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L'instrumentalisation de la dollarisation dans la lutte contre l'inflation


par Jephté TSHIBAMBA WA TSHIBAMBA
Université Protestante au Congo - Licence 2019
  

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UNIVERSITE PROTESTANTE AU CONGO i

FACULTE D'ADMINISTRATION DES AFFAIRES

ET SCIENCES ECONOMIQUES

BP. 4745

KINSHASA/LINGWALA

L'INSTRUMENTALISATION DE LA DOLLARISATION DANS LA LUTTE CONTRE L'INFLATION

CAS DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

?

TSHIBAMBA wa TSHIBAMBA Jephté

Détenteur d'un diplôme de Graduat en Sciences Économiques au
sein de l'Université Protestante au Congo

Octobre 2019

IN MEMORIAM

À mon très cher grand père, le seul que j'ai eu le bonheur ainsi que l'immense honneur de
connaître, ILUNGA KANEMENY Norbert, qui a su encrer en moi des valeurs humaines telles
que l'honnêteté, la conviction en une cause juste, la foi, la vertu, l'espérance.
À jamais, il sera gravé dans nos coeurs jusque dans le monde nouveau promis par le
Créateur où nous pourrions à nouveau le serrer dans nos bras.

ii

EPIGRAPHE

« Il n'y a pas de moyen plus subtil et plus sûr de renverser
les fonctionnements de la société que de corrompre sa

monnaie »

Lord John MAYNARD KEYNES Les conséquences économiques de la paix, 1919.

iii

DEDICACE

Aiguillonné d'un sentiment poussé de reconnaissance, de gratitude et de grande joie, j'aimerai dédier ce travail à :

Mes très chers parents Edmond CIBAMBA DIATA et Angélique TSHIALA TSHIBAMBA ;

Mes très chères soeurs Chicco KASHIKA, Christelle TSHIBUNDA, Doudou ZAMUDA, Lydie BEYA, et mes chers frères Trésor ILUNGA, Josh TUMBA et Benoni MWANZAMBALA ;

Mes nièces Daniela MBOMBO, Francisca NDELELA, Narlette MWANGE, Raïssa KASHIKA, Alexandra-Perla MASIBITI, Wendy-Ann BINTU, Darlina-Angela TSHIALA, Zanely KABISA, Lyzane-Angela TSHIALA, et mes neveux Russell TSHIBAMBA, Christian TSHIBANGILA, Junior TSHIBAMBA, Nelio-Corneille YOBELOU, Russell KASONGA et Zeker NGOYI ;

Tous ceux qui prendront le temps de lire ce travail.

Jephté TSHIBAMBA WA TSHIBAMBA

iv

REMERCIEMENTS

Notre édification scientifique ainsi que l'élaboration de ce présent travail n'ont été rendues possible que par la main forte que nous ont prêté le Tout-Puissant Créateur ainsi que bon nombre des gens à qui nous devons un profond respect et un sentiment de gratitude au terme de notre cycle universitaire.

Nous tenons à exprimer avant tout notre profonde gratitude à notre Bon Père aimant, le Créateur de cette merveille qu'est l'univers, Jéhovah Dieu de son nom, pour tout l'amour qu'Il porte à notre égard, manifesté par ce beau cadeau qu'est la vie ainsi que par toutes les bonnes choses qu'Il ne cesse de faire pour nous, nous qui ne sommes que poussière.

D'abord, nous remercions tous les membres du corps académique de l'Université Protestante au Congo (UPC) en général et en particulier ceux de la Faculté d'Administration des Affaires et Sciences Économiques (FASE), pour l'encadrement dont nous avons été l'objet ainsi que pour la connaissance qu'ils se sont évertués de nous transmettre.

Particulièrement, nous tenons à remercier le Professeur ITIMELONGO TITI, bien que surchargé par plusieurs occupations, d'avoir accepté, avec dévouement, de prendre la direction de ce travail, ainsi qu'au Chef des Travaux Luc BONDALA pour sa précieuse contribution à la lecture ainsi qu'à la correction minutieuse de ce travail. Chers Messieurs, daignez trouver à travers ces quelques lignes l'expression de notre profonde reconnaissance.

Nous sommes aussi très redevables envers nos très chers parents Edmond CIBAMBA et Angélique TSHIALA, pour les énormes sacrifices consentis, afin de nous apporter à la fois un soutien financier, affectif ainsi que moral, tout au long de notre parcours universitaire.

