II- LA PREVALENCE ET PERIODICITE DANS LES
DIFFERENTS ETABLISSEMENTS DE SANTE DE BABADJOU
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La prévalence désigne le nombre de malades
diagnostiqués en un lieu et à un moment donné,
rapporté à la population totale. La périodicité est
la variation annuelle de la transmission palustre.
1- Une prévalence élevée chez les
enfants et les adultes
Pour faire ressortir la prévalence par groupe
d'âges, nous nous sommes intéressés aux données
contenues dans le registre du CMA de Babadjou, car c'est le centre hospitalier
le plus important dans la région. Ainsi, la figure 16 nous renseigne sur
le taux de prévalence de la maladie par groupe âge et en deux
années consécutives (2007 et 2008).
Source : Registre du CMA de Babadjou, 2007 et 2008
Figure 16 : La prévalence du
paludisme
Au niveau de la tranche d'âge 0- 5ans, la courbe est
élevée et se situe à 28,24%. Par la suite, elle descend
jusqu'à 18,54% au niveau de la tranche d'âge 5 - 15ans pour
remonter brutalement et atteindre un pic à 34,66% au niveau du groupe
d'âge 15- 45ans. Elle redescend encore brutalement jusqu'à 18,54%
pour le groupe d'âge 45 ans et plus. Les deux pics observés pour
les tranches d'âges 0 -5ans et 15- 45ans témoignent de la
vulnérabilité des personnes représentées par ces
groupes. Pour les enfants de moins de 5ans, cette vulnérabilité
est liée au fait qu'à cet âge, les enfants n'ont pas encore
acquis une prémunition naturelle, car les anticorps ne sont pas encore
formés. La forte proportion des paludéens au niveau de la tranche
d'âge 15-45ans, pourrait être liée au fait que dans ce
groupe on retrouve souvent les femmes et par conséquence, les femmes
enceintes. Pour les femmes dans ces conditions il est souvent assez difficile
de trouver un médicament pour lutter contre le paludisme. C'est pour
cette raison que la prévention est très souvent
conseillée. Un fait curieux est la faible prévalence du paludisme
chez les personnes âgées. En effet, il est
généralement admis que ces personnes sont aussi très
vulnérables aux maladies à cause de la faiblesse de leur
défense naturelle. Nous pouvons expliquer ce fait en disant que Babadjou
est une campagne jeune. La population y est jeune en réponse à la
forte natalité. En conséquence, on y observe un nombre
élevé de jeunes et peu de vieillards.
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2- Une recrudescence du paludisme pendant les intersaisons
?
Pour avoir la périodicité du paludisme à
Babadjou, nous avons recensé les nombres de cas de paludisme par mois et
par établissement de santé.
Tableau 23 : Distribution mensuelle des données
de paludisme dans les différents établissements de santé
de Babadjou en 2007 et 2008
Mois
|
J
|
F
|
M
|
A
|
M
|
J
|
J
|
A
|
S
|
O
|
N
|
D
|
Total
|
Total sur 2
ans CSI Balépo
|
50
|
45
|
56
|
77
|
67
|
46
|
33
|
30
|
57
|
77
|
57
|
40
|
633
|
Total sur 2
ans CSI Ntong
|
19
|
18
|
20
|
32
|
28
|
32
|
24
|
42
|
11
|
37
|
22
|
28
|
323
|
Total sur 2
ans CMA Babadjou
|
62
|
73
|
69
|
103
|
77
|
61
|
79
|
77
|
83
|
87
|
81
|
84
|
949
|
Effectifs cumulés
|
131
|
136
|
145
|
212
|
172
|
139
|
126
|
149
|
151
|
201
|
160
|
112
|
1907
|
Source : Registres des différents
établissements de santé de Babadjou
La courbe qui découle de ce tableau marquant la
périodicité est la suivante :
Source : Registres des différents
établissements de santé de Babadjou
Figure 17: Variation mensuelle des données du
paludisme à Babadjou en 2007 et 2008
La courbe de variation mensuelle des données de
paludisme à Babadjou présente deux pics : le premier au mois
d'Avril et le second au mois d'octobre. Ces deux pics marquent le
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début de la saison des pluies pour le premier et la fin
de la saison des pluies pour le deuxième. Ce qui voudrait dire que
pendant la transition climatique, le taux d'humidité est optimal et il
en résulte une multitude de gîtes de moustiques. A partir du mois
de mai, la courbe décroît jusqu'à atteindre le minimum au
mois de juillet pendant la pleine saison des pluies. Elle croît encore
jusqu'au mois de septembre mais sans toutefois atteindre le niveau du mois
d'octobre. Le répit de la courbe de mai à août est
lié au fait que pendant cette période les eaux lessivent le sol
par le phénomène splash et les larves de moustiques sont
détruites. Pour la période allant de novembre à mars, la
courbe décroît avec un minimum au mois de décembre : c'est
la pleine saison sèche. On observe en ce moment une augmentation de la
température et celle-ci provoque la diminution de la vapeur d'eau
contenu dans la masse d'air bien qu'on enregistre parfois des
précipitations à cette période dans la région. Des
résultats pareils ont été trouvés à Dschang,
une ville des hautes terres de l'Ouest du Cameroun par MADA NJOUA (2008) et par
MEVA'A ABOMO (2003) dans la plantation HEVECAM située dans la
région du sud Cameroun. Ces auteurs ont démontré que la
transmission du paludisme est très élevée lors de la
transition climatique, moyenne pendant la saison de pluies et faible en saison
sèche.
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