I.2.2. Tectonique
Nous savons que la ville de Bukavu appartient à
l'ensemble des zones mobiles orientales activées par la tectonique de
rift. Il est donc évident qu'on puisse vivre les scenarios de certains
phénomènes géologiques à Bukavu, envoyant
même la géomorphologie ainsi que la topographie de la
région, nous osons croire que personne ne se poserait les questions de
la présence des failles et des escarpements observés dans la
ville.
A.SALLEE, N.BOUTAKOFF et J.DELAVALLEE POUSSIN (1937) ainsi que
R.LAMBERT (1981 a,b) ont démontré l'existence de plusieurs
failles dans la région de Bukavu des directions N-S, NW-SE et NNE-SSW
dont l'origine est liées à la formation du fossé
tectonique du lac Kivu (CHOROWICZ et NABANTU MUKONKI, 1979) tiré de M.
SHAMAA , 1981.
Ces failles se disposent en escalier et fond descendre les
blocs de terrain vers l'Est, vers la vallée de la Ruzizi. Mais le rejet
de la faille de Kadutu est de loin le plus important, il atteint un ordre de
grandeur de 300m. Et à ce moment-là le grand escarpement s'est
trouvé en déséquilibre, incapable de se porter
lui-même, et tout l'escarpement s'est alors écroulé sur le
compartiment immédiatement en dessous qui était affaissée.
Voilà ce qui a constitué ce que l'on appelle
faille panaméenne. Un système similaire quoique moins important
existe également au niveau du plateau médical ou clinique
universitaire de Bukavu (CHOROWICZ, 1979) cité par M.SHAMAA,1981.
Des glissements de terrains avec des failles des type
panaméen, mais plus petites que celles de Kadutu s'observent
également dans le secteur d'étude. Ces glissements de terrains
barrant fréquemment la vallée de la Ruzizi ont provoqué
une montée du niveau en amont du barrage et un jeu de cascade en aval
de celui-ci.
En définitif, disons que la tectonique complexe
augmente l'instabilité des terrains de Bukavu, le fait qu'elle est
toujours vivante rendant ces terrains d'autant plus instables.
I.2.3. Stratigraphie
Les roches cénozoïques sont classées
provisoirement en six séries de la plus ancienne à la plus
récente :
1. Série volcanique inferieur :
se caractérisant actuellement par la prédominance de
roches volcaniques saines qui sont généralement compactes
(Basaltes, trachytes) ou altérées en gris parfois en jaune. Cette
série comprend tous les trachytes, le basalte I de la carrière
Buholo, les basaltes des parties supérieures des versants de la
vallée de la Ruzizi, et vraisemblablement, carrière près
de BRALIMA.
2. Série
volcano-détritique : la plus différenciée,
comprend les basaltes II et III de la carrière Buholo, ainsi que les
intercalations conglomératiques, gréseuses et argileuse :
c'est dans cette série que l'on rencontre les « couches de
Panzi » et la plupart des « lits rouges ».
3. Série volcanique
supérieur : constituée des basaltes des hauteurs du
mont Bongwe et des autres hauts-plateaux.
4. Série des graviers des terrasses
5. Série d'altérites
récentes : présentant principalement les argiles
brunes qui recouvrent toutes les séries précédentes, il
est probable que suite aux recherches en cours, cette série se
montrerait polycyclique.
6. Alluvions actuelles.
Il faut ajouter que les séries en question sont
considérablement perturbées par les déformations
tectoniques, notamment par les failles.
Du point de vue chronologique, retenons ce qui suit :
7Ma (limite du miocène et pliocène) pour le basalte de la
carrière située près de la Brasserie
« BRALIMA » et pas beaucoup plus de 15000ans pour les
édifices volcaniques du Nyamulagira et du Nyiragongo. La première
datation situe la série volcanique inferieure au Tertiaire
supérieur, la seconde datation confirme la formation du lac Kivu (suite
au barrage volcanique) au quaternaire récent et par conséquent du
creusement des gorges de la Ruzizi d'où appartiennent les séries
plus récentes. Ainsi la stratigraphie locale fait augmenter
l'hétérogénéité du milieu géologique
de Bukavu.
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