Le bidonville, ce concept apparu en 1936 sous la
plume1(*)d'Augustin Berque,
renferme en lui une réalité sociale particulière. Ces
dernières décennies, il attire de plus en plus l'attention des
chercheurs de différentes disciplines que ce soit géographes,
anthropologues, politologues, économistes et sociologues. Ceci par le
fait qu'il occupe des proportions de plus en plus croissantes dans le
phénomène urbain. En effet, selon l'organisation des nations
unies, plus de 35% de la population mondiale vivraient dans les bidonvilles. Au
Cameroun,2(*) 67% de la
population urbaine du Cameroun vit dans les bidonvilles et ceci connaît
une croissance annuelle de 5 ,5%. C'est face à cette situation que
les chercheurs se sont intéressés à une étude sur
les bidonvilles ; allant dans ce sens, une recherche sur la participation
politique dans ces zones viendra apporter une plus grande compréhension
de ce phénomène.
En effet, une brève incursion dans l'histoire
politique du Cameroun3(*)
nous permet de relever un ensemble d'éléments relatifs à
son paysage politique et à la participation politique dans le pays en
général et dans la ville de Douala en particulier. En effet,
avant 1884, n'est pas défini, mais les différents peuples qui
évoluent dans son territoire entretiennent de multiples échanges
avec l'extérieur. Cependant, le tournant est pris avec « le
traité germano-douala » du 12 juillet 1884 signé entre
les commerçants allemands et les rois Akwa et Bell. Ce qui donna le
droit au consul allemand Gustave Nachtigal de prendre possession de ce
territoire au nom de l'empereur allemand Guillaume II. C'est ainsi que le
Cameroun devint un protectorat allemand. A partir de là,
l'évolution du Cameroun s'est effectuée en quatre
étapes.La première fut le protectorat allemand de 1884 à
1916, impliquant que l'Etat protégé conserve les institutions
traditionnelles en confiant à l'Etat protecteur le contrôle de sa
politique étrangère, sa défense et sa monnaie. La seconde
étape est la double administration franco-britannique, dont la
première phase fut le condominium (entendu comme une forme
spéciale d'administration collégiale d'un territoire par
plusieurs puissances étrangères) franco-britannique de 1916
à 1919. Mais avec la fin de la première guerre mondiale en 1919
et la création en 1920 de la SDN (société des nations), le
Cameroun change de statut et entre dans la deuxième phase qui est celle
du régime de mandat international de 1919 à 1945. Ce nouveau
statut consistait à confier la gestion de certains territoires à
des puissances sous le contrôle de la SDN ; c'est ainsi que les
populations avaient le droit d'adresser des pétitions au sujet de leur
administration à la commission permanente des mandats. Cependant, avec
l'éclatement de la seconde guerre mondiale, le Cameroun change une fois
de plus de régime pour être sous celui de tutelle (qui est une
solution transitoire destinée à favoriser l'évolution des
populations vers la capacité à s'administrer elles-mêmes)
qui va de 1945 à 1961. En effet, le 13 décembre 1946, l'ONU
(organisation des nations unies) accorde la tutelle du Cameroun à la
France et à l'Angleterre pour l'administration de leurs zones
respectives selon leur législation, mais sous le contrôle du
conseil de tutelle. Cette phase préparant le Cameroun vers
l'indépendance se caractérisa par la mise en place de ses
premières institutions sous la tutelle française et sous la
tutelle britannique. Dans la sphère française, nous avons la
création de l'union française en 1946 où les élus
camerounais participent dans les institutions de cette union telles que :
l'assemblée de l'union française, le conseil de la
république, le conseil économique et social. En plus de l'union
française furent créées des institutions locales telles
que : l'ATCAM (assemblée territoriale du Cameroun) en 1952 ;
l'ALCAM (assemblée législative du Cameroun) en 1957,
favorisée par « la loi-cadre » de Gaston Deferre de
1956 qui prévoit aussi un conseil de gouvernement dirigé par un
premier ministre (dont le tout premier fut André Marie Mbida avec son
vice- premier ministre Ahmadou Ahidjo. Après plusieurs tractations, la
citoyenneté camerounaise est reconnue sur le plan international, ce qui
amène l'ONU à lever la tutelle sur le Cameroun le premier janvier
1960 permettant ainsi au Cameroun d'être indépendant et que soit
élu le 05 Mai 1960 Ahmadou Ahidjo le premier président de la
république du Cameroun. En ce qui concerne le Cameroun sous tutelle
britannique, il est rattaché au Nigeria et est administré par une
classe politique divisée en deux groupes : les anti-Nigéria
conduits par John NguFoncha qui créa en 1949 le KUNC (Kamerun United
National Congres), qui devint en 1955 le KNDP (Kamerun National Democratic
Party). Le deuxième groupe est celui des pro-Nigéria avec pour
leader le docteur Endeley Emmanuel qui fonda pour sa part le CNF (Cameroun
National Federation).Au rang des élections, relevons celles de janvier
1959 remportées par John NguFoncha, partisan de la
réunification ; aussi celle des 11 et 12 fevrier 1961
organisées par l'ONU relativement à la position
du « northern » et du
« southernCameroon ». C'est ainsi qu'à l'issue de la
conférence de Foumban de 1961, la réunification est
proclamée, donnant naissance à la république
fédérale du Cameroun (RFC).Nous notons donc que la vie politique
du Cameroun pendant cette période était marquée par le
multipartisme (de 1938 à 1966)4(*), la possibilité d'adresser des pétitions
et de prendre part aux élections. En d'autres termes, une possible
participation de la population à la vie publique de son pays parmi tant
d'autres. Mais cette possibilité bien qu'existante formellement fut
verrouillée dans les faits par les autorités en place, ce qui
conduit le Cameroun dans le monopartisme (de 1966 à 1990). En effet,
après son accession au pouvoir, le président Ahmadou Ahidjo
créa l'UNC (union nationale Camerounaise) en septembre 1966, qui resta
le seul parti en activité avant d'être remplacé le 24 Mars
1985 par le RDPC. Avec à la tête président Paul Biya. Ce
parti demeura aussi le seul parti jusqu'en décembre 1990. Ce fut
là le retour au multipartisme comme la résultante d'un ensemble
de revendications sociopolitiques. C'est à partir de cet instant que
furent légalisés de nombreux partis politiques, qui
participèrent même aux élections législatives du
1ER Mars 1992.Elles ne constituent que les premières d'une
longue liste d'élections (législatives, municipales et
présidentielles) qui furent organisées sur le territoire
Camerounais. Cette phase fut également marquée par un ensemble de
réformes sur le plan institutionnel : c'est le cas des
différentes modifications de la constitution (celle de 1972, celle du 18
janvier 1996 et celle du 14 avril 2008 ; c'est également le cas de
la mise en place des organes pour l'organisation et la gestion des
élections (l'ONEL remplacé le 29 décembre 2006 par
ELECAM). De plus, notons que ces reformes s'étendent à l'aspect
technique avec l'informatisation du fichier électoral, des cartes
d'électeurs et de l'ensemble des documents électoraux (lors du
double scrutin législatif et municipal du 22 Juillet 2007), le tout
couronné par l'adoption le 19 Avril 2012 du nouveau code
électoral introduisant la biométrie.
Nous notons ainsi que la population renoua
concrètement avec unepossibilité accentuée de contribuer
à la vie politique de leur pays en décembre 1990. Puisque cette
possibilité existait même à l'époque du monolithique
(exemple des débats à l'intérieur du parti, juste pour
relever que la participation politique ne se limite pas au multipartisme).Mais
dans la ville de Douala, en dépit de cette mise en branle du processus
de démocratisation, cet engouement de la participation à la vie
publique du pays s'est éteint peu-à-peu au fil des années,
et lors des différentes élections et évènements
politiques. Partant alors du fait que la ville de Douala s'est accrue avec
l'exode rural et son lot de conséquences telles que les bidonvilles,
nous avons donc entrepris d'analyser ce phénomène de la
participation politique dans ces milieux parce qu'ils regorgent une part
importante de la population de cette ville.
Une telle recherche a ceci d'intéressant que sur le
plan pratique, elle nous plonge déjà au coeur de la
démocratie dans ces quartiers afin de voir comment elle se porte, s'y
manifeste et s'y vit. Egalement sous cet angle, elle pourrait permettre de voir
si ou comment dans le cadre de la décentralisation, les communes mettent
à contribution les populations de ces quartiers dans le processus de
développement communautaire. Sur le plan institutionnel, cette
étude pourrait permettre à l'organe en charge des
élections de définir des stratégies d'approche de ces
milieux pour une augmentation considérable des électeurs ou du
nombre d'inscrits sur les listes électorales. Sur le plan social, cette
recherche permettrait aux habitants de ces milieux de relever l'importance de
leur implication dans la gestion de la chose publique. Aussi, elle permettrait
à tout autre citoyen de toucher du doigt le vécu politique dans
ces milieux.Sur le plan scientifique, dans le cadre de la
pluridisciplinarité, elle a ceci d'intéressant que le regard
sociopolitique permettrait de ressortir les formes d'organisation de ces
populations relativement à l'accès de ces dernières aux
services de base et aux droits, ainsi que les formes d'agitations sociales et
politiques s'il y en a et enfin de savoir qui détient le pouvoir dans
ces lieux et ce qui conditionne leur implication politique.
Fort de tout ce qui précède, des questions
jalonnent notre esprit à savoir les populations dans ces zones
participent-ellesà la gestion de la cité ? Si oui, sous
quelles formes ? Ou avant toutes formes de participations, comment
conçoivent-elles la politique et la participation politique ?
Afin d'apporter des réponses à ces questions,
nous nous fixons Comme objectif général :
appréhender le phénomène de participation politique dans
ces milieux. Pour le faire, nous nous proposons de ressortir
spécifiquement :1) Ce qu'elles entendent par participation politique 2)
Qui détient le pouvoir dans ces quartiers 3) Qui participe et comment 4)
Le degré et le pouvoir de participation, les raisons et
déterminants de ce degré d'implication politique.
C'est pour atteindre ces objectifs que ce mémoire se
déclinera en trois parties :
La première portera sur le cadre théorique et
méthodologique, articulée en deux chapitres. Le premier expose la
problématique, qui ressort le constat de la recherche, le
problème de recherche et la question de recherche ; et de la revue
critique de la littérature, qui fait l'économie des travaux
relatifs au sujet et clôture par l'opérationnalisation des
concepts, après avoir précisé notre originalité. Le
deuxième chapitre se consacrera à la méthodologie et plus
précisément pour évoquer les champs et les
théories mobilisées et clarifier la méthode, la logique,
bref la manière dont nous procèderons sur le terrain pour
collecter et analyser les données.
La deuxième partie s'attardera sur l'imaginaire sociale
des habitants des bidonvilles et la question de la participation politique,
ainsi que les formes et degrés de participation politique dans ces
milieux. Subdivisée en deux chapitres, le premier qui est le
troisième de notre travail traitera de la représentation que ces
habitants ont de la participation politique en général et de la
politique en particulier.Le quatrième enfin s'appesantira sur le
recensement des formes et le degré d'investissement dans la chose
publique dans ces milieux.
Dans La troisième partie, nous toucherons les raisons
et les causes de ce faible degré d'implication politique. Ce qui sera la
tâche respective du cinquième et du sixième chapitre de
notre travail.
Notons d'entrée de jeu que ce travail s'est
effectué avec quelques difficultés. Elles sont liées
à notre domaine d'étude qui est la politique. C'est pour cela que
nous avons eu à affronter la réticence des habitants qui nous
considéraient comme des personnes peu fiables. Aussi, l'autre
difficulté réside au niveau de l'accès aux données
électorales spécifiques à chaque quartier.
PREMIERE PARTIE :
CADRE THEORIQUE ET METHOLOGIQUE DE LA RECHERCHE
Pour produire tout savoir scientifique, il est important de
modéliser son objet d'étude, afin de définir les aspects
sur lesquels le travail s'appesantira, de faire un briefing sur ce qui a
déjà été dit concernant le sujet. Aussi, il faut
ressortir la manière dont on compte s'y prendre dans la pratique pour
recueillir, analyser, étudier et démontrer le
phénomène social qui a retenu notre attention. C'est donc
là la raison d'existence de cette partie, car elle aura pour dessein la
construction de la problématique de l'étude et la revue critique
de la littérature dans le premier chapitre, la construction du cadre
théorique et méthodologique de la recherche dans le second
chapitre.
CHAPITRE PREMIER :
PROBLEMATIQUE ET REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
Il sera question dans ce chapitre de mettre d'abord en exergue
le constat de la recherche, ce qui empêche la compréhension de ce
phénomène de participation politique dans la populace et la
question de recherche. Avant de signifier notre position en passant par ce que
les autres ont dit relativement à ce sujet.
1.1. CONSTAT, PROBLEME ET QUESTION DE RECHERCHE
1-1-1-constat de la recherche
La démocratie est un système politique dans
lequel le pouvoir appartient au peuple. Il a comme idéal la
participation ou l'implication de tous les citoyens dans la gestion de la
société. Jean JacquesRousseau 5(*)(1762), l'un des théoriciens du contrat social
relevait déjà les conditions à remplir pour
l'effectivité de ce système politique à savoir : une
grande simplicité de moeurs, un Etat petit, beaucoup
d'égalité, peu ou point de luxe. Ces conditions ont
été complétées par certains auteurs que nous
évoquerons dans la revue critique de la littérature. Comme autres
conditions, nous avons : une indépendance matérielle, un
sentiment d'appartenance, les moyens de se faire entendre, la
compétence. Le Cameroun adopte la démocratie suite
au « vent d'est » de l'année 1990 et pour que
l'implication soit effective, il s'est mis à l'heure de la
décentralisation qui est le transfert de compétences aux
collectivités territoriales décentralisées. Cependant dans
les bidonvilles, les habitants s'intéressent peu ou pas a la
gestion de la cité (41% de taux de participation dans Douala II lors
des dernières élections législatives et
municipales)6(*). En effet,
ils sont peu à s'inscrire sur les listes électorales, quand
bien-même ils se sont inscrits, peu sont ceux qui vont retirer leurs
cartes d'électeurs et même en possession de leurs cartes, ils sont
encore peu qui vont voter. Dans un autre aspect, ils ne s'intéressent
pas beaucoup à la vie politique de leur quartier, encore moins de celle
du pays ; en fait, ils ne s'intéressent pas aux émissions
politiques dans les chaines de télévision et aux rubriques
politiques dans les journaux.Alors que les pouvoirs politiques (ensemble des
autorités chargées d'administrer un pays et d'édicter les
règles de droit) de loin, relayés par les chefferies (qui sont
les instances supérieures) au près, des ces quartiers,mettent sur
pieds les moyens et développent des stratégies visant à
impliquer d'avantage les populations. Comme stratégies et moyens
mis sur pieds, nous avons lors des échéances
électorales,un dispositif de proximité qui est
déployé (lieu d'inscription sur les listes électorales, de
retrait des cartes d'électeurs et les centres de vote). Pour ce qui
concerne les autres formes de participation politique, il y a une plus grande
communication qui se fait autour des évènements politiques, que
se soit à travers les médias (télévision, radios,
presse), également à travers les comités qui sont
crées au niveau des quartiers. Tout ceci, s'inscrivant dans le cadre du
programme participatif d'amélioration des bidonvilles, il vise à
les informer, à les sensibiliserquant' à la nécessite
qu'il ya à définir ensemble les objectifs pour leur quartier et
les moyens pour les atteindre.
1.1.2. Problème et question de recherche
Le problème de recherche c'est le constat d'une
situation anormale que le chercheur doit expliquer et comprendre ; bref,
elle part d'une difficulté ou d'un obstacle qui empêche la
compréhension ou l'explication d'un phénomène7(*). Aussi, au regard des
réalités évoquées ci-dessus et de cette
pensée d'Arendt Hannah (1999) :
« Les problèmes politiques sont les
problèmes de tout le monde ; les problèmes de tout le monde
sont des problèmes politiques 8(*)».
Ilse pose dans ce travail un problème de
non-implication ou d'implication insuffisante des populations ou habitants de
bidonvilles dans la gestion des affaires de leur quartier ou publiques. La
question que l'on se pose est donc celle de savoir comment appréhender
le fait que les habitants des bidonvilles ne s'impliquent pas suffisamment en
dépit des efforts des pouvoirs publics allant dans le sens de la
participation politique de tous ?
En d'autres termes :
1) Les habitants des bidonvilles sont-ils motivés
à s'impliquer dans la gestion de la chose publique ?
2) Quel lien existe-t-il entre la compétence politique
et leur degré d'implication ?
3) Comment est-ce que l'existence ou non d'un espace de
concertation avec les pouvoirs publics influence leur degré
d'implication ?
4) Quelle est la place des déterminants sociaux dans
ces formes et degrés de participation politique dans la
populace ?
1.2. LA REVUE CRITIQUE DE LA LITTERATURE
La revue critique de la littérature joue un grand
rôle dans la conception d'une recherche, car elle permet de faire
l'économie de ce qui a déjà été dit sur la
question, de ne pas refaire ce que les autres ont déjà fait, afin
d'avoir son originalité et de préparer son cadre
théorique9(*). Ainsi,
nous avons axé la notre autour de : participation politique,
bidonvilles et participation politique dans les bidonvilles.
1-2-1- travaux relatifs à la participation politique
Avant de parler de la participation politique dans les
bidonvilles, il est important de faire l'économie des travaux des uns et
des autres sur la participation politique elle-même, en passant par le
comportement politique et l'espace public.
B. Flasher 10(*)(2012) dans ses travaux sur le sujet, nous rappelait
d'abord le fait que l'idéal démocratique était ou est
l'implication du peuple qui peut se faire à travers de nombreuses
activités et aux travers de divers groupes ou associations ;
rendant ainsi le citoyen actif et non plus passif. Il met également
l'accent sur le fait que la participation pour qu'elle soit effective,
certaines conditions doivent être remplies. Pour lui, la participation
politique a ceci d'important qu'elle permet de responsabiliser politiquement le
citoyen et le met en contact avec les hommes politiques pour la
résolution des problèmes d'intérêt collectif il
soulignait également qu'on avait comme dimension la participation
conventionnelle et la participation non conventionnelle. Il n'évoquait
déjà que le champ de la participation politique s'analysait
à trois nivaux, géographique, économique et social,
administratif.
Flasher ressort déjà ici le fait que la
participation politique pour quelle soit effective, doit être sous-tendue
par certaines conditions à savoir : un sentiment d'appartenance, un
sentiment d'être pris en compte, une indépendance
matérielle, une inclusion de toutes les composantes, catégories
sociales, une recherche d'intérêt général et la
prise en compte de toutes les dimensions de la citoyenneté.
A la question du pourquoi d'une faible participation
des citoyens, il essaie de faire le rapprochement avec la démocratie
représentative en faisant remarquer que celle-ci a ses limites dans le
sens ou selon la problématique d'Hirschman(1991) qui s'appuie sur trois
thèses : celle de l'inanité, des effets pervers et le
vecteur du sentiment d'égalitarisme qui contribue en la mise en
péril des libertés individuelles et du progrès
économique tout cecis'expliquant par le fait qu'intrinsèquement,
la représentation dans son mécanisme crée un
décalage entre la volonté du peuple et les
délibérations de ses représentants. De plus, elle remet au
devant de la scène la volonté ancienne de tenir le pouvoir
éloigné de la pression populaire ; comme le soulignait
déjà Hamilton11(*) (1757-1804):
«Toute communauté se repartit entre
l'élite et la multitude, entre les gens riches et bien nées, et
la masse du peuple... turbulent, et inconscient, le peuple juge rarement avec
raison. Donner donc dans le gouvernement une place distincte et permanente
à cette première classe... »
Comme pour dire qu'il y a toujours cette intention permanente
de discriminer ou de distinguer relativement à la position sociale ceux
qui peuvent être impliqués dans la gestion de la cité.
Flasher(2012) postule que pour une
effectivité de la participation politique, il faut que le concept de la
citoyenneté (juridiquement renvoie à la jouissance des droits
civiques attachés à la nationalité. Aujourd'hui, c'est le
droit de vote aux consultations politiques, l'éligibilité,
l'exercice des libertés publiques qui donne sens à la
participation politique, enfin, l'accès aux fonctions d'autorité
dans l'appareil de l'Etat.)12(*),soit rempli dans tous les sens afin qu'il n'yait pas
une certaine exclusion. Ainsi, que cela passerait par la construction d'un
espace public qui est un lieu abstrait où un ensemble d'interlocuteurs
exercent sur les affaires collectives leur « raison
pratique ».Raison conduisant les individus à se concevoir
membres d'une communauté politique et subsumant ainsi les
particularismes. Habermas (1929)soutient cela en soulignant que l'espace public
est le lieu de production et d'échange publics d'arguments sur les
affaires de la cité ; il est le lieu de communication entre les
divers interlocuteurs qui sont les hommes politiques et les citoyens
« ordinaires ». Renchérit-il : « le
caractère public des échanges produit les effets de
disqualification des « mauvais » arguments ».
Cependant, pour l'auteur, l'espace public a pour effet négatif que le
citoyen au niveau du quartier lorsqu'il sera confronté à des
espaces publics plus grand pourra développer un complexe
d'infériorité.Ceci renvoyant au «cens
caché » de D. Gaxie(1978).
Il relève que le local est un niveau
valorisé de la citoyenneté parce que, étant au plus
près de leur préoccupation, il s'intéresse à la
chose publique et que c'est à travers cela que la municipalité
peut toucher du doigt les aspiration des populations et
bénéficier de leurs énergies pour les satisfaire.
La critique que l'on pourrait apporter ici est
premièrement au niveau des conditions de la participation politique, car
ce qui fait problème c'est que certains habitants quand bien même
ils les remplissent ne s'impliquent pas parce que la situation l'arrange
relativement à ses affaires. Aussi, parce que parfois lorsque plusieurs
personnes s'impliquent, cela génère souvent les conflits, alors
ils préfèrent se mettre à l'écart. De plus,
concernant les effets négatifs de l'espace public à savoir le
niveau du quartier si les élites amènent les populations ou le
citoyen ordinaire à s'en tenir aux préoccupations de son quartier
et à tenir compte du fait qu'il est un citoyen à part
entière, il éviterait tout complexe et ainsi, serait au-dessus de
toute considération d'ordre distinctif.
A la suite de B Flacher, D. Gaxie13(*) a effectué des travaux
sur la participation politique à travers sa théorie du
« sens caché » de la participation. Théorie
dans laquelle il pense que comme la démocratie suppose que le citoyen
possède une capacité à apprécier les enjeux et la
symbolique du champ politique, cette capacité n'est pas donnée
à tous dans les mêmes proportions. Il y a un inégal
accès à la compréhension de la « chose
politique » qui dépend en définitive, d'un habitus de
classe. Dans un système démocratique ; cette
inégalité conduit à une division entre d'une part les
professionnels de la politique et d'autres part, les spectateurs et les
indifférents doublement marqués par une faible maîtrise des
schèmes de classification et d'évolution en rapport avec
l'organisation politique et par une capacité réduite
d'appréciation de la compétence politique.
Jacques T. Godbout14(*)(1983) pour sa part soutient que la participation est
un élément essentiel de la vie politique, car que ce soit dans la
démocratie ou autre système politique, le citoyen n'est jamais
entièrement extérieur à « son »
gouvernement. Cette participation permet au citoyen de compenser une faible
possibilité de retrait au sens d'Hirschman(1991). Cependant il souligne
que cette participation est effective dans la démocratie directe, tous
les membres étant ici actifs et décisionnels, contrairement
à la démocratie représentative ou la relation entre
gouvernement et gouvernés échappe en partie au principe de la
participation.
Pour lui, participer politiquement renvoie à
toute manifestation des citoyens « ordinaires » de ceux qui
n'ont pas de pouvoir. Cette participation se faisant à travers un vote,
l'appartenance à un comité au niveau du quartier, une
manifestation. Il souligne en s'appuyant sur la description des nouvelles
structures d'O'Neill, qu'il y a comme une diminution du pouvoir des citoyens,
dont le rôle est déplacé en amont de la décision, au
stade de son élaboration.
Philippe Braud15(*)(2008) en considérant la participation
politique comme l'exercice d'une citoyenneté dynamique et
réfléchie, fait également ressortir qu'une partie
insignifiante se mobilise activement pour la politique. Cette faible
participation peut être sous-tendue par le coût inhérent
à la mobilisation, le coût en temps, le coût en termes
d'information, puisque l'implication politique demande une compréhension
de ses enjeux.
Allant dans la même lancée que lui, Dominique
Chagnallaud16(*)(2010)
souligne que seule une minorité politique participe activement à
la vie politique.
Dominique Memmi17(*)(1985) leur emboitant déjà le pas avait
souligné que l'activité politique était en
réalité pratiquée par une fraction de la population
à savoir les militants et les professionnels de la politique qui
cumulent plusieurs postes à la fois et composent18(*)une sphère restreinte
d'initiés qui vivent par et pour la politique.
Voici pour ce qui est de la participation politique en
elle-même, qu'en est-il de cette participation en rapport avec les
bidonvilles ? Mais bien avant, que pouvons nous relever sur les
bidonvilles ?
1.2.2. Travaux relatifs aux bidonvilles
Plusieurs auteurs ont travaillés sur ce concept de
bidonvilles. C'est le cas de :
François Aballea pour qui : « ce
terme est née au Maghreb dans les zones portuaires de Casablanca au
temps des splendeurs coloniales » etadopté pour signifier
l'habitat précaire et insalubre. Ce terme selon R. Descloitre,
apparaît pour la première fois sous la plume d'A. Berque en 1936.
Ce concept prend d'autres noms dans d'autres pays relativement à leur
langue et signifie autres choses. Par exemple l'anglais parle de
« slums » (taudis), « shantytowns »
(villes déchets), « squatter settlements et
substandardsettlements » (établissements d'occupants
illégaux et établissements ne répondant pas aux
normes) ; le Brésil parle de « Favelas ». Dans
la langue française le terme bidonville est utilisé pour
signifier des établissements irréguliers illicites,
sous-intégrés, marginaux, incontrôlés,
spontanés, non planifiés, clandestins, anarchiques.
