I.2 CADRE THEORIQUE : LA THEORIE DE L'AGENDA-
SETTING
En règle générale, les théories
représentent les systèmes d'idées 17 ; C'est dans ce sens
qu'elles sont considérées comme des cadres méthodologiques
formels proposant des modèles, dans le but d'éclairer une
situation donnée.
Les médias occidentaux, en l'occurrence la Radio France
Internationale, ont joué un rôle important dans les conflits
opposant les rebelles du M23 au gouvernement congolais. Dans le domaine des
sciences de l'information et de la communication, cela s'explique par la
fonction de la mise à l'ordre du jour autrement dit la théorie du
message ou encore la théorie de l'Agenda-setting.
Cette théorie a été
développée en 1972 par les chercheurs américains Maxwell
Mc Combs et Donald Shaw18. Elle décrit la fonction des
médias de masse qui exercent un effet important sur la formation de
l'opinion publique, en imposant le calendrier de certains
événements et la hiérarchie de sujets. Pour y arriver, Mc
Combs et Shaw analysent les campagnes électorales des élections
présidentielles de 1968 en Caroline du Nord dans l'optique de
l'influence des médias sur les électeurs. Ils vont
déboucher sur une théorie psychosociologique plus fine en
essayant de comprendre les dynamiques à l'oeuvre. Ces deux chercheurs
partent de deux constatations contradictoires : premièrement
l'idée soutenu est qu' « il est faux de dire que les médias
influencent directement leur public »,
17 J.LOHISSE, la communication : de la transmission à la
relation, de Boeck et larcier, Bruxelles, 2000, p.88
18M. McCombs, D. Shaw, « The agenda-setting
function of mass media », Public Opinion Quarterly, vol. 36,
no 2, 1972, p. 176--187
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en second lieu celle qu' « il est faux de dire qu'ils ne
l'influencent
pas ».
Pour Jean-Chrétien EKAMBO, le but des recherches
menées par Mc Combs et D. SHAW était de mesurer la relation entre
la couverture des élections dans les actualités et les
thèmes clés perçus comme important par le public. Ils
remarquent une corrélation parfaite entre les thèmes
considérés comme importants par cent électeurs
indécis et ceux ressortant d'une analyse du contenu des
différents mass médias. Ils remarquent que les médias
mettent un certain nombre d'information « à l'agenda
», à l'ordre du jour. Ils disent au public ce à quoi il
faut penser. Cependant, ils ne l'influencent pas directement quant à ce
qu'il faut en penser.
I.2.1 les aspects de l'agenda-setting
Cette influence, bien qu'indirecte, est d'après Mc
Combs de deux ordres :
? Hiérarchique : l'ordre de
l'information est décidée par les médias qui
définissent en quelque sorte ce dont son public va parler.
? Formelle : elle influence aussi la
forme de l'information car en plus de l'ordonner dans l'agenda, les
médias nous la livrent déjà « ficelée » :
reportage, brève, mouture, enquête, filet, etc.
Le fondement de la théorie de l'agenda-setting est que
les médias imposent un modèle au public en sélectionnant
parmi les faits
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sociaux ceux qui seront perçus et débattus par
le public à un moment donné, en classant les thèmes qui
seront injectés dans le public. A ce sujet R.DEBRAY considère que
les médias dominants sont considérés comme le dogmatisme
de l'incertitude, ils écrasent les autres médias et imposent leur
style et tendance à un régime des croyances
collectives.19
19 R.DEBRAY, la médiologie générale, Paris,
Gallimard, 1991, p 32.
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