre plus à son sujet. Par
conséquent, j'ai souhaité m'interroger, dans le cadre de mon
mémoire de Master d'architecture, sur la problématique du BIM,
son avancée en France et particulièrement sous l'angle du
droit.
En parallèle de mes études d'architecture à
l'ENSAPVS2, je suis des cours de droit de l'immobilier à
ICH-CNAM3 à Paris. Ainsi, je voulais une problématique
qui englobe les deux domaines de compétences : Architecture et Droit.
Ce mémoire est destiné aux architectes, et non aux
juristes ou autres praticiens du droit, qui veulent mieux comprendre les freins
juridiques du BIM.
Le monde du Droit étant quelque chose d'extrémement
changeant, ce mémoire est amené à évoluer.
4
1 [Voir glossaire page 103]
2 Ecole Nationale Supérieure d'Architecture de Paris
Val-de-Seine
3 Institut de droit et d'économie appliqués
à l'immobilier appartenant au Conservatoire National des Arts et
Métiers
Résumé & Mots-clés
Après avoir rappelé les différentes
généralités concernant le BIM et notamment les niveaux de
développement de la maquette numérique qui aura des
répercutions sur les droits de propriété de celle-ci et
les responsabilités des acteurs. Dans un deuxième temps, j'ai
étudié le cadre légal actuel en France en terme de BIM et
je l'ai comparé avec ce qui se fait dans les autres pays. Le France a
voulu ne pas l'imposer dans ces marchés de contrats de travaux
contrairement à d'autres, comme Singapour, les pays scandinaves et la
Grande Bretagne. Dans la dernière partie j'ai essayé de montrer
que le BIM pouvait s'adapter aux contrats actuels en les adaptant.
Mots-clés:
5
BIM/Contrat/Juridique/Responsabilités/Propriété
intellectuelle/BIM Manager/Protocole
6
Sommaire
Remerciements 3
Avant-propos 4
Résumé & Mots-clés 5
Introduction 7
I - Le BIM : Généralités
9
A- Les origines 9
B - Signification du terme «BIM» 9
C - L'interopérabilité
12
D - Les niveaux d'informations ou de maturité du
BIM 14
E - Les niveaux de détails du BIM ou LOD (anglais)
16
F - Les atouts du BIM 17
H - Les freins à la progression
du BIM en France 20
II - Constat Législatif du BIM en France 22
Introduction 22
A - Constats législatifs
25
1 - Constat Législatif en France 25
2 - Et les autres pays: où en sont-ils ? 32
3 - La France en retard ? : Analyse critique 35
B - Les sources d'interrogations du BIM 41
1 - Notion de propriété
intellectuelle et de droits d'auteur 41
2 - La traçabilité des informations et traitement
des données 46
3 - Les responsabilités 48
III - Vers un « contrat BIM » ' 55
A - Les modalités contractuelles 55
B - Le Protocole BIM (ou convention BIM) 59
C - Un nouvel acteur: Le BIM Manager
- responsable du BIM Management 63
D - Exemple des Contrats MAF : opinions
70
Conclusion 73
Annexes 74
Les entretiens 74
A - Monsieur Jean Paul TREHEN 74
B - Maître Cécile Benoît-Renaudin 81
C -Monsieur Didier DARREMONT 87
D - Monsieur Olivier CELNIK 91
Table des iconographies 101
Glossaire technique 102
Glossaire juridique 106
Bibliographie 111
7
Introduction
L'architecte a toujours essayé de trouver des moyens de
représenter ses idées et concepts par le dessin de
représentation et le dessin technique lors de la conception (en 2
dimensions ou 3 dimensions que cela soit par le dessin, les maquettes, à
la main ou au moyen des outils informatiques). Ces différentes modes de
représentations permettent de promouvoir son projet auprès de son
client mais également de concevoir le projet au fur et à mesure
de son avancée et de communiquer ses intentions aux autres intervenants
(Bureaux d'études techniques, constructeurs, client, etc.). Le
problème est que la représentation faite par l'architecte doit
changer en fonction des différents acteurs. Le client souhaitera des
vues d'ensemble afin de se rendre compte du bâtiment final alors qu'un
bureau d'étude voudra des détails techniques, coupes, plans
à différentes échelles afin de concevoir le projet. Les
projets devenant de plus en plus complexes (nombres d'intervenants
grandissants, normes de plus en plus complexes, etc.), les différents
acteurs cherchent à diminuer les coûts en améliorant la
communication entre eux et à réduire les erreurs lors de la
conception du bâtiment. Pour cela, une nouvelle façon de
travailler a vu le jour: le BIM, dans le but de faciliter ces échanges
par l'intermédiaire d'une maquette numérique en trois dimensions
utilisable et partageable par tous les acteurs. Cette maquette numérique
est une solution idéale pour faciliter le travail de l'architecte afin
de montrer ses intentions aux clients le plus précisément
possible mais également de concevoir le bâtiment avec les autres
acteurs de la construction afin d'éviter les erreurs dès la
conception. Elle est presque une représentation parfaite de ce que sera
le projet construit. Le BIM n'est pas seulement un outil technique, il ne se
réduit pas à une maquette numérique, mais est
également une nouvelle façon de travailler et de collaborer entre
les acteurs toujours plus nombreux dans les projets de construction.
Suite à mes recherches, j'ai remarqué que le BIM
était freiné par le scepticisme certes mais aussi par un
régime juridique encore incertain qui n'incite pas ou n'oblige pas les
acteurs à l'utiliser. En effet, le changement de législation
reste global c'est à dire à l'échelle du domaine de la
construction, de l'architecture et de l'immobilier et ne s'adaptent donc pas
aux projets alors que les contrats s'adaptent à chaque projet et
à chacune de ses particularités.
Le droit doit donc évoluer certes par
l'amélioration des lois à l'échelle de l'Etat afin
d'inciter l'utilisation du BIM dans tous les domaines mais ces
évolutions seront plus efficaces si les
8
contrats de constructions et de marchés de travaux sont
adaptés. Ce ne sera pas la loi qui fixera un cadre unique et rigide,
mais au contraire le contrat, plus souple, qui devra prendre en compte les
spécificités de chaque projet avec son contexte et les relations
avec ses acteurs. C'est grâce à l'amélioration de l'outil
contractuel que les tâches, les missions, le travail collaboratif
inhérent au BIM seront précisés et qu'en cas de
difficultés, leur origine et la recherche des responsabilités
pourront être établis. Je me suis donc intéressé
à répondre à la problématique suivante:
Les problèmes juridiques et contractuels qu'engendre
l'arrivée du BIM sont-ils justifiés ?
Afin de répondre à cette question, je me suis tout
d'abord intéressé à expliciter ce qu'était le BIM,
ses grandes particularités. Dans un second temps, je m'attarderai sur le
constat juridique actuel (législatif) dans son ensemble afin de
comprendre ce qui bloque sur sa bonne avancée et voir ce qui pourrait
être amélioré. De plus, je ferai la liste des
interrogations qu'engendre l'arrivée de ce nouvel outil collaboratif.
Dans un dernier temps, j'effectuerai une analyse contractuelle afin de voir
à quoi pourrait ressembler un contrat dans un projet BIM.
Ce mémoire sera articulé des avis recueillis par
différents acteurs du bâtiment qui ont bien voulu répondre
à toutes mes questions.
9
I - Le BIM : Généralités
A- Les origines
Le BIM trouve ses origines dans le monde de l'aviation. En effet,
les entreprises comme Dassault System a développé depuis plus de
20 ans un logiciel appelé CATIA permettant de concevoir une maquette en
trois dimensions de l'avion (le produit) avec tous ses détails jusqu'aux
plus petites pièces. Pourquoi ne pas l'envisager pour un bâtiment?
C'est à l'initiative de l'architecte Franck Gehry qui utilise ce concept
afin de concevoir le premier bâtiment au monde construit
entièrement par modélisation : le «Poisson de
Barcelone».
Fig. 1 Le poisson de Barcelone de l'architecte F. Gehry
[
https://misskaparis.wordpress.com/tag/frank-gehry/]
B - Signification du terme «BIM»
BIM est un acronyme venant de l'anglais dont les deux
premières lettres signifient «Building Information» pour les
deux premières lettres. Le «M» a quant à lui plusieurs
facettes : «Model» (Modélisation), «Modeling»
(collaboration) ou «Management» (gestion de projet).
· Le «Model» représente la maquette
numérique. Il s'agit donc du modèle de représentation en
trois dimensions qui représente le futur bâtiment avant sa
construction avec l'ensemble des objets volumiques (plafonds, dalles, poteaux,
poutres, conduites de ventilation, etc.) et leurs caractéristiques
permettant de représenter le plus fidèlement le bâtiment
construit. Ceux-ci sont renseignés dans une base de données
unique. Il s'agit donc de la construction et l'utilisation de la
10
maquette de façon isolée. Le «Model»
permet donc d'anticiper la construction du bâtiment et diminue ainsi les
erreurs avant la construction.
· Le «Modeling» représente les
différentes collaborations possibles entres les acteurs ayant des
logiciels de simulations différents. En effet, chaque logiciel à
un ensemble d'objets intelligents ayant chacun des caractéristiques
propres et permettant de modéliser des phénomènes comme le
comportement d'une structure, le comportement acoustique et thermique d'un mur.
Il s'agit de l'acte de construire avec tous ces comportements associés.
Dans ce cas, se pose la question de l'interopérabilité des
logiciels spécialisés entre eux. Par exemple, le logiciel
TEKLA4 permettant de calculer une structure et ClimaWIN5
permet de simuler le comportement thermique d'un bâtiment. En effet, ces
deux logiciels sont dissociés, ne simulent pas les mêmes
phénomènes et auront besoin de données pour
résoudre les problèmes d'interopérabilités. Toutes
les caractéristiques incorporées dans les objets de la maquette
permettent donc de simuler le comportement d'un bâtiment. Il s'agit de
l'acte de construire, de dessiner sur ordinateur avec des comportements
associés. Analyser le comportement du bâtiment avant sa
construction permet d'améliorer les choix et d'optimiser les
éléments qui composeront le futur bâtiment avant sa
construction.
· Enfin le «Management» représente une
nouvelle façon de gérer le projet. Il s'agit de la collaboration
entre les différents acteurs du projet BIM. Ce management qui permet de
donner une autre ampleur au BIM en donnant une grande importance du
côté «humain» au projet. Les erreurs sont
réduites en structurant la collaboration et en gérant plus
efficacement les échanges et les données du bâtiment
modélisé. Les acteurs ne travaillent plus de façon
dissociés mais de façon collaborative autour de la maquette
numérique. Travailler ensemble dès la phase de conception permet
de réduire les coûts, d'améliorer le projet dans son
ensemble...
Contrairement à ce que beaucoup de personnes pensent le
BIM n'est pas seulement de la 3D, ni un logiciel. C'est en partie une maquette
numérique où le professionnel ne manipule plus de simples lignes
(comme auparavant avec le logiciel AutoCAD) mais des «objets
4 Tekla est une société finlandaise
développant des logiciels à destination de la construction et de
l'ingénierie.
5 ClimaWin est le logiciel intégré qui
réalise tous les calculs nécessaires à une étude
thermique d'un bâtiment.
sémantiques» qui ont leurs propres
caractéristiques. La maquette numérique est donc associée
à une base de données de tous ces objets intelligents. Le BIM ne
se réduit ainsi pas à un logiciel de 3D mais englobe aussi le
côté managériale d'un projet de construction. Il
révolutionne la manière de travailler et de collaborer au sein
d'un projet.
11
Fig. 2 La gestion des documents dans un projet avant et
après l'arrivée du BIM [
https://www.bimportal.be/fr/bim_fr/general/caracteristiques/]
Un récent rapport publié par le PTNB en
Décembre 2017, redéfinit plus clairement la notion de BIM :
«Stratégie française pour les actions de
pré-normalisation et normalisation BIM appliqués au
bâtiment»6. Celui-ci essaie de donner une approche de la
futur normalisation du BIM et crée une nouvelle définition non
plus basé sur cette notion tripartie : Model, Modeling et Management
mais l'étend aux «acteurs», «Machines» et
«Terminologie». Je ne m'étendrai pas sur cette notion sachant
ces nouvelles terminologies n'impacteront pas la suite de mon
mémoire.
6 Rapport publié par le PTNB : Stratégie
française pour les actions de pré-normalisation et normalisation
BIM appliquées au bâtiment, Décembre 2017
12
Fig. 3 "Schéma à étages de la
nouvelle normalisation du BIM appelé «Big Picture» [
http://www.cohesionterritoires.gouv.fr/IMG/pdf/rapport_mission_numerique_batiment.pdfJ
C - L'interopérabilité
Avant de parler d'interopérabilité, nous parlons
de maquette numérique en closed BIM (BIM fermé). Il s'agit du BIM
défini en format propriétaire. Lorsqu'il y a partage de la
maquette numérique sous format IFC (nous y reviendront par la suite) on
parle d'open BIM (BIM Ouvert, ne pas confondre avec «OpenBIM» qui est
une association d'éditeurs de logiciels de modélisation qui la
production des échanges IFC7) afin que les autres
utilisateurs interopèrent sur celle-ci. Le problème de cette
collaboration est l'opérabilité entre tous les acteurs et donc
entre les différents logiciels utilisés. En effet,
«l'association de disciplines complémentaires dans un travail
collaboratif assumé pose les termes d'un processus ouvert capable
d'intégrer de nouvelles propositions, constructives et architecturales,
dégagées de l'intérêt unique du porteur d'une
maquette intégrée : c'est l'open BIM»8. Un format
informatique d'échange permettant de partager les fichiers venant de
logiciels différents a
7 [Voir glossaire page 103]
8 HOYET Nadia, DUCHENE Fabien & DE FOUQUET Marc,
BIM et Architecture, Editions Dunod, p14
13
été mis en place afin d'assurer cette
«interopérabilité : le format IFC9 (Industry
Foundation Classes) créé par l'association
BuildingSMART10. Il est le format le plus utilisé dans le
monde et est maintenant une norme appelée ISO 16739 : 2013. Les soucis
récurrents faits suite à l'utilisation de ce format sont les
conversions faites lors d'échanges de maquettes entre les
différents logiciels. En effet, le passage d'un logiciel à un
autre en passant par le format IFC s'effectue en deux temps:
Fig. 4 Schéma d'interopérabilité
des IFC entre les logiciels les plus utilisés sur le marché
[
https://www.scoop.it/t/genie-civil]
L'un convertissant le format d'origine du premier logiciel en
IFC (export) et l'autre convertissant l'IFC en format du deuxième
logiciel (import). Ce double flux crée beaucoup de risques d'erreurs et
reste encore un problème majeur. Ce format est encore en
développement par BuildingSMART et les acteurs utilisant le BIM sont en
attente d'une interopérabilité véritable.
9 [Voir glossaire page 103]
10 [Voir glossaire page 103]
14
D - Les niveaux d'informations ou de maturité du
BIM
D'après l'Ordre des architectes11, Le BIM est
«un processus de gestion collaboratif du projet reposant sur les
échanges et l'enrichissement de la maquette numérique par les
acteurs du projet»12. Il existe plusieurs niveaux de ce
processus en fonction du nombre d'informations présentes, en fonction de
leur maturité. Ces niveaux permettent d'arriver petit à petit au
processus collaboratif BIM. La compréhension de ces différents
niveaux est très importante puisqu'ils vont nous permettre de comprendre
dans les parties suivantes les questions de responsabilité en fonction
du niveau de BIM sur lequel on résonne. Il s'agit d'un niveau
d'information non graphique.
Le Niveau 0
On ne parle pas encore de BIM puisque c'est le niveau
CAO13 en deux dimensions. C'est celui qui est encore très
utilisé dans le monde. Il existe des normes de dessin mais chacun les
utilise de façon différentes ce qui rend complexe la
juxtaposition des informations. Un cabinet d'architecture utilisera des
calques, des couleurs et des épaisseurs de traits par exemple qui ne
seront pas en adéquation avec le bureau d'étude avec qui il
travaille. « Saisir l'essentiel du BIM passe a minima par l'exposé
de sa définition. La définition du BIM va de pair avec le niveau
du BIM ou l'indicateur du niveau de collaboration du procédé
»14.
Niveau 1 - BIM dit «isolé» ou «lonely
BIM»
Il s'agit du niveau où la maquette numérique est
créé par un seul acteur pour son usage unique (un architecte qui
crée des plans par exemple et en extrait des livrables pour le client ou
le constructeur afin qu'il édifie le bâtiment. Il s'agit de
représentations 2D ou 3D qui ne sont pas modifiables par personne
d'autre que celui qui l'a crée. Il n'y a donc pas de collaboration
à ce niveau.
11 [Voir glossaire page 103]
12 Auteurs?, Le BIM un atout pour l'architecture,
publié par l'ordre des architectes en Juillet 2015,
www.architectes.org
13 Conception Assistée par Ordinateur [Voir
glossaire page 103]
14 D. Richard, «BIM : analyse et perspectives de
l'immeuble numérique», Construction-urbanisme N°12,
Décembre 2017
15
Niveau 2 - BIM dit «collaboratif ou partagé»
Ce niveau représente des documents créés
par plusieurs acteurs du projet et ceux-ci sont ensuite comparés,
complétés et enrichis. Il peut s'agir par exemple de l'architecte
qui fait une proposition de structure avec des plans au bureau d'étude
qui lui-même le compare avec ses plans de structure. C'est le travail qui
a été effectué lors du projet de séminaire de
la maquette numérique au BIM. Chacun produisait une maquette
numérique et l'aller-retour s'est fait en modifiant la maquette
structure de l'architecte par exemple en prenant en compte les remarques des
ingénieurs. Une détection de clashs était effectuée
à partir d'un logiciel spécialisé afin de comparer les
deux maquettes et de voir leurs discordances.
Niveau 3 - BIM dit «intégré ou
centralisé»
Celui-ci représente un processus de conception encore
plus élevé dans le BIM avec la réalisation d'une maquette
qui est mise sur un serveur et accessible à tous les acteurs
concernés du projet avec des droits d'accès bien
déterminés afin de ne pas empiéter sur les ajouts ou
modifications de chacun sur la maquette. Il s'agit maintenant d'une maquette
dite «concourante et collaborative» alors qu'elle n'était que
«séquentielle» sans le BIM. La collaboration s'effectue plus
en amont grâce au BIM. La conception d'un bâtiment à ce
niveau de BIM n'est techniquement pas encore possible sauf dans un
environnement où chaque acteur utilise le même logiciel. Ce niveau
pose de sérieuses questions de responsabilités en cas de fautes
effectuées sur la maquette qui se répercute sur le chantier. J'y
reviendrai dans la suite de ce mémoire.
Fig. 5 Les différents niveaux d'informations ou
de maturité du BIM [
https://www.islean-consulting.fr/fr/transformation-digitale/definition-bim/]
16
E - Les niveaux de détails du BIM ou LOD15
(anglais)
La maquette numérique étant composée
d'objets, ceux-ci possèdent des niveaux de définitions de
description dite de «granularité», une échelle de
définition évoluant au fil de l'avancée du projet. Chaque
LOD possède un niveau de détail de données et
définit une phase de développement du projet bien précise.
Par conséquent, le niveau de détail des objets va augmenter en
fonction de l'avancée du projet. Ce niveau de détail peut
également varié en fonction de l'intervenant qui a dessiné
l'objet. On parlera ici des «vues métiers». Par exemple, un
architecte s'intéressera à la partie visible d'un
élément d'une fenêtre alors que le fournisseur de celle-ci
à l'assemblage des pièces qui la composent. Il définit
donc le degré de définition géométrique de la
représentation graphique des objets. On parlera de ND1 (Niveau de
Développement 1 en français pour un LOD100 en anglais. Le
graphique suivant montre bien le niveau de définition augmentant en
fonction de l'avancée du projet et des livrables établis.
Fig. 6 Niveau de détails BIM en fonction de
l'avancée du projet
https://www.isleanQconsulting.fr/fr/transformationQ
digitale/definition-bim/
15 Level Of Detail (Anglais), Niveau de Détail
(Français) [Voir glossaire page 103]
17
F - Les atouts du BIM
Le BIM profite à tous les acteurs du secteur de la
construction, de la maitrise d'ouvrage (immobilier), de la maintenance et de
l'architecture et procure à chacun des avantages si ils sont bien mis en
oeuvre. En voici quelques atouts:
· Meilleure collaboration entre les acteurs du
projet et la production de documents
Un des grands avantages du BIM est qu'il met en place une
nouvelle façon de travailler entre tous les acteurs d'un projet de
construction. En effet, le fait de réunir les informations sur une seule
et même maquette permet de réduire le temps de conception du
projet de façon considérable. «Cette somme d'études
accumulées devient plus riche que la somme des études
isolées car son existence sous-entend que les problèmes ou
conflits qui ont pu apparaître au sein de l'équipe de
maîtrise d'oeuvre ou entre les divers corps d'états sont
résolus»5.
Par conséquent, le fait de résoudre des
problèmes en amont grâce à une meilleure communication
permet de réduire les erreurs et donc augmenter le temps pour la
réalisation. De plus, cela permet à l'architecte de mieux
communiquer avec les autres acteurs et permet de réduire les erreurs en
mettant en place des détections de «clash».
Fig. 7 Comparaison de l'impact effectuée par le
BIM par rapport à la CAO [
http://www.bimperform.com/besoin-de-muter-vers-bim/]
· 18
Un atout pour redynamiser le métier
d'architecte
Le BIM permet à l'architecte tout d'abord de mieux
maitriser la conception de son projet puisqu'il peut modifier plus rapidement
les données qui se répercutent immédiatement sur les
rendus à fournir aux autres acteurs : coupes, plans, détails
techniques... Les rendus sont donc plus cohérents entre eux et
présentent moins d'erreurs (dimensionnelles, techniques, etc.). Cette
maquette numérique permet également d'essayer plusieurs solutions
architecturales bien plus facilement et rapidement lors de la conception. Cela
permet également à l'architecte de vérifier plus
rapidement le projet dès la conception par rapport aux
réglementations en vigueur (incendie, personnes à
mobilités réduites, etc.) et de créer des bâtiments
plus performants notamment énergétiquement. C'est comme si
l'architecte ne se contentait plus de concevoir le bâtiment mais aussi de
convaincre le client et surmonter les obstacles plus en amont.
· Un atout pour multiplier les compétences
de l'architecte de l'architecte
Le BIM permet également d'étendre le domaine de
compétence de l'architecte sur des missions autres que la conception et
le suivi de projet. L'architecte se voit dorénavant proposer des
missions qui vont au delà de la réalisation de l'ouvrage c'est
à dire suivre un bâtiment tout au long de son cycle de vie.
o Missions de Maitrise d'oeuvre:
Il va notamment appartenir à l'architecte de concevoir la
maquette numérique certes mais également de la gérer. Cela
donne lieu à de nouveaux métiers pour l'architecte tel que le BIM
Manager: chef d'orchestre collaboratif de la maquette entre tous les acteurs
(j'en reparlerai dans la partie III).
o Missions de post-maitrise d'oeuvre:
Maintenant que la maquette numérique existe, les Dossiers
des Ouvrages Exécutés (DOE) et le Dossier des Interventions
Ultérieures sur l'Ouvrage (DIUO) sont maintenant extraits
numériquement de celle-ci. L'architecte peut se voir proposer de
gérer le bâtiment après sa construction et de le suivre
numériquement. Le Maitre d'ouvrage peut être
19
intéressé par ce genre de prestations de
l'architecte : acteur qui connait le mieux le projet puisque c'est lui qui l'a
conçu.
o Missions d'exploitation et de maintenance:
L'architecte peut se voir proposer des prestations de service
après la construction, lors de l'exploitation et de la maintenance du
bâtiment. Il peut mettre à jour la maquette et permet au Maitre
d'ouvrage d'avoir un vrai conseiller «technique» lui informant sur
son patrimoine construit. Il peut le conseiller notamment sur les performances
énergétiques, les métrés... «La qualité
des données de la maquette numérique sera un enjeu dans les
années à venir».
· Garantir les performances
énergétiques, acoustiques...
En effet, la maquette numérique est composée
d'éléments ayant chacun leurs caractéristiques techniques
bien précises. En évaluant la maquette numérique sur des
logiciels de simulations thermique, acoustique, etc., cela permet de voir
comment le bâtiment se comporte et évaluer ses performances
techniques. Le bâtiment peut être optimisé dès la
conception et donc réduire les coûts des changements, d'autant
plus coûteux que l'on est avancé dans le projet.
· Gain de temps à toutes les étapes
du projet grâce à une connaissance technique de
l'ouvrage
Le projet est «construit» virtuellement en trois
dimensions. Dans le domaine de la construction, plus un problème
survient en amont d'un projet, plus vite il est résolu et plus il y a un
gain de temps. Anticiper les erreurs de conception permet ainsi de mieux
connaître techniquement le bâtiment dès le commencement du
projet et donc gagner du temps tout au long du projet.
20
Réduction de sinistralité
La maquette numérique du bâtiment permet ainsi de
réduire les sinistres par la modélisation des comportements du
bâtiment avant qu'il soit construit. Elle permet d'anticiper les
problèmes et donc réduire la sinistralité du projet.
Communication plus facile aux utilisateurs
non-experts
Bien évidemment, cela permet de montrer aux personnes
non-expertes une maquette qui représente l'intégralité du
projet. C'est donc un outil de communication permettant de faire comprendre le
projet à des non-sachants plus facilement que les simples coupes ou
plans.
Meilleure gestion de la construction
La maquette numérique va également être
utile pour la phase travaux. En effet, celle-ci va permettre de corriger
à l'avance les conflits géométriques et sémantiques
qui auraient pu intervenir lors de la construction. On va pouvoir simuler
entièrement le chantier. Le fait que la maquette numérique soit
réalisée avec précision, crée une plus grande
confiance pour tous les acteurs et évite de faire des erreurs
quantitatives et qualitatives. Tous les clashs seraient sûrement
intervenus sur le chantier donc leur résolution est une manière
de réduire le coût des erreurs techniques et humaines. De plus,
les sous traitants peuvent travailler ensemble grâce à cette
unique maquette et être sûrs de commander les quantités
exactes de matériaux à acheter et ainsi réduire leurs
pertes par erreur.
H - Les freins à la progression du BIM en
France
Avant d'aborder les freins juridiques, il me parait important de
décrire les autres freins qui empêchent sa bonne
évolution.
Les architectes restent souvent sceptiques vu le coût que
requiert la mise en place du BIM au sein des agences. En effet, il faut d'abord
que les architectes soient convaincus et passent le pas puis qu'ils choisissent
les logiciels qu'ils veulent utiliser. En effet, ils sont relativement nombreux
sur le marché (ArchiCAD et REVIT pour les plus connus) et sont
proposés à des prix onéreux puisqu'ils sont jusqu'à
environ 5000/6000€ par poste informatique. La somme n'est pas
négligeable et doit donc être vite rentabilisée si on ne
veut
21
pas perdre en productivité. Les plus petites agences
qui représentent la majorité des agences en France sont plus
pénalisées que les autres qui ont des budgets plus importants.
Il faut également former les architectes qui sont
généralement déjà dans l'agence et qui ont appris
des méthodes de travail très ancrées et qui ne connaissent
pas du tout ces nouveaux outils informatiques et cette nouvelle façon de
travail collaboratif. Leur formation induit une perte de production des
architectes dans l'agence et donc une perte de temps dans les projets en cours.
Celles-ci sont proposées en lignes (les moins chers) ou
étalées sur plusieurs jours dans des centres de formation
spécialisés mais elles représentent un surcoût non
négligeable.
Fig. 8 Les freins à l'adoption du BIM dans les
entreprises
[
https://www.lemoniteur.fr/article/le-bim-c-est-maintenant-ou-presque-25511986]
22
II - Constat Législatif du BIM en
France
Introduction
La bonne avancée du BIM est avant tout une histoire de
collaboration et une nouvelle façon de travailler. Après avoir
explicité les généralités concernant le BIM, je
vais décrire les problèmes inhérents du BIM sous un volet
juridique et contractuel. En effet, une nouvelle façon de travailler
induit de nouvelles interrogations d'ordre juridique.
Les deux prochaines parties seront illustrées par les
avis de professionnels de professions différentes que j'ai
interrogé tout au long de ce semestre:
· Maître Benoit-Renaudin : Docteur en droit, avocate
collaboratrice dans le cabinet Martin & Associés
spécialisé en droit immobilier, et plus particulièrement
en droit de la construction et en droit de l'urbanisme.
· Monsieur Trehen : Architecte DPLG16 et
responsable BIM au sein de la multinationale Egis (Maitrise d'ouvrage et
conseil).
· Monsieur Darremont : chef de département
transition numérique bâtiment et BIM à la
Fédération Française du Bâtiment (représente
les principaux constructeurs et maîtres d'ouvrages français).
· Monsieur Celnik : architecte DPLG, directeur du
Mastère spécialisée BIM à
l'ENPC17/ESTP18 et auteur de plusieurs ouvrages
spécialisé en la matière.
Afin de mieux comprendre le fil conducteur de mon
mémoire, il m'a semblé important de développer certaines
notions juridiques de base:
· Toutes les règles de droit suivent une
échelle hiérarchique bien déterminée. Elle est
décrite dans la pyramide de la hiérarchie des normes
(ci-dessous). Elle permet de garantir la cohérence de l'Etat de Droit
qu'est la France. Toutes les normes supérieures prévalent sur
celles qui leur sont inférieures. Par exemple, un contrat ne devra pas
déroger à une loi qui lui est supérieure. Cette pyramide
des règles de droit
16 Diplômé Par Le Gouvernement
17 Ecole Nationale des Ponts et Chaussées
18 Ecole spéciale des TZravaux Publics
23
a été créé par Hans Kelsen
(1881-1973), théoricien de droit. Ainsi, durant la suite de mon
développement, je suivrai cette hiérarchie des règles de
droit en commençant par décrire les problèmes juridiques
à l'échelle européenne (cf sur le schéma ci-dessous
droit international et communautaire) et française (lois, décret,
etc.) puis je terminerai par les problèmes d'ordre contractuel
situé en bas de celle-ci.