Ensuite, nos remerciements s'adressent à juste titre à nos camarades de l'UPC, qui nous ont été d'une aide extraordinaire tout au long notre parcours universitaire. Nous voulons citer pour cela nos compagnons de luttes d'autrefois Enody BAKATUMANA, Prisca MASENGU, Marvel DIOMI et Valérie LETHETA, notre chef de promotion Alain BAFE, nos amis de la promotion Isaac NZIKIANDA, Peniel BOMOLO, Parfait MPUTI, Océane KALALA et la grande famille PHILIA.

Enfin, nous serons ingrats si nous passons sous silence les noms de certaines personnes dont l'aide à travers conseils, soutien à la fois moral, affectif et parfois même financier, nous ont été d'une très grande utilité. Il s'agit de Monsieur LOWENGA Logas, Carlos KALONJI, Doudou ZAMUDA, Chicco KASHIKA, Lydie BEYA, Christelle TSHIBUNDA, Josh TUMBA, Trésor ILUNGA, Benoni MWANZAMBALA, Champagne KASSONGO, Esther KALOMBO, Délices KABENGELA, Prisca FEZA, Grace MBANDA, Rose ALULEA, Déborah MPOMBOLO, Dayana NDAYA, Rebecca (Becky) KANYINDA, Queren BIANIMA, Kennedy KANEKA, Glody KALONJI, Isaac LUFULUABO, Eddy LUFUNJI et Osée MOYA.

Que tous ceux qui nous sont chers et dont les noms ne figurent dans la présente dissertation, faute d'espace, trouvent ici l'expression de notre éternelle gratitude et reconnaissance.

V

LISTES DES ABREVIATIONS

BCC : Banque Centrale du Congo

CDF : Franc Congolais

FASE : Faculté d'Administration des Affaires et Sciences Économiques

FMI : Fonds Monétaire International

IPC : Indice des Prix à la Consommation

PIR : Programme Intérimaire Renforcé

PEG : Programme Économique du Gouvernement

RDC : République Démocratique du Congo

UPC : Université Protestante au Congo

USD : Dollars Américain

vi

LISTES DE TABLEAUX ET FIGURES

Figure n°1 - Typologie des régimes de dollarisation ............... ......... ............... 10

Tableau n°1 : Évolutions du taux de dollarisation ......... ......... .................. 29

Figure n°2 : Évolution du taux de dollarisation ...... ......... ............ ...... 29

Tableau n°2 : Évolution du taux d'inflation fin de période (2001 - 2017) ............ ......... 31

Figure n°3 : Évolution du taux d'inflation 2001 - 2017 ............... ......... ......... 31

............... 34

Tableau n°3 : Évolution du taux directeur de la BCC ............ ............

Figure n°4 : Évolution du taux directeur de la BCC......... ............ ............ ... 35

 

...............

 

............. 36

 
 

Tableau n°4 : Évolution du taux de change CDF - USD à l'indicatif (2001 - 2017) .................. 36 Figure n°5 : Évolution du taux de change de 2001 - 2017 ......

Tableau n°6 : Statistiques descriptives .........

 

............ ............

 

............... 39

 
 

Tableau n°7 : Matrice de corrélation Spearman ......

 

......... ............ ............ 40

 

Tableau n°8 : Différents régimes ............ ............ ......... ............ 40

Figure n°6 : Test de normalité de résidus ......... ............ ......... ..................41

Tableau n°9 : Test de spécification du modèle ......... ............ ............ .........41

Tableau n°10 : Test d'hétéroscédasticité de White ... ......... ......... 42

Tableau n°11 : Complément de statistiques ............ ......... ......... ......... 42

.... 47

Figure n°7 : Test de CUSUM ......... ............ ......... ............ ......... 42
Tableau n°12 : Évolution du taux de dollarisation comparé au taux d'inflation .........

Tableau n°13 : Évolution du taux de dollarisation et d'inflation après seuil optimal ............ 49

1

INTRODUCTION GENERALE

1. État de la question

« Toute oeuvre scientifique s'inscrit inévitablement dans un contenu. » Ainsi, au regard de l'évolution de la science, ils demeurent « rares » les domaines où il y a des questions qui sont restées non explorées, où les hommes de sciences n'ont pas orienté leurs lunettes de recherches.

Nous ne pensons pas être le seul à vouloir travailler sur les problèmes monétaires d'une économie, plus particulièrement sur ce phénomène qu'est la dollarisation, de plus en plus en vogue un peu partout dans le monde. Les autres y ont déjà orienté leurs travaux de recherche.

Nous avons eu à consulter des travaux antérieurs relatifs au domaine de notre recherche, pour montrer l'originalité de notre travail. C'est ainsi que nous avons pris connaissance des travaux de nos aînés ci - dessous :

LENDELE Kola et KAMANDA - KIMONA MBINGA J. parlent de la dollarisation dans un article publié en 2005, intitulé « Nature et Spécificité de la dollarisation de l'économie congolaise ». Cet article avait pour but de montrer les spécificités de la dollarisation au Congo.

