III- LES AFFECTIONS LIEES AUX EAUX CONSOMMEES A
BABADJOU
De nombreuses affections à Babadjou sont dues à
la consommation des eaux sales. Pourtant, l'eau est indispensable à la
vie. Il faut retenir que ces maladies hydriques sont des affections
causées par des germes qui vivent et se développent dans l'eau.
On les contracte soit en consommant les eaux souillées par les microbes,
soit en consommant les aliments lavés avec les eaux de même
type.
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A- LES AFFECTIONS CAUSEES PAR LA CONSOMMATION DES EAUX
SALES DANS LES MENAGES ET DANS LES ETABLISSEMENTS DE SANTE
Les résultats contenus dans cette partie, sont ceux
obtenus aux moyens des questionnaires au près des ménages et de
la consultation des registres de soins des différents
établissements de santé de Babadjou.
1- Les maladies vécues par les populations
Comme dans la majorité des campagnes camerounaises en
générale et celles des hautes terres de l'Ouest du Cameroun,
à Babadjou la qualité des eaux consommées n'est pas bonne,
surtout en saison sèche. C'est ainsi que de nombreuses maladies à
contamination féco-orale font l'objet du quotidien de ces populations.
Pour évaluer l'ampleur de ce problème, nous avons proposé
dans notre questionnaire une liste de maladies. Les informations recueillies
sont présentées dans la figure 7.
Source : Enquête de terrain, decembre2008
Figure 6 : Maladies dues à la consommation de
l'eau vécues par les populations
Il s'agit des personnes qui ont déjà souffert au
moins une fois de la typhoïde, de la diarrhée, des verminoses et de
l'amibiase.
? Les diarrhées sont décelées chez 30% de
personnes enquêtés ;
? l'amibiase ou dysenterie amibienne affecte 24% des
ménages enquêtés. Le
germe de cette maladie est un protozoaire, l'amibe
dysentérique. La maladie se manifeste par une diarrhée tenace
suivie de colique, de selles glaireuses et sanguinolentes avec des douleurs
abdominales ;
? les verminoses ou ascaridiases touchent également 24%
de ménages interrogés dans notre site d'étude. Pour
certains ménages cette maladie est due à la consommation des
aliments souillés et non lavés. Ce sont les enfants qui en
souffrent le plus souvent car ils appliquent rarement les règles
d'hygiène et sont aussi abandonnés à eux-mêmes;
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? la typhoïde ou salmonellose. Elle a déjà
été vécue au moins une fois dans 22%
de ménages dans notre population. Son germe est une
bactérie, le bacille Eberth. La typhoïde se manifeste par une forte
fièvre, des céphalées, des diarrhées, des
bourdonnements d'oreille et des douleurs musculaires ;
? le choléra. On n'a pas encore connu de cas de
choléra à Babadjou. Cependant il y a un risque d'apparition
futur de cette maladie dans la mesure où la plupart des ménages
ne disposent pas de latrines. Il y a donc une absence de système
d'assainissement. C'est ainsi qu'on défèque dans les porcheries
ou bien dans les îlots de végétation. Pendant la saison de
pluies ces selles sont entraînées par les eaux de ruissellement et
déposées dans les rivières et les sources non
aménagées. Ce qui est un problème grave de santé
communautaire.
? La poliomyélite est transmise par un virus, le
poliovirus. La contamination se fait par voie digestive lors de l'absorption
de l'eau souillée par les selles de porteurs sains ou de sujet malade.
Dans la plupart de cas, l'affection se traduit par un symptôme grippal,
une diarrhée fébrile. Dans certains, cas apparaît une forme
paralytique ayant pour origine l'atteinte de la corne de la moelle
épinière. Nous n'avons pas décelé de cas
poliomyélite à Babadjou. Sans doute à cause des campagnes
permanentes de vaccinations entreprises depuis plusieurs années par
l'Etat camerounais sur toute l'étendue du pays. Cependant, comme pour le
choléra, Babadjou est une zone à risque car il y a absence du
système d'assainissement et des latrines.
? Les hépatites A et B : bien que sévissant dans
le monde entier, les hépatites virales sont plus fréquentes
mais aussi plus graves en zone tropicale. Très souvent
négligées, elles expliquent en grande partie la fréquence
des cirrhoses et les cancers primitifs du foie. Ces maladies sont
provoquées par deux virus : hépatite A et B. Ils sont
présents dans le sang et les selles des malades et des convalescents.
Leur transmission est souvent indirecte par ingestion d'eau ou d'aliments
souillés par les fécès d'un malade ou d'un convalescent.
Tout comme le choléra et la poliomyélite, au cours de ces deux
dernières années nous n'avons pas dénombré un cas
d'hépatite A et B dans notre site d'étude. Mais le risque est
présent surtout que la prophylaxie contre ces maladies est difficile.
Des maladies liées à la consommation de l'eau ont
été décelées dans les ménages par KEINO
(2004) à Mbouda, et par BIANG MBELLA (2005) à Yabassi. A la
différence de Babadjou, les ménages enquêtés par ces
auteurs avaient déjà connu au moins une fois le choléra.
Dans leurs enquêtes et par ordre d'importance, la fièvre
typhoïde, l'amibiase, la diarrhée et les verminoses font l'objet du
quotidien des ménages à Mbouda et à Yabassi.
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