Farouk Benatia18(*)(1980), qui renvoie, le bidonville à :
« ce quartier isolé, aux abords de la grande ville
établi sur un terrain choisi pour sa discrétion et non pour ses
avantages urbanistes, composés d'habitations précaires ou barack
de planches de tôles, démuni d'eau courante,
d'électricité, de gaz de ville, d'égouts, de routes
goudronnées, et échappant en quelques sortes à la gestion
municipales ». Cette définition évoque ici la position
géographique, la nature de construction, les matériaux de
construction, l'accès aux services de base ou infrastructures de base.
Cependant, elle n'est pas exhaustive et n'épuise pas la
réalité urbaine du bidonville selon Belaadi Brahim (2001).
Jean Marc Ela19(*)(1983), qui en étudiant la ville en Afrique
noire a abordé le concept de bidonville. Pour lui, il est la
résultante de la manière donc a été pensée
la ville en Afrique noire, le phénomène de migration qui repose
sur les facteurs attractifs de la ville. Mus par le mirage urbain, ces
individus se déplacent massivement vers les villes, accroissant ainsi la
population urbaine qui n'est plus en adéquation avec les
infrastructures, les ressources de ce nouveau milieu et l'offre d'emploi ;
quand bien même certains en ont, le revenu n'est pas de nature à
leur permettre de supporter le mode de vie urbain. C'est ainsi que ces derniers
s'entassent dans les bas-quartiers, quartiers pour petits peuples, les
bidonvilles où l'urbanisme fait défaut, quartiers pour
travailleurs sous-payés ou à faible revenu, où se vivent
la misère, l'insalubrité, une forte pression
démographique, l'insécurité, l'impraticabilité des
routes en saison pluvieuse. L'auteur laisse également entendre que ce
sont des zones « où les hommes sans espoir n'ont pour
évasion que les débits de boissons » ; zones de
prostitution, des inégalités, d'habitats spontanés,
d'accès insuffisant à l'eau, inondation. « Les formes
d'habitation traduisent les niveaux de différenciation
sociale »20(*)
MotazeAkam21(*)(1991) s'appuyant sur les travaux de Jean Marc Ela,
conçoit les bidonvilles comme les lieux des travailleurs
sous-payés, d'entassement des milliers de jeunes qui ont fait de la
migration urbaine leur stratégie de survie, de la misère urbaine.
Se caractérisant par des cagibis en tôle rouillé, l'habitat
traditionnel, la poubellisation, les contraintes d'eau potable,
d'énergie électrique, les encombrements humains dans les rues.
Les chambres où s'observent la promiscuité, la cherté de
la vie, la famine, les inégalités et injustices sociales.
René22(*) Dumont (1991) à son niveau aborde le concept
de bidonville en ces termes :
« Les plus démunies, en ville sont
à tel point privés de ressources que quoique l'on fasse, pour
essayer de construire des logements économiques, leur pris de revient
les rendra pour eux inaccessibles. Ils peuvent bien sûr-ils le font
chaque jour-se bâtir eux-mêmes des logements
« spontanés » grâce aux ressources
locales.»
Ainsi, à son sens, ce qui justifie le nom de
bidonvilles ce sont : les ruelles fort étroites qui descendent vers
ce marais sont déjà en saison sèche23(*) plein de boue, il n'ya pas
d'égouts, ni de latrines.
Les bidonvilles, habitats des populations à faibles
revenus pour Philippe Bissek24(*)(1994), renvoient à la conséquence
classique de l'exode rural. Ces zones échappent au contrôle des
pouvoirs publics et ont pour corollaires partout où elles se
manifestent :la taudification, l'insalubrité et la
promiscuité. Les bidonvilles constituent la réponse à un
problème identique : accueillir et abriter les populations à
faibles revenus ou sans revenu du tout ; on y retrouve toutes les formes
de construction (tentes, maçonneries, poteries, embarcation panneaux de
bois, prise, poto-poto, qui font appel à la récupération
et ils trouvent leur assise presque toujours dans les zones impropres à
la construction `marécages, escarpement...)
Au Cameroun, à l'occasion d'un atelier sous
régional de la méthodologie sur programme participatif
d'amélioration des bidonvilles, le ministre du développement
urbain et de l'habitat laissait entendre que les bidonvilles sont dans ces
quartiers notamment la très forte prévalence du paludisme, du
VIH/SIDA et des maladies hydriques, le taux de déperdition scolaire
élève et la dépravation des moeurs et abus de toutes
sortes » ClobertTchatat25(*). Que retenir donc da la participation politique dans
les bidonvilles ?
1 .2.3. Travaux relatifs à la participation
politique dans les bidonvilles
Une mission menée par le service de lutte de Bruxelles
sur la participation politique et le plan d'action nationale d'inclusion
sociale, nous permet d'avoir une autre approche de la participation car leur
population cible était les associations de pauvres. Selon leur compte
rendu, les associations s'impliquent pour quatre raisons :
- Pour de changements sociaux pouvant être favorables
aux pauvres ;
- Ces personnes en s'impliquant dans la vie sociale et
politique retrouvent force et perspective de vie ;
- Cela permet qu'il n'y ait pas un écart entre leurs
besoins réels et les politiques élaborées ;
- Elle permet une évaluation précise des
politiques mises en application.
Il en ressort donc que pour elle, la participation politique
renvoie à toute forme de contact entre la population concernée,
les autorités et les instances politiques.
Ainsi, pour qu'il y ait participation, il faut que :
- Les instances politiques considèrent la
spécification des associations ;
- Les associations disposent des moyens
nécessaires ;
- Un accord entre ceux qui prennent part :
- De la disponibilité
- Une formation de ceux qui prennent part ;
- Il y ait une sensibilisation de la
société ;
- Il ait une approche selon les niveaux de pouvoir
Gilles Seraphin26(*)(2000) en recherchant le rapport entre la population
avec les différentes formes d'autorité et ses revendication
politiques sociales et économiques, laisse entendre que pour les
démunis, c'est subir la politique avec comme possibilité
« supporter ». Même si ces derniers refusent
également, ils s'expriment en ces termes ; « on va
faire comment », « on supporte
non ? »
Raymonshudon27(*)(2008), poirier et S. Yates dans un article collectif
relève que l'abstention aux élections et la réticence des
individus à l'égard de la politique expriment que la
participation politique ne se résume pas à la participation
électorale3.
Daniel Armah-Attoh28(*)(2006) dans ses études sur la participation
politique au Ghana, s'appuie sur la définition que donne Jan Theorell
(1903-1982) et AL à la participation politique (comme étant ce
qui permet aux citoyens d'exprimer leurs doléances par le biais de
nombreux moyens et de se faire entendre par ceux qui sont en position
d'autorité) , et relève que les différents moyens par
lesquels les citoyens s'impliquent sont : le vote, les lettres
adressés aux élus, les campagnes en faveur d'un parti politique,
la signature d'une pétition et la participation à une marche de
protestation ; bref toute activité qui influence directement ou
indirectement le processus de prise de décision.
Achille Mbembe (1988), pour sa part a mené une
réflexion sur le politique par temps de disette29(*), et relève que les
obstacles à l'éclosion d'une citoyenneté individualiste
qui est la base d'une culture démocratique sont : les
préjugés ethniques, le faible niveau de scolarité et les
contraintes politiques internes ou liées à l'environnement
international. Il laisse également entendre que :
« L'option dite
« Démocratique » ne sera viable qu'après
qu'ait été atteint et dépassé un certain seuil de
revenus par tête d'habitants et un niveau de vie qui seuls, la rendent
viable »30(*)
Faute de quoi, selon lui les africains ne prioriseront que la
satisfaction des exigences matérielles et alimentaires sur d'autres par
conséquent, ce sont les attentes matérielles (l'attente du
manger) qui orientent les représentations, nourrissent les rêves,
déterminent les attitudes et les gestes, induisent les choix
symboliques, et donnent lieu à la construction des idiomes politiques.
31(*)
Soutenant sa thèse selon laquelle la
participation ne renforce pas la démocratie, mais peut au contraire
restreindre les champs de la représentation, il fait l'opposition entre
la théorie des participationnistes et celle des élites. Il cite
Mendes, participationniste qui affirme que :
« La démocratie ne consiste pas à
mettre périodiquement un bulletin de vote dans une urne, à
déléguer les pouvoirs à un ou à plusieurs
élus, puis à se désintéresser, s'abstenir, se
taire, pendant cinq(5) ans, pendant sept(7) ans. Elle est action continuelle du
citoyen, non seulement sur les affaires de l'État, mais sur celles de la
région, de la commune [...] La démocratie n'est efficace que si
elle existe partout et en tout temps. Le citoyen est un homme qui ne laisse pas
à d'autres le soin de décider de son sort. Il n'y a pas de
démocratie si le peuple n'est pas constitué de véritables
citoyens, agissant constamment en tant que tel » et Michel
Debré déclarant...
Relativement à la participation dans la
démocratie représentative, il souligne que :
« ...si une société opte pour la
démocratie représentative, elle ne peut pas étendre
indéfiniment la participation de tous aux décisions
elles-mêmes (aux autres décisions que celles de choisir ceux qui
décident à la place des autres) sans affecter le mécanisme
et l'importance des décideurs »
Comme pour dire que la démocratie
représentative et la démocratie participative sont
complémentaires jusqu'à un certain niveau, au delà duquel
il faudra privilégier soit le choix des décideurs ou le choix des
décisions.
Cet auteur est évoqué ici pour
présenter la conception de la démocratie selon les
participationnistes et les élites ; car c'est quelque peu cette
situation qui se vit dans les bidonvilles, surtout la conception des
élitistes. Cependant la critique qui peut être faite est que la
démocratie qu'elle soit directe ou représentative s'enrichit de
la participation des citoyens à la vie politique.
UN-Habitat32(*) après certaines de ses études sur les
bidonvilles souligne que même si les habitants des taudis ont le droit de
vote, ils n'auront qu'une faible influence politique, si les taudis et les
établissements dans lesquels ils vivent sont de petites tailles et
dispersés. Selon eux, les taudis sont aussi l'expression de l'exclusion
politique car une part toujours croissante de leur habitant pouvant atteindre
75% a moins de 25 ans et n'a pas que peu de voix au chapitre qui les concerne.
Dans leur étude, elle a retenue quelques
axes : le rôle de l'identité des castes et des partis
politiques dans la participation politique des habitants des bidonvilles de
Delhi. Dans le cadre de l'Afrique, en Avril 2006 au Kenya, elle s'est
proposé d'examiner la réalisation des objectifs du
millénaire pour le développement en Afrique et les
stratégies visant à satisfaire l'engagement pris au sujet des
taudis. Il s'est manifesté une volonté politique accrue de faire
face aux problèmes des taudis les organisations des partis politiques
dans les bidonvilles ainsi que les formes et les moyens de la participation des
habitants des bidonvilles, concernant leur accès au ressources urbaines,
publiques et privées. Le travail implique de reconstituer les
chaînes causales et de relier des acteurs politiques distants (par
exemple une institution internationales et les habitants d'un bidonville) et
de montrer en quoi leurs choix politiques sont responsables de l'exclusion
d'autres qu'ils s'agissent des populations urbaines pauvres, des peuples
indigènes, des femmes, des personnes.
Comme critique, UN- Habitat est dans une approche macro
car parlant ici des relations entre le gouvernement central et les taudis,
ainsi qu'avec les institutions internationales, alors que s'agissant de cette
participation politique dans ces taudis, il faut aussi intégrer une
approche micro, car avec la décentralisation, le problème peut
aussi venir des habitants de ces quartiers.
Jérôme Lafargue33(*)(1996) dans ses travaux sur la
sociologie de la protestation en Afrique relève que dans les
bidonvilles, La conscience des intérêts communs est souvent
brisée par l'autonomisation des stratégies individuelles et par
la dépendance. Aussi, les pauvres n'agissent pas souvent de façon
unie et cohérente, car leur pauvreté aux causes multiples
entravent l'esprit de mobilisation.
Grâce aux travaux du sociologue Louis Favreau,
nous avons le cas d'un bidonville qui est devenu une municipalité avec
la participation des habitants. Ce qui nous intéresse ici c'est comment
est que villa el Salvador a amené ses habitants à participer.
L'auteur fait ressortir ici que cela a
été possible grâce aux membres d'un réseau des
groupes de femmes et d'une structure administrative démocratique des
associations de quartier, qui a des représentants dans chaque bloc
d'habitations. Bref par une concertation pour définir ensemble les
priorités de leur quartier, ils ont procédé par une
approche de proximité fait par les jeunes du quartier.
Compte tenu du fait que la signification que l'on
accorde aux bidonvilles varie en fonction des pays, des zones ou des
régions, et que la participation politique dépend des
systèmes et des régimes politiques existants, l'analyse de ce
phénomène sera fait dans le sens du fait socialtotal de Marcel
Mauss (1968) qui le conçoit comme :
« Les faits que nous avons étudiés
sont tous, qu'on nous permette, des faits totaux ou, si l'on veut- mais nous
aimons moins le mot- généraux : c'est-à-dire qu'ils
mettent en branle dans certains cas la totalité de la
société et des institutions et d'autres cas seulement un
très grand nombre d'institutions, en particulier lorsque ces
échanges et ces contrats concernent plutôt des
individus »34(*)
Nous adopterons cet angle de vue, afin de saisir comment la
participation politique dans les bidonvilles se présente dans le
contexte camerounais.
A l'issue de ce chapitre, nous avons ressorti le paradoxe de
ce sujet et recensé les travaux y relatifs. Dès lors, il est
indispensable définir comment nous allons procéder pour
appréhender ce phénomène.
CHAPITRE DEUXIEME :
CADRE THEORIQUE ET ELABORATION DE LA METHODE DE
RECHERCHE
La science se caractérise par un objet d'étude
et une méthode. Ainsi, on ne peut mener une recherche sans
méthodologie, car elle représente un guide de recherche nous
permettant de collecter les données qui seront nécessaires pour
l'analyse. C'est pour cela que dans ce chapitre, nous ressortirons les champs
sociologiques mobilisés, les théories utilisées, les
hypothèses et la méthodologie sollicitée.
2-1- CHAMPS SOCIOLOGIQUES MOBILISES, THEORIES UTULISEES
ET HYPOTHESES
2-1-1- Champs sociologiques mobilisés
Dans le cadre de notre travail, nous nous situons d'abord
dans le champ de la sociologie politique. Qui est l'utilisation des principes
sociologiques pour l'étude des faits politiques, c'est-à-dire des
faits en relation avec la notion de pouvoir. Autrement dit, la sociologie
politique se pose la question de savoir à qui appartient le pouvoir et
qui le gère. Le pouvoir entendu ici comme étant la
capacité de faire triompher sa volonté dans une relation sociale
selon Max Weber 35(*)(1919). Aussi, c'est la capacité d'obliger tous
les membres à se soumettre à des lois et à respecter un
certain nombre de politiques internes au sens de Guy Bajoit36(*)(2004). Dans une approche
conflictuelle il renvoie à la capacité pour une classe sociale
à atteindre ses objectifs.
En plus de la sociologie politique, nous sommes dans une
sociologie du « monde d'en bas ». En effet, nous
travaillons sur les bidonvilles, considérés comme desmilieux des
petits gens, des « en bas d'en bas », des
« laissés-pour-compte », des « gens sans
importance ». Aussi les milieux de débrouillardise, de
bricolage utilisé par ces derniers pour résoudre leurs
problèmes quotidiens de vie et de survie.37(*)
2-1-2- Théories mobilisées
Selon Gingras38(*)(1993) :
« La théorie est un ensemble de
propositions logiquement reliées, encadrant un plus ou moins grand
nombre de faits observés et formant un réseau de
généralisation dont on peut dériver des explications pour
un certain nombre de phénomènes sociaux ».
Comme pour dire que la théorie est la partie
langagière de la science, qui a pour but de soutenir des explications
susceptibles de rendre compte de n'importe quel phénomène social
en écartant d'emblée les explications courantes39(*). Ainsi, afin de mieux
appréhender ces réalités, nous avons opté pour
trois théories, à savoir :
2-1-2-1-La théorie de la participation
La participation désigne des
procédures, démarches ou tentatives de donner un rôle aux
individus dans une prise de décision affectant une communauté.
Ce qui caractérise cette théorie de la participation c'est le
passage d'un potentiel à un acte, indépendamment du succès
obtenu, il ne s'agit dont pas d'évaluer l'action en terme de lien
résultats/buts (efficacité) ou résultats/efforts
(efficience), mais en terme de lien efforts /potentiels .elle s'appuie sur une
double hypothèse :
· En amont, plus on est motivé, plus on
participe.
· En aval, plus on participe, plus on obtient les
résultats satisfaisant.
La consultante Américaine Sherry A. Arnstein dans son
ouvrage A ladder of cidizenparticipation, en 1969, ressort
huit niveaux de participation des citoyens au projet les concernant. Cette
échelle est toujours utilisée par les sociologues pour analyser
la manière dont les pouvoir publics informent voire, font participer le
citoyens aux prises de décisions.
· Le premier niveau est celui du contrôle
citoyen : il s'agit ici qu'une communauté locale gère d'une
manière autonome un équipement ou un quartier.
· Le deuxième c'est celui de la
délégation du pouvoir : ici, le pouvoir central
délègue à la communauté locale le pouvoir de
décider d'un programme et de le réaliser
· Le troisième c'est celui du partenariat :
la prise de décision se fait à travers une négociation
entre les pouvoirs publics et les citoyens.
· Le quatrième renvoie à la
conciliation : quelques habitants sont admis dans les organes de
décision et peuvent avoir une influence sur la réalisation du
projet.
· Le cinquième niveau est celui de la
consultation : des enquêtes ou des réunions publiques
permettent aux habitants d'exprimer leur opinion sur les changements
prévus
· Au sixième niveau, il est question
d'information : ici, les citoyens reçoivent une vraie information
sur les projets en cours, mais ne peuvent donner leur avis
· Au septième, il s'agit de la thérapie ou
traitement des problèmes rencontrés par les habitants, sans
aborder les vrais enjeux.
· Enfin, le huitième niveau renvoie à la
manipulation. Ici, l'information est biaisée et utilisée pour
« éduquer » les citoyens en leur donnant l'illusion
qu'ils sont impliqués dans le processus.
Son utilisation réside ici dans le fait qu'elle nous
permettra d'analyser la manière dont les pouvoirs publics informent,
voire font participer les citoyens aux prises de décisions. Aussi
d'analyser le degré de participation pour voir s'il y'a un pouvoir
effectif des populations, ou alors une coopération symbolique, ou tout
simplement pas de participation des populations dans ces quartiers.
Mais cette théorie est beaucoup plus utilisée
dans la sociologie du développement, c'est pour cela que nous ferons
juste une transposition sans l'appliquer dans tous ses paramètres,
puisque nous somme dans le domaine politique. Aussi, cette théorie ne
pourrait pas nous permettre de comprendre ou alors de saisir les rapports de
sens, les significations que les habitants des bidonvilles donnent à
leur implication insuffisante. D'où la mobilisation d'une
deuxième théorie : celle du « cens
caché » de la participation de Daniel Gaxie (1978).
2-1-2-2- La théorie du « cens
caché » de la participation de D. Gaxie
Cette théorie est développée par D.
Gaxie en 1978 dans son ouvrage leCens caché. Elle
stipule que : dans un régime censitaire, la participation au vote
est subordonnée soit à la détention d'un patrimoine, soit
à la perception d'un revenu. Les régimes démocratiques
contemporains reposent par contre sur le suffrage universel. Or, pour D. Gaxie,
qui s'inspire des travaux de P. Bourdieu (2000), il existe un « cens
caché ». Selon lui, la démocratie suppose que le citoyen
possède une capacité à apprécier les enjeux et la
symbolique du champ politique. Or cette capacité n'est pas donnée
à tous dans les mêmes proportions. Il y a un inégal
accès à la compréhension de la « chose publique
» qui dépend, en définitive, d'un habitus de classe. Dans un
système démocratique, cette inégalité Conduit
à une division entre d'une part, les professionnels de la politique et,
d'autre part, les spectateurs et les indifférents, doublement
marqués par une faible maîtrise des schémas de
classification et d'évaluation en rapport avec l'organisation publique
et par une capacité réduite d'appréciation de la
compétence politique.
De cette théorie, il ressort que l'abstentionnisme et
sa permanence sont le résultat d'une tendance liée à
l'inégale distribution du capital culturel dans les
sociétés occidentales.
Son importance ici réside dans le fait qu'elle peut
nous permettre de comprendre le sens ou la signification qui se cache
derrière la participation ou la non-participation dans la gestion de la
cité des habitants de « bidonvilles ». Nous
l'utiliserons dans ces milieux en cherchant à toucher du doigt les
connaissances que ces habitants ont concernant la gestion de la chose publique
et des rapports entre gouvernants et gouvernés. En mettant
également l'accent sur le genre, en tant que notion qui renvoie au sexe
masculin ou au sexe féminin. Puisque dans la société
africaine en général et au Cameroun en particulier, la femme n'a
pas le même statut que l'homme. En effet, elle constitue une
catégorie sociale marginalisée qui subit les effets
cumulés de la discrimination de genre de la société
traditionnelle africaine, comme le relève Stella Nana-Fabu40(*).In addition,
shesaysthat :
«Her economic role played a crucial part in
determining her overall status in society»41(*)
Ce qui signifie que le désavantage qu'elles ont dans la
sphère économique est le même dans le domaine politique.
C'est donc pour ces raisons que cette théorie nous amènera
à jauger leur culture politique qui passe par la socialisation politique
afin de mieux cerner la conception que ces habitants ont de la chose
publique.
Cependant, cette autre théorie ne permet que d'avoir
une approche compréhensive de ce phénomène. Or nous
voulons avoir une approche du« fait social total » de cette
réalité.Aussi, nous envisageons voir la place des
déterminants sociaux dans une approche explicative de ce
phénomène. Ce qui nous amène à utiliser le
déterminisme social d'Emile Durkheim (1897).
2-1-2-3- Le déterminisme social
Cette théorie est développée par Emile
Durkheim dans son ouvrage le Suicide (1897). Il oriente cette
théorie dans le sens qu'il voulait qu'on considère les faits
sociaux comme des choses en les étudiants d'un point de vue
extérieur, pour que leur explication émane de l'observation de
ces dernières. Ainsi, le déterminisme social est un courant de
pensée qui consiste à montrer que les faits apparemment
isolés et atomisés s'insèrent dans une logique qui
valorise les déterminants sociaux.
Cette théorie permettra de voir si le degré de
participation politique dans ces lieux n'est pas conditionné par les
déterminants sociaux tels ; le niveau d'étude, le niveau de
revenu, les catégories sociaux professionnelles etc.
2-1-3- Hypothèses
La construction des hypothèses est une étape
essentielle de toute recherche, puisqu'elles mettent en relief les relations
que le chercheur vérifiera la justesse dans la partie empirique du
travail. Dès lors, l'hypothèse est une proposition de
réponse à une question de recherche.
Dans le cadre de notre recherche, nous pouvons avoir comme
hypothèses avec pour objet d'étude ou variable dépendante
la participation politique ou le degré de participation politique.
Notre hypothèse générale s'articule
comme suit : l'implication politique des habitants des bidonvilles est
relative à la compétence politique qu'ils recèlent et aux
déterminants sociaux.
1) Plus les habitants des bidonvilles sont motivés plus
ils participent aux projets politiques de leurs quartiers
2) Le degré de participation de ces habitants est
fonction de la compétence politique qu'ils recèlent
3) Le degré d'implication de la population est relatif
à la capacité pour les pouvoir publics à inclure chacun
à travers la concertation.
4) Le degré de participation des bidonvilles
dépend de leur niveau d'étude.
5) Le degré de participation des habitants
dépend de leur capital économique
2-1-4-Définition des concepts
Dans cette recherche, les concepts majeurs sont ceux de
participation politique et de bidonville, qu'il est important, voire même
primordial de définir et d'opérationnaliser.
2-1-4-1- La participation politique
« La politique c'est l'art de gérer la
cité » au sens d'Aristote (330 avant Jésus Christ).
Participer c'est mettre en oeuvre ses ressources personnelles pour agir avec
les autres et prendre part à une action commune. Ce qui
caractérise la participation, c'est le passage d'un potentiel à
un acte indépendamment du succès obtenu. Il ne s'agit donc pas
d'évaluer l'action en terme de liens résultats/buts
(efficacité) ou résultats/efforts (efficience), mais en termes de
lien efforts/ potentiels.
Par participation, on entend selon B. Denni et
P.Lecomte42(*) :
« l'ensemble des activités par lesquelles
les citoyens sont habilités à entrer en contact avec l'univers
sacré du pouvoir toujours de façon superficielle ou
éphémère et en respectant certaines contraintes
rituelles »
Pour Jacques T. Godbout43(*)(1991), la participation politique renvoie à
l'identification ou toutes manifestations des citoyens
« ordinaires », de ceux qui n'ont pas le pouvoir.
Selon Philippe Braud dans sociologie du politique (2008) la
participation politique renvoie à :
« L'ensemble des activités, individuelles
ou collectives, susceptibles de donner aux gouvernés une influence sur
le fonctionnement du système politique »44(*)
De ces définitions, il ressort que la participation
politique renvoie à une implication de tous les citoyens (ceux
étant au pouvoir et ceux ordinaires) dans la gestion de la cité.
Elle a pour but d'agir plus ou moins directement, sur la sélection du
personnel politique et /ou sur les actions qu'il entreprend.
Avant d'opérationnaliser ce concept, il est important
de souligner que les formes de participation politique varient selon les
systèmes de valeurs et les régimes politiques existants. Ainsi,
l'opérationnalisation de ce concept laisse ressortir comme
dimension ; la participation conventionnelle avec comme indicateurs.
v La participation électorale revoyant à
l'exercice du droit de vote
v La participation partisane renvoyant aux relations avec les
partis politiques ou élus aux campagnes électorales,
adhésions partisanes, activités militantes
v Par extension,Nonna Mayer45(*)évoque qu'elle peut également renvoyer
à l'intérêt porté à la vie politique par
l'écoute des émissions politiques, lecture de la presse.