À la différence de beaucoup des pays en développement, la dollarisation de l'économie congolaise est restée dans des aspects purement monétaires, la substitution d'actifs étant marginale. En outre, la dollarisation a pris une ampleur telle que même l'État est arrivéì à accepter le paiement des taxes en devises. L'étude souligne aussi que ce sont les attentes inflationnistes des agents économiques qui constituent les causes immédiates de la dollarisation au Congo.

Jean-François PONSOT, dans son article « Banque Centrale et dollarisation : Cas de l'Équateur », a montré que face à une grave crise politique, financière et bancaire, le Gouvernement Central de l'Équateur prit la décision de prononcer une dollarisation intégrale et officielle de son économie et cela, avec des conséquences immédiates catastrophiques.

Alexandre MINDA, dans son article « La dollarisation intégrale : une option monétaire de dernier ressort pour l'Amérique Latine ? », explique qu'en raison de son coût d'opportunité, l'abandon d'une monnaie nationale pour une devise étrangère constitue une solution de dernier recours à l'instabilité financière des économies latino-américaines.

2

Felix FISCHER, Charlotte LUNDGREN, et Samir JAHJAH, dans leur article « Vers une politique monétaire plus efficace : Le cas de la République Démocratique du Congo » arrive à la conclusion que la forte dollarisation de l'économie pose problème parce qu'elle limite la portée des leviers d'action de la BCC. Que ce dernier, en plus de limiter la portée de la politique monétaire, réduit également la capacité de la BCC à agir comme prêteur en dernier ressort.

Quant à ce qui nous concerne, nous voulons baser notre réflexion sur l'instrumentalisation de la dollarisation par le Banquier Central Congolais dans sa lutte contre l'inflation, mais aussi sur les limites de cette solution d'urgence.

2. Problématique

Dans la vie socioéconomique congolaise en général, une libre observation montre que le dollar américain est utilisé comme réserve de valeur, unité de compte et de fois moyen de paiement.

En fait, la plupart des dépôts bancaires, de transferts bancaires, des prix de produits bruts et manufacturés, des prix des services comme la location des maisons, du matériel ou du mobilier ; du transport, de l'entretien et de la réparation des biens meubles et immeubles ; des soins de santé, des frais scolaires et académiques, etc., presque tous s'effectuent en USD.

Ce phénomène, appelé dollarisation, existe au sein de l'économie congolaise depuis un bon bout de temps maintenant. Il trouve ses racines immédiates dans l'inflation ainsi que l'hyperinflation qu'a connues la RDC durant les années 90 et la dépréciation de la monnaie domestique qui s'en est suivie et qui continue malheureusement jusqu'à ce jour.

Il est indéniable que la dollarisation a exercé des effets négatifs sur l'économie domestique. Sur le plan des finances publiques par exemple, la dollarisation aggrave le problème budgétaire car elle entraîne une diminution du revenu de la création monétaire. En substituant la monnaie étrangère à la monnaie nationale, les agents réduisent la demande d'encaisses réelles domestiques, qui constitue la base de la taxe d'inflation.

La dollarisation complique également la gestion de la politique monétaire. La mise en oeuvre de la politique monétaire est rendue difficile puisque la dollarisation introduit une composante étrangère dans le stock des moyens de paiement de l'économie.

Ainsi, compte tenu de ces effets négatifs de la dollarisation, les autorités peuvent être tentées de bannir, de manière forcée, l'usage des devises dans les transactions domestiques. Une dédollarisation forcée est souvent justifiée par la nécessité politique de préserver la

1 En novembre 1999, un dollar s'échangeait contre 15 FC au marchéì noir, alors que le gouvernement a imposéì un taux de 4,5 FC le dollar sur le marchéì officiel.

3

souveraineté monétaire et de limiter, sur le plan économique, les effets de la dollarisation sur le seigneuriage.

C'est ainsi que les autorités congolaises avaient déjà appliqué une forme de dédollarisation forcée en rachetant, en 1983, tous les avoirs en devises inscrits dans les comptes bancaires des résidents. A l'époque, ces mesures avaient créé une méfiance généralisée vis-à-vis du système bancaire domestique et une fuite des capitaux à l'étranger.

Suite aux effets néfastes induits par la conversion forcée des dépôts en devise en monnaie locale en 1983, les autorités congolaises avaient supprimé les mesures de contrôle de change jusqu'en janvier 1999. Par la suite, une dédollarisation forcée de l'économie congolaise a été décrétée par le gouvernement. Tout en évitant d'imposer explicitement une conversion forcée des dépôts en devises, les autorités ont tenté, en janvier 1999, d'éradiquer la dollarisation de l'économie (KABUYA K. F. et TSHUINZA M. O.).

