UNIVERSITE PROTESTANTE AU CONGO i
FACULTE D'ADMINISTRATION DES AFFAIRES
ET SCIENCES ECONOMIQUES
BP. 4745
KINSHASA/LINGWALA
L'INSTRUMENTALISATION DE LA DOLLARISATION DANS LA LUTTE
CONTRE L'INFLATION
CAS DE LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU
CONGO
?
TSHIBAMBA wa TSHIBAMBA Jephté
Détenteur d'un diplôme de Graduat en
Sciences Économiques au
sein de l'Université Protestante au
Congo
Octobre 2019
IN MEMORIAM
À mon très cher grand père, le
seul que j'ai eu le bonheur ainsi que l'immense honneur de
connaître,
ILUNGA KANEMENY Norbert, qui a su encrer en moi des valeurs humaines
telles
que l'honnêteté, la conviction en une cause juste, la
foi, la vertu, l'espérance.
À jamais, il sera gravé
dans nos coeurs jusque dans le monde nouveau promis par le
Créateur
où nous pourrions à nouveau le serrer dans nos bras.
ii
EPIGRAPHE
« Il n'y a pas de moyen plus subtil et plus
sûr de renverser
les fonctionnements de la société que
de corrompre sa
monnaie »
Lord John MAYNARD KEYNES Les conséquences
économiques de la paix, 1919.
iii
DEDICACE
Aiguillonné d'un sentiment poussé de
reconnaissance, de gratitude et de grande joie, j'aimerai dédier ce
travail à :
Mes très chers parents Edmond CIBAMBA DIATA et
Angélique TSHIALA TSHIBAMBA ;
Mes très chères soeurs Chicco KASHIKA,
Christelle TSHIBUNDA, Doudou ZAMUDA, Lydie BEYA, et mes chers frères
Trésor ILUNGA, Josh TUMBA et Benoni MWANZAMBALA ;
Mes nièces Daniela MBOMBO, Francisca NDELELA, Narlette
MWANGE, Raïssa KASHIKA, Alexandra-Perla MASIBITI, Wendy-Ann BINTU,
Darlina-Angela TSHIALA, Zanely KABISA, Lyzane-Angela TSHIALA, et mes neveux
Russell TSHIBAMBA, Christian TSHIBANGILA, Junior TSHIBAMBA, Nelio-Corneille
YOBELOU, Russell KASONGA et Zeker NGOYI ;
Tous ceux qui prendront le temps de lire ce travail.
Jephté TSHIBAMBA WA TSHIBAMBA
iv
REMERCIEMENTS
Notre édification scientifique ainsi que
l'élaboration de ce présent travail n'ont été
rendues possible que par la main forte que nous ont prêté le
Tout-Puissant Créateur ainsi que bon nombre des gens à qui nous
devons un profond respect et un sentiment de gratitude au terme de notre cycle
universitaire.
Nous tenons à exprimer avant tout notre profonde
gratitude à notre Bon Père aimant, le Créateur de cette
merveille qu'est l'univers, Jéhovah Dieu de son nom,
pour tout l'amour qu'Il porte à notre égard, manifesté par
ce beau cadeau qu'est la vie ainsi que par toutes les bonnes choses qu'Il ne
cesse de faire pour nous, nous qui ne sommes que poussière.
D'abord, nous remercions tous les membres du corps
académique de l'Université Protestante au Congo (UPC) en
général et en particulier ceux de la Faculté
d'Administration des Affaires et Sciences Économiques (FASE), pour
l'encadrement dont nous avons été l'objet ainsi que pour la
connaissance qu'ils se sont évertués de nous transmettre.
Particulièrement, nous tenons à remercier le
Professeur ITIMELONGO TITI, bien que surchargé par plusieurs
occupations, d'avoir accepté, avec dévouement, de prendre la
direction de ce travail, ainsi qu'au Chef des Travaux Luc BONDALA pour sa
précieuse contribution à la lecture ainsi qu'à la
correction minutieuse de ce travail. Chers Messieurs, daignez trouver à
travers ces quelques lignes l'expression de notre profonde reconnaissance.
Nous sommes aussi très redevables envers nos
très chers parents Edmond CIBAMBA et Angélique TSHIALA, pour les
énormes sacrifices consentis, afin de nous apporter à la fois un
soutien financier, affectif ainsi que moral, tout au long de notre parcours
universitaire.
Ensuite, nos remerciements s'adressent à juste titre
à nos camarades de l'UPC, qui nous ont été d'une aide
extraordinaire tout au long notre parcours universitaire. Nous voulons citer
pour cela nos compagnons de luttes d'autrefois Enody BAKATUMANA, Prisca
MASENGU, Marvel DIOMI et Valérie LETHETA, notre chef de promotion Alain
BAFE, nos amis de la promotion Isaac NZIKIANDA, Peniel BOMOLO, Parfait MPUTI,
Océane KALALA et la grande famille PHILIA.
Enfin, nous serons ingrats si nous passons sous silence les
noms de certaines personnes dont l'aide à travers conseils, soutien
à la fois moral, affectif et parfois même financier, nous ont
été d'une très grande utilité. Il s'agit de
Monsieur LOWENGA Logas, Carlos KALONJI, Doudou ZAMUDA, Chicco KASHIKA, Lydie
BEYA, Christelle TSHIBUNDA, Josh TUMBA, Trésor ILUNGA, Benoni
MWANZAMBALA, Champagne KASSONGO, Esther KALOMBO, Délices KABENGELA,
Prisca FEZA, Grace MBANDA, Rose ALULEA, Déborah MPOMBOLO, Dayana NDAYA,
Rebecca (Becky) KANYINDA, Queren BIANIMA, Kennedy KANEKA, Glody KALONJI, Isaac
LUFULUABO, Eddy LUFUNJI et Osée MOYA.
Que tous ceux qui nous sont chers et dont les noms ne figurent
dans la présente dissertation, faute d'espace, trouvent ici l'expression
de notre éternelle gratitude et reconnaissance.
V
LISTES DES ABREVIATIONS
BCC : Banque Centrale du Congo
CDF : Franc Congolais
FASE : Faculté d'Administration des Affaires et
Sciences Économiques
FMI : Fonds Monétaire International
IPC : Indice des Prix à la Consommation
PIR : Programme Intérimaire Renforcé
PEG : Programme Économique du Gouvernement
RDC : République Démocratique du Congo
UPC : Université Protestante au Congo
USD : Dollars Américain
vi
LISTES DE TABLEAUX ET FIGURES
Figure n°1 - Typologie des régimes de
dollarisation ............... ......... ............... 10
Tableau n°1 : Évolutions du taux de
dollarisation ......... ......... .................. 29
Figure n°2 : Évolution du taux de
dollarisation ...... ......... ............ ...... 29
Tableau n°2 : Évolution du taux
d'inflation fin de période (2001 - 2017) ............ .........
31
Figure n°3 : Évolution du taux d'inflation
2001 - 2017 ............... ......... ......... 31
............... 34
Tableau n°3 : Évolution du taux directeur
de la BCC ............ ............
Figure n°4 : Évolution du taux directeur de
la BCC......... ............ ............ ... 35
|
...............
|
|
............. 36
|
|
|
Tableau n°4 : Évolution du taux de change
CDF - USD à l'indicatif (2001 - 2017) .................. 36 Figure
n°5 : Évolution du taux de change de 2001 - 2017 ......
Tableau n°6 : Statistiques descriptives
.........
|
|
............ ............
|
|
............... 39
|
|
|
Tableau n°7 : Matrice de corrélation
Spearman ......
|
|
......... ............ ............ 40
|
|
Tableau n°8 : Différents régimes
............ ............ ......... ............ 40
Figure n°6 : Test de normalité de
résidus ......... ............ .........
..................41
Tableau n°9 : Test de spécification du
modèle ......... ............ ............ .........41
Tableau n°10 : Test
d'hétéroscédasticité de White ... .........
......... 42
Tableau n°11 : Complément de statistiques
............ ......... ......... ......... 42
.... 47
Figure n°7 : Test de CUSUM ......... ............
......... ............ ......... 42
Tableau n°12 : Évolution du
taux de dollarisation comparé au taux d'inflation .........
Tableau n°13 : Évolution du taux de
dollarisation et d'inflation après seuil optimal ............
49
1
INTRODUCTION GENERALE
1. État de la question
« Toute oeuvre scientifique s'inscrit
inévitablement dans un contenu. » Ainsi, au regard de
l'évolution de la science, ils demeurent « rares » les
domaines où il y a des questions qui sont restées non
explorées, où les hommes de sciences n'ont pas orienté
leurs lunettes de recherches.
Nous ne pensons pas être le seul à vouloir
travailler sur les problèmes monétaires d'une économie,
plus particulièrement sur ce phénomène qu'est la
dollarisation, de plus en plus en vogue un peu partout dans le monde. Les
autres y ont déjà orienté leurs travaux de recherche.
Nous avons eu à consulter des travaux antérieurs
relatifs au domaine de notre recherche, pour montrer l'originalité de
notre travail. C'est ainsi que nous avons pris connaissance des travaux de nos
aînés ci - dessous :
LENDELE Kola et KAMANDA - KIMONA MBINGA J. parlent de la
dollarisation dans un article publié en 2005, intitulé «
Nature et Spécificité de la dollarisation de l'économie
congolaise ». Cet article avait pour but de montrer les
spécificités de la dollarisation au Congo.
À la différence de beaucoup des pays en
développement, la dollarisation de l'économie congolaise est
restée dans des aspects purement monétaires, la substitution
d'actifs étant marginale. En outre, la dollarisation a pris une ampleur
telle que même l'État est arrivéì à accepter
le paiement des taxes en devises. L'étude souligne aussi que ce sont les
attentes inflationnistes des agents économiques qui constituent les
causes immédiates de la dollarisation au Congo.
Jean-François PONSOT, dans son article « Banque
Centrale et dollarisation : Cas de l'Équateur », a montré
que face à une grave crise politique, financière et bancaire, le
Gouvernement Central de l'Équateur prit la décision de prononcer
une dollarisation intégrale et officielle de son économie et
cela, avec des conséquences immédiates catastrophiques.
Alexandre MINDA, dans son article « La dollarisation
intégrale : une option monétaire de dernier ressort pour
l'Amérique Latine ? », explique qu'en raison de son coût
d'opportunité, l'abandon d'une monnaie nationale pour une devise
étrangère constitue une solution de dernier recours à
l'instabilité financière des économies
latino-américaines.
2
Felix FISCHER, Charlotte LUNDGREN, et Samir JAHJAH, dans leur
article « Vers une politique monétaire plus efficace : Le cas de la
République Démocratique du Congo » arrive à la
conclusion que la forte dollarisation de l'économie pose problème
parce qu'elle limite la portée des leviers d'action de la BCC. Que ce
dernier, en plus de limiter la portée de la politique monétaire,
réduit également la capacité de la BCC à agir comme
prêteur en dernier ressort.
Quant à ce qui nous concerne, nous voulons baser notre
réflexion sur l'instrumentalisation de la dollarisation par le Banquier
Central Congolais dans sa lutte contre l'inflation, mais aussi sur les limites
de cette solution d'urgence.
2. Problématique
Dans la vie socioéconomique congolaise en
général, une libre observation montre que le dollar
américain est utilisé comme réserve de valeur,
unité de compte et de fois moyen de paiement.
En fait, la plupart des dépôts bancaires, de
transferts bancaires, des prix de produits bruts et manufacturés, des
prix des services comme la location des maisons, du matériel ou du
mobilier ; du transport, de l'entretien et de la réparation des biens
meubles et immeubles ; des soins de santé, des frais scolaires et
académiques, etc., presque tous s'effectuent en USD.
Ce phénomène, appelé dollarisation,
existe au sein de l'économie congolaise depuis un bon bout de temps
maintenant. Il trouve ses racines immédiates dans l'inflation ainsi que
l'hyperinflation qu'a connues la RDC durant les années 90 et la
dépréciation de la monnaie domestique qui s'en est suivie et qui
continue malheureusement jusqu'à ce jour.
Il est indéniable que la dollarisation a exercé
des effets négatifs sur l'économie domestique. Sur le plan des
finances publiques par exemple, la dollarisation aggrave le problème
budgétaire car elle entraîne une diminution du revenu de la
création monétaire. En substituant la monnaie
étrangère à la monnaie nationale, les agents
réduisent la demande d'encaisses réelles domestiques, qui
constitue la base de la taxe d'inflation.
La dollarisation complique également la gestion de la
politique monétaire. La mise en oeuvre de la politique monétaire
est rendue difficile puisque la dollarisation introduit une composante
étrangère dans le stock des moyens de paiement de
l'économie.
Ainsi, compte tenu de ces effets négatifs de la
dollarisation, les autorités peuvent être tentées de
bannir, de manière forcée, l'usage des devises dans les
transactions domestiques. Une dédollarisation forcée est souvent
justifiée par la nécessité politique de préserver
la
1 En novembre 1999, un dollar s'échangeait contre 15 FC
au marchéì noir, alors que le gouvernement a
imposéì un taux de 4,5 FC le dollar sur le
marchéì officiel.
3
souveraineté monétaire et de limiter, sur le
plan économique, les effets de la dollarisation sur le seigneuriage.
C'est ainsi que les autorités congolaises avaient
déjà appliqué une forme de dédollarisation
forcée en rachetant, en 1983, tous les avoirs en devises inscrits dans
les comptes bancaires des résidents. A l'époque, ces mesures
avaient créé une méfiance généralisée
vis-à-vis du système bancaire domestique et une fuite des
capitaux à l'étranger.
Suite aux effets néfastes induits par la conversion
forcée des dépôts en devise en monnaie locale en 1983, les
autorités congolaises avaient supprimé les mesures de
contrôle de change jusqu'en janvier 1999. Par la suite, une
dédollarisation forcée de l'économie congolaise a
été décrétée par le gouvernement. Tout en
évitant d'imposer explicitement une conversion forcée des
dépôts en devises, les autorités ont tenté, en
janvier 1999, d'éradiquer la dollarisation de l'économie (KABUYA
K. F. et TSHUINZA M. O.).
Certaines mesures drastiques furent prises. Parmi ces mesures,
nous pouvons citer :
- L'interdiction de l'usage du dollar dans les transactions
intérieures ;
- La chasse aux cambistes de rue, la fermeture des bureaux de
changes agrées ;
- Tout en interdisant l'usage du dollar comme monnaie
parallèle, les autorités ont imposé un taux de change
irréaliste1.
Ces mesures se sont finalement avérées
contre-productives pour l'économie parce qu'elles ont occasionné
plusieurs effets pervers sur l'économie congolaise. Tout d'abord,
l'économie a été profondément asphyxiée
pendant toute la durée de ces mesures. L'activité
économique s'était ralentie de manière très
significative.
Les entreprises, ne sachant plus renouveler leurs stocks
importés, puisque les banques ne pouvaient leur fournir les devises
nécessaires, au taux de change officiel jugé irréaliste,
ont été obligées de licencier en masse leur personnel. En
outre, l'offre des biens et services s'était sensiblement
réduite, suite à la rétention des marchandises par les
agents économiques. Il en est résulté une hausse plus
sensible des prix sur les marchés domestiques.
La lutte intense contre la dollarisation de l'économie
congolaise a produit des effets très néfastes sur
l'économie. C'était une lutte moins efficace car, malgré
sa volonté de protéger le
4
pouvoir d'achat de la monnaie locale, en adoptant des mesures
inadéquates, le gouvernement a fini, paradoxalement, par favoriser la
récession économique et l'inflation.
En effet, même si la dollarisation a des effets pervers
sur l'économie, elle constitue un mal nécessaire dans un contexte
d'inflation galopante. Tout en permettant de préserver le pouvoir
d'achat des agents privés, la dollarisation limite la
démonétisation de l'économie, qui pourrait freiner les
échanges intérieurs et donc, occasionner une contraction de la
production.
Dans la littérature, la relation entre l'output et la
dollarisation ne fait pas l'objet d'une analyse approfondie. Cependant, des
auteurs tels que Claassen et Martinez (1994, 17) ont clairement montré
les avantages de la dollarisation dans une économie inflationniste, en
insistant sur le fait qu'elle favorise le maintien d'un degré
élevé de monétisation de l'économie, permettant
ainsi d'éviter les pertes de production. En outre, la dollarisation peut
servir de catalyseur pour l'intermédiation financière, dans un
environnement hyperinflationniste.
C'est ainsi que les autorités, face à ces effets
néfastes que connut l'économie à cause d'une
dédollarisation forcée, conjugués aux pressions des
institutions financières internationales, décidèrent, en
2001, de la reconnaissance officielle de l'utilisation parallèle des
devises étrangères dans toutes les fonctions exercées par
la monnaie nationale, de manière à échapper temporairement
aux effets néfastes de l'inflation.
Ainsi, dans le cadre de ce travail, nous voulons chercher
à savoir si cette instrumentalisation de la dollarisation eu un effet
positif sur l'activité économique. Nous allons répondre
à la question de savoir :
Est-ce que le Banquier Central Congolais peut-il
réussir à atteindre la stabilité du niveau
général des prix en utilisant la dollarisation ? Si oui, quelles
mesures doivent être prises pour éviter de revenir dans
l'instabilité ?
3. Hypothèses
Au regard des questions relevées dans la
problématique, nous avons procédé à la formulation
de certaines propositions de réponse, à savoir :
L'instrumentalisation de la dollarisation par le Banquier
Central Congolais eu un effet positif sur le niveau général des
prix qui, en plus d'avoir été stabilisé depuis, n'a plus
jamais atteint le niveau d'hyperinflation ;
5
Après avoir atteint le niveau de stabilité
poursuivi par cette mesure, le Banquier Central Congolais devait enclencher le
processus inverse, pour éviter de retomber dans l'instabilité.
4. Modes de vérification des
hypothèses
La réalisation de tout travail scientifique doit
obéir à une démarche logique, qui impose des règles
rigoureuses devant guider l'esprit du chercheur dans l'établissement de
la vérité.