Et la participation non conventionnelle ou protestataire avec
comme indicateurs :
v Manifestations légales telles signer une
pétition, manifester et faire la grève
v Manifestation violente : dégradation des
bâtiments, séquestration, destruction des documents, affrontements
physiques
v Action individuelle, collective (grève de la faim ou
mobilisation de groupes)
Bref, la participation politique ne peut se concevoir en
dehors de la notion de citoyenneté.
2-1-4-2- Les bidonvilles
Afin de définir ce concept, il faut remonter à
ses origines : selon François Aballea : « ce terme
est née au Maghreb dans les zones portuaires de Casablanca au temps des
splendeurs coloniales » et adopté pour signifier l'habitat
précaire et insalubre. Ce terme selon R. Descloitre, apparaît pour
la première fois sous la plume d'A. Berque en 1936. Ce concept prend
d'autres noms dans d'autres pays relativement à leur langue et signifie
autres choses.Par exemple l'anglais parle de « slums »
(taudis), « shantytowns » (villes déchets),
« squatter settlements et substandardsettlements »
(établissements d'occupants illégaux et établissements ne
répondant pas aux normes) ; le Brésil parle de Favelas.Dans
la langue française le terme bidonville est utilisé pour
signifier des établissements irréguliers illicites,
sous-intégrés, marginaux, incontrôlés,
spontanés, non planifiés, clandestins, anarchiques.
Pour Farouk Benatia46(*), le bidonville est :
« ce quartier isolé, aux abords de la
grande ville établi sur un terrain choisi pour sa discrétion et
non pour ses avantages urbanistes, composés d'habitations
précaires ou barack de planches de tôles, démuni d'eau
courante, d'électricité, de gaz de ville, d'égouts, de
routes goudronnées, et échappant en quelques sortes à la
gestion municipales ».
Cette définition évoque ici la position
géographique, la nature de construction, lesmatériaux de
construction, l'accès aux services de base ou infrastructures de base.
Cependant, elle n'est pas exhaustive et n'épuise pas la
réalité urbaine du bidonville selon Belaadi Brahim.
Jean Marc Ela47(*), en étudiant la ville en Afrique noire a
abordé le concept de bidonville. Pour lui, il est la résultante
de la manière donc a été pensée la ville en Afrique
noire, le phénomène de migration qui repose sur les facteurs
attractifs de la ville. Mus par le mirage urbain, ces individus se
déplacent massivement vers les villes, accroissant ainsi la population
urbaine qui n'est plus en adéquation avec les infrastructures, les
ressources de ce nouveau milieu et l'offre d'emploi ; quand bien
même certains en ont, le revenu n'est pas de nature à leur
permettre de supporter le mode de vie urbain. C'est ainsi que ces derniers
s'entassent dans les bas-quartiers, quartiers pour petits peuples, les
bidonvilles où l'urbanisme fait défaut, quartiers pour
travailleurs sous-payés ou à faible revenu, où se vivent
la misère, l'insalubrité, une forte pression
démographique, l'insécurité, l'impraticabilité des
routes en saison pluvieuse. L'auteur laisse également entendre que ce
sont des zones « où les hommes sans espoir n'ont pour
évasion que les débits de boissons » ; zones de
prostitution, des inégalités, d'habitats spontanés,
d'accès insuffisant à l'eau, inondation. « Les formes
d'habitation traduisent les niveaux de différenciation
sociale »48(*)
MotazeAkam49(*)(1991) en s'appuyant sur les travaux de Jean Marc Ela,
conçoit les bidonvilles comme les lieux des travailleurs
sous-payés d'entassement des milliers de jeunes qui ont fait de la
migration urbaine leur stratégie de survie, de la misère urbaine.
Se caractérisant par des cagibis en tôle rouillé, l'habitat
traditionnel, la poubellisation, les contraintes d'eau potable,
d'énergie électrique, les encombrements humains dans les rues,
les chambres où s'observe la promiscuité la cherté de la
vie, la famine, les inégalités et injustices sociales.
René50(*) Dumont à son niveau aborde le concept de
bidonville en ces termes :
« Les plus démunies, en ville sont
à tel point privés de ressources que quoique l'on fasse, pour
essayer de construire des logements économiques, leur pris de revient
les rendra pour eux inaccessibles. Ils peuvent bien sûr-ils le font
chaque jour-se bâtir eux-mêmes des logements
« spontanés » grâce aux ressources
locales.»
Ainsi, à son sens, ce qui justifie le nom de
bidonvilles ce sont : les ruelles fort étroites qui descendent vers
ce marais sont déjà en saison sèche51(*) plein de boue, il n'ya pas
d'égouts, ni de latrines.
Les bidonvilles, habitats des populations à faibles
revenus pour Philippe Bissek52(*) renvoient à la conséquence classique de
l'exode rural, échappant par conséquence au contrôle des
pouvoirs publics ; ont pour corollaires partout où ils se
manifestent, taudification, insalubrité et promiscuité. Les
bidonvilles constituent la réponse à un problème
identique : accueillir et abriter les populations à faibles revenus
ou sans revenu du tout ; on y retrouve toutes les formes de construction
(tentes, maçonneries, poteries, embarcation panneaux de bois, prise,
poto-poto, qui font appel à la récupération et ils
trouvent leur assise presque toujours dans les zones impropres à la
construction `marécages, escarpement...)
Au Cameroun,à l'occasion d'un atelier sous
régional de la méthodologie du (programmeparticipatif
d'amélioration des bidonvilles), le ministre du développement
urbain et de l'habitat laissait entendre que les bidonvilles sont
caractérisés pas la promiscuité, l'habitat fait en
matériaux provisoires et l'accès difficiles aux
maisons.De plus, ce sont les milieux où sévissent les
problèmes de toute sorte. Notamment la très forte
prévalence du paludisme, du VIH/SIDA et des maladies hydriques, le taux
de déperdition scolaire élevé, la dépravation des
moeurs et abus de toutes sortes (ClobertTchatat53(*)). En guise
d'opérationnalisation de ce concept, nous avons comme indications de
bidonvilles :
v Quartiers situés parfois aux abords des villes et
parfois à l'intérieur
v Composés d'habitations précaires et
insalubres, construites d'une façon anarchique pas des matériaux
divers
v non- reliés aux installations municipales ou alors
n'ayant pas un accès suffisant aux infrastructures de base telles :
les égouts, le gaz, eau courante, l'électricité, route
construites...
v Habités pas des individus de conditions inferieures
et déclassés dans la hiérarchie sociale.
2-2- ELABORATION DE LA METHODOLOGIE DE RECHERCHE
2.2.1. La méthode de recherche
L'utilisation d'une méthode de recherche mixte est
définie par Karsenti et Savoie-zajc (2000)54(*), comme une approche
pragmatique de la recherche dans laquelle les données qualitatives sont
jumelées à des données quantitatives afin d'enrichir la
méthodologie et éventuellement les résultats de recherche.
C'est pourquoi pour une appréhension à la fois micro et macro,
l'option a été portée vers :une méthode
quali-quantitative permettant ainsi de comprendre et d'expliquer le
phénomène. L'explication permettra d'appréhender la
participation politique dans les bidonvilles en termes de déterminisme
ou de conditionnement ; tout en recherchant au sens de Durkheim (1897)la
cause effective, en privilégiant ainsi l'approche des données
quantitatives avec un accent mis sur les corrélations et les variables
explicatives. La compréhension permettra non pas d'établir un
lien de causalité, mais de comprendre la signification, qui y est
associée à travers une méthodologie de
l'interprétation aux sens de Max Weber (1919).
La compréhension permettra d'appréhender la
conception que les habitants des bidonvilles ont de la politique et de la
participation politique, ainsi que les raisons de leur implication insuffisante
à la chose publique.
Tandis que l'explication nous aidera à saisir les
formes et degrés de participation et les causes de leur implication
insuffisante.
Nous concilierons ces deux approches en partant d'abord du
sens que les habitants de bidonvilles donnent à la participation
politique, vers ce qui conditionne socialement leur investissement dans la
chose publique
2.2.2. LA logique de recherche
Notre méthode étant quali-quantitative, notre
logique est inductive et déductive, allant à la fois du
particulier au général et du général au
particulier.
Ainsi, à travers l'induction, l'on veut partir des
représentations que les habitants se font de la participation politique
pour tirer des lois sur ce qui les motive ou les démotive ou sur des cas
ou des expérimentations pour tirer des conclusions.
Par la logique déductive, l'on entend s'appuyer sur un
nombre important des habitants de ce quartier bidonvilles pour pouvoir tirer
des lois.
Nous entendons donc partir de micro situations des interviews
de personnes ressources pour saisir le sens et la signification qu'elles
donnent à la participation politique dans ces milieux et dégager
des lois également à partir d'un nombre représentatif
pour saisir le déterminisme dont fait l'objet la participation politique
des habitants de ces quartiers.
L'utilisation de deux logiques de recherche réside dans
le fait que, la politique est un domaine dont l'appréhension
dépend des milieux et de ses individus ou acteurs. Dans le cas
d'espèce, l'étudier dans les quartiers populeux, recommande
à notre sens que l'on saisisse d'abord la représentation qu'ils
ont de la chose (le vécu politique dans ces milieux), ensuite la
façon dont ils l'expriment concrètement et enfin l'influence du
social sur ces individus.
2.2.3. DELIMITATION DU SUJET ET DU TERRAIN DE LA
RECHERCHE
Notre sujet porte sur la participation politique, visant ici
à ressortir les formes, les degrés, les raisons et les causes de
ce degré de participation. Cependant, prétendre pouvoir
étudier tous les aspects relèverait du pur rêve. C'est ce
que soutient Lanshere (1988) :
« On ne pourra jamais tenir compte de tous les
aspects possibles dans une recherche. »55(*)
C'est donc fort de cela qu'une délimitation spatiale et
temporelle s'impose.
La participation politique est tout simplement l'expression
par les citoyens des comportements politiques, relativement aux
phénomènes en relation avec le pouvoir.Nous avons signifié
ci-dessus que nous envisageons ressortir les formes, les degrés, les
causes et raisons. En ce qui concerne les formes, l'accent sera mis sur les
conventionnelles et les non conventionnelles, mais en mettant de coté
celles liées à la violence physique (casses, grève,
destruction des biens...). Pour le degré, nous nous servirons de
l'aspect électoral, et surtout les élections
présidentielles de 2011 et les législatives et municipales de
2013 ; à cause de la difficulté d'accès aux
données des élections antérieures. Ce choix est
également dû au fait que cette étude a été
menée entre 2011 et 2014. Et tout ceci en rapport avec les
bidonvilles.
Comme milieu d'étude, notre option a été
portée sur la ville de douala, puisque c'est la destination principale
des migrants ruraux en quête de l'eldorado. Par conséquent, c'est
la ville qui connait le plus de quartiers qui réunissent les
critères des bidonvilles. Ainsi, parmi ces quartiers, nous avons
opté pour : NEW-TOWN AEROPORT III et NEW-BELL NGANGUE. Ceci parce
que ce sont des quartiers situés dans les zones stratégiques de
la ville de douala et qui sont caractérisés par leur
antécédent politique. Que dire donc de ces deux
quartiers ?
2.2.3.1. Presentation de New-Town Aéroport
Situé à quelques encablures de
l'Aéroport International de Douala, il serait né en 1986, du
moins par l'occupation des populations, mais il est reconnu en 1994 par le
préfet Bernard Atebede. Il avait comme nom : Bonadiwoto, Soweto, ou
encore Non-glacé. Depart son vaste territoire et à l'issue d'une
concertation avec les anciens, New-Town est divisé d'abord en trois (03)
quartiers et en suite en cinq(05) quartiers jusqu'aujourd'hui qui sont
répartis à la fois dans les arrondissements de Douala
IIème et Douala IIIème.
Sur le plan sociopolitique, ce bidonville à une
population approximative de 8000 habitants, provenant de New-Bell, Akwaet se
caractérise par une population mosaïque, car on y retrouve presque
toutes les tribus, ethnies, à l'instar de : bassa,
bamiléké, béti, boulu, Ewondo, Pygmées, Douala,
Haoussa, Bafia, Mbo'o, Bamoun, Toupouri, Ethon, NangaEboko, Bakweri,
Manfé, Maya, Fompéa, Tikar, les Massa, mais aussi les
étrangers(Sénégalais, Congolais, Nigérians,
Centrafricains, Marocains, Tchadiens, Maliens pour ne citer que
ceux-là). Ce quartier est sous l'égide de la mairie de Douala
IIème et sous l'autorité de la sous-préfecture de douala
IIème,qui a comme auxiliaire les chefferies de quartier, qui comportent
également 10 chefs de blocs.
Sur le plan économique, ce quartier abrite le
« marche non-glacé » qui permet le ravitaillement,
de ce vaste quartier ainsi que quelques quartiers environnants. De plus, son
positionnent à l'entrée de la ville de douala fait de lui un
endroit privilégié pour le transport.
Dans notre recherche, nous travaillerons à New-Town
III qui est dans douala IIème.
2.2.3.2. Présentation de New-Bell
Le Quartier de New Bell est un autre quartier historique de
Douala. En effet, le quartier « Neu Bell » (écriture
allemande), historiquement est un no man's land imposé jadis au clan
Bell par l'occupant allemand, des suites de leur expropriation du plateau Joss
en 1913. Expropriation qui s'explique par une tolérance moindre de la
proximité des habitations européennes et africaines. Pour ce
faire ; vers 1910, on s'est mis à découvrir des
inconvénients à cette proximité.A la veille du
départ des allemands, l'agglomération Duala se subdivise en six
quartiers : Bali, Joss, Akwa, Bonabéri, Deido et Neubell.
L'occupant allemand s'étant retiré en 1916, et suite aux
négociations du clan Bell d'avec le nouvel occupant français,
Bali deviendra le nouveau lieu de fixation des bellois. En 1925, un plan
directeur d'd'urbanisme portant extension des quartiers européens et
réorganisation des quartiers africains exclut New-Bell du
périmètre urbain.
Sur le plan socioculturel, New-Bell à la fin de la
première guerre mondiale est donc une terre essentiellement
occupée par les allogènes camerounais (haoussas et
bamilékés) venus vers la cote en quête d'un
mieux-être dans l'entre-deux guerre et une forte colonie ouest africaine
(Nigeria, Gold Coast, Dahomey, Togo). La ville de Douala se divisée
géographiquement en trois pole : le pole administratifs tenu par
les administrateurs coloniaux (Joss) ; le pole des autochtones,
assimilés comme classe intermédiaire (Bali, Bonabéri,
Akwa, Deido) ; et le pole des allogènes (New-Bell). Exclu du
périmètre urbain de la ville de Douala en 1925,cela est dû
au fait que New-Bell était considéré comme un bien
collectif du clan Bell. Ce bannissement fera que la « ville des
étrangers » se développera sans aide et hors de tout
contrôle. Du fait de cette catégorisation en statut
inférieur à lui donnée, New-Bell se développera
à travers ce brassage culturel. Une communauté nouvelle verra le
jour à travers une unité linguistique : le pidgin qui est
même substitué aux langues maternelles dans certaines familles. Ce
statut inférieur va également leur faire valoir les
étiquettes de « sauvages » et de
« barbares ». Ainsi se répandirent des slogans
politiques révolutionnaires et contestataires les plus dangereux au
système colonial en place. Plus récemment, pendant la
période des « villes mortes » (mouvement de
désobéissance civile initié au début des
années 90 en guise de revendication à d'avantage de
démocratie au Cameroun), New-Bell fut un foyer de tension
irrésistible contre le régime en place. Aujourd'hui, ces
qualificatifs n'ont guère changé.56(*)
Sur le plan économique, la ville de Douala
étant devenue importante en 1970, New-Bell devient un véritable
pole attractif sur le plan économique. Aujourd'hui, il abrite la
plupart des grands marchés de la ville de Douala. En fait, il
s'agit : du marché central, du marché de la gare de
New-Bell, du marché Congo, du marché Nkololoun, du marché
des chèvres et du marché des femmes
Bref, il s'agit d'une vaste zone située à la
sortie de la ville de Douala sur l'axe-lourd Douala-Yaoundé regroupant
plusieurs quartiers tels que :Ngangue, Mbamewondo, Mbamileke Haoussa,
Service Social, Gare, Funkel, Youpwe, Congo , Makea, Yabassi, Kassala,
Ngonsoa, Mboppi, Cimetiere, Babilon T-S-F, Bassa, Bandjoun, Nkolmintag,
Tractafic, Nouveau terrain, kololoun, et KM 5. Pour notre recherche, nous
travaillerons dans New-Bell Ngangue.
2-2-4- ECHANTILLONNAGE
L'échantillonnage est le processus à travers
lequel on choisit les individus qui vont faire partie de l'échantillon.
Ce processus s'étale de la définition de la population
d'étude à la sélection de l'échantillon en passant
par la sélection d'un cadre d'échantillonnage, la
définition des unités d'échantillonnage, le choix d'une
méthode d'échantillonnage et la détermination de la taille
de l'échantillon.57(*)
Dans le cadre de notre étude, nous travaillerons avec
les habitants âgés de 20 ans et plus, de ces deux quartiers, sans
aucune distinction en ce qui concernera l'administration du questionnaire. Mais
pour les entrevues, nous travaillerons avec la mairie, la
sous-préfecture, le chef d'antenne ELECAM de douala IIème, les
chefs des deux quartiers ; c'est également à ce niveau que
nous avons tenu compte des catégories sociales et de certaines
variables. Ainsi, pour compléter notre population nous allons travailler
avec les militants de partis politiques, les étudiants, les jeunes, les
adultes, les plus âgés, les femmes, les hommes et les adeptes de
différentesobédiences religieuses. Aussi nous avons
travaillé avec les préadolescents (âgés entre 16 et
18 ans) sur la socialisation politique, en s'inspirant d'Annick Percheron.
Pour ce qui est du cadre et des unités
d'échantillonnage, nous avons eu à faire aux individus pris et
triés dans la population.
Au niveau de la méthode d'échantillonnage, au
regard de notre méthode quali-quantitative, nous avons d'abord
opté pour un échantillonnage non probabiliste ; plus
précisément selon le jugement et par quota afin d'inclure
certaines variables telles que le sexe, l'âge et autres. Ensuite nous
avons choisi un échantillonnage probabiliste et
précisément aléatoire simple, mais réparti en
fonction des quartiers.
Dès lors, la taille de notre échantillon est de
300 individus, soit 250 individus pour l'administration du questionnaire et
soit 50 individus interviewés pour le guide entretien (25 individus par
quartiers) ; avec :
- 02 étudiants par quartier ;
- 02 militants de partis politique par quartier ;
- 02 hommes et 02 femmes par quartier ;
- 02 préadolescents par quartier ;
- 01 musulman, catholique, protestant, de l'église
réveillée ;
- 02 jeunes par quartier ;
- 02 adultes par quartier ;
- 02 plus âgés par quartier ;
Le tout couronné par l'interview du secrétaire
de la mairie de douala IIème (par ailleurs militant dans le parti au
pouvoir), des chefs du quartier New -Town III et de New- BellNgangue, la
sous-préfecture, le chef d'antenne ELECAM douala IIème et
l'honorable Fopoussi (responsable communication SDF).
Quant' à l'administration du questionnaire, cela s'est
fait à hauteur de 125 par quartier, avec comme répartition que
nous avons obtenu par variables :
Tableau 1 : Répartition de
l'échantillon d'étude suivant le sexe et les
quartiers.
Sexe
Quartier
|
Hommes
|
Femmes
|
Total
|
New-bell
|
83
|
42
|
125
|
New-town
|
72
|
53
|
125
|
Total
|
155
|
95
|
250
|
Source : par nos soins
Tableau 2 :Répartition de
l'échantillon suivant l'âge et les quartiers
Age
Quartiers
|
20-30
|
30-40
|
40-50
|
50 et plus
|
Total
|
New-Bell
|
53
|
42
|
18
|
12
|
125
|
New-Town
|
44
|
43
|
24
|
14
|
125
|
Total
|
97
|
85
|
42
|
26
|
250
|
Source : par nos soins
Tableau 3 : Répartition de
l'échantillon suivant la situation matrimoniale et les
quartiers
Sit. Mat.
Quartiers
|
marié
|
célibataire
|
Veuf
|
Séparé
|
Divorcé
|
Total
|
New-bell
|
51
|
51
|
10
|
08
|
05
|
125
|
New-town
|
46
|
52
|
12
|
08
|
07
|
125
|
Total
|
97
|
103
|
22
|
16
|
12
|
250
|
Source : par nos soins
Tableau 4 : répartition de
l'échantillon suivant le niveau d'étude et les
quartiers
Nivo étude
Quartiers
|
Primaire
|
secondaire
|
Supérieur
|
Sans nivo
|
Total
|
New-bell
|
13
|
46
|
59
|
07
|
125
|
New-town
|
22
|
64
|
29
|
10
|
125
|
Total
|
35
|
110
|
88
|
17
|
250
|
Source : par nos soins
2-2-5- TECHNIQUES, OUTILS DE COLLECTE ET ANALYSE DES
DONNEES
Les techniques et les outils de collecte des données
renvoient aux différentes façons de recueillir les informations
qui seront utiles pour la recherche. Dans le cadre de notre travail, l'option
est portée sur l'entrevue de recherche s'accommodant du guide
d'entretien et sur le questionnaire.
Concernant l'entrevue :
« C'est tout simplement l'activité par
laquelle le chercheur recueille de l'information de vive voix auprès de
sujets qui relatent leur propre expérience ou témoignent des
faits qu'ils ont observés58(*). ».
Son utilisation ici réside dans le fait que nous
voulons toucher du doigt le sens, la signification, et le caractère
vécu de l'information. Notre entrevue est semi-structuré, car
nous ne voulons par nous cantonner aux questions du guide d'entretien et
rebondir sur la base des réponses de l'enquêté. Comme guide
d'entretien, nous en aurons un, relativement à ces
personnalités : le sous-préfet, le chef d'antenne ELECAM,
quelques militants de partis politiques dans ces quartiers, le chef de chaque
quartier, les élites et quelques habitants.
Pour ce qui est du questionnaire, il est selon
MadeleineGrawitz59(*)(1986):
« Le moyen de communication entre
l'enquêteur et l'enquêté ».
Son importance réside dans le fait qu'il
permet d'obtenir dans un minimum de temps, des renseignements et des opinions
sur un grand nombre de sujet. Il a été utilisé ici pour
voir la place des déterminants sociaux sur le degré de
participation politique et le pourquoi de ce degré d'investissement.
En plus de ces deux techniques et outils de collecte des
données, nous avons utilisé un peu d'observation directe lors des
élections évoquées ci-dessus et un peu de recherche
documentaire dans le cadre de l'obtention des informations à ELECAM.
2-2-6-ANALYSE DES DONNEES
Par le fait que nous avons opté pour deux outils de
collecte des données, nous avons à faire aux données
qualitatives et aux données quantitatives ; par conséquent,
nous avons procédé par une analyse du contenu et des
données quantitatives.
En ce qui concerne l'analyse de contenu, c'est un ensemble
d'instruments méthodologiques de plus en plus raffinés et
en constante amélioration s'appliquant à des «
discours » extrêmement diversifiés et fondés sur la
déduction ainsi que l'inférence. Il s'agit d'un effort
d'interprétation qui se balance entre deux pôles ;
d'une part, la rigueur de l'objectivité, d'autre part, la
fécondité de la subjectivité (Bardin, 1977). L'analyse de
contenu s'organise autour de trois phases chronologiques : la
pré-analyse, l'exploitation du matériel ainsi que le
traitement des résultats, l'inférence et
l'interprétation.
Dans la première étape qui est la
pré-analyse, nous avons organisé pour opérationnaliser
et systématiser les idées de départ afin d'aboutir
à un schéma ou à un plan d'analyse. Ceci s'est fait
à travers le choix des documents à soumettre à
l'analyse, la formulation des hypothèses ainsi que des objectifs et
l'élaboration des indicateurs sur lesquels s'appuiera
l'interprétation finale. La pré-analyse ambitionne d'organiser
l'information mais elle est composée d'activités non
structurées et « ouvertes ». De manière pratique, nous
avons procédé :
· Au choix des documents, où on prend
contact avec divers matériaux possibles pour déterminer celui
(ou ceux) qui sera (ou seront) le mieux
à même(s) de correspondre aux
différents critères en jeu (Robert &
Bouillaguet (1997).
· A la lecture flottante pour faire connaissance
avec les documents à analyser en laissant venir à soi les
impressions et certaines orientations ainsi que pour délimiter le champ
d'investigation, construire l'objet de la recherche (Robert &Bouillaguet,
1997). En présence des données, il s'agit donc de les lire
et de les relire pour tenter de bien saisir leur message apparent
(Savoie-Zajc, 2000).
· ALa formulation des hypothèses et des
objectifs, où il faut reprendre
chacun des épisodes d'observation et identifier
le thème qu'il reflète, regrouper les thèmes proches
ou semblables et identifier leur substance, ce qu'ils veulent dire.
· Au repérage des indices et à
l'élaboration des indicateurs, où il s'agit de choisir les
indices contenus dans le corpus en fonction des hypothèses et de
les organiser systématiquement sous forme d'indicateurs précis
et fiables (Bardin, 1977).
· A la préparation du matériel,
où nousavons accompli notamment les opérations de
découpage du corpus en unités comparables, de
catégorisation pour l'analyse thématique, ... Bref, il
s'agit de la « décontextualisation » impliquant le
détachement des parties d'entrevues ou des épisodes
d'observation de leur tout originel et leur regroupement par
thèmes (Tesch, 1990 ; Savoie-Zajc, 2000).
La deuxième étape qui est l'exploitation du
matériel aconsistée
à appliquer, au corpus de données, des
traitements autorisant l'accès à une signification
différente répondant à la problématique mais ne
dénaturant pas le contenu initial (Robert &Bouillaguet, 1997).