CONTRAT
Fig. 9 Pyramide des Normes simplifiée [
http://stephanebernhard.franceserv.com/wp-content/uploads/2015/11/pyramide.jpg]
· Il existe deux grandes branches qui régit les
personnes entres eux:
o le Droit privé19 : régit les
relations entre personnes privées20 (particuliers,
entreprises privées, etc.).
o le Droit public21 : régit les relations
entre personnes publiques22 (l'état, les collectivité
territoriales, etc.) entres-elles et entre les personnes publiques et personnes
privées.
Lors de mon mémoire je ferai généralement
référence au droit public car le droit privé dans le
milieu de la construction y est beaucoup moins exigeant.
· Je ferai aussi référence à
différents codes juridiques où sont inscrites les lois:
o Le Code Civil23 (abrégé C. Civ. ou
CC) : Ce code régit l'ensemble des règles qui déterminent
le statut des personnes (livre Ier), celui des biens (livre II) et
celui
19 [Voir glossaire page 103]
20 [Voir glossaire page 103]
21 [Voir glossaire page 103]
22 [Voir glossaire page 103]
des relations entre les personnes privées (livres III et
IV). Il a été promulgué sous l'Empire Napoléonien
le 21 Mars 1804.
o Le Code de la Construction et de l'Habitation24
(abrégé CCH) : ce texte regroupe les dispositions
législatives et réglementaires relatives à la
construction, à la promotion immobilière, aux logements sociaux
et à d'autres questions relatives à l'immobilier.
o Le Code de la Propriété
Intellectuelle25 (abrégé CPI) : Il regroupe les lois
régissant les deux branches de la propriété
intellectuelle, que constituent la propriété industrielle et la
propriété littéraire et artistique. Il est souvent mis
à jour par le Parlement puisque nous sommes au coeur de la transition
numérique du pays, et donc, les protections évoluent sans
cesse.
· La jurisprudence26 qui est une source de
règles de droit. Je tiens à préciser qu'elle est
aujourd'hui inexistante concernant le BIM. Je n'y ferai donc pas
référence.
24
23 [Voir glossaire page 103]
24 [Voir glossaire page 103]
25 [Voir glossaire page 103]
26 [Voir glossaire page 103]
25
A - Constats législatifs
1 # Constat Législatif en France
a - Directive27 européenne du 26
Février 2014
La législation en France relative au BIM et à
l'encadrement de son utilisation dans les marchés de travaux est encore
très floue. Il n'existe aucun texte français mentionnant
explicitement l'utilisation du BIM dans les marchés de travaux. Les
marchés privés de travaux ne sont pas réglementés
au terme de BIM puisque les personnes privées entre elles restent libres
d'utiliser les outils qu'elles veulent. Ce type de marché n'obligera
donc jamais l'utilisation du BIM.
En marché public, une directive européenne
2014/24/UE du Parlement européen et du Conseil du 26 février 2014
sur la passation des marchés publics et abrogeant la directive
2004/18/CE a vu le jour. Celle-ci dans son chapitre II, relative aux
règles générales, cite dans son article 22 sur les
règles applicables aux communications:
«1. Les États membres veillent à ce que
toutes les communications et tous les échanges d'informations
effectués en vertu de la présente directive, et notamment la
soumission électronique des offres, soient réalisés par
des moyens de communication électroniques, conformément aux
exigences du présent article. Les outils et dispositifs utilisés
pour communiquer par des moyens électroniques, ainsi que leurs
caractéristiques techniques, ne sont pas discriminatoires, sont
communément disponibles et compatibles avec les TIC
généralement utilisées, et ne restreignent pas
l'accès des opérateurs économiques à la
procédure de passation de marché.
Nonobstant le premier alinéa, les pouvoirs
adjudicateurs ne sont pas tenus d'exiger l'utilisation de moyens de
communication électroniques lors du processus de soumission
dans les cas suivant:
a) en raison de la nature spécialisée du
marché, l'utilisation de moyens de communication électroniques
nécessiterait des outils, des dispositifs ou des formats de fichiers
particuliers qui ne sont pas communément disponibles ou pris en charge
par des applications communément disponibles;
b) les applications prenant en charge les formats de
fichier adaptés à la description des offres utilisent des formats
de fichiers qui ne peuvent être traités par aucune autre
application ouverte ou communément disponibles ou sont soumises à
un régime de licence propriétaire et ne peuvent être mises
à disposition par téléchargement ou à distance par
le pouvoir adjudicateur;
4. Pour les marchés publics de travaux et les
concours, les États membres peuvent exiger l'utilisation d'outils
électroniques particuliers tels que des outils de
modélisation électronique des données du bâtiment ou
des outils similaires. Dans ces cas, les pouvoirs adjudicateurs
offrent d'autres moyens d'accès, selon les dispositions du paragraphe 5,
jusqu'à ce que ces outils soient devenus communément disponibles
au sens de paragraphe 1, premier alinéa, deuxième
phrase.»28
27 [Voir glossaire page 103]
28
http://www.marcheCpublic.fr/Directive0144CUE/22CreglesCapplicablesCauxCcommunications.html
26
Ainsi, à l'échelle européenne, il s'agit du
seul texte mentionnant implicitement l'usage du BIM dans les marchés
publics. Les états «peuvent exiger l'utilisation» seulement
c'est à dire que chaque état membre a le choix d'imposer ou non
l'utilisation du BIM dans leurs marchés publics de travaux. Cette
directive reste donc très large et fait indirectement
référence au BIM et à la maquette numérique. De
plus, elle se réduit aux maîtres d'ouvrages publics et non au
maîtres d'ouvrages privés, ce qui réduit son champ
d'application de manière importante à tous les types de
marchés de travaux.
S'agissant d'une «directive européenne», comme
son nom l'indique, a été instauré à
l'échelle européenne c'est à dire que «ce texte lie
les États destinataires de la directive quant à l'objectif
à atteindre, mais leur laisse le choix des moyens et de la forme pour
atteindre cet objectif dans les délais fixés par
elle»29. Elle a donc une force obligatoire dans chaque pays
membre mais chacun modifie leurs textes de leur propre manière.
b # La transposition de cette directive dans le droit
français
S'agissant d'une directive européenne, la France a
dû ainsi la transposer dans son droit. Il s'agit donc de
l'ordonnance30 du 23 Juillet 2015 relative aux marchés
publics et de son décret31 d'application du 25 Mars 2016.
Comme j'ai pu le dire précédemment, la directive
n'est pas directement relative au BIM puisqu'elle se limite à
l'utilisation «d'outil électronique d'échanges et de
communication»32. S'agissant d'une directive, l'état
français pouvait transposer celle-ci de sa propre façon tant que
les objectifs y soient réalisés. Les praticiens du droit ont
ainsi voulu transposer directement celle-ci en mentionnant «la
faculté des pouvoirs adjudicateurs de recourir à l'utilisation
d'outils électroniques tels que des outils de modélisation du
bâtiment ou des outils similaires pour les marchés de travaux et
les concours»33. Ils mentionnent donc la possibilité aux
maîtres d'ouvrage public d'obliger l'utilisation du BIM indirectement
pour des projets d'ordres publics. C'est donc chaque maître d'ouvrage
public qui a le choix d'imposer ou non son usage.
29
http://www.vieCpublique.fr/decouverteCinstitutions/unionCeuropeenne/action/textesCjuridiques/quCestCceCquCdirective.html
30 [Voir glossaire page 103]
31 [Voir glossaire page 103]
32
http://www.marcheCpublic.fr/Directive0144CUE/22CreglesCapplicablesCauxCcommunications.html
33 Anne-Marie Bellenger et Amélie Blandin (2016), Le BIM
Sous L'angle Du Droit, Eyrolles CSTB Éditions, p.9
27
Ce texte étant réduit à «l'appel
d'offre et aux concours» cela oblige soit les acteurs déjà
utilisant le BIM dans leur structure à participer, ce qui réduit
le choix des participants soit obliger les autres structures qui n'ont pas
encore installer le BIM à s'y mettre dans un futur proche afin de
pouvoir concourir à ce genre d'offre de marché de travaux.
Ci-dessous, l'article 42 du décret:
«I. - Les dispositifs utilisés pour communiquer par
des moyens électroniques ainsi que leurs caractéristiques
techniques ne sont pas discriminatoires et ne restreignent pas l'accès
des opérateurs économiques à la procédure de
passation. Ils sont communément disponibles et compatibles avec les
technologies de l'information et de la communication généralement
utilisées.
Les outils et les dispositifs de communication et
d'échanges d'information par voie électronique répondent
à des exigences minimales déterminées par
arrêté du ministre chargé de l'économie.
II. - L'acheteur assure la confidentialité et la
sécurité des transactions sur un réseau informatique
accessible de façon non-discriminatoire selon des modalités
fixées par l'arrêté mentionné au I. Les frais
d'accès au réseau restent à la charge de
l'opérateur économique.
Les communications, les échanges et le stockage
d'informations sont effectués de manière à assurer
l'intégrité des données et la confidentialité des
candidatures, des offres et des demandes de participation et à garantir
que l'acheteur ne prend connaissance de leur contenu qu'à l'expiration
du délai prévu pour leur présentation.
III. - L'acheteur peut, si nécessaire, exiger
l'utilisation d'outils et de dispositifs qui ne sont pas communément
disponibles, tels que des outils de modélisation électronique des
données du bâtiment ou des outils similaires. Dans ce cas,
l'acheteur offre d'autres moyens d'accès au sens du IV, jusqu'à
ce que ces outils et dispositifs soient devenus communément disponibles
aux opérateurs économiques.
IV. - L'acheteur est réputé offrir d'autres moyens
d'accès appropriés dans tous les cas suivants:
1° Lorsqu'il offre gratuitement un accès sans
restriction, complet et direct par moyen électronique à ces
outils et dispositifs à partir de la date de publication de l'avis
d'appel à la concurrence ou de la date d'envoi de l'invitation à
confirmer l'intérêt ou, en l'absence d'un tel avis ou d'une telle
invitation, à compter du lancement de la consultation. Le texte de
l'avis ou de l'invitation à confirmer l'intérêt
précise l'adresse internet à laquelle ces outils et dispositifs
sont accessibles;
2° Lorsqu'il veille à ce que les opérateurs
économiques n'ayant pas accès à ces outils et dispositifs
ni la possibilité de se les procurer dans les délais requis,
à condition que l'absence d'accès ne soit pas imputable à
l'opérateur économique concerné, puissent accéder
à la procédure de passation du marché public en utilisant
des jetons provisoires mis gratuitement à disposition en ligne;
3° Lorsqu'il assure la disponibilité d'une autre voie
de présentation électronique des offres.»34
Ce décret un peu «timide» dans l'utilisation du
BIM dans les marchés publics est du à plusieurs raisons. En
effet, les outils numériques permettant l'utilisation du BIM et la
34
https://www.legifrance.gouv.fr/eli/decret/2016/3/25/EINM1600207D/jo#JORFSCTA000032296577
28
création de la maquette numérique ne sont pas
«communément disponibles». Les outils ne sont pas encore
suffisamment développés et coûtent chers à l'achat
et l'utilisation. Ce serait discriminatoire d'obliger l'utilisation de
matériel informatique que tout le monde ne pourrait obtenir car certains
marchés seraient seulement accessibles par les grosses structures qui
ont les moyens de payer ce genre de nouveaux outils informatiques. Les textes
n'obligent pas l'utilisation du BIM mais ne l'interdit pas non plus. Chaque
maître d'ouvrage public est donc libre ou non d'obliger son
utilisation.
c#La Loi MOP
La loi MOP35 du 12 juillet 1985 relative à la
maîtrise d'ouvrage publique et à ses rapports avec la
maîtrise d'oeuvre privée est une loi française qui
régit les relations entre maîtrise d'ouvrage et maîtrise
d'oeuvre. Elle très importante dans le droit français. Mais
faudrait-il la modifier pour faire avancer l'apparition de ce nouvel outil de
travail dans les marchés de construction publics?
Elle n'interdit en aucun cas l'utilisation du BIM. C'est pour
cela, qu'il existe déjà plusieurs cas d'opérations
publiques qui ont vu le jour en France. «Lors de la phase de mise en
concurrence qui est régit par de forts principes de liberté
d'accès, d'égalité de traitement et de transparence des
procédures»36 ne peut obliger tous les candidats
à recourir au BIM lors de cette phase car cela créerait des
discriminations. Ce qui n'incite pas forcément les acteurs qui veulent
postuler à des offres de se mettre au BIM.
La modifier permettrait sans doute d'améliorer plusieurs
points afin d'incorporer cette nouvelle façon de procéder. La loi
MOP a 30 ans. Lui apporter une certaine souplesse juridique serait
sûrement judicieux afin de l'adapter aux nouvelles technologies:
· Tout d'abord cela permettrait de l'adapter aux types de
rendus attendus avec le BIM et à prendre en compte une plus grande
complexité des acteurs induite par cette nouvelle façon de
travailler. En effet, dans un processus BIM les exigences de rendu sont
différentes et la phase de conception y est beaucoup plus poussée
et arrive plus tôt dans le processus contrairement à un processus
non «Bimé». «Les textes doivent
35 [Voir glossaire page 103]
36 Anne-Marie Bellenger et Amélie Blandin
(2016), Le BIM Sous L'angle Du Droit, Eyrolles CSTB Éditions, 192p.,
p.14
29
donc être assouplis pour éviter une distorsion entre
les exigences réglementaires et la réalité du processus de
conception».37
· La loi MOP n'adapte pas son application à des
marchés qui demandent des livrables autres que des plans 2D. Or, ici
nous parlons de niveaux de détail (se référer à la
première partie). Avant les livrables étaient
séquencés de ESQ à DET. La loi MOP indiquait donc le
rapport entre les acteurs en fonction de la phase d'exécution du
marché. Avec l'arrivée du BIM, nous parlons de
séquençage par niveau de détail, ce qui change beaucoup de
choses quant à la succession des tâches et rend le rapport entre
les acteurs bien plus complexe.
· De plus, certains législateurs estiment important
de réglementer la mission de BIM Manager38. En effet, il
s'agit du nouveau chef d'orchestre du processus BIM et il faut donc
régulariser au moins dans ses grandes lignes, ses responsabilités
et ses limites de «pouvoir» dans un projet pour qu'il n'y ait pas
d'immixtion fautive39 en cas de problème. Je reviendrai plus
précisément sur ce nouvel acteur dans ma dernière
partie.
· De plus, elle doit être adaptée afin de
rendre possible le rendu exclusif en BIM sur un projet, ce qui est difficile
à l'heure actuelle.
d # Les autres initiatives de l'état
français
De grands acteurs du secteur de la construction (Maîtres
d'ouvrage, constructeurs, etc.) se sont mobilisés avec la demande de
certains ministères afin d'aider et d'accélérer en
quelques sortes l'émergence du BIM dans la filière. Il en existe
un certain nombre dont je vais faire l'état des lieux:
· Rapport de la mission «Numérique du
Bâtiment» de 2014
Ce rapport de mission lancé à l'initiative du plan
de relance de la construction lancé par Sylvia Pinel, Ancienne Ministre
du logement, de l'égalité des territoires et de la
ruralité divulgué le 2 Décembre 2014 et dirigé par
Monsieur X. Delcambre (Président du CSTB40) nommé
«ambassadeur du numérique» a été lancé.
Ce rapport partait du constat que la
37 Anne-Marie Bellenger et Amélie Blandin (2016), Le BIM
Sous L'angle Du Droit, Eyrolles CSTB Éditions, 192p., p.15
38 [Voir glossaire page 103]
39 [Voir glossaire page 103]
40 [Voir glossaire page 103]
30
construction de logement devait être
améliorée, en particulier par l'utilisation du numérique
pour produire des logements de meilleure qualité et satisfaisants aux
enjeux environnementaux actuels. Ce rapport a permis à plusieurs
dizaines d'acteurs, qu'ils viennent du secteur privé ou public, de
donner leurs avis. Tous les acteurs attendent de l'état français
qu'il mette en oeuvre une mécanique afin de faciliter l'utilisation du
BIM dans le secteur. Il faut qu'il «fixe le cap en montrant la voie,
l'Etat peut mobiliser et entraîner l'ensemble des acteurs dans une voie
de progrès majeure pour le monde du bâtiment»41.
L'état doit donc être un chef d'orchestre dans la bonne
avancée du secteur. Il s'agit en quelque sorte d'un état des
lieux et d'une feuille de route permettant aux différents acteurs de
savoir comment avancer dans le numérique au niveau de leur structure. Il
permet de définir «les perspectives de gains liés à
l'usage du numérique dans le bâtiment en matière
d'économie pour les travaux de construction, d'entretien, de maintenance
et d'exploitation des bâtiments, de productivités liées
à une meilleure maîtrise de l'information, et de création
d'emplois»42.
Ce rapport suit quatre axes:
· Convaincre et donner envie à tous les acteurs
· Répondre aux besoins d'équipement et de
montée en compétences numériques des acteurs, notamment
des TPE/PME
· Développer des outils adaptés à la
taille de tous les projets
· Installer la confiance dans l'écosystème du
numérique Français
Grâce à ce rapport, le plan Transition
Numérique dans le Bâtiment (PNTB) vise donc à
accélérer le déploiement des outils numériques
à l'échelle de l'ensemble du secteur du bâtiment et ainsi
convaincre les acteurs sceptiques de s'y mettre. Il correspond donc à
une première initiative du gouvernement dans le but de lancer la
révolution numérique dans le bâtiment en France.
L'année 2014 peut donc être considéré comme
l'année «0» du BIM en France.
41 B. Delcambre, Rapport Delcambre, Mission Numérique du
Bâtiment, 2 Décembre 2014, p.5
42 Anne-Marie Bellenger et Amélie Blandin (2016), Le BIM
Sous L'angle Du Droit, Eyrolles CSTB Éditions, 192p., p.11
31
Le rapport de la mission «Droit du Numérique
& Bâtiment» de 2016
Ce rapport, plus conséquent que le
précédent, a été lancé en 2009 et a
été publié le 31 Janvier 2016. Il a été
présenté par le groupe de travail constitué par Xavier
Pican, Avocat Associé chez Lefèvre Pelletier et Associés
et présenté au Président du Conseil supérieur de la
construction et de l'efficacité énergétique et au
Président du Plan Transition Numérique du bâtiment. Ce
rapport s'inscrit dans la continuité du plan Transition numérique
du bâtiment mais «se fixe plus précisément sur les
implications juridiques de l'entrée du secteur du bâtiment dans le
numérique»43. L'étude de ce rapport est
importante pour la suite de mon mémoire puisqu'il fait l'état des
lieux des problèmes juridiques du BIM quant aux règles
contractuelles, aux données de la maquette numérique, aux
responsabilités, etc.
Le PUCA44
La Plan Urbanisme Construction Architecture est un organisme
d'état dépendant du ministère de la transition
écologique et solidaire et du ministère de la cohésion des
territoires qui oeuvre beaucoup sur la question du BIM. Il a été
créé en 1998 et développe à la fois des programmes
de recherche incitative, des actions d'expérimentation et apporte son
soutien à l'innovation et à la valorisation scientifique et
technique dans les domaines de l'aménagement des territoires, de
l'habitat, de la construction et de la conception architecturale et urbaine.
Concernant le BIM, il oeuvre depuis 2013 à proposer des cadres de
référence contractuels visant à sécuriser les
échanges dans les processus Bimés, le programme « BIM -
Maquette numérique » entre dans une phase où il s'agira de
démontrer l'apport du BIM sur l'amélioration du ratio
coût/bénéfice du projet et sur le développement du
travail collaboratif.
Le MIQCP45
Il s'agit de la Mission Interministérielle pour la
Qualité des Constructions Publiques composé d'architectes
conseils et initié par le PTNB. Ils ont mis au point un rapport servant
de guide aux maîtres d'ouvrages publics souhaitant se lancer dans le BIM
dans leurs projets de construction. Il a pour objectif, en plus de mettre en
avant les nombreux intérêts qui
43 F. Hovorka et P. Mit, Plan Bâtiment Durable,
Rapport groupe de travail BIM et Gestion du patrimoine Mars 2014, Un avatar
numérique de l'ouvrage et du patrimoine au service du bâtiment
durable: le « Bâtiment et Informations Modélisés
» (BIM)
44 [Voir glossaire page 103]
45 [Voir glossaire page 103]
32
doivent conduire un maître d'ouvrage à mettre en
place une démarche BIM sur les
opérations qu'il lance, de donner des
éléments pragmatiques des actions qu'il doit mener à cette
fin.
· Charte d'engagement volontaire de la
filière du bâtiment «Objectif BIM 2022»
Le PTNB porté depuis 2015, a largement initié la
transition vers le numérique avec l'ensemble de la filière autour
de trois axes essentiels:
· Faire connaître et donner envie de recourir au
numérique,
· Accompagner les acteurs dans leur montée en
compétences,
· Donner et créer un écosystème de
confiance.
La charte marque l'engagement volontaire opérationnel de
l'Etat et de l'ensemble de la filière du bâtiment à viser
la généralisation du BIM en 2022 pour la construction neuve.
L'objectif est aussi d'accorder une attention particulière à
l'adaptation du BIM à toutes les tailles d'entreprises pour une
durée de 5 ans.
· L'association Medi@construct
MediaConstruct représente l'association BuildingSMART en
France. Elle s'occupe de généraliser le partage de données
dématérialisées dans la construction (Open-BIM) et
facilite l'émergence de nouvelles méthodes de travail
collaboratives. Elle a mise en place une «convention BIM» type
permettant les acteurs à préparer leurs projets BIM.
2 - Et les autres pays : où en
sont#ils?
Les pouvoirs publics français ont été un
peu « timides » et aurait pu aller beaucoup plus loin dans cette
transposition en s'inspirant de ce qui se fait dans d'autres états
membres comme le Royaume-Uni, Les Pays-Bas, le Danemark, etc. En effet,
certains d'entres eux ont «voulu rendre l'utilisation du BIM obligatoire
pour les projets de constructions publics»46 de grandes
envergures, permettant ainsi de donner l'exemple.
46 Anne-Marie Bellenger et Amélie
Blandin (2016), Le BIM Sous L'angle Du Droit, Eyrolles CSTB Éditions,
192p.
33
Les pays du monde ont ainsi adoptés différentes
stratégies dans la mise en place du BIM au sein de leur territoire.
· En ce qui concerne les pays scandinaves, connus pour
être souvent plus en avance dans de nombreux secteurs, imposent le BIM
depuis plusieurs années, chacun de manières
différentes:
o La Finlande a rendu obligatoire son utilisation dans toutes
les constructions (privés et publics) qui ont un coût
supérieur à 2 millions d'euros depuis 2007.
o En Norvège, le ministère s'occupant de la
gestion du patrimoine l'a imposé en 2010 pour tous les projets de
construction.
o Les Pays-Bas ont rendu obligatoire le BIM depuis 2011 dans
tous ces grands projets publics.
· Le Royaume Uni, considéré comme le leader
en Europe, a rendu obligatoire législativement le BIM Niveau 2 depuis
2016 pour tous les projets gouvernementaux (marché public) et a mis en
place un protocole national «contrairement au guide Medi@Construct, qui
relève, lui, d'une initiative essentiellement
privée»47 afin de montrer que l'on peut diminuer le
coût des construction de 20% en utilisant le BIM. Mais cet objectif est
encore loin d'être atteint.
· D'autres pays, hors Europe, sont également plus
avancés qu'en France:
o Hong Kong, le BIM a été rendu obligatoire en
2014 pour tous les marchés publics.
o Singapour a rendu obligatoire le BIM dans toutes les
constructions. Pour cela, l'état a mis en place des subventions, des
formations et depuis 2011 la soumission électronique du permis de
construire.
o En Corée du Sud, le BIM est obligatoire pour tous les
projets de plus de 50 millions d'Euros.
o Les Etats-Unis, depuis 2007, impose son utilisation pour tous
les projets d'ordre public. La ville de New-York, par exemple, a
créé son propre «guide BIM».
47 D. Richard, «BIM : analyse et perspectives de l'immeuble
numérique», Construction-urbanisme N°12, Décembre
2017
· Concernant les autres pays comme l'Espagne, l'Italie,
l'Allemagne et les pays d'Europe de l'Est ils sont plus en retard que la France
mais commencent à se rendre compte de l'importance d'effectuer cette
transition numérique dès maintenant.
volution du pourcentage des entreprise
Évolution du pourcentage des entreprises
e la construction avec pus de 30 % de projets BM
de la construction avec plus de 30 % de projets BIM
ntre 2013 et 2015 ((c) McGraw-Hill 2013)
entre 2013 et 2015 ((c) McGraw-Hill, 2013)
|
ombre dannées dexpérience des maîtres
douvrage Nombre d'années d'expérience des maîtres
d'ouvrage
utilisant le BIM (par région/pays) ((c) McGraw-Hill,
2013)
ilisant le BM (par région/pays) ((c) McGraw-Hill
2013)
|
|
5 2015
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|
2013 3
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
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|
|
|
% 37 %
|
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|
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|
|
|
|
|
|
|
|
|
|
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|
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BIM obligatoire BM obligatoi Norvège
Norvè 2005
20
États-Unis
États-Un 2006
20
Danemark
Danema 2007
20
Finlande
Finlan 2007
20
Corée du Sud
Corée du S
20120 Australie
Austra 20112 Singapour
Singapo 201220 Pays-Bas
Pays-B 201220
Émirats arbes unis 2014
Émirats arabes un 20 Hong Kong
Hong Ko 201420 Royaume-Uni
Royaume-U 201620 Russie
Russ En cours
En cou
Chili
Ch En cours
En cou
Espagne
Espag 2018-20
2018-20
Allemagne
Allemag 20
20
BIM en voie d'adoption (actions
d'implémentation sans obligation) BM en voie d'adoption
(actions dimplémentation sans obligatio
Afrique du Sud Afrique du S Autriche Autric Belgique Belgiq
Brésil
Bré
Cand
Cana
Chine
Chi
Estonie Eston
|
France
Fran
Hongrie
Hong Irlande
Irlan Islande
Islan Japon
Jap Lituanie
Lituan Malaisie
Malais
|
Nouvell-Zélande
Nouvelle-Zélan Pologne
Polog
Portugal Portug
Suède
Suè Suisse
Suis
|
|
34
Fig. 10 Série de schémas tirés du
Manifeste «conduire la transformation digitale» publié par
MediaConstruct
35
3 - La France en retard? :
Analyse critique
Comme j'ai pu le dire précédemment, la directive
européenne de 2014 laisse le choix aux états membres de l'Union
d'imposer ou non le recours au BIM dans leurs marchés de travaux. Les
législateurs français n'ont rien imposé et laissent une
totale liberté quant à son utilisation ou non. Malgré le
fait qu'il n'y ait pas de cadre juridique particulier spécifiant
explicitement l'utilisation du BIM dans les marchés de travaux, son
utilisation reste possible puisqu'il s'agit seulement d'une nouvelle
façon de travailler fondée sur la collaboration des acteurs
autour d'une maquette numérique. Cela ne doit absolument pas conduire
à écarter cette méthode de travail car les lois n'y sont
pas incompatibles. Certaines dispositions, de la loi MOP et de la commande
publique (très vieilles maintenant), restent obsolètes et ne sont
pas optimalement adaptées aux outils numériques notamment sur les
règles de transmission des documents qui est différents sous la
méthode BIM.
L'état français a donc fait le choix de ne pas
imposer. Il a principalement émis des rapports (Pican, Delcambre, etc.)
qui sont des sortes « d'audit » de l'état actuel du BIM, cela
a permis de se poser des questions sur cette nouvelle méthode de travail
et voir les problématiques que pose son apparition. Toutes ces
initiatives, en relation directe avec le gouvernement, montrent une
volonté d'effectuer cette transition numérique du bâtiment
mais non dans la voie de la contrainte législative. La France n'a pas
choisi de forcer son utilisation qui serait sûrement un peu
périlleuse et aurait sûrement engendré des problèmes
liés à la concurrence. C'est une approche plus évolutive
dans le but d'habituer petit à petit le marché jusqu'à
2022. "La faiblesse du cadre légal ne traduit pas un manque
d'intérêt pour le BIM»48. Cette approche reste
cependant très contradictoire face à l'état de droit
qu'est la France entouré du Code Civil et de son millefeuille
administratif et où l'utilisation de normes est souvent sans limite.
Voyons maintenant les avis des différents professionnels
que j'ai pu interrogé concernant la faiblesse du cadre légal en
France:
· Selon les propos recueillis par Monsieur Trehen :
« Je ne sais pas pourquoi on évolue pas plus vite
juridiquement. En effet, je suis arrivé en 2012 et avant j'étais
à l'étranger chez AutoDESK qui est une société
américaine et qui ne s'occupe pas que d'un seul pays.
48 D. Richard, «BIM : analyse et perspectives de
l'immeuble numérique», Construction-urbanisme N°12,
Décembre 2017
36
Quand je suis arrivé chez EGIS, c'est la
première chose que j'ai remarquée. J'étais vraiment
étonné qu'il ne fasse pas plus de loi pour que cela avance parce
que si cela reste au bon vouloir des uns et des autres on sera prêt en
2035. Et oui, c'est très français ! Je ne sais pas ce que l'Etat
attend. C'est dans la culture française à mon avis.
