![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti1.png)
UNIVERSITE AIX-MARSEILLE
INSTITUT D'URBANISME ET D'AMENAGEMENT
REGIONAL
MEMOIRE
Pour l'obtention du Diplôme
PORT-SAINT-LOUIS-DU-RHONE TENTE DE REPRENDRE
SON DESTIN EN MAIN :
L'exemple de ses politiques sportives
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti2.png)
Figure 1 : cliché : Mairie de
Port-Saint-Louis-du-Rhône
Master 2 Professionnel Urbanisme et
aménagement Spécialité Urbanisme durable, projet et
action opérationnelle Publication : Septembre
2015
Sous la Direction de Mme. Hélène REIGNER
Laura LEMAIRE
Remerciements :
Je remercie tout d'abord ma Directrice de Mémoire, Mme.
Hélène Reigner, pour ses conseils, ses encouragements et sa
réactivité. Madame, votre encadrement m'a réellement
été d'une grande aide : vous m'avez par deux fois sortie de
l'impasse !
Je tiens ensuite à remercier les professionnels que
j'ai rencontrés dans le cadre de ce travail et qui m'ont fourni des
informations précieuses : la Directrice des Politiques Sportives du SAN
Ouest Provence, la Directrice Enfance, Jeunesse et Sports à la Mairie de
Port-Saint-Louis-du-Rhône ainsi que la responsable du Service
Cohésion sociale.
Mes remerciements vont également à Mme. Julie
André, ma tutrice de stage et M. André Berthier, son
associé, pour le temps qu'ils m'ont laissé pour travailler mon
mémoire ainsi que leurs conseils avisés.
Enfin, je remercie mes grands-parents Jean et Germaine
Bémer pour la relecture et mes parents, Catherine et Jean-Luc Lemaire
ainsi que Du Yu, ma colocataire, pour le soutien moral !
Avant-propos
C'est en feuilletant un numéro de la revue
Urbanisme1 consacré aux grands stades que m'est
venue l'idée de trouver un sujet qui lie sport et urbanisme. Cela
était pour moi l'occasion de faire le lien entre mes études
à l'IUAR et ma pratique du football en association sportive.
Mon stage au sein de la société A5 Programmation
m'a ensuite fourni mon terrain d'études. En effet, la mission principale
qui m'a été confiée était l'élaboration du
Schéma directeur des bâtiments communaux de la commune de
Port-Saint-Louis-du-Rhône. Il s'agit d'une mission d'assistance la
maîtrise d'ouvrage qui vise à accompagner la commune dans sa
politique d'équipements publics. Or parmi la soixantaine
d'équipements qui entraient dans le cadre de l'étude, figuraient
l'ensemble des équipements sportifs de la commune, la
municipalité ayant mentionné qu'il convenait de porter à
ces derniers « une attention particulière
».2
J'ai cependant choisi de ne pas limiter ma réflexion
aux seuls équipements mais de prendre en compte l'ensemble des
politiques sportives communales.
1 Dossier « Grands stades en quête
d'urbanité » : Revue Urbanisme n°393 été 2014
2 Cahier des clauses techniques
particulières : Marché relatif à l'élaboration du
schéma directeur des équipements publics de
Port-Saint-Louis-du-Rhône : Ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône,
2015
2.2. Les particularités des politiques sportives de la
commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône .... 43
Table des matières
Introduction 1
1. Port-Saint-Louis-du-Rhône : une commune qui cherche
à reprendre le contrôle de son destin 7
1.1. Repères historiques :
Port-Saint-Louis-du-Rhône : un destin lié aux activités
portuaires 7
1.1.1. Des origines de Port-Saint-Louis-du-Rhône
à son apogée comme port de
marchandises 7
1.1.2. 1960-1990 : la création de la Zone
industrialo-portuaire (ZIP) de Fos-sur-Mer et la
mise au ban de la commune du SAN Ouest Provence 10
1.1.3. Après la crise, la reprise au milieu des
années 1990 : 17
1.2. Une commune périphérique au sein d'un
système de hiérarchies territoriales : 19
1.2.1. Une double influence historique : 19
1.2.2. L'influence d'Arles : 19
1.2.3. L'influence d'Istres et de Fos-sur-Mer et le
statut de Port-Saint-Louis-du-Rhône au
sein du SAN Ouest Provence 20
1.2.4. Port-Saint-Louis-du-Rhône au sein du SCOT Ouest
Etang de Berre : 23
1.2.5. Quelle place pour la commune au sein de la
Métropole Aix-Marseille-Provence ? : 26
1.3. Port-Saint-Louis-du-Rhône : les enjeux et les
perspectives de développement de la
commune à l'aube d'une nouvelle mandature 29
1.3.1. L'enjeu majeur : devenir un territoire attractif 29
1.3.2. Le projet municipal de Port-Saint-Louis-du-Rhône :
34
1.3.3. Quelles perspectives de développement pour
Port-Saint-Louis-du-Rhône ? 36
Conclusion de la Partie 1 : 38
2. Les politiques sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône :
une périphérie au sein du SAN Ouest
Provence en matière de sport 39
2.1. Le sport : une compétence communale récente et
définie de manière imprécise par la loi 39
2.1.1. Les politiques sportives communales : repères
historiques 39
2.1.2. Une définition des compétences par la loi
qui laisse une grande liberté d'intervention aux
communes 41
2.2.1. Un patrimoine sportif dont la construction rencontre
l'histoire de la commune 44
2.2.2. Un soutien important à un mouvement sportif
dynamique 50
2.2.3. L'animation : quand la commune devient un acteur des
politiques sportives 55
2.3. Port-Saint-Louis-du-Rhône et la compétence
« sport » du SAN Ouest Provence 58
2.1.1. La compétence « Sport » du SAN Ouest
Provence : cadrage juridique 58
2.3.2. Les politiques sportives du SAN Ouest Provence et
Port-Saint-Louis-du-Rhône 61
Conclusion de la Partie 2 : 67
3. L'ambition de Port-Saint-Louis-du-Rhône en
matière de politiques sportives face à un contexte
défavorable 69
3.1. La création de la Métropole
Aix-Marseille-Provence bouleverse les politiques sportives du
SAN Ouest Provence 69
3.1.1. Le devenir du sport dans la Métropole Aix-Marseille
Provence : repères généraux. 70
3.1.2. Le SAN Ouest Provence anticipe l'entrée en vigueur
de la loi 72
3.2. Le transfert partiel de la compétence sport
aux communes et ses effets sur Port-Saint-Louis-
du-Rhône 73
3.2.1. Des effets limités sur
Port-Saint-Louis-du-Rhône 73
3.2.2. Un transfert de compétence qui vient s'ajouter
à un mouvement général accentuant la
place de Port-Saint-Louis-du-Rhône comme
périphérie sportive 75
3.3. Une politique volontariste de
Port-Saint-Louis-du-Rhône en matière de politiques
sportives confrontée à plusieurs obstacles 79
3.3.1. Des orientations de politiques sportives ambitieuses 80
3.3.2. Des obstacles qui limitent les perspective de
réussite de la commune 84
Conclusion de la partie 3 : 90
Conclusion 91
Liste des annexes : 93
Annexe 1 : Poids des communes au sein du SAN Ouest Provence,
Chiffres en valeur relative : 94
Annexe 2 : Données extraites de la base de données
Perval : Prix moyens des biens immobiliers en
Région PACA 95
Annexe 3 : Prix de vente des maisons à
Port-Saint-Louis-du-Rhône et Venelles : Base de données
Seloger.com 96
Annexe 4 : Entretien avec la Directrice Enfance,
Education et Sports de la Mairie de Port-Saint-
Louis-du-Rhône et son assistant 97
Annexe 5 : Liste des associations sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône 107
Annexe 6 : Entretien avec la Directrice des Politiques
sportives du SAN Ouest Provence 109
Annexe 7 : Programme politique de la liste « PSL gagnant
», équipe municipale actuellement aux
affaires lors des élections municipales de 2014. p. 10
: « Le sport / la jeunesse / la culture » 115
Bibliographie : 117
Table des illustrations 123
1
Introduction
La « ville du bout du monde » :
Port-Saint-Louis-du-Rhône est une petite ville d'environ
8700 habitants3 située à l'Ouest de l'Etang de Berre
dans le département des Bouches-du-Rhône. Elle doit son surnom de
« ville du bout du monde » à sa localisation sur le delta du
Rhône et à son éloignement des grands centres urbains. La
commune a rejoint depuis 2003 le Syndicat d'agglomération Nouvelle (SAN)
Ouest Provence, lequel a été créé dans les
années 1970 pour accompagner l'urbanisation du pourtour de l'Etang de
Berre liée à la création de la zone industrialo-portuaire
de Fos-sur-Mer (ZIP). Cependant l'histoire industrielle de
Port-Saint-Louis-du-Rhône est bien antérieure : elle débute
en 1881, année de la mise en service du Canal du Rhône alors que
le territoire communal est encore un hameau de quelques centaines de
pécheurs appartenant à la commune d'Arles.
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti3.png)
Figure 2 : Carte de localisation / Source :
Géoportail.fr / Réalisation : Laura Lemaire, août
2015
3 Insee, Recensement de la population 2012 : 8680
habitants
2
Port-Saint-Louis-du-Rhône est une ville à forte
tradition industrielle et ouvrière. Cependant, elle a connu une crise
importante entre les années 1970 à 1990, du fait du transfert de
ses activités portuaires et industrielles vers la ZIP. Le surnom de
« ville du bout du monde » prend alors une autre signification :
celle d'une commune délaissée et mise à l'écart de
la construction communautaire. En effet, pendant toute cette période, la
commune est exclue du SAN Ouest Provence.
Le milieu des années 1990 marque un tournant pour la
ville, celui du retour d'une activité économique florissante sur
le territoire de la commune avec la création de Distriport, la
plate-forme logistique du Port autonome de Marseille. Depuis cette
époque, cependant, la ville peine à se défaire de son
image de « ville du bout du monde » et ne parvient pas à se
développer comme elle le souhaiterait.
Un projet municipal ambitieux :
C'est dans ce contexte qu'ont lieu les élections
municipales de 2014 et qu'est élue la nouvelle équipe
actuellement aux affaires. Cette équipe de tendance « divers gauche
» est élue dans une ville historiquement communiste, qui n'avait
connu qu'une fois l'alternance politique depuis 1904.4 Le projet
politique de l'équipe « PSL Gagnant » peut se
résumer ainsi : donner à Port-Saint-Louis-du-Rhône les
moyens de ne plus être la « ville du bout du monde ». Pour
cela, il s'agit pour la commune de reprendre le contrôle de son destin.
Ne plus subir les influences extérieures comme cela a été
le cas depuis la fondation de la ville en 1905 mais être acteur de son
développement. Suivant cette ligne directrice, le programme politique se
décline en différentes thématiques dont celui des
politiques sportives.
Les politiques sportives au service du
développement du territoire :
Depuis les années 1960, le sport prend une place
croissante dans la société française avec le
développement du sport amateur ainsi que la construction progressive
d'une économie du sport spectacle en lien avec les grandes
compétitions internationales. L'action publique territoriale s'est donc
saisie de cette thématique qui est à la fois créatrice de
richesse et de rayonnement pour les territoires et qui est
présentée comme le remède à certains maux de la
société. On parle en effet de « sport santé » et
de sport d'entretien » pour lutter contre les maladies et ralentir le
vieillissement et
4 Entre 1989 et 2008 : équipe municipale de
tendance « divers droites »
3
de « sport insertion » pour renforcer la
cohésion sociale en particulier dans les territoires concernés
par la politique de la ville. Le sport est enfin vanté pour ses vertus
éducatives en raison des valeurs qu'il véhicule.
La commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône, comme
l'ensemble des collectivités publiques françaises met donc en
oeuvre des politiques sportives et entend s'appuyer sur ces dernières
dans le cadre donc de son projet de développement.
Le contexte de la réforme territoriale et de la
rigueur budgétaire :
Il convient cependant de considérer
Port-Saint-Louis-du-Rhône et ses politiques sportives dans leur contexte
territorial. En effet, la commune est membre d'une intercommunalité : le
SAN Ouest Provence, qui va prochainement disparaitre et être dissoute
dans la Métropole Aix-Marseille-Provence qui entre en vigueur au
1er janvier 2016. Cette évolution entraine de profondes
mutations des politiques sportives communautaires, qui peuvent être un
obstacle aux orientations de politique sportive de la commune. A cela s'ajoute
également un contexte peu favorable au développement territorial
qui est celui de la rigueur budgétaire au niveau de l'Etat, qui se
caractérise par une baisse des subventions accordées aux
collectivités territoriales.
Définitions :
Le sujet de ce mémoire est donc le projet de
développement de la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône par
l'exemple de ses politiques sportives. Nous montrerons en quoi par les
politiques sportives, la commune tente de reprendre son destin en main dans un
contexte peu favorable. L'expression « rependre son destin en main »
à deux facettes :
- Cesser de subir les influences extérieures pour devenir
acteur de son développement
- Ne plus être le « petit dernier » du SAN
Ouest Provence mais acquérir un certain rayonnement
Il sera donc question de hiérarchies entre les
territoires à travers les notions de « centralités » et
« périphérie », que l'on appliquera aux politiques
sportives. Il convient donc de définir ces termes : Le centre peut
être défini comme « le point de convergence ou de
rayonnement où diverses activités sont concentrées »,
il s'emploie par opposition à une périphérie sur
laquelle elle exercerait son
4
influence.5 En termes d'équipements, le
centre se caractérise par ailleurs par « le niveau
d'équipements en nombre et/ou en variété et/ou en
sophistication. »6 Le terme de centralité quant
à lui qualifie «l'action d'un élément central sur
sa périphérie ».7
L'opposition centre-périphérie comporte donc
deux idées : celle d'abord du rapport de domination d'un territoire (le
centre) sur un autre (les périphéries) et ensuite la
concentration d'équipements et de services en un point (le centre) par
opposition à une périphérie moins bien dotée. Dans
notre analyse, on parle donc de « centres » et de «
périphéries » en matière de politiques sportives en
prenant en compte ces deux idées. Lorsqu'on parle de
périphérie sportive dans le cadre du SAN, on entend l'idée
d'une hiérarchie entre les différentes communes de
l'intercommunalité. Cette opposition sera également
appliquée au cadre de la future Métropole
Aix-Marseille-Provence.
La géographie du sport : état de
l'art
Ce travail s'inscrit dans le champ de la géographie du
sport. Il s'agit d'un objet d'étude relativement récent puisqu'il
apparait dans les années 1980. Cela s'explique par le fait que la
géographie a longtemps privilégié l'analyse de
phénomènes productifs, ce que n'était pas le sport avant
l'affirmation du sport spectacle. D'autre part, le sport pâtissait d'une
mauvaise image et ne semblait pas être un objet assez noble pour
être étudié, à l'instar du tourisme. Depuis les
années 1980, cependant, cet objet d'étude marginal a donné
lieu à une vingtaine de thèses et trois universités,
Bordeaux, Clermont-Ferrand et Grenoble, chefs de file dans ce domaine, l'ont
intégré dans les programmes de géographie.8
Trois axes principaux de recherche peuvent être identifiés :
L'axe fondateur des politiques sportives envisage la question
par le biais de la municipalisation des politiques sportives dans le cadre des
premières lois de décentralisation : cet axe est avant tout
centré sur les équipements sportifs. Apparaissent ainsi les
questions du sport comme outil de marketing territorial, des modalités
de portage financier, opérationnel et institutionnel des
équipements sportifs, ainsi que la dialectique politiques
sportives-aménagement du territoire et la répartition des
équipements sur le territoire.
Un deuxième axe de recherche en géographie du
sport est marqué par les apports de la sociologie et de l'anthropologie
: l'idée est que les politiques sportives produisent autant du lien
social
5 CHOAY, Françoise et MERLIN, Pierre : «
Centre » : Dictionnaire de l'urbanisme et de l'aménagement. PUF, 2e
édition, 2009
6 Idem
7 Ibid : « centralité »
8 GIBAND, David et HOLZ, Jean-Marc : Les territoires
du sport entre politiques et pratiques : 2007, Presses Universitaires de
Perpignan, collection études : p.16
5
que des équipements. Apparaissent ainsi les questions
des systèmes d'acteurs et des représentations sociales induites
par les politiques sportives, par exemple le lien entre la production d'espaces
sportifs et les processus de requalifications sociales.
Enfin, le troisième axe est inspiré de la
sociologie politique et des travaux sur le management du sport : la question
des politiques sportives est ici étudiée sous l'angle de la
gouvernance. C'est dans ce cadre que se font les travaux sur la mise en place
de modes complexes de gouvernance sportives telles que les partenariats
public-privé.9
Hypothèses :
Ce travail s'inscrit dans la lignée du premier axe de
recherche en géographie du sport. En effet, il sera avant tout question
du lien entre politiques sportives et aménagement du territoire. Nous
partirons en effet des hypothèses suivantes :
- Le statut de Port-Saint-Louis-du-Rhône au sein d'un
système de hiérarchies territoriales permet d'expliquer la nature
de ses politiques sportives
- Les politiques sportives du SAN Ouest Provence
déterminent les politiques sportives de la commune
- Les politiques sportives sont pour
Port-Saint-Louis-du-Rhône une facette de sa politique de
développement territorial
La problématique est donc la suivante : Dans
quelle mesure Port-Saint-Louis-du-Rhône peut-elle se développer et
ainsi « reprendre son destin en main » dans le domaine des politiques
sportives ?
Plan :
La première partie consistera en une
présentation du territoire. Il s'agira en effet en présenter
l'enjeu majeur auquel est confronté la commune de
Port-Saint-Louis-du-Rhône en 2015 : sortir de son image de « ville
du bout du monde » et « reprendre son destin en main » par une
politique de développement territorial. Pour cela, nous montrerons en
quoi le destin de la commune était jusqu'à présent sous
influences extérieures et compris dans un système de
hiérarchies territoriales.
9 GIBAN, David et HOLZ, Jean-Marc : op. cit. :
Introduction
6
A la lumière de la présentation du territoire,
nous présenterons dans une deuxième partie les politiques
sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône et la façon dont celles-ci
sont influencées par celles du SAN Ouest Provence. Nous verrons ainsi
que la commune est une périphérie du SAN Ouest Provence en
matière de sport.
Enfin, la troisième partie sera consacrée aux
orientations de politiques sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône et
à leurs perspectives de réussite dans un contexte peu favorable :
mutation de la compétence sport intercommunale dans le cadre de la
création de la Métropole et réduction du soutien de l'Etat
aux collectivités territoriales.
7
1. Port-Saint-Louis-du-Rhône : une commune qui
cherche à reprendre le contrôle de son destin
Si ce travail est centré sur les politiques sportives
de Port-Saint-Louis-du-Rhône, on ne pouvait cependant pas faire
l'économie d'une présentation plus générale du
territoire afin de replacer cet objet d'études particulier dans son
contexte. Il s'agit en effet de montrer en quoi Port-Saint-Louis-du-Rhône
est une commune qui cherche à reprendre son destin en main.
Pour cela, nous commencerons donc dans une première
sous-partie par montrer en quoi au cours de son histoire, le destin de
Port-Saint-Louis-du-Rhône n'a cessé d'être dicté par
des influences extérieures et en particulier par les industries
liés aux activités portuaires. Dans une deuxième
sous-partie, nous présenterons ensuite le statut qu'occupe actuellement
Port-Saint-Louis-du-Rhône au sein d'un système complexe
d'influences : la ville d'Arles, le SAN Ouest Provence, le SCOT Ouest Etang de
Berre et enfin la future Métropole Aix-Marseille-Provence. Enfin, dans
une troisième sous-partie, nous présenterons l'enjeu majeur
auquel la commune cherche aujourd'hui à faire face, le programme
politique qu'elle met en oeuvre pour y répondre ainsi que ses
perspectives de réussite.
1.1. Repères historiques :
Port-Saint-Louis-du-Rhône : un destin lié aux activités
portuaires
Il convient d'abord de préciser que cette sous-partie
doit beaucoup à l'ouvrage de Jean-Louis Charrière publié
en 2004 à l'occasion du centième anniversaire de
l'érection de Port-Saint-Louis-du-Rhône en
commune.10
1.1.1. Des origines de Port-Saint-Louis-du-Rhône
à son apogée comme port de marchandises
Aux origines : la construction du Canal du Rhône
:
L'origine de Port-Saint-Louis-du-Rhône se trouve dans le
hameau de la Tour Saint-Louis, qui était au XVIIIe siècle un
simple regroupement de cabanes de pêcheurs. Il s'agissait de la
dernière tour de garde construite à l'embouchure du Rhône
sur le territoire de la commune d'Arles.
10 CHARRIERE, Jean-Louis :
Port-Saint-Louis-du-Rhône ou le génie de l'adaptation. Editions
Edisud, Aix-en-Provence, 2004
8
Avant de devenir une ville, Port-Saint-Louis est d'abord
devenu un port. En effet, la navigation fluviale était impossible
à l'embouchure du Rhône en raison de l'accumulation d'alluvions.
Ainsi, des hommes d'affaires principalement Lyonnais tels qu'Hyppolite Peut,
usèrent de leur influence pour accélérer la construction
du Canal Saint Louis dont le but était de créer une liaison
fluviale entre le fleuve et le Golfe de Fos. Le but de la création du
canal était de pouvoir acheminer des marchandises jusque Lyon par voie
fluviale sans passer par le Port de Marseille dont les prix semblaient
prohibitifs. Arles devient ainsi un avant-Port de Lyon en opposition à
Marseille.
La construction du canal connait des débuts incertains
liés au contexte de l'époque : la crise économique, la
Révolution de 1848 et enfin une stratégie de politique
industrielle qui préférait le chemin de fer à la
navigation fluviale : c'est l'époque en effet de la création du
premier tronçon (Marseille-Avignon) de la ligne PLM
(Paris-Lyon-Marseille).
Le 9 mai 1863, Napoléon III prend un décret
autorisant la percée du Canal. Cependant, huit années (de 1864
à 1871) sont nécessaires à la percée des 3,5 km de
canal, quand à la même époque les 161 km du Canal de Suez
sont percés en dix ans.
Furent ainsi construits un bassin portuaire de 12 hectares,
une écluse et un chenal d'accès de 164 m. Et bien que le Port fut
opérationnel dès la fin des travaux, le démarrage
économique n'eut lieu qu'en 1881 avec l'installation de la Compagnie
Générale de Navigation.
Le Canal et la création de la ville :
Si l'activité économique portuaire se
développe, le site est en 1881 quasiment désertique. Des
populations immigrées de milieux modestes (Provençaux, Italiens,
Grecs) viennent s'installer à la Tour Saint Louis pour trouver du
travail dans la pêche ou la marine. Rien cependant n'a été
conçu pour l'accueil de populations. Par exemple, l'éclairage
électrique de la ville ne fut fait qu'en 1913 et l'alimentation en eau
potable ne se fait qu'en 193011. Les compagnies qui emploient la
main d'oeuvre ouvrière ne se soucient pas d'aménager des
logements ou des équipements. Les conditions de vie sont donc difficiles
en dépit de l'installation de plusieurs grandes entreprises telles que
la Société des Transports maritimes à Vapeur de Paul
Daher, la compagnie Transatlantique, qui ouvre des lignes hebdomadaires
Marseille-PSL-Espagne-Oran, la Compagnie des mines de la Maison Cessieux ou
encore la minoterie Gautier qui est alors une des plus grandes en France.
11 CHARRIERE, Jean-Louis : op. cit. : «
Petite chronologie » : p. 96 à 110
9
Jusqu'à la fin de la deuxième guerre mondiale,
Port-Saint-Louis devient donc un centre industriel important, qui emploie une
main d'oeuvre nombreuse. Jusque dans les années 1960, le port connait un
usage croissant. En témoignent les chiffres du trafic maritime :
Année
|
1881
|
1914
|
1930
|
1960
|
Trafic maritime en tonnes de marchandises/an
|
30 000
|
328 000
|
400 000
|
900 000
|
Figure 3 : Evolution du trafic maritime / Source :
CHARRIERE, Jean-Louis12/Réalisation Laura Lemaire, août
2015
Mais jusqu'en 1904, la Tour Saint Louis reste un hameau de la
commune d'Arles. Des immigrés venus de Provence, d'Italie, de
Grèce, d'Espagne, d'Arménie et d'Afrique du Nord affluent pour
travailler sur le Port comme docker, cependant aucun projet d'urbanisme ne voit
le jour. La ville va ainsi se développer en quartiers distincts sans
plan d'ensemble. 13 Les observateurs parlent d'un « village
improbable qui s'improvise ».
En 1904, par séparation de la commune d'Arles, le
hameau de la Tour Saint Louis devient le village de
Port-Saint-Louis-du-Rhône.
On observe une croissance spectaculaire de la population
pendant toute cette période : la population est multipliée par
plus de 12 en 65 ans. On passe en effet de 300 habitants en 1881 à la
construction du canal à 3882 habitants en 1946.14
Année
|
1881
|
1892
|
1904
|
1922
|
1946
|
Nombre d'habitants
|
300
|
1800
|
2000
|
3682
|
3882
|
Figure 4 : Evolution du nombre d'habitants entre 1881 et
1946 / Source : CHARRIERE, Jean-Louis / Réalisation Laura Lemaire,
août 2015
12 CHARRIERRE, Jean-Louis : op. cit. :
p.86
13 CHARRIERE, Jean-Louis : op. cit. : p.61
à 66 : Chapitre « Imaginaire d'une ville »
14 CHARRIERE, Jean-Louis : op. cit. : «
Petite chronologie »
10
La création du port et le développement de la
commune sont donc directement une conséquence de l'arrivée d'une
l'activité portuaire dont l'initiative est celle d'hommes d'affaires
Lyonnais.
1.1.2. 1960-1990 : la création de la Zone
industrialo-portuaire (ZIP) de Fos-sur-Mer et la mise au ban de la commune du
SAN Ouest Provence
Jusque dans les années 1960,
Port-Saint-Louis-du-Rhône est donc un pôle industriel important
à l'échelle nationale où l'emploi industriel a une place
importante. Cependant, la construction de la ZIP de Fos-sur-Mer va constituer
un tournant pour la commune, qui va être isolée sur le plan
économique et politique. D'avant-port colonial à l'importance
nationale, Port-Saint-Louis va ainsi devenir « la ville du bout du monde
», exclue de la construction intercommunale, à laquelle est
adossée la création de la ZIP.
La construction de la Zone industrialo-portuaire (ZIP) de
Fos-sur-Mer :
Au début des années 1930, le pourtour de l'Etang
de Berre est un espace aux paysages ruraux et agricoles mais en ce début
du 20e siècle, ce territoire est progressivement pensé
et aménagé comme une annexe du port de Marseille par la Chambre
de commerce et d'industrie. Le potentiel industriel du territoire est cependant
encore largement inexploité : l'industrie se limite à trois
raffineries de pétrole et deux sites industrialo-portuaires.
Au milieu des années 1950, la Chambre de commerce et
d'industrie souhaite attirer à Fos-sur-Mer des entreprises
sidérurgiques d'envergure nationale. L'idée intéresse le
gouvernement qui va prendre la main et progressivement écarter les
acteurs locaux du projet. Dans un contexte d'aménagement du territoire,
l'idée est pour l'Etat de créer un « pôle de
croissance » afin d'industrialiser la façade
méditerranéenne et de favoriser ainsi la restructuration des
grandes entreprises françaises et assurer leur insertion dans la
concurrence internationale.15
Dans les années 1960 un port en eau profonde va ainsi
être creusé dans le Golfe de Fos, puis en 1969 va être
aménagée la ZIP dans la plaine de Crau, où les entreprises
vont progressivement s'installer dans les années 1960 et 1970. On peut
citer en particulier les grandes entreprises du secteur la métallurgie
telles que SOLMER ou de la pétrochimie telles qu'Imperial Chemical
Industries et
15 CLAUX, Martin : La ville mobile gouvernée.
Intercommunalités, politiques de déplacements et trajectoires de
déplacement de la Région Urbaine Marseillaise. Thèse de
Doctorat, Aix-Marseille Université, 2014
11
ESSO, soutenues par l'Etat et qui investissent massivement
dans la zone. Fos-sur-Mer devient donc un pôle industriel important.
Une évolution démographique et sociale
:
Le développement industriel va entrainer un
accroissement démographique important et une mue sociale. En effet,
entre 1960 et aujourd'hui, la population des communes qui forment actuellement
le SAN Ouest Provence16 a été multipliée par
quatre : elle passe en effet de 25 000 à 96 000 habitants.
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti4.png)
Figure 5 : Evolution démographique du SAN Ouest
Provence / source : Insee, Recensements de la population
/ Réalisation : CLAUX, Martin, 2014
A cette impressionnante croissance démographique
s'ajoute une mue sociale : en effet la majorité des emplois
créés à Fos-sur-Mer sont des emplois ouvriers.
L'installation des entreprises sidérurgiques en particulier
déclenche la migration des « hommes du fer », ces ouvriers
métallurgistes lorrains qui s'installent en masse dans les communes
autour de Fos-sur-Mer.
Cela a pour conséquence un taux de l'emploi ouvrier
très importants par rapport à la France métropolitaine, ce
qui est encore vrai aujourd'hui. Les communes de Miramas et
Port-Saint-Louis-du-Rhône en sont un bon exemple avec respectivement une
part de 30 et 40% d'emplois ouvriers en 2014.17 Le graphique
ci-dessous permet de mettre en évidence le fait qu'au moment où
la France en
16 Istres, Fos-sur-Mer, Miramas,
Port-Saint-Louis-du-Rhône, Grans, Saint-Mitre-les-Remparts
17 Insee, Recensement de la population 2012
12
général connait une désindustrialisation
(à partir des années 1970), pour les villes de l'Etang de Berre,
on observe le phénomène inverse dans les communes du SAN Ouest
Provence :
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti5.png)
Figure 6 : Part des ouvriers dans la population active /
Source Insee / Réalisation Martin CLAUX, 2014
Un EPCI pour aménager le territoire :
Le développement industriel s'est accompagné de
la création d'une ville nouvelle et d'une structure intercommunale pour
aménager la zone et construire les infrastructures nécessaires
d'une part à l'accueil des activités industrialo-portuaires et
d'autre part à l'accueil des populations dans des conditions
décentes. La volonté initiale de l'Etat est de réunir 14
communes dans un Etablissement public d'aménagement.
A l'arrivée, seules quatre communes intègrent
l'Etablissement Public d'Aménagement de la ville nouvelle des Rives de
l'Etang-de-Berre (EPREB) : Istres, Fos-sur-Mer et Miramas,
intégrées au sein d'un Syndicat Communautaire
d'Aménagement (SCA) et Vitrolles en tant que commune associée
à la ville nouvelle. Il s'agit d'une alliance politique entre communes
de la majorité gouvernementale de centre droit (UDR).
13
Le périmètre de la SCA, qui devient le SAN Ouest
Provence en 1984 ne change pas jusque dans les années 2000 en
dépit des demandes répétées de certaines communes
telles que Saint-Martin-de-Crau et Port-Saint-Louis-du-Rhône
d'intégrer cet EPCI fiscalement riche.
Les communes de la SCA se voient déléguer
l'exécution des investissements communautaires dans les domaines du
logement, de la voirie, de la signalisation, des parkings, des espaces verts ou
encore des équipements culturels, sportifs ou scolaires et les frais
sont couverts par une dotation de la SCA envers les communes.
Dans un premier temps, la ville d'Istres, siège de la
SCA puis du SAN Ouest Provence et sous-préfecture des
Bouches-du-Rhône depuis 1981 capte la majorité des crédits.
Il s'agit d'une période pendant laquelle l'EPCI est au service du
développement de la ville-centre. L'idée qui sous-tend cet
état de fait est celle de « charges de centralité » et
les grands projets communautaires se font systématiquement à
Istres.18
Cette situation perdure jusqu'au début des
années 2000 avec l'entrée de trois nouvelles communes au sein du
SAN Ouest Provence : Port-Saint-Louis-du-Rhône, Grans et
Cornillon-Confoux. A partir de ce moment, le leadership d'Istres est
contesté par une coalition des pôles secondaires menés par
Fos-Sur-Mer. On passe ainsi d'un « consensus communautaire (une
intercommunalité au service du rayonnement de la centralité
Istréenne) à une autre : une intercommunalité au service
du développement d'un territoire
multipolaire.»19
Port-Saint-Louis-du-Rhône, un territoire
à la marge du développement industriel et de la construction
communautaire des communes du SAN Ouest Provence :
Ainsi, pendant les décennies 1970, 1980 et 1990,
Port-Saint-Louis-du-Rhône, comme Grans et Cornillon-Confoux, ne
parviennent pas à intégrer l'EPCI. Si les communes de
Fos-sur-Mer, Miramas et surtout Istres profitent des ressources d'un EPCI riche
qui investit en masse pour l'aménagement de la ville nouvelle, ce n'est
pas le cas de Port-Saint-Louis-du-Rhône, qui accuse ainsi un retard de
développement de la population et également un retard en termes
d'équipements, notamment sportifs, lié à sa
non-entrée dans le SAN.