Elle a surtout consisté à procéder aux
opérations de codage, décompte ou énumération
en fonction des consignes préalablement formulées. Elle a
comporté deux étapes-clés :
· Une opération de catégorisation
consistant en l'élaboration ou enl'application d'une grille de
catégories, c'est-à-dire des rubriques rassemblant des
éléments ayant des caractères communs sous un titre
générique, et en la classification des données du corpus
dans celles-ci (Bardin, 1977). Il s'agit donc de la classification
d'éléments constitutifs d'un ensemble par
différenciation puis un regroupement par genre (analogie)
d'après des critères définis afin de fournir par
condensation, une représentation simplifiée des
données brutes (Bardin, 1977).
· Un codage ou comptage des unités où on
applique les catégories au corpus
et donc, où nous avons rempli les grilles d'analyse
selon, d'une part, l'unité d'enregistrement retenue,
c'est-à-dire le « segment déterminé de contenu
que le chercheur a décidé de retenir pour le faire entrer dans la
grille d'analyse » (Robert &Bouillaguet, 1997, p. 30), d'autre
part, l'unité de numération.
Enfin, la troisième étape qui renvoie au
Traitement, à l'interprétation et à l'inférence.
L'interprétation des résultats a consisté à
« prendre appui sur les éléments mis au jour par la
catégorisation pour fonder une lecture à la fois originale
et objective du corpus étudié » (Robert &Bouillaguet,
1997, p. 31).
Pour ce qui est données quantitatives, nous avons
procédé au codage des données, en les variables et leurs
modalités. Au dépouillement manuel des données, en mettant
en exergue les variables et les enquêtés, ce qui déboucha
sur une fiche de dépouillement. Enfin, nous avons construit les tableaux
et procédé à leur lecture majoritaire,
différentielle et diagonale ou transversale.
2-2-7- AXES DE RECHERCHES
Comme axes de recherche, nous avons :
1) La conception des habitants de la participation politique
2) Le détenteur du pouvoir dans ces quartiers :
les habitants ou les groupes extérieurs.
3) Qui participe et comment, ce qui conduit aux comportements
politiques adoptés dans ce quartier
4) Le degré de participation ; les raisons et les
déterminants de ce degré d'implication des habitants dans la vie
politique de ces quartiers.
DEUXIEME PARTIE :
L'IMAGINAIRE SOCIAL DES HABITANTS DES BIDONVILLES ET
LA QUESTION DE LA PARTICIPATION POLITIQUE, LES FORMES ET DEGRES DE
PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES BIDONVILLES
Après avoir modélisé notre sujet de
recherche et déterminé la démarche que nous avons
sollicitée pour le démontrer et l'analyser, il est important de
relever la conception que les habitants des bidonvilles ont de la participation
à la gestion de la chose publique. Cette représentation nous
permettra par la suite de toucher des doigts et de comprendre les formes de
participation qui sont les leurs. Aussi, nous relèverons les
degrés d'implication politique de la populace. C'est fort de tous ces
objectifs que nous nous proposons de traiter dans le chapitre III de
l'imaginaire sociale de la populace et la question de la participation
politique ; et dans le chapitre IV des formes et degrés de
participation politique dans les bidonvilles.
CHAPITRE TROISIEME :
L'IMAGINAIRE SOCIAL DE LA POPULACE ET QUESTION DE LA
PARTICIPATION POLITIQUE.
Pour pierre Ansart60(*)(2004), l'expression imaginaire socialerenvoie
à l'ensemble des représentations imaginaires propres à un
groupe social. Ces représentations sont constituées des mythes,
des croyances cosmiques et religieuses, des utopies. Bref des normes et valeurs
qui procurent des significations participant à la vie commune, aux
pratiques sociales. Dans ce chapitre, nous passerons par ces imaginaires
sociaux pour ressortir la conception que la populace a d'abord de la
politique(I) et ensuite de la participation à la chose publique(II).
3-1- LA NOTION DU POLITIQUE ET LA POPULACE
3-1-1- La conception des gestionnaires du quartier
La politique est une notion dont l'appréhension est
flottante et diffère des uns aux autres ou alors d'un groupe à
l'autre. Par conséquent, les individus agissent dans ce domaine en
fonction de la conception qu'ils ont de la chose publique. En effet,
Jean-Pierre Cot et Jean-Pierre Mounier relèvent dans cette
question : « qu'est ce que la sociologie
politique61(*) ? » l'ambigüité de la
définition de ce concept de politique. C'est donc fort de cela que nous
nous sommes proposés de ressortir la conception que les habitants de
bidonvilles ont de cette notion, mais en passant par celle des gestionnaires de
ces quartiers. Dans le cas d'espèce, il s'agit de New-Town III et de
New-Bell Ngangue.
Pour la mairie de Douala IIème, par l'entremisse de
son secrétaire général, la politique c'est :
« Participer à la construction de la vie
publique, apporter du sien à la construction du bien-être
commun »
Ce qui nous laisse entendre que la construction de la vie
publique par l'apport de tout un chacun en vue du bien-être est la ce que
la plus haute autorité entend par politique. Cependant, ne pouvant nous
limiter à cette acception, nous sommes allés au niveau des
chefferies de nos deux quartiers. C'est ainsi que pour sa majesté M.
Ndongo Nama, chef du quartier New-Town III, la politique c'est :
« La manière de conduire les affaires
publiques »
Pour ces chefs de quartier, la politique c'est administrer,
gérer, orienter et prévoir. Ce qui est en droite ligne avec leur
position sociale puisqu'ils sont des relais de l'administration.
Ce que nous retenons en définitive, c'est que pour les
gestionnaires, la conception que l'on a de la politique, dépend de la
hiérarchie. Car pour les mairies qui sont les garantes du
développement économique, social et culturel de leur
localité, le mot clé c'est la
« contribution » et pour les chefs de quartier, le concept
majeur c'est l' « administration ».
C'est donc ce qu'il en est des gestionnaires, qu'en est-il au
niveau de la population ?
3-1-2- Une conception sensible aux déterminants
sociaux
Après avoir ressorti la conception des gestionnaires
de ces quartiers, il est indispensable de descendre au niveau de la population
afin de savoir ce qu'ils en pensent, en tenant compte des déterminants
sociaux que sont : l'âge, le sexe, le niveau d'étude
l'appartenance ethnique et l'appartenance religieuse.
3-1-2-1- relativement à l'âge et au
sexe
Annick Percheron dans son ouvrage âge et
politique62(*)
relève toute l'importance que l'on doit accorder à l'âge
dans l'analyse politique ou dans l'étude des phénomènes
politiques. C'est dans cette mouvance que nous avons pensé qu'il serait
judicieux de tenir compte de l'âge dans la conception de la chose
publique. Nous devons d'abord relever qu'une partie importante des habitants de
bidonvilles est âgée de moins de vingt cinq (25)63(*) ans. Ce qui signifie que
très peu ont l'âge reconnu par le nouveau code électoral
camerounais64(*), sans
pour autant vouloir réduire la participation politique aux
élections. Dès lors, nous avons retenus les tranches d'âge
qui sont dans notre questionnaire réparties comme suit : de 20
à 30 ans ce sont les plus jeunes ; de 30 à 50 ans ce sont
les adultes et de 50 ans à plus, ce sont les plus âgés.
Partant de ce :
Tableau 5 : présentation des
niveaux d'étude en fonction des tranches d'âge
Nivo D'étude
âge
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Total
|
20-30
|
11/ 4,4%
|
54/ 21,6%
|
32/ 12,8%
|
97/38 ,8%
|
30-40
|
11/ 4,4%
|
35/ 14%
|
39/ 15,6%
|
85/34%
|
40-50
|
17/ 6,8%
|
15/ 6%
|
10/ 4%
|
42/16,8%
|
50 et plus
|
13/ 52%
|
06/ 2,4%
|
07/ 2,8%
|
26/10,4%
|
Total
|
52/ 20,8%
|
110/ 44%
|
88/ 35,2%
|
250/100%
|
Source : par nos soins (notre fiche de
dépouillement)
Nous avons retenu que 76,04% des jeunes ont un niveau
d'étude inférieur ou égal au secondaire. C'est ainsi que
notre guide d'entretien nous a permis de relever que la politique est un monde
inconnu pour la majorité. C'est le cas de Junior de New-Town III et de
Yannik New-BellNgangue, qui, avec beaucoup de réticence répondent
à question de savoir ce que signifie la politique pour eux que :
« Je ne sais rien de la
politique »
Pour ceux des jeunes qui en savent quelque chose comme Maxime
de New-Town III :
« La politique c'est la tromperie, c'est le
monde de la corruption, c'est du pure bavardage »
Nous avons retenu que c'est un domaine auquel les jeunes
accordent peu de confiance et beaucoup de méfiance65(*). De plus, ils pensent que ce
n'est pas encore de leur ressort ; par conséquent,
réservé aux gens plus matures et pleins d'expérience en la
matière.
En ce qui concerne les adultes, et dans le cas
d'espèce M. Jonas de New- BellNgangue :
« La politique c'est tout ce qui concerne la vie
de l'homme. C'est-à-dire ce qui concerne la satisfaction de ses besoins
à savoir : l'électricité, l'eau, l'éducation,
les routes, la sécurité. Cependant, c'est le milieu de la
fourberie, de ceux qui ne tiennent pas à leurs promesses, à leurs
engagements. »
C'est dans ce sens qu'une dame qui n'a pas voulu donner son
nom expose que :
« Les politiciens sont des menteurs qui
apparaissent au moment qui les arrange... »
Pour les plus âgés, c'est ce qui renvoie
à la gestion des affaires publiques comme les partis politiques, le
gouvernement, les mairies, les députés etc.
Donc à partir de la variable âge, nous avons
enregistré que la politique inspire de la méfiance, même
si, en dépit du fait que c'est la tromperie et le mensonge, elle
concerne les affaires publiques et la vie de tout le monde. Alors,
qu'obtiendrons-nous sur la base du sexe ?
Travailler avec la variable sexe, c'est s'en tenir à
deux modalités : homme et femme. En effet, que signifie la
politique pour les femmes et les hommes des bidonvilles ?
S'agissant des hommes (ainés sociaux)66(*), la politique est un domaine
pour personnes viriles, dynamiques, c'est le signe d'une réussite
sociale, c'est l'indication de l'appartenance à une classe de
privilégiés. Mais aussi, pour un monsieur que nous avons
interviewé à New-Town III :
« La politique est une question d'avantage.
Avantages qui s'ouvrent à ceux qui ont fréquenté, à
ceux qui peuvent comprendre ce c'est, qui savent lire et
écrire »
Comme pour dire que la politique est un domaine qui
nécessite des compétences ou des ressources pour tirer avantage,
bref une mangeoire.
Pour les femmes par contre, en raison de certains
stéréotypes provenant du processus de socialisation tels
que : l'inégal accès à l'éducation67(*) qui les défavorise sur
le plan économique et par ricochet sur le plan politique comme le
relevait déjà Stella Nana-Fabu. De plus, Charly Gabriel Mbock
mentionne que la femme n'a pas de statut politique parce que ce
statut :
« Se heurte aux résistances instinctives
et aux manipulations intéressées d'une cité à deux
étages qui malgré un discours de vitrine se défend
sournoisement contre l'ascension... sociale de la femme... de plus, elle est
sujette aux chaines domestiques que lui a mise l'homme. L'espace du pouvoir est
donc rigoureusement compartimenté : à l'homme, le pouvoir
public ; à la femme, le pouvoir privé, quasi
domestique »68(*)
C'est conséquemment à cela qu'elles sont
considérées comme des « cadets sociaux »
entendu au sens de Bayart Jean-François comme une classe
exploitée, entretenue, reproduite comme telle et constituée des
enfants et des femmes qui sont les plus exploitées par les ainés
sociaux (hommes ou dominants)69(*). Dès lors, ces dernières se
considèrent comme n'étant pas concernées par la politique
et par voie de conséquence, elles se représentent comme inaptes
à cela. C'est le cas de cette femme du quartier New-BellNgangue qui
dit :
« ... je ne suis pas politicienne et je
préfère m'occuper de mon foyer »
Une autre de New-Town III laisse entendre que :
« Ça ne me dit rien, ça ne me sert
à rien »
Ainsi, l'âge et le sexe sont deux variables qui nous
donnent une autre conception de la chose politique chez la populace. Aussi, que
nous apportent le niveau d'étude, l'appartenance religieuse et
l'appartenance ethnique ?
3-1-2-2- Relativement au niveau d'étude et
à l'appartenance religieuse
Guy Michelat et Michel Simon70(*) relevaient déjà l'importance du niveau
d'étude et de la religion dans la représentation du champ
politique.
S'agissant du niveau d'étude, ces auteurs lui donnent
une signification :
« ... elle peut être l'indicateur de la
quantité d'exposition aux messages scolaires... »71(*).
En rapport avec les bidonvilles, nous avons obtenus que 64,8%
des habitants ont un niveau inférieur ou égal au secondaire.
Tableau 6 : niveau d'étude avec
pourcentages
Niveau d'étude
|
Primaire
|
Secondaire
|
Supérieur
|
Sans nivo
|
Total
|
Effectif
|
35
|
110
|
88
|
17
|
250
|
%
|
14%
|
44%
|
35,2%
|
6,8%
|
100%
|
Source : par nos soins
Renvoyant ainsi à dire que dans ces milieux, il y a une
faible exposition aux messages scolaires ; ce qui permet de comprendre cet
interviewé :
« Ça ne me dit rien »
« c'est le pure bavardage »
Comme pour dire que c'est une chose compliquée,
ennuyeuse, inutile, sans importance et dangereuse. Également, Michelat
et Simon relèvent que :
« L'intérêt politique augmente avec
le niveau d'étude72(*) »
Dès lors, fort de ces déperditions scolaires,
très peu s'intéressent à la gestion de la chose publique,
puisqu'estimant que c'est trop pour eux. Aussi, le niveau d'étude laisse
entrevoir un sens caché selon DanielGaxie73(*) et une certaine
incompétence selon Pierre Bourdieu74(*). Et la religion, quelle contribution ?
Rappelons que, la représentation (vécu
politique), est une manière de penser et d'interpréter la
réalité quotidienne, c'est le savoir du sens commun. Elle est
aussi la représentation de quelqu'un (individu ou collectif),
lui-même en rapport avec d'autres sujets75(*). En rapport avec la religion et la politique, les
conceptions sont relatives aux obédiences religieuses auxquelles les
individus appartiennent, pour rejoindre Michelat et Simon. C'est ainsi que dans
les quartiers qui constituent nos milieux d'étude, nous avons comme
appartenance religieuse : les catholiques, les pentecôtistes, les
musulmans, les témoins de Jéhovah, les protestants et les
églises éveillées.
Tableau 7 : appartenance religieuse et
pourcentage
Appartenance
Religieuse
|
Catholiques
|
protestants
|
musulmans
|
Autres
|
Total
|
Effectif
|
141
|
55
|
36
|
18
|
250
|
%
|
56,4%
|
22%
|
14,4%
|
7,2
|
1OO%
|
Source : par nos soins
Aussi, lors de nos entretiens, nous avons approché un
pentecôtiste qui nous exposa relativement à sa conception de la
chose publique que :
« Je suis un enfant de dieu, ça ne me
servira à rien... »
Comme pour dire que c'est un domaine qui lui est interdit, qui
pourrait lui faire perdre ses valeurs. Ce qui vient rejoindre la position de ce
témoin de Jéhovah :
« Les témoins ne font pas la politique,
ne se mélangent pas aux politiciens »
Mais à coté de cette vision des autres
obédiences, les catholiques, les protestants et les musulmans
appréhendent le politique comme quelque chose qui concerne tout le
monde, car liée à chaque aspect de la vie de chacun. Dès
lors, nous retenons que la variable appartenance religieuse n'est pas
très influente sur la chose publique, mise à part ces
obédiences évoquées plus haut. Cela est aussi dû au
fait que catholiques, protestants et musulmans représentent 92,8% de la
population de ces quartiers. Cf. tableau ci-dessus.
Nous ne saurons sortir de cette section sans évoquer la
variable appartenance ethnique. En fait, les bidonvilles sont des quartiers
spontanés qui se sont développés avec l'exode rural, ce
qui fait que nous y retrouvons une multitude d'ethnies que nous avons
évoquées dans la présentation de nos milieux
d'étude. En plus de ces ethnies, nous dénombrons des
ressortissants étrangers tels que : les tchadiens, les
centrafricains, sénégalais, nigérians, béninois,
marocains, les congolais. Qui considèrent la politique comme l'affaire
des autres. Puisque n'ayant pas la nationalité camerounaise.
En définitive et en tenant compte des variables, la
politique pour la populace, c'est la gestion des affaires publiques telles
que : l'électricité, la sécurité, l'eau, le
travail et autres. C'est également un domaine dangereux,
réservé aux autres car demande beaucoup de moyens financiers et
un bon niveau scolaire. Aussi, c'est une affaire de « gros
sous », une « mangeoire », un milieu
hermétique et compliqué.
Après avoir ressorti la représentation que la
populace a de la chose publique, nous ferons un tour sur ce qu'ils entendent
par participer à la gestion de la cité.
3-2- QU'EST-CE QUE PARTICIPER A LA POLITIQUE POUR LES
HABITANTS DE BIDONVILLES ?
Par participer, nous avons entendu mettre à
contribution ses ressources personnelles pour agir avec les autres. La section
précédente a permis de toucher du doigt les croyances et les
valeurs qui orientent leur perception de la chose publique. Dans celle-ci, nous
envisageons voir ce que cela donne en relation avec le concept de
participation. C'est ainsi qu'à partir des considérations sur la
socialisation, nous mettrons en exergue qui s'y rattache (I), afin d'en
déduire la forme de participation vers laquelle ils penchent le plus
(II).
3-2-1- La place de la socialisation politique dans la
conception de la participation politique dans la populace.
Aborder le domaine de la socialisation politique, c'est
rechercher comment se forme l'identité politique des individus ;
dans le cas d'espèce, c'est celui des habitants des bidonvilles. Mais
d'abord, qu'est-ce que la socialisation ?
3-2-1-1- Qu'est-ce que la socialisation politique?
Dans une approche déterministe et fonctionnaliste, la
socialisation politique renvoie au processus d'inculcation des croyances et
représentation relatives au pouvoir (dimension verticale) et aux groupes
d'appartenance (dimension horizontale). Selon cette approche, il n'y a pas en
effet de société politique viable sans intériorisation
d'un minimum de convictions communes concernant la nécessité des
allégeances à la communauté et la légitimité
du gouvernement qui les régit. Peu importe que ces convictions soient
fondées ou non en raison ; il suffit qu'elles emportent
l'adhésion76(*).
Aussi, ce processus répond à deux
exigences :
Au niveau des gouvernants, ils ont besoin d'imposer des
croyances qui justifient l'exercice de leur pouvoir et renforcent la
cohésion de la société qu'ils dirigent ; afin de
faciliter l'obéissance aux lois, la régression de la contrainte
directe au sens de Norbert Elias77(*)(1939), et le processus de mobilisation d'un soutien,
non plus passif mais actif.
Au niveau des gouvernés, une socialisation politique
efficace facilite psychologiquement l'acceptation des contraintes. Au fait,
elle place devant un dilemme : se rebeller avec le risque de devoir en
supporter lourdement le prix si sa résistance est brisée ou
s'incliner devant la force78(*).
Les déterministes et les fonctionnalistes
conçoivent la socialisation politique comme tributaire de deux
concepts : l'idéologie et la culture politique. En tant qu'ils
apportent les valeurs, les références et les croyances qui
contribuent à constituer l'identité politique de l'individu.
En fait, l'idéologie permet de définir son offre
politique, sa vision de l'organisation de la société en mettant
l'accent sur les valeurs et les représentations qui doivent orienter nos
attitudes politique. La culture politique pour sa part, permet aux citoyens,
à partir d'un ensemble de savoirs, de perceptions, d'évaluations,
d'attitudes et de dispositions, d'ordonner et d'interpréter les
institutions et processus politiques ainsi que leurs propres relations avec ces
institutions et processus79(*). Bref elle met l'accent sur les
représentations que les individus se font de leur rapport à la
société et relève trois aspects à savoir80(*) :
La dimension cognitive qui renvoie à l'ensemble des
connaissances dont le sujet est capable de faire état sur les acteurs et
les règles de fonctionnement de système de gouvernement ;
La dimension affective en tant que les perceptions
colorées émotionnellement, dépendamment de
l'environnement, des évènements et de l'histoire
personnelle ;
Et la dimension évaluative relative à la
capacité de porter les jugements de valeur sur ce qui s'y
déroule.
Ainsi, la culture politique est un ensemble de valeurs et de
connaissances en relation avec la gestion de la cité.
On ne saurait parler de processus sans évoquer les
agents et milieux de socialisation ; en tant que communauté sociale
structurée, au sein de laquelle s'opère l'activité
d'inculcation. Au rang des milieux, nous avons la famille, les pairs (amis,
voisins), l'école, les médias. Au plan spécifique, les
milieux qui ne concernent pas toute la population sont : l'appartenance
religieuse, l'appartenance à des organisations politiques, syndicales,
professionnelles, culturelles et sportives. Pour les agents de socialisations,
nous avons à l'école « les instituteurs »,
dans la famille « les parents » et les groupes de pairs
« les voisins et amis ».
Retenons donc que l'approche fonctionnaliste et
déterministe conçoit la socialisation politique comme un
mécanisme de régulation qui par transmission de la culture,
permet une reproduction du système politique, le maintien de la paix
dans la société civile (Almond, Verba et Powel) et la
reproduction de l'ordre de domination déjà établi. Elle
agit comme substitut efficace de la violence physique, en légitimant aux
yeux des gouvernés des systèmes de représentation,
d'opinions, d'attitudes politiques conformes aux exigences des gouvernants
(Bourdieu pierre (2000)81(*). Cependant, ce n'est pas la seule approche de la
socialisation politique.
En effet, l'autre approche est celle des constructivistes en
général et celle d'Annick Percheron (1974) en particulier ;
puisque c'est la sienne qui est d'une importance capitale dans la
compréhension et l'analyse de la participation politique dans les
bidonvilles.
Pour elle, la socialisation politique regroupe les
mécanismes et processus de formation et de transformation des
systèmes individuels de représentations, d'opinions et
d'attitudes politiques. En d'autres termes, elle renvoie à un processus
interactif (non passif des individus) et continu (ne s'arrête pas
à l'adolescence). En prenant pour échantillon les enfants (8-12)
et les préadolescents (16-18), elle relève que l'identité
politique se construit non seulement durant l'enfance, mais aussi tout au long
de la vie des individus, en fonction des changements de leurs conditions
sociales (mariage, mobilité sociale, etc.) et des
évènements politiques qu'ils sont amenés à
connaitre (guerres, révolutions, élections etc.).82(*)
Pour analyser la socialisation politique, elle s'appuie sur
certains concepts83(*).
Le premier c'est la notion de « stade »
qu'il oppose à celle d' « âge »,
puisqu'exprimant l'idée que le développement n'est pas une
progression continue mais une suite de construction ou de reconstruction
marquée par une structuration particulière à chaque fois.
Partant de ce concept, il relève que l'univers politique n'est pas
appréhendé spontanément de façon structurée
organisée. Dès lors, parler de socialisation politique chez
l'enfant c'est parler des phénomènes en formation, non
stabilisés.
Le second est celui de « milieu » pour
relever que l'enfant est être totalement et primitivement social. Ainsi,
les phénomènes de socialisation politique sont donc le fruit
d'une interaction entre l'enfant et son milieu. Le milieu étant
constitué de l'ensemble des groupes au sein desquels l'enfant
réalise ses expériences, ces groupes agissant les uns par rapport
aux autres.
Le troisième renvoie à « la formation
du moi » et lui permet de mentionner que l'enfant se développe
par identification aux groupes auxquels il appartient ou qu'il s'est choisi
(groupe de référence). Dès lors, la socialisation
s'inscrit dans un système, un environnement, un contexte familial,
régional, national qui présente des caractéristiques
particulières. Aussi, la socialisation n'est pas une aventure
individuelle.
Le quatrième et dernier est celui de « savoir
intuitif » permettant à Annick Percheron (1974) de relever que
la socialisation en général et la socialisation politique en
particulier présentent un caractère latent, puisque pouvant
être quelque chose d'apprise sans avoir été
véritablement enseignée. Elle peut également être
non intentionnelle, par conséquent, semblée plus latente que
manifeste.
En définitive, elle souligne que la socialisation ne se
termine pas avec le passage à l'âge adulte. Lorsqu'elle aborde les
agents de socialisation, elle relève d'abord le fait que comme la
sexualité, on ne parle pas de politique aux enfants, même si ces
deux sujets deviennent de moins en moins tabous dans les familles aujourd'hui.
Mais elle retient comme agent de socialisation les parents dans la
famille ; à elle de préciser qu'en matière de
transmission des préférences partisanes ou idéologiques,
celle-ci sera d'autant plus forte que l'intérêt des parents pour
la politique est grand, qu'ils ont un niveau d'instruction élevé,
que les enfants sont capables de situer politiquement leurs parents, que le
milieu familial est homogène sur le plan des préférences
idéologiques84(*).
De manière générale, cette situation est
corrélée à la socialisation primaire. Rappelons
également que le travail de discrimination du genre est entamé
à ce niveau, car c'est dans la famille que la jeune fille est
confinée à un rôle de femme de foyer et au jeune
garçon la quasi-totalité des initiatives. L'autre agentest
l'enseignant s'agissant de l'école, enseignant qu'elle rapproche aux
parents, même si l'influence n'est pas la même chez les
élèves ou les enfants. L'école est donc le lieu
d'acquisition d'une compétence savante (langage, connaissance des faits
et des institutions, formation citoyenne, apprentissage des règles et
pratiques). Acquisition qui présente deux visages :
« L'acquisition d'une compétence savante
et souvent formelle, la familiarisation avec certains mécanismes de
participation pour les enfants des milieux privilégiés et les
élèves en bonne situation scolaire ; l'apprentissage, en
revanche par les enfants des milieux défavorisés en mauvaise
situation scolaire, de situations d'inégalité et de moyens
anomiques de contester un système qui les
relègue »85(*).