Pour bien mener notre étude, nous avons recouru
à des méthodes et techniques scientifiques. 4.1.
Méthodes
Pour mieux cerner notre problématique, nous avons
utilisé la méthode hypothético-déductive.
Cette méthode va du général au
particulier. Elle consiste à émettre des hypothèses,
recueillir des données, puis à tester les résultats
obtenus, réfuter ou appuyer les hypothèses. La
détermination d'une théorie de portée
générale précède la vérification dans une
situation particulière.
Ce processus de recherche est composé de
l'élaboration du cadre théorique, de l'exposition de la
problématique de recherche, de l'énonciation des
hypothèses et de la spécification du cadre opératoire.
S'en suit une revue de littérature théorique ainsi qu'empirique,
une présentation des données ainsi qu'une interprétation
de ces dernières. Enfin, un test sur les résultats obtenus, afin
d'affirmer ou infirmer les hypothèses émises au tout
début.
4.2. Techniques
Pour la collecte des données primaires, nous avons
utilisé la technique documentaire. Elle nous a permis de consulter des
ouvrages, des articles, des notes de plusieurs cours des programmes de la
Faculté d'administration des affaires et sciences économiques et
autres publications en rapport avec notre sujet.
5. Délimitation du sujet
Dans le temps, nous avons limité notre étude sur
une période allant de 2001 à 2017.
Dans l'espace, notre étude aura pour cadre de recherche
empirique la République Démocratique du Congo.
6
6. Objectifs et Canevas du travail
Notre étude a pour objectif de montrer comment la
dollarisation, bien qu'étant l'une des conséquences même de
l'hyperinflation en République Démocratique du Congo, ait servi
à combattre cette dernière et aidé l'autorité
monétaire à stabiliser le niveau général des
prix.
Dans cet ordre d'idée, nous essayerons d'atteindre cet
objectif principal à travers deux objectifs spécifiques, à
savoir :
- Tout d'abord, démontrer comment l'instrumentalisation
de la dollarisation a contribué
à la lutte contre l'hyperinflation ;
c'est-à-dire dans une situation d'hyperinflation, à quel niveau
de dollarisation l'autorité monétaire pouvait continuer à
utiliser efficacement ses instruments, afin de stabiliser le niveau
général des prix.
- Et enfin, expliquer pourquoi cette mesure
d'instrumentalisation ne devrait être qu'une
mesure temporaire et non définitive.
Mis à part l'introduction générale ainsi
que la conclusion générale, notre travail sera subdivisé
en 3 chapitres :
Chapitre 1 : Revue de littérature ;
Chapitre 2 : Analyse de l'économie congolaise ;
Chapitre 3 : Vérification empirique des
résultats sur l'économie congolaise : discussions, implications
et limites.
CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE
Dans ce présent chapitre, nous avons posé
quelques jalons théoriques discutés dans la littérature
spécialisée en situation de dollarisation d'une économie
:
La première section a porté sur l'analyse
théorique ;
La deuxième section a fait une revue de la
littérature empirique ;
La troisième et dernière section a
présenté une étude des cas, c'est-à-dire
l'étude critique des résultats de deux études
antérieures, afin de nous positionner dans le domaine de recherche.
1.1. Analyse théorique
1.1.1. Définitions des concepts 1.1.1.1.
Dollarisation
SALAMA (1988 p. 8) définit la dollarisation comme
l'évolution selon laquelle « le dollar s'impose de plus en plus
comme réserve de valeur, unité de compte et parfois
intermédiaire des échanges pour certains produits ». Donc,
au sens strict, la dollarisation désigne l'abandon d'une monnaie
nationale au profit du dollar américain.
BOURGUINAT et DOHNI (2002 p. 59) formulent quant à eux
une définition voisine à celle de SALAMA, puisqu'ils
désignent la dollarisation comme « le processus de remplacement,
par le dollar des États-Unis des monnaies nationales
préexistantes en tant qu'unité de fixation du prix des biens,
instruments des paiements et de détention de l'épargne ».
Au sens large, la dollarisation est un terme
générique qui caractérise les pays, dont les transactions
financières se réalisent dans une monnaie
étrangère. Comme le souligne ARES (2001), la monnaie doit
être pris au sens large et inclure, non seulement les billets et
pièces, mais également les dépôts bancaires en
devises étrangères, les obligations et autres actifs financiers
non-monétaires, sans qu'il puisse s'agir pour autant du dollar
américain.
Comme le souligne BLANC (2000), l'expression est dans ce cas
inexacte puisqu'elle comprend un ensemble de processus qui concernent l'euro,
le livre sterling, le dollar australien et néo-zélandais pour ne
citer que quelques exemples. Elle est également réductrice, dans
la mesure où elle laisse à penser que seul le billet vert est
l'objet d'un mouvement de polarisation monétaire.
Les analyses théoriques discutées dans la
littérature par certains auteurs sur la dollarisation convergent en ce
sens qu'ils qualifient le phénomène de la dollarisation comme
l'utilisation intense des devises étrangères, en particulier le
dollar américain, dans un espace économique doté pourtant
d'une monnaie nationale.2
D'un point de vue général, AGENOR (2014) stipule
que la dollarisation peut être considérée comme une
réponse endogène des agents économiques qui cherchent
à éviter la taxe inflationniste et les pertes en capital sur les
actifs libellés en termes de monnaie domestique.
L'utilisation concomitante de la monnaie nationale ainsi que
des devises étrangères confère à ces
dernières toutes les fonctions classiques qu'une monnaie nationale peut
remplir : unité de compte, réserves de la valeur et instrument de
paiement.
Dans la littérature, la dollarisation est souvent
assimilée à la substitution monétaire.
Ainsi, BERG ET BORENSTZTEIN (2000) parlent de la substitution
de la monnaie quand la devise étrangère sert principalement de
moyen de paiement et d'unité de compte. Ils retiennent le terme de
substitution des actifs lorsque les actifs libellés en monnaie
étrangère deviennent les instruments privilégiés de
réserve de valeur.
Si la dollarisation peut revêtir différentes
formes, PONSOT (2003) opère une distinction en fonction de deux
critères de différenciation : le degré de
pénétration de la devise dans les pratiques monétaires
d'un pays et le degré d'officialisation et de son acceptation
institutionnelle par les autorités.
A. Régime de dollarisation
La classification des régimes de la dollarisation repose
sur deux indicateurs :
Le degré de pénétration de la monnaie
étrangère dans les pratiques monétaires de
l'économie dollarisée ;
Le degré d'officialisation de son usage par les
autorités du pays.
Tenant compte du degré de pénétration du
dollar, on distingue la dollarisation partielle de la dollarisation
intégrale.
2 NGONGA NZINGA, Vincent et MUSUSA ULIMWENGU, John
« Persistance de la dollarisation au Congo-Kinshasa : manifestation de la
complémentarité et/ou de la substitution monétaire ?
», in cahiers économiques et sociaux de l'Institut des
Recherches Économiques et Sociales (IRES), vol. XXV,
n°1, avril 1999, p.28.
9
Se référant au degré d'officialisation,
on distingue la dollarisation officielle ou de droit - « dollarisation de
jure » et la dollarisation officieuse ou de fait - « dollarisation de
facto ».
Partant des différents critères
susmentionnés, nous pouvons conclure que :
La dollarisation partielle explique la situation dans laquelle
la monnaie étrangère s'intègre au dispositif
monétaire préexistant pour constituer une pluralité
monétaire ;
La dollarisation intégrale, quant à elle,
s'observe lorsque la monnaie étrangère circule en tant que signe
monétaire exclusif dans une économie sans monnaie propre ;
La dollarisation de jure implique la situation où
l'usage de la monnaie étrangère dans une économie est
reconnue officiellement par les autorités à travers la
déclaration de son cours légal ;
La dollarisation de facto, quant à elle, survient
lorsque la monnaie étrangère est utilisée par les agents
économique, en dépit de l'absence de son cours légal ;
c'est donc un phénomène spontané relevant d'un choix des
agents privés.
Il sied ainsi de comprendre que les dollarisations officielle
et officieuse peuvent être, chacune, soit partielle, soit
intégrale. Cependant, comme le souligne PONSOT (2003), une partie de la
littérature ne respecte pas ce double niveau de distinction. La
dollarisation officieuse est souvent assimilée à la dollarisation
partielle, alors que la dollarisation de jure ou officielle est souvent
confondue avec la dollarisation intégrale. Il est vrai que la grande
variété de régimes observée dans la pratique
complique la construction d'une typologie stricte et précise.
Ainsi, la dollarisation officieuse ne se résume pas aux
cas de figure où la monnaie domestique a entièrement disparu,
et/ou la monnaie étrangère est la seule à détenir
un cours légal. De même, la dollarisation intégrale et
officielle n'élimine pas systématiquement l'émission d'une
monnaie locale : au Panama, par exemple, le balboa cohabite avec la devise
américaine.
La figure n°1 montre le maintien de
régime monétaire dual (bi monétarisation officielle)
où la devise étrangère possède un cours
légal aux côtés de la monnaie domestique.
Source : Ponsot (2003)
10
Figure n°1 - Typologie des régimes de
dollarisation
- Degré d'officialisation et de son acceptation
institutionnelle par les autorités du pays +
- Degré de pénétration de la monnaie
étrangère dans les pratiques monétaires +
|
Dollarisation de facto (officieuse)
Gestion passive de la dollarisation
|
Dollarisation de jure (officielle)
Gestion active de la dollarisation
|
|
A1
|
A2
|
Dollarisation partielle (pluralité
monétaire)
|
Perte de souveraineté partielle et non
assumée
|
Perte de la souveraineté partielle et
assumée
|
|
Régime de dollarisation le plus courant.
|
|
|
Processus spontané relevant d'un choix des agents
privés.
|
Régime intermédiaire entre A1 et B2
|
|
|
Dollarisation « semi-officielle » (bi
monétarisation
|
|
Ex : la plupart des économies
Latino-Américaines, Russie, ...
|
officielle, régime duaux avec ou sans currency
board).
|
|
|
Phénomène de résistance institutionnelle
:
|
|
|
les autorités maintiennent l'unité
de compte nationale et l'obligation de payer les
impôts et taxes dans cette unité de compte.
|
|
|
Ex : Guatemala, Libéria
|
|
B1
|
B2
|
|
|
Perte de souveraineté intégrale et
assumée
|
Dollarisation intégrale (exclusivité
monétaire)
|
Perte de souveraineté intégrale et non
assumée
|
|
|
Régime particulier : déficit de souveraineté
politique
|
Dollarisation indirecte : aboutissement après A1 ou A2.
«
|
|
(logique séparatiste, situation de conflit,
décomposition d'une entité politique).
|
Capitulation » des autorités.
|
|
|
Ex : Équateur
|
|
Ex : Timor Oriental et Kosovo avant 2000
|
|
|
|
Dollarisation directe ou ex nihilo, suite à B1
lors de la constitution ou de l'affirmation d'une entité politique.
|
|
|
Ex : Monténégro, Kosovo, Timor
|
|
|
Oriental
|
Et, dans la situation où l'économie est à
cours de liquidité, les agents économiques, même s'ils se
réfèrent aux évolutions passées de
l'économie, ne seront que contraints d'utiliser les devises
11
B. Causes et conséquences de la
dollarisation
Plusieurs études menées sur la dollarisation
montrent que cette dernière trouve généralement ses
racines les plus immédiates dans les périodes de fortes
instabilités des prix intérieurs et de la
détérioration de la valeur de la monnaie nationale qui s'en suit
toujours et ce, avec des conséquences à forts risques
d'améliorer l'instabilité que connait déjà
l'économie.
a. Les causes de la dollarisation
L'expérience révèle que dans plusieurs
économies, en particulier celles des pays en développement, le
phénomène de dollarisation persiste en, dépit de la
restauration de la stabilité du cadre macroéconomique du fait
que, pendant longtemps, les agents économiques ont
intériorisé dans leur comportement l'évolution des
événements passés qui ont été marqués
par l'instabilité macroéconomique, en occurrence en
période de forte inflation et variable. C'est ce qui est la cause par
excellence de la dollarisation.
Dans ce cas, les agents économiques continuent à
remettre en cause la capacité des autorités à
conférer une stabilité durable à l'économie et
jouent aux anticipations, pour se prévenir aux évolutions
défavorables antérieures, en augmentant leur détention
d'actif en monnaie étrangère au profit de la monnaie
nationale.
Nous pouvons avoir un corollaire à cette
première cause évoquée ci-haut, ce que les agents
économiques peuvent continuer à maintenir leurs avoirs en devises
logés dans le système bancaire local, malgré la
stabilité durable de la monnaie nationale.
Il nous serait difficile de limiter la persistance de la
dollarisation à l'intériorisation des évolutions
passées des agents économiques. Aussi, faudra-t-il ajouter le
phénomène de dollarisation en situation de déflation,
où le taux de liquidité est généralement à
un niveau très faible jamais, connu par l'économie dans le
passé.
Le clivage qui existerait entre ces deux causes
inhérentes est crucial. Dans la mesure où les agents
économiques intériorisent les situations évolutives
défavorables de l'économie dans le passé, maintiennent ou
accroissent la détention des devises les substituant à la monnaie
nationale, même si cette dernière recouvre une stabilité,
soit passagère ou aléatoire.
12
pour supplier à l'insuffisance de la monnaie nationale
aux perspectives incertaines. L'utilisation de la devise s'impose à eux
en raison de l'insuffisance de la monnaie nationale.
En se réfèrent aux taux de liquidité
moyen ou de référence d'une économie sur une longue
période passée, il est facile de mesurer l'ampleur du clivage
entre la quantité de la monnaie nationale et le niveau de
l'activité.
En ajoutant à l'agrégat monétaire les
devises, on pourrait remarquer comment ces dernières contribueront
à l'amélioration du taux de liquidité (NGONGA et MUSUSA
1999).
D'autres faits marquants, outres ceux liés à
l'intériorisation des évolutions passées de
l'économie ou d'insuffisance des moyens de paiement, l'économie
peut faire face au besoin de diversification de portefeuille des
différents agents économiques, lesquels peuvent exister
même à des taux d'inflation relativement bas.
Mais aussi les coûts de transactions, qui surviennent
passant d'une monnaie à l'autre du fait de l'hypothèse
d'économie d'échelle dans l'utilisation d'une monnaie unique,
impliquent l'existence d'une gamme de taux d'inflation pour laquelle le
degré de dollarisation reste inchangé.
La volatilité associée à l'inflation et
à la dépréciation du taux de change, outre les
anticipations y relatives ; alors qu'au cours de des périples
d'inflation élevée, la composante risque tend à être
dominée par le niveau même d'inflation en période de faible
inflation, les facteurs de risque deviennent plus importants. De ce fait,
réduire la dollarisation requiert non seulement des niveaux de taux
d'inflation anticipée et de dépréciation de taux de change
mais aussi une réduction de la volatilité de ces variables
(ANGENOR, 2014).
b. Les conséquences de la
dollarisation
La dollarisation, elle-même, est une conséquence
résultant de l'instabilité économique et monétaire
persistante. Elle a pour conséquence immédiate la
fragilité de l'efficacité de la politique monétaire.
La dollarisation complique alors la gestion de la politique
monétaire et de la politique de change. La mise en oeuvre de la
politique monétaire est rendue difficile puisque la dollarisation
introduit une composante étrangère dans le stock des moyens de
paiement de l'économie. (BALINO, BENNETT, BORENSZTEIN, 1999).
13
Et c'est ce qui rend difficile le contrôle de la masse
monétaire par les autorités du fait de la non maitrise des flux
des devises étrangères demandées par les résidents,
mais aussi elle pose problème dans le contrôle de l'offre de
monnaie et celui de la capacité des autorités à formuler
les politiques macroéconomiques crédibles suite à la
volatilité du taux de change. Ces conséquences directes sur la
politique monétaire vident la substance des instruments de la politique
monétaire.
En dehors de la fragilité de la politique
monétaire, les débats économiques ont évoqué
d'autres implications de la dollarisation au sein d'une économie. Ainsi,
la dollarisation peut avoir comme conséquence :
La perte des revenus de seigneuriage
En présence d'une situation de dollarisation, les
autorités réduisent leur marge de manoeuvre pour financer le
déficit budgétaire par l'émission monétaire. Une
bonne partie de la masse monétaire nationale est remplacée
progressivement par la masse monétaire étrangère, ce qui
en résulte est que la croissance de la masse monétaire en monnaie
nationale diminue et s'ensuit la baisse du revenu de seigneuriage.
La croissance de l'utilisation des devises
étrangères dans une économie réduit la demande de
la monnaie centrale par les agents économiques. L'importance relative de
la base monétaire nécessaire, pour obtenir la taxe d'inflation,
implique que le financement susceptible d'être réalisé avec
la création monétaire se trouve réduit pour n'importe quel
niveau d'inflation. Ainsi, la perte de revenus du seigneuriage peut entrainer
un financement monétaire accru et donc une inflation plus
élevée en l'absence des mesures d'ajustement de la demande
intérieure.
Par conséquent, un gouvernement qui souhaite maintenir
constant son revenu du seigneuriage, n'a d'autre choix que d'augmenter le taux
de la taxe d'inflation, car la base monétaire s'amoindrit au fur et
à mesure que les agents substituent les devises à la monnaie
nationale. C'est pourquoi la dollarisation peut amplifier les pressions
inflationnistes dont elle est pourtant la cause immédiate (CALVO et
VEGH, 1992). Au cas où l'économie devient complètement
dollarisée, le gouvernement perd totalement son revenu du seigneuriage
au profit des autorités émettrices des devises. (FISCHER,
1982).
14
La commodité aux pressions
inflationnistes
La valeur en monnaie nationale des devises flottantes et des
dépôts en banque en monnaie étrangères évolue
dans une même proportion que la dépréciation du taux de
change.