18 CLAUX, Martin : op. cit. p.116 à
131 : « 3.2. Le Syndicat d'agglomération nouvelle Ouest Provence,
la construction d'un espace industriel multipolaire»
19 Ibid : p.129
14
Le Port autonome de Marseille et la ZIP de Fos-sur-Mer
condamnent Port-Saint-Louis-du-Rhône :
Jusque dans les années 1960,
Port-Saint-Louis-du-Rhône est donc un pôle industriel d'envergure
nationale. Lorsque le Port Autonome de Marseille est créé en
1966, c'est donc naturellement que le port est intégré à
l'ensemble. Le Port autonome voyait en Port-Saint-Louis-du-Rhône la
possibilité de pouvoir naviguer sur une grande partie du territoire
national et même vers l'Europe du nord. Mais ce qui se présentait
comme une opportunité pour Port-Saint-Louis-du-Rhône de confirmer
et d'accroitre son développement économique, s'est en fait
avéré être la cause de son déclin.
En effet, le Port fonctionne jusque dans les années
1960 puis ses activités portuaires et industrielles sont
transférées vers la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer car
le tirant d'eau du Port devient insuffisant pour accueillir des bateaux
containers de 100 000 tonnes qui sont devenus la norme.20 Le port
est donc condamné car il est devenu inadapté face aux mutations
du commerce international et obsolète en comparaison avec les darses
considérables de la ZIP.
« En 1970, nouveau coup du sort, la création de
la zone industrialo-portuaire de Fos-sur-Mer avec ses darses immenses
adaptées au gigantisme des nouveaux navires, à l'automatisation
de la manutention (les porte-conteneurs) renvoie
Port-Saint-Louis-du-Rhône à l'image désuète d'un
petit port colonial dépassé. »21
Par ailleurs, les emplois de la ZIP de Fos ne parviennent pas
à remplacer les emplois perdus à Port-Saint-Louis et le
chômage atteint des records sur la commune : entre 1982 et 1999, en
effet, le taux de chômage passe de 10,5% à 23,6%.22
Cette hausse du taux de chômage est à mettre en relation avec une
perte importante de population puisqu'entre 1980 et 1999, la commune perd
21,73% de sa population.23
On peut ainsi supposer que les communes du SAN Ouest Provence
refusent l'entrée à Port-Saint-Louis-du-Rhône dans l'EPCI
car il s'agit d'une commune qui serait davantage un poids qu'une richesse pour
les autres communes. En effet, la fermeture du port signifie également
celle des usines.24
20 GIRAUD-HERAUD, Frédérique : La
Stratégie de développement local de
Port-Saint-Louis-du-Rhône 1889-2000 : Mémoire de DESS,
Université Aix-Marseille, 2000 : p.14
21 PICON, Bernard : « Une culture de
l'incertitude » in CHARRIERRE, Jean Louis : op. cit. : p.86
22 Insee, Recensements de la population : 1982 : 308
chômeurs, 1999 : 645 chômeurs
23 Insee, Recensements de la population : 1982 : 10378
habitants, 1999 : à 8123 habitants
24 GIRAUD-HERAUD, Frédérique : op. cit.
: P.15
Un retard de développement de la population
:
La commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône a connu une
hausse importante de sa population dans les années 1960/1970, du fait du
développement des emplois industriels de la ZIP, cependant, cela ne
s'est pas vérifié ensuite, s'il l'on compare avec les autres
communes du SAN Ouest Provence, comme on peut le constater sur le graphique
suivant : 25
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti6.png)
Figure 7 : Comparaison de l'évolution de la
population : PSLR / SAN Ouest Provence / Bouches-du-Rhône / Source et
réalisation : Insee, Recensements de la population
La comparaison de la population de
Port-Saint-Louis-du-Rhône et de Fos-sur-Mer est particulièrement
révélatrice (graphique et tableau suivant). En effet, Fos-sur-Mer
était avant la création de la ZIP une ville moins peuplée
que Port-Saint-Louis-du-Rhône, qui compte aujourd'hui le double de
population. Cela montre bien la conséquence de la création de la
ZIP sur les communes environnantes.
15
25 Port-Saint-Louis-du-Rhône, fiche communale :
Ouest Provence, avril 2011
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti7.png)
16
|
1962
|
1968
|
1975
|
1982
|
1990
|
1999
|
2007
|
Fos-sur-Mer
|
2898
|
2869
|
6709
|
9031
|
11605
|
14007
|
15832
|
Port-Saint- Louis-du- Rhône
|
6278
|
8285
|
10393
|
10378
|
8624
|
8123
|
8530
|
Figure 8 : Source : Comparaison de l'évolution de
la population : PSLR et Fos-sur-Mer / Source : Insee, recensements de la
population / Réalisation Laura Lemaire, août 2014
Cette évolution peut être corrélée
avec l'évolution du taux de chômage sur les deux communes : on
observe en effet que c'est dans les années 1990 que le chômage
augmente le plus à Port-Saint-Louis, or c'est également à
cette époque que la population diminue le plus :
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti8.png)
Figure 9 : Comparaison de l'évolution du taux de
chômage à Fos-du-Mer et PSLR / Source : Insee / Réalisation
Laura
Lemaire, août 2015
17
Cette comparaison de population avec Fos-sur-Mer montre qu'un
projet national peut avoir des conséquences considérables sur le
développement d'une commune.
1.1.3. Après la crise, la reprise au milieu des
années 1990 :
Les années 1980 et 1990 sont dont une période de
crise pour la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône, qui voit son taux de
chômage passer au-dessus des 20% et sa population décroitre de
plus de 20%. Cependant, les années 1990 sont également la
période qui amorce un renouveau pour la commune.
Distriport : un pôle logistique :
En 1994, le Port Autonome de Marseille ouvre une plate-forme
logistique sur le territoire de Port-Saint-Louis-du-Rhône : Distriport.
Le Port autonome de Marseille s'inspire ainsi des plateformes logistiques de
Barcelone et Rotterdam, qui sont parvenues à créer 100 emplois
à l'hectare.
Il s'agit d'un site stratégique. Les 160 hectares de la
plateforme logistique sont en effet limitrophes avec Fos-sur-Mer, premier
complexe industriel de la Méditerranée et profitent d'une liaison
mer, rail, route. Selon l'étude « Immobilier et Territoire
» parue en 1998, Distriport pouvait représenter jusqu'à
1500 à 2000 emplois.
La création de Distriport est ainsi le premier facteur
qui participe à redynamiser l'emploi sur la commune et ainsi pallier la
crise profonde que connaissait cette dernière.26
Le développement des métiers de la mer : la
pêche et l'élevage :
Le deuxième des pôles de croissance de la commune
est le développement des métiers de la mer : la pêche d'une
part et la plaisance d'autre part.
Tout d'abord, un port de pêche conchylicole
(élevage et culture de moules) est créé par le Conseil
Général en 1998 aux abords du Canal Saint Antoine l'Hermite. En
1999, la production saint-louisienne représentait 5000 tonnes par an,
soit 10% de la production en France. A cela s'ajoute
26 GIRAUD-HERAUD, Frédérique : op.
cit. : p.25
18
l'ouverture au début des années 2000 d'une zone
d'activité des métiers de la mer sur la presqu'ile du Mazet.
La plaisance :
Avant les années 1990, Port-Saint-Louis ne disposait
d'aucun port de plaisance. Actuellement, on en dénombre 6 sur la
commune, soit municipaux soit privés, ce qui offre en tout plus de 1100
places en eau et 2000 à sec.
Le développement des ports de plaisance au cours des
années 1990 revient à saisir une opportunité. En effet,
Port-Saint-Louis-du-Rhône était alors un des seuls sites de la
Méditerranée occidentale possédant des espaces disponibles
pour cette activité dans un contexte où les ports de plaisance de
la Côte d'Azur arrivaient à saturation.
En 1992, en particulier un port de plaisance municipal voit le
jour dans l'ancien port de marchandise.
L'entrée dans le SAN : signe de la reprise
?
Ce n'est pas un hasard si Port-Saint-Louis-du-Rhône
intègre le SAN Ouest Provence à une époque où la
commune a de nouveau sur son territoire des activités productrices de
richesses et d'emplois.
Port-Saint-Louis-du-Rhône intègre ainsi le SAN en
2003, en même temps que Cornillon-Confoux et Grans. Or, entre 1990 et
2006, le taux de chômage passe de 23,6% à 15,5%27, ce
qui prouve un développement de l'emploi sur la commune car pendant le
même temps, la population se stabilise et augmente à nouveau
passant de 8123 à 8530 habitants28, ce qui vient
réfuter l'idée d'une baisse mécanique du taux de
chômage liée à un départ important de
chômeurs.
A partir de 2003, Port-Saint-Louis-du-Rhône va ainsi
pouvoir profiter de la solidarité intercommunale d'un EPCI
27 Insee, Recensements de la population 1999 et
2006
28 Idem
19
1.2. Une commune périphérique au sein
d'un système de hiérarchies territoriales :
Après être revenus sur l'histoire de la commune,
montrant ainsi que la commune a longtemps subi les influences
extérieures des acteurs de l'industrie et du transport maritime, il
convient à présent de définir la place qu'occupe
aujourd'hui Port-Saint-Louis-du-Rhône dans un système de
hiérarchies territoriales.
1.2.1. Une double influence historique :
Avant son érection en commune en 1904 sous le toponyme
de Port-Saint-Louis-du-Rhône, la Tour Saint Louis était un hameau
de la commune d'Arles. Mais la zone portuaire construite 1881 était
quant à elle située sur un territoire située à la
fois sur la comme d'Arles et celle de Fos-sur-Mer. Port-Saint-Louis est donc un
territoire qui est sous une double influence à l'échelon local
depuis sa fondation.
Cette double influence se retrouve dans l'analyse du
réseau viaire. Il n'existe en effet que deux routes
départementales qui desservent la commune : la D35 venant d'Arles et la
D286 venant de Fos-sur-Mer. Dans tous les cas :
« on ne passe pas par hasard à
Port-Saint-Louis29 : aucun axe important ne traverse cette
commune dite « du bout du monde » dont la « situation
géographique est proche de celle d'une presqu'île, prise entre le
Golfe de Fos et le Rhône d'Est en Ouest, entre les canaux, les zones
humides et la mer du Nord au Sud. »30
1.2.2. L'influence d'Arles :
En 1904, Port-Saint-Louis-du-Rhône devient une commune.
Ce sont les compagnies de navigation qui militent pour l'indépendance de
la commune afin de faciliter l'aménagement de la zone. Les habitants
quant à eux voient dans cette indépendance soudaine un abandon de
la part d'Arles et craignent de se trouver à la merci des
sociétés commerciales.31 Cependant,
Port-Saint-Louis-du-Rhône resté liée politiquement à
Arles puisque la commune appartient au Canton d'Arles Ouest et dépend de
la sous-préfecture d'Arles
29 Association Robin des villes : p.13
30 Ibid. : p.14
31 Ibid. : op. cit. p.9
20
A partir des années 1960, alors que les communes de
Fos-sur-Mer, Istres et Miramas, s'associent au sein du SAN Ouest Provence,
Port-Saint-Louis-du-Rhône, pourtant limitrophe de Fos-sur-Mer reste sous
l'influence arlésienne puisque la commune est exclue de l'EPCI jusqu'en
2003. La proximité entre Arles et Port-Saint-Louis-du-Rhône est
également politique puisqu'à l'époque de la
création du SAN Ouest Provence, les communes qui en deviennent membres
sont de la majorité gouvernementale RPR, quand
Port-Saint-Louis-du-Rhône et Arles sont à gauche.32
Aujourd'hui encore, Arles exerce une influence au niveau
politique sur Port-Saint-Louis-du-Rhône puisque même si la commune
appartient depuis 2003 au SAN Ouest Provence et non à la
Communauté d'agglomération Arles-Crau-Camargue-Montagnette comme
Arles, Port-Saint-Louis-du-Rhône fait toujours partie du Canton d'Arles
Ouest.
Par ailleurs, Arles, commune de 52 439 habitants33
en 2012 joue un rôle de centralité. L'exemple scolaire est
révélateur : Arles compte 50 établissements primaires
(maternelle et élémentaire), 5 lycées et plusieurs
formations supérieures. Ainsi, puisque Port-Saint-Louis-du-Rhône
ne compte qu'un lycée privé, la plupart des lycéens
étudient dans les lycées d'Arles en dépit des 40 km qui
séparent les deux villes.
1.2.3. L'influence d'Istres et de Fos-sur-Mer et le statut
de Port-Saint-Louis-du-
Rhône au sein du SAN Ouest Provence
L'influence historique de la commune d'Arles est
concurrencée par un ensemble multipolaire : Istres et Fos sur Mer.
Istres tout d'abord, sous-préfecture des Bouches-du-Rhône est une
commune de 42944 habitants34, qui concentre les fonctions urbaines.
Pour reprendre l'exemple de l'éducation, Istres compte 4 collèges
et 2 lycées. C'est aussi le chef-lieu du SAN Ouest Provence. Le
rôle de centralité d'Istres a été conforté et
accentué lors de la Création du SAN Ouest Provence, qui dans un
premier temps fut au service du développement de la ville-centre.
35 Selon un rapport de la Chambre régionale des comptes
portant sur la décennie 1990 en effet : « Qu'il s'agisse des
dotations, des compétences transférées, des prestations de
services confiées au SAN, des investissements et des
subventions,
32 Site internet Francegenweb « Les Maires de
France à travers le temps » :
http://www.francegenweb.org/mairesgenweb
:
33 Insee : Recensement de la population 2012
34 Insee, Recensement de la population 2012
35 Rapport de la Chambre Régionale des Comptes
: Observations définitives sur la gestion du syndicat
d'agglomération nouvelle : «ville nouvelle de Fos» (exercices
1993 - 1998) », 2000 : p. 53.
21
la ville d'Istres se trouve systématiquement
favorisée, au détriment, avant tout de Miramas, et dans une
moindre mesure de Fos.» » 36
Ainsi Port-Saint-Louis-du-Rhône, se trouve naturellement
en position de périphérie par rapport à cette
ville-centre.
D'autre part, comme on l'a vu, la création du
Port-autonome de Marseille et de la ZIP, a vidé
Port-Saint-Louis-du-Rhône de ses activités portuaires et de la
grande majorité de ses emplois. Ainsi, Port-Saint-Louis-du-Rhône
se trouvait en position de périphérie en friche par rapport
à un centre industriel florissant qui était la ZIP de
Fos-sur-Mer.
Le nouveau développement que connait
Port-Saint-Louis-du-Rhône à partir du milieu des années
1990 et son entrée dans le SAN Ouest Provence vient rebattre les cartes.
En effet, comme on l'a dit, à cette époque le SAN Ouest Provence
s'oriente davantage vers le développement d'un territoire multipolaire
auquel appartient Port-Saint-Louis-du-Rhône. La commune reste certes une
périphérie du fait de sa taille mais profite de la
solidarité intercommunale. C'est par exemple à cette
époque que Port-Saint-Louis-du-Rhône voit son territoire se doter
d'un conservatoire de musique géré par
l'intercommunalité.
D'autre part, la répartition des sièges entre
les différentes communes du SAN Ouest Provence permet de donner un
aperçu du poids politique de la commune au sein de l'EPCI, que l'on peut
comparer avec le poids démographique de chaque commune qui correspond
à la répartition de la population par commune au sein de l'EPCI.
Suite à la loi du 17 mai 2013 et conformément à la
répartition des sièges entre les communes approuvée par le
Comité Syndical du 18 juillet 2013, 47 conseillers communautaires
siègeront au comité Syndical qui est l'organe décisionnel
du SAN Ouest Provence.
36 CLAUX, Martin : op. cit. : p.116 à
131 : « 3.2. Le Syndicat d'agglomération nouvelle Ouest Provence,
la construction d'un espace industriel multipolaire»
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti9.png)
22
Figure 10 : Poids des communes du SAN Ouest Provence /
Source : Ouestprovence.fr « Election des conseillers communautaires
» / Réalisation Laura Lemaire, août 201537
Le graphique ci-dessus permet de mettre en évidence une
répartition équitable du nombre de sièges au Comité
Syndical, qui est l'organe délibérant du SAN Ouest Provence, en
fonction du poids de la commune en termes de population. Istres, Miramas et
Fos-sur-Mer sont ainsi les communes les plus représentées et
Port-Saint-Louis-du-Rhône arrive juste derrière. On voit d'autre
part un effort de représentation des petites communes puisque les
communes les plus peuplées Miramas et Istres ont moins de sièges
alors que les autres communes ont légèrement plus de
sièges qu'une stricte répartition proportionnelle le
permettrait.
Port-Saint-Louis-du-Rhône est donc placée en
quatrième position en termes de population et de poids politique. Avec
8714 habitants, la commune représente 8,9% de la population communale
sur un total de 97623 habitants pour le SAN Ouest Provence mais
représente 10,6% des sièges au Conseil Syndical avec 5
sièges sur 47.
A l'échelle du SAN, Port-Saint-Louis-du-Rhône est
donc une périphérie polarisée par les villes d'Istres et
de Fos-sur-Mer. Il s'agit de la 4e ville en termes de poids
politique et de poids démographique sur les 6 que compte l'EPCI. Il ne
s'agit donc pas du « bout du monde » à l'échelle du SAN
et ce, d'autant plus que le SAN développe une politique de
solidarité au service d'un territoire multipolaire.
37 Annexe 1 : Poids des communes au sein du SAN Ouest
Provence, Chiffres en valeur relative
23
Les deux échelles suivantes : le SCOT Ouest Etang de
Berre et la Métropole Aix-Marseille sont de l'ordre du projet. Nous
quittons donc le domaine de l'observable pour celui de la volonté
politique, et du projet de territoire.
1.2.4. Port-Saint-Louis-du-Rhône au sein du SCOT
Ouest Etang de Berre :
En 2004, est créé le Syndicat mixte pour
l'élaboration du SCOT Ouest Etang de Berre, regroupant neuf communes et
deux EPCI :
- Le SAN Ouest Provence : Port-Saint-Louis-du-Rhône,
Fos-sur-Mer, Miramas, Istres, Cornillon-Confoux et Grans
- La Communauté d'agglomération du Pays de
Martigues d'autre part : Martigues, Port-de-Bouc et Saint-Mitre-les-Remparts
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti10.png)
24
Figure 11 : Source et réalisation : SCOT Ouest Etang
de Berre, 2014
Le SCOT formalise un projet de territoire fondé sur un
réseau de communes hiérarchisées. L'idée est
« d'affirmer une typologie urbaine et villageoise fonctionnelle et
durable »38 et les communes sont
38 Document d'orientation et d'objectifs du SCOT Ouest
Etang de Berre : « Affirmer une typologie urbaine et villageoise
fonctionnelle et durable » : p.21 à 24
25
ainsi réparties selon leur capacité d'absorption
de la croissance démographique du territoire à l'horizon 2030.
- Les « pôles structurants » :
Martigues, Istres et Miramas : 75%
- Les « pôles d'équilibre »
: Port-de-Bouc, Fos-sur-Mer et Port-Saint-Louis-du-Rhône : 15%
- Les « pôles de proximité » : Grans,
Saint-Mitre-les-Remparts et Cornillon-Confoux : 10%
Avec cette capacité d'absorption de la croissance
démographique, le SCOT corrèle un développement des
services et équipements qui permettent de répondre à cette
croissance démographique : infrastructures de transport,
équipements scolaires et d'enseignement supérieur,
équipements de santé, équipements commerciaux et enfin
équipements culturels, sportifs et touristiques. Ce projet de territoire
a donc pour but de renforcer les communes qui ont déjà un
rôle de centralités (Miramas, Istres et Martigues) et de limiter
le développement des autres.
Dans ce projet de territoire, Port-Saint-Louis-du-Rhône
a donc un rôle de pôle de taille intermédiaire, comme au
sein du SAN Ouest Provence. Ni « Pôle structurant »
destiné à un rayonnement extracommunautaire, ni « Pôle
de proximité » dont le développement est très
limité. Les « pôles d'équilibre » tels que
Port-Saint-Louis-du-Rhône ont pour objectifs dans le SCOT d'être
des pôles à une échelle communale et communautaire en ce
qui concerne les équipements culturels, sportifs et touristiques. On est
donc loin de l'image d'Epinal de la « ville du bout du monde «
abandonnée des pouvoirs publics et laissée au ban de la
construction communautaire comme c'était le cas dans les années
1980 / 1990. Cependant, la typologie du SCOT, vient confirmer les
hiérarchies qui existent déjà sur le territoire
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti11.png)
Figure 12 : Fonctions associées aux «
pôles d'équilibre » / source et réalisation : SCOT
Ouest Etang de Berre
26
1.2.5. Quelle place pour la commune au sein de la
Métropole Aix-Marseille-Provence ? :
Selon la loi de Modernisation de l'Action Publique
Territoriale et d'Affirmation des Métropoles (MAPTAM), parue au Journal
Officiel le 24 Janvier 2014, l'intercommunalité va connaître de
profonds changements dans les Bouches-du-Rhône. Au 1er Janvier 2016, en
effet, la Métropole Aix-Marseille-Provence prendra la place des EPCI
situées sur son périmètre.39 La
métropole Aix-Marseille-Provence comptera donc 92 communes et 1,8
million habitants, autrement dit 93 % de la population des
Bouches-du-Rhône et 37 % de la population de l'ensemble de la
région Provence-Alpes-Côte d'Azur.
Le actuelles EPCI deviendront des « Territoires
» et seront administrées par des « Conseils de
territoire ». Ces derniers auront une autonomie réduite en
matière budgétaire et fiscale. En fait, la Métropole aura
avant un tout un rôle décisionnaire dans ces matières et
pour les politiques publiques, un rôle de conception de schémas
d'organisation, quand les Conseils de territoire auront pour tâches de
faire les diagnostics et de mettre en oeuvre les orientations prises en haut
lieu. La Métropole aura l'ensemble des compétences des EPCI,
qu'elle pourra ensuite déléguer aux territoires, plus des
compétences supplémentaires déléguées par
l'Etat, la Région ou le Conseil Général.
La question se pose ainsi de la conséquence de la
création de la Métropole pour Port-Saint-Louis-du-Rhône,
ville de moins de 9000 habitants bientôt comprise dans un ensemble de 1,8
millions d'habitants. La crainte principale mise en avant par la mairie de
Port-Saint-Louis-du-Rhône est la perte de la proximité, qui aurait
pour conséquence une inadéquation des politiques
décidées de manière centralisée avec la
réalité du terrain. Interrogée sur la question, la
Directrice Education, Enfance et Sports de la commune a donné la
réponse suivante :
« Moi je pense qu'on perd la proximité. Car
toutes les décisions seront prises à Marseille et pas
forcément dans la dimension que Port-Saint-Louis, ou une autre ville de
faible importance pourrait 'attendre. Est-ce-que les décisions
correspondront aux besoins des Port-Saint-Louisiens ? Les petites communes
risquent d'être laissées pour compte. » 40
39 Article 42 de la loi MAPTAM du 24 Janvier 2015 :
« la métropole d'Aix-Marseille-Provence regroupe l'ensemble des
communes membres de la communauté urbaine Marseille Provence
métropole, de la communauté d'agglomération du Pays
d'Aix-en-Provence, de la communauté d'agglomération Salon Etang
de Berre Durance, de la communauté d'agglomération du Pays
d'Aubagne et de l'Etoile, du syndicat d'agglomération nouvelle Ouest
Provence et de la communauté d'agglomération du Pays de
Martigues. »
40 Annexe 4 : Entretien avec la Directrice Enfance,
Education et Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône : op. cit.
La Métropole sera en effet administrée par un
conseil formé de 240 délégués des communes membres,
qui éliront un Président et un vice-Président. Le nombre
de sièges par commune est calculé en fonction du poids
démographique de chacune des communes et ainsi, 83 communes ne sont
représentées que par leur Maire, à l'instar de
Port-Saint-Louis-du-Rhône. L'ensemble des communes du SAN Ouest Provence
obtiennent ainsi 10 sièges puisque chaque commune a un siège sauf
Miramas (2 sièges) et Istres (4 sièges), ce qui représente
4,17% des sièges. Les communes du SCOT Ouest Etang de Berr obtiennent
quant à elles 17 sièges, puisqu'aux 10 sièges du SAN Ouest
Provence viennent s'ajouter les 5 sièges de Martigues et un siège
pour chacune des deux autres communes, ce qui représente 7% des
sièges. Cela semble bien peu quand la ville d'Aix-en-Provence obtient 17
sièges à elle-seule et Marseille 107, autrement dit 45% des
sièges.41 Au vu de ces chiffres, la perte de la
proximité semble être une réelle menace dans la mesure
où c'est le Conseil de la Métropole qui va arbitrer les grandes
décisions fiscales et budgétaires. Cependant, comme on peut le
lire dans un article du Journal en ligne
Marsactu.fr, il est fort
à parier que l'ensemble des petites communes vont
systématiquement faire bloc contre la ville-centre : « Un
« groupe des maires » - pour ne pas dire des anti-métropoles -
pourrait par exemple émerger »42
Sur le plan de la représentation politique, la
création de la Métropole Aix-Marseille-Provence a pour effet de
faire de Port-Saint-Louis-du-Rhône, comme de l'ensemble des petites
communes, des périphéries éloignées de la
ville-centre où seront prises les grandes orientations de la politique
métropolitaine. On voit également une inégalité de
répartition des sièges au conseil de la Métropole entre
les EPCI puisque l'EPCI Marseille Provence Métropole sera
représentée par 130 sièges, soit 54,17% des sièges,
laissant les 5 autres EPCI se partager les 46% des sièges restants. Le
risque est donc d'une marginalisation générale des 5 autres EPCI
au profit de la commune-centre : Marseille et dans une moindre mesure
d'Aix-en-Provence.
27
41 Tableau indicatif du nombre et de la
répartition des sièges du conseil métropolitain de la
métropole Aix Marseille Provence : Préfecture des
Bouches-du-Rhône
42 « La métropole Aix-Marseille-Provence penche
à droite » : article paru dans le journal en ligne Marsactu, le 15
avril 2014
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti12.png)
28
Figure 13 : Les EPCI qui vont fusionner dans la
Métropole Aix-Marseille-Provence / Source et réalisation :
Agence d'urbanisme de l'agglomération Marseillaise (AGAM),
2015
29
Conclusion partielle du 1.2.
Dans le cadre du SAN Ouest Provence, comme du SCOT Ouest Etang
de Berre, il parait abusif de dire que Port-Saint-Louis-du-Rhône
constitue le « bout du monde ». En effet, en dépit de son
éloignement géographique par rapport aux communes centres,
respectivement Istres et Martigues, Port-Saint-Louis-du-Rhône tient une
place de ville intermédiaire, davantage que de « petit dernier
» et dans le cadre de la Métropole Aix-Marseille-Provence, c'est
plutôt le SAN Ouest Provence dans son ensemble qui devient « le bout
du monde » par rapport à la ville-centre Marseille.
Cependant, Port-Saint-Louis-du-Rhône a connu une
véritable crise dans les années 1980 et 1990 du fait de la fin
des activités productives et de la fermeture du Port de marchandise. Et
si la crise appartient aujourd'hui à l'histoire, la commune a sans nul
doute du mal à de défaire de son image de « ville du bout du
monde », ce qui est l'un des facteurs qui font que la commune stagne.
C'est cet héritage, qu'il conviendra pour finir de confronter avec le
projet de l'équipe municipale élue en 2014.
1.3. Port-Saint-Louis-du-Rhône : les enjeux et
les perspectives de
développement de la commune à l'aube
d'une nouvelle mandature
1.3.1. L'enjeu majeur : devenir un territoire attractif
Une population stagnante :
En dépit d'une certaine reprise économique
depuis les années 1990, la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône
n'a jusqu'à présent pas retrouvé une population
équivalente à celle du début des années 1980. En
1982 en effet, la population communale était de plus de 10378 habitants
et n'est en 2012 que de 8579 habitants
Si la population a recommencé à croitre depuis
les années 2000, cette croissance est très faible, comme on peut
le voir dans le tableau suivant :
Année
|
2006
|
2007
|
2008
|
2009
|
2010
|
2011
|
2012
|
Population
|
8483
|
8681
|
8685
|
8871
|
8748
|
8609
|
8680
|
Croissance entre deux Recensements
|
+0,63%
|
+2,33%
|
+1,18%
|
+1,50%
|
+0,77%
|
+0,30%
|
+0,38%
|
Figure 14 : Evolution démographique de PSLR entre 2006
et 2012 / Source : Insee, Recensements de la population / Réalisation
Laura Lemaire, août 2015
Entre 1999 et 2006, par exemple, le taux moyen
d'évolution de la population est de +0,6%, ce qui est dû à
un taux moyen d'évolution du solde naturel de 0,1% et un taux moyen
d'évolution du solde migratoire de 0,5%.43 Ce taux est faible
et montre que la commune ne parvient pas à attirer une nouvelle
population.
L'observation du marché de la construction de logements
à Port-Saint-Louis-du-Rhône permet également de corroborer
cette idée. En effet, une partie des opérations de logement
localisées sur le pourtour du bassin central étaient
supposées être des opérations de logement libre. Face
à un manque de réservations, les promoteurs ont fait appel
à la mairie afin que ces logements deviennent des logements sociaux.
D'autre part, ces logements sociaux n'ont pour la plupart pas accueilli une
population extérieure. En effet, la quasi-totalité des logements
des nouvelles opérations de logements sociaux sont occupées par
des personnes qui habitaient déjà à
Port-Saint-Louis-du-Rhône dans des logements sociaux plus
anciens.44
30
43 Fiche communale Port-Saint-Louis-du-Rhône :
SAN Ouest Provence, avril 2011
44 Entretien avec la Directrice du Service
Cohésion social de Port-Saint-Louis-du-Rhône réalisé
dans le cadre de mon stage en mai 2015. Dans ce contexte, les propos n'ont pu
être ni enregistrés ni retranscrits
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti13.png)
31
Figure 15 : Opérations de logements livrées ou
en projet à Port-Saint-Louis-du-Rhône depuis 2007 /
Réalisation : Laura Lemaire, juin 2015
32
Enfin, pour se développer et accroitre sa richesse, la
commune aurait besoin d'attirer des catégories socio-professionnelles
plus aisées que celles qui dominent actuellement largement,
c'est-à-dire les ouvriers (39,8%) et les employés (30,1%), quand
les cadres et professions intellectuelles supérieures
représentent seulement 4,2% des actifs.45 D'autre part,
46,33% des foyers vivent dans un logement social, ce qui est le taux le plus
important du SAN Ouest Provence.46
Le premier défi qui est posé à
Port-Saint-Louis-du-Rhône est donc d'attirer à nouveau des
populations et plus particulièrement des catégories
socio-professionnelles supérieures.
Le faible développement du tourisme :
De la même manière que la ville peine à
attirer une nouvelle population, elle n'attire pas non plus les touristes. La
première des raisons est un manque de structures d'accueil,
d'hébergement, d'information et de valorisation.47 En
matière d'hébergement surtout, il est à noter une
importante carence, avec seulement un hôtel sur la commune, proposant 12
lits. Si cette offre était par le passé complétée
par un terrain de camping ainsi qu'un village-vacances, établis dans les
années 1990 en direction de la plage Napoléon, ces derniers ont
récemment fait faillite et sont aujourd'hui laissés à
l'abandon. Le tourisme est essentiellement estival et ne dépasse pas
quelques jours. Les touristes les plus nombreux sont en définitive les
camping-caristes, dont on peut observer les véhicules tout le long du
Canal du Rhône et sur la plage du Carteau. Ceux ne dépendent
cependant d'aucune structure d'hébergement et ne fréquentent que
très peu les commerces, restaurants et bars de la ville.