Comme dernier agent, elle évoque la nature et la taille
du lieu de résidence, les systèmes culturels régionaux, le
niveau de développement de la commune ou de la région, la
composante sociale de l'environnement et la nature du contexte politique. Tous
ces éléments se rapportant au contexte.
Ainsi, l'identité politique est un construit qui prend
en compte le stade, le milieu, la formation du moi et le savoir intuitif.
Dès lors, comment une analyse de cette dernière dans les
bidonvilles nous permettra de ressortir le sens que les habitants de
bidonvilles ont de la participation politique ?
3-2-1-2- Une conception relative à la
socialisation politique
Dans la première section, nous avons essayé de
présenter la manière dont la populace pense et interprète
la notion de politique. Pour le faire, il a été important de
partir des autorités vers les habitants en mobilisant certaines
variables telles que l'âge, le sexe, le niveau d'étude et autres.
Ce qui nous a permis de comprendre qu'ils renvoient la politique à un
domaine dangereux, compliqué, de duperie, des flatteurs, bref dont il
faut se méfier et qui demande une certaine compétence et des
moyens financiers. Que nous donne cette étude ajoutée à la
socialisation politique dans la compréhension de la conception de la
chose publique ?
En tenant compte des milieux de socialisation que sont la
famille, les groupes de pairs, l'école et les médias, nous
relevons que :
Au niveau de la famille, la socialisation politique primaire
n'est pas effective, car rares sont les familles où les parents parlent
de politique avec leur enfant ; puisque lui-même n'est pas souvent
là, car toujours occupés à mener leur activité
informelle. Comme semble l'attester Grégoire de New-Town en
disant :
«Les parents discutent de tous les autres sujets avec
leurs enfants sauf de la politique »
Quand bien-même ces derniers en parlent, ils s'expriment
en ces termes :
« On a toujours participé, ça
changé quoi, dès qu'on vote, ils disparaissent et ne reviennent
qu'aux prochaines élections,... ils gardent les même discours,
à quoi bon continuer à s'intéresser »
Ce qui nous permet déjà de noter que la
prédisposition qu'ont les enfants ici c'est de ne même pas
s'intéresser à la chose publique ; ou tout au plus de s'en
tenir aux périodes électorales.
L'autre milieu de socialisation ici, c'est l'école,
qui, en tant que lieu d'acquisition de la compétence savante, ne joue
pas efficacement son rôle. En effet, les enseignements se
déroulent dans les conditions précaires, les enseignants et les
élèves sont plus préoccupés par leurs conditions de
vie que par ce pourquoi ils sont là. Ce qui entraine chez les
enseignants une certaine légèreté dans les enseignements
et chez les élèves un phénomène de
déperdition scolaire (76,04% des jeunes ayant un niveau inférieur
ou égal au secondaire). Témoignant là d'une faible
exposition aux messages scolaires et par conséquent un déficit de
culture politique ; comme nous laisse entendre Michel, habitant de
New-BellNgangue :
« J'ai laissé l'école en classe de
4eme parce que mon père n'avait plus d'argent, donc participer
là, moi je ne connais pas ».
D'où l'importance des groupes de pairs entant que
milieu de socialisation. En effet, vu le déficit enregistré dans
la famille et à l'école, plusieurs habitants de ces quartiers
obtiennent un «savoir intuitif » de la politique dans les
« bars » en compagnie de leur ami ou d'autres individus
venus « prendre une bière ». C'est ce que nous
confie Grégoire :
« C'est dans les bars que souvent les
pères, mères, enfants, amis, voisins parlent de
politique »
Toujours dans le cadre des groupes de pairs, les associations
ne se mêlent pas de la politique, mais sont approchées lors des
échéances électorales ou dans le cadre de certaines
actions à mener pour le développement du quartier.
Aussi, nous voulons mobiliser les médias comme autre
milieu de socialisation. Car ils permettent de former l'opinion à
travers l'espace public. Notons que même avec une relative liberté
d'expression politique, les médias permettent aux citoyens de se
cultiver politiquement, de s'informer et de connaitre leurs candidats.
Cependant, malgré l'existence de ces médias dans les bidonvilles,
très peu s'intéressent à la vie politique. En fait, notre
questionnaire a permis d'établir que : 45% de ces habitants
s'intéressent à la vie politique et que 56% ne regardaient ni les
émissions politique, ni ne lisaient les rubriques politiques dans les
journaux.
CF Tableau 8 : intérêt pour
la vie politique et pourcentage
Intérêt vie
Politique
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Effectif
|
111
|
139
|
250
|
%
|
45%
|
55%
|
100%
|
Source : par nos soins
Tableau 9 : manifestation de
l'intérêt pour la vie politique et pourcentage
Comment intéresser vie politique
|
Regardant les émissions politiques
|
Lisant rubrique politique dans journaux
|
Aucun des deux
|
Total
|
Effectif
|
56
|
52
|
142
|
250
|
%
|
22,4%
|
20,8%
|
56,8%
|
100%
|
Source : par nos soins
Dès lors, nous avons retenu que participer à la
chose publique c'est comme continuer à se faire des illusions pour
certains ; être présent lors des séances
électorales pour la majorité et contribuer aux idées
novatrices afin d'apporter un plus au niveau du peuple pour les autres
à condition qu'il y ait du sérieux de la part des hommes
politiques. Ainsi, à quelle forme se rattache la participation politique
dans ces milieux ?
3-2-2- UNE CONCEPTION BEAUCOUP PLUS CONVENTIONNELLE DE LA
PARTICIPATION POLITIQUE
La socialisation nous a permis de saisir l'approche de la
participation politique qu'ils ont à travers les milieux et agents de
socialisation. Ainsi, le contexte a joué un rôle, puisqu'il laissa
comprendre que la construction de l'identité politique est
renouvelée, confirmée ou remise en cause, par d'autres groupes
d'appartenance tels que les étudiants, les collègues au travail,
les membres des associations et partis politiques auxquels ont peut
appartenir86(*). De plus,
le contexte historique relève que l'évènement politique
peut socialiser de deux manières :
premièrement dans la pratique à une
période pendant laquelle se déroule un fait marquant de
l'histoire politique conduit les individus (jeunes générations)
à combler leur retard en termes d'expérience politique ;
Deuxième dans les représentations, puisque ces
évènements font l'objet de redéfinitions et de
commémorations et parfois de débat autour de cette mémoire
collective.
Nous nous appesantissons sur le contexte, comme
évoquait déjà Percheron, parce qu'il nous permettra de
classifier la conception que la populace a de la politique ou de la
participation politique.
En effet, la populace a une conception beaucoup plus
conventionnelle de la politique en tant que toute activité qui se
déroule dans un cadre légal sans remettre en cause la
légitimité du système87(*). Nous avons aussi des manifestations qui ne sont
visibles que lors des échéances électorales.
En définitive, ce chapitre nous a permis de ressortir
la conception que la populace avait d'abord de la politique, ensuite de la
participation politique. Pour le faire, nous avons opté passer par des
considérations sur les différents déterminants sociaux et
sur la socialisation politique ; afin d'aboutir à une approche plus
conventionnelle que non-conventionnelle de la politique. Ceci étant,
quelles sont donc ces formes de participation et les degrés qui vont
avec ?
CHAPITRE QUATRIEME :
LES FORMES ET DEGRES DE PARTICIPATION DANS LES
BIDONVILLES
Aborder cet aspect des choses c'est faire un saut sur la
pratique politique dans ces quartiers. En d'autres termes, c'est marquer un
arrêt sur les actions ou comportements politiques qui sont les leurs.
Egalement, c'est relever le niveau d'implication de ces individus dans la chose
publique. Pour ce faire, il serait important de faire escale pour savoir de
prime à bord à quoi renvoient les formes de participation
politique en théorie, dans un second temps ce qu'il en est dans les
bidonvilles (I), afin d'en ressortir les degrés.
4-1- LES FORMES DE PARTICIPATION POLITIQUE EN
GENERAL
Par formes, on entend aspects, la manière dont elles se
présentent. Notons que les comportements politiques reposent sur la
socialisation politique et leur analyse renvoie à la question des formes
de la participation politique. Ainsi, on en distingue deux à savoir la
participation conventionnelle et la participation non-conventionnelle.
4-1-1-1- La participation conventionnelle
Elle désigne toutes les activités qui se
déroulent dans le cadre légal sans remettre en cause la
légitimité du système. Elle comprend la participation
électorale et la participation partisane.
S'agissant de la participation électorale, elle renvoie
au fait pour un citoyen de remplir un de ses devoirs civiques, à
savoir : voter. Qui passe par une inscription sur les listes
électorales, le retrait des cartes d'électeurs et par
l'expression de son choix dans l'urne le jour du scrutin.
En ce qui concerne la participation partisane, il s'agit de
l'adhésion à une organisation traitant d'un problème
collectif (syndicat, association, groupe d'intérêt) ; de
l'adhésion à un parti politique ; de l'activisme au sein de
l'organisation associative, syndicale ou politique ; des relations avec
les partis ou les élus et des participations aux campagnes
électorales88(*).
Enfin, l'autre aspect de la participation conventionnelle
c'est l'intérêt accordé à la vie politique, à
travers la recherche de l'information politique (notamment dans la presse
écrite ou parlée) et les discussions politiques avec
l'entourage89(*).
Bref, la participation conventionnelle renvoie à
l'implication du citoyen dans la vie politique institutionnalisée et
à D. Memmi (1985) de constituer un répertoire officiel de cette
participation
- l'inscription sur les listes électorales
- la recherche de l'information politique
- les discussions politiques avec l'entourage
- le vote
- la participation à une manifestation
- l'adhésion à un parti politique
- l'adhésion à une organisation traitant d'un
problème collectif
- le versement d'une contribution financière lors d'une
campagne électorale
- la participation active à une campagne
électorale
Cependant, la participation politique peut aussi revêtir
un caractère non-conventionnel ou protestataire.
4-1-1-2- La participation non conventionnelle
Elle renvoie ici selon P.Braud à toutes les formes de
participation protestataires qui se situent en marges, voir en rupture de la
légalité et qui mettent en cause la légitimité du
système. Elle peut aussi renvoyer à diverses formes de
manifestations d'impatience civique. Elle peut se manifester légalement
à travers des pétitions, des grèves ou
manifestations ; violemment par la dégradation de bâtiments,
les séquestrations, des destructions de documents et affrontements
physiques. Aussi, elle peut se faire de manière individuelle
(grève de la faim), collectivement (mobilisation de groupes
d'individus), directement (par le biais des représentants) et autonome
(hors du cadre juridique et des procédures de règlement des
conflits).
Cependant, un arrêt est nécessaire sur les
manifestations pour en relever les trois types selon Pierre Favre90(*)(1990).
- Les premières sont appelées
« initiatrice » et a pour fonction majeure d'imposer sur la
scène politique avec le maximum de visibilité, un enjeu ou un
problème occulté par le jeu institutionnel.
- Les secondes sont dites
« routinières » et permettent aux organisations de
rappeler périodiquement leur capacité mobilisatrice et leur
représentativité, assurent là aussi une fonction
d'expression des préoccupations du moment et la réaffirmation de
l'identité d'une organisation.
- Et les troisièmes sont assimilées à des
crises politiques globales, ne tenant plus compte de revendication
spécifique à certains groupes sociaux, mais visent le maintien ou
la chute des pouvoirs publics.
Notons cependant que ces formes de participation sont
liées à la notion de citoyenneté qui est le fait pour une
personne, pour une famille ou pour un groupe d'être reconnu comme membre
d'une société nationale et d'avoir le droit de participer
à sa vie politique. Cette notion est constituée de quatre
éléments, à savoir : la nationalité qui donne
un cadre à la souveraineté nationale ; les droits (droits
civiques, droits politiques, droits sociaux) ; les devoirs (payer les
impôts, respecter les lois ou encore être juré de cour
d'assises si besoin est) et la participation civique. Ainsi, être citoyen
c'est avoir trois attributs :
- Avoir la nationalité en tant que preuve de la
volonté d'appartenir à la communauté nationale, elle lui
confère des droits et donc une parcelle de la souveraineté
nationale
- Jouir de ses droits civiques et politiques : le citoyen
a le droit de voter, d'être éligible, le droit de faire partie de
la fonction publique, le droit de s'exprimer politiquement, hormis ceux qui se
sont sous une sanction de justice. En contrepartie, le citoyen a des
devoirs : payer ses impôts, ses cotisations sociales.
- Participer à la vie politique de la nation, le
citoyen doit privilégier l'intérêt général
sur ses intérêts privés et avoir le sens civique
(participation aux élections, participation aux décisions
politiques, adhésions aux partis, aux associations)
Au finish, pour ces deux formes de participations, nous
pouvons nous référer au tableau ci-dessous :
Tableau 10 : les formes de participation
politique
|
Participation conventionnelle
|
Participation non conventionnelle
|
Action individuelle
|
· Voter
· Adhérer à un parti
· Financer un parti
· Rencontrer un élu
· Se porter candidat
|
· Rédaction d'un blog politique
· Grève de la faim
· Graffitis politiques sur les murs
· Rendre ses décorations
· Désobéissance civile
|
Action collective
|
· Organiser une campagne
· Participer à un meeting
· Coller les affiches
· Distribuer les tracts
· Faire du porte à porte
|
· Manifestation
· Grève
· Sit-in
· Destruction de biens publics
· Occupation de bâtiments
|
Source : ouvrage de Dominique Memmi
intitulé « l'Engagement Politique »,
publié en 1985, à la page 329
Voici théoriquement à quoi renvoient la
participation politique et ses formes. Comment se manifeste-t-elle dans les
bidonvilles ?
4-1-2- Qu'en est-il dans les bidonvilles ?
Il sera question pour nous de ressortir les comportements
politiques qui sont les leurs. Rappelons que les comportements politiques, en
tant que manifestation en actes des aspirations et des opinions91(*), reposent sur la socialisation
politique et par ricochet sur la culture politique. Ce qui nous amène
à penser faire un tour sur la culture politique dans ces milieux afin de
présenter comment ils se comportent politiquement en fonction des
différents évènements politiques.
4-1-2-1- La culture politique dans ces milieux
La culture politique92(*) est constituée d'un ensemble de connaissances
et de croyances permettant aux individus de donner sens à
l'expérience routinière de leurs rapports au pouvoir qui les
gouverne et aux groupes qui leurs servent de référence
identitaire. Elle a toujours deux dimensions : un rapport au passé,
puisqu'elle véhicule une histoire et une mémoire collective plus
ou moins élaborée, plus ou moins intériorisée et
une projection dans le futur car la culture politique favorise des
modèles d'achèvement, légitime des attentes et des
espérances.
Almond (1980) et Verba en distingue trois types :
- La culture de sujétion : ici, gouvernants et
gouvernés auraient une perception des rapports dominés par la
vision des normes à respecter, des règlements à subir et
des bienfaits à espérer.
- La culture de participation : ici, les rapports sont
envisagés comme une participation possible et souhaitable aux processus
décisionnels qui règlent la vie des citoyens
- Et la culture paroissiale : qui renvoie à des
représentations mentales du pouvoir et du groupe, restreintes à
l'horizon limité du village, du clan et de la tribu.
Cependant, il peut avoir mélange des trois types. A
coté de ces types, la culture politique revêt trois
aspects :
- Une dimension cognitive
- Une dimension affective
- Et une dimension évaluative
C'est en nous appuyant sur ces types et aspects que nous
essayerons de ressortir la manière dont ils conçoivent leurs
rapports au gouvernement.
Tout d'abord, en tant que citoyens, ces habitants sont tenus
de respecter les normes et les règles du jeu politique (conditions
d'éligibilité, quand et comment participer à une campagne
électorale...). Aussi, ils ont la possibilité de prendre part au
processus de décision en prenant part aux élections, à
travers les comités de développement, d'hygiène, de
sécurité, les notables et chefs de blocs ; d'une certaine
décentralisation du pouvoir. Egalement, ce sont des acteurs rationnels
qui s'appuient sur les replis identitaires, leur représentation de
l'argent, et la représentation des évènements politiques
comme des opportunités (mangeoire).
Ensuite, les dimensions nous édifient qu'ils
considèrent les hommes politiques comme des gens de peu de confiance qui
apparaissent de manière sporadique. Aussi, les règles de
fonctionnement sont très compliquées pour la majorité. De
plus, ils sont marqués par le fait que les politiciens promettent plus
qu'ils n'en réalisent, car ils ne les ressentent pas avant les
périodes électorales, ne leur apportent rien de nouveau (les
mêmes discours).
Ainsi, quels sont en fonction des évènements
politiques les comportements qui sont les leurs ?
4-1-2- LES COMPORTEMENTS POLITIQUES DANS LES
BIDONVILLES
Les formes de participation ou comportements politiques seront
liés aux évènements politiques, aux conditions de vie.
4-1-2-1- Lors des élections
Fabien EboussiBoulaga93(*)(1999) recommande de définir l'élection
en considérant la forme et le contenu. Selon la forme, l'élection
a la forme d'un acte unique qui se déploie en des opérations
séparées, mais intimement liées. Du point de vue du
contenu, elle établit dans la communauté l'accord et la
cohérence avec soi-même. Aussi, elle vise à élire
ceux qui vont diriger l'action commune, de leur vouer loyalisme contre la
protection des vies et des biens, des libertés et des droits
fondamentaux convenus, une juste part du produit de la coopération
sociale. Enfin, les élections ne sont pas un abandon d'une
souveraineté qui ne serait exercée que dans l'isoloir ;
l'instant de mettre un bulletin dans une urne. Dans le cadre de notre travail,
nous allons nous en tenir aux élections présidentielles,
législatives et municipales et plus précisément la
présidentielle du 09 octobre 2011 et les législatives et
municipales du 30 septembre 2013 au Cameroun. Nous n'avons pas tenu compte des
élections sénatoriales parce qu'elles sont
réservées à une certaine catégorie sociale. Pour
présenter ces comportements, nous avons tenu compte des phases
d'inscription sur les listes électorales, des retraits des cartes
électeurs, de la campagne électorale et le jour du vote (du
scrutin).
Mais avant cela, il est important de faire un briefing des
grandes étapes du processus démocratique camerounais94(*). Historiquement, le Cameroun
renoua officiellement avec le multipartisme en décembre 1990. C'est
ainsi que dès Février 1991, les premiers partis politiques sont
légalisés et à présent ils sont plus de 300.
Cependant, ces nouvelles formations politiques dans la mouvance des
revendications, réclament une « conférence
nationale », ce qui leur a donné droit à une
« conférence tripartite ». Les conclusions de
conférence entrainent :
- Dès le 1er Mars 1992 l'organisation des
élections législatives, qui se sont déroulées avec
le boycott du SDF. A partir de cet instant, il y a eu :
- L'élection présidentielle anticipée du
11 octobre 1992 et la loi y afférant, adoptée à l'issue
d'une session extraordinaire de l'assemblée nationale ;
- Les conseillés municipaux se sont soumis au verdict
des urnes pour la première fois depuis le retour du multipartisme le 21
janvier 1996. Avec une domination de l'UNDP et du SDF ;
- Les 18et 19 mai 1997, se tiennent les deuxièmes
législatives pluralistes, suivies en octobre de la même
année par le scrutin présidentiel. Une fois de plus
boycotté par le SDF mais avec la victoire écrasante du RDPC.
- En mars 2002, il y a les élections
législatives et municipales couplées avec comme vainqueur le
RDPC.
- Le 11octobre 2004, élection présidentielle
avec des urnes transparentes et la réclamation par la coalition des
partis de l'opposition et de la société civile, de
l'informatisation du processus électoral et la mise en place d'une
commission électorale en lieu et place du MINATD et de l'ONEL.
- Au niveau de la loi fondamentale, la modification de la
constitution de 1972 de décembre 1995, qui aboutit à la
promulgation de la nouvelle constitution du 18 janvier 1996 par le
président de la république. Cette nouvelle loi se
caractérise par la matérialisation des régions et des
communes ainsi que le passage du mandat présidentielle de cinq (5)
à sept (7) ans renouvelable une seule fois. Mais au cours de la session
de mars-avril 2008, l'assemblée nationale adopta le 14 avril 2008 la
nouvelle constitution modifiée qui annule la limitation des mandats.
- En ce qui concerne le système électoral,
l'ONEL face à ses difficultés va remplacée le 29
décembre 2006 par ELECAM suite à une délibération
et à une adoption de l'assemblée nationale. Avec un délai
de 18 mois pour sa mise en place afin d'organiser, de gérer et de
superviser l'ensemble du processus électoral et
référendaire au Cameroun, ne le fera pas lors du double scrutin
législatif et municipal du 22 juillet 2007 (informatisation du fichier
électoral, des cartes d'électeurs et de l'ensemble des documents
électoraux).
- Lors des élections du 09 octobre 2011, on note une
pléthore de partis politiques n'ayant ni sièges, ni militants et
ne s'étant jamais présenté à une élection.
Certains sont conçus comme des instruments au service d'ambitions
personnelles, n'ayant pas souvent de programme politique et encore moins une
idéologie identifiable.
- Pour finir, notons que le 19 avril 2012, fut adopté
un nouveau code électoral. Aussi, les élections
législatives du 30 septembre 2013 furent marquées par la refonte
biométrique des listes électorales.
Ainsi, à la suite de ce contexte historique, voici
comment se sont comportés les habitants des quartiers que nous avons
choisis lors des élections.
Comme nous l'avons vu ci-dessus, l'élection
présidentielle du 09 octobre 2011 étaient marquées par la
mise en place d'une nouvelle administration électorale (ELECAM), tandis
que les législatives et municipales du 30 septembre 2013 se
caractérisent par la refonte biométrique. Fort de cela, une
communication événementielle a été
utilisée ; se caractérisant par une communication de
proximité, les campagnes de sensibilisation des populations et des
réunions avec les différents responsables dans les quartiers.
C'est dans ce cadre que les associations, les chefs religieux, les leaders
d'opinions et les chefs de quartiers ont été mis à
contribution pour amener les habitants de la populace à s'inscrire sur
les listes électorales. C'est ainsi que nous avons vu des individus
sacrifier un peu de leur temps pour supporter les rangs devant les agents
d'ELECAM afin d'être inscrits en retour d'un
récépissé qui leur était remis pour le retrait de
la carte d'électeur. C'est ainsi que sur les 82000 électeurs
potentiels de Douala IIème il y a eu 75000 inscrits95(*) (ces données ont
été utilisées par défaut puisque nous n'avons pas
pu avoir les chiffres spécifiques à chaque quartier).
Pour le retrait des cartes, le même dispositif de
communication a été mis sur pieds pour inciter ces habitants
à retirer leurs cartes. Mais à ce niveau, nous avons
observé une réticence de ces populations à aller retirer
leurs cartes d'électeur. De plus, le retrait fait par plusieurs a
été fait sous des contraintes familiales et professionnelles
(cartes distribuées 74000)96(*).
C'est la campagne électorale qui nous a fourni un cadre
d'observation non négligeable, puisque c'est le moment de rencontre
entre l'offre et la demande politique, dans le sens du marché politique
Max Weber97(*)(1919).
Aussi parce que cela nous a permis de toucher du doigt la
réceptivité de ces populations face aux promesses des acteurs
politiques, qui dans le cas d'espèce sont représentés par
les partis politiques. C'est le cas à New-Town aéroport III
où nous avons assisté à toutes formes d'animations, de
petites séances de travail ou de formation, destinés à
présenter comment se conduire dans un bureau de vote et comment
fairepour exprimer son choix. Nous avons assisté à une
utilisation des jeunes et des parents pour aller convaincre le maximum de leurs
voisins moyennant un franc symbolique. Ce fut aussi le moment d'observer des
caravanes de « benskineurs » au
« mototaximen » pour faire des bruits dans le quartier.
Tout ceci devant des foules qui s'empressèrent sur le bord de la route
pour satisfaire leur curiosité et pourquoi ne pas profiter de la
distribution de certains « biens ».
Aussi, nous avons remarqué que certains habitants
changeaient de parti en fonction du gain et ce pour l'instant présent.
En effet, ces individus lorsqu'ils étaient informés de la
descente d'un parti dans leur quartier se transformant immédiatement en
sympathisant pour participer à la distribution des offrandes
électorale. C'est également le moment pour certains d'exprimer
leur déception du genre :
« C'est ce que vous dites tout le
temps » ou encore : « faites nous rêver
juste pour la circonstance »
De toutes ces scènes qui nous ont été
données de voir, nous avons noté que, même si ces habitants
assistent à ces campagnes, il y a une improvisation car rien n'est
préparé à l'avance, ni de la part des populations, ni de
la part des partis politiques.
Le jour du scrutin, c'est le jour où les suffrages sont
exprimés et le dépouillement est effectué, ceci dans
chaque centre et bureau de vote. Ce jour qui le plus souvent est un dimanche,
toutes les activités sont au stop pour permettre à chaque
habitant de se rendre dans les bureaux de vote, qui, en plus sont situés
dans les quartiers. Mais l'on se rend compte que même si certains
(beaucoup plus les parents (hommes) vont remplir leur devoir de citoyens, c'est
comme s'il n'y avait aucun évènement pour d'autres (jeunes et
femmes). Par la suite, à 18 heures et 00 minute, heure de fermeture des
bureaux de vote, certains habitants restent pour assister au décompte
des voix.
Cependant, une question persiste : qu'en est-il en dehors
des échéances électorales.
4-1-2-2- En dehors des échéances
électorales
Il est question dans cet espace d'évoquer les
comportements politiques qu'ils posent en dehors des évènements
politiques ou dans le cadre de l'expression d'une aspiration (accès aux
besoins de base). C'est dans ce sens que nous pouvons parler de
l'adhésion aux partis politiques. En effet, 64,8% de ces habitants
n'appartiennent à aucun parti politique contre 35,2% qui appartiennent
soit l'opposition (21,6%), soit au parti au pouvoir (13,6%). CF
Tableau 11 : adhésion aux partis
politiques et pourcentage
Adhésion parti politique
|
Parti au pouvoir
|
Parti d'opposition
|
Aucun parti
|
Total
|
Effectif
|
54
|
34
|
162
|
250
|
%
|
21,6
|
13,6
|
64,8
|
100%
|
Source : par nos soins
Ce qui témoigne d'un faible taux d'adhésion aux
partis politiques.
