1
Epigraphe
« Il n'y a pas de routes droites dans le monde
».
MAO Tsé-toung
2
Dédicace
Remerciement
A notre estimée soeur, le Docteur BAGELULANA SIFA
Dhàdhà, pour son engagement total en vue de l'achèvement
de nos études universitaires.
3
Un travail de cette dimension ne sera jamais l'oeuvre d'une
seule personne. Nous remercions de prime à bord notre Seigneur
Jésus - Christ, source de toute vie, qui nous a gardés depuis le
sein maternel par son sang qu'il a versé pour nous sur la croix.
Nous sommes, ensuite, reconnaissant aux nombreuses personnes
qui ont contribué de près ou de loin à son
élaboration, en particulier ; ainsi qu'à la fin de nos
études universitaires, en général ; entre autres : Nos
très chers parents Marcellin KATANGA et Agnès KANINGINI, nos
frères et soeurs BAGELULANA SIFA, KINANKAMBA RIZIKI, KUMINGI FEZA,
MASANZI AKSANTI, Marcelline BORA, MUSAGI BARAKA, Patrick KANINGINI, Janvier
KANINGINI, Annie BAHATI et Pascal AGABU.
Nos sentiments de reconnaissance vont également
à l'endroit de tous les professeurs du département des SIC
à l'université pédagogique nationale ainsi qu'aux
administratifs qui nous ont aidés considérablement à
mettre à terme notre formation.
Pour leur affectueux accompagnement toute au long de nos
études, nos gratitudes s'adressent à : Emmanuel SAFARI, Robert
MAIMONA, Pascal MIHINGANO, SANDRINE NSIMIRE, Valentin UCHUDI, Pylote BYAMUNGU,
Apollinaire MONGA ainsi que WABUKANGAMA Michel.
A nos oncles et tantes, amis et frères, camarades et
compagnons de dures épreuves : Rosa KANINGINI, Anne-marie KANINGINI,
Didas KANINGINI, AMISI SAMIAKA, Saint Greeg MUTEBA, Paupol MUSELEMU, Irene
BURHAMA, Elima CIKWANANZI et Nanalie LUYEYE.
Une reconnaissance particulière et sincère
à notre oncle Boniface KANINGINI pour son assistance sans limite en
notre égard ainsi qu'à Joséphine KABONGO pour l'amour
profond qu'elle ne cesse de nous témoigner.
4
Enfin un mérite à mon directeur le professeur
Emmanuel KABONGO MALU ainsi qu'à mon co-directeur l'assistant ABURHA,
dont l'apport ne peut en aucun cas faire sujet d'un quelconque débat.
Toute erreur contenue dans ce travail ne peut être imputée
qu'à moi-même.
Que toute personne qui n'a pas été cité
nommément ci haut ne se sente pas méprisée mais qu'elle
comprenne plutôt que les valeurs cachées s'avèrent les plus
louables.
5
0. INTRODUCTION
1. Problématique
Depuis quelques années, la République
Démocratique du Congo est le théâtre de nombreux mouvements
rebelles dans sa partie Est. Des rebellions qui se ressemblent certes, dans la
mesure où elles partagent les mêmes concepteurs. Ce qui pousse
certains analystes politiques à s'interroger sans cesse sur le but de la
création des groupes rebelles en Afrique en général et
plus particulièrement en République Démocratique du
Congo.
Au regard naïf, ces conflits se présentent comme
étant congolo-congolais, c'est-à-dire opposant les Congolais
entre eux ; et pourtant les pays de l'Occident y sont fortement
impliqués. L'implication de l'occident dans ces conflits s'explique
clairement du fait qu'aucun de pays Africains accusé de soutenir les
troupes rebelles ne fabrique les armes à feux, outils indispensables
dans ces conflits de l'Est de la République Démocratique du
Congo, sans lesquels l'Afrique ne vivrait guère ce fléau. A ceci,
nous ajoutons le fait que toutes les grandes firmes bancaires, les grands
financiers du monde sont ténus de main de maître par les
puissances occidentales. L'assistance que les pays occidentaux accordent aux
différentes rebellions africaines n'est pas un fait du hasard, cela ne
se fait même pas pour la gloire du ciel ! Ces pays financent les acteurs
de ces conflits dans le but de tirer un gain en retour.
6
Tout conflit que nous observons à travers le monde est
lié aux problèmes d'intérêts.1 Ces
derniers peuvent être de plusieurs ordres : lucratif, spirituel,
culturel, géopolitique, ethnique, etc. Pour ce qui est des
régions africaines, cette l'instabilité est créée
par des puissances occidentales qui cherchent à exploiter à
moindre coût les régions inondées des ressources naturelles
: or, diamant, uranium, cassitérite, et bien d'autres minerais que
regorge la RDC. Dans les régions africaines, l'instabilité est
encore le fruit des leaders au pouvoir qui par passion, cherchent par tous les
moyens comment s'accrocher au pouvoir et aussi par la ferme volonté
d'avoir la suprématie sur une région donnée ; enfin elle
se justifie par l'envie de dominer de certaines ethnies qui s'estiment
défavoriser par rapport aux autres. Ici le cas le plus connu demeure
celui opposant les HUTUS aux TUTSIS dans la région de grands lacs. Les
conflits rebelles dans les régions africaines sont plus
bénéfiques aux occidentaux mais ce sont toutefois les populations
africaines qui en subissent le sort. Rien que pour deux provinces de la RDC,
les conflits rebelles ont fait plus de six millions de morts, dans l'espace de
plus ou moins une décennie. Jour après jour les organisations non
gouvernementales ainsi que plusieurs autres organisations de droit de l'homme
publient les rapports qui relatent les conséquences néfastes que
font subir les groupes rebelles aux populations congolaises en particulier et
celles de l'Afrique toute entière en général.
Nous trouvons tout à fait normal que la presse
s'intéresse aux faits tels que nous le décrivons ci haut. Seuls
l'engouement avec lequel les médias occidentaux s'attachent à ses
faits et le traitement qu'ils en font,
1 KALUBI, notes de cours inédits du cours de politique
étrangère du Congo, L2 SIC/JPE, 2014-2015.
7
suscitent un immense doute en nous et fonde notre
interrogatoire, en ce qui suit :
? Quel intérêt les médias occidentaux, en
l'occurrence la RFI, tirent-ils en diffusant les informations africaines ?
? La Radio France Internationale est-elle vraiment impartiale
dans le traitement de nouvelles en rapport avec la République
Démocratique du Congo ?
2. Hypothèse
Les médias occidentaux sont depuis un moment
dotés d'une mission principale qui est celle de couvrir les conflits
armés en Afrique2. Parmi ces derniers nous pouvons citer les
plus connus qui sont : les conflits maliens animés par les rebelles
Touaregs, les conflits au Nigéria animés par la secte de Boko
Haram, les attaques« Shebab » à l'Est du continent ; à
cela nous ajoutons tout ce chapelet des groupes rebelles ayant
opéré depuis plus d'une décennie dans l'Est de la
République Démocratique du Congo.
Les médias sont, pour les dirigeants des pays
occidentaux, des outils servant à soutenir inconditionnellement leur
gouvernement et de manifester un enthousiasme absolu à chacune de ses
propositions. Pour eux la presse serait un prolongement pur et simple du
gouvernement central, « un quatrième pouvoir pour mieux dire
», comme d'aucuns la paraphrase.
Qu'il nous soit permis, après toutes ces
allégations d'émettre l'hypothèse selon laquelle, Radio
France Internationale est un organe d'appui à la politique
extérieure française. Face aux faits et devant certaines
situations, cette station de radio diffusion se penche du côté
du
2 L. Hester et J. WAILAN, journalisme et tiers monde, De Boeck,
Paris, 1987.
8
gouvernement français, ce qui laisse entendre que ce
média est partial dans sa présentation des faits en rapport avec
l'Afrique.
3. Méthodes et techniques
Afin de recueillir, le plus objectivement possible, les
données nécessaires à la bonne réalisation de notre
travail et dans le souci de bien cerner tous les aspects du problème de
recherche, il nous a été utile de recourir aux méthodes et
techniques de toute recherche scientifique.
a. Méthode
Etymologiquement, le mot « méthode » vient de
deux vocables grecs, metà et adòs, il signifie : poursuite,
cheminement. Une méthode est donc une poursuite ou un cheminement
raisonné des moyens en vue d'aboutir à une solution.3
Selon Grawitz, la méthode « est constituée de l'ensemble des
opérations intellectuelles par lesquelles une discipline cherche
à atteindre des vérités qu'elle poursuit, les
démontre, les vérifie »4
Dans le cadre de nos recherches nous avons fait recours
à la méthode analytique, qui procède par la
décomposition du sujet.5Elle consiste à
décomposer un ensemble en ses éléments constitutifs, ses
éléments essentiels, afin d'en saisir les rapports et de donner
un schéma général de l'ensemble. Cette méthode nous
a permis d'analyser les différentes productions de la RFI durant la
période de crise dite du « M23 », soit du 06 Mai 2012 jusqu'au
05 Novembre 2013.
3 TOROZONI, notes de cours inédites du cours
d'initiation à la recherche scientifique, G1 SIC, UPN, 2010-2011.
4 R. PINTO et M. Grawitz, méthodes de recherches en
sciences sociales, Tome 2, Paris, 1964, p 289.
5 M.GUIDERE, méthodologie de la
recherche, éd. Ellipses, Paris, 2005, p.171
9
b. Technique
Une technique, quant à elle, est un ensemble des
procédés exploités par le chercheur dans la phase de la
collecte des données qui intéressent son étude. Elle est
un outil indispensable qu'on utilise dans une démarche intellectuelle.
Les techniques varient suivant l'objet auquel elles s'appliquent, d'où
d'une part il faut savoir choisir la plus adéquate, et de l'autre part
en faire bon usage. Par technique de recherche il faut simplement entendre, les
moyens par lesquels le chercheur arrive à collecter les données
pour l'élaboration de son travail scientifique.6
Ainsi donc pour mener notre travail à bon port nous
avons fait usage de la technique d'observation indirecte ainsi que de la
technique documentaire.
? La technique d'observation indirecte nous a
permis d'observer le
déroulement des faits à travers divers
médias, locaux et internationaux.
? La technique documentaire : grâce
à cette technique nous nous sommes ressourcés dans diverses
bibliothèques.
4. Choix et intérêt du sujet
Un travail scientifique doit avoir un impact dans le domaine
de la science ainsi que dans la société. Vu que la composition du
sujet de notre étude et la sélection de son thème ne sont
pas parties du néant, sa mission ne sera pas non plus nulle.
6 NTOROZONI, notes de cours inédites du cours
d'initiation à la recherche scientifique, G1 SIC, UPN, 2010-2011.
10
4.1. Choix du sujet
Plusieurs facteurs sont intervenus dans la formulation de
l'intitulé de notre travail. Si pour certains, un million de morts
suffit pour faire raisonner les glas, qu'en serait-il pour deux millions, trois
millions,... Et même à fortiori les six millions de morts que la
République Démocratique du Congo a compté dans sa partie
Est depuis le début de ces conflits ?7 En tant qu'humain, la
réponse à cette question a constitué une de grandes
raisons qui ont fait que nous options pour l'élaboration de notre
travail de fin d'étude sous ce thème.
