Perception de la population de Kananga à l'égard de la fièvre hémorragique à virus Ebola.( Télécharger le fichier original )par Jean Bosco BAJIKILE KAZADI ISTM/Kananga - licence en santé communautaire 2015 |
INTRODUCTIONUne connaissance proactive de la population sur risque réel ou potentiel pour la santé est essentielle afin de mettre en garde ceux qui sont concernés et de minimiser la menace d'une maladie infectieuse. Une annonce précoce, même fondée sur des renseignements incomplets, prévient la progression d'une flambée épidémique. Concernant l'émergence de la fièvre hémorragique à virus Ebola, l'on note aujourd'hui encore une faible sensibilisation du grand public et des communautés, qui ne comprennent pas les causes, la présentation clinique et le mode de transmission de la maladie. Cette situation a entraîné la peur, la panique, le refus, la méfiance et le rejet des interventions de santé publique proposées. Ce climat est entretenu par des croyances et pratiques culturelles profondément ancrées concernant les soins des malades et les rites mortuaires et a contribué, de manière notable, à une forte exposition des communautés au virus Ébola. Certaines communautés considèrent que les agents de la santé interfèrent avec les pratiques culturelles établies, ce qui a entraîné un manque de confiance, un recours limité aux centres de traitement et de soins et des taux élevés de décès. Susciter une prise de conscience de la maladie par population, sensibiliser les décideurs, les professionnels de la santé et la population en général sur la maladie à virus Ébola, en utilisant des supports d'information, d'éducation et de communication appropriés et les adapter aux diverses populations et aux publics ciblés, en se fondant sur une évaluation attentive de leurs croyances et pratiques culturelles restent une série des recommandations que l'OMS à mis à la disposition des pays membres afin de promouvoir l'objectif de santé publique visant à agir contre les flambées. La présente étude y contribue au travers le sujet intitulé : « la perceptions de la population de Kananga à l'égard de la fièvre hémorragique à virus Ebola ». En dehors de l'introduction, la présente étude est développée en cinq chapitres essentiels repartis de la manière suivante : le chapitre premier concerne la problématique, le chapitre deuxième se penche sur la recension des écrits, le chapitre troisième concerne la méthodologie de recherche, le chapitre quatrième présente les résultats, le chapitre cinquième discute des résultats obtenus. CHAPITRE PREMIER :PROBLEMATIQUE DE LA RECHERCHE1.1. ENONCÉ DU PROBLÈMELes flambées épidémiques de maladie à virus Ébola constituent un problème de santé publique important pour le monde et les pays africains en particulier. La maladie à virus Ebola, également appelée fièvre hémorragique Ebola, est la maladie humaine provoquée par le virus Ebola, qui touche aussi les autres primates. Il s'agit d'une fièvre hémorragique virale aiguë accompagnée d'une atteinte sévère de l' hémostase et du système immunitaire conduisant à une grave immunodépression. Présentant un tableau clinique identique à celui des affections à virus Marburg, la maladie à virus Ebola est réputée plus grave et le plus souvent mortelle chez l'homme, avec un taux de létalité pouvant atteindre 90 % lors des flambées épidémiques. Depuis sa découverte en 1976, la maladie à virus Ebola (MVE) (autrefois appelée aussi fièvre hémorragique à virus Ebola) sévit principalement en Afrique sub-saharienne. Le Soudan (1976, 1979, 2004), la République démocratique du Congo (RDC) (1976,1977, 1995, 2007, 2008, 2012,2014), le Gabon (1994, 1996, 2001, 2002), l'Ouganda (2000, 2007, 2011, 2012), La République du Congo (2001, 2002, 2003, 2005) ont rapporté des épidémies de MVE. (OMS, 2014) Depuis les dernières années, l'épidémie de Fièvre Hémorragique à virus Ebola sévit en Afrique de l'Ouest, particulièrement dans les pays suivants : Guinée Conakry, Siéra Leone, Libéria et Nigeria, la RDC. Elle est hors contrôle et a ainsi été décrétée par l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS) « Urgence de santé publique de portée internationale ». A la date du 9 aout 2014, 1779 cas et 961 décès ont été notifiés dont 1131 cas confirmés au laboratoire, ce qui explique l'ampleur de problème à l'échelon internationale. En dehors de l'Afrique, signalons qu'en 1967, suite à l'importation de singes verts infectés en provenance d'Ouganda, l'Allemagne et la Yougoslavie ont connu des épidémies de MVE qui ont fait 32 victimes. En 2008, la Hollande et les Etats-Unis d'Amérique ont chacun rapporté un cas importé de Marburg; les deux patients - des voyageurs - avaient visité la grotte de la forêt de Maramagambo située dans le sud-est de l'Ouganda. (DLM, 2011) Selon les informations communiquées par les Ministères de la Santé des quatre pays touchés (Guinée, Libéria, Nigéria et Sierra Leone), la flambée actuelle de maladie à virus Ebola a entraîné au total 3069 cas probables et confirmés, dont 1552 décès. L'accélération de la flambée se poursuit. En effet, plus de 40% des cas sont survenus au cours des 21 derniers jours. Toutefois, la plupart des cas sont concentrés dans quelques localités seulement. Le taux de létalité, qui s'élève globalement à 52%, est compris entre 