Les agrégats monétaires s'accommodent aux
pressions inflationnistes dans la mesure où les prêts
accordés en devises étrangères sont libellés en
monnaie nationale. Les asymétries en matières des devises
affaiblissent les bilans des banques si et seulement si le taux de change se
déprécie, et si les taux créditeurs ne sont pas
ajustés pour résorber la perte sur le principal du prêt
mesuré en termes de monnaie étrangères.
La réduction de la marge de manoeuvre en termes
de choix du régime du taux de change
Diverses études ont montré que la
volatilité du taux de change s'accroît avec le degré de
dollarisation de l'économie. Dans une économie dollarisée,
la demande de monnaie domestique est très sensible aux variations de son
coût d'opportunité.
En d'autres termes, l'élasticité de la demande
au coût relatif d'opportunité devient plus importante lorsque la
substitution monétaire est très forte. Cette
élasticité particulièrement élevée
entraîne des suréactions du taux de change (GIRTON et ROPER, 1981
; CLAASSEN et MARTINEZ, 1994, 25-29).
Le choix du régime du taux de change est
influencé en parti par la dollarisation dans la mesure où la
dollarisation implique des dettes à court terme en monnaie
étrangères, mesurées aux devises du système
bancaire.
En régime de change flottant, l'appréciation du
taux de change réel ne peut être empêcher, et peut se
caractériser par une grande volatilité exacerbée de
degré élevé de dollarisation.
D'autres auteurs pensent que, la dollarisation, en entrainant
l'augmentation de fonds détenus par le système bancaire, peut
être bénéfique en ce qu'elle permet d'augmenter la
capacité des prêts.
1.1.1.2. Inflation
Au sens strict, l'inflation est un phénomène
monétaire lorsqu'il y a neutralité monétaire (la monnaie
n'agit que sur les prix) ou même « super-neutralité »
(la variation permanente de son taux d'expansion n'a aucun effet sur les
variables réelle en régime stationnaire, à l'exception
15
des encaisses réelles par tête). Comme PATINKIN
(2008) le rappelle, la notion de neutralité monétaire repose sur
l'hypothèse que les individus ne sont sujets à aucune illusion
monétaire. Au sens large, nous pouvons définir l'inflation comme
la perte du pouvoir d'achat de la monnaie matérialisée par une
augmentation générale et durable des prix ; en d'autres termes,
c'est la hausse généralisée et durable des prix dans
l'économie.3
De ce terme, il existe certains mots dérivés, entre
autres :
La déflation : elle décrit la situation d'une
économie où est constatée une baisse
générale et durable des prix. Certains parlent d'une inflation
négative. Une vraie déflation est
généralisée et affecte toute l'économie.
La désinflation : décrit la situation d'une
économie où est constatée une baisse du taux d'inflation,
qui cependant reste positif. On parle de situation de désinflation si
par exemple, le taux d'inflation enregistré, après des
années à 10% en moyenne, baisse à 7%, puis 5% puis 2%.
La stagflation : est une situation particulière
où l'on constate dans une économie la simultanéité
d'un niveau élevé d'inflation et d'une croissance faible, voire
d'une récession.
L'hyperinflation ou inflation galopante : correspond à
la situation d'une économie affectée par une inflation
extrêmement élevée, échappant à tout
contrôle.
A. Causes de l'inflation
Plusieurs causes peuvent être pointées,
séparément ou de manière combinée :
Inflation induite par excès de masse
monétaire
L'inflation a d'abord été
considérée comme un désordre attribué à
l'augmentation de la masse monétaire en circulation. C'est le point de
vue théorique avancé par l'école quantitative au XIXe
siècle, à la suite d'Irving Fisher et, au XXe siècle avec
l'École monétaire.
Dans cette situation, en l'absence de la création de
richesse réelle, la conséquence directe se manifeste par une
augmentation de la demande et par la suite des prix. On considère que
l'inflation résulte de l'émission par les autorités
monétaires en trop grande quantité.
3
http://www.fr.wilkipedia.org/wiki/inflation.
(Consulté le 3 Août 2019)
Inflation induite par la demande
Si la demande d'un produit ou d'un service essentiel
excède l'offre et que les producteurs ne peuvent ou ne veulent pas
augmenter immédiatement la production, alors l'excès de demande
va conduire à l'augmentation des prix.
Le phénomène d'excès pouvant concerner un
marché spécifique ou au contraire l'ensemble de
l'économie, si, par exemple la demande générale est trop
stimulée par une politique budgétaire ou par une offre de
crédit bancaire trop dynamique.4
Inflation importée
On parle de l'inflation importée lorsque les hausses de
coûts résultent de l'augmentation des prix des biens
importés, qu'il s'agisse de matières premières, de biens
semi-finis ou de produits finis.
B. Conséquences de l'inflation
L'inflation a des conséquences négatives pour
les agents détenant de la monnaie, puisqu'avec la hausse des prix, la
même quantité de monnaie permettra d'acheter moins de choses,
d'où la perte de pouvoir d'achat.
Lorsque le taux d'inflation est supérieur au taux
d'intérêt nominal, le taux d'intérêt réel est
négatif : c'est-à-dire que l'on gagne de l'argent à
emprunter. Cela stimule d'ailleurs la demande et a tendance à alimenter
d'avantage les pressions inflationnistes.
Face à une mesure d'inflation, le créancier ne
peut qu'imparfaitement se couvrir, l'inflation étant un
phénomène imprévisible. Il peut alors avoir recours aux
systèmes de couverture financière, notamment les swaps de taux
d'intérêt pour les relations déjà
établies.
Pour les finances publiques, l'inflation diminue de la
même manière le poids de la dette pour les États, et a
parfois été délibérément utilisée
à cette fin.
Afin de se couvrir, lorsque l'État débiteur est
suspecté de vouloir recourir à cette méthode, les
investisseurs en dette publique demande souvent une majoration du taux
d'intérêt par intégration d'une prime de risque, ou
l'indexation du taux selon une clause dite de révision ou
4
http://www.fr.wilkipedia.org/wiki/inflation.
(Consulté le 3 Août 2019)
C'est dans des circonstances, où il devient difficile
de rétablir rapidement la stabilité de la monnaie nationale, que
la dollarisation peut être acceptée comme solution.
17
selon la valeur d'un bien non contrôlable par
l'État débiteur. (Par ex : devise étrangère, panier
de monnaies, valeur or, etc.).
1.1.2. Instrumentalisation de la dollarisation
L'avènement de la dollarisation dans les
économies modernes répond aux problèmes de
détérioration de la situation économique et
financière sur fond d'une inflation aiguë (hyperinflation ou
inflation galopante), qui accroit le coût de détention de la
monnaie nationale.
Par ailleurs, les facteurs institutionnels, tels que le volume
des transactions internationales, l'absence d'un marché des capitaux
national développé et organisé, l'incertitude politique et
le coût des transactions résultant du change peuvent aussi
accroitre l'ampleur de la dollarisation.
L'instrumentalisation de la dollarisation à des fins de
politique économique n'intervient que lorsque les autorités
officialisent le phénomène transformé en une artifice ou
en une stratégie de lutte contre l'inflation et contre
l'écroulement de l'activité économique.
En l'occurrence dans le cadre du dispositif instrumental de la
politique monétaire, la Banque Centrale peut :
Autoriser l'octroi des crédits en devises par le
système bancaire ;
Introduire dans l'assiette de calcul de la réserve
obligatoire les dépôts en monnaies étrangères
détenus par les entreprises et les particuliers auprès des
banques commerciales ;
Règlementer les marges entre les niveaux de taux
d'intérêt pratiqués sur les crédits en devises et
ceux en monnaie nationale ;
Autoriser les ventes, par voie d'enchères, des titres
en monnaie nationale contre réception des devises.
En période de forte inflation, la dollarisation est une
réponse rationnelle qui favorise le maintien des équilibres
macroéconomiques et la stabilité des prix intérieurs.
Grâce à leur crédibilité, les
devises étrangères favorise la stabilité
macroéconomique d'un pays, et encourage une certaine discipline
budgétaire en réduisant la possibilité de battre monnaie
pour financer les déficits budgétaires chroniques.
Tout en permettant de préserver le pouvoir d'achat des
agents privés, la dollarisation limite la démonétisation
d'une économie ; ce qui peut freiner les échanges
intérieurs et donc occasionner une contraction supplémentaire de
la production.
La dollarisation permet d'assurer la continuité de la
chaîne de paiements des transactions au niveau national ainsi que la
répartition des revenus. En plus de remonétiser
l'économie, la dollarisation peut permettre de rétablir
l'intermédiation dans le pays et d'inverser la fuite des capitaux.
1.1. Discussions empiriques
Au cours de notre lecture de la littérature
antérieure, nous avons eu à consulter plusieurs travaux qui se
sont penchés d'une manière ou d'une autre sur notre sujet de
recherche.
C'est ainsi, qu'après avoir longuement discuté
des concepts clés de notre travail de recherche dans la section
précédente, nous allons à présent mettre la
lumière sur l'apport de certains travaux de recherches de nos
ainés, ainsi que leurs limites afin de mieux appréhender ce dont
nous voulons parler.
Citons, pour cela :
« L'Impact de la dollarisation sur les
activités économiques en ville de Butembo » Le
chercheur est parti des hypothèses selon lesquelles :
· La dollarisation provoquerait une
dépréciation de la monnaie nationale face au dollar
américain sur le marché de Butembo ;
· Il se pourrait que cette dollarisation occasionne une
hausse du niveau général de prix des produits sur le
marché local, relation dans laquelle la variation du taux de change
constituerait un effet de transition.
Motivé par la recherche et l'identification des
conséquences des changements dans l'appréciation des individus
à l'égard de la monnaie congolaise, le chercheur avait pour
objectif de déterminer les conséquences de la substitution
monétaire sur la valeur de la monnaie
nationale, face au dollar américain, et sur le niveau
général de prix des produits en ville de Butembo.
A l'issue de ses recherches, l'auteur est arrivé aux
conclusions suivantes :
· S'agissant de l'impact de la dollarisation sur
l'état d'appréciation du franc congolais, les analyses lui ont
révélé une liaison croissante, de forme exponentielle,
symbolisée par la courbe entre le taux de dollarisation et le taux de
change du dollar américain en franc congolais.
En des termes simples, cela veut dire que l'augmentation du
taux de dollarisation provoque une dépréciation du franc
congolais, qui se traduit par la hausse du taux de change du dollar en francs
congolais.
Cette première conclusion l'a permis de confirmer sa
première hypothèse selon laquelle la dollarisation provoquerait
une dépréciation de la monnaie nationale face au dollar
américain sur le marché de Butembo.
· Concernant l'influence de cette dollarisation sur le
taux d'inflation, les analyses du chercheur ont fait ressortir une liaison de
modèle polynomiale entre ces variables de courbe avec un coefficient de
détermination indiquant le pouvoir explicatif du taux de dollarisation
sur le taux d'inflation.
Au regard des résultats de ces modèles,
l'auteur est arrivé à la conclusion que l'explication du taux
d'inflation par le taux de dollarisation est mieux signifiée par cette
relation : « Le taux de dollarisation influence le taux de change, lequel
taux de change explique le taux d'inflation. Par conséquent, le taux de
dollarisation exerce une certaine influence sur l'inflation ».
Par contre, le degré d'explication du taux d'inflation
par le taux de dollarisation n'étant que de 50,57% indique que cette
influence n'est pas tellement grande. Cette seconde conclusion a permis de
nuancer la seconde hypothèse stipulant que la dollarisation
influencerait le niveau général des prix des produits sur le
marché local, relation dans laquelle, la variation du taux de change
constitue un effet de transition.
En conclusion générale, le chercheur estime que
la tendance de faire recours à la devise américaine entame la
valeur de la devise nationale, et joue sur le niveau général des
prix des produits en ville de Butembo.
20
De ce fait, à côté des efforts fournis
par le gouvernement pour la stabilisation économique observée, le
chercheur estime qu'il conviendrait tout de même de penser à une
éducation régulière de la population sur différents
mécanismes économiques, afin qu'elle ne dérègle pas
de sa propre volonté les conditions du marché. En plus, le
gouvernement a intérêt à bien définir sa politique
budgétaire en vue de stimuler la croissance économique et ainsi
maintenir forte l'économie nationale.
« Vers une politique monétaire plus
efficace : le cas de la République démocratique du Congo
»
Cet article écrit par trois chercheurs, pour le compte
du FMI, examine les difficultés de la politique monétaire de la
RDC dans un contexte de dollarisation poussée du système bancaire
et de faiblesse institutionnelle.
Les chercheurs partent de l'hypothèse selon laquelle
la BCC n'est guère en mesure de maitriser l'inflation, et cela
malgré une réactivité rapide des chocs inflationnistes.
Afin de capter l'efficacité de la politique
monétaire, les chercheurs ont réalisé certains tests
économétriques et sont arrivés aux conclusions suivantes
:
· La première étape de la transmission des
taux d'intérêt est la transmission du taux directeur aux autres
taux d'intérêt dans l'économie, en particulier le taux
préteur. Des tests préliminaires semblent montrer que le taux
prêteur ne change pas au gré du taux directeur - ce qui s'explique
peut-être par la forte dollarisation de l'économie et par le
recours important aux prêts en devises. Cela tend à affaiblir le
mécanisme de transmission monétaire.
· Le deuxième lien est celui entre le taux
directeur et la base monétaire. Nous ne pouvons pas mettre en
évidence de relation de causalité entre le taux
d'intérêt directeur et la base monétaire. Cela pourrait
s'expliquer par l'insuffisance des données ou par le faible
développement du secteur bancaire, puisque la majorité des
habitants - qui sont les principaux détenteurs de monnaie nationale -
n'ont pas accès à des services financiers formels.
Les principales conclusions de leurs analyses montrent que
(i) la forte dollarisation de l'économie est reflétée dans
la relation à long terme ; cela représente une contrainte
importante ; (ii) la Banque centrale a été réactive aux
chocs d'inflation, utilisant le taux directeur pour limiter les hausses de prix
- mais l'analyse suggère que cette instrument, s'il est opérant,
prend au moins six à huit mois pour avoir un impact sur l'inflation ;
(iii) le mécanisme
En outre la dollarisation est aussi une cause de la hausse
généralisée des prix. Mais cette relation n'est pas
directe, puisque le taux d'inflation est directement lié au taux de
change et,
21
de transmission n'est pas clair : les analyses
préliminaires suggèrent que la répercussion du taux
directeur vers les autres taux d'intérêt dans l'économie
est limitée.
Et en conclusion, nos chercheurs disent que plusieurs
facteurs expliquent l'efficacité limitée de la politique
monétaire en RDC : forte dollarisation, faiblesse institutionnelle et
administrative, prééminence de la politique budgétaire et
manque de capacités et de crédibilitéì des
autorités monétaires. Une politique monétaire au plein
sens du terme et son efficacitéì demeurent des objectifs de long
terme ; actuellement, elle se limite àÌ la gestion de la monnaie
en circulation et du taux de change.
Les réformes institutionnelles nécessaires pour
rendre le cadre de politique monétaire plus efficace sont importantes,
et il faudra des années, sinon des décennies, pour que l'on
assiste à un recul de la dollarisation, à un développement
des marchés des capitaux et à une politique monétaire plus
opérante.
1.2. Études des cas
Les deux travaux, que nous avons cités dans la section
précédente, comportent à la fois des mérites et des
limites. De ce fait, nous allons voir l'apport de ces travaux dans le cadre de
notre recherche.
Le premier chercheur a le mérite d'avoir bien
étayé les faits. Cette étude avait comme objectif de
montrer la relation qui existe entre la dollarisation, le taux de change ainsi
que le taux d'inflation.
D'après les résultats de ses recherches, une
augmentation du taux de dollarisation provoquerait une augmentation du taux de
change, ce qui entrainerait une forte dépréciation de la monnaie
locale.
Cela est d'autant plus vrai puisqu'une simple analyse
qualitative nous permet de l'affirmer en fonction d'un des déterminants
du taux de change, à savoir « la demande de la monnaie à des
fins de transaction » qui stipule que lorsqu'il y a une forte demande
d'une monnaie étrangère, cela entraine une hausse du taux de
change, avec comme conséquence l'appréciation de la monnaie
étrangère par rapport à la monnaie locale et l'effet
inverse sur la monnaie locale.
22
ce dernier est quant à lui directement lié au
taux de dollarisation. Donc la hausse du taux de dollarisation a très
peu d'influence sur le niveau général des prix.
Cependant ce travail comporte une limite en particulier : un
manque flagrant des pistes de solutions pouvant mener à
l'éradication de la dollarisation, qui peut être comparée
à un cancer généralisé, qui gangrène
l'économie congolaise depuis presque trois décennies
maintenant.
L'auteur s'est juste limité à
l'établissement des relations de cause à effet, qui existe entre
la dollarisation, le taux de change et le niveau général des
prix. Cela, certes, lui a permis de rester dans les limites qu'ils se sont
fixés au début de leur travail. Mais le chercheur n'a pas
étalé les faits ainsi que les causes de ces problèmes en
vue de proposer des pistes de solutions pour de sortir de l'impasse.
Ses travaux nous ont permis de réaliser à quel
point la dollarisation contribue dans une large mesure à la
détérioration de l'économie sans pour autant nous proposer
des solutions concrètes pouvant permettre d'éradiquer ce
phénomène.
Le second travail a réussi à démontrer
que la dollarisation est aussi une source de problèmes,
particulièrement si elle se produit à grande échelle,
c'est-à-dire :
· Lorsque la proportion de monnaie locale dans la base
monétaire est faible, la politique monétaire a moins de prise
pour limiter le gonflement des agrégats monétaires qui
comprennent des devises étrangères (M1, M2, M3) ;
· Lorsque la part de monnaie locale dans M3 est faible,
la banque centrale réalise moins de recettes de seigneuriage ;
· La domination du dollar dans la fixation des prix
intérieurs implique la renonciation à une politique effective des
taux de change. Comme les prix sont presque exclusivement fixés dans la
monnaie dominante, une dépréciation de la monnaie nationale
ferait augmenter l'inflation, mais le taux de change réel serait
quasiment inchangé.