Certaines mesures drastiques furent prises. Parmi ces mesures, nous pouvons citer :

- L'interdiction de l'usage du dollar dans les transactions intérieures ;

- La chasse aux cambistes de rue, la fermeture des bureaux de changes agrées ;

- Tout en interdisant l'usage du dollar comme monnaie parallèle, les autorités ont imposé un taux de change irréaliste1.

Ces mesures se sont finalement avérées contre-productives pour l'économie parce qu'elles ont occasionné plusieurs effets pervers sur l'économie congolaise. Tout d'abord, l'économie a été profondément asphyxiée pendant toute la durée de ces mesures. L'activité économique s'était ralentie de manière très significative.

Les entreprises, ne sachant plus renouveler leurs stocks importés, puisque les banques ne pouvaient leur fournir les devises nécessaires, au taux de change officiel jugé irréaliste, ont été obligées de licencier en masse leur personnel. En outre, l'offre des biens et services s'était sensiblement réduite, suite à la rétention des marchandises par les agents économiques. Il en est résulté une hausse plus sensible des prix sur les marchés domestiques.

La lutte intense contre la dollarisation de l'économie congolaise a produit des effets très néfastes sur l'économie. C'était une lutte moins efficace car, malgré sa volonté de protéger le

4

pouvoir d'achat de la monnaie locale, en adoptant des mesures inadéquates, le gouvernement a fini, paradoxalement, par favoriser la récession économique et l'inflation.

En effet, même si la dollarisation a des effets pervers sur l'économie, elle constitue un mal nécessaire dans un contexte d'inflation galopante. Tout en permettant de préserver le pouvoir d'achat des agents privés, la dollarisation limite la démonétisation de l'économie, qui pourrait freiner les échanges intérieurs et donc, occasionner une contraction de la production.

Dans la littérature, la relation entre l'output et la dollarisation ne fait pas l'objet d'une analyse approfondie. Cependant, des auteurs tels que Claassen et Martinez (1994, 17) ont clairement montré les avantages de la dollarisation dans une économie inflationniste, en insistant sur le fait qu'elle favorise le maintien d'un degré élevé de monétisation de l'économie, permettant ainsi d'éviter les pertes de production. En outre, la dollarisation peut servir de catalyseur pour l'intermédiation financière, dans un environnement hyperinflationniste.

C'est ainsi que les autorités, face à ces effets néfastes que connut l'économie à cause d'une dédollarisation forcée, conjugués aux pressions des institutions financières internationales, décidèrent, en 2001, de la reconnaissance officielle de l'utilisation parallèle des devises étrangères dans toutes les fonctions exercées par la monnaie nationale, de manière à échapper temporairement aux effets néfastes de l'inflation.

Ainsi, dans le cadre de ce travail, nous voulons chercher à savoir si cette instrumentalisation de la dollarisation eu un effet positif sur l'activité économique. Nous allons répondre à la question de savoir :

Est-ce que le Banquier Central Congolais peut-il réussir à atteindre la stabilité du niveau général des prix en utilisant la dollarisation ? Si oui, quelles mesures doivent être prises pour éviter de revenir dans l'instabilité ?

3. Hypothèses

Au regard des questions relevées dans la problématique, nous avons procédé à la formulation de certaines propositions de réponse, à savoir :

L'instrumentalisation de la dollarisation par le Banquier Central Congolais eu un effet positif sur le niveau général des prix qui, en plus d'avoir été stabilisé depuis, n'a plus jamais atteint le niveau d'hyperinflation ;

5

Après avoir atteint le niveau de stabilité poursuivi par cette mesure, le Banquier Central Congolais devait enclencher le processus inverse, pour éviter de retomber dans l'instabilité.

4. Modes de vérification des hypothèses

La réalisation de tout travail scientifique doit obéir à une démarche logique, qui impose des règles rigoureuses devant guider l'esprit du chercheur dans l'établissement de la vérité.

Pour bien mener notre étude, nous avons recouru à des méthodes et techniques scientifiques. 4.1. Méthodes

Pour mieux cerner notre problématique, nous avons utilisé la méthode hypothético-déductive.

Cette méthode va du général au particulier. Elle consiste à émettre des hypothèses, recueillir des données, puis à tester les résultats obtenus, réfuter ou appuyer les hypothèses. La détermination d'une théorie de portée générale précède la vérification dans une situation particulière.

