CHAPITRE VI : LES EFFORTS DES
ACTEURS INSTITUTIONNELS ET DE LA COMMUNAUTE DANS LA RESOLUTION DE
L'EPINEUX PROBLEME DE LA SANTE LIEE A L'EAU A BABADJOU
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L'accès à l'eau potable dans les campagnes des
hautes terres de l'Ouest du Cameroun en général et à
Babadjou en particulier est un véritable problème, d'où
l'existence de nombreuses maladies à contamination orale. De plus, le
paludisme y est la première cause de consultation et d'hospitalisation
dans les formations sanitaires. Ainsi en vue d'y trouver des solutions et
permettre le développement de cette localité, de nombreuses
actions ont été entreprises. L'objectif de ce chapitre est de
montrer la part des acteurs institutionnels et des populations dans la gestion
de ces problèmes environnementaux. Nous allons ainsi distinguer les
rôles joués par la communauté, les organisations non
gouvernementales et par l'Etat dans la recherche de l'eau potable, de
même que leurs actions dans la lutte contre le paludisme.
I- ROLES JOUES PAR LA COMMUNAUTE DANS LA
RECHERCHE DE L'EAU POTABLE
Nous parlerons ici des initiatives privées et
associatives, du rôle de la municipalité et de la chefferie.
A- Des initiatives privées et associatives
Il s'agit des actions entreprises par des particuliers et par
des groupes de populations au sein des comités de
développement.
1-Les réalisations privées
Les actions des particuliers concernent la construction des
forages, l'aménagement des sources et la réalisation des puits
à usage collectif.
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a- Des forages très coûteux mais à
faible durabilité
Le groupement Babadjou dispose comme nous l'avons vu dans le
chapitre 2 de quatre forages privés. Il s'agit en fait des ouvrages
réalisés par les élites lors de la construction de leurs
villas (YEMELONG TEMGOUA, 2007). Ce sont des structures privées
enfermées dans des barrières infranchissables. Certaines
élites lors de cette construction font des extensions externes pour les
populations environnantes du quartier où elles sont issues. C'est le cas
par exemple au quartier Bamedousso où Monsieur D. J. (actuel maire de la
commune de Babadjou) lors de la construction de sa maison y a fait un forage et
a mis une extension externe qui alimente le reste du quartier et même les
quartiers voisins en eau potable à travers une borne fontaine, ouverte
au public à certaines heures de la journée.
Cliché : E. LONPI, mars 2009
Photo 12 : Borne fontaine à Bamendousso sur la
nationale N°6
Cette borne fontaine est enfermée dans une
barrière, ceci par souci de protection de l'ouvrage. Une initiative
similaire a été faite au quartier Bamendjingha en 2002 par une
élite extérieure de ce quartier qui en construisant sa maison
avait mis en place un forage et plus loin hors de sa barrière et
à quelques mètres de l'église et l'école primaire,
en avait implanté un autre à usage collectif. Cependant il n'a
été fonctionnel qu'une seule année et est
défectueux aujourd'hui. Depuis ni l'initiateur, ni la population n'y ont
trouvé de solution pour la réfection.
Des initiatives de ce genre sont nombreuses dans notre zone
d'étude, cependant toutes ces réalisations ne sont pas
opérationnelles. Nous pouvons mettre ce phénomène dans le
compte de la politique et de l'orgueil. En effet, les élites de ces
quartiers pour être élues, lors des campagnes électorales,
font très souvent des promesses ou alors réalisent des ouvrages
pareils à la veille des élections pour chercher à se
positionner. Aussi, parce qu'elles sont de
richissimes hommes d'affaires ou des hauts cadres de la
fonction publique et voudraient gagner la confiance des populations de leurs
quartiers et se faire aimer, elles viennent généralement
implanter de tels ouvrages sans aucune étude de faisabilité et
d'impact au préalable, sans préparer les populations à les
accueillir, ni même les impliquer dans la réalisation.
De l'avis du public, l'équipement de Babadjou en AEP ne
devrait pas passer par la réalisation des forages parce que très
coûteux (de 500.000fcfa pour un forage avec système de pompage
manuel à 1.500.000fcfa pour un forage avec un système de pompage
électrique) et la population n'est pas toujours préparée
pour la maintenance.
b- La construction des puits communautaires : une
alternative négligée
Des initiatives privées concernent aussi la
réalisation des puits à usage collectif. Dans nos enquêtes,
nous n'avons dénombré que 13% de la population disposent de puits
(voir chapitre 1). Il s'agit de puits privés dans les concessions qui
sont pour la plupart non protégés. Il faut souligner pour le
regretter que Babadjou ne dispose pas de puits à usage collectif. Ce
n'est qu'en 1998 qu'une élite alors député à
l'Assemblée Nationale a entrepris la réalisation de deux puits
à usage collectif : l'un au CMA de Babadjou et un autre à la
chefferie. De nos jours seul celui situé au CMA est fonctionnel. Depuis
aucune initiative de ce genre n'a été entreprise ni par la
population, ni par l'initiateur lui même, ni dans un autre quartier du
groupement.
Qu'en est-il des sources ?
c- Un potentiel mal utilisé : les sources
naturelles
Il faut noter que très peu de personnes ont eu pour
projet d'aménager les sources d'eau naturelles à Babadjou.
Pourtant leur réalisation est très peu coûteuse (exige
uniquement du ciment et du sable). La nature a doté Babadjou de nombreux
points où l'eau en provenance des nappes phréatiques jaillit du
sol. Cependant, une seule source à l'heure actuelle est
aménagée (celle du quartier Bamedousso à quelque
mètre de la nationale n°6).
Face à la faible représentativité des
initiatives privées comment réagissent les comités de
développement ?
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