· Une dollarisation partielle accroit le risque
d'asymétrie actifs/ passifs (risque de change) ou le risque lié
aux prêts bancaires en dollars à des clients dont le revenu est en
monnaie locale (risque de portefeuille).
Bref, ce travail a eu le mérite de marteler sur le
fait qu'une forte dollarisation constitue un frein à l'efficacité
de la politique monétaire. En plus de limiter la portée de la
politique monétaire, la dollarisation réduit également la
capacité de la BCC à agir comme prêteur en dernier
ressort.
23
La forte dollarisation signifie que la facilité de
prêt en dernier ressort de la BCC doit détenir davantage de
réserves internationales, en cas de panique bancaire qui
entraînerait des retraits massifs des dépôts en dollars.
Cependant, en parcourant ce travail, nous n'avons pas pu
capter ce niveau que les chercheurs qualifient de « forte dollarisation
». En d'autres termes, quand est-ce que l'économie congolaise
pouvais être considérée comme fortement
dollarisée.
A présent, nous allons passer à notre
deuxième chapitre qui va nous aider à faire une analyse factuelle
des données en République Démocratique du Congo allant
2001 à 2017.
24
1.3. Conclusion du premier chapitre
Ce premier chapitre, consacré à la revue de la
littérature et subdivisé en trois sections, nous a permis
à nous mettre sur la voie afin de faire nos propres recherches.
Dans la première section, nous avons faits une analyse
théorique des différents éléments faisant l'objet
de notre recherche. Nous avons défini la dollarisation comme
étant une réponse endogène des agents économiques
qui cherchent à éviter la taxe inflationniste et les pertes en
capital sur les actifs libellés en termes de monnaie domestique ou,
encore comme l'utilisation concomitante de la monnaie nationale ainsi que des
devises étrangères.
L'inflation nous l'avons appréhendé comme la
perte du pouvoir d'achat de la monnaie matérialisée par une
augmentation générale et durable des prix en d'autres termes
c'est la hausse généralisée et durable des prix dans
l'économie. Tandis que l'instrumentalisation de la dollarisation
à des fins de politique économique peut être
appréhendé comme une décision des autorités
monétaire d'officialiser le phénomène (la dollarisation)
transformé en un artifice ou en une stratégie de lutte contre
l'inflation et contre l'écroulement de l'activité
économique.
Dans la seconde section, nous avons fait une revue de la
littérature empirique en portant notre regard sur deux travaux de
recherches portant sur la dollarisation. Le premier travail a porté sur
l'effet que peut avoir cette dernière sur les activités
économiques d'une certaine ville et ce travail a eu le mérite de
montrer la relation qui existe dollarisation et inflation. Qu'à long
terme, elle peut être la cause de l'inflation. Le deuxième
travail, nous a permis de comprendre que la dollarisation peut être la
cause de l'inflation du fait qu'à un certain niveau, elle peut se
révéler être un frein pouvant ralentir l'action de la
politique monétaire, qui vise la stabilité du niveau
général des prix.
Dans la troisième et dernière section, nous
avons étudié les deux travaux dans la section
précédentes afin de montrer les limites de ces derniers. Des
limites que notre travail va essayer d'élucider. Nous avons pour ainsi
vu que dans le premier, l'auteur ne montre pas comment la dollarisation peut
aussi aider l'économie à se sortir d'une situation
d'hyperinflation. Le second travail, bien qu'ayant le mérite de montrer
cela, n'arrive pas à démontrer le taux dollarisation qui limite
l'action de la politique monétaire.
KOLA LENDELE et Joseph KAMANDA KIMONA-MBINGA dans leur
article déjà évoqué plus haut indiquent que ces
instabilités ont entrainé une désintégration
graduelle de l'économie
25
CHAPITRE 2 : ANALYSE FACTUELLE DE LA
DOLLARISATION
Dans ce présent chapitre, nous avons analysés
des données que nous avons eu à collecter au cours de notre
recherche. Dans le souci de rendre la lecture de ce chapitre plus fluide, nous
l'avons structuré, comme le précédent, en trois sections
et inclus une conclusion partielle à la fin :
La première section portera sur un bref aperçu
de la dollarisation dans l'économie de la République
Démocratique du Congo, qui se trouve être notre cadre de recherche
;
La seconde section portera sur la présentation des
données empiriques et approches méthodologiques ;
La dernière section portera sur l'analyse
économétrique de données empiriques et la
présentation de résultats.
2.1. Aperçu de la dollarisation dans
l'économie congolaise (RDC)
Dans cette section, nous essayerons de montrer de quelle
manière l'économie congolaise s'est dollarisée au fil de
temps. Mais avant tout, nous présenterons géographiquement notre
cadre de recherche, la République Démocratique du Congo.
Situé en plein coeur du continent africain et à
cheval de l'Équateur, la République Démocratique du Congo,
avec ses 2.345.410 km2, est le deuxième plus grand pays
d'Afrique après l'Algérie. Avec une population totale avoisinant
les 85 millions d'habitants, il est quatrième pays le plus
peuplée d'Afrique. Le pays partage ses frontières avec l'enclave
de Cabinda (Angola) et la République du Congo à l'ouest, la
République Centrafricaine et le Soudan du Sud au nord, l'Ouganda, le
Rwanda, le Burundi et la Tanzanie à l'est, la Zambie ainsi que l'Angola
au sud.
Présenté comme un pays potentiellement riche en
raison de la présence d'un sol et sous-sol fournis en matières
premières et d'une terre à plus de 90% arable, la
République Démocratique du Congo se trouve parmi les pays les
plus pauvres du monde avec une économie fortement dollarisée, en
raison des instabilités socio-politiques que connu le pays depuis son
ascension à l'indépendance en 1960.
nationale marquée en générale par des
hyperinflations et des fortes dépréciations monétaires,
dont les chiffres scandaleux font montre par exemple en 1994 d'un taux annuel
d'inflation ayant atteint 10.000% ou encore 500% en 2000. Malheureusement, la
monnaie nationale n'a pas pu résister aux dommages causés par
cette inflation forte et variable.
Elle a été très vite abandonnée
au profit des monnaies étrangères stables, et plus
particulièrement à celui du dollar américain. Le public
résident avait, en effet, perdu confiance en la monnaie nationale dont
la valeur réelle ne cessait de s'éroder au fil du temps, et
s'était plutôt confié en la devise étrangère
qui lui semblait prestigieuse.
Le cadre de la réforme monétaire
opérée dans le pays le 22 août 1993, avec un changement de
signes monétaires, illustre aussi avec beaucoup d'évidence le
rôle de l'élément « confiance » dans la
monnaie.
En effet, KABUYA KALALA et MATATA PONYO, dans leur ouvrage
« Espace Monétaire Kasaïen : Crise de légitimité
et de souveraineté en période d'hyperinflation au Congo (1993 -
1997) », ont écrit que suite au refus des deux provinces du
Kasaï (Kasaï-Occidental et Kasaï-Oriental) d'utiliser les
nouveaux signes monétaires, il s'est créé, dans le pays,
un nouvel espace monétaire où les anciens signes
monétaires ont continué à circuler malgré leur
démonétisation.
C'est donc là le décor contextuel dans lequel
la monnaie nationale congolaise a progressivement perdu ses fonctions
traditionnelles et que les monnaies étrangères, dont
principalement le dollar américain, ont gagné du terrain. La
monnaie nationale est devenue faible et inconvertible hors de frontières
de notre pays, tandis que le dollar américain est devenu une monnaie
forte, stable et convertible.
2.2. Présentation des données empiriques et
approches méthodologiques
Nous voulons à travers cette section présenter
les données, leurs sources, la technique portant sur la collecte des
données, ainsi que l'approche méthodologique nous avons
déployées pour collecter les données, les structurer et
les analyser.
2.2.1. Présentation des données et
techniques de collectes des données
2.2.1.1. Présentation des données
La principale source des données utilisées dans
ce travail est la Banque Centrale du Congo en tant que plaque tournante des
informations économiques et financières en RDC.
Les signes attendus des paramètres a2 et
a3 du modèle sont respectivement négatif et
positif.
Les données exploitées dans le cadre de ce
travail ont une fréquence semestrielle couvrant la période 2001 -
2017.
Les variables clés de notre modèle comprennent
le taux d'intérêt nominal de la BCC, le taux d'inflation, le taux
de dollarisation ainsi que le taux de change du CDF par rapport au USD.
2.2.1.2. Techniques de collecte des données
Afin d'arriver à collecter les données dont
nous avons eu besoin dans notre travail, nous avons eu recours à la
revue de la littérature scientifique. Elle nous a permis
d'établir le cadre théorique de notre recherche.
Pour ce faire, nous avons eu recours aux ouvrages, articles,
travaux des mémoires et thèses, grâce auxquelles nous avons
réussi à circonscrire notre approche et établir le fil
conducteur de notre recherche.
2.2.2. Méthodologie
Afin de réaliser ce travail, nous avons eu recours
à l'analyse hypothético-déductive ainsi qu'à
l'analyse économétrique à l'aide d'un modèle.
2.2.2.1. Analyse hypothético-déductive
Cette analyse consiste à émettre des
hypothèses, recueillir des données, puis à tester les
résultats obtenus, réfuter ou appuyer les hypothèses. La
détermination d'une théorie de portée
générale précède la vérification dans une
situation particulière.
Ce processus de recherche est composé de
l'élaboration du cadre théorique, de l'exposition de la
problématique de recherche, de l'énonciation des
hypothèses et de la spécification du cadre opératoire.
S'en suit une revue de littérature théorique ainsi qu'empirique,
une présentation des données ainsi qu'une interprétation
de ces dernières. Enfin, un test sur les résultats obtenus, afin
d'affirmer ou infirmer les hypothèses émises au tout
début.
2.2.2.2. Spécification du modèle
La spécification de modèle ci-dessous,
s'inspire de la littérature en rapport avec les déterminants de
l'inflation sous sa forme linéaire nous avons :
???? =a1+ a2
Int??+a3tch??
+a4 dol??+å??
(1)
B. Approche utilisée par Tong et Lim
(1980)
28
Les économistes convergents largement sur
l'idée que de nombreuses relations économiques sont
non-linéaires. Un aspect trivial de la non-linéarité
réside dans l'abandon de l'hypothèse de la stabilité du
modèle linéaire au cours du temps.
Ceci peut en effet survenir lorsque, pour des raisons
structurelles, les valeurs de certains paramètres se modifient au cours
du temps de manière continue ou discrète, le modèle
linéaire standard devenant ainsi clairement inadapté.
L'hypothèse de la non-linéarité entre la
dollarisation et l'inflation est considérée comme une des
propriétés dominantes en économie. A cet effet, des
nombreuses approches ont été explorées pour
modéliser la non-linéarité dont celles de Kahn et Senhadji
(2001) ainsi que celle de Tong et Lim (1980).
Quoique la plupart d'études recensées dans la
revue de la littérature utilisent les effets de seuil pour les
études de panel, l'étude menée par dans le cadre de ce
travail adapte l'analyse du seuil à une seule économie à
savoir l'économie congolaise.
A. Approche utilisée par Kahn et Senhadji
(2001)
Ce modèle considère que les observations sont
divisées en deux régimes suivant que, la
variable sous analyse se situe au-delà ou
en-deçà du seuil optimal.
En vue de tester l'existence d'un effet de seuil, le
modèle suivant est estimé :
)??ch% + S% )
a) ) + a+ )I????% + a. si
dol <_ dol*
nt = '(2) a) + + a+
+I????% + a. +??ch% + S% + si dol >
dol* En considérant St = Nid (0,
a2)
Où :
· Intt est le taux
d'intérêt directeur nominal de la Banque Centrale au temps t ;
· itt est le taux d'inflation
réalisée au temps t ;
· tch représente le taux de change temps t
;
· dolt représente le taux de dollarisation
au temps t.
· ( al, aZ, a3) est le vecteur des
paramètres pour le régime i.
29
Cette approche développe un modèle à
changement de régime (Modèle TAR) qui se spécifie comme
suit :
)??ch% + ??% )
a) ) + a+ )In??% + a. si
dol <_ S
'rit = '(2) a) + + a+
+In??% + a. +??ch% + ??% + s?? dol >
??
A instar de Kahn et Senhadji (2001), ce modèle retient
pour seuil celui qui minimise la somme de carrées des erreurs.
Le taux de dollarisation est notre variable de transition. Ce
choix est guidé non seulement par la théorie économique
qui stipule qu'une forte dollarisation constitue un frein à
l'efficacité de la politique monétaire (FISHER, F. et al. 2013),
mais aussi par notre problématique de recherche où nous voulons
savoir si les autorités monétaires peuvent combattre l'inflation
en tenant compte de la dollarisation qui gangrène l'économie
congolaise depuis plusieurs décennies. 2.3. Analyse
économétrique des données empiriques et
présentation des résultats
2.3.1. Analyse approfondie des données
2.3.1.1. Taux de dollarisation
Les ratios de dollarisation qui mesurent l'ampleur de ce
phénomène se présentent généralement sous la
forme d'un rapport de pourcentage entre les dépôts bancaires en
devises (au numérateur) et la somme de la masse monétaire en
monnaie nationale et des dépôts bancaires en devises
(dénominateur).
Formellement, le taux de dollarisation est égal à
:
Taux dollarisation = Ti
M2
|
x 100
|
|
Où :
T1 représente la totalité des dépôts
faits en devises libellés en CDF ; M2 représente la
totalité de la masse monétaire en circulation.
Source : nous même à partir du tableau
n°1
30
Tableau n°1 : Évolutions du taux de
dollarisation
Année Masse Monétaire (M2)
Dépôt en devises Taux de dollarisation (%)
(En milliard de CDF) (En milliard de CDF)
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
2013 2014 2015 2016 2017
77,1
27,0
|
35,0
|
98,8
|
36,0
|
36,5
|
130,1
|
52,1
|
40,0
|
222,2
|
97,8
|
44,0
|
277,1
|
128,0
|
46,2
|
436,9
|
213,1
|
48,8
|
658,8
|
338,5
|
51,4
|
1041,4
|
604,7
|
58,1
|
1543,6
|
1018,5
|
66,0
|
2008,6
|
1250,1
|
62,2
|
2443,6
|
1610,8
|
65,9
|
2956,7
|
2020,9
|
68,3
|
3470,7
|
2367,7
|
68,2
|
3948,0
|
2730,8
|
69,2
|
4335,8
|
2942,2
|
67,9
|
5337,8
|
3578,1
|
67,0
|
7609,9
|
5548,7
|
72,9
|
|
Sources : Rapports annuels de la BCC et notes cours
Questions Spéciales Théories et Politiques monétaire
(NGONGA
V., 2019)
80
70
30
20
10
0
Figure n°2 : Évolution du taux de
dollarisation
31
Le tableau ainsi que le graphique ci-dessus nous permet de
comprendre l'évolution de la dollarisation pendant la période
sous-étude. En effet, nous remarquons une évolution stable de la
courbe du taux de dollarisation.
En 2001, lors de l'officialisation de la dollarisation
à travers les mesures de règlementation de change, le taux de
dollarisation se situait à 35%.
L'année suivante, une faible augmentation de ce taux fut
observée, passant de 35% à 36,5%. Cependant 2003, le taux bondit
d'au moins 3 points, et atteint pour la première fois le 40%. Il resta
dans la quarantaine jusqu'en 2007 lorsqu'il atteint pour la première
fois la moitié de la masse monétaire en circulation, se situant
à 51%.
En 2008, suite à la crise financière
internationale, le pays subit des chocs inflationnistes exogènes et cela
eu une incidence sur le taux de dollarisation, qui passa de 51% à 58%.
En 2009, l'économie, toujours en proie à la crise, continua de
subir des chocs inflationnistes et comme conséquence, le taux de
dollarisation atteint pour la première fois le plus de 60%.
L'an 2010 se trouve être l'une de quatre années
au cours duquel il y a eu une contraction du taux de dollarisation, passant de
65% l'année d'avant à 62% en 2010 ; de 68,3% en 2012 à
68,2% en 2014, de 69,1% en 2014 à 67,8% en 2015, de 67,8% en 2015
à 67,0% en 2016. Pour finalement rebondir et se situer à 72,9% en
2017.
2.3.1.2. Taux d'inflation
Il s'agit de l'inflation réalisée ou courante
et de la cible de l'inflation. La série de l'inflation (????) est
exprimé comme étant égale au pourcentage du changement
annuel de l'Indice de prix à la consommation. La cible de l'inflation
est une cible annuelle de cet indicateur telle que fixée par la Banque
Centrale elle-même.
Le rythme de formation des prix intérieurs avait
sensiblement ralenti entre 2001 et 2004, à la faveur de la mise en
oeuvre du Programme Intérimaire Renforcé et du Programme
Économique du Gouvernement. Le taux d'inflation a, par la suite
enregistré un trend haussier jusqu'à atteindre 53% en 2009, suite
aux effets de la crise financière internationale.
S'en est suivi, une période de remarquable
stabilité, le taux d'inflation évolue sous la barre de 2%, avant
de connaitre une hausse due à une conjoncture internationale
défavorable entre 2016 et 2017.
32
Tableau n°2 : Évolution du taux
d'inflation fin de période (2001 - 2017)
Année Taux d'inflation (%)
2001
2002
2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
2015 2016 2017
135,1
15,8
|
4,4
|
9,2
|
21,5
|
18,2
|
9,9
|
27,6
|
53,4
|
9,8
|
15,4
|
2,7
|
1,07
|
1,07
|
0,85
|
23,6
|
54,7
|
|
Sources : Rapports annuels de la BCC et notes cours
Questions Spéciales Théories et Politiques monétaire
(NGONGA
V., 2019)
Figure n°3 : Évolution du taux d'inflation
2001 - 2017
160
140
Sources : nous même à partir du tableau
2
La situation de l'économie avant notre période
était pratiquement chaotique, marquée essentiellement par la
persistance de l'hyperinflation atteignant un pic de 511, 2% à la fin de
l'année 2000.