45 Insee, Recensement général de la
population 2011
46 Bilan PLH 2009-2014 : Présentation du bilan.
Istres : 27,63%, Miramas : 43,36%, Fos-sur-Mer : 18,24%
47 Association Robin des villes : Document ressource
sur Port-Saint-Louis-du-Rhône réalisé dans le cadre de
l'Appel à Idées « Des rives et des » rêves :
septembre 2012
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti14.png)
33
Figure 16 : Camping-cars sur la Plage du Carteau à
PSLR / Cliché : Laura Lemaire, mai 2015
Un problème d'image :
Port-Louis-du-Rhône souffre d'un problème
d'image. En effet, la commune est invariablement associée au complexe
industrialo-portuaire de Fos, ce qui s'éloigne de l'image
fantasmée de la Provence. Dans un ouvrage consacré à
l'Etang de Berre, qu'il nomme « la petite mer des oubliés
», le sociologue Jean-Louis Fabiani, résume la situation
ainsi, en associant la mauvais image du territoire à son héritage
industriel et ouvrier :
« [L'Etang de Berre est une] grande flaque odorante qui
s'intègre mal à la «bonne image» de la Provence qu'ont
progressivement coproduit les ethnologues, les résidents secondaires et
les professionnels du tourisme. L'étang fait tache. Les rives ne sentent
pas la lavande, les gens sont souvent sans apprêt. »48
En dépit du retour d'un certain développement
économique depuis le milieu des années 1990,
Port-Saint-Louis-du-Rhône est une ville qui stagne faute de parvenir
à attirer de nouveaux habitants, en particulier des catégories
socio-professionnelles supérieures, et des touristes. La crise qui a
suivi la fermeture du port de marchandise a en effet produit l'image d'une
ville anciennement ouvrière
48 FABIANI, Jean-Louis : La petite mer des
oubliés: étang de Berre, paradoxe méditerranéen,
photographies de Franck Pourcel, Manosque, Le Bec en l'air, 2006 : P.12 [Cf
Martin Claux P.121]
34
dévastée par le chômage et
défigurée par les friches industrielles, ce qui n'incite
guère à venir y passer ses vacances.
Les deux défis principaux de la commune consistent
ainsi à attirer des nouvelles populations et à développer
le tourisme. Cependant cela ne sera possible que si
Port-Saint-Louis-du-Rhône parvient à changer son image.
En 1989, l'enjeu majeur de la commune était de faire
face à la crise liée au transfert des activités portuaires
vers Fos-sur-Mer. Cela s'est manifesté d'abord par un projet d'urbanisme
qui visait à ce que les habitants se réapproprient le Port, qui
était devenu une zone de friches. Il s'agissait ainsi de faire
disparaitre du paysage le traumatisme de la fermeture du port de marchandises.
Ainsi, dans le cadre du 1er contrat de ville, il s'agissait de
refaire du port une centralité : aménager les berges,
développer l'habitat sur le Port et créer un Port de Plaisance
à la place du Port de marchandise.
A cette reconquête du port comme espace public s'est
ajoutée une reconquête économique qui consistait à
développer le tourisme et les filières liées à la
mer : ports de plaisance et conchyliculture.49
Vingt-six ans plus tard, force est de constater que si la
commune est sortie de la crise des années 1980- 1990 et que le bassin
central a été réaménagé, les enjeux restent
les mêmes : changer l'image de la ville et attirer des touristes et des
nouveaux habitants afin d'accompagner une redéfinition des
activités économiques de la ville. C'est ce que nous
présenterons dans le paragraphe suivant, consacré au projet
politique de la commune.
1.3.2. Le projet municipal de
Port-Saint-Louis-du-Rhône :
- Développer les activités
économiques liées à la mer : il s'agit pour la
commune de se servir du potentiel de la commune lié à la mer.
Ainsi, il s'agit de créer un Pôle nautique et des métiers
de la mer au niveau de la Presqu'île du Mazet. Un « village marin
» pourrait voir le jour à destination des commerçants et
artisans qui vivent de la conchyliculture. Le but est également de
favoriser l'installation d'entreprises sur la zone. Un pôle de formation
destiné au renforcement de la filière nautique est
également une idée de la commune.
D'autre part, la commune veut également favoriser la
création de pépinières d'entreprises et accompagner le
développement de Distriport.
49 GIRAUD-HERAUD, Frédérique : op.
cit. : p.22
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti15.png)
35
Figure 17 : Presqu'île du Mazet : en jaune,
emplacement probable du pôle nautique et des métiers de la mer /
Cliché : Mairie de Port-Saint-Louis-du-Rhône
- Attirer de nouveaux habitants :
l'équipe municipale est consciente de la difficulté de
la commune à attirer de nouveaux habitants et est lucide sur la mauvaise
image de la ville et sur le fait que l'on ne vient pas s'installer à
Port-Saint-Louis-du-Rhône par hasard. La stratégie communale
consiste donc à essayer d'attirer les salariés de Distriport. La
zone vit en effet en autonomie de la ville et il s'agit donc de rapprocher
cette population de la ville en développant des services à sa
destination : achat alimentaire, restauration, places en crèches
réservées aux salariés. Le but est donc de montrer
à cette population que la ville leur est ouverte afin qu'ils prennent
conscience de la possibilité de s'y installer.50
- Développer le tourisme : comme en
1989, il s'agit essentiellement de développer les activités
liées au nautisme et à la mer. Le projet du pôle nautique
et des métiers de la mer entre donc également dans le cadre
touristique puisqu'il s'agit de valoriser les richesses du territoire. Il
s'agit aussi de favoriser la création de structures d'hébergement
sur la commune notamment un camping de 400 lits accueillant tentes,
camping-cars et mobil-homes.
50 Entretien réalisé dans le cadre du
stage avec le Directeur Développement territorial du SAN Ouest Provence
: dans ce cadre les propos n'ont pu être ni enregistrés ni
retranscrits
36
1.3.3. Quelles perspectives de développement pour
Port-Saint-Louis-du-Rhône ?
Au vu du projet politique de la commune et du diagnostic que
nous avons dressé de l'attractivité actuelle de la commune, quel
avenir peut-on imaginer pour Port-Saint-Louis-du-Rhône ? De « ville
du bout du monde », laissée au ban de la construction
communautaire, Port-Saint-Louis-du-Rhône est aujourd'hui une commune,
périphérique certes, mais qui cherche à tirer son
épingle du jeu et peut pour cela s'appuyer sur trois potentiels :
- Un potentiel économique : la
plate-forme logistique Distriport est la perspective de développement
économique la plus évidente, d'autant plus qu'elle devrait
accroitre sa surface dans les prochaines années dans le cadre du projet
d'extension du Port autonome de Marseille et notamment Fos 2XL.51
Cependant, l'histoire a montré, à Port-Saint-Louis-du-Rhône
qu'il était important pour la commune de ne pas dépendre que
d'une seule activité. Ainsi, les métiers de la mer peuvent
consister en un potentiel de diversification. Ce potentiel pourrait être
valorisé dans la perspective de la création du Pôle
nautique et des métiers de la mer voulu par la municipalité.
- Un potentiel touristique de marge : en
changeant son image, Port-Saint-Louis-du-Rhône pourrait devenir une
destination touristique de qualité. Il est peu probable que la ville
accueille un jour un tourisme de masse au vu du retard accumulé et de la
pauvreté des structures d'hébergement. Cependant, on peut
imaginer le développement d'un tourisme à destination d'une
population plébiscitant les activités de nature et les
activités nautiques dans un cadre agréable et
préservé. Cela supposerait cependant d'accroitre les
possibilités d'hébergement et les activités
proposées.
- Un potentiel foncier : sur le plan foncier,
Port-Saint-Louis-du-Rhône se caractérise par l'importance du
foncier disponible, non construit ou en friches. Ainsi, il n'y a pas de
pression foncière et les prix de l'immobilier restent bas. Cela est donc
une opportunité pour des ménages modestes qui fuiraient la
flambée des prix qui existe autour des villes-centre du
département.
51Association Robin des villes : op.cit.
37
La comparaison des prix moyens de l'immobilier sur le secteur
d'Arles et le secteur d'Aix-en-Provence est en effet représentative
puisque quel que soit le type de bien (terrain à bâtir,
appartement neuf ou ancien), les prix sont plus chers d'environ 30% sur le
secteur d'Aix-en-Provence que sur le secteur d'Arles.
Type de bien :
|
Secteur d'Arles
|
Secteur d'Aix-en- Provence
|
Différence en euros
|
Différence en valeur absolue
|
Terrains à bâtir en €
|
117 000
|
175 000
|
58000
|
33%
|
Appartement neuf en € /m2
|
3 400
|
4780
|
1 380
|
29%
|
Appartement ancien en € /m2
|
2 030
|
3 240
|
1 210
|
37%
|
Figure 18 : Comparaison des prix de l'immobilier : secteur
d'Arles et d'Aix-en-Provence / Source : Base de données Perval /
Réalisation Laura Lemaire, Août 201552
Pour appuyer ce raisonnement, on peut également
comparer le prix moyen de vente de maisons sur deux communes de population
équivalente : Port-Saint-Louis-du-Rhône dans le secteur
d'Aix-en-Provence : 8680 habitants en 2012 et Venelles, 8278 habitants en
201253 située dans le secteur d'Aix-en-Provence.
Type de bien :
|
Port-Saint- Louis-du- Rhône
|
Venelles
|
Différence en euros
|
Différence en valeur absolue
|
Maison en € /m2
|
2650
|
4050
|
1400
|
34,5%
|
Figure 19 : Comparaison des prix de l'immobilier : PSLR et
Venelles Source : Base de données
Seloger.com
/ Réalisation Laura Lemaire, Août 201554
On peut donc conclure que Port-Saint-Louis-du-Rhône a
peu de chance de devenir une ville avec un fort rayonnement. Cependant, il
semble que la ville s'emploie à combler le retard qu'elle a par rapport
aux autres villes du SAN Ouest Provence. Cela va dans le sens du projet de
territoire que constitue le SCOT Ouest Etang de Berre qui fait de
Port-Saint-Louis-du-Rhône un « pôle d'équilibre
».55
52 Base de données Perval des notaires de
France accessible au public :
Immobillier.notaires.fr La
base accessible au public ne donne pas des informations plus précises
que selon les 4 secteurs des Bouches du Rhône : Arles, Istres, Marseille
et Aix-en-Provence. Document source en Annexe 2
53 Insee, Recensements de la population 2012.
Documents en annexe
54 Site internet Se
loger.com : Les données
affichées sont calculées chaque semaine sur la base des prix de
mise en vente : Rubrique les Prix de l'immobilier. Document source en annexe
3
55 Document d'orientation et d'objectifs (DOO) : SCOT
Ouest Etang de Berre
38
Conclusion de la Partie 1 :
Cette première partie consiste donc en une
présentation générale du terrain d'études.
Port-Saint-Louis-du-Rhône a connu une période faste qui correspond
à la période d'activité du port de marchandises, durant
laquelle la ville devient un pôle industriel important et voit sa
population passer en moins de 100 ans de 300 habitants en 1881 à plus de
10 000 en 1975. A cette période faste succède une période
de crise liée au transfert des activités portuaires vers la ZIP
de Fos-du-Mer. Depuis le milieu des années 1990, cependant, la ville
sort de la crise, notamment grâce à la création de la
plate-forme logistique Distriport sur son territoire communal par le Port
autonome de Marseille. On voit donc que Port-Saint-Louis-du-Rhône est une
ville dont le destin est étroitement lié aux industries
liées au transport maritime de marchandise et soumis à des
décisions extérieures à elle.
L'idée d'une ville dont le destin a été
influencé de l'extérieur se retrouve également dans le
retard pris par la commune en termes d'équipement par rapport aux
communes telles que Fos-sur-Mer, Istres et Miramas qui ont pu profiter des
investissements du SAN Ouest Provence.
Port-Saint-Louis-du-Rhône n'est plus aujourd'hui cette
ville laissée au ban de l'intercommunalité parce qu'elle n'est
pas assez prospère. La commune a en effet intégré le SAN
Ouest Provence depuis 2003 et profite ainsi de la solidarité
communautaire. C'est cependant une commune qui est intégrée dans
un système complexe d'échelles territoriales au sein duquel elle
a invariablement un statut de périphérie.
D'autre part, si la commune n'est plus en crise, elle n'en est
pas moins en pleine stagnation. En effet, elle ne parvient pas à se
défaire d'une image de « ville du bout du monde »
ravagée par le chômage et donc ne parvient pas à devenir
attractive. Charge à l'équipe municipale élue en 2014 de
faire évoluer le destin de la commune, à faire que cette fois, le
destin de Port-Saint-Louis-du-Rhône ne soit pas dicté de
l'extérieur.
Cette présentation générale du territoire
avait pour objectif d'ancrer notre objet d'études, les politiques
sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône dans son contexte. Les deux
parties suivantes seront consacrées de manière plus
spécifique aux politiques sportives.
39
2. Les politiques sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône : une périphérie au sein du SAN
Ouest Provence en matière de sport
Dans la partie précédente nous avons donc
esquissé un portrait de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Il s'agit d'une
ville qui a connu un âge d'or, puis une crise importante et qui
aujourd'hui semble s'être stabilisée. Mais justement, elle stagne
et a du mal à se défaire de son image de territoire ravagé
par le chômage et défiguré par les friches industrielles.
Il s'agit d'une ville dont le destin a été jusqu'à
présent déterminé de l'extérieur et qui cherche
aujourd'hui à être actrice de son destin.
A la lumière de la présentation du territoire,
il s'agit à présent d'entrer dans notre objet d'étude :
les politiques sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône. Cette
deuxième partie sera donc consacrée à la
présentation des politiques sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône
et à la manière dont elles ont été
façonnées. Nous présenterons d'abord la compétence
en matière de sport de la commune en France. Ensuite nous
présenterons les particularités des politiques sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône. Enfin, dans une troisième sous-partie,
nous présenterons les politiques sportives du SAN Ouest Provence en ce
qu'elles influent sur Port-Saint-Louis-du-Rhône.
2.1. Le sport : une compétence communale
récente et définie de manière imprécise par la loi
Dans cette première sous-partie nous
présenterons les politiques sportives communales en France. Nous
reviendrons donc d'abord sur l'apparition des politiques sportives, puis nous
montrerons que le cadre juridique est relativement imprécis et enfin,
nous présenterons les grands domaines d'intervention de la commune en
matière de sport.
2.1.1. Les politiques sportives communales : repères
historiques
De la fin du 19e siècle aux années
1930, « premier-âge du sport », les premiers équipements
sportifs sont construits et gérées par des personnes
privées. Les communes commencent à s'intéresser au sport
par le billet des équipements sportifs et c'est essentiellement pour les
besoins scolaires que sont construits les premiers gymnases. Si quelques
communes telles que Lyon commencent à s'équiper à partir
des années 1920, pour l'essentiel des communes, l'histoire des
politiques sportives commence dans les années 1930, sous l'influence de
l'Etat. La construction d'équipements sportifs est une facette de la
politique d'aménagement du territoire national.
40
Genèse de la politique d'équipements
sportifs des communes :
C'est dans les années 1930 que la première
réflexion globale sur les équipements sportifs en France est
menée. En effet, en 1936 Léo Lagrange, nommé
sous-secrétaire d'Etat aux Sports et aux loisirs dans le gouvernement du
Front Populaire, réalise le premier inventaire général des
équipements sportifs français. Cet inventaire met en
lumière un retard important de la France dans ce domaine avec un total
de 4234 équipements répartis sur l'ensemble du
territoire56 et des inégalités d'équipements
entre les territoires. Un programme d'équipement est donc engagé
pour un montant de 63 millions de francs sur deux ans dans le financement
duquel l'Etat intervient pour moitié, le reste étant à la
charge des communes.
En 1946 apparait la première grille
d'équipements sous forme de circulaires ministérielles et ces
grilles vont devenir obligatoires à partir des années 1950. Dans
les années 1960, la politique d'équipement s'intensifie avec la
1ère Loi-programme de 1961 qui fixe des objectifs à
l'horizon 1985 pour rattraper le retard accumulé par la France par
rapport à ses voisins. Le 1er Plan d'équipement
(1961-1965) impose donc un nombre moyen théorique de mètres
carrés de terrain de sport par habitant dans les zones urbaines. Les
4e et 5e plans vont donner la priorité à la
création de piscines, stades et terrains de jeux. Mais la grille la plus
élaborée est celle du 15 mai 1974, relative à la grille
globale d'urbanisme qui indique des surfaces minimales de terrains à
réserver pour recevoir des équipements sportifs et
socio-éducatifs.57
Ce modèle de planification était celui de
« l'attraction gravitaire ». Il s'agit de couvrir le
territoire d'équipements sportifs afin de permettre à l'ensemble
des Français de pratiquer des activités sportives variées
dans des lieux quasiment identiques quel que soit leur lieu d'habitation.
L'idée est que la distance aux équipements doit être
limitée au quartier. 58 C'est ainsi que les communes vont
être obligées de s'intéresser au sport puisqu'elles ont
désormais l'obligation de construire et de gérer des
équipements sportifs.
56 A titre de comparaison, il y a aujourd'hui plus de
320 000. Atlas des équipements sportifs français :
Ministère de la jeunesse et des sports, juillet 2011
57 BAYEUX, Patrick : Le sport et les
collectivités territoriales, PUF, Collection Que sais-je ?,
5e édition, 2013 : Chapitre 1 « Histoire des politiques
sportives territoriales » : P. 5 à 12
58 AUGUSTIN, Jean-Pierre : op. cit.
41
Vers la création des services des sports
municipaux :
A partir des années 1930, apparaissent les Offices
municipaux des sports. Il s'agit de structures associatives qui
réunissent des personnes bénévoles souhaitant organiser la
pratique de l'éducation physique et sportive sur la commune :
professeurs de sport, dirigeants d'associations sportives, médecins ou
encore fonctionnaires municipaux. Ces structures, regroupées dans la
Fédération nationale des offices municipaux des Sports (FNOMS),
militent pour la création de services municipaux des sports. Le premier
service municipal des Sports est créé à Clermont-Ferrand
en 1945.
Parallèlement, le statut de la fonction publique se
construit. Le 16 mai 1966, un arrêté fixe les conditions de
recrutement des services municipaux des sports, D'autre part, la construction
des équipements sportifs ainsi que l'obligation faite aux communes
à partir de 1951 de faire surveiller toute baignade d'accès
payant par du personnel qualifié va pousser les commune à se
doter de services des sports pour gérer ces nouvelles fonctions. C'est
à partir des années 1970 que les services des sports vont se
multiplier. Enfin, la création en 1992 de la filière sportive de
la fonction publique territoriale vient parachever le système.
C'est ainsi que sous influence de l'Etat, les communes vont
progressivement être obligées de se doter de services municipaux
des sports pour faire face à de nouvelles responsabilités
liées à la construction, l'entretien et la mise à
disposition des équipements sportifs.59 Cependant, comme on
le verra par la suite, les politiques sportives communales sont aujourd'hui
loin de se limiter à la seule politique d'équipement.
2.1.2. Une définition des compétences par la
loi qui laisse une grande liberté d'intervention aux communes
Une compétence laissée à la
discrétion des communes :
La dernière loi-programme d'équipements
étant celle de 1971, aucune obligation n'incombe aux communes en
matière sportive en dehors de la prise en charge des équipements
sportifs nécessaires à la pratique de l'Education Physique et
Sportive dans le cadre scolaire. En effet, les lois de décentralisation
(1982/1983 et 2003/2004) ainsi que la loi du 16 juillet 1984 sur la promotion
et
59 BAYEUX, Patrick : op. cit.
42
l'organisation du sport en France n'obligent en rien les communes
à intervenir dans le domaine sportif en dehors de ce
cadre.60
Ainsi, il appartient au Conseil municipal, assemblée
délibérante, de définir sa politique sportive et les
moyens qu'elle entend y consacrer. Cette grande liberté laissée
à l'initiative des élus locaux explique la disparité des
politiques sportives sur le territoire français.
Le sport et la clause générale de
compétences de la commune :
L'intervention de la municipalité dans le domaine sportif
se fait ainsi sur le fondement de la clause générale de
compétence :
« La clause générale de
compétence indique qu'il est accordé aux collectivités une
capacité d'intervention générale sans qu'il soit
nécessaire de procéder à une énumération de
leurs attributions ». 61
La clause générale de compétence existe
depuis la loi municipale de 1884 et découle de l'intérêt
public local. Elle a ensuite été étendue en 1982 aux
autres collectivités territoriales. Elle oppose ainsi les
collectivités territoriales aux établissements publics, qui eux,
sont régis par le principe de spécialité, ce qui signifie
que les compétences sont attribuées par l'acte les ayant
instituées. La loi du 16 Décembre prévoyait de conserver
la clause générale de compétence uniquement pour les
communes. Cependant, la loi MAPAM (Loi de modernisation de l'administration et
d'affirmation des métropole » la remet en place.
« La suppression de la clause de compétence
générale des départements et des régions est,
certes, confirmée. Mais elle ne s'applique pas au tourisme, à la
culture, au sport et à la coopération internationale.
»62
La conséquence du fait que le sport soit une
compétence relevant de la clause générale de
compétence est la multiplication des dispositifs de soutien au sport. Ce
statut quo est d'abord lié au militantisme du mouvement sportif
(Fédération, Ligues, clubs) qui souhaite continuer à
profiter des soutiens multiples.
Mais ce sont également les collectivités
territoriales elles-mêmes qui tiennent à garder leur
compétence en matière de sport. Le sport est en effet une
politique intersectorielle. Dans le domaine social, on parle de
l'éducation à la citoyenneté par le sport, de la
réinsertion par le sport et du sport en ce qu'il permettrait la
mixité sociale. Le sport peut aussi être associé aux
politiques envers les
60 BAYEUX, Patrick : op. cit. : Chapitre 2 : « Le
fondement juridique de l'intervention des collectivités territoriales
dans le domaine du sport » : p.13 à 24
61 Articles L3211-1 du Code Général des
collectivités territoriales pour ce qui est des communes.
62 « Projet de loi NOTRe, ce qu'il faut retenir du texte du
Sénat » : article publié sur
lagazettedescommunes.fr
http://www.lagazettedescommunes.com/364485/projet-de-loi-notre-ce-quil-faut-retenir-du-texte-du-senat/
43
personnes âgées. Enfin le sport fait partie des
éléments de marketing territorial car l'organisation
d'événements sportifs ou l'existence de nombreuses
activités sportives peuvent servir le développement local et
touristique d'un territoire. Comme l'écrit Marina HONTA, le sport est
ainsi « un élément de de différenciation et de
compétition politique. »63
Ainsi, le sport est une compétence définie de
telle sorte qu'elle laisse une marge de manoeuvre importante aux communes, qui,
bien qu'elles n'y soient pas obligées juridiquement, ont
intérêt à avoir une véritable politique sportive. En
dépit du champ laissé aux communes pour définir leur
politique sportive, on peut toutefois identifier quatre grands domaines de
l'intervention de la commune en matière de sport.
Les grands domaines d'intervention de la commune en
matière de sport :
- Les équipements : Construction, gestion
et mise à disposition des équipements sportifs
- Le soutien : Essentiellement orienté
vers les associations sportives, il prend la forme de subventions, de dotations
matérielles ou encore de mise à disposition de personnel
- L'animation : Grâce à du
personnel spécialisé dans l'encadrement des activités
physiques et sportives, les communes développent des politiques
éducatives sportives en partenariat avec l'école et les
associations sur le temps scolaire, péri et extrascolaire.
- La promotion : les communes participent
à l'organisation des manifestations sportives, le plus souvent avec les
associations sportives.64
2.2. Les particularités des politiques sportives
de la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône
Après ce cadrage historique et juridique des politiques
sportives communales en France, il s'agit à présent de
présenter les politiques sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône et
leurs spécificités. Pour ce faire, nous reprendrons la
classification ci-dessus (Equipement / Soutien / Animation / Promotion), en
l'adaptant. En effet, la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône
63 HONTA, Marina : « Sport et action publique locale ou
cette réforme dont personne ne veut » : in LAPEYRONIE, Bruno et
CHARRIER, Dominique (Dir.) : Les politiques sportives territoriales : savoirs
et questionnements. Editions Kreaten, 2014 (p.243253)
64 Les acteurs du sport : le magazine du réseau
sportif :
http://www.acteursdusport.fr/656-les-communes-et-le-sport.htm
44
n'organisant pas directement d'événements
sportifs, nous rassemblerons les catégories Soutien et Promotion. Il est
également à noter que la commune de
Port-Saint-Louis-du-Rhône n'a pas de compétence en matière
de sport professionnel, compétence déléguée au SAN
Ouest Provence. Il ne s'agira donc ici que de sport amateur. Nous
présenterons d'abord la politique d'équipement, puis la politique
de soutien aux associations et enfin la politique d'animation de la commune.
2.2.1. Un patrimoine sportif dont la construction rencontre
l'histoire de la commune
La construction, l'entretien et la mise à disposition
des équipements sportifs nécessaires à la pratique de
l'Education physique et sportive dans les écoles sont, comme on l'a vu,
la seule obligation qui incombe aux communes en matière sportive.
Cependant, Port-Saint-Louis-du-Rhône ne s'est pas limitée à
cette obligation et présente un patrimoine relativement important.
La commune dispose de 18 équipements sportifs65
:
· Les arènes municipales
· Le Gymnase Virgil Barel : une salle multisport, un dojo
et trois cours de tennis dont un couvert
· Le Stade Taberner : un plateau sportif, un terrain de
football naturel, un terrain de football synthétique, un piste
d'athlétisme, une salle de musculation
· Une base nautique
· Le Gymnase Pierre de Coubertin (salle multisport)
· Le plateau Paul Eluard
· Et quatre microsites situés dans les quartiers
d'habitat social
· Un Port de plaisance
· Un terrain de pétanque
Et à ces équipements sportifs s'ajoutent des
locaux mis à disposition des associations sportives. La commune de
Port-Saint-Louis-du-Rhône gère l'ensemble des équipements
sportifs à disposition des écoles, des associations sportives et
des temps périscolaires. Cette mise à disposition correspond
à une subvention indirecte aux associations puisqu'elle se fait à
titre gracieux : sans frais de location, sans frais de flux (eau,
électricité).66
65 Voir figure 20 : page suivante : Carte de
localisation des équipements sportifs communaux
66 Annexe 4 : Entretien avec la Directrice Enfance,
Education, Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône : Propos recueillis le 9
juillet 2015
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti16.png)
45
Figure 20 : Carte de localisation des équipements
sportifs communaux / Réalisation Laura Lemaire, août 2015
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti17.png)
46
Figure 21 : Frise chronologique de la construction des
équipements sportifs à Port-Saint-Louis-du-Rhône /
Réalisation Laura Lemaire, août 2015
De la création du Port aux années 1960 :
une commune sans politique d'équipement :
La création d'équipements sportifs municipaux
débute en 1969 avec la construction du Gymnase Pierre de Coubertin. Les
équipements sportifs antérieurs (les deux terrains de sports) ont
en effet été conçus par des sociétés
sportives : le Club Olympic et l'Etoile Sportive, deux clubs de football. La
construction de ces terrains de sport correspond à une période
où Port-Saint-Louis-du-Rhône, érigée en commune en
1904, connait une croissance démographique et un développement
économique important. On constate aussi que cette période
correspond à une période faste pour l'équipe de football
locale : l'Etoile sportive qui évolue en Coupe de France.
Cependant, pendant cette période, la commune ne
s'occupe pas de construire des équipements sportifs en dehors de
plateaux sportifs à l'usage des écoles. Cela va dans le sens de
l'idée d'un « village improbable qui s'improvise » :
une terre d'accueil pour des travailleurs migrants, que les industriels
n'aménagent pas et n'équipent pas. Si dans certaines villes du
française la construction publique d'équipements sportifs
débute dans les années 1930, on peut dire qu'à
Port-Saint-Louis-du-Rhône, la période où la construction
d'équipements sportifs est du ressort de sociétés
sportives privées dure plus longtemps qu'ailleurs. C'est
véritablement avec les Lois-programmes des années 1960-1970, que
la commune commencent à avoir une politique de construction
d'équipements sportifs. Dans un premier temps, il semble qu'on ait des
équipements et une vie sportive locale qui se déroule en dehors
de toute politique communale.
Les années 1960-1970 et les lois-programmes
d'équipements :
La construction des deux gymnases, le gymnase Pierre de
Coubertin mis en service en 1969 et Virgil Barel, en 1975, ainsi que des
arènes municipales en 1977 s'inscrit quant à elle dans les
lois-programmes des années 1960-1970, qui déterminent des
surfaces minimales à réserver pour la construction
d'équipements sportifs.
La construction des deux gymnases est également
à mettre en relation avec l'obligation faite aux communes de construire
des équipements pour la pratique de l'EPS à l'Ecole. En effet,
les deux gymnases sont situés à proximité de groupes
scolaires : le Gymnase Pierre de Coubertin par exemple est construit à
proximité du groupe scolaire constitué de l'école
élémentaire Jules Verne et de l'école maternelle Louise
Michel, qui sont les écoles historiques de la commune. Jules Verne en
effet est créée en 1906, un an après l'érection de
Port-Saint-Louis-du-Rhône en commune.67
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti18.png)
Rhône N
47
Figure 22 : Extrait de carte des équipements
sportifs et scolaires / Réalisation Laura Lemaire, août
2015
Il en va de même pour le Gymnase Virgil Barel, construit
à proximité de deux autres groupes scolaires : l'école
élémentaire Anne Frank et l'école maternelle Romain
Rolland dans le quartier du Bois François et le groupe scolaire
composé de l'école France Bloch et Paul Eluard.
67 CHARRIERE, Jean-Louis : op. cit. : «
Petite chronologie de Port-Saint-Louis-du-Rhône » : P.96 à
110
48
Les années de crise et l'absence de
construction de nouveaux équipements : un écart qui se creuse
avec les communes du SAN Ouest Provence :
Comme on l'a vu dans la première partie, les
années 1970 marquent le début d'une période de crise pour
la ville suite à la fermeture du port de marchandise et au transfert des
activités portuaires vers Fos-sur-Mer. Or on constate que jusque 1992,
aucun nouvel équipement sportif n'est créé. Cela marque un
contraste d'autant plus grand avec les communes de la SCA puis du SAN Ouest
Provence, qui, pendant cette période, bénéficient de
moyens importants qui permettent la construction de nombreux équipements
sportifs.
Pendant cette période, non seulement
Port-Saint-Louis-du-Rhône ne peut plus financer la construction de
nouveaux équipements mais en plus, mise au ban de
l'intercommunalité, elle ne profite pas des investissements qui
permettent à ses voisines, Fos-sur-Mer, Miramas et Istres, d'accroitre
leur patrimoine sportif. Port-Saint-Louis-du-Rhône devient donc
également le « bout du monde », le « petit
dernier » en termes d'équipements sportifs.
Depuis les années 1990 : un regain dans la
politique d'équipements dans le cadre des Contrats de ville et de
l'entrée dans le SAN Ouest Provence :
Le milieu des années 1990 marque le début d'une
sortie de crise pour la commune qui peut compter en particulier sur la
création de Distriport pour redynamiser l'emploi sur son territoire.
C'est également à cette époque que reprend la construction
d'équipements sportifs.
La construction de nouveaux équipements sportifs entre
dans le cadre des deux Contrats de ville qui vont se succéder :
1994-1999 puis 2000-2006. Le contrat de ville était68 un
dispositif contractuel de la politique de la ville qui associait l'Etat et la
commune pour apporter des réponses aux problèmes locaux. On peut
identifier quatre grandes catégories d'action dans le cadre des contrats
de ville : le cadre de vie (habitat, urbanisme et déplacement), les
services au public, l'action économique et la prévention de la
délinquance.69 Dans le cas de
Port-Saint-Louis-du-Rhône, il s'agit surtout de pallier la
désindustrialisation de la ville : mener une politique d'urbanisme pour
reconvertir les espaces laissés en friche après le départ
des activités portuaires ; améliorer le cadre de vie ; et mener
une politique en faveur de l'emploi et de la reconversion économique de
la commune.
68 De 2007 à 2014, le dispositif a
été remplacé par les CUCS : Contrats Urbains de
Cohésion Sociale, depuis 2014, on parle à nouveau de Contrats de
ville.
69 CHALINE, Claude : Les Politiques de la ville, PUF,
collection Que-sais-je ? 8e édition, 2014 : P.55
49
Dans le cadre de l'amélioration du cadre de vie, vont
ainsi être aménagés quatre « microsites »,
c'est-à-dire quatre petits plateaux sportifs dans les quartiers
d'habitat social : le HLM Vauban, le HLM de stade, le Faubourg Venise et Coeur
Saint Louis.
D'autre part, dans le cadre de la reconversion des espaces en
friches et de la reconversion économique de la commune vont être
financés deux projets : un port de plaisance dans le bassin central,
autrement dit dans l'ancien port de marchandise et une base nautique à
l'extrémité du Canal du Rhône. Ces deux projets ont pour
but, outre d'aménager des espaces en friche, d'oeuvrer à la
reconversion de la commune vers le tourisme. Le centre nautique fait
également partie du volet Enfance et Jeunesse du Contrat de ville afin
de promouvoir la pratique des sports nautiques dans les quartiers prioritaires
de la politique de la ville, qui représentent une partie
conséquente de la commune.
La création du Stade Taberner avec ses deux terrains de
football, sa piste d'athlétisme, son plateau sportif et son local de
musculation entre dans la même logique de financement dans le cadre du
Contrat de ville.