Une autre raison qui nous a poussés à aborder ce
thème est lié à nos propres origines, comme le dit si
souvent le Professeur KAMBAY BWATSHIA : « un homme sans repère se
perd».8 Voilà pourquoi nous avons voulu parler de ce
fléau qui nous fait subir les désastres de la guerre entrainant
le viol de nos mamans et soeurs, pillages de nos biens, la non-scolarisation de
nos frères, pour ne citer que cela.
4.2. Intérêt du sujet
Ce travail est d'un intérêt particulier et non de
moindre pour tout Congolais en quête de la vérité sur le
rôle et la mission des médias étrangers dans la
région Africaine. Cet ouvrage apprendra au congolais à
écouter attentivement, avec un esprit critique les informations
provenant des médias occidentaux.
7 M. MBAMBI-MONGA, le développement par l'éducation
à la citoyenneté, PUK , Kinshasa, 2006, pp 92.
8 B. KAMBAY, notes inédites du cours d'histoire de grandes
civilisations du monde contemporain, G2 SIC/UPN, 2011-2012.
11
Par-dessus de cela, ce document est d'un intérêt
tout autre pour les organes de régulation des médias, et nous
citons ici le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel et la Communication
(CSAC) ; car il permet de savoir pour quelle presse faut-il s'attendre à
quelle conséquence ! D'où un sens total de
responsabilité.
Aux étudiants en Sciences de l'information et de la
communication, plus particulièrement ceux ayant choisi le Journalisme
Politique Extérieur comme option, cette étude est pour eux un
fortifiant dans notre dur labeur qui est celui de défendre notre cher et
beau pays car un journaliste a pour mission de travailler d'abord pour
l'intérêt de son pays, quelle que soit sa tendance.9
5. Délimitation spatio-temporelle.
Notre travail est parti du mois d'Avril 2012 marquant la
naissance du M23 jusqu'au 5 Novembre 2013, date à laquelle le
gouvernement de la République Démocratique du Congo affirmait
avoir obtenu une victoire« totale » sur la rébellion du
M23.
Notre champ de recherche s'étend, outre les deux
provinces du Kivu qui ont subi des atrocités, sur le territoire
congolais que la Radio France Internationale inonde par ses informations.
6. Plan du travail
Hormis l'introduction et la conclusion, trois chapitres composent
notre travail. Le premier chapitre est consacré à la
définition
9 Prof kalubi, notes de cours inédites du cours de
politique étrangère du congo, L2 SIC.
12
des concepts clés ainsi qu'au cadre théorique.
Le deuxième consiste à présenter la RFI et le M23, objets
d'étude.
Le troisième est consacré à l'analyse du
traitement des informations en rapport avec Mouvement du 23 mars par la Radio
France internationale.
CHAPITRE PREMIER : DEFINITION DES CONCEPTS DE BASE ET
CADRE THEORIQUE.
I.1. Définition des concepts de base
Tout travail scientifique contient en soi une
définition des concepts clés qui constituent son fondement. A cet
effet nous essayerons d'élucider quelques concepts qui fondent notre
étude, à savoir : Tendance, Média, Occidental, Conflit
ainsi que le concept rebelle.
I.1.1 le concept tendance
Le concept tendance est, d'après le « Vocabulaire
de la Philosophie et des Sciences Humaines », un terme désignant
les formes spontanées de l'activité.10 Ce mot est
employé comme synonyme de : direction, penchant, influence,
prédisposition, libido.
Théodule Ribot distingue deux types de tendance :
« la tendance à » qui est un dynamisme mental
indifférencié et « la tendance vers » qui est une
activité spécifiée orientée vers un objet
déterminé.11
10 L. Morfaux, Vocabulaire de la Philosophie et des
Sciences Humaines, éd. Armand Collin, Paris, 1980.
11 T. Ribot, les maladies de la volonté
(1882), éd. L'Harmattan, Paris, dernière
réédition 2002, p.57
13
Il est usuel de classer les tendances en trois dimensions:
a. Tendance personnelle ou égoïste, qui a pour objet
l'individu.
b. Tendance altruiste ou sociale, qui vise
l'intérêt d'autres individus.
c. Tendance supérieure ou
désintéressée, c'est plus ou moins l'objectivité :
c'est le cas de la recherche scientifique et même de l'activité
artistique.
I. 1. 2 le concept média
Concept d'origine américaine, « mass media
», qui signifie un ensemble de moyens de diffusion de l'information
destinée au large publique (presse, radio, télévision,
cinéma, affichage, internet, etc.).
Il est donc question, d'après le dictionnaire Hachette,
de « moyens de communication de masse, du latin media, moyen
»12. A ce propos, Francis Balle, dit qu'« un média
est une technique ou un ensemble des techniques permettant aux hommes de
communiquer l'expression de leur pensée, quelle que soit la forme et la
finalité de cette expression »13. C'est dans ce sens que
la Radio France Internationale est considérée comme un
média.
I.1. 3 le concept occidental
Ce concept est un qualificatif désignant ce qui est de
l'Occident, qui a rapport à l'occident. L'occident désigne alors
la région situé à l'Ouest par rapport à un point
donné. On parle souvent de l'occident
12 Dictionnaire Hachette, 198O
13 F. BALLE, médias et
sociétés, Paris, Montchrétien, 1999, p.
44
14
pour indiquer les pays situés à l'Ouest du
continent Eurasiatique. Les peuples qui habitent ces pays sont dits « les
Occidentaux ».14
I.1.4 le concept conflit
TERRY définit un conflit comme une opposition ou une
querelle entre les personnes ou entre les groupes dans une
firme.15
De par son étymologie, ce concept vient du verbe latin
« conflictare » signifiant « se heurter contre
».16C'est un terme qui désigne toujours une forme
violente de lutte ou d'antagonisme ; mais sa signification doit être
spécifiée pour chaque domaine où il est d'usage.
I.1.4.1 typologie de conflits
a) Dans le domaine de la sociologie politique
: son sens premier est celui d'une lutte entre individus et
surtout entre collectivités. Le cas d'un conflit armé. Son second
sens est celui d'une lutte ouverte ou non, entre les groupes ayant des
intérêts différents ou opposés (à
l'intérieur d'une nation ou entre nations) et qui peut aller de la
dissuasion à la révolte, à la révolution ou
à la guerre militaire.
b) Dans le domaine de l'ethnologie
: on parle souvent du conflit des civilisations. Celui-ci est une
incompatibilité entre les valeurs culturelles d'êtres humains de
civilisations différentes, chacune d'entre elles cherchant ou à
défendre ou à imposer ses valeurs.
c) Dans le domaine de la morale :
il s'agit de conflit de devoirs. Ce qui est une situation qui pose un cas de
conscience sur le choix à faire entre deux devoirs qui s'imposent
également et qui s'excluent.
14 Dictionnaire Universel, 4ème. Hachette,
Paris, 1988.
15 G. TERRY, management de l'administration,
Bruxelles, De Boeck université, 1998, p.14
16 L. Morfaux, vocabulaire de la philosophie et des sciences
humaines, éd. Armand Collin, Paris, 1980.
15
L'exemple serait pris pour un médecin ayant le devoir de
véracité et du secret.
d) On peut aussi parler dans le domaine de la
pédagogie, et même celui de la sociologie, du
conflit des générations. Ce conflit est une opposition
générale, ouvertement déclarée ou non, des jeunes
contre les adultes. Il consiste pour l'une de parties prenantes à une
remise en question ou une simple négation de toutes les valeurs admises
par l'autre. Ces valeurs peuvent être soit familiales, soit religieuses,
morales ou encore philosophiques.
e) Entre deux sources d'intérêt ou de plaisir
l'on a à choisir. C'est ainsi qu'on parle aussi du conflit de tendance,
cela dans le domaine de la psychologie.
f) Dans la psychanalyse une
situation est dite conflictuelle du moi qui se défend soit des pulsions
de l'inconscient (le ça), soit des exigences de la conscience morale (le
sur moi). Les névroses peuvent naître de l'incapacité du
sujet à choisir consciemment entre deux tendances contradictoires.
I.1.4.2 Genèse du conflit
Le conflit est inévitable et fait partie de relations
humaines. Lorsque l'engagement envers la mission et les longues heures de
travail va de pair avec les maigres ressources, les milieux de travail
bénévoles et communautaires peuvent donner lieu à des
conflits interpersonnels. Les conflits peuvent alors surgir lorsque les points
de vue divergent et que les préoccupations semblent incompatibles.
Un de premiers signes qui fait preuve d'existence d'un conflit
est un sentiment tenace ou une tension qui nous indique que quelque chose
16
se prépare. Même par le gestuaire, des signes
peuvent donner des indications, des situations qui prévalent.
I.1.4.3 les attitudes en situation conflictuelle
Devant un conflit, les acteurs ou les membres d'une
organisation en opposition aux autres membres peuvent manifester plusieurs
types d'attitudes dont certaines pourraient être admises. Parmi elles
nous citons :
? L'évitement : c'est l'une des
premières réactions face à un conflit. Ici, on ne
désire pas être impliqué pour des multiples raisons. C'est
le cas par exemple de la crainte de perdre l'estime des autres ou l'attraction
qu'on exerce sur eux.
? La dénégation : celle-ci est un
mécanisme de défense contre une situation ingérable. Dans
ce cas de conflit, la personne nie jusqu'à son existence même. La
personne concernée tente de ne pas s'impliquer, mais conserve une
attitude de neutralité, laquelle consiste à détourner le
regard et d'ignorer la situation.
? La démission : c'est une attitude qui est
assez répandue. Elle consiste à se détourner des
situations, à jeter l'éponge ou tirer son épingle du
jeu.
? La recherche d'une solution : c'est une attitude de
plus en plus réaliste. Dans ce cadre, les personnes se sentent
impliquées dans le conflit et essaient d'écarter tous les
préjugés concernant la situation.
17
I.1.4.4 influence du conflit
A. Influence positive
Dans un groupe donné, le conflit peut avoir une
influence positive. La naissance d'un conflit permet souvent de trouver une
solution constructive à un problème.
La nécessité de résoudre un conflit peut
amener les intéressés à chercher le moyen de changer la
manière de travailler. Le processus de résolution d'un conflit
engendre souvent des changements positifs à l'intérieur d'une
organisation.
La recherche de moyen qui permet de résoudre un
conflit peut non seulement provoquer une innovation et un changement mais
rendre le changement acceptable.
B. Influence négative
Un conflit peut aussi avoir des graves conséquences et
détourner certains efforts de leur but. A un moment où il
faudrait s'efforcer de faire converger les ressources de l'organisation vers
les buts fixés, un conflit peut entrainer un gaspillage de ces
mêmes ressources.
Un conflit peut aussi affecter négativement le bien
être psychologique de la société. S'il est grave il peut
affecter les pensées, les idées, les croyances jusqu'à
créer des tensions. S'il se prolonge pendant un certain temps, le
conflit peut rendre difficile l'établissement de rapport de
solidarité et de confiance. Un conflit peut aussi être source de
diminution d'interaction entre divers groupes.
18
I.1.4.6 Gestion des conflits
Lorsqu'on parle de la gestion des conflits, il faut tout
d'abord penser qu'aucune partie ne soit lésée. Elle est une
démarche qui considère les parties comme étant
égales à égales des convictions. D'où la
nécessité de faire intervenir le dialogue.