33
Face à une économie au bord du gouffre, le
Gouvernement central initie, avec certaines institutions des Brettons Woods
telles que le FMI ainsi que la Banque Mondiale, un programme informel
nommé « Programme Intérimaire Renforcé
»5, PIR en sigle dans le but de relancer l'économie. Ce
programme fut initié dans le but d'atteindre plusieurs objectifs parmi
lesquels, nous voulons citer la cassation de l'hyperinflation, qui ne faisait
que grimper depuis près d'une décennie.
Les résultats enregistrés au cours de cette
période de programme renforcée sont globalement encourageants :
en pratique, l'hyperinflation a été éradiquée
passant à 20,3% à la fin de l'année 2002 et Janvier de la
même année, il est observé une relative stabilité
entre le mois de Septembre 2001 et Mars 2002, malgré certaines
fluctuations économiques.
Suite aux résultats encourageant du PIR,
spécialement en la maitrise relative de l'inflation qui a
été ramenée de 511,3% en 2000 à 135% en 2001 et le
gouvernement décida de mettre en oeuvre sur une échelle
périodique allant de mai 2002 à mai 2005, soit dans une
durée de trois ans, en vue de matérialiser le projet de
reconstruction de l'économie nationale, un autre programme.
Ce programme porte le nom de « Programme
Économique du Gouvernement »6, PEG en sigle. L'une des
cibles de ce programme était de réaliser un taux d'inflation
respectivement de 13% en 2002, de 6% en 2003, de 6% en 2004 et de 5% en
2005.
En 2002, l'évolution en pourcentage était de
l'ordre de 15,8% en fin période et de 64,4% en moyenne annuelle,
d'où une variation négative de 120,0% afin période et de
264,0% en moyenne annuelle.
Par ailleurs, le ralentissement notable du rythme de
formation des prix observé en 2002 s'est poursuivi en 2003. Selon
l'indice des prix à la consommation des ménages, calculé
par la BCC, le taux d'inflation s'était établi à 4,4%
contre 15,8% une année au paravent. Ce taux est de 1,6% inférieur
à l'objectif de 6,0% fixé dans le PEG.
Après un ralentissement remarquable en 2003, le rythme
de formation des prix s'est accéléré en 2004. Selon
l'indice des prix à la consommation des ménages calculé
par la BCC, le taux
5 MINISTERE DE L'ECONOMIE (2017), Politique
économique du gouvernement 2001-2030. Disponible sur :
http://www.mineconomie.gouv.cd/spip.php?article5
(Consulté 02 septembre 2019)
6 MINISTERE DE L'ECONOMIE (2017), Politique
économique du gouvernement 2001-2030. Disponible sur :
http://www.mineconomie.gouv.cd/spip.php?article5
(Consulté 02 septembre 2019)
En 2010, le taux d'inflation annuelle s'est situé
à 9,8% contre une réalisation de 53,4% en 2009 et un objectif de
9,9% sur l'ensemble de l'année.
34
d'inflation fin période s'était établi
à 9,2% en 2004 contre 4,4% une année au paravent. Ce taux est de
0,3 point de pourcentage supérieur à l'objectif de 8,9%
prévu dans le PEG.
Comme en 2004, le processus de désinflation de
l'économie observé entre 2001 et 2003 ne s'était pas
poursuivi en 2005, en dépit des efforts entrepris au cours du second
semestre de cette année. En effet au cours de l'année 2005,
l'inflation s'est établie à 21,5% contre 9,2% en 2004 et 8,5%
pour la moyenne. Cette réalisation situé le taux d'inflation
à 1,3% point le pourcentage inferieur à l'objectif
révisé de 22,6% retenu pour l'année.
Comparativement à l'année 2005, il a
été observé une atténuation des tensions
inflationnistes en 2006, corrélées positivement au ralentissement
de l'expansion monétaire. En effet, en glissement annuel, le taux
d'inflation s'est établi à 18,2% contre 21,5% en 2005, soit un
recul de 3,1 points de pourcentage. En moyenne annuelle, il se situe à
13,2% contre 21,4% l'année précédente.
Au cours de l'exercice 2007, le rythme de formation des prix
des intérieurs, la désinflation de l'économie,
notée depuis 2005, s'est poursuivie. Au terme de l'année (2007),
le taux d'inflation s'est établi à 9,9% contre 18,2% et 21,5%
respectivement en 2006 et 2005.
Cependant, la volatilité de l'inflation, est
demeurée l'un des problèmes auxquels se trouve contrée la
politique monétaire, hormis la dollarisation et la sous bancarisation de
l'économie nationale.
En 2008, le taux d'inflation a atteint 27,6% contre un
objectif de 23,5%. Le rythme de formation des prix intérieurs a connu
une accélération, situant le taux d'inflation annuel à
27,57% contre 9,96% en 2007.
Par ailleurs, la reprise de l'inflation observée en
2008 s'est accélérée en 2009, avec une ampleur jamais
atteinte depuis que le pays a renoué sa coopération avec la
communauté financière internationale.
En effet, le taux d'inflation s'est élevé
à 53,4% contre 27,6% une année au paravent, soit un écart
à la hausse de 25,6 points de pourcentage. Cette situation est
consécutive à la conjugaison des chocs à la fois
endogènes et exogènes tenant principalement à la forte
dépréciation de la monnaie nationale face aux devises
étrangères dans une économie fortement
dollarisée.
35
L'année 2011, a été marqué par
l'accélération du rythme de formation des prix intérieurs.
En effet, le taux d'inflation, à fin période s'est situé
à 15,4% contre 9,8% pour l'année précédente.
En 2012 la situation s'était un peu
améliorée, l'inflation s'était située à
2,79%. En effet, sur le marché des biens et services, l'inflation
s'était de nouveau repliée, se situant à 1,07% en 2013
contre 2,72% en 2012, face à un niveau programmé de 4,0%. En
2014, l'on observa un statuquo sur l'évolution du niveau
général des prix. Ce dernier resta à 1,07% comme
l'année précédente.
En 2015, l'inflation calculée par la BCC est
demeurée sous contrôle, s'établissant à 0,85 %
contre 1,07% en 2014 et un niveau programmé de 3,5%. Cette situation
tient principalement de la faiblesse de l'inflation importée,
couplée à la stabilité du taux de change.
En 2016, l'inflation mesurée par l'IPC global en RDC a
largement été à la hausse, atteignant 23,60% après
0,85% en 2015 et 1,07% en 2014, contre un objectif annuel de 4,20%, soit un
écart négatif de 19,40 points. Cette évolution est
consécutive notamment à la dépréciation de la
monnaie nationale par rapport aux devises étrangères.
Le taux d'inflation s'est inscrit largement en hausse par
rapport à son niveau de 2016, se situant à 54,71% en 2017 contre
23,60% en 2016, face à une prévision annuelle de 40,0%.
2.3.1.3. Taux directeur de la BCC
Le taux utilisé (??????) est le principal
taux de refinancement de la Banque Centrale. C'est le taux débiteur de
base de court terme qui mesure le loyer de l'argent appliqué aux banques
commerciales pour les opérations de refinancement auprès de la
Banque Centrale, et autour duquel s'articule l'éventail des taux
d'intérêt de l'ensemble du système financier du pays.
36
Tableau n°3 : Évolution du taux directeur
de la BCC
Année Taux directeur de la BCC
(%)
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
2013 2014 2015 2016 2017
150
24
|
8
|
14
|
29
|
40
|
23
|
40
|
70
|
22
|
20
|
4
|
3
|
2
|
2
|
7
|
20
|
|
Sources : Rapports annuels de la BCC et notes des
cours Questions Spéciales Théories et Politiques
monétaire
(NGONGA V., 2019)
Figure n°4 : Évolution du taux directeur
de la BCC
160
140 120 100 80 60 40 20
0
|
|
|
Sources : à partir du tableau 3
L'évolution du taux directeur tel qu'observée
sur le graphique ci-dessus indique qu'en 2001 le taux était très
élevé, dans le but de combattre l'inflation. Le taux directeur
est passé de 28,75 % en 2005 puis à 40,0 % en 2006, avant de
redescendre à 22,0 % en 2007 suite à la réapparition des
tensions inflationnistes. Cette tendance baissière a été
interrompue suite à la montée de l'inflation.
37
Par ailleurs, la BCC a procédé en deux ans et
demi - soit entre mars 2010 et septembre 2012 à plus de dix ajustements
du taux directeur à l'effet de le ramener de 70 % à moins de 8 %.
Ce niveau qui est le plus bas observé a connu d'autres baisses
jusqu'à atteindre 4% à la fin de 2012. De 2013 à 2016, il
n'a pas eu de fortes fluctuations, le taux directeur est passé à
2% et maintenu à ce niveau jusqu'en 2015. Ce taux est passé de 2%
à 7% en 2016 et une petite fluctuation est intervenue entre 2016 et
2017, le taux passant à 20% puis à 14% en 2018.
2.3.1.4. Taux de change du CDF par rapport au USD
Tableau n°4 : Évolution du taux de change
CDF - USD à l'indicatif (2001 - 2017) Année Taux de
change (en CDF)
320,1
|
377,4
|
369,4
|
440,6
|
437,1
|
521,9
|
500,6
|
606,9
|
904,5
|
911,8
|
898,1
|
914,9
|
926,6
|
925,1
|
927,3
|
1200,3
|
1589,7
|
|
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
2013 2014 2015 2016 2017
Sources : Rapports annuels de la BCC
1800 1600 1400 1200 1000 800 600 400 200
|
|
|
0
Sources : à partir du tableau 4
Figure n°5 : Évolution du taux de change de
2001 - 2017
Il sied de signaler, que pour les années qui suivent,
la situation n'était pas la même, c'est le cas de l'année
2005 où le taux de fin décembre était de 437,1 CDF alors
qu'à la fin de décembre
38
L'an 2001 a été marqué par la mise en
oeuvre du PIR, un programme de stabilisation macroéconomique. Ce
programme avait une double finalité, à savoir stabiliser le cadre
macroéconomique en vue de préparer les conditions de relance
économique et favoriser la reprise de la coopération
internationale. Au plan macroéconomique, le PIR avait pour objectif
ultime, comme signalé un peu plus haut, de casser l'hyperinflation.
En effet, les cinq premiers mois ont connu l'application de
taux des changes multiples, notamment le taux officiel et le taux
parallèle. Dans ce contexte, plusieurs mesures des réformes ont
été arrêtées notamment dans les domaines des
finances publiques, de change et de la monnaie.
S'agissant du secteur de change, la politique mise en oeuvre
s'est traduite par la dévaluation de 84,1% de la monnaie nationale,
l'unification de taux de change et l'instauration d'un régime de change
flottant, à travers l'organisation d'un marché libre et
transparent.
Le taux de change officiel est demeuré figé
à 50,0 CDF pour 1 USD de fin décembre 2000 jusqu'au 25 mai 2001,
avant l'entrée en vigueur de la mesure d'unification des taux de change
décidée dans le cadre du PIR. Au terme de l'année 2001, la
monnaie nationale s'est dépréciée de 84,0% à
l'interbancaire par rapport au dollar US contre 91.0% une année plus
tôt, s'établissant à 320,1 CDF le USD contre 50,0 CDF le
USD.
En 2002, le PIR a été relié par un
programme triennal connu sous le nom de programme économique du
gouvernement (PEG), qui visait notamment la consolidation des acquis et du taux
de change, et la mise en place d'un train des réformes structurelles.
Les réalisations de la politique monétaire se
sont traduites par la décélération du rythme de formation
des liquidités monétaires, qui a eu une incidence positive sur la
réduction de l'inflation et la fluctuation modérée du taux
de change en 2002 et en 2003. Ainsi, en 2002 le taux de change s'était
situé à 377,4 CDF le USD contre 369,4 CDF le dollar en 2003.
Au cours de l'année 2004, la monnaie nationale
s'était dépréciée de 19,2% par rapport au dollar
américain. En effet, le taux de change indicatif s'était
situé à 440,6 CDF le dollar au 30 décembre 2004 contre
369,4 CDF à fin décembre 2003.
39
2006, le franc congolais a enregistré une
dépréciation de 19,3% à l'indicatif, s'établissant
à 521,9 CDF le USD contre 437,1 CDF le 31 décembre 2005.
A fin décembre 2007, le franc congolais a
enregistré une appréciation de 4,1% sur le marché de
change et une stabilité à l'indicatif. En effet, le taux de
change s'est établit à 500,6 CDF le USD au 31 décembre
2007 contre 521,9 CDF le USD au 31 décembre 2006.
A fin décembre 2008, le franc congolais a
enregistré une dépréciation de 21,2% à l'indicatif.
En effet, le taux de change s'est établi à 606,9 CDF le USD au 31
décembre 2008 contre 500,6 CDF le 31 décembre 2007.
Pendant l'exercice 2009, le taux de change a
enregistré une dépréciation de 49,2% à l'indicatif,
en dépit d'un excèdent de l'offre des devises observé sur
le marché des changes. Cette situation a été induite
essentiellement par les anticipations des agents économiques. En effet,
l'année s'était clôturée avec un taux de change de
904,5 CDF le USD à l'indicatif.
Au terme de l'année 2010, le franc congolais
s'était déprécié de 0,8% à l'indicatif. En
effet, le taux de change s'est établi à 911,8 CDF le USD à
l'indicatif à la fin du mois de décembre 2010 contre 904,5 CDF
à la période correspondante de l'année
précédente.
Cette situation résulte essentiellement de la
poursuite de l'amélioration de coordination des politiques
budgétaire et monétaire.
Par ailleurs, la stabilité du taux de change
observée depuis 2010 s'est poursuivie en 2011 et 2012 ainsi qu'en 2013
et en 2014.
En 2011, l'évolution du taux de change a
été globalement stable. En effet, par rapport à
décembre 2010, il a été noté une
appréciation de la monnaie nationale de 1,5% à l'indicatif. Cette
évolution est expliquée notamment par la poursuite des
opérations d'achat des devises par la BCC. L'année 2011
s'était soldée avec un taux de change de 869,1 CDF à
l'indicatif.
Pendant l'exercice 2012, la politique de change a permis de
maintenir la stabilité du taux sur le marché des changes et de
conforter le niveau des réserves internationales. L'année 2012 a
été globalement marquée par une relative stabilité
du taux de change, la valeur du franc congolais a enregistré, au terme
de cette année, une dépréciation de 1,9% par rapport
à fin décembre 2011. Le taux de change à l'indicatif s'est
situé à 914.9 CDF le USD à la fin du mois de
décembre 2012.
40
En 2013 le taux de change indicatif s'est établi
à 926,6 CDF le USD à la fin de décembre 2013 contre 914,9
CDF en 2012.
Par ailleurs, l'année 2014 à fin
décembre, le dollar américain s'est échangé
à 925,1 CDF à l'indicatif contre 926,6 CDF à la
période correspondante de 2013, soit une appréciation de la
monnaie nationale de 0,2%.
Le marché de change est resté globalement
stable en 2015, le taux de change ayant fluctué dans la fourchette de
924,0 CDF le dollar américain à 928,0 CDF. Aussi, comparativement
à l'année précédente, une
dépréciation de 1,3 % contre une appréciation de 0,2% en
2014, a été observée à l'indicatif.
En 2016, sur le marché officiel, le franc congolais
s'est déprécié de 29,4% selon les données à
fin période.
Au cours de l'année 2017, le marché des changes
a été caractérisé par la poursuite de la
dépréciation du taux de change. En effet, sur le marché
officiel, il a été enregistré un taux de
dépréciation de la monnaie nationale de 32,4% contre 29,4%, une
année auparavant.
2.3.2. Traitement des données et analyse des
résultats
Il sera question pour nous ici tout d'abord de traiter les
données et de présenter le résultat de la
modélisation à seuil, ensuite de vérifier la validation du
test, et enfin de procéder à une interprétation
statistique et économique des résultats.
2.3.2.1. Traitement des données
Il est question dans cette partie de présenter les
résultats relatifs : (i) aux statistiques descriptives, (ii) au
coefficient de corrélation et (iii) au test de stationnarité.
Comme nous l'avons signalé ci haut, notre variable
à seuil est le taux de dollarisation, sélectionné sur base
de la théorie économique (relation entre le taux de dollarisation
et
41
Tableau n°6 : Statistiques
descriptives
|
TXI
|
TXDIR
|
TXDOL
|
TXCH
|
Meany
|
23.77000
|
28.11765
|
56.92000
|
751.3100
|
Median
|
14.53125
|
17.18750
|
62.24000
|
879.6681
|
Maximum
|
178.4125
|
195.2500
|
75.21875
|
1701.545
|
Minimum
|
-1.966250
|
1.375000
|
34.95750
|
297.5812
|
Std. Dev.
|
34.58786
|
37.51830
|
12.68360
|
341.3703
|
Skewness
|
2.972922
|
2.963836
|
-0.451190
|
0.728208
|
Kurtosis
|
13.10388
|
13.01075
|
1.702247
|
3.238675
|
|
|
|
|
|
Jarque-Bera
|
194.7086
|
191.7494
|
3.539472
|
3.085658
|
Probability
|
0.000000
|
0.000000
|
0.170378
|
0.213775
|
|
|
|
|
|
Sum
|
808.1800
|
956.0000
|
1935.280
|
25544.54
|
Sum Sq. Dev.
|
39478.55
|
46451.56
|
5308.832
|
3845611.
|
|
|
|
|
|
Observations
|
34
|
34
|
34
|
34
|
|
Du tableau ci-dessus, nous remarquons qu'au seuil de 5% le
taux d'inflation et le taux directeur ne sont pas normalement
distribuées, alors que le taux de dollarisation et le taux de change
sont normalement distribués. En effet, en moyenne le taux de change est
de 751,31 Francs Congolais pour un dollars américain, alors que le taux
de dollarisation est de 56,92.