Conclusion :
La construction des équipements sportifs peut ainsi
être reliée à l'histoire de la commune. D'autre part,
Port-Saint-Louis-du-Rhône dispose aujourd'hui d'une palette importante
d'équipements sportifs qui permettent à ses habitants de se
livrer à des activités sportives diversifiées. On peut
même parler d'un niveau d'équipement supérieur à la
moyenne puisque par exemple seulement 50% des communes de plus de 5000
habitants disposent, comme Port-Saint-Louis-du-Rhône, d'une piste
d'athlétisme.70
Cependant, la décision de la commune de faire un
Schéma directeur des bâtiments communaux, dont les
équipements sportifs constituent une part importante, montre une
volonté de faire évoluer l'offre en équipements sportifs
pour la faire correspondre au mieux aux besoins de la commune. En atteste ce
passage extrait du Cahier des clauses techniques particulières (CCTP)
relative à la mission:
« La phase d'Etat des lieux devra apporter une
attention particulière aux équipements sportifs : pour
ce faire, l'état des lieux les concernant devra identifier le niveau
d'adéquation ou d'inadéquation entre la taille
70 AUGUSTIN, Jean-Pierre : ibid. : p.35
50
de la commune et le niveau d'équipement actuel (mais
aussi futur, compte tenu de la réalisation prochaine de nouveau
équipement, par exemple le gymnase du futur collège) en
matière sportive. »71
Il s'agit en effet dans la phase « état des lieux
» de faire un diagnostic de l'existant afin de déterminer
l'adéquation des équipements avec les besoins de la commune et la
troisième phase consiste à la programmation de 5
équipements. Dans la mesure où le CCTP précise bien
qu'une
« attention particulière » doit être
portée aux équipements sportifs, il est donc probable qu'un de
ces équipements au moins soit un équipements sportif. La
politique d'équipements sportif de la commune ne connait donc pas de
stagnation, en témoigne l'inclusion des équipements sportifs dans
le Schéma Directeur des bâtiments communaux.
2.2.2. Un soutien important à un mouvement sportif
dynamique
Un mouvement sportif dynamique :
On compte 34 associations sportives à
Port-Saint-Louis-Rhône qui couvrent un nombre important de disciplines
allant du football, à la boxe en passant par les sports nautiques comme
le kite surf ou le jet ski. 72
On peut supposer que le relatif isolement de la commune sur le
plan géographique a pour effet que les habitants ont envie de pratiquer
un sport dans leur ville au lieu de se rendre dans les autres villes du SAN
Ouest Provence mieux dotées en équipements sportifs. On constate
également que les premières associations sportives,
appelées alors « sociétés sportives »
apparaissent deux décennies après l'érection de
Port-Saint-Louis-du-Rhône en commune.73
Il est à noter que le fort développement des
associations n'est pas une particularité des associations sportives dans
la commune : globalement, en effet, la commune a une vie associative dynamique
et foisonnante puisqu'on compte 84 associations dans des domaines tels que le
sport mais aussi les pratiques culturelles, la défense de
l'environnement, le maintien des traditions camarguaises, l'éducation,
l'organisation des fêtes communales, les anciens combattants ou la
solidarité locale.
71 Cahier des clauses techniques particulières
: Marché relatif à l'élaboration du schéma
directeur des équipements publics de port saint louis du Rhône :
Ville de Port-Saint-Louis-du-Rhône, 2015
72 Annexe 5 : Liste des associations sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône
51
Comme on le verra, le nombre et le dynamisme des associations
est lié non seulement à l'envie des habitants de se rassembler
afin de pratiquer un sport dans le cadre associatif mais aussi au soutien
important de la municipalité aux associations.
Le fait que la municipalité soit confrontée
à un manque de créneaux disponibles dans les équipements
sportifs à destination des associations est également un signe
d'une vie associative dynamique et cela est une des causes qui pousse la
municipalité à vouloir construire de nouveaux équipements.
A titre d'exemple, à la question de savoir quels sont les enjeux de la
politique d'équipements de la commune, a en effet été
donnée la réponse suivante par le Service des Sports de
Port-Saint-Louis-du-Rhône : « on arrive pas à accueillir
toutes les associations dans les deux gymnases donc un nouveau gymnase (...)
sera le bienvenu. »74
Les fondamentaux de la géographie des sports
pour expliquer la composition du tissu associatif sportif :
Jean Pierre Augustin explique l'installation de tel ou tel
équipement sur un territoire selon ce qu'il appelle « les
fondamentaux de la géographie du sport » 75 :
- La concentration de population sur un même territoire
appelé aussi « fait urbain » favorise la diversité de
l'offre sportive
- En ville et dans sa périphérie
immédiate, la concentration de population aisée favorise les
« innovations sportives » car il s'agit d'une population qui souhaite
se différencier socialement par le sport qu'il pratique
- Les ressources physiques du milieu déterminent la
pratique de certains sports particuliers : les sports de glisse à la
montagne, les sports nautiques à la mer
- La « distribution sociale des habitants »
détermine le type de sport pratiqué : une population plus
aisée pratiquera des sports plus chers et socialement marqués
tels que le golf
- La présence d'une élite sportive sur le
territoire aura tendance à influencer la pratique en amateur de ce
même sport
-
A partir de ces « fondamentaux de la géographie du
sport », on peut ainsi qualifier le tissu associatif sportif de
Port-Saint-Louis-du-Rhône.
74 Annexe : Entretien avec la Direction Enfance,
Jeunesse et Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône : op. cit.
75 AUGUSTIN, Jean-Pierre : op. cit. : p.11
52
On ne peut parler dans le cas de
Port-Saint-Louis-du-Rhône de concentration de population ou de «
fait urbain »76 puisqu'il s'agit d'une ville de moins de 9000
habitants. Et on ne peut pas davantage dire que la composition sociale de la
commune favorise les « innovations sportives ». En effet, la
population de Port-Saint-Louis-du-Rhône appartient dans sa grande
majorité aux classes populaires. En effet, les ouvriers et les
employés représentent presque 70% des actifs quand les cadres et
les professions intellectuelles supérieures en représentent
seulement 4,3%. 77 D'autre part, 46,33% des foyers vivent dans un
logement social, ce qui est le taux le plus important du SAN Ouest
Provence.78
Les sports socialement connotés tels que la plaisance
ou les sports nautiques sont davantage à relier à la question des
« ressources physiques du milieu », autrement dit la présence
de la mer Méditerranée. Il existe en effet 13 associations
dédiées au sports nautiques et à la
plaisance.79
L'idée de la présence d'une élite
sportive comme explication du développement important de tel sport a
également un écho à Port-Saint-Louis-du-Rhône,
toujours dans le domaine des sports nautiques puisque la commune compte parmi
ses habitants un champion du monde de kite surf : Alexandre
Caizergues.80
Une variation importante dans les effectifs des
associations sportives : un phénomène dans l'air du temps
:
Si le tissu associatif reste bien développé et
les associations sportives, dynamiques, la municipalité observe
cependant une variation importante des effectifs des associations d'une
année sur l'autre. Cela est lié à une évolution de
la manière dont les Français en général pratiquent
le sport.
Tout d'abord, il semble que la variation dans les effectifs
des associations soit liée au fait que les sportifs et les enfants en
particulier changent davantage d'activité sportive que par le
passé. Au début de la massification du sport comme loisir, en
effet, l'activité sportive se caractérisait selon Dominique
Charrier par la « mono activité et la stabilité
»81. Cela signifie que lorsqu'on exerçait une
activité sportive, on n'en pratiquait qu'une seule dans une optique de
compétition au sein d'un club.
76 AUGUSTIN, Jean-Pierre : op. cit.. :
p.15
77 Insee, Recensement de la population 2012 : Part des
ouvriers dans la population active : 39,8%. Employés : 30,1%
78 Bilan du PLH 2009-2014 : Istres : 27,63%, Miramas :
43,36%, Fos-sur-Mer : 18,24%
79 Annexe 5 : Liste des associations sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône
80 Site internet du champion Alexandre Caizergues :
http://www.alexcaizergues.com/bio/
: « biographie »
81 CHARRIER, Dominique : « Système sportif
et politiques locales : analyse rétrospective et éclairage
prospectif (10602030 ) » in LAPEYRONIE, Bruno et CHARRIER, Dominique
(Dir.) : Les politiques sportives territoriales : savoirs et questionnements.
Editions Kreaten, 2014 : p.18
53
Aujourd'hui, cependant, les parents laissent davantage le
choix à leurs enfants d'essayer différents disciplines et il est
courant que les enfants pratiquent parallèlement plusieurs
activités :
« il y a quelques années en arrière,
quand on commençait un sport, on démarrait à 5 ans et on
continuait jusqu'à l'âge adulte. Aujourd'hui, les enfants, on leur
laisse le choix d'essayer un peu tout, de changer d'une
année sur l'autre. (...)
C'est peut-être aussi parce qu'on a eu un gros
développement du sport loisir, et qui dit sport loisir dit pouvoir
essayer plusieurs sports et pas se consacrer à une seule activité
et faire du haut niveau et de la
compétition. »82
Cette dynamique de changement d'activité d'une
année sur l'autre a donc pour effet que les effectifs des associations
sont assez variables, d'autant plus que le choix d'un sport est
également une question de mode, liée par exemple aux performances
des équipes nationales. Ainsi, par exemple, à
Port-Saint-Louis-du-Rhône, le club de foot perd beaucoup
d'adhérents ces dernières années au bénéfice
du club de boxe. Entre 2008 et 2014 en effet, le nombre d'adhérents
à l'Etoile sportive est passé de 248 à 140, soit, une
perte de plus de la moitié des effectifs, quand l'association de boxe, a
vu ses effectifs doubler dans le même temps, passant de 30 à 60
adhérents.
D'autre part, il faut noter une diversification des
manières de faire du sport. Dominique Charrier parle du passage d'un
« modèle compétitif » à un «
modèle consommatoire » depuis les années 1980.
83 Si dans les années 1960-1970, en effet, le sport
était étant essentiellement pratiqué au sein de clubs
reliés aux fédérations nationales, on peut aujourd'hui
pratiquer un sport hors d'un cadre institutionnel, de manière
individuelle, sans même forcément avoir besoin
d'équipements collectifs. En effet, on assiste depuis les années
1980 à un développement des salles de sport privées de
remise en forme (comme la chaîne de salles de sport Keep Cool) et de
l'urban training, que l'on peut définir comme une forme de
sport que l'on peut pratiquer en dehors de tout cadre institutionnel en
utilisant l'espace public.
Cependant, d'après la municipalité, des
phénomènes ne remettent pas en cause le dynamisme des
associations sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône :
« Oui, on a des années où ça
change, le nombre d'adhérents change entre une activité puis
l'autre mais on
ne voit pas de déclin particulier toutes associations
confondues. Et attention, il faut savoir que l'un n'empêche pas l'autre.
C'est-à-dire qu'on peut adhérer à une association et en
parallèle faire de l'urban training tout seul. Aujourd'hui, on a moins
de personnes qui restent dans la même activité tous les
jours
pendant plusieurs années : on va changer, on va en
faire en groupe, en association et tout seul. »84
82 Entretien avec la Directrice Enfance, Education et
Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône : op. cit.
83 CHARRIER, Dominique : op. cit. : p.22
84 Entretien avec la Directrice Enfance, Education et
Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône : op. cit.
54
Les différentes formes de soutien de la commune au
mouvement sportif :
Le dynamisme des associations sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône est lié au mouvement sportif
lui-même mais également au soutien de la municipalité :
« La politique sportive mise en oeuvre par la Commune
a permis de dynamiser l'offre sportive et l'activité des associations
et clubs correspondants, ce qui se traduit par une hausse des demandes de
créneaux sur les
équipements sportifs. »85
Le soutien aux associations, qui est l'un des grands domaines
d'intervention de la commune dans le domaine sportif, prend des formes
variées. Le soutien peut être pécuniaire, matériel,
humain ou de l'ordre de la communication.
Tout d'abord, il peut s'agir d'un soutien pécuniaire.
On parle alors de subventions. Les associations déposent un dossier de
demande de subvention chaque année à la mairie en
précisant le montant demandé pour leur fonctionnement et les
projets qui vont être faits. La mairie va ensuite traiter ces dossiers et
déterminer la somme qui sera allouée à chaque association.
Le mode de calcul de la dotation de subvention est ainsi déjà un
élément de politique sportive. En effet, la municipalité
peut choisir de privilégier tel ou tel sport, tel ou telle association
pour des raisons diverses. Par exemple, une association qui a prévu
d'organiser un événement sportif qui pourrait apporter de la
visibilité à la commune pourrait être
privilégiée. A titre indicatif, les subventions aux associations
sportives représentaient pour l'année 2014 un total de 153 199
€.86
Le soutien de la commune aux associations peut
également être matériel. Tout d'abord, la mise à
disposition des équipements sportifs à titre gracieux entre dans
cette catégorie : en effet, les associations ne paient ni de loyer, ni
de frais lié à l'entretien et au fonctionnement des
équipements. D'autre part, l'attribution des créneaux
d'utilisation des équipements est à la charge de la commune.
Deuxièmement, le soutien matériel peut se faire sous forme de
dotations : matériel sportif, coupes et prix lors de
compétitions, prêt de tables et chaises et organisation de
manifestations. 87
On peut également parler d'un soutien humain lorsque
les services techniques apportent et mettent en place des chapiteaux, tentes,
tables,... lors d'évènements sportifs.
85 Compte-rendu du Comité technique n°1
du 15 juin 2015 consacré aux équipements sportifs dans le cadre
de l'élaboration du Schéma directeur des bâtiments
communaux de Port-Saint-Louis-du-Rhône : Groupement de bureaux
d'études : André Berthier/A5 Programmation/Hameaucité
86 Source : Maison des associations, Direction Famille
et citoyenneté : 129 434 € en fonctionnement et 23 765 € en
soutien aux manifestations
87 Entretien avec la Directrice Enfance, Education et
Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône : op. cit.
55
Enfin, la commune soutient également les associations
en termes de communication : elle fait la promotion des
évènements organisés par les associations sportives que ce
soit dans le cadre de l'Office de tourisme, le site internet de la commune ou
encore le magazine Port-Saint-Louis-du-Rhône : ma ville
édité par le service communication de la Mairie, qui
répertorie les différents événements. La Maison des
associations, qui est le service de la mairie en charge de la gestion des
associations, organise également des évènements (type
forum des associations) où les associations sportives peuvent se faire
connaître auprès de la population.88
Ce soutien important aux associations est fondé sur le
fait que les associations appliquent la politique sportive de la mairie :
« On est là pour les aider, les accompagner et eux en
contrepartie appliquent la politique sportive. »89
2.2.3. L'animation : quand la commune devient un acteur des
politiques sportives
En dehors de la politique d'équipement et de soutien
aux associations sportives, qui sont des domaines où le mouvement
sportif reste l'acteur central du sport communal, la commune de
Port-Saint-Louis-du-Rhône intervient également directement et la
commune est alors un véritable acteur du sport au niveau communal.
Cela se manifeste par le recrutement de personnel
spécialisé dans l'encadrement des activités physiques et
sportives. Il s'agit de fonctionnaires territoriaux issus de la filière
sportive : les Educateurs territoriaux d'activités physiques et
sportives (ETAPS). Ceux-ci interviennent à
Port-Saint-Louis-du-Rhône dans différents cadres.
Tout d'abord, les ETAPS interviennent auprès des
enfants dans les cadres scolaires et périscolaires. La récente
réforme des rythmes scolaires a été à ce titre un
chantier important pour la commune.90
Les éducateurs interviennent également dans le
cadre de l'Ecole des sports, qui propose différentes activités
sportives aux enfants et aux jeunes. Jusqu'à présent, ces
activités avaient lieu tous les après-midi de la semaine, mais
depuis la réforme des rythmes scolaires, l'Ecole des Sports est
limitée au mercredi-après-midi.
La municipalité gère également avec des
éducateurs spécialisés deux équipements sportifs :
la salle de musculation du stade Taberner et la base nautique municipale. Cette
dernière a un statut
88 Site internet de la Mairie :
http://www.portsaintlouis.fr/maison-des-associations
89 Entretien avec la Directrice Enfance, Education et
Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône : op. cit.
90 Idem.
56
particulier puisque l'équipement appartient à la
Mairie mais est géré pendant la semaine par la
municipalité et les week-ends et les vacances par le mouvement
sportif.
L'ensemble des cadres d'interventions d'ETAPS recrutés
par la Mairie énoncés jusqu'à présent
étaient du ressort de la Direction Enfance, Education et Sports.
Cependant, cette Direction agit également en partenariat avec le service
Cohésion sociale. Ce service a en effet constaté qu'une forte
proportion des enfants issus des quartiers d'habitat social de la ville ne
savait pas nager. Ainsi, le service des sports et le service Cohésion
sociale interviennent auprès de ces enfants en particulier : ces
derniers sont emmenés à la piscine de Miramas pour apprendre
à nager. L'idée qui sous-tend cette initiative est celle que tous
les enfants devraient pouvoir profiter de la « ressource physique »
que constitue la présence de la mer, qui permet le développement
des sports nautiques.91
Conclusion :
Les politiques sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône se
déclinent donc en trois domaines : la politique d'équipement, le
soutien aux associations et enfin l'animation sportive.
La politique d'équipement se caractérise par un
niveau d'équipement relativement satisfaisant mais qui ne suffit plus
à loger toutes les associations dans de bonnes conditions. On voit
d'autre part que la construction d'équipements s'est faite de
manière progressive depuis les Lois-programmes des années
1960-1970 avec une absence de construction pendant les années de crise
1970 à 1990. Il s'agit d'une politique d'équipement qui a
été influencée par le contexte général dans
lequel se trouvait la commune et on constate un retard important en termes
d'équipements de la commune par rapport aux communes du SAN Ouest
Provence. Le Schéma directeur des bâtiments communaux s'inscrit
ainsi dans une logique de rattrapage.
Cependant, la commune bénéficie d'une structure
associative dynamique et nombreuse qui permet à la population d'exercer
de nombreuses disciplines sportives. On peut noter une place importante des
sports nautiques et de la plaisance à la faveur de la « ressource
physique » que constitue la Mer Méditerranée. D'autre part,
la composition sociale de la commune a également un impact sur le type
de sports que l'on pratique à Port-Saint-Louis-du-Rhône. Le
dynamisme de la vie associative doit également beaucoup au soutien
important que la commune a envers les associations sportives (soutien
pécuniaire, matériel, humain et en matériel de
communication) en échange de leur application de la politique sportive
communale.
91 Entretien téléphonique avec le
Service Cohésion sociale de la Mairie de Port-Saint-Louis-du-Rhône
: les propos n'ont pu être ni enregistrés, ni retranscrits
57
Enfin, la commune a également un rôle d'animation
en matière sportive à travers le recrutement de personnel
qualifié : les ETAPS.
On voit que les politiques sportives communales mobilisent
plusieurs services différents de la mairie, ce qui montre à quel
point le sport est une politique intersectorielle : la Direction Enfance,
Jeunesse et Sport pour ce qui est de la gestion des équipements, les
Services techniques pour l'entretien des équipements et le soutien
matériel aux associations mais aussi la Direction Habitat et politique
de la ville pour le sport dans son aspect de cohésion sociale, enfin la
Direction de la vie associative pour la dotation de subventions aux
associations.
D'autre part, on retrouve dans les politiques sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône, les trois types d'acteurs que présente
Patrick Bayeux dans son ouvrage : les acteurs politiques qui déterminent
les orientations de politiques sportives, les acteurs administratifs qui
assurent la mise en oeuvre de ces orientations et enfin les acteurs associatifs
qui animent la vie sportive et appliquent la politique sportive de la Mairie.
On peut ainsi résumer le fonctionnement des politiques sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône par le schéma suivant :
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti19.png)
Figure 23 : Schéma de fonctionnement des politiques
sportives communales à Port-Saint-Louis-du-Rhône /
Réalisation Laura Lemaire, août 2015
58
Cependant, si la commune est l'acteur principal des politiques
sportives à Port-Saint-Louis-du-Rhône, le SAN Ouest Provence a
également un rôle en ce domaine. C'est ce que nous
présenterons dans la sous-partie suivante.
2.3. Port-Saint-Louis-du-Rhône et la
compétence « sport » du SAN Ouest Provence
En termes de sport, la commune est indissociable de
l'intercommunalité à laquelle elle appartient depuis 2002 : le
SAN Ouest Provence. En effet, la commune à délégué
la compétence « Sport professionnel » à
l'intercommunalité. D'autre part, comme on le verra, le SAN Ouest
Provence joue également un rôle indirect dans le soutien et la
promotion du sport amateur. Cela s'inscrit dans un phénomène
général sur le territoire français d'une tendance actuelle
à la « recomposition des territoires sportifs avec
l'accentuation de l'intercommunalité. »92
Nous présenterons donc d'abord le cadre juridique de la
compétence sport du SAN Ouest Provence, puis nous monterons dans quelle
mesure cette compétence a des conséquences sur
Port-Saint-Louis-du-Rhône.
2.3.1. La compétence « Sport » du SAN
Ouest Provence : cadrage juridique
Repères historiques : l'apparition d'une
compétence « sport » des intercommunalités :
L'intercommunalité en France :
L'intercommunalité ne nait pas avec les lois de
décentralisation des années 1980 et 1990 mais au lendemain de la
Révolution Française et dès cette époque, le
regroupement de communes est perçu comme une opportunité de faire
des économies d'échelle. Depuis, la mutualisation de gestion
à un niveau moins morcelé que le niveau communal a toujours
été une préoccupation des gouvernements successifs, comme
en atteste les différents régimes d'intercommunalité
créés au fil des décennies : les Syndicats de communes en
1890, les Syndicats mixtes en 1955, les Syndicats à vocation unique
(SIVU) en 1959, les agglomérations nouvelles dans les années 1970
et enfin les Communautés de Communes et les Communautés de villes
créées en 1992.
92 AUGUSTIN, Jean-Pierre : op. cit. : p.19
59
Depuis la loi dite Chevènement de 1999, on fait la
distinction entre les Etablissements publics (EP) qui sont sans
fiscalité propre et ne peuvent exercer que la compétence pour
laquelle ils ont été créés (le Syndicat mixte des
transports Ouest Etang de Berre par exemple) et les Etablissements publics de
coopération intercommunale (EPCI) qui sont à fiscalité
propre et peuvent exercer toutes les compétences qui leur sont
déléguées par les communes membres.93
Et si les premières lois de décentralisation
(1982 /1983) confortent la commune en la libérant de la tutelle de
l'Etat, elles sont muettes sur l'intercommunalité. C'est la loi de 1992
dite Loi ATR94 (Administration territoriale de la République)
qui donne des précisions sur l'intercommunalité. Cette
dernière affirme en effet que « le progrès de la
coopération intercommunale se fonde sur la libre volonté des
communes d'élaborer des projets communs de développement au sein
des périmètres de solidarité »95.
Une définition par la loi de la compétence
« sport » des intercommunalité :
C'est également dans la loi ATR de 1992 qu'apparait la
première référence à une compétence de
l'intercommunalité en matière de sport. Les communautés de
communes et les Communautés de villes ont en effet l'obligation de
choisir entre l'une de ces compétences : la protection et la mise en
valeur de l'environnement : la politique du logement et du cadre de vie ; la
création, l'aménagement et le maintien de la voirie ; l'entretien
et le fonctionnement d'équipements culturels et sportifs et
d'équipements de l'enseignement préélémentaire et
élémentaire.96 D'autre part, au-delà de ces
compétences formatées par le législateur, les
intercommunalités peuvent exercer toute compétence
déléguée par les communes membres.
Les lois dites Chevènement et Voynet de 1999 accentuent
la reconnaissance d'une compétence sport à l'échelle supra
communale. Cependant, il ne s'agit pas d'une compétence obligatoire mais
d'une compétence qui peut être choisie au titre des
compétences facultatives avec une différenciation selon qu'on
parle des communautés de commune d'une part ou des communautés
urbaines ou d'agglomération d'autre part :
- Les communautés de communes : Construction, entretien
et fonctionnement d'équipements
de l'enseignement préélémentaire et
élémentaire pour les communautés de communes
93 BAYEUX, Patrick : op. cit. : p.15
94 Loi du 6 février 1992, la Loi n° 92-125
relative à l'administration territoriale de la République (loi
ATR)
95 Idem.
96 BAYEUX, Patrick : op. cit. : p.9
60
- Les communautés d'agglomération et les
communautés urbaines : Construction, aménagement, entretien
d'équipements sportifs et culturels d'intérêt
communautaire. 97
On peut également citer deux autres textes de lois qui
incitent les intercommunalités à agir dans le domaine du sport :
d'une part, la Loi du 29 Juillet 1998 sur la lutte contre les
exclusions98, qui renforcent l'intérêt
général de la pratique sportive, réaffirme l'idée
d'égalité d'accès de tous à la pratique sportive et
incite les collectivités locales à agir dans ce domaine. Et
d'autre part, le Code du sport qui s'il ne renseigne pas sur les obligations
des Collectivités, incite au développement des activités
physiques et sportives : création d'équipements, subvention de
clubs ou recrutement d'ETAPS.
Une compétence déléguée
:
Ainsi, le sport n'est pas une compétence obligatoire
pour les intercommunalités. Les communes peuvent cependant choisir de
lui déléguer cette compétence par vote des conseils
municipaux des communes membres. Si tel est le cas, la compétence sera
inscrite dans les statuts de l'intercommunalité qui sera alors tenue
d'exercer cette compétence.
Les intercommunalités peuvent donc exercer la
compétence « Sport » mais la compétence reste
facultative. Ainsi, en 2009, à peine un tiers des
intercommunalités ont adopté cette compétence. Cependant
le taux des intercommunalités qui ont une action pour la promotion du
sport est de 60%. Cela rejoint, ce qui a été dit plus haut sur le
fait que chaque niveau de collectivité souhaite agir dans le domaine du
sport parce qu'il s'agit d'un domaine de « différenciation
politique ». D'autre part, cela correspond à une
nécessité de mutualiser les frais de construction et de gestion
car les équipements sportifs sont les équipements très
coûteux pour les communes.
Le cas particulier des Syndicats d'agglomération
nouvelle :
Les Syndicats d'agglomération nouvelle (SAN) sont
créés en 1983 par la loi « Rocard »99. Ils
prennent la place des Syndicats communautaires d'agglomération (SCA)
créés en 1970 par la loi « Roscher »100.
Neuf SAN sont créés en France dont 7 en Région Parisienne
et deux en Province, parmi lesquels le SAN Ouest Provence.
97 BAYEUX, Patrick : op. cit. : p.16
98 Loi 98-657 du 29 juillet 1998 relative à la
lutte contre les exclusions
99 Loi du 13 Juillet 1983 relative aux villes
nouvelles
100 Loi du 10 Juillet 1970 relative aux villes nouvelles
61
Le rôle des SAN, comme des SCA avant eux est
d'accompagner l'urbanisation des villes nouvelles. Ils ont donc avant tout un
rôle d'investisseur. Dans le domaine sportif, les SAN ont donc comme
compétence obligatoire définie par la loi de construire les
équipements nécessaires pour suivre l'urbanisation et de
gérer les équipements d'intérêt communautaire
inscrits à l'inventaire du SAN arrêté par le préfet
et mis à jour lors du renouvellement des conseils municipaux des
communes membres.101
Ainsi, les SAN, contrairement aux autres formes d'EPCI :
Communautés de communes, Communautés d'agglomération et
Communautés urbaines, ont une compétence obligatoire en
matière de sport qui est la construction et la gestion
d'équipements communautaires.
D'autre part, étant des EPCI au même titre que
les communautés d'agglomération, les SAN ont donc une
fiscalité propre et peuvent exercer l'ensemble des compétences
qui leur sont déléguées par les communes. Ainsi, en
matière de sport, l'action des SAN, comme on le verra pour le cas du SAN
Ouest Provence, peut dépasser la seule construction et gestion
d'équipements communautaires.
2.3.2. Les politiques sportives du SAN Ouest Provence et
Port-Saint-Louis-du-Rhône
Dans le paragraphe précédent, nous avons
présenté le cadre juridique dans lequel s'inscrivent les
politiques sportives du SAN Ouest Provence. Nous avons vu que contrairement aux
autre formes d'EPCI, pour lesquelles la compétence est facultative, le
SAN Ouest Provence a l'obligation juridique de construire et gérer les
équipements sportifs communautaires. Mais comme nous allons le voir
à présent, le SAN Ouest Provence ne se limite pas à sa
seule compétence obligatoire en matière de sport.
Nous allons ici présenter les politiques sportives du
SAN Ouest Provence sous l'angle de leur effet sur la commune de
Port-Saint-Louis-du-Rhône. Nous verrons ainsi que
Port-Saint-Louis-du-Rhône est une périphérie sportive au
sein de l'intercommunalité.
Il est à noter que la situation que nous allons
présenter ici elle celle qui était en vigueur avant le
1er mai 2015. En effet, la compétence sport du SAN Ouest
Provence connait des évolutions récentes liées à la
création de la Métropole Aix-Marseille-Provence, que nous
étudierons dans la troisième partie de ce travail.
101 Ministère de l'équipement, des transports et du
logement : « Les pivots institutionnels de villes nouvelles »,
Septembre 2000
62
La construction et la gestion d'équipements
d'intérêt communautaire : une politique du SAN Ouest Provence qui
ne concerne pas Port-Saint-Louis-du-Rhône
La construction d'équipements sportifs
:
Pour commencer, le SAN Ouest Provence a dans ses statuts la
construction des équipements sportifs nécessaires au suivi de
l'urbanisation de la ville nouvelle. La grande majorité de ces
équipements a donc été construite dans les années
1970 à 1990, pendant la période où les villes de l'Etang
de Berre se sont fortement développées du fait de la
création de la ZIP. Le principe général est que le SAN
Ouest Provence est un « investisseur » et un «
bâtisseur ». Cela signifie que l'intercommunalité a pour
mission de construire des équipements pour les communes et de les rendre
ensuite en gestion à ces dernières.102 Ainsi,
les communes historiques du SCA puis du SAN Ouest Provence (Istres, Miramas et
Fos-sur-Mer) ont profité d'investissements importants et de la
construction massive d'équipements et notamment d'équipements
sportifs :
« Cette intercommunalité «avant
l'heure» a été, au fil des ans, un outil de croissance
majeur des 3 villes fondatrices du S.A.N., en favorisant une importante
poussée démographique et l'implantation d'équipements et
de services de grande qualité. »103
Mais précisément, à cette époque
de construction massive d'équipement, Port-Saint-Louis-du-Rhône ne
faisait pas partie du SAN Ouest Provence puisque sa candidature a
été plusieurs fois refusée par les communes membres avant
d'être finalement acceptée en 2002. Ainsi,
Port-Saint-Louis-du-Rhône présente un retard important en termes
d'équipements par rapport aux autres communes du SAN Ouest Provence.
Fos-sur-Mer par exemple, qui était une commune de 2000 habitants avant
la création de la ZIP, compte aujourd'hui plus de 50 équipements
sportifs dont la quasi-totalité ont été construits durant
la période 1970-1990 comme le centre nautique municipal (1975), le
Gymnase des Carabins (1985) ou encore la base de voile et de Canoé
municipal (1985).104
La situation a peu évolué depuis l'entrée
de la commune dans le SAN Ouest Provence. En effet, la construction du seul
équipement mis en service après l'entrée de la commune
dans l'intercommunalité, le Stade Taberner, en 2005 entre dans le Cadre
des Contrats de villes, soit d'une contractualisation entre la commune et
l'Etat à laquelle l'intercommunalité n'était pas
mêlée.
La gestion des équipements d'intérêt
communautaire :
102 Annexe 6 : Entretien avec la Directrice des Politiques
sportives du SAN Ouest Provence : propos recueillis le 1er juillet
2015
103 Site internet de la mairie d'Istres : «
Intercommunalité » :
http://www.istres.fr
104 Site internet qui recense les équipements des communes
:
http://www.cartes-2-france.com/activites
63
D'autre, part, figure également dans les statuts du SAN
Ouest Provence l'entretien des équipements sportifs
d'intérêt communautaire inscrits à son inventaire. Depuis
2008, cet inventaire compte huit équipements : le boulodrome, la halle
des sports, le dojo, la salle polyvalente et le stade de foot du complexe
Parsemain à Fos-sur-Mer ; le centre équestre de Miramas ; la
halle polyvalente et le centre équestre d'Istres.105
L'entretien et la mise à disposition des communes de ces
équipements se fait à titre onéreux et est acté
dans des conventions d'occupation.
On remarque que cette politique ne concerne une fois de plus
que Fos-sur-Mer, Miramas et Istres et exclut Port-Saint-Louis-du-Rhône au
même titre que Cornillon-Confoux et Grans. Au regard de la politique de
construction et d'entretien d'équipement d'intérêt
communautaire, Port-Saint-Louis-du-Rhône a donc un statut de
périphérie face aux centres que représentent les trois
communes historiques du SAN Ouest Provence.
La compétence « Sport professionnel » du
SAN Ouest Provence et Port-Saint-Louis-du-Rhône :
La compétence « sport professionnel » n'est
pas une compétence obligatoire mais une compétence qui a
été déléguée au SAN Ouest Provence par les
communes membres.