En ce qui concerne les actions collectives d'ordre politique,
il n'y en a pas tellement dans ces quartiers, sauf des pétitions qu'ils
envoient à la mairie pour exprimer leurs doléances et les
comités qu'ils forment pour assurer l'hygiène, la
sécurité et le développement de leur localité. Mais
en ce qui concerne les destructions des biens publics, les occupations de
bâtiments et les sit-in, ce n'est pas une réalité dans ces
milieux.
Les formes étant évoquées, il est
indispensable de relever le degré de participation dans les
bidonvilles.
4-2- LES DEGRES DE PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES
BIDONVILLES
Parler de degré c'est établir une
échelle des activités nous permettant de mesurer le niveau
d'investissement des citoyens. Allant du degré zéro (citoyens
apathiques) au degré supérieur (citoyens actifs)98(*), nous pourrions estimer le
taux de participation dans ces milieux.
4-2-1- Le niveau d'implication ou d'investissement dans la
gestion de la chose publique
Les niveaux d'investissement de ces habitants
dépendent des enjeux des évènements politiques.
En effet, en s'appuyant sur les élections que nous
avons pu observées, nous retenons que lors de la présidentielle,
ils sont plus apathiques parce qu'ils estiment que ce sont les même
personnes qui reviennent pour battre campagne sans changer de discours, ce qui
ne les poussent pas à assister. Les paroles de cet habitant de New-Town
sont fortes éloquentes :
« Ils font la politique des chauves souris
à répétition, rien de concret »
Tandis que pendant les élections législatives
et municipales, il y a une plus grande motivation, une plus grande mobilisation
à cause des replis identitaires. En effet, le candidat est souvent une
connaissance par la ramification des amis ; par conséquent, la
probabilité pour que les conditions de vie s'améliorent (plus
individuellement que collectivement) est grande. Bref, la
réceptivité chez ces habitants est plus grande lors des
législatives et municipales en raison d'une pléthore de
candidats, les uns se rapprochant de l'appartenance ethnique et les autres de
l'appartenance religieuse.
S'agissant des autres activités, il est à
observer une faible adhésion aux partis politiques en raison de leur
absence dans ces quartiers, que se soit après et avant les
périodes électorales .aussi, notons qu'ils ne considèrent
pas déjà ceux qui existent comme fiables. Pour illustrer, voici
que Grégoire de New-Town laisse entendre :
« Nous ne sommes pas attachés à un
parti politique parce qu'il n'y a pas un parti
précis »
Donc dans ces quartiers, il y a des citoyens
« apathiques » soit de degré zéro de la
participation parce qu'ils s'inscrivent sans voter. Et des citoyens dont le
caractère actif est corrélé aux enjeux des
évènements politiques, soit un degré supérieur
puisque s'engageant dans un parti politique, en recherchant des informations
politiques (44%) et en prenant activement part aux campagnes
électorales.
Cependant, quel est donc le taux de participation qui
découle des données ci-dessus.
4-2-2- Le taux de participation dans ces quartiers
Nous avons ressorti le taux de participation en tenant compte
d'abord de la modalité principale qui est le vote, ensuite de
l'intérêt qu'ils accordent à la vie politique, de
l'appartenance à une formation politique et enfin de leur participation
aux activités politiques dans leurs quartiers en dehors des
échéances électorales.
Au niveau du vote, faute de n'avoir pas pu obtenir les
données spécifiques à chaque quartier, nous avons
usé de celle de DOUALA IIème en général et ce pour
les élections législatives et municipales. Dès
lors le nombre d'électeurs potentiels était de 82000
électeurs99(*).
Pour les législatives :
- Nombre d'inscrits : 76701 soit 5299 de non-inscrits
- Nombre de votants : 52717 soit 23984
d'abstention
- Bulletin nul : 2026
- Suffrage valablement exprimé (SVE) : 50691
Pour calculer le taux de participation, nous avons
utilisé la différence entre le nombre d'électeurs
potentiels et le SVE. Puisque ceux qui se sont abstenus, ceux qui ne se sont
pas inscrits et les bulletins nuls, sont des citoyens qui remplissent toutes
les conditions à la participation électorale. Ce qui
donne :
82000-50691= 31309 individus. Soit un pourcentage de 38,18% de
taux de non participation pour les législatives.
Pour les municipales
- Nombre d'inscrits : 74887 soit 7113 de
non-inscrits
- Nombre de votants : 52872 soit 22015 d'abstention
- Bulletins nuls : 1555
- SVE : 51317
Pour le calcul du taux, nous avons utilisé la
même logique que pour les législatives. Ce qui donne :
82000-51317= 30683 individus soit un pourcentage de 37,41%
de taux de non participation.
Du coté de l'intérêt qu'ils accordent
à la vie politique, nous avons mesuré à l'aide des
variables :
- En regardant les émissions politiques qui
donne : 22,4% qui s'y intéressent ; soit 14% à
New-BellNgangue et soit 8,4% à New-Town III
- En lisant les rubriques politiques dans les journaux nous
avons : 20,8% qui lisent ; soit 10,4% à New-Bell et 10,4%
à New-Town III
- D'où 43,2% qui s'intéressent à la vie
politique contre 56,8% qui ne s'y intéressent pas.
CF Tableau 12 : intérêt pour
la vie politique par quartier et pourcentage
Intérêt à la vie
politique
Quartiers
|
Emissions politiques
|
Rubriques politiques dans les journaux
|
Rien des deux
|
Total
|
New-bell
|
34/ 14%
|
26/ 10,4%
|
65/ 25,6%
|
125/50%
|
New-town
|
22/ 8,4%
|
26/ 10,4%
|
77/31,2%
|
125/50%
|
Total
|
56/ 22,4%
|
52/ 20,8%
|
142/56,8%
|
250/100%
|
Source : par nos soins
Pour l'adhésion aux partis politiques nous avons
déjà évoqué plus haut que 35,2% adhèrent
à une formation politique, soit :
- 13,6% aux partis d'opposition, avec 8,8% à
New-BellNgangue et 4,8% à New-Town III ;
- 21,6% au parti au pouvoir avec 11,2% pour New-Bell Ngangue
et 20,4% à New-Town III.
CF Tableau 13 : adhésion aux partis
politiques par quartier
Adhésion pp
Quartiers
|
Parti au pouvoir
|
Parti d'opposition
|
Aucun parti
|
Total
|
New-Bell
|
28/ 11,2%
|
22/ 8,8%
|
75/ 30%
|
125/ 50%
|
New-Town
|
26/ 20,4%
|
12/ 4,8%
|
87/ 24,8%
|
125 / 50%
|
Total
|
54/ 21,6%
|
34/ 13,6%
|
162/ 64,8%
|
250/ 100%
|
Source : par nos soins
Quant' aux activités politiques en dehors des
échéances électorales dans leurs quartiers, nous
avons : 28,8% qui y participent à concurrence de 13,2%
New-BellNgangue et 15,6% pour Tew-Town III.
CF Tableau 14 : participation aux
activités politiques par quartier
Activités politique
Quartiers
|
Oui
|
Non
|
Total
|
New-Bell
|
33/ 13,2%
|
92/ 36,8%
|
125/ 50%
|
New-Town
|
39/ 15,6%
|
86/ 34,4%
|
125/ 50%
|
Total
|
72/ 28,8%
|
178/ 71,2%
|
250/ 100%
|
Source : par nos soins
De tout ce qui précède, nous avons retenu que
les habitants de bidonvilles ne sont pas suffisamment impliqués dans la
gestion de la chose publique. Ce qui nous amène à rechercher les
raisons et les causes de ce faible investissement ; c'est ce qui fera donc
l'objet de notre troisième partie.
TROISIEME PARTIE :
LES RAISONS ET LES CAUSES DE CETTE FAIBLE IMPLICATION
DE LA POPULACE DANS LA GESTION DE LA CHOSE PUBLIQUE
Dans la partie précédente, nous avons
épilogué sur la conception qu'ils avaient de la politique et de
la participation politique. Ce qui a été possible à
travers une analyse de la socialisation politique et la culture politique dans
ces milieux. Nous permettant ainsi de toucher du doigt les différentes
formes de participation qui sont les leur ainsi que le niveau
d'implication qui s'en dégage. D'où nous avons pu constater
qu'ils n'étaient pas suffisamment impliqués dans la gestion de la
chose publique. C'est donc ce dernier aspect qui est la raison d'être de
cette partie, puisqu'elle aura pour objectifs de ressortir les raisons de cette
faible implication politique (I) ainsi que ses causes (II).
CHAPITRE CINQUIEME :
LES RAISONS DE CETTE INSUFFISANTE IMPLICATION POLITIQUE
DE LA POPULACE
En recherchant les raisons, nous voulons étudier les
motifs de leur faible investissement dans la participation politique. Pour ce
faire, voyons la place de la compétence politique, des partis politiques
et la désaffection pour la politique.
5-1- LA NOTION DE LA COMPETENCE POLITIQUE ET LA FAIBLE
IMPLICATION POLITIQUE DE LA POPULACE
A la question de savoir qu'est-ce que la compétence
politique100(*), il faut
d'emblée noter que ce terme est d'utilisation plus fréquente en
France que dans le monde Anglo-saxon, où son usage ne s'est
imposé qu'assez récemment. Totalement absent des premiers
écrits de converse, la notion de compétence politique s'est
longtemps vue préférée, celle de
« connaissance » ou de sophistication politique101(*). Pour DelliCarpini et
Keeter102(*), il est
essentiellement question de savoir politique (politicsknowledge) ou de citoyen
informé (informedcitizen) comme pour mettre ici au devant deux
concepts : celui de « réquisits » et de
« responsabilité ».
Cette notion revêt deux dimensions à
savoir :
- Une dimension cognitive : c'est-à-dire à
une connaissance approfondie et ;
- Une dimension politique : qui est cette connaissance
approfondie, reconnue, qui confère le droit de juger ou de
décider en certaines matières.
Cette notion nous fournit un axe de compréhension de la
faible implication de la population, sous deux axes : d'abord celui de
l'implication politique et celui du défaut de culture politique.
5-1-1- L'incompétence politique
Afin de mieux comprendre pourquoi nous la mobilisons comme
raison, marquons un arrêt sur la conception que Bourdieu Pierre (1979) a
de la compétence politique ou de l'incompétence politique. Cet
auteur construit sa vision sociopolitique à partir de sa notion de champ
politique qu'il définit comme étant :
« Le lieu où s'engendrent, dans la
concurrence entre les agents qui s'y trouvent engagés, des produits
politiques, problèmes, programmes, analyses, commentaires, concepts,
évènements, entre lesquels les citoyens ordinaires,
réduits au statut de « consommateurs » doivent
choisir. »103(*)
Pour cet auteur, la faculté de bien juger
dépend directement des conditions sociales dans lesquelles
évoluent l'individu et sa capacité à accéder
à une action rationnelle, elle dépend aussi des dispositions
sociales héritées (habitus), qui est là, un à
priori à la compréhension du politique chez Bourdieu.
C'est cette remise en cause du rationalisme abstrait qui le
conduit à poser la question de la compétence politique qu'il
définit comme étant la capacité à reconnaitre une
question politique et d'y répondre à partir des principes
proprement politique. En d'autres termes, c'est la capacité de passer
d'une expérience personnelle à un problème d'ordre plus
général ou encore, de faire d'un cas particulier l'exemple d'une
loi universelle.
Cependant, il relève que tout le monde est loin
d'être capable d'une telle montée en
généralité. En effet, comme le disait Jérôme
Lafargue104(*)(1996),
dans les bidonvilles, la conscience des intérêts communs est
souvent brisée par l'autonomisation des stéréotypes
individuels et par la dépendance. Dans nos deux quartiers, les habitants
n'agissent pas de façon unie et cohérente, puisque leur
pauvreté aux causes multiples entravent l'esprit de mobilisation. De
plus, pour accéder à la parole politique, il faut se sentir
capable et autorisé à le faire, puisque la compétence
politique n'est pas universelle. Elle dépend directement du capital
culturel de chaque individu, hérité de sa famille ou transmis par
l'école. Bref, plus la compétence scolaire est
élevée, plus l'individu a des chances d'accéder au
discours politique. Cependant, la compétence scolaire chez Bourdieu est
liée au milieu social d'origine ; ainsi, les compétents en
matière de politique sont l'élite culturellement et socialement
dominant. Ce qui rejoint déjà cette pensée d'Annick
Percheron selon laquelle :
« L'acquisition d'une compétence savante
et souvent formelle, la familiarisation avec certains mécanismes de
participation pour les enfants des milieux privilégiés et les
élèves en bonne situation scolaire ; l'apprentissage, en
revanche, par les enfants des milieux défavorisés en mauvaise
situation scolaire, de situation d'inégalités et de moyens
anomiques de contester un système qui les
relègue »105(*).
Ainsi, dans les bidonvilles, leur faible investissement dans
la chose publique est dû au fait qu'ils aient un manque de normes, de
valeur et de repères politique. Qu'ils auraient pu acquérir si la
déperdition scolaire n'était pas importante dans ces milieux.
Aussi si la famille n'excluait pas de leurs discussions avec leurs enfants le
domaine politique, comme nous confia Grégoire de New-Town III :
« Nous discutons avec nos enfants, mais
rarement de politique »
Rejoignant ainsi Percheron qui relevait que c'est un sujet
tabou tout comme la sexualité.106(*)
En outre, Bourdieu dans son interprétation de la
compétence politique, distingue les professionnels et les profanes de la
politique. En fait, pour entrer dans cette arène, il faut
posséder une compétence bien spécifique, car il ne suffit
pas d'être compétent politiquement (être autorisé et
capable d'émettre un jugement politique), il faut également
posséder un habitus politique (histoire politique, sciences
économiques, thèmes politiques et un langage particulier) et ce
qui est donné par certaines institutions (système scolaire et par
l'Etat). En d'autres termes, Pierre Bourdieu relève ici que le champ
politique serait équivalent au champ social. Dès lors, on
retrouve dans le champ politique les inégalités que l'on retrouve
dans d'autres champs108(*). C'est ainsi qu'il il existe des dominants
(élites, professionnels, représentants) qui conduisent les
autres, les meneurs politiques et des dominés (profanes, les
exécutants) qui suivent, dans le sens de Sieyes109(*)(1748):
« La plupart de nos concitoyens n'ont ni
l'instruction, ni les loisirs nécessaires pour vouloir décider
eux-mêmes des affaires publiques. Leurs avis est donc de nommer des
représentants beaucoup plus capables qu'eux-mêmes de
décider »
C'est également ce que cette femme
ménagère relève
« La politique appartient à ceux qui
l'exercent dès le début d'une carrière, par exemple les
politiciens : la politique aux politiciens... »
Cette conception apparente le champ politique à un
marché politique où se rencontre l'offre apportée par les
professionnels et la demande exprimée par les profanes qui sont des
consommateurs. En effet, dans les bidonvilles, les habitants n'évoquent
la chose politique qu'au moment des élections car estiment qu'ils ne
savent comment faire après cet évènement.
Bourdieu soutient également que le fait de participer
à la politique est lié plus ou moins à un vif sentiment de
compétence (sentiment d'incompétence renvoie à
l'incapacité des citoyens à entrer dans les catégories de
jugement et d'expression qui leur sont imposés) ; ainsi, plus on se
sent compétent plus on participe. Mais lorsque se sentiment est absent,
le citoyen exprime son impuissance et s'exclue de la politique.
Notons au finish, que les habitants des bidonvilles ne
s'investissent pas fortement dans la politique en raison d'un sentiment
d'incompétence que la majorité a en matière politique.
Ceci en raison des habitus ou dispositions qu'ils ont acquis de leurs parents
à travers la faible socialisation politique de la famille et du faible
niveau scolaire corrélé à la déperdition scolaire.
Ce qui entraine un défaut de culture politique. Car comme le disait Paul
Lazarsfeld110(*)(1948):
« Les individus pensent politiquement comme ils
sont socialement »
Ce qui nous amène à analyser la place de la
culture politique dans cette faible implication.
5-1-2- Le défaut ou le manque de culture
politique
Nous avons vu dans la partie précédente que
c'est la culture politique qui permet de trouver des repères, de
connaitre les rapports entre un gouverné et son gouvernement. Etant
liée à l'aspect pratique de la socialisation politique, lorsqu'on
est cultivé, on connait toutes les règles du jeu politique de son
pays et ce relativement à tous les évènements de cette
nature qui s'y déroule, mais comme le dit Daniel Gaxie :
«... la démocratie suppose que le citoyen
possède une capacité à apprécier les enjeux et la
symbolique du champ politique. Or cette capacité n'est pas donnée
à tous dans les mêmesproportions. Il y a un inégal
accès à la compréhension de la chose publique, qui
dépend, en définitive, d'un habitus de classe... cette
inégalité conduit à une division entre d'une part, les
professionnels de la politique et, d'autre part, les spectateurs et les
indifférents, doublement marqués par une faible maitrise des
schèmes de classification et d'évaluation en rapport avec
l'organisation publique et par une capacité réduite
d'appréciation de la compétence politique »111(*) .
Dès lors, la faible implication pourrait trouver une
compréhension dans l'inégal possession du capital culturel ;
comme semble le mentionner ici, Kakabi de New-Bell Ngangue :
« Plusieurs ne savent même pas ce qu'on
appelle bureau de vote, encore moins ce que c'est qu'une
élection » et cette femme de ménage :
« ... mais là j'ai pas beaucoup de temps.
J'aurais plus de temps, ben là je m'en occuperais, j'essaierais de
savoir certaines choses quoi, de suivre plus. C'est-à-dire qu'en
étant plus informé, on peut déjà plus discuter avec
certaines personnes. Quand on sait pas grand-chose, on reste un peut à
l'écart »
Ainsi, certains individus ne s'investissent pas beaucoup, pas
parce qu'ils ne veulent pas, mais juste qu'ils ne savent comment faire ;
témoignant ainsi du sens caché de la participation politique dont
évoque DanielGaxie112(*). Cependant, sur la base de certaines questions
ouvertes de notre questionnaire, nous avons eu d'autres raisons qui ne
relèvent ni de l'incompétence, ni du défaut de culture,
mais d'une désaffection pour la chose politique et d'un vide
créé par les partis politiques.
5-2- DESAFFECTION POUR LA POLITIQUE, PARTIS POLITIQUES
ET FAIBLE IMPLICATION DE LA POPULACE DANS LA GESTION DE LA CHOSE PUBLIQUE.
Certes l'incompétence et le défaut de culture
politique apportent une compréhension de cet investissement insuffisant
de la populace ; toutefois ils ne sont pas exhaustifs. Puisque d'autres
éléments, pourvus de sens méritent d'être
évoqués ici. Il s'agit de la désaffection jumelée
au désintérêt et les partis politiques.
5-2-1- Désaffection, désintérêt
pour la politique
La philosophie nous enseigne que l'individu (Homme dans son
jargon), se caractérise par sa singularité, sa
subjectivité (ses choix et préférences), sa
liberté. Bref, par sa marge de manoeuvre, car il est avant tout un
acteur (au sens de Merton). En rapport avec notre travail, il apprécie
aussi la scène politique et décide de prendre part ou pas
à ce qui s'y passe. Ce qui nous appelle à observer le tableau
ci-dessous :
Tableau 15 : raisons de la non implication
et pourcentage
Raisons de non implication
|
Par désintérêt
|
Par manque de moyens
|
Par découragement
|
Autres (manque de temps)
|
Total
|
Effectif
|
74
|
50
|
41
|
10
|
178
|
%
|
41%
|
28,08%
|
23,03%
|
5,61%
|
100%
|
Source : par nos soins
Ce tableau permet de répertorier quelques raisons
avancées par ces habitants à la question de savoir pourquoi ils
ne participaient pas aux autres activités politiques de leurs
quartiers ; et à nous de constater que le
désintérêt l'emporte sur les autres raisons. Pour avoir
plus de précisions, nous sommes allés auprès d'eux pour
les interviewer quant' à pourquoi ils ne s'intéressaient pas
à la vie politique. C'est ainsi que le chef du quartier New-Town III
nous relata que :
« La mairie ne répond pas favorablement
aux doléances des populations, c'est pour cela qu'ils ne sont pas
très actifs politiquement »
C'est aussi ce que pense le chef d'antenne d'ELECAM douala
IIème :
« Nous rencontrons beaucoup de
difficultés dans les bidonvilles, parce que de manière
général ils ne croient plus en la politique »
Egalement, cette ménagère explique son
découragement et son désintérêt en ces
termes :
« Nos jeunes d'aujourd'hui ne
s'intéressent qu'à de l'argent, tout le monde y va pour en tirer
un profit et non pour écouter les problèmes qui y sont
exposés afin de débattre pour en tirer des
solutions »
Cet autre anglophone justifie son
désintérêt par :
« There is always war among the opposition
during the eletorial vote, which causes heatred»
Une quinquagénaire pour sa part ne soutient que :
« Ça ne me nourrit
pas »
De plus, certains expliquent cette désaffection par le
fait qu'ils ne se sentent pas pris en compte. En se basant sur le concept de
démocratie, en tant que système qui confie le pouvoir au peuple,
ils estiment que leurs voix ne comptent pas. En effet, même si dans
certains quartiers il existe des espaces de concertation, ce ne sont pas tous
les habitants qui y sont conviés. Plus encore, cette forme de
concertation se limite au niveau du quartier, puisqu'il n'y a pas d'espace
public113(*) (entendu
comme le lieu de production et d'échange public d'arguments sur les
affaires de la cité, aussi, il est communication entre les divers
interlocuteurs que sont les hommes politiques et les citoyens
« ordinaires ») entre les quartiers de la mairie114(*). Comme pour dire que le
pouvoir ne leur appartient pas. Nous pouvons donc dire que ce
désintérêt et cette désaffection tire ses sources de
l'histoire commune de ces quartiers ; allant dans le sens
d'Hirschman115(*) (1983) pour qui :
« La participation politique des individus est
fonction des différents types de déceptions qu'ils peuvent
être amenées à connaitre »
Cette insuffisante implication serait liée à
l'apathie de ces populations à l'égard de la chose publique. Quel
peut être la responsabilité des partis politiques ?
5-2-2- La responsabilité des partis politiques
Le parti politique se définit sur la base de quatre
éléments :
- C'est une organisation durable, c'est-à-dire qu'elle
survit à ses dirigeants en place ;
- C'est une organisation locale bien établie et
apparemment durable, entretenant des rapports réguliers et
variés avec l'échelon nationale ;
- C'est une organisation qui doit avoir pour
finalités : la conquête, l'exercice et la conservation du
pouvoir ;
- Et le souci de rechercher un soutient populaire à
travers les élections ou d'une toute autre manière116(*).
En s'appuyant sur le premier élément, le parti
politique se distingue des simples clientèles, des factions, par le fait
que ces dernières disparaissent avec leur fondateurs et animateurs. Le
deuxième élément pour sa part, relève que le parti
a une organisation complète jusqu'au niveau local, bref complet et
entretenant en permanence des relations avec les unités de base. Le
troisième diffère les partis, des groupes de pression, parce
qu'ils cherchent à obtenir des sièges aux élections,
à figurer au parlement, à participer au gouvernement, voire
à le diriger. Enfin, le quatrième élément permet de
le différencier des clubs politiques parce qu'ils ne participent pas aux
élections et à la vie parlementaire, mais font plutôt
pression sur les partis, le gouvernement et l'opinion (même si la
frontière est franchissable)117(*).
Les partis politiques jouent plusieurs fonctions. D'un point
de vue classique, ils remplissent trois fonctions parmi lesquelles :
- La formation de l'opinion : en effet, ils contribuent
à créer ou à maintenir une conscience politique, en
assurant l'information et la formation de l'opinion à travers
l'encadrement thématique, doctrinal ou idéologique des
électeurs et des candidats, en clarifiant et en alimentant le
débat politique et en explicitant plus clairement les choix ; bref,
ils concourent à l'expression du suffrage (la fonction
programmatique)118(*).
- La sélection des candidats : le parti assure le
choix des candidats à proposer aux électeurs à travers le
recrutement politique
- L'encadrement des élus : en maintenant un
contact permanent entre les élus et les électeurs. Les militants
servant de relais entre les deux (ils expliquent aux électeurs
l'activité parlementaire de l'élu, défendent ses
décisions, font sa propagande)119(*). Aussi, ils assurent l'encadrement des élus
sur le plan parlementaire.
Du point de vue de FranckSorauf120(*)(1964), il faut replacer le
parti politique dans son environnement global. Dans ce sens, le parti dans son
activité et ses conduites, aussi bien que dans ses structures, est une
réponse à son environnement. Donc en fonction de ce dernier
élément, le parti assume certaines fonctions. C'est pour cela que
les partis des pays en voie de développement sont omni
fonctionnels121(*).
Selon Almond122(*), les partis jouent le rôle de
l'élaboration, d'application et d'adjudication des règles
(contrôle les organes du pourvoir). Aussi, ils constituent des structures
de communication. De plus, ils contribuent à l'adaptation et au maintien
du système, dans le sens du recrutement et de la socialisation
politique. Enfin, ils contribuent à l'articulation et à
l'agrégation des intérêts (en complétant ou en
suppléant les groupes d'intérêt).