Tableau n°7 : Matrice de corrélation
Spearman
En observant le tableau ci-dessus, nous remarquons qu'il y a
une corrélation significative positive entre le taux
d'intérêt directeur et l'inflation au seuil de 1.
2.3.2.2. Résultat de la modélisation
à seuil
42
l'inflation). Le tableau ci-dessous présente le
résultat de la détermination des seuils pour la variable
retenue.
Tableau n°8 : Différents
régimes
De l'estimation du modèle, il se dégage trois
régimes (selon la variation du taux de dollarisation), qui seront
interprétés économiquement après la validation du
modèle.
2.3.2.3. Validation du test
Le premier test de validation du modèle non
linéaire estimé, est le test de Jarque-Bera, qui montre que
l'hypothèse de normalité n'est pas rejetée au seuil de 5%
(cf. la figure ce dessous).
Figure n°6 : Test de normalité de
résidus
43
La normalité ci-dessus est appuyée par le test
de la spécification de Ramsey, qui prouve que la spécification de
notre modèle est bonne car toutes les probabilités sont
supérieures au seuil.
Tableau n°9 : Test de spécification du
modèle
Les résidus d'estimation d'un modèle à
seuil se sont avérés Gaussiens et homoscédasticité
indiquant ainsi l'absence d'un effet ARCH dans les résidus de
l'estimation (cf. le tableau ci-après).
Tableau n°10 : Test
d'hétéroscédasticité de White dasticity
Test White
|
|
|
|
F-statistic
|
2.143062
|
Prob. F(17,15)
|
0.0723
|
Obs*R- squared
|
23.37565
|
Prob. Chi-Square(17)
|
0.1374
|
Scaled
explained SS
|
18.04314
|
Prob. Chi-Square(17)
|
0.3861
|
|
|
|
|
|
La statistique de Durbin-Waston montre que les résidus
sont non corrélés, suggérant ainsi que les estimations ne
sont pas biaisées.
Tableau n°11 : Complément de
statistiques
44
Les résultats des tests de constance des
paramètres montrent que les paramètres ne varient pas au cours du
temps (test de CUSUM).
Figure n°7 : Test de CUSUM
La significativité de paramètres est fonction
du régime. Ces divers résultats viennent donc confirmer le
principe de la non-linéarité de l'évolution du taux de
dollarisation durant la période sous étude.
2.3.2.4. Interprétation statistique et
économique des résultats
En titre de rappel, après la vérification de la
linéarité de l'évolution du taux de dollarisation, nous
avons remarqué que durant la période sous étude, les
résultats optent pour le principe du non linéarité avec
trois régimes (scénarios) lorsqu'on considère la variation
du taux de dollarisation comme variable de seuil.
Scénario 1 : Variation du taux de dollarisation
inférieure à - 3.46868
À ce seuil, seul un seul l'instrument taux directeur
de la BCC influence positivement l'action de l'autorité monétaire
dans sa mission de la stabilité du niveau général des
prix. En d'autres termes, à ce taux de dollarisation,
l'instrumentalisation de la dollarisation, ou encore l'officialisation de la
dollarisation à des fins de politiques monétaires, influence
positivement la lutte de l'autorité monétaire contre la hausse du
taux d'inflation grâce à l'instrument taux directeur de la BCC.
Scénario 2 : Variation du taux de dollarisation
compris entre - 3.46868 et - 2.001422
45
L'estimation de notre modèle non linéaire
standard, avec deux variables (le taux directeur de la BCC et le taux de change
officiel) et une variable à seuil (taux de dollarisation) est conforme
à ce que l'on attendait pour le deuxième scénario.
Dans ce scénario précis, l'instrumentalisation
de dollarisation à des fins de politiques monétaires n'entrave en
rien l'action de l'autorité monétaire. Par contre, elle permet
même aux deux instruments de la BCC, à savoir le taux de change
(instrument de politique de change) ainsi que le taux directeur, d'atteindre
leur objectif, celui de lutter contre la hausse du taux d'inflation.
Scénario 3 : Variation du taux de change
strictement supérieur à - 2.001422
Dans ce dernier scenario, l'action de la BCC est
entravée par le niveau de dollarisation. En d'autres termes, à ce
niveau de dollarisation, l'instrumentalisation de la dollarisation ne joue plus
en faveur de la lutte contre l'inflation, mais se pose à présent
comme un obstacle à lutte contre l'inflation puisque ce taux de
dollarisation rend inefficace les instruments de la politiques
monétaires (taux directeur ainsi que taux de change).
2.4. Conclusion du deuxième chapitre
Ce second chapitre nous a permis de faire une analyse
factuelle des données que nous avons eu à collecter dans le cadre
de notre recherche. Pour cela, afin de le rendre fluide dans sa lecture, nous
l'avons structuré comme le précédent en trois sections.
Dans la première section, nous avons fait une
brève présentation de notre cadre de recherche, l'économie
de la République Démocratique du Congo. Tout d'abord, avons
présenté géographiquement la République
Démocratique du Congo. Et enfin, nous avons montré comment elle
s'est dollarisée au fil des années.
La deuxième section a été
consacrée à la présentation des approches
méthodologiques ainsi que les techniques que nous avons eues à
déployer pour collecter, structurer ainsi qu'analyser les
données. Dans la méthodologie, nous avons spécifié
le modèle ainsi que présenté les variables que nous avons
utilisé lors de notre recherche. Dans les techniques, nous avons
montré comment la littérature scientifique nous a permis
d'établir un fil conducteur de notre recherche.
La troisième et dernière section portait sur
l'analyse économétrique des données empiriques ainsi
qu'à la présentation des résultats. Nous avons d'abord
fait une analyse approfondie des données empiriques dont nous avons eu
à collecter afin de mener notre recherche (taux de dollarisation, taux
d'inflation, taux de change et taux directeur de la BCC). Enfin, nous sommes
passés au traitement des données ainsi que de l'analyse des
résultats des tests économétriques que nous avons eu
à passer afin de vérifier nos hypothèses.
A présent, nous allons passer à la discussion,
l'implication ainsi qu'à la limitation des résultats dans le
prochain chapitre.
Il s'agissait pour nous donc de montrer comment cette
solution devait être seulement une solution d'urgence et non une solution
définitive dans le cadre notre l'économie de la RDC.
47
CHAPITRE 3 : DISCUSSION, IMPLICATIONS ET LIMITATION
DES
RESULTATS
Les deux précédents chapitres nous ont permis
respectivement de nous situer par rapport à ce qui a déjà
été écrit dans la littérature existante et de
collecter, structurer ainsi qu'analyser les données dont nous avons eu
besoin pour mener à bien notre propre recherche.
À présent dans ce chapitre, nous voulons
d'abord discuter les résultats des tests que nous avons eu à
effectuer afin vérifier nos hypothèses de début, ensuite
proposer des pistes de solutions par rapport aux résultats de nos tests
et enfin, présenter les limites de notre travail.
Ce chapitre comme les deux précédents s'articulera
autour de trois sections :
Discussion des résultats ;
Implications théoriques et empiriques ;
Limitation des résultats ;
3.1. Discussion des résultats
Les résultats des tests que nous avons
effectués nous ont permis vérifier nos hypothèses de
départ.
À titre de rappel, nous avons posé deux
hypothèses au départ :
- La première était que l'instrumentalisation
de la dollarisation à des fins de politiques monétaires a eu un
effet positif sur le niveau général des prix qui ont
été stabilisé depuis ;
- La seconde hypothèse était qu'après
avoir atteint la stabilité du niveau général des prix
recherché par la BCC, l'autorité monétaire devait
enclenché le processus de dédollarisation afin d'éviter de
retomber dans les situations d'instabilités.
En effet, les expériences montrent que la
dollarisation résultant de l'instabilité monétaire peut
être utilisée pour éradiquer cette même
instabilité.
Les tests effectués nous ont montré que la
dollarisation pouvait être appréhendé à trois
niveaux7 :
- ???? dol < 37,07% ? à ce stade, la politique
monétaire menée par l'autorité monétaire
est efficace mais à moitié puisqu'une
intervention sur le taux de change a un effet négatif sur le niveau
général des prix. Seul, le taux directeur de la BCC joue un
rôle prépondérant dans la stabilisation du niveau
général des prix.
- 37,07 = ???? dol < 40,77 ? à ce niveau, la
politique monétaire est pleinement efficace
en ce qu'une intervention
soit sur le taux directeur de la BCC soit sur taux de change officielle joue un
rôle positif dans la stabilisation du niveau général des
prix. Accepter que l'économie congolaise puisse être
dollarisée jusqu'à au moins 40,77% n'entraverait en rien l'action
de l'autorité monétaire qui est là pour la stabilisation
du niveau général des prix.
- 40,77% = ???? dol ? à ce niveau l'action de
l'autorité monétaire n'est plus efficace
puisque
l'économie est considérée à présent comme
étant fortement dollarisée. Une intervention de l'autorité
monétaire sur le taux directeur ou encore sur le taux de change n'arrive
plus à impacter le niveau d'inflation.
Grâce à ces résultats, nous avons pu
vérifier nos hypothèses de départ, et compléter les
travaux de nos ainés que nous avons eu à consulter lors de notre
revue de la littérature empirique.
- S'agissant de notre première hypothèse, nous
pouvons à présent la vérifier d'autant
plus qu'en 2001, lors de l'officialisation de la
dollarisation sous forme d'artifice de lutte contre l'inflation, le taux de
dollarisation se trouvait à 35% contre un taux d'inflation de 135%.
À ce niveau, la politique monétaire était efficace mais
pas totalement puisque toute intervention portant sur le taux de change aurait
une incidence négative sur le niveau général des prix.
Cependant, l'année d'après, le taux de
dollarisation se situait à présent à 36,4% pour un taux
d'inflation de 15%. L'action de l'autorité monétaire, bien que
pas totalement efficace, réussi à casser l'hyperinflation.
En 2003, le taux de dollarisation a atteint le niveau du
seuil optimal, c'est-à-dire le niveau où l'action de
l'autorité monétaire est pleinement efficace à travers ses
deux instruments qui sont
7 tx dol correspond au taux de
dollarisation.
le taux directeur de la BCC et le taux de change nominal. Ainsi,
pour un taux de dollarisation de 40,0%, l'économie a
réalisé un taux d'inflation 4,4%.
Ainsi, nous pouvons valider notre première
hypothèse en disant que, l'officialisation de la dollarisation a eu
comme un premier effet la fin de l'hyperinflation et la stabilité du
niveau général des prix déjà en 2003.
Tableau n°12 : Évolution du taux de
dollarisation comparé au taux d'inflation
Année Taux de dollarisation Variation Taux
d'inflation Variation
2001
2002
2003
35%
|
-
|
135
|
-
|
36,4%
|
Positive (Hausse)
|
15,8%
|
Négative (Baisse)
|
40,0%
|
Positive (Hausse)
|
4,4%
|
Négative (Baisse)
|
|
Sources : Nous même, à l'aide des
différents tableaux de ce travail
Le tableau ci-dessus renseigne qu'à chaque
augmentation du taux de dollarisation correspondait une baisse du taux
d'inflation. Plus la dollarisation était autorisée et montait en
puissance, plus le taux d'inflation baissait grâce à
l'intervention de la BCC à travers ses deux instruments, qui sont le
taux directeur ainsi que le taux de change nominal.
Cette conclusion nous permet de compléter l'un des
deux travaux mentionnés dans la revue empirique en affirmant qu'au vue
de la relation qui unie le taux de dollarisation et le taux d'inflation,
relation rendue possible que par la présence du taux de change, la
dollarisation peut lutter contre l'inflation seulement si à un seuil
déterminé l'instrument taux de change n'est pas utilisé.
Qu'à seuil strictement inférieur à 37,07%, la
dollarisation peut causer une hausse du niveau général des prix
si l'autorité monétaire utilisait l'instrument taux de change.
- Concernant notre deuxième hypothèse, nous
disons qu'après avoir atteint le niveau de
stabilité voulu en 2003 et surtout qu'après
avoir atteint le seuil de dollarisation optimal, l'autorité
monétaire devait enclenché le processus de dédollarisation
afin que la dollarisation ne puisse pas devenir un frein dans l'action de cette
dernière.
Certes, même après avoir dépassé
le seuil optimal autorisé en termes de taux de dollarisation,
l'autorité monétaire a continué à avoir un impact
positif sur le niveau général des prix, qui a eu à
atteindre le niveau le plus bas de son histoire en 2015 bien qu'étant en
situation de fortement dollarisée. Cependant, cette situation a fini par
avoir un impact négatif sur le taux de change, qui, à la longue,
fini par affecter le taux de d'inflation.
50
Tableau n°13 : Évolution du taux de
dollarisation et d'inflation après seuil optimal
Année Taux de dollarisation Variation Taux
d'inflation Variation
2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014
2015 2016 2017
44,0
|
Positive (Hausse)
|
9,2
|
Positive (Hausse)
|
46,2
|
Positive (Hausse)
|
21,5
|
Positive (Hausse)
|
48,8
|
Positive (Hausse)
|
18,2
|
Négative (Baisse)
|
51,4
|
Positive (Hausse)
|
9,9
|
Négative (Baisse)
|
58,1
|
Positive (Hausse)
|
27,6
|
Positive (Hausse)
|
66,0
|
Positive (Hausse)
|
53,4
|
Positive (Hausse)
|
62,2
|
Négative (Baisse)
|
9,8
|
Négative (Baisse)
|
65,9
|
Positive (Hausse)
|
15,4
|
Positive (Hausse)
|
68,3
|
Positive (Hausse)
|
2,7
|
Négative (Baisse)
|
68,2
|
Négative (Baisse)
|
1,07
|
Négative (Baisse)
|
69,2
|
Positive (Hausse)
|
1,07
|
-
|
67,9
|
Négative (Baisse)
|
0,85
|
Négative (Baisse)
|
67,0
|
Négative (Baisse)
|
23,6
|
Positive (Hausse)
|
72,9
|
Positive (Hausse)
|
54,7
|
Positive (Hausse)
|
|
Sources : Nous même, à l'aide des
différents tableaux de ce travail
Il ressort de ce tableau qu'une fois le seuil optimal
atteint, la variation du taux de dollarisation joue un rôle soit positif,
soit négatif dans les fluctuations que connaît le taux d'inflation
à travers le canal taux de change.
Ces fluctuations sont pour la plupart négatif, en ce
que à presque chaque hausse du taux de dollarisation correspond à
une hausse du taux d'inflation (à quelques exceptions près en
2006, 2007 et 2012). Mais aussi, à presque chaque baisse du taux de
dollarisation, corresponds à une baisse du taux d'inflation (à
l'exception de l'année 2016).
Ceci nous amène à valider notre seconde
hypothèse en disant qu'une fois le seuil optimal atteint et que le
processus de dédollarisation non enclenché, l'économie
congolaise était rentrée de période d'instabilité
pour ce qui est du niveau général des prix. Certes, elle n'a plus
connu des périodes d'hyperinflation, mais la stabilité a
été plus que fragile.
Cette conclusion nous permet de compléter l'autre
travail mentionné dans la littérature empirique qui trouvait en
la dollarisation un frein dans l'action de l'autorité monétaire
congolaise à agir librement sur le niveau général des
prix, en situant ce taux de dollarisation à
51
40,77%. Après avoir atteint ce seuil,
l'économie congolaise était devenue fortement dollarisée
et l'action de l'autorité monétaire a toujours été
entravée.
En conclusion à cette partie, nous voulons tout
d'abord dire que l'instrumentalisation de la dollarisation à des fins de
politiques monétaires s'est avérée efficace dans le cas de
la RDC puisque le pays a quitté l'état de l'hyperinflation depuis
cette décision de 2001 en une situation d'inflation
modérée ou rampante en moyenne.
Enfin l'économie congolaise pouvais être
considérée comme économie fortement dollarisée,
lorsque son taux de dollarisation devint strictement supérieur à
40,77% et donc après avoir atteint ce niveau de dollarisation,
l'autorité monétaire devait commencer le processus inverse, celui
de dédollariser l'économie nationale au risque de retomber dans
les travers d'instabilités.
3.2. Implications théoriques et empiriques
Il s'agit pour nous ici de proposer des pistes de solution
face à ce phénomène que nous avons identifié de
« forte dollarisation » qui sévit au sein de l'économie
congolaise depuis 2003.
La dollarisation en RDC devrait être qu'une solution
d'urgence, une solution pouvant permettre seulement à l'économie
de sortir de l'hyperinflation.
Nous avons estimé dans le cadre de notre travail
qu'une forte dollarisation à un taux de dollarisation strictement
supérieur à 40,77% ; or l'économie congolaise aujourd'hui
est à plus de 70%.
Une forte dollarisation constitue un frein à
l'efficacité de la politique monétaire. Avec le régime
actuel de taux de change flottants, la BCC a une certaine marge d'autonomie
pour fixer sa politique monétaire, malgré un grand nombre de
facteurs limitatifs, comme le peu de profondeur du marché de capitaux,
la forte répercussion du taux d'intérêt, la faiblesse des
institutions monétaires et la dollarisation du marché du
crédit.
En remédiant à ces faiblesses structurelles, on
pourrait inverser la tendance à la dollarisation, mais cela devrait
prendre un certain temps.
Lorsqu'un pays sous-développé comme la RDC,
avec une faible productivité, adopte la monnaie d'une puissance
étrangère qui lui est largement supérieure en termes de
productivité, la production agricole ou industrielle du pays
dollarisée pourra difficilement lui faire concurrence.
52
A l'instar de l'Équateur, le Venezuela est un pays
pétrolier. En adoptant le dollar comme monnaie, il perdrait son pouvoir
d'ajuster le taux de change pour soutenir la compétitivité des
exportations non pétrolières. Rafael CORREA n'a pas pu le faire.
A long terme, le Venezuela en fera aussi les frais en renonçant à
la gestion de la politique monétaire et de change.