Cela ne se fait pas de faire la version 2 de quelque chose qui a
été fait en version 1 par quelqu'un d'autre. En fait, si un tel
fait quelque chose, cela ne viendrait pas à l'idée de faire la
version 2 de celui qui a fait la version 1. C'est ça le fond du
problème en France, c'est totalement sidérant, alors que dans
tousles autres pays du monde lorsque quelque chose est bien faite les gens le
prenne et l'enrichisse. En France, lorsque une chose est bien faite,
tout le monde va commencer à dire que ce qui a été fait
est mauvais et on va recommencer nous-même. C'estfou mais c'est
comme ça ! [...] Inspirer, faire connaître, solliciter, conseiller
mais au bout du compte, on a rien. Le manifeste qu'ils viennent de créer
et signer en début d'année avec le gouvernement, c'est une charte
numérique dans le cadre de la transition numérique qui inscrit en
dur que d'ici 2022 : on ne fera rien ! C'est vraiment une catastrophe
numérique pour la France. Ce rapport s'intitule «Objectif BIM
2022». Ce qui est étonnant c'est que tout le monde est content de
cela et tout le monde se réjouit de cela. Cela montre encore une fois
que cela impose que chacun fasse ce qu'il veut en matière de BIM. [...]
On va évoluer mais chacun dans son coin. On est encore chez les
Gaulois. Cela augmente le fait qu'il y a encore rien de
normalisé. Voilà le fond du problème. Au jour
d'aujourd'hui des gens se plaignent parce que tel BIM Manager fait ceci, tel
BIM manager fait cela, telle assurance veutfaire ceci, telle assurance
veutfaire cela, tel syndicat veutfaire ceci, tel syndicat veutfaire cela, etc.
Il y a donc rien de cohérent, tout le monde fait ce qu'il veut. Un
maître d'ouvrage peut dire ce BIM manager il est bien mais celui
là l'est moins. Il ne peut pas puisque de toute façon chacun fait
ce qu'il veut. C'est donc du copinage, cela induit des erreurs et on perd du
temps. [...]
- Stanislas Audibert : La France n'impose donc rien alors que
d'autres pays le font dans les marchés publics selon certains
critères. On ne pourrait pas obliger par exemple les constructions de
plus de 10 millions d'euros à utiliser le BIM. C'est ce que je trouve
étonnant au niveau de l'Etat français. Qu'en pensez-vous?
- Monsieur TREHEN : La notion d'imposer le BIM selon
certains critères est toujours délicat. On ne peut pas l'imposer
en France parce qu'on ne l'a toujours
37
pas définit. Pour imposer quelque chose il
faut le définir. En Angleterre par exemple, ils disent
il faut travailler de telle façon mais vous devez nous fournir un format
commun, vous devez fournir la base de données dans ce format là.
Et pour le fournir dans ce format là, je vous incite à travailler
en BIM. En France, c'est ni l'un ni l'autre c'est à dire que l'on
ditjuste «on fait du BIM». C'est vrai que l'on ne peut pas l'imposer
parce que on ne sait pas de quoi on parle.
- Stanislas Audibert : De grands rapports sont sorties (Rapport
Pican, etc.) sont-ils, selon vous, importants pour l'avancée du BIM en
France?
- Monsieur TREHEN : Oui bien sûr ! Il faut quand
même reconnaitre ce qui est bon de ce qui a été fait. Pour
autant, le PTNB est passé à côté de certaines
choses. Certains rapports sont initiés par le PTNB qui est en quelques
sortes la voie de la France sur le sujet. Et on a besoin d'avoir la voie de la
France. Parce que tout le monde a son opinion. C'est un bon début,
c'est un référentiel. Il faut lire le rapport de
la MIQCP venant de l'état et soutenu par le PTNB qui prend en compte la
loi MOP. C'est un outil de référence et on
attend cela dans tous les domaines ».
· Propos recueillis par Maître C. Benoît
Renaudin : « En France il y a tout simplement des
lobbies. En France, on ne peut pas faire ce que l'on veut, parce que
cela n'arrange pas tout le monde. Vous auriez été en
études d'avocats vous aurez eu des questions sur: est ce que c'est la
pratique qui précède le droit ou l'inverse ? En l'occurrence, le
législateur, dans le BIM se dit faites comme vous voulez et on verra
dans quelques années. Ce n'est pas sa priorité. On
soutient l'initiative privée et après on verra si l'on impose
quelque chose au niveau public. Par exemple, la loi MOP a mis des
années à être créé. Je crois que cela a
duré une vingtaine d'année avant que la loi MOP définitive
sorte en 1985. Pour faire une loi il faut coordonner tout le monde et
cela prend beaucoup de temps de mettre d'accord tout le monde autour d'un
texte. Surtout dans des milieux aussi sensible que le bâtiment
qui est moteur dans l'économie. Faire une loi, c'est très
compliqué. »
· Propos recueillis par Monsieur D. Darremont : «
On est en train de faire un benchmark (de l'anglais référence),
c'est à dire un audit sur tous les pays européens afin de
corriger tous ces discours qui diffèrent. C'est donc un recensement de
ce qui se fait en ce moment
38
et les différentes visions du numérique en
fonction des différents états. On va le sortir d'ici quatre mois.
C'est une vraie étude en dehors de tous les lobbies commerciaux des uns
et des autres. Pour savoir réellement comment les actions existantes ont
été faites et comment elles s'y sont mises. On dit par exemple
que l'Angleterre est plus en avance mais pas tant que ça. Ce qui a
été réellement touché par le BIM en Angleterre ce
n'est même pas 5% de leur marché, lorsqu'on parle d'obligation
bien sûr. Un document officiel est sorti: «charte engagement
volontaire de la filière du bâtiment pour la construction
numérique: objectif 2022». La France a prise une
démarche de long terme. Elle ne voulait pas d'engagement
volontaire. Toute la filière du bâtiment est concernée avec
des acteurs privés, grands groupes et la FFB qui s'y engagent.
En France, on ira vers l'avant par le volontariat. Au niveau
de l'état, c'est donc un engagement au long terme jusqu'à 2022
puisqu'il la signé.
- Stanislas Audibert : Les lois ne vont pas être
changées par conséquent?
- Monsieur Darremont : Ah non ! Il n'y aura aucune
modification de la loi ni de la loi MOP en particulier. En tous cas ce n'est
pas du tout prévu. On fait bien du BIM sans modifier la loi donc la loi
n'a pas à être modifié pour faire du BIM. [...] La plupart
des maîtres d'ouvrage ont signé notre charte pour l'horizon 2022.
Si cela marche nous seront en avance sur les anglais par exemple et
pourtant on n'aura pas fait de loi.
- Stanislas Audibert : Et concernant les pays scandinaves,
où en sont-ils?
- Monsieur Darremont : Alors c'est différent,
le Danemark par exemple a légiféré en 2005 pour
inciter les pouvoirs publics à y aller. Ils obligent à utiliser
le BIM dans les contrats publics mais seulement si cela coûte moins cher
que sans l'utiliser, une démarche très intelligente.
»
Selon les propos recueillis par Monsieur O. Celnik :
- Stanislas Audibert : « J'ai lu que beaucoup de pays
européens essayaient déjà d'imposer le BIM sur certains
projets publics. Et pourquoi la France n'impose rien? On voit même
maintenant des objectifs à 2022. Quand pensez-vous?
39
- Monsieur Celnik : La loi en France ne les impose pas. Du
moins, ce n'est pas imposé par la loi mais la loi permet aux acteurs qui
le souhaitent de l'imposer. C'est le sens de la directive européenne. Je
suis un peu sceptique par rapport à cela. Cécile Duflot disait ce
sera obligatoire en 2017 mais le PTNB ne le rend finalement pas obligatoire. Le
PTNB veut avant tout convaincre et donner envie, renforcer les
compétences, développer les outils adaptés, créer
la confiance sans l'imposer. Mais ce ne sont que des bonnes intentions qui
n'engagent personnes. Même les signataires ont dit qu'ils vont faire du
BIM en 2022.
- Stanislas Audibert : On reste donc au même point, tout
le monde fait ce qu'il veut?
- Monsieur Celnik : Oui exactement, il ne se passera rien
avant 2022. C'estjuste un engagement moral. Alors que si on avait dit, pour des
opérations de plus de 10 millions ou 5 millions, pour les bailleurs
sociaux, les collectivités locales...même cela aurait pu
faire avancer les choses. La RT 2012 par exemple, a été
imposé par la loi. Tout le monde à ce moment là a
grogné en disant que c'est un truc de plus, c'est juste administratif,
cela ne sert à rien... Mais cela oblige à se remuer.
Donc avoir un seuil minimal comme la Grande Bretagne n'aurait pas
été mal je trouve. Qu'on n'oblige pas les petits acteurs mais
pour un gros projet pourquoi pas. Mais il faut prouver les réels
avantages du BIM sur les projets.
La France a donc fait le choix de ne pas imposer le BIM et tous
les acteurs interrogés le regrettent un peu. Ils reviennent souvent sur
le côté bien typique des « gaulois » qui évolue
toujours de leurs propres manières : « En France, lorsque une
chose est bien faite, tout le monde va commencer à dire que ce qui a
été fait est mauvais et on va recommencer nous< même.
»49 ou bien « en France il y a des lobbies
»50. « La France a fait exprès de prendre une
démarche au long terme [...] En France, on ira vers l'avant par le
volontariat. Au niveau de l'état, c'est donc un engagement au long terme
jusqu'à 2022 puisqu'il la signé [...] et si cela marche nous
seront en avance sur les anglais par exemple et pourtant on n'aura pas fait de
loi.»51.
49 Entretien avec J. P. Trehen, Directeur BIM chez EGIS
bâtiment, Janvier 2018
50 Entretien avec Maître C. Benoît Renaudin, avocate
au Barreau de Paris et dans le cabinet Martin et Associés (Paris),
Janvier 2018
51 Entretien avec D. Darremont, Chef de département
transition numérique bâtiment et BIM à la
Fédération Française du Bâtiment (FFB), janvier
2018
40
L'état français aurait pu l'imposer comme tout le
monde avec certains critères déterminés et moins
contraignants mais selon Monsieur Trehen « la notion d'imposer le BIM
selon certains critères est toujours délicat. On ne peut pas
l'imposer en France parce qu'on ne l'a toujours pas définit. Pour
imposer quelque chose il faut le définir. » Cela aurait pu
mettre une première vraie vitesse. C'est normalement à
l'état de montrer l'exemple surtout pour des révolutions aussi
importantes que la Transition écologique et numérique que l'on
vit dans tous les secteurs. Monsieur Celnik donne un très bon exemple de
la RT 2012 permettant d'expliciter le fait de mettre un critère
d'obligation: « Tout le monde à ce moment là a
grogné en disant que c'est un truc de plus, c'est juste administratif,
cela ne sert à rien... Mais cela oblige à se remuer
»52. Maître C. Benoît Renaudin a un avis plus
pragmatique en matière de droit. En effet, selon elle « les
législateurs soutiennent l'initiative privée et après ils
verront si ils imposent quelque chose au niveau public. Pour faire une loi il
faut coordonner tout le monde et cela prend beaucoup de temps de mettre
d'accord tout le monde autour d'un texte. Faire une loi, c'est très
compliqué »47. Les lois ne sont donc pas
prêtes à être modifiées.
La France n'a tout de même pas rien fait mais a sorti
depuis 2014 une succession de rapports qui ont été initié
autour du PTNB. Ceux-ci sont des « référentiels ».
« Il faut quand même reconnaître ce qui est bon de ce qui
a été fait »46.
En comparaison avec les pays d'Europe, on ne peut pas encore
savoir si le cas typique français et des autres pays est finalement
mieux ou pas. Nous n'avons pas encore assez de retour sur expérience. La
France aurait certes pu mieux faire mais il faut quand même raisonner
comme un français. Le Gaulois n'aime pas aller trop vite, il est
indépendant d'esprit, il faut lui laisser le temps d'agir. Et
personnellement je trouve que ce n'est pas une mauvaise chose. On n'est pas
tant en retard que ça finalement en matière de BIM. Attendons
2022 pour en juger réellement. Selon Monsieur darremont : « La
plupart des maîtres d'ouvrage ont signé notre charte pour
l'horizon 2022. Si cela marche nous seront en avance sur les anglais par
exemple et pourtant on n'aura pas fait de loi »53.
52 Entretien avec O. Celnik, Architecte, Directeur du cabinet
d'architecture Z-Studio, professeur et directeur du Mastère
Spécialisé BIM de ENPC/ESTP, Janvier 2018
53 Entretien avec D. Darremont, Chef de département
transition numérique bâtiment et BIM à la
Fédération Française du Bâtiment (FFB), janvier
2018
41
B - Les sources d'interrogations du BIM
Après fait vu le constat législatif du BIM en
France et dans les autres pays du monde, je vais essayer de décrire les
sources d'interrogations qu'engendre l'arrivée du BIM. En effet, le BIM
est nouveau dans ses aspects collaboratifs par conséquent il apporte de
nouvelles interrogations en terme de propriété intellectuelle de
la maquette numérique, de responsabilités,
etc. et oblige à se
réinterroger sur les façons de travailler et de communiquer avec
les autres intervenants.
1 - Notion de propriété intellectuelle et
de droits d'auteur a - Dans un processus classique
Il me semble important de définir quelques notions
juridiques inhérentes au droit d'auteur afin de comprendre ce qu'est au
sens de la loi une oeuvre d'architecture et ce qui peut être
protégé lors de la création d'une oeuvre et par la suite
essayer de comprendre comment l'adapter dans le processus BIM.
Le droit d'auteur d'une oeuvre est définie dans le code
de la propriété intellectuelle (CPI54) et fait partie
de la propriété intellectuelle et artistique. Le droit d'auteur
est« le droit des créateurs, de ceux qui pensent, imaginent,
conçoivent, formalisent et développent ce qui va être
qualifié d'oeuvre de l'esprit, compte tenu de leur apport personnel et
particulier»55. Cette création de l'esprit donne donc
des droits de propriété incorporelle à son auteur afin de
le protéger et évite toute copie de son oeuvre. Cependant, une
création qui peut être définie comme «oeuvre» et
ainsi acquérir automatiquement les caractéristiques juridiques
des droits d'auteur doit être premièrement suffisamment
formalisé et réalisé mais doit surtout avoir un
caractère «original». En effet, cette originalité doit
être une création qui a certaines caractéristiques qui
révèlent l'empreinte de son auteur.
De plus, une oeuvre peut avoir un ou plusieurs auteurs. Il
existe plusieurs types d'oeuvres en fonction de ses auteurs:
54 [Voir glossaire page 103]
55 Anne-Marie Bellenger et Amélie Blandin (2016), Le BIM
Sous L'angle Du Droit, Eyrolles CSTB Éditions, 192p., p.96
·
42
L'oeuvre simple c'est à dire celle qui associe un
auteur unique à une oeuvre (par exemple, le Corbusier et son oeuvre La
Villa Savoye)
· L'oeuvre est dite collective lorsqu'une personne a eu
l'initiative de la création et d'autres personnes ont participé
à sa réalisation. Seul l'initiateur a un droit d'auteur sur
celle-ci et est divulgué en son nom (par exemple, l'artiste Anish
Kapoor56 qui lance une idée d'oeuvre artistique et ce sont
ces salariés qui s'occupe de la réaliser sous sa direction.
L'oeuvre est divulguée en son propre nom et non au nom des autres
participants). Ce type d'oeuvre est défini à l'article L.113-2
alinéa 3 du CPI.
· L'oeuvre dite collaborative où il existe plusieurs
auteurs lors de la création de l'oeuvre, on parlera de coauteurs (par
exemple, le centre Pompidou réalisé par Richard Rogers et Renzo
Piano, c'est une coréalisation où les deux architectes
possèdent les droits d'auteurs de manières indissociables). Ce
type d'oeuvre est défini par l'article L.113-2 alinéa 1 du
CPI.
· Enfin, l'oeuvre dite dérivée ou composite
lorsqu'une oeuvre est ajoutée à une oeuvre qui existe
déjà créées par deux auteurs différents.
Expliciter ces distinctions permettra par la suite de voir de
quel type d'oeuvre rentre la maquette numérique lors de sa
création et de son utilisation et ainsi mieux comprendre qui
possèdent les droits d'auteurs sur celle-ci.
De plus, lorsqu'une oeuvre d'architecture est
créée, il faut bien distinguer également celui qui
possède les droits patrimoniaux (c'est à dire d'exploitation),
définis aux Articles L.122 du CPI, c'est à dire celui qui peut
exploiter le bâtiment, l'utiliser sans le dégrader, en
l'occurrence le Maître de l'ouvrage (le commanditaire de l'ouvrage) et
l'architecte qui possède les droits dit moraux, définis aux
articles L.121 du CPI, et possède donc les droits d'auteurs sur le
bâtiment. Les droits moraux sont incessible57,
perpétuel58 et imprescriptible59.
Cette distinction est également importante afin de savoir
qui possède les droits moraux et les droits patrimoniaux de la maquette
numérique.
56 Anish Kapoor, né le 12 mars 1954 à Bombay en
Inde, est un artiste plasticien (principalement sculpteur) britannique
mondialement connu.
57 [Voir glossaire page 103]
58 [Voir glossaire page 103]
59 [Voir glossaire page 103]
43
De plus, lorsqu'on parle d'oeuvre «architecturale» la
loi la définit à l'article L.112-2 du CPI par «les oeuvres
de dessin, de peinture, d'architecture, de sculpture, etc., mais
également les oeuvres graphiques, les plans, croquis et ouvrages
plastiques relatifs à la géographie, à la topographie,
à l'architecture, etc.» Par conséquent, une oeuvre
architecturale rassemble la construction en elle-même mais
également ces plans, coupes et la maquette numérique qui
définit le bâtiment et a permis de le construire. Les droits
d'auteur s'appliquent donc à tous ces éléments. Les droits
patrimoniaux (d'exploitation) et moraux portent sur tous ces points
là.
b - Dans un processus BIM
Dans le cadre d'un processus BIM, on se pose la question des
droits inhérents de propriété intellectuelle de la
maquette numérique mais également de sa base de données et
de sa protection. Celle-ci doit posséder donc des systèmes
juridiques de protection et donne des droits aux auteurs de celle-ci. Le BIM
est avant tout un nouvel outil collaboratif et qui dit collaboration dit
partage de données entre les différents acteurs. Le BIM n'est pas
encore encadré sur ces questions de droits d'auteur en particulier.
Ce qui rend plus complexe la question de droit d'auteur de la
maquette est l'interopérabilité, les niveaux de
définitions et la phase dans lequel on est dans le projet (phase
conception, travaux et exploitation). Il faut également distinguer les
droits d'auteurs des rendus exigées mais qui semble, selon moi,
inchangée car imposée par la loi (loi MOP en particulier) et de
la maquette numérique qui est un problème en fonction du niveau
d'information dans lequel on se situe.
De plus, nous avons vu que le droit d'auteur était
applicable seulement si il y avait la notion d'originalité. Chaque
projet d'architecture étant unique, la maquette numérique et le
processus BIM l'est également. Ce principe semble respecté et le
droit d'auteur semble applicable à la maquette. La maquette
numérique présente plusieurs auteurs puisqu'ils vont venir petit
à petit rajouter leur «oeuvre intellectuelle». Par
conséquent, en fonction de son degré de collaboration et
d'interaction numérique, la maquette numérique pourra être
une oeuvre collaborative, collective ou composite. Le contrat devra notifier de
quel régime la maquette numérique appartient.
·
44
En BIM niveau 2, sachant qu'il n'y pas encore de collaboration
sur la maquette numérique, c'est l'oeuvre dite composite qui pourrait
être la plus adaptée. En effet, «l'oeuvre créé
par le premier intervenant sera incorporée dans l'oeuvre nouvelle du
second. Seul le dernier contributeur aura la qualité d'auteur de
l'oeuvre composite, mais chaque intervenant gardera la qualité d'auteur
sur sa propre contribution prise individuellement»60.
· En BIM niveau 3, nous pourront parlé d'oeuvre
collaborative puisque plusieurs acteurs travaillent en collaboration et
participe à celle-ci mais ce régime de droit commun61
est «difficile à gérer en présence de nombreux
intervenants»62. Il peut également être
prévu que l'oeuvre soit collective. Ce cas pourrait être possible
lorsqu'un promoteur, personne physique63 ou morale64, qui
coordonne tous les acteurs et se verra donc attribuer le droit d'auteur de la
maquette finale. Ce cas sera possible lorsqu'un groupe d'immobilier par exemple
et qui s'occupe de la conception au sein de son groupe. L'entreprise se verra
attribuer les droits d'auteurs de la maquette finale.
En phase exploitation, il faudra que le contrat notifie que la
maquette soit cessible par exemple au syndic de copropriété ou au
maitre de l'ouvrage à titre onéreux ou gratuit. Cela lui
permettra d'utiliser la maquette numérique lors de l'exploitation et
l'entretien du bâtiment sans devoir contacter les acteurs initialement
auteurs de la maquette lors de la conception du bâtiment.
C'est le contrat qui devra définir les auteurs de la
maquette et ceux qui peuvent la modifier. La maquette numérique
étant par nature évolutive, le contrat devra également
spécifier les cessions et concessions de droits patrimoniaux sur
celles-ci notamment lors de la phase exploitation où d'autres acteurs
devront intervenir sur la maquette alors qu'ils ont pas participé
initialement à sa création.
Ces soucis de droits d'auteur doivent être
gérés contractuellement car chaque projet et ses acteurs sont
différents. La protection des données de la maquette
numérique devra être spécifié dans le contrat
également un responsable et les conditions de sa protection
d'après «l'article 34 de la loi «informatique et
libertés», le responsable du traitement, qui devra être
60 Cyril Croix et Danielle Da Palma (Avocats Seban &
Associés), «travailler en mode BIM : Quels risques
juridiques?», publié en Octobre 2016 sur
www.lemoniteur.fr/opeCimmo
61 [Voir glossaire page 103]
62 Cyril Croix et Danielle Da Palma (Avocats Seban &
Associés), «travailler en mode BIM : Quels risques
juridiques?», publié en Octobre 2016 sur
www.lemoniteur.fr/opeCimmo
63 [Voir glossaire page 103]
64 [Voir glossaire page 103]
45
désigné en amont et qui pourra être le BIM
Manager, devra prendre toute précaution utile afin de garantir la
sécurité des fichiers, de leur accès et de leur
stockage»65. Nous y reviendrons plus tard sur les
spécificités du contrat.
ci-dessous, un tableau tiré du rapport Pican sorti en
Janvier 2016 qui résume parfaitement la situation explicitée
précédemment:
Niveau de BIM utilisé/ Type de
protection
|
BIM de niveau 0
|
BIM de niveau 1
|
BIM de niveau 2
|
BIM de niveau 3
|
Protection par
le droit des
bases de données
|
Ne répond pas à la définition de la base de
données
|
Ne répond pas à la définition de la base de
données
|
Protection sui generis de la base de
données
Protection de la structure et de
l'organisation de la
base de données
|
Protection sui generis de la base de
données
Protection de la structure et de
l'organisation de la
base de données
|
Protection par
|
OEuvre protégeable
|
OEuvre protégeable
|
OEuvre composite :
|
OEuvre de
|
le droit
|
par le droit d'auteur :
|
par le droit d'auteur :
|
|
collaboration:
|
d'auteur
|
|
|
|
|
|
Il s'agit d'une oeuvre
|
Il s'agit d'un fichier 2D
|
|
|
|
créée par l'assistance
|
ou 3D. Cette oeuvre est
|
L'auteur de la première
|
Régime de
|
|
d'un ordinateur. Cette
|
protégeable au titre du
|
contribution conserve
|
copropriété entre les
|
|
oeuvre est protégeable au titre du droit
|
droit d'auteur selon l'article L.121-1 du
|
ses droits sur sa contribution qui est
|
auteurs,
l'exploitation totale
|
|
d'auteur selon l'article
|
CPI. Le créateur de
|
incorporée dans la
|
de l'oeuvre n'est
|
|
L.121-1 du CPI. Le
|
fichier est titulaire des
|
seconde contribution et
|
possible qu'avec le
|
|
créateur de l'image est
|
droits d'auteur sur ce
|
ainsi de suite. Les
|
consentement de
|
|
titulaire des droits
|
fichier. Il peut céder les
|
contributeurs peuvent
|
chacun des auteurs.
|
|
d'auteur sur cette
|
droits patrimoniaux sur
|
céder leurs droits
|
|
|
image. Il peut céder les
|
le fichier et donc le
|
successivement pour
|
|
|
droits patrimoniaux sur
|
droit d'exploitation et
|
plus de simplicité.
|
|
|
l'image et donc le droit
|
le droit de
|
L'oeuvre composite
|
|
|
d'exploitation et le
|
reproduction, mais il
|
devient alors la
|
|
|
droit de reproduction, mais il restera toujours
|
restera toujours titulaire des droits moraux. Une
|
propriété du dernier contributeur. Les
|
|
|
titulaire des droits
|
atteinte à ses droits
|
cessions de droit
|
|
|
moraux. Une atteinte à
|
moraux est imaginable
|
peuvent intervenir au
|
|
|
ses droits moraux est
|
s'il n'est pas fait
|
fur et à mesure. Les
|
|
|
imaginable s'il n'est
|
référence à son nom
|
cessions doivent
|
|
|
pas fait référence à son
|
dans le projet final
|
respecter le formalisme
|
|
|
nom dans le projet
|
(atteinte à son droit de
|
prévu à l'article L.131-
|
|
|
final (atteinte à son
|
paternité) ou si son
|
3 du Code de la
|
|
|
droit de paternité) ou si son oeuvre est
dégradée (atteinte à l'intégrité de
l'oeuvre).
|
oeuvre est dégradée (atteinte à
l'intégrité de l'oeuvre).
|
Propriété Intellectuelle.
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OEuvre collective (si
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OEuvre collective (si
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OEuvre collective (si
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OEuvre collective (si
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divulgation de
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divulgation de
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l'oeuvre par un BIM
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l'oeuvre par un BIM
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l'oeuvre par un BIM
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Manager ou par un
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Manager ou par un
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Manager ou par un
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BIM Manager ou
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tiers en son nom et
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tiers en son nom et
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tiers en son nom et
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par un tiers en son
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pour son compte
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pour son compte
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pour son compte
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nom et pour son compte
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65 Cyril Croix et Danielle Da Palma (Avocats Seban &
Associés), «travailler en mode BIM : Quels risques
juridiques?», publié en Octobre 2016 sur
www.lemoniteur.fr/opeCimmo
46
2 - La traçabilité des informations et
traitement des données
Comme la maquette numérique est modifiée par
plusieurs acteurs, cela pose également la question de la
traçabilité des modifications des informations contenues dans
celle-ci. En effet, en BIM niveau 2, la question ne se pose pas
particulièrement car il y a une maquette par intervenant et on sait par
conséquent qui la faite et qui peut la modifier. En BIM niveau 3, c'est
une réelle question car une maquette unique sera placée sur un
serveur unique et pourra être modifié par plusieurs acteurs
(simultanément ou successivement). Plusieurs spécialistes parlent
d'un problème résolvable par les éditeurs. En effet, si
l'éditeur fournit un outil performant avec des codes permettant de
tracer efficacement l'information il n'y aura pas réellement de
problème. Les acteurs pourront également « définir un
cadre de bonnes pratiques qui pourra être intégré à
l'environnement juridique et administratif de
l'opération »66. Il s'agit donc de
définir rigoureusement ces modes de gestions collaboratives. C'est donc
l'approche contractuelle qui permettra de définir encore une fois ces
spécificités en fonction du projet.
De plus, les données misent sur le serveur peuvent
être de deux natures différentes:
· Personnelles lorsque les personnes sont directement
identifiables. Ce type de donnée est définit par l'article 2 de
la loi « informatique et libertés » comme les données
qui permettent « d'identifier directement ou indirectement une personne
physique ». Ces données sont utilisables par les personnes qui sont
inscrit à la CNIL67 pour tel projet. Si une personne doit
accéder aux informations, elle devra être notifiée au sein
de cette organisme. Un responsable de ces données pourra être
désigné, il s'agira du BIM Manager. Il sera le garant, le
protecteur de la maquette numérique. J'y reviendrai par la suite dans la
partie III relative au rôle de ce nouvel acteur).
· Non personnelles : il faut également qu'elles
soient protégées. Il s'agit dans ce cas du ou des
créateurs de la base de donnée de la maquette numérique.
L'article L. 341-1 du CPI dit que : « le producteur d'une base de
données, entendu comme la personne qui prend l'initiative et le risque
des investissements correspondants, bénéficie d'une protection du
contenu de la base lorsque la constitution, la vérification ou la
66 N. Hoyet, F. Duchene & M. De Fouquet, BIM et
Architecture, Editions Dunod, 2016, 224p.
67 [Voir glossaire page 103]
47
présentation de celui-ci atteste d'un investissement
financier, matériel ou humain substantiel ».
Les avis des professionnels interrogés:
· Selon Maître C. Benoît Renaudin :
«Concernant la protection des données personnelles, le BIM ne
pose pas tant de souci que cela. En effet, si j'interviens sur un espace
protégé et que vous pouvez intervenir sur tout et n'importe quoi
et que les modifications cause des problèmes, là cela peut
être dangereux. Si dans le cloud vous intervenez sur une maquette
numérique et que l'ordinateur vous indique que vous sortez de votre zone
de modifications possibles sur la maquette, l'ordinateur devra vous indiquer
que vous avez violé votre domaine d'intervention. Le logiciel vous
indiquant cette violation, tous les acteurs en seront au courant et le
problème devra être résolu. Tout est donc un
problème de logiciel et de cloud qui soit bien développé
et sûre en terme de d'utilisation»68.
· Selon Monsieur O. Celnik : « Il fautjuste
rappeler ce qu'est la propriété intellectuelle. Pour moi donner
des plans AutoCAD et une maquette numérique c'est pareil. C'est
simplement plus facile. Le droit d'auteur, que l'on donne des plans papiers ou
une maquette. Le droit d'auteur et le droit de propriété
intellectuel font que l'on n'a pas le droit de faire n'importe quoi. Le maitre
de l'ouvrage qu'il ait des plans papiers ou une maquette, un maitre de
l'ouvrage n'a pas le droit de dénaturer le projet de l'architecte, n'a
pas le droit de le construire ailleurs... La maquette numérique
appartient à celui qui la paie tout simplement! Quand on regarde les
caractéristiques des droits moraux, il est incessible. L'auteur d'un
bâtiment ou l'auteur d'une oeuvre artistique, c'est celui qui la
créé. Il ne peut pas vendre se droit moral. Par contre, il peut
vendre ses droits de reproduction ou qui les cède. Je vous donne le
droit de dupliquer, d'interpréter... C'est le contrat qui le notifie.