Ce processus de recherche est composé de l'élaboration du cadre théorique, de l'exposition de la problématique de recherche, de l'énonciation des hypothèses et de la spécification du cadre opératoire. S'en suit une revue de littérature théorique ainsi qu'empirique, une présentation des données ainsi qu'une interprétation de ces dernières. Enfin, un test sur les résultats obtenus, afin d'affirmer ou infirmer les hypothèses émises au tout début.

4.2. Techniques

Pour la collecte des données primaires, nous avons utilisé la technique documentaire. Elle nous a permis de consulter des ouvrages, des articles, des notes de plusieurs cours des programmes de la Faculté d'administration des affaires et sciences économiques et autres publications en rapport avec notre sujet.

5. Délimitation du sujet

Dans le temps, nous avons limité notre étude sur une période allant de 2001 à 2017.

Dans l'espace, notre étude aura pour cadre de recherche empirique la République Démocratique du Congo.

6

6. Objectifs et Canevas du travail

Notre étude a pour objectif de montrer comment la dollarisation, bien qu'étant l'une des conséquences même de l'hyperinflation en République Démocratique du Congo, ait servi à combattre cette dernière et aidé l'autorité monétaire à stabiliser le niveau général des prix.

Dans cet ordre d'idée, nous essayerons d'atteindre cet objectif principal à travers deux objectifs spécifiques, à savoir :

- Tout d'abord, démontrer comment l'instrumentalisation de la dollarisation a contribué

à la lutte contre l'hyperinflation ; c'est-à-dire dans une situation d'hyperinflation, à quel niveau de dollarisation l'autorité monétaire pouvait continuer à utiliser efficacement ses instruments, afin de stabiliser le niveau général des prix.

- Et enfin, expliquer pourquoi cette mesure d'instrumentalisation ne devrait être qu'une

mesure temporaire et non définitive.

Mis à part l'introduction générale ainsi que la conclusion générale, notre travail sera subdivisé en 3 chapitres :

Chapitre 1 : Revue de littérature ;

Chapitre 2 : Analyse de l'économie congolaise ;

Chapitre 3 : Vérification empirique des résultats sur l'économie congolaise : discussions, implications et limites.

CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE

Dans ce présent chapitre, nous avons posé quelques jalons théoriques discutés dans la littérature spécialisée en situation de dollarisation d'une économie :

La première section a porté sur l'analyse théorique ;

La deuxième section a fait une revue de la littérature empirique ;

La troisième et dernière section a présenté une étude des cas, c'est-à-dire l'étude critique des résultats de deux études antérieures, afin de nous positionner dans le domaine de recherche.

1.1. Analyse théorique

1.1.1. Définitions des concepts 1.1.1.1. Dollarisation

SALAMA (1988 p. 8) définit la dollarisation comme l'évolution selon laquelle « le dollar s'impose de plus en plus comme réserve de valeur, unité de compte et parfois intermédiaire des échanges pour certains produits ». Donc, au sens strict, la dollarisation désigne l'abandon d'une monnaie nationale au profit du dollar américain.

BOURGUINAT et DOHNI (2002 p. 59) formulent quant à eux une définition voisine à celle de SALAMA, puisqu'ils désignent la dollarisation comme « le processus de remplacement, par le dollar des États-Unis des monnaies nationales préexistantes en tant qu'unité de fixation du prix des biens, instruments des paiements et de détention de l'épargne ».

Au sens large, la dollarisation est un terme générique qui caractérise les pays, dont les transactions financières se réalisent dans une monnaie étrangère. Comme le souligne ARES (2001), la monnaie doit être pris au sens large et inclure, non seulement les billets et pièces, mais également les dépôts bancaires en devises étrangères, les obligations et autres actifs financiers non-monétaires, sans qu'il puisse s'agir pour autant du dollar américain.

Comme le souligne BLANC (2000), l'expression est dans ce cas inexacte puisqu'elle comprend un ensemble de processus qui concernent l'euro, le livre sterling, le dollar australien et néo-zélandais pour ne citer que quelques exemples. Elle est également réductrice, dans la mesure où elle laisse à penser que seul le billet vert est l'objet d'un mouvement de polarisation monétaire.

Les analyses théoriques discutées dans la littérature par certains auteurs sur la dollarisation convergent en ce sens qu'ils qualifient le phénomène de la dollarisation comme l'utilisation intense des devises étrangères, en particulier le dollar américain, dans un espace économique doté pourtant d'une monnaie nationale.2

D'un point de vue général, AGENOR (2014) stipule que la dollarisation peut être considérée comme une réponse endogène des agents économiques qui cherchent à éviter la taxe inflationniste et les pertes en capital sur les actifs libellés en termes de monnaie domestique.