La gestion ou résolution des conflits désignent
d'une façon générale, toute démarche et
stratégie qu'amorcent les organisations, afin d'éviter
l'extension d'un conflit déjà déclenché. Autrement
dit, il s'agit des démarches et stratégies qui permettent aux
groupes de gérer les conflits donnés, en vue d'encourager le
respect de convictions et règles régissant soit une
société, soit une entreprise etc. Ceci est un processus de
règlement pacifique de conflits préétablis.
I.1.5 le concept rebelle
Selon le Dictionnaire Universel, le terme « rebelle
» désigne ce qui refuse de se soumettre à une
autorité, ce qui se révolte contre elle.
Le dictionnaire Larousse donne une définition plus
enrichie en disant que la rébellion se définit comme une «
infraction contre l'autorité publique et consistant en une attaque ou en
une résistance avec violence ou voie de fait envers certains
fonctionnaires ou officiers publics, agissant pour l'exécution des lois,
des ordres ou ordonnances de l'autorité publique, des mandats de justice
ou pour l'exécution d'une décision de justice. Elle peut
être commise en réunion ou avec arme.».
Jean Nicolas, historien des rébellions
françaises, apporte plus de clarté sur la définition de ce
concept et déclare : « la rébellion n'est pas contre le
pouvoir, elle est une protestation contre un pouvoir qui franchit
19
ses limites. Ensuite, elle peut changer de nature,
d'affectivité et déboucher vers une remise en cause radicale de
pouvoir, c'est à dire la révolution». De ces deux
définitions, peut- on dire que les rébellions qui jalonnent
l'histoire de l'Afrique sont toutes violentes car, l'arme étant
l'élément essentiel leurs actions.
Emile Littré donne plusieurs sens au concept rebelle.
Il désigne en premier ce qui se soulève contre une
autorité légitime. Le terme rebelle se dit aussi des choses qui
n'obéissent pas, qui ne se laissent pas manipuler. En tant que
substantif au féminin ou masculin ce concept désigne celle ou
celui qui se révolte.
Après avoir définit les concepts clés qui
servent de squelette pour notre travail, nous tacherons de marier le
thème de notre étude à une des théories des
sciences de l'information et de la communication.
20
I.2 CADRE THEORIQUE : LA THEORIE DE L'AGENDA-
SETTING
En règle générale, les théories
représentent les systèmes d'idées 17 ; C'est dans ce sens
qu'elles sont considérées comme des cadres méthodologiques
formels proposant des modèles, dans le but d'éclairer une
situation donnée.
Les médias occidentaux, en l'occurrence la Radio France
Internationale, ont joué un rôle important dans les conflits
opposant les rebelles du M23 au gouvernement congolais. Dans le domaine des
sciences de l'information et de la communication, cela s'explique par la
fonction de la mise à l'ordre du jour autrement dit la théorie du
message ou encore la théorie de l'Agenda-setting.
Cette théorie a été
développée en 1972 par les chercheurs américains Maxwell
Mc Combs et Donald Shaw18. Elle décrit la fonction des
médias de masse qui exercent un effet important sur la formation de
l'opinion publique, en imposant le calendrier de certains
événements et la hiérarchie de sujets. Pour y arriver, Mc
Combs et Shaw analysent les campagnes électorales des élections
présidentielles de 1968 en Caroline du Nord dans l'optique de
l'influence des médias sur les électeurs. Ils vont
déboucher sur une théorie psychosociologique plus fine en
essayant de comprendre les dynamiques à l'oeuvre. Ces deux chercheurs
partent de deux constatations contradictoires : premièrement
l'idée soutenu est qu' « il est faux de dire que les médias
influencent directement leur public »,
17 J.LOHISSE, la communication : de la transmission à la
relation, de Boeck et larcier, Bruxelles, 2000, p.88
18M. McCombs, D. Shaw, « The agenda-setting
function of mass media », Public Opinion Quarterly, vol. 36,
no 2, 1972, p. 176--187
21
en second lieu celle qu' « il est faux de dire qu'ils ne
l'influencent
pas ».
Pour Jean-Chrétien EKAMBO, le but des recherches
menées par Mc Combs et D. SHAW était de mesurer la relation entre
la couverture des élections dans les actualités et les
thèmes clés perçus comme important par le public. Ils
remarquent une corrélation parfaite entre les thèmes
considérés comme importants par cent électeurs
indécis et ceux ressortant d'une analyse du contenu des
différents mass médias. Ils remarquent que les médias
mettent un certain nombre d'information « à l'agenda
», à l'ordre du jour. Ils disent au public ce à quoi il
faut penser. Cependant, ils ne l'influencent pas directement quant à ce
qu'il faut en penser.
I.2.1 les aspects de l'agenda-setting
Cette influence, bien qu'indirecte, est d'après Mc
Combs de deux ordres :
? Hiérarchique : l'ordre de
l'information est décidée par les médias qui
définissent en quelque sorte ce dont son public va parler.
? Formelle : elle influence aussi la
forme de l'information car en plus de l'ordonner dans l'agenda, les
médias nous la livrent déjà « ficelée » :
reportage, brève, mouture, enquête, filet, etc.
Le fondement de la théorie de l'agenda-setting est que
les médias imposent un modèle au public en sélectionnant
parmi les faits
22
sociaux ceux qui seront perçus et débattus par
le public à un moment donné, en classant les thèmes qui
seront injectés dans le public. A ce sujet R.DEBRAY considère que
les médias dominants sont considérés comme le dogmatisme
de l'incertitude, ils écrasent les autres médias et imposent leur
style et tendance à un régime des croyances
collectives.19
19 R.DEBRAY, la médiologie générale, Paris,
Gallimard, 1991, p 32.
23
I.2.2 LES ETAPES DE L'AGENDA-SETTING
La théorie de l'agenda-setting se réalise en deux
étapes, qui sont les suivantes : l'étape de projection et celle
de sélection.
I.2.2.1 l'étape de projection
C'est une étape au cours de laquelle les médias
définissent au préalable leur calendrier
d'événement suivant une certaine hiérarchie.
I.2.2.2 l'étape de sélection.
Comme son nom l'indique, l'étape de sélection
est celle par laquelle les médias sélectionnent et classent les
thèmes ou les sujets à mettre à l'ordre du jour,
c'est-à-dire ils considèrent certains faits tout en
méprisant d'autres.
I.2.3 l'Agenda-setting selon divers auteurs
Plusieurs auteurs se sont aussi consacrés à la
fonction d'ordre du jour. Pour mieux appréhender ce modèle
théorique, nous avons choisi de nous joindre aux résultats de
recherche de quelques-uns.
Roland CAYROL fait savoir, dans son ouvrage intitulé
« Médias et démocratie la dérive », que
l'une des fonctions latentes des médias dans la vie politique est de
contribuer à ce que les sociologues anglo-saxons appellent «
agenda-setting », c'est-à-dire l'établissement de l'ordre du
jour. Les partis politiques, les institutions, et organisations
économiques et sociales agissent jour après jour sur des
thèmes renouvelés.
23idem
24
Aucun secteur de la vie sociale n'échappe à
l'analyse et à la prise de position des médias.20
De son côté, Remy Rieffel fait savoir la
même chose que Roland Cayrol cité ci-haut. Il note que la
théorie de l'Agenda setting concerne l'influence des médias sur
l'établissement de l'ordre du jour des problèmes dans la
société. De la même manière que Mc Combs et SHAW, Il
est arrivé à une conclusion selon laquelle les médias
attirent le public sur certains enjeux.21
Francis BALLE quant à lui démontre l'influence
des médias dans son ouvrage intitulé « Médias ».
Il souligne que les premières brèches du monopole de la presse
sur l'opinion se sont fait remarquer par la télévision
après les années 1950.22 L'élection de John
KENNEDY à la présidence des Etats-Unis, gagnée grâce
à la télévision, selon les commentateurs de
l'époque, ainsi que le rôle joué par les récepteurs
à transistors, quand le général de Gaule s'est
adressé directement aux soldats français perdus dans les djebels
d'Algérie en 1961 et 1962 ont valeur des symboles.23
I.2.4 avantages et inconvénients de la
théorie de l'agenda-setting. I.2.4.1 Avantage
Dans la théorie de l'agenda-setting les médias
influencent le public par le biais d'une mise à l'ordre du jour d'un
certain nombre de
20 R. CAYROL, « Médias et démocratie,
la dérive », presses de Sciences-po, Paris, 2000, p.71
21idem
22 F. BALLE, les médias, coll. Dominos
Flammarion, Paris, 2000, p.18
25
thèmes importants. Il faut vite comprendre le bienfait
de cette théorie car si les médias se décident de ne pas
parler d'un sujet précis personne ne peut donc s'en
préoccupait.
I.2.4.2 Inconvénient
La théorie de l'agenda-setting affirme que les
médias n'influencent pas l'opinion personnelle car selon elle les
médias disent à quoi mais pas comment il faut penser.
L'inconvénient est que plus on connait un sujet, moins on serait
influencé par les médias.
I.2.5 cadre contextuelle
Les médias jouent un rôle éminent, tendant
de plus en plus à constituer le lieu par excellence des campagnes,
souligne Roland Cayrol.24 Ils exercent une influence décisive
sur la personnalisation des faits et tendent à renforcer puissamment les
nécessités de la « politique marketing ».
En effet dans le cadre de notre travail de fin d'études
nous avons émis l'hypothèse selon laquelle la Radio France
Internationale est un outil d'appui à la politique
étrangère française et que sa tendance était celle
du gouvernement français. Grâce à cette hypothèse
nous avons pu constater que durant le conflit opposant les rebelles du M23 au
gouvernement Congolais, Radio France Internationale a eu à collecter,
traiter et diffuser plusieurs fois les informations cadrant avec cette
rébellion.
La RFI a ainsi donc poussé l'ensemble de ses auditeurs
à suivre jour pour jour l'évolution de ces conflits en
influençant leur agenda. En
24 R. CAYROL, op.cit, pp 522-553
26
tant que média dominant, elle a imposé sa
façon de voir et sa tendance sur les autres médias. Les
informations diffusées par la RFI étaient plus
considérées par la communauté internationale que pour le
public situé non loin des champs de bataille car selon la théorie
de l'agenda-setting plus on maitrise le sujet moins on s'y intéresse.
27
CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DE LA RFI ET DU
M23.
Tout au long de ce chapitre nous allons présenter deux
organisations, à savoir la RFI ainsi que le M23.
D'abord la Radio France Internationale qui est une chaîne Publique
française, en second lieu nous présenterons le Mouvement du 23
Mars qui est un groupe rebelle qui naquit à l'Est de la RDC au cours de
l'année 2012.
II.1 LA RADIO FRANCE INTERNATIONALE
La Radio France Internationale, en sigle RFI, est un
média public français émettant depuis Paris en ondes
courtes, moyennes, sur Fm et sur internet, 24h/24. Elle émet en
français et 19 autres langues, ce qui fait d'elle l'une des stations de
Radio les plus écoutées au monde.
II.1.1. siège
Radio France Internationale est située à Paris dans
l'immeuble
de l'audio-visuel extérieur de la France à
Issy-les- Moulinaux, endroit où se situe également France 24.