Une fois l'inflation résolue, le salaire réel
récupéré et le niveau de pauvreté réduit,
CORREA a voulu éliminer la dollarisation parce qu'il ne pouvait pas
soutenir le développement économique à travers la
croissance des dépenses publiques et de la liquidité
monétaire.
L'expérience d'autres pays montre également que
des mesures incitatives bien conçues qui encouragent l'utilisation de la
monnaie nationale sont plus efficaces que les mesures de dédollarisation
à marche forcée.
Les mesures d'incitation - qui bénéficieraient
aussi du développement du secteur financier - doivent privilégier
les mesures d'entrainement (« pull factors ») (mesures de
dédollarisation s'appuyant sur le marchéì, comme le
renforcement de la gestion de la liquiditéì et des instruments,
le développement de marchés monétaires et financiers
nationaux ; une plus grande commoditéì d'usage de la monnaie
nationale) plutôt que les mesures de contrainte (« push factors
») (mesures de dédollarisation forcée, comme l'obligation de
l'utilisation de la monnaie locale ou législation interdisant
l'utilisation de devises étrangères), qui reviennent à
obliger les agents à détenir des actifs en monnaie locale.
Le séquençage des mesures est important, et il
convient de prendre en compte des risques comme la perte d'efficience, la fuite
des capitaux et l'instabilitéì du système
bancaire.8
La plupart des mesures visant à encourager
l'utilisation de la monnaie nationale, outre qu'elles contribueraient à
la dédollarisation, permettraient aussi de renforcer l'économie
et d'améliorer son fonctionnement.
8 Par exemple, au Chili, en Israël et en Pologne la
dédollarisation a commencé par une stabilisation
macroéconomique qui a conduit àÌ un
différentiel de taux en faveur de la monnaie nationale, suivie d'un
changement de la composition de la dette publique en faveur de la monnaie
locale. En Égypte, la dédollarisation a
étéì réalisée par la
stabilisation macroéconomique et la libéralisation du
système financier (KOKENYNE, LEY et VEYRUNE, 2010). Dans les pays
d'Amérique latine (Bolivie, Paraguay, Pérou, Uruguay),
l'appréciation du taux de change a étéì
un élément cléì d'un recul continu de la
dollarisation ; il s'est accompagnéì de mesures
prudentielles pour internaliser les risques de change, de différentiels
dans les réserves obligatoires, du développement de
marchés financiers en monnaie nationale et de la dédollarisation
des monnaies nationales (GARCÍA-ESCRIBANO et SOSA, 2011).
53
Le renforcement de la gestion de la liquidité et des
actifs, notamment la gestion de la dette, l'émission de nouveaux billets
et de nouvelles pièces ayant des valeurs mieux adaptées aux
besoins et l'approfondissement financier grâce àÌ une
meilleure supervision bancaire, permettraient de réduire les coûts
de transactions et contribueraient à la croissance.
S'il est vrai la solution la plus faisable et la plus
pratique n'est rien d'autre que qu'une dédollarisation totale de
l'économie congolaise, nous voulons signaler que cette dernière a
déjà été utilisée plus d'une fois sans pour
autant rencontrer un succès probant.
Nous parlerons dans cette section des mesures visant à
la dédollarisation de l'économie de 2012 ainsi que ses limites.
Et après nous monterons comment la RDC peut s'inspirer des
expériences des autres pays afin de dédollariser petit à
petit son économie.
3.2.1. Mesures et objectifs de lutte contre la
dollarisation depuis 2012 et leurs limites
3.2.1.1. Mesures de dollarisation de 2012
En 2012, le gouvernement central et la Banque Centrale du
Congo ont lancé un vaste processus de dédollarisation de
l'économie congolaise. Ce processus repose sur la fixation des objectifs
stratégiques, subdivisés en objectifs intermédiaires qui
devrait être atteints d'ici 2016.
Ces mesures et objectifs portaient sur les politiques
monétaire, budgétaire et de change, la stabilité du
système financier ainsi que la restauration des fonctions
monétaires du franc congolais.
Politique monétaire prudente : préservation de
stabilité du franc congolais Dans ce cadre, il a été
prévu de :
· Émettre des pièces de monnaie de 50, 100 et
200 CDF dès janvier 2014 ;
· Émettre les coupures de 20 000 FC en novembre
2012 et celle de 50 000 FC dès le 30 juin 2014 ;
· Assurer une meilleure régulation de la
liquidité dès fin mai 2013 par la révision des
instructions portant fonctionnement de BTR ;
· Fixer le cadre juridique et développer les
opérations d'open market au premier semestre 2015 ;
Lever la réserve obligatoire suivant la monnaie de
constitution des dépôts et appliquer un coefficient
discriminatoire à partir du mois d'avril 2013.
54
Objectifs de politique budgétaire : Constitution des
réserves budgétaires et promotions des titres publics
A ce sujet, il avait été prévu tout au long
de l'année 2013, de :
· Effectuer les paiements au profit des Résidents en
CDF ;
· Percevoir graduellement les recettes, droits et taxes en
CDF ;
· Constituer les réserves budgétaires ;
· Éviter d'accumuler des arriérés de
la dette intérieur ;
· Émettre des nouveaux Titres Publics en 2014 ;
· Négocier les contrats futurs sur les
infrastructures en CDF ;
· Clôturer les comptes de l'État auprès
des banques ;
· Défiscaliser les importations des distributeurs
automatiques des billets et les CASH POINT.
Objectif de politique de change
Lissage de fluctuation du taux de change de la monnaie nationale
et amélioration des réserves de change.
Dans ce cadre, les autorités avaient prévu de :
· Réviser la convention sur l'organisation et le
fonctionnement du marché des changes en 2013 ;
· Systématiser les achats de devises par
adjudication suivant le nouveau cadre en 2013 ;
· Amender la réglementation de change en 2016.
Restauration des fonctions monétaires du Franc
Congolais
Utilisation du CDF comme étalon de mesure, moyen de
paiement et réserve de valeur. Ceci, à travers :
· L'affichage des prix des prix des biens et services en
CDF en 2012 ;
· L'utilisation du CDF comme monnaie de
référence dans les discours, décisions (des cours et
tribunaux) et documents officiels en 2013.
La relation qui unit les agents économiques avec une
certaine monnaie se base sur la confiance et lorsque la confiance n'y est plus,
cette relation se brise sans délai.
55
3.2.1.2. Limites
Les mesures entreprises en 2012 avaient plusieurs limites,
mais dans le cadre de ce travail, nous voulons en citer trois seulement :
L'inconvertibilité du CDF
L'économie congolaise est une économie
extravertie c'est-à-dire qu'elle dépend en grande partie des
importations, que c'est soit dans le secteur privé ou publique. Or qui
dit une économie entièrement dédollariser, dit absence de
monnaie étrangère en circulation.
Cependant, pour importer il faut avoir une monnaie ayant une
certaine valeur internationale. Cependant, le franc congolais n'en a aucune.
Donc dédollariser totalement l'économie revient à
l'asphyxier. En d'autres termes, en grande partie des importations dont elle
dépend.
Absence presque totale de production locale
Comme signalé dans le point précédent,
l'économie congolaise est une économie qui dépend en
grande partie des importations. La production locale est presque inexistante ;
et dans la majorité de cas, lorsqu'elle existe, c'est pour
l'autosuffisance.
Cette situation met en mal la monnaie nationale puisqu'elle
n'a aucune valeur internationale. Aucune nation n'acceptera de se faire payer
ses exportations au Congo en CDF puisque ce dernier ne leur servira à
rien. C'est qui fait que le peu d'exportations que le pays peut faire surtout
en termes de matières premières à l'état brut, il
est obligé de le faire en une monnaie ayant une certaine valeur
internationale.
Le manque de confiance des agents économiques en la
monnaie nationale
L'élément confiance est très important
dans le domaine monétaire. Lorsqu'une monnaie perd la confiance de ses
utilisateurs, elle signe petit son arrêt de mort.
Le manque de confiance des agents économiques congolais
en leur monnaie découle d'une longue période
d'instabilité, période qui ont marqué l'avènement
de la dollarisation. Cependant, ce même manque de confiance constitue
à la fois une des raisons en la persistance de la dollarisation mais
aussi une limite au processus de dollarisation.
56
La monnaie nationale n'inspire plus confiance. Elle peut
réussir à se stabiliser pendant un bon moment, même pendant
plusieurs années, mais au moment où elle se remet à se
déprécier, elle redevint ce qu'elle était avant. Tant que
les agents économiques trouvent sécurisant d'utiliser une autre
monnaie que la nationale, tous les efforts visant à installer un
processus de dédollarisation seront soit butés à cette
limite soit voués à l'échec.
3.2.2. Enseignement de l'expérience d'autres
pays
L'expérience d'autres pays montre que les mesures
incitatives à l'utilisation de la monnaie locale (mesures « pull
») ont plus de chances de fonctionner que les mesures contre la
dollarisation (dédollarisation contrainte ou mesures « push
»). Ces mesures sont :
Renforcement de la gestion et de liquidité et des
instruments de la Banque
Ceci dans le but de rendre la monnaie locale plus attractive
(commodité d'usage et moindre volatilité du taux
d'intérêt).
Citons comme exemples :
(i) Les réserves obligatoires, les facilités
permanentes de prêt et de dépôt,
les opérations
d'open-market visant àÌ stabiliser le taux national
interbancaire.
(ii) Introduction d'effets publics à moyen terme pour
améliorer la lisibilitéì
de la politique
monétaire et développer une courbe des rendements, ce qui
favoriserait aussi l'émergence d'un marché obligataire local ;
(iii) Développement du marché des changes, afin
d'assurer un accès facile
aux devises estrangères, ce qui
réduit la nécessité d'en détenir par
précaution.
La plupart de ces mesures pourraient être utilement
appliquées, sous une forme ou sous une autre, en RDC. S'agissant du
point (ii), les échéances des billets de trésorerie,
actuellement de 7 ou 28 jours, sont trop brèves pour voir se
développer des marchés secondaires, stimuler le marché
interbancaire, développer une courbe des rendements, et donc
développer le marchéì des capitaux ; cela étant, la
demande de titres à échéance plus longue est probablement
trop faible pour justifier leur introduction par la BCC.
57
Amélioration de la gestion du budget et de la dette
publique.
Le rééquilibrage des finances publiques, par une
réduction des emprunts d'État en devises
étrangères, peut contribuer à réduire la
dédollarisation des engagements de l'État.
Le gouvernement doit aussi autant que possible recourir
à la monnaie nationale pour ses opérations, notamment le
prélèvement des impôts et les prélèvements
sur les salaires, les biens et les services (comme l'Angola).
L'aide étrangère doit être utilisée
en monnaie locale et la fiscalitéì doit être neutre,
c'est-àÌ-dire ne pas favoriser la détention de devises
étrangères.
Le développement de la dette par émission
d'obligations libellées en monnaie nationale serait un moyen de
dédollariser le bilan de l'État et permettrait d'accroitre la
flexibilitéì du taux de change (c'est ce qu'ont fait la Bolivie,
le Brésil, Israël, le Mexique, la Turquie).
Parallèlement à la poursuite d'une gestion
budgétaire prudente, toutes ces mesures pourraient sous une forme ou
sous un autre être appliquées en RDC.
Renforcement des systèmes de paiement et
amélioration de la commoditéì d'usage de la monnaie
nationale
Les systèmes de paiement doivent être ainsi
conçus qu'il soit au moins aussi pratique et efficace de payer en
monnaie nationale qu'en devise étrangère. L'étape crucial
pour arriver à cela est d'assurer la disponibilité de coupures de
montants adaptés aux besoins des usagers, permettant de minimiser les
coûts de transaction, et rendre la monnaie nationale plus pratique pour
les transactions de montant élevéì (au Cambodge,
l'introduction de coupures d'une valeur plus importante a stimulé la
demande de monnaie nationale).
Ces dix dernières années, la plus grosse coupure
de monnaie nationale valait moins d'un dollar, et depuis deux ans ne vaut plus
qu'environ la moitié d'un dollar. L'introduction en 2015 de plus grosses
coupures en RDC est donc un progrès très appréciable.
3.3. Limites et perspectives d'avenir
Nous avons tout au long de notre travail souligné
l'importance de dédollariser l'économie congolaise depuis 2003,
mais le constat est qu'aujourd'hui l'économie congolaise est fortement
dollarisée ; et cela malgré une bonne gestion des affaires
publiques depuis un moment.
58
C'est ainsi que nous voulons analyser dans cette
dernière section les causes de la persistance de la dollarisation en
RDC, dollarisation qui était censée n'être qu'une mesure
d'urgence. Enfin, nous proposerons quelques recommandations et suggestions.
3.3.1. Causes de la persistance de la dollarisation en
RDC
Comme signalé un peu plus haut, le manque de confiance
en la monnaie nationale peut constituer un frein pour le processus de
dédollarisation, et une cause majeure de la persistance de la
dollarisation. Nous voulons à présent voir qu'est qui peut
être à la base de ce manque de confiance.
Effet d'hystérèse
Il y a hystérèse lorsque le comportement d'un
système découle non seulement de ses déterminants actuels
mais également de l'évolution passée du système.
Plus précisément, il y a hystérèse lorsqu'une
caractéristique qui a été modifié par un agent
extérieur ne retrouve pas son état initial, alors même que
la cause de la modification a disparu.
En observant les évolutions passées des
indicateurs macroéconomiques de l'économie congolaise, nous
sommes arrivés à la conclusion que les causes principales ou
directes du phénomène de la dollarisation furent les
instabilités monétaires et économiques
caractérisées par l'hyperinflation. L'instrumentalisation
même de la dollarisation trouve à la fois son origine et son but
dans l'hyperinflation, ainsi que dans la lutte contre cette dernière.
Cependant, au regard de l'évolution de
l'économie durant la période 2001-2017 où
l'économie congolaise connait une stabilité relative du cadre
macroéconomique, il s'observe à l'opposée la persistance
de la dollarisation. Cette situation paradoxale explique l'effet
d'hystérèse de la dollarisation dans l'économie
congolaise.
La persistance de la dollarisation dans une économie
résulte des plusieurs facteurs (inflation forte et variable,
instabilité institutionnelle, fragilité de l'économie face
aux chocs ou vibrations de l'activité économique internationale,
etc.), mais le rôle joué par les agents économiques dans le
choix de détention des actifs monétaires détermine en
grande partie l'ampleur de ce phénomène. La formulation des choix
des agents privés se fonde sur les informations des évolutions
passées de l'économie.
Dans une économie où les évolutions des
indicateurs économiques restent stables dans le temps, les
autorités publiques arrivent à ancrer leurs comportements dans la
mise en place des politiques économiques.
Par contre, si l'économie évolue dans une longue
période d'instabilité, les agents économiques n'arrivent
pas dans l'immédiat ou dans un futur proche à retrouver la
confiance aux actions menées par les autorités même si ces
derniers arrivent à renouer la stabilité du cadre
macroéconomique.
KABUYA KALALA et MATATA PONYO, dans leur ouvrage « Espace
Monétaire Kasaïen : Crise de légitimité et de
souveraineté en période d'hyperinflation au Congo (1993 - 1997)
» en expliquant la mémoire inflationniste sélective du
public de l'espace monétaire Kasaïen, pensent qu'au fil des
années, les agents économiques préviennent la
dégradation du pouvoir d'achat en essayant d'anticiper au mieux le taux
d'inflation après une longue période d'inflation forte.
La persistance de la dollarisation s'explique nous donc par le
fait de l'intériorisation des évolutions défavorables
passées de l'économie congolaise et c'est malgré une
certaine stabilité retrouvée.
Fragilité de la stabilité
Une autre raison de cette persistance se trouve dans les
périodes de courtes instabilités qui signalent de la
fragilité même de cette stabilité.
Entre 2007 et 2010 en passant par deux années
d'instabilité, le taux d'inflation n'a varié que de 0,10% de 2007
à 2010 en faisant abstraction de ces deux années
intermédiaires, il passe de 9,90% à 9,80%. Cependant, il
s'observe que les mesures menées par la Banque central du Congo pour
combattre l'inflation résultant de la crise mondiale de 2008 et 2009
avec des taux d'inflation respectifs de 27,60% et 53,40% ont été
efficace pour ramener le taux d'inflation à son niveau initial de 2007
en 2009.
Mais durant ces années de courte instabilité
monétaire, le taux de dollarisation a connu une augmentation plus que
proportionnelle au taux d'inflation. En analysant que l'année 2007 par
rapport à 2010, le taux de dollarisation a varié de 10,87%
passant de 51,37 % en 2007 pour se situer à 62,24% en 2010. Ces
années marquées par des chocs externes à l'économie
ont contribué à la consolidation des incertitudes de la
stabilisation macroéconomique renouée
La capacité de production augmentera à la suite
d'un cadre propice des affaires, une règlementation adéquate
entre les investisseurs et l'économie, ...
depuis 2002. Ainsi, les agents privés vont continuer
à préserver une grande partie de leurs actifs en monnaie
étrangère.
3.3.2. Recommandations et suggestions
La réalisation de la dédollarisation des
économies qui ont vécues pendant longtemps dans les
instabilités monétaires, ont fondamentalement
conféré une stabilité qui s'est inscrit dans la
durée afin d'éradiquer la dollarisation.
À la suite des performances macroéconomiques
dont une maitrise considérable de la stabilité du niveau
général des prix, il est logique que la restauration effective du
franc congolais s'inscrive dans le cadre de redressement global de
l'économie qui alliant à l'impératif de la stabilisation
aux nécessités de relance économique.
Quant à ce, les propositions faites dans ce travail ne
s'appuient que sur les performances passées afin d'apporter quelques
améliorations.
À court terme, le processus de dédollarisation
répond aux anticipations de dépréciation du taux de change
et aux taux d'intérêt sur les dépôts en monnaie
nationale.