L'utilisation concomitante de la monnaie nationale ainsi que des devises étrangères confère à ces dernières toutes les fonctions classiques qu'une monnaie nationale peut remplir : unité de compte, réserves de la valeur et instrument de paiement.

Dans la littérature, la dollarisation est souvent assimilée à la substitution monétaire.

Ainsi, BERG ET BORENSTZTEIN (2000) parlent de la substitution de la monnaie quand la devise étrangère sert principalement de moyen de paiement et d'unité de compte. Ils retiennent le terme de substitution des actifs lorsque les actifs libellés en monnaie étrangère deviennent les instruments privilégiés de réserve de valeur.

Si la dollarisation peut revêtir différentes formes, PONSOT (2003) opère une distinction en fonction de deux critères de différenciation : le degré de pénétration de la devise dans les pratiques monétaires d'un pays et le degré d'officialisation et de son acceptation institutionnelle par les autorités.

A. Régime de dollarisation

La classification des régimes de la dollarisation repose sur deux indicateurs :

Le degré de pénétration de la monnaie étrangère dans les pratiques monétaires de l'économie dollarisée ;

Le degré d'officialisation de son usage par les autorités du pays.

Tenant compte du degré de pénétration du dollar, on distingue la dollarisation partielle de la dollarisation intégrale.

2 NGONGA NZINGA, Vincent et MUSUSA ULIMWENGU, John « Persistance de la dollarisation au Congo-Kinshasa : manifestation de la complémentarité et/ou de la substitution monétaire ? », in cahiers économiques et sociaux de l'Institut des Recherches Économiques et Sociales (IRES), vol. XXV, n°1, avril 1999, p.28.

9

Se référant au degré d'officialisation, on distingue la dollarisation officielle ou de droit - « dollarisation de jure » et la dollarisation officieuse ou de fait - « dollarisation de facto ».

Partant des différents critères susmentionnés, nous pouvons conclure que :

La dollarisation partielle explique la situation dans laquelle la monnaie étrangère s'intègre au dispositif monétaire préexistant pour constituer une pluralité monétaire ;

La dollarisation intégrale, quant à elle, s'observe lorsque la monnaie étrangère circule en tant que signe monétaire exclusif dans une économie sans monnaie propre ;

La dollarisation de jure implique la situation où l'usage de la monnaie étrangère dans une économie est reconnue officiellement par les autorités à travers la déclaration de son cours légal ;

La dollarisation de facto, quant à elle, survient lorsque la monnaie étrangère est utilisée par les agents économique, en dépit de l'absence de son cours légal ; c'est donc un phénomène spontané relevant d'un choix des agents privés.

Il sied ainsi de comprendre que les dollarisations officielle et officieuse peuvent être, chacune, soit partielle, soit intégrale. Cependant, comme le souligne PONSOT (2003), une partie de la littérature ne respecte pas ce double niveau de distinction. La dollarisation officieuse est souvent assimilée à la dollarisation partielle, alors que la dollarisation de jure ou officielle est souvent confondue avec la dollarisation intégrale. Il est vrai que la grande variété de régimes observée dans la pratique complique la construction d'une typologie stricte et précise.

Ainsi, la dollarisation officieuse ne se résume pas aux cas de figure où la monnaie domestique a entièrement disparu, et/ou la monnaie étrangère est la seule à détenir un cours légal. De même, la dollarisation intégrale et officielle n'élimine pas systématiquement l'émission d'une monnaie locale : au Panama, par exemple, le balboa cohabite avec la devise américaine.

La figure n°1 montre le maintien de régime monétaire dual (bi monétarisation officielle) où la devise étrangère possède un cours légal aux côtés de la monnaie domestique.

Source : Ponsot (2003)

10

Figure n°1 - Typologie des régimes de dollarisation

- Degré d'officialisation et de son acceptation institutionnelle par les autorités du pays +

- Degré de pénétration de la monnaie étrangère dans les pratiques monétaires +

 

Dollarisation de facto (officieuse) Gestion passive de la dollarisation

Dollarisation de jure (officielle) Gestion active de la dollarisation

 

A1

A2

Dollarisation partielle (pluralité monétaire)

Perte de souveraineté partielle et non assumée

Perte de la souveraineté partielle et assumée

 

Régime de dollarisation le plus courant.

 
 

Processus spontané relevant d'un choix des agents privés.

Régime intermédiaire entre A1 et B2

 
 

Dollarisation « semi-officielle » (bi monétarisation

 

Ex : la plupart des économies Latino-Américaines, Russie, ...

officielle, régime duaux avec ou sans currency board).