C'est le maitre de l'ouvrage qui dit qu'on livrera une maquette à chaque
étape qui aura telles caractéristiques... Mais la question est
qu'est qu'ils ont droit d'en faire en rappelant les droits d'auteur ? Je la
cède mais le maitre d'ouvrage peut l'utiliser seulement pour la gestion
de l'immeuble par exemple. L'un des critères du droit d'auteur, c'est
l'originalité. La maquette a aussi son côté original car
elle à une
68 Entretien avec Maître C. Benoît Renaudin, avocate
au Barreau de Paris et dans le cabinet Martin et Associés (Paris),
Janvier 2018
48
valeur ajoutée et à ses
spécificités. Il y a une façon originale de fabriquer cet
objet maquette numérique»69.
3 - Les
responsabilités
a# Les acteurs et les missions
Une opération de construction est toujours
composée de trois grands acteurs:
· Le Maitre de l'ouvrage : celui pour lequel l'ouvrage est
construit (le commanditaire).
· Les Maitres d'oeuvre: représentent ceux qui
s'occupent de concevoir le projet architecturalement (architectes), et
techniquement (Bureaux d'études techniques).
· L'entrepreneur ou entreprise générale:
celui qui construit l'ouvrage.
Les deux derniers ont des missions de conception et
réalisation de l'ouvrage, ils vont donc avoir des rôles et
responsabilités majeures dans la création de la maquette
numérique et dans le processus BIM. Le Maître d'ouvrage est
également important mais il aura un rôle plus satellitaire dans la
conception de la maquette numérique. Il faut savoir, que l'on soit en
projet BIM ou pas, que les rôles et missions dans leurs contenus de
chaque intervenant reste globalement inchangés.
· Selon Monsieur Trehen : « le BIM ce n'est pas
faire le métier des autres »70.
· Selon Maître C. Benoît Renaudin : «
Les missions de chaque acteur ne se retrouvent pas particulièrement
modifiées. En tous cas dans ses limites car chacun garde ses
compétences propres »71.
Mais il faut quand même les déterminer
préalablement et précisément. En effet, les acteurs ne
peuvent aller au-delà de leurs compétences propres. Le BIM est
avant tout un nouvel outil de travail sur lequel les acteurs doivent se former
mais ne change en aucun cas leur missions propres : «les moyens, les
outils utilisés pour produire, diffuser et partager les études,
plans,
69 Entretien avec O. Celnik, Architecte, Directeur du cabinet
d'architecture Z-Studio, professeur et directeur du Mastère
Spécialisé BIM de ENPC/ESTP, Janvier 2018
70 Entretien avec J. P. Trehen, Directeur BIM chez EGIS
bâtiment, Janvier 2018
71 Entretien avec Maître C. Benoît Renaudin, avocate
au Barreau de Paris et dans le cabinet Martin et Associés (Paris),
Janvier 2018
49
documents, etc. qui évoluent, dans le sens d'une
efficacité accrue sans modifier la répartition des tâches
et des fonctions»72.
En BIM niveau 3, c'est principalement l'échelonnement des
tâches autour de la maquette numérique qui est différente
avec le processus des interventions qui seront simultanées ou
collaboratives. Ceux-ci dépendront du niveau d'informations de la
maquette. Cette collaboration ne modifie pas les limites de compétences
des acteurs mais elle change donc plutôt «les moyens mis à
disposition pour gérer et traiter les échanges classiques et
traditionnels nécessaires entre les différents professionnels au
fil de l'évolution du projet»73. Ces questions de
tâches collaboratives qu'apporte le processus BIM induit une
traçabilité des auteurs des tâches plus compliqué
à délimiter. Ce qui provoque en conséquence des
problèmes de responsabilités. Si une erreur est
détectée il va falloir savoir qui en ait le ou les
responsables.
b - Les responsabilités en processus
BIM
Une opération de construction induit des
responsabilités selon chaque acteur du projet et selon leurs
compétences. Si une faute est commise lors de la construction, en
processus BIM ou non, il faut savoir à qui revient la faute et sous quel
régime de garantie celle-ci doit être réparée. Si
nous partons sur le principe que le BIM permet de diminuer très en amont
les erreurs de conception sur une maquette numérique bien
précise, nous pouvons en déduire d'un certain point que les
responsabilités des acteurs seront identiques voire
atténuées : «La cause et conséquence des performances
et des atouts de la maquette est de nature à appréhender
différemment les responsabilités des
intervenants»74. Pour bien connaître les
responsabilités de chaque acteurs du projet, il faut déterminer
précisément, dès le début du projet, les limites de
compétences de chacun, l'enchaînement des prestations et des
intervenants et de décrire leur actions dans le processus et les
tâches collaboratives. C'est la convention BIM (que l'on verra en partie
III) qui permettra de mettre au clair les relations entre les acteurs et leur
collaboration (nous y reviendront plus précisément en
troisième partie). Cela permettra de connaître les
responsabilités de chacun et ainsi les bénéficiaires des
garanties mise en jeu en cas de sinistre. Certaines tâches seront donc
effectuées par un seul acteur et d'autres de manière
collaborative ce qui entrainera des
72 Anne-Marie Bellenger et Amélie Blandin (2016), Le BIM
Sous L'angle Du Droit, Eyrolles CSTB Éditions, 192p., p.49
73 Anne-Marie Bellenger et Amélie Blandin (2016), Le BIM
Sous L'angle Du Droit, Eyrolles CSTB Éditions, 192p., p.53
74 Anne-Marie Bellenger et Amélie Blandin (2016), Le BIM
Sous L'angle Du Droit, Eyrolles CSTB Éditions, 192p., p.69
50
soucis de recherche du fautif si un problème intervient et
mettre en oeuvre les garanties associées. Les différents
intervenants devront répondre des fautes ou des erreurs par rapport aux
caractéristiques des contrats qu'ils ont signés et donc notamment
des erreurs effectuées sur la maquette numérique si cela
était indiqué sur le contrat. Leur responsabilité
contractuelle peut être donc encourue.
La question est également de savoir si ceux qui modifient
la maquette ont une obligation de moyen75, c'est à dire qu'il
doit mettre en oeuvre tous les moyens pour une mission en particulier ou une
obligation de résultat76, c'est à dire qu'il doit
obtenir le résultat décrit contractuellement pour satisfaire
à obligations. Cette question est à déterminer dans le
contrat et dépendra de chaque intervenant. Le contour exact des
responsabilités que vont engendrer l'utilisation du BIM qu'il soit en
niveau 2 ou 3 est encore flou et incertain.
De plus, d'après Maîtres Bellenger et Blandin,
montre dans leur livre également que le devoir de conseil des
intervenants est très important notamment. «Celui-ci résulte
qu'indirectement des tâches confiées et relève plutôt
de la connaissance que le professionnel a de l'opération et du projet,
compte tenu de l'exécution de cette mission, et qui doit le conduire
à alerter et conseiller le maître d'ouvrage quand il
détecte, ou devrait détecter, des particularités
susceptibles de conduire à des prises de décisions ou des choix
faute desquels des retards et/ou des préjudices sont
prévisibles»77. La responsabilité des
contractants peut donc être mise en jeu par le Maître d'ouvrage
s'il prouve la faute relative à un manque de devoir de conseil. La
précision de la maquette numérique en trois dimensions induit que
ce devoir de conseil intervient certes tout au long du projet mais arrive bien
plus tôt et peut conseiller plus précisément le
Maître de l'ouvrage avant la construction.
c - Les garanties légales et autres
régimes de responsabilités sous le BIM
Rappelons quelques notions concernant les responsabilités
dans le droit français et ainsi voir ce qu'induit le BIM sur celles-ci.
Chaque intervenant du projet sont tenus à deux types de
responsabilités : celles dites de droit commun (contractuelle,
délictuelle et pénale) et des responsabilités
spécifiques liés aux « constructeurs », au sens de la
loi, dites garanties légales des constructeurs.
75 [Voir glossaire page 103]
76 [Voir glossaire page 103]
77 Anne-Marie Bellenger et Amélie Blandin (2016), Le BIM
Sous L'angle Du Droit, Eyrolles CSTB Éditions, 192p., p.71
51
Les responsabilités légales sont composées
de trois types de garantie:
· La garantie décennale définie à
l'article 1792 du code civil : « Tout constructeur d'un ouvrage en est
responsable de plein droit, envers le maître de l'ouvrage ou
l'acquéreur de l'ouvrage; des dommages, même résultant d'un
vice du sol, qui compromettent la solidité de l'ouvrage ou qui,
l'affectant dans l'un de ses éléments constitutifs ou l'un de ses
éléments d'équipement, le rendent impropre à sa
destination ». Elle concerne tous les constructeurs, le désordre
doit avoir une certaine gravité et dure 10 ans après la date de
réception des travaux.
· La garantie de bon fonctionnement (ou biennale)
définie à l'article 1792-3 du code civil par : « les autres
éléments d'équipement de l'ouvrage font l'objet d'une
garantie de bon fonctionnement d'une durée minimale de deux ans à
compter de sa
réception ». Les constructeurs en sont
redevables.
· La garantie de parfait achèvement (GPA) est
définie par l'article 1792-6 alinéa 2 du Code Civil par : «
La garantie de parfait achèvement, à laquelle l'entrepreneur est
tenu pendant un délai d'un an, à compter de la réception,
s'étend à la réparation de tous les désordres
signalés par le maître d'ouvrage, soit au moyen de réserves
mentionnées au procès verbal de réception, soit par voie
de notification écrite pour ceux révélés
postérieurement à la réception ».
Vont-elles être modifiées avec l'utilisation du
processus BIM ? Tout d'abord, « toute évolution dans l'acte de
construire, ses méthodes et ses techniques, se traduit donc par une
interrogation en terme de responsabilités et d'assurances des
constructeurs »78.
· Concernant les responsabilités contractuelles
elles dépendent de la précision des tâches et de leurs
limites afin de voir les limites de responsabilités des acteurs. Les
responsabilités dépendent donc du contrat relatif à chaque
projet.
· Les responsabilités délictuelle et
pénale n'ont pas à être fondamentalement être
modifiées.
78 J. Roussel, «Quelles responsabilités et
quelles assurances pour les intervenants dans le cadre d'une opération
BIM?', J.Roussel, Balises N°21, Octobre 2017
·
52
En ce qui concerne les garanties légales des
constructeurs, elles n'ont pas été modifiées avec
l'arrivée du BIM mais elles pourront par la suite l'être en
fonction des cas de sinistralités rencontrées.
· En effet selon Maître C. Benoit-Renaudin:
« Elles vont être modifiées mais plus tard. Cela va
dépendre de la sinistralité. Le but du BIM c'est
d'améliorer la construction. Moi quand j'expliquais le BIM à mes
collègues qui font que des désordres et des conflits liés
à des post-construction,je leur avais dit, vous allez voir il y aura
plus de désordres. Ils m'ont regardé bizarrement en me
répondant que ce sont quand même des hommes et il y aura donc
toujours des problèmes et des personnes qui vontfaire n'importe quoi. Le
but est donc d'améliorer la chose. Le but du BIM c'est
d'améliorer la qualité. Donc si vous améliorez la
qualité vous diminuez le risque de
contentieux»79.
· Selon Monsieur TREHEN : « Oui elles vont
être profondément modifiées. En BIM 2.0, on est encore en
fichiers séparés donc la source de la responsabilité est
parfaitement identifiable. En 3.0 le problème est que la
responsabilité sera déléguée et cela peut
être très grave. C'est comme la responsabilité qui est
déployée lorsqu'on installe un logiciel. Lorsqu'on l'installe, on
a toujours un texte qui nous demande si on a compris. Je ne suis pas
propriétaire du logiciel mais j'ai simplement le droit d'usage. La data
que vous allez rentrer dans le logiciel, j'en suis le seul responsable et que
la solidité de l'information mise dans le logiciel n'est pas de la
responsabilité de l'éditeur. Donc si je ne suis pas capable de la
relire, ce n'est pas de sa faute »80.
d - La traçabilité des données
ou comment connaître le fautif
La traçabilité des données (data) est
très importante pour savoir à qui retourne la faute. Plus cette
traçabilité sera efficace plus les limites de
responsabilités de chacun seront cadrées et permettra de
protéger le bon fonctionnement du processus collaboratif.
79 Entretien avec Maître C. Benoît Renaudin, avocate
au Barreau de Paris et dans le cabinet Martin et Associés (Paris),
Janvier 2018
80 Entretien avec J. P. Trehen, Directeur BIM chez EGIS
bâtiment, Janvier 2018
53
Il faut savoir si la faute «incombe à celui qui donne
le fichier erroné ou à celui qui le traite sans voir que l'erreur
existe déjà»81.
Il faut également savoir ce qui incombe si l'erreur
provient d'une mauvaise manipulation du logiciel ou d'un mauvais choix
technique. Si c'est dans le premier cas, cette faute engage la
responsabilité contractuelle de la personne responsable et dans le
deuxième, met en oeuvre les garanties légales (notamment
décennale qui porte sur la solidité de l'ouvrage). Mais en
pratique, cela reste peu probable qu'une faute grave arrive. En effet, le BIM
sert en principe à réduire les erreurs en aval de la construction
et donc diminue les sinistres.
e - Une mauvaise
interopérabilité : L'éditeur
responsable?
Se pose également la question de responsabilités
concernant l'interopérabilité entre le logiciel et
l'éventuelle responsabilité des éditeurs de logiciels.
Les éditeurs qui fournissent des logiciels aux
utilisateurs permettant de créer la maquette numérique peuvent
connaître des problèmes lors de son utilisation et ainsi avoir des
répercutions sur l'ouvrage construit au regard notamment de la garantie
de performance énergétique ou acoustique par exemple.
Un bonne «interopérabilité des données
est ainsi essentielle pour permettre l'utilisation optimale du BIM et la
fluidité des échanges. Cette interopérabilité est
également une
garantie supplémentaire pour les acteurs dans leurs
relations contractuelles».82 Le BIM est un échange de
données. Pour passer d'un logiciel à un autre, il faut convertir
les fichiers sources en un fichier type IFC. On parle ici
d'interopérabilité. Par exemple, le passage entre une maquette
ArchiCAD vers Revit se fera en deux conversions successives. La première
sera la conversion du fichier ArchiCAD sous le format .pln vers .ifc et la
deuxième conversion du fichier .ifc vers Revit. Cette étape en
deux temps pose des problèmes car peut créer des erreurs. Il faut
tout d'abord savoir si l'erreur de conversion vient de la première
conversion ou de la deuxième. L'éditeur peut-il être
responsable?
81 Marie-Alexandra Vankemmelbeke et Wanda Bellaiche, « les
craintes juridiques autour du BIM sont elles justifiées ?, Batiactu,
février 2017
82 Manifeste: «Conduire la transformation digitale pour
la construction, l'immobilier et l'aménagement urbain»,
publié par l'association MediaConstruct,
www.mediaconstruct.fr,
2016
·
54
Selon les propos recueillis par O. Celnik : «Si on prend
un logiciel comme ArchiCAD qui est très au point sur l'IFC, est ce que
les utilisateurs d'ArchiCAD y compris aguerri savent correctement
paramétrer en import et en export le configurateur en IFC, le
réponse est plutôt non mais c'est un peu paradoxale car c'est un
langage universel et quand on fait importé en IFC, on nous dit, tu veux
de l'IFC pour Tekla, pour REVIT...? Comme si on me disait qu'il faut me
traduire ton texte en anglais mais tu le veux pour l'Angleterre,
l'Australie...? Et ce ne sera pas le même anglais car on change les mots,
les accents... Il y a déjà le fait que cela soit
compliqué. Le langage et la norme JFC évolue de version
en version ne contiennent pas toute l'information utile et que certains
logiciels ne savent pas correctement utiliser ce langage et notamment
REVIT. Pendant longtemps, on importait même assez mal un IFC qu'il avait
lui-même produit. REVIT exporte pas trop mal et encore il faut beaucoup
de soin. Il a des bugs d'imports dans certains cas »83.
· Selon Monsieur Trehen : « C'est comme la
responsabilité qui est déployée lorsqu'on installe un
logiciel. Lorsqu'on l'installe, on a toujours un texte qui nous demande si on a
compris. Je ne suis pas propriétaire du logiciel mais j'ai simplement le
droit d'usage. La data que vous allez rentrer dans le logiciel, j'en
suis le seul responsable et que la solidité de l'information mise dans
le logiciel n'est pas de la responsabilité de l'éditeur.
Donc si je ne suis pas capable de la relire, ce n'est pas de sa faute.
[...] En cliquant sur la charte d'utilisation en installant un
logiciel, l'éditeur se dédouane de toutes responsabilités
même en cas de bug du logiciel qui entraine des retards sur le
projet »84.
83 Entretien avec O. Celnik, Architecte, Directeur du cabinet
d'architecture Z-Studio, professeur et directeur du Mastère
Spécialisé BIM de ENPC/ESTP, Janvier 2018
84 Entretien avec J. P. Trehen, Directeur BIM chez EGIS
bâtiment, Janvier 2018
55
III - Vers un «
contrat BIM » ?
A - Les modalités contractuelles
La législation étant encore un peu bancale et
incertaine en terme d'utilisation du BIM, les spécialistes du BIM sont
d'accord sur le fait que le «contrat85»
serait le moyen le plus efficace afin de résoudre les interrogations
qu'il pose et même si cela « complique une appréhension du
BIM par le juriste, dont le raisonnement se structurerait plus facilement
autour d'une loi »86. «L'effort doit porter sur
l'appropriation par la filière de nouvelles pratiques contractuelles. La
pratique immobilière doit se transformer et se familiariser avec de
nouvelles règles et pratiques pour permettre sa transition
numérique tout en respectant les règles de droit
classique»87. Le contrat est un outil efficace afin de
répondre à tous les questionnements qu'engendre l'arrivée
de ce nouvel outil (propriété intellectuelle de la maquette
numérique, de responsabilités des acteurs, de rôle des
acteurs et leur processus d'organisation autour de la maquette
numérique, etc.). Il faut adapter le schéma contractuel actuel
aux spécificités techniques du BIM.
Le BIM est légal et son utilisation n'est interdit par
aucune loi ni code en France. Le « Contrat BIM » a proprement
parlé n'existe pas. Comme il s'agit d'un nouvel outil de travail, il est
adaptable dans les contrats de Maîtrise d'oeuvre et de marchés de
travaux existants. Il faut donc adapter ce qui existe afin qu'il puisse bien
fonctionner.
Encore faut il savoir sur quel cadre contractuel se
référer pour incorporer ce nouvel outil. Il existe plusieurs
solutions possibles :
· « insérer au sein du contrat principal les
aspects afférents au BIM
· ériger un document contractuel propre
intitulé : protocole BIM
· prévoir un protocole BIM, sans pour autant le
prévoir dans la hiérarchie des documents contractuels
· ou bien prévoir un contrat spécifiquement
consacré au BIM »88
85 [Voir glossaire page 103]
86 D. Richard, «BIM : analyse et perspectives de
l'immeuble numérique», Construction-urbanisme N°12,
Décembre 2017
87 X. Pican, Rapport de mission de X. PICAN : "Droit du
numérique & bâtiment", Janvier 2016, 77p.
88 L. Bouneghida, «Comment sécuriser le recours
au BIM dans le bâtiment?», L'usine nouvelle, Juillet 2015
56
Un contrat est régi par le droit des obligations et des
contrats qui a eu une évolution majeure suite à l'ordonnance du
10 Février 2016. Le contrat BIM devra donc répondre à
l'article 1128 du Code Civil et ainsi comporter:
· Le consentement des parties c'est à dire que ceux
qui contractent le contrat BIM devront être sains d'esprit (majeures ou
mineurs émancipés).
· L'objet du contrat c'est à dire l'ouvrage à
construire conforme à la maquette numérique. Il y ici une
dualité de l'objet entre la volonté d'avoir une maquette conforme
aux exigences prévus dans le contrat et un bâtiment conforme
à la maquette numérique.
· La cause du contrat: par exemple, «la livraison d'un
ouvrage ayant une performance énergétique garantie en fonction
d'un usage déterminé, ce qui a pour conséquence de rendre
indissociable l'ouvrage de son modèle virtuel avec l'obligation de mise
à jour de la maquette numérique. La théorie de la cause
est le meilleur ciment pour laisser unies de façon indissociable la
réalité virtuelle et la réalité
concrète»89.
Le contrat est avant tout fait pour protéger ces
contractants et « permet à tous les acteurs du projet de rester
maître de leur relations contractuelles avec les autres contributeurs de
la maquette numérique »90. Cela permet également
aux acteurs de faire évoluer leur relations durant tout un projet car un
contrat a par nature une grande flexibilité que l'on appelle la
liberté contractuelle91. En effet, chaque projet de
construction étant différent cela permet à chaque partie
de négocier chaque point entre cocontractants. Un contrat est donc
là pour s'adapter en fonction des particularités de chaque
projet, ce qui n'est pas le cas pour une loi.
Or, lorsque certains maîtres d'ouvrage veulent utiliser
le BIM dans leurs marchés, ils ne savent pas encore à quoi se
référer et ne se protègent pas en conséquence. Si
des
contentieux voient le jour lors de la construction du
à un dysfonctionnement quelconque du processus BIM ils pourraient se
trouver attaquer et avoir de lourdes sanctions. Si un contrat est bien mis en
place, il sera là pour protéger ses contractants et
résoudre plus efficacement les litiges.
89 Olivier Celnik et Éric Lebègue (2015), BIM
& Maquette Numérique pour l'architecture, le bâtiment et la
construction, deuxième édition, coédition Eyrolles/CSTB,
p.638
90 X. Pican, Rapport de mission de X. PICAN : "Droit du
numérique & bâtiment", Janvier 2016, 77p.
91 [Voir glossaire page 103]
57
Selon le rapport Pican, plusieurs options ont été
discutées afin de savoir sous quelle forme il pourrait naître:
· soit la mise en place d'un protocole BIM (nous y
reviendrons par la suite)
· soit la diffusion de modèles de contrats en ligne
par des organismes extérieurs (Ex : Contrats types de maîtrise
d'oeuvre de la MAF)
· La diffusion de « bonnes pratiques contractuelles
» ou guides permettant d'aider les acteurs voulant se lancer dans un
projet BIM puisse s'y référer (Ex : BIM et maquette
numérique : guide de recommandation à la maîtrise d'ouvrage
publié par la PTNB et le MIQCP)
· Aucun modèle imposé
Il y a donc une liberté mais le rapport Pican «
recommande la création de référentiels contractuels non
contraignants pour aider les acteurs du BIM dans la contractualisation de leur
accord »92.
Comme on a pu le voir précédemment, le BIM
étant un nouvel outil, cela ne change rien aux missions des
différents acteurs mais offre seulement de nouveaux moyens et
opportunités.
Les interlocuteurs que j'ai interrogés ont beaucoup
parlé de l'importance de bien codifier, hiérarchiser et
connaître la terminologie des termes utilisés dans le langage BIM:
Protocole BIM, charte BIM, convention BIM... Elle est garante de la
sécurité des contractants pour que les choses soient clairement
définies. C'est au Maître d'ouvrage de les clarifier. Cette
terminologie est encore un peu flou et certains acteurs comme la FFB ou le PTNB
s'occupe en ce moment de mettre de l'ordre à ce niveau.
· Selon Maître C. Benoît-Renaudin : «
le Plan de Transition Numérique voulait proposer des conventions
types, non pas pour quelles s'imposent, mais pour que les gens qui
n'ont pas les moyens d'aller voir un avocat, aient des conseils juridiques et
un outil de base et de référence [...], C'est juste au
maître de l'ouvrage de l'imposer. Aujourd'hui le BIM n'est pas
imposé, c'est juste une faculté. Il ne fait pas ce qu'il
veut
92 X. Pican, Rapport de mission de X. PICAN : "Droit du
numérique & bâtiment", Janvier 2016, 77p.
58
mais il faut quand même respecter les règles de
la commande publique. Aujourd'hui c'est la loi MOP qui s'impose
»93.
· Selon Monsieur Darremont : « Le
défaut du langage BIM est de confondre un peu tout. Pour
clarifier un peu les choses et vous donnez une idée par exemple la
charte BIM. Un document a été créé au sein du PTNB
qui est le document appelé: BIM et maquette numérique : guide de
recommandations à la maitrise d'ouvrage. A la fin de ce rapport il y a
un lexique. La charte BIM c'est ce que veut le maitre
d'ouvrage, la convention BIM c'est comment les gens
travaillent ensemble. La charte c'est ce que veut le maitre d'ouvrage, c'est
son cahier des charges et la convention c'est la réponse. Une charte
c'est forcément dans l'appel d'offre par rapport à sa maitrise
d'oeuvre. Il faut avoir la charte dans les dossiers d'appels d'offres
»94.
· Monsieur TREHEN : « Le BIM aura une
réelle importance le jour où l'on pourra faire une recherche en
responsabilité sur le BIM. Or pour faire une recherche en
responsabilité sur la maquette numérique il
faut voir comment les contrats
s'enchaînent. Si une personne me dit: «de quoi
vous me parler? En effet vous me citez des documents mais ceux-là ne
font pas parti de mon contrat...». Aujourd'hui, chacun fait ceux qu'il
veut. Des BIM Manager vont arriver vers un maître d'ouvrage de nos jours
et lui dire «je vais au moins vous mettre un protocole BIM. Ah bon parce
que on m'avait parlé d'une charte. Les uns appellent cela une charte et
d'autres les protocoles. Ils vont dire que c'est la même chose alors que
c'estfaux. En ce moment ils disent «mais Monsieur c'estjuste une
convention? Ah mais non vous avez utilisé un guide donc cela ne peut pas
marcher !». On ne sait pas de quoi on parle en ce moment
car on ne sait pas sur quels documents s'appuyer et on ne sait pas non
plus ce qu'il y a dedans. Ce qui donc important c'est donc l'enchainement des
pièces contractuelles du BIM qui ne sont pas définit aujourd'hui
»95.
· Selon Monsieur Celnik : « Il y a une
terminologie aujourd'hui à respecter. Par exemple, côté
maîtrise d'ouvrage on parle d'une charte pour le document
général stratégique, le cahier des charges, c'est le
cahier des charges d'une opération. La convention estfaite
93 Entretien avec Maître C. Benoît Renaudin, avocate
au Barreau de Paris et dans le cabinet Martin et Associés (Paris),
Janvier 2018
94 Entretien avec D. Darremont, Chef de département
transition numérique bâtiment et BIM à la
Fédération Française du Bâtiment (FFB), janvier
2018
95 Entretien avec J. P. Trehen, Directeur BIM chez EGIS
bâtiment, Janvier 2018
59
par la maîtrise d'oeuvre ou l'équipe de
conception-réalisation et ensuite l'entreprise (on peut aussi
appelé cela protocole même si les deux termes sont impropres,
c'est dans le langage courant). Les usages commencent quand même à
se conforter un peu. Souvent on trouve des glossaires pour essayer de
préciser le vocabulaire. Peu importe mais il faut dire sur quel
référentiel on s'applique »96.
L'étape qui va être crucial va donc être de
bien rédiger la succession des contrats spécifiques sur lequel
intervient le BIM:
· Le cahier des charges BIM du maître d'ouvrage :
document qui définit les volontés du maitre de l'ouvrage
concernant le BIM dans le projet. Le maitre d'ouvrage peut se faire aider d'un
assistant à la maitrise d'ouvrage si il n'a pas les compétences
pour le faire lui-même. Cet assistant pourra avoir la casquette d'AMO BIM
(Assistant à la Maitrise d'ouvrage spécialisé dans le
BIM).
· La charte BIM (non obligatoire mais conseillée) :
qui définit les principes et méthodes à respecter dans la
modélisation de la maquette numérique. Elle permet d'uniformiser
les méthodes de travail sur celle-ci. Elle peut être
incorporé dans le protocole BIM.
· Le protocole BIM ou convention BIM qui régit la
collaboration entre les différents acteurs autour de ou des maquettes
numériques (document primordial dont je développerai les
caractéristiques par la suite). Elle prend en compte chacune des
particularités d'un projet, chose qui n'est malheureusement pas encore
le cas sur des projets où certains acteurs recopient bêtement des
conventions types.
· Contrat entre les éditeurs de logiciels et les
utilisateurs
· Contrat relatif au stockage des données
B - Le Protocole BIM (ou convention BIM)
Utiliser ce nouvel outil collaboratif qu'est le BIM,
nécessite de prévoir et organiser cette collaboration autour de
la maquette numérique. Tous ces processus seront inscrits dans un
document contractuel appelé « protocole BIM » ou «
convention BIM ». Il est donc très important de bien le
rédiger car il permet d'avoir une approche coordonner et
cohérente
96 Entretien avec O. Celnik, Architecte, Directeur du cabinet
d'architecture Z-Studio, professeur et directeur du Mastère
Spécialisé BIM de ENPC/ESTP, Janvier 2018
60
entre les acteurs. Les acteurs doivent se mettre d'accord sur
toutes les formalités sur celle-ci afin qu'elle soit créée
dans les meilleures conditions. « Le BIM suppose la définition de
principes et de règles qui vont gouverner l'organisation et l'usage de
la maquette numérique BIM : c'est l'objet du protocole BIM ou convention
BIM, qui va formaliser les règles de production et de gestion de la
maquette BIM et/ou des maquettes métiers, tout au long du projet
»97.
