II.2.3 le déclin du M23
Il est évident que tout empire ayant connu une
apogée n'échappe guère au déclin, tel en a
été même le cas du Mouvement du 23 mars.
Le 19 mars 2013, une guerre interne éclate au sein du
M23, opposant ses chefs. Ils déterminèrent aussitôt leurs
tendances pro-NTAGANDA pour les uns et pro-NKUNDA pour les autres. Le
président politique du mouvement soutenant Bosco NTAGANDA, Jean-Marie
RUNIGA, est destitué par SULTANI MAKENGA, un pro-NKUNDA. De violents
combats opposent les deux factions. NTAGANDA et RUNIGA s'enfuient vers le
Rwanda. A Kigali, « Terminator »comme on surnomme NTAGANDA
décide de se constituer prisonnier à l'Ambassade des Etats-Unis.
Les autorités consulaires américaines le transfèrent
immédiatement à la Cour Pénale Internationale, CPI, en
sigle.
Le 28 mars 2013, Les Nations unies entrent en piste. La
résolution 2098 du Conseil de sécurité renforce la Mission
de l'ONU au Congo (MONUSCO) en crée une Brigade d'intervention
chargée de « neutraliser les groupes armés » qui
sévissent dans l'Est du Congo. La Brigade bénéficie d'un
mandat « offensif » inédit qui l'autorise à prendre
part au conflit aux côtés des FARDC, une première dans
l'histoire de l'ONU. Sur la liste des groupes armés visés
figurent bien évidemment le M23, mais aussi les ADF-NALU, les FDLR, la
LRA de Joseph KONY et même les différents groupes
Maï-Maï qui font également partie des cibles de la Brigade.
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Après six mois d'accalmie, soit le 20 mai 2013, les
combats reprennent entre M23 et FARDC au Nord-Kivu. Les affrontements se
déroulent autour de KIBATI, MUTAHO et KANYARUCINYA, à 7 km au
Nord de Goma. L'ONU crée, à cet effet, une « zone de
sécurité » au Nord de Goma pour protéger les civils
de groupes armés. Un ultimatum de 48 heures a également
été lancé à « toute personne possédant
une arme à feu » pour se désarmer et se démobiliser.
Premier avertissement pour le M23.
Le 21 août 2013, des affrontements éclatent de
nouveau entre l'armée congolaise et le M23 dans la même zone
autour de KIBATI, MUTAHO et KANYARUCINYA. Ces combats font reculer le M23 de la
ligne de front au Nord de Goma. Pour la première fois, l'offensive de
l'armée congolaise, soutenue par les brigades de la MONUSCO commence
à porter ses fruits. C'est un tournant de la guerre. L'armée
congolaise, connue pour ses reculades devant les rébellions semble
renaître. Mieux équipées, mieux payées et mieux
encadrées, les FARDC font reculer le M23. L'appui logistique et
stratégique de la Brigade d'intervention de l'ONU n'est pas
négligeable. Certains spécialistes considèrent ce soutien
comme décisif.
Le 21 octobre 2013, les négociations de paix de Kampala
sont suspendues. Le gouvernement congolais, fort de ses avancées
militaires, refuse d'accorder l'amnistie aux principaux chefs rebelles.
Kinshasa cherche clairement le K.O militaire avant de signer quoi que ce soit
en Ouganda.
Quatre jours plus tard, l'offensive de l'armée
congolaise s'accélère sur trois fronts. Un premier front est
ouvert autour de la ville de
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KIBUMBA, à 25 km au Nord de Goma, un front s'ouvre plus
au Nord à KIWANJA et un troisième plus à l'Ouest, à
RUMANGABO. Le M23 se retire de ses positions après de violents
combats.
Le 30 octobre 2013 marque la victoire militaire pour les
forces gouvernementales. Les FARDC s'emparent de BUNAGANA, le quartier
général du M23, à la frontière ougandaise. Les
principaux fiefs rebelles sont repris par l'armée
régulière : RUTSHURU, RUMANGABO, KIWANJA. Reste deux poches
rebelles de résistance dans les collines du parc des Virunga où
sont retranchés les hommes de SULTANI MAKENGA à la
frontière entre le Rwanda, la RD Congo et l'Ouganda.
Le 5 novembre 2013, la rébellion du M23 annonce la fin
de son mouvement 18 mois après sa création.
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