II.1.2. Historique
C'est dans les années 1931 que la RFI diffuse pour la
première
fois sous l'appellation de « poste colonial ». Par
la suite elle deviendra « Paris mondial » en 1938, puis « Radio
Paris » en 1939, et « RTF Radio Paris » en 1945 et enfin «
ORTF Radio Paris » en 1965 avant de chuter sur son actuelle appellation
« Radio France Internationale », en 1975. Depuis ce temps la
chaîne a changé non seulement d'appellation mais surtout
l'orientation ; au lieu d'émettre pour la planète entière,
la Radio France Internationale concentra désormais ses services pour le
continent Africain.
28
II.1.3. ressources humaines et financières.
a) Ressources financières
Radio France Internationale est comme nous l'avons dit plus
haut, une chaîne publique française. Elle est pour ce faire
financer par l'Etat Français et par le ministère français
des affaires étrangères. C'est sous la présidence de
Nicolas Sarkozy que la RFI fût placée sous le giron de la France
Médias Monde regroupant en soi la RFI, TV5 Monde ainsi que France 24. A
ces sources de financement nous ajouterons le peu de publicité que la
RFI diffuse ainsi que la redevance audiovisuelle payée par chaque foyer
équipé d'un téléviseur.
b) Ressources humaines
Au cours des années 2010, la RFI revendique 1042
collaborateurs y compris les journalistes, correspondants et pigistes.
II.1.4 mission
L'État français a une grande influence sur la
RFI, car son président est nommé par le Conseil supérieur
de l'audiovisuel (CSA), dont les membres sont choisis par le Président
de la République, l'Assemblée nationale et le Sénat. Sa
mission est définie par la loi du 2 août 2000 : contribuer
à la diffusion de la culture française auprès des
étrangers et des expatriés français.
II.1.5 programme.
RFI présente un programme riche dont les émissions
sont
tournées vers l'Afrique où la Radio trouve un
grand audimat. Sa grille est composée des journaux d'information de 10
minutes commençant toutes
29
les demi-heures intercalés des magazines de 20 minutes.
Trois grandes éditions divisent sa programmation à savoir
Afrique-matin, Afrique-midi et enfin Afrique-soir. Parmi ses émissions
nous pouvons citer: Couleur Tropicale, Appels sur l'Actualité,
Priorité Santé, Radio Foot Internationale, 7 milliards de
voisins, ainsi qu'Archives d'Afrique.
II.1.6 dirigeants
Le premier président-directeur général de
la station indépendante de Radio France est nommé en 1986, et
c'est Henri Tezenas du Montcel, succédant à Hervé Bourges,
directeur général de 1982 à 1983 et Fouad Benhalla
directeur général de 1983 à 1986. Entre 1986 et 2009, le
président de Radio France Internationale est nommé par le Conseil
Supérieur de l'Audiovisuel, organisme de régulation de
l'audiovisuel français.25 Jusqu'en mars 2009, il était
le seul président des sociétés de l'audiovisuel public que
le CSA ne pouvait nommer librement. La loi de 1986 faisait obligation au CSA de
choisir le président de RFI parmi les personnes nommées au titre
du gouvernement.
Depuis 2009, les nominations des présidents de France
Télévisions et de Radio France sont également soumises aux
choix préalables de l'Élysée. Le président de la
Société de l'audiovisuel extérieur de la France, et donc
en pratique de RFI, celle-ci étant une filiale à 100 % de cet
organisme, est désormais nommé par le président de la
République après avoir obtenu l'avis conforme du CSA et l'accord
des commissions parlementaires permanentes compétentes.26
25Site officiel de la RFI
www.rfi.fr(consulté le 6
Mai 2015) 26 Ibidem
30
II.1.7 Diffusion
RFI utilise plusieurs moyens pour transmettre ses programmes :
ondes courtes, ondes moyennes, FM, satellite, Internet. Les zones
considérées comme prioritaires sont l'Afrique et le Moyen-Orient.
L'Europe orientale et la Chine constituent aussi des priorités, mais
moindres. RFI utilise de moins en moins les ondes courtes au profit du
satellite, de la FM, d'Internet et de la reprise de ses émissions par
d'autres stations. La station utilise trois canaux :
? RFI Monde : tout en français.
? RFI II : pour les langues étrangères.
? RFI Musique : diffuse de la musique.
II.1.8. Salariés perdus en reportage
Si l'histoire de la RFI demeure toute rose, il faudra qu'on se
souvienne d'un vieux dicton qui dit : « il n'y a pas de rose sans
épines ». Tout au long de son parcours, Radio France Internationale
a perdu certains de ses collaborateurs dans l'exercice de leur métier,
précisément lors de collecte d'information, notamment :
? Johanne Sutton (1966-2001), tuée en Afghanistan en
2001,
? Jean Hélène (1953-2003), tué en
Côte d'Ivoire en 2003,
? Ghislaine Dupont (1956-2013) et Claude Verlon (1958-2013),
tués au Mali en 2013. C'est sous la présidence de Marie-Christine
Saragosse chez France Médias Monde qu'a eu lieu l'enlèvement puis
l'assassinat de ces deux envoyés spéciaux, le 2 novembre 2013 non
loin de Kidal, au Nord-est du Mali. Dans la matinée du mardi 29
31
octobre 2013, la journaliste et l'ingénieur du son
étaient arrivés à Kidal où se déroulaient
dans le même temps les dernières tractations pour la
libération des « otages d'Arlit » qui furent remis
l'après-midi de cette même journée aux autorités
nigériennes. Ghislaine Dupont et Claude Verlon préparaient alors
une émission spéciale de Radio France internationale sur «
la crise dans le nord du Mali et la réconciliation ».
32
I.1.9 Organigramme de la RFI
Président Directeur Général
Direction Générale
Déléguée
Direction Déléguée
Direction de l'Information
Direction Multimédia et Synergie
Directions des Affaires Etrangères
Direction de la Communication
Direction des Etudes et Relation
Direction Technique et Syst. D'info
Direction financière Admin. &
Direction des Ressources Humaines
Direction Adjoint d'Information
Source : Ambassade de France en RDC
33
II.2 LE MOUVEMENT DU 23 MARS.
Le Mouvement du 23 Mars, mieux connu sous le nom de M23, est
un groupe rebelle créé à la suite de la guerre du Kivu. Il
est composé d'ex-rebelles du CNDP réintégrés dans
l'armée congolaise à la suite d'un Accord de paix signé le
23 mars 2009 avec Kinshasa. Ils se sont ensuite mutinés en avril 2012.
Leur nom provient des accords du 23 mars 2009, car ses membres
considèrent que le gouvernement congolais n'a pas respecté les
modalités de l'accord.
II.2.1 Création
La rébellion du M23 fut créée le 6 mai
2012 par le colonel mutin SULTANI MAKENGA dans le contexte que voici :
après l'arrestation du général Laurent Nkunda, le
commandant en chef du CNDP, en janvier 2009, un traité de paix
était conclu le 23 mars 2009 entre le Congrès National pour la
Défense du Peuple(CNDP) et le gouvernement de la République
Démocratique du Congo. L'accord prévoyait la libération
des prisonniers, la transformation du CNDP en parti politique, le retour des
réfugiés se trouvant dans les pays limitrophes de la RDC et dont
sont issus la grande majorité des rebelles, l'intégration des
civils membres du CNDP au sein des institutions gouvernementales ainsi que
l'intégration des forces du CNDP dans l'armée congolaise. Les
ex-membres militaires du CNDP étant soupçonnés d'abuser de
leur position dans l'armée pour contrôler le trafic de minerais,
le Gouvernement de la RDC jugea bon de les muter dans d'autres régions
du pays. Estimant que celui-ci violait les accords du 23 mars 2009, ils se sont
mutinés en avril 2012.
34
II.2.2 le règne du M23
Après un communiqué du 6 mai 2012,
annonçant la création du M23, le 6 juillet 2012 les rebelles du
M23 s'emparent de BUNAGANA, une importante ville à la frontière
avec l'Ouganda et poumon économique de la région. L'armée
congolaise leur oppose une maigre résistance. Les rebelles avancent vers
le chef-lieu de la province, Goma, qui avait déjà failli tomber
entre les mains de Laurent NKUNDA en 2008.
Le M23 continue son offensive et prend les localités de
RUTSHURU et RUMANGABO, le 8 juillet 2012. Pendant ce temps, l'organigramme du
mouvement rebelle s'est doté d'une coordination politique,
confiée à Jean-Marie RUNIGA. Le mouvement militaire tente une
timide mue politique.
Le 20 Novembre 2012, Après plusieurs jours d'offensive,
les rebelles font tomber Goma, chef-lieu du Nord-Kivu. La chute de Goma devient
un symbole, mais surtout une véritable humiliation pour l'armée
congolaise et les Nations Unies censées la protéger. Selon
Médecins sans Frontière, Il y aurait au moins 100.000
déplacés.
Trop vite la Conférence Internationale sur la
Région des Grands Lacs (CIRGL) qui s'était tenue à Kampala
le 24 novembre 2012 demande au M23 de se retirer de Goma en échange de
l'ouverture de négociations avec le gouvernement congolais. Les rebelles
se replient au Nord de la ville après 10 jours d'occupation. La pression
internationale s'accentue sur le M23 et surtout sur le Rwanda,
soupçonné d'aider les rebelles.
35
Le 9 décembre 2012 marque le début des
pourparlers de paix à Kampala entre le gouvernement congolais et le M23.
Mais très rapidement les discussions s'enlisent et butent sur la
légitimité des délégations.
L'un des faits marquant du règne de cette
rébellion est aussi le ralliement à la rébellion du M23 de
l'opposant Congolais leader du RCD-N, Roger LUMBALA en date du 1 janvier 2013.
Il fera partie de la délégation rebelle aux pourparlers de
Kampala et servira de caution politique au mouvement. L'arrivée de
LUMBALA signe un changement de cap de la rébellion qui, après des
revendications militaires purement « corporatistes », se lancent dans
des revendications politiques ouvertement anti-Kabila. Mais le tournant
politique du M23 ne séduira pas l'opinion publique congolaise, qui
considère toujours la rébellion comme une simple «
marionnette » du Rwanda voisin.
Le 24 février 2013 : un accord-cadre est signé
à Addis-Abeba par onze pays africains pour la pacification de l'Est
congolais. L'accord prévoit la non-ingérence des Etats voisins
(Rwanda et Ouganda), l'envoie d'une force internationale pour neutraliser les
groupes armés et la nécessité de faire des réformes
pour le gouvernement congolais. Addis-Abeba constitue un tournant majeur dans
la crise du Kivu. Cet accord jettera en effet les bases de la stratégie
qui sera utilisée par la communauté internationale pour
contraindre les acteurs du dossier congolais à résoudre le
conflit.
36
II.2.3 le déclin du M23
Il est évident que tout empire ayant connu une
apogée n'échappe guère au déclin, tel en a
été même le cas du Mouvement du 23 mars.