La compétence du SAN Ouest Provence en matière
de sport professionnel consiste tout d'abord à un soutien apporté
aux clubs de sport collectif professionnel. Depuis 2008106, quatre
clubs sont concernés par cette politique : le club de basket de
Fos-sur-Mer ainsi que les clubs de volleyball, de handball et de football
d'Istres. Ce soutien tient d'une part à l'octroi de subventions aux
clubs et d'autre part à la mise à disposition de locaux à
titre gracieux.107 Parmi les locaux mis à disposition
à titre gratuit, on trouve les équipements destinés
à l'entrainement des équipes mais également les centres de
formation.
Le soutien aux clubs sportifs professionnels est
encadré juridiquement dans des conventions pluriannuelles d'objectifs
qui précisent les conditions de ce soutien. 108 Par exemple,
la Convention pluriannuelle objectifs signée avec le club de basketball
de Fos-sur-Mer précise les conditions de ce soutien parmi lesquelles :
des objectifs de résultats sportifs, la promotion du territoire à
travers la participation des joueurs de l'équipe 1ère
à des opérations d'animation encadrées par le SAN Ouest
Provence ou les communes membres ; la mise en place de partenariats avec des
clubs amateurs ou
105 Délibération du Comité Syndical de Ouest
Provence datant du 22 Octobre 2008
106 Délibération du Comité Syndical de Ouest
Provence datant du 22 Octobre 2008
107 Délibération du Comité Syndical du SAN
Ouest Provence du 17 novembre 2011 relative à la convention
pluriannuelle d'objectifs du club de basket de Fos-sur-Mer
108 Entretien avec la Directrice Enfance, Education et Sports de
Port-Saint-Louis-du-Rhône : op. cit.
64
les scolaires permettant la promotion du basketball sur le
territoire, la participation à des missions d'intérêt
général ayant pour but la cohésion sociale ou encore la
mise en oeuvre d'actions ayant pour but l'insertion scolaires des jeunes du
centre de formation .109
Cette politique de soutien aux clubs professionnels de sport
collectif ne concerne pas directement Port-Saint-Louis-du-Rhône mais
uniquement Fos-sur-Mer et Istres. Cependant la politique de soutien au sport
professionnel concerne également certains sportifs professionnels parmi
les lesquels Alexandre Caizergues. Cette action de soutien envers le champion
du monde de kitesurf de Port-Saint-Louis-du-Rhône est aussi une
manière d'apporter de la visibilité à la commune.
Un soutien indirect au sport amateur :
Dans la convention pluriannuelle d'objectif signée avec
le club de basket de Fos-sur-Mer figure celle de « mettre en oeuvre
avec les clubs amateurs et scolaires du territoire toute forme de partenariat
susceptible de développer la pratique du basketball sur le territoire
»110.
Ce type de condition vaut pour l'ensemble des quatre clubs
soutenus par le SAN Ouest Provence. A travers les conventions pluriannuelles
d'objectifs signées avec les clubs professionnel, le SAN Ouest Provence
a donc indirectement une politique de promotion du sport amateur sur le
territoire et cela peut prendre des formes diverses :
« Par exemple, le club de basket offrait des places pour
faire venir les gens aux matchs et en même temps sensibilisait à
la pratique, le foot intervenait aussi sur les horaires des TAP (Temps
d'activités périscolaires) et il y a avait aussi un objectif plus
large avec parfois des ateliers et des discussions autour du racisme, parce que
ce sont des équipes qui sont pluriculturelles, autour du métier,
autour du développement durable, du respect. Il y avait des
thématiques assez larges. C'est en ce sens-là que le sport
professionnel est un outil de développement et de cohésion
sociale. »111
Cette politique de soutien indirect à travers les
conventions pluriannuelles d'objectifs conclus avec les clubs professionnels
touche l'ensemble des communes et donc également
Port-Saint-Louis-du-Rhône.
109 Délibération du Comité Syndical du SAN
Ouest Provence du 17 novembre 2011 : op. cit.
110 Délibération du Comité Syndical du SAN
Ouest Provence du 17 novembre 2011 : op. cit.
111 Annexe 6 : Entretien avec la Directrice des Politiques
sportives du SAN Ouest Provence
65
Un soutien direct au sport amateur au titre de la «
Cohésion sociale » :
Le SAN Ouest Provence mène également une action
directe pour la promotion du sport sur son territoire à travers des
subventions allouées directement aux associations sportives. Cela entre
dans la compétence de la Direction de l'emploi et de la cohésion
sociale qui soutient les associations au titre de la cohésion sociale.
Ce soutien vient compléter le soutien communal aux
associations.112 A titre d'exemple, en 2011, les subventions aux
associations sportives représentaient environ 38% de l'ensemble des
subventions versées aux associations par le SAN Ouest
Provence.113 Ce soutien touche l'ensemble des communes et donc
également Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Le sport comme outil de la politique de la ville au sein
du SAN Ouest Provence :
La Direction de l'emploi et de la cohésion sociale est
également en charge de la politique de la ville, compétence
déléguée par les communes au SAN Ouest Provence. C'est
donc au SAN que revient la mise en oeuvre du Contrat de ville intercommunal,
dispositif qui remplace les Contrats urbains de cohésion sociale (CUCS)
qui étaient communaux. 114
Sont concernés par le Contrat de ville plusieurs
quartiers des communes d'Istres, de Miramas et de
Port-Saint-Louis-du-Rhône.115 Or, le sport apparait dans le
Contrat de ville comme un outil de cohésion sociale. Les actions
relevant de la cohésion sociale visent à «
réduire la pauvreté, à tisser le lien social et à
renforcer la solidarité entre les générations
».116 Dans ce cadre, un investissement particulier est
prévu dans les domaines de la petite enfance, de l'éducation, de
la prévention de la délinquance, de la santé, de la
culture et du développement des activités enfin, des
activités physiques et sportives. D'autre part, le sport apparait
également comme un moyen « d'accompagner la réussite
éducative par des actions d'épanouissement
».117 Cela passe en particulier par l'attribution de
subventions supplémentaires aux associations sportives présentes
dans les quartiers de la politique de la ville selon une procédure
d'appel à projet.
Les associations sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône
sont donc au coeur du dispositif.
112 Idem.
113 2011 est la dernière année pour laquelle ces
chiffres sont disponibles. Rapport d'activité des services : SAN Ouest
Provence, 2011 : Soutien aux associations 2011 : P.12
114 Appel à projet unique : Contrat de ville
intercommunal de Ouest Provence 2015-2020 : « Conformément
à la loi de programmation pour la ville et la cohésion urbaine
promulguée le 21 février 2014, les contrats urbains de
cohésion sociale prendront fin au 31 décembre 2014. Ils seront
remplacés par un contrat de ville unique mis en oeuvre à
l'échelle intercommunale, sur le territoire de Ouest Provence, de 2015
à 2020. »
116 Idem
117 Idem
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti20.png)
66
Figure 24 : Localisation des quartiers concernés
par la politique de la ville à PSLR / Source : SIG de la politique de la
ville / Réalisation Laura Lemaire, août 2015
Conclusion : Port-Saint-Louis-du-Rhône : une
périphérie sportive pour le SAN Ouest Provence :
Tout d'abord, La politique d'équipement sportif du SAN
Ouest Provence n'a aucune réelle incidence sur
Port-Saint-Louis-du-Rhône. En effet, la majorité des
équipements construits pas le SAN l'ont été pendant la
période 1970-1990, alors que la commune était exclue de l'EPCI.
D'autre part, aujourd'hui, aucun équipement de la commune ne figure dans
l'inventaire des équipements gérés par le SAN Ouest
Provence. En matière de politique d'équipement, la commune est
donc une périphérie pour l'EPCI. L'autre compétence phare
du SAN Ouest Provence est le sport professionnel : là-encore,
67
Port-Saint-Louis-du-Rhône est une
périphérie puisque la commune ne compte pas d'équipe
professionnelle.
Cependant, dans le cadre du soutien aux clubs professionnels,
le SAN Ouest Provence a une action indirecte sur la commune. En effet, figurent
dans les Conventions d'objectifs des conditions au soutien aux clubs parmi
lesquelles la promotion du sport amateur en particulier à destination
des enfants, ce qui touche l'ensemble des communes du SAN et donc notamment
Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Enfin, la politique de la ville est gérée par le
SAN : dans ce cadre, Port-Saint-Louis-du-Rhône et Miramas, qui
présentent le plus de quartiers dits « sensibles » sont les
plus touchés par la politique sportive dans le cadre de la
cohésion sociale. Dans ce cadre-là également,
Port-Saint-Louis-du-Rhône apparait dans une image de
périphérie : une périphérie « sensible »
de la commune centre : Istres.
En définitive, on peut dire que dans le cadre de la
politique sportive de SAN, Port-Saint-Louis du Rhône est une
périphérie sportive. En effet, la commune n'est concernée
que pas les soutiens indirects et non pas les politiques phares que sont la
construction et la gestion d'équipements communautaires et le sport
professionnel.
Conclusion de la Partie 2 :
La commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône a une politique
sportive dynamique. Les associations sportives sont nombreuses et dynamiques et
bénéficient d'un soutien important de la part de la commune et
cette dernière n'hésite pas à animer la vie sportive
communale directement. D'autre part, on observe une volonté de la
commune de répondre aux besoins croissants des associations sportives
à travers l'inscription des équipements sportifs dans le
Schéma directeur des bâtiments communaux. On voit également
que l'évolution des politiques sportives et en particulier de la
politique d'équipement de la commune est intimement liée aux
grandes phases de l'histoire de la commune. L'absence de construction
d'équipement pendant les années de crise de la commune est en
cela révélatrice.
D'autre part, la vie sportive de la commune est
également influencée par la politique sportive du SAN Ouest
Provence au sein duquel Port-Saint-Louis-du-Rhône apparait comme une
périphérie sportive.
Cette troisième sous-partie, cependant est à
considérer au passé ou du moins comme la base qui permet de
comprendre les évolutions en cours. En effet, la réforme
territoriale et en particulier la création de la Métropole
Aix-Marseille-Provence au 1er Janvier 2016 va entrainer un certain
nombre
68
de changements. Quelles conséquences cela va-t-il avoir
sur Port-Saint-Louis-du-Rhône en termes de sport ? C'est ce qu'on nous
allons voir dans la troisième partie de ce travail.
69
3. L'ambition de Port-Saint-Louis-du-Rhône en
matière de politiques sportives face à un contexte
défavorable
La partie 1 consistait à dresser un portrait de la
commune : nous avons en effet présenté les grandes lignes de
l'histoire de la commune, sa place dans l'aire Marseillaise ainsi que son
potentiel d'évolution futur. Cela nous a amené à dire que
Port-Saint-Louis-du-Rhône, longtemps sous influences extérieures
cherche à reprendre son destin en main. Les parties suivantes consistent
donc à décliner ce portrait du territoire sur un domaine
précis de la politique communale : les politiques sportives. Dans la
partie 2, nous avons donc présenté les politiques sportives de la
commune et du SAN Ouest Provence en ce qu'elles touchent cette dernière.
On a ainsi montré qu'à l'égard de la politique sportive du
SAN Ouest Provence, Port-Saint-Louis-du-Rhône est une «
périphérie sportive ».
Il s'agissait cependant de la situation qui avait cours
jusqu'au 1er mai 2015. En effet, au 1er mai 2015, les politiques
sportives du SAN Ouest Provence ont connu d'importants bouleversements en lien
avec la création de la Métropole Aix-Marseille-Provence qui
deviendra une réalité au 1er janvier 2016. Cette 3e
partie consiste ainsi à présenter ces évolutions et
à montrer dans quelles mesures celles-ci affectent la commune.
Pour commencer, nous présenterons donc les
modifications que vont entrainer la création de la Métropole
Aix-Marseille-Provence sur la politique sportive du SAN Ouest Provence.
Ensuite, nous montrerons les conséquences de ces mutations sur
Port-Saint-Louis-du-Rhône, à savoir l'accentuation de ce que nous
avons identifié dans la partie 2 : la place de «
périphérie sportive » de la commune dans
l'intercommunalité. Enfin, nous montrerons que dans ce contexte
Port-Saint-Louis-du-Rhône entend prendre son destin en main à
travers des orientations de politiques sportives municipales ambitieuses.
Cependant, nous verrons que la commune se trouve confrontée dans son
ambition à une baisse des soutiens issus des autres niveaux de
collectivités.
3.1. La création de la Métropole
Aix-Marseille-Provence bouleverse les politiques sportives du SAN Ouest
Provence
Cette première sous-partie consiste à
présenter les mutations qu'entraine la création de la
Métropole sur la compétence sport du SAN Ouest Provence. En
effet, la compétence sport de l'intercommunalité est une
émanation de la commune et elle a comme on l'a vu
précédemment des effets importants sur
Port-Saint-Louis-du-Rhône. On commencera donc par présenter, de
manière
70
générale, le devenir du SAN Ouest Provence dans
la future Métropole, puis on se penchera plus particulièrement
sur la compétence « sport ».
3.1.1. Le devenir du sport dans la Métropole
Aix-Marseille Provence : repères généraux.
Rappels généraux : le SAN Ouest Provence
absorbé par la Métropole :
Comme cela a été évoqué dans la
première partie, au 1er janvier 2016, le SAN Ouest Provence
va perdre son autonomie fiscale et budgétaire au profit de la
Métropole Aix-Marseille-Provence. Dans ce cadre en effet, l'ancienne
intercommunalité va devenir un « Territoire » de la
Métropole dont l'organe représentatif sera le « Conseil de
territoire ».118 Le futur nom du Conseil de territoire de Ouest
Provence n'est pas encore décidé mais on ne parlera plus de SAN
d'une part car l'intercommunalité en elle-même va disparaitre et
d'autre part parce que le statut de Syndicat d'agglomération nouvelle va
également disparaitre au 1er Janvier 2016.119
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti21.png)
Figure 25 : Les organes délibérants de la
Métropole Aix-Marseille-Provence / Source : Loi MAPTAM du 24
Janvier 2015 / Réalisation Laura Lemaire, août 2015
Les compétences vont être distribuées dans
une logique hiérarchique entre la Métropole et les Territoires.
Ainsi, de manière générale, la Métropole sera en
charge des grandes orientations fiscales
118 Loi MAPTAM du 24 Janvier 2015 : Articles 40 à 42
119 Loi NOTRe (Nouvelle organisation territoriale de la
République) : Article 16
71
et budgétaires ainsi que de l'élaboration de
schémas d'ensemble, quand la gestion des politiques publiques sera de
l'ordre des Territoires. Les conseils de territoires auront par ailleurs un
rôle consultatif pour le Conseil de la Métropole et pourront faire
mettre à l'ordre du jour toute question qui concerne leur territoire au
Conseil de la Métropole.120
Une compétence métropolitaine « Sport
» limitée :
Selon les lois MAPTAM, la compétence « sport
» de la Métropole Aix-Marseille-Provence,
déléguée aux Territoires consistera uniquement en la
« Construction, aménagement, entretien et fonctionnement
d'équipements (...) d'intérêt métropolitain
».121
Tout d'abord, à la différence du SAN Ouest
Provence qui pouvait investir dans des équipements
d'intérêt communal, la Métropole ne pourra le faire que
pour des équipements d'intérêt métropolitain :
« Ouest Provence avait la capacité à
investir en faveur d'équipements de gestion communale alors que
la métropole Aix-Marseille-Provence ne sera plus habilitée
à poursuivre ce type d'investissement. »122
La compétence sport ne concernera donc en aucun cas le
sport professionnel, la promotion du sport amateur ou le sport comme outil de
cohésion sociale comme c'était le cas jusqu'à
présent pour le SAN Ouest Provence. Cela rejoint la vision de certains
élus comme Eugène Caselli, Président de Marseille Provence
Métropole (MPM), qui estimait lors de la première
Conférence Métropolitaine du 21 décembre 2012 que
« la Métropole doit s'occuper de l'essentiel »,
excluant ainsi le sport de cette catégorie, à l'exception
des équipements d'intérêt métropolitain :
« Les maires sont les garants de la proximité et
doivent garder les permis de construire, avoir un regard sur les droits du sol,
avoir un pouvoir de police, garder les crèches, les écoles, la
culture, le sport sur leur territoire. Sauf ce qui est d'intérêt
métropolitain comme le Zénith. »123
Ainsi, en dehors de la construction, l'aménagement,
l'entretien et le fonctionnement d'équipements d'intérêt
métropolitain, le sport est devenu une « compétence
orpheline ». Les compétences orphelines sont selon la loi
MAPTAM des compétences intercommunales qui ne seront pas reprises par la
Métropole et doivent donc être transférées aux
communes au 1er Janvier 2018.124
120 « Les Métropoles : l'affirmation des
Métropoles à l'issu de la loi MAPTAM » : Centre national de
la fonction publique territoriale (CNFPT), 2015 : P.12
121 Ibid. : p.12
122 « Le désendettement se poursuit en 2015 » :
Ouestprovence.fr rubrique «
Actualités », Article du 31 mars 2015
123 Synthèse de la 1e Conférence
métropolitaine du 21/12/12 : Déclaration d'Eugène Caselli,
Président de MPM
124 Annexe 6 : Entretien avec la Directrice des Politiques
sportives du SAN Ouest Provence
72
3.1.2. Le SAN Ouest Provence anticipe l'entrée en
vigueur de la loi
Le SAN Ouest Provence est donc dans l'obligation de
transférer aux communes la compétence sport professionnel ainsi
que tout ce qui concerne le soutien et la promotion du sport amateur à
l'échéance du 1er Janvier 2018. Les élus ont
cependant pris la décision d'anticiper et de transférer ces
compétences aux communes dès à
présent.125
Le Comité Syndical a en effet pris la décision
de transférer aux communes la compétence sport professionnel et
le soutien au sport amateur au titre de la cohésion sociale au
1er mai 2015. 126 Sont donc transférées aux communes
la compétence de mise à disposition d'équipements et de
soutien financier aux quatre clubs de sport collectif soutenus par le SAN Ouest
Provence (le club de basketball de Fos-sur-Mer et les clubs de handball,
football et rugby d'Istres) ainsi que le soutien aux associations sportives des
communes au titre de la cohésion sociale.127
Ce transfert s'accompagne toutefois d'un transfert de charges.
Cela signifie que le SAN Ouest Provence transfert également aux communes
les moyens nécessaires à la prise charge des nouvelles
compétences transférées :
« Quand on transfert un équipement à une
commune, on fait un calcul des moyens financiers nécessaires pour que
la commune puisse continuer à faire fonctionner l'équipement de
la même manière qu'il
fonctionnait avant »128
Il ne s'agit pas que de moyens financiers. En effet, dans le
cadre du transfert de la compétence sport professionnel est
également transféré aux communes le personnel mis à
disposition des clubs. D'autre part le calcul du montant des transferts de
charge a été fait par la « Commission d'évaluation
des transferts de charge » et la décision du transfert a dû
être acceptée par le Comité syndical mais également
par l'ensemble des conseils municipaux des communes membres.129
Ainsi, le futur Territoire métropolitain Ouest Provence
n'a désormais en matière de sport qu'une compétence de
politique d'équipements sportifs limitée aux sept
équipements figurant à l'inventaire du SAN Ouest Provence. Il
s'agit d'une situation particulière puisqu'on observe le transfert aux
communes d'une compétence qui lui avait été justement
transmise par les communes. D'autre part, on peut analyser ce
phénomène comme le signe d'un recul de la solidarité
intercommunale en matière de politique sportive.
125 Annexe 6 : Entretien avec la Directrice des Politiques
sportives du SAN Ouest Provence : op. cit.
126 Délibération du comité syndical du SAN
Ouest Provence du 31 mars 2015
127 Délibération du 1er mai 2015 du
Comité syndical du SAN Ouest Provence
128 Annexe 6 : Entretien avec la Directrice de la Direction des
Sports, SAN Ouest Provence : op. cit.
129 Compte-rendu du Conseil municipal de la commune de
Port-Saint-Louis-du-Rhône du 11 mars 2015
73
3.2. Le transfert partiel de la compétence sport
aux communes et ses effets sur Port-Saint-Louis-du-Rhône
3.2.1. Des effets limités sur
Port-Saint-Louis-du-Rhône
Les effets du transfert de compétences sur les
communes « centres » de la politique sportive au sein du SAN Ouest
Provence
Pour les communes de Fos-sur-Mer et Istres en particulier, le
transfert de compétence va avoir de lourdes conséquences
financières. Les communes vont en effet devoir s'acquitter dès
à présent du soutien aux clubs professionnels. La commune
d'Istres est la plus touchée puisqu'elle se voit transférer la
gestion des équipements d'entrainement des équipes ainsi que les
centres de formation et le soutien financier à trois clubs
professionnels, alors qu'elle gère déjà le un club
professionnel de tennis de table.
« Par exemple Istres, on leur a transféré
trois clubs de hauts niveaux alors qu'il avaient déjà en charge
des clubs de haut niveau comme le tennis de table qui a joué en coupe
d'Europe et tout ce qui est sport amateur. Ils auront 4 clubs à financer
pour environ 50 000 habitants, c'est beaucoup. C'est surdimensionné !
»130
Certes, le transfert s'accompagne d'un transfert de charges,
cependant comme cela est expliqué dans un article paru dans le site
internet d'information Regards sur Istres et Entressen, aucune
garantie n'existe pour clarifier ces transferts de charge après
l'absorption du SAN Ouest Provence par la Métropole à partir du
1er janvier 2016.131
D'autre part, selon la Directrice des Politiques sportives du
SAN Ouest Provence, le problème est que ce transfert de
compétence vient s'ajouter à un contexte déjà peu
favorable à la compétence en matière de sport
professionnel des communes. Elle évoque tout d'abord une baisse
généralisée des dotations de l'Etat aux communes dans le
cadre de la diminution des dépenses publiques. A cela viendrait
s'ajouter une baisse des soutiens privés au sport professionnel. Enfin,
il semble que les clubs professionnels sont soumis à des exigences de
plus en plus importantes des fédérations, notamment en termes
d'équipements. Interrogée sur son opinion personnelle par rapport
à ce transfert de compétence, elle a en en effet apporté
la réponse suivante :
130 Annexe 6 : Entretien avec la Directrice des Politiques
sportives du SAN Ouest Provence : op. cit.
131 « Recul de la solidarité intercommunale : mise en
difficulté financières des villes centres » : Article
publié le 3 septembre 2014 sur le Site internet d'information Regard sur
Istres et Entressen
http://regardssuristres.over-blog.com/2014/09/transferts-anticipes-d-agents-et-d-equipements-san-aux-communes-une-bombe-fiscale-a-retardement.html
74
« Je pense que je contexte n'est pas très
favorable aux compétences de la culture et du sport. Et que s'il y a des
coupes budgétaires, on sait très bien que ce sera dans ces
domaines. Quand je parlais des cahiers des charges, par exemple pour le hand,
il y a deux contrats professionnels supplémentaires à assumer en
plus, des nouveaux règlements chaque année, des exigences de plus
en plus importantes au
niveau des salles, pour les sports collectifs :on est dans le
sport évènementiel avec tout ce que ça concerne en
matière d'aménagement parce qu'il faut des espaces
réceptifs de plus en plus importants, aménagées, des
conditions d'accueil de plus en plus confortables.
Pour moi, on a des réglementations qui explosent et
qui exposent les clubs à des charges supplémentaires, des
communes qui vont devoir fait face à des demandes de soutiens de plus en
plus importants et qui n'auront pas les moyens de le
faire.»132
Le transfert de compétence aurait donc pour
conséquence une mise en difficulté financière des communes
ainsi qu'un coup porté au sport professionnel sur le territoire.
Des effets plus mesurés sur
Port-Saint-Louis-du-Rhône :
Paradoxalement, le statut de « périphérie
sportive » de Port-Saint-Louis-du-Rhône fait que la commune est
moins concerné par le transfert partiel de compétences. En effet,
la commune n'ayant ni club professionnel sur son territoire, ni
équipement inscrit à l'inventaire de Ouest de Provence, le
transfert concerne moins de compétence. Les points qui touchent
directement Port-Saint-Louis-du-Rhône sont le transfert de la
compétence de soutien aux associations sportives et le soutien aux
sportifs.
De la même manière que pour le sport
professionnel, le SAN Ouest Provence s'est engagé à accompagner
le transfert de compétence d'une dotation supplémentaire.
Cependant, de la même manière, aucune garantie n'existe de la
continuité de cette dotation après le 1er janvier 2016
et la disparition du SAN Ouest Provence. En 2011, les subventions aux
associations sportives de l'ensemble des communes ont représenté
presque 3 millions d'euros pour le SAN Ouest Provence.133 Cela est
donc un manque à gagner potentiel pour les associations sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône qui pourrait avoir des conséquences sur
le dynamisme de la vie sportive au sein de la commune.
D'autre part, le transfert de la compétence «
sport professionnel » ne touche pas que les équipes de sport
collectif. En effet, comme on l'a vu précédemment, le SAN Ouest
Provence soutenait
132 Annexe 6 : Entretien avec la Directrice des Politiques
sportives du SAN Ouest Provence : op. cit.
133 « Subventions aux associations 2011 en euros » :
Rapport d'activité des services du SAN Ouest Provence, 2011
75
le champion de kite surf Alexandre Caizergues. Que va-t-il
advenir de ce soutien ? Il est possible que le soutien pèse à
présent sur la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Enfin, le transfert de la compétence de soutien aux
clubs de sport collectif aux communes d'Istres et de Fos pourrait avoir un
autre effet indirect. En effet, jusqu'à présent, ce soutien
était conditionné à la participation à des missions
d'intérêt général parmi lesquelles la promotion du
sport en milieu scolaire ou associatif et cela était inscrits dans les
Conventions d'objectifs. Puisque les clubs étaient soutenus par le SAN
Ouest Provence, les conventions d'objectifs précisaient que les actions
menées à par les clubs devaient l'être sur l'ensemble des
communes membres. Ainsi, Port-Saint-Louis-du-Rhône
bénéficiait comme les autres communes d'actions menées par
les clubs sportifs en faveur de la promotion du sport. Mais qu'adviendra-t-il
une fois que le transfert des clubs à Istres et Fos-sur-Mer sera
effectif ? Puisque les deux communes seront les seuls soutiens des clubs, on
peut supposer que les conventions d'objectifs ne concerneront plus que ces
communes.
Ainsi le transfert de la compétence « sport »
aux communes a des effets plus mesurés que sur les communes «
centres » en matière des politiques sportives que sont Istres et
Fos-sur-Mer, cependant ces effets sont néanmoins réels. De plus
on constate une part d'incertitude quant à la continuité des
dotations de transfert de charge après que la Métropole
Aix-Marseille-Provence ne devienne effective au 1er janvier 2016.
3.2.2. Un transfert de compétence qui vient
s'ajouter à un mouvement général accentuant la place de
Port-Saint-Louis-du-Rhône comme périphérie sportive
Le transfert de la compétence sport aux communes
accentue les hiérarchies urbaines au sein du futur Territoire Ouest
Provence de la Métropole Aix-Marseille :
Comme on l'a montré dans la Partie 2, même avant
la délégation partielle de la compétence,
Port-Saint-Louis-du-Rhône était déjà une
périphérie sportive à l'échelle du SAN Ouest
Provence car la commune n'était concernée que pas les soutiens
directs et indirects au sport amateur et pas par les politiques phares que sont
la construction et la gestion d'équipements communautaires et le sport
professionnel.
Comme on vient de le voir précédemment, le
transfert de compétences touche Port-Saint-Louis-du-Rhône, commune
« périphérique », nettement moins que les communes
« centres » , Fos-sur-Mer et Istres, cependant la commune risque de
se trouver encore davantage isolée sur le plan des
76
politiques sportives puisque les soutiens directs
(subventions) et indirects (missions d'intérêt
général des quatre clubs de sport collectifs) risquent
d'être remis en cause dans le cadre de la future Métropole. On se
retrouve donc avec deux communes : Fos-sur-Mer et Istres qui se voient
renforcées comme polarités sportives dans le cadre de la
Métropole tandis que Port-Saint-Louis-du-Rhône, commune
déjà périphérique dans ce domaine, est
confrontée à une incertitude quant à la continuité
du soutien intercommunal au sport amateur sur son territoire.
La compétence sport de la Métropole :
symptôme d'un changement de paradigme de l'action publique en France
:
Dans le cadre de la création de la Métropole
Aix-Marseille-Provence, on passe d'une compétence « sport
professionnel » au service du rayonnement d'un territoire intercommunal :
le SAN Ouest Provence, à la situation dans laquelle les clubs de sport
professionnel ne serviront plus que le rayonnement des villes sur lesquels les
clubs sont implantés. Le passage à la Métropole signifie
donc la fin de la logique qui était celle du SAN Ouest Provence depuis
le début des années 2000 : « une intercommunalité
au service du développement d'un territoire
multipolaire.»134
Bien que le territoire fût déjà
hiérarchisé en termes de politiques sportives, comme on l'a dit,
il y avait en effet dans la politique sportive du SAN Ouest Provence
l'idée de l'accès de chacun au sport et également celle de
se servir du sport comme un vecteur de cohésion sociale. Or la
compétence « sport » de la Métropole telle que
définie dans la loi MAPTAM, comprend uniquement la construction,
l'entretien et la mise à disposition des équipements
d'intérêt métropolitain. Tandis que le SAN Ouest Provence
avait pour objectif d'équiper le territoire pour accompagner
l'urbanisation, la compétence sport de la Métropole a surtout
pour objectif le rayonnement de la Métropole. Cela se manifeste par la
construction ou la gestion d'équipements sportifs couteux et en
particulier les équipements liés au sport spectacle (grands
stades, arénas) Le sport amateur, quant à lui, est ainsi
renvoyé à la compétence des communes.
Port-Saint-Louis-du-Rhône est donc immergée dans
le contexte d'un changement de paradigme de l'action publique. Depuis 2003, la
commune a pu profiter de la solidarité communautaire même si
c'était à un niveau moindre par rapport aux communes historiques
du SAN Ouest Provence. Avant le passage à la Métropole, on
était donc encore dans le cadre de l'aménagement du territoire
d'inspiration keynésienne qui visait à donner un peu plus aux
territoires qui ont moins. Cela se manifestait notamment à
Port-Saint-Louis-du-Rhône par l'octroi de
134 Ibid : p.129
77
subventions aux associations sportives et par l'obligation
contractuelle des clubs professionnels à promouvoir le sport sur
l'ensemble du territoire. A présent, au contraire, le sport amateur,
celui qui est tourné vers les habitants des territoires en tant qu'outil
de cohésion sociale est laissé aux communes, comme-ci cela
n'était pas un enjeu métropolitain : comme-si le sport
n'était considéré par la Métropole que dans le
cadre du marketing territorial.135 Dans le cadre de la
création des Métropoles, il s'agit en effet de créer des
villes qui auront un rayonnement européen. On est donc davantage dans
l'idée d'un territoire métropolitain au service du rayonnement
des villes-centres, Aix-en-Provence et Marseille que d'un aménagement du
territoire métropolitain pour une répartition
équilibrée des richesses sur le territoire
La métropolisation des clubs sportifs
professionnels : opportunité pour les clubs et menace pour
Port-Saint-Louis-du-Rhône ?
Face à la création de la Métropole au
1er janvier 2016, le club de Basketball du SAN Ouest Provence
localisé à Fos-sur-Mer, « Fos Ouest Provence basket » a
changé son nom en « Provence Basket ». Ce changement de nom
est révélateur du projet du club de s'inscrire dans le contexte
métropolitain : devenir le club de la Métropole au lieu
d'être le club du SAN Ouest Provence ou de la ville de Fos-sur-Mer. Le
Président de l'association, Anthony Thiodet, évoque ainsi
l'idée de jouer dans une aréna de rayonnement
métropolitain pour les grands matchs tout en continuant à
s'entrainer au complexe sportif Parsemain à Fos-sur-Mer. Le but est pour
le club de pouvoir s'appuyer sur des soutiens privés à une
échelle plus vaste et de pouvoir « monter en gamme ».
136
Dans le cadre d'une équipe de Basket
métropolitaine, il est également en projet que le centre de
formation soit éclaté et réparti sur le territoire
métropolitain : par exemple les mineurs à Aix-en-Provence et les
majeurs à Fos-sur-Mer :
« Par exemple le basket, l'an dernier a essayé
de créer une dynamique métropolitaine. (...) L'idée est
de créer un projet métropolitain en lien avec Marseille et
Aix. Le but était de créer une dynamique sur le territoire,
une dynamique de formation des joueurs étendue sur tout le territoire
selon les différentes catégories d'âge. Que sur Aix,
peut-être, on ait les mineurs, et à Fos, plutôt les majeurs,
que les joueurs pros puissent jouer sur Ouest Provence et aussi sur
Marseille. »137
135 PINSON, Gilles : Projet et pouvoirs dans les villes
européennes. Une comparaison de Marseille, Venise, Nantes et Turin :
Thèse de doctorat en science politique, Université de Rennes I,
2002 : p.79
136 Interview d'Anthony Thiodet, Président de
l'association Fos Ouest Provence Basket : Site d'information en ligne
Marsactu.fr
http://www.marsactu.fr/sport-om/il-y-a-de-la-place-pour-autre-chose-que-du-football-sur-cette-metropole-36415.html
137 Annexe 6 : Entretien avec la Directrice des Politiques
sportives du SAN Ouest Provence : op. cit.