Elle définit donc les règles de gestion et de
production de la maquette numérique. C'est en quelque sorte, une feuille
de route du processus BIM tout au long du projet. Elle doit être unique
à chaque projet en prenant les particularités de chacun d'eux et
des exigences du maître de l'ouvrage en terme de BIM. Elle doit
être claire et précise. Il est en principe rédigé
par le responsable du BIM Management: Le BIM Manager. Il sera par la suite
présenté au maître d'ouvrage et vérifiera si elle
est en conformité avec son cahier des charges BIM. Il la signera si il
en est d'accord ce qui la rendra opposable par les autres acteurs du projet. Le
protocole BIM est un document primordial qui doit être incorporé
au contrat principal. Ce protocole BIM servira de preuve et de
traçabilité du rôle de chacun en cas de contentieux.
Le protocole BIM permet donc de savoir : qui fait quoi, quand et
comment dans la maquette? Qui a accès à la maquette, comment et
combien de temps?
Il doit incorporer tous les éléments suivants:
· « une définition claire de l'ensemble des
termes utilisés, afin d'éviter les confusions pouvant exister car
il n'existe pour l'instant aucune nomenclature officielle.
· Les modalités et exigences concernant la maquette
numérique (conditions d'organisation de la collaboration):
o niveaux de développement98
o niveaux de détail99
o Le choix des technologies (logiciels, versions, etc.)
o processus de développement de la maquette
(Délais dans lequel les modèles doivent être mis à
disposition et le degré d'achèvement requis à chaque
étape)
o Tâches de chaque acteur et modalités de leur
rendu en fonction de l'avancée du projet
97 A.M. Bellenger & A. Blandin, Le BIM Sous L'angle Du
Droit, Eyrolles CSTB Éditions, 2016, 192p.
98 Cf Partie I
o
61
Format (interopérabilité et format IFC),
modalités et fréquence des échanges
o Conditions d'accessibilité et d'utilisation de la
maquette par chaque acteur (lecture seule, modifications de certaines partie,
etc.)
· une répartition précise des missions et un
partage de responsabilité (clauses de limitation de
responsabilités) en cas de défaillance
· des éléments quant aux évolutions de
la maquette et la manière dont chaque intervenant devront s'y
conformer
· le rôle précis du BIM Manager (nommé
par le maître de l'ouvrage) (nous y reviendrons par la suite)
· Une procédure de « détection de clash
» pour résoudre et prévenir les hypothèses de
conflits
· La propriété intellectuelle de la maquette
et de ses données
· Conditions d'utilisation de la maquette par le
maître de l'ouvrage en phase exploitation-maintenance de l'ouvrage. En
effet, Une clause pourra être notifiée permettant de
prévoir le régime de cession des droits d'auteur de la maquette
une fois la construction terminée. Mais ce type de clause existe
déjà dans les contrats de maitrise d'oeuvre. Cette clause
s'adapte juste à ce nouvel outil qui apporte une dimension virtuelle
d'un projet de construction.
· Encadrement du processus collaboratif et la
documentation des échanges, ainsi les processus de validation et de
décision
· ordre de priorité des documents BIM dans la
hiérarchie des documents contractuels
· Les obligations de chaque intervenant sur la maquette
(répartition des tâches de chacun)
· Les sanctions en cas d'inexécution du contrats
et hors contrat (délictuelle et quasi-délictuelle) et mettant en
cause les responsabilités énumérées en
deuxième partie.
· Les clauses contractuelles qui sont les dispositions
particulières d'un contrat en fonction du projet.
Voici les avis recueillis par les différents
intervenants interrogés concernant le contrat et le protocole BIM:
· Selon Maître Benoit-Renaudin : « Il
n'y a pas de « contrat BIM », a
proprement parlé, c'est à dire que dans votre marché de
travaux, l'entreprise qui devait rentrer les spécifications selon la
convention BIM. Il faut qu'il y ait quelque chose dans son
marché
de travaux qui indique cette convention et la façon
de procéder. 1... ]Moi j'ai déjà fait des conventions BIM.
Mais c'est moi qui les ai créé. L'avocat est là
pour construire le contrat en fonction du client. En droit, il n'y a
pas un modèle de contrat pour une activité. C'est le but de mon
métier de m'adapter aux projets, aux demandes des clients. Donc les
contrats MAF sont un exemple parmi d'autres. Il y a que les petits architectes
qui prennent le contrat de la MAF mais dès qu'on a un projet qui
dépasse 10 000 euros on prend des avocats qui savent s'adapter. Il y a
bien sûr une base commune. Si le contraty est mal adapté parles
avocats, nous engageons notre responsabilité. Des personnes ont pour
métier de fabriquer des modèles de contrats (de location par
exemple). Mais c'est pas parce qu'il y a un modèle que l'on y
adhère forcément. Moi, je suis là pour protéger mon
client et qu'il est le moins de contentieux possible. Je suis donc là
pour trouver des solutions et pour faire un document qui fonctionne. Les
clauses dans les contrats sont là pour adapter les contrats aux projets.
Le contrat est un acte de prévision. On est donc là pour
anticiper les problèmes et trouver des solutions. Dans le BIM,
il y a beaucoup à créer car il y a rien. Il n'y a donc pas de
solution unique. Il y a beaucoup d'effet de nouveauté mais cela se
gère assez facilement »99.
· Selon Monsieur Celnik : «On commence
à avoir les idées assez claires sur certains
projets. Si le maitre d'ouvrage n'a pas formalisé correctement le BIM
dans un cahier des charges, vous ne pouvez rien demander en face. Dire que je
veux du BIM cela veut rien dire. Dans la convention BIM, vous répondez
au cahier des charges du maitre d'ouvrage. Vous vous engagez à exposer
ces questions et vous donnez vos réponses et nous au nom de la
maîtrise d'ouvrage on dit si cela nous correspond ou pas et on signe en
conséquence. Ces deux documents signés engagent les parties. La
semaine dernière nous étions plusieurs AMOA à
immobilière 3F pour les aider à mettre en place un nouveau cahier
des charges, du moins une synthèse des différents cahiers des
charges qu'on a pu faire avec eux sur plusieurs projets depuis 3 ans. Le maitre
d'ouvrage donnait son point de vue: «je demande une convention BIM bien
entendu et on dit ce qu'il y a dedans et en disant que la convention BIM n'est
pas contractuelle». Si tu dis que ce n'est pas contractuel, cela veut dire
que cela sert à rien car cela ne sera pas opposable.
C'est la règle du jeu de bâtir cette convention BIM mais
c'est aussi la réponse de la maîtrise d'oeuvre au regard de la
demande de la maîtrise d'ouvrage si on dit que c'est pas
62
99 Entretien avec Maître C. Benoît Renaudin,
avocate au Barreau de Paris et dans le cabinet Martin et Associés
(Paris), Janvier 2018
63
contractuel il n'est pas garanti de la bonne
réalisation de son projet et il se tire une balle dans le pied. Dans le
contrat de maîtrise d'oeuvre et ensuite dans le contrat avec les
entreprises, on dit que le maitre d'ouvrage demande du BIM et que
celles-ci sont décrites dans son cahier des charges et
que l'équipe de conception ou conception< réalisation devra
produire une convention qui l'engage en décrivant ses réponses.
Il faut que le maitre de l'ouvrage s'engage à respecter cette convention
et dans les contrats de marchés de travaux
idem»100.
C - Un nouvel acteur: Le BIM Manager - responsable du
BIM Management
Un nouveau type de mission intervient avec l'arrivée de
ce nouvel outil: Le BIM
Manager ou Information Manager. Il s`agit du responsable du BIM,
du chef d'orchestre de la collaboration. Le BIM étant avant tout un
processus de collaboration, c'est lui qui s'occupera de bien la gérer et
aura donc un rôle principalement de gestionnaire.
Le BIM Manager n'étant pas encore
réglementé, je vais essayer de le définir de la
manière la plus précise possible. Il existe déjà
des BIM Manager mais le contour de leurs responsabilités reste encore
flou « notamment quand il s'agit de déterminer quel
intervenant est le plus qualifié pour assurer cette
fonction »101.
Les assureurs souhaitent créer une nouvelle fonction
permettant de le cadrer
juridiquement et d'autres comme dans le rapport Pican ne le
souhaite pas. L'avenir nous le dira.
Quoi qu'il en soit, le BIM Manager doit avoir
l'expérience de projet. En effet, il doit connaître les outils
numériques mais également connaître l'expérience de
terrain de toutes les phases d'un projet de la conception à
l'exécution. Il peut être une personne au sein de la maitrise
d'oeuvre (architecte), maitrise d'ouvrage ou bien un intervenant
extérieur. Le rapport Pican et d'autres spécialistes s'accordent
sur « la fonction de BIM Management plutôt que sur la
création d'un poste de BIM Manager ».
100 Entretien avec O. Celnik, Architecte, Directeur du
cabinet d'architecture Z-Studio, professeur et directeur du Mastère
Spécialisé BIM de ENPC/ESTP, Janvier 2018
101 C. Croix & D. Da Palma, «travailler en mode
BIM: Quels risques juridiques?»,
www.sebanCassocies.avocat.fr,
Octobre 2016
64
Pour essayer de définir son rôle revient sur la
question des responsabilités. Comme on a pu le voir dans la partie II,
Les responsabilités de droit commun n'auront pas de répercution
avec l'usage du BIM sur un projet contrairement aux garanties légales
des constructeurs qui impacteront ceux qui sont « constructeurs ».
Cette question de « constructeur » est importante car elle permet de
connaître les limites de responsabilités de ce nouvel acteur. Un
«constructeur» au sens de la loi est défini par l'article
1792-1 du Code Civil par : « est réputé constructeur de
l'ouvrage:
· tout architecte, entrepreneur, technicien ou autre
personne liée au maître de l'ouvrage par un contrat de louage
d'ouvrage;
· toute personne qui vend, après achèvement,
un ouvrage qu'elle a construit ou fait construire;
· toute personne qui, bien qu'agissant en qualité de
mandataire du propriétaire de l'ouvrage, accomplit une mission
assimilable à celle d'un locateur d'ouvrage ».
Encore beaucoup hésitent sur les limites de
responsabilités de ce nouvel acteur:
· Soit il ne peut intervenir sur la construction de
l'ouvrage et donc seulement gérer la maquette numérique sans la
modifier et ne sera donc pas un constructeur au sens de la loi et ne sera pas
soumis aux responsabilités légales des constructeurs et notamment
décennales. Sa responsabilité civile de droit commun sera mise en
oeuvre si il perd des données de la maquette car il en est le garant. Il
serait BIM-manager Non constructeur. Il sera dans ce cas un prestataire de
service et n'aura pas d'obligation de résultats mais seulement de moyen.
«Le BIM Manager, même si il est lié contractuellement au
maître d'ouvrage, peut avoir son intervention limitée à une
gestion pure et simple de l'outil informatique sans intervention sur la
construction elle-même»102. Mais cette
responsabilité ne pourra être que contractuelle et le BIM Manager
ne sera pas considéré comme un constructeur et devra seulement
gérer les intervenants entres eux et ne sera donc pas tenu des garanties
légales des constructeurs.
102 Cyril Croix, Barbara Dufraisse et Francesca PAGGI
(Avocats Seban & Associés), «construire avec le BIM:
éléments d'analyse juridique».
65
« Dans ce cas, le Bim Manager:
o ne prend pas de décisions techniques qui appartient aux
intervenants (responsabilité inaliénable des entreprises ou de la
maîtrise d'oeuvre)
o analyse les interférences identifiées par le
logiciel et détecter toute autre interférence de
présynthèse et en informer les intervenants
o propose (avec l'assistance de l'architecte, du maître
d'oeuvre d'exécution et des BET concernés) des solutions pour les
interférences identifiées».
o voire même signale au coordinateur des études les
principaux conflits constatés, la présynthèse ne relevant
pas de ses responsabilités »103.
· Soit il sera un BIM Manager technique-constructeur et
sera qualifié de constructeur et sera redevable des
responsabilités légales. Il ne pourra se défaire d'un
litige seulement si il démontre l'existence d'une cause
étrangère (article 1792 alinéa 2 du code civil). Si en
revanche une erreur est de sa faute il faudra déterminer si celle-ci est
du à une faute de conception ou une erreur de saisie informatique. En
revanche, s'il doit s'occuper de la conception de la maquette et gère
les clashs104, il pourra être assimilé
de constructeurs et devra répondre de ces responsabilités
légales des articles 1792 et suivant du code civil.
Ainsi la limite entre BIM Manager-constructeur et BIM
Manager-non constructeur est encore floue et doit être définie
contractuellement afin de délimiter ces responsabilités.
Le problème que peut poser l'arrivée de ce nouvel
intervenant est la confusion lorsqu'il serait doté de plusieurs
casquettes. En effet, il ne s'agit pas réellement d'un nouveau
métier mais d'un intervenant extérieur, faisant partie de la
maitrise d'oeuvre ou à la maitrise d'ouvrage ou assistance à la
maitrise d'ouvrage. Aura-t-il le même rôle si il intervient en tant
qu'architecte ou en tant que maître d'ouvrage ? Il ne faut pas qu'il y
ait immixtion des fonctions et garde bien son rôle de BIM Manager.
«Le BIM est un outil d'anticipation et de synthèse technique
destinée aux maîtres d'oeuvre qui pour écarter toute
méprise sur la responsabilité du BIM manager, nécessite
des contrats explicites et correctement rédigés pour tous les
intervenants. Le danger étant, pour l'architecte BIM Manager qui n'a pas
la
103 Table ronde «Le BIM: quels enjeux, quels avantages,
quels obstacles pour l'ingienerie et la MOA', organisé par
l'OPQIBI, Juin 2017
104 [Voir glossaire page 103]
66
mission de conception architecturale, de faire de la prescription
pour laquelle il n'est pas missionné et d'engager sa
responsabilité au-delà de ses obligations
contractuelles»105.
Avis recueillis à propos de ce nouvel acteur:
· Selon Monsieur TREHEN : « Oui le BIM est un
exercice à lourde responsabilité si il est fait comme un acteur
de Maîtrise d'oeuvre. A partir du moment, où l'on manipule la Data
directement, c'est à dire qu'elle est manipulé pour être
mise ailleurs, on est susceptible d'être reconnu comme étant
être l'auteur de cette data. La fondation du BIM, c'est la gestion de la
data. La data circule par les uns et les autres et nous on est juste là
pour vérifier que les autoroutes sont dégagées, que les
péages sont encore là, savoir si la signalisation est toujours
bien active... Mais on n'est surtout pas là pour prendre la voiture qui
est en panne sur le côté, prendre le volant et terminer la route.
Cela est strictement interdit. On n'est pas vérificateur. Je ne peux pas
toucher à la maquette. Mon rôle est de dire «faites
attention, parce que si vous êtes sur cette branche là, vous
risquez d'avoir un problème plus loin». Mais ce n'est pas moi qui
vais les conseiller d'aller sur telle ou telle branche. On reste dans la
gestion de la data. Et donc la dangerosité de la responsabilité
du BIM, c'est de mettre en place le processus dans lequel l'intervention du BIM
Manager est indispensable »106.
· Selon Maître Benoit-Renaudin : « La
question face à cette nouvelle profession de BIM Manager est de
savoir si il est constructeur ou pas (juridiquement parlant). Tout
d'abord vous n'avez pas de «contrat BIM». Vous avez des
marchés de contrats de travaux et des contrats d'architectes. Le
BIM y est intégré. Il n'est qu'un nouvel outil de
travail. Donc il ne peut pas y avoir de contrat BIM a proprement parlé.
Quand vous faites construire quelque chose, vous recourez au service d'un
architecte. Vous faites un contrat d'architecte ou de maitrise d'oeuvre,
ensuite vous concluez un contrat avec un promoteur par exemple mais il n'y a
pas de contrat BIM a proprement parlé. Le BIM est juste
intégré aux contrats existants. Ce sont donc des
éléments qui sont intégrés. C'est pour cela que la
nouveauté existe par petites touches.
105 «La MAF et le BIM: bien assurer, bien
protéger les architectes», les architectes et le BIM,
édité par l'UNSFA, Octobre 2016
106 Entretien avec J. P. Trehen, Directeur BIM chez EGIS
bâtiment, Janvier 2018
67
Pour revenir au BIM Manager. Le BIM Manager n'a pas
à intervenir pour modifier la maquette numérique. Il est juste
là pour orchestrer. Il n'est donc pas constructeurjuridiquement parlant.
Son travail c'est du management, il doit juste orchestrer I Le BIM est
un outil il est donc là pour vérifier que l'outil est bien
utilisé. Il n'a pas à intervenir sur le contenu lui-même.
Si il la modifie il est en immixtion fautive et il sortira de son domaine
d'intervention. Il a un vrai rôle de coordination. Mais avec ça
rien n'estfigé. Si votre BIM Manager est dans l'équipe de
maitrise d'oeuvre, il voudra peut être mettre son petit grain de sel.
Mais à mon avis il ne faudra pas qu'il le fasse parce que chacun doit
garder son rôle.
Mais on ne va pas sortir l'architecte de sa
mission?
Maître Benoit-Renaudin : Si mais l'architecte ne peut
avoir plusieurs casquettes dans sa mission. Si sa casquette c'est d'être
BIM Manager et dit qu'il fautfaire cela de cette manière c'est bon. Si
il donne son grain de sel, il sortira sur sa casquette d'architecte. Donc selon
les missions, il faudra bien connaître quelle obligation est en cause. Ce
n'est donc pas forcément que du conseil puisqu'il doit absolument
respecter la convention BIM. Conseiller quelqu'un, vous le laisser libre de
faire quelque chose. Le BIM Manager est là pour faire respecter la
charte, la convention, etc. »107
· Selon Monsieur Darremont : « Ce
métier n'existe pas à proprement parler. Ce métier en tant
que tel ne peut exister. Le BIM est seulement un nouvel outil, il n'engendre
pas de nouveau métier. Ce sont des compétences à
obtenir dans un métier ce qui est bien différent. Il
fautjuste aller un peu plus loin. C'est une question de management. Tout le
monde est à peu près au même point. Les plus grosses
entreprises sont plus rapides par rapport aux plus petites. Mais cela ne veut
pas dire que les plus petites iront dans le sens des plus grosses. C'est
l'évolution du marché qui nous le dira. Il y a aussi l'impulsion
des maitres d'ouvrage qui va être importante. La plupart des maitres
d'ouvrage ont signé notre charte pour l'horizon 2022. Si cela marche
nous seront en avance sur les anglais par exemple et pourtant on n'aura pas
fait de loi »108.
107 Entretien avec Maître C. Benoît
Renaudin, avocate au Barreau de Paris et dans le cabinet Martin et
Associés (Paris), Janvier 2018
108 Entretien avec D. Darremont, Chef de
département transition numérique bâtiment et BIM à
la Fédération Française du Bâtiment (FFB), janvier
2018
· 68
Selon Monsieur Celnik : « La chose nouvelle qu'apporte
ces contrats MAF c'est de dire que le BIM manager ou les acteurs qui font du
BIM management sont des acteurs de la construction, idéalement
c'est bien plus un rôle pris par les acteurs existants qu'un
métier occupé par un nouvel acteur. Idéalement c'est un
membre de l'équipe que quelqu'un rapporté de l'extérieur
et ce n'est pas un maitre d'oeuvre, ce n'est pas un constructeur au sens de
l'article 1792. Ça c'est nouveau. Avant les gens ne se
prononçaient pas. Moi j'avais presque tendance avec ma casquette
d'architecte et d'élu à l'ordre des architectes à au
contraire revendiquer qu'il était un constructeur pour éviter que
des gens qui ne soit pas du monde de la construction ne se mette là
dedans alors qu'ils n'étaient pas compétent en construction et
que c'était peut être que des consultants.
Vous avez déjà eu des cas où ce BIM manager
était nommé constructeur au sens de la loi?
Monsieur Celnik : J'ai pas eu de cas où la question
s'est posé mais j'ai des cas où l'ambiguïté
était évidente. La seule vraie réponse sera
apportée par les tribunaux lorsqu'il y aura eu des problèmes.
C'est lorsqu'il y aura une jurisprudence, on verra comment un juge ou plusieurs
juges auront tranché. Peut être qu'un juge dans 10 ans dira que
contrairement à ce que dit l'agence X et son assurance, nous estimons
que le BIM manager est constructeur ou pas. Souvent les architectes qui font du
BIM sur des projets pensent que comme ils ont un BIM Manager dans la conception
ils pensent qu'ils sont assurés à hauteur des heures
passées en tant que BIM manager (1 à 2% du contrat de
maîtrise d'oeuvre environ) comme un architecte et donc constructeur. La
crainte de la MAF est qu'un projet arrive devant un juge avec des
problèmes de retards alors qu'on a fait du BIM et peut être
à cause des gens qui font du BIM et qui l'ont mal fait. Ils me collent
sur la tête 5 à 10% de résolution du litige alors que j'ai
cotisé qu'à hauteur d'1%. D'où le souci de la MAF qui
résonne pour ces adhérents et pour elle-même d'essayer de
s'évacuer. [...]
Vous avez donc un avis sur ces questions?
Monsieur Celnik : Je suis un peu entre les deux. J'ai quand
même tendance à dire à mes étudiants HMO en
école d'architecte, les responsabilités il faut les assumer et
les
69
valoriser. Là où il y a des
ambiguïtés, soit le management est directement assuré par
exemple par une agence d'architecte et il a les deux rôles, à la
fois architecte du projet et BIM Manager. Depuis le début la MAF disait
aux architectes, on a toujours couvert nos adhérents dans l'exercice de
leur métier et aujourd'hui il passe par le BIM, vous êtes donc
couverts d'office sans cotisation supplémentaire. C'est surtout d'amener
à préciser qu'est que l'on fait réellement, qu'est qu'on
demande et dire clairement qui fait quoi, quand et comment et puis après
est ce qu'on a respecté ou pas le contrat. Il y a des cas
d'ambiguïtés que j'ai vu à plusieurs reprises, notamment
lorsque le maitre d'ouvrage ne confie pas la mission de BIM management à
un membre de l'équipe initiale même si c'est un cotraitant mais de
quelqu'un de complétement extérieur. J'ai en tête un projet
privé où on a une équipe de maîtrise d'oeuvre, on a
un AMO BIM qui nous aide à préparer notre cahier des charges et
on va mandater un BIM Manager extérieur. Il y a quelques boîtes
spécialisées qui font souvent à la fois de la
maîtrise d'oeuvre d'exécution, de la synthèse et qui font
du BIM. Dans cette mission, cette boite là avait une mission uniquement
de BIM manager dont on cherche à définir le contour. Lorsqu'on a
commencé à creuser un peu et on leur pose des questions, ils nous
disent «on est BIM manager, on fait la convention, on s'assure que les
architectes et les bureaux d'études travaillent bien entres eux, on
s'assure que tout va bien mais bien sûr ce sont eux qui font tout».
Là où il y a de l'ambiguïté c'est sur la
synthèse car souvent on pense qu'avec le BIM il n'y a pas de
synthèse. En tant que BIM manager c'est de créer les missions de
la synthèse, de faire en sorte que parce que les maquettes existent,
qu'elles répondent bien au cahier des charges, qu'elles sont bien
positionnées les unes par rapport aux autres...
Mais est ce que le BIM manager peut modifier cette
maquette numérique?
Monsieur Celnik : Justement!
C'est évident qu'il ne faut pas qu'il puisse. Mais dans
ce projet, j'ai fait exprès de leur poser la question.
- «Donc on est d'accord, vous assemblez les maquettes
de façon à ce que la maîtrise d'oeuvre voit les
incohérences éventuelles. Et est ce vous détectez les
clashs?
- Oui on appuie sur le bouton qui permet de le faire. Et
qu'est que vous faites si vous voyez un problème ? Comme on est quand
même ingénieur à la base, on a des activités de
synthèse par ailleurs si on voit un problème on va proposer des
solutions de résolution.
70
- Et la cela ne s'appelle pas de la maîtrise d'oeuvre
ce que vous dites ? Vous lui confiez une mission de BIM management et pas de
maîtrise d'oeuvre et dans ce cadre là ces honoraires ne
correspondent pas à ça. Il n'est pas assuré sur ce projet
là pour la maitrise d'oeuvre».
On est dans un cas concret où le rôle
n'est pas correctement déterminé. C'est bien le
but des contrats de la MAF et surtout le tableau à côté qui
permet de répartir les rôles. On reparle à cette occasion
des conventions de groupement de maîtrise d'oeuvre qui existe depuis
toujours sans BIM. Ce tableau permet tout simplement de dire qui fait quoi.
C'est mon avis global sur le BIM.
Cela peut être quelque chose de très
précis. Dans l'absolu si on creuse sur le BIM, c'est de dire et on le
voit sur beaucoup de projets. Quand le maitre d'ouvrage dit: «je veux
cliquer sur la maquette etje veux connaître le numéro de la porte,
l'état du parement de la porte et le degré coupe feu. Il y a une
question technique qui dit comment on fait concrètement cette porte,
comment on met cela dans la maquette et il y a la question
méthodologique de dire: cette information là, dans ce projet
là, est ce que c'est l'architecte ou l'économiste qui la
définit dans le jeu des acteurs du BIM ? Comment ils se sont
organisés sur ce projet là ? On fera en sorte que cela soit l'un
ou l'autre et on dira que si c'est l'économiste qui est en charge de
préciser ces points là. Par exemple, l'architecte exporte le
tableau de portes en Excel puis le donne à l'économiste qui le
remplit et le BIM manager le remet dans la maquette. Dès que l'on
cliquera dans la maquette on aura une info de qui a fait quoi et qui a mal fait
les choses si il y a un problème »109.
D - Exemple des Contrats MAF : opinions
Le seul assureur à avoir sorti des contrats « types
» de maîtrise d'oeuvre est la Mutuelle des Architectes
Français (MAF). Ils permettent de protéger les maitres d'oeuvre
qui veulent utiliser le BIM dans leurs projets car beaucoup trop de
maîtres d'oeuvre s'engagent dans une démarche BIM sans convention
ou sans contrat. Selon ces contrats le BIM manager n'est pas un constructeur
comme vu précédemment et n'est donc pas soumises aux articles
1792 et suivants du code civil.
109 Entretien avec O. Celnik, Architecte, Directeur du
cabinet d'architecture Z-Studio, professeur et directeur du Mastère
Spécialisé BIM de ENPC/ESTP, Janvier 2018
71
Ils ont sorti 4 outils:
· Conditions générales du contrat de BIM
Manager (si il est distinct de la casquette de maitre d'oeuvre) qui
précise la nature du contrat, la mission et la responsabilité du
professionnel.
· Conditions générales de la mission
complémentaire BIM Manager lorsqu'il est sous la casquette de maitre
d'oeuvre cadre son rôle
· Conditions générales du contrat
d'assistance à maitrise d'ouvrage BIM (AMO BIM) qui cadre la mission
d'aide aux choix des acteurs assiste le maitre de l'ouvrage dans la
rédaction d'un cahier des charges.
· Tableaux de répartitions des tâches qui
décrivent l'environnement technique et collaboratif du BIM, ainsi que
l'organisation et le rôle des acteurs de l'opération
Ils permettent de mettre une première idée de
contrats BIM. Ils essaient de clarifier le rôle que joue chaque acteur et
encadrent les relations entre la maitrise d'ouvrage et les acteurs du projet
BIM.
· Selon Monsieur TREHEN : « Ils ne posent pas le
problèmes dans le bon sens selon moi. Ils ont oubliés que le BIM
manager n'était pas un synthétiseur de données. Ils se
sont trompés sur son réel rôle. Il doit mettre en place
toutes les infrastructures de process de données pour que tous les
acteurs puissent faire la maquette numérique du projet. La maquette
numérique à une échelle donnée c'est tout
simplement n'importe quoi. Cela n'a aucun sens! »110
· Selon Maître Benoit-Renaudin : « Ils ont
le mérite d'exister. La seule chose que je peux leur reprocher, c'est
qu'ils donnent des généralités sur le BIM et ils ne sont
pas dans l'action. Ce n'est pas assez complet à mon avis. Mais c'est
toujours une base. Ils sont un bon exemple mais ils ne sont peut être pas
assez protecteurs. Entre un contrat type qui existe et l'inexistence de
contrat, il vaut mieux cela. Les architectes travaillaient avant sans contrat.
Donc il vaut mieux un contrat qui les protège 1...]. Ils permettent
d'aider les gens qui n'ont pas les moyens d'aller voir un avocat c'est à
dire les petites structures. Et
110 Entretien avec J. P. Trehen, Directeur BIM chez EGIS
bâtiment, Janvier 2018
72
c'est super car des personnes ont réfléchi
à une trame assez simple avec un cas le plus général
possible »111.
· Selon Monsieur Darremont : « Ce sont des
contrats qui ont été fait par la MAF pour avoir des
modèles de contrats pour les maîtres d'oeuvre. Si vous êtes
par exemple un architecte assuré à la MAF et que vous voulez
faire du BIM l'assureur propose ces contrats types. Cela permet de les assurer.
La FFB a fait une démarche un peu différente, on a
rédigé juridiquement l'ensemble en créant une chartre
d'engagement long terme que l'on commence à diffuser en région.
Cela permet de leur dire que si ils font du numérique regardez si vos
contrats d'assurances assurent bien les risques. C'est un guide d'aide qui
permet d'éviter qu'ils fassent des erreurs. Si les assureurs ont mal
assuré leurs assurés en fonction des risques, c'est un risque
pour l'assureur. Leurs contrats n'apportent pas toutes les protections à
leurs assurés. Je ne suis pas sûr qu'ils couvrent toutes les
situations »112.