 
 

Phénomène de résistance institutionnelle :

 
 

les autorités maintiennent l'unité

de compte nationale et l'obligation de
payer les impôts et taxes dans cette unité de compte.

 
 

Ex : Guatemala, Libéria

 

B1

B2

 
 

Perte de souveraineté intégrale et assumée

Dollarisation intégrale (exclusivité monétaire)

Perte de souveraineté intégrale et non assumée

 
 

Régime particulier : déficit de souveraineté politique

Dollarisation indirecte : aboutissement après A1 ou A2. «

 

(logique séparatiste, situation de conflit,

décomposition d'une entité politique).

Capitulation » des autorités.

 
 

Ex : Équateur

 

Ex : Timor Oriental et Kosovo avant 2000

 
 
 

Dollarisation directe ou ex nihilo, suite à B1 lors de la constitution ou de l'affirmation d'une entité politique.

 
 

Ex : Monténégro, Kosovo, Timor

 
 

Oriental

Et, dans la situation où l'économie est à cours de liquidité, les agents économiques, même s'ils se réfèrent aux évolutions passées de l'économie, ne seront que contraints d'utiliser les devises

11

B. Causes et conséquences de la dollarisation

Plusieurs études menées sur la dollarisation montrent que cette dernière trouve généralement ses racines les plus immédiates dans les périodes de fortes instabilités des prix intérieurs et de la détérioration de la valeur de la monnaie nationale qui s'en suit toujours et ce, avec des conséquences à forts risques d'améliorer l'instabilité que connait déjà l'économie.

a. Les causes de la dollarisation

L'expérience révèle que dans plusieurs économies, en particulier celles des pays en développement, le phénomène de dollarisation persiste en, dépit de la restauration de la stabilité du cadre macroéconomique du fait que, pendant longtemps, les agents économiques ont intériorisé dans leur comportement l'évolution des événements passés qui ont été marqués par l'instabilité macroéconomique, en occurrence en période de forte inflation et variable. C'est ce qui est la cause par excellence de la dollarisation.

Dans ce cas, les agents économiques continuent à remettre en cause la capacité des autorités à conférer une stabilité durable à l'économie et jouent aux anticipations, pour se prévenir aux évolutions défavorables antérieures, en augmentant leur détention d'actif en monnaie étrangère au profit de la monnaie nationale.

Nous pouvons avoir un corollaire à cette première cause évoquée ci-haut, ce que les agents économiques peuvent continuer à maintenir leurs avoirs en devises logés dans le système bancaire local, malgré la stabilité durable de la monnaie nationale.

Il nous serait difficile de limiter la persistance de la dollarisation à l'intériorisation des évolutions passées des agents économiques. Aussi, faudra-t-il ajouter le phénomène de dollarisation en situation de déflation, où le taux de liquidité est généralement à un niveau très faible jamais, connu par l'économie dans le passé.

Le clivage qui existerait entre ces deux causes inhérentes est crucial. Dans la mesure où les agents économiques intériorisent les situations évolutives défavorables de l'économie dans le passé, maintiennent ou accroissent la détention des devises les substituant à la monnaie nationale, même si cette dernière recouvre une stabilité, soit passagère ou aléatoire.

12

pour supplier à l'insuffisance de la monnaie nationale aux perspectives incertaines. L'utilisation de la devise s'impose à eux en raison de l'insuffisance de la monnaie nationale.

En se réfèrent aux taux de liquidité moyen ou de référence d'une économie sur une longue période passée, il est facile de mesurer l'ampleur du clivage entre la quantité de la monnaie nationale et le niveau de l'activité.

En ajoutant à l'agrégat monétaire les devises, on pourrait remarquer comment ces dernières contribueront à l'amélioration du taux de liquidité (NGONGA et MUSUSA 1999).

D'autres faits marquants, outres ceux liés à l'intériorisation des évolutions passées de l'économie ou d'insuffisance des moyens de paiement, l'économie peut faire face au besoin de diversification de portefeuille des différents agents économiques, lesquels peuvent exister même à des taux d'inflation relativement bas.

Mais aussi les coûts de transactions, qui surviennent passant d'une monnaie à l'autre du fait de l'hypothèse d'économie d'échelle dans l'utilisation d'une monnaie unique, impliquent l'existence d'une gamme de taux d'inflation pour laquelle le degré de dollarisation reste inchangé.