78
Parallèlement, le mouvement sportif amateur se
fédère à l'échelle de la Métropole et le
club Provence Basket pourrait en devenir le porte-drapeau, en même temps
qu'un outil de rayonnement au service de la Métropole.
On pourrait imaginer qu'à la manière du club de
basket, les trois autres clubs professionnels gérés
jusqu'à présent par le SAN Ouest Provence et
transférés récemment aux communes d'Istres et de
Fos-sur-Mer puissent également devenir des clubs
métropolitains.
Par rapport à ce projet, deux points de vue
s'affrontent qui correspondent à deux manières de se positionner
par rapport au sport professionnel.
La Directrice des Politiques sportives du SAN Ouest Provence
se place du point de vue des clubs sportifs. Dans le contexte financier
difficile où se trouvent Istres et Fos-sur-Mer avec le transfert des
clubs aux communes, le risque est que les communes ne puissent plus faire face
et que cela se répercute sur les clubs. Elle évoque
également l'argument politique selon lequel dans un contexte de
réduction des dépenses publiques, les communes auront du mal
à justifier un tel soutien aux clubs sportifs au détriment
d'autres politiques. Le risque est ainsi que le soutien des communes aux clubs
s'amenuise années après années, se répercutant sur
la qualité des équipements (centre d'entrainement et centres de
formation) et la qualité de la formation des futurs professionnel. Ainsi
pour elle, il est légitime et souhaitable que le sport professionnel se
conçoive à l'échelle de la Métropole et dans ce
cadre, la Métropole devrait en avoir la compétence.138
:
« Oui, je pense qu'il y a plus d'avenir pour ces clubs
dans le contexte métropolitain que communal.
Ça va être difficile pour les communes. (..).
Et ça va être difficile pour les élus de justifier de
tels
soutiens aux clubs sportifs au détriment d`autres
politiques.
Pour moi le sport doit être enjeu
métropolitain. Il faut que ce créent des liens entre les
associations
d'un même territoire, qu'il y ait une dynamique
métropolitaine. »
La Directrice Enfance, Education et Sports du SAN Ouest
Provence quant à elle se place du point de vue de l'accès des
jeunes de Port-Saint-Louis-du-Rhône aux centres de formation au sport
professionnel. Interrogée sur la question de la Métropolisation
des clubs professionnels, elle évoque en effet la « perte de la
proximité », qui aboutirait à une discrimination
liée aux moyens financiers entre ceux qui pourront se déplacer
pour se rendre à l'éventuel centre de formation d'Aix-en-Provence
et les autres. Elle fait également le parallèle avec les classes
de sport-études dont la
138 Idem.
79
cartographie à l'échelle métropolitaine
serait de la même manière une façon de sélectionner
les jeunes sur les revenus de leurs parents :
« c'est faire de la sélection entre ceux qui
auront les moyens de pouvoir se déplacer et les autres. Mais est-ce-que
les sports études seront cartographiés de cette façon ? Si
oui, c'est grave. Parce que pour l'instant, on peut aller en sport étude
à Arles ou à Istres. Si maintenant, les jeunes doivent aller
à Aix ou à Marseille, c'est terminé ! Ou alors il faut
aller en internat mais toutes les familles ne sont pas prêtes à
ça. Qu'est-ce-
que sera mis avec pour que les familles puissent se le
permettre ? »139
Se confrontent à travers ces deux témoignages
deux manières de percevoir les politiques sportives qui ne sont pas
étrangères au poste qu'occupent les deux Directrices. La
Directrice du SAN Ouest Provence était en effet jusqu'au 1er
mai 2015 en charge du sport professionnel et elle est issue de la
filière sportive de la fonction publique territoriale. Son point de vue
est donc celui d'une personne sensible au sport de haut niveau. Le second
témoignage quant à lui, est celui de la Directrice Enfance,
Education et Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône, pour qui le sport est
avant tout un vecteur de cohésion sociale. D'autre Part, au niveau de la
commune, le service des sport ne s'occupe pas de sport professionnel, ce qui
explique une sensibilité moindre au devenir des clubs et davantage
à l'accès des jeunes au sport de haut niveau. Ainsi, la
métropolisation du sport professionnel peut apparaitre à la fois
comme une opportunité pour les clubs et une manière d'accroitre
les inégalités entre les jeunes des communes « centres
» au regard du sport et les communes « périphériques
».
3.3. Une politique volontariste de
Port-Saint-Louis-du-Rhône en matière de politiques sportives
confrontée à plusieurs obstacles
Comme on l'a vu dans la première partie,
Port-Saint-Louis-du-Rhône est une ville qui cherche à reprendre le
contrôle de son destin : se défaire de son image de « ville
du bout du monde » afin de maîtriser son développement et en
particulier attirer de nouveaux habitants, diversifier sa composition sociale
et attirer les touristes. Les orientations de politiques sportives de
l'équipe municipale élue en 2014 s'inscrivent dans cette logique.
Il s'agira donc d'abord de présenter les orientations de politiques
sportives de l'équipe municipale élue en 2014 en insistant sur la
façon dont elles s'inscrivent dans la politique de développement
de la commune. Puis, nous interrogerons les perspectives de réussite de
ces orientations face à un certain nombre d'obstacles.
139 Annexe 4 : Entretien avec la Directrice Enfance, Education et
Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône : op. cit.
80
3.3.1. Des orientations de politiques sportives
ambitieuses
Tout d'abord, il s'agit donc de présenter les
orientations de politiques sportives de la nouvelle équipe municipale
élue en 2014. Nous reprendrons les trois types de politiques sportives
communales que nous avons présenté dans la Partie 2 : la
politique d'équipement, le soutien au mouvement sportif et enfin
l'animation sportive. Mais les trois types de politique sportive se rejoignent
dans une logique commune inscrite dans le programme de l'équipe
municipale élue en 2014 : donner les moyens aux associations de se
développer afin de faire de la commune une ville où sport loisir
et sport de compétition se conjuguent au service de
l'attractivité du territoire et de la cohésion sociale :
« Le sport est un vecteur d'intégration et de
bien-être. Le sportif recherche toujours la performance, c'est dans sa
nature. Il est impossible de développer le sport populaire, le sport
pour tous, si l'on ne donne pas les moyens aux compétiteurs de
réaliser leurs objectifs. »140
Les axes de développement des politiques sportives de la
commune sont donc les suivants :
- « Favoriser la pratique sportive au plus grand nombre
»
- Intégrer le sport comme « outil
d'éducation à la citoyenneté » qui se
décline en trois sou-axes : « sport et citoyenneté »,
« sport et santé » et enfin « sport et insertion
»
- « Soutenir les clubs et les sportifs »141
Une politique d'équipement ambitieuse mais
rationnelle :
Un programme politique ambitieux en matière de
construction d'équipements :
Dans son programme, l'équipe municipale élue en
2014 annonce la construction de nouveaux équipements : une piscine, un
nouveau gymnase, un boulodrome couvert et enfin des salles adaptées
à la pratique de la danse et des sports de combat.
Un des arguments mis en avant par l'équipe municipale
est qu'aujourd'hui la mairie est confrontée à une
difficulté à répondre aux demandes de toutes les
associations sportives en termes de créneaux horaires.142
D'autre part, il s'agit d'offrir aux associations des
équipements qui leur permettent d'avoir une pratique du sport en
compétition. En effet, à partir d'un certain niveau, les
exigences des ligues sportives augmentent et si la commune ne peut pas suivre,
alors les équipes stagnent à leur niveau ou
140 Annexe 7 : Programme politique de la liste « PSL gagnant
», équipe municipale actuellement aux affaires lors des
élections municipales de 2014. P. 10 : « Le sport / la jeunesse /
la culture
141 Annexe 4 : Entretien avec la Directrice Enfance, Jeunesse et
Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône : op. cit.
142 Compte-rendu du Comité technique n°1 du 15 juin
2015 consacré aux équipements sportifs : op. cit.
81
sont obligées pour continuer à progresser de
s'entrainer dans d'autres communes qui ont des locaux plus adaptés :
« il faut se poser la question d'avoir une structure
qui peut accueillir les compétitions. (...) Quand on arrive à
un certain niveau, on a les équipements qui doivent aller avec ou sinon
le club ne va pas monter. C'est ce qu'il a failli arriver au hand il y a
quelques années. Ou sinon, ils partent sur une autre ville pour
pouvoir monter et la ville perd son potentiel.
Il faut faciliter la montée en puissance des clubs
sportifs. Même si on est un excellent vivier de
sportifs, arrivés à un certain niveau, on ne peut plus
pratiquer sur Port-Saint-Louis sauf en entrainement. »143
Dans le cas de la piscine, la logique est différente,
il s'agit avant tout de répondre aux besoins scolaires : en effet, les
écoles de Port-Saint-Louis-du-Rhône sont actuellement
obligées d'emmener les enfants jusqu'à la piscine de Miramas pour
pouvoir effectuer les heures de natation imposées par les programmes de
l'Education Nationale. Pour ce qui est du boulodrome, il semble s'agir
d'avantage d'une promesse de campagne pour s'attirer les votes des «
anciens » comme ils sont appelés dans le programme municipal que de
la réponse à un besoin puisque la commune dispose
déjà de terrains permettant d'accueillir des
compétitions.
Il s'agit de renforcer et de diversifier le patrimoine sportif
de la commune dans le but d'une pratique optimale dans le cadre des loisirs ou
de la compétition. Cela a pour objectif de donner au mouvement sportif
les moyens de ses ambitions et ainsi de développer à la fois la
cohésion sociale par le sport loisir et le rayonnement de la commune par
le sport de compétition.
Une politique d'équipement néanmoins
rationnelle :
Le programme de construction d'équipement de la commune
est donc ambitieux et sa mise en application aurait de lourdes
conséquences financières pour la commune, qui gère
déjà dix-huit équipements sportifs (cf Partie 2). C'est
pourquoi la commune a inscrit les équipements sportifs dans le cadre de
l'élaboration du Schéma directeur des bâtiments communaux.
Il s'agit d'une mission d'assistance à la maîtrise d'ouvrage qui
vise à accompagner la commune dans sa politique d'équipements.
Celle-ci s'appuie sur une analyse de besoins qui se décline en trois
parties :
- Une analyse sociodémographique visant à
dresser portrait des habitants de la commune aujourd'hui et à l'horizon
2025 puisque la construction d'équipements publics s'inscrit dans le
temps long
- Une analyse bâtimentaire visant à
évaluer l'état de dégradation des équipements
existants
143 Annexe 4 : Entretien avec la Directrice Enfance, Jeunesse et
Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône : op. cit.
82
- Une analyse territoriale visant à étudier la
répartition des équipements sur le territoire
communal144
Le fait de faire précéder la décision
politique de ce type d'étude montre la volonté de la commune de
rationaliser sa politique d'équipements et de ne pas se lancer dans les
projets coûteux sans être sûrs de leur utilisation future. Il
s'agit donc d'une politique ambitieuse mais rationnelle. Les orientations
politiques en matière d'équipements sportifs dénotent
cependant d'une volonté de diversifier et de monter en gamme dans le
type d'équipements que met la commune à disposition des
associations sportives. Il s'agit donc avant tout de donner aux associations
sportives les moyens de se développer, agissant ainsi pour la
cohésion sociale et le rayonnement de la commune.
Une politique de soutien aux associations sportives
axée sur la cohésion sociale et l'attractivité du
territoire :
Comme on l'a vu dans la Partie 2, le soutien communal aux
associations sportives n'est pas seulement pécuniaire mais aussi
matériel, humain et relatif à la communication. La nouvelle
équipe municipale entend poursuivre cette politique. Dans le cadre des
dotations de subventions, nous pouvons identifier deux axes qui
prévalent : la cohésion sociale et l'attractivité de la
commune.
La cohésion sociale :
Pour la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône, le sport
est un loisir, une discipline de compétition mais aussi un outil de
cohésion sociale. La Direction Enfance, Education et Sports
dépeint la cohésion sociale comme « le rassemblement de
masse de personnes dans un but récréatif et de loisir ».
La cohésion sociale, c'est l'intensité du lien social,
autrement dit des interactions entre les individus. Or le sport serait un des
derniers domaines capables de mobiliser les habitants de la commune :
« C'est une des dernières activités qui
permet le regroupement de masses de personnes dans un but
récréatif et de loisir. Mais la même chose pour la partie
compétition, qui est organisée par les clubs. Je pense vraiment
que c'est un vecteur de cohésion sociale ».145
Au concept de cohésion sociale, on peut opposer celle
de d' « exclusion », autrement dit de personnes qui seraient
justement exclues des interactions sociales notamment du fait de la faiblesse
de leurs revenus. Une association qui mettra en oeuvre des actions, organisera
des événements qui permettent
144 Mémoire technique et offre financière en vue de
l'élaboration du Schéma directeur des bâtiments communaux :
Groupement de bureaux d'études Berthier / A5 Programmation /
Hameaucité, février 2015
145 Annexe 4 : Entretien avec la Direction Enfance, Education et
Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône : op. cit.
83
à tous les citoyens de se rassembler aura donc une
chance accrue de recevoir des soutiens conséquents. Cela renvoie
à la volonté de la commune de promouvoir « le sport pour
tous ».146
L'attractivité de la commune :
La deuxième idée forte de la municipalité
en matière de sport, à laquelle les associations doivent donc se
plier en l'échange du soutien communal est celle du sport comme outil de
l'attractivité de la commune.
Cela peut tout d'abord se manifester par le soutien aux
associations qui organiseraient des événements accroissant la
visibilité de la commune. Le soutien de la commune aux associations
organisatrices de la Fête du Sports organisée le 28 août
2015 rentre dans cette logique.147
D'autre part, l'attractivité de la commune veut
également dire l'attractivité pour de nouveaux habitants. A ce
titre, la richesse de la vie associative et le type d'activités
proposées entrent en ligne de compte. Dans la stratégie communale
d'attirer les salariés travaillant sur la plateforme de Distriport, les
associations peuvent ainsi jouer un rôle. Par exemple, le
développement d'activités à l'heure de la pause
déjeuner peut être un argument pour faire venir les gens.
Dans le cadre de sa politique de cohésion sociale mais
également de développement de son attractivité, le soutien
aux associations joue donc un rôle important : il s'agit de soutenir
davantage les associations qui s'insèrent dans la politique sportive de
la commune.
Une politique d'animation sportive qui vise à
aider les associations à se professionnaliser et à
développer le tourisme :
Comme on l'a dit, la ligne générale de la
politique sportive de la nouvelle équipe municipale est de donner au
mouvement sportif local les moyens de contribuer au rayonnement de la commune
ainsi qu'à sa cohésion sociale. Pour le Conseil municipal actuel,
cela passe par des actions visant à accompagner et soutenir les clubs
« dans la voie de la professionnalisation de leurs structures
».148 Dans ce but, la politique d'animation sportive de la
commune consiste à « favoriser les conditions pour que se
créent des emplois de secrétaires administratives et
d'éducateurs sportifs pour soutenir
146 Programme politique de la commune : op. cit.
147 Site internet de Port-Saint-Louis-du-Rhône : «
événements » :
http://portsaintlouis.fr
148 Programme politique de la commune : op. cit.
84
les bénévoles »149 :
cela signifie militer pour la création de postes destinés
à des fonctionnaires issus de la filière sportive de la fonction
publique territoriale sur la commune.
La nouvelle équipe municipale souhaite également
utiliser sa politique d'animation sportive pour développer le tourisme
sur la commune et notamment une sorte particulière de tourisme qu'on
pourrait qualifier de pédagogique : l'accueil de classes de mer. La
municipalité a en effet le projet de gérer une structure
d'hébergement à destination des classes, qui pourrait
également servir pendant les vacances scolaires pour des colonies de
vacances. Cette structure d'hébergement serait notamment en lien avec la
base nautique municipale.150
Les orientations de politiques sportives de la nouvelle
équipe municipale en synthèse :
Les différentes orientations de politique sportive de
la commune ont donc pour ligne directrice de donner au mouvement sportif local
les moyens de contribuer au rayonnement de la commune tout en étant
acteur de la cohésion sociale. Cela se manifeste d'abord par la
construction d'équipements qui permettent aux clubs sportifs de
s'entrainer dans de bonnes conditions et de recevoir des compétitions
à domicile, l'objectif étant que les équipes de la commune
puissent monter en niveau. Ensuite, il s'agit d'orienter les associations via
la politique de soutien (subventions, dotations,...) vers des actions et
événements qui apportent visibilité à la commune et
permettent de développer la cohésion sociale. Enfin, la politique
d'animation vise à aider les associations à se professionnaliser
à travers le recours à du personnel issu de la filière
sportive de la fonction publique territoriale et également à
développer l'accueil de classes de mer.
Les politiques sportives de la commune s'inscrivent donc dans
la politique générale de la commune qui vise à ce que la
commune se défasse de son image de « ville du bout du monde »
et gagne en rayonnement et en attractivité. Il s'agit d'une politique
ambitieuse dans le contexte de la création de la Métropole
où la place de Port-Saint-Louis-du-Rhône en tant que
périphérie sportive se trouve renforcée
3.3.2. Des obstacles qui limitent les perspective de
réussite de la commune
Par ses orientations de politique sportives, entre autres, la
commune espère reprendre le contrôle de son destin, c'était
à dire celui d'une commune qui subit les conséquences de
décisions
149 Idem
150 Compte-rendu du Comité technique n°1 du 15 juin
2015 consacré aux équipements sportifs : op. cit.
85
extérieures à elle. Ainsi, la sous-partie
suivante consistera justement à faire un bilan des différents
obstacles auxquels va se heurter Port-Saint-Louis-du-Rhône dans ce
défi mais aussi des différents soutiens dont elle peut
profiter.
La création de la Métropole : une perte de
soutien pour la commune dans le domaine sportif :
La prochaine dissolution de l'intercommunalité dans la
Métropole au 1er janvier 2016 s'accompagne d'une mutation de
la compétence « sport communautaire ». Selon la loi, la
Métropole aura en effet comme unique compétence en matière
de sport : « construction, aménagement, entretien et
fonctionnement d'équipements (...) d'intérêt
métropolitain ».151 Cela a pour effet de priver la
commune d'un certain nombre de soutiens dont elle aurait pu profiter dans le
cadre du SAN Ouest Provence.
Une absence de soutien pour la construction
d'équipements :
Le SAN Ouest Provence avait dans ses compétences la
construction d'équipements pour le compte des communes membres. Le SAN
Ouest Provence pouvait donc investir dans des équipements à
rayonnement communautaire mais aussi communal. La Métropole quant
à elle n'a pour compétence en matière de sport que la
construction d'équipements d'intérêt métropolitain.
Cela signifie que Port-Saint-Louis-du-Rhône ne pourra
bénéficier de la participation de la Métropole à la
construction des équipements sportifs mentionnés dans le
programme politique de la commune. En effet, la commune prévoit avant
tout de construire des équipements au service de ses habitants et de ses
clubs même si la volonté est aussi de pouvoir accueillir des
compétitions.
D'autre part, le statut de la commune au sein du réseau
de polarités hiérarchisées que formalise le SCOT Ouest
Etang de Berre va dans ce sens. La commune a en effet dans le SCOT le statut de
« pôle d'équilibre » au même titre que
Fos-sur-Mer et Port-de-Bouc et en cela, elle est vouée à se doter
d'équipements sportifs « liés aux collèges et aux
lycées » ainsi que d'équipements à rayonnement
« communautaire » A cela s'oppose la situation des
« pôles structurants » que sont dans le SCOT
Martigues, Istres et Miramas, qui ont pour vocation de se doter
d'équipements liées aux collèges, aux lycées et aux
établissements d'enseignement supérieur ainsi que
d'équipements à rayonnement « extraterritorial ».
152.
151 Ibid. : P.12
152 SCOT Ouest Etang de Berre : Document d'orientations et
d'objectifs
86
Dans la perspective de la Métropole et d'un futur SCOT
à l'échelle de la Métropole, on peut supposer qu'un
rayonnement « extraterritorial » concernera un rayonnement
à l'échelle métropolitaine, quand un rayonnement «
communautaire » correspondra davantage à l'échelle des
« Territoires » de la Métropole. On peut en effet
faire correspondre les notions de « pôles structurants »
,« pôles d'équilibre » et « pôles de
proximité » aux notions utilisées par la Mission
interministérielle Projet métropolitain Aix-Marseille-Provence
qui entrerons dans le cadre du futur SCOT métropolitain153,
comme on peut le voir sur le schéma suivant :
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti22.png)
Figure 26 : Transposition de la typologie des communes du
SCOT Ouest Etang de Berre Source dans l'optique d'un futur SCOT
métropolitain : SCOT Ouest Provence et « Aix-Marseille-Provence :
futur engagé » / Réalisation Laura
Lemaire
Le SCOT Ouest Etang de Berre a donc pour effet de confirmer le
fait que Port-Saint-Louis-du-Rhône soit une périphérie
sportive au sens où la commune n'aura pas sur son territoire
d'équipement sportif au rayonnement métropolitain et que de ce
fait la commune ne pourra bénéficier d'une construction
d'équipements par la Métropole.
Une incertitude quant aux soutien aux associations et aux
sportifs :
D'autre part, comme on l'a vu plus haut, le SAN Ouest Provence
soutenait les associations sportives de Port-Saint-Louis-du-Rhône ainsi
que le champion du monde de kite surf Alexandre
153 « Aix-Marseille-Provence. Futur engagé. Une
vision d'ensemble des projets de transport, logement, d'activités et
d'environnement. Projets SCOTs, PDUs et PLH » : Mission
interministérielle Projet Métropolitain Aix-Marseille-Provence,
Avril 2015
87
Caizergues. Puisque la Métropole n'a pour
compétence en matière de sport que la construction
d'équipements, il existe donc une incertitude quant au soutien que
pourrait avoir la Métropole envers le sport amateur et les sportifs
professionnels.
Face à cette absence de soutien en matière de
construction d'équipements et cette incertitude quant au soutien aux
sportifs professionnels et aux associations sportives de la part de la
métropole, la commune serait donc davantage dépendante qu'avant
des soutiens des autres collectivités publiques : l'Etat, le Conseil
Régional et le Conseil Général, dont nous verrons que le
soutien s'amenuise envers les communes en matière de sport
également.
Le soutien de l'Etat :
Une baisse généralisée des dotations
de l'Etat aux collectivités territoriales :
Dans la loi de Finance pour 2015154 a
été inscrit le principe d'une économie de 50 milliards
d'euros sur la période 2015-2017. Cela se matérialise notamment
par une baisse des dotations aux collectivités territoriales de 2071
millions d'euros pour le bloc communal (dont 70 % pour les communes et 30 %
pour les EPCI) et de 1148 millions d'euros pour les départements et les
Régions. Ainsi les dotations générales de l'Etat à
Port-Saint-Louis-du-Rhône vont décroitre.
Port-Saint-Louis-du-Rhône exclue de la
géographie de la politique de la ville :
D'autre part, jusqu'à cette année,
Port-Saint-Louis-du-Rhône bénéficiait d'un soutien à
ses politiques sportives dans le cadre de la politique de la ville. En effet,
l'ensemble des quartiers d'habitat social de la commune appartenaient au
périmètre des Contrats urbains de cohésion sociale (CUCS :
Quartiers Allende, Croizat, Jolivet) ou des Zones urbaines sensibles (ZUS :
Quartier Vauban) Cependant, depuis la réforme de la politique de ville
de 2014155, Port-Saint-Louis ne fait plus partie des quartiers
prioritaires mais des « territoires de veille active
»156.
Port-Saint-Louis-du-Rhône aurait donc logiquement due
être exclue du Contrat de ville intercommunal du SAN Ouest Provence
2015/2020 et ne plus bénéficier de soutien de l'Etat au titre
154 Loi de Finance pour 2015 : Loi du 29 décembre 2014
155 Loi du 21 avril 2014 dite Loi de programmation pour la ville
et la cohésion urbaine
156 Appel à projet pour le Contrat de ville du SAN
Ouest Provence 2015-2020 : « Afin de poursuivre la solidarité
territoriale en matière de cohésion urbaine actuellement en
cours, Ouest Provence et les communes d'Istres, de Miramas et de Port Saint
Louis du Rhône ont souhaité que soit intégrés
à ce nouveau périmètre les quartiers sortants des CUCS en
tant que « territoires de veille active » ».
88
de la politique de la ville. Cependant, le militantisme des
élus a permis que la commune reste jusqu'en 2020 dans le
périmètre.
Mais qu'adviendra-t-il après 2020 ? Il y a un risque
que le militantisme ne suffise plus et que la commune soit
définitivement écartée de la politique de la ville et ne
profite plus du soutien du Contrat de ville, qui permet notamment de financer
des équipements sportifs.
Il en va de même pour le programme « Citoyen du
Sport » porté par le Ministère de la ville, de la jeunesse
et de Sports. Ce programme donne droit à des subventions
supplémentaires pour les associations des quartiers compris dans le
périmètre des Contrats de ville. Il s'agit en effet de «
promouvoir l'activité physique et sportive régulière
encadrée au sein des clubs sportifs, dans une démarche
éducative qui favorise la mixité sociale et de genre »
auprès « des publics éloignés de la pratique
sportive » que sont souvent les habitants des quartiers d'habitat
social.157 Si Port-Saint-Louis-du-Rhône se voit exclure de la
politique de la ville, la commune ne pourra plus bénéficier des
dispositifs de soutien au sport de ce type.
La politique de soutien du CNDS : une chance pour la
commune :
Le Centre national pour le développement du Sport
(CNDS) est un établissement public à caractère
administratif placé sous la tutelle du Ministère chargé
des sports. Sa mission est la promotion du sport sur le territoire
français et l'une de ses attributions est le soutien aux associations
sportives et aux communes. Pour l'année 2014, la commune d'Istres par
exemple a profité de nombreuses subventions pour la construction ou la
rénovation d'équipements sportifs158 : la commune de
Port-Saint-Louis-du-Rhône pourrait donc faire appel au CNDS dans le cadre
sa politique d'équipements sportifs.
Le soutien du Conseil Régional de PACA et du
Conseil Général des Bouches-du-Rhône :
Comme on l'a dit dans le paragraphe précédent,
les dotations de l'Etat aux collectivités territoriales baissent. La loi
de Finance pour 2015 prévoie en effet une baisse de 1148 millions
d'euros pour les départements et les Régions sur la
période 2015-2020. On peut donc craindre une baisse mécanique des
subventions du département et des Régions aux communes. En effet,
les subventions
157 « L'essentiel du plan « Citoyen du Sport » :
Ministère de la Ville, de la Jeunesse et des Sports, 2015 :
http://www.sports.gouv.fr/IMG/pdf/plancitoyenssport_chiffres_2_.pdf
158 « CNDS Part territoriale 2014 » : Tableau des
subventions accordées en Région PACA pour l'année 2014
89
sont la variable d'ajustement des budgets dans la mesure
où elles sont unilatérales et révocables. Cependant,
même si le département et la Région sont obligés de
diminuer le montant de leur soutien aux politiques sportives des communes, ils
demeurent des portes auxquelles la commune peut frapper dans le cadre de la
mise en oeuvre de ses orientations de politiques sportives. Dans le cadre de ce
travail, nous ne présenterons que les soutiens qui peuvent concerner la
commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône mais la Région et le
département ont de multiples autres façons de promouvoir la
pratique du sport sur leur territoire.
Le soutien de la Région PACA :
Tout d'abord, la Région soutient la construction,
l'aménagement, la rénovation de petits équipements
sportifs ou l'aménagement de sites d'activités physiques de
pleine nature par un soutien pécuniaire sous forme de subventions. Ce
soutien se fait dans la limite de 50 000 euros ou de 50% du montant
subventionnable et les subventions peuvent être délivrées
aux communes ou aux associations propriétaires d'équipements
sportifs ou titulaires d'un bail emphytéotique.159
D'autre part, dans le cadre de sa politique « Sport
et animation du territoire », la Région apporte son soutien
aux associations pour l'organisation de manifestations sportives telles que des
événements ponctuels ou des stages de sport durant les vacances
scolaires. La subvention ne peut dépasser 20 000 euros ou 20% du prix du
montant subventionnable.160
Enfin, la Région soutient les communes et les
associations dans le cadre de la mise en oeuvre de projets « relevant
de la solidarité régionale ». Il s'agit de projets
visant à :
- Favoriser l'accès au sport des publics
éloignés de l'offre pour les inciter à s'inscrire en
club
- Permettre pratique la construction / rénovation
d'équipements sportifs dans les quartiers en
difficulté.
- Inscrire le sport dans un projet de coopération
internationale
- Valoriser la dimension éducative du sport
- Intégrer le sport « dans une logique de
développement territorial »
La subvention ne peut excéder 50 000 euros ou 50% du
montant subventionnable.161
159 Fiche « Soutien aux équipements sportifs » :
disponible sur le site Internet :
http://regionpaca.fr
160 Fiche « Soutien à l'organisation de
manifestations sportives » : idem
161 Fiche « Soutien aux projets relevant de la
solidarité régionale » : idem.
90
Le soutien du Conseil Général des
Bouches-du-Rhône :
Le soutien du Conseil Général envers les
politiques sportives des communes consistent essentiellement à un
soutien aux associations sportives. Il s'agit tout d'abord d'un soutien
pécuniaire sous forme de subventions qui peuvent être
demandées par tout type d'associations.162
D'autre part, le Conseil Général offre
également des subventions spécifiques aux associations sportives
qui organisent des séjours sportifs à destination des
collégiens. Cela se manifeste en 2015 sous la forme d'un appel à
projet.163
Enfin, depuis 2003, le Département finance une formation
à l'attention des dirigeants des associations (président,
trésorier, secrétaire) comptant un ou deux salariés
maximum : « Cette formation se déroule sur 3 journées et
aborde les aspects administratifs, budgétaires, comptables, ainsi que le
projet associatif. »164
Cela permet aux associations de se professionnaliser, ce qui
est l'une des orientations de politiques sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône.
La Région et le Département sont donc des
collectivités qui peuvent apporter un soutien précieux à
Port-Saint-Louis-du-Rhône dans la mise en oeuvre de ses orientations de
politique sportive.
Conclusion de la partie 3 :
La création de la Métropole
Aix-Marseille-Provence entraine donc de profonds changements en matière
de politiques sportives intercommunales. Ces changements ont surtout une
incidence pour les communes « centrales » de la politique sportive du
SAN Ouest Provence et concernent moins Port-Saint-Louis-du-Rhône.
Cependant ces mutations ont tout de même pour la commune l'effet
d'accentuer son statut de « périphérie sportive. » Dans
ce contexte, la commune de Port-Saint-Louis-du-Rhône a choisi de mener
une politique volontariste en termes de politiques sportives qui s'inscrit dans
son objectif général de développement. Cependant, la
perspective de la création de la Métropole et la baisse des
soutiens de l'Etat sont un obstacle qui pourrait remettre en cause le projet
communal. Dans ce cadre, le soutien du Conseil Général et du
Conseil Régional, qui décroit lui-aussi, reste cependant une aide
précieuse dont pourrait bénéficier
Port-Saint-Louis-du-Rhône.
162 Le montant du plafond des subventions n'est pas disponible
163 Appel à projet « Séjour éducatif et
sportifs » :
https://www.cg13.fr/le-13/les-appels-a-projets-departementaux/jeunesse/
164 « Se former » :
https://www.cg13.fr
91
Conclusion
Au cours de son histoire, Port-Saint-Louis-du-Rhône a
donc constamment été soumise à des influences
extérieures qui ont dicté son développement. En effet, la
création du Canal et du port de marchandises en 1881 a été
le début d'une période faste pour la commune qui devint alors un
pôle industriel important au niveau national. Mais le transfert des
activités industrielles et portuaires au début des années
1970 vers la ZIP de Fos-sur-Mer a quant à lui entrainé le
déclin de la commune, qui s'est enlisée dans la crise jusque la
création du Pôle logistique Distriport sur le territoire communal
au milieu des années 1990. Depuis, la commune n'est plus en crise mais
ne parvient pas non plus à se développer, pâtissant d'une
mauvaise image.
D'autre part, la commune a longtemps été mise au
ban du SAN Ouest Provence, qui était l'EPCI en charge d'accompagner
l'urbanisation du territoire, notamment par la construction
d'équipements publics.