· Selon Monsieur Celnik : « Nous les avons
composé avec une vingtaine de personnes de métiers divers:
avocats, experts, architectes, BIM manager, représentant d'agences en
grandes réunions collégiales puis écrit à trois: un
avocat, un expert construction et moi. On a un contrat AMO BIM, un contrat de
BIM manager autonome et un troisième. La MAF donne ces contrats à
ses assurés et leur disent que si ils ont des missions
spécifiques BIM on peut bien vous assurer si vous suivez la marche
à suivre. Il permettre de dire que en fonction du contexte il faut
déterminer les contrats avec les responsabilités, il faut
déterminer les rôles, le droit d'auteur, la garantie
décennale, etc. Tout cela existe. Il faut tout d'abord rappeler ces
fondements a des gens qui les ignorent et leur dire que sur un projet
il faut un contrat, si on est d'accord on signe et si on n'est pas
d'accord on discute et on ne signe pas ! [...] »113.
111 Entretien avec Maître C. Benoît Renaudin,
avocate au Barreau de Paris et dans le cabinet Martin et Associés
(Paris), Janvier 2018
112 Entretien avec D. Darremont, Chef de département
transition numérique bâtiment et BIM à la
Fédération Française du Bâtiment (FFB), janvier
2018
113 Entretien avec O. Celnik, Architecte, Directeur du
cabinet d'architecture Z-Studio, professeur et directeur du Mastère
Spécialisé BIM de ENPC/ESTP, Janvier 2018
73
Conclusion
Afin de répondre à la problématique, j'ai
ainsi fonctionné en trois temps. J'ai premièrement rappelé
les différentes généralités concernant le BIM et
notamment les niveaux de développement de la maquette numérique
qui aura des répercutions sur les droits de propriété de
celle-ci et les responsabilités des acteurs. Dans un deuxième
temps, j'ai étudié le cadre légal actuel en France en
terme de BIM et je l'ai comparé avec ce qui se fait dans les autres
pays. Le France a voulu ne pas l'imposer dans ces marchés de contrats de
travaux contrairement à d'autres, comme Singapour, les pays scandinaves
et la Grande Bretagne. C'est un choix mais pas une mauvaise idée car
cela permet aux acteurs de s'habituer avant d'imposer par la loi son
utilisation. Dans la dernière partie j'ai montré que le BIM
pouvait s'adapter aux contrats actuels mais qu'il fallait plus de
hiérarchisation et essayer de mieux clarifier les choses. «Les
contraintes juridiques du BIM ne sont aucunement un frein à son
expansion, bien au contraire, d'autant que le contrat est son allié
privilégié»114. L'utilisation du BIM fait
naître, certes, un certain nombre de problématiques juridiques et
le contrat semble être, à l'heure actuelle, le meilleur moyen pour
éviter aux acteurs de la maquette numérique de s'exposer aux
risques juridiques que j'ai pu identifier. L'arrivée du BIM engendre par
conséquent des interogations puisque c'est un nouvel outil qui vient
perturber les échanges entre les acteurs d'un projet mais elles ne sont
aucunement un frein à son développement.
114 Marie-Alexandra Vankemmelbeke et Wanda Bellaiche, «
les craintes juridiques autour du BIM sont elles justifiées ?, Batiactu,
février 2017
74
Annexes
Les entretiens
A - Monsieur Jean Paul TREHEN
Directeur Building Information Management chez Egis
Bâtiment Innovation Design & Informatique.
Vendredi 5 Janvier 2018 (10h30 - 11h15)
«- Monsieur TREHEN, merci de m'accueillir dans votre
entreprise. Je suis ingénieur en bâtiment. Je suis des cours de
droit au CNAM-ICH de Paris et je prépare en même temps dans le
cadre de mon Master 2 d'architecture à l'ENSAPVS un mémoire sur
les questions juridiques et contractuelles du BIM. Vous êtes le directeur
BIM chez Egis, en quoi consiste votre travail?
Monsieur TREHEN : Bonjour Stanislas ! Je participe à
l'élaboration de la stratégie de déploiement et d'adoption
du BIM au sein du groupe EGIS pour la discipline dans lequel j'ai le plus
d'expertise à savoir le bâtiment.
- Vous vous occupez de toute la France?
Monsieur TREHEN : Oui! Territorialement il n'y a pas
véritablement de territoire, c'est même à l'international.
C'est à dire qu'Egis est structuré de la façon suivante,
c'est un groupe qui est représenté dans le monde où la
maison mère est à Boulogne-Billancourt. Dans le cadre de la SA
(Société Anonyme), il y a un sous groupe qui s'occupe du projet
d'entreprises appelé «BIM By EGIS» qui de façon
formelle, identifie et pilote, extrait, recherche tous aspects du BIM qui peut
être déployé dans EGIS.
- J'ai vu que le groupe EGIS était extrêmement
large, est ce que vous vous occupez que du BIM dans le bâtiment?
Monsieur TREHEN : Je m'occupe que du bâtiment. Il y a
en effet d'autres disciplines qui sont couvertes par d'autres personnes. On est
à la fois des experts et des référents. On est un peu des
passages obligés c'est à dire que l'on ne connait pas tout mais
l'idée d'avoir des référents
75
Corporate, cela permet de concentrer de l'information pour
permettre de ne pas refaire deux fois la même chose. Cela recouvre
à la fois la technique, les process, les méthodes, les outils et
la formation que j'assure directement moi-même.
- Votre entreprise est-elle très développée
dans le BIM et dans quel secteur?
Monsieur TREHEN : Alors chez nous c'est principalement le
bâtiment. L'histoire du BIM chez Egis, c'est 2010 et cela a
commencé parle bâtiment. Moi je suis arrivé en 2012 donc on
peut dire que le BIM a réellement débuté en 2012. Avant
ils y avaient seulement quelques outils. Je suis en quelque sorte le pionnier
du BIM chez Egis car il y avait que moi pour mettre réellement en place
le BIM dans tous les domaines. Il s'est avéré rapidement, qu'au
delà des grands principes, dès que l'on commence à
descendre vers la pratique, on a besoin des expertises métiers. On ne
peut pas prétendre tout savoir. Encore une fois, le BIM ce n'est pas
faire le métier des autres, c'est d'articuler les métiers entres
eux. Il faut donc des expertises métiers pour faire du BIM, il n'y a pas
de secret.
- En parlant d'expertise métier, j'ai vu que vous avez
été anciennement un BIM Manager?
Monsieur TREHEN : Oui, j'ai été moi-même
BIM Manager. J'ai été architecte etj'ai fait des vrais projets
avant de commencer à les faire de façon virtuelle. J'ai
travaillé également huit ans chez AutoDESK avant d'arriver en
2012 chez Egis, où je faisais du déploiement afin de trouver des
solutions BIM chez AutoDESK. J'avais mis en place une méthodologie pour
adopter les outils BIM au sein d'AutoDESK. Je le fais maintenant chez EGIS et
à l'international en plus, au Moyen Orient sur des «petits»
projets d'un million de mètre carré plus
précisément.
- Etes vous en contact avec les responsables BIM Egis d'autres
pays ? En effet, j'ai remarqué que l'on été pas
très évolué en France. Pourquoi eux avancent et pas
nous?
Monsieur TREHEN : Je vais être clair, je ne sais pas
pourquoi on évolue pas plus vite juridiquement. En effet, je suis
arrivé en 2012 et avantj'étais à l'étranger chez
AutoDESK qui est une société américaine et qui ne s'occupe
pas que d'un seul pays. Quand je suis arrivé chez EGIS, c'est la
première chose que j'ai remarquée en effet. J'étais
vraiment étonné qu'il ne fasse pas plus de loi pour que cela
avance parce que si au bon vouloir des uns et des autres on sera prêt en
2035. Et non, c'est très français ! Je ne sais pas ce que l'Etat
attend. C'est dans la culture
76
française à mon avis. Cela ne se fait pas de
faire la version 2 de quelque chose qui a été fait en version 1
par quelqu'un d'autre. En fait, si un tel fait quelque chose, cela ne viendrait
pas à l'idée de faire la version 2 de celui qui a fait la version
1. C'est ça le fond du problème en France, c'est totalement
sidérant, alors que dans tousles autres pays du monde lorsque quelque
chose est bienfait les gens le prenne et l'enrichisse. En France, lorsque une
chose est bien faite, tout le monde va commencer à dire que ce qui a
été fait est mauvais et on va recommencer nous< même.
C'estfou mais c'est comme ça ! C'est comme le PTNB. J'adore le PTNB, il
y a que des gens compétent mais la mission initiale du PTNB est quand
même surréaliste c'est à dire que l'on va inciter les gens
à faire connaître. Il n'avait pas vocation à imprimer
quelque chose, à dire c'est comme ça qu'il faitfaire. Donc
inspirer, faire connaître, solliciter, conseiller mais au bout du compte,
on a rien. Le manifeste qu'ils viennent de créer et signer en
début d'année avec le gouvernement. C'est une charte
numérique dans le cadre de la transition numérique qui inscrit en
dur que d'ici 2022 : on ne fera rien ! C'est vraiment une catastrophe
numérique pour la France. Ce rapport s'intitule «Objectif BIM
2022». Il faut que vous le lisiez absolument! Ce qui est étonnant
c'est que tout le monde est content de cela et tout le monde se réjouit
de cela. Cela montre encore une fois que cela impose que chacun fasse ce qu'il
veut en matière de BIM.
- On n'est donc pas prêt d'évoluer?
Monsieur TREHEN : Si on va évoluer mais chacun dans
son coin. On est encore chez les Gaulois. Cela augmente le fait qu'il y a
encore rien de normalisé. Voilà le fond du problème. Au
jour d'aujourd'hui des gens se plaignent parce que tel BIM Manager fait ceci,
tel BIM manager fait cela, telle assurance veutfaire ceci, telle assurance
veutfaire cela, tel syndicat veutfaire ceci, tel syndicat veut faire cela, etc.
Il y a donc rien de cohérent, tout le monde fait ce qu'il veut. Un
maître d'ouvrage peut dire ce BIM manager il est bien mais celui
là l'est moins. Il ne peut pas puisque de toute façon chacun fait
ce qu'il veut. C'est donc du copinage, cela induit des erreurs et on perd du
temps.
- En attendez-vous donc plus de
l'évolution de la loi relative au BIM en France?
Monsieur TREHEN : Alors oui on devrait aller plus vite au
niveau législation mais surtout faire évoluer les données
contractuelles du BIM en France. Pour être clair, entre la convention
BIM, charte BIM, protocole BIM, contrat BIM, plan d'exécution BIM...on
est perdu. Il n'y aura jamais la solution puisque tout le monde aura un bon
argumentaire pour défendre son point de vue
77
donc moi la dessus j'ai pas mon avis puisqu'il aura peu
d'intérêt. Puisque de toute façon c'est un argumentaire.
C'est donc la responsabilité du gouvernement de donner l'ordonnancement
des documents officiels du BIM.
- Pourquoi cet ordonnancement aurait-il une réelle
importance?
Monsieur TREHEN : Le BIM aura une réelle importance
le jour où l'on pourra faire une recherche en responsabilité sur
le BIM. Or pour faire une recherche en responsabilité sur la maquette
numérique il faut voir comment les contrats s'enchaînent. Si une
personne me dit: «de quoi vous me parler? En effet vous me citez des
documents mais ceux-là ne font pas parti de mon contrat...».
Aujourd'hui, chacun fait ceux qu'il veut. Des BIM Manager vont arriver vers un
maître d'ouvrage de nos jours et lui dire «je vais au moins vous
mettre un protocole BIM. Ah bon parce que on m'avait parlé d'une charte.
Les uns appellent cela une charte et d'autres les protocoles. Ils vont dire que
c'est la même chose alors que c'est faux.
- C'est donc le contrat qui va résoudre en quelque sorte
les choses?
Monsieur TREHEN : C'est quand même a un pays d'imposer
les choses. Hors BIM, les choses sont légiférées. Tout le
monde respecte les CCAG, CCTP... Des décrets les obligent. On ne se pose
pas de question. Si on reste comme ça on pourra pas dire qui est
réellement responsable.
- Et que disent les avocats en ce moment?
Monsieur TREHEN : Ils disent «mais Monsieur c'estjuste
une convention? Ah mais non vous avez utilisé un guide donc cela ne peut
pas marcher !'. On ne sait pas de quoi on parle en ce moment car on ne sait pas
sur quels documents s'appuyer et on ne sait pas non plus ce qu'il y a dedans.
Ce qui donc important c'est donc l'enchainement des pièces
contractuelles du BIM qui ne sont pas définit aujourd'hui.
- La France n'impose donc rien alors que d'autres pays le fait
dans les marchés publics à partir d'un certain coût par
exemple. On ne pourrait pas obliger par exemple les constructions de plus de 10
millions d'euros à utiliser le BIM. C'est ce que je trouve
étonnant au niveau de l'Etat français. Qu'en pensez-vous?
78
Monsieur TREHEN : La notion d'imposer le BIM selon certains
critères est toujours délicat. On ne peut pas l'imposer en France
parce qu'on l'a toujours pas définit. Pour imposer quelque chose il faut
le définir. En Angleterre par exemple, ils disent il faut travailler de
telle façon mais vous devez nous fournir un format commun, vous devez
fournir la base de données dans ce format là. Et pour fournir
dans ce format là, je vous incite à travailler en BIM. En France,
c'est ni l'un ni l'autre c'est à dire que l'on ditjuste «on fait du
BIM». C'est vrai que l'on ne peut pas l'imposer parce que on ne sait pas
de quoi on parle.
- De grands rapports sont sorties (PICAN, etc.)
sont ils selon vous importants pour l'avancée du BIM en France?
Monsieur TREHEN : Oui bien sur ! Il faut quand même
reconnaitre ce qui est bon de ce qui a été fait. Pour autant, le
PTNB est passé à côté de certaines choses. Certains
rapports sont initiés par le PTNB qui est en quelques sortes la voie de
la France sur le sujet. Et on a besoin d'avoir la voie de la France. Parce que
tout le monde a son opinion. C'est un bon début, c'est un
référentiel. Il faut lire le rapport de la MIQCP venant de
l'état et soutenu par le PTNB qui prend en compte la loi MOP. C'est un
outil de référence et on attend cela dans tous les domaines. Mais
ils auraient pu le faire pour la charte, la convention... Il aurait pu le faire
comme le CCTP est légiféré ou au même titre
Bimisé un CCTP pourquoi pas. Il y a plein de sujet là
dessus.
- Et en terme de responsabilités qu'est que cela
va changer selon vous?
Monsieur TREHEN : Oui le BIM est
un exercice à lourde responsabilité si il estfait comme un acteur
de Maîtrise d'oeuvre. A partir du moment, où l'on manipule la Data
directement, c'est à dire qu'elle est manipulé pour être
mise ailleurs, on est susceptible d'être reconnu comme étant
être l'auteur de cette data. La fondation du BIM, c'est la gestion de la
data. La data circule par les uns et les autres et nous on estjuste là
pour vérifier que les autoroutes sont dégagées, que les
péages sont encore là, savoir si la signalisation est toujours
bien active... Mais on n'est surtout pas là pour prendre la voiture qui
est en panne sur le côté, prendre le volant et terminer la route.
Cela est strictement interdit. On n'est pas vérificateur. Je ne peux pas
toucher à la maquette. Mon rôle est de dire «faites
attention, parce que si vous êtes sur cette branche là, vous
risquez d'avoir un problème plus loin». Mais ce n'est pas moi qui
vais les conseiller d'aller sur telle ou telle branche. On reste dans la
gestion de la data. Et donc la dangerosité de la
79
responsabilité du BIM, c'est de mettre en place le
processus dans lequel l'intervention du BIM Manager est indispensable.
- Les responsabilités légales dans le BIM 2.0 et
3.0 vont-elles être modifiées?
Monsieur TREHEN : Oui elles vont être
profondément modifiées. En BIM 2.0, on est encore en fichiers
séparés donc la source de la responsabilité est
parfaitement identifiable. En 3.0 le problème est que la
responsabilité sera déléguée et cela peut
être très grave. C'est comme la responsabilité qui est
déployée lorsqu'on installe un logiciel. Lorsqu'on l'installe, on
a toujours un texte qui nous demande si on a compris. Je ne suis pas
propriétaire du logiciel mais j'ai simplement le droit d'usage. La data
que vous allez rentrer dans le logiciel, j'en suis le seul responsable et que
la solidité de l'information mise dans le logiciel n'est pas de la
responsabilité de l'éditeur. Donc si je ne suis pas capable de la
relire, ce n'est pas de sa faute.
- Mais il peut y avoir d'autres problèmes autres que la
saisie pour l'éditeur non?
Monsieur TREHEN : Non en cliquant sur la charte
d'utilisation, l'éditeur se dédouane de toutes
responsabilités même en cas de bug du logiciel qui entraine des
retards sur le projet. C'est donc le problème du 3.0. Il va falloir
trouver un moyen de savoir comment on peut prouver ce problème à
cause des problèmes informatiques car la partie noyau d'information il
sera nul part, sur un cloud. On aura je pense des assurances spéciales.
Le 3.0 n'existe toujours pas de toute façon. On peut faire croire que le
3.0 existe lorsque tout le monde travaille sur un même logiciel comme
REVIT. Mais ce n'est qu'une impression. Il existe seulement un environnement
dans lequel on touche au 3.0, c'est PDMS qui est une solution de travail. Il
touche au 3.0 car c'est une seule et unique base de donnée disponible
par tous les acteurs plus les process qui vont avec. C'est à dire qu'il
faut que l'information soit validée pour que une autre personne puisse
toucher par la suite à la maquette numérique. On est dans un
process de validation. Toute la chaine d'information doit être
réalisée. C'est comme ça que l'on construit les centrales
nucléaires, tous les bâtiments qui ne demandent aucune
erreur.
- Pourquoi le BIM fonctionne pour confectionner des avions de
chasse et pas pour un bâtiment alors que c'est plus simple?
Monsieur TREHEN : pour la simple et bonne raison est que
l'avion de chasse va être décliné en plusieurs exemplaires.
Le jour où Airbus va dire je vais sortir l'A380, il y aura pensé
15 ans à l'avance. Si vous dites à un maitre d'ouvrage, je vais
mettre quinze ans à construire votre bâtiment, il va vous rigoler
au nez. Et la masse n'est pas le même non plus.
- Avez vous vu les contrats MAF ? Quel est votre avis?
Monsieur TREHEN : Ils ne posent pas le problèmes dans
le bon sens. Ils ont oubliés que le BIM manager n'était pas un
synthétiseur de données. Ils se sont trompés sur son
réel rôle. Il doit mettre en place toutes les infrastructures de
process de données pour que tous les acteurs puissentfaire la maquette
numérique du projet. La maquette numérique à une
échelle donnée c'est tout simplement n'importe quoi. Cela n'a
aucun sens !»
80
- Monsieur Trehen, je vous remercie d'avoir répondu
à mes questions.
81
B - Maître Cécile
Benoît-Renaudin
Avocate au Barreau de Paris et au sein du cabinet Martin &
Associés Vendredi 5 Janvier 2018 (15h30 - 16h15)
«Maître Benoit-Renaudin, merci de m'accueillir dans
votre cabinet. Je suis ingénieur en bâtiment. Je suis des cours de
droit au CNAM-ICH de Paris et je prépare en même temps dans le
cadre de mon Master 2 d'architecture à l'ENSAPVS un mémoire sur
les questions juridiques et contractuelles du BIM. Voici le questionnaire que
j'ai préparé.
- Maître Benoit-Renaudin: Tout d'abord, il faut savoir
que le BIM ne va pas profondément modifier les contrats et
l'aspectjuridique du domaine de la construction. Je vais m'expliquer. Il faut
tout d'abord être d'accord que les missions de chaque acteur ne se
retrouvent pas particulièrement modifiées. En tous cas dans ses
limites car chacun garde ses compétences propres. Concernant la
protection des données personnelles, le BIM ne pose pas tant de souci
que cela. En effet, si j'interviens sur un espace protégé et que
vous pouvez intervenir sur tout et n'importe quoi et que les modifications
cause des problèmes, là cela peut être dangereux. Si dans
le cloud vous intervenez sur une maquette numérique et que l'ordinateur
vous indique que vous sortez de votre zone de modifications possibles sur la
maquette, l'ordinateur devra vous indiquer que vous avez violé votre
domaine d'intervention. Le logiciel vous indiquant cette violation, tous les
acteurs en seront au courant et le problème devra être
résolu. Tout est donc un problème de logiciel et de cloud qui
soit bien développé et sûre en terme de
d'utilisation.
Vous dites que le BIM ne va pas profondément modifier les
contrats de constructions mais je m'interpelle sur le fait que beaucoup
d'articles sont sortis et qui interrogent les risques que va entraîner
cette nouvelle façon de procéder. Tous ces changements, ne vont
fondamentalement rien changer?
- Maître Benoit-Renaudin : Par exemple, je sais pas si
vous avez vu les articles sorties par le cabinet BenSoussan sur la
propriété du droit intellectuel ? Ils disent que cela ne va pas
changer grande chose. En fait, c'est nouveau ! Quand c'est nouveau, on se dit
est ce que cela ne va pas tout révolutionner ? A ce moment là, il
y a un certain nombre de questionnements en effet et d'autres que l'on
n'anticipe pas encore. Et en fait, c'est un peu le soufflet maintenant. Qu'est
que Le BIM ? Au début, il faut savoir ce que c'est. Après avoir
compris comment cela fonctionne, il
82
faut se demander si ce mode de fonctionnement entre en
perturbation avec les règles de droit. Et au final on se rend compte que
non. C'est donc un peu décevant.
C'est donc un peu contradictoire...
- Maître Benoit-Renaudin : Non on pose seulement des
questions après c'est pas pour ça que tout va être
modifié. Donc on fait un peu monté la sauce en disant que dans
les marchés publics cela va perturber les choses... Je pense qu'il ne va
plus y avoir de précautions à prendre.
Le BIM est donc, selon vous, plus de peurs que de mal?
- Maître Benoit-Renaudin : Oui je pense. Je pense que
ce sont des interrogations légitimes parce que c'est un problème
nouveau. Maintenant, si on essaie de trouver des solutions on se rend compte
qu'il y a pas grand chose à modifier. Je pense qu'on est encore un peu
dans l'effet de nouveauté. De plus, concernant les
responsabilités légales, il faut savoir qu'elles ne peuvent pas
être modifiées car elles sont d'ordres publiques.
Mais elles vont bien être modifiées dans quelques
années?
- Maître Benoit-Renaudin : Alors oui, elles vont
être modifiées mais plus tard. Cela va dépendre de la
sinistralité. Le but du BIM c'est d'améliorer la construction.
Moi quand j'expliquais le BIM à mes collègues qui font que des
désordres et des conflits liés à des post-construction,je
leur avais dit, vous allez voir il y aura plus de désordres. Ils m'ont
regardaient bizarrement en me répondant que ce sont quand même des
hommes et il y aura donc toujours des problèmes et des personnes qui
vont faire n'importe quoi. Le but est donc d'améliorer la chose. Le but
du BIM c'est d'améliorer la qualité. Donc si vous
améliorez la qualité vous diminuez le risque de contentieux. Les
assurances vont être contentes enfin de compte. C'est pour cela qu'ils
sont en train de voir au niveau du BIM Manager.
Oui c'est une question importante. Quel est son rôle
juridique selon vous?
- Maître Benoit-Renaudin : La question face à
cette nouvelle profession de BIM Manager est de savoir si il est constructeur
ou pas (juridiquement parlant). Tout d'abord vous n'avez pas de «contrat
BIM'. Vous avez des marchés de contrats de travaux et des contrats
d'architectes. Le
83
BIM y est intégré. Il n'est qu'un nouvel outil
de travail. Donc il ne peut pas y avoir de contrat BIM a proprement
parlé. Quand vous faites construire quelque chose, vous recourez au
service d'un architecte. Vous faites un contrat d'architecte ou de maitrise
d'oeuvre, ensuite vous concluez un contrat avec un promoteur par exemple mais
il n'y a pas de contrat BIM a proprement parlé. Le BIM est juste
intégré aux contrats existants. Ce sont donc des
éléments qui sont intégrés. C'est pour cela que la
nouveauté existe par petites touches.
Pour revenir au BIM Manager. Le BIM Manager n'a pas à
intervenir pour modifier la maquette numérique. Il estjuste là
pour orchestrer. Il n'est donc pas constructeur juridiquement parlant. Son
travail c'est du management, il doit juste orchestrer ! Le BIM est un outil il
est donc là pour vérifier que l'outil est bien utilisé. Il
n'a pas à intervenir sur le contenu lui-même. Si il la modifie il
est en immixtion fautive et il sortira de son domaine d'intervention. Il a un
vrai rôle de coordination. Mais avec ça rien n'estfigé. Si
votre BIM Manager est dans l'équipe de maitrise d'oeuvre, il voudra peut
être mettre son petit grain de sel. Mais à mon avis il ne faudra
pas qu'il le fasse parce que chacun doit garder son rôle.
Mais on ne va pas sortir l'architecte de sa
mission?
- Maître Benoit-Renaudin : Si mais l'architecte ne
peut avoir plusieurs casquettes dans sa mission. Si sa casquette c'est
d'être BIM Manager et qu'il dit qu'il fautfaire cela de cette
manière c'est bon. Si il donne son grain de sel, il sera sur sa
casquette d'architecte. Donc selon les missions, il faudra bien connaître
quelle obligation est en cause. Ce n'est donc pas forcément que du
conseil puisqu'il doit absolument respecter la convention BIM. Conseiller
quelqu'un, vous le laisser libre de faire quelque chose. Le BIM Manager est
là pour faire respecter la charte, la convention...
Mais si l'état n'impose pas cette
hiérarchisation des documents BIM, qui va le faire?
- Maître Benoit-Renaudin : L'état n'est pas une
bonne menace. Par exemple, les contrats privés ne recourent pas à
l'état donc cela n'a pas réellement d'importance. Ce n'est pas
important les sanctions de l'état. En revanche, si vous dites qu'il y a
un retard sur mon chantier et que la personne responsable va payer 200 euros
par jour de retard, là l'entreprise va réfléchir. C'est
pour cela que l'on dit qu'il n'y a pas de contrat BIM c'est à dire que
dans votre marché de travaux, l'entreprise qui devait rentrer les
spécifications selon la convention BIM et qu'il ne le
84
fait pas, il faut qu'il y est quelque chose dans son
marché de travaux qui indique cette convention et la façon de
procéder.
J'en conclus donc que chacun fait ce qu'il veut avec tous ces
documents existants : protocole, charte, convention BIM...?
- Maître Benoit-Renaudin : C'estjuste au maître
de l'ouvrage de l'imposer. Aujourd'hui le BIM n'est pas imposé,
c'estjuste une faculté. Il ne fait pas ce qu'il veut mais il faut quand
même respecter les règles de la commande publique. Aujourd'hui
c'est la loi MOP qui s'impose.
Pourquoi la France n'impose rien contrairement aux autres
pays?
- Maître Benoit-Renaudin : Parce qu'en France il y a
tout simplement des lobbies. En France, on ne peut pas faire ce que l'on veut,
parce que cela n'arrange pas tout le monde. Vous auriez été en
études d'avocats vous aurez eu des questions sur: est ce que c'est la
pratique qui précède le droit ou l'inverse ? En l'occurrence, le
législateur, dans le BIM se ditfaites comme vous voulez et on verra dans
quelques années. Ce n'est pas sa priorité. On soutient
l'initiative privée et après on verra si l'on impose quelque
chose au niveau public. Par exemple, la loi MOP a mis des années
à être créé. Je crois que cela a duré une
vingtaine d'année avant que la loi MOP définitive sorte en 1985.
Pour faire une loi il faut coordonner tout le monde et cela prend beaucoup de
temps de mettre d'accord tout le monde autour d'un texte. Surtout dans des
milieux aussi sensible que le bâtiment qui est moteur dans
l'économie. Faire une loi, c'est très compliqué.
Et si on revenait au contrat?
- Maître Benoit-Renaudin : chaque contrat sera
adapté au BIM. On va y insérer du BIM tout simplement. Par
exemple, en terme de propriété intellectuel, le cabinet
Bensoussan, a sorti des notes qui disent bien que les droits de la
propriété intellectuelle ne vont rien changer. Pensez vous que
l'on se pose la question: «qui est le propriétaire des droits
d'auteur ?'. Non, en réalité cette question ne se pose jamais. Il
y a toujours une clause de propriété intellectuelle dans les
contrats. On le gère déjà cela. Dans le BIM, on a
qu'à dire que tout profite au maître d'ouvrage: la maquette
numérique et le bâtiment construit.
85
Et les contrats MAF qu'en pensez-vous?
- Maître Benoit-Renaudin : Ils ont le mérite
d'exister. La seule chose que je peux leur reprocher, c'est qu'ils donnent des
généralités sur le BIM et ils ne sont pas dans l'action.
Ce n'est pas assez complet à mon avis. Mais c'est toujours une
base.
Connaissez vous d'autres contrats comme cela?
- Maître Benoit-Renaudin : Moi j'ai déjà
fait des conventions BIM Manager. Mais c'est moi qui les ai créé.
L'avocat est là pour construire le contrat en fonction du client. En
droit, il n'y a pas un modèle de contrat pour une activité. C'est
le but de mon métier de m'adapter aux projets, aux demandes des clients.
Donc les contrats MAF sont un exemple parmi d'autres sinon on prendrait des
ordinateurs. Il y a que les petits architectes qui prennent le contrat de la
MAF mais dès qu'on a un projet qui dépasse 10 000 euros on prend
des avocats qui savent s'adapter. Il y a bien sûr une base commune. Si le
contraty est mal adapté par les avocats, nous engageons notre
responsabilité. Des personnes ont pour métier de fabriquer des
modèles de contrats (de location par exemple). Mais c'est pas parce
qu'il y a un modèle que l'on y adhère forcément. Moi, je
suis là pour protéger mon client et qu'il est le moins de
contentieux possible. Je suis donc là pour trouver des solutions et pour
faire un document qui fonctionne. Les clauses dans les contrats sont là
pour adapter les contrats aux projets. Le contrat est un acte de
prévision. On est donc là pour anticiper les problèmes et
trouver des solutions. C'est normal que vous vous posiez toutes ces questions
mais c'est légitime. Dans le BIM, il y a beaucoup à créer
car il y a rien. Il n'y a donc pas de solution unique. Il y a beaucoup d'effet
de nouveauté mais cela se gère assez facilement.