Ainsi, il incombe à la BCC de mener une politique
monétaire prudente visant à garantir la positivité des
taux d'intérêts réels, laquelle va permettre à
l'économie d'instaurer les règles de contrôle
préventive aux montées inflationnistes de nature
spéculative des agents économiques ou des chocs externes et
internes à l'économie. Aussi cette politique permettra, au final,
à l'enrichissement de du coût de détention de la monnaie
dans le portefeuille des agents privés.
En ce qui concerne la dépréciation du franc
congolais sur le marché de change, il faudra à ce niveau des
efforts conjugués entre la Banque centrale et gouvernement central.
D'où la coordination des politiques macroéconomiques.
Au gouvernement la mission de favoriser d'accroître la
capacité d'exportation des biens et services afin de rapatrier les
devises étrangères. La consolidation des réserves de
change permettra à l'autorité monétaire d'intervenir sur
le marché de change pour corriger les imperfections de
dépréciation de la monnaie nationale au profit des devises
étrangères.
La monétisation du déficit public constitue elle
aussi une raison de la flambée du niveau général des prix.
Cette pratique étant strictement prohibée par la loi organique
portant organisation et fonctionnement de la BCC, elle s'avère en plus
être une entorse à l'indépendance financière
même de la Banque centrale. D'où le respect strict de
l'indépendance de la BCC à ces trois dimensions permettra de
prolonger la stabilité monétaire et combattre la
dollarisation.
À long terme, il faudra aux autorités publiques
d'associer à côté des politiques conjoncturelles des
politiques structurelles visant l'amélioration et la consolidation des
actions réalisées jusqu'à ce niveau de stabilisation du
cadre macroéconomique afin d'accroître l'offre
intérieure.
Il en va de soi dans ce cadre, de s'atteler sur la bonne
structuration du système financier et bancaire sans lesquels les efforts
de stabilisation et de croissance durable seront toujours compromis.
La mise au point de ces politiques devrait permettre à
la Banque centrale de consolider son indépendance afin de mener au mieux
dans toute autonomie ses actions. Elle permettra aussi à l'expansion de
l'activité économique en favorisant un bon climat d'affaire pour
l'accroissement des capitaux.
3.4. Conclusion du troisième chapitre
Ce troisième et dernier chapitre nous a permis,
après les tests réalisés dans le précédent,
de valider nos hypothèses de départ, de proposer des pistes de
solutions par rapport aux résultats de nos tests et de faire quelques
recommandation et suggestions.
La première section nous a permis de vérifier
nos deux hypothèses de début grâce aux tests
effectués au tout début.
Nous sommes arrivés à affirmer que
l'instrumentalisation de la dollarisation à des fins de politique
monétaire était possible qu'à un certain niveau de
dollarisation. Nous avons situé ce niveau à un taux de
dollarisation strictement inférieur à 40,77%, et
qu'au-delà de ce niveau, l'économie se retrouve fortement
dollarisée et l'action de l'autorité monétaire devient
inefficace.
Notre deuxième hypothèse, nous l'avons
affirmé en constatant qu'à niveau de dollarisation
supérieur à 40,77%, l'économie fortement dollarisée
a plus de chance de retomber dans le travers de montée inflationniste.
La solution d'instrumentalisation de la dollarisation ne devrait être
qu'une solution d'urgence, et qu'en 2003 lorsque le taux de 40,77% avait
été atteint, le processus de dédollarisation devait
commencer.
Dans la deuxième section, nous avons essayé de
proposer des pistes de solutions pour ce que nous avons appelé une
situation de forte dollarisation. Nous avons analysé les mesures de
dédollarisation entamée près de 10 ans en retard par
rapport à l'évolution du taux de dollarisation ainsi que leurs
limites. Nous avons aussi analysé quelques expériences des pays
qui ont réussi à contenir ce processus, expériences sur
lesquelles l'économie congolaise peut se calquer.
Dans la dernière section, nous analysé les
causes de la persistance de la dollarisation en RDC et émis quelques
recommandations et suggestions.
CONCLUSION GÉNÉRALE
Notre travail de recherche s'était fixé comme
but de savoir si le Banquier Central Congolais pouvait réussir à
atteindre la stabilité du niveau général des prix en
utilisant la dollarisation. Il avait pour titre «
Instrumentalisation de la dollarisation dans la lutte contre
l'inflation : Cas de la RDC ».
Nous sommes d'abord partis des hypothèses selon
lesquelles l'instrumentalisation de la dollarisation par la BCC a eu un effet
positif sur la politique monétaire visant à stabiliser le niveau
général des prix qui, en plus d'avoir été
stabilisé depuis, n'a plus jamais atteint le niveau d'hyperinflation et
que cette instrumentalisation devait être une mesure d'urgence et non
définitive, afin d'éviter de retomber dans les travers des
montées inflationnistes.
Eu égard aux hypothèses émises, les
objectifs poursuivis par ce travail étaient de démontrer comment
l'instrumentalisation de la dollarisation a contribué à la lutte
contre l'hyperinflation ; c'est-à-dire dans une situation
d'hyperinflation, à quel niveau de dollarisation l'autorité
monétaire pouvait continuer à utiliser efficacement ses
instruments, afin de stabiliser le niveau général des prix et
d'expliquer pourquoi cette mesure d'instrumentalisation ne devrait être
qu'une mesure temporaire et non définitive.
Nous avons utilisé la méthode
hypothético-déductive ainsi que l'analyse
économétrique des données primaires, afin de
vérifier les hypothèses émises à l'introduction.
Les tests réalisés nous ont permis de comprendre
qu'un taux de dollarisation compris entre 37,07% et 40,77% n'entrave en rien
l'efficacité de l'action de l'autorité monétaire à
travers ses instruments, qui nous ont servi des variables à savoir, le
taux de change officiel et le taux directeur. Ces tests nous ont aussi permis
de savoir que l'économie congolaise pouvait être
considérée comme une « économie fortement
dollarisée » lorsque son taux de dollarisation avait
dépassé 40,77%.
Ensuite, nous avons pu, grâce à ces tests, arriver
aux conclusions suivantes :
- L'instrumentalisation de la dollarisation, à des fins de
politiques monétaires, s'est
avérée efficace dans le cas de la RDC, puisque
le pays a quitté l'état de l'hyperinflation depuis cette
décision de 2001 en une situation d'inflation modérée ou
rampante en moyenne ;
- L'économie congolaise pouvait être
considérée comme une économie fortement
dollarisée, lorsque son taux de dollarisation devint
strictement supérieur à 40,77% et donc, après avoir
atteint ce niveau de dollarisation, l'autorité monétaire devait
commencer le processus inverse, celui de dédollariser l'économie
nationale, au risque de retomber dans les travers d'instabilités.
Ces affirmations nous ont mené à la conclusion
selon laquelle la dollarisation devait être une mesure d'urgence, une
simple sorte d'artifice servant à aider l'autorité
monétaire à stabiliser le niveau général des prix
et qu'après avoir atteint cette stabilité, le processus inverse
de dédollarisation devait être enclenché.
Enfin, nous avons analysé les mesures visant à
dédollariser l'économie congolaise depuis 2012, nous avons vu
leurs limites, et aussi les enseignements que l'économie congolaise
pouvais tirer des mesures de dédollarisation opérées dans
d'autres économies.
Nous avons aussi parlé des causes de la persistance de
la dollarisation en RDC et avons suggéré quelques conseils visant
à aider l'autorité monétaire dans sa lutte contre la
dollarisation.
Il est vrai que nous n'avons pas épuisé tous les
aspects ou détails relatifs à notre problématique. Nous
pensons même qu'il y aurait encore beaucoup à dire sur la
persistance de la dollarisation au sein de l'économie congolaise,
malgré la stabilité du cadre macroéconomique depuis un
certain temps. Cependant, nous pensons avoir fait l'essentiel par rapport aux
objectifs que nous nous sommes assignés au tout début.
Nous demandons à d'autres chercheurs,
préoccupés par ce thème de la dollarisation de
l'économie congolaise, de son impact sur l'économie des
ménages, ou encore au sujet de sa persistance au sein de
l'économie congolaise d'y apporter un surplus.
Aucune oeuvre humaine n'est parfaite, dit-on. Nous
demanderions à nos chers lecteurs de ne pas nous tenir rigueur à
toute forme d'imperfection qu'ils vont sans doute déceler dans cette
oeuvre.
Par ailleurs, nous restons très attentifs à
toutes les observations et remarques constructives tenant à maximiser
les points forts de la dollarisation d'une économie et / ou à
soulager certaines faiblesses observées.
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21. BANQUE CENTRALE DU CONGO, Rapports annuels 2007 -
2017.
22. BANQUE CENTRALE DU CONGO (2008), Un
rétrospectif historique de la BCC, Kinshasa.
23. KAMBALE, H. (2013), Impact de la dollarisation sur
les activités économiques en ville de BUTEMBO, Tavaux de
mémoire soutenu à l'Université Officielle de Ruwenzori,
Faculté des Sciences Économiques et de Gestion.
24. MATATA P. M. (2019), Questions monétaires des
pays en développement, Notes des cours dispensés en
2ème Licence Économie Monétaire, UPC.
25. MUKAMBA, X. (2011), La dollarisation de
l'économie congolaise et son impact socio - économique sur le
revenu des ménages de la commune d'IBANDA dans la ville de Bukavu de
2007 à 2011, Travaux de mémoire soutenu à
l'Université du CEPROMAD, Faculté des Sciences Économiques
et de Gestion.
26. NGONGA, N. V. (2019), Questions Spéciales des
Théories et Politiques Monétaires, Notes des cours
dispensées en 2ème Licence Économie
Monétaire, UPC.
IV. WEBOGRAPHIE
27.
https://fr.m.wikipedia.org/wiki/République_démocratique_du_Congo
(Consulté 19 février 2019)
28.
http://www.fr.wilkipedia.org/wiki/inflation.
(Consulté le 3 Août 2019)
29. MINISTERE DE L'ECONOMIE (2017), Politique
économique du gouvernement 20012030. Disponible sur :
http://www.mineconomie.gouv.cd/spip.php?article5
(Consulté 02 septembre 2019)
ANNEXES
1. Base des données initiales
Année Taux de dollarisation Taux
d'inflation Taux de Taux Taux directeur
(%) (%) change directeur de la BCC
2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012
2013 2014 2015 2016 2017
35,04
|
135,1
|
320,08
|
150
|
4,9
|
36,45
|
15,8
|
377,4
|
24
|
8,2
|
40,02
|
4,4
|
369,37
|
8
|
3,6
|
44,02
|
9
|
440,56
|
14
|
5
|
46,2
|
21,5
|
437,07
|
29
|
7,25
|
48,78
|
18,2
|
521,85
|
40
|
21,8
|
51,38
|
9,9
|
500,56
|
23
|
12,6
|
58,07
|
27,6
|
606,94
|
40
|
12,4
|
65,98
|
53,4
|
904,53
|
70
|
16,6
|
62,24
|
9,8
|
911,78
|
22
|
12,2
|
65,92
|
15,4
|
898,12
|
20
|
4,6
|
68,35
|
2,7
|
914,93
|
4
|
1,7
|
68,22
|
1,07
|
926,63
|
3
|
1,97
|
69,17
|
1,07
|
925,14
|
2
|
0,93
|
67,86
|
0,85
|
927,31
|
2
|
1,15
|
67,03
|
23,6
|
1200,33
|
7
|
-16,6
|
72,91
|
54,7
|
1589,67
|
20
|
-26,6
|
70
2. Base des données par semestres
Année DOL TXDOL DUM INFL TCH
TXDIR
2001S1 2001S2 2002S1 2002S2 2003S1 2003S2 2004S1 2004S2
2005S1 2005S2 2006S1 2006S2 2007S1 2007S2 2008S1 2008S2 2009S1 2009S2 2010S1
2010S2 2011S1 2011S2 2012S1 2012S2 2013S1 2013S2 2014S1 2014S2 2015S1 2015S2
2016S1 2016S2 2017S1 2017S2
-1,94
|
34,96
|
0,00
|
|
71,13
|
195,25
|
-2,99
|
35,12
|
0,00
|
-86,63
|
84,32
|
104,75
|
-3,50
|
35,83
|
0,00
|
-59,65
|
81,17
|
41,75
|
-3,47
|
37,07
|
1,00
|
-32,67
|
61,68
|
6,25
|
-2,68
|
39,07
|
0,00
|
5,79
|
7,78
|
9,25
|
-2,00
|
40,97
|
0,00
|
-1,70
|
-8,24
|
6,75
|
-0,93
|
43,25
|
0,00
|
3,31
|
14,79
|
11,38
|
-0,60
|
44,79
|
0,00
|
4,27
|
-0,10
|
16,63
|
-1,00
|
45,60
|
0,00
|
9,21
|
-54,02
|
25,75
|
-1,03
|
46,79
|
0,00
|
2,30
|
-65,51
|
32,25
|
-0,90
|
48,13
|
0,00
|
-3,00
|
-30,63
|
40,75
|
-0,82
|
49,43
|
0,00
|
-2,90
|
-46,57
|
39,25
|
-1,24
|
50,22
|
0,00
|
-8,03
|
-118,24
|
23,00
|
-0,13
|
52,54
|
0,00
|
2,35
|
-128,78
|
23,00
|
2,36
|
56,25
|
0,00
|
11,09
|
-115,34
|
34,13
|
4,79
|
59,90
|
0,00
|
10,88
|
-46,16
|
45,88
|
9,15
|
65,46
|
1,00
|
22,59
|
131,02
|
72,25
|
8,97
|
66,50
|
1,00
|
-4,45
|
175,42
|
67,75
|
3,51
|
62,25
|
1,00
|
-36,63
|
113,56
|
28,25
|
2,28
|
62,23
|
0,00
|
-9,50
|
80,14
|
15,75
|
3,99
|
65,16
|
0,00
|
11,24
|
35,08
|
22,25
|
4,30
|
66,68
|
1,00
|
-1,78
|
4,06
|
17,75
|
4,47
|
68,06
|
0,00
|
-10,02
|
-14,90
|
6,13
|
3,83
|
68,64
|
0,00
|
-3,58
|
-39,58
|
1,88
|
2,10
|
68,12
|
0,00
|
0,36
|
-64,53
|
3,25
|
1,09
|
68,32
|
0,00
|
-0,41
|
-93,78
|
2,75
|
0,77
|
69,22
|
0,00
|
0,23
|
-128,45
|
2,13
|
-0,53
|
69,13
|
0,00
|
-0,05
|
-160,09
|
1,88
|
-2,74
|
68,13
|
1,00
|
-3,01
|
-224,21
|
1,38
|
-4,49
|
67,59
|
0,00
|
5,63
|
-187,22
|
2,63
|
-6,90
|
66,40
|
0,00
|
13,20
|
-63,20
|
4,75
|
-6,85
|
67,66
|
0,00
|
13,46
|
70,58
|
9,25
|
-5,12
|
70,60
|
0,00
|
15,55
|
233,44
|
15,75
|
-1,72
|
75,22
|
0,00
|
17,64
|
425,38
|
24,25
|
71
TABLE DES MATIERES
IN MEMORIAM I
PIGRAPH II
D DICAC III
REMERCIEMENTS IV
LISTES DES ABREVIATIONS V
LISTES DE TABLEAUX ET FIGURES VI
INTRODUCTION GENERALE 1
1. ÉTAT DE LA QUESTION 1
2. PROBLEMATIQUE 2
3. HYPOTHESES 4
4. MODES DE VERIFICATION DES HYPOTHESES 5
4.1. METHODES 5
4.2. TECHNIQUES 5
5. DELIMITATION DU SUJET 5
6. OBJECTIFS ET CANEVAS DU TRAVAIL 6
CHAPITRE 1 : REVUE DE LA LITTERATURE 7
1.1. ANALYSE THEORIQUE 7
1.1.1. DEFINITIONS DES CONCEPTS
7
1.1.2. INSTRUMENTALISATION DE LA DOLLARISATION
17
1.1. DISCUSSIONS EMPIRIQUES 18
1.2. ÉTUDES DES CAS 21
1.3. CONCLUSION DU PREMIER CHAPITRE 24
CHAPITRE 2 : ANALYSE FACTUELLE DE LA DOLLARISATION
25
2.1. APERÇU DE LA DOLLARISATION DANS L'ECONOMIE
CONGOLAISE (RDC) 25
2.2. PRESENTATION DES DONNEES EMPIRIQUES ET APPROCHES
METHODOLOGIQUES 26
2.2.1. PRESENTATION DES DONNEES ET TECHNIQUES DE
COLLECTES DES DONNEES 26
2.2.2. METHODOLOGIE 27
2.3. ANALYSE ECONOMETRIQUE DES DONNEES EMPIRIQUES ET
PRESENTATION DES RESULTATS 29
2.3.1. ANALYSE APPROFONDIE DES DONNEES
29
2.3.2. TRAITEMENT DES DONNEES ET ANALYSE DES
RESULTATS 40
2.4. CONCLUSION DU DEUXIEME CHAPITRE 46
CHAPITRE 3 : DISCUSSION, IMPLICATIONS ET LIMITATION DES
RESULTATS 47
3.1. DISCUSSION DES RESULTATS 47
3.2. IMPLICATIONS THEORIQUES ET EMPIRIQUES
51
3.2.1. MESURES ET OBJECTIFS DE LUTTE CONTRE LA
DOLLARISATION DEPUIS 2012 ET LEURS LIMITES 53
3.2.2. ENSEIGNEMENT DE L'EXPERIENCE D'AUTRES PAYS
56
3.3. LIMITES ET PERSPECTIVES D'AVENIR 57
3.3.1. CAUSES DE LA PERSISTANCE DE LA DOLLARISATION
EN RDC 58
3.3.2. RECOMMANDATIONS ET SUGGESTIONS
60
3.4. CONCLUSION DU TROISIEME CHAPITRE 62
CONCLUSION GÉNÉRALE 63
RÉFÉRENCES BIBLIOGRAPHIQUES 65
ANNEXES 68
TABLE DES MATIERES 71