L'ensemble fait que la commune accuse un retard de
développement important en comparaison avec des villes telles qu'Istres,
Fos-sur-Mer et Miramas et qu'elle a un statut de «
périphérie » par rapport à ces «
centralités ».
Le programme politique de l'équipe municipale
élue en 2015 consiste à renverser cette situation. De «
ville du bout du monde », de périphérie qui ne fait que
subir les influences extérieures, il s'agit pour la commune de mener des
actions concrètes pour devenir actrice de son destin.
Cependant, les circonstances ne sont pas favorables. En effet,
la politique de rigueur de l'Etat français et la création de la
Métropole Aix-Marseille-Provence ne vont pas dans le sens d'un
développement des petites communes mais plutôt d'une accentuation
de la hiérarchie qui existe entre les territoires.
Ce travail consistait à décliner ce diagnostic
général sur un champ particulier de l'action publique communale :
les politiques sportives. En termes de politiques sportives, le constat d'un
statut de périphérie de Port-Saint-Louis-du-Rhône se
vérifie. En effet, la commune n'a pas profité des investissements
importants du SAN Ouest Provence en matière d'équipements et
n'est pas concernée par la politique phare de l'EPCI en matière
sportive : le sport professionnel.
D'autre part, la Métropole Aix-Marseille-Provence a
tendance à accentuer la hiérarchie entre les territoires dans la
mesure où la compétence en matière de sport de cette
future EPCI est réduite aux équipements métropolitains, au
détriment d'une mise à niveau de l'ensemble des communes.
92
Cependant, la politique sportive de
Port-Saint-Louis-du-Rhône consiste à utiliser le sport comme un
outil de développement communal. Pour cela, la municipalité a
choisi de s'appuyer sur le mouvement sportif communal auquel elle donne les
moyens de ses ambitions. Il s'agit de faire de Port-Saint-Louis-du-Rhône
une ville où se conjuguent un sport loisir vecteur de cohésion
sociale et un sport de compétition qui offre de la visibilité
à la commune. Cette ligne directrice de la politique sportive communale
se décline en politique d'équipement, de soutien aux associations
et d'animation sportive.
L'ambition communale se heurte cependant au contexte national
et local. En effet l'Etat est dans une période de diminution de son
appui aux collectivités territoriales en général et la
création de la Métropole Aix-Marseille-Provence entraine une
incertitude quant au soutien intercommunal dont pourrait
bénéficier Port-Saint-Louis-du-Rhône. La Région et
le Département semblent cependant demeurer des soutiens de poids pour la
commune.
Les hypothèses que nous avions formulées en
introduction se vérifient donc :
- Le statut de « périphérie » de
Port-Saint-Louis-du-Rhône se vérifie en matière de sport et
l'histoire de la commune permet d'expliquer celle de ses politiques
sportives.
- Le SAN Ouest Provence a en matière de sport un impact
considérable sur les politiques sportives de la commune et son
absorption par la Métropole-Aix-Marseille va avoir des
conséquences importantes sur la politique sportive de
Port-Saint-Louis-du-Rhône.
- La commune entend bien se servir des politiques sportives
dans sa politique de développement.
En définitive, les politiques sportives apparaissent
être un domaine dans lequel Port-Saint-Louis-du-Rhône se heurte
à de nombreux obstacles liés à des éléments,
cette fois encore, extérieurs à elle : la rigueur
budgétaire de l'Etat et la réforme territoriale.
En matière de politiques sportives comme dans les
autres domaines de l'action publique, reprendre « son destin en main
» est plus qu'une volonté politique : c'est un défi.
93
Liste des annexes :
Annexe 1 : Poids des communes au sein du SAN Ouest
Provence, Chiffres en valeur relative
Annexe 2 : Prix de l'immobilier dans les
Bouches-du-Rhône, Base de données Perval :
Annexe 3 : Prix de vente des maisons à
Port-Saint-Louis-du-Rhône et Venelles : Base de données
Seloger.com
Annexe 4 : Entretien avec la Directrice Enfance,
Education et Sports de Port-Saint-Louis-du-Rhône
Annexe 5 : Liste des associations sportives de
Port-Saint-Louis-du-Rhône
Annexe 6 : Entretien avec la Directrice des
Politiques sportives du SAN Ouest Provence
Annexe 7 : Programme politique de la liste
« PSL gagnant »
94
Annexe 1 : Poids des communes au sein du SAN Ouest
Provence, Chiffres en valeur relative :
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti23.png)
Source : Site internet du SAN Ouest Provence :
http://www.ouestprovence.fr/index.php?id=825&no_cache=1&tx_ttnews[tt_news]=4932&cHash=720e7326
3c19327495055c37c7275e26
95
Annexe 2 : Données extraites de la base de
données Perval : Prix
moyens des biens immobiliers en Région
PACA
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti24.png)
Source : Base de données Perval des notaires de France
accessible au public :
Immobillier.notaires.fr
Consulté le 25 août 2015
Remarque : La base accessible au public ne donne pas des
informations plus précises que selon les 4 secteurs des Bouches du
Rhône : Arles, Istres, Marseille et Aix-en-Provence.
Annexe 3 : Prix de vente des maisons à
Port-Saint-Louis-du-Rhône et
Venelles : Base de données
Seloger.com
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti25.png)
Source : Base de données
Seloger.com :
Rubrique « les Prix de l'immobilier ». Consulté le
25 août 2015
http://vendre.seloger.com/prix-immobilier.htm
96
Remarque : Les données affichées sont
calculées chaque semaine sur la base des prix de mise en vente.
97
Annexe 4 : Entretien avec la Directrice Enfance,
Education et Sports de la Mairie de Port-Saint-Louis-du-Rhône et son
assistant
Propos recueillis le 09/07/2015
Méthode :
Entretien semi-directif :
J'avais préalablement préparé une
série de questions. J'ai donc dirigé l'entretien, organisé
en une liste de questions autour de plusieurs thèmes. Cependant, je me
suis permis de rebondir sur ce que disaient les personnes et donc d'autres
questions se sont imposées.
Comment se définit une politique sportive
?
DIRECTRICE EDUCATION, ENFANCE ET SPORTS : Déjà,
un diagnostic de l'existant pour avoir une vision globale de ce qui se passe
sur la ville. Et je dirais après : ce qui va définir une
politique sportive c'est les nouvelles tendances en matière de sports,
les sports émergents.
ASSISTANT SERVICE DES SPORTS : Je dirais également :
les associations sportives qui existent sur la ville. On est là pour les
aider, les accompagner et eux en contrepartie appliquent la politique
sportive.
DIRECTRICE : Oui et ensuite il y a la politique municipale.
Nos élus ont des orientations, qu'ils ont affichées dans un
programme, et tout cela, mixé, doit faire une politique sportive.
Justement, quelles orientations a annoncées la
nouvelle municipalité dans la campagne en termes de politique sportive
?
DIRECTRICE : Lors de la campagne, les élus ont
proposé comme orientation : soutien aux clubs sportifs par exemple. Mais
je vais vous faire une photocopie de la plaquette.
D'après vous, quels sont les changements majeurs
avec les mandatures précédentes ?
ASSISTANT : Tous les programmes sont innovants, après
il faut avoir le temps de les réaliser. Et 6 ans, à la fois c'est
très long et c'est très court. Pour initier quelque chose et le
mettre en place. Par exemple, une piscine : le temps que le bureau
d'études mène sa réflexion, que vous travailliez sur le
projet, le mandat est achevé. Il y a des projets qui demandent plusieurs
mandats.
Et en dehors de la politique d'équipements
?
DIRECTRICE : Ils ont promis un soutien aux clubs, ce n'est pas
forcément des subventions. C'est de l'accompagnement. C'est favoriser
les conditions d'accès, c'est se doter d'outils ou d'équipements.
C'est adopter un mode de calcul des subventions. Le soutien, ça peut
être tout ça.
ASSISTANT : Il a fallu aussi s'adapter à la
réforme des rythmes scolaires et travailler là-dessus. C'est un
axe qui n'a pas été lésé.
Justement, vous avez travaillé dans quel sens
concernant les rythmes scolaires ?
98
DIRECTRICE : Il a fallu qu'il y ait des actions sportives au
niveau de l'école et le gros travail a consisté à adapter
les horaires. Puisque maintenant l'école se termine à 15h45 et
donc il faut utiliser un créneau qui va jusque 17h pour des
activités sportives et qui est encadré par des professionnels
comme les ETAPS, ce sont des professeurs de sports, fonctionnaires territoriaux
qui interviennent dans les écoles primaires. Ils interviennent pendant
les horaires de l'école et depuis la réforme, ils interviennent
aussi après les horaires scolaires dans le périscolaire. Cela a
été un gros travail cette année d'organiser tout cela.
Port-Saint-Louis est une ville avec une forte
tradition communiste, est-ce-que vous pensez que cela a eu des
conséquences en terme de politique sportive ?
DIRECTRICE : Non je ne pense pas.
Cette politique sportive, elle est définie par les
élus et mise en oeuvre par les services ?
DIRECTRICE : Oui, les élus définissent des
orientations et les services choisissent ensuite d'en sélectionner
certaines. On peut choisir un axe et bien le développer. Nous, on a
choisi plusieurs axes :
? Favoriser la pratique sportive au plus grand nombre
? Intégrer le sport comme outil d'éducation
à la citoyenneté qui se décline en trois sous-axes :
« sport et citoyenneté », « sport et santé »
et enfin « sport et insertion »
? Soutenir les clubs et les sportifs
Et quel est le rôle de l'Office municipal des
sports ?
DIRECTRICE : Son rôle, c'est de soutenir les clubs
sportifs. L'OMS a un rôle important à jouer en étant
l'interface entre les associations et la ville. Elle doit être dans la
politique sportive.
Qui appartient à l'OMS ? Des élus
?
DIRECTRICE : Non, c'est séparé, c'est une
association. C'est des personnes de la ville impliquées dans les
associations mais pas toutes. Pour ce qui est de Port-Saint-Louis en tous cas.
Mais en général c'est oui, surtout des responsables
d'associations. En tous cas, ce n'est jamais des élus ou des personnes
des services municipaux des sports.
Pourquoi à Port-Saint-Louis, le sport est-il
rattaché à l'éducation à la jeunesse ?
DIRECTRICE : Jusqu'à présent, c'était le
cas : le sport dépendait du service Education, Enfance et Sports. Mais
on est en pleine restructuration et prochainement, elle sera rattachée
à la vie associative. Parce que la nouvelle municipalité a
souhaité redynamiser tous les secteurs d'activités et recentrer
les Directions. Le deuxième point, c'est que je pars à la
retraite et que tous les services qui étaient sous ma Direction vont
être transférés sous d'autres Directions. Je m'occupais de
l'Education, de l'Enfance et des sports et aussi de la logistique et de la
restauration. Au 1er juillet l'Enfance a été
transférée à la Direction Enfance, Citoyenneté,
Famille, prochainement le Service des Sports avec la vie associative et ensuite
la logistique et la restauration seront transférées, par
étape jusque mon départ en retraite.
Y-a-t-il à Port-Saint-Louis une politique
différente selon les quartiers ?
DIRECTRICE : Alors, il y a des associations, sportives ou pas
qui ont des actions plus centrées sur les jeunes du quartier mais
après, ils servent la politique sportive générale de la
ville.
99
En fait, je vous demande cela parce que je
m'intéresse dans le cadre de mon mémoire aux hiérarchies
urbaines. Y-a-t-il peut-être des secteurs de la ville cyclés par
une politique sportive différente ? Des relations
centre-périphéries ?
DIRECTRICE : Non pas vraiment. En plus, on est dans le domaine
du loisir, ça peut être initier un tournoi sur un microsite, ce
genre de choses, mais c'est pas vraiment du sport. Et non, je ne vois pas en
quoi il y aurait une sectorisation.
En quoi consiste le soutien aux associations
?
ASSISTANT : Alors, le soutien n'est pas que financier mais
peut-être matériel : les associations n'ont pas le budget pour
avoir tout le matériel qu'elles souhaiteraient. On leur prête du
matériel quand ils organisent des manifestations.
C'est aussi des moyens humains, les services techniques aident
les associations pour transporter du matériel ou de la mise en place.
Par exemple de tentes, de chapiteaux : ce ne sont pas les associations qui les
mettent en place.
Il y a aussi des dotations, ça peut être des coupes,
des t-shirts etc...
En fait quand on parle de dotations, c'est pas financier. Pour
le côté financier, ce sont les subventions qui sont
allouées une fois par an.
Comment fonctionnent les dotations de subventions, il y
des conventions signées avec les associations ?
DIRECTRICE : Les conventions interviennent pour ce qui est de
la fréquentation des équipements. Dans la convention, ressort ce
qui est une convention indirecte, c'est-à-dire les fluides (eau,
électricité), le fait que les associations ne paient pas de
loyer. C'est une subvention indirecte.
ASSISTANT : En effet, la majorité des associations
n'ont pas leur propres locaux et occupent des locaux municipaux qui leur sont
attribués gratuitement.
DIRECTRICE : Oui, et la subvention directe, c'est la
subvention pécuniaire. Les associations font une demande à la
ville. Elles mettent leur nombre d'adhérents et font une demande
chiffrée. Après, la ville abonde ou pas. La ville peut donner
moins. Cela est décidé avec les élus, qui concertent et
rencontrent les associations pour cerner les projets et les besoins.
Est-ce-qu'il y a des conditions pour l'attribution des
subventions, comme c'était le cas par exemple pour les subventions du
SAN Ouest Provence ? Car en effet, dans le cadre de sa politique sportive
professionnelle, le SAN mettait à disposition des équipements
pour les clubs mais en échange, les associations devaient s'engager
à faire des manifestations, à intervenir dans le cadre scolaire
par exemple.
DIRECTRICE : La ville le sous-entend mais officiellement il
n'y a pas d'obligation. Mais une ville qui subventionne, c'est qu'elle entend
derrière, c'est un retour sur investissement : c'est la participation
aux politiques sportives et aux manifestations de la ville.
ASSISTANT: Oui, et la grande majorité des associations le
savent et jouent le jeu. Ca se fait très bien.
DIRECTRICE : Oui et nous contrairement à Ouest
Provence, on ne fait pas de conventions d'objectifs avec les associations. Dans
une convention d'objectifs, vous avez le calcul de la subvention qui en
découle. Et dans cette convention, vous avez des obligations à
remplir et plus vous remplissez de conditions et plus vous avez
de subventions. Dans les conditions, vous avez le nombre
d'adhérents, les conditions d'âge, les politiques sportives en
faveur des jeunes, les formations des dirigeants. Tout cela s'additionne dans
une convention d'objectif.
Nous ce sont simplement des conventions d'occupation de
locaux.
A Port-Saint-Louis, aucun local n'est géré
par le SAN ?
DIRECTRICE : Il y a seulement l'école de danse mais qui
appartient au SAN justement.
Et est-ce-que la commune s'occupe du sport
professionnel, en dépit du fait qu'il s'agisse d'une compétence
intercommunale ?
DIRECTRICE : Non, le haut niveau, c'est Ouest Provence.
Mais y a-t-il des sportifs de haut niveau à
Port-Saint-Louis ?
DIRECTRICE : Oui, on a un champion du monde de kite surf :
Alexandre Caizergue. Mais la commune ne le subventionne pas. Enfin, la commune
subventionne l'association dont il fait partie mais pas lui en tant que sportif
de haut niveau.
Quelle est la place des sports nautiques dans la
politique sportive communale ?
DIRECTRICE : Pour une ville comme Port-Saint-Louis qui est
essentiellement bordée d'eau, on ne peut pas faire l'impasse. Alors oui,
c'est très important pour la ville.
On a une base nautique municipale et un club nautique, il ne
faut pas confondre, le club nautique étant une association et la base
étant municipale. La base nautique a des activités envers les
scolaires, les centres de loisir du lundi au vendredi et pendant les vacances
scolaires. Et le week-end les associations nautiques prennent le relai avec
leurs adhérents.
La base nautique existe depuis quand ?
DIRECTRICE : Elle a été municipalisée en
2010, avant elle était associative et existait depuis 2000. Et avant, il
y avait des éducateurs sportifs qui faisaient les cours, c'était
les prémices d'une base. Enfin, en 2000, le bâtiment de la base
nautique a été construit par la ville et mis à disposition
d'une association. Le bâtiment a toujours été municipal
mais ce sont les activités qui ont été
municipalisées en 2010.
Avant 2010, les éducateurs étaient du personnel
des associations mais avec des diplômes et tout ce qu'il fallait.
Aujourd'hui on a donc des ETAPS, des fonctionnaires territoriaux qui
interviennent la semaine et pendant les vacances et des éducateurs
associatifs le week-end.
Pour intervenir dans une école, il faut un
agrément de l'éducation national : être ETAPS ou avoir un
brevet national. Sinon, on ne peut pas être agréé.
100
Pensez-vous que le sport est un outil de cohésion
sociale ?
101
DIRECTRICE : Oui absolument, j'en suis convaincue. C'est
même un des derniers outils de cohésion sociale. Je vois le sport
comme vecteur de cohésion, porteur de valeurs, alors que dans certains
domaines on a tout perdu. Dans une ville de la dimension, je pense que le sport
a beaucoup de valeurs à transmettre.
ASSISTANT : Je suis tout à fait d'accord. C'est une des
dernières activités qui permet le regroupement de masses de
personnes dans un but récréatif et de loisir. Mais la même
chose pour la partie compétition, qui est organisée par les
clubs. Je pense vraiment que c'est un vecteur de cohésion sociale.
Une question de détail : j'ai appris que le
club de foot, l'Etoile sportive, avait beaucoup perdu d'adhérents :
pourquoi ?
DIRECTRICE : Je pense c'est un effet de mode, je ne pense pas
que ce soit le sport phare en ce moment et les jeunes s'en détournent.
Ça marche un peu comme ça dans le sport. Vous avez des champions
en ce moment de basket et le basket connait un regain d'activité. Ce qui
se passe au niveau national a des répercutions au niveau local. Idem
pour le hand.
ASSISTANT : Il y a plusieurs choses. Au niveau national, au
foot on a pas eu aucun titre depuis longtemps. Il faut savoir qu'après
1998 par exemple, on a eu énormément d'inscriptions sur toute la
France. Aujourd'hui, le foot est moins à la mode alors qu'on a des
champions de hand et de basket. A cela s'ajoute le fait qu'à
Port-Saint-Louis, on a des sports nautiques, ce qui enlève aussi des
adhérents.
DIRECTRICE : oui et chez nous on constate une augmentation des
adhérents au club de boxe. Je connais des jeunes qui étaient au
foot et qui se dont tournés vers la boxe. C'est quelque chose qui prend
bien. C'est un effet de mode. C'est surtout des jeunes qui changent de
sport.
ASSISTANT : Oui, c'est vrai qu'il y a quelques années
en arrière, quand on commençait un sport, on démarrait
à 5 ans et on continuait jusqu'à l'âge adulte. Aujourd'hui,
les enfants, on leur laisse le choix d'essayer un peu tout, de changer d'une
année sur l'autre. Et au niveau municipal, du coup, on essaye de
favoriser au maximum une diversité de sports.
C'est peut-être aussi parce qu'on a eu un gros
développement du sport loisir, et qui dit sport loisir dit pouvoir
essayer plusieurs sports et pas se consacrer à une seule activité
et faire du haut niveau et de la compétition.
En termes d'équipements, qu'est-ce-qui vous parait
le plus pertinent ?
DIRECTRICE : A titre personnel, je dirais une piscine mais en
tant que responsable du sport, c'est quand même un très gros
investissement donc je dirais : un nouveau gymnase. Nos gymnases sont encore
corrects mais plus vraiment performants et nous donnent beaucoup de soucis en
entretien.
ASSISTANT : Oui, et on arrive pas à accueillir toutes
les associations dans les deux gymnases donc un nouveau gymnase (celui qui va
être fait avec le nouveau collège) sera le bienvenu.
DIRECTRICE : Au niveau du stade, on a un bon terrain
pelousé mais le stabilisé et le synthétique sont en
mauvais état. Et du côté du sport nautique, on a une belle
base nautique mais on pourrait développer plus d'activités si on
avait des possibilités d'hébergement.
Mais ce que j'avais compris, c'était que si un
nouveau gymnase était construit, un des deux qui existent serait
détruit, non ?
DIRECTRICE : Oui c'est ce qui risque d'arriver mais il faut se
poser la question d'avoir une structure qui peut accueillir les
compétitions. Car par exemple, si on détruit le Gymnase Pierre de
Coubertin, on a plus de gymnase pour accueillir des compétitions. Et je
ne sais pas si celui du collège aura des gradins et sera de classe
102
3 pour pouvoir accueillir des compétitions, notamment
de hand. Je parle du hand parce que c'est eux qui sont montés au plus
haut niveau. Quand on arrive à un certain niveau, on a les
équipements qui doivent aller avec ou sinon le club ne va pas monter.
C'est ce qu'il a failli arriver au hand il y a quelques années. Ou
sinon, ils partent sur une autre ville pour pouvoir monter et la ville perdrait
son potentiel.
Il faut faciliter la montée en puissance des clubs
sportifs. Même si on est un excellent vivier de sportifs, arrivés
à un certain niveau, on ne peut plus pratiquer sur Port-Saint-Louis sauf
en entrainement.
Et qu'en est-il du développement du sport pendant
la pause déjeuner à destination des salariés ?
DIRECTRICE : Ça c'est plus du sport d'entretien, les sports de
la forme, la gym, tout ça.
ASSISTANT : Oui, et ça existe déjà, vous
avez des associations de gym qui se mettent à avoir un public adulte
entre midi et deux et les soirs.
DIRECTRICE : L'association Box'n'form, la salle de musculation
communale est ouverte aussi. Donc tous ceux qui travaillent sur la zone et qui
veulent faire du sport à ces horaires-là viennent
déjà.
Est-ce-que ça peut permettre d'être un
argument pour faire venir des gens à Port-Saint-Louis dans une optique
de développement local ?
ASSISTANT : Ce qui ne faut pas oublier, c'est que ça
existe dans toutes les villes en fait, ce genre de chose et que ça date
pas d'aujourd'hui. Ca fait longtemps que les associations se sont rendu compte
qu'elles pouvaient attirer des adhérents dans ces créneaux.
Et ces activités entre midi et deux et le soir
à destination des adultes marchent bien ? DIRECTRICE : Oui,
quand il y a des activités, elles marchent très bien.
ASSISTANT : Oui, mais ce que je veux dire, c'est que c'est pas
forcément une pluvalue de Port-Saint-Louis par rapport à
ailleurs. Mais c'est qu'il faut savoir, c'est qu'à Port-Saint-Louis, le
tissu associatif marche très bien. Pour 8000 habitants, on a 25
associations sportives.
DIRECTRICE : Oui et énormément de
bénévoles. Le bénévolat est quelque chose ici de
très développée, ce qui n'est pas forcément le cas
ailleurs.
Est-ce-que le développement des
mobilités douces comme le vélo en faisant des pistes cyclables
rentre dans le cadre de la politique sportive ?
DIRECTRICE: Alors on a des pistes cyclables mais ça,
ça rentre dans la compétence de services techniques dans les
déplacement doux.
Mais j'avais lu que de moins en moins de gens
s'inscrivaient dans les clubs parce qu'ils pratiquaient le vélo ou
allaient courir seuls... Vous en pensez quoi ?
DIRECTRICE : Oui, ça c'est la nouvelle mouvance, c'est
le sport urbain, c'est très à la mode, l'urban training
ça s'appelle en anglais : vous faites du sport quand bon vous
semble et comme bon vous semble et vous utilisez tout ce qu'il y a dehors, les
barrières, les trottoirs, ce que vous voulez. C'est la nouvelle tendance
et beaucoup de communes s'orientent là-dessus en créant des
mini-parcs avec des appareils de remise en forme, c'est aussi une
réflexion sur la ville.
103
Mais justement, est-ce-que vous avez constaté un
déclin du nombre d'adhérents des associations ?
DIRECTRICE : Non pas forcément. Pas de pic important.
ASSISTANT : Oui, on a des années où ça
change, le nombre d'adhérents change entre une activité puis
l'autre mais, on voit pas de déclin particulier toutes associations
confondues. Et attention, il faut savoir que l'un n'empêche pas l'autre.
C'est-à-dire qu'on peut adhérer à une association et en
parallèle faire de l'urban training tout seul. Aujourd'hui, on
a moins de personnes qui restent dans la même activité tous les
jours pendant plusieurs années : on va changer, on va en faire en
groupe, en association et tout seul.
Maintenant, j'ai des questions concernant la place de
Port-Saint-Louis au sein du SAN Ouest Provence. Il se trouve que Ouest Provence
subventionne aussi les associations et donc aussi celles de Port-Saint-Louis,
n'est-ce-pas ?
DIRECTRICE : Oui, dans le cadre d'un projet ou d'une
manifestation par exemple. Ça arrive sur Port-Saint-Louis mais les
associations déposent directement le dossier au SAN donc on ne
maîtrise pas ces données- là. On a pas de retour,
réellement même si les associations nous en parlent
Et existe-il à Port-Saint-Louis des
équipements gérés par le SAN et mis à disposition
de la commune ? DIRECTRICE : Non, pas ici.
ASSISTANT : Si l'école de danse, non ?
DIRECTRICE : Non, elle ne nous est pas mise à
disposition puisque ce sont eux qui gèrent les créneaux. On a
aucune prise.
Que pensez-vous du transfert de la compétence
sport professionnel du SAN aux communes ?
DIRECTRICE : Moi, je vais vous parler financièrement :
ça va être très lourd à supporter, sauf si c'est
accompagner de ce qui va avec au niveau budget.
ASSISTANT : Et oui, le sport professionnel demande beaucoup de
moyens, or ce sont les communes qui sont le moins riche entre le Conseil
Général, les intercommunalités...
DIRECTRICE : Oui et il faut aussi prendre en compte le fait
que l'Etat réduit ses dotations. Les communes vont être de moins
en moins riches et pourront de moins en moins se permettre ce genre de
choses.
Mais le SAN va transférer le sport professionnel
avec la dotation qui va avec, non ?
DIRECTRICE : Oui, mais ça ne va durer qu'un temps.
Jusqu'au transfert à la métropole. Que va devenir le sport
professionnel après le transfert à la métropole ? Je ne
sais pas. C'est la grosse inconnue.
Oui et la Directrice des sports de Ouest Provence me
disait qu'étant donné que le coût du sport professionnel
serait intégré aux dotations aux communes, le sport risquait
sûrement de passer à la trappe après quelques temps. Tout
comme la culture.
DIRECTRICE : Oui vous savez, les communes ont quand même
des priorités donc c'est sûr que ce sera le cas. Sachant comme je
vous le dis que les dotations de l'Etat aux communes ne font que diminuer et
que les communes ont beaucoup, beaucoup de charges ! Enormément !
Même si l'Etat diminue les subventions, il en demande de plus en plus aux
communes.
104
Mais Port-Saint-Louis n'est pas vraiment
concerné par ce transfert, n'est-ce-pas ? Puisqu'il s'agit du sport
professionnel.
DIRECTRICE : Et bien je ne sais pas, peut-être par
rapport à notre champion du monde ? Il y aura quelque chose
derrière. Mais on parle ici du club de foot d'Istres, le club de basket
d'Istres. Je fais exprès de dire le foot d'Istres, le basket de Fos,
même si ce sont des clubs intercommunaux, parce qu'au départ, les
clubs ont émergé de ces villes. Eux, ils vont avoir des charges
importantes. De même pour le club de tir à Fos, le horseball
à Grans.
Il n'y a que le champion du monde de kite surf qui est
professionnel sur la commune ? DIRECTRICE : Oui.
J'ai lu le SCOT de Ouest-Provence, qui formalise un
projet de hiérarchie territoriale entre les villes du SCOT en terme
d'équipements sportifs, notamment selon le pourcentage de croissance
démographique que peut absorber chaque ville d'ici 2030. Dans ce cadre,
Port-Saint-Louis est un « pôle d'équilibre » et par
rapport aux équipements sportifs, cela veut dire : développement
d'équipements d'échelle communautaires et équipements
liés au collège et au lycée. A votre avis, quel
équipement de Port-Saint-Louis a ou pourrait acquérir un
rayonnement communautaire ?
DIRECTRICE : Alors pour l'instant, il n'y en a pas. Mais pour
un développement futur, je dirais la base nautique. Parce que moi je
vois l'intercommunalité autrement. Pour moi dans un regroupement de
commune, chaque commune devrait avoir une spécificité. C'est ma
vision par exemple du sport de haut niveau : que chaque commune ait sa
spécialité et y travaille, ce qui aurait fait une
intercommunalité qui avance ensemble au lieu de se faire concurrence. Et
Port-Saint-Louis pour moi dans ce cadre aurait dû être
tournée vers le nautisme.
Mais actuellement, on peut pas dire que la base
nautique de Port-Saint-Louis ait un rayonnement communautaire ?
DIRECTRICE : Non, on peut pas, parce que Fos, Istres, Miramas,
toutes les communes ont leur base nautique.
Plus généralement, est-ce-que
Port-Saint-Louis, pour vous, c'est la ville du bout du monde ?
DIRECTRICE : Alors, elle est éloignée de tout
c'est vrai mais c'est pour les gens extérieurs qu'elle est au bout du
monde mais quand on y habite, on ne se sent pas retiré du monde. Je
trouve que c'est une belle ville qui vit bien.
Oui, mais visiblement, la ville a du mal à attirer
des touristes et des nouveaux habitants, non ? DIRECTRICE : Oui, cela
dépend de ce que les gens attendent.
ASSISTANT : Mais il y a un manque d'hébergement sur la
commune, ça c'est sûr.
DIRECTRICE : Oui, c'est vrai, mais si les gens attendent de
vivre comme à Marseille avec certes, beaucoup de possibilités de
sorties mais la parfaite insécurité... au lieu de se contenter de
ce qu'il y a à Port-Saint-Louis, et je pense, moi, qu'il y a
déjà pas mal de choses. Mais vous savez, on regarde toujours ce
qui se passe à l'extérieur... Et puis, ce que j'apprécie
ici, c'est aussi la tranquillité, qui est une richesse, que les gens ne
savent pas apprécier.
105
ASSISTANT : Et au niveau, géographique, on ne peut pas
vraiment dire que Port-Saint-Louis est au bout du monde : on est à une
heure de Marseille, une heure de Montpellier et une heure d'Avignon, on ne peut
pas dire qu'on est loin de tout.
DIRECTRICE : Oui les gens se plaignent tout le temps, que rien
ne se passe à Port-Saint-Louis. Mais quand il se passe quelque chose,
ils le dédaignent. Si la même chose s'était
déroulée ailleurs, on aurait dit, ah, là-bas, il se passe
quelque chose ! Donc les gens se plaignent tout le temps, mais ce dont on se
rend compte, c'est que les gens ne veulent pas partir. Alors, oui, on est un
peu loin de tout, on nous coupe deux ponts, on devient une île, et alors
? La Corse est une île, non ? Et alors !
Et dans le SAN, quelle est la place de Port-Saint-Louis
?
DIRECTRICE : Alors, il faut faire la différence entre
les villes de la première période, qui ont conservé un
certain statut, et les autres. Les villes de la première période
c'est Fos, Istres, Miramas et les villes de la deuxième période
c'est Grans, Cornillon-Confoux, Port-Saint-Louis. Le SCOT, c'est autre chose,
c'est deux intercommunalités qui se sont regroupées : le SAN
Ouest Provence et la Communauté d'agglomération du Pays de
Martigues : Martigues, Port-de-Bouc et Saint-Mitre-les-Remparts. Par exemple,
le SCOT joue un rôle dans les transports avec le réseau Ulysse qui
permet de couvrir tout son territoire. Parce qu'avant, vous preniez Istres et
Saint-Mitre : il y avait à peu près une vingtaine de
kilomètre ou il n'y avait plus de bus. C'était aberrent. Alors le
SCOT a permis de relier les réseaux de deux intercommunalités.
Mais par rapport au sport, le SCOT ne joue aucun
rôle ?
DIRECTRICE : Non, ici, le sport amateur, c'est les communes et
le sport professionnel, c'est Ouest Provence. Le SCOT ne joue aucun rôle
outre le fait, comme vous l'avez dit, de faire un schéma de territoire
avec une même orientation.
Est-ce-que la hiérarchie urbaine au sein du SCOT
vous parait juste ?
DIRECTRICE : Moi, vue de Port-Saint-Louis, je la trouve
injuste. Pourquoi n'aurions-nous pas de rayonnement extracommunautaire et les
autres villes oui ? C'est pour ça que je vous disais, le foot c'est
Istres, le basket, c'est Fos. Ce sont des émanations des communes, qui
sont ensuite devenu des clubs intercommunaux. Mais ça n'a jamais
été bien réparti parce qu'en fait c'est la question du
rayonnement. La ville perd son rayonnement.
Qu'est-ce-que vous pensez de la création de la
Métropole ? Quelles conséquences sur la commune à votre
avis ?