Pour conclure vos propos, on peut faire facilement du
BIM si le maître d'ouvrage le souhaite?
- Maître Benoit-Renaudin : Oui, bien
évidemment! On n'attend pas que le législateur se prononce sinon
on n'y arrivera pas. Même maintenant, il y a déjà pas mal
de projetfait en BIM. Pourquoi le gouvernement s'intéresse à un
modèle de contrat ? Pour aider les gens qui n'ont pas les moyens d'aller
voir un avocat c'est à dire les petites structures. Et c'est super car
des personnes ont réfléchi à une trame assez simple avec
un cas le plus général possible. Et donc le Plan de Transition
Numérique (PTNB) voulait proposer des conventions types non pas
pour
quelles s'imposent mais pour que les gens qui n'ont pas les
moyens d'aller voir un avocat, des conseils juridiques puissent avoir un outil
de base et de référence. Parce que c'est un des secteurs qui
possède le plus de petites et moyennes entreprises. Mais cela reste un
«modèle».
Ces contrats sont donc un bon exemple?
- Maître Benoit-Renaudin : Oui bien sur! Mais ils sont
peut être pas assez protecteurs. Entre un contrat type qui existe et
l'inexistence de contrat, il vaut mieux cela. Les architectes travaillaient
avant sans contrat. Donc il vaut mieux un contrat qui les
protège.
86
Maître Benoit-Renaudin, je vous remercie d'avoir
répondu à mes questions.
87
C #Monsieur Didier DARREMONT
Chef de département Transition Numérique
Bâtiment et BIM - Direction des Affaires Techniques de la
Fédération Française du bâtiment (FFB)
Lundi 15 Janvier 2018 (13h30 - 14h15)
«Monsieur Darremont, merci de m'accorder du temps pour
répondre à mes questions. Je suis ingénieur en
bâtiment. Je suis des cours de droit au CNAM-ICH de Paris et je
prépare en même temps dans le cadre de mon Master 2 d'architecture
à l'ENSAPVS un mémoire sur les questions juridiques et
contractuelles du BIM. Tous d'abord je voulais savoir quel rôle avait la
FFB dans l'avancée du BIM?
- Monsieur Darremont : Bonjour Stanislas! Tout d'abord pour
rappeler ce que fait la FFB dans la partie numérique. Je suis chef de
département Transition Numérique Bâtiment et BIM. Ce poste
a été créé il y a deux ans afin de
réfléchir plus précisément sur les nouvelles
technologies. Elle a donc créé un service dédié
complet à cette approche même si elle y
réfléchissait déjà lorsqu'elle faisait partie de
l'association MédiaConstruct. La FFB est partie il y a deux ans pour
participer à la partie PTNB essentiellement.
Vous avez donc participez à tous ces rapports?
- Monsieur Darremont : Exactement! Nous participons à
toutes les actions sur le numérique. On a également
créé une nouvelle association: «ADN Construction»
l'été dernier qui englobe toutes les opérations qui sont
présentes au PTNB. Le siège étant à la FFB.
Vous avez donc un certain poids pour inciter le BIM?
- Monsieur Darremont : Oui car on travaille avec toutes les
entreprises de bâtiments. Cela permet de les réunir et
éviter que chacun soit de sont côté. On peut savoir ce que
font les uns et les autres et on met tout en commun. On traite de tous les
sujets y compris la partie juridique du bâtiment. Et c'est un sujet qui
est loin d'être simple.
Pourquoi la France n'avance pas aussi vite que les autres pays
européens selon vous ? En Grande Bretagne, par exemple, ils imposent le
BIM sur de gros projets.
88
- Monsieur Darremont : Justement, on est en train de faire un
benchmark (de l'anglais référence) sur tous les pays
européens qui est en train de corriger tous ces discours qui
diffèrent. C'est donc un recensement de ce qui se fait en ce moment et
les différentes visions du numérique en fonction des
différents états. On va le sortir d'ici quatre mois. C'est une
vraie étude en dehors de tous les lobbies commerciaux des uns et des
autres. Pour savoir réellement comment les actions existantes ont
été faites et comment elles s'y sont mises. On dit par exemple
que l'Angleterre est plus en avance mais pas tant que ça. Ce qui a
été réellement touché par le BIM en Angleterre ce
n'est même pas 5% de leur marché, lorsqu'on parle d'obligation
bien sûr. Un document officiel est sorti: «charte engagement
volontaire de la filière du bâtiment pour la construction
numérique: objectif 2022». La France a pris une démarche de
long terme. Elle ne voulait pas d'engagement volontaire. Toute la
filière du bâtiment est concernée avec des acteurs
privés, grands groupes et la FFB qui s'y engagent. En France, on ira
vers l'avant par le volontariat. Au niveau de l'état, c'est donc un
engagement au long terme jusqu'à 2022 puisqu'il la signé.
Les lois ne vont pas être changé par
conséquent?
- Monsieur Darremont : Ah non ! Il n'y aura aucune
modification de la loi ni de la loi MOP en particulier. En tous cas ce n'est
pas du tout prévu. On fait bien du BIM sans modifier la loi donc la loi
n'a pas à être modifié pour faire du BIM.
Avez-vous entendu parlé de contrats types comme ceux de
l'assureur MAF ?
- Monsieur Darremont : Ce sont des contrats qui ont
été fait par la MAF pour avoir des modèles de contrats
pour les maîtres d'oeuvre. Si vous êtes par exemple un architecte
assuré à la MAF et que vous voulez faire du BIM l'assureur
propose ces contrats types. Cela permet de les assurer. La FFB a fait une
démarche un peu différente, on a rédigé
juridiquement l'ensemble en créant une chartre d'engagement long terme
que l'on commence à diffuser en région. Cela permet de leur dire
que si ils font du numérique regardez si vos contrats d'assurances
assurent bien les risques. C'est un guide d'aide qui permet d'éviter
qu'ils fassent des erreurs. Si les assureurs ont mal assuré leurs
assurés en fonction des risques, c'est un risque pour l'assureur. Leurs
contrats n'apportent pas toute les protection à leurs assurés. Je
ne suis pas sûr qu'ils couvrent toutes les situations.
89
Y a t-il d'autres assureurs qui ont sorti des contrats comme
cela?
- Monsieur Darremont : Pour l'instant ce sont les seuls mais
cela ne veut pas dire que les autres n'y pensent pas. Et comme tous les
maîtres d'oeuvre ne peuvent pas payer un avocat, nous on propose une
charte d'engagement.
Et concernant le BIM Manager?
- Monsieur Darremont : Ce métier n'existe pas
à proprement parler. Ce métier en tant que tel ne peut exister.
Le BIM est seulement un nouvel outil, il n'engendre pas de nouveau
métier. Ce sont des compétences à obtenir dans un
métier ce qui est bien différent. Il fautjuste aller un peu plus
loin. C'est une question de management. Tout le monde est à peu
près au même point. Les plus grosses entreprises sont plus rapides
par rapport aux plus petites. Mais cela ne veut pas dire que les plus petites
iront dans le sens des plus grosses. C'est l'évolution du marché
qui nous le dira. Il y a aussi l'impulsion des maitres d'ouvrage qui va
être importante. La plupart des maitres d'ouvrage ont signé notre
charte pour l'horizon 2022. Si cela marche nous seront en avance sur les
anglais par exemple et pourtant on n'aura pas fait de loi.
Et concernant les pays scandinaves, où en sont-ils?
- Monsieur Darremont : Alors c'est différents, le
Danemark par exemple a légiféré en 2005 pour inciter les
pouvoirs publics à y aller. Ils obligent à utiliser le BIM dans
les contrats publics mais seulement si cela coûte moins cher que sans
l'utiliser.
Mais le BIM apporte forcément des gains de coûts
sur le long terme... Non?
- Monsieur Darremont : Alors il faut le démontrer
tout ça. Mais le processus BIM je ne suis pas sûr qu'il apporte
des gains par rapport au numérique classique avec des
échanges
traditionnels. Cela marche aussi bien mais le
problème c'est qu'on collabore très mal. La collaboration il y a
en pas ou peu en ce moment. Le BIM forcerait à collaborer. Le BIM
améliore cette collaboration.
Quand vous parlez de Benchmark, cela permet de rassembler tous
les documents contractuels?
- Monsieur Darremont : Non c'est ce que font les
différents états pour aller vers le BIM. Il n'y a pas de loi qui
impose le BIM. Il y a eu la directive européenne et ils l'ont
adopté dans leurs états. L'Angleterre ontfait un plan avec des
propositions de normes. L'état central impose le BIM, par voie de
contrat à l'intérieur de leur projet. Mais cela n'est pas aussi
simple.
Comment on peut se repérer avec tous les documents qui
existent déjà : convention, charte
BIM...?
- Monsieur Darremont : Le défaut du langage BIM est
de confondre un peu tout. Pour clarifier un peu les choses et vous donnez une
idée par exemple la charte BIM. Un document a été
créé au sein du PTNB qui est le document appelé: BIM et
maquette numérique : guide de recommandations à la maitrise
d'ouvrage. A la fin de ce rapport il y a un lexique. La charte BIM c'est ce que
veut le maitre d'ouvrage, la convention BIM c'est comment les gens travaillent
ensemble. La charte c'est ce que veut le maitre d'ouvrage, c'est son cahier des
charges et la convention c'est la réponse. Une charte
c'estforcément dans l'appel d'offre par rapport à sa maitrise
d'oeuvre. Il faut avoir la charte dans les dossiers d'appels d'offres. La
convention sera en réponse aux appels d'offres. Mais on ne peut pas
m'imposer une marque ou un éditeur en particulier, ce que l'on peut voir
dans certains appels d'offres. Mais c'est strictement interdit. On applique
tout simplement l'article 42 du nouveau code des marchés publics. Il
faut rester dans l'ouverture à la concurrence. Ils le font parce qu'ils
ont pas connaissance de la loi. Après il y a le marché
privé mais ils font ce qu'ils veulent.
90
Monsieur Darremont, je vous remercie d'avoir répondu
à mes questions.
91
D - Monsieur Olivier CELNIK
Architecte, Directeur du cabinet d'architecte Z-Studio,
professeur et directeur du Mastère Spécialisé BIM à
l'école des Ponts ParisTech et ESTP
Mercredi 24 Janvier 2018 (12h - 13h15)
«Bonjour Monsieur Celnik, merci de m'accueillir dans votre
cabinet d'architecture. Je suis ingénieur en bâtiment. Je suis des
cours de droit au CNAM-ICH de Paris et je prépare en même temps
dans le cadre de mon Master 2 d'architecture à l'ENSAPVS un
mémoire sur les questions juridiques et contractuelles du BIM.
Pouvez-vous vous présenter s'il vous plait?
- Monsieur Celnik : Bonjour Stanislas, je suis directeur du
Mastère Spécialisé BIM depuis sa création à
l'école des ponts et ESTP. J'ai également co-écrit le
livre «BIM et Maquette numérique» en 2014 et avec mes
collaborateurs dans mon cabinet, nous sommes architectes-maître d'oeuvre.
Nous réfléchissons beaucoup sur les outils numériques dans
le monde de l'architecture et de la construction et depuis 3 ans nous avons une
forte activité liée au BIM en assistance à maitrise
d'ouvrage, en formation et en BIM Management sur différents projets.
Dans mon livre, nous avons fait intervenir plusieurs personnes qui ont pris la
parole aux acteurs qui nous entourent qui étaient compétents sur
la question du BIM. Sur la première version nous avions 140
contributions et nous sommes à 200 sur la dernière version mais
comme les choses évoluant vite surtout sur ces questions juridiques et
contractuelles nous faisons évoluer le livre. Pour plusieurs personnes
et moi, l'an 0 du BIM en France est 2014 car à partir de cette date
beaucoup de choses ce sont mises en place et se sont cristallisées. En
2014, beaucoup d'avocats ont commencé à s'y intéresser
mais en se posantjuste des interrogations et commencer à avoir des
réponses. Il y a eu également le rapport PICAN.
J'ai rencontré il y a quelques jours une avocate qui m'a
dit qu'il n'y avait pas tant de souci que ça concernant les contrats
liés au BIM et que ce serait seulement une modification des contrats et
marchés de travaux actuels en incorporant ce nouvel outil. Qu'en
pensez-vous?
- Monsieur Celnik : Il faut tout d'abord se méfier
des gens trop affirmatifs. Ce domaine là va rester aussi diverse que le
monde de la construction. Donc dire il y a ou il n'y a pas, il faut ou il ne
faut pas mais il n'y a pas de réponses exactes. Il faut essayer de
dégager des jurisprudences et d'éviter d'être
péremptoire sauf sur des grands principes au risque d'être
contredit après.
92
Monsieur Celnik, attendez-vous plus de la loi?
- Monsieur Celnik : Au niveau de la loi, il y aura sans
doute rien. Je le dis depuis longtemps, sur les questions juridiques et
contractuelles, on peut soit assister à des journées deformations
au Mastère BIM ou au CSTB, soit lire le livre «Le BIM sous l'angle
du droit» écrit par deux avocates ou vous expliquer en trois
minutes en vous disant, il y a rien de neuf c'est tout comme avant. En disant
qu'en fonction du contexte il faut déterminer les contrats avec les
responsabilités, il faut déterminer les rôles, le droit
d'auteur, la garantie décennale, etc. Tout cela existe. Il faut tout
d'abord rappeler ces fondements a des gens qui les ignorent et leur dire que
sur un projet il faut un contrat, si on est d'accord on signe et si on n'est
pas d'accord on discute et on ne signe pas... Typiquement ce que l'on voit avec
la MAF est que selon les contextes c'est soit des contextes, soit des contrats
soit des clauses en plus. La semaine dernière nous étions
plusieurs AMOA à immobilière 3F pour les aider à mettre en
place un nouveau cahier des charges, du moins une synthèse des
différents cahiers des charges qu'on a pu faire avec eux sur plusieurs
projets depuis 3 ans. Le maitre d'ouvrage donnait son point de vue: «je
demande une convention BIM bien entendu et on dit ce qu'il y a dedans et en
disant que la convention BIM n'est pas contractuelle». Je l'ai bien
entendu réfuté, en me basant sur ce que j'ai entendu à la
MAF notamment. Si tu dis que ce n'est pas contractuel, cela veut dire que cela
sert à rien car cela ne sera pas opposable. C'est la règle du jeu
de bâtir cette convention BIM mais c'est aussi la réponse de la
maîtrise d'oeuvre au regard de la demande de la maîtrise d'ouvrage
si on dit que c'est pas contractuel il n'est pas garanti de la bonne
réalisation de son projet et il se tire une balle dans le pied. Dans le
contrat de maîtrise d'oeuvre et ensuite dans le contrat avec les
entreprises, on dit que le maitre d'ouvrage demande du BIM et que celles-ci
sont décrites dans son cahier des charges et que l'équipe de
conception ou conception-réalisation devra produite une convention qui
l'engage en décrivant ses réponses. Il faut que le maitre de
l'ouvrage s'engage à respecter cette convention et dans les contrats de
marchés de travaux idem.
Quel est l'intérêt de ces contrats MAF ?
- Monsieur Celnik : Alors nous les avons composé avec
une vingtaine de personnes de métiers divers: avocats, experts,
architectes, BIM manager, représentant d'agences en grandes
réunions collégiales puis écrit à trois: un avocat,
un expert construction et moi. On a un contrat AMO BIM, un contrat de BIM
manager autonome et un troisième. La MAF donne ces contrats
à
93
ses assurés et leur disent que si ils ont des missions
spécifiques BIM on peut bien vous assurer si vous suivez la marche
à suivre.
Dans ces contrats MAF, vous parlez beaucoup de BIM manager mais
vous les catégorisez. Pourquoi?
- Monsieur Celnik : La chose nouvelle qu'apporte ces
contrats MAF c'est de dire que le BIM manager ou les acteurs qui font du BIM
management sont des acteurs de la construction, idéalement c'est bien
plus un rôle pris par les acteurs existants qu'un métier
occupé par un nouvel acteur. Idéalement c'est un membre de
l'équipe que quelqu'un rapporté de l'extérieur et ce n'est
pas un maitre d'oeuvre, ce n'est pas un constructeur au sens de l'article 1792.
Ça c'est nouveau. Avant les gens ne se prononçaient pas. Moi
j'avais presque tendance avec ma casquette d'architecte et d'élu
à l'ordre des architectes à au contraire revendiquer qu'il
était un constructeur pour éviter que des gens qui ne soit pas du
monde de la construction ne se mette là dedans alors qu'ils
n'étaient pas compétent en construction et que c'était
peut être que des consultants.
Vous avez déjà eu des cas où ce BIM manager
était nommé constructeur au sens de la loi?
- Monsieur Celnik : J'ai pas eu de cas où la question
s'est posé mais j'ai des cas où l'ambiguïté
était évidente. La seule vraie réponse sera
apportée par les tribunaux lorsqu'il y aura eu des problèmes.
C'est lorsqu'il y aura une jurisprudence, on verra comment un juge ou plusieurs
juges auront tranché. Peut être qu'un juge dans 10 ans dira que
contrairement à ce que dit l'agence X et son assurance, nous estimons
que le BIM manager est constructeur ou pas. Souvent les architectes qui font du
BIM sur des projets pensent que comme ils ont un BIM Manager dans la conception
ils pensent qu'ils sont assurés à hauteur des heures
passées en tant que BIM manager (1 à 2% du contrat de
maîtrise d'oeuvre environ) comme un architecte et donc constructeur. La
crainte de la MAF est qu'un projet arrive devant un juge avec des
problèmes de retards alors qu'on a fait du BIM et peut être
à cause des gens qui font du BIM et qui l'ont mal fait. Ils me collent
sur la tête 5 à 10% de résolution du litige alors que j'ai
cotisé qu'à hauteur d'1%. D'où le souci de la MAF qui
résonne pour ces adhérents et pour elle-même d'essayer de
s'évacuer. Un de mes amis BIM manager trouve que les contrats MAF
sontfades d'une certaine façon en disant que si on suit plus les
contrats de la MAF, on fait rien, on a pas de responsabilité.
94
- Vous avez donc un avis sur ces questions?
- Monsieur Celnik : Je suis un peu entre les deux. J'ai
quand même tendance à dire à mes étudiants HMO en
école d'architecte, les responsabilités il faut les assumer et
les valoriser. Là où il y a des ambiguïtés, soit le
management est directement assuré par exemple par une agence
d'architecte et il a les deux rôles, à la fois architecte du
projet et BIM Manager. Depuis le début la MAF disait aux architectes, on
a toujours couvert nos adhérents dans l'exercice de leur métier
et aujourd'hui il passe par le BIM, vous êtes donc couverts d'office sans
cotisation supplémentaire. C'est surtout d'amener à
préciser qu'est que l'on fait réellement, qu'est qu'on demande et
dire clairement qui fait quoi, quand et comment et puis après est ce
qu'on a respecté ou pas le contrat. Il y a des cas
d'ambiguïtés que j'ai vu à plusieurs reprises, notamment
lorsque le maitre d'ouvrage ne confie pas la mission de BIM management à
un membre de l'équipe initiale même si c'est un cotraitant mais de
quelqu'un de complétement extérieur. J'ai en tête un projet
privé où on a une équipe de maîtrise d'oeuvre, on a
un AMO BIM qui nous aide à préparer notre cahier des charges et
on va mandater un BIM Manager extérieur. Il y a quelques boîtes
spécialisées qui font souvent à la fois de la
maîtrise d'oeuvre d'exécution, de la synthèse et qui font
du BIM. Dans cette mission, cette boite là avait une mission uniquement
de BIM manager dont on cherche à définir le contour. Lorsqu'on a
commencé à creuser un peu et on leur pose des questions, ils nous
disent «on est BIM manager, on fait la convention, on s'assure que les
architectes et les bureaux d'études travaillent bien entres eux, on
s'assure que tout va bien mais bien sûr ce sont eux qui font tout».
Là où il y a de l'ambiguïté c'est sur la
synthèse car souvent on pense qu'avec le BIM il n'y a pas de
synthèse. En tant que BIM manager c'est de créer les missions de
la synthèse, de faire en sorte que parce que les maquettes existent,
qu'elles répondent bien au cahier des charges, qu'elles sont bien
positionnées les unes par rapport aux autres...
- Mais est ce que le BIM manager peut modifier cette maquette
numérique?
- Monsieur Celnik : Justement! C'est évident qu'il ne
faut pas qu'il puisse. Mais dans ce projet, j'ai fait exprès de poser la
question.
- «Donc on est d'accord, vous assemblez les maquettes
de façon à ce que la maîtrise d'oeuvre voit les
incohérences éventuelles. Et est ce vous détectez les
clashs?
- Oui on appuie sur le bouton qui permet de le faire. Et
qu'est que vous faites si vous voyez un problème ? Comme on est quand
même ingénieur à la base, on a des activités
95
de synthèse par ailleurs si on voit un problème
on va proposer des solutions de résolution.
- Et la cela ne s'appelle pas de la maîtrise d'oeuvre
ce que vous dites ? Vous lui confiez une mission de BIM management et pas de
maîtrise d'oeuvre et dans ce cadre là ces honoraires ne
correspondent pas à ça. Il n'est pas assuré sur ce projet
là pour la maitrise d'oeuvre».
On est dans un cas concret où le rôle n'est pas
correctement déterminé. C'est bien le but des contrats de la MAF
et surtout le tableau à côté qui permet de répartir
les rôles. On reparle à cette occasion des conventions de
groupement de maîtrise d'oeuvre qui existe depuis toujours sans BIM. Ce
tableau permet tout simplement de dire qui fait quoi. C'est mon avis global sur
le BIM.
Cela peut être quelque chose de très
précis. Dans l'absolu si on creuse sur le BIM, c'est de dire et on le
voit sur beaucoup de projets. Quand le maitre d'ouvrage dit: «je veux
cliquer sur la maquette etje veux connaître le numéro de la porte,
l'état du parement de la porte et le degré coupe feu. Il y a une
question technique qui dit comment on fait concrètement cette porte,
comment on met cela dans la maquette et il y a la question
méthodologique de dire: cette information là, dans ce projet
là, est ce que c'est l'architecte ou l'économiste qui la
définit dans le jeu des acteurs du BIM ? Comment ils se sont
organisés sur ce projet là ? On fera en sorte que cela soit l'un
ou l'autre et on dira que si c'est l'économiste qui est en charge de
préciser ces points là. Par exemple, l'architecte exporte le
tableau de portes en Excel puis le donne à l'économiste qui le
remplit et le BIM manager le remet dans la maquette. Dès que l'on
cliquera dans la maquette on aura une info de qui a fait quoi et qui a mal fait
les choses si il y a un problème.
- Vous parliez au début de l'entretien de la
jurisprudence. Mais quand y en aura t'il ?
- Monsieur Celnik : Lorsqu'il y aura des litiges et des
sinistres. A notre connaissance, il n'y a pas encore eu de sinistres. Il y a eu
des projets bien sûr comme la fondation Louis Vuitton de Gehry et
d'autres ils ont été fait relativement à la bonne
franquette, sans vrai contrat, sans convention BIM et il y a pas eu de vrai
problèmes grâce à la bonne volonté de chacun. Quand
il y a eu des amorces de contrats ou de conventions c'est ce que disaient les
contrats de la MAF qui avait étudié des documents qui
étaient transmis par les membres du groupe de travail. Mais dans
certains nombres de cas cela servait à rien et dans d'autres
c'était contre productif et vous croyez que cela vous protège
mais au contraire cela vous dessert.
96
- Donc on n'est pas prêt à avoir des cas de
jurisprudence?
- Monsieur Celnik : Dans un projet d'hôpital que l'on
a, on est dans un marché public, le maitre de l'ouvrage a demandé
du BIM et a payé une mission de BIM management et des honoraires
spécifiques liées à la maitrise d'oeuvre. Ils ne jurent
que par REVIT, bien que dans les marchés et conventions on donne des
livrables IFC qui ne satisfont pas. On essaie d'éviter le clash qui
pourrait se traduire de sa part, par une rupture de contrat sur l'aspect BIM
car le maitre d'ouvrage n'a pas ce qu'il veut. Il dit vouloir imposer le BIM
parce qu'il a REVIT mais ce n'est pas son travail. On passe par des formats IFC
qui sont ce qu'ils sont. Mais ce n'est pas mon problème de savoir si le
maitre de l'ouvrage utilise tel logiciel ou un autre. Moi je me suis juste
engagé à livrer un fichier IFC avec dedans des informations du
projet. C'est tout! Il faut savoir tout préciser ce qui est
difficile.
- L'avocate que j'ai rencontrée me disait
également qu'il y avait des problèmes de hiérarchisation
des documents dans le contrat. Quand pensez vous?
- Monsieur Celnik : On commence à avoir les
idées assez claires sur certains projets. Si le maitre d'ouvrage n'a pas
formalisé correctement le BIM dans un cahier des charges, vous ne pouvez
rien demander en face. Dire que je veux du BIM cela veut rien dire. Dans la
convention BIM, vous répondez au cahier des charges du maitre d'ouvrage.
Vous vous engagez à exposer ces questions et vous donnez vos
réponses et nous au nom de la maîtrise d'ouvrage on dit si cela
nous correspond ou pas et on signe en conséquence. Ces deux documents
signés engagent les parties.
- Mais y a t'il une hiérarchisation des documents
contractuelles à effectuer?
- Monsieur Celnik : Il y a une terminologie aujourd'hui
à respecter. Par exemple, côté maîtrise d'ouvrage on
parle d'une charte pour le document général stratégique,
le cahier des charges, c'est le cahier des charges d'une opération. La
convention estfaite par la maîtrise d'oeuvre ou l'équipe de
conception-réalisation et ensuite l'entreprise (on peut aussi
appelé cela protocole même si les deux termes sont impropres,
c'est dans le langage courant). Les usages commencent quand même à
se conforter un peu. Souvent on trouve des glossaires pour essayer de
préciser le vocabulaire. Peu importe mais il faut dire sur quel
référentiel on s'applique.
97
- Pour revenir sur un sujet plus général. J'ai lu
que beaucoup de pays européens essayaient déjà d'imposer
le BIM sur certains projets publics. Et pourquoi la France n'impose rien ? On
voit même maintenant des objectifs à 2022. Quand pensez-vous?
- Monsieur Celnik : La loi en France ne les impose pas. Du
moins, ce n'est pas imposé par la loi mais la loi permet aux acteurs qui
le souhaitent de l'imposer. C'est le sens de la directive européenne. Je
suis un peu sceptique par rapport à cela. Cécile Duflot disait ce
sera obligatoire en 2017 mais le PTNB qui ditje ne rend pas cela obligatoire.
Le PTNB veut avant tout convaincre et donner envie, renforcer les
compétences, développer les outils adaptés,
créé la confiance sans imposer. Mais ce ne sont que des bonnes
intentions qui n'engagent personnes. Même les signataires ont dit qu'ils
vont faire du BIM en 2022.
- Donc on reste au même point, tout le monde fait ce qu'il
veut?
- Monsieur Celnik : Oui exactement, il ne se passera rien
avant 2022. C'estjuste un engagement moral. Alors que si on avait dit, pour des
opérations de plus de 10 millions ou 5 millions, pour les bailleurs
sociaux, les collectivités locales, etc., même cela aurait pu
faire avancer les choses. La RT 2012 par exemple, a été
imposé par la loi. Tout le monde à ce moment là a
grogné en disant que c'est un truc de plus, c'est juste administratif,
cela ne sert à rien... Mais cela oblige à se remuer. Donc avoir
un seuil minimal comme la Grande Bretagne n'aurait pas été mal je
trouve. Qu'on n'oblige pas les petits acteurs mais pour un gros projet pourquoi
pas. Mais il faut prouver les avantages réélles du BIM sur les
projets.
- Pensez vous maintenant que les garanties légales, les
responsabilités, la propriété intellectuelle...vont
changer?
- Monsieur Celnik : Non pas nécessairement. Il
fautjuste rappeler ce qu'est la propriété intellectuelle. Pour
moi donner des plans AutoCAD et une maquette numérique c'est pareil.
C'est simplement plus facile. Le droit d'auteur, que l'on donne des plans
papiers ou une maquette. Le droit d'auteur et le droit de
propriété intellectuel font que l'on n'a pas le droit de faire
n'importe quoi. Le maitre de l'ouvrage qu'il ait des plans papiers ou une
maquette, un maitre de l'ouvrage n'a pas le droit de dénaturer le projet
de l'architecte, n'a pas le droit de le construire ailleurs... La maquette
numérique appartient à celui qui la paie tout simplement!
98
Quand on regarde les caractéristiques des droits
moraux, il est incessible. L'auteur d'un bâtiment ou l'auteur d'une
oeuvre artistique, c'est celui qui la créé. Il ne peut pas vendre
se droit moral. Par contre, il peut vendre ses droits de reproduction ou qui
les cède. Je vous donne le droit de dupliquer, d'interpréter...
C'est le contrat qui le notifie. C'est le maitre de l'ouvrage qui dit qu'on
livrera une maquette à chaque étape qui aura telles
caractéristiques... Mais la question est qu'est qu'ils ont droit d'en
faire en rappelant les droits d'auteur ? Je la cède mais le maitre
d'ouvrage peut l'utiliser seulement pour la gestion de l'immeuble par exemple.
L'un des critères du droit d'auteur, c'est l'originalité. La
maquette a aussi son côté original car elle à une valeur
ajoutée et à ses spécificités. Il y a une
façon originale de fabriquer cet objet maquette
numérique.
- En terme de BIM 2.0 et 3.0 quels bouleversements cela peut
provoquer?