Le 19 mars 2013, une guerre interne éclate au sein du
M23, opposant ses chefs. Ils déterminèrent aussitôt leurs
tendances pro-NTAGANDA pour les uns et pro-NKUNDA pour les autres. Le
président politique du mouvement soutenant Bosco NTAGANDA, Jean-Marie
RUNIGA, est destitué par SULTANI MAKENGA, un pro-NKUNDA. De violents
combats opposent les deux factions. NTAGANDA et RUNIGA s'enfuient vers le
Rwanda. A Kigali, « Terminator »comme on surnomme NTAGANDA
décide de se constituer prisonnier à l'Ambassade des Etats-Unis.
Les autorités consulaires américaines le transfèrent
immédiatement à la Cour Pénale Internationale, CPI, en
sigle.
Le 28 mars 2013, Les Nations unies entrent en piste. La
résolution 2098 du Conseil de sécurité renforce la Mission
de l'ONU au Congo (MONUSCO) en crée une Brigade d'intervention
chargée de « neutraliser les groupes armés » qui
sévissent dans l'Est du Congo. La Brigade bénéficie d'un
mandat « offensif » inédit qui l'autorise à prendre
part au conflit aux côtés des FARDC, une première dans
l'histoire de l'ONU. Sur la liste des groupes armés visés
figurent bien évidemment le M23, mais aussi les ADF-NALU, les FDLR, la
LRA de Joseph KONY et même les différents groupes
Maï-Maï qui font également partie des cibles de la Brigade.
37
Après six mois d'accalmie, soit le 20 mai 2013, les
combats reprennent entre M23 et FARDC au Nord-Kivu. Les affrontements se
déroulent autour de KIBATI, MUTAHO et KANYARUCINYA, à 7 km au
Nord de Goma. L'ONU crée, à cet effet, une « zone de
sécurité » au Nord de Goma pour protéger les civils
de groupes armés. Un ultimatum de 48 heures a également
été lancé à « toute personne possédant
une arme à feu » pour se désarmer et se démobiliser.
Premier avertissement pour le M23.
Le 21 août 2013, des affrontements éclatent de
nouveau entre l'armée congolaise et le M23 dans la même zone
autour de KIBATI, MUTAHO et KANYARUCINYA. Ces combats font reculer le M23 de la
ligne de front au Nord de Goma. Pour la première fois, l'offensive de
l'armée congolaise, soutenue par les brigades de la MONUSCO commence
à porter ses fruits. C'est un tournant de la guerre. L'armée
congolaise, connue pour ses reculades devant les rébellions semble
renaître. Mieux équipées, mieux payées et mieux
encadrées, les FARDC font reculer le M23. L'appui logistique et
stratégique de la Brigade d'intervention de l'ONU n'est pas
négligeable. Certains spécialistes considèrent ce soutien
comme décisif.
Le 21 octobre 2013, les négociations de paix de Kampala
sont suspendues. Le gouvernement congolais, fort de ses avancées
militaires, refuse d'accorder l'amnistie aux principaux chefs rebelles.
Kinshasa cherche clairement le K.O militaire avant de signer quoi que ce soit
en Ouganda.
Quatre jours plus tard, l'offensive de l'armée
congolaise s'accélère sur trois fronts. Un premier front est
ouvert autour de la ville de
38
KIBUMBA, à 25 km au Nord de Goma, un front s'ouvre plus
au Nord à KIWANJA et un troisième plus à l'Ouest, à
RUMANGABO. Le M23 se retire de ses positions après de violents
combats.
Le 30 octobre 2013 marque la victoire militaire pour les
forces gouvernementales. Les FARDC s'emparent de BUNAGANA, le quartier
général du M23, à la frontière ougandaise. Les
principaux fiefs rebelles sont repris par l'armée
régulière : RUTSHURU, RUMANGABO, KIWANJA. Reste deux poches
rebelles de résistance dans les collines du parc des Virunga où
sont retranchés les hommes de SULTANI MAKENGA à la
frontière entre le Rwanda, la RD Congo et l'Ouganda.
Le 5 novembre 2013, la rébellion du M23 annonce la fin
de son mouvement 18 mois après sa création.
II.2.4 les dirigeants du M23
Le 17 août 2012, le Congrès du M23 nommait
président du mouvement JEAN-MARIE RUNIGA LUGERERO, un ancien du CNDP et
originaire du Sud-Kivu. Le colonel SULTANI MAKENGA était nommé
chef du haut commandement militaire.27 Devenu rapidement
général de brigade, il est chef d'état-major
général de la branche armée du M23, baptisée
Armée Révolutionnaire du Congo (ARC); il a été
placé le 13 novembre par les États-Unis sur leur « liste
noire », car tenu pour responsable « d'horreurs à grande
échelle » contre les civils.
27« RDC: le chef militaire du M23, SultaniMakenga, aux mains
des autorités
ougandaises » [archive], sur Radio France
internationale, 7 novembre 2013 (consulté le Avril 2015)
39
Pour les autorités de Kinshasa et certains
observateurs, l'un des organisateurs, sinon le véritable chef du
Mouvement serait en fait le général BOSCO NTAGANDA,
surnommé « Terminator », un chef de guerre actuellement
détenu par la Cour Pénale Internationale pour recrutement
d'enfants soldats, crimes de guerre et crimes contre l'humanité. Selon
le rapport préliminaire fait par le Groupe d'Experts des Nations Unies
pour le Congo et remis en juin 2012 au Conseil de sécurité des
Nations unies, le M23 aurait été créé à
partir de la fusion de deux groupes de mutins dirigés respectivement,
par le général NTAGANDA et le colonel MAKENGA. Mais le rôle
exact du général NTAGANDA dans la création et les
activités du M23 reste obscur et contesté. Celui-ci dit ne pas
être impliqué dans les défections de membres du CNDP.
II.2.6 soutient au M23
Le rapport au Conseil de sécurité des Nations
unies montrait en détail que le M23 bénéficiait d'un
soutien important militaire, financier et politique de la part de membres haut
placés du gouvernement rwandais, y compris du ministre de la
défense et du chef d'état-major de la défense du Rwanda.
Voici ce qu'il rapporte :
? Assistance directe à la création du M23
à partir du territoire rwandais.
? Recrutement effectué par les forces rwandaises de
défense pour le compte du M23.
? Appui logistique des forces rwandaises de défense au
M23.
? Implication directe de responsables rwandais de haut rang
dans la mobilisation de l'appui au M23.
40
? Appui direct fourni au M23 par des unités des forces
rwandaises de défense lors des opérations en RDC
? Soutien au M23 par des officiels rwandais.
? Soutien du Rwanda à des groupes armés et
à des mutineries liées au M23.
? Soutien du Rwanda à des personnes visées par
les sanctions, notamment le général Bosco NTAGANDA.
Le Gouvernement rwandais a catégoriquement nié
ces allégations selon lesquelles le Rwanda soutiendrait le M23.
II.2.7 Bilan
Après la défaite du M23, le gouvernement de la
RDC avait dressé un premier bilan de ce conflit faisant état de
201 morts et 680 blessés côté FARDC et 715 morts
côté M23. Trois casques bleus de la Mission de l'ONU (MONUSCO)
avaient également été tués.
41
II.3 APERÇU DE DIFFERENTS GROUPES REBELLES
AFRICAINS
Les rébellions en Afrique trouvent leur fondement au
lendemain de l'indépendance. Les guerres de sécession du Katanga,
les affrontements interethniques du Rwanda, du Tchad ou du Soudan pour ne citer
que ceux-là, témoignent d'un parcours de guerres historiques et
fratricides que le continent ait vécues durant le
XXème siècle. Ce phénomène va baisser
d'intensité dans les années 70, puis ressurgir avec
l'avènement de la démocratie. C'est en cette période que
de centaines de rébellions vont naître de part et d'autre du
continent avec pour but, la « revendication sociale ». Cette option
plonge l'opinion publique dans une incompréhension et,
révèle de profonds malaises qui sévissent sur le continent
noir. Devenus théâtres d'affrontements armés, les pays
africains sont dès lors victimes de la faillite ou de l'échec du
processus démocratique. De nombreux groupes armés sont
fragmentés en divers mouvements et changent de relations et de
stratégies d'action au fil de temps.
Aujourd'hui en Afrique, faut-il le dévoiler, plus d'une
dizaine de pays vit dans des conflits armés ou traverse des moments
d'une sécurité précaire, liés soit à des
conflits dans les pays voisins, soit à un contexte favorable au
déclenchement d'un conflit armé quelconque.
Pour comprendre avec objectivité la multiplicité
de groupes rebelles en Afrique et l'évolution de leurs mouvements, il
est judicieux de s'intéresser à leur origine ainsi qu'à
leur environnement psycho-social. Les rébellions en Afrique se
ressemblent car elles partagent les mêmes
42
missions ainsi que les mêmes concepteurs ; nous pouvons
aussi dire qu'elles sont au service d'un même chef.
En dépit des armes à feu, les médias se
veulent aussi un outil indispensable pour la survie de ces groupes rebelles. Le
but premier, poursuivi par les médias occidentaux est de diaboliser la
cible à abattre puis présenter la rébellion sous les
habits de « sauveurs, de combattants de la liberté, des
marginalisés de la gestion du pouvoir etc. ». Ce faisant, les
concepteurs des rébellions préparent et conditionnent la
communauté internationale de l'imminente agression contre le pays. Le
tout soutenu par des résolutions fantaisistes,
généralement rédigées par le pays initiateur.
Une fois la rébellion installée ou au pouvoir
comme ce fut le cas pour la Côte D'Ivoire et la RCA, les multinationales
occidentales imposent leur desiderata. Elles insistent pour avoir des contrats
de plus de 80% en leur faveur, des terres et des villages pour l'exploitation
agricole. En ce qui concerne les terres, elles encouragent les rebelles
à les annexer, dépossédant les autochtones. Ensuite elles
encouragent l'adoption de nouvelles lois sur le foncier rural, tout en
encourageant une colonisation de la future main d'oeuvre dans la zone. Enfin,
elles rachètent ces terres « officiellement » avec les
nouveaux colons tout en leur demandant de rester dans la zone en qualité
de main d'oeuvre. Cette politique est ainsi faite afin d'avoir le
contrôle et le monopole de la culture de cacao et café, cultures
dont les prix sur le marché échappent très souvent aux
occidentaux. Désormais, elles seraient les premières à
produire, écouler, vendre et décider du prix sur les
marchés financiers. Ceci est un exemple parmi tant d'autres de
l'annexion des terres.
43
Les réserves de pétrole et les minéraux
ne sont pas aussi épargnés. Ils mettront aussi la main la dessus.
En clair, la rébellion sert à enrichir la métropole,
visiblement en difficultés financières depuis que les Chinois ont
commencé à envahir les pré-carrés et marchés
des occidentaux en Afrique. En d'autres termes, ils utilisent la misère
d'un groupe d'individus afin de les armer et déstabiliser un état
souverain pour enfin s'en mettre plein les poches.
Les prétextes suivant sont abondamment utilisés,
tels l'instauration de la démocratie, le respect des droits de l'homme,
la lutte contre le terrorisme international, la sécurité sur le
continent africain. Tout ceci afin de justifier la présence des forces
étrangères sur les territoires Africains, violant de façon
flagrante la souveraineté de ses Etats.