La volatilité associée à l'inflation et à la dépréciation du taux de change, outre les anticipations y relatives ; alors qu'au cours de des périples d'inflation élevée, la composante risque tend à être dominée par le niveau même d'inflation en période de faible inflation, les facteurs de risque deviennent plus importants. De ce fait, réduire la dollarisation requiert non seulement des niveaux de taux d'inflation anticipée et de dépréciation de taux de change mais aussi une réduction de la volatilité de ces variables (ANGENOR, 2014).

b. Les conséquences de la dollarisation

La dollarisation, elle-même, est une conséquence résultant de l'instabilité économique et monétaire persistante. Elle a pour conséquence immédiate la fragilité de l'efficacité de la politique monétaire.

La dollarisation complique alors la gestion de la politique monétaire et de la politique de change. La mise en oeuvre de la politique monétaire est rendue difficile puisque la dollarisation introduit une composante étrangère dans le stock des moyens de paiement de l'économie. (BALINO, BENNETT, BORENSZTEIN, 1999).

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Et c'est ce qui rend difficile le contrôle de la masse monétaire par les autorités du fait de la non maitrise des flux des devises étrangères demandées par les résidents, mais aussi elle pose problème dans le contrôle de l'offre de monnaie et celui de la capacité des autorités à formuler les politiques macroéconomiques crédibles suite à la volatilité du taux de change. Ces conséquences directes sur la politique monétaire vident la substance des instruments de la politique monétaire.

En dehors de la fragilité de la politique monétaire, les débats économiques ont évoqué d'autres implications de la dollarisation au sein d'une économie. Ainsi, la dollarisation peut avoir comme conséquence :

La perte des revenus de seigneuriage

En présence d'une situation de dollarisation, les autorités réduisent leur marge de manoeuvre pour financer le déficit budgétaire par l'émission monétaire. Une bonne partie de la masse monétaire nationale est remplacée progressivement par la masse monétaire étrangère, ce qui en résulte est que la croissance de la masse monétaire en monnaie nationale diminue et s'ensuit la baisse du revenu de seigneuriage.

La croissance de l'utilisation des devises étrangères dans une économie réduit la demande de la monnaie centrale par les agents économiques. L'importance relative de la base monétaire nécessaire, pour obtenir la taxe d'inflation, implique que le financement susceptible d'être réalisé avec la création monétaire se trouve réduit pour n'importe quel niveau d'inflation. Ainsi, la perte de revenus du seigneuriage peut entrainer un financement monétaire accru et donc une inflation plus élevée en l'absence des mesures d'ajustement de la demande intérieure.

Par conséquent, un gouvernement qui souhaite maintenir constant son revenu du seigneuriage, n'a d'autre choix que d'augmenter le taux de la taxe d'inflation, car la base monétaire s'amoindrit au fur et à mesure que les agents substituent les devises à la monnaie nationale. C'est pourquoi la dollarisation peut amplifier les pressions inflationnistes dont elle est pourtant la cause immédiate (CALVO et VEGH, 1992). Au cas où l'économie devient complètement dollarisée, le gouvernement perd totalement son revenu du seigneuriage au profit des autorités émettrices des devises. (FISCHER, 1982).

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La commodité aux pressions inflationnistes

La valeur en monnaie nationale des devises flottantes et des dépôts en banque en monnaie étrangères évolue dans une même proportion que la dépréciation du taux de change.

Les agrégats monétaires s'accommodent aux pressions inflationnistes dans la mesure où les prêts accordés en devises étrangères sont libellés en monnaie nationale. Les asymétries en matières des devises affaiblissent les bilans des banques si et seulement si le taux de change se déprécie, et si les taux créditeurs ne sont pas ajustés pour résorber la perte sur le principal du prêt mesuré en termes de monnaie étrangères.

La réduction de la marge de manoeuvre en termes de choix du régime du taux de change

Diverses études ont montré que la volatilité du taux de change s'accroît avec le degré de dollarisation de l'économie. Dans une économie dollarisée, la demande de monnaie domestique est très sensible aux variations de son coût d'opportunité.

En d'autres termes, l'élasticité de la demande au coût relatif d'opportunité devient plus importante lorsque la substitution monétaire est très forte. Cette élasticité particulièrement élevée entraîne des suréactions du taux de change (GIRTON et ROPER, 1981 ; CLAASSEN et MARTINEZ, 1994, 25-29).

Le choix du régime du taux de change est influencé en parti par la dollarisation dans la mesure où la dollarisation implique des dettes à court terme en monnaie étrangères, mesurées aux devises du système bancaire.

En régime de change flottant, l'appréciation du taux de change réel ne peut être empêcher, et peut se caractériser par une grande volatilité exacerbée de degré élevé de dollarisation.

D'autres auteurs pensent que, la dollarisation, en entrainant l'augmentation de fonds détenus par le système bancaire, peut être bénéfique en ce qu'elle permet d'augmenter la capacité des prêts.

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