Merton (1965)123(*) à travers ses concepts de fonctions
manifestes et fonctions latentes, énumère trois
fonctions :
- Le maintien des contacts directs et constants entre les
agents locaux et les électeurs de chaque quartier. Visant ainsi
l'humanisation et la personnalisation de tous les procédés
d'assistance à ceux qui sont dans le besoin
- La procuration des privilégiés politiques qui
permettent des gains économiques immédiats
- L'ouverture des avenues de la mobilité sociale pour
les groupes déshérités. En fournissant un moyen important
de mobilité sociale à des individus qui, à cause de leur
origine ethnique et de leur appartenance à la classe inférieure,
voyaient leur avancement bloqué.124(*)
Lavau125(*)(1918-1990), le parti peut remplir la fonction
tribunitienne, c'est-à-dire celle qu'ils assurent lorsqu'ils se font
porteurs des revendications d'une classe sociale ou d'une clientèle (du
clientélisme politique).
Une confrontation de toutes ces fonctions des partis
politiques avec nos milieux d'étude, nous a permis de relever
que :
Théoriquement, ils sont structurés comme
suit : des cellules au niveau des quartiers, des blocs ; des
sous-sections au niveau des arrondissements ; des sections au niveau des
départements et le comité central au niveau national.126(*)
Mais sur le plan pratique, les autres partis politiques sont
absents. Comme nous laisse entendre Kakabi de New-Bell Ngangue :
« On ne sait pas où les retrouver, les
localiser, on ne même pas s'ils existent »
En effet, ils n'apparaissent que lors des campagnes
électorales pour attirer les électeurs. C'est ce qu'exprime
Grégoire :
« Les partis font la politique du ventre, les gens
qu'on ne connait pas, qu'on a jamais vu, viennent nous faire rêver pour
l'instant des élections et ils disparaissent par la suite...)
Cette expression « politique du
ventre127(*) » relève tout simplement que les
partis n'interviennent à ce moment que pour remplir les
formalités. C'est donc cette absence ou alors cette présence non
effective qui crée ce vide au niveau de la populace sur le plan
politique. En effet, avec cela, aucune fonction n'est remplie, puisqu'une fois
élus le pont est directement coupé avec eux. D'où plus
d'information, plus de formation politique, les populations étant
délaissées à elles-mêmes.
A l'issue de ce chapitre, nous retenons que cette faible
implication trouve une compréhension dans le défaut de culture
politique qui les rend incompétents, aussi dans la désaffection,
le désintérêt accentué par le sentiment de non prise
en compte et l'absence des partis politiques. Mis en rapport avec les huit
niveaux de participation des citoyens aux projets les concernant de Sherry
Arnstein128(*), nous
avons pu relever que les habitants de ces quartiers n'ont pas le pouvoir
effectif et n'ont qu'une coopération symbolique qui s'arrête
beaucoup plus à l'aspect électoral.
Cependant, une question trouve son sens ici : qu'est-ce
que les déterminants sociaux peuvent apportés comme explication
de ce phénomène ?
CHAPITRE SIXIEME :
LES CAUSES DE CETTE FAIBLE IMPLICATION POLITIQUE DE LA
POPULACE
Dans le chapitre précédent, nous avons
essayé d'appréhender ce phénomène sur un aspect
microsocial. Cependant, ayant opté pour une approche du fait social
total (Marcel Mauss)129(*), nous ne saurons mettre de coté E. Durkheim
130(*)qui relevait qu'un
phénomène social est déterminé socialement, mettant
ainsi au devant les déterminants sociaux. C'est également dans ce
sens que Lazarsfeld mentionnait que :
« Les individus pensent politiquement comme ils
sont socialement »
Ce qui nous amènera donc à examiner la place de
l'âge, du sexe, du niveau d'étude (I), celle de l'appartenance
religieuse, ethnique et du niveau de revenus dans la faible implication
politique de la populace dans les bidonvilles.
6-1- LA PLACE DE L'AGE, DU SEXE ET DU NIVEAU
D'ETUDE
6-1-1- L'âge et le sexe
Nous nous appuierons sur les tableaux construits sur la base
du dépouillement de nos questionnaires administrés. La variable
dépendante étant ici l'intérêt que la populace a
pour la politique, nous la croiserons avec l'âge et le sexe qui sont les
variables indépendantes. Dès lors, utilisons le premier
tableau :
Tableau 16 : intérêt pour la vie
politique et tranche d'âge
Intérêt vie politique
Age
|
Oui
|
Non
|
Total
|
20-30
|
42 /16,8%
|
55/22%
|
97/38,8%
|
30-40
|
35/14%
|
50/20%
|
85/34%
|
40-50
|
19/7,6%
|
23/9,2%
|
42/16,8%
|
50 et plus
|
15/6%
|
11/4,4%
|
26/10,4%
|
Total
|
111/45%
|
139/55%
|
250/100%
|
Source : par nos soins
Ce tableau établit une relation entre
l'intérêt pour la vie politique et l'âge.
La lecture majoritaire nous montre que le
désintérêt pour la vie politique est plus fort que
l'intérêt. Ceci est dû au fait que dans les bidonvilles, les
habitants la considèrent comme une chose compliquée et dont il
faudrait s'en méfier.
La lecture différentielle permet de relever qu'il y a
d'avantage d'individus âgés entre 20 et 40 ans que ceux dans la
tranche 40 ans et plus. Dès lors, il nous donne à croire que ce
désintérêt est plus grand chez les plus jeunes (42%) et que
ce désintérêt diminue avec l'âge puisque 50% des
individus âgés entre 40 ans et plus, s'intéressent à
la vie politique contre 42,30% des individus âgés entre 20 et 40
ans qui s'intéressent à la vie politique.
Ainsi, ce degré d'implication peut s'expliquer par le
fait que ces quartiers regorgent majoritairement des jeunes qui sont volatiles
sur le plan politique, c'est-à-dire qu'ils n'ont pas de conviction ou
une idéologie politique stable. En effet, nous avons pu observer sur le
terrain des jeunes qui faisaient du bruit lors des campagnes
électorales, mais qui en faitn'avaient aucune connaissance de la
politique. De plus, de part le manque de socialisation politique primaire, ils
ne savent pas les évènements politiques, encore moins comment s'y
comporter. En ce qui concerne le fait que le désintérêt
pour la vie politique diminue lorsque l'âge augmente, nous avons vu dans
le premier chapitre que les individus qui se situaient dans la tranche
d'âge 40 ans et plus concevaient la politique comme :
« Tout ce qui concerne la vie de l'homme.
C'est-à-dire ce qui concerne la satisfaction de ses besoins à
savoir : l'électricité, l'eau, l'éducation, la route,
la sécurité... »
M. Jonas de New-Bell Ngangue
Ce qui renvoie donc à dire que tout homme devrait s'y
intéresser, car qu'on le veuille ou pas, cela impacte sur la vie de
chacun. Aussi, ils sont contraints par leurs différents groupes de
référence : associations du quartier, lieu de travail et
groupe de pair. C'est ce que nous relata Mme. Barga de New-Town :
« Ce qui fut le cas lors de ces dernières
élections présidentielles, législatives et municipales,
où une pression indirecte fut mise sur nous, les parents à
s'inscrire et à aller voter ».
Ainsi, nous pouvons dire que le déterminisme social
permet de noter que la participation politique dans les bidonvilles est
corrélée à l'âge, car les individus les moins
âgés s'intéressent moins à la vie politique et que
ce désintérêt diminue lorsque l'âge augmente.
Observons le second tableau
Tableau 17 : intérêt pour la vie
politique et le sexe
Intérêt vie politique
sexe
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Masculin
|
68/ 27,2%
|
87/ 34,8%
|
155/ 62%
|
Féminin
|
43/ 17,2%
|
52/ 20,8%
|
95/ 38%
|
Total
|
111/ 45%
|
139/ 55%
|
250/ 100%
|
Source : par nos soins
Ce tableau établit un lien entre l'intérêt
pour la vie politique et le sexe
La lecture majoritaire permet de voir que le
désintérêt (55%) l'emporte sur l'intérêt (45%)
pour la vie politique. Le désintérêt l'emporte ici tout
simplement parce que les individus de sexe féminin sont moins nombreux
que ceux de sexe masculin et que parmi ces derniers, il y a plus de jeunes que
d'adultes et de personnes âgées. Or nous avons vu dans les
quelques lignes précédentes que les jeunes s'intéressaient
peu ou pas à la vie publique.
La lecture différentielle relève qu'il y a moins
de femmes que d'hommes. Notons aussi que 54,73% des femmes ne
s'intéressent pas à la vie politique contre 56,12% des hommes.
Bref, ce tableau vient remettre sur la scène le statut de
« cadets sociaux » de la femme131(*), puisque la
société considère qu'elle n'a pas de statut politique et
qu'elle est confinée dans le foyer à faire les taches domestiques
alors qu'elle représente
approximativement « 51% »132(*) de la population totale.Ce
qui nous permet de mettre sur la sellette la théorie du « cens
caché » pour relever que l'homme et la femme n'ont pas un
égal accès aux ressources nécessaires à la
compétence politique, car la discrimination de genre est existante entre
l'homme et la femme.
Voilà pour ce qui de l'âge et du sexe, qu'en
est-il du niveau d'étude et de la situation matrimoniale ?
6-1-2- La place de la situation matrimoniale et le niveau
d'étude
Nous nous servirons une fois de plus des tableaux issus de
notre fiche de dépouillement. Soit le tableau ci-dessous :
Tableau 18 : intérêt pour la vie
politique et situation matrimoniale
Intérêt vie politique
Situation matrimoniale
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Célibataire
|
50/20%
|
53/21,2%
|
103/41,2%
|
Marié
|
38/15,2%
|
59/23,6%
|
97/38,8%
|
Veuf (ve) s
|
10/4%
|
12/4,8%
|
22/8,8%
|
Divorcé
|
13/5,2%
|
15/6%
|
28/11,2%
|
Total
|
111/45%
|
139/55%
|
250/100%
|
Source : par nos soins
Ce tableau établit un rapport entre
l'intérêt accordé à la vie politique et la situation
matrimoniale.
A l'issue de la lecture majoritaire, il y a toujours moins de
personnes qui s'intéressent à la vie politique, ceci pour les
mêmes raisons que celles des deux premiers tableaux.
La lecture différentielle révèle que les
individus mariés ou célibataires s'intéressent davantage
à la chose publique que les divorcés et les veufs. En effet, ce
sont les mariés et les célibataires qui considèrent la
politique comme :
« Un monde de tromperie, dangereux. De plus, il
y a mieux à faire que de s'y intéresser, car cela
n'améliore pas les conditions de vie et est réservé aux
autres, bien plus compétents »
D'après ce tableau, plus on est marié et
célibataire moins on s'intéresse à la gestion de la chose
publique dans la populace.
Soit le deuxième tableau :
Tabeau19 : intérêt pour la vie
politique et niveau d'étude
Intérêt vie politique
Niveau d'étude
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Primaire
|
14/5,6%
|
21/8,4%
|
35/14%
|
Secondaire
|
48/19,2%
|
62/24,6%
|
110/44%
|
Supérieur
|
43/17,2%
|
45/18%
|
88/35,2%
|
Sans niveau
|
06/2,4
|
11/4,4%
|
17/6,8%
|
Total
|
111/45%
|
139/55%
|
250/100%
|
Source : par nos soins
Ce tableau établitun lien entre l'intérêt
pour la vie politique et le niveau d'étude.
Au niveau de la lecture majoritaire, le constat est le
même.La lecture différentielle quant' à elle montre que ce
sont les individus qui ont un niveau inférieur ou égal au
secondaire qui sont les moins intéressés. En nous appuyant sur le
sens caché de la participation politique de Daniel Gaxie, nous
comprenons que ce désintérêt est la résultante d'un
sentiment d'incompétence politique qui les amène à
s'exclure eux-mêmes. Pour illustrer cela, reprenons ces paroles de cette
femme de ménage :
« ... mais là j'ai pas beaucoup de temps.
J'aurais plus de temps, ben là je m'en occuperais, j'essaierais de
savoir certaines choses quoi, de suivre plus. C'est-à-dire qu'en
étant plus informé, on peut déjà plus discuter avec
certaines personnes. Quand on sait pas grand-chose, on reste un peut à
l'écart »
De plus, nous avons des individus que lors des entrevues ne
savaient et ne comprenaient pas ce que c'est que la politique, encore moins ce
que c'est que participer à la gestion de la chose publique.
Ainsi, le niveau d'étude conditionne le degré
d'implication politique des individus au point où nous pouvons donc dire
que le désintérêt pour la vie politique, trouve une cause
dans le bas niveau scolaire des habitants de bidonvilles (64,8%) comprenant le
primaire, les sans niveau et le secondaire.
Que nous apportent l'appartenance religieuse, l'appartenance
ethnique et le niveau de revenu.
6-2- LA PLACE DE L'APPARTENANCE RELIGIEUSE, DE
L'APPARTENANCE ETHNIQUE ET LE NIVEAU DE REVENU
6-2-1- L'appartenance religieuse et l'appartenance
ethnique
Soit ce Tableau 20 : intérêt
pour la vie politique et appartenance religieuse
Intérêt vie politique
Religion
|
Oui
|
Non
|
Total
|
Catholiques
|
60/ 24%
|
81/ 32,4%
|
141/ 56,4%
|
Protestants
|
27/ 10,8%
|
28/ 11,2%
|
55/ 22%
|
Musulmans
|
10/ 4%
|
20/ 8%
|
36/ 14,4%
|
Autres
|
08/ 3,2%
|
10/ 4%
|
18/ 7,2%
|
Total
|
111/ 45%
|
139/ 55%
|
250/ 100%
|
Source : par nos soins
Il met en relation l'appartenance religieuse et
l'intérêt pour la politique. A bien l'observer, nous nous rendons
compte que l'appartenance religieuse n'a pas trop d'influence sur
l'intérêt ou le désintérêt pour la chose
publique dans les bidonvilles car les proportions ne sont pas très
importantes. En effet, nous devons mentionner que ce sont des milieux de
prédilection pour les églises, puisqu'en proie au chômage,
au désespoir, au stress et à la violence (s'agissant des
femmes)133(*) ;
poussant ainsi les habitants de ces quartiers à se tourner vers les
églises à la recherche d'un réconfort psychologique. Par
conséquent, ces adeptes ne justifiaient pas leur faible implication
politique par leur obédience, mais plutôt par :
Soit le manque de temps :« Je n'ai pas le
temps pour ça, ça ne me sert à rien » un
protestant
Soit par un sentiment
d'incompétence : « je ne suis pas doué
pour ça » un catholique
Soit par désaffection pour la vie
politique : « je n'aime par la vie
politique » un catholique.
Sauf ce témoin de Jéhovah pour
qui : « on nous interdit la politique parce que cela
fait avoir les mains sales, cela attire les sectes »
Voilà donc pourquoi cette variable n'a pas trop
d'importance dans la compréhension et l'explication du degré
d'implication politique dans les bidonvilles. En plus, elle constitue
plutôt un repère dans la structuration de l'espace politique (pour
savoir si on est à gauche ou à droite).
En ce qui concerne l'appartenance ethnique, elle influence au
niveau du type d'élection. En effet, dans une logique de la politique du
ventre, ces individus s'investissent moins parce qu'ils n'ont pas les
affinités avec les candidats puisqu'ils ne sont pas souvent de la
même tribu, aussi parce que c'est plus restreint et plus contraignant.
Alors que lors des élections législatives et municipales, il y a
une plus grande représentativité, puisque même les partis
minoritaires peuvent se battre à l'échelle d'une localité
ou dans leur « fiefs » avec les leurs ; ce qui suscite
plus d'investissement de la part des habitants à cause des
affinités. Référons nous à ces paroles de Pierre de
New-BellNgangue :
« Mes gens ne sont pas candidats, je vais aller
voter qui, je ne connais pas les autres »
6-2-2- Le niveau de revenu
Le niveau de revenu est un aspect non négligeable dans
la détermination de l'intérêt qu'ils accordent à la
vie politique. Dans ces quartiers, la majorité s'exerce dans le secteur
informel et voici leurs activités :
« mototaximen », vendeur à la sauvette,
mécanicien, aide maçon, vigile, menuisier, travailleuse de maison
et la liste n'est pas exhaustive. C'est partant de tout cela que, Philippe
Bissek134(*) les
appelait « populations à faibles revenus ». Aussi,
Jean Marc Ela135(*)relevait que le mirage urbain attirait ces individus
vers les villes. Mais ils viennent se confronter à une
inadéquation entre les infrastructures, les ressources de ce nouveau
milieu et l'offre d'emploi. Quand bien même certains ont un revenu, ce
revenu n'est pas de nature à leur permettre de supporter le mode de vie
urbain. C'est ainsi, qu'ils rabattent dans les bas-quartiers, les quartiers
pour travailleurs sous-payés ou à revenu faible, où
sévissent la misère, l'insalubrité, une forte pression
démographique.
C'est fort de cette situation qu'Achille Mbembe136(*) a relevé que c'est un
certain seuil de revenu par tête qui viabilisera la démocratie en
Afrique. Sinon les habitants ne prioriserons que la satisfaction des exigences
matérielles et alimentaires sur d'autres, avec comme conséquence
l'orientation des représentations politiques sur l'attente
« du manger » ou du matériel.
Dans la même lancée, Jérôme
Lafargue mentionnait déjà qu'une mobilisation dans les
bidonvilles n'est pas efficace à cause de la pauvreté des uns et
des autres.
Ainsi, le faible ou le manque de revenu pourrait expliquer ce
faible investissement de ces populations dans la mesure où la
participation requiert une certaine indépendance économique ou
matérielle et un revenu important qui permettraient l'achat des journaux
par exemple, d'adhérer à un parti puisqu'il y a des contributions
à faire.
Au demeurant, retenons de cette partie que les habitants des
bidonvilles s'investissent peu dans la chose publique parce qu'ils
recèlent en eux un sentiment d'incompétence en la matière.
Ce sentiment est causé par le défaut de culture politique.Aussi,
ils ressentent une désaffection et un désintérêt
pour la politique, le tout accentué par l'abandon des partis politiques
qui laisse un vide au niveau de la formation et de l'information politique. Cet
état de chose peu aussi être corrélé à
l'âge en ce sens que ce sont des quartiers constitués en
majorité des jeunes ; également au sexe dans ce sens que la
discrimination de genre fait en sorte que les femmes qui sont plus nombreuses
n'ont pas un réel statut politique ; en plus, le niveau
d'étude permet de relever que la déperdition scolaire fait en
sorte que très peu s'investissent dans la gestion de la chose publique.
CONCLUSION
Au terme de ces investigations, il importe de
repréciser les objets qui ont fait l'économie de notre travail
sur le thème : la participation politique dans les bidonvilles. Ce
travail était axé autour de quatre principaux objectifs, à
savoir : ressortir la conception qu'ils ont de la chose publique, le
détenteur du pouvoir dans ces quartiers, ceux qui participent et
comment, le degré et le pouvoir de participation et enfin les raisons et
causes de ce degré de participation. Dès lors, le
problème est celui de la non implication politique des habitants des
bidonvilles dans la gestion de la chose publique. Ce qui entraina la question
de savoir comment appréhender le fait que ces habitants ne s'impliquent
pas suffisamment en dépit des efforts des pouvoirs publics allant dans
le sens de la participation politique de tous ? En termes
d'hypothèse générale, l'implication politique des
habitants de bidonville est fonction de la compétence politique qu'ils
recèlent et des déterminants sociaux. Pour parvenir à nos
fins, les théories telles que celle de : la participation (Sherry
A, Arnstein, 1969), du cens caché (D. Gaxie) et celle du
déterminisme social (Durkheim) ont été indispensables.
aussi, vu la complexité de ce phénomène, l'option a
été celle de la méthode quali-quantitative, de la logique
déductive et inductive, qui ont permis d'avoir une vision macro et
microsociologique de cette réalité ; c'est - à - dire
de partir à partir des études de cas et des expériences
pour toucher la représentation que ces habitants se font de la
participation politique ; et d'un nombre important pour mettre en
évidence la causalité .Afin de pouvoir le faire, l'outil choisi
c'est le guide d'entretien et le questionnaire et d'un échantillon
à la fois probabiliste et non-probabiliste. De ce travail
structuré en trois parties comprenant chacune deux chapitres, il ressort
dans la première partie qui portait sur le cadre théorique et
méthodologique de la recherche que :
Nous sommes là dans le domaine de la sociologie
politique en général, et dans celui de la sociologie
électorale et du monde d'en bas en particulier. De plus, la
participation politique est un concept dont l'approche est complexe, plus
encore lorsqu'il est mis en rapport avec les bidonvilles, car ce sont des
milieux qui échappent à tout contrôle. Au regard donc de
cette complexité, l'approche par le fait social total de Marcel Mauss a
été sollicitée ; avec comme milieux d'étude
New-Bell Ngangueet New-TownAeroportIII.
Dans la deuxième partie qui traitait de l'imaginaire
sociale de la populace et la question de la participation politique, les formes
et degrés de participation politique dans les bidonvilles, nous avons
obtenu que :
La politique pour eux est un domaine qui touche à la
gestion de la société, un domaine de duperie, de peu ou pas de
confiance, une affaire d'intérêt, mais qui demande que plusieurs
conditions soient remplies. Bref quelque chose de très compliquée
et par conséquent réservé à ceux qui en ont les
capacités. Aussi, nous pouvons retenir de cette partie que l'absence de
socialisation politique primaire et l'insuffisante socialisation politique de
l'école, font en sorte que la majorité des jeunes de ces milieux
ignorent ce que c'est que participer à la vie politique. Cependant, de
ceux qui en savent quelque chose, ils développent une réticence
comme leurs parents. Fort de cela, cette partie a permis de noter qu'ils ne
s'investissent pas suffisamment dans la politique.
En ce concerne la troisième et dernière partie
qui évoquait les raisons et les causes de cette faible implication
politique, elle nous a apporté que :
En termes de raisons, leur faible implication politique est
liée au sentiment d'incompétence politique que la majorité
a dans ces milieux, ce qui se manifeste par un défaut de culture
politique. Tout ceci est accentué par le vide que laisse la non
présence des partis politiques dans ces milieux et la
désaffection qu'ils ont pour la chose politique. Au rang des causes,
nous pouvons retenir que l'âge, le sexe, le niveau d'étude et de
revenus, procurent une explication de ce faible investissement de la populace
dans la politique. Puisque ce sont des milieux qui regorgent plusieurs jeunes
(se caractérisant par leur volatilité), des milieux en proie
à la déperdition scolaire et à la pauvreté
matérielle.
Au regard de ces résultats obtenus par partie, nous
pouvons dire que nos hypothèses se vérifient. En effet, leur
degré d'implication politique est lié à leur
démotivation, au fait qu'ils se sentent incompétents
politiquement et que malgré une certaine concertation avec les pouvoirs
publics, le niveau d'étude et de revenu freinent ou empêchent la
participation de certains.
En dépit des difficultés rencontrées,
telles que :
Le caractère herméneutique sur de la
politique ; la réticence que ces habitants des bidonvilles ont face
à la politique à cause des préjugés venant de leurs
familles qui est un agent de socialisation politique ; la
difficulté d'accès aux informations.
Nous avons pu noter que ce qui bloque leur implication
politique c'est ce sentiment d'incompétence politique, mais aussi le
fait qu'il n'y a pas une politique adaptée à leur milieu, puisque
ces derniers veulent quelque chose de nouveau et de concret.
Cependant, nous n'avons pas la prétention d'avoir tout
examiné, car la recherche n'a pas été très
approfondie sur l'aspect contestataire de la participation et sur l'aspect de
projets dans le sens du développement.
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WWW. Germinal newspaper.com : Le 05 Décembre 2014
WWW. Mboa. Info : Le 05 Décembre 2014
ANNEXES
Annexe 1 : carte présentant les zones
d'étude
251686400
Source : www google map.fr consulté
le 16 décembre 2014 à 14h
Annexe 2 : questionnaire et guides d'entretien
Bonjour Monsieur ou Madame je suis étudiant en sociologie
niveau V et je mène une étude sur la participation politique dans
les bidonvilles et j'aimerais si vous le voulez bien, que vous répondiez
à ces questions.
QUESTIONNAIRE (cocher la case)
I- FICHE SIGNALITIQUE
1. Le sexe : masculin Féminin
2. L'âge [20-30[ [30-40[ [40-50[ [50 et + [
3. Situation matrimoniale : Marié(e)
Célibataire Veuf(ve) Séparé Divorcé
4. Niveau d'étude : Primaire Secondaire
Supérieur
5. niveau de revenu : moins de 28000 28000
plus de 28000
6. Appartenance religieuse Catholique Protestant Musulman
autres à préciser ........................
7. Appartenance
ethnique..................................................
II- PARTICIPATION ET FORME DE PARTICIPATION
POLITIQUE
8. Vous intéressez vous à la vie
politique ? : Oui Non Sans opinion
9. Si non pour quelle(s) raison(s)?
.................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
10. Si oui comment vous intéressez vous à la vie
politique ? : en regardant les émissions politiques en
lisant les rubriques politiques dans les journaux
11. A quel mouvement politique appartenez-vous ? parti au
pouvoir (RDPC) partis d'opposition A préciser
.....................
Aucun parti politique
Pour quelle raison ?
...........................................................................
III- DEGRE DE PARTICPATION
12. En dehors des échéances électorales
participez-vous à d'autres activités d'ordre politique de votre
quartier ? Oui Non
Si oui
lesquelles ?..........................................................................................................
Si non pourquoi ? Par désintérêt Par
manque de moyen Par découragement autres à préciser
.......................
Bonjour Monsieur ou Madame je suis étudiant en sociologie
niveau V et je mène une étude sur la participation politique dans
les bidonvilles et j'aimerai si vous le voulez bien poser quelques
questions.
GUIDE D'ENTRETIEN
I- CONCEPTION DES HABITANTS DE LA PARTICIPATION
POLITIQUE
1) Selon vous c'est quoi la
politique ?.................................................................................
2) A quoi renvoie le terme
participer ?..................................................................................
3) C'est donc quoi la participation
politique ?.....................................................................................................................................................................................................................................................................
II- DETENTEUR DU POUVOIR DANS LE QUARTIER
4) Qui gère le
quartier ?..................................................................................................
....................................................................................................
5) En dehors du chef de quartier quels sont les autres
groupes qui interviennent dans la gestion du
quartier ?........................................................................................................