Une lecture des témoignages vécus de la vie des
rébellions africaines, expriment les éléments qui
déterminent leur dynamique. Les conflits armés internes,
qualifiés par certains spécialistes de guerre civile, sont
menés par des rébellions armées, formées sur le
même territoire. Ces rébellions sont composées des
ressortissants du pays même, des filles et garçons souvent en
déperdition scolaire, vivant majoritairement dans les zones rurales, en
proie à la pauvreté et à l'accès difficile aux
structures socio-économiques de base. Il s'agit des catégories de
population active, sans emploi, qui se lancent dans une course pour leur
survie.28Les ex-militaires, qu'ils s'agissent des retraités
valides, des radiés de l'armée pour cas d'indiscipline n'ayant
pas été reconvertis, constituent un réservoir de main
d'oeuvre militaire à laquelle les leaders des rébellions font
recours
28P. Collier, economic causes of civil conflict
and their implications for Policy, Banque Mondiale, Juin 2000.
29 P. collier, op.cit.
44
pour la constitution de leur mouvement. Ces anciens
militaires, nantis d'expérience et d'expertise, forment le cercle
d'encadrement pour les combattants. Dès les premières heures de
la formation du mouvement, ils participent à toutes les chaines qui vont
du recrutement à la formation aux premiers assauts, dont ils assurent le
commandement tactique à différents niveaux.
Les apprentis locaux, constitués de plus en plus des
jeunes éleveurs et agriculteurs, résident dans les
localités où prennent forme les rébellions. Ces jeunes
dont la moyenne d'âge est de 23 ans, abandonnent troupeaux et plantations
pour se faire enrôler car ayant été promis à une
activité moderne et une vie meilleure. Pour ceux qui ne veulent pas
s'engager, ils sont harcelés par leurs pairs ; leurs parents sont soumis
à des menaces jusqu'à ce qu'ils cèdent sinon, ils fuient
le village. La plupart des cas, ils consentent par obligation pour
préserver leur vie et celle de leurs parents non pas seulement, des
attaques des forces gouvernementales mais des représailles de leurs
pairs. « Moi au début je ne pensais pas à la
rébellion. Mais les militaires sont venus et ont brûlé les
tentes et tués les animaux. Ils ont égorgé les
chèvres et les ont brûlées aussi. Ils ont même
tué un vieux qui ne savait rien. J'ai pu me cacher et je suis parti
à pied. J'ai trouvé des gens qui m'ont amené vers,...
Là il y avait des fronts et j'ai commencé avec eux. Au
début je n'avais pas d'armes, ils ne voulaient pas m'en donner.
»29
Certains agents des services public et privé, cadres de
l'administration centrale ou régionale apportent leur soutien à
des rébellions de manière multiforme : ils profitent au maximum
de leurs relations pour galvaniser l'opinion publique nationale et
internationale au profit de la rébellion qu'ils
45
soutiennent et ce, contre le pouvoir en place. Officiellement
agents au service de l'Etat mais en réalité, ils
déstabilisent le pouvoir en faisant campagne de désinformation au
profit des rébellions, fournissent et divulguent les informations
classées confidentielles ; c'est le canal de la mobilisation de
ressources et de logistiques pour la rébellion. Ils coopèrent
avec l'administration de l'armée gouvernementale et communique les plans
des opérations en cours ou en vue à la rébellion. Avec
toutes ces contributions, la capacité d'une rébellion à
déstabiliser le gouvernement de son propre pays s'affirme. Les rebelles
disposent de moyens à tenir en échec l'armée
régulière, vu l'environnement sociologique dans lequel elle s'est
constituée.
Les rebellions se ressemblent et ont toutes les mêmes
objectifs : détruire l'opposition ou les populations afin de s'accaparer
des territoires riches en ressources naturelles. Tous ces grands concepts tels
la démocratie, les droits de l'homme, la lutte contre le terrorisme
international sont de la poudre aux yeux sinon pure distraction. Ils s'en
foutent du bien-être des populations Africaines pourvu que les leurs
soient dans une opulence insolente. Les rebelles africains se sont
engagés dans une sphère de violence qu'ils n'ont pas choisie mais
contraints de la pratiquer. Les victimes de ce marasme qui sont à la
recherche de survie, ou du travail pour subvenir au besoin de leur famille, ne
peuvent pas résister à des promesses alléchantes,
modiques, risquées soient-elles. Pour les rebelles, mieux vaut se
sacrifier pour survivre que de vivre dans la pauvreté avec une
souffrance à vie, ils deviennent principaux acteurs des commerces
illicites de toutes natures et auteurs de violences tous azimuts.
46
Une fois le conflit éclaté, les
théâtres des opérations se transforment en site de
catastrophes naturelles. La violence étant particulièrement
destructrice. Les moyens militaires en provenance des pays occidentaux passant
par certains pays Africains « complices », et donnent une
entière confiance à la rébellion qui dans la foulée
veut montrer sa suprématie. La rébellion a une double pesanteur,
celle de prouver d'une part au monde entier, qu'elle a la force militaire de
mener le combat et d'autre part de remplir son contrat, celui de gagner du
terrain pour continuer à bénéficier du soutien de ses
bienfaiteurs. Il en résulte un débordement dans la conduite des
opérations : aucune discipline, ni de règle d'engagement ne soit
en mesure de gouverner le moral des combattants sur le terrain.
On parle également du printemps arabe africain. Ce
dernier est un ensemble de contestations populaires, d'ampleur et
d'intensité très variables, qui se sont produit dans de nombreux
pays arabes africains, à partir de décembre 2010. L'expression de
« Printemps arabe » fait référence au « Printemps
des peuples » de 1848 auquel il a été comparé, tout
comme le Printemps de Prague. Ces mouvements révolutionnaires nationaux
sont aussi qualifiés de révolutions arabes, de révoltes
arabes, ou encore de « réveil arabe», certains vont
jusqu'à parler d'une révolution Facebook, d'une révolution
Twitter voire d'une révolution 2.0 tant l'usage des réseaux
sociaux aurait été important.
Ces événements ont commencé le
17décembre2010 dans la ville de Sidi Bouzid par la révolution en
Tunisie qui a conduit Zine el-Abidine Ben Ali à quitter le pouvoir.
D'autres peuples reprennent à leur tour le slogan « Dégage
» (ou Erhal ! en arabe devenu le symbole de ces
révolutions).
47
Outre le départ des dictateurs et l'instauration d'une
démocratie, les manifestants exigent un partage des richesses qui leur
assure de meilleures conditions de vie, des emplois, et la dignité
(« karama » en arabe). Alors que la révolution
égyptienne provoque le départ d'Hosni Moubarak et une transition
démocratique, les autres n'ont pas les mêmes conséquences :
en Libye, elle tourne à la guerre civile entre les forces fidèles
au régime de la Jamahiriya de Mouammar Kadhafi et les insurgés,
soutenus par une intervention étrangère sous mandat de l'ONU ;
à Bahreïn, la solidarité contre-révolutionnaire des
monarchies du golf Persique fait échec au mouvement de contestation mais
elle reprend à partir de juin 2011 .
48
CHAPITRE TROISIEME : TRAITEMENT DES INFORMATIONS DU M23
PAR LA RFI.
Le travail du journaliste n'a jamais été facile
comme d'aucuns peuvent le croire, surtout lorsqu'il faut couvrir les conflits
armés. En pareille situation le journaliste dit « reporter de
guerre » va à la recherche de l'information au risque de perdre sa
vie. Comme si cela ne suffisait pas, le plus dur revient au traitement
d'informations recueillies car une fois qu'elles sont
mal-élaborées, celles-ci peuvent causer plusieurs dommages.
Depuis la gestation du mouvement du 23 mars, en Avril 2012,
jusqu'à sa fin, le 5 Novembre 2013, la Radio France Internationale a
couvert, en toute exclusivité ces évènements, grâce
à ses envoyés spéciaux, et ses nombreux correspondants.
Cette manière de faire a fait naitre une certaine confiance pour le
public envers cette station de radio diffusion, allant jusqu'à endormir
tout esprit critique qui pouvait animer son public. Pendant ce temps, la
tendance manifestée par la RFI s'est avérée objective pour
la plupart des auditeurs et même pour les autres médias, qui en ce
temps, la citent en tant que source, vu le monopole qu'elle détenait de
la couverture de la dite guerre.
C'est en ce sens donc que la RFI dirigea la
société pendant toute la période qu'a durée la
rébellion du M23, exerçant le rôle voulu aux médias
selon la théorie de l'agenda setting que nous avons appliquée
dans le cadre de notre étude. L'influence qu'apportait la RFI par le
traitement de ses informations était très remarquable. Sous
toutes ses formes, la collecte, le traitement ainsi que la diffusion des
informations du M23 relèvent de la théorie du message. Nous
constatons la première influence étant de l'ordre
hiérarchique, du fait que pendant cette crise imposait le thème
qu'il fallait
49
aborder, de la même manière que la théorie
du message le dégage. Il ressort de cette théorie
«l'idée que les médias ont pour rôle de définir
pour son public, ce à quoi il faut penser »30. Cette
influence n'a pas seulement était hiérarchique mais aussi et
surtout formelle. Le traitement des informations par un média et par
conséquent par la RFI, parce que c'est d'elle qu'il s'agit constitue une
influence. Les informations diffusées déjà
raffinées, c'est à dire qu'elles n'étaient pas brutes.
Il suffisait au cours de cette période que la Radio
France internationale annonce la prise d'un village par les troupes rebelles du
M23 pour que toute la population soit en ébullition, sans avoir vu pour
autant un seul rebelle, ni avoir entendu le moindre crépitement de bal.
Le 19 novembre 2012, au soir de la prise de la ville de Goma, la Radio France
Internationale anticipe l'évènement en faisant parler dans un
duplex le porte-parole du mouvement du 23 mars, le colonel Vianney KAZARAMA.
Nous transcrivons ce duplex avant de l'analyser pour mettre en exergue la
partialité de la RFI.
30R.DEBRAY, la médiologie
générale, Paris, Gallimard, 1991, p 32.
50
Vianney KAZARAMA en duplex avec Christophe
BOISBOUVIER
sur la RFI :31
Vianney KAZARAMA. : Nous sommes bien donc
au Nord -Est de la ville de GOMA, c'est le M23 déjà qui
contrôle, les combats sont déjà en train de se
dérouler dans la ville de Goma. Du coup l'aéroport est
déjà pris par les éléments du M23. Les forces
armées de la République Démocratique du Congo sont tous
entrain de fuir vers SAKE, MINOVA, elles sont entrain de piller les biens de la
population, nous sommes en train de poursuivre les FARDC.
RFI : vous aviez dit que vous ne prendrez pas la ville de
GOMA ?
Vianney K. : Nous sommes attaqués
très tôt le matin. Nous avons fait contre-offensive.
RFI : Et vous entendez prendre le contrôle de
l'ensemble de la ville ?
Vianney K. : oui, justement tout à
fait. Nous sommes en train de neutraliser la capacité des forces
armées de Kinshasa avec leurs alliés des FDLR nous sommes en
train aussi d'appeler la population de rester au calme et je crois que demain
matin il y aura une situation qui est totalement apaisée.