DIRECTRICE : Moi je pense qu'on perd la proximité. Car
toutes les décisions seront prises à Marseille et pas
forcément dans la dimension que Port-Saint-Louis, ou une autre ville de
faible importance pourrait l'attendre. Est-ce-que les décisions
correspondront aux besoins des Port-Saint-Louisiens ? Les petites communes
risquent d'être laissées pour compte.
Mais, visiblement le basket se structure au niveau
métropolitain, qu'en pensez-vous ? ASSISTANT : Ca veut dire
qu'un jeune qui est bon en basket, devra forcément aller à
Marseille ?
106
Non, l'idée apparemment, c'est de
répartir les centres d'entrainement sur le territoire. Une classe
d'âge à Aix, une autre à Istres ou à Fos par
exemple.
DIRECTRICE : Dans ce cas-là, je trouve ça encore
plus aberrant parce que c'est faire de la sélection entre ceux qui
auront les moyens de pouvoir se déplacer et les autres. Mais est-ce-que
les sports études seront cartographiés de cette façon ? Si
oui, c'est grave. Parce que pour l'instant, on peut aller en sport étude
à Arles ou à Istres. Si maintenant, les jeunes doivent aller
à Aix ou à Marseille, c'est terminé ! Ou alors il faut
aller en internat mais toutes les familles ne sont pas prêtes à
ça. Qu'est-ce-qui sera mis avec pour que les familles puissent se le
permettre ?
107
Annexe 5 : Liste des associations sportives de
Port-Saint-Louis-du-
Rhône
|
Nom de l'association
|
Type de Sport
|
Compétition ?
|
Sport nautique
|
1
|
Billard Club Robert Mathieu
|
Billard à poches
|
Non
|
Non
|
2
|
Boule fatiguée
|
Pétanque et jeu provençal
|
non
|
Non
|
3
|
Box'n'forme
|
Aéroboxe, Zumba,
|
Non
|
Non
|
4
|
Cercle Sportif municipal de basket-ball
|
Basket-ball
|
Oui
|
Non
|
5
|
Dojo Philippe Pradayrol
|
Judo Ju jitsu
|
Non
|
Non
|
6
|
Etoile sportive
|
football
|
Oui
|
Non
|
7
|
Fous d'ailes
|
Cerf-volant de traction, kite, buggy, mountain board, snow
|
Non
|
Oui
|
8
|
FSK : France Shotokan Karaté
|
Karaté
|
Oui
|
Non
|
9
|
Fun Gym
|
Fitness, Zumba, stretching, pilate, salsa,
|
Non
|
Non
|
10
|
Green Bull
|
Kitebuggy, kitesurf
|
Non
|
Oui
|
11
|
HBCSL : Hand Ball Club Saint- Lousien
|
Hand Ball Club Saint-Louisien
|
Oui
|
Non
|
12
|
Jet fun et Sports
|
Jet ski
|
Non
|
Oui
|
13
|
L'écoute de soi
|
yoga
|
Non
|
Non
|
14
|
Les amis du quai
|
Foot en salle
|
Non
|
Non
|
15
|
MKBF Training
|
Cardo training
|
Non
|
Non
|
16
|
OMS - Office municipal des sports
|
|
|
|
17
|
Papillon vole
|
NC
|
Non
|
?
|
18
|
Racing spirit
|
Sports
mécaniques
|
Non
|
Non
|
19
|
Sport Saint-Louis Boxe
|
Boxe
|
Non
|
Non
|
20
|
Team Anghelou Andrade Fighting club
|
Bowe thai, boxe anglaise, lute ju jitsu brésilien
|
Non
|
Non
|
21
|
Tennis club de Port-Saint-Louis
|
Tennis
|
Oui
|
Non
|
22
|
Temps Danse
|
Modern'jazz, country
|
Non
|
Non
|
22
|
Association sportive du Collège Maximilien Robespierre
|
Multisport
|
Oui
|
Non ?
|
23
|
Association sportive du Lycée Henri Leroy
|
Multisport
|
Oui
|
Non ?
|
24
|
Association des jeunes pour la promotion du Quartier Vauban
|
Manifestations sportives (et culturelles)
|
non
|
non
|
Associations : activités nautiques et
plaisance
|
|
Nom de l'association
|
Type de sport :
|
25
|
Association des plaisanciers de Carteau Sud
|
Plaisance et pêche
|
26
|
Amicale des plaisanciers de la Grand'Bouche
|
Concours de pêche
|
27
|
Association des plaisanciers du Phare
|
Plaisance
|
28
|
Association des plaisanciers de la Plage Nord
|
Maintenir l'accès des places à bateaux sur le plan
d'eau
|
29
|
Association des plaisanciers de Port-Saint-Louis
|
Coordination des usages du Port de Plaisance Organisation de
manifestations nautiques autour de la pêche
|
30
|
Club de la Gracieuse
|
Voile
|
31
|
Centre nautique Mer et passion
|
Activités nautiques loisirs
|
32
|
Club nautique rhodanien
|
Joute provencale
|
33
|
Delta Mistral Camargue
|
Kitesurf
|
34
|
Société nautique de Port-Saint- Louis
|
Voile
|
108
Source : Guide des associations 2014/2015 édité
par La Maison des associations de PSL
109
Annexe 6 : Entretien avec la Directrice des
Politiques sportives du SAN Ouest Provence
Propos recueillis le 1er juillet
2015
Méthode :
Entretien semi-directif :
J'avais préalablement préparé une
série de questions. J'ai donc dirigé l'entretien, organisé
en une liste de questions autour de plusieurs thèmes. Cependant, je me
suis permis de rebondir sur ce que disaient les personnes et donc d'autres
questions se sont imposées.
Pourquoi le SAN Ouest Provence a-t `il récemment
redélégué la politique sportive aux communes ?
En fait, ça s'est fait dans la cadre de création
de la future métropole Aix-Marseille. Quand la loi MAPAM est
arrivée, nous n'avions pas connaissance des compétences de la
future métropole. La loi NOTRE quant à elle est venue un peu
préciser les choses avec une définition en tous cas de la
compétence sport. Aujourd'hui, la loi nous dit qu'effectivement il y
aura une compétence sport qui sera déléguée aux
Conseils de territoire et elle concerne la gestion, la réhabilitation,
l'aménagement des équipements d'intérêt
métropolitain.
Donc au regard de cette loi, à ce jour, le sport de
haut niveau ne relève pas de cette compétence. Donc il y a eu un
choix politique au sein de notre EPCI et les Maires ont anticipé les
transferts au regard des lois qui allaient être en vigueur au
1er Janvier 2016. Donc en fait, les élus se sont inscrits
dans le cadre de la loi, en transférant le sport aux communes.
Maintenant, on sait que rien n'est figé et que le
contexte est amené à évoluer, alors je parle de
manière plus générale : par exemple l'EPCI d'Aix arrive
avec une autre définition de la compétence sport et je crois
qu'ils ont maintenu le sport de haut niveau pour l'instant. Et la loi nous dit
que la compétence sport fait partie des compétences orphelines et
ces compétences orphelines, on a jusque 2018 pour les préciser
donc il y aura certainement des discussions qui vont être menées
entre 2016 et 2018. Est-ce-que le sport de haut niveau va en faire partie ?
Ça, j'avoue que c'est encore à définir.
En tous cas, les élus ont fait le choix d'anticiper le
transfert au regard de la loi.
Vous parliez de compétences orphelines, quelles
sont-elles à part le sport ?
C'est principalement le sport et la culture, qui font partie
de la compétence d'aménagement du territoire. Je vais vous faire
passer un diaporama à ce sujet.
Merci beaucoup ! Et pour revenir sur ce que vous
disiez, c'est donc dans le cadre des lois de la métropole que la
compétence sport a été déléguée
?
Oui, et comme je vous le disais, c'est un choix politique. Car
en effet, on aurait eu le choix d'attendre jusque 2018. Mais on a choisi de
déjà commencer à travailler là-dessus. Après
je ne vous cache pas que quand on a commencé à
déléguer, on a fait un transfert partiel. On avait la
compétence sport de haut niveau avec des équipements
dédiés donc on a réalisé un transfert partiel de la
compétence. Donc aujourd'hui, notre compétence n'est
définie qu'à partir des équipements qui sont inscrits
à l'inventaire de Ouest Provence. Donc on a gardé la gestion des
équipements sportifs mais pas totalement puisqu'il y a deux
équipements qui ont été transférés avec la
compétence sport de haut niveau. L'un parce que c'était un mas
qui est occupé par les
110
centres de formation à l'année et l'autre parce
que c'était un siège social donc ces équipements sont
partis à la commune avec la compétence sport de haut niveau.
Par exemple, le club de foot d'Istres, c'est Istres qui
la récupéré ?
En fait, le foot, c'est un peu particulier. La
compétence a été réécrite en 2008. Avant il
y a avait 14 clubs qui relevaient de cette compétence et depuis 2008,
elle ne concerne plus que les 4 clubs professionnels de sport collectif et leur
centres de formation : le club de Basket de Fos-sur-Mer et les clubs de Volley,
de Hand et de foot d'Istres. Mais pour le club de foot, c'est différent.
Pour les trois premiers, le centre de formation a été
délégué avec la compétence sport de niveau. Mais
pour le foot, c'était pas une association donc ça n'a pas
été intégré. L'année dernière en
juillet 2014, on a réécrit la compétence pour
intégrer le centre de formation. Et quelques mois après, on a
fini par tout transférer.
Donc on transféré le Basket à Fos et les
trois autres à Istres sachant qu'on hébergeait le centre de
formation. Au niveau du foot, vu que c'était une SASP
(Société Anonyme Sportive Professionnelle), on avait pas de
convention d'objectifs mais on avait une forme de soutien un peu
particulière. On avait un contrat avec eux pour la réalisation de
missions d'intérêt général. Pour les trois autres,
on avait des conventions pluriannuelles d'objectifs.
Et maintenant, tout ça a été
transféré ?
Oui maintenant tout ça a été
transféré aux communes avec tout ce qui est gestion des flux.
Gestion des flux ? Qu'est-ce-que ça veut dire
?
Quand on transfert un équipement à une commune,
on fait un calcul des moyens financiers nécessaires pour que la commune
puisse continuer à faire fonctionner l'équipement de la
même manière qu'il fonctionnait avant. De manière à
ce que le même soutien soit apporté aux clubs. On calcule les
moyens grâce à une procédure mise en oeuvre pour calculer
les coûts, les charges directes et indirectes. Il peut y avoir de la
masse salariale car nous en fait il y en avait. Pour les 3 associations, il y
avait du personnel qui était mis à disposition donc ce personnel
a fait partie aussi du transfert. Ensuite, il y a eu une commission, la
commission d'évaluation des transferts de charges. Cette commission vise
à acter le transfert avec les élus, à la fois de l'EPCI
qui transfert et avec les communes qui doivent accepter le transfert. Puisque
la particularité ici, c'est qu'on a délégué aux
communes des compétences qui nous avaient été
déléguées par elles. Quand on retransfert une
compétence, il faut donc que la commune soit d'accord. Il a fallu que
les 6 communes délibèrent sur le principe de retransfert.
Vous parliez des dotations aux communes ? Il s'agit
d'argent de l'Etat ?
Non, le SAN verse des dotations aux communes. Et donc les
dotations de transfert de compétences sont englobées dans les
dotations aux communes. Cela veut dire que demain, le SAN versera aux communes
les mêmes dotations qu'avant, plus les coûts liés au
transfert de compétences.
La complexité de ce transfert c'est que le coût
est englobé dans la dotation. C'est très discuté notamment
par les clubs parce que cette charge est pas affecté à une
compétence, elle part avec la dotation générale aux
communes, ça veut dire que la commune est libre de mener sa propre
politique sportive. Nous on lui a donné les moyens de pouvoir continuer
à soutenir les associations ou les SASP comme cela se faisait avant,
maintenant c'est la commune qui va faire le choix de la politique qu'elle veut
faire.
111
Vous avez parlé jusqu'à présent
de la compétence sport professionnel, mais il n'y avait pas du tout de
compétence sport amateur ?
Non. Le sport amateur, c'est les communes. Nous ici, la
compétence sport ne concernait que le sport de haut niveau, le sport
collectif professionnel.
D'accord. Mais je vous pose cette question parce que
j'ai consulté les rapports d'activités du SAN de ces
dernières années et pour ce qui est du sport, il était
marqué que le sport était un « outil de cohésion
sociale ». C'était seulement par rapport au sport professionnel
?
Oui parce qu'en fait, la SASP était missionnée
sur les missions d'intérêt générale et donc elle
avait matière à organiser ces missions d'intérêt
général donc ça, ça fait partie de la
cohésion sociale. Et dans les conventions pluriannuelles d'objectifs,
là aussi, dans les critères de subventionnement, il y a un
critère qui est la réalisation de missions d'intérêt
général.
Donc, ce sont les clubs qui organisaient des
évènements ?
Oui et après on les accompagnait. On voulait que
ça rentre dans le cadre de leur projet associatif. Et donc il y avait
plusieurs projets, on organisait une réunion de concertation pour
connaître leurs objectifs. Il y avait plusieurs objectifs et ça
pouvait changer d'une année sur l'autre. C'était des
interventions qui pouvaient être faites en milieu scolaire ou dans les
centres sociaux, en milieu carcéral, des interventions dans les
hôpitaux. Une année, ça pouvait être plutôt sur
du scolaire avec plusieurs thématiques. Par exemple le club de basket
offrait des places pour faire venir les gens aux matchs et temps sensibilisait
à la pratique, le foot intervenait aussi à la place des TAP
(Temps d'activités périscolaires) et il y a avait aussi un
objectif plus large avec parfois des ateliers et des discussions autour du
racisme, parce que ce sont des équipes qui sont pluriculturelles, autour
du métier, autour du développement durable, le respect. Il y
avait des thématiques assez larges. C'est en ce sens-là que le
sport professionnel est un outil de développement et de cohésion
sociale.
Donc c'était porté par les clubs, et nous avions
une mission pas de contrôle, mais d'accompagnement,
d'ingénierie.
Et donc aujourd'hui la compétence sport du SAN
se limite à la gestion des équipements, c'est bien ça ?
Oui, à la gestion des équipements sportifs
d'intérêt métropolitain définis à
l'inventaire de Ouest Provence.
Et par exemple à Port-Saint-Louis-du-Rhône
?
A Port-Saint-Louis, il n'y a rien. Mais je peux vous citer les
équipements situés sur les autres communes : il y a tout le
complexe Parsemain à Fos-sur-Mer. Bon, en fait pas tout parce qu'il y a
une partie de gestion communale.
Bon en fait, la vocation du SAN, c'est d'être un
bâtisseur. Normalement, c'est un investisseur : il va construire par le
compte des communes et ensuite redonner en propriété, en gestion
les équipements aux communes. Le problème, c'est que les communes
ont du mal à faire face à la gestion parce que le SAN a
été très riche, il y a eu beaucoup, beaucoup de
constructions et puis, je pense aussi, une volonté de mutualiser
certains équipements comme par exemple le stade foot du complexe
Parsemain qui a une dimension plus intercommunale que communale, ce qui
explique aussi qu'on avait gardé un certain de bâtiments en
gestion.
Donc aujourd'hui, je vous disais, on gère une partie du
complexe Parsemain : l'espace sportif René Arnaud qui est un boulodrome
qu'on a fait évolué puisqu'on a créé un mur de tir
à l'arc, ensuite on a un équipement couvert qui est assez gros :
une halle des sports qui est utilisé principalement par le club de
basket, une salle
112
polyvalente utilisée par les associations et en dessous
il y a un dojo. Ensuite, on a le stade de foot et deux autres bâtiments
sont communaux.
Sur Istres, on la halle polyvalente avec deux clubs
résidents : le volley et le hand, le centre équestre.
Et sur Miramas, le centre équestre. Et on est en train
de travailler à la construction d'une halle couverte dont la
construction commence la semaine prochaine.
On sait que dans ces équipements, certains vont avoir
un intérêt métropolitain : la halle couverte de Miramas
qu'on est en train de construire par exemple pourra accueillir des
manifestations nationales voir internationales donc on sait que ce sera
d'intérêt métropolitain.
Vous disiez que le SAN est un bâtisseur. Mais
justement, pourquoi Ouest Provence est-il resté un SAN alors qu'il n'y
en a plus que 4 en France et que les autres ont sont devenus des
communautés d'agglomérations ?
Moi ça fait deux ans que je travaille ici alors je n'ai
pas connaissance de toute l'histoire mais je sais qu'à un moment
donné, ils ont essayé de fusionner avec d'autres
intercommunalités, de changer de statut juridique. Mais finalement
ça ne s'est pas fait pour des raisons politiques. Mais il y a des choses
qui sont sorties comme le Syndicat mixte des transports et d'autres formes
juridiques qui ont été créées.
Dans le document que j'avais lu sur les Syndicats
d'agglomération Nouvelle, il était écrit que la plupart
des SAN étaient devenus des communautés d'agglomérations
parce que les élus avaient estimés qu'ils étaient
arrivés au bout de l'aménagement de la ville nouvelle. Alors
ça pourrait vouloir dire qu'ici on estime que le SAN n'est pas
arrivé au bout ?
Non, je ne m'avancerais pas sur la question, je pense que
c'est plutôt une question politique. Il y a beaucoup
d'équipements. L'année dernière ou bien il y a un an et
demi, on avait entendu qu'on allait devenir communauté
d'agglomération, que les textes allaient changer et puis il ne s'est
rien passé. Alors est-ce-que aussi, c'est le fait qu'on va devenir une
métropole à statut particulier ? Est-ce-que du coup les
élus n'ont pas attendus qu'il y ait la mise en place de la
Métropole ? Est-ce-que ça valait le coup de rechanger de
régime juridique alors qu'on savait qu'un autre changement arrivait ?
Parce que c'est quand même assez lourd de conséquence, ça
change beaucoup de choses en termes de fiscalité, c'est des chantiers
énormes. Changer de fonctionnement pour rechanger un an
après...
En fait, quand la métropole sera faite, les EPCI
deviendront quoi ?
Les EPCI deviendront des conseils de territoire. Nous, SAN,
serons un des conseils de territoire de la Métropole
Aix-Marseille-Provence. Il y aura toujours le même fonctionnement, qui
évoluera en fonction des nouvelles compétences. Comme l'ensemble
des EPCI n'ont pas aujourd'hui les mêmes compétences, il va y
avoir matière à discussion. Et comment vont elles être
définies ? Ça, on a jusque 2018 pour le savoir. Après, la
seule chose qui va changer, c'est que la loi dit qu'aujourd'hui, on sera plus
autonome, on aura plus la fiscalité propre qu'on a aujourd'hui. Et c'est
justement ce sur quoi les Maires s'opposent à la métropole.
Donc est-ce-que dans ce cadre on va conserver le statut
particulier de SAN ? Aujourd'hui la loi nous dit que tout sera
centralisé à la métropole et que les conseils de
territoire seront là pour la mise oeuvre en fait des décisions
métropolitaines en matière budgétaire, fiscale, etc...
Maintenant, il y a matière à discussion en ce moment
là-dessus. Pour l'instant, la loi nous dit ça, après
peut-être que demain il y aura des changements, je ne sais pas.
113
Par rapport à ce transfert de la
compétence sport de compétition, à titre personnel, vous
pensez que c'est une bonne chose pour les communes ?
Moi je pense que ça va être difficile.
Voilà.
Pourquoi ?
Parce que pour le sport professionnel, les cahiers de charges
sont le plus en plus lourds, les niveaux d'exigence financière, de plus
en plus exigeants et que les communes ont des dotations de l'Etat qui baissent
et de même pour les soutiens privés.
Je pense que je contexte est pas très favorable aux
compétences de la culture et du sport. Et que s'il y a des coupes
budgétaires, on sait très bien que ce sera dans ces domaines.
Quand je parlais des cahiers des charges, par exemple pour le hand, il y a deux
contrats professionnels supplémentaires à assumer en plus, des
nouveaux règlements chaque année, des exigences de plus en plus
importantes au niveau des salles, pour les sports collectifs, on est dans le
sport évènementiel avec tout ce que ça concerne en
matière d'aménagement parce qu'il faut des espaces
réceptifs de plus en plus importants, aménagées, des
conditions d'accueil de plus en plus confortables.
Pour moi, on a des réglementations qui explosent et qui
exposent les clubs à des charges supplémentaires, des communes
qui vont devoir fait face à des demandes de soutiens de plus en plus
importants et qui n'auront pas les moyens de faire face.
Après, si effectivement, la métropole prend cette
compétence à sa charge, ce sera différent.
En fait, la réflexion qu'il faut mener, pour moi, c'est
: qu'est-ce-qui relève d'un intérêt métropolitain ?
Le sport de haut niveau oui, le sport amateur, je ne pense pas. Parce que dans
cette réflexion sur le sport de haut niveau il y a cette idée.
Par exemple le basket, l'an dernier a essayé de créer une
dynamique métropolitaine. Cela n'a pas plu aux élus puisque le
soutien financier aux clubs vient principalement de Ouest Provence et des
communes. L'idée est de créer un projet métropolitain en
lien avec Marseille et Aix. Le but était de créer une dynamique
sur le territoire, une dynamique de formation des joueurs étendue sur
tout le territoire selon les différentes catégories d'âge.
Que sur Aix, peut-être on ait les mineurs et sur Fos, plutôt les
majeurs et que les joueurs pros puissent jouer sur Ouest Provence et aussi sur
Marseille.
Je pense que d'autres clubs prennent ce chemin. Mais pour les
communes, c'est difficile de faire face.
Donc, ce que vous dites, c'est qu'il faudrait que la
Métropole, dans ce cadre, finance une partie du sport professionnel
?
Oui, je pense qu'il y a plus d'avenir pour ces clubs dans le
contexte métropolitain que de dans celui des communes.
Ça va être difficile pour les communes. Par
exemple Istres, on leur a transféré trois clubs de haut niveau
alors qu'il avaient déjà en charge des clubs de haut niveau comme
le tennis de table qui a joué en coupe d'Europe et tout ce qui est sport
amateur. Ils auront 4 clubs à financer pour environ 50 000 habitants,
c'est beaucoup. C'est surdimensionné ! En plus, avec les coupes
budgétaires. Et ça va être difficile pour les élus
de justifier de tels soutiens aux clubs sportifs au détriment d`autres
politiques.
Pour moi, le sport doit être enjeu métropolitain.
Il faut que ce créent des liens entre les associations d'un même
territoire, qu'il y ait une dynamique métropolitaine.
Ensuite, je vais vous poser des questions sur
Port-Saint-Louis. J'ai lu le SCOT du SAN Ouest Provence et c'était
marqué que Port-Saint-Louis est considéré comme un «
pôle d'équilibre » à l'échelle du SCOT. Par
rapport au sport, ça voulait dire que la commune devait prendre en
charge les équipements à portée
114
communale dont les équipements sportifs des
écoles et également les équipements à portée
métropolitaine. Pour ces derniers, il n'y en a pas à priori
à Port-Saint-Louis ?
Il y en a peut-être mais on est pas associés
à la construction. Par contre, ici on a un budget pour construire des
équipements dans les communes et ces dossiers-là sont
gérés par les services techniques.
J'ai lu un livre sur Port-Saint-Louis qui
évoquait cette ville comme la « ville du bout du monde ».
Est-ce-que c'est vrai même au sein du SAN à votre avis
?
Au niveau du SAN non parce qu'on a une réflexion sur
tout le territoire mais au quotidien, c'est vrai qu'on a l'impression que ce
sont des autochtones qui vivent très loin, de manière
isolée. Mais au sein du SAN, non parce que tout est mis en
réseau, notamment pour ce qui est de la culture, la collecte des
déchets, l'environnement...
Pour finir, c'est quoi la vision politique du SAN
concernant le sport ? Alors, comme je vous l'ai dit, on avait la
compétence sport professionnel.
Concernant les associations, on est pas le vis-à-vis
des associations. On met les équipements à disposition des
communes, qui les mettent ensuite à dispositions des associations. Dans
la mise à disposition, on fait pas la programmation, donc c'est
difficile d'anticiper les besoins. Mais il y a une refacturation aux communes
sur la base de l'utilisation des équipements par les associations.
Ça, c'est seulement pour la liste
d'équipements à l'inventaire de Ouest Provence ?
Oui et c'est défini par les conventions pluriannuelles
d'activité. Nous on fait donc un soutien indirect aux associations.
Il y a une volonté politique de soutien au sport pas
que de haut niveau. Notre Président est très sensible au
développement du sport amateur et du sport santé. Même si
ce n'est pas défini dans notre compétence il y a la
volonté de pouvoir offrir un maximum de possibilités en termes de
pratiques sportives.
Mais du coup, ça serait uniquement pour les
équipements inscrits à l'inventaire ? Ou pour l'ensemble du
territoire ?
Alors, on a aussi une compétence « cohésion
sociale » au SAN qui soutenait aussi les associations y compris le sport
amateur. Chez nous il y avait diverses sources de soutien parfois temporaires
à certains clubs de natation avec des nageurs qui participaient à
des championnats nationaux et internationaux. A Port-Saint-Louis, le SAN
soutien par exemple M. Caizergues qui fait du kitesurf de haut niveau en termes
de communication. Lui a les logos Ouest Provence sur ses équipements. Il
fait le championnat du monde.
Alors, moi je connais mon domaine, celui de la gestion des
équipements et du sport de haut niveau, qui est très
cadré. Mais vous voyez, il y a un soutien ouvert de la part du SAN comme
par exemple à M. Caizergues, aussi parce qu'il apporte une
visibilité au territoire du fait de sa participation à des
compétitions de haut niveau. Après ponctuellement, il avait aussi
des associations qui faisaient des interventions envers les diabétiques
pour le sport santé.
Et ce soutien aux associations, fait partie du transfert
aux communes également ?
Oui, ça été acté au 1er
mai. Par contre, le sport professionnel, c'est effectif depuis le
1er mai.
115
Annexe 7 : Programme politique de la liste «
PSL gagnant », équipe municipale actuellement aux affaires lors
des élections municipales de 2014. p. 10 : « Le sport / la
jeunesse / la culture »
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti26.png)
116
117
Bibliographie :
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Port-Saint-Louis-du-Rhône réalisé dans le cadre de l'Appel
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domaine du sport » : p.13 à 24
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Comité Syndical du SAN Ouest Provence :
Délibération 17 novembre 2011 relative à la convention
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Comité Syndical du SAN Ouest Provence :
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Comité Syndical du SAN Ouest Provence :
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étang de Berre, paradoxe méditerranéen, photographies de
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Région PACA : Fiches « Soutien aux équipements
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SAN Ouest Provence : Port-Saint-Louis-du-Rhône, fiche
communale : avril 2011
SAN Ouest Provence : Bilan du PLH 2009-2014, 2015
SAN Ouest Provence : Appel à projet unique : Contrat de
ville intercommunal de Ouest Provence 2015-2020
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2011
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en 2015 » :
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https://www.ouestprovence.fr/index.php?id=1006&tx
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SAN Ouest Provence : « Election des conseillers
communautaires »
http://www.ouestprovence.fr/index.php?id=825&no
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, consulté le 31 août 2015
Se
loger.com : « Rubrique les Prix de
l'immobilier » :
http://vendre.seloger.com/prix-immobilier.htm
121
SCOT Ouest Etang de Berre : Document d'orientation et d'objectifs
(DOO)
122
123
Table des illustrations
Figure 1 : Photo aérienne de la commune
cliché : Mairie de Port-Saint-Louis-du-Rhône : p. de
couverture
Figure 2 : Carte de localisation / Source :
Géoportail.fr /
Réalisation : Laura Lemaire, août 2015 : p.1
Figure 3 : Evolution du trafic maritime / Source
: CHARRIERE, Jean-Louis : p.9
Figure 4 : Evolution du nombre d'habitants
1881-1946 / Source : CHARRIERE, Jean-Louis : .... p.9
Figure 5 : Evolution démographique du SAN
Ouest Provence /source : Insee, Recensements de la population
/ Réalisation : CLAUX, Martin, 2014 : .p.11
Figure 6 : Part des ouvriers dans la population
active / Source Insee / Réalisation Martin CLAUX,
2014 : p.12
Figure 7 : Comparaison de l'Evolution de la
population PSLR, SAN Ouest Provence et Bouches-du-Rhône /
Source et réalisation : Insee, Recensements de la
population : p.15
Figure 8 : Comparaison de l'évolution de
la population de PSLR et Fos-sur-Mer / Source : Insee,
recensements de la population / Réalisation Laura Lemaire,
août 2014 : p.15
Figure 9 : Comparaison de l'évolution du
taux de chômage à Fos-du-Mer et PSL / Source : Insee /
Réalisation Laura Lemaire, août 2015 : p.16
Figure 10 : Répartition des conseillers
communautaires par commune au sein du Comité Syndical / source :
Ouestprovence.fr « Election
des conseillers communautaires » / Réalisation Laura Lemaire,
août 2015....p.21
Figure 11 : Population des communes du SCOT
Ouest Etang Berre / Source et réalisation : SCOT Ouest
Etang de Berre, 2014 : p.23
Figure 12 : Fonctions associées aux
« pôles d'équilibre » / source et réalisation :
SCOT Ouest Etang de
Berre : . p.24
Figure 13 : Carte des EPCI qui vont fusionner
dans la Métropole / Source et réalisation : Agence
d'urbanisme de l'agglomération Marseillaise (AGAM), 2015 :
p.27
Figure 14 : Evolution démographique de
PSLR / Source : Insee, Recensements de la population : . p.28
Figure 15 : Opérations de logements
livrées ou en projet à Port-Saint-Louis-du-Rhône depuis
2007 /
Réalisation : Laura Lemaire, juin 2015 : .. p.30
Figure 16 : Camping-cars sur la Plage du Carteau
à PSLR / Cliché : Laura Lemaire, mai 2015 : p.32
Figure 17 : Presqu'île du Mazet : en
jaune, emplacement probable du pôle nautique et des métiers de la
mer /
Cliché : Mairie de Port-Saint-Louis-du-Rhône :
. p.34
124
Figure 18 : Comparaison des prix de l'immobilier
: secteur d'Arles et Aix-en-Provence / Source : Base de
données Perval / Réalisation Laura Lemaire,
Août 2015 : p.36
Figure 19 : Comparaison des prix de l'immobilier
: PSLR et Venelles / Source : Base de données
Seloger.com / Réalisation Laura
Lemaire, Août 2015 : p.36
Figure 20 : Carte de localisation des
équipements sportifs communaux / Réalisation Laura Lemaire,
août
2015 : p.44
Figure 22 : Extrait de carte des
équipements sportifs et scolaires / Réalisation Laura Lemaire,
août 2015 :
p.46
Figure 23 : Schéma de fonctionnement des
politiques sportives communales à Port-Saint-Louis-du-Rhône /
Réalisation Laura Lemaire, août 2015 :
p.57
Figure 24 : Les quartiers concernés par
la politique de la ville à PSLR / Source : SIG de la politique de la
ville / Réalisation Laura Lemaire, août 2015 :
. p.66
Figure 25 : Les organes
délibérants de la Métropole Aix-Marseille-Provence /
Source : Loi MAPTAM du
24 Janvier 2015 / Réalisation Laura Lemaire, août
2015 : p.69
Figure 26 : Transposition de la typologie des
communes du SCOT Ouest Etang de Berre Source dans l'optique d'un futur SCOT
métropolitain : SCOT Ouest Provence et « Aix-Marseille-Provence :
futur
engagé » / Réalisation Laura Lemaire :
p.85
Port-Saint-Louis-du-Rhône tente de reprendre son
destin en main : L'exemple de ses politiques sportives
Résumé :
Port-Saint-Louis-du-Rhône (13) est une ville dont le destin a
toujours été déterminé par des influences
extérieures, en témoigne la crise que connait la commune lors du
transfert de ses activités industrielles et portuaires vers la ZIP de
Fos-sur-Mer dans les années 1970. Depuis, si la crise est passée,
la commune ne parvient pas totalement à se défaire de son image
de « ville du bout du monde ».
Cependant, l'équipe municipale en place depuis 2014,
entend bien travailler à ce que la ville reprenne son destin en main par
une politique de développement ambitieuse. Mais dans son ambition, la
municipalité se heurte à un contexte peu favorable.
Ce mémoire décline ce diagnostic sur un champ
particulier de la politique communale : les politiques sportives. Il s'agit de
montrer dans quelle mesure les politiques sportives sont un domaine dans lequel
la commune peut se développer.
Mots clefs : politiques sportives,
équipements sportifs, Port-Saint-Louis-du-Rhône, Métropole
Aix-Marseille-Provence, hiérarchies territoriales
Laura Lemaire
Master 2 Urbanisme et aménagement
Spécialité Urbanisme durable, projet et action
opérationnelle
![](Port-Saint-Louis-du-Rhne-tente-de-reprendre-son-destin-en-main-L-exemple-de-ses-politiques-sporti27.png)
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