- Monsieur Celnik : Le BIM est il une maquette unique sur un
serveur ? On en sait rien pour l'instant. Cela n'existe pas pour le moment.
Mais c'est bien plus simple pour l'instant de faire chacun nos maquettes dans
notre coin. Et régulièrement avec un système
accordéon, on bosse tout seul, on compare les maquettes et on regarde ce
que cela donne, on se resépare. Mais cela ne veut pas dire qu'on
travaille ensemble, en même temps. Il apparait depuis peu de temps, des
personnes qui m'ont montré un modèle sous l'éditeur CYPE
qui englobe des logiciels de thermique, d'acoustique, de fluide et vaguement un
logiciel de modélisation qui sert plutôt d'interface et qui m'ont
montré une démo. Les personnes travaillent sur des logiciels
différents en étant raccordé tous les trois sur un serveur
dans lequel l'archi a publié la maquette, chacun avec son outil fait ses
calculs peut modifier le projet et est informé de l'information des
autres. Par exemple, l'architecte agrandit un balcon, regardez l'écran
chez les deux autres, ça clignote chez les deux autres pour leur dire
qu'il faut se mettre à jour sur ce balcon par rapport à leur
domaine de compétence. Ça c'est du Bim niveau 3 selon moi ! Ce
n'est pas qu'un logiciel unique. Mais est ce que cela marche au-delà de
la démo. C'est une interopérabilité dans ce cas quasi
automatique. En niveau 2, on met chacun nos maquettes sur un serveur. On sait
par conséquent qui la faite et la traçabilité est donc
facile à déterminer. Dans le BIM niveau 3 comment fait-on ? Si je
mets une maquette commentfait on la traçabilité de modifications
si tout le monde travaille sur la même maquette?
99
- Pourquoi arrive- t-on à faire une maquette unique pour
un avion de chasse par exemple pour prendre le cas de l'entreprise Dassault
alors qu'un bâtiment est nécessairement plus simple à
réaliser?
- Monsieur Celnik : Le cas du bâtiment se rapproche
plus des navires. C'est pour cela que l'on fait intervenir des
élèves des chantiers STX en Mastère. Tout d'abord parce
qu'ils fait des «bâtiments» comme nous, ce sont aussi a priori
unique car il n'y a pas deux paquebots pareils comme dans le domaine de la
construction. De plus en plus, on dit que la maquette c'est elle le prototype
c'est la maquette et celui sur le chantier c'est le premier de série. On
n'en fait pas d'autres derrières mais on pourrait. Mais je pense
vraiment qu'il faut, que ce soit sur l'aspect technique, est ce que demain on
fera tous du BIM niveau 3, c'est comme si on disait est ce que demain on fera
tous des PPP (partenariat publics-privées)?Non, il y aura certains
projets en PPP, d'autres en conception-réalisation, d'autres en loi MOP,
avec ou pas des dérogations, certains en entreprises
générales, d'autres en lots séparés et cela fait
100 ans que cela dure. Donc BIM niveau 2 ou 3 cela sera pareil. Chacun fera ce
qu'il veut. Que cela aide le marché à se structurer je suis
d'accord et c'est une chance. Cela m'énerve aussi quand on me pose la
question «mais pourquoi on fait du BIM à la française
?». Un dirigeant d'entreprise me disait: «il faut arrêter de
parler de BIM à la française, cela veut dire qu'on veut pas
bouger, qu'on est dans notre petit village gaulois». Moi je
répondais que oui on faisait du BIM à la française car il
y a la loi MOP, les bureaux de contrôle, les agences d'architectes de
petites tailles. C'est comme ça que cela se passe en France et on ne va
pas changer du jour au lendemain ! Ce n'est pas forcément à la
française mais au moins avec une organisation du monde professionnel,
d'une culture latine qui n'est pas anglo-saxonne qui existe.
- Pour revenir sur l'interopérabilité, pourquoi
les logiciels ne travaillent pas plus ensemble? Qui a inventé l'IFC ?
- Monsieur Celnik : Si on écoute AutoDesk, c'est eux
qui l'ont inventé. Si on prend un logiciel comme ArchiCAD qui est
très au point sur l'IFC, est ce que les utilisateurs d'ArchiCAD y
compris aguerri savent correctement paramétrer en import et en export le
configurateur en IFC, le réponse est plutôt non mais c'est un peu
paradoxale car c'est un langage universel et quand on fait importé en
IFC, on nous dit, tu veux de l'IFC pour Tekla, pour REVIT...? Comme si on me
disait qu'il faut me traduire ton texte en anglais mais tu le veux pour
l'Angleterre, l'Australie...? Et ce ne sera pas le même anglais car on
change les mots, les accents... Il y a déjà le fait que
cela
100
soit compliqué. Le langage et la norme IFC
évolue de version en version ne contiennent pas toute l'information
utile et que certains logiciels ne savent pas correctement utiliser ce langage
et notamment REVIT. Pendant longtemps, on importait même assez mal un IFC
qu'il avait lui< même produit. REVIT exporte pas trop mal et encore il
faut beaucoup de soin. Il a des bugs d'imports dans certains cas. Après
il y a les discours d'entreprises qui veulent avoir le maximum de client
possibles. Par exemple, je suis depuis toujours utilisateur MAC et j'ai
toujours mon adaptateur VGA parce que le monde est en VGA. C'est à nous
de faire l'effort si on est marginal. Soit je suis majoritaire, j'emmerde tout
le monde et puis les gens se débrouillent soitje suis marginal etje fais
l'effort pour me faire comprendre, accepter les autres parce que sinon je
meurs.
- Pour conclure, on peut dire que c'est le domaine du contrat
qui va faire évoluer les choses?
- Monsieur Celnik : Oui c'est sure!
- Monsieur Celnik, merci d'avoir répondu à mes
questions.
101
Table des iconographies
Fig. 1
www.misskaparis.wordpress.com/tag/frankCgehry
[Consulté le 14/12/2017]
Fig. 2
www.bimportal.be/fr/bim
fr/general/caracteristiques [Consulté le 14/12/2017]
Fig. 3
www.cohesionterritoires.gouv.fr/IMG/pdf/rapport
mission numerique batiment.pdf
[Consulté le 18/01/2018]
Fig. 4
www.scoop.it/t/genieCcivil
[Consulté le 14/12/2017]
Fig. 5
www.isleanCconsulting.fr/fr/transformationCdigitale/definitionCbim
[Consulté le 14/12/2017]
Fig. 6
www.isleanCconsulting.fr/fr/transformationCdigitale/definitionCbim
[Consulté le 14/12/2017]
Fig. 7
www.bimperform.com/besoinCdeCmuterCversCbim
[Consulté le 14/12/2017]
Fig. 8
www.lemoniteur.fr/article/leCbimCcCestCmaintenantCouCpresque5511986
[Consulté le 01/02/2018]
Fig. 9
www.stephanebernhard.franceserv.com/wpCcontent/uploads/2015/11/pyramide.jpg
[Consulté le 19/12/2017]
Fig. 10
www.bimCw.com/manifeste
[Consulté le 01/02/2017]
102
Glossaire technique
BIM
En Anglais, selon les cas, Building Information Model, Building
Information Modeling ou Building Information Management. C'est cette
dernière définition plus globale qui trouve le plus d'écho
aujourd'hui. La traduction officielle française est Bâtiment et
Informations Modélisées. Ensemble structuré d'informations
sur un bâtiment qui décrit les objets, le composant, leurs
caractéristiques et les relations entre ces objets. Ces informations
complètent la description géométrique et sémantique
du bâtiment produite par certains logiciels.
BIM Manager
Le BIM Manager développe et met en place le processus BIM
("Building Information Modeling" - Maquette numérique) afin de faciliter
la conception, coordonner les différentes phases de construction et
optimiser l'exploitation de l'ouvrage tout au long de son cycle de vie. Il
assure la communication et le travail collaboratif entre les acteurs du projet
à travers la mise en commun d'une plateforme.
BuildingSMART
Association fondée en 1994 (à l'origine IAI
International Alliance for Interoperability) par un consortium d'industriels
invités par AutoDesk, AT&T, Primavera et HOK, qui s'est
donnée pour objectif de définir et de promouvoir une norme
commune de format d'échange interopérable pour le BIM (le format
IFC) afin de supporter le cycle de vie complet du bâtiment et
d'améliorer radicalement l'interopérabilité des
applications utilisées par les professionnels de la construction. La
branche française de cette association est Medi@Construct.
CAO
La conception assistée par ordinateur, ou CAO, rassemble
des outils informatiques (logiciels et matériels) qui permettent de
réaliser une modélisation géométrique d'un objet
afin de pouvoir simuler des tests en vue d'une fabrication.
103
Cahier des charges BIM
A ne pas confondre avec convention BIM. Document du maître
d'ouvrage (MO) précisant pour le projet les exigences et objectifs des
intervenants successifs du projet, incluant éventuellement ceux de la
charte BIM du MO, qui lui précise ses attentes liées au BIM.
Convention BIM
Document décrivant les méthodes organisationnelles
et de représentation graphique d'un projet spécifique ainsi que
les process, les modèles, les utilisations. Elle est
élaborée par le BIM Management à n'importe quelle
étape du cycle de vie de l'ouvrage mais idéalement le plus
tôt possible. Elle est soumise à chacune des parties lors du
démarrage du projet BIM, de préférence en début de
phase.
Interopérabilité
Capacité d'un système ou d'un produit à
travailler avec d'autres systèmes ou produits, sans intervention
particulière ou complexes de la part de l'utilisateur.
L'interopérabilité permet aux acteurs de la construction
d'accéder simultanément, via leurs logiciels métiers,
à une information centralisée du projet, en évitant les
saisies redondantes.
Maquette numérique
Représentation géométrique d'un projet ou
produit, généralement en 3D, réalisée sur
ordinateur en vue de l'analyser, de le contrôler et d'en simuler certains
comportements (thermiques, acoustique, etc.). Il existe des maquettes
numériques sans autres informations que celles de la
géométrie. Quand la maquette numérique d'un bâtiment
décrit tous les objets utilisés et leurs relations pour le
concevoir, on peut alors parler de BIM.
Niveau de développement
Niveau nécessaire d'informations liés aux objets
en matière de détails, de coordination et d'information.
C'est la somme des deux niveaux:
- de détail (LOD ou Level of detail) : description des
granularités de la propriété géométrique des
maquettes numériques qui seront attendues aux différents stades
du projet de construction,
- d'information: description de la granularité des
données des données et propriétés incluses dans le
modèle 3D.
104
Il existe plusieurs niveaux de développement, de plus en
plus précis en fonction des besoins de l'avancement du projet.
Norme IFC (Industry Foundation Classes)
Format de fichier ouvert, orienté «objet»,
utilisé par l'industrie du bâtiment pour échanger et
partager des informations entre logiciels métier de type BIM. Pour
chaque élément du bâtiment (murs, portes, fenêtres),
les IFC donnent des indications sur la forme, les caractéristiques, les
relations avec les autres objets. Ce standard, véritable norme
internationale du BIM, est né de l'initiative de BuildingSMART
International (autrefois IAI) qui associe des entreprises de la construction et
des éditeurs de logiciels. Les expressions maquette numérique-IFC
ou BIM-IFC sont une interprétation française désignant un
BIM normalisé au format IFC.
Objet BIM
Représentation virtuelle en 3D, d'un composant physique
d'un bâtiment en cours de construction, de rénovation ou
d'exploitation (mur, porte, dalle, gaine de ventilation). L'objet BIM est
formellement identifié avec ses propriétés.
Open BIM (projet de recherche)
L'Open BIM est un programme de coopération universel
reposant sur des standards et des
processus de travail ouverts et destiné au domaine de la
conception, de la construction et de
l'utilisation de bâtiments. Open BIM est une initiative
de buildingSMART et de plusieurs
autres éditeurs de logiciels leaders du marché
utilisant le modèle de données ouvert
buildingSMART. L'Open BIM garantit
l'interopérabilité des logiciels dans le cadre de la
maquette numérique « libre »
normalisée. Grâce à l'Open BIM et aux IFC, tous les acteurs
du
projet sont capables de travailler autour d'une même
maquette numérique, quel que soit le
logiciel qu'ils utilisent.
Open BIM
Désigne l'interopérabilité pour le BIM.
C'est la possibilité d'échanger des données entre
logiciels BIM d'éditeurs différents, grâce à un
standard d'échanges. La norme reconnue d'interopérabilité
BIM est l'IFC, développée par l'association buildingSMART.
105
Processus BIM
Ensemble d'opérations, d'actions ou
d'événements mis en oeuvre pour atteindre un ou plusieurs
objectifs BIM.
Protocole BIM
Il regroupe un ensemble de règles et de procédures
à respecter, qui définissent les axes principaux du processus BIM
de l'entreprise. Il peut servir de socle pour l'élaboration d'une
convention BIM (il convient de différencier protocole et convention).
106
Glossaire juridique
Clause
Phrase ou ensemble de phrases contenues dans le texte d'un acte
juridique (tels un contrat, un acte unilatéral, un jugement, une loi ou
un règlement administratif) où sont définis les droits et
les obligations des personnes concernées par cet acte. Le mot vient du
verbe latin "claudere" (fermer), ce qui laisse à penser que pour la
compréhension des dispositions qu'elle contient, la clause doit se
suffire à elle même.
CNIL
La Commission nationale de l'informatique et des libertés
(CNIL) de France est une autorité administrative indépendante
française. La CNIL est chargée de veiller à ce que
l'informatique soit au service du citoyen et qu'elle ne porte atteinte ni
à l'identité humaine, ni aux droits de l'Homme, ni à la
vie privée, ni aux libertés individuelles ou publiques. Elle
exerce ses missions conformément à la loi no 78C17 du 6 janvier
1978 modifiée le 6 août 2004.
CSTB
Le Centre scientifique et technique du bâtiment (CSTB) est
un établissement public français à caractère
industriel et commercial (EPIC). Il est placé sous la tutelle du
ministère de la Cohésion des territoires, du ministère de
la Transition écologique et solidaire et du ministère de
l'Éducation nationale, de l'Enseignement supérieur et de la
Recherche.
La mission du CSTB est de garantir la qualité et la
sécurité des bâtiments, et d'accompagner l'innovation dans
le domaine de la construction. Cette mission s'accomplit au travers de ses
activités : la recherche et expertise, l'évaluation, la
certification et la diffusion des connaissances. Appui aux pouvoirs publics, le
CSTB accompagne les mutations du secteur du bâtiment, en lien avec les
transitions énergétique et numérique. Il répond aux
enjeux de performance énergétique, environnementale, mais aussi
de santé, d'accessibilité et de confort du bâtiment en lien
avec l'évolution sociétale et les attentes des citoyens.
Code civil
Le Code civil est un code juridique réunissant les
dispositions législatives et réglementaires relatives au droit
civil qui régit les relations juridiques des personnes entre elles
(physiques ou morales) et de leurs biens.
107
Contrat
Le contrat est une convention par laquelle une ou plusieurs
personnes s'obligent, envers une ou plusieurs autres, à donner, à
faire ou à ne pas faire quelque chose. Le contrat est ainsi source
d'obligations entre les personnes, sujets de droit (Article 1101 du Code
civil).
Décret
Un décret est un acte exécutoire émis par
le pouvoir exécutif. C'est une décision qui ordonne ou
règle quelque chose. Le décret, dont les effets sont analogues
à ceux d'une loi, est l'une des manifestations du pouvoir
réglementaire de l'exécutif. Sa portée peut être
générale, lorsqu'il formule une règle de droit, ou
individuelle lorsqu'il ne concerne qu'une seule personne (exemple : une
nomination).
Directive
La directive est un acte juridique européen pris par le
Conseil de l'Union européenne avec le Parlement ou seul dans certains
les cas. Elle lie les États destinataires de la directive quant à
l'objectif à atteindre, mais leur laisse le choix des moyens et de la
forme pour atteindre cet objectif dans les délais fixés par elle.
Les États membres doivent donc transposer la directive dans leur droit
national. Il s'agit de rédiger ou de modifier des textes du droit
national afin de permettre la réalisation de l'objectif fixé par
la directive et d'abroger les textes qui pourraient être en contradiction
avec cet objectif. La non-transposition d'une directive peut faire l'objet
d'une procédure de manquement devant la Cour de justice de l'Union
européenne. Les États membres ont le devoir d'informer la
Commission sur les mesures prises pour l'application de la directive.
Droit privé
Ensemble des règles de droit qui régissent les
rapports entre les personnes privées qu'elles soient physiques
(particuliers) ou morales (entreprises, associations...). Il traite des actes
et de la vie des particuliers comme le mariage, le divorce, l'héritage,
l'adoption, la propriété, les contrats, etc.
Droit Public
On appelle "droit public" l'ensemble des règles de droit
qui régissent l'organisation et le fonctionnement de l'Etat, de
l'administration, des collectivités territoriales et des institutions
108
rattachées à l'Etat (personnes morales de droit
public), ainsi que leurs relations avec les personnes privées.
Immixtion
Acte accompli avec ou sans droit, dont l'auteur doit supporter
toutes les conséquences.
Jurisprudence
La jurisprudence est l'ensemble des décisions
habituellement rendues par les différents tribunaux relativement
à un problème juridique donné et qui permettent d'en
déduire des principes de droit.
Législatif
Qui a le caractère d'une loi. Exemple : une disposition
législative qui a le pouvoir de légiférer, de promulguer
des lois. Exemple : une assemblée législative.
Législateur
Personne qui légifère, qui fait partie d'une
assemblée législative, qui fait des lois, ou la loi au sens
général, qui donne des lois à un peuple, à une
civilisation. Exemple : un député, Moïse pour les tables de
la loi, etc.
Liberté contractuelle
La liberté contractuelle est le postulat selon lequel
les individus doivent être libres de définir
eux-mêmes les termes de leurs propres contrats, sans aucune
interférence d'autrui. Le principe directeur est celui
d'autonomie de la volonté d'où découlent 3
conséquences:
· Chacun est libre de contracter ou de ne pas
contracter;
· Chacun est libre de choisir son cocontractant;
· Chacun est libre de déterminer le contenu de son
contrat.
Loi MOP
La loi N°85-704 du 12 juillet 1985 relative à la
maîtrise d'ouvrage publique et à ses rapports avec la
maîtrise d'oeuvre privée, dite loi MOP est une loi
française qui met en place, pour les marchés publics, la relation
entre maîtrise d'ouvrage et maîtrise d'oeuvre.
109
Elle constitue une des bases du droit de la construction publique
en France, avec le Code des marchés publics. Son rôle est de
déterminer les attributions de ces deux acteurs principaux de l'acte de
construire dans le cadre d'une commande publique que sont la Maîtrise
d'ouvrage et la maîtrise d'oeuvre.
MIQCP
Il s'agit de la Mission interministérielle pour la
qualité des constructions publiques. La Mission
interministérielle pour la qualité des constructions publiques
(MIQCP), créée par décret le 20 octobre 1977 et
placée auprès du ministre chargé de l'architecture, a pour
vocation de promouvoir la qualité architecturale dans le domaine des
constructions publiques. Qu'il s'agisse d'ouvrages neufs ou à
réhabiliter, ce domaine englobe les bâtiments, les
infrastructures, les espaces publics, qui sont sous la responsabilité de
l'Etat ou des collectivités territoriales. Pour répondre à
l'objectif assigné, la MIQCP s'est engagée dans une politique
associant réflexion, participation à l'élaboration des
textes législatifs et réglementaires, recommandations, conseil et
assistance aux maîtres d'ouvrage publics.
Ordonnance
Une ordonnance est ce qui est prescrit par une
autorité compétente ou une personne ayant le droit ou le pouvoir
de le faire : acte législatif émis par le pouvoir
exécutif.
Pouvoir adjudicateur
Au sens de la directive 2014/24/UE du 26 février 2014 on
entend par pouvoirs adjudicateurs : l'État, les autorités
régionales ou locales, les organismes de droit public ou les
associations formées par une ou plusieurs de ces autorités ou un
ou plusieurs de ces organismes de droit public.
PTNB
Il s'agit du Plan Transition Numérique dans le
Bâtiment. Créé officiellement le 20 janvier 2015 avec la
nomination de Bertrand Delcambre au poste de Président du Plan
Transition Numérique dans le Bâtiment, le PTNB poursuit trois
objectifs:
· expérimenter, capitaliser, convaincre et donner
envie de s'approprier le numérique dans le quotidien de l'acte de
construire;
· permettre la montée en compétences des
professionnels du bâtiment autour du numérique et le
développement d'outils adaptés à tous les chantiers en
privilégiant
110
les objectifs de massification pour le déploiement et
en accordant une attention toute particulière aux solutions BIM pour les
petits projets;
développer un écosystème
numérique de confiance en encourageant les travaux de normalisation et
permettre ainsi l'interopérabilité des outils et logiciels.
PUCA
Le Plan Urbanisme Construction Architecture (Puca) est une
agence interministérielle créée en 1998 afin de faire
progresser les connaissances sur les territoires et les villes et
éclairer l'action publique. Le Puca initie des programmes de recherche
incitative, de recherche-action, d'expérimentation et apporte son
soutien à l'innovation et à la valorisation dans les domaines de
l'aménagement des territoires, de l'urbanisme, de l'habitat, de
l'architecture et de la construction.
Réglementaire
Le pouvoir réglementaire est le pouvoir dont disposent
les autorités exécutives pour édicter des
règlements, c'est-à-dire des actes exécutoires, de
portée générale et impersonnelle. Il s'oppose au pouvoir
législatif.
111
Bibliographie
Livres
· E. Lebègue & J.A. Cuba Segura, Conduire un
projet de construction à l'aide du BIM, coédition
Eyrolles/CSTB, 2015, 80p.
· A.M. Bellenger & A. Blandin, Le BIM Sous L'angle
Du Droit, Eyrolles CSTB Éditions, 2016, 192p.
· O. Celnik & E. Lebègue, BIM &
Maquette Numérique pour l'architecture, le bâtiment et la
construction, 2ème édition,
coédition Eyrolles/CSTB, 2015, 768p.
· F. d'Orso, Le BIM et la maquette numérique:
dans la maison individuelle et le logement collectif en zone urbaine et
périurbaine, Editions PC, 2014
· N. Hoyet, F. Duchene & M. De Fouquet, BIM et
Architecture, Editions Dunod, 2016, 224p.
· M. Huet, L'architecte auteur, pratiques quotidiennes
du droit d'auteur en architecture, paysage et urbain, Editions Le
Moniteur, 2006
Rapports
· X. Pican, Rapport de mission de X. PICAN : "Droit du
numérique & bâtiment", Janvier 2016, 77p.
· B. Delcambre, Rapport Delcambre «Mission
Numérique du Bâtiment», Décembre 2014, 54p.
· F. Hovorka & P. Mit, Plan Bâtiment Durable,
Rapport groupe de travail BIM et Gestion du patrimoine, un avatar
numérique de l'ouvrage et du patrimoine au service du bâtiment
durable : le « Bâtiment et Informations Modélisés
» (BIM), Mars 2014, 64p.
· Contrats BIM, La Mutuelle des Architectes
Français (MAF), Septembre 2017
· Manifeste: «Conduire la transformation digitale
pour la construction, l'immobilier et l'aménagement urbain»,
publié par l'association MediaConstruct,
www.mediaconstruct.fr, Avril
2016
· Manifeste: «Conduire la transformation digitale
pour la construction, l'immobilier et l'aménagement urbain»,
publié par l'association MediaConstruct,
www.mediaconstruct.fr,
2017
·
112
B. Delcambre, « BIM et maquette numérique : guide
de recommandation à la maîtrise d'ouvrage », Juillet
2016
· La MAF assurance, les contrats BIM (versions
Bêta): Contrats AMO BIM, BIM Manager et missions complémentaires
BIM Manager
· Rapport «Charte d'engagement volontaire de la
filière du bâtiment pour la construction numérique:
objectif 2022', publié par le Ministère de la
cohésion des Territoires, Novembre 2017
·
Textes de loi
· Loi MOP, Loi n° 85C704 du 12 juillet 1985 relative
à la maîtrise d'ouvrage publique et à ses rapports avec la
maîtrise d'oeuvre privée,
www.legifrance.fr
· JORF 24 Juillet 2015, ordonnance 2015C899 du 23
Juillet 2015 relative aux marchés publics JORF n°0074 du 27 Mars
2016, décret d'application n°2016C360 du 25 Mars 2016 relatif aux
marchés publics
· Directive eur@opéenne du 26 Février 2014,
2014/24/UE sur la passation des marchés publics
Articles
· J.Nicolas, «Le PUCA recense les bonnes pratiques
sur le BIM', Le Moniteur, Juin 2014
· «BIM & Maquette numérique -
Contenu et niveau de développement', Le Moniteur, Mai 2014
· C. Croix, B. Dufraisse & F. PAGGI (Avocats Seban
& Associés), «construire avec le BIM:
éléments d'analyse juridique',
· C. Croix & D. Da Palma, «travailler en mode
BIM: Quels risques juridiques?»,
www.sebanCassocies.avocat.fr,
Octobre 2016
· F. Gillion, P. Masons, «Comment adapter les
contrats de construction au BIM?», Le Moniteur Hebdo, Septembre
2014
· A. Bem, «Les droits de l'architecte sur son
oeuvre architecturale et la liberté de panorama limitée»,
www.legavox.fr, Août 2017
· L. Bernart, «BIM, quels impacts juridiques?',
Revue qualité construction, Mai 2017
· C. Valente, «la loi peut elle imposer le BIM?',
BIM & BTP, Mai 2017
· S. Michelin, «BIM : l'épineuse question
des responsabilités', Le Moniteur, Octobre 2016
·
113
D. Richard, «BIM : analyse et perspectives de
l'immeuble numérique', Construction< urbanisme N°12,
Décembre 2017
· Table ronde «Le BIM: quels enjeux, quels
avantages, quels obstacles pour l'ingienerie et la MOA', organisé
par l'OPQIBI, Juin 2017
· J. Roussel, «Quelles responsabilités et
quelles assurances pour les intervenants dans le cadre d'une opération
BIM?', J.Roussel, Balises N°21, Octobre 2017
· C. Croix, B.Dufraisse & F. Paggi,
«Construire avec le BIM: eléments d'analyse juridique', Revue
du cabinet Seban & Associés, Octobre 2016
· A. Cassart, «BIM et Protocole BIM: quels
challenges juridiques?', Actualités Lexing Avocats, Septembre
2017
· L. Bouneghida, «Comment sécuriser le
recours au BIM dans le bâtiment?', L'usine nouvelle, Juillet 2015
· Auteur inconnu, «Des outils contractuels pour
travailler en BIM», des cahiers techniques du bâtiment, Septembre
2017
· «La MAF et le BIM: bien assurer, bien
protéger les architectes', les architectes et le BIM,
édité par l'UNSFA, Octobre 2016
· «BIM : la MAF met au point des outils pour les
concepteurs', les architectes et le BIM, édité par l'UNSFA,
Octobre 2016
· F. Gorriez & F. Jouanneau, «Le BIM dans la
loi MOP (maitres d'ouvrage publics)', Cabinet Alain Bensoussan Avocats,
Juin 2017
· F. Jouanneau, «Enjeux juridiques du BIM dans
la construction immobilière, cabinet Alain Bensoussan Avocats, Mars
2017
· Auteur inconnu, «BIM : le bâtiment
imaginaire, les droits d'auteurs', Cabinet Alain Bensoussan, Mars 2017
· Marie-Alexandra Vankemmelbeke et Wanda Bellaiche, «
les craintes juridiques autour du BIM sont elles justifiées ?, Batiactu,
février 2017
Sites internet
·
www.mediaconstruct.fr, site
français de l'association BuildingSMART
·
www.batimentCnumerique.fr,
Site du Plan Transition Energétique pour le Bâtiment
·
www.citae.fr, société de
conseils et services innovants en bâtiment, qui accompagne les
maîtrises d'ouvrage dans leur démarche du BIM
·
www.cstb.fr, Centre scientifique et
techniques du bâtiment
· 114
www.planbatimentdurable.fr
Conférence & entretiens
· Conférence-Débat: L'Immobilier, entre
numérique et nouveaux usages, à l'Hôtel des Arts et
Métiers (Paris), Septembre 2017
· Entretien avec Maître C. Benoît Renaudin,
avocate au Barreau de Paris et dans le cabinet Martin et Associés
(Paris), Janvier 2018
· Entretien avec J. P. Trehen, Directeur BIM chez EGIS
bâtiment, Janvier 2018
· Entretien avec D. Darremont, Chef de département
transition numérique bâtiment et BIM à la
Fédération Française du Bâtiment (FFB), janvier
2018
· Entretien avec O. Celnik, Architecte, Directeur du
cabinet d'architecture Z-Studio, professeur et directeur du Mastère
Spécialisé BIM de ENPC/ESTP, Janvier 2018
Mémoires & Thèses
· A. Taloud, Mémoire de fin d'études à
l'ENSAPVS : «la pertinence de l'exploitation du BIM dans la mise
à jour 2.0 de bâtiments, encadré par S. Balez, N.
Hanachi Belkadi, D. Hamani, R. Arlot & P. Alluin, 94p.
· J. Benillouche, Mémoire de fin d'études
à l'ENSAPVS, «Le BIM un incontournable?», sous la
Direction de N. Boutros, Mars 2017
· M. Brossette, Mémoire de fin d'études
à l'ENSAL : «BIM Manager: Missions et compétences pour
un nouvel expert de la maîtrise d'oeuvre», sous la direction de
J.A. Segura
· M. FRIGELLI, Mémoire de fin d'études
à l'ENSAPVS : «L'arrivée du BIM dans les agences
d'architecture en France», sous la direction de N. Boutros, 73p.
· S. Roméo, Thèse professionnelle du
Mastère Spécialisé Immobilier et Bâtiment Durable
à l'ENPC : «L'impact des transitions environnementales et
numériques sur le marché de l'assurance construction», sous
la direction de P. Pelletier et O. Celnik
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