Analyse:
L'authenticité de ce message est certaine, cependant sa
valeur suscite plusieurs doutes d'après nos analyses. Dans cet
élément le colonel Vianney KAZARAMA répond d'un langage
facile au journaliste Christophe BOISBOUVIER, lorsque nous savons tous le
niveau bas d'études de la plupart de ces militaires ainsi que
l'inadaptation à la langue française qui
31
www.rfi.fr/archives-m23
51
caractérise non seulement ces rebelles mais l'ensemble
des rwandophones. Il ressort de ces mêmes analyses que l'interlocuteur de
la RFI, à savoir le colonel Vianney KAZARAMA serait en train de lire
certainement ses déclarations, comme preuve une déclaration
pleine des calambours. D'après nous cela implique qu'il aurait d'avance
reçu une grille des questions pour lesquelles il aurait certainement
prévu des réponses préfabriquées. En diffusant cet
élément la RFI a violé l'article 13 du code de
déontologie et d'éthique du journaliste congolais qui stipule ce
qu'un journaliste a le devoir de : « Faire preuve de retenue dans la
présentation des faits de nature à mettre en danger ou de nuire
aux intérêts vitaux de l'Etat et de la société
».
III.1.les facteurs déterminants la tendance de
la RFI
Plusieurs facteurs ont déterminé le penchant de
la Radio France Internationale dans ces conflits armés. Parmi eux nous
pouvons citer :
1. Contrainte d'influence dit à la course à
l'audimat :
L'une de causes non négligeables influençant la
prise de position par la RFI face aux conflits en RDC est le fait que de
nombreuses chaines européennes émettant en Afrique et pour
l'Afrique sont préoccupées par course à l'audimat. Faut-il
alors dans ce cas mystifier les faits afin que ces derniers soient plus
intéressants ? Ici le journaliste ne rend pas compte de faits tels
qu'ils se déroulent mais vise plutôt traiter l'information de
manière à drainer un grand public !
2. Le monopole de la couverture de la guerre du M23.
Pendant la crise du M23, la RFI a servi d'agence de presse
pour les autres médias. Mêmes les organes des presses locaux
devaient se
52
fier aux nouvelles diffusées par la RFI à ce
sujet. La grande partie des interviews des chefs rebelles étaient
réalisée avec les journalistes de la RFI.
3. Le manque de liberté d'expression.
Le manque de liberté d'expression qui règne dans
les pays d'Afrique en général et particulièrement en RDC a
fait une grande partie de la population se méfie des médias
locaux. C'est en ce sens que les médias internationaux semblent primer
sur les médias locaux sensés cacher la vérité.
III.2. la tendance rebelle de la RFI
D'une manière simple, nous avons défini la
tendance d'un média, dans le cadre de notre étude, comme
étant son penchant en faveur d'une partie impliquée dans un fait
donné. Souvenons-nous que la RFI est un organe public français,
financé en grande partie par le gouvernement français et que son
président est nommé par le président du Conseil
Supérieur de l'Audiovisuel qui est à son tour nommé par le
président de la république. Partant de ces connexions personne ne
peut s'interroger sur ce à quoi peut ressembler la couleur du traitement
des informations de la Radio France Internationale !
Le rôle joué par la RFI dans la crise du M23 est
très considérable. Plus que les médias locaux, cet organe
français a couvert l'intégralité de la crise opposant le
gouvernement de la république démocratique du Congo aux rebelles
du M23. La libre circulation dont jouissaient ces journalistes, reporters,
envoyés spéciaux, correspondants, dans les zones en feu par
rapport à ceux d'autres médias ne témoigne pas son
professionnalisme mais plutôt le climat coopératif qui existait
entre
53
cette presse et la rébellion du 23 mars. Vu ces
imputations, nous ne pouvons pas douter une seule fois d'une certaine prise de
position que prendrait la RFI en faveur de cette rébellion dans le
traitement de ses nouvelles.
Le gouvernement congolais estime que le rôle des
journalistes de la Radio France Internationale était, durant l'existence
de ce mouvement à l'Est de la RDC, confondu avec celui des
propagandistes ou encore des agents de marketing au service du mouvement du 23
Mars. Au cours d'un point de presse en février 2013, le Ministre
congolais des Médias et porte-parole du gouvernement alla jusqu'à
avertir la RFI, compte ténue de sa position vis-à-vis de la
rébellion du M23. Il dit ce qui suit : « Le gouvernement
congolais proteste de la légèreté de la chaîne RFI
dont le traitement de l'information a donné une consistance de mauvais
aloi à des rumeurs malveillantes et sans fondement. De même le
gouvernement de la République exprime ses réserves face à
ce qui apparait de plus en plus sur ce média comme une véritable
apologie de la rébellion du M23 qui est pourtant
étiquetée, force négative et terroriste, par les instances
des nations unies »32. Comme si ces mots n'étaient
pas plus claires pour se faire comprendre, Lambert MENDE apostropha cette
station de radiodiffusion en ce terme : « ... si entre-temps il y a
des choses graves, le gouvernement ne manquera pas de prendre les mesures qui
s'imposent ».
La partialité affichée par la RFI dans le
traitement de ces nouvelles en rapport avec le M23 n'a pas été la
seule revendication du gouvernement Congolais. Il en est de même pour de
nombreux Etats Africains, en l'occurrence l'Angola. Dans un article
publié par le journal le
32 M.,Lambert, point de presse du 13 février 2012.
54
Potentiel en date du 17 juillet, Luanda démentait
catégoriquement la présence des éléments M23 sur
son sol. Alors que la RFI affirmait le contraire. En guise de réponse
à l'information émise par la Radio France Internationale,
l'exécutif angolais déclara, par le truchement de son Ambassadeur
qu'il n'avait jamais entretenu des bases militaires du M23, ni entretenu des
contacts particuliers avec ce mouvement rebelle congolais. L'Angola qualifia
même cette information l'accusant de « folle rumeur », ce qui
alla jusqu'à discréditer le service de ce média mondiale
en Afrique.
Il ne suffit pas d'appartenir à une classe politique
pour découvrir ce qu'a été la tendance de la RFI pendant
ces conflits rebelles. Pour déterminer la tendance de ce média
nous avons mis en oeuvre les connaissances apprises tout au long de parcours
universitaire afin de démontrer après analyse de divers
reportages, interviews et autres genres utilisés par la Radio France
Internationale, la partialité de ce média qui s'aligne sur les
lignes gouvernementales de la France et non informationnelles.
III.3 Analyse de productions de la RFI pendant la
crise
L'analyse du traitement des informations de cet organe au
cours de la période du règne du M23, partant d'Avril 2012
jusqu'en Novembre 2013, nous a permis à dénicher la pure
partialité qu'enveloppe la RFI par son professionnalisme, comme en
témoigne différentes publications sur son site internet,
www.rfi.fr, ainsi que ces
reportages ci-dessous de Bruno MINAS.
55
1. REPORTAGE DU 12 FEVRIER 2013, DUREE 2MINUTES 18
SECONDES.33
BUNAGANA est un poste d'entrée en RDC en venant de
l'Ouganda. Le contraste est saisissant, côté ougandais les
hôtels de tourisme, les cafés, des magasins de souvenir : on est
dans la région des gorilles. Arrivé côté congolais
la route goudronnée s'arrête nette laissant place à un
chemin caillouteux, pas d'électricité, trois fois rien sur le
marché, la frontière est fermée, seuls les piétons
peuvent passer, mauvaise affaire pour le village !
VTR : on m'appelle NGIRAKUZA PARTICK, je suis bradeur
de monnaie c'est à dire changeur de monnaie ici à BUNAGANA. Les
activités ont déjà diminué car les véhicules
ne passent pas comme d'habitude et vous voyez la suite.
A une heure de piste c'est RUSTHURU chef-lieu du territoire
occupé par le M23 qui y a placé un administrateur, BENJAMIN
BONIMPA.
VTR : les espaces sous contrôle du M23 c'est sur
plus que le camp du côté gouvernemental. Chez nous, nous avons
même installé le tribunal de paix, ceux qui sont incriminés
sont mis en prison, ils sont bien traités, il y a un accès libre
aux champs.
Dans la population de RUTSURU et dans la grande cité
voisine de KIWANJA les avis divergent, c'était pire avant dit un
commerçant.
VTR : souvent on enregistrait des cas de mort, des
gens tués dans des maisons avec l'entrée du M23. Ici nous voyons
que ça a cessé.
33
www.rfi.fr/archives.
56
Ce n'est pas mieux maintenant répond un enseignant.
VTR : c'est visible qu'il n'y a pas de paix, de viols,
de vols ça se sent presque partout.
Il reconnait pourtant qu'il y a un changement de
comportement.
VTR : nos militaires de FARDC demandaient de fois
« donnez-moi cent francs ainsi de suite, shimbok », tout ça !
Et ça ça ne se fait plus, ça ça ne
se fait pas.
Mais le coeur de l'enseignant penche plutôt pour
Kinshasa.
VTR : Nous souhaiterions que le gouvernement
lui-même reprenne ses activités, s'ils veulent travailler avec M23
qu'ils disent directement que nous nous acceptons de travailler avec
eux.
L'administrateur Benjamin BONIMPA se montre très
confiant sur la solidité du M23 dans son fief.
VTR : Moi je peux vous rassurer que même si on
amenait toute l'armée du monde c'est impossible de dégager le M23
de cet espace.
En signe de reprise, la visite ce jour d'un
représentant de la plus célèbre bière de Kinshasa
venu reprendre ses livraisons après un an et demi d'interruption.
Bruno minas
57
Analyse :
Ce reportage se situe dans un contexte de crise, alors que le
mouvement du 23 mars occupe une partie de la province du Nord Kivu à
savoir ; RUTSHURU, RUMANGABO ainsi que BUNAGANA la ville frontalière
avec l'Ouganda. Pendant ce temps, aucun véhicule ne peut franchir cette
zone déclarée « rouge », vue son occupation par la
rébellion, très peu de journalistes si ce ne sont que
ceux-là proche des rebelles ne couvrent ces événements.
Voyons y un certain Bruno MINAS, envoyé spécial de la RFI, user
de tous les qualificatifs possibles pour dénigrer la région que
les rebelles ont ravi aux mains du gouvernement. Sachant qu'un journaliste est
cette personne qui rend compte de faits, l'utilisation abusif des qualificatifs
ne peut être qu'un acte exprès de la part d'un journaliste de sa
classe : « Arrivé côté congolais la route
goudronnée s'arrête nette..., pas d'électricité,
trois fois rien sur le marché ».
Il s'observe aussi une certaine ambiguïté et une
dose importante de contradictions dans ce que dit le reportage. Il raconte que
la frontière est fermée pourtant il dit toute suite que seuls les
piétons pouvaient passer. Comment pouvaient-ils passer alors sur une
frontière fermée ? D'où le manque de clarté qui
caractérise le reporter.
58
2. Reportage du 17 février 2013, durée
2minutes 20 secondes
RUMANGABO est une grande caserne construite à
l'époque belge, les bâtiments sont d'architecture typiquement
flamande, les baraquements sont vastes et certains servent désormais
à l'endoctrinement.
VTR : je suis venu faire la formation du cadre
politico-militaire Assan, avocat vient de la province
orientale.
VTR : pour bien continuer il faut apprendre la
vision ainsi que l'idéologie du mouvement.