.......................................................................................................
6) Quels est la place du citoyen que vous êtes dans la
gestion du quartier ?
..................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
III- QUI PARTICIPE ET COMMENT
7) Lors des échéances électorales,
comment faites-vous au niveau de votre
quartier ?.........................................................................................................................
............................................................................................................................................................................................................
8) Après les élections comment les habitants
s'organisent pour avoir accès aux services de bases tels que : la
sécurité, l'eau courante, l'hygiène ou l'assainissement du
quartier ?.........................................................................................................................
..........................................................................................................................................................................................
IV- LE DEGRE DE PARTICIPATION : RAISON DE CE DEGRE
D'IMPLICATION
9) Comment est ce que la commune de Douala et le chef du
quartier font pour que vous vous impliquiez dans la gestion du
quartier ?...................................................................
......................................................................................................................................................................................................................................................................................
10) Comment
réagissez-vous ?................................................................................................
.............................................................................................................................................................................................................
11) Pour quelles
raisons ?.......................................................................................................
....................................................................................................................................................................................................................................................................................................................
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LA MAIRIE
1) Quelle est la conception que vous avez de la participation
politique et de la politique ?
..............................................................
..................................................................................
2) Que faites-vous pour amener les populations dans les quartiers
évoqués à s'impliquer dans la gestion de la chose
publique ?..............
...................................................................................
3) Est-ce à travers des projets ? si oui,
pouvez-vous nous en citer quelques uns que vous avez montés ?
......................................
...................................................................................
4) Qu'avez-vous observés ? qu'ils impliquaient, si
oui sous quelles
formes ?.................................................................................................
si non pour quelles
raison ?..................................................................
5) Avez-vous une plateforme de communication entre les
habitants de ces quartiers et vous ?
.........................................................
de manière participative ou unilinéaire ?
................................
6) Quels sont vos auxiliaires dans la gestion de ces
quartiers ? ...........
...................................................................................
7) Combien d'habitants comptes chacun de ces
quartiers ?..................... Combien en âge de voter ?
..................................................
8) A-t-il des ressortissants d'autre pays ? si oui combien
sont-ils ?..........
...................................................................................
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LE CHEF D'ANTENNE ELECAM
DOUALA IIemè
1) Le nombre d'habitants de New-Town et de
New-Bell ?.................................
.........................................................................................
2) Le nombre d'électeurs
potentiels ?................................................................
3) Le nombre d'inscrits sur les listes
électorales ?............................................
4) Le nombre d'électeurs ayant retiré leur carte
d'électeur ?............................
5) Le nombre de votant et
l'abstention ?...........................................................
6) Pour vous c'est quoi participer à la politique ?
...............................
GUIDE D'ENTRETIEN
(Adressé à monsieur le
sous-préfet de l'arrondissement de DOUALA II)
1- Quelles sont les coordonnées géographiques
des quartiers New-Town et New-Bell ?
2- Quelle est la composition sociologique de ces
quartiers ?
3- Combien d'habitants compte DOUALA II en
général et les quartiers évoqués
ci-dessus ?
4- Combien sont en âge de voter ?
5- Quelle plateforme de communication avez-vous entre vos
populations et vous ?
GUIDE D'ENTRETIEN POUR LES MILITANTS DE PARTIS
POLITIQUES
1- qu'est-ce que c'est que la participation politique pour
vous ?...................................
.........................................................................................................
2- quel est votre rôle en tant que parti
politique ?............................................................
.............................................................................................................
3- comment jouez-vous ce rôle dans les
bidonvilles ?........................................................
..........................................................................................................
4- avant les échéances
électorales ?................................................................................
........................................................................................................
5- pendant les échéances
électorales ?...........................................................................
..........................................................................................................
6- et après ces échéances
électorales ?...........................................................................
.........................................................................................................................................
7- quels sont les obstacles que vous rencontrez dans les
bidonvilles ?...............................
............................................................................................................
Annexe 3 : liste des interviewes
Nom et prénoms
|
Statut social
|
Date et heure de l'entretien
|
Lieu de l'entretien
|
M. NJOCK Bjiki Emmanuel
|
Secrétaire général
Mairie douala II
|
02 Avril 2014 à 15 H
|
A la mairie
|
M. ZAKARI MOHAMADOU Abdou
|
Chef d'antenne ELECAM douala II
|
29 Janvier 2014 à 12 H
|
Antenne ELECAM doualaII
|
Honorable Fopoussi
|
Ancien député et communicateur pour le SDF
|
05 Aout 2014 à 16H
|
Dans son cabinet à Akwa
|
Ndongo Nama
|
Chef du quartier New-Town III
|
17 Mars 2014 à 9H
|
A son domicile New-Bell
|
Grégoire
|
étudiant
|
12 Mai 2014 à 18H
|
New-Town
|
Ebaï
|
student
|
12 Mai 2014 à 16H
|
New-Town
|
Junior
|
Elève
|
13 Mai 2014 à 17H
|
New-Town
|
Yannick
|
Elève
|
10 Juin 2014 à 9H
|
New-Bell
|
Maxime
|
Elève
|
14 Mai 2014 à 15H
|
New-Town
|
Jonas
|
Manutentionnaire
|
8 Juin 2014 à 16H
|
New-Bell
|
Anonyme
|
Ménagère
|
8 Juin 2014 à 18H
|
New-Bell
|
Anonyme
|
Moto taximan
|
14 Mai 2014 à 17H
|
New-Town
|
Anonyme
|
Pentecôtiste
|
8 Juin 2014 à 9H
|
New-Bell
|
Kakabi
|
Informaticien
|
12 Juin 2014 à 14H
|
New-Bell
|
Anonyme
|
Témoin de Jéhovah
|
15 Juin 2014 à 16H
|
New-Bell
|
Michel
|
Manutentionnaire
|
15 Juin 2014 à 14H
|
New-Bell
|
Anonyme
|
ménagère
|
15 Mai 2014 à 10H
|
New-Town
|
Une quinquagénaire anonyme
|
Bayamsellam
|
15 Juin 2014 à 11H
|
New-Bell
|
Un anglophone anonyme
|
Carpenter
|
22 Mai 2014 à 17H
|
New-Town
|
Barga
|
commerçante
|
23 Mai 2014 à 16H
|
New-Town
|
Pierre
|
commerçant
|
20 Juin 2014 à 17H
|
New-Bell
|
TABLE DES MATIERES
DEDICACES................................................................................................i
REMERCIEMENTS.....................................................................................ii
SOMMAIRE...............................................................................................iii
RESUME....................................................................................................v
ABSTRACT...............................................................................................vi
LISTE DES SIGLES ET
ABREVIATIONS.........................................................vii
LISTE DES
TABLEAUX..............................................................................ix
EPIGRAPHE..............................................................................................x
INTRODUCTION........................................................................................1
PREMIER PARTIE : CADRE THEORIQUE ET METHOLOGIQUE
DE LA
RECHERCHE.............................................................................................6
CHAPITRE PREMIER : PROBLEMATIQUE ET REVUE
CRITIQUE DE LA
LITTERATURE..........................................................................................7
1-1- Constat, problème et question de recherche...
...............................................7
1-1-1-Constat de la recherche
....................................................................7
1.1.2- Problème et question de
recherche.......................................................8
1-2- La revue critique de la
littérature.......................................................9
1-2-1- Travaux relatif a la participation
politique..............................................9
1-2-2- Travaux relatifs aux
bidonvilles.........................................................12
1-2-3- Travaux relatif a la participation politique dans les
bidonvilles ...................14
CHAPITRE DEUXIEME : CADRE THEORIQUE ETELABORATION DE
LA METHODE DE
RECHERCHE......................................................................19
2-1- Champs sociologiques mobilises, théories
utilisées et hypothèses.....................19
2-1-1- Champs sociologiques et théories
mobilises.........................................19
2-1-2- Théories
mobilisées......................................................................20
2-1-2-1-La théorie de la participation
......................................................20
2-1-2-2- La théorie du « cens
cache » de la participation de D. gaxie................21
2-1-2-3- Le déterminisme social
................................................................22
2-1-3-
Hypothèses...............................................................................23
2-1-4- définition des
concepts..................................................................23
2-1-4-1- La participation
politique...........................................................23
2-1-4-2- Les
bidonvilles.......................................................................25
2-2- Elaboration de la méthodologie de
recherche.............................................27
2-2-1- Méthode de
recherche..................................................................27
2-2-2- La logique de recherche
...............................................................28
2-2-3- Délimitation du sujet et du terrain de la
recherche..................................28
2-2-3-1. Presentation de new town
aéroport................................................29
2-2-3-2. Présentation de new
bell............................................................30
2-2-4- Echantillonnage
........................................................................31
2-2-5- Techniques, outils de collecte et analyse des
données..............................33
2-2-6-Analyse des
données.....................................................................34
2-2-7- Axes de recherches
.....................................................................36
DEUXIEME PARTIE : L'IMAGINAIRE SOCIALE DE LA
POPULACE ET LA QUESTION DE LA PARTICIPATION POLITIQUE, LES FORMES ET DEGRES DE
PARTICIPATION POLITIQUE DANS LES
BIDONVILLES...............................37
CHAPITRE TROISIEME : L'IMAGINAIRE SOCIAL DE LA
POPULACE ET QUESTION DE LA PARTICIPATION
POLITIQUE..........................................38
3-1- La notion du politique et la
populace.........................................................38
3-1-1- La conception des gestionnaires du
quartier.........................................38
3-1-2- Une conception sensible aux déterminants
sociaux.................................39
3-1-2-1- Relativement à l'Age et au
sexe...................................................39
3-1-2-2- Relativement au niveau d'étude et à
l'appartenance religieuse...............42
3-2- qu'est-ce que participer a la politique pour la
populace ?............................................44
3-2-1- la place de la socialisation politique dans la conception
de la participation politique dans la
populace.............................................................44
3-2-1-1- Qu'est-ce que la socialisation
politique ?.....................................................45
3-2-1-2- une conception relative a la socialisation
politique.............................48
3-2-2- une conception beaucoup plus conventionnelle de la
participation politique..51
CHAPITRE QUATRIEME : LES FORMES ET DEGRES DE
PARTICIPATION DANS LES
BIDONVILLES..........................................................................52
4-1- les formes de participation politique en
général.......................................52
4-1-1-1- la participation
conventionnelle.....................................................52
4-1-1-2- la participation non
conventionnelle................................................53
4-1-2- qu'en est-il dans les
bidonvilles ?......................................................................55
4-1-2-1- la culture politique dans ces
milieux................................................56
4-1-2- les comportements politiques dans les
bidonvilles.................................57
4-1-2-1- lors des
élections......................................................................57
4-1-2-2- en dehors des
échéancesélectorales.....................................................60
4-2- Les degrés de participation politique dans les
bidonvilles...............................61
4-2-1- Le niveau d'implication ou d'investissement dans la
gestion de la chose
Publique..................................................................................61
4-2-2- le taux de participation dans ces
quartiers............................................62
TROISIEME PARTIE : LES RAISONS ET LES CAUSES DE
CETTE FAIBLE IMPLICATION DE LA POPULACE DANS LA GESTION DE LA CHOSE
PUBLIQUE...............................................................................................65
CHAPITRE CINQUIEME : LES RAISONS DE CETTE
INSUFFISANTE IMPLICATION POLITIQUE DE LA
POPULACE.............................................66
5-1- La notion de la compétence politique et la faible
implication politique
de la
populace..................................................................................66
5-1-1- L'incompétence
politique................................................................67
5-1-2- Le défaut de culture politique ou manque de
culture politique.............................69
5-2- Désaffections pour la politique ? Partis
politiques et faible implication de la populace dans la gestion de la chose
publique...................................................................70
5-2-1- Desaffectons, désintérêt pour la
politique ............................................70
5-2-2- La responsabilité des partis politiques
.................................................72
CHAPITRE SIXIEME : LES CAUSES DE CETTE FAIBLE
IMPLICATION POLITIQUE DE LA
POPULACE...................................................................77
6-1- la place de l'âge, du sexe et du niveau
d'étude............................................76
6-1-1- l'âge et le
sexe.............................................................................76
6-1-2- La place de la situation matrimoniale et du niveau
d'étude.........................78
6-2- Le place de l'appartenance religieuse, de l'appartenance
ethnique et le niveau de
Revenu................................................................................................80
6-2-1- l'appartenance religieuse et l'appartenance
ethnique...............................80
6-2-2- le niveau de
revenu......................................................................81
CONCLUSION..........................................................................................83
BIBLIOGRAPHIE......................................................................................86
ANNEXES................................................................................................93
TABLE DES
MATIERES...............................................................
............104
* 1 BELAADI Ibrahim, Le
bidonville : histoire d'un concept,article
* 2
www.rédaction-bonabéri.com
* 3Sindjoun (L.),
Election et Politique au Cameroun : Concurrence Déloyale,
Coalitions de Stabilité Hégémonique et Politique de
l'Affection, Cameroun, African Association of Political Science, 1997,
PP.89-121
* 4 Pigeaud (F.), Au
Cameroun de Paul Biya, Paris, Edition Karthala, 2011, PP.9-18
* 5 Rousseau Jean Jacques,du
contrat social (1762), paris, Gallimard 1983
* 6 Chef d'antenne ELECAM douala
IIème
* 7Nga (ndongo valentin),
« séminaire sur la confession et la production des travaux
de recherche », département de sociologie,
université de douala 2013
* 8 Arendt (hannah), la
Coexistence Humaine et Participation Politique du Citoyen. Une
Réévaluation de l'Espace Politique, 1999
* 9Gerard d'Ambrile, le
Projet de Recherche de l'Administration, University Law, 1996
* 10 B Flasher,
« la Participation Politique », PUL, article 2012
* 11 HAMILTON un des
pères fondateurs de la constitution américaine
* 12 Armand colins, Guy Hermet,
Pierre birnbaum, Philippe braud, Bertrand badie, Dictionnaire de Science
Politique et des Institutions Politiques, paris, 1994, P 49
* 13 D Gaxie, le Cens
Caché, le seuil, 1978
* 14Jacques T. Godbout, La
Participation Politique : Leçons des Dernières
Décennies, Collection Question de Culture, 1991, P 11-31
* 15Philippe Braud,
Sociologie du Politique, 2008
* 16Dominique chagnollaud,
« Science Politique », 2010
* 17Dominique memmi,
Engagement Politique, 1985
* 18 Farouk benatia,Alger,
Agrégatou Cite, Rheghaia, sned,1980, PP226
* 19Ela Jean Marc, la ville
en Afrique noire, Karthala, paris, 1983 P71-99
* 20Ela Jean Marc, op cit
* 21Motoze AKAM, Sociologie
de Jean Marc Ela : les voies du social, l'Harmattan, Paris, 2011 P56
- 57
* 22René dumont,
Démocratie pour Afrique, Seuil, Février 1991P 185 - 186
* 23Motazeakam, op.cit.
* 24Philippe bissek,
Habitat et Démocratisation au Cameroun, Karthala, 1994, PP
11-12.
* 25 Www rédaction -
bonabéri.com
* 26Gilles Seraphin, Vivre
à Douala, l'Imaginaire et l'Action dans une Ville Africaine en
Crise, l'Harmattan, 2000, P 216-217
* 27R. Hudan, Christian. P,
STEPHANIE. Y, Participation Politique, Expression de la Citoyenneté
et Formes Organisées d'Engagement: la Contribution des Coalisions
à un Renouvellement des Conceptions et de Pratiques, Politiques et
Société, vol.27, no 3, 2008, p.170
* 28Daniel Akmar-Attoh,
« Participation Politique et Perception Populaire de la
Responsabilité au Ghana », ariticle, Mars 2006
* 29Achille Mbembe,Afriques
Indociles, Christianisme, Pouvoir et Etat en Société
Postcoloniale, Karthala, 1988 P153-177
* 30Mbembe(achille), op cit, p
156
* 31 Ibid. PP196-157
* 32www. CSH-DELHI.COM
* 33Jérôme
Lafargue, Contestations Démocratiques en Afrique : Sociologie
de la Protestation au Kenya et en Zambie, Karthala, Paris, 1996
* 34 Mauss (marcel), Essai
sur le Don : Formes et Raisons de l'Echange dans les
Sociétés Archaïques, in Sociologie et Anthropologie,
4éd PUF, 1968
* 35 Weber (max), Le Savant
et le Politique, 1919
* 36Bajoit (guy), Le
Changement Social : une Approche Sociologique des Sociétés
Occidentales Contemporaines, Collection Cursus-Armand Collin, 2004
* 37Ela (jean marc),
Innovations Sociales et Renaissance de l'Afrique Noire, les Défis
du « Monde d'en bas », Paris, l'Harmattan,
1998
* 38 Gingras, Recherches en
Sciences Sociales, Quebec, Presses Universitaires du Quebec, 1993,
p.114
* 39Yomb (jacques), les
Courants Sociologiques, 2èmes années licence,
Université de Douala, 2008-2009
* 40
www.mboa.info: interview du PR.
Stella Nana-Fabu sur les églises reveillées,
réalisée par williamtchango le 14 Avril 2011 à 13H01
minute
* 41Nana-Fabu, S., «An
Analysis of the Economic Status of Women in Cameroon» in Journal of
International Women's Studies, Vol 8, Article 11, Novembre 2006, P.151
* 42B. Denni le Comte,
Sociologie du Politique, 1990
* 43Jacques. T. godbout,
« La Participation Politique : leçon des
dernières décennies »,(1991), P7
* 44 Philippe braud,
Sociologie du Politique, 6 Edition,2002
* 45Nonna Mayer et Pascal
Perrineau, Les Comportements Politiques, PP15-18
* 46 Farouk benatia, Op. Cit.
1980, PP226
* 47ElaJean Marc, la ville
en Afrique Noire, Karthala, Paris, 1983, P71-99
* 48Ela Jean Marc, op cit
* 49Motoze AKAM, sociologie
de Jean Marc Ela : les voies du social, l'Harmattan, paris, 2011 P56
- 57
* 50René dumont,
Démocratie pour Afrique, Seuil, Février 1991P 185 - 186
* 51MotozeAkam,
Ibid.
* 52Philippe Bissek,Habitat
et Démocratisation au Cameroun, Ed Karthala, 1994, PP 11-12.
* 53 Www rédaction -
bonabéri.com
* 54Karsenti, Savoie-Zajc,
Introduction à la Recherche en Education,
2ème éd, éd du crp, Sherbrooke quégec,
2000
* 55 De Lanshere (v),
Introduction à la Recherche en Education, pari, armandcollin,
1988
* 56Nguéhan,
S., « Environnement Social Précaire,
Décrochage Scolaire et Stratégie de Réussite : une
éude exploratoire du phénomène au quartier New-Bell de
Douala », Mémoire de Master en Psychologie Sociale,
Université de Douala-Cameroun, 2007, PP 17-19
* 57Ndinga,
« Cours Magistrale de Techniques Quantitatifs »,
Sociologie niveau III, UNVERSITE DE DOUALA, 2010
* 58Gerard (d'ambrile), op.cit.
p.52
* 59Grawitz (Madeleine),
Méthodes en Sciences Sociales, Paris, Dalloz, 1986
*
60 Ansart(pierre),Imaginaire Social, Juin 2014
*
61Cot(jean-pierre),Mounier(jean-pierre), Pour une Sociologie
Politique, Tome1, Seuil, 1974
* 62Percheron(annick),
réné(rémond),Age et Politique, Galland, 1992
* 63 Un-habitat
* 64 Code électoral
camerounais du 19 AVRIL 2012
* 65Muxel(anne),
L'Expérience Politique des Jeunes , Presses de la
fnsp,2001
* 66Bayart(Jean
François), Mbembe (Achille), Toulabor (Comi), La Politique par le
Bas, Karthala, 1981
* 67 Nana-Fabu, S., The
Feminization of Poverty in Cameroun. Yaoundé, Edition Clé,
2009, P.50
* 68Mbock, G.,
« Femme du Cameroun : Statut Politique et Pouvoir
Social », Jeudi 08 Mars 2012, 07H09 Minutes
* 69 Bayart, J., La
Politique par le Bas en Afrique Noire, P.74
* 70Michelat(Guy), Simon(Mchel)
, Classe, Relgion et Comportements Politiques, fnsp, Paris,1977
* 71Michelat(Guy),
Simon(Michel),op.cit. p. 195
* 72 Ibidem, p.191
* 73Gaxie(daniel), Le Cens
Caché, le Seuil,1978
* 74 Bourdieu (pierre), Propos
sur le Champ Politique, PUL, 2000
* 75 Dictionnaire de
sociologie, Gilles Ferreol, 3 ed
* 76Braud (Philippe),
Sociologie Politique, 6ed, 2002, p.233
* 77 Elias (norbert), La
Dynamique de l'Occident (1939),trad.Calman-Lévy, Réed
Agora,1990,p.195 et 196
* 78Braud (philippe), op.cit.
p.234
* 79 Almond (gabriel), Verba
(sidney), The Civic Culture Revisited, Boston, Little Brown, 1980,
p.340
* 80Nkoyock (Jacqueline),
« Histoire des Idées et des Institutions
Politiques », Cours Magistrale, NiveauII, année 2009-2010
* 81 Bourdieu (Pierre), Propos
sur le Champ Politique, Pul, 2000
* 82 Précis de
Sociologie, Edition 2004, p.137
* 83 Percheron (Annick),
l'Univers Politique des Enfants, 1974
* 84 Caron (paul), Dossier
Socialisation, Annick Percheron et la Socialisation Politique, Dees 128,
Juin 2002, p.23
* 85 Caron (paul), op.cit.
p.32
* 86 CNED-academie en ligne,
séquence 2, la Participation Politique
* 87Braud (philippe),
op.cit.
* 88 Memmi (Dominique),
« L'Engagement Politique », in M.Grawitz, J.Leca,
Traité de Science Politique, Paris, puf, 1985, tome II, p.328 et 329
* 89 Mayer (Nonna), Perrineau
(Pascal), Les Comportements Politiques, A.Collins, 1992
* 90 Favre (Pierre), la
Manifestation, Paris, Presses de la fnsp, 1990, p.34
* 91Nkoyock (Jacqueline),
Cours de Pensée Politique Contemporaine, Sociologie Politique,
Niveau III, 2011
* 92 Almond (gabriel), Sidney
(Verba), The Civic Culture Revisited, Boston, Little Brown, 1980
* 93Eboussi (Boulaga Fabien),
Lignes de Résistance, Ed Clé, Yaoundé, Cameroun,
1999
* 94Transparency
International
* 95 Rapport
Général des élections législatives et municipales
du 30 septembre 2013
* 96 Chef d'antenne ELECAM
DOUALA IIème
* 97 Weber (max), Le Savant
et le Politique, 1919
* 98Braud (Philippe), Ibid.
* 99 Chef d'antenne ELECAM DE
DOUALA IIème
* 100Elkins (Stephen), Soltan
(Karol), citizen competence and democratic institutions, 1998
* 101 Neumann (Russel),
The Paradox of Mass Politics: knowledge and opinion in the American
electorate, 1987
* 102Carpini (Michael Delli),
Scott keeter, What Americans Know about Politics and Why it Matter,
1996
* 103 Bourdieu (Pierre),
La Distinction, Critique Sociale du Jugement, Ed de Minuit, 1979
* 104 Lafargue (Jerome),
Contestations Démocratiques en Afrique : sociologie de la
représentation au Kénya et en Zambie, Karthala, Paris,
1996
* 105 Percheron (annick),
op.cit. 1985 p. 217
* 106107 Ibid. p.226
* 108
www.cours-de-droit.net, le
20 OCTOBRE 2014
* 109Sieyes (Emmanuel),
Qu'est-ce que le Tiers-Etat ?
* 110Lazarsfeld (paul) et
alii, The People's Choice, 1948
* 111 Sciences Sociales,
Citoyenneté et Comportements Politiques, p.148
* 112Gaxie (daniel),
op.cit.
* 113 Habermas (Jurgens),
l'Espace Public. Archéologie de la Publicité comme Dimension
Constitutive de la Société Bourgeoise,Ttrad., Paris, Payot,
1978
* 114 Le
sécrétaire général de la mairie de douala
IIème
* 115Hirschman, Bonheur
Privé, Action Publique, Fayard, 1983
* 116Lapalombara et wiener,
Politicals Parties and PoliticalDevelopment, Princeton, 1966, p.5-7
* 117 Schwartzenberg,
Sociologie Politique, 5ed, Monchretien, 1998, p.404
* 118 David (apter), The
Politics of Modernization, 5ed, 1969, p.181
* 119Schwartzenberg,
op.cit.P.409
* 120 Franck (Sorauf),
Politicals Parties in the American System, Boston, 1964
* 121David (Apter), op.cit. p.
181-182
* 122 Almond (Powell),
Comparative Politics, Boston, 1966, p.99
* 123 Merton, Elements de
Théorie et de Méthode Sociologique, 1965
* 124 Merton, op. cit. 1965
* 125Lavau,
« à le recherche d'un cadre théorique pour
l'étude d'un parti communiste français, rfsp, 1968, p.445 OU
ENCORE, à quoi sert le parti communiste français ?
1981
* 126 HONORABLE FOPOUSSI
responsable de la communication SDF
* 127 Bayart (j-f), l'Etat
au cameroun, paris, fnsp, 1979
* 128 Sherry (arnstein), a
ladder of citizen participation, 1969
* 129 Marcel (mauss), op.
cit.
* 130 Durkheim (Emile),
Les Règles de la Méthode Sociologique, 1895
* 131 Bayart (j-f), La
Politique par le Bas
* 132 Nana-Fabu, S., op. cit.,
P.73
* 133www. Mboa. Info
* 134Bissek (Philippe),
Habitat et Démocratisation au Cameroun, Ed Karthala, 1994,
pp.11-12
* 135Ela (Jean Marc), La
Ville en Afrique Noire, Karthala, Paris, 1983, pp. 71-99
* 136Mbembe (Achille),
Afriques Indociles : Christianisme, Pouvoir et Etat en
Société Postcoloniale, Karthala, Paris, 1988, pp.153-177
|