« Toute personne a le droit de recevoir des soins
visant à soulager sa douleur. Celle-ci doit être en toutes
circonstances prévenue, évaluée, prise en compte et
traitée. Les professionnels de santé mettent en oeuvre tous les
moyens à leur disposition pour assurer à chacun une vie digne
jusqu'à la mort » (article L 11105 Loi Kouchner du 4 mars
2002.
La prise en compte de la douleur commence en 1974 avec la
création de l`International Association for the Study of Pain (IASP), la
branche française étant mise en place en 19752. De nos
jours, c`est la Société Française d`Étude et de
Traitement de la douleur (SFETD) qui prend en charge la douleur grâce
à une équipe regroupant 37 spécialités
différentes : médecins, infirmières, chercheurs,
dentistes, kinésithérapeutes, juristes, psychologues....
Concernant la douleur pédiatrique, elle renvoie aux experts associatifs
que sont Pédiadol et Sparadrap.
Pédiadol organise chaque année, depuis 1991,
à l`UNESCO « La douleur de l`enfant, quelles réponses ?
»3. Ces journées permettent l`information et la
formation des professionnels grâce aux conférences et ateliers
(mis en place en 2007). Le site Pédiadol est une base de données
regroupant les publications sur la douleur de l`enfant.
La douleur est définie par l`IASP comme « une
expérience sensorielle et émotionnelle désagréable
liée à une lésion tissulaire existante ou potentielle ou
décrite en terme d'une telle lésion »4.
Cette définition est difficilement applicable chez le
nouveau-né n`ayant pas acquis le langage et dont l`analyse de sa douleur
doit être faite par une tierce
2 Zabalia M. Pour une psychologie de l`enfant face
à la douleur. Presse universitaire de France/Enfance, 2006 (1), vol. 58
: 5 - 19
3 Annequin D. Pédiadol, histoire d`un
succès. Société française de médecine
d`urgence, 2010, chapitre 110 : 1205 - 1212
4 Zabalia M. Pour une psychologie de l`enfant face
à la douleur. Presse universitaire de France/Enfance, 2006 (1), vol. 58
: 5 - 19
13
personne. Anand et Craig proposent donc en 1996 « une
approche alternative qui suggère que la douleur chez les enfants est une
qualité inhérente à la vie qui apparaît tôt
dans l'ontogénie afin de servir comme un signal d'alarme d'une
lésion tissulaire. En raison de cette difficulté conceptuelle, le
mot douleur est généralement utilisé pour signifier
nociception chez le nouveau-né. Strict sensu, le mot nociception
décrit les effets, métaboliques et neuro-comportementales, d'une
stimulation nocive indépendamment de tout jugement d'une conscience
supérieure, une mémoire, des effets émotionnels possibles
ou une souffrance. En fait, les études sur la douleur du
nouveau-né mesurent, directement ou indirectement, la nociception
»5.
Comme chez l`adulte, la douleur peut être divisée
en deux types :
? La douleur aiguë de courte durée, intense et
localisée, pouvant être provoquée par un soin, en
postopératoire, lors d`affections comme les coliques...
? La douleur chronique persistante, pouvant être
retrouvée chez le nouveau-né subissant une hospitalisation
prolongée avec de nombreux soins douloureux...
La douleur comprend 4 composantes indissociables les unes des
autres6 :
? La composante sensori-discriminative correspond aux
mécanismes neurophysiologiques qui entrainent les douleurs par
excès de nociception
? La composante cognitive entraine la perception de la
douleur et l`attention que la personne y porte
? La composante comportementale regroupe les manifestations
verbales et non verbales (gémissements, pleurs, grimace, posture...),
mais aussi les changements de comportement (atonie) lors de situations
douloureuses
5 Carbajal R. Évaluation de la douleur
liée aux soins chez le nouveau-né. CNRD. 2014 (6) [en ligne]. Mis
en ligne juin 2014 [consulté le 10 mai 2015].
http://www.cnrd.fr/Evaluation-de-la-douleur-liee-aux.html?page=article-imprim&id_article=188
6 Zabalia M. Pour une psychologie de l`enfant face
à la douleur. Presse universitaire de France/Enfance, 2006 (1), vol. 58
: 5 - 19
14
? La composante affective donne son état
émotionnel à la douleur, pouvant aller jusqu`à
l`anxiété ou la dépression chez l`enfant et l`adulte
Nous ne pouvons parler de douleur sans évoquer le
stress, dont les signes cliniques sont proches de ceux de la douleur et
nécessitent une prise en charge adaptée. La Société
canadienne de pédiatrie propose la définition du stress suivante
: « Agent physique ou psychologique provoquant une réaction de
l'organisme [...]. Ensemble des réactions non spécifiques
(physiologique, métabolique, comportementale) à cet agent
agressif »7. Elle précise que « La douleur
est toujours stressante, mais le stress n'est pas nécessairement
douloureux. Tous deux doivent être examinés, évalués
et traités »8. Pour ce faire, il nous faut
comprendre les mécanismes de mise en place de la douleur chez le
nouveau-né qui vont être développés dans le chapitre
suivant.
Selon l`IASP, la douleur est « une expérience
sensorielle et émotionnelle désagréable liée
à une lésion tissulaire existante ou potentielle ou
décrite en terme d'une telle lésion »9.
Cette définition ne peut s`appliquer au nouveau-né qui ne
peut s`exprimer oralement. Par conséquent, Anand et Craig propose de
parler de nociception qui regroupe les réactions métaboliques et
neuro-comportementales en lien avec la douleur du nouveau-né. Cette
douleur peut être aiguë ou chronique et comporte 4 composantes :
sensori-discriminative, cognitive, comportementale et affective.
Les signes cliniques du stress ressemblent à ceux de
la douleur et provoque également une réaction de l`organisme. La
douleur et le stress doivent donc être évalués et pris en
charge.
7 Société canadienne de
pédiatrie et l`American Academy of Pediatrics. La prévention et
la prise en charge de la douleur et du stress chez le nouveau-né.
Paediatr Child Health, 2000 (1) vol 5 n°1 : 39 - 47
8 Ibid
9 Zabalia M. Pour une psychologie de l`enfant face
à la douleur. Presse universitaire de France/Enfance, 2006 (1), vol. 58
: 5 - 19