ZAITUNI, mère de famille d'âge mur dit
carrément qu'elle veut faire la révolution. Instruction militaire
le matin, formation politique l'après-midi, parmi les professeurs, on
retrouve un certain Jean-Marie RHUNIGA, le président du M23 qui vient
faire la classe aux futurs cadres du mouvement, des cours qui donnent lieu
à des débats sur la situation de l'armée.
VTR : les militaires FARDC, aucun militaire n'est
à mesure de manger une boite de sardine par jour. Où va cet
argent ?
Ou d'autres sur la situation politique et la loi
électorale.
VTR : même si tu obtiens 5% tu peux
être président de la république démocratique du
Congo. Est-ce que c'est normal ? Ce n'est pas normal.
Empêché de voyager, cloué au sol par les
sanctions des nations unies, Jean-Marie RHUNIGA a tous les temps
d'enseigner.
VTR : je donne la vision pour un Congo nouveau, je
vais enseigner sur l'éthique et la morale et la mobilisation
sociale.
59
Les nouvelles recrues viennent souvent de la diaspora comme le
professeur MOKI.
VTR : je viens du CANADA, j'ai tout laissé,
les privilèges, tout ce que j'ai là-bas comme maison. Le
problème que le M23 revendique c'est le problème de toute la
population congolaise c'est le même problème qui règne
à l'équateur au bas Congo au Bandundu aux deux
Kasaï.
Son collègue Fior MWINDA débarqué du
Texas ne croit pas aux accusations portées contre le M23.
VTR : je suis arrivé ici et je n'ai pas vu
des femmes violées, je n'ai pas vu d'enfants soldats, je n'ai
assisté à aucune heure de torture, je vous assure que cette
campagne sert celui qui la fomente. C'est très très loin
d'être la réalité.
Engagement sincère ou bien endoctrinement aveugle, il y
a sans doute les deux parmi cette centaine d'élèves qui se disent
prêts à tout, aller au front comme retourner chez eux faire de la
propagande.
Bruno MINAS
Analyse :
Un journaliste est appelé à faire preuve de
retenue dans toute prise de position face à un quelconque fait. Il n'en
a pas était le cas pour celui de la RFI comme en témoigne le
reportage, ci-haut. Quand on sait bien qu'une guerre est une opposition de deux
forces opposées, l'objectivité serait pour le journaliste
d'opposer les avis, d'avoir d'autres sons de cloches. Sur un ensemble de sept
éléments sonores, tous soutiennent à l'unanimité le
camp rebelle et cela dans la violation la plus flagrante de la loi. Laisser
entendre les rebelles tenir les propos du genre:
60
« les militaires FARDC, aucun militaire n'est
à mesure de manger une boite de sardine par jour,...
», « Le problème que le M23
revendique c'est le problème de toute la population congolaise »,
et le laisser se défendre en ce terme : «
je suis arrivé ici je n'ai pas vu des femmes violées, je n'ai pas
vu d'enfants soldats, je n'ai assisté à aucune heure de torture,
je vous assure que cette campagne sert celui qui la fomente. C'est très
très loin d'être la réalité», est
une violation des lois congolaises et même du code d'éthique du
journaliste congolais. En son article 5 il déclare que tout journaliste
a le devoir de bannir l'injure, la diffamation, la médisance, la
calomnie, les accusations sans preuves, l'altération des documents, la
déformation des faits, le mensonge, l'incitation à la haine
(religieuse, ethnique, tribale, régionale ou raciale) ainsi que
l'apologie de toute valeur négative dans la pratique quotidienne de son
métier.
Le penchant de la RFI du côté rebelle, dans la
crise du M23, n'est pas à démontrer. Les informations de la
rébellion ont intéressé ce média public
français aux plus hauts degrés. Le 6 mai 2013 alors que le
mouvement du 23 mars célébrait son premier anniversaire RFI titre
sur la page de son site web : « En un an le M23 s'est
forgé une place centrale dans le conflit en RDC », un
article qui vente les prouesses du mouvement rebelles tout en dénigrant
les processus de négociation en cours à Kampala. Même quand
il s'est agi des simples communications internes de ce groupe rebelle, la RFI a
amené ces informations à sa « Une ». A titre
illustratif cet article placé à la une de son site en date du 7
mars 2013 :
61
3. Bertrand BISIMWA, nouveau président de rebelles M
23
En RDC, le mouvement rebelle M23 a un nouveau président
politique après l'éviction la semaine dernière pour haute
trahison de Jean-Marie RUNIGA. Bertrand BISIMWA, qui était le
porte-parole du mouvement, a été désigné à
l'issue d'un congrès qui s'est tenu ce jeudi 7 mars à BUNAGANA,
ville frontière avec l'Ouganda.
Un choix symbolique : cette ville
était le fief de Jean-Marie RUNIGA, le précédent
président politique. Bertrand BISIMWA prend aujourd'hui la tête
d'un mouvement désormais divisé en deux camps antagoniques.
Bertrand BISIMWA a devant lui la difficulté de devoir faire reconnaitre
le mouvement qu'il préside comme étant le « vraiM23 ».
Car il y a de quoi se perdre maintenant puisque l'ancien président
Jean-Marie RUNIGA n'a pas accepté sa déchéance et se
considère toujours comme le président du mouvement. Il est
allé jusqu'à prononcer par communiqué l'exclusion du
général MAKENGA, chef de la branche militaire qui l'avait
destitué.
Dans l'immédiat, c'est surtout au dialogue de Kampala
que les choses vont devoir être clarifiées. Le chef de la
délégation M23, François RUCOGOZA, est
réputé être du côté de RUNIGA et du
général Bosco NTAGANDA, il est donc déchu par le nouveau
M23 mais il est resté à Kampala et n'aurait pas du tout
l'intention de laisser la place.
Dans le camp RUNIGA, on prétend que le pays
médiateur, l'Ouganda, ne reconnaitrait que l'ancien M23 comme
interlocuteur. Vrai ou faux, en tout cas il n'est pas sûr que les
pourparlers puissent aboutir la semaine prochaine comme le Souhaite
Kinshasa.
62
Analyse :
Ceci est sans aucun doute un sujet de communication interne
d'une organisation donnée et ne répond pas aux critères de
sélection d'une information à savoir : l'intérêt,
l'importance, la proximité, etc. Ceci nous parait comme étant une
publicité qui a trouvé de la place dans un article de presse.
C'est sur base d'aucun critère de présélection qu'un
article de ce genre peu faire la « Une d'un si grand média qui est
la Radio France Internationale.
63
CONCLUSION
Nous voici au terme de notre étude qui a porté
sur la tendance des médias occidentaux dans les conflits rebelles
Africains. L'idée d'aborder ce thème est partie de l'ampleur
qu'à la RFI dans le continent Africain ainsi que celle des
atrocités commises par les groupes rebelles à l'Est de la RDC.
Partant de ces faits, nous nous sommes interrogées sur la couleur de ce
média public français dans le traitement des nouvelles en rapport
avec la rébellion du M23, dans un sens plus restreint et de
l'intérêt que cette radio tirerait en diffusant les informations
Africaines. Vite nous avons affirmé que c'est pour les
intérêts de la France que la RFI serait au service du continent
noir.
Notre travail s'est appuyé sur la théorie de
l'agenda setting, autrement dit théorie du message. Celle-ci parle d'une
double influence que les médias exercent. Dans un premier temps les
médias influencent le public en apportant en son sein les faits qui
l'intéresse. Dans un autre cas les médias apportent leurs
influences non seulement sur le public mais plutôt sur le contenu,
c'est-à-dire sur l'information. Ce sont donc ses différentes
influences que subit l'information qui déterminent une tendance.
Nous avons aussi eu à présenter, la Radio France
Internationale et le mouvement du 23 mars, qui ont constitué nos objets
de recherches.
Enfin nous avons analysé différentes productions
de la RFI pendant la période de guerre dite du M23, «
épartant du mois d'Avril 2012 jusqu'au 5 Novembre 2013, pour arriver au
résultat selon lequel la RFI s'était pencher du côté
des rebelles, sans respecter les lois et règlements qui régissent
le métier de journaliste.
64
BIBLIOGRAPHIE
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sociétés, Paris, Montchrétien, 1999.
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l'administration, Bruxelles, De Boeck université,
1998.
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politique étrangère du Congo, L2 SIC/JPE, 2014-2015.
2) Prof. TOROZONI, Notes de cours inédites du cours
d'initiation à la recherche scientifique, G1 SIC, UPN,
2010-2011.
3) Prof. KAMBAY, Notes inédites du cours d'histoire
de grandes civilisations du monde contemporain, G2 SIC/UPN, 2011-2012.
3. Site internet
Site officiel de la RFI,
www.rfi.fr
66
TABLE DES MATIERES
Epigraphe 1
Dédicace 2
Remerciement 2
0. INTRODUCTION 5
1. Problématique 5
2. Hypothèse 7
3. Méthodes et techniques 8
5. Délimitation spatio-temporelle. 11
6. Plan du travail 11
CHAPITRE PREMIER : DEFINITION DES CONCEPTS DE BASE ET CADRE
THEORIQUE. 12
I.1. Définition des concepts de base 12
I.1.1 le concept tendance 12
I.1. 3 le concept occidental 13
I.1.4 le concept conflit 14
I.1.5 le concept rebelle 18
I.2 CADRE THEORIQUE : LA THEORIE DE L'AGENDA-SETTING 20
I.2.1 les aspects de l'agenda-setting 21
I.2.2 LES ETAPES DE L'AGENDA-SETTING 23
I.2.3 l'Agenda-setting selon divers auteurs 23
I.2.4 avantages et inconvénients de la théorie de
l'agenda-setting. 24
CHAPITRE DEUXIEME : PRESENTATION DE LA RFI ET DU M23. 27
II.1 LA RADIO FRANCE INTERNATIONALE 27
II.1.1. siège 27
II.1.2. Historique 27
II.1.3. ressources humaines et financières.
28
II.1.5 programme. 28
II.1.6 dirigeants 29
67
BIBLIOGRAPHIE . 64
II.1.7 Diffusion 30
II.1.8. Salariés perdus en reportage 30
II.1.9 Organigramme de la RFI 32
II.2 LE MOUVEMENT DU 23 MARS. 33
II.2.1 Création 33
II.2.2 le règne du M23 34
II.2.3 le déclin du M23 36
II.2.4 les dirigeants du M23 38
II.2.6 soutient au M23 39
II.2.7 Bilan 40
II.3 APERÇU DE DIFFERENTS GROUPES REBELLES AFRICAINS 41
CHAPITRE TROISIEME : TRAITEMENT DES INFORMATIONS DU M23 PAR LA
RFI. 48
Vianney KAZARAMA en duplex avec Christophe BOISBOUVIER sur la RFI
: 50
Analyse: 50
III.1.les facteurs déterminants la tendance de la RFI
51
1. Contrainte d'influence dit à la course à
l'audimat : 51
2. Le monopole de la couverture de la guerre du M23. 51
3. Le manque de liberté d'expression. 52
III.2. la tendance rebelle de la RFI 52
III.3 Analyse de productions de la RFI pendant la crise
54
1. REPORTAGE DU 12 FEVRIER 2013, DUREE 2MINUTES 18 SECONDES.
55
2. Reportage du 17 février 2013, durée 2minutes 20
secondes 58
3. Bertrand BISIMWA, nouveau président de rebelles M 23
61
CONCLUSION 63
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