42% en Sierra Leone et 66% en Guinée. Une autre flambée de maladie à virus Ebola, qui n'est pas liée à celle qui touche l'Afrique de l'Ouest, a été confirmée en laboratoire par la République démocratique du Congo. (OMS, 2014) Entre les années 1994 et 1996 au Gabon (31 décès pour 52 cas) et en Côte d'Ivoire (un cas, non mortel), en 1995 en RDC (254 décès pour 315 cas), en 1996 au Gabon (deux épidémies successives, causant respectivement 21 décès pour 31 cas, de janvier à avril, et 45 décès pour 60 cas, de juillet à décembre). Une infirmière ayant soigné des malades atteints au Gabon meurt de fièvre hémorragique Ebola en Afrique du Sud, la même année. En 2000, le virus touche pour la première fois l' Ouganda (224 décès pour 425 cas) ; il y revient en 2007 dans la région du lac Albert (37 morts pour 149 cas, soit un taux de mortalité inhabituellement bas de 25 %, peut-être en raison d'une souche moins virulente), 2011,1 cas mortel, à 35 km de la capitale 78, en 2012 (dans le district de kibale, dans l'ouest du pays : 17 morts pour 24 cas 79 et en 2013,4 morts pour 7 cas. Depuis octobre 2004, plus de 351 cas ont été signalés an Angola avec 312 décès, soit une létalité de 88,9%. Ces cas ont été enregistrés dans la province de Kwanza Nord, Kabinda, Luanda, et la province zaïre en Angola qui sont frontalière avec la partie Ouest de la RD Congo (DLM, 2011) En RDC, depuis 1976, le pays a eu à faire face à six épidémies de FHVE. Quatre provinces ont été touchées par cette maladie et les localités suivantes ont été concernées : Yambuku, djera et Tandala (Province de l'Equateur), Kikwit (Province du Bandundu), Mweka (Province du Kasaï Occidental) et à Isiro (Province Orientale). Au total, 1044 cas et 143 décès ont été notifiés dans l'ensemble du pays pendant toutes ces épidémies. (DLM, 2011) Le 24 décembre 2003, le Ministre congolais, chargé de la Santé publique avait signalé au total 35 cas de fièvre hémorragique à virus Ebola, dont 29 cas mortels, dans les villages de Mbomo (31 cas, 25 décès) et de MBANDZA (4 cas, 4 décès), situés dans le district de Mbomo, dans le Département de la Cuvette Ouest. Le dernier décès remonte au 3 décembre et aucun cas n'a été signalé depuis. (OMS, 2004) En 2009, Le Ministère de la Santé de la République démocratique du Congo (RDC) a déclaré le 16 février 2009 la fin de l'épidémie de fièvre à virus Ebola dans les zones sanitaires de Mweka et Luebo, dans la province du Kasaï Occidental. La dernière personne infectée par le virus est morte le 1er janvier 2009. Depuis lors, il s'est écoulé plus du double de la durée maximale d'incubation (42 jours). Les autorités sanitaires ont notifié au total 32 cas, dont 15 mortels. Sont recensés dans ces cas, les cas confirmés, probables et suspects. Au cours de cette flambée, le virus Ebola a été confirmé en laboratoire par l'INRB à Kinshasa, le Centre International de Recherches Médicales de Franceville (CIRMF) au Gabon, et le National Institute for Communicable Diseases (NICD), en Afrique du Sud. (OMS, 2009) Au 02 septembre 2014, le Ministère de la santé publique de la République Démocratique de Congo annonce à l'OMS les statistiques sur l'épidémie de la maladie à virus d'Ebola qui se vit à Djera dans le territoire de Boende situé dans le district de Tshuapa à l'équateur, qu'un total cumulé de 58 cas (13 confirmés, 22 probables et 23 suspects), avec 31 décès (taux de létalité : 53,4%), dont 6 agents de santé. A ce jour, 291 contacts sont suivis dont 285 ont été vus. (MINI sante RDC, 2014) Compte tenu de la géostratégie du Kasaï occidental et de l'équateur, le risque de connaitre cette maladie dans la province du Kasaï occidental et même de la ville de Kananga n'est pas négligeable quant on considère que cette province a déjà l'émergence de cette infection par le passé. Egalement en tenant compte de facteurs épidémiologiques: déplacement interne des populations, migration des espèces animale à travers le foret équatorial, la consommation des viandes venant de divers milieux, la solidarité du peuple ouest kasaien et bien d'autres. Conscient du risque ouest kasaienne et particulièrement de la population de la ville de kananga, le gouverneur de province, a dans un communiqué diffusé à la radio télévision malandji en date 15 septembre 2014, exhorte toutes couches de la population à observer les précautions (mesures préventives) éditées par le ministre de la santé publique et ses partenaires en vue d'éviter l'éclosion et la propagation de la fièvre hémorragique à virus Ebola dans la province. Cet appel suscité également l'attention des chercheurs qui doivent, à travers des recherches biens menées, explorer la perception de la population à l'égard de la maladie à virus Ebola et le niveau d'observance des mesures préventives édictées. Ce qui ne semble pas encore été largement de mise de la part des scientifiques à travers la province. C'est pourquoi, nous avons jugé nécessaire d'entreprendre notre étude sur la perception de la population de Kananga à l'égard de la fièvre hémorragique d'Ebola. Eu égard a tout ce qui précède, notre préoccupation tout au long cette étude va consister à répondre à la question suivante : Comment la population kanangaise perçoit-elle la fièvre hémorragique d'Ebola ? |
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